Titre : L'Univers
Éditeur : L'Univers (Paris)
Date d'édition : 1901-01-31
Contributeur : Veuillot, Louis (1813-1883). Rédacteur
Contributeur : Veuillot, Pierre (1859-1907). Rédacteur
Contributeur : Veuillot, François (1870-1952). Rédacteur
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Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 31 janvier 1901 31 janvier 1901
Description : 1901/01/31 (Numéro 12034). 1901/01/31 (Numéro 12034).
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse Collection numérique : Bibliographie de la presse
Description : Collection numérique : BIPFPIG44 Collection numérique : BIPFPIG44
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k710626g
Source : Bibliothèque nationale de France
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 06/02/2011
Jeudi 31 Janvier £001
Edition quotidienne! >-«. l£,034
Jeudi 3rjâiivier 1901
ÉDITION QTJOTLDIEîîNEi
PARIS
EV départements
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ET
LE MONDE
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Les ahonnemèuts partent des I e » et 16 de chaque moi*
L'UNIVERS ne répond pas des manuscrits qui lui sont adressés
ANNONCES
MM. LAGRANGE, GERF et G "v6, place de la Bourse
PARIS, 30 JANVIER 1901
SOMMAIRE
La démocratie chré
tienne..;.. Pierre Veoillo*. ,
Çk et là : Un homme
qui en savait trop.. G. d'AzambuJà.
A la Chambre. ..... Gabriel db Triors .
An Sénat J. M.
Effusions diploma
tiques et familia
les .....a. ....... a." F' ti.
Polémiques rétro
spectives Eugène Veuillot.
Bulletin. — Mgr Chapon. — Les fêtes du
Mans. — Une note de l'archevêque de
Cambrai. — Informations politiques et
parlementaires. Le retour de l'explora
teur Gentil. — En Angleterre. — La reine
Victoria. — En Chine. — La guerre du
Tranav&al. — Dépêche» de l'étranger. —■
Echos de partout. — La question ouvrière.
— La grève du Métropolitain. — En pro
vince — Chronique : religieuse- —• Le
scandale dé Roubaix. — Chambre des dé-
putés : Le projet de loi sur les associa
tions. — Nécrologie. — Tribunaux. —
Nouvelle# diverses. — Calendrier, r-
Bourse et bulletin financier. — Dernière
heure.
Rome a parlé. Nous entendrons
toujours sa voix dans les sentiments
d'une soumission entière, con
fiante et joyeuse. Mais, comme un
fils est encore plus content, quand
les instructions que tui^ donne son
{>ère renferment en même temps
'approbation de ce qu'il a déjà
fait, ainsi les enseignements de
Léon XIII nous apportent-ils, avec
une vive lumière, le plus doux des
encouragements. Ce sont des or
dres, et c'est une récompense.
Nous avons appuyé le mouve-
'mexit de la Démocratie chrétienne.
Le Pape nous dit que cet effort est
légitime et doit produire de bons
fruits. L'Encyclique définit ce qu'il
faut entendre sous cette appella
tion. La Démocratie chrétienne n'a
point à jouer un rôle politique. Il
ne s'agit nullement pour elle de
s'occuper des . formes gouverne
mentales et de travailler, aans cer
tains pays, à remplacer les institu
tions par d'autres. Elle "est d'ordre
économique et social. Elle se pro
pose, en respectant tous les juste8
intérêts, tous les droits*, y compris
ceux des classes élevées, ceux des
patrons, d'améliorer autant que
possible la situation matérielle et
morale des classes populaires, des
ouvriers.
On voudra bien le reconnaître:
c'est ainsi que nous avons toujours
entendu et défendu la Démocratie
chrétienne.
Elle doit se distinguer très soi-
Ïneuaement du socialisme, que
,éon XIII, une fois de plus, dé
nonce comme le grand danger de
l'heure présente. Ce danger, il faut
le comoattr# avec une. persévé
rance infatigable,avec acharnement.
C'est ce que nous ferons, et pour
celai nous n'aurons qu'à continuer
en redoublant d'araeur, s'il se
«eut, car nous l'avons toujours fait.
ous n'avons pas cessé de voir,
dans la lutte pour les réformes équi
tables et nécessaires, lë" meilleur
moyen 4e combattre le socialisme.
Et nous avons demandé ces réfor--
mes, non seulement afin de servir
la justice et la charité, mais pous-
.sés aussi par le désir d'enlever aux
collectivistes et communistes leur
puissante arme de combat. Il est
échappé d'ailleurs, aux révolution
naires, quelques aveux significatifs.
On a pu, voir que ce qu'ils redou
taient le plus, c'était notre action.
L'organe de M. Jaurès l'a dit un
jjour, lui-même.
; Notre action ; quel est son but?
Elle « tend- à ce que ceux qui'ga-
« gnent leur vie par un travail ma-
« nuel soient ramenés à une situa-
.« tion plus tolérable et aient un peu
se de quoi assurer leur avenir ; à ce
« qu'ils puissent, chez eux ét en
« public, pratiquer la vertu et rem
et plir leurs devoirs de piété; à ce
« qu'ils sentent qu'ils sont non des
« animaux, mais, des hommes, non
« des païens, mais des. chrétiens;
q enfin à ce qu'ils marchent ainsi
« avec plus de facilité et d'ardeur
ce vers ce bien unique et nécessaire,
■fc vers ce bien suprême pour lequel
* nous sommes nés ». Cette phrase
•est empruntée à l'Encyclique. Elle
renferme la pensée dont nous avons
toujours voulu nous inspirer dans
nos efforts. Plus formellement et
pjMS étroitement que jamais, elle
nous servira de règle, pour aller au
■Allez au peuple / nous dit, ou plu
tôt nous rt oète Léon Ailla En
friêmë temps n °us Y , e ^® r ^ e
et qu'il y pousse* I e clêrgé, il for
mule à cet égard de'S prescriptions
réclamant. la prudent© "J®"
sure. Il ne faudra point' les perdre
de vue. Le prêtre, même .sour que
son action soit utile, doit sauvegar
der avant tout son caractère stfpre.
Et comme il n'a point à parler seu
lement de droits, mais aussi de de
voirs, il convient qu'il donne le
premier l'exemple de; la discipline,
par son obéissance absolue aux su
périeurs hiérarchiques. Les démo
crates chrétiens .veulent observer
ces règles. L'Encyclique lesconfir-
mera aans leurs sentiments.
De même, elle les- confirmera
dans la nécessité de parler au peu
ple de ses intérêts matériels, — sans
jamais oublier toutefois 1 ses intérêts
spirituels et moraux. Il faut lui
parler des premiers, d'abord parce
que la justice, comme la charité
nous font un pressant devoir de
nous en occuper avec lui, et en ou
tre, parce que c'est le meilleur
moyen qu'il prête l'oreille, quand
nous lui parlons des seconds. Ainsi
donc, on ne l'entretiendra pas de
ses besoins matériels uniquement
pour se concilier son-attention afin
de lui prêcher la vertu. On traitera
du premier sujet, parce qu'il est
équitable et obligatoire dô le faire ;
mais on n'oubliera point que le se
cond a beaucoup plus d'importance
encore.
Et enfin, quelques-uns de nos
amis, tout en la pratiquant aussi
bien que d'autres, ont montré un
peu trop de dédain théorique pour
l'aumône. Ils avaient tort, en ce
point. Elle né saurait être mau
vaise, puisqu'elle est nécessaire,
teut comme la différence des situa
tions sociales. Encouragés par Léon
XÎII à poursuivre l'ensemble , de
leurs efforts, ces défenseurs ardents
et dévoués de la classe ouvrière
n'hésiteront pas un instant à élimi
ner ce qui, dans le détail,ne paraî
trait point absolument conforme
aux prescriptions du, Souverain
Pontife.
Et maintenant, démocrates chré
tiens, accompagnés, nous y comp
tons, de tous les catholiques, allez
au peuple ! Travaillez plus ardem
ment que jamais à l'amélioration de
son sort matériel et moral, ét com
battez le socialisme, — au nom de
la justice et de la charité.
