Titre : L'Univers
Éditeur : L'Univers (Paris)
Date d'édition : 1897-06-06
Contributeur : Veuillot, Louis (1813-1883). Rédacteur
Contributeur : Veuillot, Pierre (1859-1907). Rédacteur
Contributeur : Veuillot, François (1870-1952). Rédacteur
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Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 06 juin 1897 06 juin 1897
Description : 1897/06/06 (Numéro 10730). 1897/06/06 (Numéro 10730).
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse Collection numérique : Bibliographie de la presse
Description : Collection numérique : BIPFPIG44 Collection numérique : BIPFPIG44
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k7095115
Source : Bibliothèque nationale de France
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 06/02/2011
Dimanche 6 Juin 189*7
Edition quotidienne. — 10,*730
Dimanche Ô Juin 1897
ÉDITION QUOTIDIENNE
• PARIS
et départements
Un an . 40 »
Six mois...... 21 »
Trois mois. . ... 11 »
ÉTRANGER
(union postale)
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UN NUMÉRO
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Départements 15 —
BUREAUX : Paris, rue Cassette, 17
On s'abonne à Rome, place du Gesù, 8
ÉDITION SEMI-QUOTIDIENNE
PARIS ÉTRANGER
et départements (union postale)
Un an 20 » 26 »
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Trois mois 5 » 6 50
Les abonnements partent des i" et 16 de chaque mois
L'UNIVERS ne répond pas des manuscrits qui lui sont adressés
ANNONCES
MM. LAGRANGE, GERF et C îo , 6, place de là Bourse
En raison de la solennité de, la fête
de la PENTECOTE, l'UNIVERS ne pa-
raîtra pas demain.
PARIS, 5 JUIN 1897
SOMMAIRE
La Pentecôte A. Aiguepersè .
Une toquade de la
«Gazette»;....... E. V.
Hommages et priè
res .. . E. V.
Çà et là : Trop de mu
sique Marquis de Ségur.
Affaires d'Orient... F. L.
A la Chambre...... Gabriel de Triors.
Au Sénat....... J. Mantenay.
Correspondance ro
maine ***.
Une conférence sur
le Soudan F. V.
Questions et docu
ments....... J. Mesbire.
Questions ecclésias
tiques. J. Wagner.
Bulletin.— Nouvelles de Rome.—Consul
tation. — Informations politiques et par
lementaires. — M. Félix Faure en Rus
sie. — A l'Hôtel de Ville. •— Un référen
dum. — L'union des Eglises. -- La mys*
t tification du Diable au XIX e siècle. —
Chronique. — Lettres, sciences et arts.
— En Orient. — Dépêches de l'étran
ger. — Echos de partout. — Chronique
religieuse. — La question ouvrière. —
Nécrologie. — Tribunaux. — Nouvelles
. .. diverses. — Calendrier. — Tableau et bul
letin deda Bourse. — Dernière heure.
LA PENTECOTE
Or, au matin de ce jour, dans une
maison de Jérusalem, une soixan
taine de personnes étaient réunies ;
c'étaient les parents, les compa
gnons et les disciples de ce Jésus
Se Nazareth que les Juifs avaient
mi» à mort deux mois auparavant.
On entendit tout à coup comme le
bruit d'un vent impétueux venu du
Ciel qui remplittoute la maison où
ils se trouvaient. Au même instant
ils virent paraître comme des lan
gues de feu, qui se divisèrent et qui
s'arrêtèrent sur chacun d'eux ; alors
ils furent tous remplis du Saint-
Esprit, et ils commencèrent à par
ler diverses langues, selon que le
Saint -Esprit les inspirait.
Cet ébranlement de l'air, cette
pluït? de feu et ce parler de langues
ignorée.? étaient miraculeux sans
doute, mais ils signifiaient surtout
un miracle pïu's grand, qui aUait
se manifester par* ses effets.
Les disciples de Jésus étaient en
trés dans le Cénacle peu instruits
et incertains sur la doctrine. Pen
dant trois ans le Maître les avait
enseignés ; mais ces paysans gali-
léens avaient un cerveau dur à. fa-?
çonner, rebelle à la compréhension
des choses célestes, obstrué de pré
jugés très humains et très juifs.La
parole. divine avait produit en eux
peu de résultats ; si la semence était
déposée dans la terre, elle y était
cachée et la germination n'appa
raissait pas. Il y avait à peine dix
jours, alors qu'ils contemplaient de
leurs yeux le Christ ressuscité sur
le point de les quitter pour monter
au ciel, ne demandaient-ils pas à ce
Rédempteur de l'humanité tout en
tière s'il allait rétablir le royaume
d'Israël ? —Et au sortir du Céna
cle, ces hommes s'en vont vers tous
les horizons, porter l'Evangile à
toute créature, et il se trouve que
les vérités prêchees en mille pays,
dans mille idiomes divers par, ces
apôtres dispersés, forment une
doctrine complète, sublime et d'un©
parfaite unité.
, Avant lâ Pentecôte, les Apôtr'eè
né 3e .distinguaient pas par le cou
rage.. Lorsque Jésus se fut livré- à
la rage de sès ennemis, Pierre,
celui qu'il avait choisi pour s£n
lieutenant, pour son vicaire sur la
terre, Pierre, l'ami le plus ardent
dans ses protestations dé fidélité,
l'avait misérablement renié ; les
autres avaient pris la fuite et s'é
taient cachés. — Après Is, Pente
côte, ils : publient Jésus ïttOFfc efc
ressuscité, dans Jérusalem, dans la
Judée, dans tout l'eirçpire romain
et au delà, malgré les périls, mal
gré les menaces et les coups. On
les décapitera, on tes crucifiera, on
les écorcherà vivants, jnais on. ne
pourra pas obtenir d'eux le renie
ment, ni même le simple silence.
Enfin, ces juifs à l'esprit étroit,
qui ne croyaient guère jusjjue-là
qu'à uji Messie venu pour rétablir
le trône de David et reconstruire le
temple de Salomon, sortent du bain
de feu dé la, Pentecôte avec la vue
claire de.leur mission, ût ils iront à
là tnoissôn des âmes, à travers les
mohtagnes et les mers, et dans la
lointaine Espagne, et dans l'Inde
mystérieuse, et dans la savante
Alexandrieet dans la grande
Rome. ; , . „ .
Le voilà, le miracle par excellencé
de la Pentecôte : la transforma
tion totale de ce petit troupeau des
disciples de Jésus, que son Esprit
envoie à la conquête du monde,
Mais il est bien vieux, ce miracle,
et il est raconté dans un bien vieux
livre. ' ' - s
< Vieux ? Mais -de tous les mira
cles il est le plus récent, car il s'ac
complit encore sous nos yeux,.et de
tous les miracles il est aussi; le plus
éclatant, car il. remplit , depuis dix-
neuf siècles l'espace et la, durée.
En ce jour de la Pentecôte,
l'Eglise prit naissance à Jérusalem,
et 1 Eglise est là, au milieu de vous,
hommes du XIX 8 siècle, recevant
toujours la , même assistance du
même; Esprit. ;
L'Esprit de lumière n'a cessé des
l'éclairer, de telle sorte que ce phé-
nomèine s'est produit, devant le
quel il faut bien, fidèle ou incroyant,
que l'on s'arrête : une doctrine pré
cise sur l'origine et sur la fin de
l'homme, sur tous ses devoirs et
sur tous ses droits, se perpétuant à
travers les âges, immuable parmi
les ruines des philosophies et des
législations, parmi les variations
des mœurs et des goûts, malgré
l'imprévu des découvertes et en dé-
Ï)it de l'assaut ininterrompu de toutes
es passions.
. L'Esprit de force a toujours sou-?
tenu l'Eglise. Saint Pierre traduit
devant le tribunal des juifs répondit
aux juges : Il faut pbéir à Dieu plu T
tôt qu'aux hommes. Grande parole;
que le monde n'avait guère entendue
jusquerlâ et qui fondait l'affranchis-f
sement de là conscience, Pierre là
. paya de l'emprisonnement dans Jé
rusalem, et à Rome, du supplice de
là croix. Après lui, des légions suc-t
cessives de martyrs et do héros
l'ont gardée en héritage; ils l'ont
mise en. pratique au prix de leurs
souffrances ou de leur sang, et c'est
ainsi que les pires tyrannies ont été
vaincues et que la aignité humaine
a été restaurée et consacrée.
L'Esprit de zèle, enfin, a perpé
tué dans l'Eglisé les merveilles de
l'acostolat. Quel sujet de réflexion
et d'admiration que cette succession
incessante, pendant dès siècles et
dés siècles, de missionnaires qui,
dans un but purement surnaturel,
sans espérer le moindre avantage
terrestre, donnent tous les labeùrs
d'unë vie à la diffusion de la foi
chrétienne ! :
Donc, si vous êtes en quête d'un
miracle, ouvrez les yeux et voyez :
én voici un que Dieu a opéré il y a
dix-neuf cents ans et qu'il a daigné
continuer jusqu'à vous.
