Titre : L'Univers
Éditeur : L'Univers (Paris)
Date d'édition : 1897-06-09
Contributeur : Veuillot, Louis (1813-1883). Rédacteur
Contributeur : Veuillot, Pierre (1859-1907). Rédacteur
Contributeur : Veuillot, François (1870-1952). Rédacteur
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Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 09 juin 1897 09 juin 1897
Description : 1897/06/09 (Numéro 10732). 1897/06/09 (Numéro 10732).
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse Collection numérique : Bibliographie de la presse
Description : Collection numérique : BIPFPIG44 Collection numérique : BIPFPIG44
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k709513x
Source : Bibliothèque nationale de France
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 06/02/2011
Mercredi 9 Juin 1807
" ; PARIS ÉTRANGER
et départements (union postale)
Un an ..." 40 »> SI »
Six mois...... 21 » 2ë 50 / .
. ► , Trois mois..... 11 » 14 »
Les abonnements partent des 1 er et 16 de ^haque moia
• UN NUMÉRO j ^f ris V*• ••••• JjJ cent '
■ (Départements 15 —
BUREAUX : Paris, rué Gassette, 17
'v. ' " •* * . ' ' 1
On s'abonne à Rome, place du Gesù, 8
E3T
LE MONDE
Mercredi 9 Juin 189.7
ÉDITION SEM-QUOÎTDEENNE - ,
PARIS ÉTRANGER
' et départements {union postale)
Unan..««*••.« 20 ■ 26 •
Six mois...... 10 » 13 » X'
-Troismois..,.. 5 » 6 50 J .
Les abonnements partent des 1 er et 16 de chaqnq moi#
L'UNIVERS ne répondras des manuscritp qui lui sont adressés ' _
ANNONCES i/
MM. LAGRANGE, CERF et G'?, 6, place Je la Bourse i. ;
PARIS, § JUIN 1897
soMMAmia
M. Brisson.. P ierre V euillot.
Affaires d'Orient,.. F. L.
Çà et là : Le proven-
' çal dans, les écoles
primaires; ;... M a U b I ce laurent.
^drreâpondance rd- ...
Le congrès de la
Ligue démocrati
que belge L.
Variétés : La forma
tion du royaume
d'Italie !.. ggotfftdy dè gàa&fa-
MAISON.
Bulletin. — Congrès ouvrifer chrétien de
Tours. «- Le fisc et les congrégations.
— Informations politiques - et parlement
taires. — Lë président de la République
& Saint-Quentin. — Manifesté socialiste;
«i L'incëndie du Èazar de la Charité ët
les Maronites. — La catastrophe de Voi-
ron. — L'affaire Arton. — A travers la
presse. — Chronique. — - En Orient.
— Dépêches de l'étranger. — : Echos de
partout. — Chronique religieuse. Les
institutrices françaises. —A la Société
protectrice des animaux.— La question
ouvrière. — Nécrologie.— Les anarchis
tes. — Nouvelles diverses. — Calendrier.
•*- Tableau et bulletin de la Baur&e. —
Dernière heure.
M. BRISSON
On oublie, on oublie même rapi
dement. Le deuxième-mardi de jan
vier 1898, lorsque s'ouvrira la ses
sion ordinaire des Charhbrès et qu'il
y aura lieu de choisir lé titulaire du
Fauteuil présidentiel, au Palais-
Bourbon, ' M. Henri Brisson grou
pera de nouveauj avec les voix ra
dicales ët sans douté Uh certaiiî
ombre, de suffràgës nloutonnierS
Ù, centre, l'unanimité des votes
socialistes.
Si même il arrivait, pour une rai
son ou une autre, que M. Félix
Faure n'achevât point son septen
nat, on verrait encore, à Versailles,
comme il y a deux ans et demi bien*
tôt; les socialistes^ èè joignant aui
fortes radicales, porter M. Henri
Brisson à la présidence de -la Répu
blique. Nous espérons bien que ce
ne serait point avec plus de suc
cès.
Par exemple, pour que cette nou
velle représentation nous fût don
née! il ne faudrait pas une date trop
prochaine. Un mois, sinon davan
tage^ devrait s'écouler d'ici là. Ce
délai minimum dé prescription est
nécessaire avant que ne s'apaise le
ressentiment des socialistes; En ce
moment, ils aimeraient mieux écrire
sur leurs bulletins de vote le nom
de M. Charles î)upùy !
Lëur présente exaspération nous
les fait voir plus naïfs qu'on ne le
croyait. Cette Chambre aura bien
tôt quatre ans. 11 b devaient connaî-
. treM. Brisson; c'est' un homme vite
mèsuré.Tout cet éclat montre qu'ils
avaient d'étranges illusions sur son
compte. Ils s'imaginaient donc* les
ingénus, qu'entre eux et son intérêt
M. Brisson pourrait hésiter un ins
tant, alor^ qu'il avait cette bonne
fortune, en se réglant d'après son
intérêt, de paraître n'obéir qu'à son
austère impartialité !
ïiî. Brisson veut rester président
de la Chambre jusqu'à la fin de
Cette législature. La dignité du
poste assuré mieux sa réélection,
çit l'on est", au fauteuil, admirable
ment placé pour voir venir les évé
nements saris se compromettre.
C'ést là toute la raison de sa con-
. duite. Ét s'il favorise aujourd'hui le
centre, démain la gauche^ c'est à
seule fin de conserver des voix en
nombre suffisant.
Nous l'allons voir manoeuvrer de
façon à reconquérir les suffrages
socialistes en évitant, le plus pos
sible, de s'aliéner ceux des opportu
nistes. Mais si les premiers recom
mencent à cçoire qu'ils ont un ami
dans le président, ce sera la preuve
d'une naïveté décidément incorri
gible.
, Pourquoi, d'ailleurs, M. Brisson
aimérait-il les socialistes ? Il peut
les ménager, au fauteuil et même
ay. pouvoir s'il y revient, parce qu'il
âet aura besoin d'eux ; mais il
ne les aime pas du tout. C'est,
porps, cerveau et âme, un bour-
Beois, dans le sens étroit du mot.
est incapable de considérer le
peuple comme autre chose qu'un
instrument. Celui-ci doit servir à
procurer au bourgeois le moyen
de satisfaire ses aspirations et ses
rancunes.
Le président actuel de la Cham
bre n'est point un homme sans
Eassiôns; Il a un amour et deux
aines. Il s'aime fort et se veut
beaucoup de bien. Il hait Napo
léon III et la religion. Ajoutez à
cela un tempérament .de sectaire
aigri, et vous avez un Brisson
complet. C'est assez pour faire,
avec l'aide des circonstances, une
.haute fortune politique.
. Napoléon III est mort ; mais il
inspire toujours M. Brisson.' ;Në
Êas oublier une minute l'horrible
leux-Décembre et la longue nuit
de l'Empire oppressif; se vengier
de l'asservissement comme gi l'on
était encore au lendemain de la
délivrancè } né penser, plein d'in
quiétude, qu'à prévenir le retour
au tyran ; n'agir, de toutes ses
! forceê tendues, quë pour combattre
cette éventualité - ttiêriàçàhtë : voilà
l'état d'obsession où vit ce per
sonnage radical, et c'est un des
grands facteurs de sa politi-
poli
fˣ
que, hètii-.èiisertient démodée avant
même qu'il ait été mis eiî situa
tion de nous en faire savourer
tous lës fcharmeà. , , ,
L'autre facteur, c'est ia hriirtè dê
la religion. Cette seconde haine,
n'obsède pas moins le président de
la, Chambre. Peut-être le possède-t-
elie encore plus profô&démetxti Çar
il sait bien jxout de même j que Na-
olëon Iil est mort; tandis qu 'il Voit
glise demeurer vivante, et déses-,
père parfois dê la tuer. La tuer,
c'est la son rêve, continiiël et fu
rieux. S'il était le maître, il serait
capâble d'éller jusqu'à la, persécu
tion violente. Dans'un tel sëctâire,
il peut y avoir l'étoffe d'un bour
reau. En" : attendant, n'importe
quelle occasipn lui est bonne de
manifester là dévorante passiori
qui le travaille. L'éloge de Victi
mes chrétiennes lui sert, on l'a vu,
de prétexte pour blasphémer lë
Christ. - , ,
Les deux haines ae M. BHssoîi se
combinent, comme nous l'avons dit,
avec un profond amour de lui-
même. M; Brisson èst tout à soû
service: On aurait tort de l'ën blâ
mer. Un grand esprit de justice
l'anime. Il tient à l'exécution dé
son programme. Or il ne voit per
sonne qui saurait l'accomplir aussi
fermement., Plus, nous, allons
même, et pliis S 'affaiblit l'horreur
du Deux-Décembre, et plus l'anti
cléricalisme parait vieux jeu. M.
