Titre : L'Univers
Éditeur : L'Univers (Paris)
Date d'édition : 1898-01-14
Contributeur : Veuillot, Louis (1813-1883). Rédacteur
Contributeur : Veuillot, Pierre (1859-1907). Rédacteur
Contributeur : Veuillot, François (1870-1952). Rédacteur
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Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 14 janvier 1898 14 janvier 1898
Description : 1898/01/14 (Numéro 10946). 1898/01/14 (Numéro 10946).
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
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Description : Collection numérique : BIPFPIG44 Collection numérique : BIPFPIG44
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Source : Bibliothèque nationale de France
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 06/02/2011
ÉDITION QUOTIDIENNES
PARIS - ÉTRANGER .
. et départements . (union postale)
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UN NUMÉRO j ^ ris - — ( Départements..
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ÉDITION SEMI-QUOTIDEENNE
PARIS ÉTRANGER
et départements (union postale)
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■ ET
LE MONDE
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L'UNIVERS ne répond pas des manuscrits qui iui sont adressés
ANNONCES
MM. LAGRANGE, CERF ct'O, 0, place de la Bourse
PAR IS, 13 JANVIER 1898 /
SOMMAIRE ~
Un peu de stàtisti- >
que.. ............. François Veuillot.
Çà et là : Les décon- ^ ,,
lits... ..;.......... G. D 'Azambuja. ;
La maladie de M. 1
Zola...,!.:,. Eu&ène Tavernier.
Procédés nouveaux. "F. Levé.
Lettres d'Egypte... A. 0.
Correspondance ro- r •-
maine ***
Le bilan géographi- -
que ............... Fbère Aiexis,
La bibliothèque de
l'Alliance.; . J. Messire.
Bulletin. — A ïpropos d'un legs. — Les
messes de l'église Saint-Joaçhim. — Les
obsèques de M. Henri Félix. Epée
française contre épée allemande. — En
seignement d'Etat. — Informations poli
tiques et parlementaires. _-r- Chronique
électorale. — Après le procès Esterhazy.
— La question du Niger — Les obsèques
4e Mgr Marpot. — t Le chanoine Laprie.
•r- Chronique.— Lettres, sclenoes et arts.
— En Extrême-Orient.— Dépêches de l'é
tranger.-rr Echos de partout. — La ques
tion ouvrière. —■ En province. — Chro»
nique religieuse. ~ Nécrologie.—- Nou
velles diverses. Calendrier. --- Tableau
et bulletin de la Bourse. — Dernière
heure. ■ ■. „
UN PEU DEJTATISTIQUE
On sait que les résultats de l'an
née 1896 ont marqué une sorte de
relèvement dans le niveau de la
population qui, depuis longtemps
déjà, descendait, s abaissait d'une
façon effrayante et continue. Le
nombre" des naissances, en 1896, a
dépassé de 93,700 le nombre.des dé
cès. Le chiffre est magnifique, au
premier abord ; il faut sincère
ment s'en réjouir et il est permis
d'en concevoir un peu d'espérance.
Il serait dangereux toutefois de se
laisser entraîner, sur ce point, à
un enthousiasme exagéré, de s'i
maginer que nous sommes guéris
du terrible fléau d.e la dépopulation,
de supposer qu'il n 3 y a plus lieu d'a
vertir les Français de la redoutable
infériorité qui les menace.^ ; :
C'est un savant de compétence
renommée, et, qui plus est,de carac
tère officiel,—or, on sait quQ les sa-
vants officiels ne sont pas généra,-;
lement portés à un pessimismë très
* noir, — c'est le docteur Bertillon,
en un mot, qui empruntes au Temps
ses colonnes, pour nous prier de ne
pas applaudir à l'excès et nous
prévenir que le moment n'est point
venu de désarmer contre le fléau
redoutable. f .
Assurément, cet excédent de
$3.700 naissances est un merveil
leux progrès,pour nous. Quand on
réfléchit que, depuis sept ans, nous
avons vu le chiffre des morts dépas
ser annuellement de 10.000, de 20.000,
de 38.000 même, une fois, le nombre
des naissances ; quand on songe
aussi qu'en 1895,. l'excédent des
décès fut encore de 17.813, on peut
grandement se féliciter, par com
paraison. Car enfin, de 17.813
décès en plus à 93.700 décès en
anoins, cela donne, entre 1895 et
Ï896,'un progrès total de 111,513.
Le contraste est donc heureux, si
l'on ne regarde que la France, entre
1896 et les années précédentes. Mais
jetons les yeux hors de nos frontiè
res ; un contraste bien différent
nous frappe aussitôt la vue et re-
1 plonge au fond de nos coeurs la
(douloureuse angoisse pour l'ave-
mir.- Chez nous, cet excédent de
93,-700 naissances nous paraît mer-
veilleux^ et c'est avec un joyeux
étonnement que nous songeons qu'il
faut remonter à treize ans en deçà
pour eh découvrir un semblable. Or,
pendant ce temps, l'Italie, l'Autri
che-Hongrie, l'Angleterre et l'Alle
magne nous écrasent avec des excé
dents annuels de naissances, qui
vont, pour la première, do 3 à
400,000, et pour la dernière, appro
chent qùëlquefois du chiffre éno" r-
me de 700,000. Ainsi depuis sept
•ans, la population de l'empire aile:
:mand s'est accrue de 4 millions et
plus, ailors: que la population fran
çaise augmentait laborieusement
— grâce aux résultats de 1896, sans
ilésquels il y aurait déficit, — 1 d'en-
-■viron 54,000 habitants. N'y a-t-il pas
là de quoi faire trembler ?
M. Bertillon présente une autre
considération. Nous avons vu que
de 1895 à 1896, il y avait,dans l'excé
dent des naissances, un. progrès
réel de 111,513. Or, sur ce total,
. l'augmentation des naissances est
loin de compter même pour un tiers;
îl n'y a eu en effet, en 1896, que
31,413 naissances de plus qu'en
l'année précédente. Le grand pro
grès vient donc, pour plus des deux
tiers, de la dimiriution des décès.
3Lé nombre - des morts, en 1896,
a été de 771,886, chiffre « extrême
ment faible, » écrit M. Bertillon, et
tel que, depuis 1850, on n'en avait
pas observé d'aussi bas. « C'est
donc, ajoute-t-il, un résultat excep
tionnel et qui, probablement, ne se
renouvellera pas d'ici à quelque
temps ». Nous croyons que le
savant docteur est trop pessimiste;
il s'est produit, depuis quelques
années, dans la médecine et'aans
l'hygiène, une série d'incontestables
progrès qui permettent d'espéré?,
sur le nombre annuel des décès,
une diminution sérieuse " ët conti
nue. La découverte du docteur
Roux, pour ne citer que celle-là,
n'arracne-t-elle point à la mort .des
milliers d'enfants qu'avant elle on
parvenait bien rarement à sauver ?
Quoi qu 'il en puisse advenir et tout
heureux que l'on soit de la dimi
nution du chiffre des morts, il est
évident que le remède au fléau de
la. dépopulation n'est pas là ; il est
certain que l'avenir d'un peuple
est dans sa fécondité. Aussi à
ce point de vue, quand après
avoir constaté le merveilleux excé
dent des naissances, révélé par les
statistiques de 1896, : on découvre
que cet excédent est fourni surtout
par la réduction du chiffre des dé
cès, on éprouve, une déception.
Néanmoins, nous l'avons dit, le
chiffre des. naissances est, pour
1896, en augmentation de 31,413 sur
1895 : il atteint 865,586. Ici encore,
il y a deux comparaisons à faire :
d'abord, àVec les années précé
dentes, chez nous ; ensuife, avec les
nations étrangères. Ilélas, la pre
mière comparaison n'offre pas des
-résultats bien merveilleux et la se
conde aboutit à une conclusion bien
lamentable. Ce chiffre de 865,586,
nous l'avions dépassé il y a quatre
ans, il y a six ans, il y a huit ans ;
et si l'on remonte au delà de huit
années, on aperçoit qu'à cette épo
que, pas très lointaine, on le dé
passait régulièrement., Donc, il y
a fort peu de temps encore, un
chiffre pareil, dont nous sommes,
réduits à nous féliciter actuel
lement, nous effrayait. Cela n'é
claire point, d'un jour très gai, la
situation présenté. ; Et si, mainte
nant/ l'on porte un regard dans
les autres,pays, qu'y doit-on cons
tater ? Ceci : que le chiffre de
865,586 naissances représente, en
France, une moyenne de 22,7 nais-;
sances par 1,000 habitans, alors que
la natalité moyenne, en Europe,,
est de 38 par mille. Est-il besoin
d'insister sur ces chiffres cruels?
