Titre : L'Univers
Éditeur : L'Univers (Paris)
Date d'édition : 1901-01-12
Contributeur : Veuillot, Louis (1813-1883). Rédacteur
Contributeur : Veuillot, Pierre (1859-1907). Rédacteur
Contributeur : Veuillot, François (1870-1952). Rédacteur
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34520232c
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 70622 Nombre total de vues : 70622
Description : 12 janvier 1901 12 janvier 1901
Description : 1901/01/12 (Numéro 12015). 1901/01/12 (Numéro 12015).
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse Collection numérique : Bibliographie de la presse
Description : Collection numérique : BIPFPIG44 Collection numérique : BIPFPIG44
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k7106075
Source : Bibliothèque nationale de France
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 06/02/2011
Samedi 12 Janvier 1801
Edition quotidienne. •— 12,015
Samedi 12 Janvier 1901
ëçztion quotidienne:
PARIS
et départements
Un an...î.„.. 40 »
Six mois...... 21 »
Trois mois..... 11 »
. ÉTRANGER
(union postal^
51 »
26 50
14 »
Lea abonnements partent des l or et 16 de chaque mois
UN NUMÉRO j ^ riS ï I Î2 Cent *
( Départements 15 —
BUREAUX î Paris, rue Cassette, 17
On s'abonne à Rome, place du Gesù, 8
ET
LE MONDE
. ÉDITION SEMI-QtJOTIDIENNE
i . - - ■ ' ■• • •
PARIS ÉTRANGER
-/ et départements (uniom postale)
Un an......... 20 » 26 »
Six mois...... 10 » « 13 »
Trois mois..... 5 » 6 50
Lea abonnements partent des 1 er et 16 de chaque mois
L'UNIVERS ne répond pas des manuscrits qui lui sont adressés
ANNONCES
MM. LAGRANGE, CERF et C ie , 6, place de la Bourse
PARIS, il JANVIER 1901
SOMMAIRE
U n congréganiste
au pouvoir....... F rançois V euillot.
A la Chambre...... G abriel de T riors .
Au Sénat J. M antenaï.
Correspondance ro
umaine ***
Le général Lam
bert A. R astoul.
Les méconuus.. .... G eorges B ertier.
BuHeîîn. — Nouvelles de Rome. — Les pè
lerins anglais au Vatican.— Le port delà
soutane. — La lettre de Léon XIII à l'é-
piscopat.—La chapelle de l'avenue Ho
che. — Information» politiques et parle
mentaires. — Un manuel dénoncé. —
Madagascar. — La guerre du TranBvaal.
— En Chine. — Dépêches fie l'étranger.
— A travers la presse. — Chronique.—
Lettres, sciences et arts. — Académie
. de médecine. — Echos de partout. —
Un appel. — Chronique religieuse. —
En province. —Nécrologie. —La peste.
— Tribunaux. — Le naufrage de la Rus
sie. — Nouvelles diverses.—Calendrier.
— Bourse et bulletin financier. — Der
nière heure.
Al! Mïllïl
A ce titre, un libre-penseur ou
un franc-maçon croira que nous,
. allons tirer de la poussière un très
antique événement, datant pour le
moins de la Restauration. Ne sait-
on pas que la mystérieuse et ter
rible Congrégation domina le pays
de 1815 à 1830 et pénétra dans tous
les ressorts du gouvernement? En
leur qualité de dévots de la science
et de partisans des lumières, il
n'est point de bons anticléricaux
qui ne croient furieusemènt à cette
légende, anéantie depuis longtemps
par le simple exposé des faits. Nul
d'entre eux n'a lu, nul d'entre eux
ne lira le véridique et lumineux ou
vrage, où M. de Grandmaison a ra
mené la puissance et l'action des
congréganistes aux modestes pro
portions de la réalité. S'instruire et
se renseigner, — faiblesse ridicule,
où, seul, un obscurantiste et un
ignorantin est assez nigaud pour se
laisser choirl « Un. congréganiste
au pouvoir », il ne peut s'agir évi
demment que d'un ministre de
Louis XVIII.
Eh bien, non! C'est d'un ministre
aujourd'hui vivant, aujourd'hui gou
vernant, que nous voulons, parler.
Alors, c'est d'un ministre étran
ger. C'est d'un ministre apparte
nant sans doute à la République du
Chili, ce pays extraordinaire où le
chef de l'Etat prend ses vacances à
la maison des Pères du Sacré-Cœur
de.Picpus. La vraisemblance, en
effet, qu'un des complices de M.
Waldeck-Rousseau puisse apparte
nir q, une congrégation ! '
Vraisemblable ou non, c'est pour
tant vrai. « Le congréganiste au
pouvoir», qui fait le sujet de cet
article, est précisément l'un des
membres les plus connus —^ par
tant, l'un des plus décriés — du ca
binet dont la France est malade au-
/ jourd'hui. -
C'est- M. de Lanessan, ministre de
la marine.
M. de Lanessan, congréganiste,
allons doncl
Mais oui, M. de Lanessan, con
gréganiste! Etudiez plutôt le docu
ment ci-après, .que notre ardent
confrère, l'Avenir, de Lyon, — l'on
sait que l'ancien révoqué d'Indo-
Chine est député du Rhône, — a
découpé ces ]ours-ci dans une pu
blication congréganiste officielle :
Le F.*. Delpeeh, président. — Le F.v
de Lanessan va prêter son obligation.
(Bravos,)
F.\ de Lanessan, vous avez été élu
tout à l'heure membre du Conseil de
l'Ordre ; à ce titre, je vous demande de
prêter l'obligation que voici : « Je pro
mets d'observer fidèlement en qualité de
membre du conseil de l'Ordre la
constitution et le règlement général de
l'ordre. »
[Le F.-, de Lanessan prête cette obli
gation.)
Le F.'. Delpeeh, président. — Cette
élection n'a rien de banal ; aux homma
ges que vous venez d'adresser au F.', de
Lanessan, ministre de la marine, je joins
les félicitations personnelles du parle-
' mentaire républicain président de cette
Assemblée. Ceci est une chose unique
dans l'histoire de la Maçonnerie, un bon-
exemple de courage et de droiture politi
ques donné aux membres du Parlement
français. ( Applaudissements .) Nous sa
vons que, trop souvent, certains républi
cains arrivés au pouvoir rie se sont pas
montrés dignes de la confiance que nous
leur avions accordée. L'exemple que
vous donhez, F. \ de Lanessan, devrait
- être chose ordinaire dans le généreux
pays de France. Espérons qu'il sera
suivi. (Applaudissements.) '
Ce savoureux morceau est tiré du
- Compte rendu du convent et des
travaux de l'assemblée générale du
3 au 8 septembre 1900, page 149. ,
C'est bien ce que nous avions
dit. Le ministre ae la marine ap
partient à une congrégation.
Il appartient même à une con
grégation illégale et non autori
sée, qui agit dans l'ombre ' et qui
voudrait — mais, Dieu merci, des
yeux vigilants et clairvoyants la
surveillent trop bien — maintenir
le sceau du mystère et du secret sur
sa conduite et ses règlements.
Le ministre de la marine est :
membre actif, _ important, d'une
congrégation religieuse. Et ce der
nier caractère est bien avéré, puis
que le principal objet de la congré
gation maçonnique est d'anéantir la
religion chrétienne au profit de la
religion libre-penseuse, athée, dia-;
bolique.
Le ministre de la marine est le
serviteur fidèle et obéissant de la.
congrégation la plus dangereuse,
attendu que la maçonnerie cherche;
— et que, malheureusement, elle
arrive — à dominer le pouvoir en'
pratiquant des menées souterraines
et en usant de moyens détournés;
attendu qu'elle ne combat jamais
en face, avec franchise et loyauté,
mais qu'elle enveloppe ses ennemis
dans les filets de l'embuscade et de
la trahison ; attendu que ses mem
bres, à l'insu du public ignorant de
leur caractère, envahissent toutes
les places ^et- s'insinuent dans tou
tes les influences ; attendu, enfin,
qu'au lieu de se cantonner comme
les Dominicains, les Jésuites ou les
Capucins, sur un terrain bien déli
mité, dans un ordre d'activité nette
ment défini, la c®ngrégation du
Grand-Orient s'infiltre et s'insinue
f)artout, dans le professorat, dans
'armée, daas la magistrature, au
Parlement.
.Cette congrégation illégale et non
autorisée, M. de Lanessan ne se
borne pas à lui donner son con
cours, à lui demander son mot
d'ordre. Il fait partie de- son pou
voir exécutif et s'engage à remplir
les obligations attachées à ce poste.
