Titre : L'Univers
Éditeur : L'Univers (Paris)
Date d'édition : 1897-12-04
Contributeur : Veuillot, Louis (1813-1883). Rédacteur
Contributeur : Veuillot, Pierre (1859-1907). Rédacteur
Contributeur : Veuillot, François (1870-1952). Rédacteur
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Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 04 décembre 1897 04 décembre 1897
Description : 1897/12/04 (Numéro 10907). 1897/12/04 (Numéro 10907).
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse Collection numérique : Bibliographie de la presse
Description : Collection numérique : BIPFPIG44 Collection numérique : BIPFPIG44
Droits : Consultable en ligne
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Source : Bibliothèque nationale de France
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 06/02/2011
Sâmedi 4 Décembre 1897
18 97
Edition gaatldiesos. m 40,90?
Samedi 4 Décembre 1897
msm
ÉDITION QUOTIDIENNE
" PARIS ÉTRANGER.
et départements (union postale)
Un an 40 » 5i »
Six mois . 21 » 26 50
Trois mois 11 » 14 »
Les abonnements partent des 1 er et 16 de chaque mois
UN NUMÉRO S ^ aris v : Î2 cent -
( Départements 15 —
BUREAUX : Paris, rue Cassette, 17
On s 'abonne à Rome, place du Gesu, 8
ET
LE MONDE
ÉDITION SEMI-QUOTIDIENNE
: PARIS - i! ÉTRANGER
et départements (union postale)
Un an......... 20 26»
Six mois 10 » 13 ; »
Trois mois..,.. 5 » 6 50
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L'UNIVERS ne répond pas des manuscrits qui lui sont adressés .
ANNONCES
MM. LAGRANGE, CERF et C ie , 6, place de la Bourse
PARIS, 3 DECEMBRE 1897
SOMMAIRE
Lettre du Souve
rain Pontife sur
les congrès et as
sociations eucha- .
ristiques
Les falsifications... Eugène Tavernier,
Çà et là : Le Corres-
pondant de ma cou
sine......... Léon Grégoire.
A la Chambre— .. Gabriel de Triors.
Le congrès national
catholique Edouard Alexandre
Bulletin. — Le nouveau garde des sceaux.
— Un vœu. — Affichage. — Bonnes
. paroles. — L'affaire du Puy. — Une élec
tion. — Lettre du Saint-Père à S. Em le
cardinal Perraud. — Le congrès de la
démocratie chrétienne. — Les congréga
tions et le fisc. — L'affaire Dreyfus. —
Informations politiques et parlementai?
res. — Chronique. — Lettres, sciences
et arts. — En Orient. — Dépêches de
l'étranger. — En Autriche. — En pro
vince. — Echos de partout. — Chro
nique religieuse. — Guerre et ma
rine. Nécrologie. — Nouvelles di
verses. — Calendrier. — Tableau et
bulletin de la Bourse. — Dernière
- Kouro«
LETTRE ISOUÏÏBAB POfflFE
sur les
CONGRÈS & ASSOCIATIONS EUCHARISTIQUES
LEON XIII PAPE
Ad -perpétuant rei memoriam.
Le Dieu de toute providence, en
organisant le monde d'une main
forte et douce à la fois, a entouré
son Eglise d'une sollicitude toute
spéciale, de telle sorte qu'aux mo
ments qui paraissaient les plus cri
tiques Il tire pour Elle, do la du
reté même des temps, des conso
lations inespérées. Ue fait, "maintes
fois constaté, peut être plus nette
ment que jamais remarqué dans les
circonstances que traversent actuel
lement la religion et la société.
Alors en effet que les ennemis de
l'ordre commun, se montrant de
jour en jour plus audacieux, s'ef
forcent par des attaques quoti
diennes et très vigoureuses de tuer
la foi chrétienne et de bouleverser
la société tout entière, la bonté di
vine se plaît à opposer à ces flots
soulevés les remparts d'admira
bles manifestations de piété.
Cela est clairement prouvé par
l'extension qu'a prise la dévotion
au très Saint Cœur de Jésus ; par
l 'ardeur avec laquelle, dans tout
l 'univers, on travaille à promou
voir le culte de Marie ; par les hon
neurs dontestl'objetl'illustre époux
de la Mère de Dieu; par les réu
nions de divers genres qu'organi
sent les catholiques pour défendre
leur foi de toutes manières ; enfin,
Îiar beaucoup d'institutions que
'on fonde ou auxquelles on donne
un nouvel essor, et qui tendent à la
gloire de Dieu, ou à l'accroisse
ment de la charité mutuelle des
chrétiens.
Bien que toutes ces manifesta
tions causent à Notre cœur une joie
très douce, Nous pensons que la
souveraine grâce qui nous a été ac
cordée par Dieu consiste dans les
progrès que la dévotion envers le
sacrement de l'Eucharistie a faits
parmi les peuples fidèles, à la suite
des célèbres congrès qui ont été, à
cette fin, tenus ces temps-ci. - Ainsi
que Nous l'avons déclaré ailleurs,
pour animer les catholiques à pro-
tesser vigoureusement leur foi et à
pratiquer les vertus qui conviennent
aux cnrétiens, aucun moyen n'est
plus efficace que celui qui consiste
à nourrir et à augmenter la piété du
peuple envers cet admirable gage
d'amour qui est le lien de la paix et
de l'unité.
Comme le sujet est très important
et Nous tient fort à cœur, après
avoir souvent loué les congrès et
les associations eucharistiques, et
mû par l'espoir de les voir produire
des fruits plus abondants, Nous ju
geons maintenant utile de leur as
signer un patron céleste choisi en
tre les saints qui brûlèrent d'un
plus ardent amour envers le Très
Baint-Sacrement de l'Eucharistie.
Or, parmi ceux dont la piété à
l'égard de ce sublime mystère de la
* foi a paru se manifester avec la fer
veur la plus ardente, Pascal Bay-
lon tient le plus beau rang. Doué
naturellement d'un goût très vif
pour les choses celestes, après
avoir saintement passé sa jeunesse
dans la garde de son troupeau, il
embrassa une vie plus sévère dans
l 'ordre des Frères Mi-neurs de la
stricte observance, et mérita par
ses méditations sur le festin eu
charistique, d'acquérir la science
relative à ce dernier, au point que
cet homme, dépourvu de notions et
d'aptitudes littéraires, devint capa
ble de donner des réponses sur les
matières de. foi les plus difficiles et
d'écrire même des livres pieux Pu
bliquement, ouvertement, il pro
fessa au milieu des hérétiques la
vérité de l'Eucharistie, ce qui lui
attira de graves épreuves. Emule
du martyr Tarcisius, il fut menacé
plusieurs fois de la mort qui avait
été le partage de ce dernier. Enfin
l'affectueuse ardeur de sa piété
parut se prolonger au delà ae sa
vie mortelle. On dit en effet que,
pendant son . service funèbre,
étendu sur sa civière, Pascal Bay-
lon, au moment des deux éléva
tions, ouvrit deux fois les yeux.
Nous croyons donc que les as
sociations catholiques dont Nous
parlons ne sauraient être confiées à
un meilleur patronage. C'est pour-
5uoi,de même que Nous recomman-
ons, assez naturellement, la jeu
nesse studieuse à saint Thomas
d'Aquin, les associations chari
tables à saint Vincent de Paul, les
malades, ainsi que cëux qui s'atta
chent à les soulager, à saint Ca
mille de Lellis et à saint Jean de
Dieu ; de même,espérant que Notre
décision tournera à l'intérêt et au
bien de la chrétienté, Nous décla
rons et Nous constituons, de Notre
autorité suprême, et par la vertu
des présentes Lettres, saint Pascal
Baylon comme patron particulier
des congrès eucharistiques et de
toutes les associations qui ont pour
objet la divine Eucharistie^ tant de
«elles qui ont été constituées jus
qu'à ce jour que de celles qui le se
ront dans l'avenir.
