Titre : L'Univers
Éditeur : L'Univers (Paris)
Date d'édition : 1901-01-13
Contributeur : Veuillot, Louis (1813-1883). Rédacteur
Contributeur : Veuillot, Pierre (1859-1907). Rédacteur
Contributeur : Veuillot, François (1870-1952). Rédacteur
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34520232c
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 13 janvier 1901 13 janvier 1901
Description : 1901/01/13 (Numéro 12016). 1901/01/13 (Numéro 12016).
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse Collection numérique : Bibliographie de la presse
Description : Collection numérique : BIPFPIG44 Collection numérique : BIPFPIG44
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k710608j
Source : Bibliothèque nationale de France
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 06/02/2011
Dimanche 13 Janvier 1901
Edition quotidienne. — ,12,016
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Dimanche
édition quotidienne
PARIS
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LE
18 Janvier 1901
édition semi-quotidienne .
PARIS * ÉTRANGER
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L'UNIVERS ne répond, pas des manuscrits qui lui sont adressés
ANNONCES'
. MM. LAQRA.NGE, CERF et C i
PARIS, 12 JANVIER 1901.
SOMlklAIKB,
Les ennemis de la
France et notre -
crise religieuse... GLV. ' * <
A un candidat..... Eugène Veuillot.
Çà et là : Vers l'hos
pice Joseph Legueu.
Les affaires de
Chine...,..-. F. L.
Lettre du Trans- ,
vaal. A-, XXX.
Bulletin. — NouveUen dé Ho aie.— Un
aveu. — Prières publiques. — Inégalité-
illégalité.— La lettre de S. S. LéonXIII
et l'épiscopat. — Mesure logique. — Pa
roles épiscopales. —L'hospice de Saint-
Louis ae Chalon. — Les biens des- reli
gieux. — Informations politique*. rr. L'af
faire Ouignet. —Une manifestation pour
les Boers. La. g*uerré ' du Transvaiil.
— En (Jhine. -r- . Dépêches de i'étran
ger. — Chronique. — Lettres, scien
ces et arts. — Institut catholique de Pa
ris.,— Cercle du Luxembourg. —• Echos
de partout. — Chronique religieuse. —•
Les réceptions de l'archevêché. —' La
questioa ouvrière. —En province. — Mé
ditations selon . l'esprit de l'Egliàe.
Guerre et marine;. — Nécrologie. — ; Trl-
bunaux. — Le sauvetage de-la Russie. —
Nouvelles diverses. — Jardin d'accïiir.ata-
tJon. — Qa'.evirler. — Bourse et. bulletin
financier: — Dernière heure.
US ÏHÏS1S MU ÏBiJCS
ÉT OTS CBISS E.UI61EISE
U Italie est, comme chacun sait,
un journal officieux quise : publie à
Rome en. français, à l'intention du
monde diplomatique. • ...
Cet organe quirinalis te a eu la
bonté de nous initier, tout récem
ment, aux; pensées §ecrètes que
fait naître, chez, les" gouvernants
italiens, la crise reJ.igie.use de notre
pays. II nous les fait lire, dans un
article, qu'il intitule : « La banque
route d'une politique^ » ;s '
L'auteur de cet article, vrâiJarms
quadrifrons, y poursuit a la fois '
trois ou quatre objectifs Opposés ;
mais son intention principale y,
perce à chaque - ligne : il a surtout
pour, but ,de discréditer le rallie
ment, aux", yeux, des catholiques
français, et- de pousser en même
temps le gouvernement français
dans la voie des persécutions réli-
gieuses.
Ce factum àlambiqué constitue un
document politico - psychologique
des plus instructifsrNoûs "voudrions
qu'il fût, en effet,,médité • «h'ez nous
■ par les catholiques et pairie gouver-
némeak- ■.. ;
c ; . ' i. „ s H , . t", ** ' .Î.Y'
f * •>: : U \ ' '•"* \
Aux catholique?, français, VItalie..
sert une thèse qu'elle °puis .e dans
certains de'nos,organes monarchis--
tes impénitents, et ."qui lai paraît
très propre à augmenter nos. divi
sions. > ... " . '
. Le'Pàpe vous sacrifie, dit-elle eu
substance, à.son ambition person
nelle. Il veut recouvrer le pouvoir
temporel. C'est dans ce but qu'il
manifeste -une impardonnable ; -con
descendance à l'égard de la Répu
blique française, essentiellement
antireligieuse. ■■-. -
L'expérience est faite aujour
d'hui, continue l'organe du Qiriri-
nal;— la politique- au ralliement a
été .une fausse manœuvre : elle; a
échoué; il est temps que les catho
liques français se ressaisissent,
Su'ils rompent carrément avec Jès
irêctiohs pontificales ,et qu'ils gar-
nissent de nouveau les vieux cadre»
des : partis monarchistes!
Dans sa ferveur à étayer sa dé
monstration, l'écrivain franco-ita
lien' ramasse à pleines mains les
arguments Tes plus bizarres. Con
sidérez, dit-ilj. les fruits dix rallie
ment, et jugez s'il a été efficace:
depuis-ique Léon XIII a recom
mandé -aux- catholiques . d'accepter
la République, la politique antire?
lîgieuse n'a cessé de s'aggraver en
France : « Nous eûmes, dït-il, l'ar
ticle 7, le fameux article, décro-
cheur (sic); nous eûmes les portes
des couyentsenfoncées; nous eûmes
des persécutions religieuses plus
ou moins drapées dans l'apparence
d'une légalité opportuniste, » :
Phénomène caractéristique ! Pour
établir que le ralliement a été inu
tile, l'étrange avocat de nos partis-
monarchistes, cite précisément les
lois antérieures au ralliement!
•».i . •-* •• ' "■» • ' • _ " J
. .' a i'i' ç.' '*
La vérité est que le rallièmenf; a
déjà produit des fruits appréciables;
Il a sérieusement enrayé le mouve
ment antireligieux en France. Il
suffit .de comparer les années qui
ont précédé l'Encyclique du J6. fé
vrier 1892 à îa période qui l'a sui
vie,.pour constater, chez nous, un
recul effectif de la politique sectaire
et maçonnique.
C'est précisément pour parer aux
conséquences inévitables du « ral
liement » que le Grand-Orient de
Paris a réorganisé toutes les forces
anticléricales, et qu'il leur a donné
pour consigne de rejeter les catho
liques par de nouvelles lois antireli
gieuses, dans, l'opposition à,la'Ré
publique.
La crise actuelle est l'aboutissasl t
de cet immense effort, de la réaction i
maçonnique. Il fallait s'y attendr.-e .
Mais cette crise même que les*,
ennemis de l'Eglise viennent d'ou
vrir, aux applaudissements des, en
nemis de la France; prouve, avec
éclat, combien profonde est, dès
maintenant, l'œuvré du ralliement."
' Tout ce que l'ancien parti répu
blicain compte d'éléments modérés
a écouté avec déférence la parole du
Pape ; la lettre de Léon XIII a été
commentée- avec -respect par les
grands organes de ce parti, comme
venant d'une puissance notoirement
amie et alliée de la France.Grâce au
« ralliement », le Saint-Siège a pu,
sans étonner personne, invoquer,
aù profit de nos libertés religieuses,
les principes démocratiques de la
République française.
Oui, : c'est maintenant que .l'on
commence à recueillir les résultats
de la Lettre aux Français. Les ea-
; tholiques de France ne sont plus
isolés ; ils ont pour alliés tous les
républicains de bonne foi ; de con
cert avec ceux-ci, ils .peuvent prati;
quer une politique essentiellement
française et foncièrement républi
caine.,, Les ennemis irréconcilia
bles de la France sont-dans leur
rôle quand ils s'efforcent de taire
avorter les directions pontificales,
•à l'heure où elles sont plus; que ja
mais opportunes, à l'heure d'une
manœuvre déGisivè. *
'".Nous" avons : conscience de reni- ;
~piip, nous, notre devoir en insistar.j. j
pour que tous .. les catholiques j
hâtent de se réunir.au reste de
Français, autour de la bannière rè--
publicaine; tant pour repousser les
lois hostiles aux congrégations re
ligieuses, que pour continuer en
suite, si nous échouions cette fois,,
la lutte en faveur dè toutes nos li-.
Jjertés".
G. Y.
" «BULLETIVt
: Hier, au Sénat, M. faîtières, en pre
nant possession: du fauteuil présiden
tiel, a, remercié ses collègues qui l'avaient ;
réélu. Nous avons .-donné- en Dernière
heure son discours, ■- très applaudi à
gauche. Après quoi, il a prononcé Vér
loge funèbre du général Lambert. •
. Au conseil des ministres j le général
André a présenté hier un projet de loi
d'après lequel les séminaristes-soldats
seront immédiatement versés dans les ser-
vices des infirmeries et ambulances.
