Titre : L'Univers
Éditeur : L'Univers (Paris)
Date d'édition : 1901-02-17
Contributeur : Veuillot, Louis (1813-1883). Rédacteur
Contributeur : Veuillot, Pierre (1859-1907). Rédacteur
Contributeur : Veuillot, François (1870-1952). Rédacteur
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34520232c
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 17 février 1901 17 février 1901
Description : 1901/02/17 (Numéro 12051). 1901/02/17 (Numéro 12051).
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
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Description : Collection numérique : BIPFPIG44 Collection numérique : BIPFPIG44
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k7106431
Source : Bibliothèque nationale de France
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 06/02/2011
Dimanche 17 Février 11
Edition quotidienne. « IS^OLSi
Dimanche 17 Février 190
V.-19 0:1
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ÉDITION QUOTIDIENNE
PARIS ÉTRANGER
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Six mois 21 » 26 50
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LE MONDE
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L'UNIVERS ne répond pas des manuscrits qui lui sont adressés
ANNONCES
MM. LAGRANGE, CERF et C'«, 6, place de la Bourse
PARIS, 16 FEVRIER 1901
Le grand complot.. Pierre VEUiltOï. .
En Espagne........ F. L.
A. la Chambre...... Gabhiei. ce Triors.
Correspondance ro
maine ***
Réunion des étu-
diants François Vkuillot.
Lettre argentine. . Bourfatjd .
Les conférences du
Luxembourg G. d'Azamb UIA.
Bulletin. — Nouvelles de Rome. — Les
Frères des éGoles chrétiennes et le Con
seil d'Etat. — Lettre de Mgr l'évêque de
Soissons aux sénateurs et députés de
l'Aisne. — Pour les congrégations. — La
lettre de S. S. Léon XIII et l'épiscopat.
— Les protestants français. — Ceux con
tre qui tout est permis. — Un pasteur peu
gêné.— Le « Souvenir français » àNeuiily.
— Erratum. — Informations politique» et
parlementaires. — Echos . de l'affaire
Dreyfus. — Chronique.— Lettres, scien
ces et arts. — Les grèves. — La: ques
tion ouvrière. — Chez les socialistes. —
En Espagne. — En Chine. — La guerre
du Transvaai - Dépêches de l'étranger.
— La peste. — Lettres pastorales. —
Nécrologie. — Echos de partout. —
Guerre et marine; — Bulletin biblio
graphique. — Tribunaux. — Nouvelles di
verses. — Jardin d'acclimatation. — Oa-
lfn&rier. — Bourse et bulletin financier.
— Dernière heure.
LE GRAND COMPLOT
M. Camille Pelletan se moque,
dans le Matin, des amateurs de po
litique à la Ponson du Terrail, qui
veulent croire à une vaste conspi
ration ourdie pour remettre la
France à Victor^Napoléon. La plu
part de nos lecteurs ont entendu
Earler de cette histoire. Les hauts
arons de la finance j,uive sont in
quiets de la tournure, accentuée,
que prennent les événements. Ar
rêter les, progrès du socialisme, le
refouler même leur parait indispen
sable, et le plus tôt possible. Pour
cette œuvre de saiut. il s n'ont au
cune confiance dans la République,
surtout parlementaire; ils trouvent
qu'elle a très suffisamment fait ses
preuves " d'impuissance. D'autre
part, la perspective d'un change^
ment de régime, opéré avec le con
cours des forces antisémites, n'est
pas davantage pour les rassurer.
Nos grands Juifs ont. donc résolu de
prendre les devants. On a besoin
d'un César contre le socialisme. Ce
César, ils nous le donneront de
leurs mains. Lié ainsi par la recon
naissance et des engagements plus
positifs vis-àrvis d'eux, il sera leur
nomme, chargé de mater l'antisé
mitisme en meme temps que le col^
. lectivisme. Et tout ira vite à bonne
fin* le prince Napoléon acceptant
le rôle.
Voilà, jusqu'à présent, qui paraît
ingénieux et bien raisonné, comme,
en général, toutes les prétendues
informations de ce genre, par les
quelles on veut intéresser le public,
en l'intriguant, avec suite au pro
chain numéro. Mais, si riches et
influents soient-ils, que les grands
Juifs, même-ayant un prétendant à
leur solde, puissent réussir une pa
reille révolution, cela est invraisem
blable. Il leur faudrait, en outre, au
moins une certaine popularité, qui
leur fait cruellement défaut. On a
beau dire, depuis longtemps, que
la République est affaiblie à tel
point qu'une chiquenaude suffirait
à la ieter bas, l'on sait bien, au
fond, ïe contraire. Et comme, déci
dément, l'armée ne semble pas vou
loir marcher, et qu'il faut renoncer
au bonheur de devenir un. pays à
pronunciamientos, il a été néces
saire de chercher l'indispensable
concours autre part. Pourquoi na le
trouverait-on. pas dans le gouver
nement lui-même? C'est une -idée.
Il ne s'agit que de mettre le prési
dent du conseil et quelques influen
ces circonvoisines au service de la
conspiration. Nos informateurs ont
donc enrôlé M. Waldeck-Rousseau.
Le voici dans l'affaire, pleinement
acquis au troisième Empire. On le
sait naturellement, parce qu'on sait
vite ces choses-là, surtout quand
on n'a eu que la peine de les inven
ter. Vous avouerez que l'intrigue
offre de l'intérêt; nous avons des
nouvellistes politiques capablés de
briller dans le roman-feuilleton.
Et le grand complot marche ; il
court. On ne compte plus les. dépu
tés radicaux qui ont été en Belgi
que, ces temps derniers, voir le
prince. Entre notre place Beauvau
de Paris et l'avenue Louise de
Bruxelles, où réside Victor, c'est
un va-et-vient constant d'émis
saires. Tout, bientôt, sera prêt.
Un de ces matins, la France aura
la surprise de £e réveiller, satis
faite d'ailleurs, avec, à sa tête, Na
poléon IV, ou V, ou VI... Qu'im
porte le numéro, pourvu qu'on ait
l'Empire!,
Ëh bien, nous le dirons à nos lec
teurs, en leur demandant pardon
de nous servir du mot vulgaire,
'mais juste,- et qui vraiment s'im
pose : tout cela, ce sont des « bla
gues ». Elles sont amusantes, c'est
possible ; mais, plus encore, elles
sont funestes. C'est avec ces inven
tions que l'on endort un très grand
nombre de braves gens, notamment
trop de bons catholiques,. voire
même des hommes dont nul ne
peut contester l'intelligence et l'ac
tivité d'esprit. Tous ces contes les
émoustillent d'abord comme du
Champagne, pour les stupéfier bien
tôt comme de l'opium. On les fait
vivre ainsi dans le rêve,, et ils ou
blient les réalités.
Le rêve, il est entretenu par ces
Erocédés-là depuis vingt-cinq ans.
l 'histoire qui sert n'est pas toujours
•la même, bien entendu, mais elle
procure toujours un résultat iden
tique. Et nos braves gens se disent :
— A quoi bon se donner du mal
pour chasser du pouvoir ceux qui
nous oppriment et détruire leur œu
vre d'injustice, de désordre et de
persécution, puisque l'opération de
voirie va se faire à peu près toute
seigle demain?...
La réalité, ouvrons donc les yeux,
et regardons-la. Nous enfonçons
chaque jour davantage. Nous som
mes retombés dans les mains des
sectaires. C'est à eux, à eux seuls,
et non point à Victor-Napoléon
qu'appartient M. Waldeck-Rous
seau. Il n'envoie pas d'émissaires
en Belgique, et les députés radi
caux n'y vont pas non plus. Et tout
le secret de la politique ministé
rielle consiste à rassasier indéfini
ment l'extrême-gauche, dont M. le
président du conseil a besoin pour
garder une majorité. Ne voulant
pas, du moins jusqu'à nouvel ordre,
calmer l'insatiable appétit des so
cialistes en faisant du collectivisme,
le chef de cabinet fait de la persé
cution. Et il en fera, s'il dure,.tant
qu'il y aura une église debout sur
le sol cfe France.