Brisson restera bientôt presque
seul dans lés pures traditions. Eii
se favorisant* il seft donc les idées
qui lui tiëiiiient tant âu caëûr; et les
idées doivent passer avant tout; :
A la défense de sa personne et
de ses idées, M. .Brisson ne peut
consacrer du talent : il n'en a pas.
Mais il remplace le talent par une
attitude qui en tient suffisamment
lieu,pourvu qu'il.ne fasse rien.C'est
iin austëré; jàmàis ié rire ii'effleure
ses lèvres minces; il semblé un
vieux covenantaire écossais.' Gam-
betta était un bruyant bon vivant,
au point de scandaliser jusque dans
son parti. M. Brisson a bénéficié
du contraste. On ne pouvait pas
dire de celui-ci qu'il manquait de te
nue» de gravité. Il apparaissait
éminemment sévère et respectable.
Et voilà comment, après Gambetta,
il est devenu président de la
Chambre.
Un peu moins de quatre ans
plus tard, en 1885, on en faisait un
président du conseil. L'attitude
Cessait de suffire. Il aurait fallu
autre chose. Quel fiasco ! Ce fut la
mentable; la République en pensa
trépasser. Au bout de sept mois, on
remisa M. Brisson, en regrettant de
l'avoir sorti. L'éclipsé a duré pres
que dix ans. Mais l'attitude persé
vérante a. ramené enfin M. Brisson
à la présidence de la Chambre. Et
vous voudriez qu'il ne se crampon
nât point au fauteuil ? Il ne le lâche
ra, volontairement, qùe pour mon
ter à la présidence de la Républi-
e, poste auquel il se destinait
éjà, tout petit.
Pierre V euillot.
• ♦
VULLETlSy
Le président de la République est allé
présider hier, à Saint-Quentin, l'inau
guration du monument eommémoratif
dé lai défense de cette ville contre les Es
pagnols en 1557. ' '
Le voyage du président de la Répu
blique, dont on lira, plus loin les détails,
a été de courte durée : M. Félix Faure
était de retour à Paris h onze heures et
dem,ie du soir.
L'amiral Besnard, ministre de la ma
rine, a quitté Paris lundi matin pour se
rendre a Roubaix où il a présidé la dis
tribution des récompenses de la XXIII•
fête fédérale de l'Union des sociétés de
gymnastes de France.
Durant les fêtes de la Pentecôte, se
sont tenus plusieurs congrès : enFrance,
les démocrates chrétiens se sont réunis à
Tours et nous avons publié hier l'impor
tant discours de M. Harmel-, à l'étran
ger la ligue démocratique belge a tenu
ses assises annuelles à Louvain et les so
cialistes autrichiens ont eu leur assem
blée générale à Vienne.
Il vient de se produire à Voiron une
catastrophe sur laquelle nos lecteurs
trouveront plus loin dés détails : les vic
times sont nombreuses et ce désastre,
ainsi que nous le disions hier> va réduire
au chômage près de quatre mille ou
vriers.
Le gouvernement vient d'envoyer des
secours, mais malheureusement ceux-
ci ne sauraient suffire.
Les ouvriers grévistes de la Grand
Combe ont décidé hier de.tenter une nou
velle démarche par l'intermédiaire des
pouvoirs publics auprès de la direction
des mines pour « trouver un terrait^. ,
d'entente ».
Le préfet du Gard s'est rendu sur les
lieux pour essayer de faire réussir les
négociations "
Le maintien art pouvoir du ministère
conservateur a singulièrement mécon
tenté les libéraux espagnole : il est pos
sible que dkns les circonstances présen
tes le parti libéral se divise, une portion '
3u<
éi
seulement suivrait M. Sagasta. Mais ce
sont seulement des « bruits » qui ont be
soin d'être confirmés..
Le roi de Siam a quitté Rome se ren
dant à. Vienne : ilviendra probablement
ensuite en France.
' Les négociations pour la solution du
conflit gréco-turc n'avancent guère :
nous n'avons à, signaler aujourd'hui au
cun fait nouveau.
AFFAIRES D 'ORIENT
" Que se passe-t-il à Constantino*
pie entre les ambassadeurs des
grandes puissances et le ministre
d ës affaires étrangères de Turquie ?
Les négociations avancent-elles ?
Peut-on espérer . unô : prochaine
conclusion de la paix sur des bases
équitabïeè et modérées? A ces
questions qUe Vopifiion anxieuse
adré'âsë,- dans toute l'Europe, à la
pressé et aûi gctàvërnements,; au
cune réponse positive, ét précise
n'est faite. Les -maigres dépêchés
que publient certains journaux,
étrangers né donnent que des in
formations - hasàFdeuses et vagues
auxquelles on ne saurait es fier.
Il faut convenir que ce silence des
voi& officielles, que l'obscurité sys
tématique" dansiaquelle s'envelop
pent les négociatioiïs ont quelque
chose d'excessif, au temps Où nous
vivons, et que les esprits qui per
sistent à Sfo'if en noir ont bien quel
que droit de penser qu 'il y a an
guille sous rôcne.
F- L.
—— ♦ i
Çà et là
LE PROVENÇAL
DANS LES ÉCOLES PRIMAIRES
il y a iin ân â paii ptfeSj les Membres
du congrès des Sociétés savantes* réunis
à la Sorbonne comme de coutume, ne
virent pas àans quelque étonnement un
frère de la Doctrine chrétienne aborder
la tribune et se mêler à leurs discussions.
On est plus habitué à voir cette humble
robe dans lë3 écoles» au milieu des en
fants du peuplé.;;
Ce frère, auquel une exceptionnelle
persévérance et unbonheur constant dans
l'application de sa méthode permettaient
d'obtenir une si flatteuse distinction,
c'était le frère Savinien-Joseph, alors
directeur des écoles d'Arles, aujourd'hui
inspecteur de la province d'Avignon. J'ai
eu la bonne fortune de le revoir, à Paris,
il y a peu de temps, je l'ai trouvé toujours
aussi vaillant, aiussi plein d'initiative
hardie, et il m'a annoncé, pour que je
vous l'annonce,la publication du premier
ouvrage qui consacre, dans la pratique,
sa méthode d'enseignement.
Il est temps que je parle moins par
énigmes, et que je di«e, en quelques
mots, quels sont les traits essentiels de
cette méthode exposée l'an passé, à la
Sorbonne, aujourd'hui appliquée sur une
vaste échelle, grâce à un comité de let
trés et de savants.
Le frère Savinien est né en Provence,
il a constamment parlé le provençal. Le
provençal n'est pas un patois, pas plus
que le languedocien, le gascon, le bas
que, le breton ; c'est essentiellement une
langue. Sans doute, la langue du- moyen
âge s'est un peu altérée : elle s'est ra
valée à ne plus exprimer que les besoins
de la vie courante, les plaisanteries gros
sières. Mais, depuis quelque quarante
ans, on s'applique à rendre à la langue
d'oc (languedocien, provençal, gascon),
son antique vertu. Je vous entends, me
direz-vous, vous ê};es encore de ces in
sensés qui veulent eréer des idiomes
nouveaux de toutes pièces, et empêcher
de s'accomplir définitivement cette unité
linguistique qui sera un si grand bien
fait pour le pays !... Vous n'y êtes point.
Le frère Savinien se tient à l'écart dans
son domaine pédagogique, et j'en reviens
à ce qu'il a fait.
Il savait' le provençal et les enfants qui
venaient à son école le savaient aussi
bien. C'était la langue de leur mère, la
langue dont leur père se servait cou
ramment, celle : des champs, du soleil et
de la rosée, celle où chaque plante et
chaque animal avait un nom distinct et
expressif.