Ainsi que nous l'avons dit en Dernière
Heure, tes passagers et les marins de la
Russie ont pu enfin être sauvés hier; la
prèsse est unanime pour féliciter les hé
roïques sauveteurs de Carro.. '
; On annonèe une prochaine interpella-
lion à ld. Gks.mkre- sur-l'insuffisancç 4 e .s
moyens de sauvetage: ; ' ' ■
Dans la colonie du Cap, les Boers con
tinuent leur in.va.sion; on ne peut -point
dirceneo7'e d'une façon certaine que les
Afrikanders se ■ soulèveront en masse
contre la domination anglaise, mais il
semble déjà acquis qu'un très grand
nombre d'entre eux soutiennentplus ou
moins ouvertement la cause des républi
cains. ■ --
; Nous donnons plus loînjune Lettre
du Transvaal. où l'on trouvera des dé
tails fort curieux sur les origines de la
guerf? et sur certains projcéàé's anglais,
ainsi que sur le caractère des Boers.., ; <
NOUVELLES DE KOMEJ
. 10 janvier..
ta presse ^airiiialiste,
! contre le duc j>e norfolk" ''
liés journaux quirinaîisîes se montrent
vivement émus de l'important discours
prononce' par le duc de Norfolk. Us s'ef
forcent de travestir les paroles de l'émi-
nent catholicfue anglais, afin de éoulever
contre lui l'opinion britannique. Le duc
a parlé, avec, un grand respect, de ses
compatriotes nfln catholiques, en expri-,
mant le vœu que lè catholicisme rétablie
ra bientôt l'unité religieuse dans son
. payg. Ce qu'il. a flétri, ce sont les ma
nœuvres des sociétés de propagande pro-
: testante à Rome, où elles exploitent la
misère du menu peuple pour lui arra
cher les croyances catholiques. La presse'
! quirînaliste s'élève, avec violence contre
ce qu'elle appelle « une vaine et vide
agitation étrangère en faveur de la res
tauration du pouvoir temporel » ; elle
est visiblement troublée de voir la ques
tion çomaine se poser avec plus de nette
té que jamais. _ -
contre mgr favier
JLa Tribuna revient, à. contre-cœur,
Sur «ses insinuations contre Mgr Favier.'
Elle est obligée dé reconnaître, à la suite
de l'interview publiée par le Temps, que
Mgr Favier n'a contredit, en aucune fa
çon, la Lettre pontificale, et qu'en affir
mant avec " force l'amour du Pape pour
notre pays, l'évêque de Pékin s'est bien
;gardé.de préjuger des décisions impos
sibles à prévoir et qui dépendront néces
sairement de bien des circonstances.
Ce matin, la Patria vient cependant à
la rescousse de la Tribuna d'hier. Elle
:ne dissimule pas le dépit que lui cause
Ha présence de Mgr Favier en France, en
ve moment.
« En dix jours, Mgr Favier a donné
-vingt interviews : il a démenti le Pape et
défendu l'impératrice de Chine ; il a dis
serté sur . la loi des associations et il a
fourni des nouvelles fraîches sur les
boxeurs ; il a été reçu par le Pape et il ;
sera reçu par Delcaesé. Comme activité
et comme mobilité, convenez-en, ce n'est
pas mal pour lin évêque, même quand il
revient de Chine... » •
" La presse antifrançaise et anticléri
cale aspire ici à ce que le Parlement
français vote cette loi des associations.
Elle s'inquiète de l'effet que peuvent
produire sur les hommes politiques fran
çais sur l'opinion publique de notre pays,
les renseignements communiqués par
Mgr Favier touchant notre protectorat,
et touchant l'importance de ce protecto
rat pour notre influence en Extrême-
Orient. •
contre l'autriche
La même presse a un accès d'irréden**
tisme aigu, à l'occasion des élections
autrichiennes. Elle Se réjouit bruyam
ment du succès qu'a remporté à Triesté
le candidat irrédentiste Attilio Hortis :
celui-ci a obtenu 10,699 voix contre
8,400 acquises à son concurrent. Rybar.
La Tribuna "s'indigne que les eocialistea
Slovènes aient uni leurs suffrages, sur la
nom de Èybar, a à ceux des gouverne
mentaux, des cléricaux et dé tous les en
nemis des Italiens. »
AU
Il y aura le 3 février prochain
une élection dè député dans le
XI e arrondissement de Paris. Le
candidat ministériel est M. .Alle-
mane, socialiste révolutionnaire et
.plus ou moifts• iu!f.-43^ést
■i 'c'. .
Los
'lut.'"
transigeant et-'peut-etre aussi tes-
républicains nationalistes de la
« Patrie française » lui opposent
M. Max Régis, le jeune et très agis
sant maire d'Alger. Celui-ci a parlé
hier dans une réunion nombreuse
organisée par ses amis. Sa candi
dature a été acclamée.
D'anciennes déclarations de M.
Régis nous faisaient attendre aveG
quelque intérêt sa profession de foi
en matière religieuse. Voici, d'après
île compte rendu de son organe of
ficiel, la Libre Parole, ce qu'il a
dit ; -
Notre ami proteste 'contre la légende 1
que la presse dreyfusarde a créée contre
ilui < il se défend de cléricalisme, ne pra
tiquant aucune religion, mais les respec-,
tant toutes. Il n'est pas réactionnaire,
puisqu'il a toujours combattu pour la li
berté et que dans cette lutte il a été main
tes fois blessé...
i La liberté étant le principe fondamen-
ital de la République, elle doit s'étendre
iaux croyances et aux opinions, c'est pour
quoi Max Régis -réclame-4a- -liberté de
' conscience ; ichose tropintime piour que nous ayons le
: droit d'y pénétrer et afin d'avoir sous ce
rapport la.paixisociale, il faut rendre aux
•Eglises.e.t gi JEtat,par une,séparation ab
solue, leur indepeiiuâûCC . ?
Il y a là une - déclaration très
nette d'incrédulité absolue et-une
promesse vague quant au respect
de la liberté dé conscience. Il fau
drait sur f ce second point un peu
plusdè précision. ■
, Vous voyons bien que M. Max
Régis ne croyant à rien fait bon
■marché de tout rapport entre l'Etat
et « les Eglises », et, par suite, déli
vrerait très vite l'Etat des obliga
tions que lui impose le concordat;
mais nous, ne voyons pas ce"qu'il
pense des questions aujourd'hui
posées; S'il est élu, il aura dès le
lendemain à se prononcer pour oui
contre la liberté des congrégations.
Que fera-t-il? "
Les catholiques sincères, les ca
tholiques de pratique comme de
nom, sans être très nombreux dans
l'arrondissement où il se présente,
y forment- pendant un appoint sé
rieux. Certes, iis^ -donneront.pas
une seule, voix au canu^
tériel; mais il leur en coûtera u
tre part de voter pour un citoyen
qui fait fi de toute religion, et se
montre d'humeur à sacrifier, sans
compensation, ce que le concordat
a laissé ou rendu à l'Eglise.
Que M. Régis dise au moins dès
à présent s'il veut ou ne veut pas la
liberté —une vraie liberté — d'as
sociation pour tout le monde; c'est-
à-dire pour les Jésuites, les Capu
cins, les Àssomptidnnistes, etc.,
comme pour les francs-maçons: Il
doit être franc ; qu'il parle ' avec
franchise.
Eugène V euiixot.
Çà et là
, VERS L'HOSPICE
Jereçus lundi matin par la poste un
pli que j'ouvris sans délai. J'avais en
effet reconnu le papier mauve bordé de
noir qu'emploie ordinairement ma vieille
cousine, Mlle de Fornery. Et j'aime à
lire les missives de cette vénérable et
discrète personne, car elle semble com
muniquer à tout ce qui la touche, à tout
ce qui vient d'elle; un peu de ce rayonne
ment calme et doux que lui donnent l'as
sidue prière et.la longue habitude de se
consacrer au service et au bonheur des
autres.
« Je désirerais te voir le plus" tôt pas
sible à Quinville ; j'ai besoin de toi », me
disait en substance ma septuagénaire
parente. Mais elle avait enveloppé cet
appel dans des formules pleines d'une
courtoisie cérémonieuse, et d'un charme
suranné. Et le : jour même je partis,'d'a.^
bord, parce que je n'avais pas grand'-
chose à faire dans la capitale ; ensuite,
parce que j'ai toujours plaisir à' revoir
la vieille et bizarre construction de bri
ques, appelée le Mesnil-Lanchon, où
Mlle de Fornery fait régner un ordre très
4ninutie.ux et une paix très reposante ;
enfin, parce que j'étais sûr qu'il s'agis
sait de mener à'bien, sans qu'il m'en
coûtât trop de peine, quelque bonne œu
vre. ■
- Et je ne m'étais pas trompé.;. Mardi, à
une heure, ma charitable cousine et moi,
nous partîmes de Quinville* dans une
voiture que connaît tout le canton de
Bùchy, et qui est de cet antique modèle
qu'on appelle là-bas « une demi-for
tune ». La neige qui était tombée durant
la nuit faisait la route blanche, et la
neige qui menaçait de tomber encore
faisait le ciel noir.. Le père Casimir, le
cocher de Mile de Fornery, vieux", calme
et bon comme elle* hâtait lentement le
pas du cheval truité Bijou, qui semblait
scandalisé de sentir, de temps à autre, un
petit bout de mèche toucher timidement,
comme avec respectées flancs très gras.
