Titre : L'Univers
Éditeur : L'Univers (Paris)
Date d'édition : 1897-03-26
Contributeur : Veuillot, Louis (1813-1883). Rédacteur
Contributeur : Veuillot, Pierre (1859-1907). Rédacteur
Contributeur : Veuillot, François (1870-1952). Rédacteur
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Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 26 mars 1897 26 mars 1897
Description : 1897/03/26 (Numéro 10660). 1897/03/26 (Numéro 10660).
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse Collection numérique : Bibliographie de la presse
Description : Collection numérique : BIPFPIG44 Collection numérique : BIPFPIG44
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k709441w
Source : Bibliothèque nationale de France
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 06/02/2011
Vendredi 26 Mars 1897
Edition quotidienne. Ç. 10,6)60
Vendredi 26 Mars 1897
ÉDITION QUOTïDISNNH
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PARIS
et départements
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Six mois...... 21 »
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L'UNIVERS ne répond pas des.manuscrits qui lui sont adressés
ANNONCES
MM. LAGRANGE, CERF et C ie , 6, place de te B outs©
PARIS, 25 MARS 1897
SOMMAIRE
L'esprit de parti... P ierre V euillot.
Un de leurs trucs... E. V.
Affaires d'Orient... F. L.
A la Chambre...... G. de T rioks.
Nous écumons...., G. d 'A.
Lettres sur la poli
tique extérieure. . L ucens .
Lettres d'Angleter
re C oningsby.
Causeries militai
res C olonel O rtus.
Bulletin. — La commission d'enquête. —
Le» insulteurs de prêtres. —A propos
des fonds secrets. — L'exhibition de
Diana. — L'incident du lycée Saint-
Louis. — Informations politiques et par
lementaires.— A l'Hôtel de Ville. —Ma
dagascar. — L'affaire Arton. — A tra
vers la presse. — Chronique. — Lettres,
. sciences et arts. — Nansen à Paris. —
Une curieuse audition musicale. — Le
Christ : scènes évangéliques. — Institut
catholique. — Les affaires de Crète. —
Dépêches de l'étranger. — Chronique
religieuse. — En province. — Echos de
partout.— Nécrologie. — Tribunaux. —
Nouvelles diverses. — Calendrier. —
Bulletin et tableau de la Bourse, — Der-
: nière heure.
L'ESPRIT DE ■ PARU
Nous aimons, en France, parmi
divers autres compliments, à nous
faire celui-ci : Quand il s'agit d'une
question extérieure, les divisions
. p a jtis s'effacent, disons-nous;
^intérêt ■'du: pays devient, dans les
Chambres, la presse et le public,
notre seule préoccupation...
' Cet hommage est flatteur. Il en
faut rabattre. Devant un grave
danger natipnal, l'esprit de parti
cesserait d'inspirer notre langage
et notre condùite. Mais lorsque les
conjonctures re sont point alar
mantes, la passion politique exercé,
en matière extérieure aussi, une
influence prépondérante sur nos
paroles et nos actions. Ce que tel
républicain trouverait déshonorant
sous une monarchie, lui paraît sa
gesse et loyauté squs le régime de
son choix. Et ce monarchiste ap
plaudirait les résolutions qu'il juge
scélérates, si nous avions, ala place
de la République, le gouvernement
de ses préférences.
Quel manque absolu de sincérité!
dira-t-on. Absolu est de trop;n'exagé-
rons pas. Quand on se croit sincère,
on est au moins fort près de l'être.
Beaucoup cèdent inconsciemment à
l'esprit de parti. Donner raison à
qui l'on aime, tort à qui l'on hait, le
premier mouvement nous y porte
Il vaudrait mieux réagir, faire abs
traction, examiner. Mais parce qu'on
néglige de se livrer à ses opérations
laborieuses, si l'on juge de travers,
ce qui est une faute, on n'est pas
précisément de mauvaise foi.
Il va même sans dire qu'on peut,
en se trompant ou non, être de la
meilleure foi du monde. Des mo
narchistes, dans telle et telle cir
constance, blâment le gouverne
ment républicain avec une sincérité
vigoureuse que ne renforce aucune
ment l'esprit de parti. Nous en
voyons quelque exemple à propos
des affaires crétoises. Il y a des pîiil-
hellènes qui ne songent vraiment
qu'à la Grèce, mère des arts et des
lettres. Sous une monarchie comme
sous le régime actuel, ils trouve
raient odieux pour la France de ne
pas risquer la guerre à seule fin
d'agrandir le royaume du roi Geor
ges I or ... Mais ils sont rares.
Plus nombreux sont peut-être,
parmi'les mécontents du jour, ceux
qui n'apportent aucune parcelle de
bonne foi. C'est la troisième catégo
rie. Ces derniers savent très bien ce
qu'ils font. L'esprit de parti ne les
entraine pas ; ce sont eux qui le
poussent et le surexcitent. Nous
avons vu, l'année dernière, des ré
publicains ne pas vouloir admettre
que le gouvernement, indécis et
presque inactif, remplissait fort mal
son devoir vis-à-vis du peuple ar
ménien, odieusement égorgé. La
France manquait à sa mission. Mais
il ne fallait pas reconnaître que la
République pouvait commettre une
faute!... C'est le contraire, aujour
d'hui : aous voyons des monarchis
tes qui ne consentiront jamais à
dire que la République, vis-à-vis
de la Grèce, agit comme le prescri
vent la situation de • l'Europe et
nos alliances. Il faut qu'elle ait
tort. Elle tiendrait la conduite op
posée, qu'elle aurait tort aussi. Les
journaux d'opposition systématique
fulmineraient. — Quel gouverne
ment ! s'écrieraient-ils. Le désordre
l'attire. Une révolution éclate, il la
soutient, au risque d'allumer l'in
cendie dans l'Europe entière. Sous
la pression delà rue, de l'émeute,
le ministère grec, au mépris du
droit des gens, risque les pires
aventures ; il aura l'appui de la
J^pïïblïque ! En vain, la Russie
veut-elle amicalement s'opposer à
cette criminelle folie, on ne daigne
Eas l'écouter. Ah ! nous l'avions
ien dit, que la France ne pour
rait point, sous oe régime, conser
ver une alliance qui la faisait ren
trer dans le concert des grandes
nations ! Moins de six mois après
le voyage du tsar à Paris, tout est
rompu...
Mais le gouvernement travaille au
maintien de la paix. Les journaux
d'opposition systématique, royalis
tes et impérialistes, déclarent que
c'est l'infamie la plus basse et prê
chent la" politique contraire. A les
entendre, si nous avions la monar
chie, elle risquerait d'un cœur lé
ger, pour donner la Crète aux Hel
lènes, une; conflagration générale.
Que des promesses de ce genre
soient de nature à faire désirer au
peuple une nouvelle Restauration,
nous n'en sommes pas certain.
Nous croyons, du reste, qu'un roi,
aujourd'hui, se conduirait tout
comme la République.
Il est vrai que la Restauration de
1815 a contribué d'une façon déci
sive à l'affranchissement des Grecs,
et qu'elle a pu en tirer un légitime
honneur. Cependant, il ne faudrait
pas oublier deux détails. Charles X
marchait d'accord avec la Russie ;
en l'occasion présente, nous mar
cherions contre elle. Ensuite, la
France n'est pas intervenue dès
l'origine. L'insurrection avait com
mencé en 1821; Navarin date de
1827, et l'occupation de la Morée
par nos troupes n'eut lieu qu'en
1828. Ce qui nous fit prendre parti,
c'est l'horreur soulevée par l'abo
minable répression qu'exerçaient
les Turcs et surtout les soldats d'I
brahim. On vit alors ce que l'on re
verrait si les musulmans étaient
vainqueurs : l'Eur.ope s'interposa.
