Titre : L'Univers
Éditeur : L'Univers (Paris)
Date d'édition : 1897-04-14
Contributeur : Veuillot, Louis (1813-1883). Rédacteur
Contributeur : Veuillot, Pierre (1859-1907). Rédacteur
Contributeur : Veuillot, François (1870-1952). Rédacteur
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34520232c
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 14 avril 1897 14 avril 1897
Description : 1897/04/14 (Numéro 10679). 1897/04/14 (Numéro 10679).
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
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Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k7094606
Source : Bibliothèque nationale de France
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 06/02/2011
Mercredi 14 Avril 1897
Mercredi 14 Avril 1897
PARIS
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■ET
LE MONDE
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PARIS ÉTRANGER
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Trois mois;..,, 5 < » 6 S©
Les aDonaernanfos partent des I e » et 16 de oiague mole
L'UMVERS ne répond pas des manuscrits qui M sont adressés
ANNONCES ' ''
SâM. LÀGRANGE, CERF et'O". 6, place de la Bourss
PARIS, 13 AVRIL .1897
SOMMAIRE
Moralité comparée. Eugène Tavernier.
Affaires d'Orient... F. L.
A reculons.. ... Yves Le Querdec.
Lettres d'Angleter
re . c0ning8by.
Correspondance ro
maine ***.
Musique. G. de Boisjoslin.
Les conférences du
Luxembourg....: Edodard Alexandre
Questions ècclésias-
tiques ; ........... J. Wagker.
Bulletin. — Bourgeois et Marat.—Un ca
baret fermé. — Les Rédemptoristes* de
; Valenoe.— Les congrégations et le fisc.
— Informations, politiques et parlemen
taires. — A l'Hôtel de Ville. — L'affaire
Arton. — A travers la presse. — La
mort de M. de Jouvencel. — Chronique.
— Lettres, sciences et arts. — Les affaires
d'Orient. — Dépêches de l'étranger. —
Chronique religieuse. — Un sermon sur
• le journalisme chrétien. — Echos de par-
■ tout. — La question ouvrière. — Société
• des agriculteurs de France. — Nécro-
, logie. — Les anarchistes. — Tribunaux.
. — Nouvelles diverses. — Calendrier. —
4 Tableau et bulletin de la Bourse!.— Der
nière heure.
-MORALITÉ COMPARÉE
A proposée l'explosion de dégoût
provoquée par le développement
de l'obscénité en France, on recher
che quel est le peuple le plus moral,
c'est-à-dire le moins immoral. Voilà
un sujet qu'il n'est pas facile d'élu
cider.
Causant avec un de nos confrères,
leR.P.Gllivier s'est déclarépersuadé
qu'en fait de corruption la France
ne tient guère que le quatrième
rang. A Berlin, à Londres,à Vienne,
dit l'éloquent religieux, il y a des
excès qui ne se rencontrent pas
chez nous. A quoi M. Gaston Jolli-
vet répond que le dévergondage
Çretendu artistique déborde dans
'aris et ne se voit nulle part avec
de pareilles proportions. Nous
avons même entendu l'avis de M.
Zola,, car il faut que ce maniaque
de pornographié'disserte sur toutes
les choses auxquelles il est*absolu
ment impropre, ayant l'âme aussi
malpropre que la chair. .. . . .
DanslaconclusionduR.-P.OUivier
il v a une somme de vérité incontes
table. A Berlin et à Vienne,certaines
rués offrent constamment un aspect
horrible. C'est,en plein jour comme
le soir, la débauche vivante et en
quelque sorte régulière : la cité du
vice. Londres se vante de la pro
preté de ses rues ; mais enfin il y a
Piccadily et Leiceëter square et pas
mal d'autres endroits en comparai
son desquels nos boulevards, même
à l 'heure de la sortie des théâtres,
ont l 'air d'avoir un peu; de tenue ; et
«ur ce qui se passe dans bon nom
bre d'hôtels, on entend raconter
des histoires inimaginables. Les
gens qui connaissent New-York
n'en pensent pas beaucoup plus de
bien.
Il semble qu'un malentendu
existe entre le R. P. Ollivier et M.
Jollivet. Le premier a raison de
juger que la débauche... comment
dire?... là débauche circulante et
roulante .n'a pas en France, sur la
voie publique, l'extension que l'on
observe en pays étranger. Mais à
propos des exhibitions photogra
phiées, peintes, enluminées, le se
cond n'a pas tort de croire que
nous donnons un exemple prodi
gieux. L'éminent prédicateur nous
permettra certainement de lui sou
mettre cette observation.
« Pour ne m'en tenir qu'aux vi
sions extérieures de la rue, » dit
M. Jollivet, « c'est à coup sûr de
toutes ces villes, Paris où les obs-*
cénités de l'image se montrent le
)lus impudemment. » Près des Tui-
eries, une grande et belle voie, très
fréquentée naturellement, présente
toute une série d'étalages composés
des photographies et des peintures
les plus sensuelles. Non seulement
lea jeunes fillete né peuvent pas ne
pas les voir, niais, sur un espace de
trois ou quatre cents mètres, elles
ne peuvent pas s'y soustraire. Rien
de pareil ni d'analogue dans les
quartiers excentriques, pas même
aux alentours des cabarets « litté
raires » de Montmartre.
Les petits tableaux peints amon
celés chez les photographes sont des
reproductions dés œuvres les plus
hardies exposées dans les Salons
des dernières années. Est-cele_goût
de l'art qui inspire ces copi«s ?■ Elles
sont bâclées à bas prix par des ra-
pins ou par des spécialistes de la
camelotte, M. Zola; qui, né doutant
de rien, n'est jamais embarrassé
pour improviser un aphorisme, 1 a
décidé que l'obscénité commence où
l 'art «'arrête. Donc* d'après M. Zola
lui -même, on devrait interdire les
étalages en question. D'après la ré
glé du rôême auteur, on devrait
aussi condamner juridiquement
ses livres, ou Part, quand il n'est
pas noyé dan? l 'obscénité, apparaît
avec, un caractère enfantin. ; '
Comme ce n'est pas assez d'invo
quer le prétendu droit absolu de
l'art pour justifier les dévergonda*
r<
ges de la photographie et de la pein
ture, 4e~Prançais se flatte de valoir
mieux que les autres peuples habi
tués à dissimuler leurs vices. Il
s'imaginerait souscrire sa déchéan
ce s'il reconnaissait que : « L'hypo-
« crisie est un hommage que le vice
« rend à la vertu. »
Sans doute, là encore, la distinc
tion est nécessaire, l'hypocrisie
Îui se constate à New-Yorlt où à
lOndres n'est vraiment pas faite
pour donner de l'autorité à la
maxime de La Rochefoucauld. Toute
la matinée du dimanche les restau
rants et les bars sont fermés. Vous
frappez : on ne vous ouvre pas ;
mais un passant, un voisin, ou
même un petit avis imprimé à moi
tié dissimulé près de la porte prin
cipale, vous informe qu'une autre
entrée existe quelques pas plus
loin. Vous vous détournez, vous
suivez quelque couloir et vous pé
nétrez facilement dans le restau
rant ou d^ns le bar, qui sont pleins.
Témoin de cette .dérision, le Fran
çais se redresse et se vante d'avoir
au moins la fierté de se donner pour
ce qu'il est...
Soit... à la condition cependant
que la fierté ne soit pas un prétexte
pour s'affranchir, de toute retèmie.
Le mensonge en actes ou en paroles
est odieux assurément et même
plus qu'on nes'enréhd compte d'or
dinaire. Il y a une horreur affectée
pour l'hypocrisie qui contient une
forte dose d'hypocrisie. Tel le cri
triomphant de la drôlesse en face
de la petite bourgeoise ou de la
grande dame compromise. La drô
lesse vocifère qu'elle vaut mieux
que les autres, puisqu'elle se donne
pour ce qu'elle est, puisqu'elle est
franche. Eh bien ! non : dans ce
moment-là, elle veut justifier sa
honte, elle exploite la méchanceté et
la lâcheté du public, elle est l'hy
pocrisie en personne.