Il est donc tenu, par un serment
formel et par les encouragements
impérieux de ses confrères, à exé
cuter, ~ c'est le mot, — tous les
projets maçonniques et a se servir,
à cet effet, de son autorité minis
térielle. :
On supposait que notre flotte était
confiée, sinon à un personnage hon
nête et compétent, tout au moins à
un député français. C'était une er
reur. Notre marine est livrée à
l'employé docile et soumis d'une
association cosmopolite^ ennemie
de l'armée !
François V euillot
— ; ——♦
VULLETI&C
Hier, à la Chambre, M. DeschaneX, en
prenant possession à nouveau du fau
teuil présidentiel, a prononcé le tradi
tionnel .discours de remerciement; nous
en avons donné le texte en Dernière
Heure.
. Après quoi, un très vif débat s'est en
gagé sur ta. fixation de l'ordre du jour.
Finalement on a décidé de commencer
lundi l'examen du projet de loi sur les
.associations et de discuter, à ce propos,
l'interpellation de M. Sembat gérence du Vatican dans- nos affaires
intérieures ».
Au Sénat, élection du bureau : M.
Fallières a été renommé président par
175 voix sur 211 votants.
On déclare ne rien savoir i la léga
tion de Danemark ni au ministère des
affaires étrangères au sujet de la nou
velle donnée hier relativement & la pro
chaine abdication du roi Christian IX.
On annonce que le gouvernement
américain a retiré sa proposition de réu
nira, Washington une conférence inter
nationale pour régler la question de
l'indemnité chinoise.
—i ■ . y. - 1 —■ .
NOUVELLES DE ROME
Dimanche, dans la matinée, le Saint-
Père a reçu une délégation du comité in
ternational de l'hommage au Christ Ré
dempteur.
Sa Sainteté a reçu aussi M. James
Hicks ; le savant anglais a apporté au
Pape une collection complète d'instru
ments météorologiques, qui ont été ho
norés de récompenses à l'Exposition de
Paris.
Une œuvre du Saint-Père.
Léon XIII, qui a déjà confié aux Soeurs
de la Sainte-Famille le soin de fonder
une colonie agricole, pour des jeunes fil
les, à Tor Pignattara, hors de Ja Porta
Maggiore, a chargé les PP. Ermites d'é
tablir une colonie agricole pour des jeu
nes gens à Pétrarco, près d'Orviéto.
L'ordre des Ermites, fondé assez récem
ment par le prêtre Louis Orione, s'est
déjà répandu en divers points de la Si
cile ; il y exerce avec grand fruit son
apostolat parmi les populations agrico
les. "
Le gouvernement italien.
M. le sénateur Finali vient d'accepter
le portefeuille du Trésor, il remplace M.
Rubini démissionnaire. Nombre d'orga
nes de la presse favorable au gouverne
ment continuentà s'agiter en faveur d'un
remaniement plus complet du ministère
Saracco.
Dimanche dernier ont eu lieu, en une
quinzaine de circonscriptions, des élec
tions parlementaires. Sauf à Milan où le
candidat socialiste est élu avec une
énorme majorité, le parti révolutionnaire
ne semble pas avoir fait de progrès sen
sibles. Les républicains ont gagné un
siège. La presse italienne s'accorde à
souligner le calme apathique au milieu
duquel les élections se sont déroulées.
La presse antifrançaise.
Elle continue à s'acharner ici contre
Mgr Favier. Elle s'ingénie assez perfide
ment à forcer la note "de l'interview que
l'évêque missionnaire vient d'accorder à
un journal français, en passant à Mar
seille. Mgr Favier a déclaré que le Pape
avait manifesté des sentiments bienveil-'
lants pour la France. La Tribuna ap
pelle cette déclaration un démenti in
fligé au Pape par l'évêque de Pékin :
c'est que la presse dévouée à la Triplice
n'a voulu voir dans la récente Lettre du
Pape au cardinal Richard qu'une décla
ration de guerre au gouvernement fran
çais. ■■
Par ailleurs, cette presse ne peut par
donner àMgr Favier d'être le plus ferme
champion du catholicisme et de l'in
fluence française en Extrême-Orient;
après avoir cherché à le déconsidérer,
elle s'ingénie maintenant à l'opposer au.
Souverain Pontife, pour lequel Mgr Fa
vier n'a jamais cessé de protester de son
absolue déférence.
LES PÈLERINS ANGLAIS AU VATICAN
Rome, 8 janvier.
Mardi, vers midi, le Saint-Père a don
né audience aux huit cents pèlerins an
glais; venus à Rome sous la conduite du
duc de Norfolk. Outre S. Em. le cardinal
Vaughan, qui présidait le pèlerinage,plu
sieurs évêques anglais étaient présents à
l'audience. On remarquait parmi eux Mgr
J. Vèrtue, évêque de Portsmouth; Mgr G.
Bilsborrow, évêque de Salford ; Mgr Ed.
Ilsley, évêque de Birmingham ; Mgr
Ch. M. Graham, coadjuteur de l'évêque
de Plymouth ; Mgr Preston, auxiliaire de
l'évêque de Newcastle ; Mgr G. Kelly,
évêque de Géraidton (Australie); Mgr
Edm. Stonor, archevêque _ titulaire de
Trébisonde. Assistait aussi à l'audien
ce Mgr Merry del Val, archevêque titu
laire de Nicée, président de l'académie
ecclésiastique. . ;
Parmi les pèlerins, outre M. le duc de
Norfolk, on pouvait noter un certain
nombre d'autres membres de la haute
aristocratie anglaise.
Le duc de Norfolk a lu une adresse
dont voici la partie principale :
Très Saint-Père,
Nous, catholiques de Grandé-"Breta-
gne, nous considérons comme un pré
cieux privilège qu'il nous soit permis
d'offrir à Votre Sainteté, à cette époque
solennelle, l'hommage de notre affection
et l'assurance de notre dévouement aux
principes sacrés que Vous avez naguère
proclamés d'une façon si solennelle de
vant une génération qui en est trop pro
fondément oublieuse...
Un nouveau siècle vient de luire. Le
monde est plein d'une inquiète sollici
tude pour ce qui concerne les besoins
temporels du genre humain, la prospé
rité matérielle des peuples. Mais quand
les pensées des hommes se tournent vers
la vie future,leurs esprits sont tourmen
tés par des dissensions et obscurcis par
dés doutes. On aspire avec beaucoup
d'ardeur à la lumière, niais une grande
multitude d'hommes ne savent pas où
chercher un guide au milieu du conflit
des langues. :
C'est à une telle époque, Saint-Père,
que nous sommes venus de nié qui est
notre pairie vers cette cité sacrée, pour
proclamer à haute voix la foi constante
et immuable que nous avons en l'Eglise
catholique, comme en la lumière et la
vie des nations; pour proclamer aussi
notre ferme et invariable confiance dans
le Vicaire du Christ, qui est le juge in
faillible du dogme et de la morale, le
maître désigné par Dieu pour enseigner
là vérité religieuse aux fils des hommes.
Nous saluons pleins d'espérance ce
nouveau siècle que Vous avez inauguré,
Saint-Père, par la prière et le saint sacri
fice, maintenant le droit de Jésus-Christ à
l'empire du genre humain. Nous prions
— et nous avons confiance d'être exau
cés—r pour que ce siècle voie disparaître
les maux qui affligent l'Eglise, même
dans des pays qui font profession d'être
eatholiques. Et nous ne peuvons nous dé
fendre d'exprimer l'indignation que nous
inspirent-les tentatives d'opulentes so
ciétés de propagande pour corrompre la
foi des jeunes «t des pauvres dans cette
cité qui est Vôtre. Il nous faut aussi
Vous déclarer que nous compatissons à
la douleur que cette situation cause à
Votre cœur paternel.
Nous prions —et nous avons confiance
' — pour que cè siècle voie le Pontife ro
main rétabli dans cette situation d'indé
pendance temporelle que Votre Sainteté
a proclamée nécessaire à l'accoipplisse-
inent efficace des devoirs de son minis
tère qui embrasse le monde. Nous prions
—• et nous avons confiance — pour que
ce siècle assiste àladiffusion de la vérité
à travers le monde et particulièrement
dans les pays soumis à notre très gra
cieuse souveraine, sous le sceptre juste
et bienfaisant de laquelle là septième
partie presque de l'épiscopat catholique
diocésain jouit de la plus grande somme
de liberté civile et religieuse, comme
Votre Sainteté l'a reconnu dans une oc
casion mémorable. Nous prions enfin
pour que le jour luise bientôt où les
chrétiens britanniques, maintenant si di
visés, ne constitueront pins qu'un seul
troupeau guidé par un seul pasteur...
