Titre : L'Univers
Éditeur : L'Univers (Paris)
Date d'édition : 1897-04-17
Contributeur : Veuillot, Louis (1813-1883). Rédacteur
Contributeur : Veuillot, Pierre (1859-1907). Rédacteur
Contributeur : Veuillot, François (1870-1952). Rédacteur
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34520232c
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 17 avril 1897 17 avril 1897
Description : 1897/04/17 (Numéro 10682). 1897/04/17 (Numéro 10682).
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse Collection numérique : Bibliographie de la presse
Description : Collection numérique : BIPFPIG44 Collection numérique : BIPFPIG44
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k709463b
Source : Bibliothèque nationale de France
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 06/02/2011
Samedi 17 Avril 1897
Edition quotidienne. — 10 ,682
Avril 1897
ÉB1TÎ 0N QUOT IDIENNE
PARIS ÉTRANGER
ET DÉPARTEMENTS (UNION POSTALE^
Un an—..... 40 .» 51
Six mois...... 21 » 26 50.
trois mois.,,,. 11 » 14 »
Les abonnements partent des 1" et 10 de chaque moif
UN NUMÉRO 4 !!*™ 3 V"*" * 5î eeïiê< '
. { Départements....» 15. — -
. BUREAUX : Pari», rue Cassette, 1? ; •
On* 6 f aË6iinë OSômë, place du Qesù, 8 ,, ï
ijg SEMÏ-QUOTlBIENNlJ
' PARIS ETRANGER .
. " g» DÉPARTEMENTS (UNION POSTALE)
•. 20 ■». ;« . ..26," »•
Six ipois,..,.. 10 : 9 v. . ; ,|3 j» ,
Trois mois:...„ . .6 . ■»- ~ 8> 50
l>es g,ÎJonnemen8a partent des 1 er et ï& de QÎxa^ue mole.
V UNIVERS ne. répond pas des manuscrits qui lui sont adressés'j
ANNOKCES
MM. LAGRANGE» CÈRF et C>®, 6, place de la Bourse-
PARIS, 16 AVRIL 1897
SOMMAIRE '
La confiscation du-.
traitement du cler
gé , R. P. A t.
Çà et là : Une asso- <
ciatlôn de prières.. F bançoïs V euillot.
Correspondance ro
maine ***.
M. l'abbé Joseph.
Bcrsange,> ... 'Y ves - L e Q uerdéc,
Feuilleton : Bulle-, - - ■
■tin biblique.R.B. :
Bulletin., t - Les permissions militaires pas
cales.—s Furieusement établis. — Con
centration. -r- Le nôiivel évêque dé Di
gne. — Loyamté taxilienne. — Informa
tions politiques et parlementaires.
—* Madagascar. Indo-Chiné. —Daho
mey.— L'affaire-Arton.—A travers la
presse. —Chronique. — Lettres, scien
ces et arts. — Les études philosophiques.
— Les affaires d'Orient. — Dépêches de
l'étranger. — La question ouvrière. —
En province. —, Echos de partout. —
Chronique religieuse. — Nécrologie.
Guerre et marine. — Tribunaux. — Nou
velles diverses. — Calendrier. —Tableau
et bulletin de la Bourse. — Dernière
heure.
• LA. CONFISCATION
DU TRAITEMENT DU CLERGE
*0n s'accoutume à tout en France.
La confiscation du traitement du
clergé, en se répétant, finira par
pntrer dans les mœurs, comme
iant d'autres choses. La corde des
âmes est détendue, en attendant de
8e briser; les protestations devien
nent rares et faibles. On sait que
nos hommes ' d'Etat, pour justifier
leurs mesures, se réclament de
l'ancien, régime. Il faut examiner
de près cet argument qui même
comme ils le donnent ne peut les
excuser.
La saisie du temporel des ecclé
siastiques, condamnée par les papes
et les conciles, par le IV e concile de
Latran, .par Bonifice VIII, et le
.concile de Trente, était admise en
France ; elle faisait partie des liber
tés de l'Eglise gallicane et des droits
de la Couronne. Les Mémoires du
clergé citent toutes les autorités
énumérées plus haut (tome VI) ;
après quoi- ils enregistrent sans
protestation les arrêts des* rois de
France, tous contraires à cette dis
cipline (tom. VIII, XI).*Le Commen
taire de Védit de 1695 (art. XXIII)
regarde le principe comme indiscu
table. Il ne s'agit pas ici de la saisie
{)bur dettes : les S. S. canons
'admettent pour les ecclésiastiques,
mais de la saisie par voie discipli-
naire, et par ordonnance royale.
G?est un des abus de l'ancien ré
gime.
La teneur ,de . l'édit royal, qui
prescrivait cette mesure, est digne
d'attention. La saisie du temporel
était une peine; les., délits étaient
récis'és ; ils sont tous canoniques :
e défaut de résidence, la négli
gence à faire acquitter les services
et les aumônes, ou dans l'entretien
des bâtiments du bénéfice, de
l'église principalement. La peine
était appliquée par voie judiciaire,
par les cours, par les baiïlifs et sé
néchaux, à la requête des procu
reurs généraux ou de leurs substi
tuts. La saisie. ne pouvait, pas dé
passer le tiers du revenudùbénéfîce.
Cette sommé était employée à l'ac
quit^ des services et des aumônes, à
la réparation des bâtiments, àupro-
fit des pauvres et autres œuvres
ies. Avant de procéder à la saisie,
es.procureurs, baillifset sénéchaux
donnaient un avertissement aux dé
linquante et aux supérieurs ecclé
siastiques, trois mois auparavant.
£
£
i II était enjoint à tous les officiers et
. procureurs de ne procéder à cette"
^-saisie ^ qu'avec toute la retenue et
'r circonspection convenables et par
f la seule nécessité de faire observer
i les saints décrets ». Pour les arche
vêques et évêques, les cours des
i parlements seules pouvaient en con-
; naître (édit de 1695, art. XXIII).
Quand , nos modernes hommes
. d'Etat ont voulu confisquer le trai
tement du clergé, ils ont invoqué la,
. vieille jurisprudence du royaume.
Dans un débat de la Chambre des
députés qu'on peut lire à YOfficiel y
Mgr Freppel répondait au minis-
tre : Puisque vous invoquez les
abus de l'ancien régime, rendez-
nous'les avantages qui les accom
pagnaient. La çéplique était topi
que : on pouvait la détailler pour
mieux faire ressortir la différence
des temps, des hommes et des pro
cédés. Les rois de France étaient en
principe les protecteurs de l ? Eglise;
ils avaient à se proposer le bien, la
rigueur de la discipline, agissant en
cela comme « les évêques. du de
hors)?. On sait le but de ceux qui de
nos jours suivent les mêmes erre-
ments^La. saisie s'opérait par voie
judiciaire; il y avait là quelques
garanties pour les prévenus. Main
tenant on préfère la voie adminis
trative, sommaire et brutale, qui ne
laisse pas aux prévenues le. droit
d'être entendus et de se - défendre.
Les. officiers et procureurs don
naient un avertissement : préalable,
de nature à prévenir la saisie si les
délinquants en profitaient pour leur
amendement. Maintenant l'éclair ne
précède pas la foudre ; le prêtre
sait qu'il est spolié au moment où
il est frappé. Les délits étaienténu-
mérés dans l'édit royal. Maintenant
les délits se résument dans quelques
formules louches, dont le sens est
à déterminer, telles que « .faire de
la politique » ou encore « ingérence
cléricale », quand ces délits ne sont
pas les vertus même du clergé, qui
fait son devoir en prêchant l'évan
gile, en dénonçant les périls qui
menacent les âmes, en combattant
des lois , mauvaises et des ten
dances funestes. La saisie ne pou
vait pas dépasser le tiers des reve
nus du bénéfice. Maintenant c'est
le traitement intégral qui est sup
primé. Le tiers saisi était appliqué
aux besoins du bénéfice même, au
service divin,, aux hôpitaux, .aux.
écoles et séminaires, et autres
œuvres pies. Maintenant les traite
ments supprimés retombent dans
les caisses de l'Etat, et servent à. des
opérations dont nous n'avons pas' à
deviner le secret.
- En vérité;, ils ont bonne grâce
d'invoquer l'ancien régime,ceux qui
persécutent-l'Eglise de France,,en
se. cachant sous le manteau d'une
légalité , que ,1a Révolution avait
abrogée I S'ils savent l'histoire,
penser des analogies qu'ils établ
sent —probablement san3 convic
tion—entre hier et aujourd'hui ?