D'autres raisons, que ne songe
point à montrer M. "Bertillon, nous
affirment aussi qu.'il n'est pas temps
encore de désarmer contre le fléau
de la dépopulation. Dès chiffres que
le savant officiel- ne souligne point,
des moyennes qu'il ne recherche
pas, dénoncent en effet plusieurs dé
ces causes de corruption qui gaii-t
grènent le corps social et en affai
blissent singulièrement la fécondité.
Si le chiffre global des naissances
à augmenté, le chiffre particulier
des naissances naturelles a. crû lui
aussi ; et il a crû dans la propoi>
tion^e 4,1 0$, tandis que le nombre
des naissances légitimes ne montait
que dans la proportion de 3,6. D'au-
tre part, le nombre des divorces, a
continué de suivre, en 1896, sa
marche progressive. •
M. Bertillon ne parle pas non
plus des remèdes. Nous savons
qu'il les a. . énumérés. ailleurs,
notamment dans une brochure
où, au milieu de maints palliatifs,
il oubliait de signaler, le remède
religieux 1 . Pourtant la statistique,
à ce point de vue, lui -pourrait
offrir des révélations intéressantes.
Prenons, dans le tableau général de
la population pour 1896, un dépar
tement resté chrétien, le Finistère
par exemple ; il nous offre en effet
cet avantage que, se trouvant l'un
des plus peuplés, il présente par là
même une base d'appréciation plus
large. Quelques chiffres seulement :
nous avons dit qu'en France, la
moyenne de la natalité, pour 1896,
était de 22,7 ; dans le Finistère,
elle est, pour la même année, do
34,1. Aussi, bien que la mortalité
y dépasse un peu la moyenne --f
21,9 au lieu de 20,2 — il serait à
souhaiter que la France entière
réglât sur ce département le mou
vement de sa population ; car,
alors, au lieu de' présenter seule
ment cet^excédént de 93,700 nais
sances, qui paraît déjà si merveil
leux, elle en eût donné, en 1896, un
excédent de 462,869. Il est vrai que
le Finistère est moins avancé sur
d'autres points : ainsi, lui qui mar
che le sixième parmi les départe
ments français, quant au chiffre
des habitants, ne vient que le cin
quante-huitième, si l'on considère
le nombre absolu — non pas seule
ment relatif à la population par
conséquent - t - des divorces. Il est
décidément trop arriéré !
François- V euillot.
Jaurès se. décidât à interpeller le gou- 1
vernement,sur fe procès Esterhazy; ,..i., I
Enfin, M. dé Bea.urega.rd doit saisip
laChambrè de la proposition de loi sui
vante: « Aucun juif non actuellement
domicilié da.ns les départements fron
tières ne sera admis à y élire domi
cile. b • :
M. de Beauregard demandera l'ur
gence. Le député de l Indre a déclaré
que^ si le président luirefusait la parole,
sous prétexte que sa proposition est anti
constitutionnelle, il déposerait aussitôt
une demande d'interpellation au .minis
tre de la. guerre sur « l'immixtion des
juifs dans l'armée ».
Hier, dans une réunion tenue ait XI I'
arrondissement, M. Millerand a pro
noncé une sorte de discoui s pro
gramme.
Nous avons dit que le roi Milan avait
reçu de son fils le titre, de généralissime
de l'armée serbe et repris une grande
influence sur la politique de son pays.
On annonce maintenant qu'il vientd'ar-
ricer à Vienne inopinément et l'on pré'
(end qu'il veut concerter avec le comte
Goluchowski la politiqire à suivre en
Serbie. Le baron de Schiessl, ministre
d'Autriche-Hongrie à Belgrade, avait
précédé le roi.Milan de quelques jours.
Le cabinet japonais est entièrement
reconstitué sous la, présidence du mar
quis Ito.
. On signale qu'un parti d'Indiens se
serait révolté dans le nord-est du Texas
et aurait massacré plusieurs blancs.
Il paraîtrait que le Japon s'opposerait
à l'accord intervenu entre l'Allemagne
et la Chine au sujet de la cession deKiao-
Tchéou. ^
: -♦ —
Çà et là
'BULLETIN
Aujourd'hui, à la Chambre, M. Bris-
son, renommé président pour la fin de
la législature, prononcera le tradition
nel discours. Après quoi l'on procédera
à l'élection/les questeurs et Von repren
dra la discussion du budget de 1898.
Au Sénat, élection du bureau : tout
l'intérêt du scrutin porte sur la question
de savoir si M. Scheurer-Kestner sera, ou
nonréélu vice-président.
L'acquittement du commandant >Esr
terhazy ne semble pas avoir clos les inci
dents qui l'ont précédé.
On annonce,'en effet, que M. Trarieux
aurait l'intention d'adresser une ques
tion au ministre de la guerre vel&'dve-
mefit aux conditions dans lesquelles a
été jugé ef condamné l'ex-capitaine
Dreyfus.
D'autre part, il se, pourrait que M-
LES DÉCONFITS "
Les douze tribus d'Israël
Pleurent toujours sur Babylone,
Elles ont un sort bien cruel,
Les douze tribus d'Israël Pv ,
Euphrateou Seine, même fiel
Trouble le fleuve et l'empoisonne;
Les douze tribus d'Iraël
Pleurent toujours sur Babylone.
Toutétaitfort bien raaehiné
Pour sauver le cher petit traître.
Dans leur ghetto discipliné,
Tout était fort bien machiné. .
Faux, cancans, bloc enfariné
De a hum I » de « qui sait ? « de « peut-être » !• •
Tout était fort bien machiné
.Pour sauver le cher petit traître. .
Ils avalent la plume et l'argent,
Et des pantins dans les coulisses, " - ' jV
Pour rendre leur ours engageant, V
Ils avaient la plume et l'argent.
En un siècle où maint, cceur changeant
Du veau d'or grossit les milices,
lis avaient la plume et l'argent, -
Et des pantins dans les coulisses. :
Nos sombres tisseurs dé filets ■.
En sont jpour. leurs frais de ficelle. ^
L'opinion mord aux mollets •
Nos pauvres tisseurs de filets, v** 0 * "
Ah! qu'ils sont plats* ah! qu'ils sont laids!
Quel bon trou dans leur escarcelleI
Nos sombres tisseurs, de filets
. En sont pour leurs .frais de ficelle!
Sous le nez ,du seigneur Zola
S'est débouché le pot-aux-roses. .
(On n'a pas vu quç ce pot-là
Sous le nez du seigneur Zola).
Tandis qu'avec grand tralala
Le-grand homme prenait des poses,
Sous le nez du seigneur Zola , '
S'est débouché le pot-aux-roses.
Clémenceau, vieux soleil couchant,
Ferme le bec à ton Aurore !
Trop tard pour fàire le méchant;
Cl.émenceau, vieux soleil couohantl
Puisque, ceux que tu vas bêchant
Malgré tes coups vivent .encore,
Clémenceau, vieux soleil couchant,
Ferme le' bec à ton Aurore!
L'oracle aimé du boulevard
I Discrètement met la sourdine.
Il est prudent, quoique bavard,
L'oracle aimé du boulevard.
Quand le public, par grand hasard,
Ne va pas où l'oracle inc'lne...
L'oracle aimë du boulevard
Discrètement met la sourdine.
Cela dlstrait.du Panama
Dechanger.parfois.de scandale.
Varions le panorama ;
Cela distrait du Panama. ,,
Toi dont le pied point ne chôma,
Juif errant, poursuis ton dédale ;
Cela distrait du Panama
De changer parfois de scandale. .
G. d'Azambuja. .
—, ,»■... ^ ..
LA 14LADIE DE M. ZOLA
M. Zola est actuellement en proie
à un accès frénétique caractérisé et
classé. Barbouillé des-excréments
dans lesquels il s'est vautré depuis
vingt ans, le voilà qui dénonce la
pourriture du corps social et par
ticulièrement de l'armée. Tout 'mé
d'ecin qui fréquente les cabanons
a çqr,staté cette aberration suprêmp
ou tombent 4 e ir-alheureux incu-
rables,victimes de leurs yiceg. Rqn-
*és par toutes les vermines de l'es<-
jrit et du corps, affolés d'orgueil,
es sens pervertis, ils présentent
eurs GEdureç g, la yénérg.tion du
monde. M. Zola, Hmpûdieité faite
homme, s'est transformé en justi
cier. Il s'est mis à crier : J'ac-
ieu3e| . . et il a inondé dé sa prose
toute une" page du journal *1'4^-
. rore.
