Titre : L'Univers
Éditeur : L'Univers (Paris)
Date d'édition : 1897-04-03
Contributeur : Veuillot, Louis (1813-1883). Rédacteur
Contributeur : Veuillot, Pierre (1859-1907). Rédacteur
Contributeur : Veuillot, François (1870-1952). Rédacteur
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34520232c
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 03 avril 1897 03 avril 1897
Description : 1897/04/03 (Numéro 10668). 1897/04/03 (Numéro 10668).
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse Collection numérique : Bibliographie de la presse
Description : Collection numérique : BIPFPIG44 Collection numérique : BIPFPIG44
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k709449x
Source : Bibliothèque nationale de France
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 06/02/2011
Samedi 8 Avril 1897
Edition quotidienne. >- 10,668
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PARIS
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L'ÏÏNXVERS ne têpond pas des martuserits qui lui sont aÂressës.
ANNONOE8
MM. LÀGRANGBj CERF et C'\ 6, place de ia Bourse.
ESC3XWSKS3
PARIÇ, 2 AVRIL 1897
SOMMAIRE
Le pacte de Bor
deaux E ugène . T avernier.
Une dépêche....... E ugène V euillot.
Elections académi
ques P ierre V euillot.
A l'étranger F. L.
A la Chambre G. de T riors.
An Sénat J. M antenay. '
Lettres sur la poli
tique extérieure. . L ucens .
Correspondance ro
maine ***.
L'œuvre des cercles. E douard A lexandre
Bulletin . -- Nouvelles de Rome. — La fête
de Jeanne d'Arc. — La question des fa
briques. — Informations politiques et
parlementaires. — L'affaire Arton. —A
travers la presse. — Chronique. — Let
tres, sciences et arts. — Les affaires de
Crète. — Dépêches de l'étranger. —
Chroniquè électorale. — Le syndicat des
employés de chemins de fer, — Echos de
partout. — En province. — Chroni
que religieuse. — Tribunaux. — La
Ville-derSaint-Nazaire. — Nouvelles di
verses. — Calendrier.— Tableau et bulle
tin de la Bourse. — .Dernière heure.
LE PACTE DE BORDEAUX
Elle est significative la brève dis
cussion qui vient de s'élever entre
un journal ministériel et M. de Lap
parent.
Elle aboutit à proposer comme
exemple l'accord que les catholi
ques de Bordeaux ont conclu avec
des socialistes, lors des dernières
élections municipales. Les oppor
tunistes ne voulaient rien concéder
aux enfants des écoles libres. Par
contre, les socialistes promettaient
de distribuer également les fourni
tures et les secours aux élèves des
écoles publiques ou privées; ils
accordaient une certaine justice à
la population croyante : les catho
liques se sont concertés avec eux.
Sur cette base on a conclu un ar
rangement qui a installé à la mairie
de Bordeaux un conseil composé
de catholiques et de socialistes. Et
les écoles'libres reçoivent les avan
tages promis.
Telle est la méthode que M. de
Lapparent approuve et recom
mande.
Le Temps est très surpris de
cette attitude; Avec une sorte
d'indignation, il reproche au sa
vant professeur d'oublier les ser
vices rendus par les républicains
modérés et le péril provoqué par
les socialistes.
Mais M. de Lapparent . répond
aussitôt que les modérés ont mon
tré « un irréductible entêtement » à
détruire « l'idée religieuse » et
qu'en fait d'organisation sociale, la
« doctrine classique des écono-
« mistes n'est pas iritangible ».
Bien que très courtoise, la répli
que est vigoureuse ; et le .Temps
se montre d'autant plus embar
rassé ! , .
Pas moyen de traiter d'énergu-
mène ou simplement d'exalté cet
adversaire résolu. L'éminent géo
logue personnifie la précision scienr
lauque. C'est un maître dans l'art
d'exposer et de . démontrer. Peu
d'hommes ont cette netteté d'intel
ligence qui élucide toute chose et
qui résume en quelques traits, sail
lants des sujets vastes et compli
qués. Qu'il écrive ou qu'il parle, on
admire sa pensée fortement nourrie,
hardie et sage, sûre d'elle-même,
agile et brillante, Son caractère
aussi lui a valu l'estime générale.
Non seulement il n'a pas transigé
avec sa foi, mais depuis de longues
années déjà il lui a consacré un zèle
infatigable et l'activité la mieux en
tendue. Ce n'est.pas assez pour lui
de se dire tout haut chrétien : on
l'a toujours vu préoccupé du grand
problème dont la solution doit un
jour montrer l'harmonie delà théo
logie et de la science. Dans les œu
vres diverses, petites ou grandes,
auxquelles il prodigue son dévoue
ment, dans mainte réunion, dans,
nos congrès, il s'efforce d$ donner
une direction élevée, il fait travail
ler les esprits.
Le Temps s'étonne que ce savant
et que ce Croyant puisse engager
les catholiques à se concerter par
fois avec les socialistes. Mais pré
cisément parce qu'il- est savant et
croyant, M. de Lapparent devait
donner un tel conseil.
Tenir compte des faits, chercher
un résultat pratique, c'est bien la
méthode de la science. Or l'expé
rience tentée à Bordeaux a donne
un résultat positif. Là, pour la pre
mière fois depuis longtemps, nous
avons traité avec d'es adversaires
dont nous pouvions obtenir quelque
chose. Nous avons posé nos condi
tions: Nous avons fait- sentir notre
force et nous avons fait reconnaître
une partie de nos droits; nous
avons gagné une promesse qui a
été tenue. Est-ce que cela n'est pas
très raisonnable, très pratique, très
honnête et très facile ?
M, de Lapparent ne pouvait
manquer d'être frappé de l'avan
tage que notre cause recueillerait
si nous procédions ainsi méthodi
quement, et il l'a indiqué d'une ma
nière qui a produit de l'effet.
Il n'a cité, comme exemple, le
pacte de Bordeaux qu'à la fin d'un
article publié dans le Correspon
dant. Cet article avait pour but de
faire comprendre aux catholiques
la nécessité de se concentrer et
d'observer une ligne de conduite
précise et détaillée.
L'éminent professeur a eu le cou
rage de formuler des réflexions qui
Eeuvent paraître amères et dont
eaucoup sont la justesse même. Si
nous pensions un peu aux causes
de nos défaites et si nous cher
chions à réaliser certaines condi
tions qui nouy ont manqué, ce ne
serait vraiment pas du temps perdu.-
Avons-nous; suivi un plan cal
culé? N'aurions-nous pas gaspillé
des ressources précieuses ? M. de
Lapparent examine ces questions.
Il conclut que trop souvent on s'est
laissé égarer piar l'ardeur géné-
reusé, par la confiance dans la gran-
déur de la cause, par de vagues es
poirs* par l'exaltation. Une masse
d'ennemis pèsent sur nous et par
fois nous paillons comme si nous
étions sûrs de voir demain surgir
Charlemagne et saint Louis !
Nous rendre compte de notre si
tuation, poursuivre progressive
ment des résultats proportionnés à
nos forces, mettre dans la persévé
rance autant d'attention èt de pa
tience que' de zèle, est-ce que ce
n'est pas un devoir .impérieux ? M.
de Lapparent en est convaincu, et
c'est pourquoi il l'a dit avec une
netteté saisissante. Quelles que
soient les objections qu'il puisse
rencontrer .sur certains points, on
devra reconnaître qu'au fond il est
dans le vrai. Plus on y pensera,
mieux on se préparera à tirer un
bon parti des moyens dont nous
disposons.