Nous formons des vœux pleins
de confiance pour que les exem
ples et le patronage de ce saint
aient pour fruit l'augmentation du
nombre de ceux qui, dans le peu
ple chrétien, rapportent chaque
jour leur zèle, leurs desseins, leur
amour au Christ Sauveur, principe
le plus élevé et le plus auguste de
tout salut.
Les présentes Lettres conserve
ront leur validité dans les temps
futurs, nonobstant tout ce qui
pourra être fait à l'encontre par
qui que ce soit.
Nous voulons que les exemplaires
copiés ou même imprimés de ces
Lettres, pourvu qu'ils soient signés
de la main de Notre notaire et mu
nis de Notre sceau par un person
nage constitué ën dignité ecclésias
tique, fassent [foi comme si l'on
avait sous les yeux les Lettres pré
sentes.
Donné à Rome, auprès de Saint-
Pierre, sous l'anneau du Pêcheur,
le 28 novembre 1897,1a vingtième
année de Notre Pontificat.
A. card. Macchi.
' " ' "■—— -♦» — : ; .
VULLETIfrÇ
M. Mêline, président du conseil, a of
fert à M. Milliard, sénateur de l'Eure,
le portefeuille de la. justice. M. Milliard,
ayant accepté, a été présenté dès hier
soir au président de la République par
le président du conseil. Le décret de no
mination a été publié ce matin parle
Journal officiel.
Aujourd'hui, au Luxembourg, M. Ba-
duel, sénateur radical, provoquera un
incident au sujet d'une erreur qui s'est
produit« dans la rédaction du compte
rendu officiel de la. dernière séance.
M. Rouanet a continué hier, devant la
commission d'enquête de Panama, la
lecture de son rapport' Il a été décidé
ensuite que ce document, qui ne com
prend p as moins de kOOpages, serait im
primé à trente-trois exemplaires et dis
tribué aux commissaires afin d'en faci
liter la discussion et de hâter le vote sur
ses conclusions.
L'enquête sur l'affaire Dreyfùs-Ester-
hazy est |terminée et l'on annonce que le
général dePèllieux déposera aujourd'hui
son rapport entre les mains du général
Saussier.
D'autre part, devançant la décision
qui sera prise, le commandant Ester-
hazy écrit au général enquêteur une
lettre où il proteste énergiquement de
son innocence et demande formellement
à être jugé par un conseil de guerre qui
pourra a flétrir , en l'acquittant, devant
t'opinion à laquelle ils ont osé s'adres
ser, les plus lâches des calomnia-
seurs ».
Si l'on en croit les informations du
Daily Ohronicle, la Russie, devant les
déclarations du gouvernement allemand,
ne cor%batlràit plus la demande de répa
ration adressée h la Chine, par l'empe
reur Guillaume pour le massacre de
deux missionnaires.
Les troubles ont continué en Bohême,
de telle sorte que le gouvernement a cru
devoir proclamer la loi martiale. De
puis cette énergique décision, la situa
tion s'est légèrement améliorée.
La Chambre italienne a discuté hier
la procédure à suivre dans l'affaire
Crispi. Après un discours du garde des
sceaux, M. Crispi a prononce un long
discours dans lequel il s'est déclaré in
nocent de tous les faits qu'on lui repro
che.
La Chambre a voté, à une forte majo
rité, l'ordre du jour présenté par M. No-
cito, chargeant son président de nom
mer une commission de cinq membres
qui devra lui soumettre à bref délai
des « propositions opportunes ».
La paix entre la Turquie et la Grèce
n'est pas encore, signée : on « espère »
toujours qu'elle le sera incessamment.
Un attentat dirigé contre le président
delà République de l'Uruguay a heu
reusement échoué.
On trouvera à ['Etranger l'analyse du
message du président des Etats-Unis.
LES FALSIFICATIONS
On manquait d'hyperboles pour
célébrer les merveilles de la photo
graphie : c'est la fée moderne qui se
charge de préparer l'avenir; elle
s'est installée dans la vie privée :
qui est-ce qui n'a pas son kodak
chez soi ou en promenade ? Un ins
tantané est un divertissement de
famille. Les gens les plus défiants
ou les plus attentifs à se surveiller
n'évitent pas- l'ennui d'être portrai
turés à 1 improviste. Une demi-se
conde de distraction et vous voilà
pincé : un farceur ou. un ennemi
s'est emparé de vous et vous tient
dans sa poche.
Mais la vie privée, ce n'est pas
assez pour les hommes iiigénieux
?ui ont fait du soleil un complice.
I fautque la vie publique soit trans
formée aussi : et la chambre noire
est employée à copier les léttres et
les documents. Aujourd'hui, per
sonne ne peut plus compter qu'un
billet imprudent ne reparaîtra pas
même s'il a été restitué et détruit :
l'empreinte photographique de
meure. Dans le monde politique et
financier, un peu partout en somme,
l'usage s'est très vite établi de faire
ainsi reproduire les papiers intéres
sants qui pourront servir un jour.
Pour les besoins de la vie courante,
on a son photographe comme on a
son tailleur. Bientôt, chacun sera
en mesure d'opérer chez soi les ma
nipulations les plus savantes, ac
complies à l'aide d'une petite ma
chine très simple.
Faut-il donc renonber à écrire ?
La précaution ne serait même pas
suffisante, car la plaque sensible
peut encore, fabriquer les lettres qui
n'ont pas été écrites. Cela c'est le
chef-d'œuvre, pour le moment!
L'autre jour, M. Emile Gautier,;qui
vulgarise fort agréablement la
science, quoiqu'il soit enclin aux
excès parfois funambulesques de M.
Camille Flammarion (celui qui jon
gle avec des étoiles et qui enfour
che les comètes), M. Gautier s'est
amusé à demander par lettre à un
photographe très habile de lui in
diquer le suprême perfectionne
ment de l'art nouveau. Il a reçu en
réponse la photographie d'une
lettre, signée de Lui, qui portait
cette surprenante déclaration : « Je
« vous autorise à dire que je suis
« le dernier des imbéciles. » Au
moyen de l'écriture authentique,
une écriture fausse avait, été com
posée ; et M. Emile Gautier s'y
serait trompé, s'il n'avait pas eu de
bonnes raisons pour douter de
l'opinion ainsi exprimée.
Donc, notre pauvre société, qui
ne se sentait déjà pas bien garantie
contre les plus grands périls, est
certaine à présent de porter dans
son sein un ennemi plein de res
sources et presque insaisissable.
Le fameux mot attribué à Riche
lieu et que Richelieu n'a pas dit,
et dont l'auteur est sans doute Lau-
bardemont, à moins que ce ne soit
Laffémas : « Qu'on me donne six
« lignes écrites de la main du plus
« honnête homme, et j'y trouverai de
« quoi le faire pendre »,le fameux mot
n'a plus rien qui doive nous éton
ner. N'importe qui peut se payer
cette joie terrible.
II semble que nous revenions à
l'époque où la falsification des do
cuments était le triomphe des co
pistes brevetés. Avant la décou
verte de l'imprimerie, il y avait de
véritablës artistes en matière de
fraude. On interpolait les textes
avec une habileté qui trompait des
critiques sagaces. Une foule d'hu
manistes arrangeaient et complé
taient les auteurs anciens. Des his
toriens ne se sont pas gênés non
plus pour lancer dans le public des
documents de leur fabrication.
L'exemple des poètes encourageait
beaucoup cette mode, puisque les
fioètes ont toujours professé que
'art est dispensé de tout scriipule à
l'égard de la chronologie et de l'au
thenticité. Même après la découverte
de l'imprimerie, les faussaires ne se
sont pas crus dépossédés : ils ont
inventé des fables de Là Fontaine
et des lettres de Mme de Sévigné.
A la fin de l'empire, tout le monde
savant fut agité par l'apparition de
fausses lettres de Pascal; et les cri
tiques eur.ent de la peine à prouver
la fourberie. Et l'histoire des poè
mes d'Ossian, célébrés avec une
sorte d'adoration par Lamartine,
tellement l'habile Macpherson s'é
tait bien mis dans la peau du vieux
barde écossais!