Le bon frère se rendit vite compte qu'à
vouloir arracher d'un seul coup toute une
hérédité) on risquait fort de perdre sa
peine. Il se demanda si, en employant le
provençal à l'enseignement du français au
lieu de proscrire bârbarement l'idiome
natal, on n'arriverait pas à des résultats
plus rapides. La comparaison n'est-elle
pas l'âme de la pédagogie ? N'apprend-on
pas, dans l'enseignement secondaire, à
mieux connaître le français par le paral
lèle constant avec le latin et le grec? Et
que- risquait-on au surplus ? En vérité,
les jeunes Provençaux instruits dans les
méthodes ordinaires oubliaient bien un
peu de leur provençal, mais ils n'appre
naient guère de français, et leur jargon
ne servait souvent qu'à prêter à rire*
Le. frère Savinien essaya. Il réussit.
Ses élèves eurent des prix, ils brillèrent
dans des concours. Il leur apprit, en
même temps qu'à parler français, à ne
pas rougir de leurs parents, à aimer
d'un amour profond leur petite patrie
pour mieux s'attacher à la grande...
C'est là ce que le frère exposa l'an
dernier à la Sorbonne, aux grandes ap^
probations de tous. '
Je voiis ai dit qu'un comité s'était pré-
çpcupé aussitôt de traduire d'une fagoç
pratique sur tout le territoire. d'Oc des
idées d'une justesse aussi évidente. Le
premier ; volume de toute uue série pa
raît aujourd'hui, illustré par Valère Ber
nard, dont vous avez peut-être admiré
l'exposition au Salon. C'ést un recuéil de
versions ou de lectures franco-proven
çales. Le livre est une ; merveille de sens
pratique. Des mots usuels, groupés bien
tôt ensemble, en "petites phrases, quel
quefois remplacés par une - gravure que
doit nommer l'enfant, permettent d'ex
primer en peu de temps la plupart des
idées utiles. Il n'est pas possible que
l'élève ne B'intéresse point à une étude
aussi logiquement conduite et n'en pro
fite pas. D'autres volumes vont suivre : un
recueil de morceaux choisis, d'abord,
empruntés aux maîtres de la renaissance
des pays d'Oc, puis une grammaire, puis
un poème, puis encore un ouvrage d'é
ducation en prose, Firmin et Têterd'Or.
Tout est prêt : il ne s'agit plus que de
mettre le public de moitié dans l'af
faire.
On : a parlé ici même du mouvement
méridionaliste français, comme d'une
phase de cette grande agitation régio-
naliste et décentralisatrice qui secouera
bientôt toiit ïe pays. Le frère Savinien
apporte à ce mouvement une contribu
tion intéressante. Il est temjis que l'on
ne prenne plus tous les félibrçs pour des
chansonniers bruyants et de lyriques
tapageurs. Il en est qui travaillent, avec
moins de grosse caisse, au relèvement
intellectuel et moral de la patrie.
Maurice L aurent.
H use ii us coseBÉemoss
Ces jours derniers est venue,
devant le tribunal de Largentière,
la demande en nullité de saisie im
mobilière formée par les dames de
la Providence de Bourg-Saint-An-
déol, et les sœurs de Saint-Etienne
de Lugdarès, contre l'administra
tion de l'enregistrement.
Le premier moyen de nullité, in
voqué par les dames de la Provi
dence seules, est basé sur le défaut
d'élection de domicile, de la part du
fisc, dans le lieu où siège le tri
bunal qui doit connaître de la
saisie.
Les autres moyens invoqués sont
les mêmes pour les deux con-
f;rôgations ; ce sont ceux déjà sou-
eyés devant d'autres tribunaux :
l'ihsaisissabilité des biens des con-
frégations sans une autorisation
é l'Etat, attendu que ces biens
sont inaliénables. Le jugement sera
rendu à une audience ultérieure.
Disons à ce propos que les reli
gieuses de Saint-Régis d'Aubenas,
qui avaient invoqué ces derniers
moyens de nullité, ont vu ces jours
derniers leur légitime. réclamation
rejetée par le tribunal de Privas.
La cour d'appel de Nancy, dans
son audience de samedi, a confirmé
l'arrêt des premiers juges, et dé
bouté de leur appel les sœurs de la
Doctrine chrétienne.
Quant à la poursuite du fisc con
tre les sœurs de Saint-Firmin, ou
sœurs de IaCompassion, elle viendra
prochainement devant le tribunal. Il
est aisé de prévoir, hélas ! quel sera
le jugement.
CORBESPONPAHCE ROMAINE
Rome, 5 juin."
: Aux premiers détails que je vous
ai mandés sur l'audience donnée
hier par le Souverain Pontife au
roi de Siam, je puis ajouter les sui
vants : -
Lorsque le maître de chambre
pontifical, Mgr Cagiano de Azevedo,
a ouvert la porte de la salle d'au
dience et que le Saint-Père s'est
avancé vers le roi de Siam en lui
tendant la main, Sa Majesté la lui a
baisée respectueusement; les trois
princes siamois qui accompagnaient
le roi ont fait de même, pendant que
tous lés personnages de la suite se
sont inclinés profondément.
L'audience particulière du roi de
Siam et des princes de sa famille
auprès du Saint-Père a duré plus
de vingt minutes; et comme le roi
s'exprimait en anglais et que le Pape
parlait français, c'est un prélat con
naissant les deux langues, Mgr Sto-
nor, archevêque titulaire de Tré-
bizonde, qui a servi d'interprète.
Quant àl'objet de la conversation,
on assure qu'elle a roulé sur les
missions - catholiques fondées au
Siam depuis l'époque du pontificat
d'Alexandre Vil. Le Saint-Père a
vivement recommandé les mission
naires et leurs œuvres à la bienveil
lante équité de Sa Majesté, et le roi
a été heureux de rendre hommage
au grand bien que ces missionnai
res opèrent dans son royaume;
aussi a-t-il accueilli avec le plus vif
empressement les recommandations
de Sa Sainteté. A l'issue de l'au
dience particulière au roi de Siam,
tous les personnages de la suite de
Sa Majesté, au nombre de douzej
ont été présentés au Souverain Pon
tife. ; "
On a remarqué qu'au sortir du
Vatican et après être allé compli
menter l'Eme cardinal secrétaire
d'Etat, le roi de Siam, au lieu d'imi
ter le coup de tête de l'empereur
Guillaume qui, une fois, en pareille
circonstance, voulut rentrer direc
tement du Vatican au Quirinal, a
tenu au contraire à rentrer au Grand-
Hôtel d'où il était parti et où S. Em.
le cardinal Rampollaapu venirainsi
lui rendre immédiatement visite.
Je dois ajouter aussi aux détails de
l'audience pontificale au roi de Siam
que S. M. Paramindr Maha Chula-
longkorn a apporté en don à S. S.
Léon XIII une magnifique j ardinière
à deux rangs, en or très fin à émaux,
de facture siamoise, non moins ori
ginale qu'élégante et artistique.
• Outre l'audience d'hier au roi de
Siam, d'autres audiences particu
lières ont été données hier aussi
Êar le Saint-Père à LL. GG. Mgr
ianchi, archevêque de Durazzo,jsn
Albanie ; Mgr Bradley, évêque de
Manchester^ Mgr Koppes, evêque
de Luxembourg, et Mgr, Bardel,
évêque de Séez, qui étaient venus
assister aux fêtes de la canonisa
tion et qui -vont repartir pour leurs
diocèses respectifs.
Aujourd'hui, le Saint-Père, tou*
jours admirable de sollicitude apos
tolique, a continué ces audiences
en recevant LL. GG. Mgr Reggio,
archevêque de Gênes ; Mgr Capo-
rali, archevêque d'Otranto; Mgr
Makaire, vicaire patriarcal des Cop
tes; Mgr Gladès Bergi, évêque ae
Thèbes, suffragant du patriarcat
d'Alexandrie d'Egypte; Mgr Am-
brosi, évêque de Poggio Mirteto,
et Mgr Lamberti, évêque' de Con-
versano.
— S. Em. le cardinal Rampolla
a adressé à son vénéré collègue le
crrdinal Capecelatro, au nom du
Saint-Père et à l'occasion du récent
jubilé sacerdotal de l'éminent ar
chevêque de Capoue, une chaleu
reuse dépêche ae félicitations, lui
annonçant aussi le don d'une mé
daille d'or envoyée par le Pape.
•••
LETTRES DU MONTENEGRO
Le prince Danilo de Monténégro à
Londres.
Cettigné, 28 mai.
La reine Victoria est décidément la
reine du jour — au Monténégro. Depuis
les fiançailles de la princesse Anne avec
le prince François-Joseph de Battenberg,
la vieille souveraine a ressenti une gran
de affection pour le prince Nicolas. Elle
conféra au prince le grand cordon de
l'ordre royal de Victoria. Elle prit sous
sa protection le jeune couple et c'est sous
les auspices delà reine que se fêta à Cet
tigné le mariage princier.