Pierre V euillot.
ÏÏVLLETIUt
Hier, la Chambre a continué l'examen
du projet de loi sur les associations. M.
Vaboé Lemire, MM. Cuneo d'Ornano et
Puèch ont défendu leurs divers contre-
projets qui ont été repoussés. La bataille
entre les libéraux et les sectaires s'est
surtout engagée sur le contre-projet
Puech qui a été. rejeté, par 302 voix
conlr.e 235.
Le Sénat a terminé hier la discussion
du projet de loi sur les droits de succès-
sion qui a été adopté ,dans son ensemble
à une forte majorité.
Un décret du président de la Répu
blique rapporte le décret qui avait nom
mé Mgr Chapon chevalier de là Légion
d'honneur. Le . décret n'a pas encore
paru à l 'Officiel, mais il est déjà, publié
par plusieurs journaux et nous en re
produisons plus loin le texte.
Le Reichstag a terminé hier, après
onze jours de débats, la discussion sur
la politique sociale et sur la politique
douanière qui avait été liée à d'examen
du chapitre du traitement du secrétaire
d'Etat a l'office de l'intérieur.
La clôture des débats a été votée mal
gré l'opposition des libéraux et des
socialistes. D'autres chapitres du budget
de.l'office de l'intérieur ont ensuite été
approuvés. _
Ennuyé de n'avoir depuis quelque
temps à signaler que des insuccès, lord
Kitchener avait décidé de frapper un
grand coupetde tenter encoreune fois la
capture du général Dewet : une dépêche
laconique annonce le nouvel échec du
généralissime britannique ou plutôt de
son lieutenant le général Bruce-Hamil-
ton.
Çà et là
UN HOMME QUI EN SAVAIT TROP
Jupiter dit quelque part, dans l'Odys
sée, que les hommes ont bien tort de se
plaindre, attendu qu'ils travaillent eux-
mêmes à se rendre malheureux. Ce Ju
piter-là n'était pas mauvais psycholo
gue, et il est dommage que= M. Meyer,
chef de division à la préfecture du Rhô
ne,,n'ait pu assister à ses conseils, lui
qui aimait tant, dit-on, à être « dans les
secrets des dieux ». »
On connaît l'histoire. Le chef de divi
sion se posait cette question, anxieuse
peut-être, mais oiseuse à coup sûr : « Que
pense de moi le préfet '?■•» Il se posait cette
autre également : « Que pense de moi le
secrétaire de la préfecture ? » Cette dou
ble énigme le hantait avec une importu-
nité exceptionnelle, et,malheureusement,
rien ne pouvait lui en donner le mot! Si
la franchise habitait sur la terre, il aurait
pu dire au préfet etau secrétaire : « Mon
sieur le préfet, monsieur le secrétaire,
que pensez-vous de moi ? » Mais le chef
de division savait que la franchise n'ha
bite pas sur la térré. S'il avait été phy
sionomiste, il aurait pu essayer de lire
sur le visage de ses chefs ; s'il avait été
graphologue, il aurait déchiffré les indi
cations de leur écriture ; s'il avait cru
aux songes, il serait allé consulter une
somnambule. Mais apparemment M.
Meyer ne croyait ni à la physiognomonie,
ni à la graphologie, ni au somnambu
lisme. Il ne croyait qu'à une chose : il
croyait à l'électricité,
Physicien amateur, notre fonctionnaire
eut l'idée curieuse — deux fois cu
rieuse — de disposer dans le cabinet de
ses chefs, dans leur chambre même, des
appareils ou le téléphoné sè combinait si
harmonieusement avec le microphone
qûè, de son propre cabinet pàrticuliér, il
pouvait suivre les conversations tenues
dans les pièces susdites, ce qui devait lui
aider, comme on le devine, à résoudre le
problème si intéressant qui le passion
nait.
L'artifice est découvert, l'inventeur a
reçu sa récompense. L'adversité, depuis
le temp3 d'Ulysse, héros dé l'Odyssée
susmentionnée, n'a pas cessé de s'at
tacher aux hommes de génie. Mais, ad
mettons même que le fonctionnaire en
question ait su joindre, à l'art de déro
ber les secrets desautres, celui de ne
pas laisser surprendre le sien, en eut-il
été vraiment plus heureux?.;. Trois amis
marchent dans la rue, côte à côte, devi
sant cordialement. A un moment, l'un
d'eux serre la main aux deux autres et
s'en va, tout heureux des bons moments
que vient de lui faire passer cette cause
rie amicale. Serait-il bon pour lui, deux
minutes après, de « devenir mouche »,
comme l'on dit vulgairement, et de re
venir, sous cette forme, écouter les pro
pos que les camarades continuent à
échanger ? Mon, car au moment de son
départ la conversation est précisément
tombée sur lui, et il- y a eu des ré
flexions de ce genre : « Drôle de type...
dommage qu'il ne soit pas parfaitement
équilibré... As-tu remarqué qu'il est re
venu à son dada?...Brave garçon, maisun
peugobeur... trop tranchant...un brin de
pose...-chez quel fripier s'habille-t-il ? »
Hélas ! si les amis, sans malice, s'expri
ment quelquefois ainsi, qu'est-ce donc
quand ce sont les indifférents qui par
lent V et que doit-on entendre quand les
malveillants se mettent de la partie ?
Mieux vaut donc ne pas entendre
qu'entendre*, lorsque lés autres parlent
de vous. S'ils en disent du mal, c'est
chose attristante. Si, par grand hasard,
ils en disent du bien, quelle tentation
d'orgueil! Des âmés extraordinairement
humbles pourraient seules, dans le pre
mier cas, tirer profit de ce qu'elles ap
prendraient sur leurs défauts. Mais les
blâmes portent-ils plus souvent syr les
défauts réels que sur les défauts imagi
naires? Encore un problème, sur lequel
aucun microphone ne peut nous rensei
gner." ' ■ "
Reste le plaisir de pénétrer, sur d'au
tres points, la pensée dé tel et tel, l'a
vantage égoïste et solitaire d'être infor
mé de leurs projets, de leurs soucis, de
leurs faiblesses ! Et après ? Quelles joies
ces découvertes peuvent-elles produire,
en dehors de ces tristia mentis gaudia,
dont parle le poète ? En outre, on a tant
de peiné à porter ses propres secrets !
Quel doit être le fardeau quand on porte
par-dessus le marché les secrets d'au-
trui ! La démangeaison de parler devient
plus ardente. Or parler est tout spéciale
ment périlleux lorsqu'on ne peut pas
avouer la source de ses indiscrétions. On
grille, avec l'obligation de rester indéfi
niment sur le gril.
Décidément, JupiteT avait raison, et la
sagesse païenne se rencontre en ce point
avec celle du roi Salomon qui, lui aussi,
avait mis son ambition à résoudre beau
coup de problèmes, à percer beaucoup
de mystères, et qui avait reconnu, après
une mélancolique expérience, que tout
cela était « affliction d'esprit ».
. G. d'Azambuja. .
& LA CHAMBRE
Le droit d'association.
La majorité a voulu écarter hier
trois contre-projets qui procla
maient la liberté d'association;
Celui de M. l'abbé Lemire a été
repoussé par 405 voix contre 30 ;
celui de M. Cunéô d'Ornano par
391 voix contre 88. Mais la pre
mière vraie bataille s'est livrée sur
un texte de M. Puech, reproduisant
une proposition de M. Goblet, que
signèrent jadis plusieurs de ceux
qui n'en veulent plus aujourd'hui.
L'ancien chef incontesté du parti
radical-socialiste semble aux sec
taires domestiqués du cabinet de
défense républicaine trop libéral et
trop tolérant; on a repoussé, par
302 voix contre 235, un système qui
permettait aux « associations de
personnes de se former sans autori
sation ni. déclaration, quel que soit
leur objet, pourvu qu'il ne soit pas
contraire aux lois, aux bonnes
mœurs, ou à l'ordre public ».