Oui, en vérité, M. Camille Pel
letan a raison de se moquer de
nous.
Seulement, s'il n'a pas tort de
rire du prétendu complot juif-minis-
tériel-ràdical-césarien, il est im
prudent peut-être, quand il affirme
que l'état d'esprit favorable à César
est mort dans notre pays. — Les
fautes du second Empire et Sedan
l'ont tué, déclare le député des
Bouches-du-Rhône... Qu'il y prenne
garde, les fautes de la troisième
République pourraient avoir la
vertu, au moins pour un temps, de
le ressusciter. Nous croyons fer
mement que lê régime actuel a
vingt-neuf chances sur trente de se
maintenir. Et cela suffit pour déter
miner . notre ligne de conduite,
parce qu'en politique on doit être
■probabilioriste. Cependant, si les
élections générales de l'an prochain
nous amenaient cent vingt ou cent
cinquante socialistes à la Chambre,
il n'y aurait pas besoin de M. Wal
deck-Rousseau, ni même des grands
Juifs pour déchaîner une crise eé-
sarienne plus forte encor-e qu'au
temps de Boulanger.
Pierre Veuillot.
ÏÏULLETI&d
EN ESPAGNE
C'était hier la séance des interpella
tions; on a terminé 'la discussion de
Vinterpellation sur la Tunisie par un
ordre du jour qu'acceptaient et M. Ber-
thelot et le gouvernement.
• Ce matin a eu lieu k Saint-Germain-
des-Prés le mariage de M. Paul Descha-
nel avec Mlle Germaine Brice.
Les nouvelles de Montceau-les-Mines
ne sont pas à l'apaisement ; la-grève des
tailleurs et couturières ne semble pas
non plus se calmer ; des désordres gra
ves se sont produits à Chalon-sur-Saône.
Le calme semble se rétablir en Espa
gne, du moins les dépêches signalent de
l'apaisement en province comme à Ma
drid. Comme le mariage de la princesse
des Asturies avec le prince Charles de
Bourbon n'a pu être empêché, renonce
rait-on, au moins momentanément, à. la
campagne entreprise? On annonce que le
général Azcarraga, pleinement rassuré,
serait dans l'intentionde lever l'état de
siège sous peu de jours ; il l'auraitfor-
mellement déclaré. .
Au Cap, les opérations se poursuivent,
avec de nombreux succès partiels pour
les commandos boers, mais ces succès
ne semblent pas suffisants pour amener
des résultats décisifs. Les Afrihanders,
tout en se montrant sympathiques aux
Boers, auxquels ils fournissent bénévo
lement des provisions et des renseigne
ments, ne paraissent pas décidés à se
réunir en masse à eux.
NOUVELLES DE EOME
Rome, 14 février.
An Vatican.
Le Saint-Père a nommé le R. P. Louis
Mefatti, des Carmes, consulteur de la
Congrégation de la Propagande et de
celle de la Propagande pour les affaires
orientales. Sa Sainteté a reçu en au
dience particulière de congé S. Em. le
cardinal Michel Logué, archevêque d'Ar-
inagh (Irlande).
Les troubles qui viennent dé se
produire en Espagne, et sur les^
quels les maigres télégrammes
qu'une censure sévère laisse pas
ser ne nous renseignent qu'impar
faitement, ont un caractère parti
culier qui doit être signalé.
Le premier prétexte invoqué pour
expliquer cette agitation a été le
mariage de la princesse des Astu
ries, sœur aînée du roi mineur,
avec le prince don Carlos de Bour
bon, des Deux-Siciles. Le parti dit
libéral et les factions aritimonarchi-
ques ont voulu voir dans ce ma
riage un danger de réaction et une
menace anticipée, pour le cas où
la princesse des Asturies serait ap
pelée au trône par la mort pré
maturée de son jeune frère, Al
phonse XIII ; de là une bruyante
opposition, d'apparence politique,
qui tout d'abord s'est manifestée
violemment dans le Parlement es
pagnol. Mais bientôt on a vu cette
opposition descendre dans la rue,
et recrutant - de nouveaux alliés,
changer entièrement de caractère.
A l'instigation de meneurs occul
tes, l'agitation est devenue franche
ment révolutionnaire, et a pris les
allures de l'émeute démagogique
et sectaire dont les dépêches nous
rapportent, trop sobrement, les
faits et gestes ; comme si elles
obéissaient à un mot d'ordre, des
bandes de forcenés s'en prennent,
en un grand nombre de villes, aux
maisons religieuses, qui sont asr
saillies et mises à sac systématique
ment.
Dans ces attentats odieux, si ca
ractéristiques, est-il possible de
méconnaître les conséquences des
initiatives secrètes et des déclama
tions maçonniques ? La guerre aux
congrégations, hypocritement ou
verte en France sous un masque
légal, est brutalement mise en œu
vre par les sectaires espagnols et
leurs alliés ; mais c'est le même es
prit qui chez nous s'applique à
forger des lois de persécution et de
spoliation, et qui là-bas lance l'é
meute et va droit au but.
Les dernières informations an-'
noncent que le gouvernement de
la Régente est maître de la situa
tion, et qu'il compte avoir rétabli
l'ordre partout et complètement,
d'ici à peu de jours. Il faut.espérer
que l'événement justifiera sa con
fiance ; les terribles et récentes
épreuves qu'a subies récemment la
malheureuse et noble Espagne se
raient singulièrement aggravées si
elle y devait joindre une révolution
nouvelle commencée sous de tels
auspices!
F. L.
A LA CHAMBRE
La fièvre jaune au Soudan. — La si
tuation de la Tunisie.
Tandis que le Sénat déjà s'est at
tribué l'habituel congé des jours
gras, la Chambre a voulu faire sem
blant de travailler encore.
Il se trouva, jeudi, 382 bulletins
dans les urnes pour décider qu'on
siégerait hier —- et M. Cochery, qui
présidait au lieu et place du titu
laire retenu entre deux mariages,
celui de la mairie et celui de l'E
glise, pouvait constater, non sans
mélancolie, qu'il se trouvait moins
de députés en séance que d'inter
pellations à Tordre du jour.
Celles-ci s'accumulent encore au
nombre de trente-cinq environ ; on
ne comptait guère, au coup de son
nette d'ouverture, plus d'une dou
zaine de sièges occupés.
M. Stanislas Ferrand, qui est un
sage, avait récemment transformé
en question sa demande d'interpel
lation sur la fièvre jaune au Soudan,
pour avoir chance de s'expliquer
avant la fin de la législature.
Il se plaint d'abord que le gou
vernement cache la vérité, et laisse
dire partout que la fièvre jaune a
disparu de la colonie alors qu'elle y
fait encore des ravages ; il affirmait
en outre, que le service sanitaire
est organisé de façon déplorable, à
tel point que des malades demeu
rent jusqu'à dèuxet trois jours sans
soins d'aucune sorte.
De cet état de choses M. Stanislas
Ferrand a fait une douloureuse ex
périence ; le fléau terrassait récem
ment un de ses proches, jeune hom
me de dix-sept ans, qu'on aurait
brutalement abandonné, sans appe
ler auprès de lui un médecin.
Le ministre des colonies ne peut
nier que l'épidémie ait reparu au
Sénégal depuis le 15 novembre, et
les grandes maisons de commerce
sont averties d'avoir à suspendre le
départ de leurs employés pour ce
point du territoire africain. ■"*
Nous sommes assurés, naturelle
ment, de la perfection du service
.sanitaire et M. Decrais s'engageait
à déposer une demande de crédit
pour ' faire étudier « scientifique
ment» les causes du fléau...
La fièvre jaune n'a qu'à se bien
tenir !