Eugène Tavernier.
'BULLETIN
L'a.ffaire Artor>\n 'a ,vance pas beaucoup,
du moins aux yeux du public. Mais M.
Le Poittevin dépouille de volumineux
dossiers; et de ce travail peuvent sortir de
nouvelles poursuites, c'est du moins ce
que certains prétendent.
La Chambre s'est occupée hier des
droits de quai et du haut commande
ment. On se préoccupe beaucoup dans
les couloirs de la question des vacances
de Pâques, mais il est aujourd'hui à peu
près probable qu'elles ne commenceront
pas sitôt qu'on le prétendait ces jours-
ci.
Après avoir accordé la suspension de
l'immunité concernant M. Levrey, sé
nateur de la Haute-Saône, après avoir
entendu une question de M. Baudens
à M. Mèline sur les taxes d'irrigation,
le Sénat a repris hier la discussion du
projet relatif aux sucres.
. Aujourd'hui au Luxembourg, discus
sion de l'interpellation de M. Joseph
Fabresur « les menées cléricales ».
Hier , ainsi que nous l'avons annoncé,
s'est ouvert à Paris l'assemblée générale
de l'œuvre des cercles catholiques d'ou
vriers. Nous donnons plus loin des dé
tails sur les premières séances.
M. Hanotaux a accepté de répondre
demain samedi à la question de M. Gau
thier de Clagny sur la situation en
Crète.
D'autre part, M. Denys Cochin doit
questionner à nouveau le ministre des
affaires étrangères sur le retour des
massacres de chrétiens en Arménie et
l'application des réformes promises à
l'Asie Mineure.
« :
Une dépêche de Rome nous a
donné hier les noms des trois mem- 1
bres de l'épiscopat français appelés
au cardinalat. Ce sont NN. SS. les
archevêques de Lyon, de Rennes
et de Rouen. Nous espérons que les
journaux plus ou moins catholiques
et foncièrement réfractaires, tou
jours prêts par esprit de parti .à
prétendre que Rome accepte, trop fa-
pilement, pour les dignités ecclé
siastiques, les candidats du gouver
nement, sauront, cette fois, ne pas
réclamer; Par leur mérite et l'im
portance de leurs sièges, le primat
des Gaules, le métropolitain de
Bretagne et le métropolitain de
Normandie devaient entrer dans le
Sacré-Collège. Le président de la
République et ses ministres en les
désignant au choix du Saint-Père
ont très correctement agi.
On a prétendu que le retard ap
porté par ^gouvernement dans la
désignation'de ses candidats tena. : t
à des préoccupations politiques. Il
fardait rancune à Mgr l'archevêque
e Lyon de la vigueur de son atti
tude en certaines rencontres. S'il
en était ainsi, nous félicitons le mi
nistère d'avoir enfin compris qu'un
évêque peut s'élever contre des ac
tes du pouvoir et les condamner
très ferme sans être hostile en prin
cipe au gouvernement établi. Mgr
Coullié n'est - pas plus l'ennemi du
régime républicain que ne le sont
Mgr Sourrieu et Mgr Labouré dont
la République, ses représentants,
ses hauts fonctionnaires reconnais
sent n'avoir pas àse plaindre.Comme
eux l'éminent prélat accepte loyale
ment les institutions et désire non
moins loyalement que diverses par
ties de la législation soient corri
gées. Sous des form as qui peuvent
varier selon les hommes, les cir
constances, les incidents, c'est le
fond commun de tout l'épiscopat.
Tout en faisant des actes de
guerre qui sont aussi des iniquités
et des sottises, nos ministres dé
clarent aspirer à la pacification re
ligieuse. N'arriveront-ils pas à
comprendre que pour établir la
paix ils doivent cesser de voir dans
les catholiques des ennemis ou des
suspects? Qu'ils consultent! là-des
sus les trois nouveaux cardinaux et
ceux-ci seront unanimes à leur dire,
au nom de lIEglise et.dans l'intérêt
du pays, que le clergé sera presque
tout entier à la République le jour
où la majorité républicaine cessera
de se défier de lui.
Eugène Veuillot.
. ; « : :
NOUVELLES DE ROME
Rome, 31 mars.
La République de l'Uruguay vient d'ac
créditer auprès du Saint-Siège, comme
envoyé extraordinaire et ministre pléni
potentiaire, S.Exc.M. Jean Zorilla de San
Martin, chargé par son gouvernement
d'une mission spéciale pour le Souverain-
Pontife. C'est aujourd'hui que ce nou
veau plénipotentiaire s'est rendu au Va
tican et qu'il a été reçu par S. S. Léon
XIII, pour la présentation, selon le céré
monial d'usage, de ses lettres de
créance.
Aujourd'hui aussi, le Saint-Père a reçu
Mme la princesse Altieri, accompagnée
de Mme la baronne de Prittvitz,
ELECTIONS_ACADEMIÔBES
L'Académie française, hier, a fait
à M. Hanotaux l'honneur de le re
cevoir dans sa Compagnie. Elle
s'est fait l'honneur d'élire M. le
comte Albert de Mun.
Les travaux littéraires et histo
riques de M. Hanotaux le rendaient
suffisamment digne des palmes ver
tes. Il en est, parmi les Quarante,
qui n'ont pas des titres aussi bien
établis. Ecrivain sans éclat, mais
parlant de ce qu'il connaît à fond en
termes heureux, sachant instruire
le lecteur et l'intéresser, parfois
même le conquérir, le nouvel aca
démicien avait sa place marquée
sous la coupole. On a pu trouver
qu'il se pressait un peu de poser
sa candidature. Il croyait sans
doute que ses hautes fonctions
gouvernementales aideraient' à son
Succès. N'ont-elles pas, au contrai
re, failli le compromettre? Sanc
tuaire des lettres, et voulant rendre
hommage à la Grèce, mère des let
tres, l'Académie a fait sa petite ma
nifestation philhellénique en" ne re
cevant M. Hanotaux qu'après trois
tours de scrutin sans résultat. Nul
n'ignore* en effet, que notre minis
tre des affaires étrangères, ami des
Turcs, est l'ennemi des Grecs. C'est
de sa faute si, déjà, ces derniers ne
sont point à Constantinople. A
peine sept ou huit fois plus nom
breux, comment voudrait-on que
les soldats du commandeur des
croyants pussent tenir- devant ceux
du roi Georges? Les Russes, il y a
vingt ans, n'ont pas triomphé sans
peine de la Turquie, on s'en sou
vient. Mais les Grecs !
; A M. de Mun, le succès n'a pas
été marchandé. Dès le premier tour,
malgré l'absence de partisans dé
terminés de son élection, les acadé
miciens se sont empressés de l'ad
mettre. On n'aurait pas compris,
d'ailleurs, qu'il en fût autrement.
Puisque M. de Mun se présentait, il
s'imposait. La France possède en
lui, à l'heure actuelle, son plus grand
orateur. Et cette éloquence, tou
jours belle et noble, en même temps
que vigoureuse, chàude et puis
sante, est de celles qui font l'hon
neur d'une assemblée littéraire
comme d'une assemblée politique.