Eaaucun temps, la recherche de
la vérité ne fut chose aisée. Par
fois, cette besogne semble vouée
fatalement à favoriser la mysti
fication ; mais d'ordinaire aussi le
systèmé de fraude se trahit et four
nit des armes- contre lui-même.
C'est comme pour l'assassin qui
prend certaines précautions inu
tiles, auxquelles on le reconnaît.
L'idée de Dreyfus, de rédiger ses
lettres ou ses bordereaux sur du
papier à décalque, en imitant la cal
ligraphie d'un autre, cette idée n'é
tait pas d'un malfaiteur vulgaire.
Elle s'est cependant retournée
contre lui ; et le procédé de dissi
mulation, développé par la photo
graphie, compare à l'écriture vé
ritable, a dénoncé l 'auteur. S'il est
difficile de montrer la vérité, il est
encore plus difficile de la cacher to
talement.
C'est égal, si ce pauvre Niep-
ce, longtemps méconnu et plagié,
avait prévu le rôle abominable des
tiné à son invention, il serait tombé
mort d'épouvante, d'autant plus
qu'il était déjà aux trois quarts
mort de chagrin. .
Eugène T avernier.
LIS ÏOÏYEAU GABDE BIS SCEAUX
Le Journal officiel publie le dé
cret suivant:
Le président de la République fran
çaise,.
Sur la proposition du président du
conseil, ministre de l'agriculture,
Décrète :
Article premier. — M. Victor Milliard,
sénateur, est nommé garde des sceaux,
ministre de la justice et des cultes, en
remplacement de M. Darlan, dont la dé
mission a été acceptée.
M. Milliard a été présenté hier
soir au président de la République
par le président du conseil.
Le nouveau garde des sceaux est
néle 19 décembre 1844, aux Andelys,
dans l'Eure.
Il est avocat à la cour d'appel de
Paris.
Sénateur de l'Eure, après avoir
été député dudit département, il a
pris une certaine place au Sénat.
C'est lui notamment qui a attaché
le grelot dans la lutte du Sénat ^con
tre le ministère Bourgeois.
UN VŒU
A la commission de la presse, au con
grès national catholique, un vœu a été
adopté ce matin, demandant qu'il n'y
ait plus [de polémiques personnelles en
tre journalistes catholiques.
Nous adhérons volontiers à ce vœu, et
nous continuerons d'éviter autant que
possible toute polémique n'ayant pas
pour cause les idées, et même toute po
lémique avec les journaux se plaçant
loyalement sur le terrain constitution
nel.
AFFICHAGE
On annonce que le comité orléaniste
veut faire placarder la lettre de M. le duc
d'Orléans sur l'affaire Dreyfus.
A quoi bon cet affichage? Est-il néces
saire d'affirmer que le prince a voulu
exploiter cet incident douloureux dans
un intérêt de parti?
BONNES PAROLES
Sous ce titre, VEtoile de là mer re-
J)roduit les derniers mots de l'al-
ocution prononcée, l'autre jour,
{>ar le général Billot, ministre de
a guerre, aux obsèques du général
deJessé :
Adieu, Jessé! Du sein de Dieu, foyer
de lumière, de justice et de vérité, tu
penseras à bous : nos cœurs garderont
fidèlement ta mémoire.
Adieu, Jessé !
Et l'excellent journal brestois
ajoute à cet adieu chrétien ce juste
commentaire:
C'est avec joie et avec émotion que
nous avons lu cet acte de foi de la part
d'un général en chef et d'un .ministre de
la République. Comme l'atmosphère est
changée autour de nous !
; ■+ —•
L'AFFAIRE DU PUY
Nous avons dit, il y a trois jours, que.
M. Daurat, directeur de l'école du Mou
lin-Pataud, dans la Haute-Loire, avait été.
frappé d'un déplacement. On ne par
donne point à M. Daurat d'avoir coura
geusement dénoncé les odieuses bruta
lités de l'instituteur Barre, contre le
quel, on le sait, une instruction est ou
verte.
Le conseil municipal du Puy a résolu
de ne point souffrir, sans protestation,
cette injustice envers un homme dont le
seul crime est de n'avoir pas couvert un
surbordonné coupable. Nous trouvons,
dans le Mémorial de ■ la Loire, un inté
ressant compte rendu de la séance où
cette décision a été prise.
Après un discours très vif de M. Ma
thieu, maire du Puy, contre l'adminis
tration académique; discours très ap
plaudi par la foule venue fort nombreuse
à la réùnion, le conseil municipal a dé
légué trois de ses membres à Paris au
près du ministre de l'instruction publi
que, où ils réclameront justice.
—-—« —
Une élection
La Dépêche, de Lille, signale une
étrange erreur commise lundi dernier
par les agences, et dont nous avons
été, avec beaucoup d'autres journaux, les
victimes.
Lundi, les agences télégraphiaient que
« M. Décuty, républicain, avait été élu
conseiller général de l'Aisne, pour le
canton d'Anizy-le-Château. »
Or, voici le vrai résultat de l'élection
d'Anizy-le-Château-: « M. Henri Dequin,
cultivateur, républicain modéré, 1,004
A '
voix, élu ; M. Décuty, conseiller d'arron
dissement; radical, 742 voix. »
M. Décuty; le prétendu vainqueur, a
donc été battu à une assez forte majo
rité.
Et cette élection n'est pas dépourvue
d'intérêt, car elle marque la défaite, dans
le canton d'Anizy-le-Châtéau, des idées
radicales et sectaires.
Le Journal de l'Aisne, en effet, en
estime ainsi la portée :
La vérité est que la politique qui a triom
phé hier avec M. Dequin est exactement
celle qu'il,'avait définie lui-même: politique
de droit, de liberté pour tous, de tolérance
et de modératton, de respect des conscien
ces et de respect des personnes.
Cette erreur des agences valait bien
d'être relevée.
LETTRE DU SAIHT-PÈRE
AU CARDINAL PERRAUD
S. S. le pape Léon XIII a écrit la lettre
suivante à S. Em. le cardinal Perraud,
évêque d'Autun, au sujet des discours
prononcés par Son Eminence en Angle
terre dans la célébration du treizième
centenaire de saint Augustin de Cantor-
béry :
A Notre cher Fils, Adolphe-Louis-
Albert cardinal Perraud, évêque
d'Autun,
Notre cher Fils salut et béné
diction apostolique.,
Nous avons eu pour très agréa
ble l'hommage- que vous Nous avez
fait de la lettre adressée par vous
aux fidèles de votre diocèse, au su
jet de l'association de prières éta
blie pour hâter le retour de la na
tion anglaise à la foi catholiaue. Nous
avoris lu dans le même document
les discours que vous avez prononcés
à Londres et à Cantorbéry, lorsque
vous vous y êtes rendu pour pren
dre part à là célébration solennelle
du treizième centenaire de l'arrivée
de saint Augustin en Angleterre.
Nous avons trouvé dans ces pages
la témoignage du zèle dont vous
brûlez pour le bien de la nation an
glaise, en imitant la charité de
votre prédécesseur saint- Syagrius.
Nous attachons d'autant plus de
prix à vos discours que vous y
avez très bien présenté les argu
ments les plus décisifs, les plus ca-
f>ables de porter la persuasion dans
es esprits des dissidents de bonne
foi, et en même temps, de démon
trer l'antiquité des institutions ca
tholiques en Angleterre.
Nous vous félicitons donc de votre
travail, Notre cher Fils, et afin que
Dieu féconde les industries de
votre zélé, lesquelles sont aussi les
Nôtres, Nous vous accordons très
affectueusement, comme gage de
Notre bienveillance, la Bénédiction
apostolique.
Donne à Rome près Saint-
Pierre, le 25 novembre 1897, la
vingtième année de Notre Pontifi
cat.
LEON XIII, PAPE.