A cette adresse, le Souverain Pontife
a répondu par un discours dont vous au
rez sans doute publié le textè lorsque
vous recevrez cette correspondance.
LE PORT Bj_U SOUTANE
M. l'abbé Gayraud devait poser
une question au ministre de l'inté
rieur ët des cultes sur les mesures
qu'il compte prendre à l'égard des
récents arrêtés municipaux interdi
sant le port de la soutane. "
Un membre du gouvernement, à
qui le député de Brest avait mani
festé son désir de provoquer sur ce
point des explications catégoriques,,
lui a fait observer que les arrêtés
tout en présentant des caractères
de légalité, demeuraient privés de
toute sanction et étaient destinés à
rester lettre morte.
: Les ecclésiastiques, contre les
quels procès-verbaux auraient été
dressés pour contraventions aux ar
rêtés en question, n'ont donc même
point à se présenter devant le tribu
nal de l simple police.
A LA CHAMBRE
. La curée.
On pouvait bien se croire hier à
lacurée, lorsque,après l'élégantdis-
cours de M. Paul Deschanel,il s'est
agi de fixer l'ordre du jour.
Les socialistes, qui venaient déjà
de souligner,par des murmures,les
éloquents conseils de sagesse et de
libéralisme contenus dans la haran
gue présidentielle, entendaient bien
que rien ne vint retarder d'une
heure, dès la reprise réelle des tra
vaux parlementaires, la discussion
du projet qui doit spolier les con
grégations. i
Depuis longtemps, on avait don
né le premier rang à un projet ré
primant les fraudes en matière de
ventes de denrées, pour lequel il
suffira largement de deux heures
de discussion, — mais le rapporteur
n'était pas immédiatement prêt.
— Tout de suite ! hurlait l'Extrê
me gauche. — Tout de suité ; ou aux
calendes ! •
On a préféré les calendes...
Il y avait encore la loi sur les re
traites ouvrières, la loi réorgani
sant la marine marchande. On se
moque des ouvriers aussi bien que
de l'avenir de notre commerce na
tional, chez ceux dont la haine an
ti-religieuse constitue toute la doc
trine sociale et politique. Ces deux
projets attendront des mois peut-
être, jusqu'à ce que le fiel jacobin
se soit entièrement déversé en dis
cours violents et injurieux contre
les associations catholiques.
La majorité n'a même point souf
fert qu'un jour par semaine fût af
fecté aux lois urgentes ; les lundis,
mardis et jeudis devront être, dès le
14 janvier, consacrés à la loi sur les
associations, le vendredi restant ré
servé aux interpellations.
Il est une interpellation,, cepen
dant, à laquelle un tour de faveur
a été accordé : M. Sembat s'est
avisé de demander, à propos de
l'admirable lettre du Souverain
Pontife au cardinal Richard, sî le
gouvernement veut tolérer « l'ingé
rence étrangère du Vatican dans
nos affaires intériaures ».
Comme en méchant français ces
choses-là sont dites! et tandis que
le président du conseil réclamait
l'inscription après les autres inter
pellations à l'ordre du jour, M.
Sembat insistait pour la discussion
immédiate.
~ Tout de suite ! Tout de suite !
hurlaient les fauves de l'extrême
gauche; M. Walter, notamment, ne
se contenait plus, rêvant déjà d'une
condamnation comme d'abus pro
noncée contre le Pape par le con
seil d'Etat.
Après pointage, l'ajournement
réclamé par M. Waldeck-RousseaUj
était repoussé par 297 voix con
tre 216. Ajoutons bien vite que dans
cette majorité on compte nombre
d'adversaires du cabinet qui n'ont
vu, en se prononçant contre le ren
voi, qu'une arme d'opposition.
: — Tout de suite 1 tout de suite !
a-t-on crié de nouveau. Il a fallu
que M. Isambert, oui, M. Isambert
lui-même, donnât de sages con
seils.
Pourquoi ne pas joindre la dis-r
cussion de l'interpellation, à celle
du projet sur les associations, alors
que leur cc connexité » s'impose ?
Ainsi en a-t-on jugé, et, lundi pro
chain, le grand débat où doit se
iouer, on peut le dire, l'avenir de la
liberté religieuse dans notre pays,
s'ouvrira par quelques sottes atta
ques de M. Sembat,et autres sectai
res, contre le glorieux Pontife à qui
la France doit, pour une large part,
d'avoir conservé jusqu'ici son ra
yonnement dans le monde.
. Gabriel de T biors.
—: »—__—
AU SÉNAT
L'élection du bureau.
La séance d'hier, que présidait le
respecté doyen d'âge, M. Wallon,
a été consacrée à l'élection du bu
reau pour 1901. >
M. Fallières a été réélu président
par 175 voix sur 211 votants. M.
Charles Dupuy a obtenu quatre :
voix, M. Magnin et M. Wallon, cha
cun : une.
Ces chiffres indiquent que la,
droite s'est abstenue. Depuis les
débats de la Haute-Cour, M. Fal
lières compte ' un certain nombre:
d'ennemis au Sénat.
Les quatre vice-présidents élus:
sont MM.Barbey, 171 voix; Demôle,
165; de Verninac, 159; Franck-
Chauveau, 145.
Si l'honorable sénateur de l'Oise :
arrive en queue, c'est qu'il est à la
tête des antiministériels de la haute
assemblée*^ qu'il a été, par suite,
combattu très vivement sous main.
Ont été élus secrétaires : MM.
Francoz, 185 voix; Bourgeat, 184;
Rambourgt,184;Teisserenc de Bort,;
177 ; Darbot, 174 ; Denoix, 174 ;
Leydet, 164 ; Le Cour-Grandmai-
son, ce dernier pour la droite, 155.
MM. Gayot, Dusolier et Cazot ont
été nommés questeurs par 172, 170
et 156 voix.
La prochaine séance a été fixée à
vendredi.
Lundi, sans doute, on attaquera
le budget; mais il est douteux que
l'on évite à la fin du mois un nou
veau douzième provisoire.
J. M antenay.
U LETTRE DE S. S. LËON XIII
ET JL'ÉPISCOPAT
La Semaine religieuse de Paris
publie à nouveau la lettre de S. S.
Léon XIII en faisant précéder le
document pontifieai de cette note :
S. Em. le cardinal Richard avait été
chargé par le Pape de communiquer im
médiatement à NN. SS. les archevêques
et évêques de France la lettre que Sa
Sainteté lui a adressée le 23 décembre
1900. Le cardinal reçoit chaque jour dès
réponses de ses vénérables collègues qui
expriment leur profonde reconnaissance
pour lasollicitude avec laquelle Léon XIII
a traité la question des congrégations re
ligieuses et leur entière adhésion aux
enseignements du Souverain Pontife.
On pourrait résumer en trois mots les
considérations exposées avec tant de sa
gesse et d'autorité dans la'Lettre du
Pape : importance des congrégations re- ;
ligieuses dans la constitution de l'Eglise;
services rendus par elles à la société tout
entière, dans l'ordre civil ; droit réclamé
pour elles de jouir de la même liberté
que les autres citoyens; hommage aux
congrégations françaises pour leur dé
vouement à l'Eglise et à la France, le
pays que nous aimons, dit Léon XIII en
terminant sa lettre.
Son Eminence a voulu que la Lettre
du Souverain Pontife fût imprimée de
nouveau en tête de ce numéro de la Se
maine religieuse.
Mgr Lamouroux, évêque de Saint-
Flour, vient d'adresser la lettre sui
vante à S. S. Léon XIII :
Saint-Flour, 6 janvier.
Très Saint-Père,
Je viens de recevoir, par l'entremise
de S. Em. le cardinal Richard, arche
vêque de Paris, la magnifique lettre que
Votre Sainteté a daigné lui écrire pour la
défense des congrégations religieuses
menacées, on ne sait pourquoi, dans leurs
œuvrès et même dans leur existence.
C'est avec une admiration profonde,
mêlée d'une bien' vive reconnaissance,
que j'ai lu cette lettre impérissable, d'une
modération et d'une force sans égales,
dans laquelle éclate une sagesse si clair
voyante ; cet avertissement solennel et
paternel tout à la fois, imprégné d'amer
tume, mais débordant de la plus auguste
et de la plus délicate affection pour notre
cher pays.
