Titre : L'Univers
Éditeur : L'Univers (Paris)
Date d'édition : 1901-02-18
Contributeur : Veuillot, Louis (1813-1883). Rédacteur
Contributeur : Veuillot, Pierre (1859-1907). Rédacteur
Contributeur : Veuillot, François (1870-1952). Rédacteur
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Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 18 février 1901 18 février 1901
Description : 1901/02/18 (Numéro 12052). 1901/02/18 (Numéro 12052).
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
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Droits : Consultable en ligne
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Source : Bibliothèque nationale de France
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 06/02/2011
Lundi 18 Février 1Ô01
Edition quotidienne. — 12,052
Lundi 18 Février 1901
ÉDITION QUOTIDIENNE
PARIS
et départements
'du an.. • • • «..« - ' 40, ■ ■.
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Trois mois,.,.. 11 »
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LE MONDE
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WNÏVERS ne répond pas des manuscrits qui tui sont: adressés:
N ANNONCES
MM. LAGRANGE, CERF et C ie , 6, place de la Bourse
PARIS, 17 FÉVRIER 1901
60&£M:A.IÏfcEB
Obéissance . ..... Y ve s L a n c è 'tb e .
Çà et là : La paroisse
• bretonne. " '. ; :. E douard A lexandre
Les catholiques
français sur le
terrain politique. P ierre VEmiiO*.
Feuilleton r A tra-'
vers les revues..:.
Bulletin. — Nouvelles de Rome. — Au
diocèse de Laval.— Justice rendue.—
Informations , politiques et parlementai
res, tt Le mariage de M- Paul Deschanel.
— Les. grèves. — Extrême-Sud algérien.
— En, Ohiue. - — En Espagne. — La
guerre du Transvaai. — Dépêches do l'é
tranger. — Les obsèques de l'ex-roi Mi
lan. — Chronique musicale. — Cercle du
-Luxembourg, — Académie des sciences.
— Aoadémie de médecine. — Echos de
partout. — Guerre et marine. — Nouvelles
diverses. — Revue de la Bourse.
OBÉISSANCE
C'est l'obéissance apparemment
qui, d'après le concept actuel de la
majorité pârlémentairé, avilit le ci
toyen, l'exclut du bénéfice de la loi.
Faire vœu. d'obéissance, n'est-ce
!>as faire à. un autre l'abandon de sa
iberté, n'est-ce pas abdiquer la
qualité de libre' citoyen pour une
sorte do servitude qui saisit toute
la, personne : intelligence, volonté,
activité ? C'est, le grand; argument
garubettiste sur. leqiielsesoiit jetés,
avec une satisfaction féroce, pseu
do-libéraux, socialistes, radicaux,;
révolutionnaires- de toute école, de
tout parti. Quand ils ont enveloppé
l'argument dans la fameuse formule.
perinde ac cadaver, lès voilà triom
phants comme, des argumeùtateurs
qiii ont réduit l'adversaire au si-
lence.
' On leur a déjà répondu que l'Etat
exige du citoyen sous les arraès
une obéissance passive à peine de
mort. Cette obéissance est néces
saire au salut de la nation. Elle est
basée' Sur ce principe incontestable
que le bien particulier doit céder
le pais au bien: général. Supprimez
l'armée, il n'y a plus d'indépen
dance nationale.. L obéissance exi
gée par le code militaire est bien
l'obéissance perinde ac cada ver. Le
soldat obéit même lorsqu'il va à
une mort certaine. On appelle cette
obéissance de l'héroïsme. On dit
vrai. Il faut de l'héroïsme pour sa
crifier sa vie à un intérêt dont on
ne recueillera! 1 pas le' bénéfice.
L'Etat exige cette obéissance non
seulement quand l'intérêt de la na
tion est en jeu, mais simplement le
bon ordre ou l'intérêt public. Il l'im
pose.à l'homme à sa solde auquel
il demande de veiller à la tranquil
lité publique comme à celui" qu'il
chargé de sauver nos maisons du
fléau dé l'incendié. Quoique moins
noble, le but requiert autant d'hé
roïsme, puisque^ à le. servir, on
joue encore son existence.
Méprisera-t-on ces humbles ser
viteurs de f la^ nation et de l'intérêt
public" parce qu'ils font abnégation
de leur liberté et dé leur personne
en se pliant à une discipline qui
s'impose et qu'on ne discute pas?
"Après les avôir méprisés, leur refu
sera-ton, comme* indignes, la part
de liberté octroyée à leurs conci
toyens ? On les devrait traiter de la
sorte, si les raisons alléguées contre
les rëligiéux étaient les vraies rai
sons pour lesquelles on prétend les
mettre .hors du droit commun. .
Certes, à première vue, l'analogie
est grande entre le citoyen qui abdi
que sa personnalité entre les mains
de l'Etat et le religieux qui voue
son existence au service de l'Insti
tut qu'il a embrassé. Cependant
l'analogie est plus .apparente que
réelle : l'un abdique temporairement
sa liberté ; l'autre ne l'abdique pas :
il la protège, il l'.affermit par les
moyens que le faux, libéralisme juge
aujourd'hui contraires à la dignité
humaine.
Si Gambetta et consorts se sont
fait une idée aussi baroque du vœu
d'obéissàncs, c'est qu'ils' étaient ou
qu 'ils" sont' incapables d'en çom-
£ rendre la nature et la portée.
i,'ob,éissanée. religieuse n'implique
^upune abdication, aucune diminu
tion de 1% liberté 1 humaine. D'abord,
elle est vouée librement, et l'acte
libre par lequel-le religieux voue
obéissance, persiste' virtuellement
ou habituellement à tous les ins
tants de sa vie ;'car s'il cessait de
vouloir, librement ce qu'il a voulu le
premier jour, son obéissance cesse
rait d'être méritoire • elle cesserait
elle-même ou par la rupture du lien
religieux, ou par une vie- réglée
désormais par le caprice. De plus,
l'obéissance n'est point vouée à un
homme ; elle est vouée à une règle
s'adaptant aux principes de la per
fection chrétienne ; elle est vouée à
Dieu lui même, auteur de cette per
fection. Les supérieurs auxquels le
religieux obéit, sont soumis à là
•même règle, et ils n'ont droit de
commander que dans les termes et
l'esprit de la règle. .
"Je voudrais que les législations
civiles fussent empreintes de l'es
prit d'égalité et de justice qui ani
me la plupart de ces législations"
particulièx'es. L'âge, les infirmités
appellent partout des exemptions
à des prescriptions faites pour des
hommes valides. Certaines consti
tutions religieuses, celles de "saint
Dominique entre, autres, exigent
que les supérieurs en- charge ne
bénéficient a'aucune exemption que
la règle accorde aux valétudinaires,
afin qu'ils soient eux-mêmes un
exemplaire vivant de la règle qu'ils
ont à faire observer.
J'ai dit que' l'obéissance protège
et affermit la liberté du religieux.
Peut-être les pseudo-libéraux pour
raient-ils arriver à comprendre cela
avec un peu de philosophie. Nul
parmi les déistes ne nie que Dieu
soit un être libre. S'il n'était libre,
lui-même, comment aurait-il pu
donner la liberté à l'homme? Ce
pendant il n'a pas la liberté de faire
le mal. Cette liberté, que les théo
logiens appellent de contrariété, est
plutôt un défaut qu'un attribut. La
liberté de l'homme sur la terre ne
va pas sans cette liberté de contra
riété qui nuit à sa vraie liberté,
celle du bien. Le religieux, cons
cient du danger de Cette liberté fu
neste, tend, par le vœu d'obéis
sance, à trancher ce parasite de la
liberté qui le gênerait dans l'exer
cice du oien. Ûu premier coup, il
s'établit dans la région de la per-,
fection évangélique ; mais, devinant
qu'à raison de la mobilité humaine
et du retour offensif de l'appétit
concupiscibie, il pourrait être solli
cité et tenté de descendre de cette
région, il s'engage par vœu ày.per-
sévérer. ' Est-ce que cet engage
ment embarrasse sa liberté? La li
berté de descendre, oui; la liberté
de planer et de monter encore, non.
Cette liberté est celle du bien, la
seule digne de ce nom. En tant,
qu'il s'affranchit des écueils de la
liberté du mal, le religieux, par le
vœu d'obéissance, conquiert la li
berté à un degré qui la rapproche
singulièrement de la liberté chyme;
Gelle d'évoluer dans la justice et
dans le bien.