C'est l'Académie qui reçoit un lus
tre nouveau. M. de Mun n'avait pas
besoin d'elle. Mais elle avait besoin
de lui pour se maintenir à ce haut
rang de• compagnie sans Régale,'"où
toutes les gloires du bien dire et du
bien écrire doivent se rencontrer.
Il y a eu quelques exceptions. Ab
sent, M. de Mun en aurait fait une
de plus* et ce vide eût semblé par
ticulièrement inexplicable.
Nous voudrions pouvoir dire que
nos idées sont pour une part impor
tante dans le triomphe de l'orateur
social et catholique. Mais ce serait
là une illusion. C'est, avant tout, à
son incomparable talent que M. le
comte Albert de Mun doit de siéger
désormais parmi les Quarante. Tou
tefois, la cause qu'il défend ne sau
rait point se séparer de lui-même et
de son éloquence. Elle reçoit donc,
cette cause, un hommage précieux
qui est pour elle une force de
plus.
Pierre Veuillot.
A LÉTRANGER
Pendant que la question d'Orient
s'embrouille et se traîne en des,
lenteurs difficiles à expliquer, nous
laissant sous l'appréhension de pé
rilleuses complications en Europe,
et de nouveaux massacres en Asie
Mineure, l'Espagne poursuit avec
une infatigable et noble énergie la
répression des deux formidables
insurrections de Cuba et des Philip
pines. L'ensemble des nouvelles re
çues depuis quelque temps peut
faire espérer la victoire définitive
des Espagnols et la pacification re
lativement prochaine de ces magni
fiques colonies. Les réformes sé
rieuses que la métropole, éclairée
enfin par cette terrible leçon, pré
pare avec une sincère bonne vo
lonté contribueront pour beaucoup
à cet heureux dénouement.
Dans une autre partie du monde,
s'agite aussi une question très im
portante et très complexe. Nous
voulonsparler de l'Afrique australe
et de la question du Transvaal.
L'Angleterre, moralement compro
mise par ses plus hauts agents
dans l'odieuse équipée de Jameson,
va-t-elle pouvoir poursuivre sans
rencontrer d'obstacle européen
ses plans d'absorption contre l'in
dépendance des Boers, 'c'est-à-dire
contre la République sud-africaine
et la république d'Orange ? Ou bien,
outre la résistance désespérée que
lui opposeront ces opiniâtres descen
dants des colons hollandais, lui
faudra-t-il compter avec leur puis
sant protecteur, celui que le télé
gramme de Guillaume II (janvier
1896) a révélé au,monde étonné ?
Il y a de ce côté-là, en effet, une
très grosse partie d'engagée. Il
nous faudra quelque jour en parler
plus longuement, car en soi elle
est très intéressante, et puis elle
peut avoir son contre coup en Eu
rope. ' .
F. L.
LA STATUE DE CATHELINEAU
L'Anjou annonce que M. Xavier de
O^ihelinea-a- a été avisé par le ministre
de l'intérieur que la statue du héros ven
déen, qu'on avait récemment arrachée
de son piédestal et confisquée, pouvait
être replacée sur le terrain qui appartient
à M. de Oathelineau et qui sera entouré
d'une clôture continue.
Nous sommes heureux d'enregistrer
cette nouvelle.
A LA CHAMBRE
Les droits de quai. — Le haut com
mandement.
La Chambre est nerveuse, agitée;
c'est en vain que la sonnette prési
dentielle invite au silence, on écoute
distraitement les observations ré
pétées des adversaires des droits
de quai, même le très beau et très
complet discours de M. de Montfort
sur l'organisation du haut comman
dement : les esprits sont ailleurs,
on parle d'Arton, de M. Le Poitte-
vin, des collègues compromis ; il
semblé que cette lamentable affaire
de Panama, sans cesse renaissante,
arrête tout travail parlementaire.
On sait que lundi soir, pour en
terminer avec le budget, la Cham
bre avait accepté la disjonction, vo
tée par le Sénat, des articles con
cernant les droits de quai.
Ces derniers ont été approuvés,
hier, après avoir ' subi quelques
vives attaques : M. Armez apportait
mn contre-projet dans le but à peine
dissimulé d'ajourner la réforme ; M.
Gruet proposait de donner, pour
l'instant, satisfaction immédiate à
l'Algérie et de remettre à plus tard
la discussion du reste du projet. M.
Charles Roux, rapporteur, a'enlevé
le vote en indiquant que le droit de
quai, droit essentiellement fiscal,
pèse aujourd'hui si lourdement sur
la navigation que les navires fuient
nos ports, — et en montrant l'urgen
ce d'adopter une nouvelle taxe.
Les droits sont donc fixés à 1
franc 25 par tonne métrique de mar
chandises, par tête de bétail, et par
voyageur débarqués ou embar
qués ; ils sont réduits à 0 fr. 65 pour
les navires .venant des ports situés
dans les limites du cabotage inter
national. •Il est, ea outre, stipulé
que les bagages des passagers ne
seront pas comptés dans l'évalua
tion des marchandises ; lorsqu'un
navire aura à la fois débarqué ou
embarqué des marchandises, du
bétail ou des voyageurs, il ne sera
taxé qu'à raison de celle des deux
opérations la plus lourdement taxée;
enfin la navigation entre la France
et l'Algérie sera exempte de ces
taxes.
,0n n'a pas voulu adopter un arti
cle additionnel de M. l'abbé Lemire,
favorable cependant à la marine
française, et limitant l'application
de la loi aux nations qui, par réci
procité, aôeorderont, dans leurs
ports, le même régime aux navires
français, j
La seconde partie de la séance a
été consacrée au discours du rap
porteur delà commission de l'armée
sur le projet instituant un conseil
supérieur de la guerre et un nou
veau grade d'officier général. C'est
M. de Montfort qui avait la lourde
tâche de répondre aux critiques
déjà apportées à la tribune dans la
séance de jeudi dernier; il l'a fait
avec une compétence et une préci
sion qui eussent mérité plus d'at
tention de la part de la Chambre ; il
a montré notamment combien l'om
nipotence donnée aujourd'hui au
ministre de la guerre est périlleuse
et il a rappelé les mesures graves
prises par le prédécesseur de M- Ca-
vaignac, sans avoir l'avis du conseil
supérieur au point de vue du recru
tement de nos cadres à propos de
l'expédition de Madagascar.
On avait ajourné, au cours de la
séance, le débat sur la concession
d'une route à péage, en pays mal
gache, de Fianarantsoa à la côte
Est, et une proposition relative au
cumul des pensions militaires avec
les traitements civils. On avait enfin
renvoyé à la commission de la ma
rine un projet de crédits de 80 mil
lions pour constructions navales —
et à Ia'commission des colonies,
une proposition de M. Léveillé
ayant pour objet d'établir l'inven
taire du domaine de l'Etat dans nos
territoires coloniaux et d'en régler
les concessions.
En somme, on a siégé quatre
heures pour ne pas faire grand'-
chose ; il semble qu'on ne veuille
plus travailler avec goût lorsqu'il
n'est pas possible de faire compa
raître des juges d'instruction et des
procureurs généraux, — et de se
faire communiquer des dossiers
d'instruction judiciaire.
Décidément, quelques semaines
de repos et de calme sont nécessai
res.
Gabriel de Triors.
AU SÉNAT
Les poursuites. — La loi sur les sucres.