Toutes les cinq minutes, Mlle de Fornery
baissait la glace qui nous séparait du do
mestique, et—elle si attentive d'ordinaire
a ménager le précieux quadrupède qui
dëpuis quinze années la traîne — élis di
sait, un peu nerveuse,à Casimir : « Mais,
pressez-vous donc ! »
Le bonhomme secouait 1^ "
conviction, avec des Hue
qu'il sentait inutiles.:.. Et'tui:uî i
4ft, ir 4ieures pour faire qu3tOi-:v.î Ui'.omè- j
très, qui nous menèrent jv;:. va î.
commune de Brémepoix. Là, au fond
d'une cour herbue', où quelques pom
miers dressaient leurs troncs recourbés
i en,des formes bizarres, on apercevait les-
murs de galandage d'une chaumière dé
labrée. Il semblait què la misère et la
saleté eussent élu dans cet «ndroit, de
puis des années et des années, l'un de.,
leurs domiciles préférés. Lès carreaux
n'avaient plus de transparence, et le pavé
plus de couleur. Sur un lit exigu, un
adolescent gisait,...couvert de plaies,,le
corps déformé par une coxalgie ancienne.
Mais son visage pâle> était -éclairé d'un,
sourire, qui s'épanouit davantage quand
: nous entrâmes. ;
Le père du malade était parti au loin
sexéreer son métier" d'ouvrier bouilleur.
de cru. Je me garderai bien de prendre
1 parti dans une question brûlante (c'est lé
cas de le dire) qui, depuis longtemps,
partage en deux clans adverses la Nor-.
!mandie et pas mal d'autres provinces.?
'Sans me prononcer pour ou contre le fa
meux privilège et la isurtaxe de l'alcool-,
'je constaterai'seulement que le bonhom
me Capitrel a; coutume de préïèver sur'
;lès eaux-de-vie qu'il distille uu large un-,
pôt, qui prend la forme de libations ré
pétées.
> Sa femme .trop volontiers -l'imite,,
presque quotidiennement, prétextant 7
quelque acauisiticr» l'épi-
cière-débitante de la place de 1,'Ëglisè.
Et, dsas ces habitudes invétérées d'in
tempérance résidait sans doute l'origine
de la maladie de l'enfant martyr que
nous avions sous les yeux, que nous ve
inions arrachera cette tanière. Nous de
vions le transporter! dans un petit hos
pice qu'a fondé à.ïlouèn la. bienfaisance,
privée,-et où Mlle de Fornery avait obtenu ,
un lit pour son malheureux protégé.
C'était là une faveur contraire au règle
ment, la famille Capitrel' n'habitant pas.
la ville irï6me. Mais, je" ne connais pas
de règlement qui ne fléchisse devant ma;
vieille cbusine, lorsqu'elle demande d'une
.certaine façon, avec line majesté qui
■évoque l'idée d'un autre siècle, avec un
singulier mélange de supplication (ar
dente et d'inébranlable volonté. , ,
! Le cœur de la mère se réveilla, parmi
les fumées de l'alcool, quand, le vieux
.Casimir et moi, nous prîmes le malade
dans nos bras pour l'emporter jusqu'à la
voiture. La femme Capitrel regrettait
maintenant, semblait-il, un départ au-
çyel, deux où trois jours plus tôt, elle
^jé jïeureuse de consentir. Elle em-
. "itîauinigFg de ses. cris. Toutefois,
plit la, r , r, a3 sç satisfaite au
ellenerep i • &ura j jt bouche
fond de penSf-r qu. ï ^ M eg
de moins a nournr a V^^ { & r
ressources rapportées a^, •.
bouilleur. Devant lés sanglots
paysanne, devant les clameurs de quatre
marmots Capitrel, hâves et déguenillés,
devant les invectives de quelques voi
sines accourues au bruit, ma vieille pa
rente conserva son calme souverain.
Avec des ' mots très doux, très simples,
elle finit par convaincra la ménagère que
nous emmenions son fils vers des soins
dévoués, vers un lit moelleux et blanc,
vers lia guérison peut-être,... ,
; En quittant lé logis où il avait tant
souffert, la mère qui n'avait pas su lui
être maternelle, et les petits qui, dans
leurs jeux, avaient parfois secoué dure
ment son lit de douleur, Fernand Capi
trel pleura de grosses larmes silencieux
ses qui n'en finissaient'plus. Et cepen
dant, sur ses lèvres pâlies ne cessa d'er
rer son mystérieux sourire...
' Pour le pauvre enfant, le voyage jus
qu'à Quinville dut être un long supplice.
La route était fertile en cahots, et Bijou*
qui'avait dans les jambes une,dose inu
sitée de kilomètres, restait plus que ja
mais sourd à toutes les exhortations. Il
trottait presque au pas (si je puis m'ex-
primer ainsi), retardant l'arrivée du mar
lade jusqu'à la chambre bien chauffé»
qui l'attendait, et où un bifteck saignant
et tendre remplaça pour lui, ce soir-là,
les a tignoles et les lentilles coutumières,
nourriture insuffisante et rude qui, de
puis des années; aggravait le délabre
ment et la faiblesse du malade.
Cette nuit parut à Fernand Capi
trel comme une oasis dans son exis
tence douloureuse. Le lendemain, sur le
coup de huit heures, il eut un vrai trans
port d'enthousiasme en mangeant pour
la première fois « du chocolat cuit i,;à la
vanille, servi dans une de ces tassés
dont Mlle de Fornery est si fière, et où,
depuis deux siècles, des hirondelles très
noires ; rayent de leur vol un ciel; très
bleu... Mais cette trêve dans la souf
france fut bien courte pour le petit pay
san. Il fallut presque aussitôt le trans
porter à la gare de Buchy; puis il dut
affronter les heurtï d'un Tvagon, et, à
Rouen, les durs coussins d'un dés fiacres
"antédiluviens (si Ton nie permet la har
diesse de cet adjectif) qui ne sontpas la
gloire de la viéillé cité normande.
A- l'hospice Sainte-Marguerite, je dé
posai mon.fardeau vivant Je ne reverrai plus le pauvre gamin. Je
connais assez de médecine pour ; savoir
que les soins dévoués qà'il va recevoir
maintenant seront venus trop tard. Quand
je retournerai à Rouen, Fernand Capitrel
ne sera plus. Et uft problème Restera tour-
jours mystérieux pour moi. Durant, tout
le trajet la douleur n'avait pas arraché
une plainte à l'enfant infirme, et le sou
rire éternel dont j'ai parié avait fleuri
ses lèvrès. D'où lui venait ce courage ? Le
pauvre garçon ne me l'a. pas dit ; il n^au-
rait point su I* dire, peut-être. Etait-ce
seulement la longue habitude de la souf-
T T é'înrr.E'se contre»elle ?
• ... à?w? .. t inse parmi des
■-u;..,. uitjtwuiêsr.^ssier8 â commç une.
n-.îs hj la. ç-jma- orv;r! ('■pinéûx buisson,
a > . .- j . , . .. . . 4}jiré de .Bréme
poix à lire, sur les pages : jaunies de son
catéchisme, les grandes leçons de la ré
signation chrétienne ? Voyait^il déjà, dé
ses yeux bleus rêveùrs, le ciel ouvert, et
était-ce aux anges, avec lesquels il sera
demain, qu'hier il souciait ainsi ?..*
: . *,j Joseph Legueu.
; = . : -^4—-
UN AVEU
•. L'A utorité, -qui a> maintes-foi» ré
clamé contre le qualificatif réfrac-
taire, l'accepte aujourd'hui ; pour
élle et ses alliés. Après avoir af
firmé que. lé Pape, en matière poli
tique, peut seulement donner des
conseils et -non ; des ,ordres, elle
ajouter .A
La preuve, c'est que, malgré les in-,
jonctions répétées de Rome, .un grand,
nombre de . catholiques, hélas! mieux
renseignés quq Romè, les .é.véneitnents le.
prouvent i sê sont déclarés réfractaires'
i —r. ils acceptent le mot — aux conseils de.
: Rome. - " ' ' '
Les soulignements sont de -l'Au
torité. ... .- . • . r
Nous ne discutons., rien; mai»
nous demandons: aux feuilles catho
liques, amies obliques de l'Autorité,
leur avis sur cet aveu. !