M. l'abbé Lemire avait bien mon
tré, dans la seconde partie de son
discours, que lès congrégations ne
sauraient, pour le régime qu'on va
leur appliquer, être séparées de l'E
glise, et que si parfois des conflits
se sont élevés entre le clergé régu
lier et les évêques, il n'appartient
pas à l'Etat de vouloir les régler, ni
surtout de s'en faire des armes de
guerre.
Le député d'IIazebrouck avait
établi qu entre deux théories, celle
de la liberté absolue de l'Eglise,
appliquée par exemple aux Etats-
-Unis, et celle du respect loyal, du
Concordat, seule acceptable en
France, le gouvernement et la com
mission se sont prononcés pour un
expédient qui donne un privilège
aux congrégations autorisées par
voie législative, et qui refuse le
droit commun à toutes les autres.
M. Cunéo d'Ornano avait protesté
avec chaleur contre la prétention
émise, par un gouvernement répu
blicain et démocratique, de procla
mer le principe du bon plaisir et de
la confiscation ; il avait, en une for
mule applaudie, défini le contrat
«un vœu laïque » et le vœu « un
contrat. religieux », ajoutant que
l'Etat pouvait bien ne pas fournir
de sanctions légales à ce dernier,
ne pas le reconnaître, mais qu'il ne
saurait, en ; aucun cas, l'empêcher
de se former par un acte dé libre
volonté.
M.. Puech s'était borné, en s'ap-
puyant sur l'autorité de. républi
cains tels que M. Floquet et M, Go
blet, a redire au gouvernement et à
la commission combien la législa
tion forgée par eux est « réaction
naire » et anti-républicaine. -
M. Waldeck-Rousseau, après M.
Trouillot, a jugé utile de donner de sa
personne pour enlever çe premier
vote un peu significatif : a II s'agit,
disait-il, non point de statuer sur
un texte que les adversaires du pro
jet gôuvernemenal n'accepteraient
à aucun prix, si les divers articles
en étaient discutés, mais de savoir
si la majorité républicaine veut
aboutir. »
On sait du reste que. le président
du conseil exclut de « la majorité
républicaine » tous ceux, parmi les
plus anciens défenseurs de la Répu
blique, qui se refusent à adopter le
jacobinisme sectaire de M. Mille-
rand et de ses amis; la peur devait
grouper encore contre la liberté, au
scrutin public, les mêmes poltrons
qui la protégeraient au scrutin se
cret. . — .
Quant à M. Trouillot, il répondait
à M. Puech que le projet. Goblet de
vait, dans 1 esprit de son auteur,
être inséparable de. la dénonciation
du Concordat, nettement repoussé
par la Chambre en des votes suc
cessifs. Il agrémentait cette singu
lière démonstration d'attaques qu'il
voulait rendre spirituelles, et qui
n'étaient qu'odieuses et sottes con
tre ce qu'il appelait, en sa langue
de commis-voyageur anticlérical,
« un trafic d'eau bénite, de scapu-
laires etde médailles ».
VoHà un rapporteur décidément
bien dangereux... pour la lei qu'il
s'est donné la mission 5 de défendre;
le président du conseil a tenté bien
vite de faire oublier d'aussi scanda
leuses incartades ; il s'est même
annoncé prêt "à accepter quelques
amendements de détail — et M. Pel-
letan, si sévère pour le cabinet...
dans les journaux, lui a apporté un
appui effectif.
La première escarmouche lui a
été favorable ; chaque amende
ment, il y en a une soixantaine, don-
nera lieu à une nouvelle bataille. '
1 - - - " 1 - ' * " '
Gabriel de T riors.
AU SÉNAT
Les successions. — Lë douzième pro
visoire. — Proposition nécessaire.
Après avoir voté hier le second
douzième provisoire, le Sénat a
adopté, sans changement, lés der
niers articles du projet relatif à la
réforme du régime fiscal des suc
cessions. L'ensemble de la loi a été
? voté par 180 voix contre 69.
MM, Franck-Chauveau, Darbot
et Lourties ont parlé sur l'ensemble.
Le premier a déclaré qu'il ne vote-
terait pas la loi parce qu'elle conte'-
nait le principe de l'impôt progres
sif ; le second a expliqué qu'en vo
tant la graduation, il n'avait pas
entendu voter la progression ; le
troisième a fait une déclaration ana
logue.
Le Sénat a pris en considération
la proposition de loi de l'honorable
M. Cabart-Danneville tendant à in
terdire toute vente d'iles, d'îlots, de
châteaux-forts déclassés sans avis
du conseil supérieur de la marine,
du ministère de la marine et du Par
lement.
La prochaine séance a été fixée à
jeudi. Ce jour-là enfin, on attaquera
le budget.
J*. M. '
Mgr CHAPON
Voici le texte du décret que M. la
président de la République a signé
et qui ' annule , la nomination de
Mgr Chapon, évêque- de Nicë, com
me chevalier de la Légion d'hon
neur, nomination refusée par ce
prélat : .
Le président de la République fran
çaise, : . ' '
Sur la proposition du président du conr
seilj ministre de l'intérieur et des cul
tes. '<*
Article premier. — Est rapporté le dé
cret, en date du 26 janvier 1901, par le
quel M. Chapon (Henri-Louis), évêque
de Nice, est nommé chevalier de la Lé
gion d'honneur.
Art. 2. — Le président du conseil,
ministre de l'intérieur et des cultes, et le
grand-chancelier de l'ordre sont chargés,
chaciin en ce qui lé concerne, de l'exé
cution du présent décret.
Fait à Paris, la 29 janvier 1901.
Emile Lobbet.
Par le président de la République :
Lie président du conseil, ministre de l'in-
rieur et des cultes.
Waldeck-Rousseau.
BBI9 lIPWMIOtïS i ÏABIUUS
Il y a lieu de noter au passage
les remarquables témoignages ae
sympathie qu'échangent, en ce mo
ment, à l'occasion de là mort de la
reine Victoria, les souverains d'An
gleterre et d'Allemagne; ne f voir
dans ces. manifestations, multipliéeà
à dessein, que de simples effusions
de famille, serait commettre une
lourde méprise, car il est évident,
au cbntraire, que les deux: souve
rains ont profité "de cette circons
tance solennelle pour rendre osten
sible, une fois de plus, l'entente
cordiale des deux gou.vernements.
Nous disons : une fois de plus,
et en effet,cette nouvelle démonstra
tion du rapprochement politique
qui s'est fait, depuis deux ou trois
ans, entre l'Angleterre et l'Alle
magne,n'est point une révélation ; il
y a des précédents : le traité conclu,
en 1898^ entre ces deux puissances,
au sujet de l'Afrique Australe, traité
dont l'exacte teneur est encore se
crète, mais par suite duquel le gou
vernement anglais se trouva tout à
coup avoir les mains entièrement lir
bres vis-à-vis du Transvaal ; plus
tard, la longue visite, justement re
marquée alorg et si démonstrative,
que fit à Windsor l'empereur d'Al
lemagne ; enfin l'accord anglo-
allemand du 16 octobre dernier, voi
là des faits positifs dont l'impor
tance et la portée ne sauraient être
méconnues^ et que viennent sim?
plement corroborer ces diploma
tiques effusions de famille. dont
la presse anglaise nous apporte le
récit et qu'elle commente.avec une
satisfaction, très vive et fort na
turelle.
La morale de tout cecij pour ce
qui. nous regarde, c'est que la triple
alliance est éventuellement assurée
du concours effectif de l'Angle?
terre. Nos gouvernants doivent,
jusqu'à nouvel ordre, tabler là-des
sus, dans la conduite de notre poli
tique extérieure... : et intérieure.
• F. L.
SINGULIÈRE CONTRADICTION
Le Journal de l'Ain relève cette singu
lière contradiction :
Vendredi dernier a eu lieu à Marboz l'en-
terrement,du petit-fils de M. Pochon, séna
teur. Les lettres, de faire-part ne faisaient
aucune mention de passage par Téglise 1 ;
elles se terminaient par Un Souvenir au
liea de De Profundis. Cela pour Bourg et
pour les frères et : amis du déparlement.