À. AlGUEPEKSE. '
: : ■—+ .
VULLETISy
Le voyage de M. Félix Faure en Russie
est chose décidée.
Le président de la République quit
tera Paris le 25 juillet, c'est-à-dire au
lendemain de la séparation des Cham\
bres,pour se rendre à. Peterhof , où il
sera l'hôte du ts ar et de la tsarine.
Le ministre des affaires étrangères e{
la direction du protocole ae&ompagneA
ront M. Félix Faure, ainsi que legénéf
rai Le Mouton de Boisdeffre, l'amiral
Gervais et le général Hagron, escortés.
d'un brillant état-major. j
Le voyage se fera par mer, à bord d'uni
croiseur de premier rang. Une escadrè
placée sous le commandement d'un con4
tre'amiral va être formée, à cet effet'i
dans le port de Cherbourg, où le présif
dent de la République s'embarquera, j
Hier, au Sénat, interpellation de Mi
Le Play sur l'insuffisance de l'enseigne4
ment agricole dans les écoles -primaires,j
et suite du débat sur la question des oc-i
trois, ;
La Chambre s'est occupéehier dupro-
jet de loi sur les sociétés de secours mu
tuels. Aujourd'hui, comme tous les sa
medis, séance consacrée aux interpella j
tiona : MM- Basly et Lamendin interro
geront le gouvernement, au sujet de là
grève de la Grand'Combe et M,. Jaurès
ferOcSon discours, annoncé depuis long4
temps, sur les questions rurales.
Hier, la session du conseil municipal
de Paris g. été déclarée close. ;
Le procès Tauseh-Luetzow s 'est ter
miné comme on le prévoyait par un
acquittement pour Taus.ch et une. très
faible condamnation pour Luetzow.
. En Espagne, la crise ministérielle
n'est pas enpore dénouée : la régente à.,
conféré avec M- Sagasta et avec le maré*
phfrl Martinpz Campos, La constitution
d'un ministère libéral paraît de plus en
plus probable, '
NOUVELLES DE ROME
Le roi de Siam au Vatican.
• Nous .recevons la dépêche sui
vante- ;
Rome, 5 juin, 10 h. l£j.
Le roi de Siam, avec les princes Som-
pjot, Svasti et Chira, de sa famille, et sa
suite, s'est rendu higy, à trojs heures, du
Quirinal au Grand-Hôtel, dans les équi
pages de la cour d'Italie, qui aussitôt
sont retourné# au Quirinal, pendant que
d'autres équipages étaient prêts au
Grand-Hôtel pour conduire le roi. afi Va
tican.
Au Grandrllôtel le roi a été reçu par le
mjpistrp (Ju Siam, Phya Surya, et par
d'autres fonctionnaires? dp'gçs Etats des
cendus au Grandrllôtel.
Après up lunch, le roi, les princes et
leur suitej tous en grand uniforme et
avec leurs décorations, sopt partis dans
les landaus dp remise du Grand-Hôtel,
pour ge rendre au Vafipan. >
Les troupes italiennes leur ont rendu
les honneurs le long du parcours. Un
contraste frappant a été noté entre la
froideur qui avait marqué l'arrivée, au
Quirinal, avant-hier, du roi dp gi^m, et
l'empressement très chaleureux avec le
quel il a été galué, hier, en se rendant à
l'audience du Pape, surtout SU? abords
de Saint-Pierre. .. . . .
: A son arrivée au Vatican, dans la cour
intérieure de j Saint-Pamase, le'roi et les
princes avec leur suite ont été reçus par
S. G. Mgr Sambucetti, secrétaire de la
Congrégation du Cérémonial, ainsi que
par des camériers d'honneur du Saint
Père. »
La garde palatine et la garde suisse
ont rendu les honneurs.
Dans l'antichambre des appartements
pontificaux, Mgr Delle Volpe, major-
|, dome, avec d'autres prélats et gentils
hommes ont accueilli le roi et sa suite
l'accompagnant jusqu'à la salle d'au
dience, dont le maître de chambre;
Mgr Oagiano de Azevedo, a ouvert la
porte en annonçant à haute voix S. M. le
roi (le Siam.
Le roi s'est incliné" profondément de
vant le Pape, et Sa Sainteté :l'accueillant
avec beaucoup d'amahilité l'a invité à
s'asseoir sur un trône auprès du sien, en
invitant de même les princes à s'asseoir
t £ur ( leg fauteuils disposés à l'entour.
~ A la fin de cette audience qui a duré
une. demi-heure et à laquelle assistait
.aussi un des personnages de la suite,ser
vant d'interprète, les autres personnages
de la suite, ont été introduits et présen
tés au Saint-Père. - s i
Puis ils sont tous allés avec le roi de
Siam complimenter le cardinal secré
taire d'Etat. .
De retour au Grand-IIôtel le roi de
Siam y a reçu la visite que l'Eme , cardK
nal Rampolla s'est empressé de lui ren
dre.
* :
UNE TOQUADE DE LA «GAZETTE »
.'V'- ' 'i-f* •- •' -4 - r. .v, X. .•
L'une des toquades de la Gazette est
d'avoir toujours l'Univers sur le.nez, ce
qui gêne sa vue et sa marche. Sans,nous,
s'il faut l'en croire, elle eût constamment
et en tout fait merveille: Charles X serait
mort sur le trône, Henri V aussi, le comte
dé Paris également et Philippe VIII ré
gnerait présentement aux Tuileries sous
l'œil bienveillant de M. Janicot, maire du
palais et Grand-Maître de l'CEillet-Blanc.
Mais, dès le temps de Charles X, on
vit poindre l'école de l'Univers et, plus
tard, le journal lui-même parut. La
Gazette ne cessa pas d'avoir raison, mais
on cessa de l'écouter. Voilà soixante et.
quelques années que ses avertissements
se perdent dans le désert, et cela par
notre faute surtout.
C'est ainsi qu'en janvier 1889, alors
qu'elle allait faire élire, contre Boulanger
et contre Jacques, un homme de mérite, i
bon républicain et bon catholique, l'Uni
vers, se mettant en travers, voulut l'élec-
tion-du « su'icidé de Bruxelles » et l'ob
tint. C'est sur, puisqUe la Gazette l'affir -j
maitil y. a trois jours et, après enquête,
le .répète aujourd'hui.
Si glorieux qu'il pût être pour nous
devant la postérité de laisser croire;
qu'en janvier 1889 nous avons été maître
de la grande élection de Paris, d'où dé
pendait l'avenir de la France et du roi,
nous devons dire que la Gazette est ici
victime une fois de plus de ses hallucina- j
tions.
Il n'y avait pas alors de candidat con* 1
servateur catholique et républicain pos- s
sible et il n'y en eut pas,.Les quelques)
mouches du coche affairées, effarées, af- !
folées, qui .proposèrent in extremis une ,
candidature de cette sorte n'étaient au
torisées de personne et de personne ne ;
furent écoutées. II n'y eut ni programme,
ni comité, ni réunion, ni caisse, ni can
didat. Ce fut en tout une oeuvre de la
Gazette; rienr
Quant à l'Univers, dont la Gazette fait
un boulangiste passionné, forpené, le
grand électeur du « suicidé de Bruxel
les », il : suivit toute cette campagne en
simple témoin.'Jl pe pouyait être pour
Jacques, il ne fut pas* non plus pour Bou
langer, candidat de Rochefort," de 'Na-
quet, dji copiée de Paris èt du prince
Viptor : tout cpmpte fajt et)jien que Bou
langer étant l'inconnu, l'intéressât dà-
vantagej il s'abstint-
. - . ..... ■ B; v<
CONSULTATION
Nous - recevons la - lettre sui
vante :
Monsieur le directeur,
Jé suis votre Jecteur et c'est en ami:
que je vous lis ; je "suis ep- même temps
maire de ma commune et je viens à ces
trois titres vous demander un avis.
Trois maires, dont j'ai lu les noms
dans vos colonnes: MM. La?les, Prin-
ceteau et Berlotty ont réfusé d'afficher
l'o4ieux discours du président Brisson.
Vou.s avesj! ipséré lpur's vigoureuses let
tres, en les approuvant. 0 est" très bien.
Mais si vos approbations sont'des blâmes
pour les maires catholiques qui ont af
fiché le Brisfson gang rien d^Sy n'est-ce
pas trop ?