Voici le texte des remerciements
adressés à Sa Sainteté par S. Em. le
cardinal Perraud :
Autun, 29 novembre 1897.
Très Saint-Père, "
La lettre que Votre Sainteté a daigné
m'adresser a la date du 25 novembre, au
sujet des discours que j'ai prononcés en
Angleterre, me comble d'honneur et de
joie.
Elle est une très douce récompense du
labeur que je m'étais imposé pour ré
pondre à l'invitation de mon éminentis-
sime collègue, le cardinal archevêque
de Westminster, et au désir que Votre
Sainteté m'avait exprimé.
Dans la haute sanction donnée par le
Pontife romain aux enseignements qu'al
lait leur porter un évêque français, les
protestants d'Angleterre" trouveront une
preuve éclatante de cette parfaite unité
de foi, de doctrine,, de hiérarchie, qui
forme un contraste si saisissant avec les
divisions et les contradictions des socié
tés religieuses issues de la prétendue Ré
forme.
La précieuse approbation de Votre
Sainteté m'arrive d'ailleurs à un moment
très opportun. J'étais prévenu, il y a peu
de jours, que, sous le patronage èt la di
rection de S. Em. le cardinal Vaughan,
on préparait à Londres une traduction
anglaise de mes discours. Elle sera mise
en circulation par les soins d'une asso
ciation de propagande, The catholic
Truth Society, dont les traités ont nota
blement contribué depuis vingt-cinq ans,
à dissiper les préventions des dissidents
de bonne foi, à résoudre leurs objections
doctrinales, à les réconcilier avec la vé
rité catholique, à les ramener dans le
bercail du seul légitime Pasteur.
Très Saint-Père,
Daigne le Seigneur exaucer nos inces
santes prières et conserver longtemps
encore à notre affection le Pontife qu'il
donnait, il y a bientôt vingt ans, à son
Eglise, pour la conduire et la défendre
au milieu des difficultés et des luttes qui
marquent chacun de ses pas au milieu
des sociétés humaines.
C'est au Cœur sacré de Notre-Seigneur
Jésus-Christ que je présente jces vœux
inspirés par l'amour de l'Eglise,en même
temps que par la vénération et la recon
naissance là plus profonde envers votre
auguste personne.
Humblement'prosterné aux pieds de
Votre Sainteté, je me dis une fois de
plus,
Son très obéissant fils,
•{• Adolphe-Louis-Albert,
cardinal P ebraud.
évêque d'Autun, Chalon et Mâcon.
Çà et là
LE CORRESPONDANT
DE MA COUSINE (1)
Il est des esprits, naturellement criti-,
ques, qui volontiers, mis en présence
d'une médaille, la tournent pour en voir
le revers. On soutient devant éux telle
opinion, qu'ils" croyaient jusque-là plau
sible, et qui peut-être était la leur — si
tant est qu'ils en eussent une ; et voici
que le contact même d'un interlocuteur
convaincu les amène à discerner la fai
blesse de cette opinion, à chercher les
raisons d'en prendre le contrepied, et
souvent à les trouver. Le Credo qu'ils se
risquent à professer,plus négatif qu'affir-
matif, prend en général les allures d'une
contradiction ; il semble n'être que la.
contre-partie des opinions voisines. Leurs .
opinions à eux sont comme l'étincelle ;
•elles jaillissent d'un choc, elles brillent,
et puis elles s'éteignent; chez les plus
distingués d'entre eux, elles atteignent la
splendeur et la durée d'un feu d'artifice.
Le paradoxe est l'exercice naturel de
leur pensée : ils s'en piquent et s'y com
plaisent; on ne peut leur faire plus de
plaisir qu'en saluant en eux les indisci
plinés du royaume de l'intelligence,en les
qualifiant d'enfants perdus, de tirailleurs,
de prodigues, et même d'anarchistes ; et
certains défauts leur semblent une meil
leure parure que le commun des vertus.
En les critiquant, même durement, on ne
risque pas de les choquer; il semble au
contraire qu'on les fasse vivre. Et sans
doute il est superflu de montrer que ces
esprits sont à la fois précieux et dange
reux : précieux, non point seulement par
la préciosité qu'ils affectent, mais par la
surveillance qu'ils exercent autour d'eu*,
par les cris d'alarme qu'ils poussent, par
le fructueux et malin, plaisir qu'ils pren
nent à chicaner les convaincus, et par la
nécessité où ils les mettent de mieux éla
borer leurs convictions, et de s'y enraci
ner toujours plus fermement ; — mais
dangereux, aussi, par l'atmosphère des
séchante que parfois ils répandent autour
d'eux, par les effets d'ébranlement qui
peuvent succéder à certaines de leurs
critiques, par le découragement que ris
quent de produire leurs ironies, et par
leur inintelligence systématique et vo
lontaire des devoirs et du rôle d'une pen
sée saine.
Il semble que, de parle péché originel,
le spirituel auteur des Lettres à ma cou
sine, qui signe Gabriel Aubray et n'est
autre que M. Gabriel Audiat, professeur
dé rhétorique au collège Stanislas, fût
prédestiné à être l'un des représentants
les plus sympathiques de Cette famille
d'esprits. Sans âpreté mais sans ten
dresse, avec une souplesse déliée, cet
aimable homme avait les yeux faits pour
voir le défaut de toutes les cuirasses, et
la cervelle façonnée pour discerner tou
jours le contre, dans ce grand litige du
pour et du contre où se résument l'agita
tion des esprits et la vie même de l'hu
manité. Et comme, de temps à autre, il
y a' des idées, de grandes idées, très
fermes, très sûres d'elles-mêmes et très,
contentes d'elles-mêmes, qui font une
promenade triomphale à travers le
monde, Gabriel Aubray paraissait avoir
pour vocation, providentielle ou diabo
lique, de suivre ironiquement ces augus
tes promeneures et d'éparpiller dans leur
sillage les critiques, les doutes, les ob
jections, les sarcasmes même — sem
blable à ces maitres de sagesse, singu
lièrement graves sous des apparences
bouffonnes, qui jadis escortaient les
triomphateurs pour leur glisser dans
l'oreille, au milieu même des splendeurs
de l'apothéose, des leçons de modestie et
de discrétion.
Mais Gabriel Aubray, qui pouvait n'ê
tre rien de plus qu'un sceptique falot,
emprisonna son tempérament intellec
tuel dans une belle âme de chrétien ; et
de cette second» nature, qui corrige la
première sans la supprimer entièrement,
les Lettres à, ma cousine sont une remar
quable expression. Entre l'esprit critique
guidé et vivifié par le christianisme
et l'esprit même de charité, il n'y a
point d'antagonisme ; et l'esprit critique
bien dirigé, bien appliqué; devient l'auxi
liaire de la charité,car il s'identifie alors,
ou peu s'en faut, avec la largeur d'es
prit. Et comment cette largeur d'esprit
est le fruit d'un christianisme ardent et
apostolique, c'est ce qu'il est ' intéressant
d'observer et d'étudier dans les Lettres à
ma cousine.
L'auteur est tin dilettante, ou du moins
il ne déteste pas de passer pour tel ; et
;même, dans la lettre-préface qu'il sé fait
adresser par sa cousine, il se laisse trai-»
ter (Dieu lui pardonne !) de Don {Juan.
Mais il se flatte, et à juste titre, d'être un
dilettante qui « connaît le don de Dieu »
et qui « regarde le monde avec sympa
thie pour y retrouver Dieu ». Son dilet
tantisme n'est donc qu'un vernis ; ce di
lettantisme, auprès de [beaucoup de lec
teurs, sera le passe-port de son chris
tianisme.
Deux principes, nous dit-il, « domi
nent tout le travail de sa pensée. Voici
le premier: Si l'âme humaine fut, comme
on dit, pétrie avec de l'idéal et'de la
boue mêlés, si Dieu a mis son souffle
dans sa fange, c'est nécessité mathéma
tique que l'analyse en toute circonstance
révèle les deux élémeatg dont elle est
faite, et que dans ses erreurs et dans ses
pires dégradations, exactement décom
posées, réapparaisse le quelque chose de
divin qui est en elle». Et voiçi le second:
« Si la loi divine est, elle est au même
titré que la loi de la chute de s corps ou
(1) Gabriel Aubray, Lettres à ma cousine
Paris, Pion, 1897.