Quelle différence entré Louis XIV,
! chrétien malgré ses erreurs et ses
prétentions exagérées en matière
ecclésiastique* et les hommes du
jour, hommes d'un jour, oui pas
sent aux affaires pournous désoler,,
et ne laissent après eux d'autre sou-
( qu
• l'<
venir que celui des.sophismes qu'ils
ont débités et des méfaits qu'ils ont
accomplis, appuyés sur l'opinion
ignorante, toujours prête à accep
ter ce que les gouvernants lui di
sent et ce que les journaux lui répè
tent.
II fallait mettre cette question au
point. .
P. A T,
prêtre du Sacré-Cœur.
'BULLETIN
• Pendant toute la, durée du voyage
... qu'il va faire -dans l'Ouest, du 49 au
\28 avril i le pré&ident de la République
s sera accompagné par M. Barthou, mi-
: nistre de l'intérieur.
i M. Méline, président du conseil, n'ac-
: : compagnera te président de la Répu
blique qu'à. Nantes et à Saint-Nazaire ;
l'amiral Besnard^ministre de la marine,
n'ira rejoindre M. Félix-Faure que dans
i la-seconde partie du voyage, pour la vi
site de Rochefort et de la Rochelle. Enfin
M. Rimbaud, ministre de l'instruction
publique, se rendra auprès du pré
sident à la Roche-sur-Yon pour l'inau
guration du monument de Paul Bau-
? dry. ■ ' 1 *
M. André Lebon, ministre des colo
nies, a dû renoncer à accompagner le
président de la République dans ce
voyage, retenu à Paris par la maladie
d'un de ses enfants. -
Nos lecteurs trouveront plus, loin le
texte de l'arrêté abolissant la royauté
dans l'île de Madagascar, v
Les nouvelles de Siarn sont mauvai
ses : une dépêche de l' Agènce Havas an
nonce même que l'on peut redouter un
prochain soulèvement général des Cam
bodgiens établis au Siam.
— Le général Polavdeja., au, moment*,
de s'embarquer à Manille, a" adressé au
gouvernement espagnol une dépêche
dans laquelle il constate que la plupart
des provinces des Phillipines sont paci
fiées. :
Les troupes régulières poursuivent les
insurgés, qui tiennent encore la campa
gne et qu'on évalue k six mille.
Le nombre des rebelles qui, ont fait
leur soumission est, paraît-il, de vingt-
quatre mille. .
Çà et là
UNE ASSOCIATION DE PRIERES
Aujourd'hui, Vendredi-Saint, tandis
que l'Eglise en deuil accomplit les,
cérémonies douloureuses et. impo
santes qui font revivre à nos yeux le
drame du Calvaire et qui pleurent la
mort du Christ ; tandis que les fidèles, si
lencieux, viennent en foule assister aux
offices et, prosternés, baiser la Croix;
tandis que lés indifférents eux-mêmes
sont émus, se sentent envahis d'un in
conscient respect, d'une impression grave
et, sans savoir au juste pourquoi, con
forment leur conduite aux commande
ments d'une religion à laquelle ils ne
croient plus; tandis" que les ennemis
acharnés de Dieu laissent voir que ce
grand jour les trouble au fond de l'âme,
en redoublant.d'odieux etstupides blas
phèmes,— le lecteur qe sera pas surpris
que, délaissant la politique et les faits
du jour, on-l'entretienne un instant d'un
sujet de pi été.
Dans.le diocèse de Vannes; à Mauron,
bourg assez étendu, situé non loin de
Ploërmel, s'élève un couvent tenu par
les religieuses de l'Action de grâces ; de
ces religieuses, le nombre est fort petit
et ne constitue, assurément, qu'une bien
modeste communauté. Ces épouses du
Seigneur ■ verraient sans doute ' avec
beaucoup de joie des vocations surgir,
qui leur amèneraient quelques nouvelles
sœurs. Mais, si humble qu'il soit encore
aujourd'hui, ce couvent est le •centré
béni, le foyer toujours brillant et chaud
d'une œuvre grande et salutaire, étendue
au loin. Le nom de cette œuvre est
Y Association d'actions de grâces. -y
L'œuvre est inspirée d'une pensée très
juste et d'une conception excellente. Il
' s'agit de rassembler le plus grand nom
bre de chrétiens dans une vaste union
d'adorateurs, qui offriraient à Notre-Sei-
gnéur un perpétuel hommage, afin de.le
remercier, aussi dignement que la fai
blesse humaine en a lè pouvoir, de l'im
mense, ineffable bienfait qu'il nous a
donné par sa présence réelle en la très
; sainte EuchaTistie. N'est-ce pas une idée
qui dilate l'âme et qui touche le cœur?
Ces milliers de chrétiens, disséminés de^
toutes parts, chacun ne connaissant de
ses compagnons si nombreux que ce
simple fait qu'ils sont comme lui dévots
au très Saint-Sacrement, mais tous'
ayant là certitude, en l'esprit,; que leur
-prière est comme un grain d'encens dans"
un immense encensoir posé devant
l'Hostie, sacrée, d'où s'échappe inces-
i samment l'odorante fumée d'une recon
naissance et d'une adoration continuelles,
n'est-ce pas un spectacle à ravir le cœur
et l'intelligence ? ■■■■.■■■ -
Aussi, l'œuvre à peine fondée fut-elle
, accueillie, dans leurs.diocèses respectifs,
par un assez grand nombre d'évêques ;
et bientôt le Pape Pie IX se plut à l'enri
chir d'indulgences précieuses et, notam
ment, de six indulgences plénières. C'est,
pour les fidèles pieux, qu'embrase une
dévotion très ardente envers la sainte
Eucharistie, Un vif encouragement, un
: stimulant très doux et très fort, à s'unir
aux nombreux adorateurs qui se sont
groupés déjà sous la bannière de l'Asso
ciation d'actions de grâces. En ce temps,
f pour ainsi dire imprégné de divin, dans
ces heures sacrées de douleur sainte
auxquelles va succéder le grand jour de
' l'a joîe chrétienne; on nous saura gré
d'avoir signalé cette œuvre; on " nous
saura gré, nous l'espérons, d'avoir indi
qué ce moyen de plus d'offrir, en hom
mage, au Sauveur Jésus,toutes les dou
leurs qui déchirent le corps et font jeter
le crî de là souffrance et tous les chagrins
qui oppressent le cœur et font éclater les
sanglots de la peine ! Comme les perles
de rosée illuminées d'un rayon de soleil
deviennent, au regard,des diamants purs
et clairs, les pleurs sont bien beaux et
précieux, transformés en actions - de
grâces !
Et puis, n'est-il .pas consolant, encou
rageant, vivifiant, de montrer, par cet
exemple nouveau, combien se développe
aujourd'hui, redoublement d'amour qui
répond au redoublement de la haine
et de l'impiété, la dévotion au Très Saint-
Sacrement. Partout, la divine Eucharistie
est l'objet d'hommages pressants, conti
nuels. Le dernier numéro du Bulletin du
Vœu national nous apprend que plus de
mille chrétiens, pendant le mois de mars,
ont passé chacun,devant la sainte Hostie,
toujours brillante au milieu des ténèbres,
une heurè' de la nuit à prier pour la
France, en ce sanctuaire béni et privi-
lilgié de Montmartre.
Qu'en né l'oublié pas! Dans un pays
comme le nôtre, aimé, favorisé par le
Sacré-Cœur de Jésus .; lorsque le blas
phème est en quelque sorte organisé,
permanent et légal, quand le sacrilège
étend de jour en jour ses ravages odieux,
quand de tous les bas-fonds remonte, en
flots d'injures et de boue, une effroyable
haine envers Dieu, — il y a un puissant
intérêt social et patriotique à allumer,en
. plus grand nombre, autour de l'autel où
réside l'Eucharistie, des foyers plus brû
lants, plus larges et plus forts, d'amour
et de reconnaissance. : Or, un de ces
foyers, et non des "moins chauds ni des
moins brillants, jette sa douce et salu
taire flamme, au couvent de Mauron,
chez les religieuses de l'Action de
grâces!
' . François V euillot.
LES PERMISSIONS 1ILITÂIRES PASCALES
r Les journaux citent et commentent les
deux notes suivantes, qui ont figuré : au
rapportd'un des régiments de l'armée de
Paris.
Première note
MM. les commandants de compagnie
remettront au rapport du 14 avril un état
numérique des militaires de leur compagnie
appartenant à la religion isra'élite et à la
suite de l'étàt, les noms de ceux pour les-
; quels- ils demandent des permissions (10
f jours) ; le nombre de ces permissions ne doit
i en auçun cas dépasser 25 O.iO (proportion
' fixée par le général dé division).