Oui, soyez mille fois béni, Très Saint
Père, d'avoir apporté l'appui de votre au
torité suprême à nos chères congréga
tions, qui le méritent si bien, dont les
vœux et les règles n'ont rien de contraire
à qjielque forme que ce soit de gouverne
ment, et qui n'ont d'autre ambition que
de pouvoir continuer en paix à travailler
au salut du prochain comme aussi au
soulagement des misères si nombreuses
de la pauvre humanité. En retour de leur
abnégation, de leur charité, de leurs sa
crifices, de leur dévouement, ces pieuses
associations demandent, non des privi
lèges ou avantages quelconques, mais
uniquement ce que Votre Sainteté ré
clame pour elle : la liberté dans la me
sure du droit commun.
Et ce n'est pas seulement une œuvre
de lumière, de nature à confondre le ju
gement humain, que vous venez d'ac
complir, Très Saint-Père, c'est encore,
comme nous l'avons déjà insinué, une
œuvre d'amour, : bien faite pour pénétrer
d'une inoubliable rëconnaissancele cœur
de la France.
Ah ! si tous - nos compatriotes, si tous
les maîtres du pays surtout, et les con
seillers les plus influents de l'opinion,
comprenaient les intérêts vitaux de notre
nation avec autant d'intelligence et de
sûreté que votre auguste personne, quel
empressement ils mettraient à écouter
ses lumineux enseignements et à suivre
ses sages eonsèils !
Aussi n'ai-je pas besoin d'ajouter que
mon bien cher clergé et moi sommes
heureux et fiers d'être en parfaite con
formité de vues et de sentiments avec
Votre Sainteté et que nous unissons nos
prières à celles que dans son infinie bonté
et avec de si touchants accents, Elle
adresse Elle-même au ciel pour le succès
de cette noble cause.
Je baise vos pieds sacrés, Très Saint-
Père, vous suppliant de me bénir ainsi
que tout le peuple de mon diocèse, et
me dis avec bonheur, de Votre Sainteté,
le fils très humble, bien obéissant et tout
dévoué.
-}- J ean,
* évêque de Saint-Flour.
La Semaine religieuse de Bourges,
dit, à propos des réceptions du :
clergé a l'occasion du 1 er janvier :
Mgr Servonnet a exposé les motifs
d'espérer, les moyens par lesquels la
crise de l'heure présente peut se résou
dre : le premier est cette lettre même du
Saint-Père, cet admirable plaidoyer, cet
acte diplomatique d'un ordre si élevé, ce
touchant appel, cette puissante mise en
demeure. Il y a aussi les ressources extra
ordinaires de la nation française :son in
telligence pour comprendre et la raison
et ses vrais intérêts ; sa fierté, son senti
ment d'honneur devant là crainte de
perdre le premier rang dans le monde ;
son cœur que doit toucher l'amour de
Léon XIII ; son esprit chrétien qui ne
peut lui permettre de se jeter aux abî
mes.— C'est enfin et surtout la prièie
fervente et humble, dont la puissance est
un de nos dogmes. Nous y aurons re
cours, et nous pouvons avoir la confiance
que notre cher pays échappera aux périls
dont il est menacé.
CORRESPONDANCE ROMAINE
Ilome, 8 janvier.
Une heure avec Léon XIII.
Le jour de l'Epiphanie, S. S. Léon
XIII a reçu, en audience particu
lière, une délégation du comité in
ternational, que Lui ont présentée
S. Em. le cardinal Respighi, Mgr
Radini Redeschi, et M. le comte Ac-
quadermi.
Ce comité s'est dévoué durant
l'Année sainte, on le sait, à secon
der les pèlerinages du monde en
tier ; il s'est employé aussi à" pro
mouvoir les solennités destinées à
consacrer le siècle commençant au
Christ Rédempteur.
- Le Pape était dispos et souriant.
Il s'est empressé d'exprimer au co
mité sa vive gratitude.
« Dites-Nous donc, monsieur le
cardinal, demanda-t-Il ensuite à S.
Em. le cardinal Respighi, quel est
le but exact de l'audience que vous
avez souhaitée? »
Et lorsque le cardinal vicaire Lui
eut répondu que le comité venait
présenter l'offrande recueillie
pour le denier de Saint-Pierre,
et l'honoraire de la messe dite
par le Saint-Père dans la pre
mière nuit du XX 0 siècle, — Léon
XIII répartit aussitôt : « On Nous
avait demandé de célébrer cette
messe à Saint-Pierre. Notre grand
âge ne Nous l'a point permis. Mais
le Saint-Sacrement a été exposé
dans Notre chapelle privée : trois
messes y ont été dites ; Nous avons
célébré la deuxième, et Noua
Nous sommes servi du calice d'or
que votre comité Nous a offert au
nom du monde catholique.
—^-En beaucoup d'églises, repritle
cardinal, à Rome et ailleurs, un
grand nombre de prêtres ont célé
bré la messe en même temps, que
Votre Sainteté. Une foule de fidèles
ont assisté aux saints mystères et y
ont communié... — Pour Nous,
interrompit le Saint-Père avec émo
tion, — pourquoi hésiterions-Nous
à le déclarer?— en cette nuit qui
inaugurait le siècle, Nous Ko us
sommes recueilli d'une façon toute
spéciale ; Nous avons songé, en cé
lébrant les saints mystères, à. tous
ces prêtres, à tous ces fidèles, à
toute l'Eglise enfin qui s'unissait à
Nous en ce moment!...
« Oui, Nous avons, en cet instant,
embrassé par la pensée toute la ca
tholicité ; Nous t'avons présentée
humblement au divin Rédempteur...
Une des notes de l'Eglise, continua
d'un ton pénétré l'auguste Pontife,
une des notes de l'Eglise est la
sainteté; il y a toujours des âmes
saintes : elles se sont présentées,
cette nuit-là, devant l'autel et elles
priaient. Nous en sommes certain,
les prières des âmes saintes sont
entendues de Dieu ; aussi, Nous en
avons la confiance, grâce à tant de
prières, l'oblation que Nous avons
présentée au Seigneur a été reçue
par lui avec bienveillance... »
Il y avait quelque chose de pro
fondément émouvant dans ces ac
cents du Vicaire de Jésus-Christ.
. Donnant alors à sa causerie un
tour plus familier, Léon XIII parla
de l'Année sainte, des grandes con
solations qu'elle Lui avait appor
tées et qui l'avaient tant récon
forté.
« Nous sommes descendu au
moins soixante-dix fois à Saint-
Pierre, dit le Pape avec ; enjoue
ment; ces grandes audiences de
pèlerins, si souvent répétées, ont
vraiment soutenu Nos forces, —le
moral influant sur le physique. »
Là-dessus, avec un aimable
abandon, le Pape évoque quelques
souvenirs de son passé, montrant
ainsi l'inaltérable reconnaissance
qu'il garde des services rendus,
il rappela, combien l'avait récon
forté, en 1838, la sollicitude que les
habitants de Bénévent avaient mon
trée pour sa santé. Délégué du
Saint-Siège; en cette cité, Il y était
tombé dangereusement malade; on
appela pour le soigner, un médecin
de Naples qui Lui rendit l'espoir
et, avec l'aide de Dieu, Le ramena
à la santé.
«... Dans l'année qui vient de se
terminer, continua le Saint-Père,
Nous avons pu surmonter les fati
gues considérables de tant d'au
diences solennelles et d'audiences
particulières, sans compter le la
beur ordinaire de Notre charge
apostolique. A coup sûr, Nous
avons été bien soutenu, en ces con
jonctures, par leë satisfactions que
la pitié des fidèles Nous a, procu
rées.
« Il Nous a donc été donné d'ou
vrir la Porte Sainte, il Nous a été
donné aussi de la fermer.
. « Parfois Nous Nous sommes pris
à douter, Nous le confessons, si
Nous pourrions goûter cette pré
cieuse consolation ; au mois de sep-
Edition quotidienne. •— 12,015
Samedi 12 Janvier 1901
ëçztion quotidienne:
PARIS
et départements
Un an...î.„.. 40 »
Six mois...... 21 »
Trois mois..... 11 »
. ÉTRANGER
(union postal^
51 »
26 50
14 »
Lea abonnements partent des l or et 16 de chaque mois
UN NUMÉRO j ^ riS ï I Î2 Cent *
( Départements 15 —
BUREAUX î Paris, rue Cassette, 17
On s'abonne à Rome, place du Gesù, 8
ET
LE MONDE
. ÉDITION SEMI-QtJOTIDIENNE
i . - - ■ ' ■• • •
PARIS ÉTRANGER
-/ et départements (uniom postale)
Un an......... 20 » 26 »
Six mois...... 10 » « 13 »
Trois mois..... 5 » 6 50
Lea abonnements partent des 1 er et 16 de chaque mois
L'UNIVERS ne répond pas des manuscrits qui lui sont adressés
ANNONCES
MM. LAGRANGE, CERF et C ie , 6, place de la Bourse
PARIS, il JANVIER 1901
SOMMAIRE
U n congréganiste
au pouvoir....... F rançois V euillot.