Mais à Marboz, grand'messé et cinq prê
tres. - - ■ .
...Loin de nous toute idée de blAmer une
cérémonie religieuae que nous'serions dé
solés qui nous manquât, à nous ou aux nô
tres. ....
Toutefois, ici, quelques observations s'im
posent.
Voilà donc comme l'on est conséquent
avec soi-même !-
Anticlérical à Bourg, parce qu'à Bourg la
majorité 4es. électeurs est supposée anti
cléricale ; clérical à Marboz, parce qu'à
Marboz cette nouvelle majorité est incon
testablement cléricale.
On fait élever.sa fille par des religieuses,
puis on propose une loi pour ^exclure des
-emplois publics tout ceux qui en font au
tant. On pousse aux enterrements civils.,,
mais on n'en veut pas pour soi-même.
; Pourquoi vous donner le ridicule et l'o
dieux d imposer à autrui ce; dont vous, ne
voulez pas pour vous-même ?
On ne saurait qu'approuver pleinement
les réflexions,si justes et faites en termes
si convenables et si mesurés, du Jôur-
nal de l'Ain.
POLEMIQIES RETROSPECTIVES
ir
MONTALEMBERT
ET LOUIS VEUILLOT EN 1851 (1).
Le R: P. Lecanuet termine ainsi
son premier article sur le rôle po
litique de Montalembert en 1850 et
1851 :
Vers le même temps, Louis Veuillot,
par une de ces évolutions politiques, qui
lui coûtaient peu, lâcha lé légitimisme et
mit sa plume au^ service; du-'Président.
Montalembert se réjo.uit de ce rapproche
ment. Hélas ! il ne dura qu'vme année.
Il y a là, comme forme, trop de
désinvolture et, comme fond, dé-
faut d'exactitude....
"Louis Veuillot, quand il opposait
à la révolution et à la démagogie
la royauté, ne parlait ni n'agissait en
adversaire décidé du Président.
Au contraire il le soutenait contre
la Chambre: Qu'il le fît quelquefois
en termes très indépendants et que
sa critique, quand il fallait criti
quer, ne fût pas précisément défé
rente, — je le confesse et il l'a lui-
même confessé, — mais il n'était
pas ennemi,. Sa politique pratique
se confondait avec celle de Monta
lembert. Tout ce que . celui-ci vota
durant cette crise, Louis Veuillot
l'accepta. La seule chose que sur ce
terrain je puisse accorder à M. l'ab
bé Lecanuet — qui ne le demande
pas — c'est que l'orateur'y mettait
plus de feu que le journaliste. En
effet, Montalembert a été tout de
suite plus napoléonien, plus « éîy-
séen », selon le mot du temps, que
Louis Veuillot. J'en pourrai donner
ailleurs quelques preuves. ; Ici je
(1) Voir l'Univers du 19 janvier.
vetfx Seulement constater que le
rédacteur de VUnivers ne fit point
campagne avec lë parti légitimiste
ei par conséquent n'eut_ pas à le
lâcher. Il ne lâcha pas non plus la
thèse où il établissait au nom de l'or
dre et du droit, la supériorité de la
monarchie légitime sur la monar
chie révolutionnaire. Il y revint, au
"contraire dans les articles mêmes
où il réclama la prolongation des
pouvoirs de « M. Louis Bonaparte ».
Il est dorie impropre de dire que
Louis Veuillot lâch& le légitimisme;
il l'est plus encore d'ajouter qu'il
mit sa plume au service du Prési
dent.' ■■ ' . -.
Lâcher un prétendant pour en
servir un autre dont les chances
ont grandi, voilà une évolution qui
dans la politique et plus encore
dans la presse sent le marché; Je ne
soupçonne pas M. l'abbé Lecanuet
d'avoir tenu ce langage afin de pro
voquer une interprétation mauvaise»
J'y vois de sa part une simple fami
liarité de style et je me borne à .lui
rappeler que de la conversion ; de
Louis Veuillot, jusqu'à sa mort,-sa
Elume n'a appartenu qu'à l'Eglise'.
lorsqu 'un homme ou un parti a ré-
çu.sôn concours, c'est que cet hom
me ou ce parti marchait dans une
bonne voie et servait la bonne
cause.
En 1851, quand Montalembert
et Louis Veuillot, d'accord sur les
exigences et les possibilités politi
ques du moment, se réconcilièrent
tout à fait, il n'y avait plus lieu
d'espérer en la fusion et do cher
cher dans quelles conditions on
pourrait faire une monarchie chré
tienne. Les choses du jour écar
taient les questions de l'av.enir. Une
lutte sans merci était engagée en
tre la majorité et le Président. Les
parlementaires par des coups de
scrutin préparaient un coup de
main; les « rouges •» prêchaient
partout l'insurrection et l'organi
saient ouvertement. Louis Napo
léon, impassible et résolu, parlait en
homme qui saurait défendre, son
droit et même empiéter, au besoin
sur les droits d'autrui. On touchait
à là crise. Tous les -grands intérêts
du pays étaient en cause; Monta
lembert et Louis Veuillot appuyè
rent de plus en plus le président,
d'abord parce qu'il représehtait l'au-
torité régulière, ensuite parce qu'il
avait grandement contribué, à rele
ver le trône pontifical et que sa po-
litiquè quant aux intérêts religieux
était satisfaisante. Voici comment
Louis Veuillot a défini cette situa
tion : « Dans les discussions de jour
en jour plus animées qui dissol
vaient la majorité conservatrice, M.
de: Montalembert, était du, côté du
Prince; l'Univers, réservant l'aver
nir, était du côté du .Président; M.,
de Falloux était du côté de l'Assem
blée ôù s'ébauchait péniblement
la fusion des anciens légitimistes
et des anciens philippistes, sous
le , nom commun de parlementai
res... Au milieu de sinistres ru
meurs, à travers des convulsions
misérables où le parlementarisme
achevait de donner sa mesure, ou
arrivait à 1852. M. de Montalem
bert disait : Bonaparte ; M. de Fal
loux disait : Changarnier ; VUniverç
entre eux deux, plus près du pre
mier, disait : Réélection du présii
dent. Louis" Veuillot ajoutait : « L't/»
nivers n'est pas impériaUste de la
veille. Tout en souhaitant que la
force, si la force devait dénouer la
situation, partît de l'Elysée, et non
de la Chambre ou de la rue, nous
aurions préféré une solution con
stitutionnelle. » ; .
Montalembert ne demandait "pas
non plus ,un coup d'Etat et un Cé
sar, mais il voulait que le prince
eût un pouvoir prolongé et fort.
Assurément, ce n'était pas vouloir
l'empire, non moins : assurément
c'était ouvrir la voie impériale" au
neveu de l'empereur.
Les tapageurs du parti, légitimiste
parlementaire et de l'orlëanisme
béral, unis pour pousser ai} .gâchis
dans l'espérance d'en voir surgir lê
trône de leur goût, ne nianquèrent
pas de dire, que Louis Veuillot,
imitant Montalembert^ passait au
service de Louis Napoléon. Voici sa
réponse : . V. ;
L'Opinion publique se souvient sans
doute du temps peu éloigné où, à propos
de quelques articles qui né lui avaient
pas déplu, on nous enregistrait parmi les
journaux- légitimistes. La vérité noua
obligea de décliner cet honneur. Nous
déclarâmes' que nous étions pour la mo
narchie, et pour la monarchie légitimé,
mais que nous n'appartenons pas au par
ti légitimiste. Nous sommes précisément
dans la même situation à l'égard de M,
Bonaparte et le même sentiment nous
inspire. Nous croyons qu'il faut prolon
ger ses pouvoirs, nous pensons qu'on y
viendra, et le tout sans nous sentir au
cunement bonapartiste; Si nous l'étions
nous le dirions. ,
Louis Veuillot établissait ensuite
que l'ordre manquant dans le parti
de l'ordre et le parti 'du désordre
étant au contraire très bien ordonné,
il fallait açceptei 4 et appuyer le Pré
sident, d'abdrd pour s'en servir
contre l'ennemi commun, ensuite
pour le contenir et l'empêcher -de
tout prendre. Telle est la politique
qu'il soutint sans cesser de donner
des avis très fermes à «M .Bonaparte»
Edition quotidienne! >-«. l£,034
Jeudi 3rjâiivier 1901
ÉDITION QTJOTLDIEîîNEi
PARIS
EV départements
Un an 40 »
Six mois SI »
Trois mois 11 »
ETRANGER
(UNISN POSTALE^
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UN NUMÉRO
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Départements 15 —
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On s'abonne à Roine, place du Gesù, 8
ET
LE MONDE
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ES DÉPARTEMENTS (UNIOH POSTALE)
Un an 20 » . , 28 »
Six mois...... 10 » 13 »
Trois mois.,... 5 » 6 50
Les ahonnemèuts partent des I e » et 16 de chaque moi*
L'UNIVERS ne répond pas des manuscrits qui lui sont adressés
ANNONCES
MM. LAGRANGE, GERF et G "v6, place de la Bourse
PARIS, 30 JANVIER 1901
SOMMAIRE
La démocratie chré
tienne..;.. Pierre Veoillo*. ,
Çk et là : Un homme
qui en savait trop.. G. d'AzambuJà.