Deuxième note :
Des permissions de quatre jours, avec dé
part le jeudi, à partir de midi, et retour lé
mardi de Pâques, avant midi; pourront être
accordées, sous la réserve de ne pas dépas
ser "25 OjO- par^ compagnie.des militaires en;
permission,-quelle , que soit la . nature des
t permissions ; : ' -
Ainsiil est donné dix jours aux soldats
juifs et quatre seulement aux catho
liques:. ;
FURIEUSÈDIEMT ÉTABLIE
Ces jours^ci on annonçait que lè colo
nel Froment, colonel du 27 e d'artillerie,
était nommé directeur à Lille. Dès le
lendemain on présentait le changement-
de situation du colonel Froment comme
une disgrâce ; on avait, disait-on, frappe
le colonel qui, par la voié du rapport,
avait fait savoir à ses soldats que, pour
les fêtes de Pâques, l'aumônier militaire
ferait des conférences spécialement des
tinées aux soldats. Voici, du reste, sa
note que nous avons donnée, mais qu'il
ne sera pas inutile de reproduire de nou
veau :
Conférences religieuses: ■— Des confé
rences religieuses pour les militaires de là
garnison de Douai seront faites par l'aumô
nier militaire, du mardi 9 mars au, samedi
13 mars, à la ohapelle de la rue. Jean-de-,
Gouy; elles commenceront à î h. 1 du
soir. Toutes facilités dévront être données
aux militaires qui désireraient y assis
ter. ' '
Cette note était la simple reproduction
de notes publiées dans des circonstances
analogues par les prédécesseurs du co
lonel Froment, parmi lesquels le colonel
Vott et le colonel Aron, qui est juif.
. ' Et cependant, c'est pour cette note,qui
n'était qu'un simple avis aux soldats, que
le colonel Froment aurait été frappé. Du.
moins, divers journaux l'ont dit: Voici
notamment l'information du Matin qui
n'est pas suspect , d'un « cléricalisme »
bien ardent : -
Le colonel Froment, du 27° régiment
d'artillerie, interrogé un matin sur les dis
positions à prendre à l'approche des fêtes
de Pâques, en faveur des soldats qui dési
rent se préparer à remplir leurs devoirs re
ligieux, répond — nous supposons du
moins que les choses ont dû se passer de
cette façon : « Qu'on se rapporte à ce que
faisait mon prédécesseur et qu'on fasse de
même; # Puis il s'en va et n'y pense plus.
L'officier compétent rédige donc un or
dre du jour prescrivant.aux commandants
de batterie ae laisser' toutes facilités aux
hommes qui désireraient assister aux con
férences de l'aumônier, "i Là-dessus, un
journal de la localité c'est Douai— dé
nonce le péril clérical (musique de M. Bour
geois).,.
L'effet est' foudroyant. Immédiatement,
sur l'ordre du ministre de la guerre, son
commandement.est enlevé au colonel Fro
ment. Cependant, comme on ne peut pas le
fusiller ni le mettre à la retraite, il faut lui
trouver un emploi. Justement, il y a à Lille
un commandant d'artillerie, le colonel Aron
qui n'attend, pour prendre sa- retraite,
que d'être nommé commandeur de la Lé
gion d'honneur. Vite il l'est, et le colonel
Froment prend sa place.
Gr, ce colonel Aron était au 27 e le. pré
décesseur du colonel Froment. Tout oomme
ce dernier, il avait-rédigé des ordres du
jour à l'occasion de Pâques, ordres du jour
que le colonel Froment n'avait fait que re
produire.
Et pendant que l'un était hommé com
mandeur de la Légion "d'honneur, l'au
tre, qui n'avait fait que l'imiter, était dis
gracié..
Notez, --- c'est important — que; si le
colonel Froment a imité le colonel Aroni le
-oolonel Aron a imité le général Saussier,
qui, lui aussi, fait accorder toutes facilités
aux soldats désireux à Pâques de remplir
leurs devoirs religieux.
De sorteral Billot ne sont pas provoquées par les
•faits, mais par la crainte qu'il a d'être soup-
çonné de cléricalisme. Si M. Bourgeois n'est
pas content I
Nous rappelons & nos lecteurs que
toute demandé de changement d'a
dresse doit être accompagnée de la
somme de cinquante centimes' en
timbres poste.
La Lanterne commence un article gro
gnon par cette phrase grognonne :
Quel rapport peut avoir la mort du Christ '
avèc l'a coutume furieusement établie de.
faire maigre > le VendredirSaint? Ce pro
blème ne fut jamais élucidé. ,
. La feuille anticléricale avoue donc que
la costume est universellement respec
tée. C'est quelque chose.
Quant au «prohlème», il faut bien
qu'il serve à exercer la sagacité des phi
losophes - et des érudits de la Lan
terne. -
Ces messieurs chercheront à le résou
dre, tout en savourant en famille leur
morue et leurs haricots ; car. les trois
quarts de ces pourfendeurs de curés,
dans leur home, à côté de leurs fillettes;
qui reviennent peut-être de l'école con-
gréganiste, • font maigre le Vendredi-,
Saint tout comme nous.
Ce sont là des inconséquences heureu
ses et « furieusement établies ».
•CONCENTRATION
M. Ranc, depuis quelque temps, bat la
grosse caisse à tour de bras en faveur de
la « concentration ». . .
C'est une opération à laquelle le séna-
teur^ppportuno-radicalo-socialophilo-clé-
ricalophobe commence à être remarqua
blement exercé.
Chaque fois que M. "Ranc enfourche
son dada— cê qui lui arrive une demi-
douzaine de fois par an -— le Journal des
Débats s'amuse à le taquiner, ce qui ne
saurait nous déplaire.
La feuille modérée cônstate, une fois de
plus, que la « concentration » de M. Ranc
n'établit pas tout à fait son pivot du côté
du « centre ». Barrières à droite, terrain
vague à gauche : voilà la tppographie du
champ de manœuvre où le sénateur sec
taire voudrait camper son armée.
Les contradicteurs ont eu la curiosité de
l'interroger, à leur tour, et de lui deman
der : «Jusqu'où ira votre concentration?
Avec qui vous concentrerez-vous? Sera-ce
même avec un socialiste, avec un collecti
viste, un révolutionnaire? —Sansdoute »,
répond M. Ranc. Et il explique ses préfé
rences. • .
Historiquement, il préfère de beaucoup
Chaumette à Robespierre. Pourquoi ? Parce
Sue Robespierre est un f. bondieusard ».
'est évidemment là pour M.Ranc la pierre,
de touche. Etes-vous « bondieusard »
comme Robespierre ou autrement, M.
Ranc sera avec n'importe qui contre vous.
C'est sur ce principe fondamental que doit
se faire la concentration.
Plus libéral, le Journal des Débats ad
met les « ralliés », et exclut tout contin
gent radical et socialiste. Cette concen
tration ne nous semble pas seulement
plus raisonnable que celle de M. Ranc.
Elle nous parait aussi plus pratique.. S
LE NOUVEL ÉVÊQUE DE DIGNE
Un ecclé'siastique des plus distin
gués nous adresse, au sujet de la
nomination de M. l'abbé Hazera à
l'évêché de Digne, la communica
tion suivante .que nous -sommes
heureux de publier et qui sera lue
avec beaucoup d'intérêt :
Quiconque a le bonheur de connaître
ce prêtre éminent, se félicitera d'un si
heureux choix et y verra une manifeste
bénédiction de Dieu sur l'Eglise de
France. Sa haute et vaste intelligence,
son savoir étendu et profond, ses remar
quables aptitudes administrativeSj ses ai
mables et fortes vertus le désignaient
depuis Longtemps pour l'épiscopat.'Trente-
deux années fécondes d'un sacerdoce
singulièrement laborieux et honoré l'ont
admirablement préparé à gouverner un
frand diocèse : Qui benepr&sunt pres-
yteri duplici honore digni habeantur,
maxime qui laborant in verbo et doc-
trina.
■ M. Hazera est né à Podensac.(Gironde),
le 31 déoembre.1837. Il entendit de bonne
heure l'appel de Dieu et il y répondit en
«ntrant au petit séminaire de Bordeaux
FEUILLETON DE L'UNIVERS
' ' DU 47 AVRIL 1897 •
BULLETIN BIBLIQUE
La mosaïque, géographique de Madaba.
Madaba, ville de là. Palestine trans
jordanienne, mentionnée pour la pre
mière fois au livre des Nombres (chap.
