Titre : L'Univers
Éditeur : L'Univers (Paris)
Date d'édition : 1899-10-26
Contributeur : Veuillot, Louis (1813-1883). Rédacteur
Contributeur : Veuillot, Pierre (1859-1907). Rédacteur
Contributeur : Veuillot, François (1870-1952). Rédacteur
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Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 26 octobre 1899 26 octobre 1899
Description : 1899/10/26 (Numéro 11583). 1899/10/26 (Numéro 11583).
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse Collection numérique : Bibliographie de la presse
Description : Collection numérique : BIPFPIG44 Collection numérique : BIPFPIG44
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k710353f
Source : Bibliothèque nationale de France
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 06/02/2011
Jeudi 26 Octobre 1899
Edition quotidienne. — 11,583
Jeudi 26 Octobre 1899
ÉDITION QUOTIDXSNKai
PARIS
JE* BÉPARTEMENïl
On an... 40 »
Six mois...... 21 *
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BUREAUX? Pari», rue Oaaietta, if
On s'abonneà Rome, place du Qe»ù,'8
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LE MONDE
H dîtion ssmi-qttot idienns
: PARIS ÉTRANGE»
3v bêpartemenf? (cnionfostàisî
©n an 20 » 28 »
Six mois...... 10 » , 13 »
Trois moi#....» 5 » 6 60
Ssss abonnemëata partent des 1" et 18 de chaîne sasiù
Ss'UJUiVERS ne répond, pas des manuscrits qui lui sont adrmfe
; ANNONOES . ■ .
Bfiîfl. LAGRANGE, CERF et O u , 6, place de la Bour»*
PARIS, 25 OCTOBRE 1899
SOMMAIRE
Les petits cercles
d'études sociales.. F rançois V euolot.
Bruits de débarque
ment...... P. V.
Juges à Berlin..... G. D'A.
Correspondance ro
maine *** ' ,
L ettres de Lourdes. E mile R uin.
Bulletin. — Nouvelles, de Rome. — S. B:
Mgr Emmanuellian.—« Vers l'avenir ». —
La prière au collège d'Issoudun, — In
formations politiques et parlementaires.
— Un ■ décret.La Haute-Gour. — M.
Urbain Gohier poursuivi. — La guerre du
Transyaal. — Dépêches de l'étranger.,—
A travers la presse. — Chronique. —
Lettres, .^sciences et arts. — Le roi de
Grèce:à Paris. — Ecbes ds partout. — Le
syndicat des industries du livre. — .La
question ouvrière. • i— En province. —
L'œuvre du * Sacré-Cœur à Tarbês. —
"Union fraternelle. — Nécrologie. — L'af
faire cfEsquermes. — Le crime de la rue
Berthe...— Tribunaux. — Nouvelles dl-
.verççs. - rr v Calendrier-.— jardin d'accli
matation. ; Table.su. ,et tibu'Uçtlp .jSâ la
Bourse.:.— : Dernièreheure.
LES PETITS CERCLES
D'JWES SOCIALES
La Foi et la vie, revue protestante,
a consacré, voici peu'de jours, une
étude approfondie, très attentive et
très impartiale, -à une oeuvre catho
lique.
Cette œuvre est organisée par le
Sillon. Nous en avons dit quelques
mots, dimanche, à propos d'une
réunion tenue récemment en vue de
la faire connaître. Elle a pour but
de développer et de fortifier les
« Petits cercles d'études sociales »,
établis dans les patronages.
La Foi et la vie, par la plume de
M. P. Doumergue, en détaille à fond
le mécanisme et en définit, d'ail
leurs exactement, l'inspiration.
L'œuvre est, à ses yeux, dés plus
hautes et des, plus fécondes ; elle lui
paraît « de toute importance ».
De tels compliments ne sont-ils
pas dangereux ? Ne sont-ils point dé
nature a compromettre une œuvre
catholique ? Et ne peut-on soupçon
ner que les idées du Sillon, puis
qu'elles ont séduit un protestant, ne
sont point d'une orthodoxie par
faite?
Non ! Il suffit de parcourir un
instant le travail de M. Doumergue,
pour voir que l'on commettrait une
erreur grave et une injustice, en
traduisant ainsi ses éloges. Ce que
le collaborateur de la Foi et la. vie
trouve à féliciter dans l'œuvre orga
nisée par le Sillon, c'est le débor
dement d'enthousiasme et d'activité,
de dévouement et de foi, dont elle
est, tout ensemble, et le témoi
gnage et le fruit. Cette œuvre, il la
cite ën exemple à ses coreligion
naires, jen exprimant s bien haut Je
regret d'avoir à leur montrer, chez
l'ennemi, de pareils modèles. Mais
il ne se fait aucune illusion sur le
but poursuivi par ses organisateurs
et sur 'les résultats, très fâcheux à"
son" point dé .vjié, qu'ils pouïroiit''
obtenir, ills n'ont, dit-il, en effet*
d'aiitre dessein que « de faire ren-
trér ' le* peuplé dans l'Eglise x et,
pour eUx,av#nt .tout, « il s'agit,
de cathoïiciser la France ». Aussi,
répondant d'avance aux protestants
gui.verraierit, dàns ? ces' esprits'; ou
verts', et généreux', — beaucoup de
« réformés » né croiënt-ils.pas'avoir
le monopole décès vertus? — des
recrues futures, ; jl leur dit carré
ment,: .Non! « ëéla^n'est 'guère à
craindre — ou, si l'on veut, a espé
rer. » ■ , 1 "
' Lés compliments de la Foi et là
vie ne sont donc^pàs^compromet-!
tants pour les petits' cercles d'étu
des sociales ; ils sent précieux. Ce
n'est poinf la flatterie pour* l'adver
saire en qui l'im Voit poindre" tin
allié ; c 'est l'hommage involontaire
à l'ennemi .dont on voudrait imiter
la tactique^et la vigueur.
Au surplus,' M. Doumergue, au
milieu des citations .dont sc !? 1 article
est nourri, reproduit un morceau,
bien fait pouf; déèespérerles pro
testants, Ornais atissi pour' donner
confiance aux catholiques. Ecoutez-
le :
k Nous ne sommes pas des théo
logiens, — écrivait, il y a quelques
mois, le Sillon ; chacun son rôle;
nous n'avons pas reçu mission de
faire partie de l'Eglise enseignante;,
ce n'est pas nous qui sommes cliar-,
gés 'de fabriquer le catéchisme,
mais bien seulement de l'apprendre. .
Vraiment, npus assistons parfois
aujourd'hui àd'étranges spectacles,
le plus petit laïque, le plus ignorant
parfois des questions Religieuses se
mêle déjuger l'Eglise : il relève ses
fautes, pèse ses mérites et ses fai
blesses, il lui trace sa voie ».
C'est une sage et catholique ins^
piratiùn qiii a dicté ces lignes. Or,
on en peut! relever la ; trâce à toutes
les pages de la brochure éloquente
et forte ou, récemment, M. San
gnier-Lachaud r^n^sait quelques
travaux publiés par liïî le mr
Ion (1). Lisez cette bro chure. Il en
est peu, de nos-jours, où l'on trouve
une nourriture intellectuelle aussi
réconfortante et aussi savoureuse.
Une jeunesse vibrante, aspirant à
l'action sociale et brûlant de se li
vrer , à l'apostolat parmi le peuple,
un style alerte et chaud, ample et
nerveux tout à la fois, un bel épa
nouissement de vie, toute une
éclosion de pensées hardies, fé
condes et de vues pénétrantes,.,
on y décçuvre, harmonieusement
fonaus, ces éléments divers et sur
tout l'on y reconnaît, une âme
généreuse et « profondément, soli-
ement, catholique.
Mais le principal intérêt qu'elle
{) résente à nps yeux, c'est, cjue tout
'esprit de l'œuvre organisée parle
Sillon, pour.les Petits cercles d'é-
tudes sociales, y est contenu et s'y
trouve excellemment développe ;c'est
que l'organisation de l'œuvre, elle-
même, y est expliquée dans tous ses
détails et dans ses grandes lignes.
Quelle ëst donc cette oeuvre, en
fin, qui a ffxé l'attention de nos ad
versaires, au point qu'ils voudraient
l'imitèr chez eux? Nous. avpnj3 voulu
d'abord exposer quelle importance
ils lui reconnaissaient; ..car c?est
une tendance assez répandue que
d'admirer surtout, chez nos propres
amis, les institutions qui ont retenu
les regards étrangers, avant d'atti
rer les nôtres! En second lieu; il
nous àpàrù bon dé de montrer sur
quels , sentiments de profonde
obéissance envers l'Eglise jet de dé
vouement généreux s'appuyait L'œu
vre du Sillon; car de tels senti
ments sont lettres de créance au
près des catholiques.