Etre orgueilleux de ses vices,
c'est pour les nations comme pour
les particuliers une fâcheuse maniè
re ae prouver la supériorité de sa
vertu. Il est vrai que les autres
peuples nous encouragent beau
coup à garder cette habitude.' Même
on peut croire qu'ils seraient déso
lés si nous nous en corrigions et si
nous cessions de leur fournir les
vilains plaisirs qu'ils nous re
prochent tant et qu'ils viennent, sa
vourer en cachette et qu'ils es
saient d'acclimater chez eux.
Eugène /TAVERNIER.
— : — : ♦ . ' V
BULLETIN
L'amiral Besnard, ministre de la ma-
rine, a de nouveau été entendu hier par
la. commission de la marine au sujet de
son projet relatif à la. réfection de la,
flotte.
Après cette audition, la. commission
s'est ajournée à la rentrée de la Cham
bre, e'est-k-dire au 18 mai.
L'instruction de l'affaire Arton con
tinue sans grands incidenth. Hier M. Le
Poittevin a entendu deux anciens dé
putés, MM. Plantem et Camille Ri
chard.
Nous publions plus loin une lettre que
M. Henry Maret adresse à ses électeurs
de l'arrondissement de Sancerre.
On annonce que la commission parle
mentaire des chemins de fer a.repoussé le
projet Coriolis tendant à rétablissement
d'une ligne à Madagascar, de Tanana-
tive à la. côte Ouest. On se rappell» les
protestations qu'avaient soulevées les
concessions, accordées ou sur le point
d'être accordées dans la grande île afri
caine, à M. de Coriolis, sujet britanni
que de Maurice.
En Orient, on ne peut guère signaler
un changement notable ; la. situation est
toujours aussi grave et le conflit aussi
imminent. Nos lecteurs trouveront d'ail-
leurs les dépêches — souvent quelque
peu contradictoires — communiquées
a ce sujet par les agences télégraphiques.
La Strassburger Post affirme que l'em
pereur et l'impératrice d'Allemagne
viendront séjourner, à Metz, au château
d'Urville, pendant la deuxième semaine
de mai.
JSn Roumanie, le ministère est cons
titué, A l'Etranger, nous donnons les
noms des membres du nouveau cabinet,
présidé par M. Stourdza.
AFFAIRES D'ORIENT '
Un des reproches les plus sé
rieux que l'on puisse adresser au
gouvernement hellénique dans la
crise présente, c'est d'avoir par son
intervention armée en Crète, et par
ses concentrations de troupes sur
les frontières de Thessalie, substi
tué dans les préoccupations de
l'Europe une question gréco-cré-
toise a la question des massacres;
d'Arménie et des réformes dans
l'empire ottoman ; ce qui était lai
vraîè question d'Orient. !
' Cette question,on allait peut-être
enfin essayer de la résoudre, car?
elle pouvait l'être pacifiquement,!
par |e concert des grandes puis
sances. - !
Mais en présence de ces tur
bulentes démarches de la Grèce,
et 4e tout un ensemble d'actes qui;
auraj.ent justifié 4® la, part de la;
Turquie une dëclaràtlon'de guerre,! j
celle-ci, au contraire, a gardé une
attitude patiente et docile ; dé
telle sorte que le gouvernement
hellénique est apparu comme un
violateur du droit' des gens et un
perturbateur de la paix générale,
tandis que le gouvernement turc,
souillé des plus abominables for
faits et portant le poids de l'ef
froyable responsabilité dont l'Eu
rope allait lui demander compte,
s'est peu à peu dégagé de cette
terrible situation par la docilité
avec laquelle il a déféré aux con
seils des puissances et s'est rési
gné à ne point répondre aux provo-
cations de la Grèce.
De cet ensemble de faits, et aussi
par l'effet du temps, il est résulté
que l'indignation universelle soule
vée par les massacres d'Arménie
s'est peu à peu émoussée, et la
quetion des réformes s'est trouvée
pour ainsi dire reléguée à l'ar-
rière-plan par la question de l'an
nexion de la Crète a la Grèce.
Il y a là, quoi qu'on dise, pour le
gouvernement hellénique une lourde
responsabilité.
Les nouvelles qui nous viennent
aujourd'hui deConstantinople nous
montrent le gouvernement ottoman
jouant le même jeu et continuant
très habilement sa politique de pa
tience et de générosité vis-à-vis de
la Grèce; il veut bien encore cette
fois considérer comme un épisode
insignifiant la violation de ses fron
tières parles bandes d'irréguliers, et
il a donné l'ordre à l'armée d'E-
dhem pacha de rester l'arme au
bras dans ses cantonnements/ Le
gouvernement turc ne quittera cette
attitude expectante qu'en cas de ré
cidive.
De tout cet imbroglio, on est
amené à conclure que, si l'on par
vient à maintenir la paix entre les
Turcs et les Grecs et à pacifier
tant bien que mal la pauvre île de
Crète, il sera beaucoup plus difficile
qu'il ne l'eût été, sans les malencon
treuses initiatives delà Grèce, d'im-
oser au gouvernement de la Porte
es réformes générales qui eussent
affranchi les populations chrétien
nes de l'empire ottoman, et ainsi
résolu, au moins dans une assez
large mesure, cette complexe et
inextricable question d'Orient.
F. L. :
BOURGEOIS ET MARAT
R
Le Voltaire, organe de M. Bour
geois, demande que la statue de
Marat soit replacée dans le parc
de Monts ouris.
Voilà une réclamation à retenir.
UN CABARET FERMÉ
A la suite de l'interpellation Bérenger,
sur la licence de la rue, de la presse, des
théâtres et des cabarets, le gouvernement
s 'est décidé à faire quelque chose.
La police a fait fermer hier le càbaret
du Pierrot Noir, dirigé par unM. Dulac.
Paris ce cabaret, dit l'arrêté, étaient in
terprétées « des chansons non visées par
la censure et ayant un caractère obs
cène ».
Les partisans des cabarets protestent
avec grand tapage contre cette mesure
qui est probablement un coup d'essai. On
voudrait intimider le gouvernement pour
l'empêcher d'aller plus loin.
Espérons plutôt que la police'n'en res
tera pas là, et qu'elle continuera coura
geusement son œuvre d'assainissement
relatif. Ce n'est pas l'ouvrage qui lui
manque, et si elle fait le quart de ce
qu'elle devrait faire, ce sera déjà bien
.beau.
A RECULONS
C'est un très curieux et très at
tristant phénomène que celui du
eu d'efficacité d'un grand nom-
re d'œuvres fondées par les ca
tholiques pour maintenir et déve
lopper en France la pratique et l'es
prit du christianisme. Des hommes,
des femmes dévoués ont fondé mille
œuvres diverses, variant, selon les
bésoins avec une ingéniosité et une
générosité également merveilleu
ses et multipliant les fondations :
crèches, asiles, ouvroirs, patrona
ges, percles, orphelinats, hôpitaux,
écoles, sociétés de bienfaisance.
Les résultats pertès ne sont pas
nuls, fijais sont cependant, çje,
l'aveu de tous ceux"qui savent, bien:
loin de ce qu'ils devraient être. Le-
rendement n'est pas proportionnel !