L'honorable M. Piou a caracté
risé d'un mot cette renonciation vou
lue aux séductions toujours possi
bles de l'esprit du mal, en rappe
lant un acte sublime de la liberté
humaine. Cette parole a provoqué
des protestations. Elle n'est donc
pas à la portée de toutes lesintelli-
gences. Gela me rappelle la diffi
culté qu'ont les Turcs à concevoir
l'idée de la filiation divine dans le
mystère de la Trinité. un Fils, disent-ils ; il a donc aussi
une femmè. Turcs et " parlemen
taires de gauche sont à peu près au
même niveau.
Faisons une exception pour le
ministre auteurdu projet de loi con
tre les congrégations religieuses et
pour le rapporteur.: de la commis
sion. Elevés tous deux dans le sein
de l'Eglise catholique, initiés à sa
•morale, ils en ont sans doute conservé
le sens et pénétré la grandeur. Le
premier, en quittant les bancs du
collège des Enfants-Nantais, est allé
chez les jésuites de Poitiers termi
ner ses études. Pourquoi cette mi
gration ? La machine grinçait. Une
main experte fut appelée à verser de
l'huile dans les rouages. Le second,
on l'a vu par les intéressantes com
munications du P. Chérot, fut élève
des jésuites de Dôle. Ils travaillent
ardemment l'un et l'autre à bannir
de leur cellule les humbles religieux
de qui ils ont reçu instruction et for
mation.
Je ne sais si M. Waldeck-Rous-
seaufréquente encore le confession
nal. Pour moi, ayant conservé cette
habitude, j'ai le. bonheur d'avoir
hérité de son ancien confesseur à
Nantes, qui était aussi le confesseur
de sa mère. C'est un religieux vé
nérable, autant par les travaux du
saint ministèrè que par les années.
Sa santé est aujourd'hui fort pré
caire. Mo"urra-t-il dans sa cellule?
C'est son désir. MM. Waldeck et
Trouillot s'emploient activement
pour qufe cette joie lui soit ôtée.
Messieurs, c'est pour vous que
l'Esprit Saint avait écrit : Neque
zelaveris facientes iniquitatem.
Yves L ancêtre.
Le scrutin de ballottage a lieu au-
j ourd'hui dans le XI e arrondissement.
On sait que MM. Max Régis et Allemane
restent seuls en présence.
La situation est assez graue à Chalon-
sur-Saône, où des manifestations vio
lentes ent eu lieu. Les troupes ont dû
charger. Qn signale un grand nombre
d'arrestations et plusieurs blessés.
,A Montceau, la grève* continue, sans
nouveaux incidents.
La grève des couturières, à Paris,
reste stationnaire.
Le calme est rétabli à Madrid et, bien
que les nouvelles soient très rares, il
paraît également rétabli dans les pro
vinces.
Toutefois, il est certain que le cabinet
va donner sa démission. Les libéraux
se croient déjà, de retour au pouvoir,
avec M, Sagas ta. Mais un ministère
conservateur, présidé par M. Silvela, est
généralement considéré comme plus
probable. ■
: Crise ministérielle èn, Bulgarie. Mais
les ministresdémissionnaires cons'er<-
veroyit provh oirement le pouvoir, à
cause de lamaladie grave du petit prince
Boris, qui ne permet pas au souverain
de s'occuper actuellement de la forma
tion d'un nouveau cabinet.
—— ; ' ; r
NOUVELLES DE ROME
15 février.
Au Vatican:
Sa Sainteté Léon XIII a reçu aujour
d'hui .en audience particulière S. G. Mgr
Olautier, évêque de Troia-Rivières.
Le nouveau ministèKo.
Nous venons d'apprendre que le nou
veau ministère a tenu un conseil prépa
ratoire. Dans cette séance il aurait pris
les délibérations suivantes :
Convoquer la Chambre le plus tôt pos
sible»
Se présenter sans un programme po
sitif.'. ■
Commencer aussitôt la discussion du
budget.
Enfin proroger la Chambre des dépu
tés jusqu'au mois de mai prochain.
Çà ©t là
LA « PAROISSE BRETONNE »
Le Breton, maigre l'amour qu'il porte
à son pays, vit de plus en plus en dehors
de sa terre natale.
On compte aujourd'hui plus de 150,000
Bretons à Paris. Un certain nombre de
grandes villes maritimes ont également
de nombreuses colonies bretonnes.
Quelles sont les causes de cet exode ?
M. l'abbé Cadic, le dévoué fondateur de
la i Paroisse bretonne » de Paris (1), en
indique deux ; 1® un accroissement trop
grand de la population pour le peu de
ressources du pays ; 2° l'importation des
blés étrangers. %
« Un fléau terrible dévaste notre Fran
ce. Pire que la guerre, la dépopulation,
dit M. l'abbé Cadic* étend ses ravages.
Du moins, la Bretagne, au milieu de la
défaillance universelle, n'a pas abdiqué
son devoir. Repliée sur elle-même, elle
conserve sa fécondité. En moins de cent
ans, de 1804 à 1898, elle s'est accrue de
900,000 âmes. » .
Mais si la Bretagne est la plus féconde
de nos provinces en hommes, ses res
sources, par contre, sont assez limitées.
Le fermier breton vit de plus en plus pé
niblement du lopin de terre qu'il laboure,
li ne peut plus résister à la concurrence
des pays neufs.
Il n'y a pas encore cinquante ans
que l'on explore les pays du Mississipi.
La Russie ne soupçonnait pas hier la
fécondité de ses terres ifoires du centre ;
l'Inde ne se doutait pas qu'elle pouvait
produire les plus abondantes moissons
du monde, et voici que dans nos ports
s'amasse, en stocks énormes, le blé de
ces contrées.
Il faut encore ranger parmi les prin
cipaux facteurs de l'émigration bretonne,
le développement énorme du mouve
ment industriel dans les villes, au dix-
neuvième siècle, à la suite de l'apparition
des chemins de fer.
« On vit glisser par les monts et par
les plaines, à travers la bruyère et les
champs de blé noir, le serpent de feu
prédit par Merlin, les chariots rapides
dont la venue prochaine avait été annon
cée au dix-huitième siècle par un men
diant prophète des environs de Sainte-
Anne, le roi Stévant. Un ébranlement se
produisit alors parmi la population cam
pagnarde. C'était la réalisation du rêve.
Qu'importait la cherté de la nourriture
dans les villes ! On y gagnait beaucoup,
donc on devait faire fortune. »
Le service militaire obligatoire a éga
lement contribué à favoriser l'émigra
tion bretonne. Pour le pauvre paysan des
landes, la vie militaire est une sorte
d'améliortion de sa condition matérielle.
A la caserne, on mange de la viande et
du pain blanc, ce , qui vaut bien le pain
de seigle et la bouillie d'avoine.
M. l'abbé Cadic constate que l'ouvrier
agricole fournit le contingent le plus
nombreux à l'émigration. Il se place gé
néralement à Paris comme domestique.
Le petit artisan des bourgs se laisse
aussi trop souvent séduire par l'appât
des salaires plus élevés de la capitale.
Quant au fermier breton, il quitte rare
ment la terre natale et ne part que dans
le cas d'extrême nécessité.
Longtemps avant de subir l'attraction
de Paris, le Breton a d'ailleurs été porté
à l'émigration. Il a colonisé le Canada
et les îles d'Amérique.
L'intéressante étude que M. l'abbé Ca
dic a consacrée à l'émigration bretonne
signale les principales causes qui, à
Paris; déterminent chez les Bretons l'a
bandon des pratiques religieuses.
a Dans nos vastes églises aux colonnes
superbes, nous dit-il, las paysans bre
tons se sentent mal à l'aise, eux les pau
vres et les chétifs. Rien de l'église du
village avec sa robe de granit, simple,
modeste et proprette... Plus de ces saints
d'allure rustique, au visage souriant,
avec lesquels on causait à plein cœur;..
Le ministre de Dieu parle d'un ton so
lennel. Ce n'est plus le recteur de là-
bas... Ils ne se sentent plus chez eux... »
Emu de toutes les misères, si profon
des, de ses compatriotes, M. l'abbé Cadic
a fondé, il y a 4 ans, l'œuvre de la « Pa
roisse bretonne » de Paris — un modeste
(1) L'Emigration bretonne vers Paris,par
M. J. Cadic, directeur de la Paroisse bre
tonne. Imprimerie moderne, Aurillac. k
grain de sénevé qui ne laissera pas de
deveiiir un grand arbre !
Le dimanche de la Séxagésimej 21 fé
vrier 1897, M. l'abbé Cadic célébrait pour
la première fois la messe des Bretons, à
l'autel de la Sainte-Vierge, à Notre-Dame
des Champs. Il lançait son premier appel
à une vingtaine de personnes, pour la
plupart étrangères à la Bretagne. .