Mais l'œuvre elle-même? En deux
mots, la voici.
Entre les patronages où l'on re
tient les enfants jusqu'au lende
main de la première communion et
les réunions d'hommes oùl'onreçqit
les jeunes gens dès leur majorité, il
y aurait une lacune assez large, et
surtout périlleuse, si aucune insti
tution n'était créée pour les adoles
cents. Mais les adolescents ne sont
pas oubliés. Ils ont les petits cer
cles.
Or, l'organisation des petits cer
cles — et leur direction surtout, —
est plus difficile et crée plus
d'embarras que la conduite ou la
misé entrain d'un patronage. Il y
faut un doigté des plus délicats.
Mener ces grands garçons comme
autant de bambins, ce serait mala
droit ; les traiter absolument com
me des hommes, ce serait dange^
reux.
M. Sangnier-Lachaud et ses amis
du Sillon, dont le dévouement s'in
téresse, avec une ardeur particu
lière, à ces adolescents, sont d'avis
qu'il ne suffit point de les divertir
ainsi que des enfants qu'ils sont
èncore à demi; mais il faut les ins
truire et les intéresser, solliciter
leurs initiatives, élargir et cultiver
leurs esprits, comme des citoyens
qu'ils sont déjà presque à moitié-
En outre, il n'est pas trop tôt pour
leur imprimer la formation nécès-
saire à la vie qui sera la leur, aux
combats' qu'ils devront' soutenir,;à
l'apostolat qu'il leur faudra prati
quer.
Aussi,les collaborateurs du Sillon
sontrils convainbus quë'.tqut petit
cerclé, avant d'être un liéu d'honnê
tes 'délassements,doit être,un cercle
d'études sociales : un foyer de tra
vail oùj sous une direction habile à
conduire et-à formér tous ces jeunes
cerveaux; mais non moins'habile à
dissimuler sa propre action,' tous
ces adolescents étudieront par eùx-
mêftieSj -.èn se prêtant "un - mutuel
appui'. '• : i ; "
D'ailleurs,, il faut reconnaître, —
et lé'jeune auteur , en convient le
premier,— que cette transformation
des petits cercles est chose accom
plie 'dans plus d'un patronage: >Et
cette constatation n'est faite aucu
nement pour" déprécier le mouve^
mertt dont le Silloiï'à pris ^initia
tive; elle est ; plutôt de nature à
erï garantir! lë caractère ^eHiciace .et
pràtiqùè.
Au, surplus, promouvoir où ils
n'existent ppint ces petits cercles
d'études sociales et les soutenir où
ils sont établis, ce n'ëst àuô'ta'nfloin-
drë partie de l'action ' con§ùé par
M.' Sangnier-Lachaud et ses'colla
borateurs. A se renfermer da,ns ce
cadre, ils ne seraient que les pro
pagateurs d'une idée féconde. As
surément, ce n'est pas un rôle à dé
daigner. Mais leur ambition est
plus vaste et, tout à la fois, plus
pratique. Il ne leur a point suffi de
défendre une idée, ils ont voulu
créer une œuvre. '
Une œuvre l'Encore une ! Ençore
une, en effet ; mais qui ne veut rem
placer aucune autre et dont le but,
au contraire, est de servir et d'ap
puyer des organisations déjà exis
tantes.
Développér l'action des petits cer
cles d'études sociales et faciliter
leui's travaux; [créer entré léurs
membres, à travers tout Paris, des
relations de personnes et d'idées;
offrir à leurs adhérents les moyens
d'approfondir les questions qui sont
l'objet de leurs études; ouvrir à
(1) L'Education sociale du peuple, Paris,
Rondelet, 3, rue de l'Abbaye.
leurs esprits de nouveaux horizons,
•à leur activité des débouchés nou
veaux; aider enfin à la formation
d'une élite au sein de la jeunesse
ouvrière et la mettre en contact
avec les militants de la jeunesse
étudiante, — M. Sangnier-Lachaud
et ses amis ont rêvé cette œuvre et
sont en train de l'accomplir.
Leurs moyens? Oh ! très simples.
Ils ont ouvert, 77, rue de Vaugi-
rard, aux bureaux du Sillon, des
salles de travail. Là, de tous les
coins de Paris,viendront se réunir,
afin d'étudier, les jeunes gens des
petits cercles ; ils y trouveront des
journaux, des livres, des revues ;
ils y échangeront leurs sentiments
et leurs pensées. Des hommes
compétents, de doctrine et de sa
voir, seront là, non pour leur tenir
des discours, mais pour leur don
ner des conseils, leur indiquer l'ou
vrage à lire et la page à consulter,
leur éclairer les,points obscurs et
répondre à lears objections. Ce ne
seront pas des professeurs, mais
des conseillers, et dès amis.
Eii outre, à intervalles réguliers,
quelques uns de ces adolescents,
sous la direction d'un bon guide,
iront visiter,une église ou un labo
ratoire, un musée ou une institution
économique ; ils en rapporteront à
la fois des connaissances plus pra
tiques. et des idées plus générales.
Et.nous croyons, quant à nous,
que cette œuvre si simple est appe
lée à produire un grand résultat.
Elle nous semble une application,
plus efficace et mieux conçue, de l'i
dée qui inspira la création des Uni
versités populaires. Et les protes
tants* n'ont pas si tort d'en craindre
les effets. Espérons que les catho
liques en comprendront aussi bien
l'importance et mettront la même
ardeur à la soutenir que nos adver
saires à la dénoncer.
François Veuillot.
'BULLETI&i1
M. Miller&nd vient d'adresser aux ins
pecteurs du tra.mil une circulaire que
Von trouvera, au* Informations. Le mi-
nistre du commerce recommande à. ses
subordonnés d'exercer une étroite sur
veillance sur les œ ouvroirs, orphelinats
et autres établissements de bienfaisan
ce ». Nul doute que si l'inspection pres
crite est faite dans un esprit de justice,
elle ne tourne à l'avantage des maisons
religieuses que l'on vise...Mais sera t-elle
faite dans cet esprit ? Poser la question,
c'est peut-être y répondre.
A la commission du budget, M. Ber-
féaux, député socialiste, a fait connaître
qu'il déposerait deux amendements à
ta loi de finmces. Ces deux amende
ments ont pour but, l'un,d'empêcher les
fonctionnaires d'envoyer leurs enfants
dans les écoles et-collèges libres, Vautre
d'obliger tout candidat à une fonction
publique fr. passer trqis ans dans les éco
les de l'Etat. Nous voulons espérer que
lamajorité saura faire justice de ces
propositions inspirées par l'esprit sec
taire.
Sur une plainte du général de Gallif-
fet, ministre de la guerre, une instruc
tion vient d'être ouverte contre M. Ûr-
b&in Gohièr, Rédacteur de.i'Aurore,sous
les iricùlpatioris d'injures M de diffa
mation envers ï'armée et de provocation
de militaires à la désobéissance.
Nous reproduisons plus loin le décret
qùéle général de Gilliffet a fait signer
hier au conseil des ministres au sujet du
consièil \supérieur de la gùérré. JJeu#:
donnons également (p. rapport du imi-
nistre. '•
Le gouvernement anglais exerce une
ri'goureuse censure sur les dépêchés qui
arrivent de,l'Afrique soustraie. On com
mence k seplaindre À Londres de cette
étroite surveillance; d'autant plus que
les dernières dépêches officielles lais
sent entendre, malgré' leur ' &mbïgtiïté,
que la situation dfes'troupes britanni
ques est assez critique.
Le gouvernement espagnol a résolu
d.e suspendre provisoirement les garan
ties constitutionnelles en Catalogne.
Cette décision a entraîné la démission
duministre de là justice qui est Barce
lonais. •
Hier, au Reiçhsrath, la séance a été
tumuituèusé :'les députés tchèques ont
adopté les procédés dà' violente obstruc
tion jadis ^employés par l'opposition al
lemande.
NOUVELLES DE ROME
A.
On nous écrit de Ptome le 23 oc
tobre ; . '
A l'occasion d'une audience particu
lière qu'il a donnée aujourd'hui, à S. Etn.
le cardinal Steinhuber, le Saint-Père a
reçu l'hommage que Son Eminence lui a
présenté, au nom de la société Léo
nine de Vienne, d'une superbe collec
tion d'images sacrées, exécutées d'a
près leà dessins des meilleurs maîtres
et les traditions les plus sû res de l'icono
graphie. Sa Sainteté en a été vivement
satisfaite et a volontiers accordé la béné
diction apostolique à cette Société si bien
méritante de l'art religieux.