Est-il quelqu'un pour croire que
nous laisserions écraser les Grecs ?
La Grèce n'ignore certes point, la
première, que l'on viendrait à son
aide. Cela, peut-être, ajoute à son
ardeur. Cela devrait la rendre plus
déférente aux conseils qu'elle re
çoit. -
Mais si les' journaux royalistes
n'ont pas le droit d'invoquer
l'exemple de la Restauration con
tre le régime actuel, que dire des
journaux impérialistes, notamment
de Y Autorité — si elle est en
core impérialiste ? Au moins Char
les X, finalement, a soutenu les
Grecs. Napoléon III les a combat
tus. Il a fait la guerre à la Russie,
parce que Nicolas I er voulait dé
membrer l'empire ottoman. Et"
comme les Hellènes se permettaient
de s'agiter en faveur des Russes,
on vit, de 1854 à 1857, les soldats
français, conjointement avec des
soldats anglais, occuper le Pirée.
Si ce que propose aujourd'hui le
fouvernement républicain est la
ernière des hontes, nous deman
dons à M. de Cassagnac quel degré
dans la honte il assigne à ce que fit
l'Empire.
Invectiver la République est un
bonheur que n'hésitent point à
s'accorder les opposants de parti
pris. Peut-être*ne leur est-il pas
désagréable, non plus, d'avoir une
occasion de maltraiter Nicolas II.
Ce tsar est venu rendre visite à la
« Gueuse ». Les monarchistes n'en
ont pas éprouvé une joie sans mé
lange. Français, ils se sont réjouis.
Antirépublicains, ils ont un peu
souffert. Le Français a été le plus
fort, durant, surtout, l'enivrement
des fêtes. Mais, profitant des cir
constances, l'homme de parti prend
aujourd'hui une revanche momen
tanée. Il y a, contre le tsar, des
rancunes qui se soulagent. Petite
évacuation de bile.
On aurait tort de prêter à ces mi
sères grande attention. La France,
calme, poursuivra l'œuvre entre
prise de concert avec les autres
puissances. Comme elle a contribué
a rendre à la Grèce la liberté, elle
va contribuer à donner l'autonomie
aux Crétois, sans leur interdire de
s'annexer plus tard au royaume hel
lénique. Tout de suite après, active
ment nous l'espérons,elle s'occupera
de la question arménienne, aune
importance au moins égale, et qu'il
faut enfin résoudre.
Pierre Veuillot.
BULLETIN
La Chambre a commencé hier la dis
cussion du projet de loi concernant le
haut commandement de l'armée. Au
jourd'hui, à l'occasion de la mi-carême,
les députés ont décidé de chômer.
Hier, M. Le Poittevin a liquidé l'inci
dent Isaac qui n'aura pas de suites.
Un parlementaire dont le nom
auraitété prononcé à l'occasion de l'af
faire Arton, M. Clovis Hugues, député
socialiste de Paris, a d.emandé à. être en
tendu par le juge d'instruction afin de
mettre fin aux bruits qui courent à
son sujet : M. Le Poittevin ri'a pas encore
fait droit k son désir.
On prétend que deux députés auraient
subitement quitté Paris : parmi ces
deux députés, la Presse et la Libre Pa
role [ nomment M. Naquet-, mais d'autre
part le Figaro annonce que ■l'ancien
chef boulangiste serait sur le point de
revenir de Nice où il se trouverait ac
tuellement.
Enfin, il paraît qu'Arton serait ma
lade.
On annonce la très prochaine arrivée
en France de lord Salisbury qui aurait
une entrevue avec M. Ilanotaux, minis
tre des affaires étrangères.
L'Agence Reuter prétend que l'exil de
la reine Ranavalo à la Réunion aurait-
eu pour cause la découverte d'une cons
piration contre la vie du général Gal-
lieni.
U COMMISSION D'ENQUÊTE
La commission dé députés qui
parcourt le Finistère, à seule fin
d'ennuyer les curés, continue ses
travaux à travers le pays breton.
Quand les commissaires descen
dent dans les bourgs, ils ont grand
soin de s'écharper largement de
tricolore, afin de rehausser leur
prestige aux yeux des populations.
Mais les populations ne se laissent
pas encore intimider.
A Ploudalmézeau, où la bande
Isambert opérait mardi, plus de
cent trente témoins se sont présen
tés devant elle et les procédés delà
commission ont soulevé quelques
incidents assez vifsl M. l'abbé Grall,
le vaillant curé de la paroisse, qui
vient d'être injustement frustre de
son indemnité sous prétexte politi
que, a refusé de répondre à la con
vocation des commissaires enquê-r
teurs.
Ceux-ci se sont rendus hier à
Lannilis, ou ils ont entendu ènvi-
ron soixante témoins. M. l'abbé 01-
livier, le vénérable recteur, objet
d'une iniquité semblable à celle qui
a frappé le curé de Ploudalmézeau,
a déclaré, dans une 'lettre vigou
reuse, à la commission, qu'il ne
comparaîtrait pas devant elle.
M. l'abbé Quentel, vicaire, a com
paru, mais s'est contenté de remet
tre aux enquêteurs une déposition
écrite.
Aujourd'hui, les compagnons d ? I-
sambert travaillent au Conquet.
UN DE LEURS TRUCS
Le petit groupe des vaughanistes —je
parle des mystificateurs et non des mys
tifiés— a des trucs dont le suceès prouve
combien sont complaisants ceux qui s'y
laissent prendre. L'un de ces trucs est de
représenter Diana, toujours cachée, com
me ayant partout des oreilles, des yeux
et des mains. Un être invisible, touché
de ses malheurs, ébloui de ses vertus,
la sert mieux à lui seul que ne la ser
vaient autrefois les 93,424 légionnaires
que le diable Asmodée, son fiancé, avait
mis à son service.
. Ce protecteur invisible et d'ordre supé
rieur qui voit tout,'entend tout et lui rap
porte tout, voulant l'armer contre l'Uni
vers, lui a révélé qu'il y a parmi nous
quantité de francs-maçons et provisoire
ment il lui en a déjà désigné un : c'est
notre correspondant ordinaire de Rome !
Un ancien abonné qui nous a quittés pour
l'amour de Diana et voudrait nous revenir
m'adresse à ce sujet une lettre commi
natoire, plaintive et... anonyme. J'en ex
trais quelques lignas :
Diana Vaughan aurait découvert le
nom de ce correspondant, son affiliation à
la franc-maçonnerie, sa qualité d'étranger
et par-dessus le marché elle a dit que m.
Eugène Veuillot connaissait ces détails et
qu'il ne s'est pas inquiété pour si peu de ser
vir à ses lecteurs les articles de ce frère
et qu'il comptait que ces choses resteraient
voilées par de discrètes amitiés.
Notre anonyme ajoute qu'il a lu l'Uni
vers pendant vingt-cinq ans et l'aime
encore. Il fait bien de nous aimer encore,
mais il a tort de laisser la défiance domi
ner .son amour et de se • partager entre
nous et cette Diana, si semblable à
Taxil.