XXI, v. 30), sollicite en;ce moment l'at-
téntion du monde savant. La découverte,
dans une de ses anciennes églises, d'une
carte géographique en mosaïque, lui a
valu les honneurs d'une des dernières
séances de l'Institut (12 mars). Avant de
montrer le haut intérêt que présente
cette nouvelle trouvaille- archéologique,
il ne sera pas inutile, de dire quelques*
mots de la vieille cité moabite, relevée i
tout récemment de ses-ruines treize fois
séculaires, et qui prend chaque»jour un:
nouvel essort.
Madaba ou Mëdeba est située à 33°30'
dè longitude orientale et à 31?30' de lati
tude nord, sur les hauts plateaux de
Moab. Prise par Sihon .roi des Amor-
rhéens, conquise sur Sihon par les Hé
breux dans, leur marche vers la Terre
promise, Madaba connut pendant plus de
deux'mille ans toutes les vicissitudes de
la guerre. Echue en partage à la tribu de
Ruben (Josué chap. XIII, v. 15-16), elle
subit vraisemblablement et tour à tour
le joùg de Cuschan-Rischeathaîm^ roi de :
Mésopotamie (JTuges, III, 8), d'Eglon, roi :
de Moab (Juges III, 14), de Madian, d'Â- ■.
malek et des «fils 4® l'Orient» (Juges, VI,
3), et enfin , des fils d'Âmon qui « oppri-
«.mèrent. et écrasèrent les fils d'Israël
«. cette année-lâ, e"t pendant dix-huit ans
« tous' les enfants d'Israël qui étaient de
a l'autre côté du Jourdain dans le pays
« des Amorrhéens en Galaad » {Jugés,
X, 8). Au temps d'Isaié et sous le règne
d'Achaz; Madaba était àù pouvoir des ;
Moabites : « Moab est en lamentations sur
Médeba » (Isaie, XV, 2). Le premier livre
des Macchabées nous redit son, nom à
l'occasion d'un épisode sanglant de la
guerre de l'indépendance (I Macch,, IX,
31 et suiv.). Jean Hircan I er enlève cette
ville aux Syrièns : « Il prit Médeba après
« un siège de six mois et de grandes fa-
« tigues pour son armée » (Fl.'Jos. Ant.
jud. XIII, IX, 1). Quarante ans après elle
était encore au pouvoir des juifs et Hyr-
can, II prorstit, sous certaines conditions,
au roi Arétas de Pétra, de lui rendre
douze villes prises aux Arabes. La pre
mière ville.était Madaba : "Hoav S'auf.at
M^Safia, etc.
Madaba, sous la domination romaine,
ne fut pas sans quelque.importance, et,
si l'on en. juge, par les ruines qui subsis
tent, elle eut toute la luxueuse banalité
des villes de province de l'empire. Le
christianisme en fit le" siège d'un évêché.
Les. actes du concile de Chalcédoine.la
mentionnent à ce titre, et la donnent
comme une ville des Nabatëens : MéSaSa
ioXti; twv ' NaîaTaîwv. Les anciennes notices
ecclésiastiques énumèrent Madaba parmi
les évêchés suffragants de Bosradans la
province d'Arabie et le patriarcat d'An-
tioche : « Adraorum, Medaborum, etc. »
" (Mas-Latrie, Trésor de chronologie, col.
1859). Notre ville fut détachée du patriar
cat d'Antioche et dévolue au patriarcat
de Jérusalem, lorsque le concile" de C.hal-
cédoine (451) rangea sous la haute juri
diction de Juvénal les trois Palestines
(Alzog, Histoire de l'Eglise,' tom. I,
§129). -
Madaba subit au VII® siècle le triste
sort des villes chrétiennes de la Syrie,
elle fut foulée par Chôsroës', et treize
siècles l'enveloppèrent de silence et «de
ruines. « C'est seulement en i880 queles
« Azezât, tribus de Bédouins nomades du
« Kérak, attirés à la vraie foi par une
o suite de circonstances providentielles,
« quittèrent le Kérak, les schismatiques
« et les musulmans, et vinrent s'établir
« sur les grands terrains cédés au pa-
« triarcat latin de Jérusalem par Midhad
a pacha, grâce à l'iatervention du con-
* sulat français. Ils étaient en po«session
« de la vieille ville de Medeba » (R. P.
Séjourné, Revue biblique, année 1892,
pag. 617).
Les schismatiques, à leur tour, sont
venus à Madaba : on en compte un mil
lier aujourd'hui. Le patriarcat grec de
Jérusalem s'occupe avec sollicitude de
oette communauté, et, sous sa haute di
rection, l'on vient d'édifier une " église
sur les fondations d'une ancienne basili
que située au nord de la ville. Le pavage
de cette vieille basilique était formé par
une mosaïque que les travaux delà nou
velle église viennent de mettre au jour.
C'est la carte" géographique qui émeut
le monde savant, et dont nous voulons
parler ici.
• •
Cette, vénérable relique archéologique
aurait couru les plus .'sérieux dangers
sans l'intervention du Père Kléopas, bi
bliothécaire du couventgrec deJJérusalem.
« Passionné pour l'antiquité chrétienne,
« ayant fréquenté l'école d'Athènes,, il
« comprit immédiatement l'immense in«
« térêt de cette page ancienne et prit des
« mesures pour en assurer la conserva-
« tion.. Il releva avec soin les inscription*
« copia la mosaïque, et voulut.bien des-
« tiner aux lecteurs de la. Revue biblique
« lés prémices de cette découverte. Le
« regretté patriarche Gérasimos, par
« l'intermédiaire de Mgr Photios, -son
à epîtropos, m'a gracieusement autorisé
« à examiner la mosaïque. Quatre jours
« d'un travail assidu à Madaba sur la
« mosaïque intérieure, avec le concours
«■du. P.. H. Vincent, m'ont permis de
« collaborer à l'œuvre du Père Kléopas »
(R. P. Lagrange, Revue biblique, année
1897, p. 165).
Le caractère, l'importance et la date
de la mosaïque de Madaba, c'est cè que'
le R. P. Lagrange, le très docte directeur
de 'l'école biblique des Dominicains de
Saint-Etienne, à Jérusalem, a voulu in
diquer dans lè travail nécessairement un
peu sommaire, que nous venons de men
tionner, et qu'il a publié aussitôt après
sa visite à la vielle ville moabite. Nous le
suivons ici, nous perméttant dé lui sou-
mettré, modestement comme il nous sied,
une hypothèse sur le caractère propre de
la mosaïque-carte. —
L'ancienne basilique, où s'est faite la
découverte, était parfaitement orientée.
La carte en mosaïque « allait dans le
« même sens, les noms étant écrits de
« manière à être lus à mesure qu'on s'a-
« vançait. En d'autres termes, l'Orient
« était pour cette carte ce qu'est le nord
« pour les nôtres » (P. Lagrange, ubi
supr.). La carte occupait-elle toute la
longueur de l'église à ' l'intérieur, de
puis les portes d'entrée jusqu'au sanc
tuaire?.., Ce qui est incontestable, c'est
que a la partie géographique allait'du
« nord au sud dans toute . la largeur
« comme le prouvent les deux petits
« fragments 7 dont l'un touche le mur
« septentrional » (P. Lagrange, ibid.).
Deux grossières restaurations,, et qui ,
n'avaient pour but que de -combler les
lacunes faites par le temps et l'usure, au
moyen de cubes de volumes divers, et
sans aucune ; préoccupation géographi
que* ont été infligées à la précieuse mo
saïque. Nous n'avons rien à dire^du nar-
thex de l'ancienne basilique;, ni de ses
annexes du sud et du nord.
< Le R. P. Lagrange donne de notre carte
; une; description que noup lui empruntons
et où perce le légitime enthousiasme du
savant :
« Ûe l'ensemble il faut déduire nonseu-
■ lement les parties qui sont remplacées
par des carreaux ou par du ciment, mais
- encore ce qui a été restauré. Le reste est
admirable d'exécution. Le sentiment de
la nature y est si vif que les gens de Ma
daba reconnaissent facilement certains
lieux : voici le Kérak, voici le ou. Mod-
jib, etc: Le mosaïste a parfaitement
rendtx le contraste que présentent la
plaine et la montagne. La vallée du Ghor,
la plaine de Saron, le désert du Sinai sont
en blanc mat sur lequel se détachent les
inscriptions, ordinairement en noir, quel
quefois^ en rouge, lorsqu'elles ont une im
portance spécialé. Par exemple les noms
des tribus sont en grandes lettres rouges
de huit centimètres, tandis que les au
tres lettres varient dé deux et quatre cen
timètres. La montagne de Judée est en
noir, et les inscriptions se relèvent en
blanc clair, mais les croupes des colli
nes sont en couleurs variées par petites
masses qui dessinent bien les différentes
assises. Les montagnes du Sinai ne sont
pas moins rosées; et variées de couleurs
que dans certaines descriptions moder
nes. Les fleuves et la mer Morte sont
striés de bandes étroites et siûueuses.