L'affection de la souveraine anglaise
pour les Battenberg est depuis longtemps
connue. Le malheureax prince Alexandre
de Bulgarie fut l'instrument de la cour
de Saint-James. C'est à l'appui sympa
thique de la reine et de son gouverne
ment qu'on doit la révolution de Philip-
popoli de 1885. Son frère cadet, feu le
prince Henri, épousa la fillede la reine, la
princesse Béatrice.
Le prince François-Joseph, qui a pour
parrain l'empereur d'Autriche, est très
instruit. Il est docteur en philosophie et
colonel bulgare à la suite du 1" régi
ment de cavalerie. Il parle fort bien le
bulgare, ayant vécu deux année? auprès
de son frère à Sofia.
La cérémonie du mariage a eu lieu
dans la vieille église du couvent de la
Mère de Dieu de Cettigné, ancienne ré
sidence des vladikas de Monténégro. Le
très brillant cortège s'est rendu ensuite
à la légation d'Angleterre où le ministre
anglais, M. Kennedy, a représenté la
reine à la bénédiction nuptiale selon le
rite évangélique, donnée par le pasteur
Hager, d'Offenbach. Les témoins étaient le
prince Mirko de Monténégro et le comte
Erbach-Schonberg, neveu du fiancé. Le
prince Nicolas était entouré déses beaux-
fils, le grand-duc Pierre Nikolajevitch,
le duc Georges de Leuchtènberg, le>
prince Karageorgevitch. Seul le prince
de Naples était absent. Vous pouvez ju
ger de la cordialité des rapports entre
là reine et le prince Nicolas par l'échange
des dépêches qui eut lieu après la céré
monie et qui sont empreintes de la plus
sincère affection de part et d'autre. Au
sortir de la Légation anglaise, le prince
Nicolas envoya à la reine la dépêche sui
vante :
Les jeunes mariés, après la bénédiction
nuptiale d'après les rites de votre religion
évangélique, viennent de quitter Cettigné.
Leur bonheur est assuré étant sous la haute
protection de Votrè Majesté dont la gra
cieuse bienveillance nous touché tous pro
fondément.
Le même jour la reine Victoria répon*
dit de Wipdsor :
Je remercie Votre Altesse de tout cœur
de l'aimable dépêche qu'elle m'a envoyée
aprôs le départ du jeune couple et je forme
bien des vœux affectueux "pour le bonheur
des chers nouveaux mariés. Je me réjouis
de voir prochainement vçtre fils et votre
fille la princesse de Naples. Je prie Votre
Altesse d'offrir mes hommages affectueux
à la princesse èt à vos filles. Victoria R. I.
Le prince Nicolas sera officiellement
représenté au jubilé de la reine par une
brillante ambassade. Le prince héritier
Danilo accompagné du président.4» con
seil d'Etat voyvode Bojo Petrovitch, du
ministre des affaires étrangères voyvodé
.Gaoro Unkovitch et de plusieurs officiers
et aides de camp ajoutera par. son écla
tant costume une note exotique 4e plu^
à la décoration multicolore que fournis*
sent toutes les nations de la terre à « Sa
Très Gracieuse Majesté ».
On parle même de la possibilité des
fiançailles du prince héritier avec lai
princesse Victoria, seconde fille du
prince de Galles, née en 1868, ou aveo
une princesse de la maison de Hesse al
liée à la maison d'Angleterre; On pourra
dons appliquer au Monténégro lé fameux:
hexamètre autrichien :. ,
Bella gérant alli, tu, felix, Monténégro,
tnube.
Seulement pour le Monténégro c'est
trop tôt. La grande maison d'Autriche
mariait ses enfants à une époque où on
donnait des nations entières en dot, mais
elle n'hésitait pas à partir en guerre aci
majorera Austrise gloriam contre Fran
çois I er ou Soliman. Le prince dé Monté
négro qui joue le rôle de chef de famille
mariant ses filles aux priiaces dé l'Eu
rope doit songer avec mélancolie que
quatre millions de frères serbes se trou
vent actuellement sous le double joug de
l'Autriche et de la Turquie.
' T. ' '
SIXIEME CONGRES
DE M LIGUE SÉmOCRkTIQUE BELGE
Louvain, le 6 juin 1897.
La vieille cité brabançonne a revêtu
ses atours de grande fête. La plupart
des maisons sont pavoisées : la réunion
du congrès coïncide avec le concours vé-
locipédique auquel le prince Albert vient
assister.
A dix heures, une messe solennelle,
chantée à l'église Saint-Pierre, réunit
les congressistes au pied des autels. En
suite, un cortège se forme, pour traver
ser la ville. Trente drapeaux multicolo
res, claquant joyeusement au vent, et
deux corps de musique, relèvent la [ma
nifestation. Remarqué parmi les notabi
lités présentes : Mgr Cartuyvels, vice-
recteur de l'Université catholique, M. le
doyen Ceulemans, curé de Saint-Pierre,
le R. P. van Langermeersch, le R. P.
Cus, de la Compagnie de Jésus, beau
coup de prêtres et de religieux, MM. le
duc d'Ursel et Robert, sénateurs, de
Trooz, Renkin, de Lalieux, Janssens,
Daens, Helleputte, Huyshauwer, Hoyois,
députés, Mabille, Eylenbosch, abbé Pot-
tier, de Ponthière (Liège) et beaucoup
d'autres que j'oublie involontairement.
Après une demi-heure de marche, les
congressistes, au nombre de 2,000, en
trent au local de la maison des Négoces
et Métiers, rue des Récollets. Ce vaste
établissement, décoré avec goût, se
prête merveilleusement aux réunions
de cette espèce.
■ L'assemblée d'ouverture a lieu dans
la grande salle, à onze heures trois
quarts.
M. Verhaegen préside, entouré des
notabilités déjà désignées ci-dessus.
M. Helleputte souhaite la bienvenue
aux membres du congrès. II t r y a huit
ans qu'en cette même salle fut fondée la
Ligue démocratique. Des gens paisibles,
sans intentions révolutionnaires, ont
réuni eh un faisceau les forces démocra
tiques : souvent on nous reproche de
n'avoir songé au peuple que depuis qu'il
est en possession du droit de suffrage ;
cela est faux. La date de la fondation de
la Ligue — 1889 — prouve que nous son
gions à l'ouvrier et aux droits du travail
avant qu'il fût question de reviser la
Constitution. Fidèle à ses origines, la
Ligue n'a eu qu'un but : maintenir l'u
nion entre toutes les classes sociales
dans la poursuite des intérêts de chacun
et dans le mutuel appui de la fraternité.
Elle a proclamé bien haut sa fidélité aux-
enseignements du Christ et de son
Eglise; elle a affirmé publiquement les
convictions catholiques dont nous som
mes si fiers. Aussi est-ce un bonheur de
nous retrouver ici, dans ces murs qui fu
rent'le berceau de notre Ligue. (Applati-
disséments.)
M. Verhaegen remercie M. Helleputte,'
le président de la maison des Négoces et
Métiers, et les membres de cette associa
tion pour leur accueil si chaleureux et
si éloquemment exprimé.
Merci aux sociétés qui nous ont escor
tés à travers la ville : merci aux séna
teurs, députés, conseillers provinciaux et
communaux, qui honorent l'assemblée
de leur présence.
L'orateur donne lecture d'une dépêche '
de M. Nyssens, ministre de l'industrie et
du travail, qui s'excuse, ainsi que son
collègue, M. Schollaert. Des raisons de
prudence ne permettent pas à ces hauts
fonctionnaires de participer aux réunions
où leurs amis discutent des questions
touchant à la politique : mais leurs sym
pathies nous sont assurées.
Je remercie encore M. le doyen, délé
gué par S.Em. le cardinal-archevêque, et
Mgr Cartuyvels, remplaçant le recteur
magnifique de l'Université, qui est ma
lade.
Hommage aussi à nos fidèles amis des
Pays-Bas, qui suivent si régulièrement
nos réunions, et qui nous ont habitués à
leur agréable présence.
M. Verhaegen fait ressortir le carac
tère pacificateur des unions syndicales.
On reproche constamment à la Ligue dé
mocratique de menacer l'unité du parti
catholique :• c'est comme la mauvaise
herbe qui repousse toujours, ceB repro
ches !