J'estime qup nous sommes en Finance
plusieurs milljers de maires indépen-
dapfs et pfyrétjens rpmpljssapt lejjrs de-,
voirs religieux. Faigonâ^rious donc preuve
de faiblesse, trahisons-noùs notre cause
en ne refusant pas un affichage qui en
traînerait notre suspension, puis noti-e
révocation? Je ne le crois pas. Voici
pourquoi !
Je suis élu maire, moins parce que je
représente la majorité de la commune
que pçr ^ujte 4© situation personnelle.
Nous sommes beaucoup et beaucoup de
maires catholiques dans ce cas-la. Maire,
je fais voter une indemnité à mon jcuré,
jefagiJIte gop ^ctioi} et ses oeuvres, je
suis élu déiégué pour les élections séna
toriales et j'use de mon influence pour
les candidats conservateurs en temps d'é
lection ; je gostigns l'çcqle libre, çtc,
, Si je guis révoqué, il y a des ohances
pour que je sois hial remplacé. Jfpn suc
cesseur sera peut-être hostile et dans
tous les cas il sera moins influent que
moi pour le bien. La commune restée
bonne se gâtera.
: Dois-je braver tout cela en refusant
l'affichage par une lettre publique qui
me fera louer dans les bons journaux et
révoquer par mon préfet?
Remarquez bien que je ne veux rien
du pouvoir, que j'aime lacrânerie et que
dire leur fait à nos gouvernants me plai-r
rait; mais, d'autre part, je vois que je
ne pourrai plus faire le bien que je fais.
Cela me rend perplexe. Donnez-moi vo
tre avis.
Agréez, cher monsieur, etc.
La perplexité de l'auteur de cette
lettre s'explique et nous soumet
tons son cas à nos lecteurs. En
même temps nous le prions de
croire qu'en faisant écho aux mai
res, qui ont si vertement flagellé le
président de la Chambre et les dé
putés afficheurs, nous n'avons pas
voulu faire la leçon à ceux qui se
taisent dans la conviction de mieux
servir ainsi les intérêts dont ils ont
la charge.
Mais pourquoi les maires révo
qués ne feraient-ils pas appel au
Conseil d'Etat? Un vote de la Cham
bre prescrivant un affichage, est-ce
une loi à laquelle un • maire doive
obéissance ? '
nOMAGESJT PRIERES
Depuis un mois nous avons reçu
beaucoup de lettres sur la catas
trophe du 4 mai', étudiée au point
de vue providentiel. Le discours
du R. P. Ollivier,. l'intervention im-
Eie et sotte du président de la Cham-
re, la belle allocution de.S. Ern. le
cardinal Perraud, les déclarations
si fermes et si calmes de S. Em. le
cardinal Richard, l'éloquente pro
testation de M. de Mun et les
polémiques de la presse ont été
dans ces lettres l'objet de com-.
mentaires variés, quelques-uns très
élevés et très forts. Nous en avons
formé tout un dossier avec l'inten
tion d'en publier quelques pièces.
Nous y renonçons et nos corres
pondants nous le pardonneront.
Au total, ce qu'il fallait établir a
été suffisamment établi. Y revenir,
même pour montrer, avec de plus
amples développements et des
aperçus nouveaux, la grandeur de
la doctrine mise en cause, serait
s'exposer à raviver de regretta
bles polémiques. Nous trouvons
mieux de donner pour conclusion à
ce débat une lèttre adressée de
Rome par S. Em. le cardinal Per
raud à MM. les vicaires généraux
d'Autun. Cette, lettre a été jointe
comme appendice à l'allocution pro
noncée le'll mai à Saint-Louis des
Français par l'éminent prince de
l'Eglise et forme avec elle une belle
brochure imprimée à Rome même
et envoyée par Son Eminence aux
familles des victimes de l'incendie.
Après avoir rappelé son allocu
tion du 11 mai, Mgr d'Autun dit que
lé lendemain, étant chez les reli
gieuses de Notre-Dame du Cé
nacle, il fut sollicité de prendre de
nouveau 1a parole, ,
Je ne pouvais pas répéter, ajoute-t-il,
ce que j'avais dit la veille à Saint-Louis,
Mais Dieu me suggéra une pensée que je
développai pendant quelques minutes et
qui fut accueillie avec empressement par
la pieuse assistance,
La voici ; <
« Nous avons beaucoup prié et nou»
« v prio»s encore beaucoup pour ceux et
« pour celles qu'une épouvantable oatasr
« trophe a fait périr dans la soirée du
y 4 mai. Mais c'est aussi pour nous un
« devoir de fraternité chrétienne de prier
« beaucoup pour les parents qui ' survi
nt vent à ces pauvpes morts,
« Ï1 ne faut pas nous le dissimuler. Un
« accident aussi tragique, et les aacrifi-
<1 ces sanglants qu'il a imposés à un
« grand nombre de familles, sont de na-
« ture à susciter de redoutables tenta-
« tions contre la foi, contre l'espérance,
« contre Ut confiance ep Dieu. Nous sa-
« yons par nos Ecritures ce qui se passa
« pour Jqb et pour Tofeie, lorsqu'ils furent
«t frappés de la façon la plus rigoureuse,
« ,et en apparence la plus contraire à la
justice, au milieu même des œuvres de
miséricordf et de religion dor^t ils s'ae-
quittaient ayec tant de zèle et de cha
rité. Au lieu de les incliner par leurs
paroles à la résignation et à la soumis-
« gion, leurs amis et leurs proches (es
fc provoquèrent ouvertement à murmu-
« fer, £*' se révolter, à blasphémer (1).
fi Ces saipts personnage résistèrent gé-
f,éreqii!ement àees détestables conseils.
« Il pst inutile de rappeler en quels
termes ils exprimèrent leur puissance
la plus filiale ay^f mystérieuses dispen-
sàtions de la Providence.
« N'est-il pas très vraisemblable que
l'esprit de ténèbres, de doute, de né
gation essaiera d§ tirer parti de cette
J}orrib}e catastrophe, et de la douleur
aiguë de ceux qui pleurent pour leur
suggérer des pensées de révolte ? "
« C'est au secours de ces âmes trou
blées que je demande à tous les vrais
chrétiens de se porter i^vep moi. Il
# nous e$t impossible d'aller, trouver
« chacune de ces familles en deuil popr
nous acquitter envers elleg de ce fra-
^erpel ministère de compassion et de
consolation qui est si fort recommandé
par l'apôtre saint Paul aux disciples
de l'Evangile (2). Mais ce qyç nous ne
pouvons pfTec|;uer nous-mêmes direc- ;
ment, nous pouvons, nous devons
chercher à le faire par l'gspyit dé
Dieu, ' |
'« Ne s'appelle-t-il pas « l'Esprit con
solateur », Consolator opfime? N'est-ce
pas à lai qu'il appartient d'agir intime
ment sur ces cœurs déchirés, ulcérés
(1) Tobie, II, 46. — Job,II, 9. 3
(2) Epitre aux Gorinhiens, ch.
« et en même temps peut-être, agités di«
« furieuses tempêtes contre la foi et
« contre l'espérance ? Et comment les
« consoler d'une manière très efficace, si-
« non précisément en leur donnant,
« comme le dit une belle prière de notre
« liturgie (3), un accroissement de foi,
« d'espérance, de charité, qui les armera
« contre les assauts du démon, et leur
« communiquera la force de monter jus-
« qu'à cette région sereine et pacifique
« où, sans comprendre les incompréhen-
« sibles desseins de Dieu, l'âme la plus
« affligée peut pratiquer une confiance
« toute filiale, et avoir le mérite héroïque
« de répéter la profession de foi dont
« l'Esprit de Dieu lui-même a dicté la
« formule : « O Père, c'est votre Provi-
« vidence qui gouverne toutes cho-
« ses (4). ».
Comme conclusion pratique de ces
très simples réflexions, j'ai: demandé aux:
religieuses de la. Retraite, vouées au 1
Saint-Esprit par leur titre de Notre-Dame
du Cénacle, de commencer immédiate
ment une croisade de prières à l'inten
tion spéciale d'assister les parents des.
victimes. I
Nous nous sommes tous engagés à ré-;
citer pour eux chstqye jour, jusqu'au sa -j
-medi.de Toctave de la Pentecôte inclu-i
sivement, le Veni Creator^ . !
J'ai l'intime et douce confiance que!
mon appel retentira bien au delà desi
limites de la chapelle romaine où je le!
faisais entendre mercredi dernier. Con -j
tribuer à consoler les survivants du ter -i
rible désastre, ce sera du même coup,!
attirer sur eux, sur tant de pauvres or-,
phelîns, sur les chers morts eux-mê-j
mes, une très abondante effusion de;
grâces de Celui en qui, ne l'oublions pas,;
surtout à cette heure d'immense désola
tion, « la miséricorde surpasse la Vus-:
tice ».