LES AFFAIRES DE CHINE
Le Céleste Empire est décidément
: le pays des surprises et des Giiun-,
;gementS " à"Vûe*: l'autre jour, on
nous annonçait, en guise d'étrennes,
que l'empereur de Chine réfugié à
Si-Ngan-Fou, après avoir pris con-'
. naissance des conditions énumérées
(dans la note collective des Puis-'
sancés, dite note-conjointe; les avait
formellement acceptées, en tant que-
bases de la paix future, et que par
uh édit portant le scea,ù impérial, il'
avait autorisé ses représentants, le
prince Tching et Li-IIung-Tchang,
à ouvrir sans retard les négocia*
tions, depuis si longtemps en pers
pective. ''
Cette bonne nouvelle avait été
agréablement accueillie par la plu
part des chancelleries, et l'on était en
train de la commenter diversement-
d ans la presse des deux mondes, :
selon le tempérament plus ou moins
optimiste des commentateurs, lors-
, que l'on a appris tout à coup que
l'impératrice dtiuairière, toujours
t oute-puissante, revenant sur l'ap-
Srobatiôn donnée *■ par' lé fantôme
.'éri>pereur qu'elle fait apparaître'
' pu disparaître* à son gré; discutait
'«<* 6Qfldit4on:s de ia noté conjointe,
quelqiaps-uiaes, mais
en admti»,.. " - los reprêspn-
repoussait celles H èrent,
tants des Puissances -coiio..
de leur point de vue, comme les piu»<,
importantes. - x ■
Par conséquent, les malheureu
ses négociations, tant de fois annon
cées comme prochaines, étaient de
nouveau ajournées, et comme on dit: :
sine die. ' • -.
Il est vrai que nous lisions, en
même - temps, dans les dépêches,
Ïue le prince Tching et Li-llung-
'chang, forts, de l'édit impérial qui
les autorise à négocier sur les Ba
ses de la.jnotç; collective,;- mon
traient désireux , d'ouvrir les négo- ;
ciations ; mais vraiment, ces émi-
nents diplomates chinois prêtent à
leurs collègues d'en face,européens,
américains ou japonais,, une dose
de naïveté Un peu trop forte, quan 'vd
ils les supposent capables d'accepter*
un rôle dans une comédie aussi fla
grante : que péutron* faire dé sérieux
avec des'négociateurs qui viennent
à peine d'être autorisés à négociée
par l'empereur, qu'ils sont aussitôt
dessaisis et désavoués d'avance, par
l'impératrice douairière?
Au-reste, cette contradiction s'ex
plique par .les divisions et les ré
criminations, auxquelles la cour im- I
pérjale; de Si-Ngan-Fou est en.
proie, et qui de là gatgneivt toute la-
Chine; Jà . dessus Joutes les in-i
formations européennes s'accor-j
dent : partout règnemt le désarroi*,
la confusion, l'anarchie, et ce n'est
;pas une exagération de dire que
J'empire. chinois est actuellement
en. pleine désorganisation. Les ar
mées souffrènt cruellement du ma,n-
qiie de vivres et de vêtements ; aus
si n'est-il pas surprenant "de les
yoir,à péine rassemblées,se disaou-
dre d'elles-mêmes. La famine dé
sole, plusieurs provinces; elle est, à
ce point horrible dans le Chen-Si
qu'il s'y vend de la chair humaine!
Les trésors des provinces ayànt
été vidés,- la plupart par le gaspilla
ge ou le pillage,la Chine se trou
vera pendant de longues -années
réduite à ^impuissance, d'autant
plus, qu'il lui va falloir payer aux
alliés de lourdes indemnités: Da:ns
la vallée du Yang-Tsé, cependant,
la ' tràriquillité s'est à peu .près
maintenue, grâce à là prudence" et
à l'esprit conciliant des vicerrôia. '
En résumé, l'état intérieur d?
l'empire chinois, dans la crise for
midable qu'il traverse, est actuelles
ment tel, que toutes les circons
tances lui deviennent contraires, si
bien que l'on peut 'dire, avec une
entière assurance, que le temps',
lui aussi, travaille très efficacement;
en faveur des puissances coalisées;
• '' T'* ' '• ; '" ri - '
M LETTRE DE 1 J. LÉON Xffl 1 '
ET L'ÊPISCOPÀT
Voici la lettre que S. Em. le car
dinal. Langénieux, archevêque de
; Reims, adresse au ; clergé et aux
fidèles de son diocèse en leur com-t
'muniquan't la Lettre . de - S. S.
Léon XIII au cardinal archevêque'
'.de Paris au sujet des congréga-»
; tions -
Nos très ichers frères,
, Cette année, plus que jamais, les cirr
constances,nous "avaient imposé le sujet
de notre instruction pastorale pour le
carême prochain, et nous comptions y
traiter la question des congrégations re
ligieuses qui est, en cë moment, au prew
: mier plap dé nos préoccupations.
Mais notrè Saint-Père le Pape a parlé.
« Il à pris la défense des religieux mena
cés, et nous avons hâte de publier la
! Lettre si 'gTave qu'il vient .d'adresser au
I cardinal archevêque dè Paris, « pour
; conjurer », comme II le dit, « d'jrrépara-
l bles malheurs», et signaler aux catho-
! liques français, aux ïionnêtes gens de
tous, les partie ; le détriment qui .résulte-
i rait pour l'Egbse et pour la France de la
i destruction des ordres religieux et de
; léUrs ceuvres dans notre pays, i i; - f ,
Il envisage cette ; cause de très haut, ^
en rappelant les principes et le caractère
• sacré de la vie religieuse, son rôle dans
l'Eglise,, pour conclure qu'entraver son
i essor et son action « ce serait porter at-
I teinte à la liberté même de l'Eglise qui,
est garantie par lé .Concordat », -
Il ùêcïarè Çûe, par leur zèle et leur dé-
! vouement, par les services éminents sur-
i tout'qu'elles-ont- rendus dans les pays de,
mission et-' dont la France , a tiré, avec
i une gloire si pure, d'incontestables béné-
i fices; nos congrégations religieuses « oc-
; cupent, entre toutes lés autres, une place»
d'honneur». ■ '•
! Il appréhende de voir cette merveil-i
-leuse institution ruinée par le vote de
lois fatales que certains partis'politiques;
®nt élaboréea ^en haine de la religion^
car, dit il, « entraver à l'intérieur le re-
! crutement des congrégations religieuses,
cé derait paralyeer et détruire leur in
fluence à l'extérieur :»on ne peut plus,'en
effet; demander des fruits à un arbres
dont on a coupé les racines ». Et il laisse.;
entendre, avec tristesse, que « le Saint-
Siège, tenu par un mandat divin de pour-*
voir à la diffusion de l'Evangile, se ver
rait alors dans la nécessite de ne poiôt
s'opposer .à ce; que ( les yidps làisséB "par,
les missipnnàirè's français" fussent corn^
blés par des missionnaires d'autres na
tionalités».
Il proteste contre les insinuations içs
jurieuses qui tendraient, à représenter)
l'épiscopat et ,1e clergé français pomme,
hostiles aux ordres religieux. . » ; j
- Enfin, avec, une-fermeté de langage,
sous laquelle on sent vibrer toujours ce?
i sentiment particulier « de déférence, de,
sollicitude, d'amour »,.'dont lia don^
tant de gages à la France, |1 rev^jidiqi^e'^i
ppuyippa religieux 1 ?? n£>3 religieuses,.les
i libertés dont jouissent'tous les autreë.
'Citoyens et dont pourraient seules les dé-T
,l îdes lois d'excejption qui blesse-,
pouuti.. , ^-'Tient les çathoJiquee et
raient profonut... . .. » encore les diS-
ne feraient qu'aggraver S J" 9
cordes intérieures du P a y g j b0îl grand
détriment. p . ..
l 'importance de cette Lettre pontifi
cale n'échappera à personne. Nous l'a- '
vons lue, pour notre compté; ay,e.P uns
profonde émotion, car nous y retrou»;
vions l'expression très nette de nos pro- \
près pensées, de nos sentiments intimes
et de nos convictions les plus formelles. .
C'est pourquoi, nos très chers frères, -
nous voulons donner à çe document", dans''
notre diocèse, là plus' grande publicité
possible, en lë faisant lire du haut de la
chaire, ,e.t nous souhaitons vivement qu'il
puisse porter la vérité dans tous les
foyers, afin d'y'-dissiper'les préjugés.ej" ;
les préventions qu'une presse nientêusé .'
sème tous les jours au sein de nos popu
lations contr.e les religieux, et. aussi,
pour que l'on sache bien que l'archevê
que de Reims et son clergé demeurent
finalement reconnaissants au Saint-Père
de cette déclaration si solennelle et sic
opportune en faveur de nos congréga
tion» religieuses,, pour, la défense de.
leurs droits et pour la sauvegarde des
graveB intérêts qui"*sont moins les leurs
que ceux du peuple, de l'ouvrier, du pau
vre, ceux mêmes de la Patrie française..