— Par billet de la secrétairerie d'Etat
en date d'aujourd'hui, le Souverain Pon
tife vient de confier à son camériejr se
cret p^rtlcipapt, Mgr Merr'y del Val, qui
depuis sa mission au G^tigdiv a aups} le
tiïpe 4e prélat domestique, leg fonctions
de président de la Noble Académie ec
clésiastique, en remplacement de feu
Mgr Oastrocane degli Antelminelli. De
même que son prédécesseur, Mgr Merry
del Val, d'abord élève de la Noble Aca
démie ecclésiastique, puis appelé à faire
partie de la Famille pontificale parmi les
prélats qui approchent davantage et le
plus intimement le Saint-Père, offre les
meilleures garanties pour la direction
d'un Institut qui s'honore d'avoir eu
dans Léon XIII une de ses plus hautes il
lustrations et auquel Sa Saintet é a gardé
une affection spéciale. Aussi le choix du
nouveau président de la Noble Académie
ecclésiastique rencontre-t-il tous les
suffrages et promet de répondre plei
nement à la confiance du Souverain Pon
tife.
BRUITS DE DEBARQUENT
On dit, dans plusieurs journaux,
que lë ministère ne se présenterait
pas devant les Chambres, tel qu'il
est actuellement composé. Le pré
sident du conseil éliminerait; ces
jours-ci, un ou deux, trois ou qua
tre peut-être de ses collègues. Les
organes qui répandent cette infor
mation ne sont pas, il est vrai, de
ceux qui passent pour recevoir les
informations et confidences de &oa
gouvernants. D'autre part, des
feuilles qu'on çeut croire officieuse
ment renseignées affirment, au con
traire, qu'il n'est point question
d'un remaniement ministériel. Mais
que prouvent ces démentis? On nie
les débarquements de ce genre, jus
qu'au jour où ils ont lieu. C'est de
tradition, et céla s'explique.
Il ne semble guère, toutefois, que
31. de Gallifïet, le membre du ca
binet le plus généralement désigné
comme victime prochaine et prin
cipale, songe à se retirer.Il ne sem
ble pas davantage que M. Wàldeck-
Rousseau véuille écarter ce collè
gue. Hier encore, le général pre
nait des mesures que nous ne
songeons point à discuter ici ; mais
dont nous dirons seulement qu'elles
ne sont pas d'un ministre qui songe
à s'en aller. M. de Galliffet a plu
tôt l'air de rédiger des préfaces
que son testament.
Et aujourd'hui, le voici qui défère
l'Aurore et M. Gohiér à la justice,
pour insultes et calomnies contre
l'armée. Cette décision n'a qu'un
tort, c'est d'être bien tardive et
trop restreinte. Elle rencontrera
une approbation presque générale,
et la conscience publique éprou
vera un grand soulagement. Il faut
espérer que, cette fois, le jury com
prendra mieux son devoir que lors
des précédentes poursuites. Répri
mer sévèrement la criminelle au
dace des enragés qui mènent, en
vrais sans-patrie, la campagne con
tre nos institutions militaires de
vient d'une extrême urgence. Vou
lons-nous, oui ou non, conserver
une armée? Le jury répondra.
M. de Galliffet n'a certainement
pas pris une décision de cette im
portance sans l'approbation, sinon
de tout le ministère, au moins de
-M. le président du conseil. Et voilà
qui donne à croire que celui-ci ne
pensé guère a débarquer le géné
ral. .M. Waldeck-Rousseau laisse
parler MM. Millerand et Baudin,
mais il laisse agir M. de Galliffet.
C'est le cas dè dire, — hâtons-nous
d'en profiter au passage, — que les
actes valent mieux que les parolés.
P. V.
JUGES h BlBLlff
Cje n'est pas le me^qier de, Sans-Souci
qui vient ds comparaître .devant eu^.O'ést
Zola... d^ns : la personne d'un de .sep
romans les .plus .pornographiques et'les
plus célèbres : JVana.
Lé a conseil des procureurs », jugeant
cet ouvrage ipampral, avait donné .orâire
de confisquer touB lèa^exerriplàires qu'on
avait jpu en trouver.
^L'affaire est venue devant la neuvième
chambre criminelle de Berlin. Le procu
reur Engèl a produit aux débats quel
ques fragments de Nana, pour prouver
que le conseil ^vait agi'èn.toute justice ;
mais la chambre criminèlle:.', a dpnné
tort au procureur ; et les volumes confis»
qués ont été rendus :
Comme motif de cette décision, dit le Ma
lin, le président de là chambré criminelle
a déclaré que les ex.fraits de Wang, accusés
d'être immoraux par le conseil des procu
reurs, peuvent, certainement, être consi
dérés comme tels ; mais qu'il faut prendre
en considération que l'auteur n'avait pas
en vue de séduire par ses descriptions,
mais, bien au contraire, l'intention de pro
duire, sur ses lecteurs, un effet salutaire de
dégoût : cela enlève à Nana son caractère
d'immoralité.
! !!...
La thèse est commode, et ouvre aux
auteurs pornographiques d'utiles hori-
zons.
Il Eufïira désormais d'introduire, dans
un ouvrage ou abondent les peintures
obscènes, un personnage quelconque
chargé de blâmer ce qui se fait autour de
lui, et voilà le livre muni d'un bon para
tonnerre.
Nous nous demandons ce que diraient
nos bons anticléricaux, si farouchement
pudiques toutes les fois qu'il B'agit" dé
honnir la fauté d'un prêtre, ce qu'ils pen
seraient d'un prédicateur qui, ayant à
parler contre les gravures obscènes, em
ploierait tout le temps du sermon à en
faire circuter dans l'auditoire, et ajoute
rait à la ftn:« Mes frères, voilà ce qu'il ne
faut pas regarder. #
Les juges de Berlin entendent la mo
rale de cette façon. C'est leur affaire.
Ajoutons une remarque, ou plutôt une
question. Pourquoi Zola, considéré
comme immoral en Allemagne avant
l'affaire Dreyfus, rentre-t-ilen grâce au
près delaThémis germanique, précisé
ment après sa fameuse campagne en fa
veur du traître français ?
G. d 'A.
CORRESPONDANCE ROMAINE
Rome, 23 octobre.
L'audience pontificale aux pèlerins
anglais.
Les pèlerins anglais dont je vous
ai annoncé l'arrivée à Rome, au
nombre d'environ cent cinquante,
ont été reçus aujourd'hui en au
dience collective par. le Souverain
Pontife; Il s'était joint à eux un égal
nombre à peu près de leurs com
patriotes établis à Rome, notam
ment les élèves des collèges anglais,
écossais et irlandais.
Le Saint-Père les a reçus tous
ensemble, à midi, dans la vaste salle
Clémentine, qui se trouve^ de plain-
pied avec les appartements pontifi
caux auxquels elle sert d'anticham-
broi A îa lële da l 'aaoiatanoc, on re
marquait l'un des plus distingués
prélats anglais de la Cour pontifi
cale, S. G. Mgr Stonor, archevêque
titulaire de Irébizohde. Les pèle
rins proprement dits étaient prési
dés par le R. P. Bonnin, des mis
sionnaires Pa llottini, recteur de
l'église de Saint-Pierre de Londres
et organisateur du pèlerinage. C'est
lui qui a exprimé en leur nom au
Souverain Pontife l'hommage des
vifs sentiments de foi et d'amour
qui les avaient amenés à ses -pi .eds,
sur l'appel de la Catholic Associa
tion, en précurseurs du pèlerinage
plus important encore que la même
Association prépare à l'occasion
de l'année jubilaire.
Sa Sainteté a répondu en faisant
lire en langue italienne et. traduire
en anglais par son camérier secret
participant, Mgr Merrydel Val, le
discours suivant :
« Grande est Notre satisfaction
en voyant autour de Nous une pha
lange de catholiques anglais. C'est
le troisième pèlerinage qui, pendant
Notre pontificat, Nous arrive de
l'ancienne île des saints.