Je vous renouvelle, mes ch.ers vicaires-
généraux, l'assurance bien cordiale des
mon affectueux dévouement en Notre-i
Seigneur.
•f- Adolphe-Louis-Albert Card.j
Pebraud,
évêque d'Autun,
Outre les lettres doctrinales dont?
nous venons de parler, nous avons
reçu des appels chaleureux, indi
quant les œuvres de charité et de
prière qu'il conviendrait d'établir,
afin d'honorer la mémoire des fem
mes chrétiennes mortes ce jour-là
d'une mort si terrible, en faisant le 1
bien.
Le comité des œuvres et particu
lièrement la commission instituée à
l'archevêché de Paris, étant à très
bon droit saisis de semblables pro
jets, on comprendra que, sur ces
points aussi, nous renoncions à
intervenir. Nous serons toujours
prêts si le concours de la presse
est demandé,
' E. V.
Çà et là
TROP DE MUSIQUE
La musique est une belle chose, mais
il en est d'elle comme de beaucoup d'au
tres belles choses, pas trop n'en faut. Et
l'on ne saurait nier que si la mesure est
utile en tout, en musique elle est indis
pensable.
Or, dans certaines églises et chapelles,
paroissiales ou non, la dose musicale
excède toute proportion; et, par mal
heur, la qualité ne rachète pas toujours
la quantité.
Je pourrais citer telle chapelle de com
munauté où le salut, par le luxe de l'é
clairage, de l'ornementation, de la mise
en scène, par le caractère des morceaux
de chant et d'orchestre, par la virtuosité
des artistes, enivre les yeux, les oreilles
et les cœurs à l'égal des concerts secon
daires les plus courus. Cette ivresse est-
elle vraiment religieuse ? Participe-t -elle
de l'extase ?• Elève-t-elle'^les âmesi vers
le Dieu de l'Eucharistie qui, vivant et
présent dans le rayonnement de l'Osten
soir au milieu des elartés et des fleurs,
préside à cette prière sainte entre toutes
qu'on appelle le salut du Saint-Sacre
ment? Je voudrais l'espérer, mais je
p'ose l'affirmer, et même je me demande
si, au lieu d'attirer à Jésus les cœurs des
fidèles, elle ne contribue pas plutôt à les
en détourner ?
A vr^i dire, le recueillement ne com
mence qu'à la bénédiction qui termine la
cérémonie, et qui tombe de l'autel sur les
fronts inclipéS) sans autre accompagne
ment que le son argentin d'une pauvre
petite clochette. Comme ce silence de
Jésus bénissapt repose délicieusement
tfu tapage harmonieux et prolongé des ins
truments et des voix profanes ! Et quelle
leçap d'humilité dans cet anéantisse-
mept du Verbe de Dieu, qui se cache
dans l'hostie et instruit en se taisant !
Cependant, pour ne riep exagérer, les -|
chants avec ou sapa orgue, qui précèdent
toujours la bénédiction du Saint-Sacre
ment, touchent les âmea AU lieu de les
dissiper, quapd ils sont conformes aux
règles et aux convenances liturgiques.
Et j'avoue que je me sens très douce
ment ému lorsque, dans certaine chapelle
4e moines, d 'une nudité voulue qui ne
manque ai d® grandeur ni d'art, j'en
tends «hanter les hymnes et lés motçta
du Saint-Sacrement par un bon religieux,
à la voix pénétrante, que les assistants
accompagnent parfois ep chesur, comme
dans une église de campagne. Là on prie
en, chantant, et l'op chante en priant. Les'
grâçes sont abondantes et les frais pres
que nuls; grapd avantage pour les moi
nes, les assistants et les pauvres.
Certes, s'il est une dévotion populaire,
touchante, qui appelle la simplicité, c'est
(S) Domine, c?a nobîst augmentum fldei
spei et ebaritatis (Collecte du i3° dimanche
après la Pentecôte).
. (4) Sagesse, XIV, 3,
celle du mois de Marie, répandue dans le.
monde entier, et très suivie dans toutes
les églises de Paris. Pendant les trente
premiers jours de ce mois de la Vierge
mère, qui est aussi le mois des fleurs.et
celui des premières communions, les
exercices sont célébrés chaque soir, dans
les paroisses même les plusriches,par des
cantiques sans prétention, des instruc
tions familières, et terminés par un salut
court et pieux devant une assistance re
cueillie.
Mais, pour la clôture de ce mois béni,
il arrive trop souvent, dans les quartiers
de l'élégance, des théâtres, de la dévo
tion brillante et superficielle, que l'air du
dehors envahisse le sanctuaire, et que la
dernière soirée du mois de Marie prenne
une ressemblance fâcheuse avec les fêtes
profanes qui l'avoisinent. Sous la profu
sion des fleurs, des illuminations, des dé
corations magnifiques, l'autel semble
disparaître ; le Créateur est comme en
seveli sous l'accumulation de ses plus
charmantes créatures, et la Vierge mère
elle-même, dont on célèbre la gloire,
n'est plus que vaguement présente à l'es
prit et au cœur de ses enfants dis»
traits.
« J'ai passé hier soir une heure au
théâtre, me disait un jeune homme, chré
tien aimable et pieux, qui d'ordinaire ne
fréquente point les spectacles. — A quel
théâtre? — Dans ma paroisse, à la clô
ture du mois de Marie. »
Et il me fit de cette solennité reli
gieuse, de l'aspect éblouissant de la salle
(pardon, de l'église), de l'encombrement
et de l'attitude des fidèles forcément
changés éri spectateurs, des accents dra
matiques de la musique à grand orches
tre, des violons et des violoncelles, des
ténors et des barytons, une description à
la fois ironique et attristée qui ne justi
fiait que trop lç mot cruel dont il s'était
servi,
« Je vous avoue, ajouta-t-il, que j'ai
remporté de cette soirée où j'étais venu
pour-prier et m'édifier, un sentiment de
profonde tristesse, et que sans accuser
les intentions des pieux organisateurs de
cette cérémonie; j'ai regretté vivement
cette façon de rendre gloire à Notre-Sei-
gneur Jésus-Christ et d'honorer la Vierge
sainte, mère d'un Dieu crucifié. »
À ces réflexions dont je ne puis mécon
naître la justesse, j'oserai en ajouter une
autre, un peu indiscrète peut-être, sous
la forme d'un vœu. Ne serait-il pas op
portun, au point de vue religieux, moral
et même financier, de ne pas laisser à
MM. les organistes et maîtres de cha-.
pelle une trop grande part dans l'organi
sation des cérémonies du culte? Il sont
dans leur rôle en donnant à la musique
dont ils sont les représentants très juste
ment honorés le plus d'importance et de
développement possible. Mais le curé,
ohef et directeur de la paroisse, est dans
le sien en mesurant à chacun sa part, en
exerçant sur tous les points son contrôle
nécessaire et en ne permettant point que,,
par une pente fatale, on puisse arriver
aux résultats, très exceptionnels d'ail- ,
leurs, que nous venons d'indiquer et de
critiquer,
A. de S égur.
, : * —
LES AFFAIRES D'ORIENT
Il paraît que les négociations pour
là paix se poursuivent régulière
ment à Constantinople entre la Su
blime Porte et les ambassadeurs
des grandes puissances, mais on ne
sait rien de plus. S'il faut ! 's'en-rap-
f>orter à quelques maigres indices,
a Turquie serait parvenue à -impo
ser comme point de départ des
pourparlers les premières et exor
bitantes conditions que l'on connaît,
ce qui lui donne du champ dans la
discussion et ce qui lui permet de
gagner du temps ; le temps, en ' ef-~
fet, travaille pour elle.
Malgré ces obscurités et ces
lenteurs, les nouvellistes officieux
prétendent. que tout va pour- le
mieux : que la Crète as calme, que
les Grecs d'Athènes s'assagissent,—
ce qui est tout à Fait désirable dans
leur intérêt — enfin, que les Turcs
sont disposés à se montrer mo
dérés dans leurs exigences ét con
ciliants autant qu'on le peut sou
haiter.
Dieu veuille que ces informa
tions optimistes soient confir
mées ! Pour nous; l'allure des
négociations ne nous rassure qu'à
moitié, et puis, nous ne pouvons
pas perdre de vue cette grosse
question des réformes générales
dans l'Empire ottoman qui devra
avoir son tour, et qui ne saurait
être éludée sans un grand détri
ment pour l'honneur et 1q prestige
de l'Europe chrétienne,
F. L.
A LA CHAMBRE
Les sociétés de secours mutuels*
Encore une loi rendue dé^nitive,
du moins à la Chambre *. on en a
terminé hier l'examen..