On pensait que le Sénat voterait
saris débat, les conclusions du rap
port de M. Chaumié., lesquelles
tendaient à lever l'immunité parle
mentaire qui couvrait M. Levrey;
mais M. Destieux-Jùnca ayant trouvé
l'occasion bonne jpour attaquer vive
ment le ministère, la discussion
s'est promptement envenimée. M.
Destieux-Junca a accusé le gouver
nement d'avoir fait un triage parmi
les parlementaires compromis. «Or,
a'-t-il dit, il est inadmissible que
le cabinet se montre si indulgent
pour les conservateurs et si rigou
reux à l'égard des républicains. »
Ces mots ont naturellement mis
le feu aux poudres. La droite a
violemment interrompu l'orateur.
M. Le Provost de Launay lui a de
mandé des explications : Parlez-
vous des républicains conserva
teurs?!^ a-t-il dit ; alors, cela ne me
regarde point ; mais si vous parlez
des droitiers, je vous somme de
justifier vos assertions ! '
M. Destieux-Junca ayant répondu
gue le. bruit courait que le naron
ottu passait pour avoir acheté les
votes de la Droite, pendant que le
baron de Reinach achetait cëux des
opportunistes et Arton ceux du
parti radical, — M. Le Provost de
Launay a répliqué que l'enquête
avait été demandée naguère par
deux députés de la droite et qu'à
l'époque où M. Soinoury fit auprès
de Mme Cottu la démarche odieuse
que l'on sait pour trouver des
droitiers compromis, ce policier re
vint bredouille. L'honorable séna
teur des Côtes-du-Nord dé
clare, en terminant, que si son
meilleur ami, si son frère était cou
pable, il ne ferait rien pour entraver
la marche de la justice.
Après cette répliqué fort applau
die par la Droite, M. Garran de
Balzan monte à la tribune et se
livre à une attaque des plus violen
tes contre M. Le Poittevin. « Ce
juge, dit-il, semble vouloir, de parti
pris, déconsidérer le régime parle-ï
mentaire; il favorise de communi
cations indiscrètes certains jour
naux. En somme, la poursuite n'est
ni sincère ni loyale. Je ne voterai
pas les conclusions de la commis
sion. »
M. Loubet, toujours placide, a
laissé passer cette attaque furibonde,
qui a mis. la haute Assemblée litté
ralement à l'envers, mais M. Darlan
prend la défense de son magistrat :
« Vous n'avez pas le droit de
tenir un pareil langage, dit-il à M.
de Balzan-. » M. Loubet se décide
alors à intervenir. : « Vous ne pouvez
qualifier ainsi l'attitude d'un juge
qui exerce une mission. » L'orage
se calme. M. Chaumié, rapporteur,
explique'que la commission, en pro
posant de lever l'immunité parle
mentaire de M. Levrey, n'a nulle
ment voulu se prononcer quant au
fond, et il fait des voeux pour que
l'innocence du sénateur de la Haute-
Saône soit reconnue.
Finalement, les conclusions du
rapport sont adoptées à l'unanimité
moins deux voix et le Sénat aborde
un débat moins passionnant, celui
de la loi sur les sucres.
- L'article premier est adopté après
rejet de • l'amendement de M. Ber
nard ayant pour objet de fixer à
deux francs au lieu de quatre francs
la prime d'exportation.
L'article 2 (détaxes coloniales),
l'article 3 (détaxe de distance pour
les sucres bruts), l'article 4 (droit de
raffinage sur les sucres candis et
droit de fabrication sur les sucres
bruts n'allant pas en raffinerie) sont
successivement votés par le Sénat
qui repousse les amendements de
MM. Buffet,. R. Waddington et
Poirrier.
La suite de la discussion a été
renvoyée à aujourd'hui ; elle sera
reprise après la grande interpella
tion de M. J. Fabre sur les «menées
cléricales », lesquelles feront ou
blier au public — du moins les ché-
quards l'espèrent — les « menées »
panamistes.
. J. Mantenay..
LETTRES
snt ia poiiiFi HTiRiir
Les élections autrichiennes ont,
par plus d'un côté, une significa
tion générale. Pour la première
fois, le suffrage universel a fonc
tionné dans la cinquième Curie, en
écrasant le parti libéral allemand.
Si, au lieu de reposer sur la repré
sentation des classes, des profes
sions et des intérêts, le système
électoral autrichien avait été orga
nisé sur la base du suffrage univer
sel, le parti des Herbst et des Ple-
ner aurait disparu de la scène poli
tique. Comme ailleurs, la démocra?
tie directe a fait justice îde cette po
litique intermédiaire et fausse. C'est
que le peuple sent instinctivement
que le faux libéralisme, imprégné
de positivisme. et d'économie poli
tique à la mode de Manchester,
marque l'abaissement de la société,
et est comme la pieuvré où étouf
fent son âme, son intérêt, sa sécu
rité. Il commence à tourner ses re
gards avec son espérance vers les
deux pôles de la vie nationale : le
socialisme et la démocratie chré
tienne. Aux élections d'Autriche, les
catholiques sociaux ont gagné sa fa
veur : c'est là une démonstration lu
mineuse de l'excellence du program
me chrétien, et des directions pon
tificales. Ce qui a triomphé à Vienne,
c'est l'esprit de l'Encyclique Rerurn
novarum et la pratique des^ fidèles
de Rome; c'est ce Credo démocra
tique chrétien qui, plongeant ses
racines lointaines et vivacés dans
l'Evangile, les doctrines des Pères
et des chrétiens, semble redevenir
la charte sociale de l'avenir. Entre
l'Eglise, dépositaire des promesses
de pitié, de solidarité et d'organisa
tion corporative, et lej peuple, de
venu la victime du faux libéralisme
et passant à l'état de poussière hu
maine, il existe un lien immortel et
infrangible. Ce lien, après un siècle
de doctrines et de pratiques païen
nes, tend à se rétablir'et à exercer
son empire.
Les libéraux sectaires l'ont si
bien compris qu'ils ont sacrifié les
intérêts supérieurs de la civilisa
tion à leurs instincts et à leurs hai
nes : ils ont fait alliance contre
nous avec les socialistes marxistes
guidés, avec tant de vaillance, par
M. .Adler, le Jaurès-autrichien.
Ce triomphe des chrétiens so
ciaux a une portée historique; nous
reprendrons notre ascendant, le
jour où nous nous pencherons sur
le pauvre, l'ouvrier, le paysan.
C'est pourquoi les démocrates chré
tiens d'Italie, plus près placés du
cœur de la Papauté et en compre
nant mieux les instructions, ont ins
crit sur leur drapeau populaire la
revendication du référendum. Le
référendum, selon eux, c'est le ré
veil du moyen âge, avec son com-
munalisme héroïque et fécond, car
l'époque de saint Louis, de saint
Thomas, et de Ximenès a connu et
pratiqué un référendum plus large
et plus démocratique que le sys
tème helvétique; c'est le frein d^en
bas mis aux excès et aux corrup
tions du parlementarisme; c'est la
sauvegarde de la religion, de la
propriété, de la famille et de la na
tion contre la dictature des thèses
générales et évolutionistes, car le
peuple adopterait rarement, comme
le démontre d'ailleurs l'exemple de
la Suisse, les lois scélérates et anti
sociales : il vote pour des 'députés
mauvais ; il ne voterait pas de mau
vaises lois ; c'est l'exercice de cette
démocratie directe,.sortie des flancs
du christianisme, à l'heure histo
rique où il a sorti tous ses effets
sociaux.