Puisqu'il nous a lu très longtemps,n'a-
t-il pas remarqué que nos correspon
dances régulières de Rome n'ont jamais
été signées? Jamais, non plus, leurs au
teurs ne se sont cachés. Notre correspon
dant d'aujourd'hui, qui a été longtemps
le correspondant du Monde, ne se cache
pas plus que ses prédécesseurs et est
tout aussi connu que ceux-ci à Rome, à
Paris et ailleurs. Donc, ce qu'on a dé
couvert à Diana n'était pas couvert. Si
l'anonyme, joué par les taxiliens, qui nous
demande le nom de notre correspondant,
veut donner le sien et y, joindre son
adresse, il aura satisfaction. En re
vanche, il devra nous dire à quelle loge
le collaborateur ainsi dénoncé appar
tient. Ce sera un service d'ami. Pour
l'encouragera nous le' rendre, noua lui
promettons de mettre la chose dans le
journal.
A propos: si Diana-Taxil ne justifie
pas son accusation de iranc-maçonnerie,
notre ancien abonné reconnaitra-t-il que
le plus honnête de cette bande est, en
somme,Bataille-Hacks puisqu'il a avoué ?
En attendant, je ne veux retenir de sa
lettre que les passages où il me parle en
vieil ami etoû il s'écrie : « J'aitant de mal
à renoncer à l'Univers que j'ai tant aime'
et pour qui j'ai tant combattu ! »
Allons ! d'autres dianistes nous sont
déjà revenus ; celui-ci nous reviendra de
même. U attend la grande exhition de
Diana pour vaincre notre opposition;
nous attendons l'aboutissement de celte
même farce pour qu'il nous dise : J'ai vu,
j'ai entendu, je suis désabusé.
E. V.
AFFAIRES D 'ORIENT
La solution de la question cré
toise n'avance guère et l'on a le
droit d'en être quelque peu surpris.
Le blocus de la Crète n'a pour le
moment produit aucun résultat ; le
colonel VasBos qui s'est retiré avec
ses troupes à 1 intérieur de l'île a,
dit-on, des approvisionnements suf
fisants pour n'avoir point à en re
douter les effets, au moins d'ici à
quelque longtemps. Quant auxinsur-
f;és crétois entrés en relation avec
es amiraux commandant les forces
internationales, un certain nombre
de dépêches prétendent qu'ils ré
clament avec ensemble l'annexion
de la Crète à la Grèce, ce qui pa
raîtrait indiquer que la proclama
tion de l'autonomie n'a pas eu au
près de la population crétoise tout
le succès que l'on pouvait espérer.
Enfin le gouvernement grec ne se
presse guère de faire acte de sou
mission aux volontés des puis
sances. On dit cependant que son
obstination belliqueuse commence
à faiblir et qu'il voudrait bien pou
voir se dégager du mouvement à la
fois national et révolutionnaire dont
il a été jusqu'à présent moins le chef
que le prisonnier. Toutefois, s'il
faut en croire les dépêches d'Athè
nes, le gouvernement hellénique
continuerait d'expédier régiments
sur régiments à la frontière. Il est
vrai que ces dépêches ne peuvent
être acceptées que sous bénéfice'
d'inventaire, car s'il fallait les pren
dre à la lettre, la Grèce aurait réu
ni, depuis l'origine de la crise, une
armée formidable, au moins par le
nombre, en Thessalie et en Épire;
or-cette armée, d'autres dépêches,
qui ne sont point d'Athènes, la ré
duisent dans des proportions consi
dérables.
Quoi qu'il en soit, il est profon
dément regrettable que l'inaction
relative des puissances et leurs
lenteurs laissent le champ libre à
une masse d'informations absurdes
ou contradictoires, qui vont jus
qu'à mettre en doute leur accord,
et que lancent de tous côtés à tra
vers l'Europe des mains intéres
sées.
Il semble que le premier soin de
la fédération européenne devait
être de se concerter vite sur le
choix du personnage qui doit pren
dre en mains la direction du gouver
nement autonome de la Crète. La
prompte désignation de ce chef eût
donne à la réorganisation adminis
trative de l'île et à sa pacification
une direction unique nécessaire et
une impulsion toute-puissante; les
forces internationales destinées à
seconder son action pouvaient
être mises sous le commandement
de ce. mandataire de l'Europe, et la
solution de la question crétoise
eût été ainsi singulièrement
avancée.
Si l'on avait procédé suivant ces
données de la logique et du bon
sens, on nous eût épargné le spec
tacle d'une action collective incer
taine et lente dans sa marche,
qui laisse trop longtemps l'opinion
européenne dans l'anxiété et l'in
quiétude.
F. L.
A LA CHAMBRE
L 'organisation du haut commande
ment.
Le projet de loi soumis à la
Chambre organise légalement, au
point de vue de la guerre, le haut
commandement de nos forces natio
nales ; il apporte au régime actuel
lement en vigueur deux modifica
tions essentielles : il institue un
conseil supérieur de la guerre, et il
'crée un nouveau grade, celui de
général d'armée.
Le nouveau conseil, chargé d'ex
aminer toutes les mesures d'en
semble relatives au personnel et au
matériel de l'armée, doit être pure
ment consultatif mais obligatoire
ment consulté sur certains points
expressément énumérés; il sera
composé du ministre de . la guerre,
président, du chef d'état-major gé
néral, et des officiers généraux dé
signés pour exercer, en temps de
guerre, le commandèment des
groupes d'armées et des armées ;
ces,officiers généraux prendront le
titre d'inspecteurs darmées, et
procéderont chaque année à l'ins
pection des troupes placées éven
tuellement sous leurs ordres. Les
généraux d'armées, créés par laJ^i
nouvelle, seront au nombre de~T2, eY
choisis sur les listes d'aptitude
établies chaque année par le conseil
supérieur.
Enfin, la limite d'âge est fixée
pour les généraux à 66 ans, pour
les généraux de division à 64 ans, et
pour t les'généraux de brigade à 62
ans.
Telle est, dans ses grandes lignes,
la réforme élaborée par le gouver
nement et par la commission de
l'armée; la discussion générale a
pris toute là séance d'hier — pro
mettant d'ailleurs d'en occuper plu
sieurs autres ; on a longuement cri
tiqué les innovations proposées;
un médecin, M. Chapuis, et un avo
cat, M. Raiberti, se sont montrés
particulièrement sévères ; quant à
M. de Tréveneuc, un autre adver
saire du projet, qui du moins fut à
même d'étudier de près les ques
tions militaires, il a fait agréable
ment écouter un discours spirituel
et instructif; il voudrait voir s'éta
blir, dans notre organisation mili
taire, l'unité de doctrine qui est la
force de l'armée allemande, et il re
proche au conseil supérieur, insti
tué par le projet, de ne pouvoir être
jamais qu'un conseil « aulique », un
simple agent d'exécution.
Cette unité de doctrine, nous ne
pourrons, d'après M. de Tréveneuc,
l'obtenir que par la désignation, à
l'avance, d'un généralissime, chef
de toutes les armes, et par la cons
titution, à titre permanent, d'un
grand- état-major.
Avant lui, M. Chapuis avait
donné lecture de quelques obser
vations tendant à prouver que les
grandes batailles consacrées par
l'histoire ont été gagnées par de
jeunes généraux sur des chefs vieil
lis — et le paisible docteur, s'im-
provisant stratège, avait invoqué le
témoignage des grands guerriers
connus, depuis Cyrus et Alcibiade
jusqu'à Charles XII et à Bona
parte.