« La prochaine .célébration du
grand Jubilé, dont Nous avons lancé
l'indiction pour l'année prochaine,
Nous fait espérer que bientôt Nous
verrons un quatrième pèlerinage de
votrë.nation ;,Nous avons même la
confiance de le voir conduit par ce
généreux,personnage qu'est le duc
aé Norfolk, vrai honneur du patri-
ciat anglais et dont la noblesse
brille d'un éclat d'autant plus vif
qu'elle resplendit de la lumière de
la foi catholique professée par lui
dans tout l'élan de son zèle et dans
la munificence de ses œuvres.
« L'hommage de filial amour que
vous Nous rendez maintenant, chers
fils, après avoir vénéré la tombe du
prince.des apôtres, Nous est extrê
mement cher. En venant à Rome,
aux pieds du vicaire de Jésus-Christ,;
vous accomplissez solennellement
un acte public de foi et vous donnez
un très noble exemple d'attache- J
ment ..sincère au siège apostolique. ;
Vous montrez ainsi cette docilités
qui, sans idées préconçues, .sans
jugements passionnés ni apprécia
tions téméraires, est due envers
Celui qui détient le magistère su
prême et le divin mandat de régir et
de gouverner l'Eglise. Plaise au
Ciel que votre exemple soit fécond ;
en imitations salutaires. " ' . ' ;
« .Beaucoup d'entre vous appar- ;
tiennent à ,1a .catholique Irlande.
Oh! combien sont nobles les tradi-:
tions de cette île bénie! Que* de
preuves constantes de dévouement
et de générosité Nous viennent au
jourd'hui aussi de ses fils ! Nous
Nous réjouissons de vous voir les
uns et les autres réunis ici, au cen
tre de l'unité catholique, devant le
commun Père, pendant que vous
fraternisez admirablement sous la
bannière de la même foi. Aux uns
et aux autres, Nous manifestons
égalémënt Notre s'alnsfactiôn et No
tre agrément. Aux uns et aux au
tres, Nous recommandons l'obéis
sance aux pasteurs respectifs et la
persévérance dans le bien,
« Et comme gage de Notre pater
nelle affection, Nous accordons du
fond du cœur la bénédiction aposto
lique à vous tous ici présents, à vos
lointaines familles, à vos parents et
à vos amis. » ' ' '
La bénédiction annoncée à la fin
de ce discours, a été donnée par le
Souverain Pontife, en forme solen-»
nelle, d'une voix forte et vibrante
qui a profondément ému les assis
tants, ën même temps qu'elle leur a
permis dè constater la vaillance qu'il
plaît à Dieu de lui garder, malgré le
poids de l'âge et des sollicitudes.Ils
l'ont constatée aussi, aveo admirâ-
tion, pendant que lé Saint-Père ad
mettait successivement à son trône :
tous les pèlerins, à mesure qu'ils
lui étaient présentés par Mgr Sto
nor et par le R. P. Bonnin. On re
marquait parmi eux deux représen* =
tants catholiques de la Chambre ?
des communes, à savoir sir Tho
mas Grattan Egmonde, député an
glais, accompagné de Mme Grattan,
sa femme, et le député irlandais, sir
Whip. ' *
Le Saint-Père les a interrogés
avec le plus vif intérêt sur les sen
timents des hommes politiques dè
leur patrie à l'égard du catholicisme
et il a entretenu de même avec un
intérêt soutenu tous et chacun des
pèlerins, les plus marquants comme
les plus humbles, leur prodiguant
les marques de sa paternelle bien
veillance, pendant qu'ils y répon
daient en lui présentant de géné
reuses offrandes. Lorsque la récep
tion a pris fin et que le Saint-Père a
traversé les rangs derassistance,en
la bénissant encore, il a été salué par
d'enthousiastes hourras exprimant
une reconnaissance émue pour sa
bonté et des vœux ardents pour
qu'il soit conservé longtemps au
filial amour des catholiques.
S. B. ■" EMilBELUil
On nous écrit d'Angora :
L'Univers du 28 juillet annonçait l'élec
tion du patriarche des Arméniens catholi
ques, S. B. Mgr Emmanuellian. Cette élec -
Uuu vicnV ^tro ouUÛnu^cr lc ld OCtOD.rO p&T
le sultan,
S. B. Mgr Paul Emmanuellian est né à
Telermen, village situé près de Mardtn
(Arménie), le 16 janvier 1829. Il commença
ses études ecclésiastiques au ■ séminaire de
Bzimmar (Liban) et illes compléta à Rome
au. collège de la Propagande. Peu de temps
après son ordination sacerdotale^ il 4ut
nommé vicaire générai;puis;en 1881,évê^ue
de Gésarée. Par son Intèlllgence remar
quable et son exquise bonté de cœur, ainsi
que par sa longue expérience du ministère
et ses solides vertus, S.B.Mgr Emmanuel
lian justifie, à tout égards, la confiance de
Sa Majesté Impériale, celle des catholiques
arméniens et le suffrage presque unanime
de ses collègues dans i'épiscopat réunis en
synode à Gonstantinople pour l'élection du
successeur de Mgr Azarlan.
En Mgr Emmanuellian on a un patriar
che dans le sens antique du mot; un grand
religieux, bon, austère pour lui-même, cha
ritable envers tous, et nç.tendant dans tou
tes ses actions qu'à faire le bien et par là
même à attirer tous les cœurs. Le nouveau
patriarche, d'après un usage qui -est bien
fait pour témoigner de l'attachement des
Arméniens au Saint-Siège,ajouta à son nom
de Paul celui de Pierre (XI). Sous l'égide
puissante de ce double nom apostolique
il est permis de prédire au nouveau chei'
de l'église arménienne catholique les
plus heureux succès. Nos vœux les plus
ardents et nos constantes prières les de
mandent à Dieu. »
LETTRES DE LOURDES
{Suite*)
■ A. Lourdes. — Aux piscines.
A Lourdes, plongé une première fois
dans la piscine, Albert Déjouy n'éprouva
aucune amélioration. Une secondé ne
produisit guère plus d'effet.
Le 5 octobre, vers dix heures du matin
on l'y porta pour la troisième fois. II était
depuis un instant dans l'eau, lorsque,su
bitement, il ressentit dans les réins et
dans les jambes une sorte de courant
électrique (je traduis comme je puis le
langage et les gestes du malade) qui fut
immédiatement suivi d'un calme com-
. plet ; toute douleur avait disparu. [Il se;
dressa, remonta, se rhabilla: « Laissez-
naoi, ;dit-il ; je ne souffre plus; je suis
guéri » ; et il. sortit des piscines en mar
chant. Le témoin déjà cité était présent/
avec le gros des pèlerins : a J'étais là, —
me disait-il ensuite, toujours dans son
style naïf mais .expressif, —- j'étais là
quand on i'a entré dans la piscine; et j'ai
dit : Cet homme n'en sortira paB en vie ;
on va le sortir mort. Quand je l'ai vu sor
tir en marchant, je ne voulais pas en.
croire mes yeux; et j'ai dit : Ohfmon
Dieu! quel"miracle ! Où en sommes-
nous ! Où' en Bomixiea nous ! » Plus câl
in e ; p et plfls .expérimentés, les brwcar-
diçi'rs Ide service, "croyant à un passager
effet de surexcitation, se laissèrent moins,
facilement convaincre et obligèrent leur
malade à accepter une-petite voiture :
« Eh bien ! lui répondirent-ils, Bi vous
êtes guéri, on le verra au bureau deSi
constatations. En attendant, mettez vous
toujours là. » Il obéit.
Au bureau des constatations.
