Titre : L'Univers
Éditeur : L'Univers (Paris)
Date d'édition : 1901-02-07
Contributeur : Veuillot, Louis (1813-1883). Rédacteur
Contributeur : Veuillot, Pierre (1859-1907). Rédacteur
Contributeur : Veuillot, François (1870-1952). Rédacteur
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34520232c
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 07 février 1901 07 février 1901
Description : 1901/02/07 (Numéro 12041). 1901/02/07 (Numéro 12041).
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse Collection numérique : Bibliographie de la presse
Description : Collection numérique : BIPFPIG44 Collection numérique : BIPFPIG44
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k710633p
Source : Bibliothèque nationale de France
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 06/02/2011
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jeaii 7 Février *001
Edition quotidienne. — 12,041
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Jeudi 7 Février 1901
•ft p ITI Qy Q'P'OYIP SBNKa
PARIS . ÉTRANGER
ET DÉPARTEMENTS (UNION POSTALE)
,*iian 40 » 51
Six mois 21 » 26 50
Trois mois 11 » 14 »
{■es abonnements partent des 1 er et 13 de chaque mois
UN NUMÉRO I £f 1S V l 10 cent.
j Départements..... 15 —
BUREAUX : Paris, rue Cassette, 17
On s'abonne à Rome, place du Gesù, 8
ÉDITION 8BECE-QU0TIDIBNNH
PARIS ÉTRANGER
El DEPARTEMENTS (UNION POSTALE)
Un an 20 »
Six mois 10 »
Trois mois..... 5 »
26 i>
13 »
6 50
ET
LE MONDE
Les abonnements partent des I e * et 16 de chaque mois
L UNIVERS ne répond pas des manuscrits qui lui sont adressés
ANNONCES
MM. LAGRANGE, CERF et G ie , 6, place de la Bourse
PARIS, 6 FÉVRIER 1901
SQMMAÏBE
Un exemple. ;. II.
A la Chambre.., .. Gabriel de Triors.
Au Sénat J. Mantenay.
Bulletin. — Nouvelle» de Rome. — Le port
de la soutane. — Laïcisation déjouée. —
Propagande ignoble. — Le Messager de
Toulouse. — Le 25» anniversaire de
l'Institut catholique. — Un chiffre. —
Neutralité. — La tyrannie scolaire. — M.
. Brunetière à Tours. — Un bel exemple.
— Informations politiques et parlemen
taires. — En Angleterre. — En Hollande.
— Ls guerre du Trausva&l. — En Chine.
— Dépêches de l'étranger. — A travers
la presse. — Chronique. — Lettres,
sciences et arts. — Institut catholique
de Paris. — Académie de médecine. —
Les grèves. — Kchos question ouvrière. —Une bagarre à Ren
nes. — Chambre des députés. — Guerre
et marine. — Nécrologie. — Tribunaux.
— Nouvelles diverses. — Jardin d'ac
climatation. — Calendrier. — Bourse et
bulletin financier. — Dernière heure.
UN EXEMPLE
La lettre du Saint-Père au cardi
nal Richard est bien l'exposé le plus
simple, le plus clair, le plus précis,
le plus complet de la thèse catholi
que en faveur des congrégations.
Et ces solennelles protestations
de nos évêques, et ces admirables
discours de nos orateurs, et ces mi
nutieuses enquêtes de nos journa
listes, perçant à jour et jetant au
vent eu lambeaux les statistiques
éhontées de nos adversaires, —
qu'est-ce autre chose que le com
mentaire illustré de la Lettre ?
Le Saint-Père lui-même avait dit
aux évêques : « Au nom des graves
sollicitudes que vous partagez avec
Nous, il vous appartient de dissiper
les préjugés que vous constatez sur
place... »
Nous voudrions ici apporter une
simple miniature en regard de ces
paroles du Pape : « A le bien con
sidérer, l'existence et l'action (des
congrégations de missionnaires)
eontliées à l'existence et à l'action
des autres. En effet, la vocation
du religieux missionnaire germe et
se développe sous la parole du reli
gieux prédicateur, sous la direction
pieuse du religieux enseignant. »
La congrégation des prêtres de
la Mission, ordinairement appelés
Lazaristes, nous servira d'exemple.
Elle vient justement de célébrer
le 284" anniversaire de sa fonda
tion.
Comment cette congrégation a-
t-elle été fondée, dans quelles cir
constances et dans quel but?
Tous ceux qui ont lu la vie de
saint Vincent de Paul le savent.
«Ah! monsieur Vincent, s'écriait
Mme de Gondi. Que d'âmes se per
dent ! Que d'âmes se perdent ! Quel
remède à cela ? »— Cette pieuse et
bonne dame fit tant et si bien que
le saint entreprit une véritable
tournée de conférences sur la né
cessité des confessions générales.
« Il y eut grand concours, dit saint
Vincent lui-même, et Dieu donna
partout la bénédiction. »
Comme c'était à Folleville, près
d'Amiens, que cette prédication ex
traordinaire avait commencé, saint
Vincent ajoutait : « Et voilà le pre
mier sermon de la Mission, et le
succès que Dieu lui donna, le jour
de la conversion de saint Paul' : ce
que Dieu ne fît pas sans dessein en
un tel jour. »
Quelques années plus tard, le sei-
neur de Gondi et sa femme assu
raient, par une fondation, l'avenir
de l'œuvre nouvelle. L'acte de fon-
dationestdul7avril 1625. La congré
gation naissante y est nommée en
propres termes: «Congrégation des
prêtres de la Mission pour les cam
pagnes» et les fondateurs expliquent
que, constatant les nécessités spi
rituelles du pauvre peuple de la
campagne, « il leur a semblé qu'on
pourrait y remédier par la pieuse
association de quelques prêtres de
doctrine, piété et capacité connues,
qui voulussent bien... sous le bon
plaisir des prélats, s'appliquer en
tièrement et purement au salut du
pauvre peuple, allant de village en
village, aux dépens de la bourse
commune, prêcher, instruire, exhor
ter et catéchiser ces pauvres gens. »
Telle est l'origine et le premier
développement fie l'œuvre des mis
sions de Saint-Vincent de Paul.
L'œuvre des séminaires ne com
mença que vers 1635, celle des mis
sions -étrangères qu'en 1642.
Après l'étude substantielle qui a
paru ces temps derniers dans l'Uni
versel serait superflu d'insister sur
l'intérêt tout paternel que saint
Vincent portait à ces trois œuvres.
Que si l'une d&s trois avait ses pré--
férences, c'était encore la plus an
cienne : les missions des campa
gnes. _
Tout le monde sait cela ; tout le
monde sait aussi que les rois abso
lus, Louis XIII et Louis XIV, —
dont nos républicains d'aujourd'hui
s'efforcent d'imiter les «vertus » avec
une ferveur si édifiante, — bien loin
d'entraver ces missions, les ont en
couragées au-contraire et soute
nues. Ainsi, depuis 280 ans, à part
les quelques années troublées de la
Révolution, les prêtres de la Mis
sion ont toute faculté de s'appli
quer au même idéal que leur fonda
teur, de continuer réellement ses
œuvres.
280 ans de possession et sous
tous les régimes, cela mérite sans
doute quelque considération.
Aussi, M. Trouillot n'hésite pas à
leur promettre la tolérance, « une
tolérance qu'on pourra juger exces
sive, » ajoute-t-il.
Nous allons en juger.