Ce n'est point la première fois, nos
très chers fières, que Léon XIII a fait;
entendre, en ces derniers temps, de sem-i
blables, paroles, Mais ça voix n'ayant,
^point trouvé "d'ésho auprès des hommes
qui nous gouvernent. Il a voulu quand
Edition quotidienne. — ,12,016
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Dimanche
édition quotidienne
PARIS
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18 Janvier 1901
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L'UNIVERS ne répond, pas des manuscrits qui lui sont adressés
ANNONCES'
. MM. LAQRA.NGE, CERF et C i
PARIS, 12 JANVIER 1901.
SOMlklAIKB,
Les ennemis de la
France et notre -
crise religieuse... GLV. ' * <
A un candidat..... Eugène Veuillot.
Çà et là : Vers l'hos
pice Joseph Legueu.
Les affaires de
Chine...,..-. F. L.
Lettre du Trans- ,
vaal. A-, XXX.
Bulletin. — NouveUen dé Ho aie.— Un
aveu. — Prières publiques. — Inégalité-
illégalité.— La lettre de S. S. LéonXIII
et l'épiscopat. — Mesure logique. — Pa
roles épiscopales. —L'hospice de Saint-
Louis ae Chalon. — Les biens des- reli
gieux. — Informations politique*. rr. L'af
faire Ouignet. —Une manifestation pour
les Boers. La. g*uerré ' du Transvaiil.
— En (Jhine. -r- . Dépêches de i'étran
ger. — Chronique. — Lettres, scien
ces et arts. — Institut catholique de Pa
ris.,— Cercle du Luxembourg. —• Echos
de partout. — Chronique religieuse. —•
Les réceptions de l'archevêché. —' La
questioa ouvrière. —En province. — Mé
ditations selon . l'esprit de l'Egliàe.
Guerre et marine;. — Nécrologie. — ; Trl-
bunaux. — Le sauvetage de-la Russie. —
Nouvelles diverses. — Jardin d'accïiir.ata-
tJon. — Qa'.evirler. — Bourse et. bulletin
financier: — Dernière heure.
US ÏHÏS1S MU ÏBiJCS
ÉT OTS CBISS E.UI61EISE
U Italie est, comme chacun sait,
un journal officieux quise : publie à
Rome en. français, à l'intention du
monde diplomatique. • ...
Cet organe quirinalis te a eu la
bonté de nous initier, tout récem
ment, aux; pensées §ecrètes que
fait naître, chez, les" gouvernants
italiens, la crise reJ.igie.use de notre
pays. II nous les fait lire, dans un
article, qu'il intitule : « La banque
route d'une politique^ » ;s '
L'auteur de cet article, vrâiJarms
quadrifrons, y poursuit a la fois '
trois ou quatre objectifs Opposés ;
mais son intention principale y,
perce à chaque - ligne : il a surtout
pour, but ,de discréditer le rallie
ment, aux", yeux, des catholiques
français, et- de pousser en même
temps le gouvernement français
dans la voie des persécutions réli-
gieuses.
Ce factum àlambiqué constitue un
document politico - psychologique
des plus instructifsrNoûs "voudrions
qu'il fût, en effet,,médité • «h'ez nous
■ par les catholiques et pairie gouver-
némeak- ■.. ;
c ; . ' i. „ s H , . t", ** ' .Î.Y'
f * •>: : U \ ' '•"* \
Aux catholique?, français, VItalie..
sert une thèse qu'elle °puis .e dans
certains de'nos,organes monarchis--
tes impénitents, et ."qui lai paraît
très propre à augmenter nos. divi
sions. > ... " . '
. Le'Pàpe vous sacrifie, dit-elle eu
substance, à.son ambition person
nelle. Il veut recouvrer le pouvoir
temporel. C'est dans ce but qu'il
manifeste -une impardonnable ; -con
descendance à l'égard de la Répu
blique française, essentiellement
antireligieuse. ■■-. -
L'expérience est faite aujour
d'hui, continue l'organe du Qiriri-
nal;— la politique- au ralliement a
été .une fausse manœuvre : elle; a
échoué; il est temps que les catho
liques français se ressaisissent,
Su'ils rompent carrément avec Jès
irêctiohs pontificales ,et qu'ils gar-
nissent de nouveau les vieux cadre»
des : partis monarchistes!
Dans sa ferveur à étayer sa dé
monstration, l'écrivain franco-ita
lien' ramasse à pleines mains les
arguments Tes plus bizarres. Con
sidérez, dit-ilj. les fruits dix rallie
ment, et jugez s'il a été efficace:
depuis-ique Léon XIII a recom
mandé -aux- catholiques . d'accepter
la République, la politique antire?
lîgieuse n'a cessé de s'aggraver en
France : « Nous eûmes, dït-il, l'ar
ticle 7, le fameux article, décro-
cheur (sic); nous eûmes les portes
des couyentsenfoncées; nous eûmes
des persécutions religieuses plus
ou moins drapées dans l'apparence
d'une légalité opportuniste, » :
Phénomène caractéristique ! Pour
établir que le ralliement a été inu
tile, l'étrange avocat de nos partis-
monarchistes, cite précisément les
lois antérieures au ralliement!
•».i . •-* •• ' "■» • ' • _ " J
. .' a i'i' ç.' '*
La vérité est que le rallièmenf; a
déjà produit des fruits appréciables;
Il a sérieusement enrayé le mouve
ment antireligieux en France. Il
suffit .de comparer les années qui
ont précédé l'Encyclique du J6. fé
vrier 1892 à îa période qui l'a sui
vie,.pour constater, chez nous, un
recul effectif de la politique sectaire
et maçonnique.
C'est précisément pour parer aux
conséquences inévitables du « ral
liement » que le Grand-Orient de
Paris a réorganisé toutes les forces
anticléricales, et qu'il leur a donné
pour consigne de rejeter les catho
liques par de nouvelles lois antireli
gieuses, dans, l'opposition à,la'Ré
publique.
La crise actuelle est l'aboutissasl t
de cet immense effort, de la réaction i
maçonnique. Il fallait s'y attendr.-e .
Mais cette crise même que les*,
ennemis de l'Eglise viennent d'ou
vrir, aux applaudissements des, en
nemis de la France; prouve, avec
éclat, combien profonde est, dès
maintenant, l'œuvré du ralliement."
' Tout ce que l'ancien parti répu
blicain compte d'éléments modérés
a écouté avec déférence la parole du
Pape ; la lettre de Léon XIII a été
commentée- avec -respect par les
grands organes de ce parti, comme
venant d'une puissance notoirement
amie et alliée de la France.Grâce au
« ralliement », le Saint-Siège a pu,
sans étonner personne, invoquer,
aù profit de nos libertés religieuses,
les principes démocratiques de la
République française.
Oui, : c'est maintenant que .l'on
commence à recueillir les résultats
de la Lettre aux Français. Les ea-
; tholiques de France ne sont plus
isolés ; ils ont pour alliés tous les
républicains de bonne foi ; de con
cert avec ceux-ci, ils .peuvent prati;
quer une politique essentiellement
française et foncièrement républi
caine.,, Les ennemis irréconcilia
bles de la France sont-dans leur
rôle quand ils s'efforcent de taire
avorter les directions pontificales,
•à l'heure où elles sont plus; que ja
mais opportunes, à l'heure d'une
manœuvre déGisivè. *
'".Nous" avons : conscience de reni- ;
~piip, nous, notre devoir en insistar.j. j
pour que tous .. les catholiques j
hâtent de se réunir.au reste de
Français, autour de la bannière rè--
publicaine; tant pour repousser les
lois hostiles aux congrégations re
ligieuses, que pour continuer en
suite, si nous échouions cette fois,,
la lutte en faveur dè toutes nos li-.
Jjertés".
G. Y.
" «BULLETIVt
: Hier, au Sénat, M. faîtières, en pre
nant possession: du fauteuil présiden
tiel, a, remercié ses collègues qui l'avaient ;
réélu. Nous avons .-donné- en Dernière
heure son discours, ■- très applaudi à
gauche. Après quoi, il a prononcé Vér
loge funèbre du général Lambert. •
. Au conseil des ministres j le général
André a présenté hier un projet de loi
d'après lequel les séminaristes-soldats
seront immédiatement versés dans les ser-
vices des infirmeries et ambulances.