A la Chambre. ..... Gabriel db Triors .
An Sénat J. M.
Effusions diploma
tiques et familia
les .....a. ....... a." F' ti.
Polémiques rétro
spectives Eugène Veuillot.
Bulletin. — Mgr Chapon. — Les fêtes du
Mans. — Une note de l'archevêque de
Cambrai. — Informations politiques et
parlementaires. Le retour de l'explora
teur Gentil. — En Angleterre. — La reine
Victoria. — En Chine. — La guerre du
Tranav&al. — Dépêche» de l'étranger. —■
Echos de partout. — La question ouvrière.
— La grève du Métropolitain. — En pro
vince — Chronique : religieuse- —• Le
scandale dé Roubaix. — Chambre des dé-
putés : Le projet de loi sur les associa
tions. — Nécrologie. — Tribunaux. —
Nouvelle# diverses. — Calendrier, r-
Bourse et bulletin financier. — Dernière
heure.
Rome a parlé. Nous entendrons
toujours sa voix dans les sentiments
d'une soumission entière, con
fiante et joyeuse. Mais, comme un
fils est encore plus content, quand
les instructions que tui^ donne son
{>ère renferment en même temps
'approbation de ce qu'il a déjà
fait, ainsi les enseignements de
Léon XIII nous apportent-ils, avec
une vive lumière, le plus doux des
encouragements. Ce sont des or
dres, et c'est une récompense.
Nous avons appuyé le mouve-
'mexit de la Démocratie chrétienne.
Le Pape nous dit que cet effort est
légitime et doit produire de bons
fruits. L'Encyclique définit ce qu'il
faut entendre sous cette appella
tion. La Démocratie chrétienne n'a
point à jouer un rôle politique. Il
ne s'agit nullement pour elle de
s'occuper des . formes gouverne
mentales et de travailler, aans cer
tains pays, à remplacer les institu
tions par d'autres. Elle "est d'ordre
économique et social. Elle se pro
pose, en respectant tous les juste8
intérêts, tous les droits*, y compris
ceux des classes élevées, ceux des
patrons, d'améliorer autant que
possible la situation matérielle et
morale des classes populaires, des
ouvriers.
On voudra bien le reconnaître:
c'est ainsi que nous avons toujours
entendu et défendu la Démocratie
chrétienne.
Elle doit se distinguer très soi-
Ïneuaement du socialisme, que
,éon XIII, une fois de plus, dé
nonce comme le grand danger de
l'heure présente. Ce danger, il faut
le comoattr# avec une. persévé
rance infatigable,avec acharnement.
C'est ce que nous ferons, et pour
celai nous n'aurons qu'à continuer
en redoublant d'araeur, s'il se
«eut, car nous l'avons toujours fait.
ous n'avons pas cessé de voir,
dans la lutte pour les réformes équi
tables et nécessaires, lë" meilleur
moyen 4e combattre le socialisme.
Et nous avons demandé ces réfor--
mes, non seulement afin de servir
la justice et la charité, mais pous-
.sés aussi par le désir d'enlever aux
collectivistes et communistes leur
puissante arme de combat. Il est
échappé d'ailleurs, aux révolution
naires, quelques aveux significatifs.
On a pu, voir que ce qu'ils redou
taient le plus, c'était notre action.
L'organe de M. Jaurès l'a dit un
jjour, lui-même.
; Notre action ; quel est son but?
Elle « tend- à ce que ceux qui'ga-
« gnent leur vie par un travail ma-
« nuel soient ramenés à une situa-
.« tion plus tolérable et aient un peu
se de quoi assurer leur avenir ; à ce
« qu'ils puissent, chez eux ét en
« public, pratiquer la vertu et rem
et plir leurs devoirs de piété; à ce
« qu'ils sentent qu'ils sont non des
« animaux, mais, des hommes, non
« des païens, mais des. chrétiens;
q enfin à ce qu'ils marchent ainsi
« avec plus de facilité et d'ardeur
ce vers ce bien unique et nécessaire,
■fc vers ce bien suprême pour lequel
* nous sommes nés ». Cette phrase
•est empruntée à l'Encyclique. Elle
renferme la pensée dont nous avons
toujours voulu nous inspirer dans
nos efforts. Plus formellement et
pjMS étroitement que jamais, elle
nous servira de règle, pour aller au
■Allez au peuple / nous dit, ou plu
tôt nous rt oète Léon Ailla En
friêmë temps n °us Y , e ^® r ^ e
et qu'il y pousse* I e clêrgé, il for
mule à cet égard de'S prescriptions
réclamant. la prudent© "J®"
sure. Il ne faudra point' les perdre
de vue. Le prêtre, même .sour que
son action soit utile, doit sauvegar
der avant tout son caractère stfpre.
Et comme il n'a point à parler seu
lement de droits, mais aussi de de
voirs, il convient qu'il donne le
premier l'exemple de; la discipline,
par son obéissance absolue aux su
périeurs hiérarchiques. Les démo
crates chrétiens .veulent observer
ces règles. L'Encyclique lesconfir-
mera aans leurs sentiments.
De même, elle les- confirmera
dans la nécessité de parler au peu
ple de ses intérêts matériels, — sans
jamais oublier toutefois 1 ses intérêts
spirituels et moraux. Il faut lui
parler des premiers, d'abord parce
que la justice, comme la charité
nous font un pressant devoir de
nous en occuper avec lui, et en ou
tre, parce que c'est le meilleur
moyen qu'il prête l'oreille, quand
nous lui parlons des seconds. Ainsi
donc, on ne l'entretiendra pas de
ses besoins matériels uniquement
pour se concilier son-attention afin
de lui prêcher la vertu. On traitera
du premier sujet, parce qu'il est
équitable et obligatoire dô le faire ;
mais on n'oubliera point que le se
cond a beaucoup plus d'importance
encore.
Et enfin, quelques-uns de nos
amis, tout en la pratiquant aussi
bien que d'autres, ont montré un
peu trop de dédain théorique pour
l'aumône. Ils avaient tort, en ce
point. Elle né saurait être mau
vaise, puisqu'elle est nécessaire,
teut comme la différence des situa
tions sociales. Encouragés par Léon
XÎII à poursuivre l'ensemble , de
leurs efforts, ces défenseurs ardents
et dévoués de la classe ouvrière
n'hésiteront pas un instant à élimi
ner ce qui, dans le détail,ne paraî
trait point absolument conforme
aux prescriptions du, Souverain
Pontife.
Et maintenant, démocrates chré
tiens, accompagnés, nous y comp
tons, de tous les catholiques, allez
au peuple ! Travaillez plus ardem
ment que jamais à l'amélioration de
son sort matériel et moral, ét com
battez le socialisme, — au nom de
la justice et de la charité.
Pierre V euillot.
ÏÏVLLETIUt
Hier, la Chambre a continué l'examen
du projet de loi sur les associations. M.