A la Chambre...... G abriel de T riors .
Au Sénat J. M antenaï.
Correspondance ro
umaine ***
Le général Lam
bert A. R astoul.
Les méconuus.. .... G eorges B ertier.
BuHeîîn. — Nouvelles de Rome. — Les pè
lerins anglais au Vatican.— Le port delà
soutane. — La lettre de Léon XIII à l'é-
piscopat.—La chapelle de l'avenue Ho
che. — Information» politiques et parle
mentaires. — Un manuel dénoncé. —
Madagascar. — La guerre du TranBvaal.
— En Chine. — Dépêches fie l'étranger.
— A travers la presse. — Chronique.—
Lettres, sciences et arts. — Académie
. de médecine. — Echos de partout. —
Un appel. — Chronique religieuse. —
En province. —Nécrologie. —La peste.
— Tribunaux. — Le naufrage de la Rus
sie. — Nouvelles diverses.—Calendrier.
— Bourse et bulletin financier. — Der
nière heure.
Al! Mïllïl
A ce titre, un libre-penseur ou
un franc-maçon croira que nous,
. allons tirer de la poussière un très
antique événement, datant pour le
moins de la Restauration. Ne sait-
on pas que la mystérieuse et ter
rible Congrégation domina le pays
de 1815 à 1830 et pénétra dans tous
les ressorts du gouvernement? En
leur qualité de dévots de la science
et de partisans des lumières, il
n'est point de bons anticléricaux
qui ne croient furieusemènt à cette
légende, anéantie depuis longtemps
par le simple exposé des faits. Nul
d'entre eux n'a lu, nul d'entre eux
ne lira le véridique et lumineux ou
vrage, où M. de Grandmaison a ra
mené la puissance et l'action des
congréganistes aux modestes pro
portions de la réalité. S'instruire et
se renseigner, — faiblesse ridicule,
où, seul, un obscurantiste et un
ignorantin est assez nigaud pour se
laisser choirl « Un. congréganiste
au pouvoir », il ne peut s'agir évi
demment que d'un ministre de
Louis XVIII.
Eh bien, non! C'est d'un ministre
aujourd'hui vivant, aujourd'hui gou
vernant, que nous voulons, parler.
Alors, c'est d'un ministre étran
ger. C'est d'un ministre apparte
nant sans doute à la République du
Chili, ce pays extraordinaire où le
chef de l'Etat prend ses vacances à
la maison des Pères du Sacré-Cœur
de.Picpus. La vraisemblance, en
effet, qu'un des complices de M.
Waldeck-Rousseau puisse apparte
nir q, une congrégation ! '
Vraisemblable ou non, c'est pour
tant vrai. « Le congréganiste au
pouvoir», qui fait le sujet de cet
article, est précisément l'un des
membres les plus connus —^ par
tant, l'un des plus décriés — du ca
binet dont la France est malade au-
/ jourd'hui. -
C'est- M. de Lanessan, ministre de
la marine.
M. de Lanessan, congréganiste,
allons doncl
Mais oui, M. de Lanessan, con
gréganiste! Etudiez plutôt le docu
ment ci-après, .que notre ardent
confrère, l'Avenir, de Lyon, — l'on
sait que l'ancien révoqué d'Indo-
Chine est député du Rhône, — a
découpé ces ]ours-ci dans une pu
blication congréganiste officielle :
Le F.*. Delpeeh, président. — Le F.v
de Lanessan va prêter son obligation.
(Bravos,)
F.\ de Lanessan, vous avez été élu
tout à l'heure membre du Conseil de
l'Ordre ; à ce titre, je vous demande de
prêter l'obligation que voici : « Je pro
mets d'observer fidèlement en qualité de
membre du conseil de l'Ordre la
constitution et le règlement général de
l'ordre. »
[Le F.-, de Lanessan prête cette obli
gation.)
Le F.'. Delpeeh, président. — Cette
élection n'a rien de banal ; aux homma
ges que vous venez d'adresser au F.', de
Lanessan, ministre de la marine, je joins
les félicitations personnelles du parle-
' mentaire républicain président de cette
Assemblée. Ceci est une chose unique
dans l'histoire de la Maçonnerie, un bon-
exemple de courage et de droiture politi
ques donné aux membres du Parlement
français. ( Applaudissements .) Nous sa
vons que, trop souvent, certains républi
cains arrivés au pouvoir rie se sont pas
montrés dignes de la confiance que nous
leur avions accordée. L'exemple que
vous donhez, F. \ de Lanessan, devrait
- être chose ordinaire dans le généreux
pays de France. Espérons qu'il sera
suivi. (Applaudissements.) '
Ce savoureux morceau est tiré du
- Compte rendu du convent et des
travaux de l'assemblée générale du
3 au 8 septembre 1900, page 149. ,
C'est bien ce que nous avions
dit. Le ministre ae la marine ap
partient à une congrégation.
Il appartient même à une con
grégation illégale et non autori
sée, qui agit dans l'ombre ' et qui
voudrait — mais, Dieu merci, des
yeux vigilants et clairvoyants la
surveillent trop bien — maintenir
le sceau du mystère et du secret sur
sa conduite et ses règlements.
Le ministre de la marine est :
membre actif, _ important, d'une
congrégation religieuse. Et ce der
nier caractère est bien avéré, puis
que le principal objet de la congré
gation maçonnique est d'anéantir la
religion chrétienne au profit de la
religion libre-penseuse, athée, dia-;
bolique.
Le ministre de la marine est le
serviteur fidèle et obéissant de la.
congrégation la plus dangereuse,
attendu que la maçonnerie cherche;
— et que, malheureusement, elle
arrive — à dominer le pouvoir en'
pratiquant des menées souterraines
et en usant de moyens détournés;
attendu qu'elle ne combat jamais
en face, avec franchise et loyauté,
mais qu'elle enveloppe ses ennemis
dans les filets de l'embuscade et de
la trahison ; attendu que ses mem
bres, à l'insu du public ignorant de
leur caractère, envahissent toutes
les places ^et- s'insinuent dans tou
tes les influences ; attendu, enfin,
qu'au lieu de se cantonner comme
les Dominicains, les Jésuites ou les
Capucins, sur un terrain bien déli
mité, dans un ordre d'activité nette
ment défini, la c®ngrégation du
Grand-Orient s'infiltre et s'insinue
f)artout, dans le professorat, dans
'armée, daas la magistrature, au
Parlement.
.Cette congrégation illégale et non
autorisée, M. de Lanessan ne se
borne pas à lui donner son con
cours, à lui demander son mot
d'ordre. Il fait partie de- son pou
voir exécutif et s'engage à remplir
les obligations attachées à ce poste.
Il est donc tenu, par un serment
formel et par les encouragements
impérieux de ses confrères, à exé
cuter, ~ c'est le mot, — tous les
projets maçonniques et a se servir,
à cet effet, de son autorité minis
térielle. :
On supposait que notre flotte était
confiée, sinon à un personnage hon
nête et compétent, tout au moins à
un député français. C'était une er
reur. Notre marine est livrée à
l'employé docile et soumis d'une
association cosmopolite^ ennemie
de l'armée !
François V euillot
— ; ——♦
VULLETI&C
Hier, à la Chambre, M. DeschaneX, en
prenant possession à nouveau du fau
teuil présidentiel, a prononcé le tradi
tionnel .discours de remerciement; nous
en avons donné le texte en Dernière
Heure.
. Après quoi, un très vif débat s'est en
gagé sur ta. fixation de l'ordre du jour.
Finalement on a décidé de commencer
lundi l'examen du projet de loi sur les
.associations et de discuter, à ce propos,
l'interpellation de M. Sembat
intérieures ».
Au Sénat, élection du bureau : M.
Fallières a été renommé président par
175 voix sur 211 votants.
On déclare ne rien savoir i la léga
tion de Danemark ni au ministère des
affaires étrangères au sujet de la nou
velle donnée hier relativement & la pro
chaine abdication du roi Christian IX.