Ainsi que nous l'avons dit en Dernière
Heure, tes passagers et les marins de la
Russie ont pu enfin être sauvés hier; la
prèsse est unanime pour féliciter les hé
roïques sauveteurs de Carro.. '
; On annonèe une prochaine interpella-
lion à ld. Gks.mkre- sur-l'insuffisancç 4 e .s
moyens de sauvetage: ; ' ' ■
Dans la colonie du Cap, les Boers con
tinuent leur in.va.sion; on ne peut -point
dirceneo7'e d'une façon certaine que les
Afrikanders se ■ soulèveront en masse
contre la domination anglaise, mais il
semble déjà acquis qu'un très grand
nombre d'entre eux soutiennentplus ou
moins ouvertement la cause des républi
cains. ■ --
; Nous donnons plus loînjune Lettre
du Transvaal. où l'on trouvera des dé
tails fort curieux sur les origines de la
guerf? et sur certains projcéàé's anglais,
ainsi que sur le caractère des Boers.., ; <
NOUVELLES DE KOMEJ
. 10 janvier..
ta presse ^airiiialiste,
! contre le duc j>e norfolk" ''
liés journaux quirinaîisîes se montrent
vivement émus de l'important discours
prononce' par le duc de Norfolk. Us s'ef
forcent de travestir les paroles de l'émi-
nent catholicfue anglais, afin de éoulever
contre lui l'opinion britannique. Le duc
a parlé, avec, un grand respect, de ses
compatriotes nfln catholiques, en expri-,
mant le vœu que lè catholicisme rétablie
ra bientôt l'unité religieuse dans son
. payg. Ce qu'il. a flétri, ce sont les ma
nœuvres des sociétés de propagande pro-
: testante à Rome, où elles exploitent la
misère du menu peuple pour lui arra
cher les croyances catholiques. La presse'
! quirînaliste s'élève, avec violence contre
ce qu'elle appelle « une vaine et vide
agitation étrangère en faveur de la res
tauration du pouvoir temporel » ; elle
est visiblement troublée de voir la ques
tion çomaine se poser avec plus de nette
té que jamais. _ -
contre mgr favier
JLa Tribuna revient, à. contre-cœur,
Sur «ses insinuations contre Mgr Favier.'
Elle est obligée dé reconnaître, à la suite
de l'interview publiée par le Temps, que
Mgr Favier n'a contredit, en aucune fa
çon, la Lettre pontificale, et qu'en affir
mant avec " force l'amour du Pape pour
notre pays, l'évêque de Pékin s'est bien
;gardé.de préjuger des décisions impos
sibles à prévoir et qui dépendront néces
sairement de bien des circonstances.
Ce matin, la Patria vient cependant à
la rescousse de la Tribuna d'hier. Elle
:ne dissimule pas le dépit que lui cause
Ha présence de Mgr Favier en France, en
ve moment.
« En dix jours, Mgr Favier a donné
-vingt interviews : il a démenti le Pape et
défendu l'impératrice de Chine ; il a dis
serté sur . la loi des associations et il a
fourni des nouvelles fraîches sur les
boxeurs ; il a été reçu par le Pape et il ;
sera reçu par Delcaesé. Comme activité
et comme mobilité, convenez-en, ce n'est
pas mal pour lin évêque, même quand il
revient de Chine... » •
" La presse antifrançaise et anticléri
cale aspire ici à ce que le Parlement
français vote cette loi des associations.
Elle s'inquiète de l'effet que peuvent
produire sur les hommes politiques fran
çais sur l'opinion publique de notre pays,
les renseignements communiqués par
Mgr Favier touchant notre protectorat,
et touchant l'importance de ce protecto
rat pour notre influence en Extrême-
Orient. •
contre l'autriche
La même presse a un accès d'irréden**
tisme aigu, à l'occasion des élections
autrichiennes. Elle Se réjouit bruyam
ment du succès qu'a remporté à Triesté
le candidat irrédentiste Attilio Hortis :
celui-ci a obtenu 10,699 voix contre
8,400 acquises à son concurrent. Rybar.
La Tribuna "s'indigne que les eocialistea
Slovènes aient uni leurs suffrages, sur la
nom de Èybar, a à ceux des gouverne
mentaux, des cléricaux et dé tous les en
nemis des Italiens. »
AU
Il y aura le 3 février prochain
une élection dè député dans le
XI e arrondissement de Paris. Le
candidat ministériel est M. .Alle-
mane, socialiste révolutionnaire et
.plus ou moifts• iu!f.-43^ést
■i 'c'. .
Los
'lut.'"
transigeant et-'peut-etre aussi tes-
républicains nationalistes de la
« Patrie française » lui opposent
M. Max Régis, le jeune et très agis
sant maire d'Alger. Celui-ci a parlé
hier dans une réunion nombreuse
organisée par ses amis. Sa candi
dature a été acclamée.
D'anciennes déclarations de M.
Régis nous faisaient attendre aveG
quelque intérêt sa profession de foi
en matière religieuse. Voici, d'après
île compte rendu de son organe of
ficiel, la Libre Parole, ce qu'il a
dit ; -
Notre ami proteste 'contre la légende 1
que la presse dreyfusarde a créée contre
ilui < il se défend de cléricalisme, ne pra
tiquant aucune religion, mais les respec-,
tant toutes. Il n'est pas réactionnaire,
puisqu'il a toujours combattu pour la li
berté et que dans cette lutte il a été main
tes fois blessé...
i La liberté étant le principe fondamen-
ital de la République, elle doit s'étendre
iaux croyances et aux opinions, c'est pour
quoi Max Régis -réclame-4a- -liberté de
' conscience ;
: droit d'y pénétrer et afin d'avoir sous ce
rapport la.paixisociale, il faut rendre aux
•Eglises.e.t gi JEtat,par une,séparation ab
solue, leur indepeiiuâûCC . ?
Il y a là une - déclaration très
nette d'incrédulité absolue et-une
promesse vague quant au respect
de la liberté dé conscience. Il fau
drait sur f ce second point un peu
plusdè précision. ■
, Vous voyons bien que M. Max
Régis ne croyant à rien fait bon
■marché de tout rapport entre l'Etat
et « les Eglises », et, par suite, déli
vrerait très vite l'Etat des obliga
tions que lui impose le concordat;
mais nous, ne voyons pas ce"qu'il
pense des questions aujourd'hui
posées; S'il est élu, il aura dès le
lendemain à se prononcer pour oui
contre la liberté des congrégations.
Que fera-t-il? "
Les catholiques sincères, les ca
tholiques de pratique comme de
nom, sans être très nombreux dans
l'arrondissement où il se présente,
y forment- pendant un appoint sé
rieux. Certes, iis^ -donneront.pas
une seule, voix au canu^
tériel; mais il leur en coûtera u
tre part de voter pour un citoyen
qui fait fi de toute religion, et se
montre d'humeur à sacrifier, sans
compensation, ce que le concordat
a laissé ou rendu à l'Eglise.
Que M. Régis dise au moins dès
à présent s'il veut ou ne veut pas la
liberté —une vraie liberté — d'as
sociation pour tout le monde; c'est-
à-dire pour les Jésuites, les Capu
cins, les Àssomptidnnistes, etc.,
comme pour les francs-maçons: Il
doit être franc ; qu'il parle ' avec
franchise.
Eugène V euiixot.
Çà et là
, VERS L'HOSPICE
Jereçus lundi matin par la poste un
pli que j'ouvris sans délai. J'avais en
effet reconnu le papier mauve bordé de
noir qu'emploie ordinairement ma vieille
cousine, Mlle de Fornery. Et j'aime à
lire les missives de cette vénérable et
discrète personne, car elle semble com
muniquer à tout ce qui la touche, à tout
ce qui vient d'elle; un peu de ce rayonne
ment calme et doux que lui donnent l'as
sidue prière et.la longue habitude de se
consacrer au service et au bonheur des
autres.
« Je désirerais te voir le plus" tôt pas
sible à Quinville ; j'ai besoin de toi », me
disait en substance ma septuagénaire
parente. Mais elle avait enveloppé cet
appel dans des formules pleines d'une
courtoisie cérémonieuse, et d'un charme
suranné. Et le : jour même je partis,'d'a.^
bord, parce que je n'avais pas grand'-
chose à faire dans la capitale ; ensuite,
parce que j'ai toujours plaisir à' revoir
la vieille et bizarre construction de bri
ques, appelée le Mesnil-Lanchon, où
Mlle de Fornery fait régner un ordre très
4ninutie.ux et une paix très reposante ;
enfin, parce que j'étais sûr qu'il s'agis
sait de mener à'bien, sans qu'il m'en
coûtât trop de peine, quelque bonne œu
vre. ■
- Et je ne m'étais pas trompé.;. Mardi, à
une heure, ma charitable cousine et moi,
nous partîmes de Quinville* dans une
voiture que connaît tout le canton de
Bùchy, et qui est de cet antique modèle
qu'on appelle là-bas « une demi-for
tune ». La neige qui était tombée durant
la nuit faisait la route blanche, et la
neige qui menaçait de tomber encore
faisait le ciel noir.. Le père Casimir, le
cocher de Mile de Fornery, vieux", calme
et bon comme elle* hâtait lentement le
pas du cheval truité Bijou, qui semblait
scandalisé de sentir, de temps à autre, un
petit bout de mèche toucher timidement,
comme avec respectées flancs très gras.