Il s'adresse au président de la
République et lui dénonce tous les
officiers, pqmmandants, colonels,
généraux, qui' ont soupçonné, jugôi
condamné Dreyfus. Le romancier
ge plaint qu'un roman formidable
ait été organisé au ministère de la
guerre.; et il eii fait le récit qui,
naturellement, n'est encore qu'ùn
roman de plus, et pas amusant. La
simple narration d'un concierge eût,
offert plus d'intérêt.
Ce n'est pas que les cocasseries
fassent défaut dans cette impayable
lettre. On "y.'yoit M. Zola se trémoùs- ;
seravec la solennité d'un pitre, de
venu fou «t qui. prendrait au sé
rieux son rôle ordinaire. ,-
Voici le tableau, des . premières
machinations découvertes par.M.
Zola :
Des « fuites » avaient lieu, des papiers
disparaissaient^ comme il en disparaît
aujourd'hui encore ; et l'auteur du bor
dereau étaitrecherché, lorsqu'un a priori
se fit peu à peu que cet auteur ne pou
vait être qu'un officier de l'état-major,
et un officier d'artillerie : double erreur
manifeste, qui montré avec quel esprit
superficiel on avait étudié ce bordereau,,
car un examen raisonné démontre qu'il
ne pouvait s'agir que d'un officier de
troupe.
Ainsi un a priori se fit peu à peu
que cet auteur, etc. M. Zola écrit
comme il pense, comme il. voit et
comme il^ sent, c'est-à-dire tout de
travers.
T Si j'insiste, c'est que l'œuf est ici, d'où
va sortir plus tard le vrai crirne, l'épou
vantable déni de justice dont la France
est malade.
Ainsi le ministère de la guerre
est un poulailler et la France est
malade d'un déni de justice. On au
rait pu dire aussi qu'elle a des co
liques; et le romancier, toujours re
niflant, eût trouvé là le sujet d'une
lyrique description.
En somme il ne sait pas un mot
de plus que M. Scheurer-Kestner,
lequel a, devant le conseil de guerre,
déclaré ne savoir à peu près rien.
Ce rien, M. Zola le délaie et l'ar
range en six colonnes, accusant nor
minativement cinq ou six généraux
et autant de colonels d'avoir menti,
d'avoir trahi la justice, d'avoir, en
connaissance de cause, sacrifié un
innocent.
Puis, à son tour, ihréclame des
juges.
Mais aucune juridiction n'est com
pétente pour apprécier des actes
de ce genre. Autrefois la justice
aurait pu rendre service à un tel
' écrivain, et par. suite à la société,
en le frappant. Aujourd'hui, c'est la
ïnédecine seule .qui peut intervenir
pour enfermer cet immondice vivant;
Du reste l'opération sera facilitée
par l'opinion publique, prise enfin
de dégoût, et qui repousse l'ignoble
et ridicule Zola.
Eugène
r-*—
T avernier.
A PROPOS D'UN LEGS
Nous lisons dans le Nouvelliste de
rOuest&e Nantes:^.
Nous apprenons que le Conseil d'Etat a
rejeté l'opposition formée par les héritiers
de Mlle Pecot à la délivrance du legs fait par
elle de la totalité de sa fortune au bureau
de bienfaisance et à divers établissements
cbaritables.de' notre villë.
• Toutefois, inaugurant une jurisprudence
nouvelle, contre laquelle les catholiques
ne sauraient trop protester, le tribunal ad
ministratif a décidé, en ce qui concerne les
Petites Sœurs des Pauvres et autres éta
blissements dirigés par des congrégations
religieuses, que les "legs les concernant ne
seront délivrés qu'après justification dn
paiement du droit d'accroissement.
l'ROCÊDESjVOUYEAIjX
Il n'est peut-être pas sans intérêt
de noter en passant, à propos des
affaires d'Extrême-Orient, certaines
innoyations qui tendent à s'intror
duire et à se généraliser, sous le
couvert pacifique de la diplomatie,
dans la pratique des hostilités in
ternationales.
Comme au bon vieux temps, leg
cessions de territoires ou annexions
continuent naturellement..-d'avoir
pour cause- ordinaire lq, raison du
plus fort : mais on invoque moins
hardiment et moins souvent le droit
de la conquête brutale ou droit
de la force.
On se gardé bien de restaurer le
vieux droit, chrétien en reconnais
sant* la nécessité de l'assentiment
des populations, èemme le fit la
France en 1860 pour la Savoie et
pour le comté de Nice; on se borne
à chercher des équivalences nour
les actes eu des euphémismes ffotir
les paroles, et l'on en tpouve.
C'est ainsi que la Chine, guidée
4ans sa rçsi^nation p^r quelques
précédents, tient dp donner à 'bail
,à l'Allemagne, pour une durée de
quatre-vingt-dix-neuf ans, le terri
toire et la baie de Kiao-Tchéou ; il
va de jsoi que çp b^tïli puisque les
diplomates'se mettent' à' faire 'con
currence, aux notaires, est renou
velable par. tacite reconduction.
kes amis de la paix universelle
et pe^pétupllp'ue mar+qu^ront pas
de voir dans ces procédés nouveaux
une marque visible du progrès des
idées de droit et do iustice, et par
lant, instippts s paciff4né^' en
piàtièré de politique internationale^
Ils ,ont, peut-être raison, mais -à
coup sûr l'hypocrisie n'y perd pas
ses droits.
G'egt évidemment par un pfpgr^s
analbigue' ijiié lé' gouv'érnètoént* an
glais, inquiet de^ progrès de l'in
fluence russe_en Chine, se dispose ,
à la combattre, non comme au temps
jadis, par 'une expédition armée
ayant ^mission d'imposer de vive
force un traité léonin, mais au
moyen d'un prêt considérable, en
échange duquel le besogneux Fils
du Ciel devra admettre, outre le
paiement d'un intérêt convenable,
la mainmise de l'Angleterre sur
toutes les ressources financières
de l'Empire chinois,. impôts et
douanes, et généralement sur tous
les ressorts de sa vie économique.
Q.n doit reconnaître que pour s'as
surer des débouchés commerciaux
sans limites et paralyser des rivaux
l'expédient n'est pas mal imaginé,
car il offre ce double avantage d 'être
à la; fois efficace et à bon marché,
puisqu'il est pacifique.
■Enfin, ; voici qu'aux Etats-Unis,
par une innovation également très
cfigne d'être signalée, on essaie de
transformer la charité en.agent .do-
cile de la politique annexionniste.
De tous côtés s'ouvrent à grand
bruit des souscriptions pour venir
en. aide aux malheureux Cubains,
réduits à la dernière misère par
les ravages de la guerre civile. Il
va sans dire que ces charitables
Américains continuent d'entretenir
ou tout au moins d'approuver les
expéditions des flibustiers qui ap
provisionnent diarmes et de soldats
cette terrible insurrection, cause
efficiente de tant de maux. Ils es
timent, en effet, qu'il faut que la
guerre civilè dure jusqu'à ce que
l'Espagne épuisée d'hommes et
d'argent s'arrête,n'en pouvant plus :
alors Cuba, ruinée de fond en com
ble, se souvenant dans sa détresse
de la généreuse assistance des
Yankees, tombera dans leurs mains
comme un fruit mûr.
F. L evé.
LES SUSSES M L'ÉGIISE SÀINï-JOÀCM
Mgr. l!évêque d'Annecy nous fait
l'honneur de nous communiquer un
appel qu'il adresse à son clergé en
faveur de l'œuvre des messes de
l'église Saint-Joachim, Nous déta
chons lespassages suivants de cette
lettrercirculaire :
Mgr l'archevêque d'Aix, chargé par le
Saint-Père de provoquer des adhésions,
demande à ses prêtres :
i° De célébrer chacun .quatre messes
dans l'espace de deux à trois mois ;
2° De demander aux communautés re
ligieuses de faire dire un certain nombre
de messes aux intentions du Souverain
Pontife (on peut faire la même recom
mandation aux personnes pieuses) ;
3° D'adressër au plus tôt à la Chancel
lerie,,^ nombre de messes célébrées par
chacun d'eux, et de celles offertes par
les personnes qui voudront bien partici
per à la bonne œuvre; .
Nous nous associons pleinement à la
démarche de Mgr l'archevêque, et vous
adressons l'invitation qu'il vient de faire
lui-même au clergé tant séculier que
régulier dans son diocèse.
MM. les archiprêtres voudront bien
prendre note des engagements contrac
tés par MM. les curés et vicaires, et la
transmettre le plus tôt possible à la
chancellerie.