« Autant valait parler, dit-il, d'une ou
verture dè mission dains les forêts vier-
La première réunion de la « Paroisse-
bretonne . » définitivèment fondée au
mois de mai 1897 eut lieu dans une,salle,
du cercle catholique,229,, boulevard Ras-;
pail. ■■
On y comptait cinq hommes et cinq
femmes.
Aujourd'hui — après quatre ans d'exis
tence — la « Paroisse bretonne » com
prend 3,000 inscrits.
A chaque assemblée plus de 1,500 per-,
sonnes se rendent fidèlement à l'appel,
du directeur!
Ce merveilleux résultat est le fruit du
système de parrainage adopté à,la pre
mière réunion de 1897 où il fut décidé
que chaque associé — ils étaîent crnq !
s'engageait à « ramener avec lui à la
réunion suivante'un candidat dont il se
rait le répondant. »
En eutre, chaque candidat devait ap
porter de bons certificats et subir un
stage de trois mois avant son admission
définitive. La cotisation futfixée àO fr. 10.
centimes par séance.
Avec ce premier noyau,l'on fit à la fois
une œuvre de moralisation religieuse et
d'assistance par le travail. Chaque adhé
rent,dès qu'il connaissait un emploi va
cant, s'empressait d'aviser le directeur
de la « Paroisse bretonne » et ce dernier,
donnait l'emploi au plus méritant, si
toutefois la place indiquée lui paraissait,
réunir toutes les conditions de moralité-
'voulues.
600 personnes furent ainsi placées la-
première année ; 1,200 la seconde et plus
de 2,000, la troisième.
Une caisse d'épargne fut ensuite fondée
au sein de l'association. Des médecins et
des pharmaciens dévoués • assurèrent à
l'œuvre leur concours dévoué. Moyen
nant une très légère rétribution, les adhé
rents à la « Paroisse bretonne » peuvent
s'assurer des secours en cas de maladie..
Ensuite, on fonda un vestiaire. Actuel
lement une coopérative de consommation
eat à l'étude. Unie remise de 5 0[0 chez le
boulanger, le boucher et l'épicier est ac
quise aux sociétaires... \
Un lie» a été formé eatTe les Bretons
de Paris et leurs -500,000 compatriotes
qui errent aux quatre coins de la France.
C'est le journal la Paroisse bretonne
qui a commencé avec l'alléluia de Pâ
ques 1899 » compte aujourd'hui 1,550
abonnés.
On voit ce que peut, Dieu aidant, la
volonté opiniâtre et courageuse d'un
seul. Puisse l'exemple donné par M.
l'abbé Cadic être suivi par d'autres
prêtres bretons; -
La moisson est abondante et elle ap
pelle des ouvriers.
Le clergé si vaillant de l'Armorique a
là un vaste champ d'action ouvert à ses
généreuses initiatives; mais il importe
qu'on lui procure les moyens de poursui
vre l'œuvre d'apostolat dont le dévoué
fondateur de la « Paroisse bretonne »a
posé la pierre d'assises.
M. l'abbé Cadic poursuit le dessein, en
raison du trop grand nombre de Breto.ns
qui émigrent vers Paris, de donner une
autre orientation à l'exode de ses com
patriotes et de les diriger sur nos colo
nies, où, par leur énergie et leur endu
rance, ils pourraient rendre les - plus
grands services et contribuer efficace
ment à la prospérité et à l'extension de
nos possessions du dehors*
a Que les émigrants formés en groupes
paroissiaux, conclut M. l'abbé Cadic,
s'en aillent donc au loin avec leurs prê
tres, et l'on verra bientôt les résultats
produits. Quel que soit le pays où ils
s'installeront, colonie ou terre de France,
ils formeront là une race solide, fixée au
sol, forte comme le rocher d'Armorique-
et contre laquelle se heurteront en vain
les envahisseurs étrangers. Qu'on en
fasse l'expérience au plus tôt et l'on
pourra juger. C'est le vœu du fondateur
de la première « Paroisse bretonne »
hors du' pays natal, en attendant que
d'autres « Paroisses bretonnes » se fon
dent un peu partout à l'image de la pre
mière.-»
Puisse cet appel du vaillant promoteur
de la « Paroisse bretonne » de Paris
trouver écho !
Et, d'une œuvre de moralisation chré
tienne, auront germé une fois de plus la
civilisation et la lumière !
Edouard A lexandre/
AU " DIOCÈSE DE LAVAL
Nous apprenons que le Souverain
Pontife a levé l'interdit dont S. G.
Mgr Geay, évêque de Laval, avait
frappé le R. P. Ilamelin, directeur
du collège de rimmaçùlëe-Concep-
tion. Toutefois, le R. P. Ilamelin ne
doit pas rentrer à Laval..
JUSTICE RENDUE
; Le Conseil d'Etat vient de rendre un
arrêt conforme à la justice.
Par deux arrêtés, pris les 13 et 19 août
1900, le maire de Limoges avait cru
pouvoir fermer l'asile de tuberculeux
ouvert par Mlle Noualhier, une personne
charitable et chrétienne, et,pour l'avenir,
interdire la création d'établissements
analogues.
Le maire de Limoges excédait son
droit, délibérément. Mais la victime de
cet arbitraire était catholique. Il ne dou
tait pas de triompher.
Le gouvernement commença par jus
tifier cette espérance ; il laissa debout
l'arrêté qu'il aurait dû casser tout
net.
Mais Mlle Noualhier n'abandonna pas
la partie ; le Conseil" d'Etat fut saisi de
l'affaire et l'excès de pouvoir était si fla
grant, que la haute assemblée dut, cette
fois, donner tort à l'injustice. .
Voici l'arrêt qu'elle a rendu :
Considérant qu'aucun texte de'loi en Vi
gueur rie permet au maire d'interdire la
création ou le maintien d'asiles, maisons
de santé et autres établissements privés de
bienfaisance et d'en subordonner l'ouïr-
ture à des conditions d'autorisation ou de
contrôle, etc.
Le conseil décide :
Article premier. Les arrêtés du maire
, de Limoges en date du 13 et du 19 août
1900 sont annulés.
On a forgé bien des lois contre nous.
Mais il en reste aussi beaucoup qui nous
protègent.-"Imitons la ténacité coura
geuse, de Mlle Noualhier. Défendons-
nous.
LES CATHOLIQUES FRANÇAIS
SUR LE TERRAIS POLITIQUE
.(Conférence de M. Pierre Veuillot, pro
noncée à Liège, le 13 février 1901,
dans une réunion organisée par la
Société Générale Liégeoise des Etu
diants Catholiques ) '
! 1 Mesdames, messieurs,
i Lorsque votre aimable et persuasif
délégué est venu à Paris me demander,
! de vous faire une conférence, mon pre-
! mier mouvement a été un geste de sur
prise, et le second, qui se confondait
: presque avec le premier, un recul d'apr
préhension. Une conférence? Moi... Je
I suis journaliste,— c'est de famille, — : et
: nullement orateur... J'étais convaincu,
que j'allais refuser. Je me trompais,
puisque je me trouve à Liège. Que vou
lez vous? Je n'ai pas su résister à Mi
Paul .Tschoffen, Et puis, on n'est point
dans la presse catholique depuis vingt,
ans sans avoir au cœur certaines idées
: que l'on aime à produire et à défendre.
Et enfin, vous n'ignorez pas, vous sentez
comme nous le lien de sympathie qui
unit Belges et Français. Vous nous avez,
souvent donné de bons exemples; nous
n'en avons pas profité toujours. Mais*
suivis ou non, ils nous ont inspiré pour
vous de vifs sentiments d'estime et d'a
mitié ; ce qui fait que nous résistons
difficilement à l'attrait d'aller nous en
tretenir avec d'aussi engageants voisins,
surtout quand ils ont à leur tête une il
lustration du monde catholique et sa
vant (!). ■ ■ ■",
Me voici donc. Je vieps vous parler de
l'attitude des catholiques français sur le
; terrain politique. Par catholiques, j'en
tends, — je vous prie de bien vouloir
retenir ceci, — non pas les trente et
quelques millions de Français baptisés,
mais seulement ceux, trop rares, hélas!
que préoccupe la défense des intérêts
de l'Eglise. Libre de choisir le sujet de
ma conférence, j'ai pris celui-là, pour
cette simple raison qu'il n'en est pas
d'autre que je croie mieux connaître. Il
est d'une assez délicate complexité. Je
m'efforcerai d'être impartial daF.s l'ex
posé de la situation; mais, vous verrez
bien, cependant, mes préférences, que
je ne veux point cacher d'ailleurs ; — et
je ne le pourrais pas. Ce que je tiens à
déclarer avant tout, c'est que mon plus
vif désir est de ne froisser personne.