Mais comment se fait-il donc, que ja- •
mais la fédération des oeuvres populai
res catholiques-de Belgique n'ait porté
ombrage, et qûe ïa ligue, qui lés a ren
forcées, ait encouru ces critiques ? Ainsi
donc, nous n'aurions pu faire usage 4e
" ; PARIS ÉTRANGER
et départements (union postale)
Un an ..." 40 »> SI »
Six mois...... 21 » 2ë 50 / .
. ► , Trois mois..... 11 » 14 »
Les abonnements partent des 1 er et 16 de ^haque moia
• UN NUMÉRO j ^f ris V*• ••••• JjJ cent '
■ (Départements 15 —
BUREAUX : Paris, rué Gassette, 17
'v. ' " •* * . ' ' 1
On s'abonne à Rome, place du Gesù, 8
E3T
LE MONDE
Mercredi 9 Juin 189.7
ÉDITION SEM-QUOÎTDEENNE - ,
PARIS ÉTRANGER
' et départements {union postale)
Unan..««*••.« 20 ■ 26 •
Six mois...... 10 » 13 » X'
-Troismois..,.. 5 » 6 50 J .
Les abonnements partent des 1 er et 16 de chaqnq moi#
L'UNIVERS ne répondras des manuscritp qui lui sont adressés ' _
ANNONCES i/
MM. LAGRANGE, CERF et G'?, 6, place Je la Bourse i. ;
PARIS, § JUIN 1897
soMMAmia
M. Brisson.. P ierre V euillot.
Affaires d'Orient,.. F. L.
Çà et là : Le proven-
' çal dans, les écoles
primaires; ;... M a U b I ce laurent.
^drreâpondance rd- ...
Le congrès de la
Ligue démocrati
que belge L.
Variétés : La forma
tion du royaume
d'Italie !.. ggotfftdy dè gàa&fa-
MAISON.
Bulletin. — Congrès ouvrifer chrétien de
Tours. «- Le fisc et les congrégations.
— Informations politiques - et parlement
taires. — Lë président de la République
& Saint-Quentin. — Manifesté socialiste;
«i L'incëndie du Èazar de la Charité ët
les Maronites. — La catastrophe de Voi-
ron. — L'affaire Arton. — A travers la
presse. — Chronique. — - En Orient.
— Dépêches de l'étranger. — : Echos de
partout. — Chronique religieuse. Les
institutrices françaises. —A la Société
protectrice des animaux.— La question
ouvrière. — Nécrologie.— Les anarchis
tes. — Nouvelles diverses. — Calendrier.
•*- Tableau et bulletin de la Baur&e. —
Dernière heure.
M. BRISSON
On oublie, on oublie même rapi
dement. Le deuxième-mardi de jan
vier 1898, lorsque s'ouvrira la ses
sion ordinaire des Charhbrès et qu'il
y aura lieu de choisir lé titulaire du
Fauteuil présidentiel, au Palais-
Bourbon, ' M. Henri Brisson grou
pera de nouveauj avec les voix ra
dicales ët sans douté Uh certaiiî
ombre, de suffràgës nloutonnierS
Ù, centre, l'unanimité des votes
socialistes.
Si même il arrivait, pour une rai
son ou une autre, que M. Félix
Faure n'achevât point son septen
nat, on verrait encore, à Versailles,
comme il y a deux ans et demi bien*
tôt; les socialistes^ èè joignant aui
fortes radicales, porter M. Henri
Brisson à la présidence de -la Répu
blique. Nous espérons bien que ce
ne serait point avec plus de suc
cès.
Par exemple, pour que cette nou
velle représentation nous fût don
née! il ne faudrait pas une date trop
prochaine. Un mois, sinon davan
tage^ devrait s'écouler d'ici là. Ce
délai minimum dé prescription est
nécessaire avant que ne s'apaise le
ressentiment des socialistes; En ce
moment, ils aimeraient mieux écrire
sur leurs bulletins de vote le nom
de M. Charles î)upùy !
Lëur présente exaspération nous
les fait voir plus naïfs qu'on ne le
croyait. Cette Chambre aura bien
tôt quatre ans. 11 b devaient connaî-
. treM. Brisson; c'est' un homme vite
mèsuré.Tout cet éclat montre qu'ils
avaient d'étranges illusions sur son
compte. Ils s'imaginaient donc* les
ingénus, qu'entre eux et son intérêt
M. Brisson pourrait hésiter un ins
tant, alor^ qu'il avait cette bonne
fortune, en se réglant d'après son
intérêt, de paraître n'obéir qu'à son
austère impartialité !
ïiî. Brisson veut rester président
de la Chambre jusqu'à la fin de
Cette législature. La dignité du
poste assuré mieux sa réélection,
çit l'on est", au fauteuil, admirable
ment placé pour voir venir les évé
nements saris se compromettre.
C'ést là toute la raison de sa con-
. duite. Ét s'il favorise aujourd'hui le
centre, démain la gauche^ c'est à
seule fin de conserver des voix en
nombre suffisant.
Nous l'allons voir manoeuvrer de
façon à reconquérir les suffrages
socialistes en évitant, le plus pos
sible, de s'aliéner ceux des opportu
nistes. Mais si les premiers recom
mencent à cçoire qu'ils ont un ami
dans le président, ce sera la preuve
d'une naïveté décidément incorri
gible.
, Pourquoi, d'ailleurs, M. Brisson
aimérait-il les socialistes ? Il peut
les ménager, au fauteuil et même
ay. pouvoir s'il y revient, parce qu'il
âet aura besoin d'eux ; mais il
ne les aime pas du tout. C'est,
porps, cerveau et âme, un bour-
Beois, dans le sens étroit du mot.
est incapable de considérer le
peuple comme autre chose qu'un
instrument. Celui-ci doit servir à
procurer au bourgeois le moyen
de satisfaire ses aspirations et ses
rancunes.
Le président actuel de la Cham
bre n'est point un homme sans
Eassiôns; Il a un amour et deux
aines. Il s'aime fort et se veut
beaucoup de bien. Il hait Napo
léon III et la religion. Ajoutez à
cela un tempérament .de sectaire
aigri, et vous avez un Brisson
complet. C'est assez pour faire,
avec l'aide des circonstances, une
.haute fortune politique.
. Napoléon III est mort ; mais il
inspire toujours M. Brisson.' ;Në
Êas oublier une minute l'horrible
leux-Décembre et la longue nuit
de l'Empire oppressif; se vengier
de l'asservissement comme gi l'on
était encore au lendemain de la
délivrancè } né penser, plein d'in
quiétude, qu'à prévenir le retour
au tyran ; n'agir, de toutes ses
! forceê tendues, quë pour combattre
cette éventualité - ttiêriàçàhtë : voilà
l'état d'obsession où vit ce per
sonnage radical, et c'est un des
grands facteurs de sa politi-
poli
fˣ
que, hètii-.èiisertient démodée avant
même qu'il ait été mis eiî situa
tion de nous en faire savourer
tous lës fcharmeà. , , ,
L'autre facteur, c'est ia hriirtè dê
la religion. Cette seconde haine,
n'obsède pas moins le président de
la, Chambre. Peut-être le possède-t-
elie encore plus profô&démetxti Çar
il sait bien jxout de même j que Na-
olëon Iil est mort; tandis qu 'il Voit
glise demeurer vivante, et déses-,
père parfois dê la tuer. La tuer,
c'est la son rêve, continiiël et fu
rieux. S'il était le maître, il serait
capâble d'éller jusqu'à la, persécu
tion violente. Dans'un tel sëctâire,
il peut y avoir l'étoffe d'un bour
reau. En" : attendant, n'importe
quelle occasipn lui est bonne de
manifester là dévorante passiori
qui le travaille. L'éloge de Victi
mes chrétiennes lui sert, on l'a vu,
de prétexte pour blasphémer lë
Christ. - , ,
Les deux haines ae M. BHssoîi se
combinent, comme nous l'avons dit,
avec un profond amour de lui-
même. M; Brisson èst tout à soû
service: On aurait tort de l'ën blâ
mer. Un grand esprit de justice
l'anime. Il tient à l'exécution dé
son programme. Or il ne voit per
sonne qui saurait l'accomplir aussi
fermement., Plus, nous, allons
même, et pliis S 'affaiblit l'horreur
du Deux-Décembre, et plus l'anti
cléricalisme parait vieux jeu. M.