Nous avons reçu . les gromessés dè
messes suivantes ; '
m. l'abbé Lebaûx.» auniiônler dés Fran
ciscains à Montpellier,50
M, l'abbé Sambœuf, curé de Bousan- :
court (Haute-Marne);.....,.. 20
M. l'abbé Cunin .,,......,... 10
M. l'ahbé P. L. àMontauban,., ,,. : 10
M. l'abfré Chariot, aupiônier au Mans.. 5.
Un vicaire vendéen..v.... . 3
M. l'abbé Eloi Peré, du diocèse de
Bayonne....... . ï .< ,. * 3
Les obsèques de M, Henri Félix,
président honoraire au tribunal de
Remiremont, ont été célébrées au
jourd'hui, à dix heures, en l'église
Saint-Thomas d'Aquin. Le deuil
était conduit par M. Pierre Veuil
lot, son gendre. Une assistance
nQinhret^e pt recueillie, parmi la
quelle on remarquait plusieurs prê
tres et religieux, ainsi que des nota
bilités du monde catholique et de. la
niagistrature, avait tenu à se join
dre à la famille, en cette doulou
reuse circonstance et, en même
tenips, à dflnnpr un,,suprême témoi
gnage à l'homme si bon et si dé
voué que fut toujours M.'Félix.
.... ^ —
LETTBES D'ÉGÏPTE"
La fête du khédive. — Abbas Hilml. Le
régent. — Jeu du chat et de la souris. —
La crainte des sergents;
Alexandrie, 8 janvier.
C'est aujourd'hui la fête fehédive.
Réceptign çp matin, dînes ce soir : c'est
aussi banal qu'un 14 juillet. Un deuil de
cour nous a dispensés d'un bal officiel et
des comptes rendus fastidieux c|e$ jour
naux caurt^na- ^a tjioindre anima-
tioâ, presque pas de drapeaux sincère
ment hissés, pas ; ;même l'entrain qui
anime les barrières parisjçp^eg ^u* jours
p.o.gulQif'33. pas fêté de' souverain
par la raison très simple qu'il n'<3$ existe
pas. Ou prlytôt lg .vénale khédive Jc'est
la vieille reine Victoria, commandant par
le geste et la voix du vieux Cromer. Cette
souveraineté-là n'égt e«e0;v^ ^eela-
raée pp )e«j masses 'qui semblent éco
nomes de leur enthousiasme.
Abbas Hilmi semblait ^ÇVQir
mieux attendre de son peuple. Son mot *
fameux de 1893 lui avait gagné bi.en des
sympathies. « J'aimerais mieux mourir,
avait-il dit, plutôt que d'abandonner le
plus petit des droits de mon trône et de
mon peuple. » Il n'est pas mort, mais il
n'est pas précisément de ceu'x qui vivent
de souvenir. Aussi l'indifférence a vite
gagné une nation apathique par défini
tion. Seuls quelques rares chauvins et
quelques convaincus plus rares encore
gardent quelque confiance dans le re
présentant de leurs droits ; encore est-ce
simple bèsoin d'espérer èn quelque chose
et quand même. Moustapha Kamel a là
foi robuste, si toutefois lès nécessités de
la cause plutôt que la sincérité'ne lui
dictent pas les confidences -qu'il épanché
dans le Berliner Tageblatt. Il n'y a en
Egypte que deux catégorie^ de gens ; les
laborieux qui ne pensent à rien, les re- ;
pus qui songent à leurs intérêts et sont
Anglaiâ par calcul de raison. Le
prince, n'est guère qu'une personne mo
rale, une sorte de mannequin montré au
grand jour et dont Oromer tient les
ficelles — si j'ose m'exprimer'ainsi. Il a
juste l'importance du g: nd moufti sous
Mohamed-Aly, son an> :tre très colla
téral. il gouverné ad ho lores, et aussi
un peu pour la liste civile..
Etait-ce un méchant homme? Assuré
ment non; il avait méiiie de bonnes in
tentions et quelques aptitudes. S'il n'é
tait guère préparé à être roi, il pouvait
tout de même remplir les fonctions ai-
séeB de monarque constitutionnel. Peut-
être bien a-t-il manifesté ; qiièlques idées
frisant le fanatisme, mais l'âge et la né
cessité l'auraient vite corrigé ; quelques
croiseurs cinglant de temps en temps
dans les eaux égyptiennes auraientbeau-
coup contribué à rectifier son jugement
qui, du reste, s'est parfois montré, excel
lent. Seulement, c'était un enfant e£ il
avait affaire à ,un terrible yégent. Le feu
père était l'esclave de sa reconnaissance
et le dauphin a .bien dû accepter la tu
telle. A côté de la force qui dicte ses
volontés, il y avait un travail lent à opé
rer. Les Anglais n'ont manqué^ aucune
occasion dé discréditer celui qu'ils doi
vent rayer du . nombre des souverains,
Tout a été fait pour diminuer lé prestige
du khédive au dedans et au dehors. Des
manœuvres parallèles ont abouti :
jeunesse et l'irréflexion idu jeune prince
ont aidé à propos les ouvriers de démoli
tion. Quelques fautes; ont été trop natu- '
Tellement commises ; d'^utrep, évidem^
ment provoquées, ont ajouté leur, poids
aux responsabilités méritées. Une partie
de l'opinion, qui n'est pas la moins sé
rieuse, s'est dès lors détachée d'elle^
même; les fidèles ont été travaillés et
beaucoup ont renoncé comme les pre
miers. Il est hors de doute que la plupart
des attaques contre Abbas Hilmi opt été
suggérées et encouragées par. l'occupa-
tion, autrement que par la voie .officielle,
bien entendu. On a en même temps évité
les occasions où lé., khédive aurait pUf
prendre contact avec son peuple. Or,
l'affection ne résiste guère à l'absenc©
•surtout l'affection pour, un gauvejî^ant
dont on n'aperçoit pas plus! r^^n .qq^
les traits du. visage.
Cependant la diplomatie anglais^ ten»
tait de créer ailleurs de» inimlti*'.
khédive. Tour àtQUP OH a v/"-' . . àU
1er avec la Grèee ' p r - ul " « bi-ouii-
teau saisi t ^ ' a "
dii hefn"-- • -t m coimDe Apportant
dii seco^ s a Ia Turqiliei ip6ar le même
tait on voulait faire croire ad sultan que
cette saisie était une co.médie arrangée
qu'en réalité Abbas Hilmi était l'àllié du
roi Georges,- et, comme Mohamed-Àlby,
ne tendait à rien moins qu'à se substi
tuer au khalife de l'Islam. Mêmes essais
en Perse et en Asie. Le prinoe Aziz qui
Voulait se rendre en Arahie a été repré
senté comme un agent secret. qui « dèVâit
provoquer la révolte, de l'èmir'Ebn-El-
Rachid. Enfin les mesures énergiques^
leg affronts multipliés et acceptés;, ont
fait douter les gouvernements étrangers!
d'un fantôme de roi qui se laisse grondei*
comme un petit .garçon et, quitte à bou-.
der, obéit d'abord.
La France, la Russie, l'Allemagne ont
sans doute raison de ne compter que sur
elles-mêmes pour'faire triompher les re
vendications de leurs droits ou de leur»
intérêts, En réalité il ne faut pas en"vau-
loir à qui fait , ce qu'il peut. Avec lès
meilleures intentions, avec de la 'force
même, le khédive actuel ne fera ja'» 4 -
rien entre les mains de lorr> ■ K? " iais
Celui-ci est vraiment le.^-. rome 1 r -
reine de la Grand-^ rèt ^ e : r ° T ' P°" r la
4 „„_ --tsretagne. Il est trop
roué, trop , ieu x dans le métier pour ne
p^s joueç ua enfant et toute l'Europe
11 s'amuse au jeu du chat et de la
souris, , en réservant la noblesse de la
comparaison. Il laisse à son protégé les
honneurs, les jouets du trône et quelques
menues faveurs I particulières .'aussi en
fantines et moins nobles; il garde pour
lui le pouvoir et laisse à l'autre les ori
peaux royaux. Il n'y a ici qu'une auto
rité réellement redoutée : c'est celle des
red-jackets et celle-là inspire un; .tou
chant respect. Dernièrement un tramway
électrique n'avait pu moins faire que
d'écraser via malheureux bédouin,, aux
prîtes d'TOe grande ville. ; Le convoi sui
vant est assiégé par toute, une tribu qui
demande vengeance. Les deux conduc
teurs ne peuvent mieuxtaire qué de lan-
oeir leur machine à toute vitesse, tandis
que le seul voyageur, un Français, saute
à de la voiture et s'enfuit courageu
sement. La . tribu bédouine poursuit le
tramway qu'elle rejoint à lactation ter
minus. Nqs deux compatriotes n'ont que
le temps de demander asile. dans les bu
reaux d'une grande administration. Oç
veut les ffiiïe sécrèternen^ -évade^ par
u^e ^utre piorte oar on' crâint là'foule
menaçante, Uî\ BQWat anglais était là»
PARIS - ÉTRANGER .