Au Bureau, où nous l'avons trouvé au
début de ce récit, après avoir pris con
naissance du certificat délivré, 'le 14.sep
tembre, par le médecin de Penne qui l'a
vait soigné, et qui confirmait, danB leur
partie essentielle, la plupart des détaiis
donnés ci-dessus, on constata qu'on ne
trouvait dans les poumons que « des si
gnes de congestion sans aucun caractère
de tuberculose »; qu'il n'y avait plus
trace d'inflammation dans la région dé la
cicatrice, et surtout que le malade ne
ressentait vraiment plus aucune douleur
Il marcha en effet devant nous, & diverses
reprises, avec une aisance parfaite,
« comme s'il n'avait jamais été arrêté »,
dit le procès-verbal. Un médecin qui
était à côté de moi, et qui est chef de cli
nique dans une de nos grandes villes, em
était dans l'admiration, r— Toutefois, on
l«i fit remarquer qu'étant « encore un
peu faibles, comme il était naturel, il
aurait encore besoin pendant quelque.,
temps de soins et de ménagements; on
lui recommanda tout particulièrement de
bien se nourrir. v
Assis à gauche d'Albert Déjouy, un
homme d'âge mûr, au teint coloré, avait,
suivi l'interrogatoire et les constatations,
sans sîire un mot et sans trahir «ne émo>~
Uon, 9 Vpus êtes.,., son père ?» luideman»
(*) Voir la lettre publiée hier
Edition quotidienne. — 11,583
Jeudi 26 Octobre 1899
ÉDITION QUOTIDXSNKai
PARIS
JE* BÉPARTEMENïl
On an... 40 »
Six mois...... 21 *
Trois mpis..... 11 »
(union ï0sïaas| ; •
,'.:Vïi4"« , ,
&bs abonnements partent des 1" «t 16 de éhaquaœolg
UN NUMÉRO j ^ ris V 10 een«„
( • Départements..15 —
BUREAUX? Pari», rue Oaaietta, if
On s'abonneà Rome, place du Qe»ù,'8
J33T
LE MONDE
H dîtion ssmi-qttot idienns
: PARIS ÉTRANGE»
3v bêpartemenf? (cnionfostàisî
©n an 20 » 28 »
Six mois...... 10 » , 13 »
Trois moi#....» 5 » 6 60
Ssss abonnemëata partent des 1" et 18 de chaîne sasiù
Ss'UJUiVERS ne répond, pas des manuscrits qui lui sont adrmfe
; ANNONOES . ■ .
Bfiîfl. LAGRANGE, CERF et O u , 6, place de la Bour»*
PARIS, 25 OCTOBRE 1899
SOMMAIRE
Les petits cercles
d'études sociales.. F rançois V euolot.
Bruits de débarque
ment...... P. V.
Juges à Berlin..... G. D'A.
Correspondance ro
maine *** ' ,
L ettres de Lourdes. E mile R uin.
Bulletin. — Nouvelles, de Rome. — S. B:
Mgr Emmanuellian.—« Vers l'avenir ». —
La prière au collège d'Issoudun, — In
formations politiques et parlementaires.
— Un ■ décret.La Haute-Gour. — M.
Urbain Gohier poursuivi. — La guerre du
Transyaal. — Dépêches de l'étranger.,—
A travers la presse. — Chronique. —
Lettres, .^sciences et arts. — Le roi de
Grèce:à Paris. — Ecbes ds partout. — Le
syndicat des industries du livre. — .La
question ouvrière. • i— En province. —
L'œuvre du * Sacré-Cœur à Tarbês. —
"Union fraternelle. — Nécrologie. — L'af
faire cfEsquermes. — Le crime de la rue
Berthe...— Tribunaux. — Nouvelles dl-
.verççs. - rr v Calendrier-.— jardin d'accli
matation. ; Table.su. ,et tibu'Uçtlp .jSâ la
Bourse.:.— : Dernièreheure.
LES PETITS CERCLES
D'JWES SOCIALES
La Foi et la vie, revue protestante,
a consacré, voici peu'de jours, une
étude approfondie, très attentive et
très impartiale, -à une oeuvre catho
lique.
Cette œuvre est organisée par le
Sillon. Nous en avons dit quelques
mots, dimanche, à propos d'une
réunion tenue récemment en vue de
la faire connaître. Elle a pour but
de développer et de fortifier les
« Petits cercles d'études sociales »,
établis dans les patronages.
La Foi et la vie, par la plume de
M. P. Doumergue, en détaille à fond
le mécanisme et en définit, d'ail
leurs exactement, l'inspiration.
L'œuvre est, à ses yeux, dés plus
hautes et des, plus fécondes ; elle lui
paraît « de toute importance ».
De tels compliments ne sont-ils
pas dangereux ? Ne sont-ils point dé
nature a compromettre une œuvre
catholique ? Et ne peut-on soupçon
ner que les idées du Sillon, puis
qu'elles ont séduit un protestant, ne
sont point d'une orthodoxie par
faite?
Non ! Il suffit de parcourir un
instant le travail de M. Doumergue,
pour voir que l'on commettrait une
erreur grave et une injustice, en
traduisant ainsi ses éloges. Ce que
le collaborateur de la Foi et la. vie
trouve à féliciter dans l'œuvre orga
nisée par le Sillon, c'est le débor
dement d'enthousiasme et d'activité,
de dévouement et de foi, dont elle
est, tout ensemble, et le témoi
gnage et le fruit. Cette œuvre, il la
cite ën exemple à ses coreligion
naires, jen exprimant s bien haut Je
regret d'avoir à leur montrer, chez
l'ennemi, de pareils modèles. Mais
il ne se fait aucune illusion sur le
but poursuivi par ses organisateurs
et sur 'les résultats, très fâcheux à"
son" point dé .vjié, qu'ils pouïroiit''
obtenir, ills n'ont, dit-il, en effet*
d'aiitre dessein que « de faire ren-
trér ' le* peuplé dans l'Eglise x et,
pour eUx,av#nt .tout, « il s'agit,
de cathoïiciser la France ». Aussi,
répondant d'avance aux protestants
gui.verraierit, dàns ? ces' esprits'; ou
verts', et généreux', — beaucoup de
« réformés » né croiënt-ils.pas'avoir
le monopole décès vertus? — des
recrues futures, ; jl leur dit carré
ment,: .Non! « ëéla^n'est 'guère à
craindre — ou, si l'on veut, a espé
rer. » ■ , 1 "
' Lés compliments de la Foi et là
vie ne sont donc^pàs^compromet-!
tants pour les petits' cercles d'étu
des sociales ; ils sent précieux. Ce
n'est poinf la flatterie pour* l'adver
saire en qui l'im Voit poindre" tin
allié ; c 'est l'hommage involontaire
à l'ennemi .dont on voudrait imiter
la tactique^et la vigueur.
Au surplus,' M. Doumergue, au
milieu des citations .dont sc !? 1 article
est nourri, reproduit un morceau,
bien fait pouf; déèespérerles pro
testants, Ornais atissi pour' donner
confiance aux catholiques. Ecoutez-
le :
k Nous ne sommes pas des théo
logiens, — écrivait, il y a quelques
mois, le Sillon ; chacun son rôle;
nous n'avons pas reçu mission de
faire partie de l'Eglise enseignante;,
ce n'est pas nous qui sommes cliar-,
gés 'de fabriquer le catéchisme,
mais bien seulement de l'apprendre. .
Vraiment, npus assistons parfois
aujourd'hui àd'étranges spectacles,
le plus petit laïque, le plus ignorant
parfois des questions Religieuses se
mêle déjuger l'Eglise : il relève ses
fautes, pèse ses mérites et ses fai
blesses, il lui trace sa voie ».
C'est une sage et catholique ins^
piratiùn qiii a dicté ces lignes. Or,
on en peut! relever la ; trâce à toutes
les pages de la brochure éloquente
et forte ou, récemment, M. San
gnier-Lachaud r^n^sait quelques
travaux publiés par liïî le mr
Ion (1). Lisez cette bro chure. Il en
est peu, de nos-jours, où l'on trouve
une nourriture intellectuelle aussi
réconfortante et aussi savoureuse.
Une jeunesse vibrante, aspirant à
l'action sociale et brûlant de se li
vrer , à l'apostolat parmi le peuple,
un style alerte et chaud, ample et
nerveux tout à la fois, un bel épa
nouissement de vie, toute une
éclosion de pensées hardies, fé
condes et de vues pénétrantes,.,
on y décçuvre, harmonieusement
fonaus, ces éléments divers et sur
tout l'on y reconnaît, une âme
généreuse et « profondément, soli-
ement, catholique.
Mais le principal intérêt qu'elle
{) résente à nps yeux, c'est, cjue tout
'esprit de l'œuvre organisée parle
Sillon, pour.les Petits cercles d'é-
tudes sociales, y est contenu et s'y
trouve excellemment développe ;c'est
que l'organisation de l'œuvre, elle-
même, y est expliquée dans tous ses
détails et dans ses grandes lignes.
Quelle ëst donc cette oeuvre, en
fin, qui a ffxé l'attention de nos ad
versaires, au point qu'ils voudraient
l'imitèr chez eux? Nous. avpnj3 voulu
d'abord exposer quelle importance
ils lui reconnaissaient; ..car c?est
une tendance assez répandue que
d'admirer surtout, chez nos propres
amis, les institutions qui ont retenu
les regards étrangers, avant d'atti
rer les nôtres! En second lieu; il
nous àpàrù bon dé de montrer sur
quels , sentiments de profonde
obéissance envers l'Eglise jet de dé
vouement généreux s'appuyait L'œu
vre du Sillon; car de tels senti
ments sont lettres de créance au
près des catholiques.