à la forcp dépensée. ✓
Je ne veux pas" ici entrer dans le
détail de la critique des institutions
diverses et dans l'évaluation des
résultats. D'autres l'ont fait avec
soin (1). Je n'y veus pas insister. Le
mal est reconnu et il est inutile de
dépourager ou même de cçntpistér
qui que ce soit. Ce qu'iï est plus ur
gent de faire c 'est de rechercher les
(1) Voy. en particulier :YAction du clergé,
par*** [Réforme sociale, 1895); — Les ca
tholiques français, leurs bonnes œuvres et
leurs devoirs d'état, par, *•*? (Réforme «p-
cïïle, i'Sïnars, ifr avrif 189?]. ? "
causes du mal et d'en montrer le
^remède. -
Et il ne faudrait pas d'abord
qu'on essayât de prendre le change
et qu'on vint nous dire : « Le mal
« que vous constatez, le peu de
« progrès ou le recul jnême du
« christianisme surtout dans le
« peuple, vient de l'hostilité de nos
« adversaires. Ils sont forts et nous
« sommes faibles ; ils disposent
« des ressources du budget et nous
« sommes obligés de payer deux
« fois : l'impôt d'abord pour servir
« à la guerre antichrétienne, nos
« souscriptions charitables ensuite
« pour, soutenir les œuvres chré
tiennes. Quoi d'étonnant que
« nous n'avancions pas ou même
« que nous perdions du terrain et
« en quoi sommes-nous donc res-
« ponsables ?»
Jedis que ce. serait prendre le
change de raisonner ainsi, car j'ai
voulu . parler non pas de l'ensem
ble du pays mais seulement des
enfants, adolescents ou adultes qui
dans nos crèches, nos écoles, nos
ouvroirs, nos orphelinats, nos hô
pitaux, ont constitué notre clien
tèle. C'est là jnême où nous seuls
sommes responsables que le ren
dement n'est pas proportionnel à
la force dépensée.
Si le fait est vrai,ainsi qu'il ne pa
raît guère douteux, il ne çeut venir
Sue d'une organisation défectueuse
e notre travail charitable. Quand
une machine consomme trop de
charbon pour le travail qu'elle four
nit, c'est qu'elle a un vice d'organi
sation.
Or, le vice d'organisation, de
diverses de nos œuvres je ne
l'ai nulle part vu mettre si vi
vement en .lumière que dans une
petite brochure qui porte le titre
virtÂtM A mi a l'nî r\viî » vkftîi*» /»a1- n v»4-î
même que j'ai pris pour cèt arti
cle (2). On me dit qu'elle est l'œuvre
d'un religieux contemplatif. Cela ne
m ? étonne pas. Plus près de Dieu,
les yeux moins obscurcis par les
poussières du monde, on voit sou
vent bien mieux les choses du
siècle.
Le vice d'organisation de nos œu
vres vient de ce que, voulant com-
: battre les résultats antichrétiens et
antisociaux de la révolution, nous
avons adopté une méthode révolu-
: tionnaire et antisociale. .
; Le père, la mère, l'enfant, l'ou-
' vrier;le patron, ont chacun un rôle
à remplir fixé par les lois sociales.
Les contre-coups de l'individua
lisme révolutionnaire ont enlevé le
père et la mère au foyer, l'enfant
aux parents, séparé l'ouvrier .du
i patron ; au lieu de réagir pour re
mettre les choses à l'état normal,
nous avons accepté , l'état révolu
tionnaire, nous contentant de le pal
lier par des enseignements évangé-
liques et par d'admirables dévoue
ments. Nous avons créé des crè
ches, des asiles, des ouvroirs, des
patronages, des cercles, pour gar
der les enfants, lès filles, les maris,
acceptant ainsi la désorganisation
de la famille, alors qu'il eut fallu, au
contraire faire porter nos efforts sur
la reconstitution du foyer. A mon
avis, il valait mieux permettre à dix
mères de remplir chez elles leurs
fonctions de mères que de garder à
la crèche les enfants de vingt. Le
travail dans le premier cas eût été
un travail utile; dans le second le
travail ne peut presque rien pro
duire, '
De même nous avons dépensé des
le
sommes énormes pour elever gra
tuitement des milliers d'enfants,
dispensant les parents de tout*
surveillance et de tout effort.
Avons-nous bien travaillé? Il valait
mieux, dit l'auteur de la brochure
que j'analyse, avoir beaucoup
moins d'élèves et intéresser les
parents par le sacrifice à l'éduca
tion de leurs enfants. Il y aurait
eu moins de présences sur les
banc» scolaires, plus de persévé
rance dans les ateliers, plus de vo
tes chrétiens dans les urnes.
Il y a peut-être quelque pessi
misme à juger ainsj des résultats
de toutes" nos œuvres, en particu
lier des œuvres scolaires, mais il
faut bien reconnaître que nous
n'avons vu souvent que le bien
individuel à faire, nous ayons xiè-
gligé le tyen social. Nous n'avons
vu que la souffrance localisée, né
gligeant la fonction dont le npn^
accomplissement ét^it la cause
véritable de là souffrance.
" C'est pour là même raison que
nous avons- négligé la presse. Nous
avons songé à l'aumône du ç.o.rps,
nous avons trop négligé l'aumône
faite à l'esprit. Voici un pauvre, en
haillons et "un conseiller municipal
de village tout imbu 4e préjugés.
Quel est le plus pauvre? Voici une
famille sans feu, et à côté une au-
bergé ou un café sans bon journal,
où se trouye. lp plus grand mal?
Surtout oa 'sfe trouve le mal qui a le
plus d'impqrtanee sociale, qui est
plus profond et s'étend plus loin ?...
(2) A reculons:—Réflexions fj'wn a mip'u-
blièes par un étudiant des facultés catholi- •
de Lillz. — Wli'ç. chez Berges, iïHÎ,
fOi paçes. ^ "
La GOnclusioii pratique est très
simple. Modifions notre méthode.
D'abord ne nous éparpillons pas,
concentrons-nous, comme le de
mandait récemment M. de Lappa-
rent dans un courageux article du
Correspondant {S), ne pensons pas
seulement à notre salut personnel
dans nos œuvres de charité, ne
soyons pas des égoïstes charitables,
àyons les yeux toujours fixés sur le
but social, universel, catholique,
divin. Pour cela, il n'est meme
pas nécessaire d'augmenter le chif
fre de nos souscriptions et de nos
aumônes, il suffit de savoir mieux
les répartir. Employons nos res
sources à permettre aux mères de
garder chez elles leurs enfants au
lieu de les déposer aux crèches pen
dant qu'elles s'en vont au travail;
appliquons nos ressources et notre
ingéniosité à faire aimer leur chez
eux aux jeunes gens et,aux hommes
faits, au lieu de les laisser ou même
de les attirer loin de leur foyer de
famille, travaillons à reconstituer la
famille et avec elle les vertus fami
liales.
Surtout dans nos générosités fai
sons une part à l'aumône intellec
tuelle. Abonnons deux ou trois fa
milles dans un village à un bon
journal; si nous connaissons quel-
âue bon curé qui fait ses délices
'une feuille mal équilibrée,faisons-
lui servit un abonnement à une au
tre feuille. Si quelqu'un ne connaît
pas notrë mouvement catholique
intellectuel et social, offrons-lui le
service d'un journal ou d'une revue
proportionnes à ses facultés et à
ses * besoins. Nous n'en manquons
pas.
Je suis, persuadé que trois ou
quatre abonnements ainsi continués
pendant un an ou deux et répartis
de .façon intelligente peuvent trans
former l'esprit d'un petit pays. La
bonne parole reçue d'abora avec
résistance ou difficulté finit par im
prégner l'esprit et peu à peu par
le transformer. La terre alors sera
préparée, les bonnes résolutions y
pourront germer et s'épanouir en
actes sociaux et chrétiens.
Yves Le Querdec.
;— —__
LETTRES D'ANGLETERRE
Londres, 12 avril.
Les catholiques et les Universités.
La question de la fréquentation des
Universités nationales par les catho
liques est sans contredit l'un des plus
graves problèmes qui Se soient posés à
la hiérarchie en Angleterre depuis cin
quante ans. Et l'on peut [dire, que c'était
là un des points sur lesquels les évèques
anglais étaient le plus, divisés. Le Sou
verain Pontife a dû intervenir personnel
lement pour vider cette question ; c'est
par sa volonté que sont ouvertes à la
jeunesse catholique les portes de ces
grandes institutions d'éducation civique
et politique aussi bien que scientifique et
littéraire, qui s'appellent les Universités
d'Oxford et de Cambridge et qui n'ont
cessé depuis le moyen âge de voir affluer
sous les voûtes magnifiques de leurs
halls et de leurs chapelles l'élite de la
jeunesse anglaise.