Des poissons jaunes et blancs se jouent
dans le Jourdain : le Nil y ajoute des an
guilles. Le bleu faisant défaut, la mer
Morte a été très bien nuancée, comme
nous la voyons quand le temps est à l'o
rage : fond vert ayee des bandes noires.
Edition quotidienne. — 10 ,682
Avril 1897
ÉB1TÎ 0N QUOT IDIENNE
PARIS ÉTRANGER
ET DÉPARTEMENTS (UNION POSTALE^
Un an—..... 40 .» 51
Six mois...... 21 » 26 50.
trois mois.,,,. 11 » 14 »
Les abonnements partent des 1" et 10 de chaque moif
UN NUMÉRO 4 !!*™ 3 V"*" * 5î eeïiê< '
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' PARIS ETRANGER .
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•. 20 ■». ;« . ..26," »•
Six ipois,..,.. 10 : 9 v. . ; ,|3 j» ,
Trois mois:...„ . .6 . ■»- ~ 8> 50
l>es g,ÎJonnemen8a partent des 1 er et ï& de QÎxa^ue mole.
V UNIVERS ne. répond pas des manuscrits qui lui sont adressés'j
ANNOKCES
MM. LAGRANGE» CÈRF et C>®, 6, place de la Bourse-
PARIS, 16 AVRIL 1897
SOMMAIRE '
La confiscation du-.
traitement du cler
gé , R. P. A t.
Çà et là : Une asso- <
ciatlôn de prières.. F bançoïs V euillot.
Correspondance ro
maine ***.
M. l'abbé Joseph.
Bcrsange,> ... 'Y ves - L e Q uerdéc,
Feuilleton : Bulle-, - - ■
■tin biblique.R.B. :
Bulletin., t - Les permissions militaires pas
cales.—s Furieusement établis. — Con
centration. -r- Le nôiivel évêque dé Di
gne. — Loyamté taxilienne. — Informa
tions politiques et parlementaires.
—* Madagascar. Indo-Chiné. —Daho
mey.— L'affaire-Arton.—A travers la
presse. —Chronique. — Lettres, scien
ces et arts. — Les études philosophiques.
— Les affaires d'Orient. — Dépêches de
l'étranger. — La question ouvrière. —
En province. —, Echos de partout. —
Chronique religieuse. — Nécrologie.
Guerre et marine. — Tribunaux. — Nou
velles diverses. — Calendrier. —Tableau
et bulletin de la Bourse. — Dernière
heure.
• LA. CONFISCATION
DU TRAITEMENT DU CLERGE
*0n s'accoutume à tout en France.
La confiscation du traitement du
clergé, en se répétant, finira par
pntrer dans les mœurs, comme
iant d'autres choses. La corde des
âmes est détendue, en attendant de
8e briser; les protestations devien
nent rares et faibles. On sait que
nos hommes ' d'Etat, pour justifier
leurs mesures, se réclament de
l'ancien, régime. Il faut examiner
de près cet argument qui même
comme ils le donnent ne peut les
excuser.
La saisie du temporel des ecclé
siastiques, condamnée par les papes
et les conciles, par le IV e concile de
Latran, .par Bonifice VIII, et le
.concile de Trente, était admise en
France ; elle faisait partie des liber
tés de l'Eglise gallicane et des droits
de la Couronne. Les Mémoires du
clergé citent toutes les autorités
énumérées plus haut (tome VI) ;
après quoi- ils enregistrent sans
protestation les arrêts des* rois de
France, tous contraires à cette dis
cipline (tom. VIII, XI).*Le Commen
taire de Védit de 1695 (art. XXIII)
regarde le principe comme indiscu
table. Il ne s'agit pas ici de la saisie
{)bur dettes : les S. S. canons
'admettent pour les ecclésiastiques,
mais de la saisie par voie discipli-
naire, et par ordonnance royale.
G?est un des abus de l'ancien ré
gime.
La teneur ,de . l'édit royal, qui
prescrivait cette mesure, est digne
d'attention. La saisie du temporel
était une peine; les., délits étaient
récis'és ; ils sont tous canoniques :
e défaut de résidence, la négli
gence à faire acquitter les services
et les aumônes, ou dans l'entretien
des bâtiments du bénéfice, de
l'église principalement. La peine
était appliquée par voie judiciaire,
par les cours, par les baiïlifs et sé
néchaux, à la requête des procu
reurs généraux ou de leurs substi
tuts. La saisie. ne pouvait, pas dé
passer le tiers du revenudùbénéfîce.
Cette sommé était employée à l'ac
quit^ des services et des aumônes, à
la réparation des bâtiments, àupro-
fit des pauvres et autres œuvres
ies. Avant de procéder à la saisie,
es.procureurs, baillifset sénéchaux
donnaient un avertissement aux dé
linquante et aux supérieurs ecclé
siastiques, trois mois auparavant.
£
£
i II était enjoint à tous les officiers et
. procureurs de ne procéder à cette"
^-saisie ^ qu'avec toute la retenue et
'r circonspection convenables et par
f la seule nécessité de faire observer
i les saints décrets ». Pour les arche
vêques et évêques, les cours des
i parlements seules pouvaient en con-
; naître (édit de 1695, art. XXIII).
Quand , nos modernes hommes
. d'Etat ont voulu confisquer le trai
tement du clergé, ils ont invoqué la,
. vieille jurisprudence du royaume.
Dans un débat de la Chambre des
députés qu'on peut lire à YOfficiel y
Mgr Freppel répondait au minis-
tre : Puisque vous invoquez les
abus de l'ancien régime, rendez-
nous'les avantages qui les accom
pagnaient. La çéplique était topi
que : on pouvait la détailler pour
mieux faire ressortir la différence
des temps, des hommes et des pro
cédés. Les rois de France étaient en
principe les protecteurs de l ? Eglise;
ils avaient à se proposer le bien, la
rigueur de la discipline, agissant en
cela comme « les évêques. du de
hors)?. On sait le but de ceux qui de
nos jours suivent les mêmes erre-
ments^La. saisie s'opérait par voie
judiciaire; il y avait là quelques
garanties pour les prévenus. Main
tenant on préfère la voie adminis
trative, sommaire et brutale, qui ne
laisse pas aux prévenues le. droit
d'être entendus et de se - défendre.
Les. officiers et procureurs don
naient un avertissement : préalable,
de nature à prévenir la saisie si les
délinquants en profitaient pour leur
amendement. Maintenant l'éclair ne
précède pas la foudre ; le prêtre
sait qu'il est spolié au moment où
il est frappé. Les délits étaienténu-
mérés dans l'édit royal. Maintenant
les délits se résument dans quelques
formules louches, dont le sens est
à déterminer, telles que « .faire de
la politique » ou encore « ingérence
cléricale », quand ces délits ne sont
pas les vertus même du clergé, qui
fait son devoir en prêchant l'évan
gile, en dénonçant les périls qui
menacent les âmes, en combattant
des lois , mauvaises et des ten
dances funestes. La saisie ne pou
vait pas dépasser le tiers des reve
nus du bénéfice. Maintenant c'est
le traitement intégral qui est sup
primé. Le tiers saisi était appliqué
aux besoins du bénéfice même, au
service divin,, aux hôpitaux, .aux.
écoles et séminaires, et autres
œuvres pies. Maintenant les traite
ments supprimés retombent dans
les caisses de l'Etat, et servent à. des
opérations dont nous n'avons pas' à
deviner le secret.
- En vérité;, ils ont bonne grâce
d'invoquer l'ancien régime,ceux qui
persécutent-l'Eglise de France,,en
se. cachant sous le manteau d'une
légalité , que ,1a Révolution avait
abrogée I S'ils savent l'histoire,
penser des analogies qu'ils établ
sent —probablement san3 convic
tion—entre hier et aujourd'hui ?
Quelle différence entré Louis XIV,
! chrétien malgré ses erreurs et ses
prétentions exagérées en matière
ecclésiastique* et les hommes du
jour, hommes d'un jour, oui pas
sent aux affaires pournous désoler,,
et ne laissent après eux d'autre sou-
( qu
• l'<
venir que celui des.sophismes qu'ils
ont débités et des méfaits qu'ils ont
accomplis, appuyés sur l'opinion
ignorante, toujours prête à accep
ter ce que les gouvernants lui di
sent et ce que les journaux lui répè
tent.
II fallait mettre cette question au
point. .