Tout d'abord, il fait litière de
cette prescription trois fois sécu
laire: puis, il feint d'ignorer le
grand Français qu'était saint Vin
cent de Paul, le caractère éminem
ment français qu'il a imprimé à
toutes ses œuvres : il n'y a vrai
ment pas à se gêner avec le bon
M. Vincent quand on s'appelle M.
Trouillot, réformateur religieux du
XX e siècle. Aussi, l'équerre à la
main, le marteau de l'autre, il s'at
taque sans plus de façon à l'édifice
sublime élevé par son devancier. Il
entend bien l'entamer, le réduire,
l'encadrer à l'angle plus modeste de
son esprit. L'édifice se compose_
d'un© façade ot do. doux ailos. Pour-'
quoi cette façade ? Et pourquoi
cette aile? Est-ce qu'une seule ne
suffit pas pour « donner amplement
satisfaction » à tous les désirs que
les prêtres de la Mission peuvent
avoir d'imiter leur Père ? Vite, abat
tons cette façade ! Détruisons'aussi
cette aile. Et ainsi, des trois œu
vres de saint Vincent de Paul, l'ho
norable rapporteur en supprime
deux d'un seul trait, les deux que
le saint jugeait les plus importan
tes, où il avait mis le plus de son
esprit évangélique et de son cœur.
Manifestement, il y a là une « to
lérance qu'on pourra juger exces
sive ».
Ce qui toutefois est dé nature à
rassurer, c'est que les œuvres sup
primées étant la base et le soutien
de celle qui reste, celle-ci ne devra
pas tardera s'écrouler d'elle-même.
Au besoin, un léger coup d'épaule
du gouvernement l'y aiderait.
De fait, M. Trouillot nous avertit,
dans une langue trop embarrassée
pour ne pas recouvrir quelques
restrictions mentales, au sens strict,
stricto sensu : « que toutes les con
grégations existantes seront main
tenues, non pas seulement celles
autorisées en tant que congréga
tions, mais les missionnaires, les
Pères du Saint-Esprit, les Sulpi-
ciens, les Lazaristes — autorisés
seulement à faire des missions à
l'extérieur, mais qui se préoccupent
davantage des séminaires et des
missions à l'intérieur -— et qui de
vront évidemment se renfermer
exclusivement dans le rôle qui leur
a été assigné dans l'acte qui les a
autorisés. »
Nous ne craignons pas de le dire :
la loi, qui s'inspirerait de ces idées
étroites, autant que mal digérées,
prononcerait l'arrêt de, mort de
toutes les congrégations, des con
grégations autorisées comme des
autres.
Nous croyons, avec le Pape et
avec le bon sens, «qu'il est impossi
ble d'attendre des* fruits d'un arbre
dont on a coupé les racines : » que
permettre à un ruisseau de suivre
son cours, alors qu'on tarit sa
source, à un homme d'émettre des
actes libres, alors qu'on lui coupe
la tête, c'est évidemment le comble
du ridicule si ce n'est celui de la
mauvaise foi.
Et voilà, cependant, ce que vous
faites, monsieur Trouillot, vous qui,
au même moment où vous nous an
noncez que toutes les congrégations
subsisteront, leur enlevez le moyen
de recruter de nouveuux membres,
les déracinez du sol français!
Comment voulez-vous que nous
qualifiions ce double jeu?
Pensez-vous donc que les mis
sionnaires sortent comme cela, de
terre, sp®ntanément, à la façon des
incendiaires un jour de Commune?
Pensez-vous qu'un enfant, un
jeune homme, aura l'idée d'aller
aux missions, s'il ne voit de ses.
yeux des missionnaires, s'il n'en
tend de leur bouche le récit de
leurs luttes, de leurs succès, de
leurs souffrances ? Jamais, la lec
ture d'un livre ne vaudra pour l'en
semencement des vocations l'exem
ple vivant d'un homme.
Vous savez d'autre part que c'est
surtout dans les grands séminaires
que les vocations religieuses se dé
clarent ; avec quelle liberté ? Le
nombre très restreint de ces voca
tions en est la preuve.
JPensez-vous que ces vocations
n'ont pas le'.rs délicatesses? Pen
sez-vous qu'elles auront autant
d'attraits pour une congrégation
tronquée, tronquée par vous, que
pour celle qui serait restée pure
et intacte dans les termes de sa
fondation ? Pensez-vous que ce soit
un autre esprit que celui du fonda
teur que les âmes cherchent ? Pen
sez-vous que cet esprit aura la
même influence si l'on rétrécit le
champ de ses manifestations ? Pen
sez-vous enfin que si l'on éprouve
de la sécurité (et si cette sécurité
vous enchante), de suivre les règles
tracées par saint Vincent de Paul,
on éprouvera la même satisfaction
à songer qu'elles auront été re
vues, corrigées et considérable
ment réduites par vous* monsieur
Trouillot?
Et si, pour ces divers motifs, les
vocations de missionnaires, après
s'être raréfiées, s'épuisent; si les
congrégations de missionnaires dis
paraissent faute de sujets, si leurs
missions s'anéantissent ou passent
aux mains de missionnaires non
Français, — s'il en résulte une
éclipse pour la puissance et le pres
tige extérieur de la France, — à
qui devrons-nous nous en prendre,
monsieur Trouillot ?
II.
%ULLETW£
La Chambre a voté hier les articles 3,
k et 5 dujjrojet de loi sur les associations.
De nombreux amendements ont été re-
poussès : M. Piou a fait reconnaître
par le rapporteur que les associations
légalement constituées, pouvant ester
en justice, auront par cela, même ledroit
de transiger et de recevoir des dons et
legs.
T.e.Séna t. a fp.rmino hier la. discussion
du budget de la, guerre.
Hier, Guillaume II a pris congé du
roi Edouard VII ; la population de
Londres a fait uns ovation a l'empereur
allemand. Guillaume II sïest embarqué
sur le Hohenzollern.
Les fêtes officielles peur le mariage de
la reine Wilhelmine ont commencé hier
à la Haye.
La reine régente d'Espagne va signer
un décret nommant infant d'Espagne
le fiancé de la princesse des Asturies.
Hier, à la Chambre italienne, l'oppo
sition a livré un rude assaut au minis
tère Saracco ; c estprobabl'ement aujour
d'hui qu'aura lieu le vote qui servira de
conclusion à ce débat.
Si l'on en croit une dépêche de Lon
dres, un commando boer aurait pénètri
sur le territoire portugais et se dirige
rait sur Lourenço-Marquez.
NOUVELLES DE EOME
L'Université populaire à Rome.
Dimanche a eu lieu, à la grande salle
du Collège romain, la. première séance
de l'Université populaire.
L'ex-ministre et professeur Nunzio
Nasi a expliqué à un très nombreux au
ditoire l'origine et le but de cette nou
velle institution.
Naturellement, dit l'auteur, il s'agit
d'émanciper la classe des travailleurs de
toute influence théocratique (sic) et de
lui faire apprécier les principes de mo
rale,en dehors de n'importe quelle préoc
cupation surnaturelle et religieuse. Dans
l'Université populaire ne doivent entrer
ni la politique ni la religion (! ?).
Cette dernière affirmation de Nunzio
Nasi n'empêche cependant pas que l'une
des premières leçons aura pour sujet :
« L'origine et les phases du pouvoir tem
porel des Papes. »
C'est donc une nouvelle machine de
guerre qui se crée à Rome contre la Pa
pauté.
Le nouveau P&re général des « eon-
cettlui ».
Les « concettiKi » se sont réunis dans
leurs chapitres généraux, et ont élu à la
charge de général le R. P. Jérôme
Pezzini.
Dans la cité.
Au Forum on a découvert l'emplace
ment de l'Arc de Tibère. Il se trouve dans
une position parfaitement symétrique
par rapport'à l'Arc de Septime Sevère ; il
est aussi exactement dans la position où
cet Arc de Tibère est représenté en bas-
relief sur l'Arc de triomphe de Constan
tin.
L'Ave de Tibère est précisément en
face de l'Arc d'Auguste.
Cette découverte a une grande impor
tance parce que l'Arc deTibère marquait
le centre du Forum au premier siècle de
l'empire.
—Le gouvernement adistribuéleprojet
de loi qui autorise l'Etat à exproprier la
villa Borghèse pour raison d'utilité pu
blique. Cette villa sera cédée à la com
mune de Rome à condition qu'elle en
fasse un jardin public sous la dénomina
tion dè « Jardin Humbert-I" ».