M. Raiberti,lui, est un partisan ré
solu de «{l'initiative du subordonné »
— estimant que les bonnes armées
font les chefs victorieux ; il ne veut
Sas du généralissime proposé par
[. de Tréveneuc, mais il redoute
tout autant les • douze généraux
créés parla loi nouvelle; il entend
faire découler l'autorité, non point
du grade, mais de la lettre de ser
vice, toujours révocable; il accep
terait toutefois l'institution d'un
grand état-major général avec les
attributions que veut lui donner
M. de Tréveneuc.
On ne sait encore ce qu'il advien
dra de tous ces vœux; en attendant,
M. Mézières, président de la commis
sion, et M. de Montfort, rapporteur,
ont indiqué qu'en l'état actuel de no
tre organisation militaire la créa
tion d'un généralissime serait irréa
lisable, et la question d'un grand
.état-major devrait faire l'objet d'un
examen spécial.
La commission estime en effet
que le groupement définitif des
unités de guerre doit dé-
des conditions dans les-
le conflit s'engagera,
aussi des objectifs à at-
et des éventualités qui
grandes
pendre
quelles
comme
teindre,
ourront se produire— et il sem
ble impossible de désigner dès
aujourd'hui un chef unique et su
prême de toutes nos armées d'o
pérations ; elle ne se refuse pas à
étudier séparément et après le
vote du projet l'organisme nouveau
réclamé par M. de Tréveneuc, ap
pelé par lui « grand état-major » et
ayant pour objet de « préparer à
« leurs, fonctions de guerreles offi-
« ciers destinés à former l'état-
« major du généralissime et les
« états-majors des différentes a,r-
« mées ». •
D'autres systèmes seront d'ail
leurs exposés au cours de la discus
sion; M. Cavaignac, notamment,
présentera le sien qu'on sera sur
pris de n'avoir pu connaître lors
que son auteur était le chef su
prême de l'armée.
Gabriel de Triors.
—.—
LES INSULTEURS] DE PRÊTRES
Les journaux anticléricaux qui
croyaient pouvoir impunément in
sulter les prêtres ont reçu, coup
sur coup, dans ces derniers temps,
d'assez vigoureuses leçons qui se
ront, espérons-le, salutaires.
On a vu, l'autre jour, le résultat
du procès intenté par les prêtres
bretons au Journal de Seine-et-Oise
et la condamnation encourue par
les diffamateurs.
Ailleurs, à Cahors, le tribunal a
infligé à un certain Dupon, direc
teur d'un journal socialiste où l'on
avait violemment injurié M. l'abbé
Magne, une peine de deux mois
de prison. Et, d'autre part encore,
à Saint-Girons, M. Bernadac et le
gérant de la République de VAriège
ont encouru 15 jours de prison,
100 francs d'amende et 2,000, francs
de dommages et intérêts, pour
avoir diffamé M. l'abbé Faur, curé
de Lacoust. Il est vrai que M. Ber
nadac, â ce coup, s'est rebiffé. Pa
reil à ces enfants qui, recevant une
épithète injurieuse,ont tout de suite
à la bouche la réponse naïve : « Et
toi aussi... tu en es un autre », il a
poursuivi, à son tour, M. l'abbé
Faur, pour diffamation. Mal lui en,a
pris ; car sa. plainte a été purement-
et simplement rejetée.
Ces jugements sont une leçon
non seulement pour les insulteurs,
mais aussi pour tous les prêtres in
sultés. Ils voient qu'ils ne pourront
rien perdre à sortir d'une timidité
qui, surtout au temps actuel, n'est
plus de mise et ne saurait avoir
que de fâcheux effets.
Constatons d'ailleurs que cet'te.
timidité diminue de plus en plus;
le jour où elle aura complètement
disparu, les anticléricaux retourne
ront plusieurs fois leur plume
avant d'écrire a l'adresse des prê
tres une épithète malsonnante ou
une accusation mensongère.
NOUS ÉCUMONS
Quiconque éveille chez autrui l'espé
rance du paradis et la crainte de l'enfer
tombe soûs le coup de l'article 405 du
Code pénal.
Les « parts de paradis » constituent,
en effet, des « dividendes imaginaires ».
Telle était l'idée magistrale dévelop
pée. dans un récent article de M. Ler-
mina.
Nous répondîmes en faisant entrevoir
les vastes conséquences de cette inter
prétation de la loi, et en donnant à en
tendre que les prisons, dans ce système-
là, risqueraient d'être un peu étroites.
Après quinze jours de réflexion, l'ami
de Vercingétorix — qui croyait d'ailleurs
au Paradis — revient à la charge, et
maintient ses assertions.
« Les cléricaux écument ! » s'écrie le
philosophe du Radical.
Pourquoi les cléricaux écument- ils?
Parce qu' « ils pensent que c'est bien là
que le bât les blesse ».
Effectivement, toutes les fois qu'un
prêtre, au catéchisme ou en chaire, parle
du paradis, ce. péril le trouble profondé
ment. Cet article avec ses trois chiffres
de Damoclès, l'alarme plus qu'on ne
! croit.
Les Druides eux-mêmes, ces braves
! Druides, ennemis de Charlemagne et
: amlB de M. Lermina,lorsqu'ils prêchaient
au fond des forêts le dogme de l'immor
talité de l'âme, ne devaient pas avoir la
conscience tranquille. Le même article
aurait pu leur donner sur les doigts. Une
main vengeresse, en ces moments, n'écri :
vait-elle pas sur l'écorce des chênes ces
trois chiffres fatidiques : 405 ?
G. D'A.
LETTRES
SI M Fflfflll EXTÉRIEURE
Les élections italiennes marquent
une date historique. Pour la pre^
mière fois depuis 1859,1e Non expe-
dit, imposé par cinq déclarations
pontificales, a été maintenu comme
une consigne intangible. Jadis, à la
veille de la consultation nationale,
on livrait, de tous côtés, un [assaut
au mot d'ordre abstentionniste.
Sous le dernier proconsulat de M.
Crispi, toutes les pressions s'exer
çaient autour du Vatican, pour en
traîner, sous une forme ou sous une
autre, les catholiques dans la vie
parlementaire. Ce progrès a une
importance inappréciable. C'est la
preuve que le régime établi en 1870
sous le règne delà cohabitation des
deux pouvoirs à Rome n'a plus rien
à attendre ni de la Papauté ni de la
masse catholique et conservatrice.
La solution définitive du problème
pontifical n'est dès lors plus qu'une
question de temps. Les libéraux,
d'un côté, les catholiques concilia
teurs, de l'autre, ont senti instinc
tivement que réclamer du Pape
l'abolition du nè eletti nè elettors se
rait plus qu'une tentative inutile,
une faute.