M. Ricard, on s'e; a souvient, de
mandait que le compte courant et
le fonds. com; mun déposés à la
Caisse des^ dépôts et consignations
puissent porter toujours intérêt à
4 1$ pour cent ; la commission con
cédait bien quelque chose, mais ce
Suelqiie chose n'était pas sufisant.
I a fallu que le ministre de l'inté
rieur appuyât' les justes réclama
tions de l'ancien garde des sceaux
Edition quotidienne. — 10,*730
Dimanche Ô Juin 1897
ÉDITION QUOTIDIENNE
• PARIS
et départements
Un an . 40 »
Six mois...... 21 »
Trois mois. . ... 11 »
ÉTRANGER
(union postale)
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UN NUMÉRO
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On s'abonne à Rome, place du Gesù, 8
ÉDITION SEMI-QUOTIDIENNE
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Un an 20 » 26 »
Six mois...... 10 » 13 »
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L'UNIVERS ne répond pas des manuscrits qui lui sont adressés
ANNONCES
MM. LAGRANGE, GERF et C îo , 6, place de là Bourse
En raison de la solennité de, la fête
de la PENTECOTE, l'UNIVERS ne pa-
raîtra pas demain.
PARIS, 5 JUIN 1897
SOMMAIRE
La Pentecôte A. Aiguepersè .
Une toquade de la
«Gazette»;....... E. V.
Hommages et priè
res .. . E. V.
Çà et là : Trop de mu
sique Marquis de Ségur.
Affaires d'Orient... F. L.
A la Chambre...... Gabriel de Triors.
Au Sénat....... J. Mantenay.
Correspondance ro
maine ***.
Une conférence sur
le Soudan F. V.
Questions et docu
ments....... J. Mesbire.
Questions ecclésias
tiques. J. Wagner.
Bulletin.— Nouvelles de Rome.—Consul
tation. — Informations politiques et par
lementaires. — M. Félix Faure en Rus
sie. — A l'Hôtel de Ville. •— Un référen
dum. — L'union des Eglises. -- La mys*
t tification du Diable au XIX e siècle. —
Chronique. — Lettres, sciences et arts.
— En Orient. — Dépêches de l'étran
ger. — Echos de partout. — Chronique
religieuse. — La question ouvrière. —
Nécrologie. — Tribunaux. — Nouvelles
. .. diverses. — Calendrier. — Tableau et bul
letin deda Bourse. — Dernière heure.
LA PENTECOTE
Or, au matin de ce jour, dans une
maison de Jérusalem, une soixan
taine de personnes étaient réunies ;
c'étaient les parents, les compa
gnons et les disciples de ce Jésus
Se Nazareth que les Juifs avaient
mi» à mort deux mois auparavant.
On entendit tout à coup comme le
bruit d'un vent impétueux venu du
Ciel qui remplittoute la maison où
ils se trouvaient. Au même instant
ils virent paraître comme des lan
gues de feu, qui se divisèrent et qui
s'arrêtèrent sur chacun d'eux ; alors
ils furent tous remplis du Saint-
Esprit, et ils commencèrent à par
ler diverses langues, selon que le
Saint -Esprit les inspirait.
Cet ébranlement de l'air, cette
pluït? de feu et ce parler de langues
ignorée.? étaient miraculeux sans
doute, mais ils signifiaient surtout
un miracle pïu's grand, qui aUait
se manifester par* ses effets.
Les disciples de Jésus étaient en
trés dans le Cénacle peu instruits
et incertains sur la doctrine. Pen
dant trois ans le Maître les avait
enseignés ; mais ces paysans gali-
léens avaient un cerveau dur à. fa-?
çonner, rebelle à la compréhension
des choses célestes, obstrué de pré
jugés très humains et très juifs.La
parole. divine avait produit en eux
peu de résultats ; si la semence était
déposée dans la terre, elle y était
cachée et la germination n'appa
raissait pas. Il y avait à peine dix
jours, alors qu'ils contemplaient de
leurs yeux le Christ ressuscité sur
le point de les quitter pour monter
au ciel, ne demandaient-ils pas à ce
Rédempteur de l'humanité tout en
tière s'il allait rétablir le royaume
d'Israël ? —Et au sortir du Céna
cle, ces hommes s'en vont vers tous
les horizons, porter l'Evangile à
toute créature, et il se trouve que
les vérités prêchees en mille pays,
dans mille idiomes divers par, ces
apôtres dispersés, forment une
doctrine complète, sublime et d'un©
parfaite unité.
, Avant lâ Pentecôte, les Apôtr'eè
né 3e .distinguaient pas par le cou
rage.. Lorsque Jésus se fut livré- à
la rage de sès ennemis, Pierre,
celui qu'il avait choisi pour s£n
lieutenant, pour son vicaire sur la
terre, Pierre, l'ami le plus ardent
dans ses protestations dé fidélité,
l'avait misérablement renié ; les
autres avaient pris la fuite et s'é
taient cachés. — Après Is, Pente
côte, ils : publient Jésus ïttOFfc efc
ressuscité, dans Jérusalem, dans la
Judée, dans tout l'eirçpire romain
et au delà, malgré les périls, mal
gré les menaces et les coups. On
les décapitera, on tes crucifiera, on
les écorcherà vivants, jnais on. ne
pourra pas obtenir d'eux le renie
ment, ni même le simple silence.
Enfin, ces juifs à l'esprit étroit,
qui ne croyaient guère jusjjue-là
qu'à uji Messie venu pour rétablir
le trône de David et reconstruire le
temple de Salomon, sortent du bain
de feu dé la, Pentecôte avec la vue
claire de.leur mission, ût ils iront à
là tnoissôn des âmes, à travers les
mohtagnes et les mers, et dans la
lointaine Espagne, et dans l'Inde
mystérieuse, et dans la savante
Alexandrieet dans la grande
Rome. ; , . „ .
Le voilà, le miracle par excellencé
de la Pentecôte : la transforma
tion totale de ce petit troupeau des
disciples de Jésus, que son Esprit
envoie à la conquête du monde,
Mais il est bien vieux, ce miracle,
et il est raconté dans un bien vieux
livre. ' ' - s
< Vieux ? Mais -de tous les mira
cles il est le plus récent, car il s'ac
complit encore sous nos yeux,.et de
tous les miracles il est aussi; le plus
éclatant, car il. remplit , depuis dix-
neuf siècles l'espace et la, durée.
En ce jour de la Pentecôte,
l'Eglise prit naissance à Jérusalem,
et 1 Eglise est là, au milieu de vous,
hommes du XIX 8 siècle, recevant
toujours la , même assistance du
même; Esprit. ;
L'Esprit de lumière n'a cessé des
l'éclairer, de telle sorte que ce phé-
nomèine s'est produit, devant le
quel il faut bien, fidèle ou incroyant,
que l'on s'arrête : une doctrine pré
cise sur l'origine et sur la fin de
l'homme, sur tous ses devoirs et
sur tous ses droits, se perpétuant à
travers les âges, immuable parmi
les ruines des philosophies et des
législations, parmi les variations
des mœurs et des goûts, malgré
l'imprévu des découvertes et en dé-
Ï)it de l'assaut ininterrompu de toutes
es passions.
. L'Esprit de force a toujours sou-?
tenu l'Eglise. Saint Pierre traduit
devant le tribunal des juifs répondit
aux juges : Il faut pbéir à Dieu plu T
tôt qu'aux hommes. Grande parole;
que le monde n'avait guère entendue
jusquerlâ et qui fondait l'affranchis-f
sement de là conscience, Pierre là
. paya de l'emprisonnement dans Jé
rusalem, et à Rome, du supplice de
là croix. Après lui, des légions suc-t
cessives de martyrs et do héros
l'ont gardée en héritage; ils l'ont
mise en. pratique au prix de leurs
souffrances ou de leur sang, et c'est
ainsi que les pires tyrannies ont été
vaincues et que la aignité humaine
a été restaurée et consacrée.
L'Esprit de zèle, enfin, a perpé
tué dans l'Eglisé les merveilles de
l'acostolat. Quel sujet de réflexion
et d'admiration que cette succession
incessante, pendant dès siècles et
dés siècles, de missionnaires qui,
dans un but purement surnaturel,
sans espérer le moindre avantage
terrestre, donnent tous les labeùrs
d'unë vie à la diffusion de la foi
chrétienne ! :
Donc, si vous êtes en quête d'un
miracle, ouvrez les yeux et voyez :
én voici un que Dieu a opéré il y a
dix-neuf cents ans et qu'il a daigné
continuer jusqu'à vous.
À. AlGUEPEKSE. '
: : ■—+ .
VULLETISy
Le voyage de M. Félix Faure en Russie
est chose décidée.