Avant de revenir à l'interpellation
Berthelot sur la Tunisie, on a voté
l'urgence d'une proposition de M.
Holtz, aggravant les pénalités pres
crites par la loi de 1898 sur le tra
vail des femmes et des enfants dans
l'industrie. La récidive pourra en
traîner la peine de l'emprisonne
ment, et les ministres socialistes
du commerce seraient mis, pour
l'avenir, dans l'impossibilité d'atta
cher la croix de la Légion d'hon
neur sur la poitrine de couturiers,
frappé? plus de cent fois pour vio
lation d'une loi sociale.
Le débat sur la Tunisie, qui sem
blait épuisé vendredi, a repris de
plus belle, chacun proposant un
système différent d'administra
tion.
M. Morinamd est partisan de l'an
nexion pure et simple de la Tunisie,
et de l'attribution de concessions
gratuites pour favoriser la coloni
sation; M. d'Estournelles pense, au
contraire, qu'il serait désastreux de
faire de ce pays de protectorat un
département français, avec l'attirail
habituel des fonctionnaires de tous
ordres.
M. Berthelot n'a pas manqué de
reprendre point par point son ré
quisitoire d'il y a nuit jours — et le
ministre des affaires étrangères lui
a opposé les mêmes protestations
et les mêmes,réfutations. •
M; Pelletan lui-même est inter
venu en faveur du contrôle parle
mentaire en matière de concession
de chemins de fer, et pour réclamer
qu'aucune attribution de ligne,
même tunisienne, à une compagnie
quelconque, ne puisse être consen
tie sans l'approbation des Cham
bres.
. Tout s'est, enfin, terminé par le
vote d'un ordre' du jour « approu
vant les déclarations du gouverne
ment et comptant sur lui pour ap
porter au fonctionnement du pro
tectorat les améliorations suscepti
bles d'assurer le développement
économique et intellectuel de la ré
gence, et pour faciliter à la Cham
bre l'exercice de son contrôle sur la
création des futures lignes de che
mins, de fer ».
Ouf ! on s'était, mis à plusieurs,
MM. d'Estournelles, Thomson; Bien
venu Martin — une demi-douzaine
au moins — pour rédiger ce texte
qu'acceptait le gouvernement.
Après quoi, on-s'est ajourné ;à
jeudi pour laisser à tous ceux, et
ils sont nombreux au Palais-Bour
bon, qui aiment à. s'affubler de
faux-nez, le loisir de profiter du car
naval.
Gabriel de Triors.
> — ♦ " ' ' - ' ■ '
LES IBÈRES DES ÉGOLES CMÉÏIEMES
ET LE CONSEIL D'ETAT
Certain passage de l'avis du Con
seil d'Etat relatif aux congrégations
autorisées, — avis que nous avons
publié dans notre numéro du 15 fé
vrier, — a donné lieu, dans la pres
se, à des interprétations diverses.
Nous reproduisons à ce sujet les
lignes suivantes de la Croix, dont
le commentaire nous parait exact :
Il résulte de. cet avis, dont un passage
relatif aux Frères des écoles chrétiennes
pourrait présenter quelque obscurité,
que les diverses écoles de cette congré
gation sont considérées comme des suc
cursales de rétablissement principal
qui, légalement autorisé, peut accepter
des libéralités à leur profit.
C'est la jurisprudence qui a été cons
tamment suivie en cette matière par le
Conseil d'Etat et qui n'a été en rien défa
vorable au développement de l'ordre.
Les écoles isolées n'ont pas de [person
nalité juridique distincte de la personna
lité civile attachée à l'Institut; mais tous
les établissements des- Frères sont par
suite des établissements autorisés, et
leurs biens font partie du patrimoine
général de l'Institut. C'est ainsi, du reste,
qu'ils ont été classés dans les tableaux
de l'enquête récemment publiée par le
ministère des finances.
En ce qui concerne les congrégations
vouées à l'enseignement et reconnues par
ordonnance ou décret, l'avis est contraire
à la jurisprudence de cette même assem
blée, antérieurement à 1880 — époque
des décrets,
On pourrait citer, en effet, de nom
breux décrets d'autorisation de dons et de
legs intervenus en faveur de ces associa
tions auxquelles l'Etat âvait reconnu,
depuis leur fondation, la pleine capacité
civile,
• : «—
CORRESPONDANCE ROMAINE
Rome, 12 février.
Le ministère Zanardelli-Giolitti.
En "renversant le ministère Sa
racco, la Chambre italienne avait
marqué une vive répulsion pour le
ministère Sonnino, nous l'avons
constaté. L'extrême-gauche,ou plus
simplement 1' « extrême » comme
on dit ici, avait clairement promis à
toute combinaison patronnée par.
l'honorable Sonnino, une obstruc
tion obstinée.
« Qu'il soit bien entendu„honora-
ble Sonnino, avait déclaré le député
socialiste Turati, que notre vote va
passer au-dessus de la tête de l'ho
norable Saracco, qu'il rebondira
après avoir atteint le ministère ac
tuel, et qu'il s'en ira vous frapper,
vous ! oui, vous, plus que tout
autre!... »
Et YAv&nti, l'important organe
des « sowersivi », avait conclu en
ces termes l'article, qu'il avait con
sacré à la chute du ministère Sa
racco : « La majorité s'est déclarée
nettement contraire à Sonnino ; ce
serait contredire la yelonté expresse
de la Chambre, que de composer
le prochain ministère, même dans
une faible mesure, de membres du
centre. Aussi, avis aux ihtçressés :
la Chambre ne saurait accepter un
gouvernement qui aille à rencon
tre de ses indications. Et Y « Ex
trême » pour sa part, est bien réso
lue à défendre les droits de la re
présentation nationale!.,.»
C'est l'honorable Giolitti qui avait
eu la faveur des députés. Or, l'ho
norable Giolitti s'est prononcé, avec
.une grande force, en faveur d'une
politique de réformes sociales. Les
chambres de travail, dit-il en subs
tance, existent en raison de droits
imprescriptibles; seule, une évi
dente violation de la loi pourrait
légitimer l'intervention du gouver
nement dans leur vie intérieure;
s'opposer aux efforts des travail
leurs manuels qui tâchent d'amé
liorer leur condition, c'est à la fois
une erreur économique et une faute
politique!...
Et résumant, d'une façon qui ne :
laissait pas d'être saisissante, les
résultats des dernières élections :
« Ces élections ont fourni, continua-
t-il, les indications les plus graves
sur les conditions économiques et
politiques dans lesquelles se trouve
le pays. Quand oh fait le dénombre
ment des voix obtenues par les par
tis populaires, l'on se voit acculé à
cette conclusion-ci : T « extrême »
aurait dès maintenant 134 repré
sentants, si l'effectif des partis, à la
Chambre, était rigoureusement
proportionné à leur effectif électoral
dans le pays. Bien plus, supposez
encore deux élections pareilles à
celles de juin dernier, et l 1 « extrê
me » aura dans cette Chambrer la
majorité!...
« Nous nous trouvons, conclut
l'honorable Giolitti, à l'aixbe d'une
nouvelle période historique. s Le
mouvement d'ascension des classes
populaires' est fatal, irrésistible...
Les classes dirigeantes ont le de
voir de prouver aux classes labo
rieuses qu'elles peuvent satisfaire
leurs aspirations sans ébranler les
institutions du pays. Si nous le fai
sons, l'avènement de ce nouvel élé
ment soeial peut être considéré
comme d'un heureux augure pour
l'avenir de l'Italie. Si nous ne le
faisons pas, ce. pourra être le prin
cipe d'une tourmente qui emportera
la fortune de la patrie. »
L'honorable Giolitti fut écouté
avec une attention bienveillante et
sa parole fut accueillie avec des ap
plaudissements significatifs. Où
sont les jours, se demandait-il sans
doute, où sont les tristes jour s d'an-
tan ? les jours de là banque romai
ne et du Panamino? Quand Giolitti,
en ce temps-là, se levait à Monteci-
torio, sa voix était immédiatement
couverte de sifflets ; le protecteur
des commendatori d'Ara, cœli (1) sem
blait, pour toujours, politiquement
asphyxié par tant d'accusations
« vergognôse », comme on dit ici.