Mais l'œuvre elle-même? En deux
mots, la voici.
Entre les patronages où l'on re
tient les enfants jusqu'au lende
main de la première communion et
les réunions d'hommes oùl'onreçqit
les jeunes gens dès leur majorité, il
y aurait une lacune assez large, et
surtout périlleuse, si aucune insti
tution n'était créée pour les adoles
cents. Mais les adolescents ne sont
pas oubliés. Ils ont les petits cer
cles.
Or, l'organisation des petits cer
cles — et leur direction surtout, —
est plus difficile et crée plus
d'embarras que la conduite ou la
misé entrain d'un patronage. Il y
faut un doigté des plus délicats.
Mener ces grands garçons comme
autant de bambins, ce serait mala
droit ; les traiter absolument com
me des hommes, ce serait dange^
reux.
M. Sangnier-Lachaud et ses amis
du Sillon, dont le dévouement s'in
téresse, avec une ardeur particu
lière, à ces adolescents, sont d'avis
qu'il ne suffit point de les divertir
ainsi que des enfants qu'ils sont
èncore à demi; mais il faut les ins
truire et les intéresser, solliciter
leurs initiatives, élargir et cultiver
leurs esprits, comme des citoyens
qu'ils sont déjà presque à moitié-
En outre, il n'est pas trop tôt pour
leur imprimer la formation nécès-
saire à la vie qui sera la leur, aux
combats' qu'ils devront' soutenir,;à
l'apostolat qu'il leur faudra prati
quer.
Aussi,les collaborateurs du Sillon
sontrils convainbus quë'.tqut petit
cerclé, avant d'être un liéu d'honnê
tes 'délassements,doit être,un cercle
d'études sociales : un foyer de tra
vail oùj sous une direction habile à
conduire et-à formér tous ces jeunes
cerveaux; mais non moins'habile à
dissimuler sa propre action,' tous
ces adolescents étudieront par eùx-
mêftieSj -.èn se prêtant "un - mutuel
appui'. '• : i ; "
D'ailleurs,, il faut reconnaître, —
et lé'jeune auteur , en convient le
premier,— que cette transformation
des petits cercles est chose accom
plie 'dans plus d'un patronage: >Et
cette constatation n'est faite aucu
nement pour" déprécier le mouve^
mertt dont le Silloiï'à pris ^initia
tive; elle est ; plutôt de nature à
erï garantir! lë caractère ^eHiciace .et
pràtiqùè.
Au, surplus, promouvoir où ils
n'existent ppint ces petits cercles
d'études sociales et les soutenir où
ils sont établis, ce n'ëst àuô'ta'nfloin-
drë partie de l'action ' con§ùé par
M.' Sangnier-Lachaud et ses'colla
borateurs. A se renfermer da,ns ce
cadre, ils ne seraient que les pro
pagateurs d'une idée féconde. As
surément, ce n'est pas un rôle à dé
daigner. Mais leur ambition est
plus vaste et, tout à la fois, plus
pratique. Il ne leur a point suffi de
défendre une idée, ils ont voulu
créer une œuvre. '
Une œuvre l'Encore une ! Ençore
une, en effet ; mais qui ne veut rem
placer aucune autre et dont le but,
au contraire, est de servir et d'ap
puyer des organisations déjà exis
tantes.
Développér l'action des petits cer
cles d'études sociales et faciliter
leui's travaux; [créer entré léurs
membres, à travers tout Paris, des
relations de personnes et d'idées;
offrir à leurs adhérents les moyens
d'approfondir les questions qui sont
l'objet de leurs études; ouvrir à
(1) L'Education sociale du peuple, Paris,
Rondelet, 3, rue de l'Abbaye.
leurs esprits de nouveaux horizons,
•à leur activité des débouchés nou
veaux; aider enfin à la formation
d'une élite au sein de la jeunesse
ouvrière et la mettre en contact
avec les militants de la jeunesse
étudiante, — M. Sangnier-Lachaud
et ses amis ont rêvé cette œuvre et
sont en train de l'accomplir.
Leurs moyens? Oh ! très simples.
Ils ont ouvert, 77, rue de Vaugi-
rard, aux bureaux du Sillon, des
salles de travail. Là, de tous les
coins de Paris,viendront se réunir,
afin d'étudier, les jeunes gens des
petits cercles ; ils y trouveront des
journaux, des livres, des revues ;
ils y échangeront leurs sentiments
et leurs pensées. Des hommes
compétents, de doctrine et de sa
voir, seront là, non pour leur tenir
des discours, mais pour leur don
ner des conseils, leur indiquer l'ou
vrage à lire et la page à consulter,
leur éclairer les,points obscurs et
répondre à lears objections. Ce ne
seront pas des professeurs, mais
des conseillers, et dès amis.
Eii outre, à intervalles réguliers,
quelques uns de ces adolescents,
sous la direction d'un bon guide,
iront visiter,une église ou un labo
ratoire, un musée ou une institution
économique ; ils en rapporteront à
la fois des connaissances plus pra
tiques. et des idées plus générales.
Et.nous croyons, quant à nous,
que cette œuvre si simple est appe
lée à produire un grand résultat.
Elle nous semble une application,
plus efficace et mieux conçue, de l'i
dée qui inspira la création des Uni
versités populaires. Et les protes
tants* n'ont pas si tort d'en craindre
les effets. Espérons que les catho
liques en comprendront aussi bien
l'importance et mettront la même
ardeur à la soutenir que nos adver
saires à la dénoncer.
François Veuillot.
'BULLETI&i1
M. Miller&nd vient d'adresser aux ins
pecteurs du tra.mil une circulaire que
Von trouvera, au* Informations. Le mi-
nistre du commerce recommande à. ses
subordonnés d'exercer une étroite sur
veillance sur les œ ouvroirs, orphelinats
et autres établissements de bienfaisan
ce ». Nul doute que si l'inspection pres
crite est faite dans un esprit de justice,
elle ne tourne à l'avantage des maisons
religieuses que l'on vise...Mais sera t-elle
faite dans cet esprit ? Poser la question,
c'est peut-être y répondre.
A la commission du budget, M. Ber-
féaux, député socialiste, a fait connaître
qu'il déposerait deux amendements à
ta loi de finmces. Ces deux amende
ments ont pour but, l'un,d'empêcher les
fonctionnaires d'envoyer leurs enfants
dans les écoles et-collèges libres, Vautre
d'obliger tout candidat à une fonction
publique fr. passer trqis ans dans les éco
les de l'Etat. Nous voulons espérer que
lamajorité saura faire justice de ces
propositions inspirées par l'esprit sec
taire.
Sur une plainte du général de Gallif-
fet, ministre de la guerre, une instruc
tion vient d'être ouverte contre M. Ûr-
b&in Gohièr, Rédacteur de.i'Aurore,sous
les iricùlpatioris d'injures M de diffa
mation envers ï'armée et de provocation
de militaires à la désobéissance.
Nous reproduisons plus loin le décret
qùéle général de Gilliffet a fait signer
hier au conseil des ministres au sujet du
consièil \supérieur de la gùérré. JJeu#:
donnons également (p. rapport du imi-
nistre. '•
Le gouvernement anglais exerce une
ri'goureuse censure sur les dépêchés qui
arrivent de,l'Afrique soustraie. On com
mence k seplaindre À Londres de cette
étroite surveillance; d'autant plus que
les dernières dépêches officielles lais
sent entendre, malgré' leur ' &mbïgtiïté,
que la situation dfes'troupes britanni
ques est assez critique.
Le gouvernement espagnol a résolu
d.e suspendre provisoirement les garan
ties constitutionnelles en Catalogne.
Cette décision a entraîné la démission
duministre de là justice qui est Barce
lonais. •
Hier, au Reiçhsrath, la séance a été
tumuituèusé :'les députés tchèques ont
adopté les procédés dà' violente obstruc
tion jadis ^employés par l'opposition al
lemande.
NOUVELLES DE ROME
A.
On nous écrit de Ptome le 23 oc
tobre ; . '
A l'occasion d'une audience particu
lière qu'il a donnée aujourd'hui, à S. Etn.
le cardinal Steinhuber, le Saint-Père a
reçu l'hommage que Son Eminence lui a
présenté, au nom de la société Léo
nine de Vienne, d'une superbe collec
tion d'images sacrées, exécutées d'a
près leà dessins des meilleurs maîtres
et les traditions les plus sû res de l'icono
graphie. Sa Sainteté en a été vivement
satisfaite et a volontiers accordé la béné
diction apostolique à cette Société si bien
méritante de l'art religieux.