Nous avons vu les signataires
des mémoires au Pape, dans les
quels des groupes politiques re
commandaient la rupture avec l'abs
tention comme un acte d'affran
chissement, s'incliner avec une vé
nération obéissante devant la sa-
gesse impeccable du Saint-Siège,
"n des représentants les plus
éclairés de la «participation », le
marquis Filippo Crispolti, vient de
faire à Bologne, devant le cardinal
Svampa, une conférence, où il a
marqué les résultats de la politi-
rue d'abstention. Maintien intégral
extinction graduelle du Kultur-
hampf et de la guerre aux forces
religieuses ; affirmation de l'inté
grité morale du parti catholique
qui, au lieu de souiller son nom
dans la corruption financière et
Sarlementaire de la « troisième
:ome est resté debout, au sein
de l'universelle décadence, comme
une fière réserve nationale ; gâchis,
confusion, atonie, abaissements de
toute sorte : tel est le bilan du non
expedit. \
Cette discipline nettement main
tenue contre toutes les défections
V
Edition quotidienne. Ç. 10,6)60
Vendredi 26 Mars 1897
ÉDITION QUOTïDISNNH
/
PARIS
et départements
Un an 40 »
Six mois...... 21 »
Trois mois..... ,11 »
ÉTRANGER
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On s'abonne à Rome, place du Gesù, 8
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LE MONDE
' ÉDITW BEm-QTWTHMEtfNft
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Six mois,.,... 10 ® 13 »■
, Trois'mois:...» 5, » _ S 50
Les abonnements partent des 1 er et 10 de opaque mole
L'UNIVERS ne répond pas des.manuscrits qui lui sont adressés
ANNONCES
MM. LAGRANGE, CERF et C ie , 6, place de te B outs©
PARIS, 25 MARS 1897
SOMMAIRE
L'esprit de parti... P ierre V euillot.
Un de leurs trucs... E. V.
Affaires d'Orient... F. L.
A la Chambre...... G. de T rioks.
Nous écumons...., G. d 'A.
Lettres sur la poli
tique extérieure. . L ucens .
Lettres d'Angleter
re C oningsby.
Causeries militai
res C olonel O rtus.
Bulletin. — La commission d'enquête. —
Le» insulteurs de prêtres. —A propos
des fonds secrets. — L'exhibition de
Diana. — L'incident du lycée Saint-
Louis. — Informations politiques et par
lementaires.— A l'Hôtel de Ville. —Ma
dagascar. — L'affaire Arton. — A tra
vers la presse. — Chronique. — Lettres,
. sciences et arts. — Nansen à Paris. —
Une curieuse audition musicale. — Le
Christ : scènes évangéliques. — Institut
catholique. — Les affaires de Crète. —
Dépêches de l'étranger. — Chronique
religieuse. — En province. — Echos de
partout.— Nécrologie. — Tribunaux. —
Nouvelles diverses. — Calendrier. —
Bulletin et tableau de la Bourse, — Der-
: nière heure.
L'ESPRIT DE ■ PARU
Nous aimons, en France, parmi
divers autres compliments, à nous
faire celui-ci : Quand il s'agit d'une
question extérieure, les divisions
. p a jtis s'effacent, disons-nous;
^intérêt ■'du: pays devient, dans les
Chambres, la presse et le public,
notre seule préoccupation...
' Cet hommage est flatteur. Il en
faut rabattre. Devant un grave
danger natipnal, l'esprit de parti
cesserait d'inspirer notre langage
et notre condùite. Mais lorsque les
conjonctures re sont point alar
mantes, la passion politique exercé,
en matière extérieure aussi, une
influence prépondérante sur nos
paroles et nos actions. Ce que tel
républicain trouverait déshonorant
sous une monarchie, lui paraît sa
gesse et loyauté squs le régime de
son choix. Et ce monarchiste ap
plaudirait les résolutions qu'il juge
scélérates, si nous avions, ala place
de la République, le gouvernement
de ses préférences.
Quel manque absolu de sincérité!
dira-t-on. Absolu est de trop;n'exagé-
rons pas. Quand on se croit sincère,
on est au moins fort près de l'être.
Beaucoup cèdent inconsciemment à
l'esprit de parti. Donner raison à
qui l'on aime, tort à qui l'on hait, le
premier mouvement nous y porte
traction, examiner. Mais parce qu'on
néglige de se livrer à ses opérations
laborieuses, si l'on juge de travers,
ce qui est une faute, on n'est pas
précisément de mauvaise foi.
Il va même sans dire qu'on peut,
en se trompant ou non, être de la
meilleure foi du monde. Des mo
narchistes, dans telle et telle cir
constance, blâment le gouverne
ment républicain avec une sincérité
vigoureuse que ne renforce aucune
ment l'esprit de parti. Nous en
voyons quelque exemple à propos
des affaires crétoises. Il y a des pîiil-
hellènes qui ne songent vraiment
qu'à la Grèce, mère des arts et des
lettres. Sous une monarchie comme
sous le régime actuel, ils trouve
raient odieux pour la France de ne
pas risquer la guerre à seule fin
d'agrandir le royaume du roi Geor
ges I or ... Mais ils sont rares.
Plus nombreux sont peut-être,
parmi'les mécontents du jour, ceux
qui n'apportent aucune parcelle de
bonne foi. C'est la troisième catégo
rie. Ces derniers savent très bien ce
qu'ils font. L'esprit de parti ne les
entraine pas ; ce sont eux qui le
poussent et le surexcitent. Nous
avons vu, l'année dernière, des ré
publicains ne pas vouloir admettre
que le gouvernement, indécis et
presque inactif, remplissait fort mal
son devoir vis-à-vis du peuple ar
ménien, odieusement égorgé. La
France manquait à sa mission. Mais
il ne fallait pas reconnaître que la
République pouvait commettre une
faute!... C'est le contraire, aujour
d'hui : aous voyons des monarchis
tes qui ne consentiront jamais à
dire que la République, vis-à-vis
de la Grèce, agit comme le prescri
vent la situation de • l'Europe et
nos alliances. Il faut qu'elle ait
tort. Elle tiendrait la conduite op
posée, qu'elle aurait tort aussi. Les
journaux d'opposition systématique
fulmineraient. — Quel gouverne
ment ! s'écrieraient-ils. Le désordre
l'attire. Une révolution éclate, il la
soutient, au risque d'allumer l'in
cendie dans l'Europe entière. Sous
la pression delà rue, de l'émeute,
le ministère grec, au mépris du
droit des gens, risque les pires
aventures ; il aura l'appui de la
J^pïïblïque ! En vain, la Russie
veut-elle amicalement s'opposer à
cette criminelle folie, on ne daigne
Eas l'écouter. Ah ! nous l'avions
ien dit, que la France ne pour
rait point, sous oe régime, conser
ver une alliance qui la faisait ren
trer dans le concert des grandes
nations ! Moins de six mois après
le voyage du tsar à Paris, tout est
rompu...
Mais le gouvernement travaille au
maintien de la paix. Les journaux
d'opposition systématique, royalis
tes et impérialistes, déclarent que
c'est l'infamie la plus basse et prê
chent la" politique contraire. A les
entendre, si nous avions la monar
chie, elle risquerait d'un cœur lé
ger, pour donner la Crète aux Hel
lènes, une; conflagration générale.
Que des promesses de ce genre
soient de nature à faire désirer au
peuple une nouvelle Restauration,
nous n'en sommes pas certain.
Nous croyons, du reste, qu'un roi,
aujourd'hui, se conduirait tout
comme la République.
Il est vrai que la Restauration de
1815 a contribué d'une façon déci
sive à l'affranchissement des Grecs,
et qu'elle a pu en tirer un légitime
honneur. Cependant, il ne faudrait
pas oublier deux détails. Charles X
marchait d'accord avec la Russie ;
en l'occasion présente, nous mar
cherions contre elle. Ensuite, la
France n'est pas intervenue dès
l'origine. L'insurrection avait com
mencé en 1821; Navarin date de
1827, et l'occupation de la Morée
par nos troupes n'eut lieu qu'en
1828. Ce qui nous fit prendre parti,
c'est l'horreur soulevée par l'abo
minable répression qu'exerçaient
les Turcs et surtout les soldats d'I
brahim. On vit alors ce que l'on re
verrait si les musulmans étaient
vainqueurs : l'Eur.ope s'interposa.