Coupable ou non des complicités
dont on l'accuse, l'honorable Gio
litti a su refaire sa position politi
que. L'on a vu dernièrement le sé
nateur Roux, un de ses plus fidèles
comparses, acheter successivement
la Tribuna,le Giorno, de Rome, avec
les importantes Rivista politica e
parlementare et Rivistn sociale, ainsi
que la Stampa, de Turin. L'on
parla même un moment de l'acqui
sition, dans les mêmes conditions,
du Corriere délia sera, le grand or
gane libéral de Milan; la tentative
ne réussit point.
Le sénateur Roux a-t-il pu réali
ser de pareilles « emplettes » avec
ses seules ressources personnelle* ?
Ou bien est-il le prête-nom dé quel
que parti, de quelque syndicat, de
quelque faction intéressée à tra
vailler aveo un certain mystère ?Chi
lo sa
Quoi qu'il en soit, le roi a voulu
se conformer, ce semble, aux indi
cations de là Chambre, en char
geant M. Zanardelli de former le
nouveau cabinet. On pourrait, sans
grande témérité, avancer que M.
Zanardelli était « de mèche » aveo
M. Giolitti : il eut soin, en effet, de
ne pas paraître, à la Chambre, du
rant ses trois séances où M. Gio
litti démolissait si allègrement, non
seulement M. Saracco, mais sur
tout M. Sonnino et le vieux parti
conservateur.
De fait, c'est à M. Giolitti que M.
Zanardelli a confié tout de suite le
ministère de l'intérieur.
Quelle sera l'attitude du nouveau
cabinet?
La Tribuna — dont nous avons
marqué les accointances avec le
clan giolittien. —. esquisse le pro
gramme que le ministère se pro
pose de réaliser. Trois points le ré
sument : à l'intérieur, assurer la
tranquillité publique sans recourir
aux moyens extra-légaux ; au point
de vue financier, entreprendre et,
s'il se peut, mener à bon terme la
refonte complète du système]! fiscal,
dans un esprit très large d'équité
(1) Il s'agit ici d'une des prison? d'Etat, à
Rome.
et de prévoyance ; dans l'ordre so
cial, pourvoir à la confection d'une
sa^e législation -du travail (2).
L'extrême se contentera-t-elle de
ce programme, plutôt vague ? Il
semble que non. Dans son « pre
mier Rome », consacré au nouveau
cabinet, l'A vanti résume en cette
formule lapidaire les revendica
tions des socialistes : « Ou marche
en avant, ou suicide; » et il exprime
nettement leur ultimatum. Il faut
alléger les impôts de consomma
tion qui pèsent sur le peuple; ce
dégrèvement est impossible, si l'on
ne diminue les dépenses'militaires ;
or, en ce moment, un projet de nou
velles dépenses militaires extraor
dinaires est inscrit à l'ordre du jour
de la Chambre : que le ministère
retire ce projet incontinent, sinon
c'est un ministère mort-né !
c Or, remarque la Patria, tout le
monde sait que le parti socialiste,
représenté à la Chambre par plus
de trente députés, est le plus puis
sant des partis populaires sinon
par le nombre, au moins par l'orga
nisation et par la discipline. Ne pas
le suivre, ce serait, pour les répu
blicains et pour les radicaux, renon
cer à une alliance électorale pres
que indispensable pour eux. Répu
blicains et radicaux seront donc,tôt
ou tard, obligés à la Chambre à se
prêter aux exigences des socialis
tes. Telle est la vérité : qui la nie
est aveugle. »
Et c'est ce qui fait précisément la
"gravité de la situation politique et
sociale, en ce pays-ci...
LEÏTM M HP LlïÊOM liE S9ISS0SS
A monsieur Sébïine
et à messieurs les sénateurs et dépu
tés du département de l 'Aisne.
Messieurs,
Selon le conseil du Souverain Pontife
et d'après l'exemple de plusieurs de mes
vénérés collègues, je viens m'adresser à
vous, qui êtes nos représentants dans les
conseils de la République, pour réclamer
de votre équitable impartialité la liberté
commune en faveur des congrégations
religieuses.
S'il est vrai, comme on l'a dit avec
raison, que les évêques et les religieux
ont fait la France, c'est bien le moins que
nous ne la laissions pas mutiler et défaire
sans mot dirè. Ne suffit-il pas d'ouvrir les
yeux sur le passé et sur le présent pour
constater que, si l'une des colonnes qui
soutiennent l'édifice religieux dans notre
patrie est. ébranlée, l'autre manque de
point d'appui, ou que, par comparaison,
si les forts qui gardent la place sont dé
truits, celle-ci sera mal défendue et li
vrée plus facilement à l'ennemi ?
Vous l'avez, du reste, entendu vous-
mêmes, d'une voix qui a eu le privilège
de la franchise, la guerre n'est pas seule
ment déclarée aux congrégations, maig
bien à l'Eglise tout entière, et l'on a,
pour le moins, mauvaise grâce à pré
tendre que c'est dans l'intérêt du clergé
séculier que l'on travaille, et que c'est sa
cause que l'on défend, en poursuivant les
congrégations. Il eût fallu le consulter
d'abord, sur ce point; et son chef, aussi
bien que ses premiers représentants,
mieux éclairés, à coup sûr, que leurs
prétendus défenseurs, viennent justement
affirmer le contraire.
Mais il importe, Messieurs, de repren
dre la question d'un peu plus haut, pour
apprécier, comme il faut, l'origine même
des congrégations. Cette origine remonte
à Jésus-Christ et aux conseils évangélj-
ques qu'il adresse, pour tout le cours des
Biècles, à ceux qui veulent conquérir la
perfection chrétienne.
Les ordres religieux, vivant, sous des
règles qui n'ont absolument rien de con
traire à une forme quelconque de gou
vernement, ont grandement coopéré à la
mission de l'Eglise, en . même temps
qu'ils rendaient les plus grands services
à la société civile.
Je n'en veux pour théâtre que notre
propre région, où depuis Cerfroid jus
qu'à Saint-Michel, et depuis Vermand
jusqu'à Braine,onne rencontre, à chaque
pas, que . d'illustres abbayes, comme
Saint-Médard, Longpont, Valsery, Saint-
Jean-des-Vignes, Essômes, Saint-Vin
cent de Laon, Nogent, Foigny, Vauxclair
et surtaut Prémontré ; des prieurés cé
lèbres, comme Coinoy, Grisolles et Cor-
beny, des communautés de toutes sortes
sans parler des maisons de femmes, aus
si utiles et aussi glorieuses que celles des
hommes.
Il faudrait être ave'ugle pour ne pas
voir les traces que nous a laissées ce
passé magnifique, ignorant pour n'en
pas retrouver les titres, ingrat pour en
méconnaître les bienfaits.
Si nos plateaux sont admirablement
fèrtiles, nos pâturages très riches, nos
forêts bien plantées; si nos plaines et
nos coteaux ont un aspect gracieux et
pittoresque qu'embellissent souvent des
constructions remarquables, placées au
point convenable ; si nos basiliques sont
grandioses, nos églises, pour la plupart,
d'un cachet vraiment artistique, et même
disproportionnées au nombre des fidèles
qui les fréquentent; si nos bibliothèques
publiques et privées Bont abondantes et
recherchées ; si nos musées nationaux
sont bien pourvus, si les monuments ci
vils eux-mêmes, je parle des plus an
ciens, ont une yraie distinction et comme
un cachet de grande maison, remontez
au passé, cherchez le bâtisseur, le pro
priétaire d'origine, lisez l'enseigne, allez
à l 'incipit ou à l'expedit,le plus souvent,
presque toujours, vous trouverez un non»
de religieux. Certes, ce n'est pas moi qui
rabaisserai le mérite de nos intelligents
agriculteurs, de nos infatigables indus
triels, de nos artistes et de nos savants :
mais, de leur propre aveu, ils vivent,
d'ordinaire, sur le fonds des ordres reli-
(2) La Tribuna du 13 février : « Ministère
d'initiative, »
Edition quotidienne. « IS^OLSi
Dimanche 17 Février 190
V.-19 0:1
lOl* •' » -
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ANNONCES
MM. LAGRANGE, CERF et C'«, 6, place de la Bourse
PARIS, 16 FEVRIER 1901
Le grand complot.. Pierre VEUiltOï. .