Vaboé Lemire, MM. Cuneo d'Ornano et
Puèch ont défendu leurs divers contre-
projets qui ont été repoussés. La bataille
entre les libéraux et les sectaires s'est
surtout engagée sur le contre-projet
Puech qui a été. rejeté, par 302 voix
conlr.e 235.
Le Sénat a terminé hier la discussion
du projet de loi sur les droits de succès-
sion qui a été adopté ,dans son ensemble
à une forte majorité.
Un décret du président de la Répu
blique rapporte le décret qui avait nom
mé Mgr Chapon chevalier de là Légion
d'honneur. Le . décret n'a pas encore
paru à l 'Officiel, mais il est déjà, publié
par plusieurs journaux et nous en re
produisons plus loin le texte.
Le Reichstag a terminé hier, après
onze jours de débats, la discussion sur
la politique sociale et sur la politique
douanière qui avait été liée à d'examen
du chapitre du traitement du secrétaire
d'Etat a l'office de l'intérieur.
La clôture des débats a été votée mal
gré l'opposition des libéraux et des
socialistes. D'autres chapitres du budget
de.l'office de l'intérieur ont ensuite été
approuvés. _
Ennuyé de n'avoir depuis quelque
temps à signaler que des insuccès, lord
Kitchener avait décidé de frapper un
grand coupetde tenter encoreune fois la
capture du général Dewet : une dépêche
laconique annonce le nouvel échec du
généralissime britannique ou plutôt de
son lieutenant le général Bruce-Hamil-
ton.
Çà et là
UN HOMME QUI EN SAVAIT TROP
Jupiter dit quelque part, dans l'Odys
sée, que les hommes ont bien tort de se
plaindre, attendu qu'ils travaillent eux-
mêmes à se rendre malheureux. Ce Ju
piter-là n'était pas mauvais psycholo
gue, et il est dommage que= M. Meyer,
chef de division à la préfecture du Rhô
ne,,n'ait pu assister à ses conseils, lui
qui aimait tant, dit-on, à être « dans les
secrets des dieux ». »
On connaît l'histoire. Le chef de divi
sion se posait cette question, anxieuse
peut-être, mais oiseuse à coup sûr : « Que
pense de moi le préfet '?■•» Il se posait cette
autre également : « Que pense de moi le
secrétaire de la préfecture ? » Cette dou
ble énigme le hantait avec une importu-
nité exceptionnelle, et,malheureusement,
rien ne pouvait lui en donner le mot! Si
la franchise habitait sur la terre, il aurait
pu dire au préfet etau secrétaire : « Mon
sieur le préfet, monsieur le secrétaire,
que pensez-vous de moi ? » Mais le chef
de division savait que la franchise n'ha
bite pas sur la térré. S'il avait été phy
sionomiste, il aurait pu essayer de lire
sur le visage de ses chefs ; s'il avait été
graphologue, il aurait déchiffré les indi
cations de leur écriture ; s'il avait cru
aux songes, il serait allé consulter une
somnambule. Mais apparemment M.
Meyer ne croyait ni à la physiognomonie,
ni à la graphologie, ni au somnambu
lisme. Il ne croyait qu'à une chose : il
croyait à l'électricité,
Physicien amateur, notre fonctionnaire
eut l'idée curieuse — deux fois cu
rieuse — de disposer dans le cabinet de
ses chefs, dans leur chambre même, des
appareils ou le téléphoné sè combinait si
harmonieusement avec le microphone
qûè, de son propre cabinet pàrticuliér, il
pouvait suivre les conversations tenues
dans les pièces susdites, ce qui devait lui
aider, comme on le devine, à résoudre le
problème si intéressant qui le passion
nait.
L'artifice est découvert, l'inventeur a
reçu sa récompense. L'adversité, depuis
le temp3 d'Ulysse, héros dé l'Odyssée
susmentionnée, n'a pas cessé de s'at
tacher aux hommes de génie. Mais, ad
mettons même que le fonctionnaire en
question ait su joindre, à l'art de déro
ber les secrets desautres, celui de ne
pas laisser surprendre le sien, en eut-il
été vraiment plus heureux?.;. Trois amis
marchent dans la rue, côte à côte, devi
sant cordialement. A un moment, l'un
d'eux serre la main aux deux autres et
s'en va, tout heureux des bons moments
que vient de lui faire passer cette cause
rie amicale. Serait-il bon pour lui, deux
minutes après, de « devenir mouche »,
comme l'on dit vulgairement, et de re
venir, sous cette forme, écouter les pro
pos que les camarades continuent à
échanger ? Mon, car au moment de son
départ la conversation est précisément
tombée sur lui, et il- y a eu des ré
flexions de ce genre : « Drôle de type...
dommage qu'il ne soit pas parfaitement
équilibré... As-tu remarqué qu'il est re
venu à son dada?...Brave garçon, maisun
peugobeur... trop tranchant...un brin de
pose...-chez quel fripier s'habille-t-il ? »
Hélas ! si les amis, sans malice, s'expri
ment quelquefois ainsi, qu'est-ce donc
quand ce sont les indifférents qui par
lent V et que doit-on entendre quand les
malveillants se mettent de la partie ?
Mieux vaut donc ne pas entendre
qu'entendre*, lorsque lés autres parlent
de vous. S'ils en disent du mal, c'est
chose attristante. Si, par grand hasard,
ils en disent du bien, quelle tentation
d'orgueil! Des âmés extraordinairement
humbles pourraient seules, dans le pre
mier cas, tirer profit de ce qu'elles ap
prendraient sur leurs défauts. Mais les
blâmes portent-ils plus souvent syr les
défauts réels que sur les défauts imagi
naires? Encore un problème, sur lequel
aucun microphone ne peut nous rensei
gner." ' ■ "
Reste le plaisir de pénétrer, sur d'au
tres points, la pensée dé tel et tel, l'a
vantage égoïste et solitaire d'être infor
mé de leurs projets, de leurs soucis, de
leurs faiblesses ! Et après ? Quelles joies
ces découvertes peuvent-elles produire,
en dehors de ces tristia mentis gaudia,
dont parle le poète ? En outre, on a tant
de peiné à porter ses propres secrets !
Quel doit être le fardeau quand on porte
par-dessus le marché les secrets d'au-
trui ! La démangeaison de parler devient
plus ardente. Or parler est tout spéciale
ment périlleux lorsqu'on ne peut pas
avouer la source de ses indiscrétions. On
grille, avec l'obligation de rester indéfi
niment sur le gril.
Décidément, JupiteT avait raison, et la
sagesse païenne se rencontre en ce point
avec celle du roi Salomon qui, lui aussi,
avait mis son ambition à résoudre beau
coup de problèmes, à percer beaucoup
de mystères, et qui avait reconnu, après
une mélancolique expérience, que tout
cela était « affliction d'esprit ».
. G. d'Azambuja. .
& LA CHAMBRE
Le droit d'association.
La majorité a voulu écarter hier
trois contre-projets qui procla
maient la liberté d'association;
Celui de M. l'abbé Lemire a été
repoussé par 405 voix contre 30 ;
celui de M. Cunéô d'Ornano par
391 voix contre 88. Mais la pre
mière vraie bataille s'est livrée sur
un texte de M. Puech, reproduisant
une proposition de M. Goblet, que
signèrent jadis plusieurs de ceux
qui n'en veulent plus aujourd'hui.
L'ancien chef incontesté du parti
radical-socialiste semble aux sec
taires domestiqués du cabinet de
défense républicaine trop libéral et
trop tolérant; on a repoussé, par
302 voix contre 235, un système qui
permettait aux « associations de
personnes de se former sans autori
sation ni. déclaration, quel que soit
leur objet, pourvu qu'il ne soit pas
contraire aux lois, aux bonnes
mœurs, ou à l'ordre public ».
M. l'abbé Lemire avait bien mon
tré, dans la seconde partie de son
discours, que lès congrégations ne
sauraient, pour le régime qu'on va
leur appliquer, être séparées de l'E
glise, et que si parfois des conflits
se sont élevés entre le clergé régu
lier et les évêques, il n'appartient
pas à l'Etat de vouloir les régler, ni
surtout de s'en faire des armes de
guerre.