Avec le référendum aurions-nous
eu la loi scolaire en France, Rome
capitale en Italie, le ' Kulturkampf
Edition quotidienne. >- 10,668
:ÊDT,ÏÏON QUOTIDIENNE
PARIS
. et départements
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L'ÏÏNXVERS ne têpond pas des martuserits qui lui sont aÂressës.
ANNONOE8
MM. LÀGRANGBj CERF et C'\ 6, place de ia Bourse.
ESC3XWSKS3
PARIÇ, 2 AVRIL 1897
SOMMAIRE
Le pacte de Bor
deaux E ugène . T avernier.
Une dépêche....... E ugène V euillot.
Elections académi
ques P ierre V euillot.
A l'étranger F. L.
A la Chambre G. de T riors.
An Sénat J. M antenay. '
Lettres sur la poli
tique extérieure. . L ucens .
Correspondance ro
maine ***.
L'œuvre des cercles. E douard A lexandre
Bulletin . -- Nouvelles de Rome. — La fête
de Jeanne d'Arc. — La question des fa
briques. — Informations politiques et
parlementaires. — L'affaire Arton. —A
travers la presse. — Chronique. — Let
tres, sciences et arts. — Les affaires de
Crète. — Dépêches de l'étranger. —
Chroniquè électorale. — Le syndicat des
employés de chemins de fer, — Echos de
partout. — En province. — Chroni
que religieuse. — Tribunaux. — La
Ville-derSaint-Nazaire. — Nouvelles di
verses. — Calendrier.— Tableau et bulle
tin de la Bourse. — .Dernière heure.
LE PACTE DE BORDEAUX
Elle est significative la brève dis
cussion qui vient de s'élever entre
un journal ministériel et M. de Lap
parent.
Elle aboutit à proposer comme
exemple l'accord que les catholi
ques de Bordeaux ont conclu avec
des socialistes, lors des dernières
élections municipales. Les oppor
tunistes ne voulaient rien concéder
aux enfants des écoles libres. Par
contre, les socialistes promettaient
de distribuer également les fourni
tures et les secours aux élèves des
écoles publiques ou privées; ils
accordaient une certaine justice à
la population croyante : les catho
liques se sont concertés avec eux.
Sur cette base on a conclu un ar
rangement qui a installé à la mairie
de Bordeaux un conseil composé
de catholiques et de socialistes. Et
les écoles'libres reçoivent les avan
tages promis.
Telle est la méthode que M. de
Lapparent approuve et recom
mande.
Le Temps est très surpris de
cette attitude; Avec une sorte
d'indignation, il reproche au sa
vant professeur d'oublier les ser
vices rendus par les républicains
modérés et le péril provoqué par
les socialistes.
Mais M. de Lapparent . répond
aussitôt que les modérés ont mon
tré « un irréductible entêtement » à
détruire « l'idée religieuse » et
qu'en fait d'organisation sociale, la
« doctrine classique des écono-
« mistes n'est pas iritangible ».
Bien que très courtoise, la répli
que est vigoureuse ; et le .Temps
se montre d'autant plus embar
rassé ! , .
Pas moyen de traiter d'énergu-
mène ou simplement d'exalté cet
adversaire résolu. L'éminent géo
logue personnifie la précision scienr
lauque. C'est un maître dans l'art
d'exposer et de . démontrer. Peu
d'hommes ont cette netteté d'intel
ligence qui élucide toute chose et
qui résume en quelques traits, sail
lants des sujets vastes et compli
qués. Qu'il écrive ou qu'il parle, on
admire sa pensée fortement nourrie,
hardie et sage, sûre d'elle-même,
agile et brillante, Son caractère
aussi lui a valu l'estime générale.
Non seulement il n'a pas transigé
avec sa foi, mais depuis de longues
années déjà il lui a consacré un zèle
infatigable et l'activité la mieux en
tendue. Ce n'est.pas assez pour lui
de se dire tout haut chrétien : on
l'a toujours vu préoccupé du grand
problème dont la solution doit un
jour montrer l'harmonie delà théo
logie et de la science. Dans les œu
vres diverses, petites ou grandes,
auxquelles il prodigue son dévoue
ment, dans mainte réunion, dans,
nos congrès, il s'efforce d$ donner
une direction élevée, il fait travail
ler les esprits.
Le Temps s'étonne que ce savant
et que ce Croyant puisse engager
les catholiques à se concerter par
fois avec les socialistes. Mais pré
cisément parce qu'il- est savant et
croyant, M. de Lapparent devait
donner un tel conseil.
Tenir compte des faits, chercher
un résultat pratique, c'est bien la
méthode de la science. Or l'expé
rience tentée à Bordeaux a donne
un résultat positif. Là, pour la pre
mière fois depuis longtemps, nous
avons traité avec d'es adversaires
dont nous pouvions obtenir quelque
chose. Nous avons posé nos condi
tions: Nous avons fait- sentir notre
force et nous avons fait reconnaître
une partie de nos droits; nous
avons gagné une promesse qui a
été tenue. Est-ce que cela n'est pas
très raisonnable, très pratique, très
honnête et très facile ?
M, de Lapparent ne pouvait
manquer d'être frappé de l'avan
tage que notre cause recueillerait
si nous procédions ainsi méthodi
quement, et il l'a indiqué d'une ma
nière qui a produit de l'effet.
Il n'a cité, comme exemple, le
pacte de Bordeaux qu'à la fin d'un
article publié dans le Correspon
dant. Cet article avait pour but de
faire comprendre aux catholiques
la nécessité de se concentrer et
d'observer une ligne de conduite
précise et détaillée.
L'éminent professeur a eu le cou
rage de formuler des réflexions qui
Eeuvent paraître amères et dont
eaucoup sont la justesse même. Si
nous pensions un peu aux causes
de nos défaites et si nous cher
chions à réaliser certaines condi
tions qui nouy ont manqué, ce ne
serait vraiment pas du temps perdu.-
Avons-nous; suivi un plan cal
culé? N'aurions-nous pas gaspillé
des ressources précieuses ? M. de
Lapparent examine ces questions.
Il conclut que trop souvent on s'est
laissé égarer piar l'ardeur géné-
reusé, par la confiance dans la gran-
déur de la cause, par de vagues es
poirs* par l'exaltation. Une masse
d'ennemis pèsent sur nous et par
fois nous paillons comme si nous
étions sûrs de voir demain surgir
Charlemagne et saint Louis !
Nous rendre compte de notre si
tuation, poursuivre progressive
ment des résultats proportionnés à
nos forces, mettre dans la persévé
rance autant d'attention èt de pa
tience que' de zèle, est-ce que ce
n'est pas un devoir .impérieux ? M.
de Lapparent en est convaincu, et
c'est pourquoi il l'a dit avec une
netteté saisissante. Quelles que
soient les objections qu'il puisse
rencontrer .sur certains points, on
devra reconnaître qu'au fond il est
dans le vrai. Plus on y pensera,
mieux on se préparera à tirer un
bon parti des moyens dont nous
disposons.
Eugène Tavernier.
'BULLETIN
L'a.ffaire Artor>\n 'a ,vance pas beaucoup,
du moins aux yeux du public. Mais M.