18 97
Edition gaatldiesos. m 40,90?
Samedi 4 Décembre 1897
msm
ÉDITION QUOTIDIENNE
" PARIS ÉTRANGER.
et départements (union postale)
Un an 40 » 5i »
Six mois . 21 » 26 50
Trois mois 11 » 14 »
Les abonnements partent des 1 er et 16 de chaque mois
UN NUMÉRO S ^ aris v : Î2 cent -
( Départements 15 —
BUREAUX : Paris, rue Cassette, 17
On s 'abonne à Rome, place du Gesu, 8
ET
LE MONDE
ÉDITION SEMI-QUOTIDIENNE
: PARIS - i! ÉTRANGER
et départements (union postale)
Un an......... 20 26»
Six mois 10 » 13 ; »
Trois mois..,.. 5 » 6 50
Les abonnements partent des l or et 16 de chaque mois
L'UNIVERS ne répond pas des manuscrits qui lui sont adressés .
ANNONCES
MM. LAGRANGE, CERF et C ie , 6, place de la Bourse
PARIS, 3 DECEMBRE 1897
SOMMAIRE
Lettre du Souve
rain Pontife sur
les congrès et as
sociations eucha- .
ristiques
Les falsifications... Eugène Tavernier,
Çà et là : Le Corres-
pondant de ma cou
sine......... Léon Grégoire.
A la Chambre— .. Gabriel de Triors.
Le congrès national
catholique Edouard Alexandre
Bulletin. — Le nouveau garde des sceaux.
— Un vœu. — Affichage. — Bonnes
. paroles. — L'affaire du Puy. — Une élec
tion. — Lettre du Saint-Père à S. Em le
cardinal Perraud. — Le congrès de la
démocratie chrétienne. — Les congréga
tions et le fisc. — L'affaire Dreyfus. —
Informations politiques et parlementai?
res. — Chronique. — Lettres, sciences
et arts. — En Orient. — Dépêches de
l'étranger. — En Autriche. — En pro
vince. — Echos de partout. — Chro
nique religieuse. — Guerre et ma
rine. Nécrologie. — Nouvelles di
verses. — Calendrier. — Tableau et
bulletin de la Bourse. — Dernière
- Kouro«
LETTRE ISOUÏÏBAB POfflFE
sur les
CONGRÈS & ASSOCIATIONS EUCHARISTIQUES
LEON XIII PAPE
Ad -perpétuant rei memoriam.
Le Dieu de toute providence, en
organisant le monde d'une main
forte et douce à la fois, a entouré
son Eglise d'une sollicitude toute
spéciale, de telle sorte qu'aux mo
ments qui paraissaient les plus cri
tiques Il tire pour Elle, do la du
reté même des temps, des conso
lations inespérées. Ue fait, "maintes
fois constaté, peut être plus nette
ment que jamais remarqué dans les
circonstances que traversent actuel
lement la religion et la société.
Alors en effet que les ennemis de
l'ordre commun, se montrant de
jour en jour plus audacieux, s'ef
forcent par des attaques quoti
diennes et très vigoureuses de tuer
la foi chrétienne et de bouleverser
la société tout entière, la bonté di
vine se plaît à opposer à ces flots
soulevés les remparts d'admira
bles manifestations de piété.
Cela est clairement prouvé par
l'extension qu'a prise la dévotion
au très Saint Cœur de Jésus ; par
l 'ardeur avec laquelle, dans tout
l 'univers, on travaille à promou
voir le culte de Marie ; par les hon
neurs dontestl'objetl'illustre époux
de la Mère de Dieu; par les réu
nions de divers genres qu'organi
sent les catholiques pour défendre
leur foi de toutes manières ; enfin,
Îiar beaucoup d'institutions que
'on fonde ou auxquelles on donne
un nouvel essor, et qui tendent à la
gloire de Dieu, ou à l'accroisse
ment de la charité mutuelle des
chrétiens.
Bien que toutes ces manifesta
tions causent à Notre cœur une joie
très douce, Nous pensons que la
souveraine grâce qui nous a été ac
cordée par Dieu consiste dans les
progrès que la dévotion envers le
sacrement de l'Eucharistie a faits
parmi les peuples fidèles, à la suite
des célèbres congrès qui ont été, à
cette fin, tenus ces temps-ci. - Ainsi
que Nous l'avons déclaré ailleurs,
pour animer les catholiques à pro-
tesser vigoureusement leur foi et à
pratiquer les vertus qui conviennent
aux cnrétiens, aucun moyen n'est
plus efficace que celui qui consiste
à nourrir et à augmenter la piété du
peuple envers cet admirable gage
d'amour qui est le lien de la paix et
de l'unité.
Comme le sujet est très important
et Nous tient fort à cœur, après
avoir souvent loué les congrès et
les associations eucharistiques, et
mû par l'espoir de les voir produire
des fruits plus abondants, Nous ju
geons maintenant utile de leur as
signer un patron céleste choisi en
tre les saints qui brûlèrent d'un
plus ardent amour envers le Très
Baint-Sacrement de l'Eucharistie.
Or, parmi ceux dont la piété à
l'égard de ce sublime mystère de la
* foi a paru se manifester avec la fer
veur la plus ardente, Pascal Bay-
lon tient le plus beau rang. Doué
naturellement d'un goût très vif
pour les choses celestes, après
avoir saintement passé sa jeunesse
dans la garde de son troupeau, il
embrassa une vie plus sévère dans
l 'ordre des Frères Mi-neurs de la
stricte observance, et mérita par
ses méditations sur le festin eu
charistique, d'acquérir la science
relative à ce dernier, au point que
cet homme, dépourvu de notions et
d'aptitudes littéraires, devint capa
ble de donner des réponses sur les
matières de. foi les plus difficiles et
d'écrire même des livres pieux Pu
bliquement, ouvertement, il pro
fessa au milieu des hérétiques la
vérité de l'Eucharistie, ce qui lui
attira de graves épreuves. Emule
du martyr Tarcisius, il fut menacé
plusieurs fois de la mort qui avait
été le partage de ce dernier. Enfin
l'affectueuse ardeur de sa piété
parut se prolonger au delà ae sa
vie mortelle. On dit en effet que,
pendant son . service funèbre,
étendu sur sa civière, Pascal Bay-
lon, au moment des deux éléva
tions, ouvrit deux fois les yeux.
Nous croyons donc que les as
sociations catholiques dont Nous
parlons ne sauraient être confiées à
un meilleur patronage. C'est pour-
5uoi,de même que Nous recomman-
ons, assez naturellement, la jeu
nesse studieuse à saint Thomas
d'Aquin, les associations chari
tables à saint Vincent de Paul, les
malades, ainsi que cëux qui s'atta
chent à les soulager, à saint Ca
mille de Lellis et à saint Jean de
Dieu ; de même,espérant que Notre
décision tournera à l'intérêt et au
bien de la chrétienté, Nous décla
rons et Nous constituons, de Notre
autorité suprême, et par la vertu
des présentes Lettres, saint Pascal
Baylon comme patron particulier
des congrès eucharistiques et de
toutes les associations qui ont pour
objet la divine Eucharistie^ tant de
«elles qui ont été constituées jus
qu'à ce jour que de celles qui le se
ront dans l'avenir.
Nous formons des vœux pleins
de confiance pour que les exem
ples et le patronage de ce saint
aient pour fruit l'augmentation du
nombre de ceux qui, dans le peu
ple chrétien, rapportent chaque
jour leur zèle, leurs desseins, leur
amour au Christ Sauveur, principe
le plus élevé et le plus auguste de
tout salut.