On annonce que le gouvernement
américain a retiré sa proposition de réu
nira, Washington une conférence inter
nationale pour régler la question de
l'indemnité chinoise.
—i ■ . y. - 1 —■ .
NOUVELLES DE ROME
Dimanche, dans la matinée, le Saint-
Père a reçu une délégation du comité in
ternational de l'hommage au Christ Ré
dempteur.
Sa Sainteté a reçu aussi M. James
Hicks ; le savant anglais a apporté au
Pape une collection complète d'instru
ments météorologiques, qui ont été ho
norés de récompenses à l'Exposition de
Paris.
Une œuvre du Saint-Père.
Léon XIII, qui a déjà confié aux Soeurs
de la Sainte-Famille le soin de fonder
une colonie agricole, pour des jeunes fil
les, à Tor Pignattara, hors de Ja Porta
Maggiore, a chargé les PP. Ermites d'é
tablir une colonie agricole pour des jeu
nes gens à Pétrarco, près d'Orviéto.
L'ordre des Ermites, fondé assez récem
ment par le prêtre Louis Orione, s'est
déjà répandu en divers points de la Si
cile ; il y exerce avec grand fruit son
apostolat parmi les populations agrico
les. "
Le gouvernement italien.
M. le sénateur Finali vient d'accepter
le portefeuille du Trésor, il remplace M.
Rubini démissionnaire. Nombre d'orga
nes de la presse favorable au gouverne
ment continuentà s'agiter en faveur d'un
remaniement plus complet du ministère
Saracco.
Dimanche dernier ont eu lieu, en une
quinzaine de circonscriptions, des élec
tions parlementaires. Sauf à Milan où le
candidat socialiste est élu avec une
énorme majorité, le parti révolutionnaire
ne semble pas avoir fait de progrès sen
sibles. Les républicains ont gagné un
siège. La presse italienne s'accorde à
souligner le calme apathique au milieu
duquel les élections se sont déroulées.
La presse antifrançaise.
Elle continue à s'acharner ici contre
Mgr Favier. Elle s'ingénie assez perfide
ment à forcer la note "de l'interview que
l'évêque missionnaire vient d'accorder à
un journal français, en passant à Mar
seille. Mgr Favier a déclaré que le Pape
avait manifesté des sentiments bienveil-'
lants pour la France. La Tribuna ap
pelle cette déclaration un démenti in
fligé au Pape par l'évêque de Pékin :
c'est que la presse dévouée à la Triplice
n'a voulu voir dans la récente Lettre du
Pape au cardinal Richard qu'une décla
ration de guerre au gouvernement fran
çais. ■■
Par ailleurs, cette presse ne peut par
donner àMgr Favier d'être le plus ferme
champion du catholicisme et de l'in
fluence française en Extrême-Orient;
après avoir cherché à le déconsidérer,
elle s'ingénie maintenant à l'opposer au.
Souverain Pontife, pour lequel Mgr Fa
vier n'a jamais cessé de protester de son
absolue déférence.
LES PÈLERINS ANGLAIS AU VATICAN
Rome, 8 janvier.
Mardi, vers midi, le Saint-Père a don
né audience aux huit cents pèlerins an
glais; venus à Rome sous la conduite du
duc de Norfolk. Outre S. Em. le cardinal
Vaughan, qui présidait le pèlerinage,plu
sieurs évêques anglais étaient présents à
l'audience. On remarquait parmi eux Mgr
J. Vèrtue, évêque de Portsmouth; Mgr G.
Bilsborrow, évêque de Salford ; Mgr Ed.
Ilsley, évêque de Birmingham ; Mgr
Ch. M. Graham, coadjuteur de l'évêque
de Plymouth ; Mgr Preston, auxiliaire de
l'évêque de Newcastle ; Mgr G. Kelly,
évêque de Géraidton (Australie); Mgr
Edm. Stonor, archevêque _ titulaire de
Trébisonde. Assistait aussi à l'audien
ce Mgr Merry del Val, archevêque titu
laire de Nicée, président de l'académie
ecclésiastique. . ;
Parmi les pèlerins, outre M. le duc de
Norfolk, on pouvait noter un certain
nombre d'autres membres de la haute
aristocratie anglaise.
Le duc de Norfolk a lu une adresse
dont voici la partie principale :
Très Saint-Père,
Nous, catholiques de Grandé-"Breta-
gne, nous considérons comme un pré
cieux privilège qu'il nous soit permis
d'offrir à Votre Sainteté, à cette époque
solennelle, l'hommage de notre affection
et l'assurance de notre dévouement aux
principes sacrés que Vous avez naguère
proclamés d'une façon si solennelle de
vant une génération qui en est trop pro
fondément oublieuse...
Un nouveau siècle vient de luire. Le
monde est plein d'une inquiète sollici
tude pour ce qui concerne les besoins
temporels du genre humain, la prospé
rité matérielle des peuples. Mais quand
les pensées des hommes se tournent vers
la vie future,leurs esprits sont tourmen
tés par des dissensions et obscurcis par
dés doutes. On aspire avec beaucoup
d'ardeur à la lumière, niais une grande
multitude d'hommes ne savent pas où
chercher un guide au milieu du conflit
des langues. :
C'est à une telle époque, Saint-Père,
que nous sommes venus de nié qui est
notre pairie vers cette cité sacrée, pour
proclamer à haute voix la foi constante
et immuable que nous avons en l'Eglise
catholique, comme en la lumière et la
vie des nations; pour proclamer aussi
notre ferme et invariable confiance dans
le Vicaire du Christ, qui est le juge in
faillible du dogme et de la morale, le
maître désigné par Dieu pour enseigner
là vérité religieuse aux fils des hommes.
Nous saluons pleins d'espérance ce
nouveau siècle que Vous avez inauguré,
Saint-Père, par la prière et le saint sacri
fice, maintenant le droit de Jésus-Christ à
l'empire du genre humain. Nous prions
— et nous avons confiance d'être exau
cés—r pour que ce siècle voie disparaître
les maux qui affligent l'Eglise, même
dans des pays qui font profession d'être
eatholiques. Et nous ne peuvons nous dé
fendre d'exprimer l'indignation que nous
inspirent-les tentatives d'opulentes so
ciétés de propagande pour corrompre la
foi des jeunes «t des pauvres dans cette
cité qui est Vôtre. Il nous faut aussi
Vous déclarer que nous compatissons à
la douleur que cette situation cause à
Votre cœur paternel.
Nous prions —et nous avons confiance
' — pour que cè siècle voie le Pontife ro
main rétabli dans cette situation d'indé
pendance temporelle que Votre Sainteté
a proclamée nécessaire à l'accoipplisse-
inent efficace des devoirs de son minis
tère qui embrasse le monde. Nous prions
—• et nous avons confiance — pour que
ce siècle assiste àladiffusion de la vérité
à travers le monde et particulièrement
dans les pays soumis à notre très gra
cieuse souveraine, sous le sceptre juste
et bienfaisant de laquelle là septième
partie presque de l'épiscopat catholique
diocésain jouit de la plus grande somme
de liberté civile et religieuse, comme
Votre Sainteté l'a reconnu dans une oc
casion mémorable. Nous prions enfin
pour que le jour luise bientôt où les
chrétiens britanniques, maintenant si di
visés, ne constitueront pins qu'un seul
troupeau guidé par un seul pasteur...
A cette adresse, le Souverain Pontife
a répondu par un discours dont vous au
rez sans doute publié le textè lorsque
vous recevrez cette correspondance.
LE PORT Bj_U SOUTANE
M. l'abbé Gayraud devait poser
une question au ministre de l'inté
rieur ët des cultes sur les mesures
qu'il compte prendre à l'égard des
récents arrêtés municipaux interdi
sant le port de la soutane. "
Un membre du gouvernement, à
qui le député de Brest avait mani
festé son désir de provoquer sur ce
point des explications catégoriques,,
lui a fait observer que les arrêtés
tout en présentant des caractères
de légalité, demeuraient privés de
toute sanction et étaient destinés à
rester lettre morte.
: Les ecclésiastiques, contre les
quels procès-verbaux auraient été
dressés pour contraventions aux ar
rêtés en question, n'ont donc même
point à se présenter devant le tribu
nal de l simple police.
A LA CHAMBRE
. La curée.
On pouvait bien se croire hier à
lacurée, lorsque,après l'élégantdis-
cours de M. Paul Deschanel,il s'est
agi de fixer l'ordre du jour.