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■ ET
LE MONDE
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L'UNIVERS ne répond pas des manuscrits qui iui sont adressés
ANNONCES
MM. LAGRANGE, CERF ct'O, 0, place de la Bourse
PAR IS, 13 JANVIER 1898 /
SOMMAIRE ~
Un peu de stàtisti- >
que.. ............. François Veuillot.
Çà et là : Les décon- ^ ,,
lits... ..;.......... G. D 'Azambuja. ;
La maladie de M. 1
Zola...,!.:,. Eu&ène Tavernier.
Procédés nouveaux. "F. Levé.
Lettres d'Egypte... A. 0.
Correspondance ro- r •-
maine ***
Le bilan géographi- -
que ............... Fbère Aiexis,
La bibliothèque de
l'Alliance.; . J. Messire.
Bulletin. — A ïpropos d'un legs. — Les
messes de l'église Saint-Joaçhim. — Les
obsèques de M. Henri Félix. Epée
française contre épée allemande. — En
seignement d'Etat. — Informations poli
tiques et parlementaires. _-r- Chronique
électorale. — Après le procès Esterhazy.
— La question du Niger — Les obsèques
4e Mgr Marpot. — t Le chanoine Laprie.
•r- Chronique.— Lettres, sclenoes et arts.
— En Extrême-Orient.— Dépêches de l'é
tranger.-rr Echos de partout. — La ques
tion ouvrière. —■ En province. — Chro»
nique religieuse. ~ Nécrologie.—- Nou
velles diverses. Calendrier. --- Tableau
et bulletin de la Bourse. — Dernière
heure. ■ ■. „
UN PEU DEJTATISTIQUE
On sait que les résultats de l'an
née 1896 ont marqué une sorte de
relèvement dans le niveau de la
population qui, depuis longtemps
déjà, descendait, s abaissait d'une
façon effrayante et continue. Le
nombre" des naissances, en 1896, a
dépassé de 93,700 le nombre.des dé
cès. Le chiffre est magnifique, au
premier abord ; il faut sincère
ment s'en réjouir et il est permis
d'en concevoir un peu d'espérance.
Il serait dangereux toutefois de se
laisser entraîner, sur ce point, à
un enthousiasme exagéré, de s'i
maginer que nous sommes guéris
du terrible fléau d.e la dépopulation,
de supposer qu'il n 3 y a plus lieu d'a
vertir les Français de la redoutable
infériorité qui les menace.^ ; :
C'est un savant de compétence
renommée, et, qui plus est,de carac
tère officiel,—or, on sait quQ les sa-
vants officiels ne sont pas généra,-;
lement portés à un pessimismë très
* noir, — c'est le docteur Bertillon,
en un mot, qui empruntes au Temps
ses colonnes, pour nous prier de ne
pas applaudir à l'excès et nous
prévenir que le moment n'est point
venu de désarmer contre le fléau
redoutable. f .
Assurément, cet excédent de
$3.700 naissances est un merveil
leux progrès,pour nous. Quand on
réfléchit que, depuis sept ans, nous
avons vu le chiffre des morts dépas
ser annuellement de 10.000, de 20.000,
de 38.000 même, une fois, le nombre
des naissances ; quand on songe
aussi qu'en 1895,. l'excédent des
décès fut encore de 17.813, on peut
grandement se féliciter, par com
paraison. Car enfin, de 17.813
décès en plus à 93.700 décès en
anoins, cela donne, entre 1895 et
Ï896,'un progrès total de 111,513.
Le contraste est donc heureux, si
l'on ne regarde que la France, entre
1896 et les années précédentes. Mais
jetons les yeux hors de nos frontiè
res ; un contraste bien différent
nous frappe aussitôt la vue et re-
1 plonge au fond de nos coeurs la
(douloureuse angoisse pour l'ave-
mir.- Chez nous, cet excédent de
93,-700 naissances nous paraît mer-
veilleux^ et c'est avec un joyeux
étonnement que nous songeons qu'il
faut remonter à treize ans en deçà
pour eh découvrir un semblable. Or,
pendant ce temps, l'Italie, l'Autri
che-Hongrie, l'Angleterre et l'Alle
magne nous écrasent avec des excé
dents annuels de naissances, qui
vont, pour la première, do 3 à
400,000, et pour la dernière, appro
chent qùëlquefois du chiffre éno" r-
me de 700,000. Ainsi depuis sept
•ans, la population de l'empire aile:
:mand s'est accrue de 4 millions et
plus, ailors: que la population fran
çaise augmentait laborieusement
— grâce aux résultats de 1896, sans
ilésquels il y aurait déficit, — 1 d'en-
-■viron 54,000 habitants. N'y a-t-il pas
là de quoi faire trembler ?
M. Bertillon présente une autre
considération. Nous avons vu que
de 1895 à 1896, il y avait,dans l'excé
dent des naissances, un. progrès
réel de 111,513. Or, sur ce total,
. l'augmentation des naissances est
loin de compter même pour un tiers;
îl n'y a eu en effet, en 1896, que
31,413 naissances de plus qu'en
l'année précédente. Le grand pro
grès vient donc, pour plus des deux
tiers, de la dimiriution des décès.
3Lé nombre - des morts, en 1896,
a été de 771,886, chiffre « extrême
ment faible, » écrit M. Bertillon, et
tel que, depuis 1850, on n'en avait
pas observé d'aussi bas. « C'est
donc, ajoute-t-il, un résultat excep
tionnel et qui, probablement, ne se
renouvellera pas d'ici à quelque
temps ». Nous croyons que le
savant docteur est trop pessimiste;
il s'est produit, depuis quelques
années, dans la médecine et'aans
l'hygiène, une série d'incontestables
progrès qui permettent d'espéré?,
sur le nombre annuel des décès,
une diminution sérieuse " ët conti
nue. La découverte du docteur
Roux, pour ne citer que celle-là,
n'arracne-t-elle point à la mort .des
milliers d'enfants qu'avant elle on
parvenait bien rarement à sauver ?
Quoi qu 'il en puisse advenir et tout
heureux que l'on soit de la dimi
nution du chiffre des morts, il est
évident que le remède au fléau de
la. dépopulation n'est pas là ; il est
certain que l'avenir d'un peuple
est dans sa fécondité. Aussi à
ce point de vue, quand après
avoir constaté le merveilleux excé
dent des naissances, révélé par les
statistiques de 1896, : on découvre
que cet excédent est fourni surtout
par la réduction du chiffre des dé
cès, on éprouve, une déception.
Néanmoins, nous l'avons dit, le
chiffre des. naissances est, pour
1896, en augmentation de 31,413 sur
1895 : il atteint 865,586. Ici encore,
il y a deux comparaisons à faire :
d'abord, àVec les années précé
dentes, chez nous ; ensuife, avec les
nations étrangères. Ilélas, la pre
mière comparaison n'offre pas des
-résultats bien merveilleux et la se
conde aboutit à une conclusion bien
lamentable. Ce chiffre de 865,586,
nous l'avions dépassé il y a quatre
ans, il y a six ans, il y a huit ans ;
et si l'on remonte au delà de huit
années, on aperçoit qu'à cette épo
que, pas très lointaine, on le dé
passait régulièrement., Donc, il y
a fort peu de temps encore, un
chiffre pareil, dont nous sommes,
réduits à nous féliciter actuel
lement, nous effrayait. Cela n'é
claire point, d'un jour très gai, la
situation présenté. ; Et si, mainte
nant/ l'on porte un regard dans
les autres,pays, qu'y doit-on cons
tater ? Ceci : que le chiffre de
865,586 naissances représente, en
France, une moyenne de 22,7 nais-;
sances par 1,000 habitans, alors que
la natalité moyenne, en Europe,,
est de 38 par mille. Est-il besoin
d'insister sur ces chiffres cruels?
D'autres raisons, que ne songe
point à montrer M. "Bertillon, nous
affirment aussi qu.'il n'est pas temps
encore de désarmer contre le fléau
de la dépopulation. Dès chiffres que
le savant officiel- ne souligne point,
des moyennes qu'il ne recherche
pas, dénoncent en effet plusieurs dé
ces causes de corruption qui gaii-t
grènent le corps social et en affai
blissent singulièrement la fécondité.