Le président de la République quit
tera Paris le 25 juillet, c'est-à-dire au
lendemain de la séparation des Cham\
bres,pour se rendre à. Peterhof , où il
sera l'hôte du ts ar et de la tsarine.
Le ministre des affaires étrangères e{
la direction du protocole ae&ompagneA
ront M. Félix Faure, ainsi que legénéf
rai Le Mouton de Boisdeffre, l'amiral
Gervais et le général Hagron, escortés.
d'un brillant état-major. j
Le voyage se fera par mer, à bord d'uni
croiseur de premier rang. Une escadrè
placée sous le commandement d'un con4
tre'amiral va être formée, à cet effet'i
dans le port de Cherbourg, où le présif
dent de la République s'embarquera, j
Hier, au Sénat, interpellation de Mi
Le Play sur l'insuffisance de l'enseigne4
ment agricole dans les écoles -primaires,j
et suite du débat sur la question des oc-i
trois, ;
La Chambre s'est occupéehier dupro-
jet de loi sur les sociétés de secours mu
tuels. Aujourd'hui, comme tous les sa
medis, séance consacrée aux interpella j
tiona : MM- Basly et Lamendin interro
geront le gouvernement, au sujet de là
grève de la Grand'Combe et M,. Jaurès
ferOcSon discours, annoncé depuis long4
temps, sur les questions rurales.
Hier, la session du conseil municipal
de Paris g. été déclarée close. ;
Le procès Tauseh-Luetzow s 'est ter
miné comme on le prévoyait par un
acquittement pour Taus.ch et une. très
faible condamnation pour Luetzow.
. En Espagne, la crise ministérielle
n'est pas enpore dénouée : la régente à.,
conféré avec M- Sagasta et avec le maré*
phfrl Martinpz Campos, La constitution
d'un ministère libéral paraît de plus en
plus probable, '
NOUVELLES DE ROME
Le roi de Siam au Vatican.
• Nous .recevons la dépêche sui
vante- ;
Rome, 5 juin, 10 h. l£j.
Le roi de Siam, avec les princes Som-
pjot, Svasti et Chira, de sa famille, et sa
suite, s'est rendu higy, à trojs heures, du
Quirinal au Grand-Hôtel, dans les équi
pages de la cour d'Italie, qui aussitôt
sont retourné# au Quirinal, pendant que
d'autres équipages étaient prêts au
Grand-Hôtel pour conduire le roi. afi Va
tican.
Au Grandrllôtel le roi a été reçu par le
mjpistrp (Ju Siam, Phya Surya, et par
d'autres fonctionnaires? dp'gçs Etats des
cendus au Grandrllôtel.
Après up lunch, le roi, les princes et
leur suitej tous en grand uniforme et
avec leurs décorations, sopt partis dans
les landaus dp remise du Grand-Hôtel,
pour ge rendre au Vafipan. >
Les troupes italiennes leur ont rendu
les honneurs le long du parcours. Un
contraste frappant a été noté entre la
froideur qui avait marqué l'arrivée, au
Quirinal, avant-hier, du roi dp gi^m, et
l'empressement très chaleureux avec le
quel il a été galué, hier, en se rendant à
l'audience du Pape, surtout SU? abords
de Saint-Pierre. .. . . .
: A son arrivée au Vatican, dans la cour
intérieure de j Saint-Pamase, le'roi et les
princes avec leur suite ont été reçus par
S. G. Mgr Sambucetti, secrétaire de la
Congrégation du Cérémonial, ainsi que
par des camériers d'honneur du Saint
Père. »
La garde palatine et la garde suisse
ont rendu les honneurs.
Dans l'antichambre des appartements
pontificaux, Mgr Delle Volpe, major-
|, dome, avec d'autres prélats et gentils
hommes ont accueilli le roi et sa suite
l'accompagnant jusqu'à la salle d'au
dience, dont le maître de chambre;
Mgr Oagiano de Azevedo, a ouvert la
porte en annonçant à haute voix S. M. le
roi (le Siam.
Le roi s'est incliné" profondément de
vant le Pape, et Sa Sainteté :l'accueillant
avec beaucoup d'amahilité l'a invité à
s'asseoir sur un trône auprès du sien, en
invitant de même les princes à s'asseoir
t £ur ( leg fauteuils disposés à l'entour.
~ A la fin de cette audience qui a duré
une. demi-heure et à laquelle assistait
.aussi un des personnages de la suite,ser
vant d'interprète, les autres personnages
de la suite, ont été introduits et présen
tés au Saint-Père. - s i
Puis ils sont tous allés avec le roi de
Siam complimenter le cardinal secré
taire d'Etat. .
De retour au Grand-IIôtel le roi de
Siam y a reçu la visite que l'Eme , cardK
nal Rampolla s'est empressé de lui ren
dre.
* :
UNE TOQUADE DE LA «GAZETTE »
.'V'- ' 'i-f* •- •' -4 - r. .v, X. .•
L'une des toquades de la Gazette est
d'avoir toujours l'Univers sur le.nez, ce
qui gêne sa vue et sa marche. Sans,nous,
s'il faut l'en croire, elle eût constamment
et en tout fait merveille: Charles X serait
mort sur le trône, Henri V aussi, le comte
dé Paris également et Philippe VIII ré
gnerait présentement aux Tuileries sous
l'œil bienveillant de M. Janicot, maire du
palais et Grand-Maître de l'CEillet-Blanc.
Mais, dès le temps de Charles X, on
vit poindre l'école de l'Univers et, plus
tard, le journal lui-même parut. La
Gazette ne cessa pas d'avoir raison, mais
on cessa de l'écouter. Voilà soixante et.
quelques années que ses avertissements
se perdent dans le désert, et cela par
notre faute surtout.
C'est ainsi qu'en janvier 1889, alors
qu'elle allait faire élire, contre Boulanger
et contre Jacques, un homme de mérite, i
bon républicain et bon catholique, l'Uni
vers, se mettant en travers, voulut l'élec-
tion-du « su'icidé de Bruxelles » et l'ob
tint. C'est sur, puisqUe la Gazette l'affir -j
maitil y. a trois jours et, après enquête,
le .répète aujourd'hui.
Si glorieux qu'il pût être pour nous
devant la postérité de laisser croire;
qu'en janvier 1889 nous avons été maître
de la grande élection de Paris, d'où dé
pendait l'avenir de la France et du roi,
nous devons dire que la Gazette est ici
victime une fois de plus de ses hallucina- j
tions.
Il n'y avait pas alors de candidat con* 1
servateur catholique et républicain pos- s
sible et il n'y en eut pas,.Les quelques)
mouches du coche affairées, effarées, af- !
folées, qui .proposèrent in extremis une ,
candidature de cette sorte n'étaient au
torisées de personne et de personne ne ;
furent écoutées. II n'y eut ni programme,
ni comité, ni réunion, ni caisse, ni can
didat. Ce fut en tout une oeuvre de la
Gazette; rienr
Quant à l'Univers, dont la Gazette fait
un boulangiste passionné, forpené, le
grand électeur du « suicidé de Bruxel
les », il : suivit toute cette campagne en
simple témoin.'Jl pe pouyait être pour
Jacques, il ne fut pas* non plus pour Bou
langer, candidat de Rochefort," de 'Na-
quet, dji copiée de Paris èt du prince
Viptor : tout cpmpte fajt et)jien que Bou
langer étant l'inconnu, l'intéressât dà-
vantagej il s'abstint-
. - . ..... ■ B; v<
CONSULTATION
Nous - recevons la - lettre sui
vante :
Monsieur le directeur,
Jé suis votre Jecteur et c'est en ami:
que je vous lis ; je "suis ep- même temps
maire de ma commune et je viens à ces
trois titres vous demander un avis.
Trois maires, dont j'ai lu les noms
dans vos colonnes: MM. La?les, Prin-
ceteau et Berlotty ont réfusé d'afficher
l'o4ieux discours du président Brisson.
Vou.s avesj! ipséré lpur's vigoureuses let
tres, en les approuvant. 0 est" très bien.
Mais si vos approbations sont'des blâmes
pour les maires catholiques qui ont af
fiché le Brisfson gang rien d^Sy n'est-ce
pas trop ?
J'estime qup nous sommes en Finance
plusieurs milljers de maires indépen-
dapfs et pfyrétjens rpmpljssapt lejjrs de-,
voirs religieux. Faigonâ^rious donc preuve
de faiblesse, trahisons-noùs notre cause
en ne refusant pas un affichage qui en
traînerait notre suspension, puis noti-e
révocation? Je ne le crois pas. Voici
pourquoi !
Je suis élu maire, moins parce que je
représente la majorité de la commune
que pçr ^ujte 4© situation personnelle.