Brisson restera bientôt presque
seul dans lés pures traditions. Eii
se favorisant* il seft donc les idées
qui lui tiëiiiient tant âu caëûr; et les
idées doivent passer avant tout; :
A la défense de sa personne et
de ses idées, M. .Brisson ne peut
consacrer du talent : il n'en a pas.
Mais il remplace le talent par une
attitude qui en tient suffisamment
lieu,pourvu qu'il.ne fasse rien.C'est
iin austëré; jàmàis ié rire ii'effleure
ses lèvres minces; il semblé un
vieux covenantaire écossais.' Gam-
betta était un bruyant bon vivant,
au point de scandaliser jusque dans
son parti. M. Brisson a bénéficié
du contraste. On ne pouvait pas
dire de celui-ci qu'il manquait de te
nue» de gravité. Il apparaissait
éminemment sévère et respectable.
Et voilà comment, après Gambetta,
il est devenu président de la
Chambre.
Un peu moins de quatre ans
plus tard, en 1885, on en faisait un
président du conseil. L'attitude
Cessait de suffire. Il aurait fallu
autre chose. Quel fiasco ! Ce fut la
mentable; la République en pensa
trépasser. Au bout de sept mois, on
remisa M. Brisson, en regrettant de
l'avoir sorti. L'éclipsé a duré pres
que dix ans. Mais l'attitude persé
vérante a. ramené enfin M. Brisson
à la présidence de la Chambre. Et
vous voudriez qu'il ne se crampon
nât point au fauteuil ? Il ne le lâche
ra, volontairement, qùe pour mon
ter à la présidence de la Républi-
e, poste auquel il se destinait
éjà, tout petit.
Pierre V euillot.
• ♦
VULLETlSy
Le président de la République est allé
présider hier, à Saint-Quentin, l'inau
guration du monument eommémoratif
dé lai défense de cette ville contre les Es
pagnols en 1557. ' '
Le voyage du président de la Répu
blique, dont on lira, plus loin les détails,
a été de courte durée : M. Félix Faure
était de retour à Paris h onze heures et
dem,ie du soir.
L'amiral Besnard, ministre de la ma
rine, a quitté Paris lundi matin pour se
rendre a Roubaix où il a présidé la dis
tribution des récompenses de la XXIII•
fête fédérale de l'Union des sociétés de
gymnastes de France.
Durant les fêtes de la Pentecôte, se
sont tenus plusieurs congrès : enFrance,
les démocrates chrétiens se sont réunis à
Tours et nous avons publié hier l'impor
tant discours de M. Harmel-, à l'étran
ger la ligue démocratique belge a tenu
ses assises annuelles à Louvain et les so
cialistes autrichiens ont eu leur assem
blée générale à Vienne.
Il vient de se produire à Voiron une
catastrophe sur laquelle nos lecteurs
trouveront plus loin dés détails : les vic
times sont nombreuses et ce désastre,
ainsi que nous le disions hier> va réduire
au chômage près de quatre mille ou
vriers.
Le gouvernement vient d'envoyer des
secours, mais malheureusement ceux-
ci ne sauraient suffire.
Les ouvriers grévistes de la Grand
Combe ont décidé hier de.tenter une nou
velle démarche par l'intermédiaire des
pouvoirs publics auprès de la direction
des mines pour « trouver un terrait^. ,
d'entente ».
Le préfet du Gard s'est rendu sur les
lieux pour essayer de faire réussir les
négociations "
Le maintien art pouvoir du ministère
conservateur a singulièrement mécon
tenté les libéraux espagnole : il est pos
sible que dkns les circonstances présen
tes le parti libéral se divise, une portion '
3u<
éi
seulement suivrait M. Sagasta. Mais ce
sont seulement des « bruits » qui ont be
soin d'être confirmés..
Le roi de Siam a quitté Rome se ren
dant à. Vienne : ilviendra probablement
ensuite en France.
' Les négociations pour la solution du
conflit gréco-turc n'avancent guère :
nous n'avons à, signaler aujourd'hui au
cun fait nouveau.
AFFAIRES D 'ORIENT
" Que se passe-t-il à Constantino*
pie entre les ambassadeurs des
grandes puissances et le ministre
d ës affaires étrangères de Turquie ?
Les négociations avancent-elles ?
Peut-on espérer . unô : prochaine
conclusion de la paix sur des bases
équitabïeè et modérées? A ces
questions qUe Vopifiion anxieuse
adré'âsë,- dans toute l'Europe, à la
pressé et aûi gctàvërnements,; au
cune réponse positive, ét précise
n'est faite. Les -maigres dépêchés
que publient certains journaux,
étrangers né donnent que des in
formations - hasàFdeuses et vagues
auxquelles on ne saurait es fier.
Il faut convenir que ce silence des
voi& officielles, que l'obscurité sys
tématique" dansiaquelle s'envelop
pent les négociatioiïs ont quelque
chose d'excessif, au temps Où nous
vivons, et que les esprits qui per
sistent à Sfo'if en noir ont bien quel
que droit de penser qu 'il y a an
guille sous rôcne.
F- L.
—— ♦ i
Çà et là
LE PROVENÇAL
DANS LES ÉCOLES PRIMAIRES
il y a iin ân â paii ptfeSj les Membres
du congrès des Sociétés savantes* réunis
à la Sorbonne comme de coutume, ne
virent pas àans quelque étonnement un
frère de la Doctrine chrétienne aborder
la tribune et se mêler à leurs discussions.
On est plus habitué à voir cette humble
robe dans lë3 écoles» au milieu des en
fants du peuplé.;;
Ce frère, auquel une exceptionnelle
persévérance et unbonheur constant dans
l'application de sa méthode permettaient
d'obtenir une si flatteuse distinction,
c'était le frère Savinien-Joseph, alors
directeur des écoles d'Arles, aujourd'hui
inspecteur de la province d'Avignon. J'ai
eu la bonne fortune de le revoir, à Paris,
il y a peu de temps, je l'ai trouvé toujours
aussi vaillant, aiussi plein d'initiative
hardie, et il m'a annoncé, pour que je
vous l'annonce,la publication du premier
ouvrage qui consacre, dans la pratique,
sa méthode d'enseignement.
Il est temps que je parle moins par
énigmes, et que je di«e, en quelques
mots, quels sont les traits essentiels de
cette méthode exposée l'an passé, à la
Sorbonne, aujourd'hui appliquée sur une
vaste échelle, grâce à un comité de let
trés et de savants.
Le frère Savinien est né en Provence,
il a constamment parlé le provençal. Le
provençal n'est pas un patois, pas plus
que le languedocien, le gascon, le bas
que, le breton ; c'est essentiellement une
langue. Sans doute, la langue du- moyen
âge s'est un peu altérée : elle s'est ra
valée à ne plus exprimer que les besoins
de la vie courante, les plaisanteries gros
sières. Mais, depuis quelque quarante
ans, on s'applique à rendre à la langue
d'oc (languedocien, provençal, gascon),
son antique vertu. Je vous entends, me
direz-vous, vous ê};es encore de ces in
sensés qui veulent eréer des idiomes
nouveaux de toutes pièces, et empêcher
de s'accomplir définitivement cette unité
linguistique qui sera un si grand bien
fait pour le pays !... Vous n'y êtes point.
Le frère Savinien se tient à l'écart dans
son domaine pédagogique, et j'en reviens
à ce qu'il a fait.
Il savait' le provençal et les enfants qui
venaient à son école le savaient aussi
bien. C'était la langue de leur mère, la
langue dont leur père se servait cou
ramment, celle : des champs, du soleil et
de la rosée, celle où chaque plante et
chaque animal avait un nom distinct et
expressif.
Le bon frère se rendit vite compte qu'à
vouloir arracher d'un seul coup toute une
hérédité) on risquait fort de perdre sa
peine. Il se demanda si, en employant le
provençal à l'enseignement du français au
lieu de proscrire bârbarement l'idiome
natal, on n'arriverait pas à des résultats
plus rapides. La comparaison n'est-elle
pas l'âme de la pédagogie ? N'apprend-on
pas, dans l'enseignement secondaire, à
mieux connaître le français par le paral
lèle constant avec le latin et le grec? Et
que- risquait-on au surplus ? En vérité,
les jeunes Provençaux instruits dans les
méthodes ordinaires oubliaient bien un
peu de leur provençal, mais ils n'appre
naient guère de français, et leur jargon
ne servait souvent qu'à prêter à rire*
Le. frère Savinien essaya. Il réussit.