Oe n'est pas la première fois que la
question de la fréquentation des Univer
sités se pose pour les catholiques anglais.
Elle date en fait du rappel des lois péna
les, c'est-à-dire de bien avant le réta
blissement de la hiérarchie. Soit comme
vicaire apostolique, soit comme arche
vêque de Westminster, le cardinal Wise-
man avait toujours approuvé, au moins
tacitement, la présence des catholiques
dans les Universités nationalça ;• sa pen
sée était que les catholiques ne devaient
fias former qne caste à part syr le sql de
'Angleterre, mais se mêler autant que
possible à la vie sociale et politique du
pays. Aussi ne désirait-il rien tant que la
fondation d'un collège catholique à
Oxford, où la grande voix de Newman,
jadis l'idole de l'Université, pourrait à
nouveau se faire entendre, sachant bien
que toute l'A.ngleterre intellectuelle et
pensante ne manquerait pas d'accourir
aux leçons do lill'isîre professeur.
Dans les dernières années de sa vie,
toutefois, le cardinal parut se raviser. A
l'instigation de Manning, alors prévôt
dq chapitre de Wesmtinster, il convo
qua,, en 1864, une assemblée d'évêques
qui repoussa le projet de fondation de
pollèges oatholi«[ues dans les universités
d'Oxford et de Oambridgej déclarant en
même temps impossible l'établissement
d'une université purement catholique.
Dès lors il ne restait plus aux fils des fa
milles çatholiquesqu'à émigreren France
ou en Allemagne pour , compléter leurs
études, ou bien à se passer de tout en
seignement supérieur, quitte à demeurer
dans un état d'infériorité intellectuelle
vis-à-vis de leurs contemporains : il est
hien évident en effet que la fréquentation
des universités nationales sans collège
oatholique offrait des dangers considé
rables. L'assemblée des évêques, cepen
dant, n'avait pas cru devoir interdire
d'une manière absolue cette fréquenta
tion. Manning et Ward s'adressèrent
alors à< ht Propagande qui refusa de s*
prononcer plu» catégoriquement.
Lè devoir ; de la concentration, 25
mars.
Sur ces entrefaites, Wiseman mourut;
Manning. lui succéda. Le nouyjel. arche
vêque, bien qu'ayant bénéficié lui-même .
de l'éducation d'Oxford et des grandes
écoles publiques, était un adversaire ré
solu de la fréquentation des universités
nationales. Mais en même temps, il était
décidé à la fondation d'une université
confessionnelle où les catholiques d'An
gleterre pourraient venir puiser ce haut
enseignement dont ils avaient été privés
pendant si longtemps.
Cependant l'épiscopat était loin d'être
unanime sur ce point. L'évêque de Bir
mingham notamment soutenait le D r
Newman qui venait d'acheter un [ter
rain à Oxford et lançait une circulaire
Çour la construction d'un oratoire catho
lique au sein de la vieille Université.
Mais, sur les instances de Manning et de
Ward, la Propagande intervint de nou
veau et déclara cette fois, d'une manière
formelle et absolue, que les parents ca
tholiques ne sauraient, salva eonscientia,
envoyer leurs fils à Oxford.
L'approche du Concile et les événe
ments de 1870 firent abandonner mo
mentanément le projet de création d'une
université catholique. Il fut repris au
troisième synode provincial de West
minster tenu en 1873, et cette fois on put
croire que les catholiques allaient enfin
être dotés d'un établissement confession
nel d'enseignement supérieur. Et de fait
la nouvelle université ne tarda pas à être
instituée à Londres sous le titre à'Uni-
versity Collège, Kensington. Il avait été
arrêté, tout, d'abord, qu'à l'instar des uni
versités nationales, elle serait gouvernée .
par un Sénat composé de représentants à
la fois du clergé et des laïques; mais
l'archevêque de Westminster devait bien
tôt assumer la lourde tâche de diriger
seul le nouvel établissement. L'archevê
que choisit comme recteur uh certain.
Mgr 'Capel dont on sait la fin malheu
reuse. Cette nomination entraîna la ruine
du collège qui dut fermer ses portes
après deux années seulement d'existence.
Ce fut une période pénible pour les fa
milles catholiques que celle qui suivit la.
fermeture de l'Université de Kensington.
La défense de la Propagande concernant
les Universités nationales subsistait tou
jours et bon nombre de familles n'avaient
pas la fortune nécessaire pour envoyer
leurs fils étudier à l'étranger. Aussi la dé
cision du Saint-Père rapportant le décret
de la Propagande a-t-elle causé un
grand soulagement à tous et principale
ment aux familles catholiques qui appar
tiennent aux classes moyennes.
Mais ce premier pas une fois fait, il res
tait à déterminer le mode de fréquenta
tion, des Universités nationales pour les
étudiants catholiques. L'institution de
collèges particuliers au sein des villes
universitaires parut encore à juste titre
la mesure la plus propre à sauvegarder
la foi de la jeunesse catholique, comme
aussi la plus en harmonie avec la tradi
tion des Universités anglaises. Oe projet
toutefois n'a rencontré jusqu'ici que fort
peu d'adhérents. Sans doute, les catho
liques en Angleterre-sont déjà écrasés de
lourdes charges, telles que la construc
tion d'églises, d'écoles, de séminaires;
sans compter toutes les œuvres chax'i-
tables qu'ils ont chaque année à soutenir.
Il semble néanmoins qu'il y ait comme
une sorte de mauvais vouloir d« Ja part
de certains à refuser toute souscription
au « fonds universitaire », alors que dea
œuvres qu'on pourrait appeler œuvres de
luxe, telles que l'érection d'une nouvelle
cathédrale à Westmnister rencontrent un
accueil enthousiaste. Et cependant,
comme le fait remarquer avec beaucoup
de justesse un ancien professeur catho
lique, M. Augustine Watts, dans un ar
ticle paru dans la Downside Review et
cité par le Tablet du 3 avril, a les catho
liques seraient les bienvenus à Oxford et
on parlait déjà de la façon la plus ami
cale de ceux qui y étaient allés avant le
manifeste des évêques. »
Aussi y a-t-il lieu de croire qu'une
fois le premier moment d'hésitation
passé, les catholiques anglais voudront
profiter de la permission qui leur a été si
paternellement donnée.par le Souverain
Pontife et par leur évêques.
l'S scaudale dans une église
anglicane.
On sait que la restauration de la litur
gie «catholique» est un des articles essen
tiels du programme de la haute Eglise.
Ce mouvement, qui s'est beaucoup ac
centué en ces dernières années, n'a pas
r été toutefois sans rencontrer à l'origine
une opposition asse? vive de la part du
pouvoir civil. On a vu le Parlement dis
cuter gravement la question de savoir s'i
était légal ou non, pour les ministres de
l'Eglise établie, de revêtir la chasuble ou
de placer des cierges sur l'autel. Plusieurs
clergymen furent traînés en prison pour
des crimes de ce genre. Mais, comme en
dépit des amendes >.çt de la prison, le
mouvement se généralisait, le pouvoir
civil finit par se désintéresser de la ques
tion, et depuis l'acquittement de l'évêque
de Lincoln en 1892, on n'a plus entendu
parler de procès ritualistes. L'épiscopat,
cependant, est loin d'être unanime sur ce
point. Peu d'évêques osent encore porter
la mitre. L!évêque de Londres, qui ce
pendant est très high Church, en arbora
une au couronnement du tsar, mais il
crut devoir la renfermer précieusement
dans son écrin aussitôt rentré en Angle
terre,
liS question des cierges est une de
celles qui ÇQt le plus passionné le public
Mercredi 14 Avril 1897
PARIS
kt départements
Un an.. 40 »
Six mois...... 21 »
Troismois..... „ 11 »
Les abonnements" partent des l« et 16 de chaque molf
UN NUMÉRO | Paris.......... 10 cent.