En Espagne........ F. L.
A. la Chambre...... Gabhiei. ce Triors.
Correspondance ro
maine ***
Réunion des étu-
diants François Vkuillot.
Lettre argentine. . Bourfatjd .
Les conférences du
Luxembourg G. d'Azamb UIA.
Bulletin. — Nouvelles de Rome. — Les
Frères des éGoles chrétiennes et le Con
seil d'Etat. — Lettre de Mgr l'évêque de
Soissons aux sénateurs et députés de
l'Aisne. — Pour les congrégations. — La
lettre de S. S. Léon XIII et l'épiscopat.
— Les protestants français. — Ceux con
tre qui tout est permis. — Un pasteur peu
gêné.— Le « Souvenir français » àNeuiily.
— Erratum. — Informations politique» et
parlementaires. — Echos . de l'affaire
Dreyfus. — Chronique.— Lettres, scien
ces et arts. — Les grèves. — La: ques
tion ouvrière. — Chez les socialistes. —
En Espagne. — En Chine. — La guerre
du Transvaai - Dépêches de l'étranger.
— La peste. — Lettres pastorales. —
Nécrologie. — Echos de partout. —
Guerre et marine; — Bulletin biblio
graphique. — Tribunaux. — Nouvelles di
verses. — Jardin d'acclimatation. — Oa-
lfn&rier. — Bourse et bulletin financier.
— Dernière heure.
LE GRAND COMPLOT
M. Camille Pelletan se moque,
dans le Matin, des amateurs de po
litique à la Ponson du Terrail, qui
veulent croire à une vaste conspi
ration ourdie pour remettre la
France à Victor^Napoléon. La plu
part de nos lecteurs ont entendu
Earler de cette histoire. Les hauts
arons de la finance j,uive sont in
quiets de la tournure, accentuée,
que prennent les événements. Ar
rêter les, progrès du socialisme, le
refouler même leur parait indispen
sable, et le plus tôt possible. Pour
cette œuvre de saiut. il s n'ont au
cune confiance dans la République,
surtout parlementaire; ils trouvent
qu'elle a très suffisamment fait ses
preuves " d'impuissance. D'autre
part, la perspective d'un change^
ment de régime, opéré avec le con
cours des forces antisémites, n'est
pas davantage pour les rassurer.
Nos grands Juifs ont. donc résolu de
prendre les devants. On a besoin
d'un César contre le socialisme. Ce
César, ils nous le donneront de
leurs mains. Lié ainsi par la recon
naissance et des engagements plus
positifs vis-àrvis d'eux, il sera leur
nomme, chargé de mater l'antisé
mitisme en meme temps que le col^
. lectivisme. Et tout ira vite à bonne
fin* le prince Napoléon acceptant
le rôle.
Voilà, jusqu'à présent, qui paraît
ingénieux et bien raisonné, comme,
en général, toutes les prétendues
informations de ce genre, par les
quelles on veut intéresser le public,
en l'intriguant, avec suite au pro
chain numéro. Mais, si riches et
influents soient-ils, que les grands
Juifs, même-ayant un prétendant à
leur solde, puissent réussir une pa
reille révolution, cela est invraisem
blable. Il leur faudrait, en outre, au
moins une certaine popularité, qui
leur fait cruellement défaut. On a
beau dire, depuis longtemps, que
la République est affaiblie à tel
point qu'une chiquenaude suffirait
à la ieter bas, l'on sait bien, au
fond, ïe contraire. Et comme, déci
dément, l'armée ne semble pas vou
loir marcher, et qu'il faut renoncer
au bonheur de devenir un. pays à
pronunciamientos, il a été néces
saire de chercher l'indispensable
concours autre part. Pourquoi na le
trouverait-on. pas dans le gouver
nement lui-même? C'est une -idée.
Il ne s'agit que de mettre le prési
dent du conseil et quelques influen
ces circonvoisines au service de la
conspiration. Nos informateurs ont
donc enrôlé M. Waldeck-Rousseau.
Le voici dans l'affaire, pleinement
acquis au troisième Empire. On le
sait naturellement, parce qu'on sait
vite ces choses-là, surtout quand
on n'a eu que la peine de les inven
ter. Vous avouerez que l'intrigue
offre de l'intérêt; nous avons des
nouvellistes politiques capablés de
briller dans le roman-feuilleton.
Et le grand complot marche ; il
court. On ne compte plus les. dépu
tés radicaux qui ont été en Belgi
que, ces temps derniers, voir le
prince. Entre notre place Beauvau
de Paris et l'avenue Louise de
Bruxelles, où réside Victor, c'est
un va-et-vient constant d'émis
saires. Tout, bientôt, sera prêt.
Un de ces matins, la France aura
la surprise de £e réveiller, satis
faite d'ailleurs, avec, à sa tête, Na
poléon IV, ou V, ou VI... Qu'im
porte le numéro, pourvu qu'on ait
l'Empire!,
Ëh bien, nous le dirons à nos lec
teurs, en leur demandant pardon
de nous servir du mot vulgaire,
'mais juste,- et qui vraiment s'im
pose : tout cela, ce sont des « bla
gues ». Elles sont amusantes, c'est
possible ; mais, plus encore, elles
sont funestes. C'est avec ces inven
tions que l'on endort un très grand
nombre de braves gens, notamment
trop de bons catholiques,. voire
même des hommes dont nul ne
peut contester l'intelligence et l'ac
tivité d'esprit. Tous ces contes les
émoustillent d'abord comme du
Champagne, pour les stupéfier bien
tôt comme de l'opium. On les fait
vivre ainsi dans le rêve,, et ils ou
blient les réalités.
Le rêve, il est entretenu par ces
Erocédés-là depuis vingt-cinq ans.
l 'histoire qui sert n'est pas toujours
•la même, bien entendu, mais elle
procure toujours un résultat iden
tique. Et nos braves gens se disent :
— A quoi bon se donner du mal
pour chasser du pouvoir ceux qui
nous oppriment et détruire leur œu
vre d'injustice, de désordre et de
persécution, puisque l'opération de
voirie va se faire à peu près toute
seigle demain?...
La réalité, ouvrons donc les yeux,
et regardons-la. Nous enfonçons
chaque jour davantage. Nous som
mes retombés dans les mains des
sectaires. C'est à eux, à eux seuls,
et non point à Victor-Napoléon
qu'appartient M. Waldeck-Rous
seau. Il n'envoie pas d'émissaires
en Belgique, et les députés radi
caux n'y vont pas non plus. Et tout
le secret de la politique ministé
rielle consiste à rassasier indéfini
ment l'extrême-gauche, dont M. le
président du conseil a besoin pour
garder une majorité. Ne voulant
pas, du moins jusqu'à nouvel ordre,
calmer l'insatiable appétit des so
cialistes en faisant du collectivisme,
le chef de cabinet fait de la persé
cution. Et il en fera, s'il dure,.tant
qu'il y aura une église debout sur
le sol cfe France.
Oui, en vérité, M. Camille Pel
letan a raison de se moquer de
nous.