Toutes les cinq minutes, Mlle de Fornery
baissait la glace qui nous séparait du do
mestique, et—elle si attentive d'ordinaire
a ménager le précieux quadrupède qui
dëpuis quinze années la traîne — élis di
sait, un peu nerveuse,à Casimir : « Mais,
pressez-vous donc ! »
Le bonhomme secouait 1^ "
conviction, avec des Hue
qu'il sentait inutiles.:.. Et'tui:uî i
4ft, ir 4ieures pour faire qu3tOi-:v.î Ui'.omè- j
très, qui nous menèrent jv;:. va î.
commune de Brémepoix. Là, au fond
d'une cour herbue', où quelques pom
miers dressaient leurs troncs recourbés
i en,des formes bizarres, on apercevait les-
murs de galandage d'une chaumière dé
labrée. Il semblait què la misère et la
saleté eussent élu dans cet «ndroit, de
puis des années et des années, l'un de.,
leurs domiciles préférés. Lès carreaux
n'avaient plus de transparence, et le pavé
plus de couleur. Sur un lit exigu, un
adolescent gisait,...couvert de plaies,,le
corps déformé par une coxalgie ancienne.
Mais son visage pâle> était -éclairé d'un,
sourire, qui s'épanouit davantage quand
: nous entrâmes. ;
Le père du malade était parti au loin
sexéreer son métier" d'ouvrier bouilleur.
de cru. Je me garderai bien de prendre
1 parti dans une question brûlante (c'est lé
cas de le dire) qui, depuis longtemps,
partage en deux clans adverses la Nor-.
!mandie et pas mal d'autres provinces.?
'Sans me prononcer pour ou contre le fa
meux privilège et la isurtaxe de l'alcool-,
'je constaterai'seulement que le bonhom
me Capitrel a; coutume de préïèver sur'
;lès eaux-de-vie qu'il distille uu large un-,
pôt, qui prend la forme de libations ré
pétées.
> Sa femme .trop volontiers -l'imite,,
presque quotidiennement, prétextant 7
quelque acauisiticr» l'épi-
cière-débitante de la place de 1,'Ëglisè.
Et, dsas ces habitudes invétérées d'in
tempérance résidait sans doute l'origine
de la maladie de l'enfant martyr que
nous avions sous les yeux, que nous ve
inions arrachera cette tanière. Nous de
vions le transporter! dans un petit hos
pice qu'a fondé à.ïlouèn la. bienfaisance,
privée,-et où Mlle de Fornery avait obtenu ,
un lit pour son malheureux protégé.
C'était là une faveur contraire au règle
ment, la famille Capitrel' n'habitant pas.
la ville irï6me. Mais, je" ne connais pas
de règlement qui ne fléchisse devant ma;
vieille cbusine, lorsqu'elle demande d'une
.certaine façon, avec line majesté qui
■évoque l'idée d'un autre siècle, avec un
singulier mélange de supplication (ar
dente et d'inébranlable volonté. , ,
! Le cœur de la mère se réveilla, parmi
les fumées de l'alcool, quand, le vieux
.Casimir et moi, nous prîmes le malade
dans nos bras pour l'emporter jusqu'à la
voiture. La femme Capitrel regrettait
maintenant, semblait-il, un départ au-
çyel, deux où trois jours plus tôt, elle
^jé jïeureuse de consentir. Elle em-
. "itîauinigFg de ses. cris. Toutefois,
plit la, r , r, a3 sç satisfaite au
ellenerep i • &ura j jt bouche
fond de penSf-r qu. ï ^ M eg
de moins a nournr a V^^ { & r
ressources rapportées a^, •.
bouilleur. Devant lés sanglots
paysanne, devant les clameurs de quatre
marmots Capitrel, hâves et déguenillés,
devant les invectives de quelques voi
sines accourues au bruit, ma vieille pa
rente conserva son calme souverain.
Avec des ' mots très doux, très simples,
elle finit par convaincra la ménagère que
nous emmenions son fils vers des soins
dévoués, vers un lit moelleux et blanc,
vers lia guérison peut-être,... ,
; En quittant lé logis où il avait tant
souffert, la mère qui n'avait pas su lui
être maternelle, et les petits qui, dans
leurs jeux, avaient parfois secoué dure
ment son lit de douleur, Fernand Capi
trel pleura de grosses larmes silencieux
ses qui n'en finissaient'plus. Et cepen
dant, sur ses lèvres pâlies ne cessa d'er
rer son mystérieux sourire...
' Pour le pauvre enfant, le voyage jus
qu'à Quinville dut être un long supplice.
La route était fertile en cahots, et Bijou*
qui'avait dans les jambes une,dose inu
sitée de kilomètres, restait plus que ja
mais sourd à toutes les exhortations. Il
trottait presque au pas (si je puis m'ex-
primer ainsi), retardant l'arrivée du mar
lade jusqu'à la chambre bien chauffé»
qui l'attendait, et où un bifteck saignant
et tendre remplaça pour lui, ce soir-là,
les a tignoles et les lentilles coutumières,
nourriture insuffisante et rude qui, de
puis des années; aggravait le délabre
ment et la faiblesse du malade.
Cette nuit parut à Fernand Capi
trel comme une oasis dans son exis
tence douloureuse. Le lendemain, sur le
coup de huit heures, il eut un vrai trans
port d'enthousiasme en mangeant pour
la première fois « du chocolat cuit i,;à la
vanille, servi dans une de ces tassés
dont Mlle de Fornery est si fière, et où,
depuis deux siècles, des hirondelles très
noires ; rayent de leur vol un ciel; très
bleu... Mais cette trêve dans la souf
france fut bien courte pour le petit pay
san. Il fallut presque aussitôt le trans
porter à la gare de Buchy; puis il dut
affronter les heurtï d'un Tvagon, et, à
Rouen, les durs coussins d'un dés fiacres
"antédiluviens (si Ton nie permet la har
diesse de cet adjectif) qui ne sontpas la
gloire de la viéillé cité normande.
A- l'hospice Sainte-Marguerite, je dé
posai mon.fardeau vivant
connais assez de médecine pour ; savoir
que les soins dévoués qà'il va recevoir
maintenant seront venus trop tard. Quand
je retournerai à Rouen, Fernand Capitrel
ne sera plus. Et uft problème Restera tour-
jours mystérieux pour moi. Durant, tout
le trajet la douleur n'avait pas arraché
une plainte à l'enfant infirme, et le sou
rire éternel dont j'ai parié avait fleuri
ses lèvrès. D'où lui venait ce courage ? Le
pauvre garçon ne me l'a. pas dit ; il n^au-
rait point su I* dire, peut-être. Etait-ce
seulement la longue habitude de la souf-
T T é'înrr.E'se contre»elle ?
• ... à?w? .. t inse parmi des
■-u;..,. uitjtwuiêsr.^ssier8 â commç une.
n-.îs hj la. ç-jma- orv;r! ('■pinéûx buisson,
a > . .- j . , . .. . . 4}jiré de .Bréme
poix à lire, sur les pages : jaunies de son
catéchisme, les grandes leçons de la ré
signation chrétienne ? Voyait^il déjà, dé
ses yeux bleus rêveùrs, le ciel ouvert, et
était-ce aux anges, avec lesquels il sera
demain, qu'hier il souciait ainsi ?..*
: . *,j Joseph Legueu.
; = . : -^4—-
UN AVEU
•. L'A utorité, -qui a> maintes-foi» ré
clamé contre le qualificatif réfrac-
taire, l'accepte aujourd'hui ; pour
élle et ses alliés. Après avoir af
firmé que. lé Pape, en matière poli
tique, peut seulement donner des
conseils et -non ; des ,ordres, elle
ajouter .A
La preuve, c'est que, malgré les in-,
jonctions répétées de Rome, .un grand,
nombre de . catholiques, hélas! mieux
renseignés quq Romè, les .é.véneitnents le.
prouvent i sê sont déclarés réfractaires'
i —r. ils acceptent le mot — aux conseils de.
: Rome. - " ' ' '
Les soulignements sont de -l'Au
torité. ... .- . • . r
Nous ne discutons., rien; mai»
nous demandons: aux feuilles catho
liques, amies obliques de l'Autorité,
leur avis sur cet aveu. !