Les socialistes, qui venaient déjà
de souligner,par des murmures,les
éloquents conseils de sagesse et de
libéralisme contenus dans la haran
gue présidentielle, entendaient bien
que rien ne vint retarder d'une
heure, dès la reprise réelle des tra
vaux parlementaires, la discussion
du projet qui doit spolier les con
grégations. i
Depuis longtemps, on avait don
né le premier rang à un projet ré
primant les fraudes en matière de
ventes de denrées, pour lequel il
suffira largement de deux heures
de discussion, — mais le rapporteur
n'était pas immédiatement prêt.
— Tout de suite ! hurlait l'Extrê
me gauche. — Tout de suité ; ou aux
calendes ! •
On a préféré les calendes...
Il y avait encore la loi sur les re
traites ouvrières, la loi réorgani
sant la marine marchande. On se
moque des ouvriers aussi bien que
de l'avenir de notre commerce na
tional, chez ceux dont la haine an
ti-religieuse constitue toute la doc
trine sociale et politique. Ces deux
projets attendront des mois peut-
être, jusqu'à ce que le fiel jacobin
se soit entièrement déversé en dis
cours violents et injurieux contre
les associations catholiques.
La majorité n'a même point souf
fert qu'un jour par semaine fût af
fecté aux lois urgentes ; les lundis,
mardis et jeudis devront être, dès le
14 janvier, consacrés à la loi sur les
associations, le vendredi restant ré
servé aux interpellations.
Il est une interpellation,, cepen
dant, à laquelle un tour de faveur
a été accordé : M. Sembat s'est
avisé de demander, à propos de
l'admirable lettre du Souverain
Pontife au cardinal Richard, sî le
gouvernement veut tolérer « l'ingé
rence étrangère du Vatican dans
nos affaires intériaures ».
Comme en méchant français ces
choses-là sont dites! et tandis que
le président du conseil réclamait
l'inscription après les autres inter
pellations à l'ordre du jour, M.
Sembat insistait pour la discussion
immédiate.
~ Tout de suite ! Tout de suite !
hurlaient les fauves de l'extrême
gauche; M. Walter, notamment, ne
se contenait plus, rêvant déjà d'une
condamnation comme d'abus pro
noncée contre le Pape par le con
seil d'Etat.
Après pointage, l'ajournement
réclamé par M. Waldeck-RousseaUj
était repoussé par 297 voix con
tre 216. Ajoutons bien vite que dans
cette majorité on compte nombre
d'adversaires du cabinet qui n'ont
vu, en se prononçant contre le ren
voi, qu'une arme d'opposition.
: — Tout de suite 1 tout de suite !
a-t-on crié de nouveau. Il a fallu
que M. Isambert, oui, M. Isambert
lui-même, donnât de sages con
seils.
Pourquoi ne pas joindre la dis-r
cussion de l'interpellation, à celle
du projet sur les associations, alors
que leur cc connexité » s'impose ?
Ainsi en a-t-on jugé, et, lundi pro
chain, le grand débat où doit se
iouer, on peut le dire, l'avenir de la
liberté religieuse dans notre pays,
s'ouvrira par quelques sottes atta
ques de M. Sembat,et autres sectai
res, contre le glorieux Pontife à qui
la France doit, pour une large part,
d'avoir conservé jusqu'ici son ra
yonnement dans le monde.
. Gabriel de T biors.
—: »—__—
AU SÉNAT
L'élection du bureau.
La séance d'hier, que présidait le
respecté doyen d'âge, M. Wallon,
a été consacrée à l'élection du bu
reau pour 1901. >
M. Fallières a été réélu président
par 175 voix sur 211 votants. M.
Charles Dupuy a obtenu quatre :
voix, M. Magnin et M. Wallon, cha
cun : une.
Ces chiffres indiquent que la,
droite s'est abstenue. Depuis les
débats de la Haute-Cour, M. Fal
lières compte ' un certain nombre:
d'ennemis au Sénat.
Les quatre vice-présidents élus:
sont MM.Barbey, 171 voix; Demôle,
165; de Verninac, 159; Franck-
Chauveau, 145.
Si l'honorable sénateur de l'Oise :
arrive en queue, c'est qu'il est à la
tête des antiministériels de la haute
assemblée*^ qu'il a été, par suite,
combattu très vivement sous main.
Ont été élus secrétaires : MM.
Francoz, 185 voix; Bourgeat, 184;
Rambourgt,184;Teisserenc de Bort,;
177 ; Darbot, 174 ; Denoix, 174 ;
Leydet, 164 ; Le Cour-Grandmai-
son, ce dernier pour la droite, 155.
MM. Gayot, Dusolier et Cazot ont
été nommés questeurs par 172, 170
et 156 voix.
La prochaine séance a été fixée à
vendredi.
Lundi, sans doute, on attaquera
le budget; mais il est douteux que
l'on évite à la fin du mois un nou
veau douzième provisoire.
J. M antenay.
U LETTRE DE S. S. LËON XIII
ET JL'ÉPISCOPAT
La Semaine religieuse de Paris
publie à nouveau la lettre de S. S.
Léon XIII en faisant précéder le
document pontifieai de cette note :
S. Em. le cardinal Richard avait été
chargé par le Pape de communiquer im
médiatement à NN. SS. les archevêques
et évêques de France la lettre que Sa
Sainteté lui a adressée le 23 décembre
1900. Le cardinal reçoit chaque jour dès
réponses de ses vénérables collègues qui
expriment leur profonde reconnaissance
pour lasollicitude avec laquelle Léon XIII
a traité la question des congrégations re
ligieuses et leur entière adhésion aux
enseignements du Souverain Pontife.
On pourrait résumer en trois mots les
considérations exposées avec tant de sa
gesse et d'autorité dans la'Lettre du
Pape : importance des congrégations re- ;
ligieuses dans la constitution de l'Eglise;
services rendus par elles à la société tout
entière, dans l'ordre civil ; droit réclamé
pour elles de jouir de la même liberté
que les autres citoyens; hommage aux
congrégations françaises pour leur dé
vouement à l'Eglise et à la France, le
pays que nous aimons, dit Léon XIII en
terminant sa lettre.
Son Eminence a voulu que la Lettre
du Souverain Pontife fût imprimée de
nouveau en tête de ce numéro de la Se
maine religieuse.
Mgr Lamouroux, évêque de Saint-
Flour, vient d'adresser la lettre sui
vante à S. S. Léon XIII :
Saint-Flour, 6 janvier.
Très Saint-Père,
Je viens de recevoir, par l'entremise
de S. Em. le cardinal Richard, arche
vêque de Paris, la magnifique lettre que
Votre Sainteté a daigné lui écrire pour la
défense des congrégations religieuses
menacées, on ne sait pourquoi, dans leurs
œuvrès et même dans leur existence.
C'est avec une admiration profonde,
mêlée d'une bien' vive reconnaissance,
que j'ai lu cette lettre impérissable, d'une
modération et d'une force sans égales,
dans laquelle éclate une sagesse si clair
voyante ; cet avertissement solennel et
paternel tout à la fois, imprégné d'amer
tume, mais débordant de la plus auguste
et de la plus délicate affection pour notre
cher pays.
Oui, soyez mille fois béni, Très Saint
Père, d'avoir apporté l'appui de votre au
torité suprême à nos chères congréga
tions, qui le méritent si bien, dont les
vœux et les règles n'ont rien de contraire
à qjielque forme que ce soit de gouverne
ment, et qui n'ont d'autre ambition que
de pouvoir continuer en paix à travailler
au salut du prochain comme aussi au
soulagement des misères si nombreuses
de la pauvre humanité. En retour de leur
abnégation, de leur charité, de leurs sa
crifices, de leur dévouement, ces pieuses
associations demandent, non des privi
lèges ou avantages quelconques, mais
uniquement ce que Votre Sainteté ré
clame pour elle : la liberté dans la me
sure du droit commun.
Et ce n'est pas seulement une œuvre
de lumière, de nature à confondre le ju
gement humain, que vous venez d'ac
complir, Très Saint-Père, c'est encore,
comme nous l'avons déjà insinué, une
œuvre d'amour, : bien faite pour pénétrer
d'une inoubliable rëconnaissancele cœur
de la France.
Ah ! si tous - nos compatriotes, si tous
les maîtres du pays surtout, et les con
seillers les plus influents de l'opinion,
comprenaient les intérêts vitaux de notre
nation avec autant d'intelligence et de
sûreté que votre auguste personne, quel
empressement ils mettraient à écouter
ses lumineux enseignements et à suivre
ses sages eonsèils !