P. A T,
prêtre du Sacré-Cœur.
'BULLETIN
• Pendant toute la, durée du voyage
... qu'il va faire -dans l'Ouest, du 49 au
\28 avril i le pré&ident de la République
s sera accompagné par M. Barthou, mi-
: nistre de l'intérieur.
i M. Méline, président du conseil, n'ac-
: : compagnera te président de la Répu
blique qu'à. Nantes et à Saint-Nazaire ;
l'amiral Besnard^ministre de la marine,
n'ira rejoindre M. Félix-Faure que dans
i la-seconde partie du voyage, pour la vi
site de Rochefort et de la Rochelle. Enfin
M. Rimbaud, ministre de l'instruction
publique, se rendra auprès du pré
sident à la Roche-sur-Yon pour l'inau
guration du monument de Paul Bau-
? dry. ■ ' 1 *
M. André Lebon, ministre des colo
nies, a dû renoncer à accompagner le
président de la République dans ce
voyage, retenu à Paris par la maladie
d'un de ses enfants. -
Nos lecteurs trouveront plus, loin le
texte de l'arrêté abolissant la royauté
dans l'île de Madagascar, v
Les nouvelles de Siarn sont mauvai
ses : une dépêche de l' Agènce Havas an
nonce même que l'on peut redouter un
prochain soulèvement général des Cam
bodgiens établis au Siam.
— Le général Polavdeja., au, moment*,
de s'embarquer à Manille, a" adressé au
gouvernement espagnol une dépêche
dans laquelle il constate que la plupart
des provinces des Phillipines sont paci
fiées. :
Les troupes régulières poursuivent les
insurgés, qui tiennent encore la campa
gne et qu'on évalue k six mille.
Le nombre des rebelles qui, ont fait
leur soumission est, paraît-il, de vingt-
quatre mille. .
Çà et là
UNE ASSOCIATION DE PRIERES
Aujourd'hui, Vendredi-Saint, tandis
que l'Eglise en deuil accomplit les,
cérémonies douloureuses et. impo
santes qui font revivre à nos yeux le
drame du Calvaire et qui pleurent la
mort du Christ ; tandis que les fidèles, si
lencieux, viennent en foule assister aux
offices et, prosternés, baiser la Croix;
tandis que lés indifférents eux-mêmes
sont émus, se sentent envahis d'un in
conscient respect, d'une impression grave
et, sans savoir au juste pourquoi, con
forment leur conduite aux commande
ments d'une religion à laquelle ils ne
croient plus; tandis" que les ennemis
acharnés de Dieu laissent voir que ce
grand jour les trouble au fond de l'âme,
en redoublant.d'odieux etstupides blas
phèmes,— le lecteur qe sera pas surpris
que, délaissant la politique et les faits
du jour, on-l'entretienne un instant d'un
sujet de pi été.
Dans.le diocèse de Vannes; à Mauron,
bourg assez étendu, situé non loin de
Ploërmel, s'élève un couvent tenu par
les religieuses de l'Action de grâces ; de
ces religieuses, le nombre est fort petit
et ne constitue, assurément, qu'une bien
modeste communauté. Ces épouses du
Seigneur ■ verraient sans doute ' avec
beaucoup de joie des vocations surgir,
qui leur amèneraient quelques nouvelles
sœurs. Mais, si humble qu'il soit encore
aujourd'hui, ce couvent est le •centré
béni, le foyer toujours brillant et chaud
d'une œuvre grande et salutaire, étendue
au loin. Le nom de cette œuvre est
Y Association d'actions de grâces. -y
L'œuvre est inspirée d'une pensée très
juste et d'une conception excellente. Il
' s'agit de rassembler le plus grand nom
bre de chrétiens dans une vaste union
d'adorateurs, qui offriraient à Notre-Sei-
gnéur un perpétuel hommage, afin de.le
remercier, aussi dignement que la fai
blesse humaine en a lè pouvoir, de l'im
mense, ineffable bienfait qu'il nous a
donné par sa présence réelle en la très
; sainte EuchaTistie. N'est-ce pas une idée
qui dilate l'âme et qui touche le cœur?
Ces milliers de chrétiens, disséminés de^
toutes parts, chacun ne connaissant de
ses compagnons si nombreux que ce
simple fait qu'ils sont comme lui dévots
au très Saint-Sacrement, mais tous'
ayant là certitude, en l'esprit,; que leur
-prière est comme un grain d'encens dans"
un immense encensoir posé devant
l'Hostie, sacrée, d'où s'échappe inces-
i samment l'odorante fumée d'une recon
naissance et d'une adoration continuelles,
n'est-ce pas un spectacle à ravir le cœur
et l'intelligence ? ■■■■.■■■ -
Aussi, l'œuvre à peine fondée fut-elle
, accueillie, dans leurs.diocèses respectifs,
par un assez grand nombre d'évêques ;
et bientôt le Pape Pie IX se plut à l'enri
chir d'indulgences précieuses et, notam
ment, de six indulgences plénières. C'est,
pour les fidèles pieux, qu'embrase une
dévotion très ardente envers la sainte
Eucharistie, Un vif encouragement, un
: stimulant très doux et très fort, à s'unir
aux nombreux adorateurs qui se sont
groupés déjà sous la bannière de l'Asso
ciation d'actions de grâces. En ce temps,
f pour ainsi dire imprégné de divin, dans
ces heures sacrées de douleur sainte
auxquelles va succéder le grand jour de
' l'a joîe chrétienne; on nous saura gré
d'avoir signalé cette œuvre; on " nous
saura gré, nous l'espérons, d'avoir indi
qué ce moyen de plus d'offrir, en hom
mage, au Sauveur Jésus,toutes les dou
leurs qui déchirent le corps et font jeter
le crî de là souffrance et tous les chagrins
qui oppressent le cœur et font éclater les
sanglots de la peine ! Comme les perles
de rosée illuminées d'un rayon de soleil
deviennent, au regard,des diamants purs
et clairs, les pleurs sont bien beaux et
précieux, transformés en actions - de
grâces !
Et puis, n'est-il .pas consolant, encou
rageant, vivifiant, de montrer, par cet
exemple nouveau, combien se développe
aujourd'hui, redoublement d'amour qui
répond au redoublement de la haine
et de l'impiété, la dévotion au Très Saint-
Sacrement. Partout, la divine Eucharistie
est l'objet d'hommages pressants, conti
nuels. Le dernier numéro du Bulletin du
Vœu national nous apprend que plus de
mille chrétiens, pendant le mois de mars,
ont passé chacun,devant la sainte Hostie,
toujours brillante au milieu des ténèbres,
une heurè' de la nuit à prier pour la
France, en ce sanctuaire béni et privi-
lilgié de Montmartre.
Qu'en né l'oublié pas! Dans un pays
comme le nôtre, aimé, favorisé par le
Sacré-Cœur de Jésus .; lorsque le blas
phème est en quelque sorte organisé,
permanent et légal, quand le sacrilège
étend de jour en jour ses ravages odieux,
quand de tous les bas-fonds remonte, en
flots d'injures et de boue, une effroyable
haine envers Dieu, — il y a un puissant
intérêt social et patriotique à allumer,en
. plus grand nombre, autour de l'autel où
réside l'Eucharistie, des foyers plus brû
lants, plus larges et plus forts, d'amour
et de reconnaissance. : Or, un de ces
foyers, et non des "moins chauds ni des
moins brillants, jette sa douce et salu
taire flamme, au couvent de Mauron,
chez les religieuses de l'Action de
grâces!
' . François V euillot.
LES PERMISSIONS 1ILITÂIRES PASCALES
r Les journaux citent et commentent les
deux notes suivantes, qui ont figuré : au
rapportd'un des régiments de l'armée de
Paris.
Première note
MM. les commandants de compagnie
remettront au rapport du 14 avril un état
numérique des militaires de leur compagnie
appartenant à la religion isra'élite et à la
suite de l'étàt, les noms de ceux pour les-
; quels- ils demandent des permissions (10
f jours) ; le nombre de ces permissions ne doit
i en auçun cas dépasser 25 O.iO (proportion
' fixée par le général dé division).