Les présentes Lettres conserve
ront leur validité dans les temps
futurs, nonobstant tout ce qui
pourra être fait à l'encontre par
qui que ce soit.
Nous voulons que les exemplaires
copiés ou même imprimés de ces
Lettres, pourvu qu'ils soient signés
de la main de Notre notaire et mu
nis de Notre sceau par un person
nage constitué ën dignité ecclésias
tique, fassent [foi comme si l'on
avait sous les yeux les Lettres pré
sentes.
Donné à Rome, auprès de Saint-
Pierre, sous l'anneau du Pêcheur,
le 28 novembre 1897,1a vingtième
année de Notre Pontificat.
A. card. Macchi.
' " ' "■—— -♦» — : ; .
VULLETIfrÇ
M. Mêline, président du conseil, a of
fert à M. Milliard, sénateur de l'Eure,
le portefeuille de la. justice. M. Milliard,
ayant accepté, a été présenté dès hier
soir au président de la République par
le président du conseil. Le décret de no
mination a été publié ce matin parle
Journal officiel.
Aujourd'hui, au Luxembourg, M. Ba-
duel, sénateur radical, provoquera un
incident au sujet d'une erreur qui s'est
produit« dans la rédaction du compte
rendu officiel de la. dernière séance.
M. Rouanet a continué hier, devant la
commission d'enquête de Panama, la
lecture de son rapport' Il a été décidé
ensuite que ce document, qui ne com
prend p as moins de kOOpages, serait im
primé à trente-trois exemplaires et dis
tribué aux commissaires afin d'en faci
liter la discussion et de hâter le vote sur
ses conclusions.
L'enquête sur l'affaire Dreyfùs-Ester-
hazy est |terminée et l'on annonce que le
général dePèllieux déposera aujourd'hui
son rapport entre les mains du général
Saussier.
D'autre part, devançant la décision
qui sera prise, le commandant Ester-
hazy écrit au général enquêteur une
lettre où il proteste énergiquement de
son innocence et demande formellement
à être jugé par un conseil de guerre qui
pourra a flétrir , en l'acquittant, devant
t'opinion à laquelle ils ont osé s'adres
ser, les plus lâches des calomnia-
seurs ».
Si l'on en croit les informations du
Daily Ohronicle, la Russie, devant les
déclarations du gouvernement allemand,
ne cor%batlràit plus la demande de répa
ration adressée h la Chine, par l'empe
reur Guillaume pour le massacre de
deux missionnaires.
Les troubles ont continué en Bohême,
de telle sorte que le gouvernement a cru
devoir proclamer la loi martiale. De
puis cette énergique décision, la situa
tion s'est légèrement améliorée.
La Chambre italienne a discuté hier
la procédure à suivre dans l'affaire
Crispi. Après un discours du garde des
sceaux, M. Crispi a prononce un long
discours dans lequel il s'est déclaré in
nocent de tous les faits qu'on lui repro
che.
La Chambre a voté, à une forte majo
rité, l'ordre du jour présenté par M. No-
cito, chargeant son président de nom
mer une commission de cinq membres
qui devra lui soumettre à bref délai
des « propositions opportunes ».
La paix entre la Turquie et la Grèce
n'est pas encore, signée : on « espère »
toujours qu'elle le sera incessamment.
Un attentat dirigé contre le président
delà République de l'Uruguay a heu
reusement échoué.
On trouvera à ['Etranger l'analyse du
message du président des Etats-Unis.
LES FALSIFICATIONS
On manquait d'hyperboles pour
célébrer les merveilles de la photo
graphie : c'est la fée moderne qui se
charge de préparer l'avenir; elle
s'est installée dans la vie privée :
qui est-ce qui n'a pas son kodak
chez soi ou en promenade ? Un ins
tantané est un divertissement de
famille. Les gens les plus défiants
ou les plus attentifs à se surveiller
n'évitent pas- l'ennui d'être portrai
turés à 1 improviste. Une demi-se
conde de distraction et vous voilà
pincé : un farceur ou. un ennemi
s'est emparé de vous et vous tient
dans sa poche.
Mais la vie privée, ce n'est pas
assez pour les hommes iiigénieux
?ui ont fait du soleil un complice.
I fautque la vie publique soit trans
formée aussi : et la chambre noire
est employée à copier les léttres et
les documents. Aujourd'hui, per
sonne ne peut plus compter qu'un
billet imprudent ne reparaîtra pas
même s'il a été restitué et détruit :
l'empreinte photographique de
meure. Dans le monde politique et
financier, un peu partout en somme,
l'usage s'est très vite établi de faire
ainsi reproduire les papiers intéres
sants qui pourront servir un jour.
Pour les besoins de la vie courante,
on a son photographe comme on a
son tailleur. Bientôt, chacun sera
en mesure d'opérer chez soi les ma
nipulations les plus savantes, ac
complies à l'aide d'une petite ma
chine très simple.
Faut-il donc renonber à écrire ?
La précaution ne serait même pas
suffisante, car la plaque sensible
peut encore, fabriquer les lettres qui
n'ont pas été écrites. Cela c'est le
chef-d'œuvre, pour le moment!
L'autre jour, M. Emile Gautier,;qui
vulgarise fort agréablement la
science, quoiqu'il soit enclin aux
excès parfois funambulesques de M.
Camille Flammarion (celui qui jon
gle avec des étoiles et qui enfour
che les comètes), M. Gautier s'est
amusé à demander par lettre à un
photographe très habile de lui in
diquer le suprême perfectionne
ment de l'art nouveau. Il a reçu en
réponse la photographie d'une
lettre, signée de Lui, qui portait
cette surprenante déclaration : « Je
« vous autorise à dire que je suis
« le dernier des imbéciles. » Au
moyen de l'écriture authentique,
une écriture fausse avait, été com
posée ; et M. Emile Gautier s'y
serait trompé, s'il n'avait pas eu de
bonnes raisons pour douter de
l'opinion ainsi exprimée.
Donc, notre pauvre société, qui
ne se sentait déjà pas bien garantie
contre les plus grands périls, est
certaine à présent de porter dans
son sein un ennemi plein de res
sources et presque insaisissable.
Le fameux mot attribué à Riche
lieu et que Richelieu n'a pas dit,
et dont l'auteur est sans doute Lau-
bardemont, à moins que ce ne soit
Laffémas : « Qu'on me donne six
« lignes écrites de la main du plus
« honnête homme, et j'y trouverai de
« quoi le faire pendre »,le fameux mot
n'a plus rien qui doive nous éton
ner. N'importe qui peut se payer
cette joie terrible.
II semble que nous revenions à
l'époque où la falsification des do
cuments était le triomphe des co
pistes brevetés. Avant la décou
verte de l'imprimerie, il y avait de
véritablës artistes en matière de
fraude. On interpolait les textes
avec une habileté qui trompait des
critiques sagaces. Une foule d'hu
manistes arrangeaient et complé
taient les auteurs anciens. Des his
toriens ne se sont pas gênés non
plus pour lancer dans le public des
documents de leur fabrication.
L'exemple des poètes encourageait
beaucoup cette mode, puisque les
fioètes ont toujours professé que
'art est dispensé de tout scriipule à
l'égard de la chronologie et de l'au
thenticité. Même après la découverte
de l'imprimerie, les faussaires ne se
sont pas crus dépossédés : ils ont
inventé des fables de Là Fontaine
et des lettres de Mme de Sévigné.
A la fin de l'empire, tout le monde
savant fut agité par l'apparition de
fausses lettres de Pascal; et les cri
tiques eur.ent de la peine à prouver
la fourberie. Et l'histoire des poè
mes d'Ossian, célébrés avec une
sorte d'adoration par Lamartine,
tellement l'habile Macpherson s'é
tait bien mis dans la peau du vieux
barde écossais!
Eaaucun temps, la recherche de
la vérité ne fut chose aisée. Par
fois, cette besogne semble vouée
fatalement à favoriser la mysti
fication ; mais d'ordinaire aussi le
systèmé de fraude se trahit et four
nit des armes- contre lui-même.