Aussi n'ai-je pas besoin d'ajouter que
mon bien cher clergé et moi sommes
heureux et fiers d'être en parfaite con
formité de vues et de sentiments avec
Votre Sainteté et que nous unissons nos
prières à celles que dans son infinie bonté
et avec de si touchants accents, Elle
adresse Elle-même au ciel pour le succès
de cette noble cause.
Je baise vos pieds sacrés, Très Saint-
Père, vous suppliant de me bénir ainsi
que tout le peuple de mon diocèse, et
me dis avec bonheur, de Votre Sainteté,
le fils très humble, bien obéissant et tout
dévoué.
-}- J ean,
* évêque de Saint-Flour.
La Semaine religieuse de Bourges,
dit, à propos des réceptions du :
clergé a l'occasion du 1 er janvier :
Mgr Servonnet a exposé les motifs
d'espérer, les moyens par lesquels la
crise de l'heure présente peut se résou
dre : le premier est cette lettre même du
Saint-Père, cet admirable plaidoyer, cet
acte diplomatique d'un ordre si élevé, ce
touchant appel, cette puissante mise en
demeure. Il y a aussi les ressources extra
ordinaires de la nation française :son in
telligence pour comprendre et la raison
et ses vrais intérêts ; sa fierté, son senti
ment d'honneur devant là crainte de
perdre le premier rang dans le monde ;
son cœur que doit toucher l'amour de
Léon XIII ; son esprit chrétien qui ne
peut lui permettre de se jeter aux abî
mes.— C'est enfin et surtout la prièie
fervente et humble, dont la puissance est
un de nos dogmes. Nous y aurons re
cours, et nous pouvons avoir la confiance
que notre cher pays échappera aux périls
dont il est menacé.
CORRESPONDANCE ROMAINE
Ilome, 8 janvier.
Une heure avec Léon XIII.
Le jour de l'Epiphanie, S. S. Léon
XIII a reçu, en audience particu
lière, une délégation du comité in
ternational, que Lui ont présentée
S. Em. le cardinal Respighi, Mgr
Radini Redeschi, et M. le comte Ac-
quadermi.
Ce comité s'est dévoué durant
l'Année sainte, on le sait, à secon
der les pèlerinages du monde en
tier ; il s'est employé aussi à" pro
mouvoir les solennités destinées à
consacrer le siècle commençant au
Christ Rédempteur.
- Le Pape était dispos et souriant.
Il s'est empressé d'exprimer au co
mité sa vive gratitude.
« Dites-Nous donc, monsieur le
cardinal, demanda-t-Il ensuite à S.
Em. le cardinal Respighi, quel est
le but exact de l'audience que vous
avez souhaitée? »
Et lorsque le cardinal vicaire Lui
eut répondu que le comité venait
présenter l'offrande recueillie
pour le denier de Saint-Pierre,
et l'honoraire de la messe dite
par le Saint-Père dans la pre
mière nuit du XX 0 siècle, — Léon
XIII répartit aussitôt : « On Nous
avait demandé de célébrer cette
messe à Saint-Pierre. Notre grand
âge ne Nous l'a point permis. Mais
le Saint-Sacrement a été exposé
dans Notre chapelle privée : trois
messes y ont été dites ; Nous avons
célébré la deuxième, et Noua
Nous sommes servi du calice d'or
que votre comité Nous a offert au
nom du monde catholique.
—^-En beaucoup d'églises, repritle
cardinal, à Rome et ailleurs, un
grand nombre de prêtres ont célé
bré la messe en même temps, que
Votre Sainteté. Une foule de fidèles
ont assisté aux saints mystères et y
ont communié... — Pour Nous,
interrompit le Saint-Père avec émo
tion, — pourquoi hésiterions-Nous
à le déclarer?— en cette nuit qui
inaugurait le siècle, Nous Ko us
sommes recueilli d'une façon toute
spéciale ; Nous avons songé, en cé
lébrant les saints mystères, à. tous
ces prêtres, à tous ces fidèles, à
toute l'Eglise enfin qui s'unissait à
Nous en ce moment!...
« Oui, Nous avons, en cet instant,
embrassé par la pensée toute la ca
tholicité ; Nous t'avons présentée
humblement au divin Rédempteur...
Une des notes de l'Eglise, continua
d'un ton pénétré l'auguste Pontife,
une des notes de l'Eglise est la
sainteté; il y a toujours des âmes
saintes : elles se sont présentées,
cette nuit-là, devant l'autel et elles
priaient. Nous en sommes certain,
les prières des âmes saintes sont
entendues de Dieu ; aussi, Nous en
avons la confiance, grâce à tant de
prières, l'oblation que Nous avons
présentée au Seigneur a été reçue
par lui avec bienveillance... »
Il y avait quelque chose de pro
fondément émouvant dans ces ac
cents du Vicaire de Jésus-Christ.
. Donnant alors à sa causerie un
tour plus familier, Léon XIII parla
de l'Année sainte, des grandes con
solations qu'elle Lui avait appor
tées et qui l'avaient tant récon
forté.
« Nous sommes descendu au
moins soixante-dix fois à Saint-
Pierre, dit le Pape avec ; enjoue
ment; ces grandes audiences de
pèlerins, si souvent répétées, ont
vraiment soutenu Nos forces, —le
moral influant sur le physique. »
Là-dessus, avec un aimable
abandon, le Pape évoque quelques
souvenirs de son passé, montrant
ainsi l'inaltérable reconnaissance
qu'il garde des services rendus,
il rappela, combien l'avait récon
forté, en 1838, la sollicitude que les
habitants de Bénévent avaient mon
trée pour sa santé. Délégué du
Saint-Siège; en cette cité, Il y était
tombé dangereusement malade; on
appela pour le soigner, un médecin
de Naples qui Lui rendit l'espoir
et, avec l'aide de Dieu, Le ramena
à la santé.
«... Dans l'année qui vient de se
terminer, continua le Saint-Père,
Nous avons pu surmonter les fati
gues considérables de tant d'au
diences solennelles et d'audiences
particulières, sans compter le la
beur ordinaire de Notre charge
apostolique. A coup sûr, Nous
avons été bien soutenu, en ces con
jonctures, par leë satisfactions que
la pitié des fidèles Nous a, procu
rées.
« Il Nous a donc été donné d'ou
vrir la Porte Sainte, il Nous a été
donné aussi de la fermer.
. « Parfois Nous Nous sommes pris
à douter, Nous le confessons, si
Nous pourrions goûter cette pré
cieuse consolation ; au mois de sep-
Le taux de reconnaissance estimé pour ce document est de 85.88%.
En savoir plus sur l'OCR
En savoir plus sur l'OCR
Le texte affiché peut comporter un certain nombre d'erreurs. En effet, le mode texte de ce document a été généré de façon automatique par un programme de reconnaissance optique de caractères (OCR). Le taux de reconnaissance estimé pour ce document est de 85.88%.
- Collections numériques similaires Véron Louis Véron Louis /services/engine/search/sru?operation=searchRetrieve&version=1.2&maximumRecords=50&collapsing=true&exactSearch=true&query=(dc.creator adj "Véron Louis" or dc.contributor adj "Véron Louis")
- Auteurs similaires Véron Louis Véron Louis /services/engine/search/sru?operation=searchRetrieve&version=1.2&maximumRecords=50&collapsing=true&exactSearch=true&query=(dc.creator adj "Véron Louis" or dc.contributor adj "Véron Louis")
-
-
Page
chiffre de pagination vue 1/4
- Recherche dans le document Recherche dans le document https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/search/ark:/12148/bpt6k7106075/f1.image ×
Recherche dans le document
- Partage et envoi par courriel Partage et envoi par courriel https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/share/ark:/12148/bpt6k7106075/f1.image
- Téléchargement / impression Téléchargement / impression https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/download/ark:/12148/bpt6k7106075/f1.image
- Mise en scène Mise en scène ×
Mise en scène
Créer facilement :
- Marque-page Marque-page https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/bookmark/ark:/12148/bpt6k7106075/f1.image ×
Gérer son espace personnel
Ajouter ce document
Ajouter/Voir ses marque-pages
Mes sélections ()Titre - Acheter une reproduction Acheter une reproduction https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/pa-ecommerce/ark:/12148/bpt6k7106075
- Acheter le livre complet Acheter le livre complet https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/indisponible/achat/ark:/12148/bpt6k7106075
- Signalement d'anomalie Signalement d'anomalie https://sindbadbnf.libanswers.com/widget_standalone.php?la_widget_id=7142
- Aide Aide https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/aide/ark:/12148/bpt6k7106075/f1.image × Aide
Facebook
Twitter
Pinterest