A LA CHAftIBRE
La droit d'association.
La Chambre a voté hier les arti
cles 3, 4 et 5 du projet de la com
mission.
Le premier, devenu l'article 4 par
l'adoption de l'article additionnel
Groussier-Fournière, porte que «tout
membre d'une association qui n'est
pas formée pour un temps dét" r-
miné peut s'en retirer en tout temps
après paiement des cotisations
échues et de l'année courante, no
nobstant toute cause contraire ».
M. Victor Gay et M. Renault-Mor-
lière demandaientque fût supprimée
toute restriction et que les mem
bres d'une association scientifique,
politique, littéraire ou religieuse
puissent s'en retirer à volonté,—
et M. Massabuau montrait par de
pittoresques exemples combien il
est indispensable de laisser à cha
cun, sur ce point, une absolue li
berté : voit-on, disait-il, un franc-
maçon tenu de demeurer membre
ct'une association tombée un beau
jour sous la présidence du P. du
Lac ? L'orateur lui-même, entré au
grand cercle républicain, alors que
sous les ordres de M. Waldeck-
Rousseau on y devait mener cam
pagne contre le collectivisme, s'est
refusé à payer ses cotisations pour
l'avenir, aussitôt que le contrat sy-
nallagmatique s'est trouvé rompu
par la pirouette politique et sociale
du chef.
L'amendement était libéral ; il a
été repoussé par 276 voix contre
254.
L'article 1, devenu l'article 5, vise
la publicité de l'association pour
obtenir la capacité juridique; il
prescrit, dans ce but, la déclaration
préalable à la préfecture du dépar
tement ou à la sous-préfecture de
l'arrondissement du siège social. On
devra faire connaître le titre et l'ob
jet de l'association, le siège de ses
établissements, les noms, profes
sions et domiciles des administra
teurs et directeurs.
Une discussion s'est engagée
pour désigner le fonctionnaire à
qui devra être remise la déclara
tion :. le préfet ou le sojis-iwÂfof.
disaient, on vient de le voir, la
commission et le gouvernement.
M. l'abbé Lemire proposait de don
ner cette mission aux maires, dans
les départements, et au préfet de la
Seine, à Paris, — et il semblait
ainsi entrer dans les vues du pré
sident du conseil qui avait appèlé
avec tant d'insistance la déclaration
« l'acte civil des associations » ; cet
amendement a été repoussé par 352
voix contre 174.
M. Cunéo d'Ornano demandait
que la déclaration fût faite au par
quet, pour la placer, dès sa nais
sance, sous ?e contrôle judiciaire,
et M. de Gailhard-Bancel aurait
voulu que le juge de p.ûx pût la re
cevoir à son greffe. La première
motion a été rejetée par 356 voix
contre 150 ; la seconde par 365 voix
contre 124.
On laisse donc aux préfectures et
aux sous-préfectures le soin de re
cevoir les déclarations, et là com
mission a bien voulu toutefois ajou
ter à son texte « qu'il en sera donné
récépissé».
L'article 5 devient l'article 6; il
donne aux associations, légalement
constituées, le droit, sans autorisa
tion spéciale, d'ester en justice, de
posséder et administrer en dehors
des subventions de l'Etat, des dé
partements ou des communes :
1° Les apports mobiliers versés
par leurs membres, conformément
aux statuts ;
2° Le local destiné à l'adminis
tration et aux réunions des mem
bres;
3 6 Les immeubles strictement né
cessaires à l'accomplissement du
but proposé.
A ce texte offrant les dangers de
toute énumération, M. Jacques Piou
avait désiré substituer une formule
claire et d'un sens large : « Toute
association qui a fait les déclara
tions prévues à l'article précédent
a, de plein droit, la personnalité ci
vile.»
En une argumentation serrée, il
montrait que la personnalité morale
doit pouvoir être l'œuvre de la vo
lonté commune des parties contrac
tantes, et que l'association ayant
un but autre que le partage des bé
néfices devrait avoir, comme dans
tous les pays de liberté, la person
nalité civile pour l'accomplissement
de l'objet qu elle s'est fixé. Il rappe
lait au juriste, que veut être M.
Waldeck-Rousseau , que jamais
personne, avant lui, n'eut l'idée de
faire du contrat d'association un
contrat double : l'un pour les per
sonnes, l'autre pour les biens, alors
que certaines associations, les plus
nombreuses peut-être, ne sauraient
exister sans biens. •
Et l'éloquent orateur constatait
u'â l'heure même où le président
u conseil déposait son projet d'é
tranglement des associations, il ré
clamait pour les syndicats profes
sionnels une personnalité civile illi
mitée.
D'avance, la réponse est connue ,
Demande-t-on la liberté ? Il vous est
aussitôt parlé de congrégations et
de mainmorte.
— Que les congrégations, inter
rompait M. Viviani, acceptent de se
mouvoir, comme les syrdicats,
dans la sphère de leurs intérêts pr©-
fessionnels, c'est-à-dire théologi
ques : nous seront d'accord!
Et le président du conseil définis
sait deux règles générales du pro
jet: l'association se compose de
personnes mettant en commun leur
intelligence; les biens qui lui ad
vienne nt constituent un patrimoine
soumis soit aux lois de la société,
soit à celles de l'indivision — sauf
pour les immeubles « strictement
nécessaires » au but poursuivi.
Ainsi disparait le danger d'immo
bilisation et de mainmorte! ajoutait
triomphalement M. Waldeck-Rous-
seau, oubliant que les syndicats
professionnels peuvent former une
mainmorte, et que les trade-unions,
M. Piou a du le lui rappeler, ont
3
accusé l'an dernier une fortune de
treize millions.
En fin de compte M. Trouillot a
fait une concession ; il a déclaré que
l'association par là même qu'elle
aurait le droit d'ester en justice, se
rait apte à transiger comme à re
cevoir des dons et legs. M. Jacques
Piou a retiré son amendement, et
sur la proposition du gouverne-
mënt, les mots « objets mobiliers »
du premier paragraphe de rénumô-
ration sont remplacés par la for
mule suivante : « Les cotisations
perçues par les membres ou les
sommes par lesquelles ces cotisa
tions auront été rédimées sans
qu'elles puissent dépasser 500 fr. »
Une dernière fois, sans succès,
M. Cunéo d'Ornano a tenté d'ob
tenir le droit à la personnalité ci
vile absolue pour toutes les asso
ciations déclarées ; M. Jules Baron
n'a pas pu faire comprendre, dans
les biens, les souscriptions recueil
lies, le produit des fournitures et
des services rendus par l'associa
tion — et l'on arrive péniblement,
au milieu d'obscurités dont chacun
peut, d'ores et déjà, se rendre
compte, aux articles de combat sur
lesquels la discussion sera particu
lièrement passionnée.
Gabriel de Triors.
AU SÉNAT
Le budget de la guerre.
Le Sénat a voté hier sans chan
gement tous les chapitres du bud
get de la guerre. La séance eût été
singulièrement fastidieuse, si M.
Delpech ne l'avait égayée. Ce père
conscrit farouche — celui-là même
qui refusait naguère à Canrobert le
titre de maréchal sous prétexte
qu'il n'y a plus de maréchaux —
s'est plaint vivement du luxe qui
règne aux Invalides. « Il y a là, a
dit M. Delpech, un luxe extraordi
naire d'officiers, de médecins, de
servants, de sœurs de charité. »
M. Delpech a invité le ministre dè
la guerre à faire afficher dans toutes
les salles de Saint-Cyr la déclara
tion des droits de l'homme — « notre
Syllabus à nous », a-t-il dit d'un air
tragique— et il a affirmé qu'il « fal
lait un véritable courage, presque
de l'héroïsme, à un officier pour se
dire républicain ». Entre temps, il a
reparlé du drapeau blanc et d'Hen
ri V, que regretteraient, à l'en
croire, nombre de saint-cyriens, et
ilaajou'é— nous citons l'Officiel :
« Ne serait-il pas bon, dans les
temps troublés que nous traver-
sonsj de faire poser aux candidats
de Saint-Cyr et de polytechnique,
une question précise au sujet des
soldats criminels, auteurs des coups
d'Etat, que l'on demande à ces jeu
nes gens ce qu'ils en pensent ?»