Est-il quelqu'un pour croire que
nous laisserions écraser les Grecs ?
La Grèce n'ignore certes point, la
première, que l'on viendrait à son
aide. Cela, peut-être, ajoute à son
ardeur. Cela devrait la rendre plus
déférente aux conseils qu'elle re
çoit. -
Mais si les' journaux royalistes
n'ont pas le droit d'invoquer
l'exemple de la Restauration con
tre le régime actuel, que dire des
journaux impérialistes, notamment
de Y Autorité — si elle est en
core impérialiste ? Au moins Char
les X, finalement, a soutenu les
Grecs. Napoléon III les a combat
tus. Il a fait la guerre à la Russie,
parce que Nicolas I er voulait dé
membrer l'empire ottoman. Et"
comme les Hellènes se permettaient
de s'agiter en faveur des Russes,
on vit, de 1854 à 1857, les soldats
français, conjointement avec des
soldats anglais, occuper le Pirée.
Si ce que propose aujourd'hui le
fouvernement républicain est la
ernière des hontes, nous deman
dons à M. de Cassagnac quel degré
dans la honte il assigne à ce que fit
l'Empire.
Invectiver la République est un
bonheur que n'hésitent point à
s'accorder les opposants de parti
pris. Peut-être*ne leur est-il pas
désagréable, non plus, d'avoir une
occasion de maltraiter Nicolas II.
Ce tsar est venu rendre visite à la
« Gueuse ». Les monarchistes n'en
ont pas éprouvé une joie sans mé
lange. Français, ils se sont réjouis.
Antirépublicains, ils ont un peu
souffert. Le Français a été le plus
fort, durant, surtout, l'enivrement
des fêtes. Mais, profitant des cir
constances, l'homme de parti prend
aujourd'hui une revanche momen
tanée. Il y a, contre le tsar, des
rancunes qui se soulagent. Petite
évacuation de bile.
On aurait tort de prêter à ces mi
sères grande attention. La France,
calme, poursuivra l'œuvre entre
prise de concert avec les autres
puissances. Comme elle a contribué
a rendre à la Grèce la liberté, elle
va contribuer à donner l'autonomie
aux Crétois, sans leur interdire de
s'annexer plus tard au royaume hel
lénique. Tout de suite après, active
ment nous l'espérons,elle s'occupera
de la question arménienne, aune
importance au moins égale, et qu'il
faut enfin résoudre.
Pierre Veuillot.
BULLETIN
La Chambre a commencé hier la dis
cussion du projet de loi concernant le
haut commandement de l'armée. Au
jourd'hui, à l'occasion de la mi-carême,
les députés ont décidé de chômer.
Hier, M. Le Poittevin a liquidé l'inci
dent Isaac qui n'aura pas de suites.
Un parlementaire dont le nom
auraitété prononcé à l'occasion de l'af
faire Arton, M. Clovis Hugues, député
socialiste de Paris, a d.emandé à. être en
tendu par le juge d'instruction afin de
mettre fin aux bruits qui courent à
son sujet : M. Le Poittevin ri'a pas encore
fait droit k son désir.
On prétend que deux députés auraient
subitement quitté Paris : parmi ces
deux députés, la Presse et la Libre Pa
role [ nomment M. Naquet-, mais d'autre
part le Figaro annonce que ■l'ancien
chef boulangiste serait sur le point de
revenir de Nice où il se trouverait ac
tuellement.
Enfin, il paraît qu'Arton serait ma
lade.
On annonce la très prochaine arrivée
en France de lord Salisbury qui aurait
une entrevue avec M. Ilanotaux, minis
tre des affaires étrangères.
L'Agence Reuter prétend que l'exil de
la reine Ranavalo à la Réunion aurait-
eu pour cause la découverte d'une cons
piration contre la vie du général Gal-
lieni.
U COMMISSION D'ENQUÊTE
La commission dé députés qui
parcourt le Finistère, à seule fin
d'ennuyer les curés, continue ses
travaux à travers le pays breton.
Quand les commissaires descen
dent dans les bourgs, ils ont grand
soin de s'écharper largement de
tricolore, afin de rehausser leur
prestige aux yeux des populations.
Mais les populations ne se laissent
pas encore intimider.
A Ploudalmézeau, où la bande
Isambert opérait mardi, plus de
cent trente témoins se sont présen
tés devant elle et les procédés delà
commission ont soulevé quelques
incidents assez vifsl M. l'abbé Grall,
le vaillant curé de la paroisse, qui
vient d'être injustement frustre de
son indemnité sous prétexte politi
que, a refusé de répondre à la con
vocation des commissaires enquê-r
teurs.
Ceux-ci se sont rendus hier à
Lannilis, ou ils ont entendu ènvi-
ron soixante témoins. M. l'abbé 01-
livier, le vénérable recteur, objet
d'une iniquité semblable à celle qui
a frappé le curé de Ploudalmézeau,
a déclaré, dans une 'lettre vigou
reuse, à la commission, qu'il ne
comparaîtrait pas devant elle.
M. l'abbé Quentel, vicaire, a com
paru, mais s'est contenté de remet
tre aux enquêteurs une déposition
écrite.
Aujourd'hui, les compagnons d ? I-
sambert travaillent au Conquet.
UN DE LEURS TRUCS
Le petit groupe des vaughanistes —je
parle des mystificateurs et non des mys
tifiés— a des trucs dont le suceès prouve
combien sont complaisants ceux qui s'y
laissent prendre. L'un de ces trucs est de
représenter Diana, toujours cachée, com
me ayant partout des oreilles, des yeux
et des mains. Un être invisible, touché
de ses malheurs, ébloui de ses vertus,
la sert mieux à lui seul que ne la ser
vaient autrefois les 93,424 légionnaires
que le diable Asmodée, son fiancé, avait
mis à son service.
. Ce protecteur invisible et d'ordre supé
rieur qui voit tout,'entend tout et lui rap
porte tout, voulant l'armer contre l'Uni
vers, lui a révélé qu'il y a parmi nous
quantité de francs-maçons et provisoire
ment il lui en a déjà désigné un : c'est
notre correspondant ordinaire de Rome !
Un ancien abonné qui nous a quittés pour
l'amour de Diana et voudrait nous revenir
m'adresse à ce sujet une lettre commi
natoire, plaintive et... anonyme. J'en ex
trais quelques lignas :
Diana Vaughan aurait découvert le
nom de ce correspondant, son affiliation à
la franc-maçonnerie, sa qualité d'étranger
et par-dessus le marché elle a dit que m.
Eugène Veuillot connaissait ces détails et
qu'il ne s'est pas inquiété pour si peu de ser
vir à ses lecteurs les articles de ce frère
et qu'il comptait que ces choses resteraient
voilées par de discrètes amitiés.
Notre anonyme ajoute qu'il a lu l'Uni
vers pendant vingt-cinq ans et l'aime
encore. Il fait bien de nous aimer encore,
mais il a tort de laisser la défiance domi
ner .son amour et de se • partager entre
nous et cette Diana, si semblable à
Taxil.