Deuxième note :
Des permissions de quatre jours, avec dé
part le jeudi, à partir de midi, et retour lé
mardi de Pâques, avant midi; pourront être
accordées, sous la réserve de ne pas dépas
ser "25 OjO- par^ compagnie.des militaires en;
permission,-quelle , que soit la . nature des
t permissions ; : ' -
Ainsiil est donné dix jours aux soldats
juifs et quatre seulement aux catho
liques:. ;
FURIEUSÈDIEMT ÉTABLIE
Ces jours^ci on annonçait que lè colo
nel Froment, colonel du 27 e d'artillerie,
était nommé directeur à Lille. Dès le
lendemain on présentait le changement-
de situation du colonel Froment comme
une disgrâce ; on avait, disait-on, frappe
le colonel qui, par la voié du rapport,
avait fait savoir à ses soldats que, pour
les fêtes de Pâques, l'aumônier militaire
ferait des conférences spécialement des
tinées aux soldats. Voici, du reste, sa
note que nous avons donnée, mais qu'il
ne sera pas inutile de reproduire de nou
veau :
Conférences religieuses: ■— Des confé
rences religieuses pour les militaires de là
garnison de Douai seront faites par l'aumô
nier militaire, du mardi 9 mars au, samedi
13 mars, à la ohapelle de la rue. Jean-de-,
Gouy; elles commenceront à î h. 1 du
soir. Toutes facilités dévront être données
aux militaires qui désireraient y assis
ter. ' '
Cette note était la simple reproduction
de notes publiées dans des circonstances
analogues par les prédécesseurs du co
lonel Froment, parmi lesquels le colonel
Vott et le colonel Aron, qui est juif.
. ' Et cependant, c'est pour cette note,qui
n'était qu'un simple avis aux soldats, que
le colonel Froment aurait été frappé. Du.
moins, divers journaux l'ont dit: Voici
notamment l'information du Matin qui
n'est pas suspect , d'un « cléricalisme »
bien ardent : -
Le colonel Froment, du 27° régiment
d'artillerie, interrogé un matin sur les dis
positions à prendre à l'approche des fêtes
de Pâques, en faveur des soldats qui dési
rent se préparer à remplir leurs devoirs re
ligieux, répond — nous supposons du
moins que les choses ont dû se passer de
cette façon : « Qu'on se rapporte à ce que
faisait mon prédécesseur et qu'on fasse de
même; # Puis il s'en va et n'y pense plus.
L'officier compétent rédige donc un or
dre du jour prescrivant.aux commandants
de batterie ae laisser' toutes facilités aux
hommes qui désireraient assister aux con
férences de l'aumônier, "i Là-dessus, un
journal de la localité c'est Douai— dé
nonce le péril clérical (musique de M. Bour
geois).,.
L'effet est' foudroyant. Immédiatement,
sur l'ordre du ministre de la guerre, son
commandement.est enlevé au colonel Fro
ment. Cependant, comme on ne peut pas le
fusiller ni le mettre à la retraite, il faut lui
trouver un emploi. Justement, il y a à Lille
un commandant d'artillerie, le colonel Aron
qui n'attend, pour prendre sa- retraite,
que d'être nommé commandeur de la Lé
gion d'honneur. Vite il l'est, et le colonel
Froment prend sa place.
Gr, ce colonel Aron était au 27 e le. pré
décesseur du colonel Froment. Tout oomme
ce dernier, il avait-rédigé des ordres du
jour à l'occasion de Pâques, ordres du jour
que le colonel Froment n'avait fait que re
produire.
Et pendant que l'un était hommé com
mandeur de la Légion "d'honneur, l'au
tre, qui n'avait fait que l'imiter, était dis
gracié..
Notez, --- c'est important — que; si le
colonel Froment a imité le colonel Aroni le
-oolonel Aron a imité le général Saussier,
qui, lui aussi, fait accorder toutes facilités
aux soldats désireux à Pâques de remplir
leurs devoirs religieux.
De sorte
•faits, mais par la crainte qu'il a d'être soup-
çonné de cléricalisme. Si M. Bourgeois n'est
pas content I
Nous rappelons & nos lecteurs que
toute demandé de changement d'a
dresse doit être accompagnée de la
somme de cinquante centimes' en
timbres poste.
La Lanterne commence un article gro
gnon par cette phrase grognonne :
Quel rapport peut avoir la mort du Christ '
avèc l'a coutume furieusement établie de.
faire maigre > le VendredirSaint? Ce pro
blème ne fut jamais élucidé. ,
. La feuille anticléricale avoue donc que
la costume est universellement respec
tée. C'est quelque chose.
Quant au «prohlème», il faut bien
qu'il serve à exercer la sagacité des phi
losophes - et des érudits de la Lan
terne. -
Ces messieurs chercheront à le résou
dre, tout en savourant en famille leur
morue et leurs haricots ; car. les trois
quarts de ces pourfendeurs de curés,
dans leur home, à côté de leurs fillettes;
qui reviennent peut-être de l'école con-
gréganiste, • font maigre le Vendredi-,
Saint tout comme nous.
Ce sont là des inconséquences heureu
ses et « furieusement établies ».
•CONCENTRATION
M. Ranc, depuis quelque temps, bat la
grosse caisse à tour de bras en faveur de
la « concentration ». . .
C'est une opération à laquelle le séna-
teur^ppportuno-radicalo-socialophilo-clé-
ricalophobe commence à être remarqua
blement exercé.
Chaque fois que M. "Ranc enfourche
son dada— cê qui lui arrive une demi-
douzaine de fois par an -— le Journal des
Débats s'amuse à le taquiner, ce qui ne
saurait nous déplaire.
La feuille modérée cônstate, une fois de
plus, que la « concentration » de M. Ranc
n'établit pas tout à fait son pivot du côté
du « centre ». Barrières à droite, terrain
vague à gauche : voilà la tppographie du
champ de manœuvre où le sénateur sec
taire voudrait camper son armée.
Les contradicteurs ont eu la curiosité de
l'interroger, à leur tour, et de lui deman
der : «Jusqu'où ira votre concentration?
Avec qui vous concentrerez-vous? Sera-ce
même avec un socialiste, avec un collecti
viste, un révolutionnaire? —Sansdoute »,
répond M. Ranc. Et il explique ses préfé
rences. • .
Historiquement, il préfère de beaucoup
Chaumette à Robespierre. Pourquoi ? Parce
Sue Robespierre est un f. bondieusard ».
'est évidemment là pour M.Ranc la pierre,
de touche. Etes-vous « bondieusard »
comme Robespierre ou autrement, M.
Ranc sera avec n'importe qui contre vous.
C'est sur ce principe fondamental que doit
se faire la concentration.
Plus libéral, le Journal des Débats ad
met les « ralliés », et exclut tout contin
gent radical et socialiste. Cette concen
tration ne nous semble pas seulement
plus raisonnable que celle de M. Ranc.
Elle nous parait aussi plus pratique.. S
LE NOUVEL ÉVÊQUE DE DIGNE
Un ecclé'siastique des plus distin
gués nous adresse, au sujet de la
nomination de M. l'abbé Hazera à
l'évêché de Digne, la communica
tion suivante .que nous -sommes
heureux de publier et qui sera lue
avec beaucoup d'intérêt :
Quiconque a le bonheur de connaître
ce prêtre éminent, se félicitera d'un si
heureux choix et y verra une manifeste
bénédiction de Dieu sur l'Eglise de
France. Sa haute et vaste intelligence,
son savoir étendu et profond, ses remar
quables aptitudes administrativeSj ses ai
mables et fortes vertus le désignaient
depuis Longtemps pour l'épiscopat.'Trente-
deux années fécondes d'un sacerdoce
singulièrement laborieux et honoré l'ont
admirablement préparé à gouverner un
frand diocèse : Qui benepr&sunt pres-
yteri duplici honore digni habeantur,
maxime qui laborant in verbo et doc-
trina.
■ M. Hazera est né à Podensac.(Gironde),
le 31 déoembre.1837. Il entendit de bonne
heure l'appel de Dieu et il y répondit en
«ntrant au petit séminaire de Bordeaux
FEUILLETON DE L'UNIVERS
' ' DU 47 AVRIL 1897 •
BULLETIN BIBLIQUE
La mosaïque, géographique de Madaba.
Madaba, ville de là. Palestine trans
jordanienne, mentionnée pour la pre
mière fois au livre des Nombres (chap.
XXI, v. 30), sollicite en;ce moment l'at-
téntion du monde savant. La découverte,
dans une de ses anciennes églises, d'une
carte géographique en mosaïque, lui a
valu les honneurs d'une des dernières
séances de l'Institut (12 mars). Avant de
montrer le haut intérêt que présente
cette nouvelle trouvaille- archéologique,
il ne sera pas inutile, de dire quelques*
mots de la vieille cité moabite, relevée i
tout récemment de ses-ruines treize fois
séculaires, et qui prend chaque»jour un:
nouvel essort.