La gauche sénatoriale a cru de
voir applaudir par politesse le vieux
sectaire qui siège sur ses bancs,
mais elle était visiblement impa
tientée d'entendre ces rengaines
M. Delpech, d'ailleurs, ne s'en *est
pas tenu là; il a demandé au géné
ral André de supprimer le prytanée
militaire de la Flèche qui, selon lui,
« fait plus de mal que de bien ». Le
ministre de la guerre a répondu
qu'il avait prescrit des réformes, et
que, si ces mesures étaient ineffi
caces, il se résoudrait à supprimer
l'établissement en question.
Les chapitres de la guerre votés,
M. Caillaux a prié le Sénat de sié
ger aujourd'hui afin d'en finir rapi
dement avec le budget. La, demande
du ministre a été repoussée à mains
levées, mais le bureau — désireux
de faiie sa cour à M. Caillaux — a
prétendu qu'il y avait doute, On a
donc voté et comme toujours en pa
reil cas, le ministre a eu gain de
cause. Par 193 voix contre 61, la
haute assemblée a décidé de se réu
nir aujourd'hui.
Au début de la séance, MM.
Labbé et Treille avaient longuement
— et bien inutilement — discute les
nouvelles méthodes employées par
la médecine.
J. Mantenay.
_ — —♦
LÉ FORT DE LÀ SQUTÀffE
Malgré l'opposition du maire, le con
seil municipal de Montpellier vient de
voter, par 12 voix contre 4 et 9 absten-
tiens sur 36 conseillers, un vœu du jar
dinier socialiste Mazas, interdisant le
port de la soutane sur la voie publique.
Le maire a déclaré qu'il ne prendrait
pas un arrêté que les tribunaux déclare
raient illégal.
Le conseil a renvoyé à la commission
compétente un vœu supprimant les priè
res dans tous les établissements publics
et interdisant tous les emblèmes reli
gieux dans les hôpitaux, halles, la
voirs, etc.
M. Intins, maire de Gien, vient d'inter
dire le port de la soutane sur sa com
mune.
La Lanterne annonce que la police
d T Auxerre a dressé trois nouveaux pro
cès-verbaux : à M. l'abbé Briot, curé de
Fontenoy ; à M. l'abbé More au et à M.
l'abbé Séchet, professeurs au collège
congréganiste d'Auxerre.
laïcisation déjouée
Le préfet de Saône-et-Loire ayant laï
cisé l'école enfantine tenue par les Sœurs
de la Charité, rue Piollin, à Autun, l'i
nauguration de la nouvelle école offi
cielle avait été fixée au 1 er février.
Mais les dévouées religieuses ont ou
vert immédiatement une autre école, au
près de leur local primitif, et tous les
enfants, sans exception, les ont sui
vies.
N'est-il pas vrai que le gouvernement
laïcise au nom de l'opinion publique et
pour satisfaire aux vœux des popula
tions ?
PROPAGANDE IGNOBLE
Notre excellent confrère, M. P.
Butel, proteste, avec une légitime
et vigoureuse indignation, dans le
Patriote des Pyrénées, contre les in
qualifiables moyens de propagande
auxquels laLif/ue des droits de l'hom
me ne rougit pas d'avoir recours.
Cette ligue a tenu l'autre diman
che, à Oloron, une assemblée, dont
le principal orateur était un profes
seur au lycée de Pau!
M. Butel s'étonne à bon droit de
cette tolérance accordée à un uni
versitaire antielérical, alors que
nApfoinû c
commis d'autres méfaits que de pro
fesser des opinions moins agréâmes
au ministère, ont été l'objet des sé
vérités les plus rigoureuses.
Mais, par ce temps d'égalité, cet
arbitraire est devenu commun.
Voici qui est mieux.
Jusque-là rien, d'étonnant, écrit M.
Butel, après avoir résumé les déclara
tions libre-penseuses étalées par le pro
fesseur.
Mais, continue le rédacteur du Pa
triote, pour « illustrer » cette conférence,
on a, dans la salle.et aux abords de l'hô
tel Gervais, distribué un journal imprimé
dont nous possédons un numéro et qui
sera, demain, affiché, à notre cadre des
dépêches, où tous pourront en prendre
connaissance.
Cette feuille affecte rigoureusement le
format et l'aspect de la Croix de Paris.
Elle porte à la manchette l'image du
Christ, avec cette variante, que le corps
du Crucifié est assailli et déchiquété par
une nuée de corbeaux dont l'un, auquel
on a visiblement voulu donner le profil
de Léon XIII, porte la tiare, les autres la
mitre ou quelque attribut clérical.
Ce journal, qui en est à son numéro 2,
s'annonce comme trimestriel ; il a son
administration à Paris, 13, rue Saint-
Isaure, et porte ce titre, dont on saisira
l'injurieuse onomatopée : « La Cro-â. »
Les quatre pages sont saturées des in
sanités et des calomnies les plus odieu
ses. Ce n'est que prêtres, moines, reli
gieuses, convaincus des crimes les plus
monstrueux et, naturellement, condam
nés comme tels. On donne le lieu, la date.
Très probablement, presque tout est dé
pure invention. Mais qui voulez-vous qui
proteste ? Et à qui s'en prendre, com
ment atteindre une feuille vraisembla
blement insolvable ?...
N'importe, le mal est fait. Ces hon
teuses accusations sont répandues sys
tématiquement dans le pays, ou l'on
espère qu'elles saliront les cœurs et
déshonoreront en bloc l'Eglise catho
lique.
Et telle est l'hostilité de ces hommes
qu'elle ne s'arrête même pas aux pieds
du crucifix, de cette image que respec
tait jadis tout homme civilisé.
Tels sont les misérables auxi
liaires que la Ligue des droits de
l'homme entraîne ou tolère à ses
trousses.
L'ignominie du procédé suffit à
juger la cause et la bonne foi de
ceux qui la soutiennent.
LE 25 e ANNIVERSAIRE
DE L'INSTITUT CATHOLIQUE
II y a vingt-cinq ans aujourd'hui qu'a
été fondé l'Institut catholique de Paris.
Sous le bénéfice de la loi du 15 juillet
1875, furent inaugurés successivement,
du 10 novembre au 10 janvier suivant,
les trois ordres d'enseignement du Droit,
des Lettres et des Sciences. L'Ecole de
théologie, ouverte trois ans après, et
transformée depuis, par l'autorité du
Siège apostolique, en une triple Faculté
de théologie, de droit canonique et de
philosophie, compléta le cadre de l'ins
titution, qui ne laissa plus désormais en
dehors d'elle que les études médicales.
Cet anniversaire a été célébré ce ma
tin dans l'église de l'Institut par une
messe solennelle d'actions de grâce, ac
compagnée de la recommandation de
tous les défunts qui ont eu avec l'Œuvre
des liens plus étroits.
S. Em. le cardinal Richard, archevê
que de Paris etarchichancelier de l'Insti
tut catholique, présidait la solennité, et
S. G. Mgr Dizien, évêque d'Amiens, a
célébré le saint sacrifice, pendant lequel
un certain nombre d'étudiants, très habi
lement dirigés par l'un d'eux, ont exé
cuté les chants sacrés avec la plus sûre
et la plus belle harmonie.