( Départements..... 15 —
BUREAUX : Paris, rue Cassette, 17
On s'abonne à Rome, place du Gesù, 8 -
■ET
LE MONDE
SMTÏOK SEMÏ-QUOÏEDïEÎÎNlffi
PARIS ÉTRANGER
jgï départements {union POSTALE)
ÏJn an......... . 2© ,-26 ' »
Six mois...... 10 » 13 »
Trois mois;..,, 5 < » 6 S©
Les aDonaernanfos partent des I e » et 16 de oiague mole
L'UMVERS ne répond pas des manuscrits qui M sont adressés
ANNONCES ' ''
SâM. LÀGRANGE, CERF et'O". 6, place de la Bourss
PARIS, 13 AVRIL .1897
SOMMAIRE
Moralité comparée. Eugène Tavernier.
Affaires d'Orient... F. L.
A reculons.. ... Yves Le Querdec.
Lettres d'Angleter
re . c0ning8by.
Correspondance ro
maine ***.
Musique. G. de Boisjoslin.
Les conférences du
Luxembourg....: Edodard Alexandre
Questions ècclésias-
tiques ; ........... J. Wagker.
Bulletin. — Bourgeois et Marat.—Un ca
baret fermé. — Les Rédemptoristes* de
; Valenoe.— Les congrégations et le fisc.
— Informations, politiques et parlemen
taires. — A l'Hôtel de Ville. — L'affaire
Arton. — A travers la presse. — La
mort de M. de Jouvencel. — Chronique.
— Lettres, sciences et arts. — Les affaires
d'Orient. — Dépêches de l'étranger. —
Chronique religieuse. — Un sermon sur
• le journalisme chrétien. — Echos de par-
■ tout. — La question ouvrière. — Société
• des agriculteurs de France. — Nécro-
, logie. — Les anarchistes. — Tribunaux.
. — Nouvelles diverses. — Calendrier. —
4 Tableau et bulletin de la Bourse!.— Der
nière heure.
-MORALITÉ COMPARÉE
A proposée l'explosion de dégoût
provoquée par le développement
de l'obscénité en France, on recher
che quel est le peuple le plus moral,
c'est-à-dire le moins immoral. Voilà
un sujet qu'il n'est pas facile d'élu
cider.
Causant avec un de nos confrères,
leR.P.Gllivier s'est déclarépersuadé
qu'en fait de corruption la France
ne tient guère que le quatrième
rang. A Berlin, à Londres,à Vienne,
dit l'éloquent religieux, il y a des
excès qui ne se rencontrent pas
chez nous. A quoi M. Gaston Jolli-
vet répond que le dévergondage
Çretendu artistique déborde dans
'aris et ne se voit nulle part avec
de pareilles proportions. Nous
avons même entendu l'avis de M.
Zola,, car il faut que ce maniaque
de pornographié'disserte sur toutes
les choses auxquelles il est*absolu
ment impropre, ayant l'âme aussi
malpropre que la chair. .. . . .
DanslaconclusionduR.-P.OUivier
il v a une somme de vérité incontes
table. A Berlin et à Vienne,certaines
rués offrent constamment un aspect
horrible. C'est,en plein jour comme
le soir, la débauche vivante et en
quelque sorte régulière : la cité du
vice. Londres se vante de la pro
preté de ses rues ; mais enfin il y a
Piccadily et Leiceëter square et pas
mal d'autres endroits en comparai
son desquels nos boulevards, même
à l 'heure de la sortie des théâtres,
ont l 'air d'avoir un peu; de tenue ; et
«ur ce qui se passe dans bon nom
bre d'hôtels, on entend raconter
des histoires inimaginables. Les
gens qui connaissent New-York
n'en pensent pas beaucoup plus de
bien.
Il semble qu'un malentendu
existe entre le R. P. Ollivier et M.
Jollivet. Le premier a raison de
juger que la débauche... comment
dire?... là débauche circulante et
roulante .n'a pas en France, sur la
voie publique, l'extension que l'on
observe en pays étranger. Mais à
propos des exhibitions photogra
phiées, peintes, enluminées, le se
cond n'a pas tort de croire que
nous donnons un exemple prodi
gieux. L'éminent prédicateur nous
permettra certainement de lui sou
mettre cette observation.
« Pour ne m'en tenir qu'aux vi
sions extérieures de la rue, » dit
M. Jollivet, « c'est à coup sûr de
toutes ces villes, Paris où les obs-*
cénités de l'image se montrent le
)lus impudemment. » Près des Tui-
eries, une grande et belle voie, très
fréquentée naturellement, présente
toute une série d'étalages composés
des photographies et des peintures
les plus sensuelles. Non seulement
lea jeunes fillete né peuvent pas ne
pas les voir, niais, sur un espace de
trois ou quatre cents mètres, elles
ne peuvent pas s'y soustraire. Rien
de pareil ni d'analogue dans les
quartiers excentriques, pas même
aux alentours des cabarets « litté
raires » de Montmartre.
Les petits tableaux peints amon
celés chez les photographes sont des
reproductions dés œuvres les plus
hardies exposées dans les Salons
des dernières années. Est-cele_goût
de l'art qui inspire ces copi«s ?■ Elles
sont bâclées à bas prix par des ra-
pins ou par des spécialistes de la
camelotte, M. Zola; qui, né doutant
de rien, n'est jamais embarrassé
pour improviser un aphorisme, 1 a
décidé que l'obscénité commence où
l 'art «'arrête. Donc* d'après M. Zola
lui -même, on devrait interdire les
étalages en question. D'après la ré
glé du rôême auteur, on devrait
aussi condamner juridiquement
ses livres, ou Part, quand il n'est
pas noyé dan? l 'obscénité, apparaît
avec, un caractère enfantin. ; '
Comme ce n'est pas assez d'invo
quer le prétendu droit absolu de
l'art pour justifier les dévergonda*
r<
ges de la photographie et de la pein
ture, 4e~Prançais se flatte de valoir
mieux que les autres peuples habi
tués à dissimuler leurs vices. Il
s'imaginerait souscrire sa déchéan
ce s'il reconnaissait que : « L'hypo-
« crisie est un hommage que le vice
« rend à la vertu. »
Sans doute, là encore, la distinc
tion est nécessaire, l'hypocrisie
Îui se constate à New-Yorlt où à
lOndres n'est vraiment pas faite
pour donner de l'autorité à la
maxime de La Rochefoucauld. Toute
la matinée du dimanche les restau
rants et les bars sont fermés. Vous
frappez : on ne vous ouvre pas ;
mais un passant, un voisin, ou
même un petit avis imprimé à moi
tié dissimulé près de la porte prin
cipale, vous informe qu'une autre
entrée existe quelques pas plus
loin. Vous vous détournez, vous
suivez quelque couloir et vous pé
nétrez facilement dans le restau
rant ou d^ns le bar, qui sont pleins.
Témoin de cette .dérision, le Fran
çais se redresse et se vante d'avoir
au moins la fierté de se donner pour
ce qu'il est...
Soit... à la condition cependant
que la fierté ne soit pas un prétexte
pour s'affranchir, de toute retèmie.
Le mensonge en actes ou en paroles
est odieux assurément et même
plus qu'on nes'enréhd compte d'or
dinaire. Il y a une horreur affectée
pour l'hypocrisie qui contient une
forte dose d'hypocrisie. Tel le cri
triomphant de la drôlesse en face
de la petite bourgeoise ou de la
grande dame compromise. La drô
lesse vocifère qu'elle vaut mieux
que les autres, puisqu'elle se donne
pour ce qu'elle est, puisqu'elle est
franche. Eh bien ! non : dans ce
moment-là, elle veut justifier sa
honte, elle exploite la méchanceté et
la lâcheté du public, elle est l'hy
pocrisie en personne.