C'est comme pour l'assassin qui
prend certaines précautions inu
tiles, auxquelles on le reconnaît.
L'idée de Dreyfus, de rédiger ses
lettres ou ses bordereaux sur du
papier à décalque, en imitant la cal
ligraphie d'un autre, cette idée n'é
tait pas d'un malfaiteur vulgaire.
Elle s'est cependant retournée
contre lui ; et le procédé de dissi
mulation, développé par la photo
graphie, compare à l'écriture vé
ritable, a dénoncé l 'auteur. S'il est
difficile de montrer la vérité, il est
encore plus difficile de la cacher to
talement.
C'est égal, si ce pauvre Niep-
ce, longtemps méconnu et plagié,
avait prévu le rôle abominable des
tiné à son invention, il serait tombé
mort d'épouvante, d'autant plus
qu'il était déjà aux trois quarts
mort de chagrin. .
Eugène T avernier.
LIS ÏOÏYEAU GABDE BIS SCEAUX
Le Journal officiel publie le dé
cret suivant:
Le président de la République fran
çaise,.
Sur la proposition du président du
conseil, ministre de l'agriculture,
Décrète :
Article premier. — M. Victor Milliard,
sénateur, est nommé garde des sceaux,
ministre de la justice et des cultes, en
remplacement de M. Darlan, dont la dé
mission a été acceptée.
M. Milliard a été présenté hier
soir au président de la République
par le président du conseil.
Le nouveau garde des sceaux est
néle 19 décembre 1844, aux Andelys,
dans l'Eure.
Il est avocat à la cour d'appel de
Paris.
Sénateur de l'Eure, après avoir
été député dudit département, il a
pris une certaine place au Sénat.
C'est lui notamment qui a attaché
le grelot dans la lutte du Sénat ^con
tre le ministère Bourgeois.
UN VŒU
A la commission de la presse, au con
grès national catholique, un vœu a été
adopté ce matin, demandant qu'il n'y
ait plus [de polémiques personnelles en
tre journalistes catholiques.
Nous adhérons volontiers à ce vœu, et
nous continuerons d'éviter autant que
possible toute polémique n'ayant pas
pour cause les idées, et même toute po
lémique avec les journaux se plaçant
loyalement sur le terrain constitution
nel.
AFFICHAGE
On annonce que le comité orléaniste
veut faire placarder la lettre de M. le duc
d'Orléans sur l'affaire Dreyfus.
A quoi bon cet affichage? Est-il néces
saire d'affirmer que le prince a voulu
exploiter cet incident douloureux dans
un intérêt de parti?
BONNES PAROLES
Sous ce titre, VEtoile de là mer re-
J)roduit les derniers mots de l'al-
ocution prononcée, l'autre jour,
{>ar le général Billot, ministre de
a guerre, aux obsèques du général
deJessé :
Adieu, Jessé! Du sein de Dieu, foyer
de lumière, de justice et de vérité, tu
penseras à bous : nos cœurs garderont
fidèlement ta mémoire.
Adieu, Jessé !
Et l'excellent journal brestois
ajoute à cet adieu chrétien ce juste
commentaire:
C'est avec joie et avec émotion que
nous avons lu cet acte de foi de la part
d'un général en chef et d'un .ministre de
la République. Comme l'atmosphère est
changée autour de nous !
; ■+ —•
L'AFFAIRE DU PUY
Nous avons dit, il y a trois jours, que.
M. Daurat, directeur de l'école du Mou
lin-Pataud, dans la Haute-Loire, avait été.
frappé d'un déplacement. On ne par
donne point à M. Daurat d'avoir coura
geusement dénoncé les odieuses bruta
lités de l'instituteur Barre, contre le
quel, on le sait, une instruction est ou
verte.
Le conseil municipal du Puy a résolu
de ne point souffrir, sans protestation,
cette injustice envers un homme dont le
seul crime est de n'avoir pas couvert un
surbordonné coupable. Nous trouvons,
dans le Mémorial de ■ la Loire, un inté
ressant compte rendu de la séance où
cette décision a été prise.
Après un discours très vif de M. Ma
thieu, maire du Puy, contre l'adminis
tration académique; discours très ap
plaudi par la foule venue fort nombreuse
à la réùnion, le conseil municipal a dé
légué trois de ses membres à Paris au
près du ministre de l'instruction publi
que, où ils réclameront justice.
—-—« —
Une élection
La Dépêche, de Lille, signale une
étrange erreur commise lundi dernier
par les agences, et dont nous avons
été, avec beaucoup d'autres journaux, les
victimes.
Lundi, les agences télégraphiaient que
« M. Décuty, républicain, avait été élu
conseiller général de l'Aisne, pour le
canton d'Anizy-le-Château. »
Or, voici le vrai résultat de l'élection
d'Anizy-le-Château-: « M. Henri Dequin,
cultivateur, républicain modéré, 1,004
A '
voix, élu ; M. Décuty, conseiller d'arron
dissement; radical, 742 voix. »
M. Décuty; le prétendu vainqueur, a
donc été battu à une assez forte majo
rité.
Et cette élection n'est pas dépourvue
d'intérêt, car elle marque la défaite, dans
le canton d'Anizy-le-Châtéau, des idées
radicales et sectaires.
Le Journal de l'Aisne, en effet, en
estime ainsi la portée :
La vérité est que la politique qui a triom
phé hier avec M. Dequin est exactement
celle qu'il,'avait définie lui-même: politique
de droit, de liberté pour tous, de tolérance
et de modératton, de respect des conscien
ces et de respect des personnes.
Cette erreur des agences valait bien
d'être relevée.
LETTRE DU SAIHT-PÈRE
AU CARDINAL PERRAUD
S. S. le pape Léon XIII a écrit la lettre
suivante à S. Em. le cardinal Perraud,
évêque d'Autun, au sujet des discours
prononcés par Son Eminence en Angle
terre dans la célébration du treizième
centenaire de saint Augustin de Cantor-
béry :
A Notre cher Fils, Adolphe-Louis-
Albert cardinal Perraud, évêque
d'Autun,
Notre cher Fils salut et béné
diction apostolique.,
Nous avons eu pour très agréa
ble l'hommage- que vous Nous avez
fait de la lettre adressée par vous
aux fidèles de votre diocèse, au su
jet de l'association de prières éta
blie pour hâter le retour de la na
tion anglaise à la foi catholiaue. Nous
avoris lu dans le même document
les discours que vous avez prononcés
à Londres et à Cantorbéry, lorsque
vous vous y êtes rendu pour pren
dre part à là célébration solennelle
du treizième centenaire de l'arrivée
de saint Augustin en Angleterre.
Nous avons trouvé dans ces pages
la témoignage du zèle dont vous
brûlez pour le bien de la nation an
glaise, en imitant la charité de
votre prédécesseur saint- Syagrius.
Nous attachons d'autant plus de
prix à vos discours que vous y
avez très bien présenté les argu
ments les plus décisifs, les plus ca-
f>ables de porter la persuasion dans
es esprits des dissidents de bonne
foi, et en même temps, de démon
trer l'antiquité des institutions ca
tholiques en Angleterre.
Nous vous félicitons donc de votre
travail, Notre cher Fils, et afin que
Dieu féconde les industries de
votre zélé, lesquelles sont aussi les
Nôtres, Nous vous accordons très
affectueusement, comme gage de
Notre bienveillance, la Bénédiction
apostolique.
Donne à Rome près Saint-
Pierre, le 25 novembre 1897, la
vingtième année de Notre Pontifi
cat.
LEON XIII, PAPE.
Voici le texte des remerciements
adressés à Sa Sainteté par S. Em. le
cardinal Perraud :
Autun, 29 novembre 1897.
Très Saint-Père, "
La lettre que Votre Sainteté a daigné
m'adresser a la date du 25 novembre, au
sujet des discours que j'ai prononcés en
Angleterre, me comble d'honneur et de
joie.