Ses élèves eurent des prix, ils brillèrent
dans des concours. Il leur apprit, en
même temps qu'à parler français, à ne
pas rougir de leurs parents, à aimer
d'un amour profond leur petite patrie
pour mieux s'attacher à la grande...
C'est là ce que le frère exposa l'an
dernier à la Sorbonne, aux grandes ap^
probations de tous. '
Je voiis ai dit qu'un comité s'était pré-
çpcupé aussitôt de traduire d'une fagoç
pratique sur tout le territoire. d'Oc des
idées d'une justesse aussi évidente. Le
premier ; volume de toute uue série pa
raît aujourd'hui, illustré par Valère Ber
nard, dont vous avez peut-être admiré
l'exposition au Salon. C'ést un recuéil de
versions ou de lectures franco-proven
çales. Le livre est une ; merveille de sens
pratique. Des mots usuels, groupés bien
tôt ensemble, en "petites phrases, quel
quefois remplacés par une - gravure que
doit nommer l'enfant, permettent d'ex
primer en peu de temps la plupart des
idées utiles. Il n'est pas possible que
l'élève ne B'intéresse point à une étude
aussi logiquement conduite et n'en pro
fite pas. D'autres volumes vont suivre : un
recueil de morceaux choisis, d'abord,
empruntés aux maîtres de la renaissance
des pays d'Oc, puis une grammaire, puis
un poème, puis encore un ouvrage d'é
ducation en prose, Firmin et Têterd'Or.
Tout est prêt : il ne s'agit plus que de
mettre le public de moitié dans l'af
faire.
On : a parlé ici même du mouvement
méridionaliste français, comme d'une
phase de cette grande agitation régio-
naliste et décentralisatrice qui secouera
bientôt toiit ïe pays. Le frère Savinien
apporte à ce mouvement une contribu
tion intéressante. Il est temjis que l'on
ne prenne plus tous les félibrçs pour des
chansonniers bruyants et de lyriques
tapageurs. Il en est qui travaillent, avec
moins de grosse caisse, au relèvement
intellectuel et moral de la patrie.
Maurice L aurent.
H use ii us coseBÉemoss
Ces jours derniers est venue,
devant le tribunal de Largentière,
la demande en nullité de saisie im
mobilière formée par les dames de
la Providence de Bourg-Saint-An-
déol, et les sœurs de Saint-Etienne
de Lugdarès, contre l'administra
tion de l'enregistrement.
Le premier moyen de nullité, in
voqué par les dames de la Provi
dence seules, est basé sur le défaut
d'élection de domicile, de la part du
fisc, dans le lieu où siège le tri
bunal qui doit connaître de la
saisie.
Les autres moyens invoqués sont
les mêmes pour les deux con-
f;rôgations ; ce sont ceux déjà sou-
eyés devant d'autres tribunaux :
l'ihsaisissabilité des biens des con-
frégations sans une autorisation
é l'Etat, attendu que ces biens
sont inaliénables. Le jugement sera
rendu à une audience ultérieure.
Disons à ce propos que les reli
gieuses de Saint-Régis d'Aubenas,
qui avaient invoqué ces derniers
moyens de nullité, ont vu ces jours
derniers leur légitime. réclamation
rejetée par le tribunal de Privas.
La cour d'appel de Nancy, dans
son audience de samedi, a confirmé
l'arrêt des premiers juges, et dé
bouté de leur appel les sœurs de la
Doctrine chrétienne.
Quant à la poursuite du fisc con
tre les sœurs de Saint-Firmin, ou
sœurs de IaCompassion, elle viendra
prochainement devant le tribunal. Il
est aisé de prévoir, hélas ! quel sera
le jugement.
CORBESPONPAHCE ROMAINE
Rome, 5 juin."
: Aux premiers détails que je vous
ai mandés sur l'audience donnée
hier par le Souverain Pontife au
roi de Siam, je puis ajouter les sui
vants : -
Lorsque le maître de chambre
pontifical, Mgr Cagiano de Azevedo,
a ouvert la porte de la salle d'au
dience et que le Saint-Père s'est
avancé vers le roi de Siam en lui
tendant la main, Sa Majesté la lui a
baisée respectueusement; les trois
princes siamois qui accompagnaient
le roi ont fait de même, pendant que
tous lés personnages de la suite se
sont inclinés profondément.
L'audience particulière du roi de
Siam et des princes de sa famille
auprès du Saint-Père a duré plus
de vingt minutes; et comme le roi
s'exprimait en anglais et que le Pape
parlait français, c'est un prélat con
naissant les deux langues, Mgr Sto-
nor, archevêque titulaire de Tré-
bizonde, qui a servi d'interprète.
Quant àl'objet de la conversation,
on assure qu'elle a roulé sur les
missions - catholiques fondées au
Siam depuis l'époque du pontificat
d'Alexandre Vil. Le Saint-Père a
vivement recommandé les mission
naires et leurs œuvres à la bienveil
lante équité de Sa Majesté, et le roi
a été heureux de rendre hommage
au grand bien que ces missionnai
res opèrent dans son royaume;
aussi a-t-il accueilli avec le plus vif
empressement les recommandations
de Sa Sainteté. A l'issue de l'au
dience particulière au roi de Siam,
tous les personnages de la suite de
Sa Majesté, au nombre de douzej
ont été présentés au Souverain Pon
tife. ; "
On a remarqué qu'au sortir du
Vatican et après être allé compli
menter l'Eme cardinal secrétaire
d'Etat, le roi de Siam, au lieu d'imi
ter le coup de tête de l'empereur
Guillaume qui, une fois, en pareille
circonstance, voulut rentrer direc
tement du Vatican au Quirinal, a
tenu au contraire à rentrer au Grand-
Hôtel d'où il était parti et où S. Em.
le cardinal Rampollaapu venirainsi
lui rendre immédiatement visite.
Je dois ajouter aussi aux détails de
l'audience pontificale au roi de Siam
que S. M. Paramindr Maha Chula-
longkorn a apporté en don à S. S.
Léon XIII une magnifique j ardinière
à deux rangs, en or très fin à émaux,
de facture siamoise, non moins ori
ginale qu'élégante et artistique.
• Outre l'audience d'hier au roi de
Siam, d'autres audiences particu
lières ont été données hier aussi
Êar le Saint-Père à LL. GG. Mgr
ianchi, archevêque de Durazzo,jsn
Albanie ; Mgr Bradley, évêque de
Manchester^ Mgr Koppes, evêque
de Luxembourg, et Mgr, Bardel,
évêque de Séez, qui étaient venus
assister aux fêtes de la canonisa
tion et qui -vont repartir pour leurs
diocèses respectifs.
Aujourd'hui, le Saint-Père, tou*
jours admirable de sollicitude apos
tolique, a continué ces audiences
en recevant LL. GG. Mgr Reggio,
archevêque de Gênes ; Mgr Capo-
rali, archevêque d'Otranto; Mgr
Makaire, vicaire patriarcal des Cop
tes; Mgr Gladès Bergi, évêque ae
Thèbes, suffragant du patriarcat
d'Alexandrie d'Egypte; Mgr Am-
brosi, évêque de Poggio Mirteto,
et Mgr Lamberti, évêque' de Con-
versano.
— S. Em. le cardinal Rampolla
a adressé à son vénéré collègue le
crrdinal Capecelatro, au nom du
Saint-Père et à l'occasion du récent
jubilé sacerdotal de l'éminent ar
chevêque de Capoue, une chaleu
reuse dépêche ae félicitations, lui
annonçant aussi le don d'une mé
daille d'or envoyée par le Pape.
•••
LETTRES DU MONTENEGRO
Le prince Danilo de Monténégro à
Londres.
Cettigné, 28 mai.
La reine Victoria est décidément la
reine du jour — au Monténégro. Depuis
les fiançailles de la princesse Anne avec
le prince François-Joseph de Battenberg,
la vieille souveraine a ressenti une gran
de affection pour le prince Nicolas. Elle
conféra au prince le grand cordon de
l'ordre royal de Victoria. Elle prit sous
sa protection le jeune couple et c'est sous
les auspices delà reine que se fêta à Cet
tigné le mariage princier.