Madaba ou Mëdeba est située à 33°30'
dè longitude orientale et à 31?30' de lati
tude nord, sur les hauts plateaux de
Moab. Prise par Sihon .roi des Amor-
rhéens, conquise sur Sihon par les Hé
breux dans, leur marche vers la Terre
promise, Madaba connut pendant plus de
deux'mille ans toutes les vicissitudes de
la guerre. Echue en partage à la tribu de
Ruben (Josué chap. XIII, v. 15-16), elle
subit vraisemblablement et tour à tour
le joùg de Cuschan-Rischeathaîm^ roi de :
Mésopotamie (JTuges, III, 8), d'Eglon, roi :
de Moab (Juges III, 14), de Madian, d'Â- ■.
malek et des «fils 4® l'Orient» (Juges, VI,
3), et enfin , des fils d'Âmon qui « oppri-
«.mèrent. et écrasèrent les fils d'Israël
«. cette année-lâ, e"t pendant dix-huit ans
« tous' les enfants d'Israël qui étaient de
a l'autre côté du Jourdain dans le pays
« des Amorrhéens en Galaad » {Jugés,
X, 8). Au temps d'Isaié et sous le règne
d'Achaz; Madaba était àù pouvoir des ;
Moabites : « Moab est en lamentations sur
Médeba » (Isaie, XV, 2). Le premier livre
des Macchabées nous redit son, nom à
l'occasion d'un épisode sanglant de la
guerre de l'indépendance (I Macch,, IX,
31 et suiv.). Jean Hircan I er enlève cette
ville aux Syrièns : « Il prit Médeba après
« un siège de six mois et de grandes fa-
« tigues pour son armée » (Fl.'Jos. Ant.
jud. XIII, IX, 1). Quarante ans après elle
était encore au pouvoir des juifs et Hyr-
can, II prorstit, sous certaines conditions,
au roi Arétas de Pétra, de lui rendre
douze villes prises aux Arabes. La pre
mière ville.était Madaba : "Hoav S'auf.at
M^Safia, etc.
Madaba, sous la domination romaine,
ne fut pas sans quelque.importance, et,
si l'on en. juge, par les ruines qui subsis
tent, elle eut toute la luxueuse banalité
des villes de province de l'empire. Le
christianisme en fit le" siège d'un évêché.
Les. actes du concile de Chalcédoine.la
mentionnent à ce titre, et la donnent
comme une ville des Nabatëens : MéSaSa
ioXti; twv ' NaîaTaîwv. Les anciennes notices
ecclésiastiques énumèrent Madaba parmi
les évêchés suffragants de Bosradans la
province d'Arabie et le patriarcat d'An-
tioche : « Adraorum, Medaborum, etc. »
" (Mas-Latrie, Trésor de chronologie, col.
1859). Notre ville fut détachée du patriar
cat d'Antioche et dévolue au patriarcat
de Jérusalem, lorsque le concile" de C.hal-
cédoine (451) rangea sous la haute juri
diction de Juvénal les trois Palestines
(Alzog, Histoire de l'Eglise,' tom. I,
§129). -
Madaba subit au VII® siècle le triste
sort des villes chrétiennes de la Syrie,
elle fut foulée par Chôsroës', et treize
siècles l'enveloppèrent de silence et «de
ruines. « C'est seulement en i880 queles
« Azezât, tribus de Bédouins nomades du
« Kérak, attirés à la vraie foi par une
o suite de circonstances providentielles,
« quittèrent le Kérak, les schismatiques
« et les musulmans, et vinrent s'établir
« sur les grands terrains cédés au pa-
« triarcat latin de Jérusalem par Midhad
a pacha, grâce à l'iatervention du con-
* sulat français. Ils étaient en po«session
« de la vieille ville de Medeba » (R. P.
Séjourné, Revue biblique, année 1892,
pag. 617).
Les schismatiques, à leur tour, sont
venus à Madaba : on en compte un mil
lier aujourd'hui. Le patriarcat grec de
Jérusalem s'occupe avec sollicitude de
oette communauté, et, sous sa haute di
rection, l'on vient d'édifier une " église
sur les fondations d'une ancienne basili
que située au nord de la ville. Le pavage
de cette vieille basilique était formé par
une mosaïque que les travaux delà nou
velle église viennent de mettre au jour.
C'est la carte" géographique qui émeut
le monde savant, et dont nous voulons
parler ici.
• •
Cette, vénérable relique archéologique
aurait couru les plus .'sérieux dangers
sans l'intervention du Père Kléopas, bi
bliothécaire du couventgrec deJJérusalem.
« Passionné pour l'antiquité chrétienne,
« ayant fréquenté l'école d'Athènes,, il
« comprit immédiatement l'immense in«
« térêt de cette page ancienne et prit des
« mesures pour en assurer la conserva-
« tion.. Il releva avec soin les inscription*
« copia la mosaïque, et voulut.bien des-
« tiner aux lecteurs de la. Revue biblique
« lés prémices de cette découverte. Le
« regretté patriarche Gérasimos, par
« l'intermédiaire de Mgr Photios, -son
à epîtropos, m'a gracieusement autorisé
« à examiner la mosaïque. Quatre jours
« d'un travail assidu à Madaba sur la
« mosaïque intérieure, avec le concours
«■du. P.. H. Vincent, m'ont permis de
« collaborer à l'œuvre du Père Kléopas »
(R. P. Lagrange, Revue biblique, année
1897, p. 165).
Le caractère, l'importance et la date
de la mosaïque de Madaba, c'est cè que'
le R. P. Lagrange, le très docte directeur
de 'l'école biblique des Dominicains de
Saint-Etienne, à Jérusalem, a voulu in
diquer dans lè travail nécessairement un
peu sommaire, que nous venons de men
tionner, et qu'il a publié aussitôt après
sa visite à la vielle ville moabite. Nous le
suivons ici, nous perméttant dé lui sou-
mettré, modestement comme il nous sied,
une hypothèse sur le caractère propre de
la mosaïque-carte. —
L'ancienne basilique, où s'est faite la
découverte, était parfaitement orientée.
La carte en mosaïque « allait dans le
« même sens, les noms étant écrits de
« manière à être lus à mesure qu'on s'a-
« vançait. En d'autres termes, l'Orient
« était pour cette carte ce qu'est le nord
« pour les nôtres » (P. Lagrange, ubi
supr.). La carte occupait-elle toute la
longueur de l'église à ' l'intérieur, de
puis les portes d'entrée jusqu'au sanc
tuaire?.., Ce qui est incontestable, c'est
que a la partie géographique allait'du
« nord au sud dans toute . la largeur
« comme le prouvent les deux petits
« fragments 7 dont l'un touche le mur
« septentrional » (P. Lagrange, ibid.).
Deux grossières restaurations,, et qui ,
n'avaient pour but que de -combler les
lacunes faites par le temps et l'usure, au
moyen de cubes de volumes divers, et
sans aucune ; préoccupation géographi
que* ont été infligées à la précieuse mo
saïque. Nous n'avons rien à dire^du nar-
thex de l'ancienne basilique;, ni de ses
annexes du sud et du nord.
< Le R. P. Lagrange donne de notre carte
; une; description que noup lui empruntons
et où perce le légitime enthousiasme du
savant :
« Ûe l'ensemble il faut déduire nonseu-
■ lement les parties qui sont remplacées
par des carreaux ou par du ciment, mais
- encore ce qui a été restauré. Le reste est
admirable d'exécution. Le sentiment de
la nature y est si vif que les gens de Ma
daba reconnaissent facilement certains
lieux : voici le Kérak, voici le ou. Mod-
jib, etc: Le mosaïste a parfaitement
rendtx le contraste que présentent la
plaine et la montagne. La vallée du Ghor,
la plaine de Saron, le désert du Sinai sont
en blanc mat sur lequel se détachent les
inscriptions, ordinairement en noir, quel
quefois^ en rouge, lorsqu'elles ont une im
portance spécialé. Par exemple les noms
des tribus sont en grandes lettres rouges
de huit centimètres, tandis que les au
tres lettres varient dé deux et quatre cen
timètres. La montagne de Judée est en
noir, et les inscriptions se relèvent en
blanc clair, mais les croupes des colli
nes sont en couleurs variées par petites
masses qui dessinent bien les différentes
assises. Les montagnes du Sinai ne sont
pas moins rosées; et variées de couleurs
que dans certaines descriptions moder
nes. Les fleuves et la mer Morte sont
striés de bandes étroites et siûueuses.
Des poissons jaunes et blancs se jouent
dans le Jourdain : le Nil y ajoute des an
guilles. Le bleu faisant défaut, la mer
Morte a été très bien nuancée, comme
nous la voyons quand le temps est à l'o
rage : fond vert ayee des bandes noires.
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