Le député d'IIazebrouck avait
établi qu entre deux théories, celle
de la liberté absolue de l'Eglise,
appliquée par exemple aux Etats-
-Unis, et celle du respect loyal, du
Concordat, seule acceptable en
France, le gouvernement et la com
mission se sont prononcés pour un
expédient qui donne un privilège
aux congrégations autorisées par
voie législative, et qui refuse le
droit commun à toutes les autres.
M. Cunéo d'Ornano avait protesté
avec chaleur contre la prétention
émise, par un gouvernement répu
blicain et démocratique, de procla
mer le principe du bon plaisir et de
la confiscation ; il avait, en une for
mule applaudie, défini le contrat
«un vœu laïque » et le vœu « un
contrat. religieux », ajoutant que
l'Etat pouvait bien ne pas fournir
de sanctions légales à ce dernier,
ne pas le reconnaître, mais qu'il ne
saurait, en ; aucun cas, l'empêcher
de se former par un acte dé libre
volonté.
M.. Puech s'était borné, en s'ap-
puyant sur l'autorité de. républi
cains tels que M. Floquet et M, Go
blet, a redire au gouvernement et à
la commission combien la législa
tion forgée par eux est « réaction
naire » et anti-républicaine. -
M. Waldeck-Rousseau, après M.
Trouillot, a jugé utile de donner de sa
personne pour enlever çe premier
vote un peu significatif : a II s'agit,
disait-il, non point de statuer sur
un texte que les adversaires du pro
jet gôuvernemenal n'accepteraient
à aucun prix, si les divers articles
en étaient discutés, mais de savoir
si la majorité républicaine veut
aboutir. »
On sait du reste que. le président
du conseil exclut de « la majorité
républicaine » tous ceux, parmi les
plus anciens défenseurs de la Répu
blique, qui se refusent à adopter le
jacobinisme sectaire de M. Mille-
rand et de ses amis; la peur devait
grouper encore contre la liberté, au
scrutin public, les mêmes poltrons
qui la protégeraient au scrutin se
cret. . — .
Quant à M. Trouillot, il répondait
à M. Puech que le projet. Goblet de
vait, dans 1 esprit de son auteur,
être inséparable de. la dénonciation
du Concordat, nettement repoussé
par la Chambre en des votes suc
cessifs. Il agrémentait cette singu
lière démonstration d'attaques qu'il
voulait rendre spirituelles, et qui
n'étaient qu'odieuses et sottes con
tre ce qu'il appelait, en sa langue
de commis-voyageur anticlérical,
« un trafic d'eau bénite, de scapu-
laires etde médailles ».
VoHà un rapporteur décidément
bien dangereux... pour la lei qu'il
s'est donné la mission 5 de défendre;
le président du conseil a tenté bien
vite de faire oublier d'aussi scanda
leuses incartades ; il s'est même
annoncé prêt "à accepter quelques
amendements de détail — et M. Pel-
letan, si sévère pour le cabinet...
dans les journaux, lui a apporté un
appui effectif.
La première escarmouche lui a
été favorable ; chaque amende
ment, il y en a une soixantaine, don-
nera lieu à une nouvelle bataille. '
1 - - - " 1 - ' * " '
Gabriel de T riors.
AU SÉNAT
Les successions. — Lë douzième pro
visoire. — Proposition nécessaire.
Après avoir voté hier le second
douzième provisoire, le Sénat a
adopté, sans changement, lés der
niers articles du projet relatif à la
réforme du régime fiscal des suc
cessions. L'ensemble de la loi a été
? voté par 180 voix contre 69.
MM, Franck-Chauveau, Darbot
et Lourties ont parlé sur l'ensemble.
Le premier a déclaré qu'il ne vote-
terait pas la loi parce qu'elle conte'-
nait le principe de l'impôt progres
sif ; le second a expliqué qu'en vo
tant la graduation, il n'avait pas
entendu voter la progression ; le
troisième a fait une déclaration ana
logue.
Le Sénat a pris en considération
la proposition de loi de l'honorable
M. Cabart-Danneville tendant à in
terdire toute vente d'iles, d'îlots, de
châteaux-forts déclassés sans avis
du conseil supérieur de la marine,
du ministère de la marine et du Par
lement.
La prochaine séance a été fixée à
jeudi. Ce jour-là enfin, on attaquera
le budget.
J*. M. '
Mgr CHAPON
Voici le texte du décret que M. la
président de la République a signé
et qui ' annule , la nomination de
Mgr Chapon, évêque- de Nicë, com
me chevalier de la Légion d'hon
neur, nomination refusée par ce
prélat : .
Le président de la République fran
çaise, : . ' '
Sur la proposition du président du conr
seilj ministre de l'intérieur et des cul
tes. '<*
Article premier. — Est rapporté le dé
cret, en date du 26 janvier 1901, par le
quel M. Chapon (Henri-Louis), évêque
de Nice, est nommé chevalier de la Lé
gion d'honneur.
Art. 2. — Le président du conseil,
ministre de l'intérieur et des cultes, et le
grand-chancelier de l'ordre sont chargés,
chaciin en ce qui lé concerne, de l'exé
cution du présent décret.
Fait à Paris, la 29 janvier 1901.
Emile Lobbet.
Par le président de la République :
Lie président du conseil, ministre de l'in-
rieur et des cultes.
Waldeck-Rousseau.
BBI9 lIPWMIOtïS i ÏABIUUS
Il y a lieu de noter au passage
les remarquables témoignages ae
sympathie qu'échangent, en ce mo
ment, à l'occasion de là mort de la
reine Victoria, les souverains d'An
gleterre et d'Allemagne; ne f voir
dans ces. manifestations, multipliéeà
à dessein, que de simples effusions
de famille, serait commettre une
lourde méprise, car il est évident,
au cbntraire, que les deux: souve
rains ont profité "de cette circons
tance solennelle pour rendre osten
sible, une fois de plus, l'entente
cordiale des deux gou.vernements.
Nous disons : une fois de plus,
et en effet,cette nouvelle démonstra
tion du rapprochement politique
qui s'est fait, depuis deux ou trois
ans, entre l'Angleterre et l'Alle
magne,n'est point une révélation ; il
y a des précédents : le traité conclu,
en 1898^ entre ces deux puissances,
au sujet de l'Afrique Australe, traité
dont l'exacte teneur est encore se
crète, mais par suite duquel le gou
vernement anglais se trouva tout à
coup avoir les mains entièrement lir
bres vis-à-vis du Transvaal ; plus
tard, la longue visite, justement re
marquée alorg et si démonstrative,
que fit à Windsor l'empereur d'Al
lemagne ; enfin l'accord anglo-
allemand du 16 octobre dernier, voi
là des faits positifs dont l'impor
tance et la portée ne sauraient être
méconnues^ et que viennent sim?
plement corroborer ces diploma
tiques effusions de famille. dont
la presse anglaise nous apporte le
récit et qu'elle commente.avec une
satisfaction, très vive et fort na
turelle.
La morale de tout cecij pour ce
qui. nous regarde, c'est que la triple
alliance est éventuellement assurée
du concours effectif de l'Angle?
terre. Nos gouvernants doivent,
jusqu'à nouvel ordre, tabler là-des
sus, dans la conduite de notre poli
tique extérieure... : et intérieure.
• F. L.
SINGULIÈRE CONTRADICTION
Le Journal de l'Ain relève cette singu
lière contradiction :
Vendredi dernier a eu lieu à Marboz l'en-
terrement,du petit-fils de M. Pochon, séna
teur. Les lettres, de faire-part ne faisaient
aucune mention de passage par Téglise 1 ;
elles se terminaient par Un Souvenir au
liea de De Profundis. Cela pour Bourg et
pour les frères et : amis du déparlement.
Mais à Marboz, grand'messé et cinq prê
tres. - - ■ .
...Loin de nous toute idée de blAmer une
cérémonie religieuae que nous'serions dé
solés qui nous manquât, à nous ou aux nô
tres. ....