Elle est une très douce récompense du
labeur que je m'étais imposé pour ré
pondre à l'invitation de mon éminentis-
sime collègue, le cardinal archevêque
de Westminster, et au désir que Votre
Sainteté m'avait exprimé.
Dans la haute sanction donnée par le
Pontife romain aux enseignements qu'al
lait leur porter un évêque français, les
protestants d'Angleterre" trouveront une
preuve éclatante de cette parfaite unité
de foi, de doctrine,, de hiérarchie, qui
forme un contraste si saisissant avec les
divisions et les contradictions des socié
tés religieuses issues de la prétendue Ré
forme.
La précieuse approbation de Votre
Sainteté m'arrive d'ailleurs à un moment
très opportun. J'étais prévenu, il y a peu
de jours, que, sous le patronage èt la di
rection de S. Em. le cardinal Vaughan,
on préparait à Londres une traduction
anglaise de mes discours. Elle sera mise
en circulation par les soins d'une asso
ciation de propagande, The catholic
Truth Society, dont les traités ont nota
blement contribué depuis vingt-cinq ans,
à dissiper les préventions des dissidents
de bonne foi, à résoudre leurs objections
doctrinales, à les réconcilier avec la vé
rité catholique, à les ramener dans le
bercail du seul légitime Pasteur.
Très Saint-Père,
Daigne le Seigneur exaucer nos inces
santes prières et conserver longtemps
encore à notre affection le Pontife qu'il
donnait, il y a bientôt vingt ans, à son
Eglise, pour la conduire et la défendre
au milieu des difficultés et des luttes qui
marquent chacun de ses pas au milieu
des sociétés humaines.
C'est au Cœur sacré de Notre-Seigneur
Jésus-Christ que je présente jces vœux
inspirés par l'amour de l'Eglise,en même
temps que par la vénération et la recon
naissance là plus profonde envers votre
auguste personne.
Humblement'prosterné aux pieds de
Votre Sainteté, je me dis une fois de
plus,
Son très obéissant fils,
•{• Adolphe-Louis-Albert,
cardinal P ebraud.
évêque d'Autun, Chalon et Mâcon.
Çà et là
LE CORRESPONDANT
DE MA COUSINE (1)
Il est des esprits, naturellement criti-,
ques, qui volontiers, mis en présence
d'une médaille, la tournent pour en voir
le revers. On soutient devant éux telle
opinion, qu'ils" croyaient jusque-là plau
sible, et qui peut-être était la leur — si
tant est qu'ils en eussent une ; et voici
que le contact même d'un interlocuteur
convaincu les amène à discerner la fai
blesse de cette opinion, à chercher les
raisons d'en prendre le contrepied, et
souvent à les trouver. Le Credo qu'ils se
risquent à professer,plus négatif qu'affir-
matif, prend en général les allures d'une
contradiction ; il semble n'être que la.
contre-partie des opinions voisines. Leurs .
opinions à eux sont comme l'étincelle ;
•elles jaillissent d'un choc, elles brillent,
et puis elles s'éteignent; chez les plus
distingués d'entre eux, elles atteignent la
splendeur et la durée d'un feu d'artifice.
Le paradoxe est l'exercice naturel de
leur pensée : ils s'en piquent et s'y com
plaisent; on ne peut leur faire plus de
plaisir qu'en saluant en eux les indisci
plinés du royaume de l'intelligence,en les
qualifiant d'enfants perdus, de tirailleurs,
de prodigues, et même d'anarchistes ; et
certains défauts leur semblent une meil
leure parure que le commun des vertus.
En les critiquant, même durement, on ne
risque pas de les choquer; il semble au
contraire qu'on les fasse vivre. Et sans
doute il est superflu de montrer que ces
esprits sont à la fois précieux et dange
reux : précieux, non point seulement par
la préciosité qu'ils affectent, mais par la
surveillance qu'ils exercent autour d'eu*,
par les cris d'alarme qu'ils poussent, par
le fructueux et malin, plaisir qu'ils pren
nent à chicaner les convaincus, et par la
nécessité où ils les mettent de mieux éla
borer leurs convictions, et de s'y enraci
ner toujours plus fermement ; — mais
dangereux, aussi, par l'atmosphère des
séchante que parfois ils répandent autour
d'eux, par les effets d'ébranlement qui
peuvent succéder à certaines de leurs
critiques, par le découragement que ris
quent de produire leurs ironies, et par
leur inintelligence systématique et vo
lontaire des devoirs et du rôle d'une pen
sée saine.
Il semble que, de parle péché originel,
le spirituel auteur des Lettres à ma cou
sine, qui signe Gabriel Aubray et n'est
autre que M. Gabriel Audiat, professeur
dé rhétorique au collège Stanislas, fût
prédestiné à être l'un des représentants
les plus sympathiques de Cette famille
d'esprits. Sans âpreté mais sans ten
dresse, avec une souplesse déliée, cet
aimable homme avait les yeux faits pour
voir le défaut de toutes les cuirasses, et
la cervelle façonnée pour discerner tou
jours le contre, dans ce grand litige du
pour et du contre où se résument l'agita
tion des esprits et la vie même de l'hu
manité. Et comme, de temps à autre, il
y a' des idées, de grandes idées, très
fermes, très sûres d'elles-mêmes et très,
contentes d'elles-mêmes, qui font une
promenade triomphale à travers le
monde, Gabriel Aubray paraissait avoir
pour vocation, providentielle ou diabo
lique, de suivre ironiquement ces augus
tes promeneures et d'éparpiller dans leur
sillage les critiques, les doutes, les ob
jections, les sarcasmes même — sem
blable à ces maitres de sagesse, singu
lièrement graves sous des apparences
bouffonnes, qui jadis escortaient les
triomphateurs pour leur glisser dans
l'oreille, au milieu même des splendeurs
de l'apothéose, des leçons de modestie et
de discrétion.
Mais Gabriel Aubray, qui pouvait n'ê
tre rien de plus qu'un sceptique falot,
emprisonna son tempérament intellec
tuel dans une belle âme de chrétien ; et
de cette second» nature, qui corrige la
première sans la supprimer entièrement,
les Lettres à, ma cousine sont une remar
quable expression. Entre l'esprit critique
guidé et vivifié par le christianisme
et l'esprit même de charité, il n'y a
point d'antagonisme ; et l'esprit critique
bien dirigé, bien appliqué; devient l'auxi
liaire de la charité,car il s'identifie alors,
ou peu s'en faut, avec la largeur d'es
prit. Et comment cette largeur d'esprit
est le fruit d'un christianisme ardent et
apostolique, c'est ce qu'il est ' intéressant
d'observer et d'étudier dans les Lettres à
ma cousine.
L'auteur est tin dilettante, ou du moins
il ne déteste pas de passer pour tel ; et
;même, dans la lettre-préface qu'il sé fait
adresser par sa cousine, il se laisse trai-»
ter (Dieu lui pardonne !) de Don {Juan.
Mais il se flatte, et à juste titre, d'être un
dilettante qui « connaît le don de Dieu »
et qui « regarde le monde avec sympa
thie pour y retrouver Dieu ». Son dilet
tantisme n'est donc qu'un vernis ; ce di
lettantisme, auprès de [beaucoup de lec
teurs, sera le passe-port de son chris
tianisme.
Deux principes, nous dit-il, « domi
nent tout le travail de sa pensée. Voici
le premier: Si l'âme humaine fut, comme
on dit, pétrie avec de l'idéal et'de la
boue mêlés, si Dieu a mis son souffle
dans sa fange, c'est nécessité mathéma
tique que l'analyse en toute circonstance
révèle les deux élémeatg dont elle est
faite, et que dans ses erreurs et dans ses
pires dégradations, exactement décom
posées, réapparaisse le quelque chose de
divin qui est en elle». Et voiçi le second:
« Si la loi divine est, elle est au même
titré que la loi de la chute de s corps ou
(1) Gabriel Aubray, Lettres à ma cousine
Paris, Pion, 1897.
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