Si le chiffre global des naissances
à augmenté, le chiffre particulier
des naissances naturelles a. crû lui
aussi ; et il a crû dans la propoi>
tion^e 4,1 0$, tandis que le nombre
des naissances légitimes ne montait
que dans la proportion de 3,6. D'au-
tre part, le nombre des divorces, a
continué de suivre, en 1896, sa
marche progressive. •
M. Bertillon ne parle pas non
plus des remèdes. Nous savons
qu'il les a. . énumérés. ailleurs,
notamment dans une brochure
où, au milieu de maints palliatifs,
il oubliait de signaler, le remède
religieux 1 . Pourtant la statistique,
à ce point de vue, lui -pourrait
offrir des révélations intéressantes.
Prenons, dans le tableau général de
la population pour 1896, un dépar
tement resté chrétien, le Finistère
par exemple ; il nous offre en effet
cet avantage que, se trouvant l'un
des plus peuplés, il présente par là
même une base d'appréciation plus
large. Quelques chiffres seulement :
nous avons dit qu'en France, la
moyenne de la natalité, pour 1896,
était de 22,7 ; dans le Finistère,
elle est, pour la même année, do
34,1. Aussi, bien que la mortalité
y dépasse un peu la moyenne --f
21,9 au lieu de 20,2 — il serait à
souhaiter que la France entière
réglât sur ce département le mou
vement de sa population ; car,
alors, au lieu de' présenter seule
ment cet^excédént de 93,700 nais
sances, qui paraît déjà si merveil
leux, elle en eût donné, en 1896, un
excédent de 462,869. Il est vrai que
le Finistère est moins avancé sur
d'autres points : ainsi, lui qui mar
che le sixième parmi les départe
ments français, quant au chiffre
des habitants, ne vient que le cin
quante-huitième, si l'on considère
le nombre absolu — non pas seule
ment relatif à la population par
conséquent - t - des divorces. Il est
décidément trop arriéré !
François- V euillot.
Jaurès se. décidât à interpeller le gou- 1
vernement,sur fe procès Esterhazy; ,..i., I
Enfin, M. dé Bea.urega.rd doit saisip
laChambrè de la proposition de loi sui
vante: « Aucun juif non actuellement
domicilié da.ns les départements fron
tières ne sera admis à y élire domi
cile. b • :
M. de Beauregard demandera l'ur
gence. Le député de l Indre a déclaré
que^ si le président luirefusait la parole,
sous prétexte que sa proposition est anti
constitutionnelle, il déposerait aussitôt
une demande d'interpellation au .minis
tre de la. guerre sur « l'immixtion des
juifs dans l'armée ».
Hier, dans une réunion tenue ait XI I'
arrondissement, M. Millerand a pro
noncé une sorte de discoui s pro
gramme.
Nous avons dit que le roi Milan avait
reçu de son fils le titre, de généralissime
de l'armée serbe et repris une grande
influence sur la politique de son pays.
On annonce maintenant qu'il vientd'ar-
ricer à Vienne inopinément et l'on pré'
(end qu'il veut concerter avec le comte
Goluchowski la politiqire à suivre en
Serbie. Le baron de Schiessl, ministre
d'Autriche-Hongrie à Belgrade, avait
précédé le roi.Milan de quelques jours.
Le cabinet japonais est entièrement
reconstitué sous la, présidence du mar
quis Ito.
. On signale qu'un parti d'Indiens se
serait révolté dans le nord-est du Texas
et aurait massacré plusieurs blancs.
Il paraîtrait que le Japon s'opposerait
à l'accord intervenu entre l'Allemagne
et la Chine au sujet de la cession deKiao-
Tchéou. ^
: -♦ —
Çà et là
'BULLETIN
Aujourd'hui, à la Chambre, M. Bris-
son, renommé président pour la fin de
la législature, prononcera le tradition
nel discours. Après quoi l'on procédera
à l'élection/les questeurs et Von repren
dra la discussion du budget de 1898.
Au Sénat, élection du bureau : tout
l'intérêt du scrutin porte sur la question
de savoir si M. Scheurer-Kestner sera, ou
nonréélu vice-président.
L'acquittement du commandant >Esr
terhazy ne semble pas avoir clos les inci
dents qui l'ont précédé.
On annonce,'en effet, que M. Trarieux
aurait l'intention d'adresser une ques
tion au ministre de la guerre vel&'dve-
mefit aux conditions dans lesquelles a
été jugé ef condamné l'ex-capitaine
Dreyfus.
D'autre part, il se, pourrait que M-
LES DÉCONFITS "
Les douze tribus d'Israël
Pleurent toujours sur Babylone,
Elles ont un sort bien cruel,
Les douze tribus d'Israël Pv ,
Euphrateou Seine, même fiel
Trouble le fleuve et l'empoisonne;
Les douze tribus d'Iraël
Pleurent toujours sur Babylone.
Toutétaitfort bien raaehiné
Pour sauver le cher petit traître.
Dans leur ghetto discipliné,
Tout était fort bien machiné. .
Faux, cancans, bloc enfariné
De a hum I » de « qui sait ? « de « peut-être » !• •
Tout était fort bien machiné
.Pour sauver le cher petit traître. .
Ils avalent la plume et l'argent,
Et des pantins dans les coulisses, " - ' jV
Pour rendre leur ours engageant, V
Ils avaient la plume et l'argent.
En un siècle où maint, cceur changeant
Du veau d'or grossit les milices,
lis avaient la plume et l'argent, -
Et des pantins dans les coulisses. :
Nos sombres tisseurs dé filets ■.
En sont jpour. leurs frais de ficelle. ^
L'opinion mord aux mollets •
Nos pauvres tisseurs de filets, v** 0 * "
Ah! qu'ils sont plats* ah! qu'ils sont laids!
Quel bon trou dans leur escarcelleI
Nos sombres tisseurs, de filets
. En sont pour leurs .frais de ficelle!
Sous le nez ,du seigneur Zola
S'est débouché le pot-aux-roses. .
(On n'a pas vu quç ce pot-là
Sous le nez du seigneur Zola).
Tandis qu'avec grand tralala
Le-grand homme prenait des poses,
Sous le nez du seigneur Zola , '
S'est débouché le pot-aux-roses.
Clémenceau, vieux soleil couchant,
Ferme le bec à ton Aurore !
Trop tard pour fàire le méchant;
Cl.émenceau, vieux soleil couohantl
Puisque, ceux que tu vas bêchant
Malgré tes coups vivent .encore,
Clémenceau, vieux soleil couchant,
Ferme le' bec à ton Aurore!
L'oracle aimé du boulevard
I Discrètement met la sourdine.
Il est prudent, quoique bavard,
L'oracle aimé du boulevard.
Quand le public, par grand hasard,
Ne va pas où l'oracle inc'lne...
L'oracle aimë du boulevard
Discrètement met la sourdine.
Cela dlstrait.du Panama
Dechanger.parfois.de scandale.
Varions le panorama ;
Cela distrait du Panama. ,,
Toi dont le pied point ne chôma,
Juif errant, poursuis ton dédale ;
Cela distrait du Panama
De changer parfois de scandale. .
G. d'Azambuja. .
—, ,»■... ^ ..
LA 14LADIE DE M. ZOLA
M. Zola est actuellement en proie
à un accès frénétique caractérisé et
classé. Barbouillé des-excréments
dans lesquels il s'est vautré depuis
vingt ans, le voilà qui dénonce la
pourriture du corps social et par
ticulièrement de l'armée. Tout 'mé
d'ecin qui fréquente les cabanons
a çqr,staté cette aberration suprêmp
ou tombent 4 e ir-alheureux incu-
rables,victimes de leurs yiceg. Rqn-
*és par toutes les vermines de l'es<-
jrit et du corps, affolés d'orgueil,
es sens pervertis, ils présentent
eurs GEdureç g, la yénérg.tion du
monde. M. Zola, Hmpûdieité faite
homme, s'est transformé en justi
cier. Il s'est mis à crier : J'ac-
ieu3e| . . et il a inondé dé sa prose
toute une" page du journal *1'4^-
. rore.
Il s'adresse au président de la
République et lui dénonce tous les
officiers, pqmmandants, colonels,
généraux, qui' ont soupçonné, jugôi
condamné Dreyfus. Le romancier
ge plaint qu'un roman formidable
ait été organisé au ministère de la
guerre.; et il eii fait le récit qui,
naturellement, n'est encore qu'ùn
roman de plus, et pas amusant. La
simple narration d'un concierge eût,
offert plus d'intérêt.