Seulement, s'il n'a pas tort de
rire du prétendu complot juif-minis-
tériel-ràdical-césarien, il est im
prudent peut-être, quand il affirme
que l'état d'esprit favorable à César
est mort dans notre pays. — Les
fautes du second Empire et Sedan
l'ont tué, déclare le député des
Bouches-du-Rhône... Qu'il y prenne
garde, les fautes de la troisième
République pourraient avoir la
vertu, au moins pour un temps, de
le ressusciter. Nous croyons fer
mement que lê régime actuel a
vingt-neuf chances sur trente de se
maintenir. Et cela suffit pour déter
miner . notre ligne de conduite,
parce qu'en politique on doit être
■probabilioriste. Cependant, si les
élections générales de l'an prochain
nous amenaient cent vingt ou cent
cinquante socialistes à la Chambre,
il n'y aurait pas besoin de M. Wal
deck-Rousseau, ni même des grands
Juifs pour déchaîner une crise eé-
sarienne plus forte encor-e qu'au
temps de Boulanger.
Pierre Veuillot.
ÏÏULLETI&d
EN ESPAGNE
C'était hier la séance des interpella
tions; on a terminé 'la discussion de
Vinterpellation sur la Tunisie par un
ordre du jour qu'acceptaient et M. Ber-
thelot et le gouvernement.
• Ce matin a eu lieu k Saint-Germain-
des-Prés le mariage de M. Paul Descha-
nel avec Mlle Germaine Brice.
Les nouvelles de Montceau-les-Mines
ne sont pas à l'apaisement ; la-grève des
tailleurs et couturières ne semble pas
non plus se calmer ; des désordres gra
ves se sont produits à Chalon-sur-Saône.
Le calme semble se rétablir en Espa
gne, du moins les dépêches signalent de
l'apaisement en province comme à Ma
drid. Comme le mariage de la princesse
des Asturies avec le prince Charles de
Bourbon n'a pu être empêché, renonce
rait-on, au moins momentanément, à. la
campagne entreprise? On annonce que le
général Azcarraga, pleinement rassuré,
serait dans l'intentionde lever l'état de
siège sous peu de jours ; il l'auraitfor-
mellement déclaré. .
Au Cap, les opérations se poursuivent,
avec de nombreux succès partiels pour
les commandos boers, mais ces succès
ne semblent pas suffisants pour amener
des résultats décisifs. Les Afrihanders,
tout en se montrant sympathiques aux
Boers, auxquels ils fournissent bénévo
lement des provisions et des renseigne
ments, ne paraissent pas décidés à se
réunir en masse à eux.
NOUVELLES DE EOME
Rome, 14 février.
An Vatican.
Le Saint-Père a nommé le R. P. Louis
Mefatti, des Carmes, consulteur de la
Congrégation de la Propagande et de
celle de la Propagande pour les affaires
orientales. Sa Sainteté a reçu en au
dience particulière de congé S. Em. le
cardinal Michel Logué, archevêque d'Ar-
inagh (Irlande).
Les troubles qui viennent dé se
produire en Espagne, et sur les^
quels les maigres télégrammes
qu'une censure sévère laisse pas
ser ne nous renseignent qu'impar
faitement, ont un caractère parti
culier qui doit être signalé.
Le premier prétexte invoqué pour
expliquer cette agitation a été le
mariage de la princesse des Astu
ries, sœur aînée du roi mineur,
avec le prince don Carlos de Bour
bon, des Deux-Siciles. Le parti dit
libéral et les factions aritimonarchi-
ques ont voulu voir dans ce ma
riage un danger de réaction et une
menace anticipée, pour le cas où
la princesse des Asturies serait ap
pelée au trône par la mort pré
maturée de son jeune frère, Al
phonse XIII ; de là une bruyante
opposition, d'apparence politique,
qui tout d'abord s'est manifestée
violemment dans le Parlement es
pagnol. Mais bientôt on a vu cette
opposition descendre dans la rue,
et recrutant - de nouveaux alliés,
changer entièrement de caractère.
A l'instigation de meneurs occul
tes, l'agitation est devenue franche
ment révolutionnaire, et a pris les
allures de l'émeute démagogique
et sectaire dont les dépêches nous
rapportent, trop sobrement, les
faits et gestes ; comme si elles
obéissaient à un mot d'ordre, des
bandes de forcenés s'en prennent,
en un grand nombre de villes, aux
maisons religieuses, qui sont asr
saillies et mises à sac systématique
ment.
Dans ces attentats odieux, si ca
ractéristiques, est-il possible de
méconnaître les conséquences des
initiatives secrètes et des déclama
tions maçonniques ? La guerre aux
congrégations, hypocritement ou
verte en France sous un masque
légal, est brutalement mise en œu
vre par les sectaires espagnols et
leurs alliés ; mais c'est le même es
prit qui chez nous s'applique à
forger des lois de persécution et de
spoliation, et qui là-bas lance l'é
meute et va droit au but.
Les dernières informations an-'
noncent que le gouvernement de
la Régente est maître de la situa
tion, et qu'il compte avoir rétabli
l'ordre partout et complètement,
d'ici à peu de jours. Il faut.espérer
que l'événement justifiera sa con
fiance ; les terribles et récentes
épreuves qu'a subies récemment la
malheureuse et noble Espagne se
raient singulièrement aggravées si
elle y devait joindre une révolution
nouvelle commencée sous de tels
auspices!
F. L.
A LA CHAMBRE
La fièvre jaune au Soudan. — La si
tuation de la Tunisie.
Tandis que le Sénat déjà s'est at
tribué l'habituel congé des jours
gras, la Chambre a voulu faire sem
blant de travailler encore.
Il se trouva, jeudi, 382 bulletins
dans les urnes pour décider qu'on
siégerait hier —- et M. Cochery, qui
présidait au lieu et place du titu
laire retenu entre deux mariages,
celui de la mairie et celui de l'E
glise, pouvait constater, non sans
mélancolie, qu'il se trouvait moins
de députés en séance que d'inter
pellations à Tordre du jour.
Celles-ci s'accumulent encore au
nombre de trente-cinq environ ; on
ne comptait guère, au coup de son
nette d'ouverture, plus d'une dou
zaine de sièges occupés.
M. Stanislas Ferrand, qui est un
sage, avait récemment transformé
en question sa demande d'interpel
lation sur la fièvre jaune au Soudan,
pour avoir chance de s'expliquer
avant la fin de la législature.
Il se plaint d'abord que le gou
vernement cache la vérité, et laisse
dire partout que la fièvre jaune a
disparu de la colonie alors qu'elle y
fait encore des ravages ; il affirmait
en outre, que le service sanitaire
est organisé de façon déplorable, à
tel point que des malades demeu
rent jusqu'à dèuxet trois jours sans
soins d'aucune sorte.
De cet état de choses M. Stanislas
Ferrand a fait une douloureuse ex
périence ; le fléau terrassait récem
ment un de ses proches, jeune hom
me de dix-sept ans, qu'on aurait
brutalement abandonné, sans appe
ler auprès de lui un médecin.
Le ministre des colonies ne peut
nier que l'épidémie ait reparu au
Sénégal depuis le 15 novembre, et
les grandes maisons de commerce
sont averties d'avoir à suspendre le
départ de leurs employés pour ce
point du territoire africain. ■"*
Nous sommes assurés, naturelle
ment, de la perfection du service
.sanitaire et M. Decrais s'engageait
à déposer une demande de crédit
pour ' faire étudier « scientifique
ment» les causes du fléau...
La fièvre jaune n'a qu'à se bien
tenir !
Avant de revenir à l'interpellation
Berthelot sur la Tunisie, on a voté
l'urgence d'une proposition de M.
Holtz, aggravant les pénalités pres
crites par la loi de 1898 sur le tra
vail des femmes et des enfants dans
l'industrie. La récidive pourra en
traîner la peine de l'emprisonne
ment, et les ministres socialistes
du commerce seraient mis, pour
l'avenir, dans l'impossibilité d'atta
cher la croix de la Légion d'hon
neur sur la poitrine de couturiers,
frappé? plus de cent fois pour vio
lation d'une loi sociale.
