Titre : L'Univers
Éditeur : L'Univers (Paris)
Date d'édition : 1897-03-25
Contributeur : Veuillot, Louis (1813-1883). Rédacteur
Contributeur : Veuillot, Pierre (1859-1907). Rédacteur
Contributeur : Veuillot, François (1870-1952). Rédacteur
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Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 25 mars 1897 25 mars 1897
Description : 1897/03/25 (Numéro 10659). 1897/03/25 (Numéro 10659).
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse Collection numérique : Bibliographie de la presse
Description : Collection numérique : BIPFPIG44 Collection numérique : BIPFPIG44
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k709440h
Source : Bibliothèque nationale de France
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 06/02/2011
Jeudi 25 Mars 1897
Edition quotidienne. — 10,659
Jeudi 25 Mars 1897
SDITJON QUOTIDIENNE
PARIS
. st départements
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ÀNNONOgâ
MM. LAGKANCJli, CERF et 0'", 6 ? place Ue-la Bourse
PARIS, 24 MARS 1887
SOMMAIRE
L'ingérence cléri
cale. A. AlGUEPEHSB.
Se l'intégrité ac
tuelle de l'empire
ottoman F. L.
Çà et là : Essaimer
ou mourir G. d' A zambuja.
A la Chambre...... G. de T riors.
Au Sénat J. M.
Les protestants à
Madagascar...... F rançois V euillot
Correspondance ro
maine ***.
Les conférences du
Luxembourg..... E douard A lexandre
A l'association ca
tholique de lajeu
nesse F. V.
Bulletin. — Nouvelles de Rome.— Odieux
et grotesque. — Bonne foi anticléricale.
— Erratum. — La fermeture des cha-
• pelles. — Le droit d'accroissement. —
Informations politiques et parlemen
taires. — A Madagascar. — Rectifica
tions. — L'affaire Arton. —A travers la
presse. — Chronique. — Lettres, scien
ces et. arts. — Le monument de Mgr
d'Hulst. — Deux conférences. — Les
affaires de Crète. — ■ Dépêches de l'é
tranger. — La question ouvrière. — A
travers Paris religieux.—Echos de par
tout. — La cavalcade de la mi-carème. —
La peste. — Dans la Légion d'honneur.
— Nécrologie. — Tribunaux. — Nou
velles diverses. — Calendrier. — Revue
de la Bourse. — Dernière heure.
L'INGÉRENCE CLÉRICALE
Là commission d'enquête sur l'é
lection de l'abbé Gayraud est
en Bretagne ; en attendant les ré
sultats de son bon travail, le minis
tère vient de, supprimer les traite
ments de deux curés bretons, à
cause, de la part qu'ils ont prise à
cette élection : il a vu là un moyen
de se prémunir contre les attaques
du sénateur Fabre, qui va l'inter
peller au sujet de «l'ingérence clé-
ricale ».
S'ingérer, dit le dictionnaire, c'est
se mêler d'une chose sans e« avoir
le droit.Or, dès qu'il s'agit des élec
tions et du clergé, intervention et
ingérence deviennent synonymes ;
ni enquêteurs, ni députés, ni gou
vernants n'ont à réchercher, comme
ils le feraient pour le laïque, si le
prêtre a employé ou non dès
moyens de propagande répréhen-
sibles, s'il a corrompu ou trompé
l'électeur : ils n'ont nesoin que de
savoir s'il a usé de son influenct en
faveur d'un candidat ; il suffît à son
intervention d'exister pour être
„ abusive et pour mériter d'être frap
pée, à titre d'ingérence.
La raison en est simple : la reli
gion et la politique doivent être sé
parées, et le prêtre qui exercé une
action sur le terrain électoral mêle
la religion à la politique ; le ministre
de Dieu a le devoir de se consacrer
exclusivement à sa mission spiri
tuelle, et en travaillant pour un
candidat contre un autre, il se com
promet dans une affaire de l'ordre
temporel.
Combien de fois l'avez-vous lu
ou entendu, ce couplet? Et chaque
fois, ayez-vous songé que cette ri
tournelle prudhommesque était un
outrage criant contre le bon sens?