Vous vous tenez trop au courant des af
faires de France pour qu!il n'y en ait
point, parmi vous, dont les idées soient
arrêtées sur la question. Si certaines de
mes expressions venaient à heurter quel
ques-uns de mes auditeurs, je les prie
de considérer que l'intention, seule, fait
l'offense. Né le voulant très sincèrement
pas, je ne puis donc point offenser.
Mesdames, messieurs,
Il y a toujours eu, plus ou moins pro
fondes, plus ou moins manifestes; des
divisions parmi les catholiques français.
Puisque .nous n'avons pas tous le même
cerveau, ni le même caractère, et que
Dieu nous, a donné le libre arbitre, il est
naturel que l'accord entre nous ne règne
pas, unanime et permanentj quand nous
raisonnons, quand nous agissons. L'en
tente absqlue ne pourrait s'établir que
dans la stagnation complète. Un peu de
divergences, voire de contradictions for
melles me parait préférable. Après tout,
la plupart des mouvements qui devaient
aboutir à un résultat aujourd'hui accepté
ont commencé par engendrer des divi
sions. L'important, c'est que le désaccord
n'amène pas la rupture, afin qu'à un mo
ment donné, en présence d'un péril, on
puisse toujours se retrouver ensemble
pour faire front contre l'ennemi commun.
Sachons donc tolérer que notre ami, notre
frère ne soit pas en tout de notre opinion,
et même qu'il s'efforce de nous amener à
ses vues, comme nous tâchons de le con
vertir aux nôtres. Cette tolérance mu
tuelle, posée en principe, maintiendra
peut-être mieux l'amitié, la fraternité,
que l'intolérance contraire.
En 1890, cependant, il y avait un ter
rain sur lequel paraissaient unis l'im
mense majorité des catholiques français.
- C'était le terrain politique. Oh ! là même,
on se disputait ! Mais il s'agissait de re
proches rétrospectifs. Pourquoi Ja ' mo-
nàïchie n'avait-elle pas été faite erf,1875,
au lieu de la République, voilà quel
était l'objet principal de nos débats. An
ciens légitimistes et anciens orléanistes
se renvoyaient la.responsabilité. Assuré
ment, il y avait un des deux partis plus
fautif que l'autre... Nous n'irons pas, au
jourd'hui, rechercher lequel !
(1) M. Godefroy Kurth, président d'hon^
neur de la Société Générale. Liégeoise ; des
Etudiants Catholiques.
Tout en se jetant la pierre, les deux
partis se donnaient la main. Cette figure
est bizarre ; je me permets pourtant de
.l'employer parce qu'elle,me semble ex
pliquer bien la situation. Les catholi^
ques voulaient croire que la restauration
monarchique, mahquée en 1875, était
encore parfaitement possible. lis y aspi
raient ; ils y travaillaient, ou. du moins,
se persuadaient en lisant leurs journaux
et en écoutant leurs orateurs qu'ils y tra
vaillaient. Bref, en. masse, la plupart
avec l'es royalistes* un certain nombre
avec les impérialistes, nous formions lé
gros de l'armée antirépublicaine. On ci
tait bien quelques exceptions. Le catho
lique partisan plus ou moins chaud de là
forme gouvernementale n'était pas un
mythe ; mais c'était un oiseau rare. On
ne croyait pas qu'il pût s'acclimater. De
lune et l'autre rive, le phénomène se
trouvait en- hutte' à une curiosité mé
fiante. Un républicain catholique ! Les
républicains doutaient de son re'publica*
nisme, les calho'iques de son catholi
cisme. — Ou il n'est pas sincère, pen
sait on, ou c'est un esprit faux; puisqu'il
n'est pas de notre avis.. .
Cependant, à la suite des élections lé
gislatives de 1889 et de l'effondrement du
boulangisme, quelques-uns d'entre nous
commençaient à se demander, sans oser
trop s'avouer ce manque de foi, si le ré
gime n'était pas un peu plus solide que
nous ne l'avions toujours prétendu. Qui
sait ?I1 était possible que les institutions
en vigueur ne disparussent pas le lende
main, comme on s'y attendait chaque
soir depuis bientôt vingt ans. Elles avaient
décidément la vie dure. Peut-être leur
avenir allait-il être aussi long que leur
passé, peut-être même plus long, très
long. Et alors, si les catholiques s'obsti
naient à lier leur cause sacrée à celle du
parti monarchiste, qu'adviendrait-il dea
intérêts déjà cruellement lésés de l'E
glise ?
C'est là qu'on en était, en novembre
1890, quand éclata le toast du cardinal
Lavigerie. le toast d'Alger.
Que disait-il donc, ce terrible toast?
En voici, messieurs, le passage capi
tal :
« Lorsque la volonté d'un peuple s'est
nettement affirmée, que la forme d'un
gouvernement n'a rien en soi de con
traire, comme le proclamait dernière
ment Léon XIII, aux principes qui seuls
peuvent faire vivre les nations chré
tiennes et civilisées ; lorsqu'il faut, -pour
arracher aux abîmes qui le menacent;
l'adhésion sans arrière pensée à cette
forme de gouvernement, le moment vient
de déclarer enfin l'épreuve faite ët, peur
mettre un terme, à nos divisions, de sa
crifier tout ce que la conscience et l'hon
neur permettent, ordonnent à chacun de
nous de sacrifier pour le salut dè lapa*
trie...
« En dehors de cette résigftation, de
cette acceptation patriotique, rien n'est
possible en effet, ni pour conserver l'or
dre et la paix, ni peur sauver le monde
du péril, social, ni pour sauver le culte
même dont nous sommes les ministres.
« Ce serait folie d'espérer soutenir les
colonnes d'un édifice, sanà entrer dans
l'édifice lui-même, ne serait-ce que pour
empêcher ceux qui voudraient tout
détruire d'accomplir leur oeuvre de
folie... » "
Tel était le langage qui souleva, il y a
dix ans, parmi les catholiques de France,
une tempête si violente que les derniers
remous n'en sont point encore apaisés.
Un détail, auquel le cardinal Lavigerie
n'avait attaché certainement qu'une im
portance minime, contribua beaucoup à
surexciter l'émotion générale. Après le
toast, la fanfare de l'orphelinat des Pères
Blancs joua la Marseillaise !
Vous le savez, nos divisions de partis
s'étendçnt, inclusivement, jusqu'à notre
hymne national. Tous les Français ne
l'acceptent pas. Beaucoup d'entre nous,
— ils étaient plus nombreux en 1890,—i
le tiennent, à cause de son passé, pour
un chant toujours ultra-révolutionnaire.
Son exécution par les, élèves des Pères
Blancs fit scandale. Et comme il arrive
souyent, l'accessoire obtint d'abord un
retentissement: et produisit un effet plus
considérable que le principal lui-même.
Le cardinal avait fait jouer la Marseil
laise !... Le toast s'en; trouvait- relégué à
l'arrière-plan. .
Qui fut surpris, ? L'auteur du toast. Ce
n'était pas la première fois que la fan
fare de son orphelinat commettait ce
crime ; il était, en quelque sorte, tradi
tionnel. Dans nos colonies et dans les
pays sur lesquels nous exerçons, un pro
tectorat quelconque, il est nécessaire
d'affirmer, par des manifestations exté
rieures et même sonores, les droits, la
situation de la France. Un hymne natio
nal doit servir à cet usage ; il en faut un.
La Marseillaise s'impose. Depuis long
temps, il n'y a plus dé contestation là-
dessus. Dans toutes les circonstances so
lennelles etquand ils reçoivent des au
torités, nos Frères des écoles chrétiennes,
en Asie-Mineure,-et nos Pères jésuites, à
Madagascar,, font jouer la Marseillaise.
Je l'avais entendue quelques mois plus
tôt, en mai 1860, à Cartilage, devant le
portail de la cathédrale, oeuvre du cardi
nal Lavigerie, et qui venait d'être consa
crée. A ceite cérémonie avaient assisté
le résident de France, le frère du bey de
Tunis,, représentant son souverain, les
ministres accrédités par les puissances
européennes. Et voici qu'en présence de
tous ces personnages, tête nue, en pré
sence de la foule énorme où dominait
l'élément arabe, sous le resplendissant
soleil de midi, en face de la Méditerranée
calme et bleue, et sur cette terre tuni
sienne que mon pays venait, malgré des
rivaux à peine résignés encore, d'ajouter
à son domaine africain, voici que la mu
sique d'un régiment de zouaves français
jouait la Marseillaise ! Messieurs, vous
êtes trop patriotes pour ne pas compren
dre le patriotisme des autres. Vous devi
nez donc et vous trouvez tout naturels
les sentiments que j'éprouvais. Jusque-
là, j'avais partagé la répulsion de beau
coup de mes concitoyens pour notre
hymne officiel. A partir de ce jour, cette
antipathie fut profondément ébranlée.