Le débat sur la Tunisie, qui sem
blait épuisé vendredi, a repris de
plus belle, chacun proposant un
système différent d'administra
tion.
M. Morinamd est partisan de l'an
nexion pure et simple de la Tunisie,
et de l'attribution de concessions
gratuites pour favoriser la coloni
sation; M. d'Estournelles pense, au
contraire, qu'il serait désastreux de
faire de ce pays de protectorat un
département français, avec l'attirail
habituel des fonctionnaires de tous
ordres.
M. Berthelot n'a pas manqué de
reprendre point par point son ré
quisitoire d'il y a nuit jours — et le
ministre des affaires étrangères lui
a opposé les mêmes protestations
et les mêmes,réfutations. •
M; Pelletan lui-même est inter
venu en faveur du contrôle parle
mentaire en matière de concession
de chemins de fer, et pour réclamer
qu'aucune attribution de ligne,
même tunisienne, à une compagnie
quelconque, ne puisse être consen
tie sans l'approbation des Cham
bres.
. Tout s'est, enfin, terminé par le
vote d'un ordre' du jour « approu
vant les déclarations du gouverne
ment et comptant sur lui pour ap
porter au fonctionnement du pro
tectorat les améliorations suscepti
bles d'assurer le développement
économique et intellectuel de la ré
gence, et pour faciliter à la Cham
bre l'exercice de son contrôle sur la
création des futures lignes de che
mins, de fer ».
Ouf ! on s'était, mis à plusieurs,
MM. d'Estournelles, Thomson; Bien
venu Martin — une demi-douzaine
au moins — pour rédiger ce texte
qu'acceptait le gouvernement.
Après quoi, on-s'est ajourné ;à
jeudi pour laisser à tous ceux, et
ils sont nombreux au Palais-Bour
bon, qui aiment à. s'affubler de
faux-nez, le loisir de profiter du car
naval.
Gabriel de Triors.
> — ♦ " ' ' - ' ■ '
LES IBÈRES DES ÉGOLES CMÉÏIEMES
ET LE CONSEIL D'ETAT
Certain passage de l'avis du Con
seil d'Etat relatif aux congrégations
autorisées, — avis que nous avons
publié dans notre numéro du 15 fé
vrier, — a donné lieu, dans la pres
se, à des interprétations diverses.
Nous reproduisons à ce sujet les
lignes suivantes de la Croix, dont
le commentaire nous parait exact :
Il résulte de. cet avis, dont un passage
relatif aux Frères des écoles chrétiennes
pourrait présenter quelque obscurité,
que les diverses écoles de cette congré
gation sont considérées comme des suc
cursales de rétablissement principal
qui, légalement autorisé, peut accepter
des libéralités à leur profit.
C'est la jurisprudence qui a été cons
tamment suivie en cette matière par le
Conseil d'Etat et qui n'a été en rien défa
vorable au développement de l'ordre.
Les écoles isolées n'ont pas de [person
nalité juridique distincte de la personna
lité civile attachée à l'Institut; mais tous
les établissements des- Frères sont par
suite des établissements autorisés, et
leurs biens font partie du patrimoine
général de l'Institut. C'est ainsi, du reste,
qu'ils ont été classés dans les tableaux
de l'enquête récemment publiée par le
ministère des finances.
En ce qui concerne les congrégations
vouées à l'enseignement et reconnues par
ordonnance ou décret, l'avis est contraire
à la jurisprudence de cette même assem
blée, antérieurement à 1880 — époque
des décrets,
On pourrait citer, en effet, de nom
breux décrets d'autorisation de dons et de
legs intervenus en faveur de ces associa
tions auxquelles l'Etat âvait reconnu,
depuis leur fondation, la pleine capacité
civile,
• : «—
CORRESPONDANCE ROMAINE
Rome, 12 février.
Le ministère Zanardelli-Giolitti.
En "renversant le ministère Sa
racco, la Chambre italienne avait
marqué une vive répulsion pour le
ministère Sonnino, nous l'avons
constaté. L'extrême-gauche,ou plus
simplement 1' « extrême » comme
on dit ici, avait clairement promis à
toute combinaison patronnée par.
l'honorable Sonnino, une obstruc
tion obstinée.
« Qu'il soit bien entendu„honora-
ble Sonnino, avait déclaré le député
socialiste Turati, que notre vote va
passer au-dessus de la tête de l'ho
norable Saracco, qu'il rebondira
après avoir atteint le ministère ac
tuel, et qu'il s'en ira vous frapper,
vous ! oui, vous, plus que tout
autre!... »
Et YAv&nti, l'important organe
des « sowersivi », avait conclu en
ces termes l'article, qu'il avait con
sacré à la chute du ministère Sa
racco : « La majorité s'est déclarée
nettement contraire à Sonnino ; ce
serait contredire la yelonté expresse
de la Chambre, que de composer
le prochain ministère, même dans
une faible mesure, de membres du
centre. Aussi, avis aux ihtçressés :
la Chambre ne saurait accepter un
gouvernement qui aille à rencon
tre de ses indications. Et Y « Ex
trême » pour sa part, est bien réso
lue à défendre les droits de la re
présentation nationale!.,.»
C'est l'honorable Giolitti qui avait
eu la faveur des députés. Or, l'ho
norable Giolitti s'est prononcé, avec
.une grande force, en faveur d'une
politique de réformes sociales. Les
chambres de travail, dit-il en subs
tance, existent en raison de droits
imprescriptibles; seule, une évi
dente violation de la loi pourrait
légitimer l'intervention du gouver
nement dans leur vie intérieure;
s'opposer aux efforts des travail
leurs manuels qui tâchent d'amé
liorer leur condition, c'est à la fois
une erreur économique et une faute
politique!...
Et résumant, d'une façon qui ne :
laissait pas d'être saisissante, les
résultats des dernières élections :
« Ces élections ont fourni, continua-
t-il, les indications les plus graves
sur les conditions économiques et
politiques dans lesquelles se trouve
le pays. Quand oh fait le dénombre
ment des voix obtenues par les par
tis populaires, l'on se voit acculé à
cette conclusion-ci : T « extrême »
aurait dès maintenant 134 repré
sentants, si l'effectif des partis, à la
Chambre, était rigoureusement
proportionné à leur effectif électoral
dans le pays. Bien plus, supposez
encore deux élections pareilles à
celles de juin dernier, et l 1 « extrê
me » aura dans cette Chambrer la
majorité!...
« Nous nous trouvons, conclut
l'honorable Giolitti, à l'aixbe d'une
nouvelle période historique. s Le
mouvement d'ascension des classes
populaires' est fatal, irrésistible...
Les classes dirigeantes ont le de
voir de prouver aux classes labo
rieuses qu'elles peuvent satisfaire
leurs aspirations sans ébranler les
institutions du pays. Si nous le fai
sons, l'avènement de ce nouvel élé
ment soeial peut être considéré
comme d'un heureux augure pour
l'avenir de l'Italie. Si nous ne le
faisons pas, ce. pourra être le prin
cipe d'une tourmente qui emportera
la fortune de la patrie. »
L'honorable Giolitti fut écouté
avec une attention bienveillante et
sa parole fut accueillie avec des ap
plaudissements significatifs. Où
sont les jours, se demandait-il sans
doute, où sont les tristes jour s d'an-
tan ? les jours de là banque romai
ne et du Panamino? Quand Giolitti,
en ce temps-là, se levait à Monteci-
torio, sa voix était immédiatement
couverte de sifflets ; le protecteur
des commendatori d'Ara, cœli (1) sem
blait, pour toujours, politiquement
asphyxié par tant d'accusations
« vergognôse », comme on dit ici.