Etre orgueilleux de ses vices,
c'est pour les nations comme pour
les particuliers une fâcheuse maniè
re ae prouver la supériorité de sa
vertu. Il est vrai que les autres
peuples nous encouragent beau
coup à garder cette habitude.' Même
on peut croire qu'ils seraient déso
lés si nous nous en corrigions et si
nous cessions de leur fournir les
vilains plaisirs qu'ils nous re
prochent tant et qu'ils viennent, sa
vourer en cachette et qu'ils es
saient d'acclimater chez eux.
Eugène /TAVERNIER.
— : — : ♦ . ' V
BULLETIN
L'amiral Besnard, ministre de la ma-
rine, a de nouveau été entendu hier par
la. commission de la marine au sujet de
son projet relatif à la. réfection de la,
flotte.
Après cette audition, la. commission
s'est ajournée à la rentrée de la Cham
bre, e'est-k-dire au 18 mai.
L'instruction de l'affaire Arton con
tinue sans grands incidenth. Hier M. Le
Poittevin a entendu deux anciens dé
putés, MM. Plantem et Camille Ri
chard.
Nous publions plus loin une lettre que
M. Henry Maret adresse à ses électeurs
de l'arrondissement de Sancerre.
On annonce que la commission parle
mentaire des chemins de fer a.repoussé le
projet Coriolis tendant à rétablissement
d'une ligne à Madagascar, de Tanana-
tive à la. côte Ouest. On se rappell» les
protestations qu'avaient soulevées les
concessions, accordées ou sur le point
d'être accordées dans la grande île afri
caine, à M. de Coriolis, sujet britanni
que de Maurice.
En Orient, on ne peut guère signaler
un changement notable ; la. situation est
toujours aussi grave et le conflit aussi
imminent. Nos lecteurs trouveront d'ail-
leurs les dépêches — souvent quelque
peu contradictoires — communiquées
a ce sujet par les agences télégraphiques.
La Strassburger Post affirme que l'em
pereur et l'impératrice d'Allemagne
viendront séjourner, à Metz, au château
d'Urville, pendant la deuxième semaine
de mai.
JSn Roumanie, le ministère est cons
titué, A l'Etranger, nous donnons les
noms des membres du nouveau cabinet,
présidé par M. Stourdza.
AFFAIRES D'ORIENT '
Un des reproches les plus sé
rieux que l'on puisse adresser au
gouvernement hellénique dans la
crise présente, c'est d'avoir par son
intervention armée en Crète, et par
ses concentrations de troupes sur
les frontières de Thessalie, substi
tué dans les préoccupations de
l'Europe une question gréco-cré-
toise a la question des massacres;
d'Arménie et des réformes dans
l'empire ottoman ; ce qui était lai
vraîè question d'Orient. !
' Cette question,on allait peut-être
enfin essayer de la résoudre, car?
elle pouvait l'être pacifiquement,!
par |e concert des grandes puis
sances. - !
Mais en présence de ces tur
bulentes démarches de la Grèce,
et 4e tout un ensemble d'actes qui;
auraj.ent justifié 4® la, part de la;
Turquie une dëclaràtlon'de guerre,! j
celle-ci, au contraire, a gardé une
attitude patiente et docile ; dé
telle sorte que le gouvernement
hellénique est apparu comme un
violateur du droit' des gens et un
perturbateur de la paix générale,
tandis que le gouvernement turc,
souillé des plus abominables for
faits et portant le poids de l'ef
froyable responsabilité dont l'Eu
rope allait lui demander compte,
s'est peu à peu dégagé de cette
terrible situation par la docilité
avec laquelle il a déféré aux con
seils des puissances et s'est rési
gné à ne point répondre aux provo-
cations de la Grèce.
De cet ensemble de faits, et aussi
par l'effet du temps, il est résulté
que l'indignation universelle soule
vée par les massacres d'Arménie
s'est peu à peu émoussée, et la
quetion des réformes s'est trouvée
pour ainsi dire reléguée à l'ar-
rière-plan par la question de l'an
nexion de la Crète a la Grèce.
Il y a là, quoi qu'on dise, pour le
gouvernement hellénique une lourde
responsabilité.
Les nouvelles qui nous viennent
aujourd'hui deConstantinople nous
montrent le gouvernement ottoman
jouant le même jeu et continuant
très habilement sa politique de pa
tience et de générosité vis-à-vis de
la Grèce; il veut bien encore cette
fois considérer comme un épisode
insignifiant la violation de ses fron
tières parles bandes d'irréguliers, et
il a donné l'ordre à l'armée d'E-
dhem pacha de rester l'arme au
bras dans ses cantonnements/ Le
gouvernement turc ne quittera cette
attitude expectante qu'en cas de ré
cidive.
De tout cet imbroglio, on est
amené à conclure que, si l'on par
vient à maintenir la paix entre les
Turcs et les Grecs et à pacifier
tant bien que mal la pauvre île de
Crète, il sera beaucoup plus difficile
qu'il ne l'eût été, sans les malencon
treuses initiatives delà Grèce, d'im-
oser au gouvernement de la Porte
es réformes générales qui eussent
affranchi les populations chrétien
nes de l'empire ottoman, et ainsi
résolu, au moins dans une assez
large mesure, cette complexe et
inextricable question d'Orient.
F. L. :
BOURGEOIS ET MARAT
R
Le Voltaire, organe de M. Bour
geois, demande que la statue de
Marat soit replacée dans le parc
de Monts ouris.
Voilà une réclamation à retenir.
UN CABARET FERMÉ
A la suite de l'interpellation Bérenger,
sur la licence de la rue, de la presse, des
théâtres et des cabarets, le gouvernement
s 'est décidé à faire quelque chose.
La police a fait fermer hier le càbaret
du Pierrot Noir, dirigé par unM. Dulac.
Paris ce cabaret, dit l'arrêté, étaient in
terprétées « des chansons non visées par
la censure et ayant un caractère obs
cène ».
Les partisans des cabarets protestent
avec grand tapage contre cette mesure
qui est probablement un coup d'essai. On
voudrait intimider le gouvernement pour
l'empêcher d'aller plus loin.
Espérons plutôt que la police'n'en res
tera pas là, et qu'elle continuera coura
geusement son œuvre d'assainissement
relatif. Ce n'est pas l'ouvrage qui lui
manque, et si elle fait le quart de ce
qu'elle devrait faire, ce sera déjà bien
.beau.
A RECULONS
C'est un très curieux et très at
tristant phénomène que celui du
eu d'efficacité d'un grand nom-
re d'œuvres fondées par les ca
tholiques pour maintenir et déve
lopper en France la pratique et l'es
prit du christianisme. Des hommes,
des femmes dévoués ont fondé mille
œuvres diverses, variant, selon les
bésoins avec une ingéniosité et une
générosité également merveilleu
ses et multipliant les fondations :
crèches, asiles, ouvroirs, patrona
ges, percles, orphelinats, hôpitaux,
écoles, sociétés de bienfaisance.
Les résultats pertès ne sont pas
nuls, fijais sont cependant, çje,
l'aveu de tous ceux"qui savent, bien:
loin de ce qu'ils devraient être. Le-
rendement n'est pas proportionnel !