Aussi l'intervention musicale de l'or
phelinat des Pères Blancs ne me parut-
elle point choquante "et inadmissible.
Mais combien d'autres ne furent pas de
Edition quotidienne. — 12,052
Lundi 18 Février 1901
ÉDITION QUOTIDIENNE
PARIS
et départements
'du an.. • • • «..« - ' 40, ■ ■.
Six mois...... 21 »
Trois mois,.,.. 11 »
ÉTRANGER
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UN NUMÉRO S ^ riS V 10 cent,
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LE MONDE
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WNÏVERS ne répond pas des manuscrits qui tui sont: adressés:
N ANNONCES
MM. LAGRANGE, CERF et C ie , 6, place de la Bourse
PARIS, 17 FÉVRIER 1901
60&£M:A.IÏfcEB
Obéissance . ..... Y ve s L a n c è 'tb e .
Çà et là : La paroisse
• bretonne. " '. ; :. E douard A lexandre
Les catholiques
français sur le
terrain politique. P ierre VEmiiO*.
Feuilleton r A tra-'
vers les revues..:.
Bulletin. — Nouvelles de Rome. — Au
diocèse de Laval.— Justice rendue.—
Informations , politiques et parlementai
res, tt Le mariage de M- Paul Deschanel.
— Les. grèves. — Extrême-Sud algérien.
— En, Ohiue. - — En Espagne. — La
guerre du Transvaai. — Dépêches do l'é
tranger. — Les obsèques de l'ex-roi Mi
lan. — Chronique musicale. — Cercle du
-Luxembourg, — Académie des sciences.
— Aoadémie de médecine. — Echos de
partout. — Guerre et marine. — Nouvelles
diverses. — Revue de la Bourse.
OBÉISSANCE
C'est l'obéissance apparemment
qui, d'après le concept actuel de la
majorité pârlémentairé, avilit le ci
toyen, l'exclut du bénéfice de la loi.
Faire vœu. d'obéissance, n'est-ce
!>as faire à. un autre l'abandon de sa
iberté, n'est-ce pas abdiquer la
qualité de libre' citoyen pour une
sorte do servitude qui saisit toute
la, personne : intelligence, volonté,
activité ? C'est, le grand; argument
garubettiste sur. leqiielsesoiit jetés,
avec une satisfaction féroce, pseu
do-libéraux, socialistes, radicaux,;
révolutionnaires- de toute école, de
tout parti. Quand ils ont enveloppé
l'argument dans la fameuse formule.
perinde ac cadaver, lès voilà triom
phants comme, des argumeùtateurs
qiii ont réduit l'adversaire au si-
lence.
' On leur a déjà répondu que l'Etat
exige du citoyen sous les arraès
une obéissance passive à peine de
mort. Cette obéissance est néces
saire au salut de la nation. Elle est
basée' Sur ce principe incontestable
que le bien particulier doit céder
le pais au bien: général. Supprimez
l'armée, il n'y a plus d'indépen
dance nationale.. L obéissance exi
gée par le code militaire est bien
l'obéissance perinde ac cada ver. Le
soldat obéit même lorsqu'il va à
une mort certaine. On appelle cette
obéissance de l'héroïsme. On dit
vrai. Il faut de l'héroïsme pour sa
crifier sa vie à un intérêt dont on
ne recueillera! 1 pas le' bénéfice.
L'Etat exige cette obéissance non
seulement quand l'intérêt de la na
tion est en jeu, mais simplement le
bon ordre ou l'intérêt public. Il l'im
pose.à l'homme à sa solde auquel
il demande de veiller à la tranquil
lité publique comme à celui" qu'il
chargé de sauver nos maisons du
fléau dé l'incendié. Quoique moins
noble, le but requiert autant d'hé
roïsme, puisque^ à le. servir, on
joue encore son existence.
Méprisera-t-on ces humbles ser
viteurs de f la^ nation et de l'intérêt
public" parce qu'ils font abnégation
de leur liberté et dé leur personne
en se pliant à une discipline qui
s'impose et qu'on ne discute pas?
"Après les avôir méprisés, leur refu
sera-ton, comme* indignes, la part
de liberté octroyée à leurs conci
toyens ? On les devrait traiter de la
sorte, si les raisons alléguées contre
les rëligiéux étaient les vraies rai
sons pour lesquelles on prétend les
mettre .hors du droit commun. .
Certes, à première vue, l'analogie
est grande entre le citoyen qui abdi
que sa personnalité entre les mains
de l'Etat et le religieux qui voue
son existence au service de l'Insti
tut qu'il a embrassé. Cependant
l'analogie est plus .apparente que
réelle : l'un abdique temporairement
sa liberté ; l'autre ne l'abdique pas :
il la protège, il l'.affermit par les
moyens que le faux, libéralisme juge
aujourd'hui contraires à la dignité
humaine.
Si Gambetta et consorts se sont
fait une idée aussi baroque du vœu
d'obéissàncs, c'est qu'ils' étaient ou
qu 'ils" sont' incapables d'en çom-
£ rendre la nature et la portée.
i,'ob,éissanée. religieuse n'implique
^upune abdication, aucune diminu
tion de 1% liberté 1 humaine. D'abord,
elle est vouée librement, et l'acte
libre par lequel-le religieux voue
obéissance, persiste' virtuellement
ou habituellement à tous les ins
tants de sa vie ;'car s'il cessait de
vouloir, librement ce qu'il a voulu le
premier jour, son obéissance cesse
rait d'être méritoire • elle cesserait
elle-même ou par la rupture du lien
religieux, ou par une vie- réglée
désormais par le caprice. De plus,
l'obéissance n'est point vouée à un
homme ; elle est vouée à une règle
s'adaptant aux principes de la per
fection chrétienne ; elle est vouée à
Dieu lui même, auteur de cette per
fection. Les supérieurs auxquels le
religieux obéit, sont soumis à là
•même règle, et ils n'ont droit de
commander que dans les termes et
l'esprit de la règle. .
"Je voudrais que les législations
civiles fussent empreintes de l'es
prit d'égalité et de justice qui ani
me la plupart de ces législations"
particulièx'es. L'âge, les infirmités
appellent partout des exemptions
à des prescriptions faites pour des
hommes valides. Certaines consti
tutions religieuses, celles de "saint
Dominique entre, autres, exigent
que les supérieurs en- charge ne
bénéficient a'aucune exemption que
la règle accorde aux valétudinaires,
afin qu'ils soient eux-mêmes un
exemplaire vivant de la règle qu'ils
ont à faire observer.
J'ai dit que' l'obéissance protège
et affermit la liberté du religieux.
Peut-être les pseudo-libéraux pour
raient-ils arriver à comprendre cela
avec un peu de philosophie. Nul
parmi les déistes ne nie que Dieu
soit un être libre. S'il n'était libre,
lui-même, comment aurait-il pu
donner la liberté à l'homme? Ce
pendant il n'a pas la liberté de faire
le mal. Cette liberté, que les théo
logiens appellent de contrariété, est
plutôt un défaut qu'un attribut. La
liberté de l'homme sur la terre ne
va pas sans cette liberté de contra
riété qui nuit à sa vraie liberté,
celle du bien. Le religieux, cons
cient du danger de Cette liberté fu
neste, tend, par le vœu d'obéis
sance, à trancher ce parasite de la
liberté qui le gênerait dans l'exer
cice du oien. Ûu premier coup, il
s'établit dans la région de la per-,
fection évangélique ; mais, devinant
qu'à raison de la mobilité humaine
et du retour offensif de l'appétit
concupiscibie, il pourrait être solli
cité et tenté de descendre de cette
région, il s'engage par vœu ày.per-
sévérer. ' Est-ce que cet engage
ment embarrasse sa liberté? La li
berté de descendre, oui; la liberté
de planer et de monter encore, non.
Cette liberté est celle du bien, la
seule digne de ce nom. En tant,
qu'il s'affranchit des écueils de la
liberté du mal, le religieux, par le
vœu d'obéissance, conquiert la li
berté à un degré qui la rapproche
singulièrement de la liberté chyme;
Gelle d'évoluer dans la justice et
dans le bien.
L'honorable M. Piou a caracté
risé d'un mot cette renonciation vou
lue aux séductions toujours possi
bles de l'esprit du mal, en rappe
lant un acte sublime de la liberté
humaine. Cette parole a provoqué
des protestations. Elle n'est donc
pas à la portée de toutes lesintelli-
gences. Gela me rappelle la diffi
culté qu'ont les Turcs à concevoir
l'idée de la filiation divine dans le
mystère de la Trinité.
une femmè. Turcs et " parlemen
taires de gauche sont à peu près au
même niveau.