LES AFFAIRES DE CHINE
Le Céleste Empire est décidément
: le pays des surprises et des Giiun-,
;gementS " à"Vûe*: l'autre jour, on
nous annonçait, en guise d'étrennes,
que l'empereur de Chine réfugié à
Si-Ngan-Fou, après avoir pris con-'
. naissance des conditions énumérées
(dans la note collective des Puis-'
sancés, dite note-conjointe; les avait
formellement acceptées, en tant que-
bases de la paix future, et que par
uh édit portant le scea,ù impérial, il'
avait autorisé ses représentants, le
prince Tching et Li-IIung-Tchang,
à ouvrir sans retard les négocia*
tions, depuis si longtemps en pers
pective. ''
Cette bonne nouvelle avait été
agréablement accueillie par la plu
part des chancelleries, et l'on était en
train de la commenter diversement-
d ans la presse des deux mondes, :
selon le tempérament plus ou moins
optimiste des commentateurs, lors-
, que l'on a appris tout à coup que
l'impératrice dtiuairière, toujours
t oute-puissante, revenant sur l'ap-
Srobatiôn donnée *■ par' lé fantôme
.'éri>pereur qu'elle fait apparaître'
' pu disparaître* à son gré; discutait
'«<* 6Qfldit4on:s de ia noté conjointe,
quelqiaps-uiaes, mais
en admti»,.. " - los reprêspn-
repoussait celles H èrent,
tants des Puissances -coiio..
de leur point de vue, comme les piu»<,
importantes. - x ■
Par conséquent, les malheureu
ses négociations, tant de fois annon
cées comme prochaines, étaient de
nouveau ajournées, et comme on dit: :
sine die. ' • -.
Il est vrai que nous lisions, en
même - temps, dans les dépêches,
Ïue le prince Tching et Li-llung-
'chang, forts, de l'édit impérial qui
les autorise à négocier sur les Ba
ses de la.jnotç; collective,;- mon
traient désireux , d'ouvrir les négo- ;
ciations ; mais vraiment, ces émi-
nents diplomates chinois prêtent à
leurs collègues d'en face,européens,
américains ou japonais,, une dose
de naïveté Un peu trop forte, quan 'vd
ils les supposent capables d'accepter*
un rôle dans une comédie aussi fla
grante : que péutron* faire dé sérieux
avec des'négociateurs qui viennent
à peine d'être autorisés à négociée
par l'empereur, qu'ils sont aussitôt
dessaisis et désavoués d'avance, par
l'impératrice douairière?
Au-reste, cette contradiction s'ex
plique par .les divisions et les ré
criminations, auxquelles la cour im- I
pérjale; de Si-Ngan-Fou est en.
proie, et qui de là gatgneivt toute la-
Chine; Jà . dessus Joutes les in-i
formations européennes s'accor-j
dent : partout règnemt le désarroi*,
la confusion, l'anarchie, et ce n'est
;pas une exagération de dire que
J'empire. chinois est actuellement
en. pleine désorganisation. Les ar
mées souffrènt cruellement du ma,n-
qiie de vivres et de vêtements ; aus
si n'est-il pas surprenant "de les
yoir,à péine rassemblées,se disaou-
dre d'elles-mêmes. La famine dé
sole, plusieurs provinces; elle est, à
ce point horrible dans le Chen-Si
qu'il s'y vend de la chair humaine!
Les trésors des provinces ayànt
été vidés,- la plupart par le gaspilla
ge ou le pillage,la Chine se trou
vera pendant de longues -années
réduite à ^impuissance, d'autant
plus, qu'il lui va falloir payer aux
alliés de lourdes indemnités: Da:ns
la vallée du Yang-Tsé, cependant,
la ' tràriquillité s'est à peu .près
maintenue, grâce à là prudence" et
à l'esprit conciliant des vicerrôia. '
En résumé, l'état intérieur d?
l'empire chinois, dans la crise for
midable qu'il traverse, est actuelles
ment tel, que toutes les circons
tances lui deviennent contraires, si
bien que l'on peut 'dire, avec une
entière assurance, que le temps',
lui aussi, travaille très efficacement;
en faveur des puissances coalisées;
• '' T'* ' '• ; '" ri - '
M LETTRE DE 1 J. LÉON Xffl 1 '
ET L'ÊPISCOPÀT
Voici la lettre que S. Em. le car
dinal. Langénieux, archevêque de
; Reims, adresse au ; clergé et aux
fidèles de son diocèse en leur com-t
'muniquan't la Lettre . de - S. S.
Léon XIII au cardinal archevêque'
'.de Paris au sujet des congréga-»
; tions -
Nos très ichers frères,
, Cette année, plus que jamais, les cirr
constances,nous "avaient imposé le sujet
de notre instruction pastorale pour le
carême prochain, et nous comptions y
traiter la question des congrégations re
ligieuses qui est, en cë moment, au prew
: mier plap dé nos préoccupations.
Mais notrè Saint-Père le Pape a parlé.
« Il à pris la défense des religieux mena
cés, et nous avons hâte de publier la
! Lettre si 'gTave qu'il vient .d'adresser au
I cardinal archevêque dè Paris, « pour
; conjurer », comme II le dit, « d'jrrépara-
l bles malheurs», et signaler aux catho-
! liques français, aux ïionnêtes gens de
tous, les partie ; le détriment qui .résulte-
i rait pour l'Egbse et pour la France de la
i destruction des ordres religieux et de
; léUrs ceuvres dans notre pays, i i; - f ,
Il envisage cette ; cause de très haut, ^
en rappelant les principes et le caractère
• sacré de la vie religieuse, son rôle dans
l'Eglise,, pour conclure qu'entraver son
i essor et son action « ce serait porter at-
I teinte à la liberté même de l'Eglise qui,
est garantie par lé .Concordat », -
Il ùêcïarè Çûe, par leur zèle et leur dé-
! vouement, par les services éminents sur-
i tout'qu'elles-ont- rendus dans les pays de,
mission et-' dont la France , a tiré, avec
i une gloire si pure, d'incontestables béné-
i fices; nos congrégations religieuses « oc-
; cupent, entre toutes lés autres, une place»
d'honneur». ■ '•
! Il appréhende de voir cette merveil-i
-leuse institution ruinée par le vote de
lois fatales que certains partis'politiques;
®nt élaboréea ^en haine de la religion^
car, dit il, « entraver à l'intérieur le re-
! crutement des congrégations religieuses,
cé derait paralyeer et détruire leur in
fluence à l'extérieur :»on ne peut plus,'en
effet; demander des fruits à un arbres
dont on a coupé les racines ». Et il laisse.;
entendre, avec tristesse, que « le Saint-
Siège, tenu par un mandat divin de pour-*
voir à la diffusion de l'Evangile, se ver
rait alors dans la nécessite de ne poiôt
s'opposer .à ce; que ( les yidps làisséB "par,
les missipnnàirè's français" fussent corn^
blés par des missionnaires d'autres na
tionalités».
Il proteste contre les insinuations içs
jurieuses qui tendraient, à représenter)
l'épiscopat et ,1e clergé français pomme,
hostiles aux ordres religieux. . » ; j
- Enfin, avec, une-fermeté de langage,
sous laquelle on sent vibrer toujours ce?
i sentiment particulier « de déférence, de,
sollicitude, d'amour »,.'dont lia don^
tant de gages à la France, |1 rev^jidiqi^e'^i
ppuyippa religieux 1 ?? n£>3 religieuses,.les
i libertés dont jouissent'tous les autreë.
'Citoyens et dont pourraient seules les dé-T
,l îdes lois d'excejption qui blesse-,
pouuti.. , ^-'Tient les çathoJiquee et
raient profonut... . .. » encore les diS-
ne feraient qu'aggraver S J" 9
cordes intérieures du P a y g j b0îl grand
détriment. p . ..
l 'importance de cette Lettre pontifi
cale n'échappera à personne. Nous l'a- '
vons lue, pour notre compté; ay,e.P uns
profonde émotion, car nous y retrou»;
vions l'expression très nette de nos pro- \
près pensées, de nos sentiments intimes
et de nos convictions les plus formelles. .
C'est pourquoi, nos très chers frères, -
nous voulons donner à çe document", dans''
notre diocèse, là plus' grande publicité
possible, en lë faisant lire du haut de la
chaire, ,e.t nous souhaitons vivement qu'il
puisse porter la vérité dans tous les
foyers, afin d'y'-dissiper'les préjugés.ej" ;
les préventions qu'une presse nientêusé .'
sème tous les jours au sein de nos popu
lations contr.e les religieux, et. aussi,
pour que l'on sache bien que l'archevê
que de Reims et son clergé demeurent
finalement reconnaissants au Saint-Père
de cette déclaration si solennelle et sic
opportune en faveur de nos congréga
tion» religieuses,, pour, la défense de.
leurs droits et pour la sauvegarde des
graveB intérêts qui"*sont moins les leurs
que ceux du peuple, de l'ouvrier, du pau
vre, ceux mêmes de la Patrie française..
Ce n'est point la première fois, nos
très chers fières, que Léon XIII a fait;
entendre, en ces derniers temps, de sem-i
blables, paroles, Mais ça voix n'ayant,
^point trouvé "d'ésho auprès des hommes
qui nous gouvernent. Il a voulu quand
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