La mission du prêtre sur la terre
est d'ordre spirituel, c'est certain.
Il est ici-bas pour apprendre aux
hommes, suivant la formule du ca
téchisme, à connaître Dieu, à l'ai
mer, à le servir et, par ce moyen,
acquérir la vie éternelle. Il est
chargé d'enseigner ce que Dieu
commande et ce qu'il défend, et de
procurer, dans toute la mesure de
ses forces et de ses moyens, l'ac
complissement de la loi divine. Maie
y a-t-il en ces obligations quelque
chose qui lui interdise d'intervenir
dans les élections politiques ? Bien
au contraire ! Je crois avoir démon
tré, dans un précédent article, que
sa charge même lui imposait le de
voir d'instruire les électeurs des
responsabilités de conscience qu'ils
encourent, qu'il ne pouvait pas,
sans faillir à sa mission sacerdotale,
négliger de leur dire : voter pour Tin
ennemi de là religion est une faute
grave ; c'est vous rendre complice
du mal que commettra ce candidat
devenu par votre fait député. A titre
donc d'apôtre de la morale évangé-
lique, en vertu même de ses fonc
tions spirituelles, le prêtre doit ap
porter dans les élections la puis
sante influence de cet enseigne
ment
L'action du prêtre sur le terrain
électoral est non moins justifiée par
son caractère -de gardien et de dé
fenseur des intérêts religieux.
L'éducation chrétienne de l'en
fance est la grande sollicitude du
prêtre; si, par sa négligence,un seul
enfant venait à manquer de l'ins
truction nécessaire, si, par sa faute,
une seule de ces petites créatures
de Dieu était en péril de perdre
l'innocence, il répandrait des lar
mes de douleur et de repentir. Et
voilà que les élus de la nation édic-
tent des lois scolaires qui auront
; pour effet d'élever dans l'ignorance
i et le plus souvent dans, l'hostilité
! religieuse la majorité de la jeunesse
française, et qui mettront, dès l'au
rore de la vie, des millions d'âmes
: sur la voie de la perdition.
Comme aux temps de l'Evangile,
! dans le champ du Père de famille
| la moisson est abondante et le
■ nombre des ouvriers est insuffisant.
: Le recrutement d'un sacerdoce sa-
i vant et vertueux est devenu la
; préoccupation impérieuse de l'E
glise. Et voilà qu'une législation
militaire, instituée contre toute
raison, vient compromettre des vo
cations et contrarier la bonne édu
cation ecclésiastique:
Parmi les devoirs du ministre de
la religion est celui de veiller au
maintien des principes de la fa
mille et de prêcher le respect du
lien conjugal. Et voilà qu'une loi
civile, contredisant le dogme de
l'indissolubilité du mariage, permet
à des chrétiens de s'engager, par
le divorce, d'une manière presque
irrémédiable-, dans le péché.
Et l'on dénie au prêtre le droit de
s'opposer à la création de pareilles
lois ou, si elles existent, d'en pour
suivre l'abolition ! Et l'on prétend
qu'en agissant ainsi il méconnaît sa
mission religieuse et touche à ce
qui ne regarde pas son ministère !
Il se met sur le chemin pour empê
cher de passer le sectaire qui irait à
la Chambre élaborer une législa
tion mortelle pour les âmes, et l'on
ose lui dire qu'il n'est pas à sa place
ni dans son rôle !
Non, le prêtre ne mêle pas indû
ment la religion à la politique ; mais
tant que l'on aura, dans le domaine
de la politique, des champs entiers
où sera intéressé lé sort de la reli
gion, il faudra bien que les défen
seurs de la religion s'y présentent
et y combattent.
. Non, le prêtre ne s'engage pas
dans les luttes de partis ; il continue
simplement, sur le terrain électo
ral, la lutte qu'il mène tous les
jours sur d'autres cerrains, la lutte
contre le mal.