Coupable ou non des complicités
dont on l'accuse, l'honorable Gio
litti a su refaire sa position politi
que. L'on a vu dernièrement le sé
nateur Roux, un de ses plus fidèles
comparses, acheter successivement
la Tribuna,le Giorno, de Rome, avec
les importantes Rivista politica e
parlementare et Rivistn sociale, ainsi
que la Stampa, de Turin. L'on
parla même un moment de l'acqui
sition, dans les mêmes conditions,
du Corriere délia sera, le grand or
gane libéral de Milan; la tentative
ne réussit point.
Le sénateur Roux a-t-il pu réali
ser de pareilles « emplettes » avec
ses seules ressources personnelle* ?
Ou bien est-il le prête-nom dé quel
que parti, de quelque syndicat, de
quelque faction intéressée à tra
vailler aveo un certain mystère ?Chi
lo sa
Quoi qu'il en soit, le roi a voulu
se conformer, ce semble, aux indi
cations de là Chambre, en char
geant M. Zanardelli de former le
nouveau cabinet. On pourrait, sans
grande témérité, avancer que M.
Zanardelli était « de mèche » aveo
M. Giolitti : il eut soin, en effet, de
ne pas paraître, à la Chambre, du
rant ses trois séances où M. Gio
litti démolissait si allègrement, non
seulement M. Saracco, mais sur
tout M. Sonnino et le vieux parti
conservateur.
De fait, c'est à M. Giolitti que M.
Zanardelli a confié tout de suite le
ministère de l'intérieur.
Quelle sera l'attitude du nouveau
cabinet?
La Tribuna — dont nous avons
marqué les accointances avec le
clan giolittien. —. esquisse le pro
gramme que le ministère se pro
pose de réaliser. Trois points le ré
sument : à l'intérieur, assurer la
tranquillité publique sans recourir
aux moyens extra-légaux ; au point
de vue financier, entreprendre et,
s'il se peut, mener à bon terme la
refonte complète du système]! fiscal,
dans un esprit très large d'équité
(1) Il s'agit ici d'une des prison? d'Etat, à
Rome.
et de prévoyance ; dans l'ordre so
cial, pourvoir à la confection d'une
sa^e législation -du travail (2).
L'extrême se contentera-t-elle de
ce programme, plutôt vague ? Il
semble que non. Dans son « pre
mier Rome », consacré au nouveau
cabinet, l'A vanti résume en cette
formule lapidaire les revendica
tions des socialistes : « Ou marche
en avant, ou suicide; » et il exprime
nettement leur ultimatum. Il faut
alléger les impôts de consomma
tion qui pèsent sur le peuple; ce
dégrèvement est impossible, si l'on
ne diminue les dépenses'militaires ;
or, en ce moment, un projet de nou
velles dépenses militaires extraor
dinaires est inscrit à l'ordre du jour
de la Chambre : que le ministère
retire ce projet incontinent, sinon
c'est un ministère mort-né !
c Or, remarque la Patria, tout le
monde sait que le parti socialiste,
représenté à la Chambre par plus
de trente députés, est le plus puis
sant des partis populaires sinon
par le nombre, au moins par l'orga
nisation et par la discipline. Ne pas
le suivre, ce serait, pour les répu
blicains et pour les radicaux, renon
cer à une alliance électorale pres
que indispensable pour eux. Répu
blicains et radicaux seront donc,tôt
ou tard, obligés à la Chambre à se
prêter aux exigences des socialis
tes. Telle est la vérité : qui la nie
est aveugle. »
Et c'est ce qui fait précisément la
"gravité de la situation politique et
sociale, en ce pays-ci...
LEÏTM M HP LlïÊOM liE S9ISS0SS
A monsieur Sébïine
et à messieurs les sénateurs et dépu
tés du département de l 'Aisne.
Messieurs,
Selon le conseil du Souverain Pontife
et d'après l'exemple de plusieurs de mes
vénérés collègues, je viens m'adresser à
vous, qui êtes nos représentants dans les
conseils de la République, pour réclamer
de votre équitable impartialité la liberté
commune en faveur des congrégations
religieuses.
S'il est vrai, comme on l'a dit avec
raison, que les évêques et les religieux
ont fait la France, c'est bien le moins que
nous ne la laissions pas mutiler et défaire
sans mot dirè. Ne suffit-il pas d'ouvrir les
yeux sur le passé et sur le présent pour
constater que, si l'une des colonnes qui
soutiennent l'édifice religieux dans notre
patrie est. ébranlée, l'autre manque de
point d'appui, ou que, par comparaison,
si les forts qui gardent la place sont dé
truits, celle-ci sera mal défendue et li
vrée plus facilement à l'ennemi ?
Vous l'avez, du reste, entendu vous-
mêmes, d'une voix qui a eu le privilège
de la franchise, la guerre n'est pas seule
ment déclarée aux congrégations, maig
bien à l'Eglise tout entière, et l'on a,
pour le moins, mauvaise grâce à pré
tendre que c'est dans l'intérêt du clergé
séculier que l'on travaille, et que c'est sa
cause que l'on défend, en poursuivant les
congrégations. Il eût fallu le consulter
d'abord, sur ce point; et son chef, aussi
bien que ses premiers représentants,
mieux éclairés, à coup sûr, que leurs
prétendus défenseurs, viennent justement
affirmer le contraire.
Mais il importe, Messieurs, de repren
dre la question d'un peu plus haut, pour
apprécier, comme il faut, l'origine même
des congrégations. Cette origine remonte
à Jésus-Christ et aux conseils évangélj-
ques qu'il adresse, pour tout le cours des
Biècles, à ceux qui veulent conquérir la
perfection chrétienne.
Les ordres religieux, vivant, sous des
règles qui n'ont absolument rien de con
traire à une forme quelconque de gou
vernement, ont grandement coopéré à la
mission de l'Eglise, en . même temps
qu'ils rendaient les plus grands services
à la société civile.
Je n'en veux pour théâtre que notre
propre région, où depuis Cerfroid jus
qu'à Saint-Michel, et depuis Vermand
jusqu'à Braine,onne rencontre, à chaque
pas, que . d'illustres abbayes, comme
Saint-Médard, Longpont, Valsery, Saint-
Jean-des-Vignes, Essômes, Saint-Vin
cent de Laon, Nogent, Foigny, Vauxclair
et surtaut Prémontré ; des prieurés cé
lèbres, comme Coinoy, Grisolles et Cor-
beny, des communautés de toutes sortes
sans parler des maisons de femmes, aus
si utiles et aussi glorieuses que celles des
hommes.
Il faudrait être ave'ugle pour ne pas
voir les traces que nous a laissées ce
passé magnifique, ignorant pour n'en
pas retrouver les titres, ingrat pour en
méconnaître les bienfaits.
Si nos plateaux sont admirablement
fèrtiles, nos pâturages très riches, nos
forêts bien plantées; si nos plaines et
nos coteaux ont un aspect gracieux et
pittoresque qu'embellissent souvent des
constructions remarquables, placées au
point convenable ; si nos basiliques sont
grandioses, nos églises, pour la plupart,
d'un cachet vraiment artistique, et même
disproportionnées au nombre des fidèles
qui les fréquentent; si nos bibliothèques
publiques et privées Bont abondantes et
recherchées ; si nos musées nationaux
sont bien pourvus, si les monuments ci
vils eux-mêmes, je parle des plus an
ciens, ont une yraie distinction et comme
un cachet de grande maison, remontez
au passé, cherchez le bâtisseur, le pro
priétaire d'origine, lisez l'enseigne, allez
à l 'incipit ou à l'expedit,le plus souvent,
presque toujours, vous trouverez un non»
de religieux. Certes, ce n'est pas moi qui
rabaisserai le mérite de nos intelligents
agriculteurs, de nos infatigables indus
triels, de nos artistes et de nos savants :
mais, de leur propre aveu, ils vivent,
d'ordinaire, sur le fonds des ordres reli-
(2) La Tribuna du 13 février : « Ministère
d'initiative, »
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