L'affection de la souveraine anglaise
pour les Battenberg est depuis longtemps
connue. Le malheureax prince Alexandre
de Bulgarie fut l'instrument de la cour
de Saint-James. C'est à l'appui sympa
thique de la reine et de son gouverne
ment qu'on doit la révolution de Philip-
popoli de 1885. Son frère cadet, feu le
prince Henri, épousa la fillede la reine, la
princesse Béatrice.
Le prince François-Joseph, qui a pour
parrain l'empereur d'Autriche, est très
instruit. Il est docteur en philosophie et
colonel bulgare à la suite du 1" régi
ment de cavalerie. Il parle fort bien le
bulgare, ayant vécu deux année? auprès
de son frère à Sofia.
La cérémonie du mariage a eu lieu
dans la vieille église du couvent de la
Mère de Dieu de Cettigné, ancienne ré
sidence des vladikas de Monténégro. Le
très brillant cortège s'est rendu ensuite
à la légation d'Angleterre où le ministre
anglais, M. Kennedy, a représenté la
reine à la bénédiction nuptiale selon le
rite évangélique, donnée par le pasteur
Hager, d'Offenbach. Les témoins étaient le
prince Mirko de Monténégro et le comte
Erbach-Schonberg, neveu du fiancé. Le
prince Nicolas était entouré déses beaux-
fils, le grand-duc Pierre Nikolajevitch,
le duc Georges de Leuchtènberg, le>
prince Karageorgevitch. Seul le prince
de Naples était absent. Vous pouvez ju
ger de la cordialité des rapports entre
là reine et le prince Nicolas par l'échange
des dépêches qui eut lieu après la céré
monie et qui sont empreintes de la plus
sincère affection de part et d'autre. Au
sortir de la Légation anglaise, le prince
Nicolas envoya à la reine la dépêche sui
vante :
Les jeunes mariés, après la bénédiction
nuptiale d'après les rites de votre religion
évangélique, viennent de quitter Cettigné.
Leur bonheur est assuré étant sous la haute
protection de Votrè Majesté dont la gra
cieuse bienveillance nous touché tous pro
fondément.
Le même jour la reine Victoria répon*
dit de Wipdsor :
Je remercie Votre Altesse de tout cœur
de l'aimable dépêche qu'elle m'a envoyée
aprôs le départ du jeune couple et je forme
bien des vœux affectueux "pour le bonheur
des chers nouveaux mariés. Je me réjouis
de voir prochainement vçtre fils et votre
fille la princesse de Naples. Je prie Votre
Altesse d'offrir mes hommages affectueux
à la princesse èt à vos filles. Victoria R. I.
Le prince Nicolas sera officiellement
représenté au jubilé de la reine par une
brillante ambassade. Le prince héritier
Danilo accompagné du président.4» con
seil d'Etat voyvode Bojo Petrovitch, du
ministre des affaires étrangères voyvodé
.Gaoro Unkovitch et de plusieurs officiers
et aides de camp ajoutera par. son écla
tant costume une note exotique 4e plu^
à la décoration multicolore que fournis*
sent toutes les nations de la terre à « Sa
Très Gracieuse Majesté ».
On parle même de la possibilité des
fiançailles du prince héritier avec lai
princesse Victoria, seconde fille du
prince de Galles, née en 1868, ou aveo
une princesse de la maison de Hesse al
liée à la maison d'Angleterre; On pourra
dons appliquer au Monténégro lé fameux:
hexamètre autrichien :. ,
Bella gérant alli, tu, felix, Monténégro,
tnube.
Seulement pour le Monténégro c'est
trop tôt. La grande maison d'Autriche
mariait ses enfants à une époque où on
donnait des nations entières en dot, mais
elle n'hésitait pas à partir en guerre aci
majorera Austrise gloriam contre Fran
çois I er ou Soliman. Le prince dé Monté
négro qui joue le rôle de chef de famille
mariant ses filles aux priiaces dé l'Eu
rope doit songer avec mélancolie que
quatre millions de frères serbes se trou
vent actuellement sous le double joug de
l'Autriche et de la Turquie.
' T. ' '
SIXIEME CONGRES
DE M LIGUE SÉmOCRkTIQUE BELGE
Louvain, le 6 juin 1897.
La vieille cité brabançonne a revêtu
ses atours de grande fête. La plupart
des maisons sont pavoisées : la réunion
du congrès coïncide avec le concours vé-
locipédique auquel le prince Albert vient
assister.
A dix heures, une messe solennelle,
chantée à l'église Saint-Pierre, réunit
les congressistes au pied des autels. En
suite, un cortège se forme, pour traver
ser la ville. Trente drapeaux multicolo
res, claquant joyeusement au vent, et
deux corps de musique, relèvent la [ma
nifestation. Remarqué parmi les notabi
lités présentes : Mgr Cartuyvels, vice-
recteur de l'Université catholique, M. le
doyen Ceulemans, curé de Saint-Pierre,
le R. P. van Langermeersch, le R. P.
Cus, de la Compagnie de Jésus, beau
coup de prêtres et de religieux, MM. le
duc d'Ursel et Robert, sénateurs, de
Trooz, Renkin, de Lalieux, Janssens,
Daens, Helleputte, Huyshauwer, Hoyois,
députés, Mabille, Eylenbosch, abbé Pot-
tier, de Ponthière (Liège) et beaucoup
d'autres que j'oublie involontairement.
Après une demi-heure de marche, les
congressistes, au nombre de 2,000, en
trent au local de la maison des Négoces
et Métiers, rue des Récollets. Ce vaste
établissement, décoré avec goût, se
prête merveilleusement aux réunions
de cette espèce.
■ L'assemblée d'ouverture a lieu dans
la grande salle, à onze heures trois
quarts.
M. Verhaegen préside, entouré des
notabilités déjà désignées ci-dessus.
M. Helleputte souhaite la bienvenue
aux membres du congrès. II t r y a huit
ans qu'en cette même salle fut fondée la
Ligue démocratique. Des gens paisibles,
sans intentions révolutionnaires, ont
réuni eh un faisceau les forces démocra
tiques : souvent on nous reproche de
n'avoir songé au peuple que depuis qu'il
est en possession du droit de suffrage ;
cela est faux. La date de la fondation de
la Ligue — 1889 — prouve que nous son
gions à l'ouvrier et aux droits du travail
avant qu'il fût question de reviser la
Constitution. Fidèle à ses origines, la
Ligue n'a eu qu'un but : maintenir l'u
nion entre toutes les classes sociales
dans la poursuite des intérêts de chacun
et dans le mutuel appui de la fraternité.
Elle a proclamé bien haut sa fidélité aux-
enseignements du Christ et de son
Eglise; elle a affirmé publiquement les
convictions catholiques dont nous som
mes si fiers. Aussi est-ce un bonheur de
nous retrouver ici, dans ces murs qui fu
rent'le berceau de notre Ligue. (Applati-
disséments.)
M. Verhaegen remercie M. Helleputte,'
le président de la maison des Négoces et
Métiers, et les membres de cette associa
tion pour leur accueil si chaleureux et
si éloquemment exprimé.
Merci aux sociétés qui nous ont escor
tés à travers la ville : merci aux séna
teurs, députés, conseillers provinciaux et
communaux, qui honorent l'assemblée
de leur présence.
L'orateur donne lecture d'une dépêche '
de M. Nyssens, ministre de l'industrie et
du travail, qui s'excuse, ainsi que son
collègue, M. Schollaert. Des raisons de
prudence ne permettent pas à ces hauts
fonctionnaires de participer aux réunions
où leurs amis discutent des questions
touchant à la politique : mais leurs sym
pathies nous sont assurées.
Je remercie encore M. le doyen, délé
gué par S.Em. le cardinal-archevêque, et
Mgr Cartuyvels, remplaçant le recteur
magnifique de l'Université, qui est ma
lade.
Hommage aussi à nos fidèles amis des
Pays-Bas, qui suivent si régulièrement
nos réunions, et qui nous ont habitués à
leur agréable présence.
M. Verhaegen fait ressortir le carac
tère pacificateur des unions syndicales.
On reproche constamment à la Ligue dé
mocratique de menacer l'unité du parti
catholique :• c'est comme la mauvaise
herbe qui repousse toujours, ceB repro
ches !
Mais comment se fait-il donc, que ja- •
mais la fédération des oeuvres populai
res catholiques-de Belgique n'ait porté
ombrage, et qûe ïa ligue, qui lés a ren
forcées, ait encouru ces critiques ? Ainsi
donc, nous n'aurions pu faire usage 4e
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