à la forcp dépensée. ✓
Je ne veux pas" ici entrer dans le
détail de la critique des institutions
diverses et dans l'évaluation des
résultats. D'autres l'ont fait avec
soin (1). Je n'y veus pas insister. Le
mal est reconnu et il est inutile de
dépourager ou même de cçntpistér
qui que ce soit. Ce qu'iï est plus ur
gent de faire c 'est de rechercher les
(1) Voy. en particulier :YAction du clergé,
par*** [Réforme sociale, 1895); — Les ca
tholiques français, leurs bonnes œuvres et
leurs devoirs d'état, par, *•*? (Réforme «p-
cïïle, i'Sïnars, ifr avrif 189?]. ? "
causes du mal et d'en montrer le
^remède. -
Et il ne faudrait pas d'abord
qu'on essayât de prendre le change
et qu'on vint nous dire : « Le mal
« que vous constatez, le peu de
« progrès ou le recul jnême du
« christianisme surtout dans le
« peuple, vient de l'hostilité de nos
« adversaires. Ils sont forts et nous
« sommes faibles ; ils disposent
« des ressources du budget et nous
« sommes obligés de payer deux
« fois : l'impôt d'abord pour servir
« à la guerre antichrétienne, nos
« souscriptions charitables ensuite
« pour, soutenir les œuvres chré
tiennes. Quoi d'étonnant que
« nous n'avancions pas ou même
« que nous perdions du terrain et
« en quoi sommes-nous donc res-
« ponsables ?»
Jedis que ce. serait prendre le
change de raisonner ainsi, car j'ai
voulu . parler non pas de l'ensem
ble du pays mais seulement des
enfants, adolescents ou adultes qui
dans nos crèches, nos écoles, nos
ouvroirs, nos orphelinats, nos hô
pitaux, ont constitué notre clien
tèle. C'est là jnême où nous seuls
sommes responsables que le ren
dement n'est pas proportionnel à
la force dépensée.
Si le fait est vrai,ainsi qu'il ne pa
raît guère douteux, il ne çeut venir
Sue d'une organisation défectueuse
e notre travail charitable. Quand
une machine consomme trop de
charbon pour le travail qu'elle four
nit, c'est qu'elle a un vice d'organi
sation.
Or, le vice d'organisation, de
diverses de nos œuvres je ne
l'ai nulle part vu mettre si vi
vement en .lumière que dans une
petite brochure qui porte le titre
virtÂtM A mi a l'nî r\viî » vkftîi*» /»a1- n v»4-î
même que j'ai pris pour cèt arti
cle (2). On me dit qu'elle est l'œuvre
d'un religieux contemplatif. Cela ne
m ? étonne pas. Plus près de Dieu,
les yeux moins obscurcis par les
poussières du monde, on voit sou
vent bien mieux les choses du
siècle.
Le vice d'organisation de nos œu
vres vient de ce que, voulant com-
: battre les résultats antichrétiens et
antisociaux de la révolution, nous
avons adopté une méthode révolu-
: tionnaire et antisociale. .
; Le père, la mère, l'enfant, l'ou-
' vrier;le patron, ont chacun un rôle
à remplir fixé par les lois sociales.
Les contre-coups de l'individua
lisme révolutionnaire ont enlevé le
père et la mère au foyer, l'enfant
aux parents, séparé l'ouvrier .du
i patron ; au lieu de réagir pour re
mettre les choses à l'état normal,
nous avons accepté , l'état révolu
tionnaire, nous contentant de le pal
lier par des enseignements évangé-
liques et par d'admirables dévoue
ments. Nous avons créé des crè
ches, des asiles, des ouvroirs, des
patronages, des cercles, pour gar
der les enfants, lès filles, les maris,
acceptant ainsi la désorganisation
de la famille, alors qu'il eut fallu, au
contraire faire porter nos efforts sur
la reconstitution du foyer. A mon
avis, il valait mieux permettre à dix
mères de remplir chez elles leurs
fonctions de mères que de garder à
la crèche les enfants de vingt. Le
travail dans le premier cas eût été
un travail utile; dans le second le
travail ne peut presque rien pro
duire, '
De même nous avons dépensé des
le
sommes énormes pour elever gra
tuitement des milliers d'enfants,
dispensant les parents de tout*
surveillance et de tout effort.
Avons-nous bien travaillé? Il valait
mieux, dit l'auteur de la brochure
que j'analyse, avoir beaucoup
moins d'élèves et intéresser les
parents par le sacrifice à l'éduca
tion de leurs enfants. Il y aurait
eu moins de présences sur les
banc» scolaires, plus de persévé
rance dans les ateliers, plus de vo
tes chrétiens dans les urnes.
Il y a peut-être quelque pessi
misme à juger ainsj des résultats
de toutes" nos œuvres, en particu
lier des œuvres scolaires, mais il
faut bien reconnaître que nous
n'avons vu souvent que le bien
individuel à faire, nous ayons xiè-
gligé le tyen social. Nous n'avons
vu que la souffrance localisée, né
gligeant la fonction dont le npn^
accomplissement ét^it la cause
véritable de là souffrance.
" C'est pour là même raison que
nous avons- négligé la presse. Nous
avons songé à l'aumône du ç.o.rps,
nous avons trop négligé l'aumône
faite à l'esprit. Voici un pauvre, en
haillons et "un conseiller municipal
de village tout imbu 4e préjugés.
Quel est le plus pauvre? Voici une
famille sans feu, et à côté une au-
bergé ou un café sans bon journal,
où se trouye. lp plus grand mal?
Surtout oa 'sfe trouve le mal qui a le
plus d'impqrtanee sociale, qui est
plus profond et s'étend plus loin ?...
(2) A reculons:—Réflexions fj'wn a mip'u-
blièes par un étudiant des facultés catholi- •
de Lillz. — Wli'ç. chez Berges, iïHÎ,
fOi paçes. ^ "
La GOnclusioii pratique est très
simple. Modifions notre méthode.
D'abord ne nous éparpillons pas,
concentrons-nous, comme le de
mandait récemment M. de Lappa-
rent dans un courageux article du
Correspondant {S), ne pensons pas
seulement à notre salut personnel
dans nos œuvres de charité, ne
soyons pas des égoïstes charitables,
àyons les yeux toujours fixés sur le
but social, universel, catholique,
divin. Pour cela, il n'est meme
pas nécessaire d'augmenter le chif
fre de nos souscriptions et de nos
aumônes, il suffit de savoir mieux
les répartir. Employons nos res
sources à permettre aux mères de
garder chez elles leurs enfants au
lieu de les déposer aux crèches pen
dant qu'elles s'en vont au travail;
appliquons nos ressources et notre
ingéniosité à faire aimer leur chez
eux aux jeunes gens et,aux hommes
faits, au lieu de les laisser ou même
de les attirer loin de leur foyer de
famille, travaillons à reconstituer la
famille et avec elle les vertus fami
liales.
Surtout dans nos générosités fai
sons une part à l'aumône intellec
tuelle. Abonnons deux ou trois fa
milles dans un village à un bon
journal; si nous connaissons quel-
âue bon curé qui fait ses délices
'une feuille mal équilibrée,faisons-
lui servit un abonnement à une au
tre feuille. Si quelqu'un ne connaît
pas notrë mouvement catholique
intellectuel et social, offrons-lui le
service d'un journal ou d'une revue
proportionnes à ses facultés et à
ses * besoins. Nous n'en manquons
pas.
Je suis, persuadé que trois ou
quatre abonnements ainsi continués
pendant un an ou deux et répartis
de .façon intelligente peuvent trans
former l'esprit d'un petit pays. La
bonne parole reçue d'abora avec
résistance ou difficulté finit par im
prégner l'esprit et peu à peu par
le transformer. La terre alors sera
préparée, les bonnes résolutions y
pourront germer et s'épanouir en
actes sociaux et chrétiens.
Yves Le Querdec.
;— —__
LETTRES D'ANGLETERRE
Londres, 12 avril.
Les catholiques et les Universités.
La question de la fréquentation des
Universités nationales par les catho
liques est sans contredit l'un des plus
graves problèmes qui Se soient posés à
la hiérarchie en Angleterre depuis cin
quante ans. Et l'on peut [dire, que c'était
là un des points sur lesquels les évèques
anglais étaient le plus, divisés. Le Sou
verain Pontife a dû intervenir personnel
lement pour vider cette question ; c'est
par sa volonté que sont ouvertes à la
jeunesse catholique les portes de ces
grandes institutions d'éducation civique
et politique aussi bien que scientifique et
littéraire, qui s'appellent les Universités
d'Oxford et de Cambridge et qui n'ont
cessé depuis le moyen âge de voir affluer
sous les voûtes magnifiques de leurs
halls et de leurs chapelles l'élite de la
jeunesse anglaise.