Toutefois, ici, quelques observations s'im
posent.
Voilà donc comme l'on est conséquent
avec soi-même !-
Anticlérical à Bourg, parce qu'à Bourg la
majorité 4es. électeurs est supposée anti
cléricale ; clérical à Marboz, parce qu'à
Marboz cette nouvelle majorité est incon
testablement cléricale.
On fait élever.sa fille par des religieuses,
puis on propose une loi pour ^exclure des
-emplois publics tout ceux qui en font au
tant. On pousse aux enterrements civils.,,
mais on n'en veut pas pour soi-même.
; Pourquoi vous donner le ridicule et l'o
dieux d imposer à autrui ce; dont vous, ne
voulez pas pour vous-même ?
On ne saurait qu'approuver pleinement
les réflexions,si justes et faites en termes
si convenables et si mesurés, du Jôur-
nal de l'Ain.
POLEMIQIES RETROSPECTIVES
ir
MONTALEMBERT
ET LOUIS VEUILLOT EN 1851 (1).
Le R: P. Lecanuet termine ainsi
son premier article sur le rôle po
litique de Montalembert en 1850 et
1851 :
Vers le même temps, Louis Veuillot,
par une de ces évolutions politiques, qui
lui coûtaient peu, lâcha lé légitimisme et
mit sa plume au^ service; du-'Président.
Montalembert se réjo.uit de ce rapproche
ment. Hélas ! il ne dura qu'vme année.
Il y a là, comme forme, trop de
désinvolture et, comme fond, dé-
faut d'exactitude....
"Louis Veuillot, quand il opposait
à la révolution et à la démagogie
la royauté, ne parlait ni n'agissait en
adversaire décidé du Président.
Au contraire il le soutenait contre
la Chambre: Qu'il le fît quelquefois
en termes très indépendants et que
sa critique, quand il fallait criti
quer, ne fût pas précisément défé
rente, — je le confesse et il l'a lui-
même confessé, — mais il n'était
pas ennemi,. Sa politique pratique
se confondait avec celle de Monta
lembert. Tout ce que . celui-ci vota
durant cette crise, Louis Veuillot
l'accepta. La seule chose que sur ce
terrain je puisse accorder à M. l'ab
bé Lecanuet — qui ne le demande
pas — c'est que l'orateur'y mettait
plus de feu que le journaliste. En
effet, Montalembert a été tout de
suite plus napoléonien, plus « éîy-
séen », selon le mot du temps, que
Louis Veuillot. J'en pourrai donner
ailleurs quelques preuves. ; Ici je
(1) Voir l'Univers du 19 janvier.
vetfx Seulement constater que le
rédacteur de VUnivers ne fit point
campagne avec lë parti légitimiste
ei par conséquent n'eut_ pas à le
lâcher. Il ne lâcha pas non plus la
thèse où il établissait au nom de l'or
dre et du droit, la supériorité de la
monarchie légitime sur la monar
chie révolutionnaire. Il y revint, au
"contraire dans les articles mêmes
où il réclama la prolongation des
pouvoirs de « M. Louis Bonaparte ».
Il est dorie impropre de dire que
Louis Veuillot lâch& le légitimisme;
il l'est plus encore d'ajouter qu'il
mit sa plume au service du Prési
dent.' ■■ ' . -.
Lâcher un prétendant pour en
servir un autre dont les chances
ont grandi, voilà une évolution qui
dans la politique et plus encore
dans la presse sent le marché; Je ne
soupçonne pas M. l'abbé Lecanuet
d'avoir tenu ce langage afin de pro
voquer une interprétation mauvaise»
J'y vois de sa part une simple fami
liarité de style et je me borne à .lui
rappeler que de la conversion ; de
Louis Veuillot, jusqu'à sa mort,-sa
Elume n'a appartenu qu'à l'Eglise'.
lorsqu 'un homme ou un parti a ré-
çu.sôn concours, c'est que cet hom
me ou ce parti marchait dans une
bonne voie et servait la bonne
cause.
En 1851, quand Montalembert
et Louis Veuillot, d'accord sur les
exigences et les possibilités politi
ques du moment, se réconcilièrent
tout à fait, il n'y avait plus lieu
d'espérer en la fusion et do cher
cher dans quelles conditions on
pourrait faire une monarchie chré
tienne. Les choses du jour écar
taient les questions de l'av.enir. Une
lutte sans merci était engagée en
tre la majorité et le Président. Les
parlementaires par des coups de
scrutin préparaient un coup de
main; les « rouges •» prêchaient
partout l'insurrection et l'organi
saient ouvertement. Louis Napo
léon, impassible et résolu, parlait en
homme qui saurait défendre, son
droit et même empiéter, au besoin
sur les droits d'autrui. On touchait
à là crise. Tous les -grands intérêts
du pays étaient en cause; Monta
lembert et Louis Veuillot appuyè
rent de plus en plus le président,
d'abord parce qu'il représehtait l'au-
torité régulière, ensuite parce qu'il
avait grandement contribué, à rele
ver le trône pontifical et que sa po-
litiquè quant aux intérêts religieux
était satisfaisante. Voici comment
Louis Veuillot a défini cette situa
tion : « Dans les discussions de jour
en jour plus animées qui dissol
vaient la majorité conservatrice, M.
de: Montalembert, était du, côté du
Prince; l'Univers, réservant l'aver
nir, était du côté du .Président; M.,
de Falloux était du côté de l'Assem
blée ôù s'ébauchait péniblement
la fusion des anciens légitimistes
et des anciens philippistes, sous
le , nom commun de parlementai
res... Au milieu de sinistres ru
meurs, à travers des convulsions
misérables où le parlementarisme
achevait de donner sa mesure, ou
arrivait à 1852. M. de Montalem
bert disait : Bonaparte ; M. de Fal
loux disait : Changarnier ; VUniverç
entre eux deux, plus près du pre
mier, disait : Réélection du présii
dent. Louis" Veuillot ajoutait : « L't/»
nivers n'est pas impériaUste de la
veille. Tout en souhaitant que la
force, si la force devait dénouer la
situation, partît de l'Elysée, et non
de la Chambre ou de la rue, nous
aurions préféré une solution con
stitutionnelle. » ; .
Montalembert ne demandait "pas
non plus ,un coup d'Etat et un Cé
sar, mais il voulait que le prince
eût un pouvoir prolongé et fort.
Assurément, ce n'était pas vouloir
l'empire, non moins : assurément
c'était ouvrir la voie impériale" au
neveu de l'empereur.
Les tapageurs du parti, légitimiste
parlementaire et de l'orlëanisme
béral, unis pour pousser ai} .gâchis
dans l'espérance d'en voir surgir lê
trône de leur goût, ne nianquèrent
pas de dire, que Louis Veuillot,
imitant Montalembert^ passait au
service de Louis Napoléon. Voici sa
réponse : . V. ;
L'Opinion publique se souvient sans
doute du temps peu éloigné où, à propos
de quelques articles qui né lui avaient
pas déplu, on nous enregistrait parmi les
journaux- légitimistes. La vérité noua
obligea de décliner cet honneur. Nous
déclarâmes' que nous étions pour la mo
narchie, et pour la monarchie légitimé,
mais que nous n'appartenons pas au par
ti légitimiste. Nous sommes précisément
dans la même situation à l'égard de M,
Bonaparte et le même sentiment nous
inspire. Nous croyons qu'il faut prolon
ger ses pouvoirs, nous pensons qu'on y
viendra, et le tout sans nous sentir au
cunement bonapartiste; Si nous l'étions
nous le dirions. ,
Louis Veuillot établissait ensuite
que l'ordre manquant dans le parti
de l'ordre et le parti 'du désordre
étant au contraire très bien ordonné,
il fallait açceptei 4 et appuyer le Pré
sident, d'abdrd pour s'en servir
contre l'ennemi commun, ensuite
pour le contenir et l'empêcher -de
tout prendre. Telle est la politique
qu'il soutint sans cesser de donner
des avis très fermes à «M .Bonaparte»
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