L'église des Carmes était remplie d'une
superbe assistance, aux premiers rangs
de laquelle , on remarquait NN. SS. de
Pélacot, évêque de Troyes ; (Bâunard et
Batiffol, recteurs des Universités catho
liques de Lille et de Toulouse ; MM. Wal
lon, sénateur ; Merveilleux du Vignaux,
ancien doyen de la Faculté libre de
droit ; un très grand nombre de supé
rieurs de communautés religieuses, ete.
Après la messe, un De Profundis a été
chanté, pour tous les bienfaiteurs, pro-
jeaii 7 Février *001
Edition quotidienne. — 12,041
Y
Jeudi 7 Février 1901
•ft p ITI Qy Q'P'OYIP SBNKa
PARIS . ÉTRANGER
ET DÉPARTEMENTS (UNION POSTALE)
,*iian 40 » 51
Six mois 21 » 26 50
Trois mois 11 » 14 »
{■es abonnements partent des 1 er et 13 de chaque mois
UN NUMÉRO I £f 1S V l 10 cent.
j Départements..... 15 —
BUREAUX : Paris, rue Cassette, 17
On s'abonne à Rome, place du Gesù, 8
ÉDITION 8BECE-QU0TIDIBNNH
PARIS ÉTRANGER
El DEPARTEMENTS (UNION POSTALE)
Un an 20 »
Six mois 10 »
Trois mois..... 5 »
26 i>
13 »
6 50
ET
LE MONDE
Les abonnements partent des I e * et 16 de chaque mois
L UNIVERS ne répond pas des manuscrits qui lui sont adressés
ANNONCES
MM. LAGRANGE, CERF et G ie , 6, place de la Bourse
PARIS, 6 FÉVRIER 1901
SQMMAÏBE
Un exemple. ;. II.
A la Chambre.., .. Gabriel de Triors.
Au Sénat J. Mantenay.
Bulletin. — Nouvelle» de Rome. — Le port
de la soutane. — Laïcisation déjouée. —
Propagande ignoble. — Le Messager de
Toulouse. — Le 25» anniversaire de
l'Institut catholique. — Un chiffre. —
Neutralité. — La tyrannie scolaire. — M.
. Brunetière à Tours. — Un bel exemple.
— Informations politiques et parlemen
taires. — En Angleterre. — En Hollande.
— Ls guerre du Trausva&l. — En Chine.
— Dépêches de l'étranger. — A travers
la presse. — Chronique. — Lettres,
sciences et arts. — Institut catholique
de Paris. — Académie de médecine. —
Les grèves. — Kchos
nes. — Chambre des députés. — Guerre
et marine. — Nécrologie. — Tribunaux.
— Nouvelles diverses. — Jardin d'ac
climatation. — Calendrier. — Bourse et
bulletin financier. — Dernière heure.
UN EXEMPLE
La lettre du Saint-Père au cardi
nal Richard est bien l'exposé le plus
simple, le plus clair, le plus précis,
le plus complet de la thèse catholi
que en faveur des congrégations.
Et ces solennelles protestations
de nos évêques, et ces admirables
discours de nos orateurs, et ces mi
nutieuses enquêtes de nos journa
listes, perçant à jour et jetant au
vent eu lambeaux les statistiques
éhontées de nos adversaires, —
qu'est-ce autre chose que le com
mentaire illustré de la Lettre ?
Le Saint-Père lui-même avait dit
aux évêques : « Au nom des graves
sollicitudes que vous partagez avec
Nous, il vous appartient de dissiper
les préjugés que vous constatez sur
place... »
Nous voudrions ici apporter une
simple miniature en regard de ces
paroles du Pape : « A le bien con
sidérer, l'existence et l'action (des
congrégations de missionnaires)
eontliées à l'existence et à l'action
des autres. En effet, la vocation
du religieux missionnaire germe et
se développe sous la parole du reli
gieux prédicateur, sous la direction
pieuse du religieux enseignant. »
La congrégation des prêtres de
la Mission, ordinairement appelés
Lazaristes, nous servira d'exemple.
Elle vient justement de célébrer
le 284" anniversaire de sa fonda
tion.
Comment cette congrégation a-
t-elle été fondée, dans quelles cir
constances et dans quel but?
Tous ceux qui ont lu la vie de
saint Vincent de Paul le savent.
«Ah! monsieur Vincent, s'écriait
Mme de Gondi. Que d'âmes se per
dent ! Que d'âmes se perdent ! Quel
remède à cela ? »— Cette pieuse et
bonne dame fit tant et si bien que
le saint entreprit une véritable
tournée de conférences sur la né
cessité des confessions générales.
« Il y eut grand concours, dit saint
Vincent lui-même, et Dieu donna
partout la bénédiction. »
Comme c'était à Folleville, près
d'Amiens, que cette prédication ex
traordinaire avait commencé, saint
Vincent ajoutait : « Et voilà le pre
mier sermon de la Mission, et le
succès que Dieu lui donna, le jour
de la conversion de saint Paul' : ce
que Dieu ne fît pas sans dessein en
un tel jour. »
Quelques années plus tard, le sei-
neur de Gondi et sa femme assu
raient, par une fondation, l'avenir
de l'œuvre nouvelle. L'acte de fon-
dationestdul7avril 1625. La congré
gation naissante y est nommée en
propres termes: «Congrégation des
prêtres de la Mission pour les cam
pagnes» et les fondateurs expliquent
que, constatant les nécessités spi
rituelles du pauvre peuple de la
campagne, « il leur a semblé qu'on
pourrait y remédier par la pieuse
association de quelques prêtres de
doctrine, piété et capacité connues,
qui voulussent bien... sous le bon
plaisir des prélats, s'appliquer en
tièrement et purement au salut du
pauvre peuple, allant de village en
village, aux dépens de la bourse
commune, prêcher, instruire, exhor
ter et catéchiser ces pauvres gens. »
Telle est l'origine et le premier
développement fie l'œuvre des mis
sions de Saint-Vincent de Paul.
L'œuvre des séminaires ne com
mença que vers 1635, celle des mis
sions -étrangères qu'en 1642.
Après l'étude substantielle qui a
paru ces temps derniers dans l'Uni
versel serait superflu d'insister sur
l'intérêt tout paternel que saint
Vincent portait à ces trois œuvres.
Que si l'une d&s trois avait ses pré--
férences, c'était encore la plus an
cienne : les missions des campa
gnes. _
Tout le monde sait cela ; tout le
monde sait aussi que les rois abso
lus, Louis XIII et Louis XIV, —
dont nos républicains d'aujourd'hui
s'efforcent d'imiter les «vertus » avec
une ferveur si édifiante, — bien loin
d'entraver ces missions, les ont en
couragées au-contraire et soute
nues. Ainsi, depuis 280 ans, à part
les quelques années troublées de la
Révolution, les prêtres de la Mis
sion ont toute faculté de s'appli
quer au même idéal que leur fonda
teur, de continuer réellement ses
œuvres.
280 ans de possession et sous
tous les régimes, cela mérite sans
doute quelque considération.
Aussi, M. Trouillot n'hésite pas à
leur promettre la tolérance, « une
tolérance qu'on pourra juger exces
sive, » ajoute-t-il.
Nous allons en juger.
Tout d'abord, il fait litière de
cette prescription trois fois sécu
laire: puis, il feint d'ignorer le
grand Français qu'était saint Vin
cent de Paul, le caractère éminem
ment français qu'il a imprimé à
toutes ses œuvres : il n'y a vrai
ment pas à se gêner avec le bon
M. Vincent quand on s'appelle M.
Trouillot, réformateur religieux du
XX e siècle. Aussi, l'équerre à la
main, le marteau de l'autre, il s'at
taque sans plus de façon à l'édifice
sublime élevé par son devancier. Il
entend bien l'entamer, le réduire,
l'encadrer à l'angle plus modeste de
son esprit. L'édifice se compose_
d'un© façade ot do. doux ailos. Pour-'
quoi cette façade ? Et pourquoi
cette aile? Est-ce qu'une seule ne
suffit pas pour « donner amplement
satisfaction » à tous les désirs que
les prêtres de la Mission peuvent
avoir d'imiter leur Père ? Vite, abat
tons cette façade ! Détruisons'aussi
cette aile. Et ainsi, des trois œu
vres de saint Vincent de Paul, l'ho
norable rapporteur en supprime
deux d'un seul trait, les deux que
le saint jugeait les plus importan
tes, où il avait mis le plus de son
esprit évangélique et de son cœur.