Les bons apôtres qui aimeraient
à recueillir les voix des catholiques
pour dauber ensuite sur eux se
contredisent outrageusement. Ils
déplorent en toute hypocrisie que
le prêtre soit sorti de son rôle, et
ce qu'ils lui reprochent ensuite,
c'est d'avoir éclairé la conscience
de l'électeur et de lui avoir ensei
gné, au nom de la morale chré-
tiènne, qu'il n'était pas permis de
voter pour eux. Allons! puisque
vous êtes momentanément la force,
confisquez des traitements, annu
lez des élections, soyez violents et
injustes, mais cessez d'être ridi
cules en soutenant des théories
absurdes.
A. Aigueperse.
BULLETIN
La, Chambre a. voté hier la. conversion
delà dette de Madagascar.
C'est samedi, au début de la séance,
que M. l'abbé Gayraud posera sa ques
tion au ministre des cultes sur la sup
pression des traitements deMM.les abbés
Ollivier et Grall.
Aujourd'hui> discussion du projet de
loi concernant le haut commandement
de l'armée.
Hier, le Sénat a terminé l'examen du
budget de 1897. A la Chambre de se pro
noncer maintenant sur les modifica
tions apportées par la haute assem
blée.
Le Sénat, heureux de la besogne ac
complie,. s'est ajourné à vendredi : ce
jour-là., il entendra l'interpellation de
M. Joseph Fabre sur les « menées cléri
cales ».
Un incident s'est produit dans l'af
faire Arton : M. Isaac, sénateur, a de
mandé à être entendu par le juge
d'instruction ; il a été reçu hier par M.
Le Poittevin. On trouvera plus loin des
détails sur cet entretien et sur les consé
quences qu'il a eues.
La reine Ranavalo est arrivée à
la Réunion où elle pourra méditer sur
les déboires de l'amitié britannique.
Les nouvelles de Crète ne sont guère
bonnes : l'anarchie est complète dans
l'île. Les amiraux viennent de lancer
une nouvelle proclamation, mais on
craint que les insurgés ne tiennent pas
compte de ce nouvel avis.
NOUVELLES DE ROME
Rome, 22 mars.
Une assemblée d'élite, eomme on n'en
voit guère désormais à Rome que dans le
dernier asile du Pape captif, a été admise
hier,: dimanche, à assister à la messe du
Saint-Père. C'est dans la salle du Trône,'
vu le nombre des assistants, dépassant la
centaine, que Léon XIII est venu offrir le
Saint-Sacrifice. Parmi les personnages
présents, on remarquait le général baron
de Charette, avec ses nobles parentes, la
duchesse Fitz-James et la fille de la du-
ches»e Salviati; le comte Valentin Balles-
trem et sa famille ; M. Binder^ député à
la Chambre française ; le prince de La
Tour d'Auvergne, avec son fils ; M. Cal-
vo, sénateur espagnol ; le général mexi
cain M. Lusan ; là comtesse Siéminskà,
l a c omtesse Czervin, née princesse
SchoSnberg ; lady Russell; plusieurs offi-
oiers supérieurs français, autrichien»,
hollandais, etc.
Ensuite, le Souverain Pontife les a
tous admis au baisement du pied et de la
main e n ayant pour chacun des paroles
pleines de bonté, qu'il a confirmées par
la bénédiction apostolique.
Ce matin, également dans la salle du
Trône, une centaine de marins améri
cains catholiques ont été admis à assister
à la messe du Saint-Père. De Naples où
ils étaient arrivés naguère à bord du
San-Francisco, ils sont venus tout ex
près à Rome pour voir le Pape, accom
pagnés de deux de leurs officiers, de leur
ckapelain, ainsi que du recteur du col
lège américain du Nord,- Mgr O'Connell,
et de M. Bourke Corkran, l'un des or
ganisateurs du pèlerinage américain,
dont je vous ai annoncé aussi la présence
à Rome.
Après la messe, le Saint-Père a adressé
à ces braves marins des paroles pleines
de satisfaction pour leur filial hommage,
pendant que Mgr O'Connell leur en fai
sait la traduction en anglais. Sa Sainteté
a voulu aussi les admettre tous auprès
de son trône pour les bénir et leur pro
diguer les marques de sa bonté pater
nelle, au fur et à mesure qu'ils défilaient
en lui baisant la main.