Nous sommes beaucoup et beaucoup de
maires catholiques dans ce cas-la. Maire,
je fais voter une indemnité à mon jcuré,
jefagiJIte gop ^ctioi} et ses oeuvres, je
suis élu déiégué pour les élections séna
toriales et j'use de mon influence pour
les candidats conservateurs en temps d'é
lection ; je gostigns l'çcqle libre, çtc,
, Si je guis révoqué, il y a des ohances
pour que je sois hial remplacé. Jfpn suc
cesseur sera peut-être hostile et dans
tous les cas il sera moins influent que
moi pour le bien. La commune restée
bonne se gâtera.
: Dois-je braver tout cela en refusant
l'affichage par une lettre publique qui
me fera louer dans les bons journaux et
révoquer par mon préfet?
Remarquez bien que je ne veux rien
du pouvoir, que j'aime lacrânerie et que
dire leur fait à nos gouvernants me plai-r
rait; mais, d'autre part, je vois que je
ne pourrai plus faire le bien que je fais.
Cela me rend perplexe. Donnez-moi vo
tre avis.
Agréez, cher monsieur, etc.
La perplexité de l'auteur de cette
lettre s'explique et nous soumet
tons son cas à nos lecteurs. En
même temps nous le prions de
croire qu'en faisant écho aux mai
res, qui ont si vertement flagellé le
président de la Chambre et les dé
putés afficheurs, nous n'avons pas
voulu faire la leçon à ceux qui se
taisent dans la conviction de mieux
servir ainsi les intérêts dont ils ont
la charge.
Mais pourquoi les maires révo
qués ne feraient-ils pas appel au
Conseil d'Etat? Un vote de la Cham
bre prescrivant un affichage, est-ce
une loi à laquelle un • maire doive
obéissance ? '
nOMAGESJT PRIERES
Depuis un mois nous avons reçu
beaucoup de lettres sur la catas
trophe du 4 mai', étudiée au point
de vue providentiel. Le discours
du R. P. Ollivier,. l'intervention im-
Eie et sotte du président de la Cham-
re, la belle allocution de.S. Ern. le
cardinal Perraud, les déclarations
si fermes et si calmes de S. Em. le
cardinal Richard, l'éloquente pro
testation de M. de Mun et les
polémiques de la presse ont été
dans ces lettres l'objet de com-.
mentaires variés, quelques-uns très
élevés et très forts. Nous en avons
formé tout un dossier avec l'inten
tion d'en publier quelques pièces.
Nous y renonçons et nos corres
pondants nous le pardonneront.
Au total, ce qu'il fallait établir a
été suffisamment établi. Y revenir,
même pour montrer, avec de plus
amples développements et des
aperçus nouveaux, la grandeur de
la doctrine mise en cause, serait
s'exposer à raviver de regretta
bles polémiques. Nous trouvons
mieux de donner pour conclusion à
ce débat une lèttre adressée de
Rome par S. Em. le cardinal Per
raud à MM. les vicaires généraux
d'Autun. Cette, lettre a été jointe
comme appendice à l'allocution pro
noncée le'll mai à Saint-Louis des
Français par l'éminent prince de
l'Eglise et forme avec elle une belle
brochure imprimée à Rome même
et envoyée par Son Eminence aux
familles des victimes de l'incendie.
Après avoir rappelé son allocu
tion du 11 mai, Mgr d'Autun dit que
lé lendemain, étant chez les reli
gieuses de Notre-Dame du Cé
nacle, il fut sollicité de prendre de
nouveau 1a parole, ,
Je ne pouvais pas répéter, ajoute-t-il,
ce que j'avais dit la veille à Saint-Louis,
Mais Dieu me suggéra une pensée que je
développai pendant quelques minutes et
qui fut accueillie avec empressement par
la pieuse assistance,
La voici ; <
« Nous avons beaucoup prié et nou»
« v prio»s encore beaucoup pour ceux et
« pour celles qu'une épouvantable oatasr
« trophe a fait périr dans la soirée du
y 4 mai. Mais c'est aussi pour nous un
« devoir de fraternité chrétienne de prier
« beaucoup pour les parents qui ' survi
nt vent à ces pauvpes morts,
« Ï1 ne faut pas nous le dissimuler. Un
« accident aussi tragique, et les aacrifi-
<1 ces sanglants qu'il a imposés à un
« grand nombre de familles, sont de na-
« ture à susciter de redoutables tenta-
« tions contre la foi, contre l'espérance,
« contre Ut confiance ep Dieu. Nous sa-
« yons par nos Ecritures ce qui se passa
« pour Jqb et pour Tofeie, lorsqu'ils furent
«t frappés de la façon la plus rigoureuse,
« ,et en apparence la plus contraire à la
justice, au milieu même des œuvres de
miséricordf et de religion dor^t ils s'ae-
quittaient ayec tant de zèle et de cha
rité. Au lieu de les incliner par leurs
paroles à la résignation et à la soumis-
« gion, leurs amis et leurs proches (es
fc provoquèrent ouvertement à murmu-
« fer, £*' se révolter, à blasphémer (1).
fi Ces saipts personnage résistèrent gé-
f,éreqii!ement àees détestables conseils.
« Il pst inutile de rappeler en quels
termes ils exprimèrent leur puissance
la plus filiale ay^f mystérieuses dispen-
sàtions de la Providence.
« N'est-il pas très vraisemblable que
l'esprit de ténèbres, de doute, de né
gation essaiera d§ tirer parti de cette
J}orrib}e catastrophe, et de la douleur
aiguë de ceux qui pleurent pour leur
suggérer des pensées de révolte ? "
« C'est au secours de ces âmes trou
blées que je demande à tous les vrais
chrétiens de se porter i^vep moi. Il
# nous e$t impossible d'aller, trouver
« chacune de ces familles en deuil popr
nous acquitter envers elleg de ce fra-
^erpel ministère de compassion et de
consolation qui est si fort recommandé
par l'apôtre saint Paul aux disciples
de l'Evangile (2). Mais ce qyç nous ne
pouvons pfTec|;uer nous-mêmes direc- ;
ment, nous pouvons, nous devons
chercher à le faire par l'gspyit dé
Dieu, ' |
'« Ne s'appelle-t-il pas « l'Esprit con
solateur », Consolator opfime? N'est-ce
pas à lai qu'il appartient d'agir intime
ment sur ces cœurs déchirés, ulcérés
(1) Tobie, II, 46. — Job,II, 9. 3
(2) Epitre aux Gorinhiens, ch.
« et en même temps peut-être, agités di«
« furieuses tempêtes contre la foi et
« contre l'espérance ? Et comment les
« consoler d'une manière très efficace, si-
« non précisément en leur donnant,
« comme le dit une belle prière de notre
« liturgie (3), un accroissement de foi,
« d'espérance, de charité, qui les armera
« contre les assauts du démon, et leur
« communiquera la force de monter jus-
« qu'à cette région sereine et pacifique
« où, sans comprendre les incompréhen-
« sibles desseins de Dieu, l'âme la plus
« affligée peut pratiquer une confiance
« toute filiale, et avoir le mérite héroïque
« de répéter la profession de foi dont
« l'Esprit de Dieu lui-même a dicté la
« formule : « O Père, c'est votre Provi-
« vidence qui gouverne toutes cho-
« ses (4). ».
Comme conclusion pratique de ces
très simples réflexions, j'ai: demandé aux:
religieuses de la. Retraite, vouées au 1
Saint-Esprit par leur titre de Notre-Dame
du Cénacle, de commencer immédiate
ment une croisade de prières à l'inten
tion spéciale d'assister les parents des.
victimes. I
Nous nous sommes tous engagés à ré-;
citer pour eux chstqye jour, jusqu'au sa -j
-medi.de Toctave de la Pentecôte inclu-i
sivement, le Veni Creator^ . !
J'ai l'intime et douce confiance que!
mon appel retentira bien au delà desi
limites de la chapelle romaine où je le!
faisais entendre mercredi dernier. Con -j
tribuer à consoler les survivants du ter -i
rible désastre, ce sera du même coup,!
attirer sur eux, sur tant de pauvres or-,
phelîns, sur les chers morts eux-mê-j
mes, une très abondante effusion de;
grâces de Celui en qui, ne l'oublions pas,;
surtout à cette heure d'immense désola
tion, « la miséricorde surpasse la Vus-:
tice ».
Je vous renouvelle, mes ch.ers vicaires-
généraux, l'assurance bien cordiale des
mon affectueux dévouement en Notre-i
Seigneur.