Manifestement, il y a là une « to
lérance qu'on pourra juger exces
sive ».
Ce qui toutefois est dé nature à
rassurer, c'est que les œuvres sup
primées étant la base et le soutien
de celle qui reste, celle-ci ne devra
pas tardera s'écrouler d'elle-même.
Au besoin, un léger coup d'épaule
du gouvernement l'y aiderait.
De fait, M. Trouillot nous avertit,
dans une langue trop embarrassée
pour ne pas recouvrir quelques
restrictions mentales, au sens strict,
stricto sensu : « que toutes les con
grégations existantes seront main
tenues, non pas seulement celles
autorisées en tant que congréga
tions, mais les missionnaires, les
Pères du Saint-Esprit, les Sulpi-
ciens, les Lazaristes — autorisés
seulement à faire des missions à
l'extérieur, mais qui se préoccupent
davantage des séminaires et des
missions à l'intérieur -— et qui de
vront évidemment se renfermer
exclusivement dans le rôle qui leur
a été assigné dans l'acte qui les a
autorisés. »
Nous ne craignons pas de le dire :
la loi, qui s'inspirerait de ces idées
étroites, autant que mal digérées,
prononcerait l'arrêt de, mort de
toutes les congrégations, des con
grégations autorisées comme des
autres.
Nous croyons, avec le Pape et
avec le bon sens, «qu'il est impossi
ble d'attendre des* fruits d'un arbre
dont on a coupé les racines : » que
permettre à un ruisseau de suivre
son cours, alors qu'on tarit sa
source, à un homme d'émettre des
actes libres, alors qu'on lui coupe
la tête, c'est évidemment le comble
du ridicule si ce n'est celui de la
mauvaise foi.
Et voilà, cependant, ce que vous
faites, monsieur Trouillot, vous qui,
au même moment où vous nous an
noncez que toutes les congrégations
subsisteront, leur enlevez le moyen
de recruter de nouveuux membres,
les déracinez du sol français!
Comment voulez-vous que nous
qualifiions ce double jeu?
Pensez-vous donc que les mis
sionnaires sortent comme cela, de
terre, sp®ntanément, à la façon des
incendiaires un jour de Commune?
Pensez-vous qu'un enfant, un
jeune homme, aura l'idée d'aller
aux missions, s'il ne voit de ses.
yeux des missionnaires, s'il n'en
tend de leur bouche le récit de
leurs luttes, de leurs succès, de
leurs souffrances ? Jamais, la lec
ture d'un livre ne vaudra pour l'en
semencement des vocations l'exem
ple vivant d'un homme.
Vous savez d'autre part que c'est
surtout dans les grands séminaires
que les vocations religieuses se dé
clarent ; avec quelle liberté ? Le
nombre très restreint de ces voca
tions en est la preuve.
JPensez-vous que ces vocations
n'ont pas le'.rs délicatesses? Pen
sez-vous qu'elles auront autant
d'attraits pour une congrégation
tronquée, tronquée par vous, que
pour celle qui serait restée pure
et intacte dans les termes de sa
fondation ? Pensez-vous que ce soit
un autre esprit que celui du fonda
teur que les âmes cherchent ? Pen
sez-vous que cet esprit aura la
même influence si l'on rétrécit le
champ de ses manifestations ? Pen
sez-vous enfin que si l'on éprouve
de la sécurité (et si cette sécurité
vous enchante), de suivre les règles
tracées par saint Vincent de Paul,
on éprouvera la même satisfaction
à songer qu'elles auront été re
vues, corrigées et considérable
ment réduites par vous* monsieur
Trouillot?
Et si, pour ces divers motifs, les
vocations de missionnaires, après
s'être raréfiées, s'épuisent; si les
congrégations de missionnaires dis
paraissent faute de sujets, si leurs
missions s'anéantissent ou passent
aux mains de missionnaires non
Français, — s'il en résulte une
éclipse pour la puissance et le pres
tige extérieur de la France, — à
qui devrons-nous nous en prendre,
monsieur Trouillot ?
II.
%ULLETW£
La Chambre a voté hier les articles 3,
k et 5 dujjrojet de loi sur les associations.
De nombreux amendements ont été re-
poussès : M. Piou a fait reconnaître
par le rapporteur que les associations
légalement constituées, pouvant ester
en justice, auront par cela, même ledroit
de transiger et de recevoir des dons et
legs.
T.e.Séna t. a fp.rmino hier la. discussion
du budget de la, guerre.
Hier, Guillaume II a pris congé du
roi Edouard VII ; la population de
Londres a fait uns ovation a l'empereur
allemand. Guillaume II sïest embarqué
sur le Hohenzollern.
Les fêtes officielles peur le mariage de
la reine Wilhelmine ont commencé hier
à la Haye.
La reine régente d'Espagne va signer
un décret nommant infant d'Espagne
le fiancé de la princesse des Asturies.
Hier, à la Chambre italienne, l'oppo
sition a livré un rude assaut au minis
tère Saracco ; c estprobabl'ement aujour
d'hui qu'aura lieu le vote qui servira de
conclusion à ce débat.
Si l'on en croit une dépêche de Lon
dres, un commando boer aurait pénètri
sur le territoire portugais et se dirige
rait sur Lourenço-Marquez.
NOUVELLES DE EOME
L'Université populaire à Rome.
Dimanche a eu lieu, à la grande salle
du Collège romain, la. première séance
de l'Université populaire.
L'ex-ministre et professeur Nunzio
Nasi a expliqué à un très nombreux au
ditoire l'origine et le but de cette nou
velle institution.
Naturellement, dit l'auteur, il s'agit
d'émanciper la classe des travailleurs de
toute influence théocratique (sic) et de
lui faire apprécier les principes de mo
rale,en dehors de n'importe quelle préoc
cupation surnaturelle et religieuse. Dans
l'Université populaire ne doivent entrer
ni la politique ni la religion (! ?).
Cette dernière affirmation de Nunzio
Nasi n'empêche cependant pas que l'une
des premières leçons aura pour sujet :
« L'origine et les phases du pouvoir tem
porel des Papes. »
C'est donc une nouvelle machine de
guerre qui se crée à Rome contre la Pa
pauté.
Le nouveau P&re général des « eon-
cettlui ».
Les « concettiKi » se sont réunis dans
leurs chapitres généraux, et ont élu à la
charge de général le R. P. Jérôme
Pezzini.
Dans la cité.
Au Forum on a découvert l'emplace
ment de l'Arc de Tibère. Il se trouve dans
une position parfaitement symétrique
par rapport'à l'Arc de Septime Sevère ; il
est aussi exactement dans la position où
cet Arc de Tibère est représenté en bas-
relief sur l'Arc de triomphe de Constan
tin.
L'Ave de Tibère est précisément en
face de l'Arc d'Auguste.
Cette découverte a une grande impor
tance parce que l'Arc deTibère marquait
le centre du Forum au premier siècle de
l'empire.
—Le gouvernement adistribuéleprojet
de loi qui autorise l'Etat à exproprier la
villa Borghèse pour raison d'utilité pu
blique. Cette villa sera cédée à la com
mune de Rome à condition qu'elle en
fasse un jardin public sous la dénomina
tion dè « Jardin Humbert-I" ».
A LA CHAftIBRE
La droit d'association.
La Chambre a voté hier les arti
cles 3, 4 et 5 du projet de la com
mission.