Ce n'est pas que les cocasseries
fassent défaut dans cette impayable
lettre. On "y.'yoit M. Zola se trémoùs- ;
seravec la solennité d'un pitre, de
venu fou «t qui. prendrait au sé
rieux son rôle ordinaire. ,-
Voici le tableau, des . premières
machinations découvertes par.M.
Zola :
Des « fuites » avaient lieu, des papiers
disparaissaient^ comme il en disparaît
aujourd'hui encore ; et l'auteur du bor
dereau étaitrecherché, lorsqu'un a priori
se fit peu à peu que cet auteur ne pou
vait être qu'un officier de l'état-major,
et un officier d'artillerie : double erreur
manifeste, qui montré avec quel esprit
superficiel on avait étudié ce bordereau,,
car un examen raisonné démontre qu'il
ne pouvait s'agir que d'un officier de
troupe.
Ainsi un a priori se fit peu à peu
que cet auteur, etc. M. Zola écrit
comme il pense, comme il. voit et
comme il^ sent, c'est-à-dire tout de
travers.
T Si j'insiste, c'est que l'œuf est ici, d'où
va sortir plus tard le vrai crirne, l'épou
vantable déni de justice dont la France
est malade.
Ainsi le ministère de la guerre
est un poulailler et la France est
malade d'un déni de justice. On au
rait pu dire aussi qu'elle a des co
liques; et le romancier, toujours re
niflant, eût trouvé là le sujet d'une
lyrique description.
En somme il ne sait pas un mot
de plus que M. Scheurer-Kestner,
lequel a, devant le conseil de guerre,
déclaré ne savoir à peu près rien.
Ce rien, M. Zola le délaie et l'ar
range en six colonnes, accusant nor
minativement cinq ou six généraux
et autant de colonels d'avoir menti,
d'avoir trahi la justice, d'avoir, en
connaissance de cause, sacrifié un
innocent.
Puis, à son tour, ihréclame des
juges.
Mais aucune juridiction n'est com
pétente pour apprécier des actes
de ce genre. Autrefois la justice
aurait pu rendre service à un tel
' écrivain, et par. suite à la société,
en le frappant. Aujourd'hui, c'est la
ïnédecine seule .qui peut intervenir
pour enfermer cet immondice vivant;
Du reste l'opération sera facilitée
par l'opinion publique, prise enfin
de dégoût, et qui repousse l'ignoble
et ridicule Zola.
Eugène
r-*—
T avernier.
A PROPOS D'UN LEGS
Nous lisons dans le Nouvelliste de
rOuest&e Nantes:^.
Nous apprenons que le Conseil d'Etat a
rejeté l'opposition formée par les héritiers
de Mlle Pecot à la délivrance du legs fait par
elle de la totalité de sa fortune au bureau
de bienfaisance et à divers établissements
cbaritables.de' notre villë.
• Toutefois, inaugurant une jurisprudence
nouvelle, contre laquelle les catholiques
ne sauraient trop protester, le tribunal ad
ministratif a décidé, en ce qui concerne les
Petites Sœurs des Pauvres et autres éta
blissements dirigés par des congrégations
religieuses, que les "legs les concernant ne
seront délivrés qu'après justification dn
paiement du droit d'accroissement.
l'ROCÊDESjVOUYEAIjX
Il n'est peut-être pas sans intérêt
de noter en passant, à propos des
affaires d'Extrême-Orient, certaines
innoyations qui tendent à s'intror
duire et à se généraliser, sous le
couvert pacifique de la diplomatie,
dans la pratique des hostilités in
ternationales.
Comme au bon vieux temps, leg
cessions de territoires ou annexions
continuent naturellement..-d'avoir
pour cause- ordinaire lq, raison du
plus fort : mais on invoque moins
hardiment et moins souvent le droit
de la conquête brutale ou droit
de la force.
On se gardé bien de restaurer le
vieux droit, chrétien en reconnais
sant* la nécessité de l'assentiment
des populations, èemme le fit la
France en 1860 pour la Savoie et
pour le comté de Nice; on se borne
à chercher des équivalences nour
les actes eu des euphémismes ffotir
les paroles, et l'on en tpouve.
C'est ainsi que la Chine, guidée
4ans sa rçsi^nation p^r quelques
précédents, tient dp donner à 'bail
,à l'Allemagne, pour une durée de
quatre-vingt-dix-neuf ans, le terri
toire et la baie de Kiao-Tchéou ; il
va de jsoi que çp b^tïli puisque les
diplomates'se mettent' à' faire 'con
currence, aux notaires, est renou
velable par. tacite reconduction.
kes amis de la paix universelle
et pe^pétupllp'ue mar+qu^ront pas
de voir dans ces procédés nouveaux
une marque visible du progrès des
idées de droit et do iustice, et par
lant, instippts s paciff4né^' en
piàtièré de politique internationale^
Ils ,ont, peut-être raison, mais -à
coup sûr l'hypocrisie n'y perd pas
ses droits.
G'egt évidemment par un pfpgr^s
analbigue' ijiié lé' gouv'érnètoént* an
glais, inquiet de^ progrès de l'in
fluence russe_en Chine, se dispose ,
à la combattre, non comme au temps
jadis, par 'une expédition armée
ayant ^mission d'imposer de vive
force un traité léonin, mais au
moyen d'un prêt considérable, en
échange duquel le besogneux Fils
du Ciel devra admettre, outre le
paiement d'un intérêt convenable,
la mainmise de l'Angleterre sur
toutes les ressources financières
de l'Empire chinois,. impôts et
douanes, et généralement sur tous
les ressorts de sa vie économique.
Q.n doit reconnaître que pour s'as
surer des débouchés commerciaux
sans limites et paralyser des rivaux
l'expédient n'est pas mal imaginé,
car il offre ce double avantage d 'être
à la; fois efficace et à bon marché,
puisqu'il est pacifique.
■Enfin, ; voici qu'aux Etats-Unis,
par une innovation également très
cfigne d'être signalée, on essaie de
transformer la charité en.agent .do-
cile de la politique annexionniste.
De tous côtés s'ouvrent à grand
bruit des souscriptions pour venir
en. aide aux malheureux Cubains,
réduits à la dernière misère par
les ravages de la guerre civile. Il
va sans dire que ces charitables
Américains continuent d'entretenir
ou tout au moins d'approuver les
expéditions des flibustiers qui ap
provisionnent diarmes et de soldats
cette terrible insurrection, cause
efficiente de tant de maux. Ils es
timent, en effet, qu'il faut que la
guerre civilè dure jusqu'à ce que
l'Espagne épuisée d'hommes et
d'argent s'arrête,n'en pouvant plus :
alors Cuba, ruinée de fond en com
ble, se souvenant dans sa détresse
de la généreuse assistance des
Yankees, tombera dans leurs mains
comme un fruit mûr.
F. L evé.
LES SUSSES M L'ÉGIISE SÀINï-JOÀCM
Mgr. l!évêque d'Annecy nous fait
l'honneur de nous communiquer un
appel qu'il adresse à son clergé en
faveur de l'œuvre des messes de
l'église Saint-Joachim, Nous déta
chons lespassages suivants de cette
lettrercirculaire :
Mgr l'archevêque d'Aix, chargé par le
Saint-Père de provoquer des adhésions,
demande à ses prêtres :
i° De célébrer chacun .quatre messes
dans l'espace de deux à trois mois ;
2° De demander aux communautés re
ligieuses de faire dire un certain nombre
de messes aux intentions du Souverain
Pontife (on peut faire la même recom
mandation aux personnes pieuses) ;
3° D'adressër au plus tôt à la Chancel
lerie,,^ nombre de messes célébrées par
chacun d'eux, et de celles offertes par
les personnes qui voudront bien partici
per à la bonne œuvre; .
Nous nous associons pleinement à la
démarche de Mgr l'archevêque, et vous
adressons l'invitation qu'il vient de faire
lui-même au clergé tant séculier que
régulier dans son diocèse.
MM. les archiprêtres voudront bien
prendre note des engagements contrac
tés par MM. les curés et vicaires, et la
transmettre le plus tôt possible à la
chancellerie.