Oe n'est pas la première fois que la
question de la fréquentation des Univer
sités se pose pour les catholiques anglais.
Elle date en fait du rappel des lois péna
les, c'est-à-dire de bien avant le réta
blissement de la hiérarchie. Soit comme
vicaire apostolique, soit comme arche
vêque de Westminster, le cardinal Wise-
man avait toujours approuvé, au moins
tacitement, la présence des catholiques
dans les Universités nationalça ;• sa pen
sée était que les catholiques ne devaient
fias former qne caste à part syr le sql de
'Angleterre, mais se mêler autant que
possible à la vie sociale et politique du
pays. Aussi ne désirait-il rien tant que la
fondation d'un collège catholique à
Oxford, où la grande voix de Newman,
jadis l'idole de l'Université, pourrait à
nouveau se faire entendre, sachant bien
que toute l'A.ngleterre intellectuelle et
pensante ne manquerait pas d'accourir
aux leçons do lill'isîre professeur.
Dans les dernières années de sa vie,
toutefois, le cardinal parut se raviser. A
l'instigation de Manning, alors prévôt
dq chapitre de Wesmtinster, il convo
qua,, en 1864, une assemblée d'évêques
qui repoussa le projet de fondation de
pollèges oatholi«[ues dans les universités
d'Oxford et de Oambridgej déclarant en
même temps impossible l'établissement
d'une université purement catholique.
Dès lors il ne restait plus aux fils des fa
milles çatholiquesqu'à émigreren France
ou en Allemagne pour , compléter leurs
études, ou bien à se passer de tout en
seignement supérieur, quitte à demeurer
dans un état d'infériorité intellectuelle
vis-à-vis de leurs contemporains : il est
hien évident en effet que la fréquentation
des universités nationales sans collège
oatholique offrait des dangers considé
rables. L'assemblée des évêques, cepen
dant, n'avait pas cru devoir interdire
d'une manière absolue cette fréquenta
tion. Manning et Ward s'adressèrent
alors à< ht Propagande qui refusa de s*
prononcer plu» catégoriquement.
Lè devoir ; de la concentration, 25
mars.
Sur ces entrefaites, Wiseman mourut;
Manning. lui succéda. Le nouyjel. arche
vêque, bien qu'ayant bénéficié lui-même .
de l'éducation d'Oxford et des grandes
écoles publiques, était un adversaire ré
solu de la fréquentation des universités
nationales. Mais en même temps, il était
décidé à la fondation d'une université
confessionnelle où les catholiques d'An
gleterre pourraient venir puiser ce haut
enseignement dont ils avaient été privés
pendant si longtemps.
Cependant l'épiscopat était loin d'être
unanime sur ce point. L'évêque de Bir
mingham notamment soutenait le D r
Newman qui venait d'acheter un [ter
rain à Oxford et lançait une circulaire
Çour la construction d'un oratoire catho
lique au sein de la vieille Université.
Mais, sur les instances de Manning et de
Ward, la Propagande intervint de nou
veau et déclara cette fois, d'une manière
formelle et absolue, que les parents ca
tholiques ne sauraient, salva eonscientia,
envoyer leurs fils à Oxford.
L'approche du Concile et les événe
ments de 1870 firent abandonner mo
mentanément le projet de création d'une
université catholique. Il fut repris au
troisième synode provincial de West
minster tenu en 1873, et cette fois on put
croire que les catholiques allaient enfin
être dotés d'un établissement confession
nel d'enseignement supérieur. Et de fait
la nouvelle université ne tarda pas à être
instituée à Londres sous le titre à'Uni-
versity Collège, Kensington. Il avait été
arrêté, tout, d'abord, qu'à l'instar des uni
versités nationales, elle serait gouvernée .
par un Sénat composé de représentants à
la fois du clergé et des laïques; mais
l'archevêque de Westminster devait bien
tôt assumer la lourde tâche de diriger
seul le nouvel établissement. L'archevê
que choisit comme recteur uh certain.
Mgr 'Capel dont on sait la fin malheu
reuse. Cette nomination entraîna la ruine
du collège qui dut fermer ses portes
après deux années seulement d'existence.
Ce fut une période pénible pour les fa
milles catholiques que celle qui suivit la.
fermeture de l'Université de Kensington.
La défense de la Propagande concernant
les Universités nationales subsistait tou
jours et bon nombre de familles n'avaient
pas la fortune nécessaire pour envoyer
leurs fils étudier à l'étranger. Aussi la dé
cision du Saint-Père rapportant le décret
de la Propagande a-t-elle causé un
grand soulagement à tous et principale
ment aux familles catholiques qui appar
tiennent aux classes moyennes.
Mais ce premier pas une fois fait, il res
tait à déterminer le mode de fréquenta
tion, des Universités nationales pour les
étudiants catholiques. L'institution de
collèges particuliers au sein des villes
universitaires parut encore à juste titre
la mesure la plus propre à sauvegarder
la foi de la jeunesse catholique, comme
aussi la plus en harmonie avec la tradi
tion des Universités anglaises. Oe projet
toutefois n'a rencontré jusqu'ici que fort
peu d'adhérents. Sans doute, les catho
liques en Angleterre-sont déjà écrasés de
lourdes charges, telles que la construc
tion d'églises, d'écoles, de séminaires;
sans compter toutes les œuvres chax'i-
tables qu'ils ont chaque année à soutenir.
Il semble néanmoins qu'il y ait comme
une sorte de mauvais vouloir d« Ja part
de certains à refuser toute souscription
au « fonds universitaire », alors que dea
œuvres qu'on pourrait appeler œuvres de
luxe, telles que l'érection d'une nouvelle
cathédrale à Westmnister rencontrent un
accueil enthousiaste. Et cependant,
comme le fait remarquer avec beaucoup
de justesse un ancien professeur catho
lique, M. Augustine Watts, dans un ar
ticle paru dans la Downside Review et
cité par le Tablet du 3 avril, a les catho
liques seraient les bienvenus à Oxford et
on parlait déjà de la façon la plus ami
cale de ceux qui y étaient allés avant le
manifeste des évêques. »
Aussi y a-t-il lieu de croire qu'une
fois le premier moment d'hésitation
passé, les catholiques anglais voudront
profiter de la permission qui leur a été si
paternellement donnée.par le Souverain
Pontife et par leur évêques.
l'S scaudale dans une église
anglicane.
On sait que la restauration de la litur
gie «catholique» est un des articles essen
tiels du programme de la haute Eglise.
Ce mouvement, qui s'est beaucoup ac
centué en ces dernières années, n'a pas
r été toutefois sans rencontrer à l'origine
une opposition asse? vive de la part du
pouvoir civil. On a vu le Parlement dis
cuter gravement la question de savoir s'i
était légal ou non, pour les ministres de
l'Eglise établie, de revêtir la chasuble ou
de placer des cierges sur l'autel. Plusieurs
clergymen furent traînés en prison pour
des crimes de ce genre. Mais, comme en
dépit des amendes >.çt de la prison, le
mouvement se généralisait, le pouvoir
civil finit par se désintéresser de la ques
tion, et depuis l'acquittement de l'évêque
de Lincoln en 1892, on n'a plus entendu
parler de procès ritualistes. L'épiscopat,
cependant, est loin d'être unanime sur ce
point. Peu d'évêques osent encore porter
la mitre. L!évêque de Londres, qui ce
pendant est très high Church, en arbora
une au couronnement du tsar, mais il
crut devoir la renfermer précieusement
dans son écrin aussitôt rentré en Angle
terre,
liS question des cierges est une de
celles qui ÇQt le plus passionné le public
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