Le premier, devenu l'article 4 par
l'adoption de l'article additionnel
Groussier-Fournière, porte que «tout
membre d'une association qui n'est
pas formée pour un temps dét" r-
miné peut s'en retirer en tout temps
après paiement des cotisations
échues et de l'année courante, no
nobstant toute cause contraire ».
M. Victor Gay et M. Renault-Mor-
lière demandaientque fût supprimée
toute restriction et que les mem
bres d'une association scientifique,
politique, littéraire ou religieuse
puissent s'en retirer à volonté,—
et M. Massabuau montrait par de
pittoresques exemples combien il
est indispensable de laisser à cha
cun, sur ce point, une absolue li
berté : voit-on, disait-il, un franc-
maçon tenu de demeurer membre
ct'une association tombée un beau
jour sous la présidence du P. du
Lac ? L'orateur lui-même, entré au
grand cercle républicain, alors que
sous les ordres de M. Waldeck-
Rousseau on y devait mener cam
pagne contre le collectivisme, s'est
refusé à payer ses cotisations pour
l'avenir, aussitôt que le contrat sy-
nallagmatique s'est trouvé rompu
par la pirouette politique et sociale
du chef.
L'amendement était libéral ; il a
été repoussé par 276 voix contre
254.
L'article 1, devenu l'article 5, vise
la publicité de l'association pour
obtenir la capacité juridique; il
prescrit, dans ce but, la déclaration
préalable à la préfecture du dépar
tement ou à la sous-préfecture de
l'arrondissement du siège social. On
devra faire connaître le titre et l'ob
jet de l'association, le siège de ses
établissements, les noms, profes
sions et domiciles des administra
teurs et directeurs.
Une discussion s'est engagée
pour désigner le fonctionnaire à
qui devra être remise la déclara
tion :. le préfet ou le sojis-iwÂfof.
disaient, on vient de le voir, la
commission et le gouvernement.
M. l'abbé Lemire proposait de don
ner cette mission aux maires, dans
les départements, et au préfet de la
Seine, à Paris, — et il semblait
ainsi entrer dans les vues du pré
sident du conseil qui avait appèlé
avec tant d'insistance la déclaration
« l'acte civil des associations » ; cet
amendement a été repoussé par 352
voix contre 174.
M. Cunéo d'Ornano demandait
que la déclaration fût faite au par
quet, pour la placer, dès sa nais
sance, sous ?e contrôle judiciaire,
et M. de Gailhard-Bancel aurait
voulu que le juge de p.ûx pût la re
cevoir à son greffe. La première
motion a été rejetée par 356 voix
contre 150 ; la seconde par 365 voix
contre 124.
On laisse donc aux préfectures et
aux sous-préfectures le soin de re
cevoir les déclarations, et là com
mission a bien voulu toutefois ajou
ter à son texte « qu'il en sera donné
récépissé».
L'article 5 devient l'article 6; il
donne aux associations, légalement
constituées, le droit, sans autorisa
tion spéciale, d'ester en justice, de
posséder et administrer en dehors
des subventions de l'Etat, des dé
partements ou des communes :
1° Les apports mobiliers versés
par leurs membres, conformément
aux statuts ;
2° Le local destiné à l'adminis
tration et aux réunions des mem
bres;
3 6 Les immeubles strictement né
cessaires à l'accomplissement du
but proposé.
A ce texte offrant les dangers de
toute énumération, M. Jacques Piou
avait désiré substituer une formule
claire et d'un sens large : « Toute
association qui a fait les déclara
tions prévues à l'article précédent
a, de plein droit, la personnalité ci
vile.»
En une argumentation serrée, il
montrait que la personnalité morale
doit pouvoir être l'œuvre de la vo
lonté commune des parties contrac
tantes, et que l'association ayant
un but autre que le partage des bé
néfices devrait avoir, comme dans
tous les pays de liberté, la person
nalité civile pour l'accomplissement
de l'objet qu elle s'est fixé. Il rappe
lait au juriste, que veut être M.
Waldeck-Rousseau , que jamais
personne, avant lui, n'eut l'idée de
faire du contrat d'association un
contrat double : l'un pour les per
sonnes, l'autre pour les biens, alors
que certaines associations, les plus
nombreuses peut-être, ne sauraient
exister sans biens. •
Et l'éloquent orateur constatait
u'â l'heure même où le président
u conseil déposait son projet d'é
tranglement des associations, il ré
clamait pour les syndicats profes
sionnels une personnalité civile illi
mitée.
D'avance, la réponse est connue ,
Demande-t-on la liberté ? Il vous est
aussitôt parlé de congrégations et
de mainmorte.
— Que les congrégations, inter
rompait M. Viviani, acceptent de se
mouvoir, comme les syrdicats,
dans la sphère de leurs intérêts pr©-
fessionnels, c'est-à-dire théologi
ques : nous seront d'accord!
Et le président du conseil définis
sait deux règles générales du pro
jet: l'association se compose de
personnes mettant en commun leur
intelligence; les biens qui lui ad
vienne nt constituent un patrimoine
soumis soit aux lois de la société,
soit à celles de l'indivision — sauf
pour les immeubles « strictement
nécessaires » au but poursuivi.
Ainsi disparait le danger d'immo
bilisation et de mainmorte! ajoutait
triomphalement M. Waldeck-Rous-
seau, oubliant que les syndicats
professionnels peuvent former une
mainmorte, et que les trade-unions,
M. Piou a du le lui rappeler, ont
3
accusé l'an dernier une fortune de
treize millions.
En fin de compte M. Trouillot a
fait une concession ; il a déclaré que
l'association par là même qu'elle
aurait le droit d'ester en justice, se
rait apte à transiger comme à re
cevoir des dons et legs. M. Jacques
Piou a retiré son amendement, et
sur la proposition du gouverne-
mënt, les mots « objets mobiliers »
du premier paragraphe de rénumô-
ration sont remplacés par la for
mule suivante : « Les cotisations
perçues par les membres ou les
sommes par lesquelles ces cotisa
tions auront été rédimées sans
qu'elles puissent dépasser 500 fr. »
Une dernière fois, sans succès,
M. Cunéo d'Ornano a tenté d'ob
tenir le droit à la personnalité ci
vile absolue pour toutes les asso
ciations déclarées ; M. Jules Baron
n'a pas pu faire comprendre, dans
les biens, les souscriptions recueil
lies, le produit des fournitures et
des services rendus par l'associa
tion — et l'on arrive péniblement,
au milieu d'obscurités dont chacun
peut, d'ores et déjà, se rendre
compte, aux articles de combat sur
lesquels la discussion sera particu
lièrement passionnée.
Gabriel de Triors.
AU SÉNAT
Le budget de la guerre.
Le Sénat a voté hier sans chan
gement tous les chapitres du bud
get de la guerre. La séance eût été
singulièrement fastidieuse, si M.
Delpech ne l'avait égayée. Ce père
conscrit farouche — celui-là même
qui refusait naguère à Canrobert le
titre de maréchal sous prétexte
qu'il n'y a plus de maréchaux —
s'est plaint vivement du luxe qui
règne aux Invalides. « Il y a là, a
dit M. Delpech, un luxe extraordi
naire d'officiers, de médecins, de
servants, de sœurs de charité. »
M. Delpech a invité le ministre dè
la guerre à faire afficher dans toutes
les salles de Saint-Cyr la déclara
tion des droits de l'homme — « notre
Syllabus à nous », a-t-il dit d'un air
tragique— et il a affirmé qu'il « fal
lait un véritable courage, presque
de l'héroïsme, à un officier pour se
dire républicain ». Entre temps, il a
reparlé du drapeau blanc et d'Hen
ri V, que regretteraient, à l'en
croire, nombre de saint-cyriens, et
ilaajou'é— nous citons l'Officiel :
« Ne serait-il pas bon, dans les
temps troublés que nous traver-
sonsj de faire poser aux candidats
de Saint-Cyr et de polytechnique,
une question précise au sujet des
soldats criminels, auteurs des coups
d'Etat, que l'on demande à ces jeu
nes gens ce qu'ils en pensent ?»