Le Poittevin dépouille de volumineux
dossiers; et de ce travail peuvent sortir de
nouvelles poursuites, c'est du moins ce
que certains prétendent.
La Chambre s'est occupée hier des
droits de quai et du haut commande
ment. On se préoccupe beaucoup dans
les couloirs de la question des vacances
de Pâques, mais il est aujourd'hui à peu
près probable qu'elles ne commenceront
pas sitôt qu'on le prétendait ces jours-
ci.
Après avoir accordé la suspension de
l'immunité concernant M. Levrey, sé
nateur de la Haute-Saône, après avoir
entendu une question de M. Baudens
à M. Mèline sur les taxes d'irrigation,
le Sénat a repris hier la discussion du
projet relatif aux sucres.
. Aujourd'hui au Luxembourg, discus
sion de l'interpellation de M. Joseph
Fabresur « les menées cléricales ».
Hier , ainsi que nous l'avons annoncé,
s'est ouvert à Paris l'assemblée générale
de l'œuvre des cercles catholiques d'ou
vriers. Nous donnons plus loin des dé
tails sur les premières séances.
M. Hanotaux a accepté de répondre
demain samedi à la question de M. Gau
thier de Clagny sur la situation en
Crète.
D'autre part, M. Denys Cochin doit
questionner à nouveau le ministre des
affaires étrangères sur le retour des
massacres de chrétiens en Arménie et
l'application des réformes promises à
l'Asie Mineure.
« :
Une dépêche de Rome nous a
donné hier les noms des trois mem- 1
bres de l'épiscopat français appelés
au cardinalat. Ce sont NN. SS. les
archevêques de Lyon, de Rennes
et de Rouen. Nous espérons que les
journaux plus ou moins catholiques
et foncièrement réfractaires, tou
jours prêts par esprit de parti .à
prétendre que Rome accepte, trop fa-
pilement, pour les dignités ecclé
siastiques, les candidats du gouver
nement, sauront, cette fois, ne pas
réclamer; Par leur mérite et l'im
portance de leurs sièges, le primat
des Gaules, le métropolitain de
Bretagne et le métropolitain de
Normandie devaient entrer dans le
Sacré-Collège. Le président de la
République et ses ministres en les
désignant au choix du Saint-Père
ont très correctement agi.
On a prétendu que le retard ap
porté par ^gouvernement dans la
désignation'de ses candidats tena. : t
à des préoccupations politiques. Il
fardait rancune à Mgr l'archevêque
e Lyon de la vigueur de son atti
tude en certaines rencontres. S'il
en était ainsi, nous félicitons le mi
nistère d'avoir enfin compris qu'un
évêque peut s'élever contre des ac
tes du pouvoir et les condamner
très ferme sans être hostile en prin
cipe au gouvernement établi. Mgr
Coullié n'est - pas plus l'ennemi du
régime républicain que ne le sont
Mgr Sourrieu et Mgr Labouré dont
la République, ses représentants,
ses hauts fonctionnaires reconnais
sent n'avoir pas àse plaindre.Comme
eux l'éminent prélat accepte loyale
ment les institutions et désire non
moins loyalement que diverses par
ties de la législation soient corri
gées. Sous des form as qui peuvent
varier selon les hommes, les cir
constances, les incidents, c'est le
fond commun de tout l'épiscopat.
Tout en faisant des actes de
guerre qui sont aussi des iniquités
et des sottises, nos ministres dé
clarent aspirer à la pacification re
ligieuse. N'arriveront-ils pas à
comprendre que pour établir la
paix ils doivent cesser de voir dans
les catholiques des ennemis ou des
suspects? Qu'ils consultent! là-des
sus les trois nouveaux cardinaux et
ceux-ci seront unanimes à leur dire,
au nom de lIEglise et.dans l'intérêt
du pays, que le clergé sera presque
tout entier à la République le jour
où la majorité républicaine cessera
de se défier de lui.
Eugène Veuillot.
. ; « : :
NOUVELLES DE ROME
Rome, 31 mars.
La République de l'Uruguay vient d'ac
créditer auprès du Saint-Siège, comme
envoyé extraordinaire et ministre pléni
potentiaire, S.Exc.M. Jean Zorilla de San
Martin, chargé par son gouvernement
d'une mission spéciale pour le Souverain-
Pontife. C'est aujourd'hui que ce nou
veau plénipotentiaire s'est rendu au Va
tican et qu'il a été reçu par S. S. Léon
XIII, pour la présentation, selon le céré
monial d'usage, de ses lettres de
créance.
Aujourd'hui aussi, le Saint-Père a reçu
Mme la princesse Altieri, accompagnée
de Mme la baronne de Prittvitz,
ELECTIONS_ACADEMIÔBES
L'Académie française, hier, a fait
à M. Hanotaux l'honneur de le re
cevoir dans sa Compagnie. Elle
s'est fait l'honneur d'élire M. le
comte Albert de Mun.
Les travaux littéraires et histo
riques de M. Hanotaux le rendaient
suffisamment digne des palmes ver
tes. Il en est, parmi les Quarante,
qui n'ont pas des titres aussi bien
établis. Ecrivain sans éclat, mais
parlant de ce qu'il connaît à fond en
termes heureux, sachant instruire
le lecteur et l'intéresser, parfois
même le conquérir, le nouvel aca
démicien avait sa place marquée
sous la coupole. On a pu trouver
qu'il se pressait un peu de poser
sa candidature. Il croyait sans
doute que ses hautes fonctions
gouvernementales aideraient' à son
Succès. N'ont-elles pas, au contrai
re, failli le compromettre? Sanc
tuaire des lettres, et voulant rendre
hommage à la Grèce, mère des let
tres, l'Académie a fait sa petite ma
nifestation philhellénique en" ne re
cevant M. Hanotaux qu'après trois
tours de scrutin sans résultat. Nul
n'ignore* en effet, que notre minis
tre des affaires étrangères, ami des
Turcs, est l'ennemi des Grecs. C'est
de sa faute si, déjà, ces derniers ne
sont point à Constantinople. A
peine sept ou huit fois plus nom
breux, comment voudrait-on que
les soldats du commandeur des
croyants pussent tenir- devant ceux
du roi Georges? Les Russes, il y a
vingt ans, n'ont pas triomphé sans
peine de la Turquie, on s'en sou
vient. Mais les Grecs !
; A M. de Mun, le succès n'a pas
été marchandé. Dès le premier tour,
malgré l'absence de partisans dé
terminés de son élection, les acadé
miciens se sont empressés de l'ad
mettre. On n'aurait pas compris,
d'ailleurs, qu'il en fût autrement.
Puisque M. de Mun se présentait, il
s'imposait. La France possède en
lui, à l'heure actuelle, son plus grand
orateur. Et cette éloquence, tou
jours belle et noble, en même temps
que vigoureuse, chàude et puis
sante, est de celles qui font l'hon
neur d'une assemblée littéraire
comme d'une assemblée politique.
C'est l'Académie qui reçoit un lus
tre nouveau. M. de Mun n'avait pas
besoin d'elle. Mais elle avait besoin
de lui pour se maintenir à ce haut
rang de• compagnie sans Régale,'"où
toutes les gloires du bien dire et du
bien écrire doivent se rencontrer.