— Par billet de la secrétairerie d'Etat
en date d'aujourd'hui, le Souverain Pon
tife vient de confier à son camériejr se
cret p^rtlcipapt, Mgr Merr'y del Val, qui
depuis sa mission au G^tigdiv a aups} le
tiïpe 4e prélat domestique, leg fonctions
de président de la Noble Académie ec
clésiastique, en remplacement de feu
Mgr Oastrocane degli Antelminelli. De
même que son prédécesseur, Mgr Merry
del Val, d'abord élève de la Noble Aca
démie ecclésiastique, puis appelé à faire
partie de la Famille pontificale parmi les
prélats qui approchent davantage et le
plus intimement le Saint-Père, offre les
meilleures garanties pour la direction
d'un Institut qui s'honore d'avoir eu
dans Léon XIII une de ses plus hautes il
lustrations et auquel Sa Saintet é a gardé
une affection spéciale. Aussi le choix du
nouveau président de la Noble Académie
ecclésiastique rencontre-t-il tous les
suffrages et promet de répondre plei
nement à la confiance du Souverain Pon
tife.
BRUITS DE DEBARQUENT
On dit, dans plusieurs journaux,
que lë ministère ne se présenterait
pas devant les Chambres, tel qu'il
est actuellement composé. Le pré
sident du conseil éliminerait; ces
jours-ci, un ou deux, trois ou qua
tre peut-être de ses collègues. Les
organes qui répandent cette infor
mation ne sont pas, il est vrai, de
ceux qui passent pour recevoir les
informations et confidences de &oa
gouvernants. D'autre part, des
feuilles qu'on çeut croire officieuse
ment renseignées affirment, au con
traire, qu'il n'est point question
d'un remaniement ministériel. Mais
que prouvent ces démentis? On nie
les débarquements de ce genre, jus
qu'au jour où ils ont lieu. C'est de
tradition, et céla s'explique.
Il ne semble guère, toutefois, que
31. de Gallifïet, le membre du ca
binet le plus généralement désigné
comme victime prochaine et prin
cipale, songe à se retirer.Il ne sem
ble pas davantage que M. Wàldeck-
Rousseau véuille écarter ce collè
gue. Hier encore, le général pre
nait des mesures que nous ne
songeons point à discuter ici ; mais
dont nous dirons seulement qu'elles
ne sont pas d'un ministre qui songe
à s'en aller. M. de Galliffet a plu
tôt l'air de rédiger des préfaces
que son testament.
Et aujourd'hui, le voici qui défère
l'Aurore et M. Gohiér à la justice,
pour insultes et calomnies contre
l'armée. Cette décision n'a qu'un
tort, c'est d'être bien tardive et
trop restreinte. Elle rencontrera
une approbation presque générale,
et la conscience publique éprou
vera un grand soulagement. Il faut
espérer que, cette fois, le jury com
prendra mieux son devoir que lors
des précédentes poursuites. Répri
mer sévèrement la criminelle au
dace des enragés qui mènent, en
vrais sans-patrie, la campagne con
tre nos institutions militaires de
vient d'une extrême urgence. Vou
lons-nous, oui ou non, conserver
une armée? Le jury répondra.
M. de Galliffet n'a certainement
pas pris une décision de cette im
portance sans l'approbation, sinon
de tout le ministère, au moins de
-M. le président du conseil. Et voilà
qui donne à croire que celui-ci ne
pensé guère a débarquer le géné
ral. .M. Waldeck-Rousseau laisse
parler MM. Millerand et Baudin,
mais il laisse agir M. de Galliffet.
C'est le cas dè dire, — hâtons-nous
d'en profiter au passage, — que les
actes valent mieux que les parolés.
P. V.
JUGES h BlBLlff
Cje n'est pas le me^qier de, Sans-Souci
qui vient ds comparaître .devant eu^.O'ést
Zola... d^ns : la personne d'un de .sep
romans les .plus .pornographiques et'les
plus célèbres : JVana.
Lé a conseil des procureurs », jugeant
cet ouvrage ipampral, avait donné .orâire
de confisquer touB lèa^exerriplàires qu'on
avait jpu en trouver.
^L'affaire est venue devant la neuvième
chambre criminelle de Berlin. Le procu
reur Engèl a produit aux débats quel
ques fragments de Nana, pour prouver
que le conseil ^vait agi'èn.toute justice ;
mais la chambre criminèlle:.', a dpnné
tort au procureur ; et les volumes confis»
qués ont été rendus :
Comme motif de cette décision, dit le Ma
lin, le président de là chambré criminelle
a déclaré que les ex.fraits de Wang, accusés
d'être immoraux par le conseil des procu
reurs, peuvent, certainement, être consi
dérés comme tels ; mais qu'il faut prendre
en considération que l'auteur n'avait pas
en vue de séduire par ses descriptions,
mais, bien au contraire, l'intention de pro
duire, sur ses lecteurs, un effet salutaire de
dégoût : cela enlève à Nana son caractère
d'immoralité.
! !!...
La thèse est commode, et ouvre aux
auteurs pornographiques d'utiles hori-
zons.
Il Eufïira désormais d'introduire, dans
un ouvrage ou abondent les peintures
obscènes, un personnage quelconque
chargé de blâmer ce qui se fait autour de
lui, et voilà le livre muni d'un bon para
tonnerre.
Nous nous demandons ce que diraient
nos bons anticléricaux, si farouchement
pudiques toutes les fois qu'il B'agit" dé
honnir la fauté d'un prêtre, ce qu'ils pen
seraient d'un prédicateur qui, ayant à
parler contre les gravures obscènes, em
ploierait tout le temps du sermon à en
faire circuter dans l'auditoire, et ajoute
rait à la ftn:« Mes frères, voilà ce qu'il ne
faut pas regarder. #
Les juges de Berlin entendent la mo
rale de cette façon. C'est leur affaire.
Ajoutons une remarque, ou plutôt une
question. Pourquoi Zola, considéré
comme immoral en Allemagne avant
l'affaire Dreyfus, rentre-t-ilen grâce au
près delaThémis germanique, précisé
ment après sa fameuse campagne en fa
veur du traître français ?
G. d 'A.
CORRESPONDANCE ROMAINE
Rome, 23 octobre.
L'audience pontificale aux pèlerins
anglais.
Les pèlerins anglais dont je vous
ai annoncé l'arrivée à Rome, au
nombre d'environ cent cinquante,
ont été reçus aujourd'hui en au
dience collective par. le Souverain
Pontife; Il s'était joint à eux un égal
nombre à peu près de leurs com
patriotes établis à Rome, notam
ment les élèves des collèges anglais,
écossais et irlandais.
Le Saint-Père les a reçus tous
ensemble, à midi, dans la vaste salle
Clémentine, qui se trouve^ de plain-
pied avec les appartements pontifi
caux auxquels elle sert d'anticham-
broi A îa lële da l 'aaoiatanoc, on re
marquait l'un des plus distingués
prélats anglais de la Cour pontifi
cale, S. G. Mgr Stonor, archevêque
titulaire de Irébizohde. Les pèle
rins proprement dits étaient prési
dés par le R. P. Bonnin, des mis
sionnaires Pa llottini, recteur de
l'église de Saint-Pierre de Londres
et organisateur du pèlerinage. C'est
lui qui a exprimé en leur nom au
Souverain Pontife l'hommage des
vifs sentiments de foi et d'amour
qui les avaient amenés à ses -pi .eds,
sur l'appel de la Catholic Associa
tion, en précurseurs du pèlerinage
plus important encore que la même
Association prépare à l'occasion
de l'année jubilaire.
Sa Sainteté a répondu en faisant
lire en langue italienne et. traduire
en anglais par son camérier secret
participant, Mgr Merrydel Val, le
discours suivant :
« Grande est Notre satisfaction
en voyant autour de Nous une pha
lange de catholiques anglais. C'est
le troisième pèlerinage qui, pendant
Notre pontificat, Nous arrive de
l'ancienne île des saints.
« La prochaine .célébration du
grand Jubilé, dont Nous avons lancé
l'indiction pour l'année prochaine,
Nous fait espérer que bientôt Nous
verrons un quatrième pèlerinage de
votrë.nation ;,Nous avons même la
confiance de le voir conduit par ce
généreux,personnage qu'est le duc
aé Norfolk, vrai honneur du patri-
ciat anglais et dont la noblesse
brille d'un éclat d'autant plus vif
qu'elle resplendit de la lumière de
la foi catholique professée par lui
dans tout l'élan de son zèle et dans
la munificence de ses œuvres.