La gauche sénatoriale a cru de
voir applaudir par politesse le vieux
sectaire qui siège sur ses bancs,
mais elle était visiblement impa
tientée d'entendre ces rengaines
M. Delpech, d'ailleurs, ne s'en *est
pas tenu là; il a demandé au géné
ral André de supprimer le prytanée
militaire de la Flèche qui, selon lui,
« fait plus de mal que de bien ». Le
ministre de la guerre a répondu
qu'il avait prescrit des réformes, et
que, si ces mesures étaient ineffi
caces, il se résoudrait à supprimer
l'établissement en question.
Les chapitres de la guerre votés,
M. Caillaux a prié le Sénat de sié
ger aujourd'hui afin d'en finir rapi
dement avec le budget. La, demande
du ministre a été repoussée à mains
levées, mais le bureau — désireux
de faiie sa cour à M. Caillaux — a
prétendu qu'il y avait doute, On a
donc voté et comme toujours en pa
reil cas, le ministre a eu gain de
cause. Par 193 voix contre 61, la
haute assemblée a décidé de se réu
nir aujourd'hui.
Au début de la séance, MM.
Labbé et Treille avaient longuement
— et bien inutilement — discute les
nouvelles méthodes employées par
la médecine.
J. Mantenay.
_ — —♦
LÉ FORT DE LÀ SQUTÀffE
Malgré l'opposition du maire, le con
seil municipal de Montpellier vient de
voter, par 12 voix contre 4 et 9 absten-
tiens sur 36 conseillers, un vœu du jar
dinier socialiste Mazas, interdisant le
port de la soutane sur la voie publique.
Le maire a déclaré qu'il ne prendrait
pas un arrêté que les tribunaux déclare
raient illégal.
Le conseil a renvoyé à la commission
compétente un vœu supprimant les priè
res dans tous les établissements publics
et interdisant tous les emblèmes reli
gieux dans les hôpitaux, halles, la
voirs, etc.
M. Intins, maire de Gien, vient d'inter
dire le port de la soutane sur sa com
mune.
La Lanterne annonce que la police
d T Auxerre a dressé trois nouveaux pro
cès-verbaux : à M. l'abbé Briot, curé de
Fontenoy ; à M. l'abbé More au et à M.
l'abbé Séchet, professeurs au collège
congréganiste d'Auxerre.
laïcisation déjouée
Le préfet de Saône-et-Loire ayant laï
cisé l'école enfantine tenue par les Sœurs
de la Charité, rue Piollin, à Autun, l'i
nauguration de la nouvelle école offi
cielle avait été fixée au 1 er février.
Mais les dévouées religieuses ont ou
vert immédiatement une autre école, au
près de leur local primitif, et tous les
enfants, sans exception, les ont sui
vies.
N'est-il pas vrai que le gouvernement
laïcise au nom de l'opinion publique et
pour satisfaire aux vœux des popula
tions ?
PROPAGANDE IGNOBLE
Notre excellent confrère, M. P.
Butel, proteste, avec une légitime
et vigoureuse indignation, dans le
Patriote des Pyrénées, contre les in
qualifiables moyens de propagande
auxquels laLif/ue des droits de l'hom
me ne rougit pas d'avoir recours.
Cette ligue a tenu l'autre diman
che, à Oloron, une assemblée, dont
le principal orateur était un profes
seur au lycée de Pau!
M. Butel s'étonne à bon droit de
cette tolérance accordée à un uni
versitaire antielérical, alors que
nApfoinû c
commis d'autres méfaits que de pro
fesser des opinions moins agréâmes
au ministère, ont été l'objet des sé
vérités les plus rigoureuses.
Mais, par ce temps d'égalité, cet
arbitraire est devenu commun.
Voici qui est mieux.
Jusque-là rien, d'étonnant, écrit M.
Butel, après avoir résumé les déclara
tions libre-penseuses étalées par le pro
fesseur.
Mais, continue le rédacteur du Pa
triote, pour « illustrer » cette conférence,
on a, dans la salle.et aux abords de l'hô
tel Gervais, distribué un journal imprimé
dont nous possédons un numéro et qui
sera, demain, affiché, à notre cadre des
dépêches, où tous pourront en prendre
connaissance.
Cette feuille affecte rigoureusement le
format et l'aspect de la Croix de Paris.
Elle porte à la manchette l'image du
Christ, avec cette variante, que le corps
du Crucifié est assailli et déchiquété par
une nuée de corbeaux dont l'un, auquel
on a visiblement voulu donner le profil
de Léon XIII, porte la tiare, les autres la
mitre ou quelque attribut clérical.
Ce journal, qui en est à son numéro 2,
s'annonce comme trimestriel ; il a son
administration à Paris, 13, rue Saint-
Isaure, et porte ce titre, dont on saisira
l'injurieuse onomatopée : « La Cro-â. »
Les quatre pages sont saturées des in
sanités et des calomnies les plus odieu
ses. Ce n'est que prêtres, moines, reli
gieuses, convaincus des crimes les plus
monstrueux et, naturellement, condam
nés comme tels. On donne le lieu, la date.
Très probablement, presque tout est dé
pure invention. Mais qui voulez-vous qui
proteste ? Et à qui s'en prendre, com
ment atteindre une feuille vraisembla
blement insolvable ?...
N'importe, le mal est fait. Ces hon
teuses accusations sont répandues sys
tématiquement dans le pays, ou l'on
espère qu'elles saliront les cœurs et
déshonoreront en bloc l'Eglise catho
lique.
Et telle est l'hostilité de ces hommes
qu'elle ne s'arrête même pas aux pieds
du crucifix, de cette image que respec
tait jadis tout homme civilisé.
Tels sont les misérables auxi
liaires que la Ligue des droits de
l'homme entraîne ou tolère à ses
trousses.
L'ignominie du procédé suffit à
juger la cause et la bonne foi de
ceux qui la soutiennent.
LE 25 e ANNIVERSAIRE
DE L'INSTITUT CATHOLIQUE
II y a vingt-cinq ans aujourd'hui qu'a
été fondé l'Institut catholique de Paris.
Sous le bénéfice de la loi du 15 juillet
1875, furent inaugurés successivement,
du 10 novembre au 10 janvier suivant,
les trois ordres d'enseignement du Droit,
des Lettres et des Sciences. L'Ecole de
théologie, ouverte trois ans après, et
transformée depuis, par l'autorité du
Siège apostolique, en une triple Faculté
de théologie, de droit canonique et de
philosophie, compléta le cadre de l'ins
titution, qui ne laissa plus désormais en
dehors d'elle que les études médicales.
Cet anniversaire a été célébré ce ma
tin dans l'église de l'Institut par une
messe solennelle d'actions de grâce, ac
compagnée de la recommandation de
tous les défunts qui ont eu avec l'Œuvre
des liens plus étroits.
S. Em. le cardinal Richard, archevê
que de Paris etarchichancelier de l'Insti
tut catholique, présidait la solennité, et
S. G. Mgr Dizien, évêque d'Amiens, a
célébré le saint sacrifice, pendant lequel
un certain nombre d'étudiants, très habi
lement dirigés par l'un d'eux, ont exé
cuté les chants sacrés avec la plus sûre
et la plus belle harmonie.
L'église des Carmes était remplie d'une
superbe assistance, aux premiers rangs
de laquelle , on remarquait NN. SS. de
Pélacot, évêque de Troyes ; (Bâunard et
Batiffol, recteurs des Universités catho
liques de Lille et de Toulouse ; MM. Wal
lon, sénateur ; Merveilleux du Vignaux,
ancien doyen de la Faculté libre de
droit ; un très grand nombre de supé
rieurs de communautés religieuses, ete.
Après la messe, un De Profundis a été
chanté, pour tous les bienfaiteurs, pro-
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