Puisqu'il nous a lu très longtemps,n'a-
t-il pas remarqué que nos correspon
dances régulières de Rome n'ont jamais
été signées? Jamais, non plus, leurs au
teurs ne se sont cachés. Notre correspon
dant d'aujourd'hui, qui a été longtemps
le correspondant du Monde, ne se cache
pas plus que ses prédécesseurs et est
tout aussi connu que ceux-ci à Rome, à
Paris et ailleurs. Donc, ce qu'on a dé
couvert à Diana n'était pas couvert. Si
l'anonyme, joué par les taxiliens, qui nous
demande le nom de notre correspondant,
veut donner le sien et y, joindre son
adresse, il aura satisfaction. En re
vanche, il devra nous dire à quelle loge
le collaborateur ainsi dénoncé appar
tient. Ce sera un service d'ami. Pour
l'encouragera nous le' rendre, noua lui
promettons de mettre la chose dans le
journal.
A propos: si Diana-Taxil ne justifie
pas son accusation de iranc-maçonnerie,
notre ancien abonné reconnaitra-t-il que
le plus honnête de cette bande est, en
somme,Bataille-Hacks puisqu'il a avoué ?
En attendant, je ne veux retenir de sa
lettre que les passages où il me parle en
vieil ami etoû il s'écrie : « J'aitant de mal
à renoncer à l'Univers que j'ai tant aime'
et pour qui j'ai tant combattu ! »
Allons ! d'autres dianistes nous sont
déjà revenus ; celui-ci nous reviendra de
même. U attend la grande exhition de
Diana pour vaincre notre opposition;
nous attendons l'aboutissement de celte
même farce pour qu'il nous dise : J'ai vu,
j'ai entendu, je suis désabusé.
E. V.
AFFAIRES D 'ORIENT
La solution de la question cré
toise n'avance guère et l'on a le
droit d'en être quelque peu surpris.
Le blocus de la Crète n'a pour le
moment produit aucun résultat ; le
colonel VasBos qui s'est retiré avec
ses troupes à 1 intérieur de l'île a,
dit-on, des approvisionnements suf
fisants pour n'avoir point à en re
douter les effets, au moins d'ici à
quelque longtemps. Quant auxinsur-
f;és crétois entrés en relation avec
es amiraux commandant les forces
internationales, un certain nombre
de dépêches prétendent qu'ils ré
clament avec ensemble l'annexion
de la Crète à la Grèce, ce qui pa
raîtrait indiquer que la proclama
tion de l'autonomie n'a pas eu au
près de la population crétoise tout
le succès que l'on pouvait espérer.
Enfin le gouvernement grec ne se
presse guère de faire acte de sou
mission aux volontés des puis
sances. On dit cependant que son
obstination belliqueuse commence
à faiblir et qu'il voudrait bien pou
voir se dégager du mouvement à la
fois national et révolutionnaire dont
il a été jusqu'à présent moins le chef
que le prisonnier. Toutefois, s'il
faut en croire les dépêches d'Athè
nes, le gouvernement hellénique
continuerait d'expédier régiments
sur régiments à la frontière. Il est
vrai que ces dépêches ne peuvent
être acceptées que sous bénéfice'
d'inventaire, car s'il fallait les pren
dre à la lettre, la Grèce aurait réu
ni, depuis l'origine de la crise, une
armée formidable, au moins par le
nombre, en Thessalie et en Épire;
or-cette armée, d'autres dépêches,
qui ne sont point d'Athènes, la ré
duisent dans des proportions consi
dérables.
Quoi qu'il en soit, il est profon
dément regrettable que l'inaction
relative des puissances et leurs
lenteurs laissent le champ libre à
une masse d'informations absurdes
ou contradictoires, qui vont jus
qu'à mettre en doute leur accord,
et que lancent de tous côtés à tra
vers l'Europe des mains intéres
sées.
Il semble que le premier soin de
la fédération européenne devait
être de se concerter vite sur le
choix du personnage qui doit pren
dre en mains la direction du gouver
nement autonome de la Crète. La
prompte désignation de ce chef eût
donne à la réorganisation adminis
trative de l'île et à sa pacification
une direction unique nécessaire et
une impulsion toute-puissante; les
forces internationales destinées à
seconder son action pouvaient
être mises sous le commandement
de ce. mandataire de l'Europe, et la
solution de la question crétoise
eût été ainsi singulièrement
avancée.
Si l'on avait procédé suivant ces
données de la logique et du bon
sens, on nous eût épargné le spec
tacle d'une action collective incer
taine et lente dans sa marche,
qui laisse trop longtemps l'opinion
européenne dans l'anxiété et l'in
quiétude.
F. L.
A LA CHAMBRE
L 'organisation du haut commande
ment.
Le projet de loi soumis à la
Chambre organise légalement, au
point de vue de la guerre, le haut
commandement de nos forces natio
nales ; il apporte au régime actuel
lement en vigueur deux modifica
tions essentielles : il institue un
conseil supérieur de la guerre, et il
'crée un nouveau grade, celui de
général d'armée.
Le nouveau conseil, chargé d'ex
aminer toutes les mesures d'en
semble relatives au personnel et au
matériel de l'armée, doit être pure
ment consultatif mais obligatoire
ment consulté sur certains points
expressément énumérés; il sera
composé du ministre de . la guerre,
président, du chef d'état-major gé
néral, et des officiers généraux dé
signés pour exercer, en temps de
guerre, le commandèment des
groupes d'armées et des armées ;
ces,officiers généraux prendront le
titre d'inspecteurs darmées, et
procéderont chaque année à l'ins
pection des troupes placées éven
tuellement sous leurs ordres. Les
généraux d'armées, créés par laJ^i
nouvelle, seront au nombre de~T2, eY
choisis sur les listes d'aptitude
établies chaque année par le conseil
supérieur.
Enfin, la limite d'âge est fixée
pour les généraux à 66 ans, pour
les généraux de division à 64 ans, et
pour t les'généraux de brigade à 62
ans.
Telle est, dans ses grandes lignes,
la réforme élaborée par le gouver
nement et par la commission de
l'armée; la discussion générale a
pris toute là séance d'hier — pro
mettant d'ailleurs d'en occuper plu
sieurs autres ; on a longuement cri
tiqué les innovations proposées;
un médecin, M. Chapuis, et un avo
cat, M. Raiberti, se sont montrés
particulièrement sévères ; quant à
M. de Tréveneuc, un autre adver
saire du projet, qui du moins fut à
même d'étudier de près les ques
tions militaires, il a fait agréable
ment écouter un discours spirituel
et instructif; il voudrait voir s'éta
blir, dans notre organisation mili
taire, l'unité de doctrine qui est la
force de l'armée allemande, et il re
proche au conseil supérieur, insti
tué par le projet, de ne pouvoir être
jamais qu'un conseil « aulique », un
simple agent d'exécution.
Cette unité de doctrine, nous ne
pourrons, d'après M. de Tréveneuc,
l'obtenir que par la désignation, à
l'avance, d'un généralissime, chef
de toutes les armes, et par la cons
titution, à titre permanent, d'un
grand- état-major.
Avant lui, M. Chapuis avait
donné lecture de quelques obser
vations tendant à prouver que les
grandes batailles consacrées par
l'histoire ont été gagnées par de
jeunes généraux sur des chefs vieil
lis — et le paisible docteur, s'im-
provisant stratège, avait invoqué le
témoignage des grands guerriers
connus, depuis Cyrus et Alcibiade
jusqu'à Charles XII et à Bona
parte.