Il y a eu quelques exceptions. Ab
sent, M. de Mun en aurait fait une
de plus* et ce vide eût semblé par
ticulièrement inexplicable.
Nous voudrions pouvoir dire que
nos idées sont pour une part impor
tante dans le triomphe de l'orateur
social et catholique. Mais ce serait
là une illusion. C'est, avant tout, à
son incomparable talent que M. le
comte Albert de Mun doit de siéger
désormais parmi les Quarante. Tou
tefois, la cause qu'il défend ne sau
rait point se séparer de lui-même et
de son éloquence. Elle reçoit donc,
cette cause, un hommage précieux
qui est pour elle une force de
plus.
Pierre Veuillot.
A LÉTRANGER
Pendant que la question d'Orient
s'embrouille et se traîne en des,
lenteurs difficiles à expliquer, nous
laissant sous l'appréhension de pé
rilleuses complications en Europe,
et de nouveaux massacres en Asie
Mineure, l'Espagne poursuit avec
une infatigable et noble énergie la
répression des deux formidables
insurrections de Cuba et des Philip
pines. L'ensemble des nouvelles re
çues depuis quelque temps peut
faire espérer la victoire définitive
des Espagnols et la pacification re
lativement prochaine de ces magni
fiques colonies. Les réformes sé
rieuses que la métropole, éclairée
enfin par cette terrible leçon, pré
pare avec une sincère bonne vo
lonté contribueront pour beaucoup
à cet heureux dénouement.
Dans une autre partie du monde,
s'agite aussi une question très im
portante et très complexe. Nous
voulonsparler de l'Afrique australe
et de la question du Transvaal.
L'Angleterre, moralement compro
mise par ses plus hauts agents
dans l'odieuse équipée de Jameson,
va-t-elle pouvoir poursuivre sans
rencontrer d'obstacle européen
ses plans d'absorption contre l'in
dépendance des Boers, 'c'est-à-dire
contre la République sud-africaine
et la république d'Orange ? Ou bien,
outre la résistance désespérée que
lui opposeront ces opiniâtres descen
dants des colons hollandais, lui
faudra-t-il compter avec leur puis
sant protecteur, celui que le télé
gramme de Guillaume II (janvier
1896) a révélé au,monde étonné ?
Il y a de ce côté-là, en effet, une
très grosse partie d'engagée. Il
nous faudra quelque jour en parler
plus longuement, car en soi elle
est très intéressante, et puis elle
peut avoir son contre coup en Eu
rope. ' .
F. L.
LA STATUE DE CATHELINEAU
L'Anjou annonce que M. Xavier de
O^ihelinea-a- a été avisé par le ministre
de l'intérieur que la statue du héros ven
déen, qu'on avait récemment arrachée
de son piédestal et confisquée, pouvait
être replacée sur le terrain qui appartient
à M. de Oathelineau et qui sera entouré
d'une clôture continue.
Nous sommes heureux d'enregistrer
cette nouvelle.
A LA CHAMBRE
Les droits de quai. — Le haut com
mandement.
La Chambre est nerveuse, agitée;
c'est en vain que la sonnette prési
dentielle invite au silence, on écoute
distraitement les observations ré
pétées des adversaires des droits
de quai, même le très beau et très
complet discours de M. de Montfort
sur l'organisation du haut comman
dement : les esprits sont ailleurs,
on parle d'Arton, de M. Le Poitte-
vin, des collègues compromis ; il
semblé que cette lamentable affaire
de Panama, sans cesse renaissante,
arrête tout travail parlementaire.
On sait que lundi soir, pour en
terminer avec le budget, la Cham
bre avait accepté la disjonction, vo
tée par le Sénat, des articles con
cernant les droits de quai.
Ces derniers ont été approuvés,
hier, après avoir ' subi quelques
vives attaques : M. Armez apportait
mn contre-projet dans le but à peine
dissimulé d'ajourner la réforme ; M.
Gruet proposait de donner, pour
l'instant, satisfaction immédiate à
l'Algérie et de remettre à plus tard
la discussion du reste du projet. M.
Charles Roux, rapporteur, a'enlevé
le vote en indiquant que le droit de
quai, droit essentiellement fiscal,
pèse aujourd'hui si lourdement sur
la navigation que les navires fuient
nos ports, — et en montrant l'urgen
ce d'adopter une nouvelle taxe.
Les droits sont donc fixés à 1
franc 25 par tonne métrique de mar
chandises, par tête de bétail, et par
voyageur débarqués ou embar
qués ; ils sont réduits à 0 fr. 65 pour
les navires .venant des ports situés
dans les limites du cabotage inter
national. •Il est, ea outre, stipulé
que les bagages des passagers ne
seront pas comptés dans l'évalua
tion des marchandises ; lorsqu'un
navire aura à la fois débarqué ou
embarqué des marchandises, du
bétail ou des voyageurs, il ne sera
taxé qu'à raison de celle des deux
opérations la plus lourdement taxée;
enfin la navigation entre la France
et l'Algérie sera exempte de ces
taxes.
,0n n'a pas voulu adopter un arti
cle additionnel de M. l'abbé Lemire,
favorable cependant à la marine
française, et limitant l'application
de la loi aux nations qui, par réci
procité, aôeorderont, dans leurs
ports, le même régime aux navires
français, j
La seconde partie de la séance a
été consacrée au discours du rap
porteur delà commission de l'armée
sur le projet instituant un conseil
supérieur de la guerre et un nou
veau grade d'officier général. C'est
M. de Montfort qui avait la lourde
tâche de répondre aux critiques
déjà apportées à la tribune dans la
séance de jeudi dernier; il l'a fait
avec une compétence et une préci
sion qui eussent mérité plus d'at
tention de la part de la Chambre ; il
a montré notamment combien l'om
nipotence donnée aujourd'hui au
ministre de la guerre est périlleuse
et il a rappelé les mesures graves
prises par le prédécesseur de M- Ca-
vaignac, sans avoir l'avis du conseil
supérieur au point de vue du recru
tement de nos cadres à propos de
l'expédition de Madagascar.
On avait ajourné, au cours de la
séance, le débat sur la concession
d'une route à péage, en pays mal
gache, de Fianarantsoa à la côte
Est, et une proposition relative au
cumul des pensions militaires avec
les traitements civils. On avait enfin
renvoyé à la commission de la ma
rine un projet de crédits de 80 mil
lions pour constructions navales —
et à Ia'commission des colonies,
une proposition de M. Léveillé
ayant pour objet d'établir l'inven
taire du domaine de l'Etat dans nos
territoires coloniaux et d'en régler
les concessions.
En somme, on a siégé quatre
heures pour ne pas faire grand'-
chose ; il semble qu'on ne veuille
plus travailler avec goût lorsqu'il
n'est pas possible de faire compa
raître des juges d'instruction et des
procureurs généraux, — et de se
faire communiquer des dossiers
d'instruction judiciaire.
Décidément, quelques semaines
de repos et de calme sont nécessai
res.
Gabriel de Triors.
AU SÉNAT
Les poursuites. — La loi sur les sucres.
On pensait que le Sénat voterait
saris débat, les conclusions du rap
port de M. Chaumié., lesquelles
tendaient à lever l'immunité parle
mentaire qui couvrait M. Levrey;
mais M. Destieux-Jùnca ayant trouvé
l'occasion bonne jpour attaquer vive
ment le ministère, la discussion
s'est promptement envenimée. M.