Faisons une exception pour le
ministre auteurdu projet de loi con
tre les congrégations religieuses et
pour le rapporteur.: de la commis
sion. Elevés tous deux dans le sein
de l'Eglise catholique, initiés à sa
•morale, ils en ont sans doute conservé
le sens et pénétré la grandeur. Le
premier, en quittant les bancs du
collège des Enfants-Nantais, est allé
chez les jésuites de Poitiers termi
ner ses études. Pourquoi cette mi
gration ? La machine grinçait. Une
main experte fut appelée à verser de
l'huile dans les rouages. Le second,
on l'a vu par les intéressantes com
munications du P. Chérot, fut élève
des jésuites de Dôle. Ils travaillent
ardemment l'un et l'autre à bannir
de leur cellule les humbles religieux
de qui ils ont reçu instruction et for
mation.
Je ne sais si M. Waldeck-Rous-
seaufréquente encore le confession
nal. Pour moi, ayant conservé cette
habitude, j'ai le. bonheur d'avoir
hérité de son ancien confesseur à
Nantes, qui était aussi le confesseur
de sa mère. C'est un religieux vé
nérable, autant par les travaux du
saint ministèrè que par les années.
Sa santé est aujourd'hui fort pré
caire. Mo"urra-t-il dans sa cellule?
C'est son désir. MM. Waldeck et
Trouillot s'emploient activement
pour qufe cette joie lui soit ôtée.
Messieurs, c'est pour vous que
l'Esprit Saint avait écrit : Neque
zelaveris facientes iniquitatem.
Yves L ancêtre.
j ourd'hui dans le XI e arrondissement.
On sait que MM. Max Régis et Allemane
restent seuls en présence.
La situation est assez graue à Chalon-
sur-Saône, où des manifestations vio
lentes ent eu lieu. Les troupes ont dû
charger. Qn signale un grand nombre
d'arrestations et plusieurs blessés.
,A Montceau, la grève* continue, sans
nouveaux incidents.
La grève des couturières, à Paris,
reste stationnaire.
Le calme est rétabli à Madrid et, bien
que les nouvelles soient très rares, il
paraît également rétabli dans les pro
vinces.
Toutefois, il est certain que le cabinet
va donner sa démission. Les libéraux
se croient déjà, de retour au pouvoir,
avec M, Sagas ta. Mais un ministère
conservateur, présidé par M. Silvela, est
généralement considéré comme plus
probable. ■
: Crise ministérielle èn, Bulgarie. Mais
les ministresdémissionnaires cons'er<-
veroyit provh oirement le pouvoir, à
cause de lamaladie grave du petit prince
Boris, qui ne permet pas au souverain
de s'occuper actuellement de la forma
tion d'un nouveau cabinet.
—— ; ' ; r
NOUVELLES DE ROME
15 février.
Au Vatican:
Sa Sainteté Léon XIII a reçu aujour
d'hui .en audience particulière S. G. Mgr
Olautier, évêque de Troia-Rivières.
Le nouveau ministèKo.
Nous venons d'apprendre que le nou
veau ministère a tenu un conseil prépa
ratoire. Dans cette séance il aurait pris
les délibérations suivantes :
Convoquer la Chambre le plus tôt pos
sible»
Se présenter sans un programme po
sitif.'. ■
Commencer aussitôt la discussion du
budget.
Enfin proroger la Chambre des dépu
tés jusqu'au mois de mai prochain.
Çà ©t là
LA « PAROISSE BRETONNE »
Le Breton, maigre l'amour qu'il porte
à son pays, vit de plus en plus en dehors
de sa terre natale.
On compte aujourd'hui plus de 150,000
Bretons à Paris. Un certain nombre de
grandes villes maritimes ont également
de nombreuses colonies bretonnes.
Quelles sont les causes de cet exode ?
M. l'abbé Cadic, le dévoué fondateur de
la i Paroisse bretonne » de Paris (1), en
indique deux ; 1® un accroissement trop
grand de la population pour le peu de
ressources du pays ; 2° l'importation des
blés étrangers. %
« Un fléau terrible dévaste notre Fran
ce. Pire que la guerre, la dépopulation,
dit M. l'abbé Cadic* étend ses ravages.
Du moins, la Bretagne, au milieu de la
défaillance universelle, n'a pas abdiqué
son devoir. Repliée sur elle-même, elle
conserve sa fécondité. En moins de cent
ans, de 1804 à 1898, elle s'est accrue de
900,000 âmes. » .
Mais si la Bretagne est la plus féconde
de nos provinces en hommes, ses res
sources, par contre, sont assez limitées.
Le fermier breton vit de plus en plus pé
niblement du lopin de terre qu'il laboure,
li ne peut plus résister à la concurrence
des pays neufs.
Il n'y a pas encore cinquante ans
que l'on explore les pays du Mississipi.
La Russie ne soupçonnait pas hier la
fécondité de ses terres ifoires du centre ;
l'Inde ne se doutait pas qu'elle pouvait
produire les plus abondantes moissons
du monde, et voici que dans nos ports
s'amasse, en stocks énormes, le blé de
ces contrées.
Il faut encore ranger parmi les prin
cipaux facteurs de l'émigration bretonne,
le développement énorme du mouve
ment industriel dans les villes, au dix-
neuvième siècle, à la suite de l'apparition
des chemins de fer.
« On vit glisser par les monts et par
les plaines, à travers la bruyère et les
champs de blé noir, le serpent de feu
prédit par Merlin, les chariots rapides
dont la venue prochaine avait été annon
cée au dix-huitième siècle par un men
diant prophète des environs de Sainte-
Anne, le roi Stévant. Un ébranlement se
produisit alors parmi la population cam
pagnarde. C'était la réalisation du rêve.
Qu'importait la cherté de la nourriture
dans les villes ! On y gagnait beaucoup,
donc on devait faire fortune. »
Le service militaire obligatoire a éga
lement contribué à favoriser l'émigra
tion bretonne. Pour le pauvre paysan des
landes, la vie militaire est une sorte
d'améliortion de sa condition matérielle.
A la caserne, on mange de la viande et
du pain blanc, ce , qui vaut bien le pain
de seigle et la bouillie d'avoine.
M. l'abbé Cadic constate que l'ouvrier
agricole fournit le contingent le plus
nombreux à l'émigration. Il se place gé
néralement à Paris comme domestique.
Le petit artisan des bourgs se laisse
aussi trop souvent séduire par l'appât
des salaires plus élevés de la capitale.
Quant au fermier breton, il quitte rare
ment la terre natale et ne part que dans
le cas d'extrême nécessité.
Longtemps avant de subir l'attraction
de Paris, le Breton a d'ailleurs été porté
à l'émigration. Il a colonisé le Canada
et les îles d'Amérique.
L'intéressante étude que M. l'abbé Ca
dic a consacrée à l'émigration bretonne
signale les principales causes qui, à
Paris; déterminent chez les Bretons l'a
bandon des pratiques religieuses.
a Dans nos vastes églises aux colonnes
superbes, nous dit-il, las paysans bre
tons se sentent mal à l'aise, eux les pau
vres et les chétifs. Rien de l'église du
village avec sa robe de granit, simple,
modeste et proprette... Plus de ces saints
d'allure rustique, au visage souriant,
avec lesquels on causait à plein cœur;..
Le ministre de Dieu parle d'un ton so
lennel. Ce n'est plus le recteur de là-
bas... Ils ne se sentent plus chez eux... »
Emu de toutes les misères, si profon
des, de ses compatriotes, M. l'abbé Cadic
a fondé, il y a 4 ans, l'œuvre de la « Pa
roisse bretonne » de Paris — un modeste
(1) L'Emigration bretonne vers Paris,par
M. J. Cadic, directeur de la Paroisse bre
tonne. Imprimerie moderne, Aurillac. k
grain de sénevé qui ne laissera pas de
deveiiir un grand arbre !
Le dimanche de la Séxagésimej 21 fé
vrier 1897, M. l'abbé Cadic célébrait pour
la première fois la messe des Bretons, à
l'autel de la Sainte-Vierge, à Notre-Dame
des Champs. Il lançait son premier appel
à une vingtaine de personnes, pour la
plupart étrangères à la Bretagne. .
« Autant valait parler, dit-il, d'une ou
verture dè mission dains les forêts vier-
La première réunion de la « Paroisse-
bretonne . » définitivèment fondée au
mois de mai 1897 eut lieu dans une,salle,
du cercle catholique,229,, boulevard Ras-;
pail. ■■
On y comptait cinq hommes et cinq
femmes.