M. Raiberti,lui, est un partisan ré
solu de «{l'initiative du subordonné »
— estimant que les bonnes armées
font les chefs victorieux ; il ne veut
Sas du généralissime proposé par
[. de Tréveneuc, mais il redoute
tout autant les • douze généraux
créés parla loi nouvelle; il entend
faire découler l'autorité, non point
du grade, mais de la lettre de ser
vice, toujours révocable; il accep
terait toutefois l'institution d'un
grand état-major général avec les
attributions que veut lui donner
M. de Tréveneuc.
On ne sait encore ce qu'il advien
dra de tous ces vœux; en attendant,
M. Mézières, président de la commis
sion, et M. de Montfort, rapporteur,
ont indiqué qu'en l'état actuel de no
tre organisation militaire la créa
tion d'un généralissime serait irréa
lisable, et la question d'un grand
.état-major devrait faire l'objet d'un
examen spécial.
La commission estime en effet
que le groupement définitif des
unités de guerre doit dé-
des conditions dans les-
le conflit s'engagera,
aussi des objectifs à at-
et des éventualités qui
grandes
pendre
quelles
comme
teindre,
ourront se produire— et il sem
ble impossible de désigner dès
aujourd'hui un chef unique et su
prême de toutes nos armées d'o
pérations ; elle ne se refuse pas à
étudier séparément et après le
vote du projet l'organisme nouveau
réclamé par M. de Tréveneuc, ap
pelé par lui « grand état-major » et
ayant pour objet de « préparer à
« leurs, fonctions de guerreles offi-
« ciers destinés à former l'état-
« major du généralissime et les
« états-majors des différentes a,r-
« mées ». •
D'autres systèmes seront d'ail
leurs exposés au cours de la discus
sion; M. Cavaignac, notamment,
présentera le sien qu'on sera sur
pris de n'avoir pu connaître lors
que son auteur était le chef su
prême de l'armée.
Gabriel de Triors.
—.—
LES INSULTEURS] DE PRÊTRES
Les journaux anticléricaux qui
croyaient pouvoir impunément in
sulter les prêtres ont reçu, coup
sur coup, dans ces derniers temps,
d'assez vigoureuses leçons qui se
ront, espérons-le, salutaires.
On a vu, l'autre jour, le résultat
du procès intenté par les prêtres
bretons au Journal de Seine-et-Oise
et la condamnation encourue par
les diffamateurs.
Ailleurs, à Cahors, le tribunal a
infligé à un certain Dupon, direc
teur d'un journal socialiste où l'on
avait violemment injurié M. l'abbé
Magne, une peine de deux mois
de prison. Et, d'autre part encore,
à Saint-Girons, M. Bernadac et le
gérant de la République de VAriège
ont encouru 15 jours de prison,
100 francs d'amende et 2,000, francs
de dommages et intérêts, pour
avoir diffamé M. l'abbé Faur, curé
de Lacoust. Il est vrai que M. Ber
nadac, â ce coup, s'est rebiffé. Pa
reil à ces enfants qui, recevant une
épithète injurieuse,ont tout de suite
à la bouche la réponse naïve : « Et
toi aussi... tu en es un autre », il a
poursuivi, à son tour, M. l'abbé
Faur, pour diffamation. Mal lui en,a
pris ; car sa. plainte a été purement-
et simplement rejetée.
Ces jugements sont une leçon
non seulement pour les insulteurs,
mais aussi pour tous les prêtres in
sultés. Ils voient qu'ils ne pourront
rien perdre à sortir d'une timidité
qui, surtout au temps actuel, n'est
plus de mise et ne saurait avoir
que de fâcheux effets.
Constatons d'ailleurs que cet'te.
timidité diminue de plus en plus;
le jour où elle aura complètement
disparu, les anticléricaux retourne
ront plusieurs fois leur plume
avant d'écrire a l'adresse des prê
tres une épithète malsonnante ou
une accusation mensongère.
NOUS ÉCUMONS
Quiconque éveille chez autrui l'espé
rance du paradis et la crainte de l'enfer
tombe soûs le coup de l'article 405 du
Code pénal.
Les « parts de paradis » constituent,
en effet, des « dividendes imaginaires ».
Telle était l'idée magistrale dévelop
pée. dans un récent article de M. Ler-
mina.
Nous répondîmes en faisant entrevoir
les vastes conséquences de cette inter
prétation de la loi, et en donnant à en
tendre que les prisons, dans ce système-
là, risqueraient d'être un peu étroites.
Après quinze jours de réflexion, l'ami
de Vercingétorix — qui croyait d'ailleurs
au Paradis — revient à la charge, et
maintient ses assertions.
« Les cléricaux écument ! » s'écrie le
philosophe du Radical.
Pourquoi les cléricaux écument- ils?
Parce qu' « ils pensent que c'est bien là
que le bât les blesse ».
Effectivement, toutes les fois qu'un
prêtre, au catéchisme ou en chaire, parle
du paradis, ce. péril le trouble profondé
ment. Cet article avec ses trois chiffres
de Damoclès, l'alarme plus qu'on ne
! croit.
Les Druides eux-mêmes, ces braves
! Druides, ennemis de Charlemagne et
: amlB de M. Lermina,lorsqu'ils prêchaient
au fond des forêts le dogme de l'immor
talité de l'âme, ne devaient pas avoir la
conscience tranquille. Le même article
aurait pu leur donner sur les doigts. Une
main vengeresse, en ces moments, n'écri :
vait-elle pas sur l'écorce des chênes ces
trois chiffres fatidiques : 405 ?
G. D'A.
LETTRES
SI M Fflfflll EXTÉRIEURE
Les élections italiennes marquent
une date historique. Pour la pre^
mière fois depuis 1859,1e Non expe-
dit, imposé par cinq déclarations
pontificales, a été maintenu comme
une consigne intangible. Jadis, à la
veille de la consultation nationale,
on livrait, de tous côtés, un [assaut
au mot d'ordre abstentionniste.
Sous le dernier proconsulat de M.
Crispi, toutes les pressions s'exer
çaient autour du Vatican, pour en
traîner, sous une forme ou sous une
autre, les catholiques dans la vie
parlementaire. Ce progrès a une
importance inappréciable. C'est la
preuve que le régime établi en 1870
sous le règne delà cohabitation des
deux pouvoirs à Rome n'a plus rien
à attendre ni de la Papauté ni de la
masse catholique et conservatrice.
La solution définitive du problème
pontifical n'est dès lors plus qu'une
question de temps. Les libéraux,
d'un côté, les catholiques concilia
teurs, de l'autre, ont senti instinc
tivement que réclamer du Pape
l'abolition du nè eletti nè elettors se
rait plus qu'une tentative inutile,
une faute.
Nous avons vu les signataires
des mémoires au Pape, dans les
quels des groupes politiques re
commandaient la rupture avec l'abs
tention comme un acte d'affran
chissement, s'incliner avec une vé
nération obéissante devant la sa-
gesse impeccable du Saint-Siège,
"n des représentants les plus
éclairés de la «participation », le
marquis Filippo Crispolti, vient de
faire à Bologne, devant le cardinal
Svampa, une conférence, où il a
marqué les résultats de la politi-
rue d'abstention. Maintien intégral
extinction graduelle du Kultur-
hampf et de la guerre aux forces
religieuses ; affirmation de l'inté
grité morale du parti catholique
qui, au lieu de souiller son nom
dans la corruption financière et
Sarlementaire de la « troisième
:ome est resté debout, au sein
de l'universelle décadence, comme
une fière réserve nationale ; gâchis,
confusion, atonie, abaissements de
toute sorte : tel est le bilan du non
expedit. \
Cette discipline nettement main
tenue contre toutes les défections
V
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