•f- Adolphe-Louis-Albert Card.j
Pebraud,
évêque d'Autun,
Outre les lettres doctrinales dont?
nous venons de parler, nous avons
reçu des appels chaleureux, indi
quant les œuvres de charité et de
prière qu'il conviendrait d'établir,
afin d'honorer la mémoire des fem
mes chrétiennes mortes ce jour-là
d'une mort si terrible, en faisant le 1
bien.
Le comité des œuvres et particu
lièrement la commission instituée à
l'archevêché de Paris, étant à très
bon droit saisis de semblables pro
jets, on comprendra que, sur ces
points aussi, nous renoncions à
intervenir. Nous serons toujours
prêts si le concours de la presse
est demandé,
' E. V.
Çà et là
TROP DE MUSIQUE
La musique est une belle chose, mais
il en est d'elle comme de beaucoup d'au
tres belles choses, pas trop n'en faut. Et
l'on ne saurait nier que si la mesure est
utile en tout, en musique elle est indis
pensable.
Or, dans certaines églises et chapelles,
paroissiales ou non, la dose musicale
excède toute proportion; et, par mal
heur, la qualité ne rachète pas toujours
la quantité.
Je pourrais citer telle chapelle de com
munauté où le salut, par le luxe de l'é
clairage, de l'ornementation, de la mise
en scène, par le caractère des morceaux
de chant et d'orchestre, par la virtuosité
des artistes, enivre les yeux, les oreilles
et les cœurs à l'égal des concerts secon
daires les plus courus. Cette ivresse est-
elle vraiment religieuse ? Participe-t -elle
de l'extase ?• Elève-t-elle'^les âmesi vers
le Dieu de l'Eucharistie qui, vivant et
présent dans le rayonnement de l'Osten
soir au milieu des elartés et des fleurs,
préside à cette prière sainte entre toutes
qu'on appelle le salut du Saint-Sacre
ment? Je voudrais l'espérer, mais je
p'ose l'affirmer, et même je me demande
si, au lieu d'attirer à Jésus les cœurs des
fidèles, elle ne contribue pas plutôt à les
en détourner ?
A vr^i dire, le recueillement ne com
mence qu'à la bénédiction qui termine la
cérémonie, et qui tombe de l'autel sur les
fronts inclipéS) sans autre accompagne
ment que le son argentin d'une pauvre
petite clochette. Comme ce silence de
Jésus bénissapt repose délicieusement
tfu tapage harmonieux et prolongé des ins
truments et des voix profanes ! Et quelle
leçap d'humilité dans cet anéantisse-
mept du Verbe de Dieu, qui se cache
dans l'hostie et instruit en se taisant !
Cependant, pour ne riep exagérer, les -|
chants avec ou sapa orgue, qui précèdent
toujours la bénédiction du Saint-Sacre
ment, touchent les âmea AU lieu de les
dissiper, quapd ils sont conformes aux
règles et aux convenances liturgiques.
Et j'avoue que je me sens très douce
ment ému lorsque, dans certaine chapelle
4e moines, d 'une nudité voulue qui ne
manque ai d® grandeur ni d'art, j'en
tends «hanter les hymnes et lés motçta
du Saint-Sacrement par un bon religieux,
à la voix pénétrante, que les assistants
accompagnent parfois ep chesur, comme
dans une église de campagne. Là on prie
en, chantant, et l'op chante en priant. Les'
grâçes sont abondantes et les frais pres
que nuls; grapd avantage pour les moi
nes, les assistants et les pauvres.
Certes, s'il est une dévotion populaire,
touchante, qui appelle la simplicité, c'est
(S) Domine, c?a nobîst augmentum fldei
spei et ebaritatis (Collecte du i3° dimanche
après la Pentecôte).
. (4) Sagesse, XIV, 3,
celle du mois de Marie, répandue dans le.
monde entier, et très suivie dans toutes
les églises de Paris. Pendant les trente
premiers jours de ce mois de la Vierge
mère, qui est aussi le mois des fleurs.et
celui des premières communions, les
exercices sont célébrés chaque soir, dans
les paroisses même les plusriches,par des
cantiques sans prétention, des instruc
tions familières, et terminés par un salut
court et pieux devant une assistance re
cueillie.
Mais, pour la clôture de ce mois béni,
il arrive trop souvent, dans les quartiers
de l'élégance, des théâtres, de la dévo
tion brillante et superficielle, que l'air du
dehors envahisse le sanctuaire, et que la
dernière soirée du mois de Marie prenne
une ressemblance fâcheuse avec les fêtes
profanes qui l'avoisinent. Sous la profu
sion des fleurs, des illuminations, des dé
corations magnifiques, l'autel semble
disparaître ; le Créateur est comme en
seveli sous l'accumulation de ses plus
charmantes créatures, et la Vierge mère
elle-même, dont on célèbre la gloire,
n'est plus que vaguement présente à l'es
prit et au cœur de ses enfants dis»
traits.
« J'ai passé hier soir une heure au
théâtre, me disait un jeune homme, chré
tien aimable et pieux, qui d'ordinaire ne
fréquente point les spectacles. — A quel
théâtre? — Dans ma paroisse, à la clô
ture du mois de Marie. »
Et il me fit de cette solennité reli
gieuse, de l'aspect éblouissant de la salle
(pardon, de l'église), de l'encombrement
et de l'attitude des fidèles forcément
changés éri spectateurs, des accents dra
matiques de la musique à grand orches
tre, des violons et des violoncelles, des
ténors et des barytons, une description à
la fois ironique et attristée qui ne justi
fiait que trop lç mot cruel dont il s'était
servi,
« Je vous avoue, ajouta-t-il, que j'ai
remporté de cette soirée où j'étais venu
pour-prier et m'édifier, un sentiment de
profonde tristesse, et que sans accuser
les intentions des pieux organisateurs de
cette cérémonie; j'ai regretté vivement
cette façon de rendre gloire à Notre-Sei-
gneur Jésus-Christ et d'honorer la Vierge
sainte, mère d'un Dieu crucifié. »
À ces réflexions dont je ne puis mécon
naître la justesse, j'oserai en ajouter une
autre, un peu indiscrète peut-être, sous
la forme d'un vœu. Ne serait-il pas op
portun, au point de vue religieux, moral
et même financier, de ne pas laisser à
MM. les organistes et maîtres de cha-.
pelle une trop grande part dans l'organi
sation des cérémonies du culte? Il sont
dans leur rôle en donnant à la musique
dont ils sont les représentants très juste
ment honorés le plus d'importance et de
développement possible. Mais le curé,
ohef et directeur de la paroisse, est dans
le sien en mesurant à chacun sa part, en
exerçant sur tous les points son contrôle
nécessaire et en ne permettant point que,,
par une pente fatale, on puisse arriver
aux résultats, très exceptionnels d'ail- ,
leurs, que nous venons d'indiquer et de
critiquer,
A. de S égur.
, : * —
LES AFFAIRES D'ORIENT
Il paraît que les négociations pour
là paix se poursuivent régulière
ment à Constantinople entre la Su
blime Porte et les ambassadeurs
des grandes puissances, mais on ne
sait rien de plus. S'il faut ! 's'en-rap-
f>orter à quelques maigres indices,
a Turquie serait parvenue à -impo
ser comme point de départ des
pourparlers les premières et exor
bitantes conditions que l'on connaît,
ce qui lui donne du champ dans la
discussion et ce qui lui permet de
gagner du temps ; le temps, en ' ef-~
fet, travaille pour elle.
Malgré ces obscurités et ces
lenteurs, les nouvellistes officieux
prétendent. que tout va pour- le
mieux : que la Crète as calme, que
les Grecs d'Athènes s'assagissent,—
ce qui est tout à Fait désirable dans
leur intérêt — enfin, que les Turcs
sont disposés à se montrer mo
dérés dans leurs exigences ét con
ciliants autant qu'on le peut sou
haiter.
Dieu veuille que ces informa
tions optimistes soient confir
mées ! Pour nous; l'allure des
négociations ne nous rassure qu'à
moitié, et puis, nous ne pouvons
pas perdre de vue cette grosse
question des réformes générales
dans l'Empire ottoman qui devra
avoir son tour, et qui ne saurait
être éludée sans un grand détri
ment pour l'honneur et 1q prestige
de l'Europe chrétienne,
F. L.
A LA CHAMBRE
Les sociétés de secours mutuels*
Encore une loi rendue dé^nitive,
du moins à la Chambre *. on en a
terminé hier l'examen..
M. Ricard, on s'e; a souvient, de
mandait que le compte courant et
le fonds. com; mun déposés à la
Caisse des^ dépôts et consignations
puissent porter toujours intérêt à
4 1$ pour cent ; la commission con
cédait bien quelque chose, mais ce
Suelqiie chose n'était pas sufisant.
I a fallu que le ministre de l'inté
rieur appuyât' les justes réclama
tions de l'ancien garde des sceaux
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