Destieux-Junca a accusé le gouver
nement d'avoir fait un triage parmi
les parlementaires compromis. «Or,
a'-t-il dit, il est inadmissible que
le cabinet se montre si indulgent
pour les conservateurs et si rigou
reux à l'égard des républicains. »
Ces mots ont naturellement mis
le feu aux poudres. La droite a
violemment interrompu l'orateur.
M. Le Provost de Launay lui a de
mandé des explications : Parlez-
vous des républicains conserva
teurs?!^ a-t-il dit ; alors, cela ne me
regarde point ; mais si vous parlez
des droitiers, je vous somme de
justifier vos assertions ! '
M. Destieux-Junca ayant répondu
gue le. bruit courait que le naron
ottu passait pour avoir acheté les
votes de la Droite, pendant que le
baron de Reinach achetait cëux des
opportunistes et Arton ceux du
parti radical, — M. Le Provost de
Launay a répliqué que l'enquête
avait été demandée naguère par
deux députés de la droite et qu'à
l'époque où M. Soinoury fit auprès
de Mme Cottu la démarche odieuse
que l'on sait pour trouver des
droitiers compromis, ce policier re
vint bredouille. L'honorable séna
teur des Côtes-du-Nord dé
clare, en terminant, que si son
meilleur ami, si son frère était cou
pable, il ne ferait rien pour entraver
la marche de la justice.
Après cette répliqué fort applau
die par la Droite, M. Garran de
Balzan monte à la tribune et se
livre à une attaque des plus violen
tes contre M. Le Poittevin. « Ce
juge, dit-il, semble vouloir, de parti
pris, déconsidérer le régime parle-ï
mentaire; il favorise de communi
cations indiscrètes certains jour
naux. En somme, la poursuite n'est
ni sincère ni loyale. Je ne voterai
pas les conclusions de la commis
sion. »
M. Loubet, toujours placide, a
laissé passer cette attaque furibonde,
qui a mis. la haute Assemblée litté
ralement à l'envers, mais M. Darlan
prend la défense de son magistrat :
« Vous n'avez pas le droit de
tenir un pareil langage, dit-il à M.
de Balzan-. » M. Loubet se décide
alors à intervenir. : « Vous ne pouvez
qualifier ainsi l'attitude d'un juge
qui exerce une mission. » L'orage
se calme. M. Chaumié, rapporteur,
explique'que la commission, en pro
posant de lever l'immunité parle
mentaire de M. Levrey, n'a nulle
ment voulu se prononcer quant au
fond, et il fait des voeux pour que
l'innocence du sénateur de la Haute-
Saône soit reconnue.
Finalement, les conclusions du
rapport sont adoptées à l'unanimité
moins deux voix et le Sénat aborde
un débat moins passionnant, celui
de la loi sur les sucres.
- L'article premier est adopté après
rejet de • l'amendement de M. Ber
nard ayant pour objet de fixer à
deux francs au lieu de quatre francs
la prime d'exportation.
L'article 2 (détaxes coloniales),
l'article 3 (détaxe de distance pour
les sucres bruts), l'article 4 (droit de
raffinage sur les sucres candis et
droit de fabrication sur les sucres
bruts n'allant pas en raffinerie) sont
successivement votés par le Sénat
qui repousse les amendements de
MM. Buffet,. R. Waddington et
Poirrier.
La suite de la discussion a été
renvoyée à aujourd'hui ; elle sera
reprise après la grande interpella
tion de M. J. Fabre sur les «menées
cléricales », lesquelles feront ou
blier au public — du moins les ché-
quards l'espèrent — les « menées »
panamistes.
. J. Mantenay..
LETTRES
snt ia poiiiFi HTiRiir
Les élections autrichiennes ont,
par plus d'un côté, une significa
tion générale. Pour la première
fois, le suffrage universel a fonc
tionné dans la cinquième Curie, en
écrasant le parti libéral allemand.
Si, au lieu de reposer sur la repré
sentation des classes, des profes
sions et des intérêts, le système
électoral autrichien avait été orga
nisé sur la base du suffrage univer
sel, le parti des Herbst et des Ple-
ner aurait disparu de la scène poli
tique. Comme ailleurs, la démocra?
tie directe a fait justice îde cette po
litique intermédiaire et fausse. C'est
que le peuple sent instinctivement
que le faux libéralisme, imprégné
de positivisme. et d'économie poli
tique à la mode de Manchester,
marque l'abaissement de la société,
et est comme la pieuvré où étouf
fent son âme, son intérêt, sa sécu
rité. Il commence à tourner ses re
gards avec son espérance vers les
deux pôles de la vie nationale : le
socialisme et la démocratie chré
tienne. Aux élections d'Autriche, les
catholiques sociaux ont gagné sa fa
veur : c'est là une démonstration lu
mineuse de l'excellence du program
me chrétien, et des directions pon
tificales. Ce qui a triomphé à Vienne,
c'est l'esprit de l'Encyclique Rerurn
novarum et la pratique des^ fidèles
de Rome; c'est ce Credo démocra
tique chrétien qui, plongeant ses
racines lointaines et vivacés dans
l'Evangile, les doctrines des Pères
et des chrétiens, semble redevenir
la charte sociale de l'avenir. Entre
l'Eglise, dépositaire des promesses
de pitié, de solidarité et d'organisa
tion corporative, et lej peuple, de
venu la victime du faux libéralisme
et passant à l'état de poussière hu
maine, il existe un lien immortel et
infrangible. Ce lien, après un siècle
de doctrines et de pratiques païen
nes, tend à se rétablir'et à exercer
son empire.
Les libéraux sectaires l'ont si
bien compris qu'ils ont sacrifié les
intérêts supérieurs de la civilisa
tion à leurs instincts et à leurs hai
nes : ils ont fait alliance contre
nous avec les socialistes marxistes
guidés, avec tant de vaillance, par
M. .Adler, le Jaurès-autrichien.
Ce triomphe des chrétiens so
ciaux a une portée historique; nous
reprendrons notre ascendant, le
jour où nous nous pencherons sur
le pauvre, l'ouvrier, le paysan.
C'est pourquoi les démocrates chré
tiens d'Italie, plus près placés du
cœur de la Papauté et en compre
nant mieux les instructions, ont ins
crit sur leur drapeau populaire la
revendication du référendum. Le
référendum, selon eux, c'est le ré
veil du moyen âge, avec son com-
munalisme héroïque et fécond, car
l'époque de saint Louis, de saint
Thomas, et de Ximenès a connu et
pratiqué un référendum plus large
et plus démocratique que le sys
tème helvétique; c'est le frein d^en
bas mis aux excès et aux corrup
tions du parlementarisme; c'est la
sauvegarde de la religion, de la
propriété, de la famille et de la na
tion contre la dictature des thèses
générales et évolutionistes, car le
peuple adopterait rarement, comme
le démontre d'ailleurs l'exemple de
la Suisse, les lois scélérates et anti
sociales : il vote pour des 'députés
mauvais ; il ne voterait pas de mau
vaises lois ; c'est l'exercice de cette
démocratie directe,.sortie des flancs
du christianisme, à l'heure histo
rique où il a sorti tous ses effets
sociaux.
Avec le référendum aurions-nous
eu la loi scolaire en France, Rome
capitale en Italie, le ' Kulturkampf
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