Aujourd'hui — après quatre ans d'exis
tence — la « Paroisse bretonne » com
prend 3,000 inscrits.
A chaque assemblée plus de 1,500 per-,
sonnes se rendent fidèlement à l'appel,
du directeur!
Ce merveilleux résultat est le fruit du
système de parrainage adopté à,la pre
mière réunion de 1897 où il fut décidé
que chaque associé — ils étaîent crnq !
s'engageait à « ramener avec lui à la
réunion suivante'un candidat dont il se
rait le répondant. »
En eutre, chaque candidat devait ap
porter de bons certificats et subir un
stage de trois mois avant son admission
définitive. La cotisation futfixée àO fr. 10.
centimes par séance.
Avec ce premier noyau,l'on fit à la fois
une œuvre de moralisation religieuse et
d'assistance par le travail. Chaque adhé
rent,dès qu'il connaissait un emploi va
cant, s'empressait d'aviser le directeur
de la « Paroisse bretonne » et ce dernier,
donnait l'emploi au plus méritant, si
toutefois la place indiquée lui paraissait,
réunir toutes les conditions de moralité-
'voulues.
600 personnes furent ainsi placées la-
première année ; 1,200 la seconde et plus
de 2,000, la troisième.
Une caisse d'épargne fut ensuite fondée
au sein de l'association. Des médecins et
des pharmaciens dévoués • assurèrent à
l'œuvre leur concours dévoué. Moyen
nant une très légère rétribution, les adhé
rents à la « Paroisse bretonne » peuvent
s'assurer des secours en cas de maladie..
Ensuite, on fonda un vestiaire. Actuel
lement une coopérative de consommation
eat à l'étude. Unie remise de 5 0[0 chez le
boulanger, le boucher et l'épicier est ac
quise aux sociétaires... \
Un lie» a été formé eatTe les Bretons
de Paris et leurs -500,000 compatriotes
qui errent aux quatre coins de la France.
C'est le journal la Paroisse bretonne
qui a commencé avec l'alléluia de Pâ
ques 1899 » compte aujourd'hui 1,550
abonnés.
On voit ce que peut, Dieu aidant, la
volonté opiniâtre et courageuse d'un
seul. Puisse l'exemple donné par M.
l'abbé Cadic être suivi par d'autres
prêtres bretons; -
La moisson est abondante et elle ap
pelle des ouvriers.
Le clergé si vaillant de l'Armorique a
là un vaste champ d'action ouvert à ses
généreuses initiatives; mais il importe
qu'on lui procure les moyens de poursui
vre l'œuvre d'apostolat dont le dévoué
fondateur de la « Paroisse bretonne »a
posé la pierre d'assises.
M. l'abbé Cadic poursuit le dessein, en
raison du trop grand nombre de Breto.ns
qui émigrent vers Paris, de donner une
autre orientation à l'exode de ses com
patriotes et de les diriger sur nos colo
nies, où, par leur énergie et leur endu
rance, ils pourraient rendre les - plus
grands services et contribuer efficace
ment à la prospérité et à l'extension de
nos possessions du dehors*
a Que les émigrants formés en groupes
paroissiaux, conclut M. l'abbé Cadic,
s'en aillent donc au loin avec leurs prê
tres, et l'on verra bientôt les résultats
produits. Quel que soit le pays où ils
s'installeront, colonie ou terre de France,
ils formeront là une race solide, fixée au
sol, forte comme le rocher d'Armorique-
et contre laquelle se heurteront en vain
les envahisseurs étrangers. Qu'on en
fasse l'expérience au plus tôt et l'on
pourra juger. C'est le vœu du fondateur
de la première « Paroisse bretonne »
hors du' pays natal, en attendant que
d'autres « Paroisses bretonnes » se fon
dent un peu partout à l'image de la pre
mière.-»
Puisse cet appel du vaillant promoteur
de la « Paroisse bretonne » de Paris
trouver écho !
Et, d'une œuvre de moralisation chré
tienne, auront germé une fois de plus la
civilisation et la lumière !
Edouard A lexandre/
AU " DIOCÈSE DE LAVAL
Nous apprenons que le Souverain
Pontife a levé l'interdit dont S. G.
Mgr Geay, évêque de Laval, avait
frappé le R. P. Ilamelin, directeur
du collège de rimmaçùlëe-Concep-
tion. Toutefois, le R. P. Ilamelin ne
doit pas rentrer à Laval..
JUSTICE RENDUE
; Le Conseil d'Etat vient de rendre un
arrêt conforme à la justice.
Par deux arrêtés, pris les 13 et 19 août
1900, le maire de Limoges avait cru
pouvoir fermer l'asile de tuberculeux
ouvert par Mlle Noualhier, une personne
charitable et chrétienne, et,pour l'avenir,
interdire la création d'établissements
analogues.
Le maire de Limoges excédait son
droit, délibérément. Mais la victime de
cet arbitraire était catholique. Il ne dou
tait pas de triompher.
Le gouvernement commença par jus
tifier cette espérance ; il laissa debout
l'arrêté qu'il aurait dû casser tout
net.
Mais Mlle Noualhier n'abandonna pas
la partie ; le Conseil" d'Etat fut saisi de
l'affaire et l'excès de pouvoir était si fla
grant, que la haute assemblée dut, cette
fois, donner tort à l'injustice. .
Voici l'arrêt qu'elle a rendu :
Considérant qu'aucun texte de'loi en Vi
gueur rie permet au maire d'interdire la
création ou le maintien d'asiles, maisons
de santé et autres établissements privés de
bienfaisance et d'en subordonner l'ouïr-
ture à des conditions d'autorisation ou de
contrôle, etc.
Le conseil décide :
Article premier. Les arrêtés du maire
, de Limoges en date du 13 et du 19 août
1900 sont annulés.
On a forgé bien des lois contre nous.
Mais il en reste aussi beaucoup qui nous
protègent.-"Imitons la ténacité coura
geuse, de Mlle Noualhier. Défendons-
nous.
LES CATHOLIQUES FRANÇAIS
SUR LE TERRAIS POLITIQUE
.(Conférence de M. Pierre Veuillot, pro
noncée à Liège, le 13 février 1901,
dans une réunion organisée par la
Société Générale Liégeoise des Etu
diants Catholiques ) '
! 1 Mesdames, messieurs,
i Lorsque votre aimable et persuasif
délégué est venu à Paris me demander,
! de vous faire une conférence, mon pre-
! mier mouvement a été un geste de sur
prise, et le second, qui se confondait
: presque avec le premier, un recul d'apr
préhension. Une conférence? Moi... Je
I suis journaliste,— c'est de famille, — : et
: nullement orateur... J'étais convaincu,
que j'allais refuser. Je me trompais,
puisque je me trouve à Liège. Que vou
lez vous? Je n'ai pas su résister à Mi
Paul .Tschoffen, Et puis, on n'est point
dans la presse catholique depuis vingt,
ans sans avoir au cœur certaines idées
: que l'on aime à produire et à défendre.
Et enfin, vous n'ignorez pas, vous sentez
comme nous le lien de sympathie qui
unit Belges et Français. Vous nous avez,
souvent donné de bons exemples; nous
n'en avons pas profité toujours. Mais*
suivis ou non, ils nous ont inspiré pour
vous de vifs sentiments d'estime et d'a
mitié ; ce qui fait que nous résistons
difficilement à l'attrait d'aller nous en
tretenir avec d'aussi engageants voisins,
surtout quand ils ont à leur tête une il
lustration du monde catholique et sa
vant (!). ■ ■ ■",
Me voici donc. Je vieps vous parler de
l'attitude des catholiques français sur le
; terrain politique. Par catholiques, j'en
tends, — je vous prie de bien vouloir
retenir ceci, — non pas les trente et
quelques millions de Français baptisés,
mais seulement ceux, trop rares, hélas!
que préoccupe la défense des intérêts
de l'Eglise. Libre de choisir le sujet de
ma conférence, j'ai pris celui-là, pour
cette simple raison qu'il n'en est pas
d'autre que je croie mieux connaître. Il
est d'une assez délicate complexité. Je
m'efforcerai d'être impartial daF.s l'ex
posé de la situation; mais, vous verrez
bien, cependant, mes préférences, que
je ne veux point cacher d'ailleurs ; — et
je ne le pourrais pas. Ce que je tiens à
déclarer avant tout, c'est que mon plus
vif désir est de ne froisser personne.
Vous vous tenez trop au courant des af
faires de France pour qu!il n'y en ait
point, parmi vous, dont les idées soient
arrêtées sur la question. Si certaines de
mes expressions venaient à heurter quel
ques-uns de mes auditeurs, je les prie
de considérer que l'intention, seule, fait
l'offense. Né le voulant très sincèrement
pas, je ne puis donc point offenser.