Nous avons reçu . les gromessés dè
messes suivantes ; '
m. l'abbé Lebaûx.» auniiônler dés Fran
ciscains à Montpellier,50
M, l'abbé Sambœuf, curé de Bousan- :
court (Haute-Marne);.....,.. 20
M. l'abbé Cunin .,,......,... 10
M. l'ahbé P. L. àMontauban,., ,,. : 10
M. l'abfré Chariot, aupiônier au Mans.. 5.
Un vicaire vendéen..v.... . 3
M. l'abbé Eloi Peré, du diocèse de
Bayonne....... . ï .< ,. * 3
Les obsèques de M, Henri Félix,
président honoraire au tribunal de
Remiremont, ont été célébrées au
jourd'hui, à dix heures, en l'église
Saint-Thomas d'Aquin. Le deuil
était conduit par M. Pierre Veuil
lot, son gendre. Une assistance
nQinhret^e pt recueillie, parmi la
quelle on remarquait plusieurs prê
tres et religieux, ainsi que des nota
bilités du monde catholique et de. la
niagistrature, avait tenu à se join
dre à la famille, en cette doulou
reuse circonstance et, en même
tenips, à dflnnpr un,,suprême témoi
gnage à l'homme si bon et si dé
voué que fut toujours M.'Félix.
.... ^ —
LETTBES D'ÉGÏPTE"
La fête du khédive. — Abbas Hilml. Le
régent. — Jeu du chat et de la souris. —
La crainte des sergents;
Alexandrie, 8 janvier.
C'est aujourd'hui la fête fehédive.
Réceptign çp matin, dînes ce soir : c'est
aussi banal qu'un 14 juillet. Un deuil de
cour nous a dispensés d'un bal officiel et
des comptes rendus fastidieux c|e$ jour
naux caurt^na- ^a tjioindre anima-
tioâ, presque pas de drapeaux sincère
ment hissés, pas ; ;même l'entrain qui
anime les barrières parisjçp^eg ^u* jours
p.o.gulQif'33. pas fêté de' souverain
par la raison très simple qu'il n'<3$ existe
pas. Ou prlytôt lg .vénale khédive Jc'est
la vieille reine Victoria, commandant par
le geste et la voix du vieux Cromer. Cette
souveraineté-là n'égt e«e0;v^ ^eela-
raée pp )e«j masses 'qui semblent éco
nomes de leur enthousiasme.
Abbas Hilmi semblait ^ÇVQir
mieux attendre de son peuple. Son mot *
fameux de 1893 lui avait gagné bi.en des
sympathies. « J'aimerais mieux mourir,
avait-il dit, plutôt que d'abandonner le
plus petit des droits de mon trône et de
mon peuple. » Il n'est pas mort, mais il
n'est pas précisément de ceu'x qui vivent
de souvenir. Aussi l'indifférence a vite
gagné une nation apathique par défini
tion. Seuls quelques rares chauvins et
quelques convaincus plus rares encore
gardent quelque confiance dans le re
présentant de leurs droits ; encore est-ce
simple bèsoin d'espérer èn quelque chose
et quand même. Moustapha Kamel a là
foi robuste, si toutefois lès nécessités de
la cause plutôt que la sincérité'ne lui
dictent pas les confidences -qu'il épanché
dans le Berliner Tageblatt. Il n'y a en
Egypte que deux catégorie^ de gens ; les
laborieux qui ne pensent à rien, les re- ;
pus qui songent à leurs intérêts et sont
Anglaiâ par calcul de raison. Le
prince, n'est guère qu'une personne mo
rale, une sorte de mannequin montré au
grand jour et dont Oromer tient les
ficelles — si j'ose m'exprimer'ainsi. Il a
juste l'importance du g: nd moufti sous
Mohamed-Aly, son an> :tre très colla
téral. il gouverné ad ho lores, et aussi
un peu pour la liste civile..
Etait-ce un méchant homme? Assuré
ment non; il avait méiiie de bonnes in
tentions et quelques aptitudes. S'il n'é
tait guère préparé à être roi, il pouvait
tout de même remplir les fonctions ai-
séeB de monarque constitutionnel. Peut-
être bien a-t-il manifesté ; qiièlques idées
frisant le fanatisme, mais l'âge et la né
cessité l'auraient vite corrigé ; quelques
croiseurs cinglant de temps en temps
dans les eaux égyptiennes auraientbeau-
coup contribué à rectifier son jugement
qui, du reste, s'est parfois montré, excel
lent. Seulement, c'était un enfant e£ il
avait affaire à ,un terrible yégent. Le feu
père était l'esclave de sa reconnaissance
et le dauphin a .bien dû accepter la tu
telle. A côté de la force qui dicte ses
volontés, il y avait un travail lent à opé
rer. Les Anglais n'ont manqué^ aucune
occasion dé discréditer celui qu'ils doi
vent rayer du . nombre des souverains,
Tout a été fait pour diminuer lé prestige
du khédive au dedans et au dehors. Des
manœuvres parallèles ont abouti :
jeunesse et l'irréflexion idu jeune prince
ont aidé à propos les ouvriers de démoli
tion. Quelques fautes; ont été trop natu- '
Tellement commises ; d'^utrep, évidem^
ment provoquées, ont ajouté leur, poids
aux responsabilités méritées. Une partie
de l'opinion, qui n'est pas la moins sé
rieuse, s'est dès lors détachée d'elle^
même; les fidèles ont été travaillés et
beaucoup ont renoncé comme les pre
miers. Il est hors de doute que la plupart
des attaques contre Abbas Hilmi opt été
suggérées et encouragées par. l'occupa-
tion, autrement que par la voie .officielle,
bien entendu. On a en même temps évité
les occasions où lé., khédive aurait pUf
prendre contact avec son peuple. Or,
l'affection ne résiste guère à l'absenc©
•surtout l'affection pour, un gauvejî^ant
dont on n'aperçoit pas plus! r^^n .qq^
les traits du. visage.
Cependant la diplomatie anglais^ ten»
tait de créer ailleurs de» inimlti*'.
khédive. Tour àtQUP OH a v/"-' . . àU
1er avec la Grèee ' p r - ul " « bi-ouii-
teau saisi t ^ ' a "
dii hefn"-- • -t m coimDe Apportant
dii seco^ s a Ia Turqiliei ip6ar le même
tait on voulait faire croire ad sultan que
cette saisie était une co.médie arrangée
qu'en réalité Abbas Hilmi était l'àllié du
roi Georges,- et, comme Mohamed-Àlby,
ne tendait à rien moins qu'à se substi
tuer au khalife de l'Islam. Mêmes essais
en Perse et en Asie. Le prinoe Aziz qui
Voulait se rendre en Arahie a été repré
senté comme un agent secret. qui « dèVâit
provoquer la révolte, de l'èmir'Ebn-El-
Rachid. Enfin les mesures énergiques^
leg affronts multipliés et acceptés;, ont
fait douter les gouvernements étrangers!
d'un fantôme de roi qui se laisse grondei*
comme un petit .garçon et, quitte à bou-.
der, obéit d'abord.
La France, la Russie, l'Allemagne ont
sans doute raison de ne compter que sur
elles-mêmes pour'faire triompher les re
vendications de leurs droits ou de leur»
intérêts, En réalité il ne faut pas en"vau-
loir à qui fait , ce qu'il peut. Avec lès
meilleures intentions, avec de la 'force
même, le khédive actuel ne fera ja'» 4 -
rien entre les mains de lorr> ■ K? " iais
Celui-ci est vraiment le.^-. rome 1 r -
reine de la Grand-^ rèt ^ e : r ° T ' P°" r la
4 „„_ --tsretagne. Il est trop
roué, trop , ieu x dans le métier pour ne
p^s joueç ua enfant et toute l'Europe
11 s'amuse au jeu du chat et de la
souris, , en réservant la noblesse de la
comparaison. Il laisse à son protégé les
honneurs, les jouets du trône et quelques
menues faveurs I particulières .'aussi en
fantines et moins nobles; il garde pour
lui le pouvoir et laisse à l'autre les ori
peaux royaux. Il n'y a ici qu'une auto
rité réellement redoutée : c'est celle des
red-jackets et celle-là inspire un; .tou
chant respect. Dernièrement un tramway
électrique n'avait pu moins faire que
d'écraser via malheureux bédouin,, aux
prîtes d'TOe grande ville. ; Le convoi sui
vant est assiégé par toute, une tribu qui
demande vengeance. Les deux conduc
teurs ne peuvent mieuxtaire qué de lan-
oeir leur machine à toute vitesse, tandis
que le seul voyageur, un Français, saute
à de la voiture et s'enfuit courageu
sement. La . tribu bédouine poursuit le
tramway qu'elle rejoint à lactation ter
minus. Nqs deux compatriotes n'ont que
le temps de demander asile. dans les bu
reaux d'une grande administration. Oç
veut les ffiiïe sécrèternen^ -évade^ par
u^e ^utre piorte oar on' crâint là'foule
menaçante, Uî\ BQWat anglais était là»
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