« L'hommage de filial amour que
vous Nous rendez maintenant, chers
fils, après avoir vénéré la tombe du
prince.des apôtres, Nous est extrê
mement cher. En venant à Rome,
aux pieds du vicaire de Jésus-Christ,;
vous accomplissez solennellement
un acte public de foi et vous donnez
un très noble exemple d'attache- J
ment ..sincère au siège apostolique. ;
Vous montrez ainsi cette docilités
qui, sans idées préconçues, .sans
jugements passionnés ni apprécia
tions téméraires, est due envers
Celui qui détient le magistère su
prême et le divin mandat de régir et
de gouverner l'Eglise. Plaise au
Ciel que votre exemple soit fécond ;
en imitations salutaires. " ' . ' ;
« .Beaucoup d'entre vous appar- ;
tiennent à ,1a .catholique Irlande.
Oh! combien sont nobles les tradi-:
tions de cette île bénie! Que* de
preuves constantes de dévouement
et de générosité Nous viennent au
jourd'hui aussi de ses fils ! Nous
Nous réjouissons de vous voir les
uns et les autres réunis ici, au cen
tre de l'unité catholique, devant le
commun Père, pendant que vous
fraternisez admirablement sous la
bannière de la même foi. Aux uns
et aux autres, Nous manifestons
égalémënt Notre s'alnsfactiôn et No
tre agrément. Aux uns et aux au
tres, Nous recommandons l'obéis
sance aux pasteurs respectifs et la
persévérance dans le bien,
« Et comme gage de Notre pater
nelle affection, Nous accordons du
fond du cœur la bénédiction aposto
lique à vous tous ici présents, à vos
lointaines familles, à vos parents et
à vos amis. » ' ' '
La bénédiction annoncée à la fin
de ce discours, a été donnée par le
Souverain Pontife, en forme solen-»
nelle, d'une voix forte et vibrante
qui a profondément ému les assis
tants, ën même temps qu'elle leur a
permis dè constater la vaillance qu'il
plaît à Dieu de lui garder, malgré le
poids de l'âge et des sollicitudes.Ils
l'ont constatée aussi, aveo admirâ-
tion, pendant que lé Saint-Père ad
mettait successivement à son trône :
tous les pèlerins, à mesure qu'ils
lui étaient présentés par Mgr Sto
nor et par le R. P. Bonnin. On re
marquait parmi eux deux représen* =
tants catholiques de la Chambre ?
des communes, à savoir sir Tho
mas Grattan Egmonde, député an
glais, accompagné de Mme Grattan,
sa femme, et le député irlandais, sir
Whip. ' *
Le Saint-Père les a interrogés
avec le plus vif intérêt sur les sen
timents des hommes politiques dè
leur patrie à l'égard du catholicisme
et il a entretenu de même avec un
intérêt soutenu tous et chacun des
pèlerins, les plus marquants comme
les plus humbles, leur prodiguant
les marques de sa paternelle bien
veillance, pendant qu'ils y répon
daient en lui présentant de géné
reuses offrandes. Lorsque la récep
tion a pris fin et que le Saint-Père a
traversé les rangs derassistance,en
la bénissant encore, il a été salué par
d'enthousiastes hourras exprimant
une reconnaissance émue pour sa
bonté et des vœux ardents pour
qu'il soit conservé longtemps au
filial amour des catholiques.
S. B. ■" EMilBELUil
On nous écrit d'Angora :
L'Univers du 28 juillet annonçait l'élec
tion du patriarche des Arméniens catholi
ques, S. B. Mgr Emmanuellian. Cette élec -
Uuu vicnV ^tro ouUÛnu^cr lc ld OCtOD.rO p&T
le sultan,
S. B. Mgr Paul Emmanuellian est né à
Telermen, village situé près de Mardtn
(Arménie), le 16 janvier 1829. Il commença
ses études ecclésiastiques au ■ séminaire de
Bzimmar (Liban) et illes compléta à Rome
au. collège de la Propagande. Peu de temps
après son ordination sacerdotale^ il 4ut
nommé vicaire générai;puis;en 1881,évê^ue
de Gésarée. Par son Intèlllgence remar
quable et son exquise bonté de cœur, ainsi
que par sa longue expérience du ministère
et ses solides vertus, S.B.Mgr Emmanuel
lian justifie, à tout égards, la confiance de
Sa Majesté Impériale, celle des catholiques
arméniens et le suffrage presque unanime
de ses collègues dans i'épiscopat réunis en
synode à Gonstantinople pour l'élection du
successeur de Mgr Azarlan.
En Mgr Emmanuellian on a un patriar
che dans le sens antique du mot; un grand
religieux, bon, austère pour lui-même, cha
ritable envers tous, et nç.tendant dans tou
tes ses actions qu'à faire le bien et par là
même à attirer tous les cœurs. Le nouveau
patriarche, d'après un usage qui -est bien
fait pour témoigner de l'attachement des
Arméniens au Saint-Siège,ajouta à son nom
de Paul celui de Pierre (XI). Sous l'égide
puissante de ce double nom apostolique
il est permis de prédire au nouveau chei'
de l'église arménienne catholique les
plus heureux succès. Nos vœux les plus
ardents et nos constantes prières les de
mandent à Dieu. »
LETTRES DE LOURDES
{Suite*)
■ A. Lourdes. — Aux piscines.
A Lourdes, plongé une première fois
dans la piscine, Albert Déjouy n'éprouva
aucune amélioration. Une secondé ne
produisit guère plus d'effet.
Le 5 octobre, vers dix heures du matin
on l'y porta pour la troisième fois. II était
depuis un instant dans l'eau, lorsque,su
bitement, il ressentit dans les réins et
dans les jambes une sorte de courant
électrique (je traduis comme je puis le
langage et les gestes du malade) qui fut
immédiatement suivi d'un calme com-
. plet ; toute douleur avait disparu. [Il se;
dressa, remonta, se rhabilla: « Laissez-
naoi, ;dit-il ; je ne souffre plus; je suis
guéri » ; et il. sortit des piscines en mar
chant. Le témoin déjà cité était présent/
avec le gros des pèlerins : a J'étais là, —
me disait-il ensuite, toujours dans son
style naïf mais .expressif, —- j'étais là
quand on i'a entré dans la piscine; et j'ai
dit : Cet homme n'en sortira paB en vie ;
on va le sortir mort. Quand je l'ai vu sor
tir en marchant, je ne voulais pas en.
croire mes yeux; et j'ai dit : Ohfmon
Dieu! quel"miracle ! Où en sommes-
nous ! Où' en Bomixiea nous ! » Plus câl
in e ; p et plfls .expérimentés, les brwcar-
diçi'rs Ide service, "croyant à un passager
effet de surexcitation, se laissèrent moins,
facilement convaincre et obligèrent leur
malade à accepter une-petite voiture :
« Eh bien ! lui répondirent-ils, Bi vous
êtes guéri, on le verra au bureau deSi
constatations. En attendant, mettez vous
toujours là. » Il obéit.
Au bureau des constatations.
Au Bureau, où nous l'avons trouvé au
début de ce récit, après avoir pris con
naissance du certificat délivré, 'le 14.sep
tembre, par le médecin de Penne qui l'a
vait soigné, et qui confirmait, danB leur
partie essentielle, la plupart des détaiis
donnés ci-dessus, on constata qu'on ne
trouvait dans les poumons que « des si
gnes de congestion sans aucun caractère
de tuberculose »; qu'il n'y avait plus
trace d'inflammation dans la région dé la
cicatrice, et surtout que le malade ne
ressentait vraiment plus aucune douleur
Il marcha en effet devant nous, & diverses
reprises, avec une aisance parfaite,
« comme s'il n'avait jamais été arrêté »,
dit le procès-verbal. Un médecin qui
était à côté de moi, et qui est chef de cli
nique dans une de nos grandes villes, em
était dans l'admiration, r— Toutefois, on
l«i fit remarquer qu'étant « encore un
peu faibles, comme il était naturel, il
aurait encore besoin pendant quelque.,
temps de soins et de ménagements; on
lui recommanda tout particulièrement de
bien se nourrir. v
Assis à gauche d'Albert Déjouy, un
homme d'âge mûr, au teint coloré, avait,
suivi l'interrogatoire et les constatations,
sans sîire un mot et sans trahir «ne émo>~
Uon, 9 Vpus êtes.,., son père ?» luideman»
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