Mesdames, messieurs,
Il y a toujours eu, plus ou moins pro
fondes, plus ou moins manifestes; des
divisions parmi les catholiques français.
Puisque .nous n'avons pas tous le même
cerveau, ni le même caractère, et que
Dieu nous, a donné le libre arbitre, il est
naturel que l'accord entre nous ne règne
pas, unanime et permanentj quand nous
raisonnons, quand nous agissons. L'en
tente absqlue ne pourrait s'établir que
dans la stagnation complète. Un peu de
divergences, voire de contradictions for
melles me parait préférable. Après tout,
la plupart des mouvements qui devaient
aboutir à un résultat aujourd'hui accepté
ont commencé par engendrer des divi
sions. L'important, c'est que le désaccord
n'amène pas la rupture, afin qu'à un mo
ment donné, en présence d'un péril, on
puisse toujours se retrouver ensemble
pour faire front contre l'ennemi commun.
Sachons donc tolérer que notre ami, notre
frère ne soit pas en tout de notre opinion,
et même qu'il s'efforce de nous amener à
ses vues, comme nous tâchons de le con
vertir aux nôtres. Cette tolérance mu
tuelle, posée en principe, maintiendra
peut-être mieux l'amitié, la fraternité,
que l'intolérance contraire.
En 1890, cependant, il y avait un ter
rain sur lequel paraissaient unis l'im
mense majorité des catholiques français.
- C'était le terrain politique. Oh ! là même,
on se disputait ! Mais il s'agissait de re
proches rétrospectifs. Pourquoi Ja ' mo-
nàïchie n'avait-elle pas été faite erf,1875,
au lieu de la République, voilà quel
était l'objet principal de nos débats. An
ciens légitimistes et anciens orléanistes
se renvoyaient la.responsabilité. Assuré
ment, il y avait un des deux partis plus
fautif que l'autre... Nous n'irons pas, au
jourd'hui, rechercher lequel !
(1) M. Godefroy Kurth, président d'hon^
neur de la Société Générale. Liégeoise ; des
Etudiants Catholiques.
Tout en se jetant la pierre, les deux
partis se donnaient la main. Cette figure
est bizarre ; je me permets pourtant de
.l'employer parce qu'elle,me semble ex
pliquer bien la situation. Les catholi^
ques voulaient croire que la restauration
monarchique, mahquée en 1875, était
encore parfaitement possible. lis y aspi
raient ; ils y travaillaient, ou. du moins,
se persuadaient en lisant leurs journaux
et en écoutant leurs orateurs qu'ils y tra
vaillaient. Bref, en. masse, la plupart
avec l'es royalistes* un certain nombre
avec les impérialistes, nous formions lé
gros de l'armée antirépublicaine. On ci
tait bien quelques exceptions. Le catho
lique partisan plus ou moins chaud de là
forme gouvernementale n'était pas un
mythe ; mais c'était un oiseau rare. On
ne croyait pas qu'il pût s'acclimater. De
lune et l'autre rive, le phénomène se
trouvait en- hutte' à une curiosité mé
fiante. Un républicain catholique ! Les
républicains doutaient de son re'publica*
nisme, les calho'iques de son catholi
cisme. — Ou il n'est pas sincère, pen
sait on, ou c'est un esprit faux; puisqu'il
n'est pas de notre avis.. .
Cependant, à la suite des élections lé
gislatives de 1889 et de l'effondrement du
boulangisme, quelques-uns d'entre nous
commençaient à se demander, sans oser
trop s'avouer ce manque de foi, si le ré
gime n'était pas un peu plus solide que
nous ne l'avions toujours prétendu. Qui
sait ?I1 était possible que les institutions
en vigueur ne disparussent pas le lende
main, comme on s'y attendait chaque
soir depuis bientôt vingt ans. Elles avaient
décidément la vie dure. Peut-être leur
avenir allait-il être aussi long que leur
passé, peut-être même plus long, très
long. Et alors, si les catholiques s'obsti
naient à lier leur cause sacrée à celle du
parti monarchiste, qu'adviendrait-il dea
intérêts déjà cruellement lésés de l'E
glise ?
C'est là qu'on en était, en novembre
1890, quand éclata le toast du cardinal
Lavigerie. le toast d'Alger.
Que disait-il donc, ce terrible toast?
En voici, messieurs, le passage capi
tal :
« Lorsque la volonté d'un peuple s'est
nettement affirmée, que la forme d'un
gouvernement n'a rien en soi de con
traire, comme le proclamait dernière
ment Léon XIII, aux principes qui seuls
peuvent faire vivre les nations chré
tiennes et civilisées ; lorsqu'il faut, -pour
arracher aux abîmes qui le menacent;
l'adhésion sans arrière pensée à cette
forme de gouvernement, le moment vient
de déclarer enfin l'épreuve faite ët, peur
mettre un terme, à nos divisions, de sa
crifier tout ce que la conscience et l'hon
neur permettent, ordonnent à chacun de
nous de sacrifier pour le salut dè lapa*
trie...
« En dehors de cette résigftation, de
cette acceptation patriotique, rien n'est
possible en effet, ni pour conserver l'or
dre et la paix, ni peur sauver le monde
du péril, social, ni pour sauver le culte
même dont nous sommes les ministres.
« Ce serait folie d'espérer soutenir les
colonnes d'un édifice, sanà entrer dans
l'édifice lui-même, ne serait-ce que pour
empêcher ceux qui voudraient tout
détruire d'accomplir leur oeuvre de
folie... » "
Tel était le langage qui souleva, il y a
dix ans, parmi les catholiques de France,
une tempête si violente que les derniers
remous n'en sont point encore apaisés.
Un détail, auquel le cardinal Lavigerie
n'avait attaché certainement qu'une im
portance minime, contribua beaucoup à
surexciter l'émotion générale. Après le
toast, la fanfare de l'orphelinat des Pères
Blancs joua la Marseillaise !
Vous le savez, nos divisions de partis
s'étendçnt, inclusivement, jusqu'à notre
hymne national. Tous les Français ne
l'acceptent pas. Beaucoup d'entre nous,
— ils étaient plus nombreux en 1890,—i
le tiennent, à cause de son passé, pour
un chant toujours ultra-révolutionnaire.
Son exécution par les, élèves des Pères
Blancs fit scandale. Et comme il arrive
souyent, l'accessoire obtint d'abord un
retentissement: et produisit un effet plus
considérable que le principal lui-même.
Le cardinal avait fait jouer la Marseil
laise !... Le toast s'en; trouvait- relégué à
l'arrière-plan. .
Qui fut surpris, ? L'auteur du toast. Ce
n'était pas la première fois que la fan
fare de son orphelinat commettait ce
crime ; il était, en quelque sorte, tradi
tionnel. Dans nos colonies et dans les
pays sur lesquels nous exerçons, un pro
tectorat quelconque, il est nécessaire
d'affirmer, par des manifestations exté
rieures et même sonores, les droits, la
situation de la France. Un hymne natio
nal doit servir à cet usage ; il en faut un.
La Marseillaise s'impose. Depuis long
temps, il n'y a plus dé contestation là-
dessus. Dans toutes les circonstances so
lennelles etquand ils reçoivent des au
torités, nos Frères des écoles chrétiennes,
en Asie-Mineure,-et nos Pères jésuites, à
Madagascar,, font jouer la Marseillaise.
Je l'avais entendue quelques mois plus
tôt, en mai 1860, à Cartilage, devant le
portail de la cathédrale, oeuvre du cardi
nal Lavigerie, et qui venait d'être consa
crée. A ceite cérémonie avaient assisté
le résident de France, le frère du bey de
Tunis,, représentant son souverain, les
ministres accrédités par les puissances
européennes. Et voici qu'en présence de
tous ces personnages, tête nue, en pré
sence de la foule énorme où dominait
l'élément arabe, sous le resplendissant
soleil de midi, en face de la Méditerranée
calme et bleue, et sur cette terre tuni
sienne que mon pays venait, malgré des
rivaux à peine résignés encore, d'ajouter
à son domaine africain, voici que la mu
sique d'un régiment de zouaves français
jouait la Marseillaise ! Messieurs, vous
êtes trop patriotes pour ne pas compren
dre le patriotisme des autres. Vous devi
nez donc et vous trouvez tout naturels
les sentiments que j'éprouvais. Jusque-
là, j'avais partagé la répulsion de beau
coup de mes concitoyens pour notre
hymne officiel. A partir de ce jour, cette
antipathie fut profondément ébranlée.
Aussi l'intervention musicale de l'or
phelinat des Pères Blancs ne me parut-
elle point choquante "et inadmissible.
Mais combien d'autres ne furent pas de
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