Leur rèconnaissance émue B'est mani
festée à la fin de l'audience par des
hourras prolongés, qui ont salué le
Saint-Père, visiblement touche à son
tour d'une aussi belle manifestation de
foi et d'attachement.
— Le Pàpè a reçu avec de grands
honneurs le grand-dùc Nicolas Michaï-
lowitch, accompagné de M. Iswolsky, de
son aide de camp, M. Brummer, et d'un
secrétaire.
L'entretien du grand-duc avec le Pape
a duré vingt minutes ; puis le grand-duc
a fait au cardinal Ràmpôlla une visite.
DE L'INTÉGRITÉ ACTUELLE
DE L'EMPIRE OTTOMAN
Le respect de l'intégrité de l'em
pire ottoman, que les grandes
puissances professent unanimement
aujourd'hui, et qu'elles opposent
avec tant d'énergie -et un si bel. en
semble aux naturelles ambitions de
la Grèce, étonne et inquiète l'opi
nion, nous devons en convenir; on
y voit communément la perpétuité
et l'impunité de la barbarie, et puis
on se demande ce que signifie cette
ferveur nouvelle pour un principe
si souvent maltraité. Sans remonter
bien loin, on trouvo que de la part
de l'Angleterre, par exemple, qui
s'adjugea 'l'Ile de Chypre si leste
ment et qui s'éternise, en Egypte
dans les conditions que l'on con
naît, aussi bien que de la part de
l'Autriche-Hongrie qui s'est instal
lée, sans beaucoup de façons, en
Bosnie et en Herzégovine, on trou
ve, disons-nous, que ce respect tar
dif ressemble beaucoup à une dé
rision.
On doit certes tenir compte du
sentiment qui dict» les objections
que nous venons de résumer, car
ce n'est pas évidemment le passé
qui peut fournir des arguments
suffisants pour les réfuter; c'est
à l'avenir et à un avenir prochain
qu'il faut demander cette réfuta
tion.
En attendant, nous croyons pou
voir faire remarquer qu'il n'est pas
à propos de trop insister sur les
variations et les contradictions des
gouvernements, car c'est surtout en
politique et en diplomatie que l'on
a affaire aux sincérités successives.
Il y a donc lieu de croire que
c'est avec bonne foi que la fédéra
tion européenne, ainsi que lord Sa-
lisbûry vient de baptiser le con
cert européen, défend actuellement
l'intégrité de l'empire turc.
Ce fait étant acquis, il importe de
bien, se rendre compte du But que
poursuivent les puissances en pro
clamant le principe de .l'intégrité, et
du sens à la fois restreint et nou
veau qu'elles y attachent.
On sait déjà que ce n'est pas pour
les beaux yeux de la domination
musulmane que l'Europe s'oppose
à l'annexion cle la Crète à la^ Grèce,
loin delà ; mais que c'est pour obéir
au devoir sacré de sauvegarder la
paix générale que cette annexion
mettrait en péril.
Il faut aussi se rappeler, et cette
remarque répond aux préoccupa
tions de l'opinion publique, qu'au
principe de l'intégrité, est étroite
ment liée aujourd hui l'idée de ré
formes considérables et obligatoi
res dans toutes les provinces de
l'empire ottoman, de telle sorte
que désormais les populations chrér
tiennes ne puissent plus être expo
sées à subir de la part même des
autorités turques ou avec leur con
nivence les atrocités dont les Ar
méniens ont été victimes.
On peut espérer, en effet, que,
sous l'influence de ces réformes, les
populations chrétiennes et maho-
métanes apprendront à vivre les
unes à côté des autres d'une vié
autonome et paisible, et qu'ainsi
pourra s'accomplir la régénération
progressive de ces belles contrées
que ruine une administration déplo
rable et que ravagent périodique--
ment les explosions du fanatisme
musulman.
Nous devons encore ajouter que,
dans ce nouvel état de choses,que la
fédération européenne s'est enga
gée à constituer, non seulement les
chrétiens seront à l'abri des abomi
nables excès dont ils ont souffert par
de meilleures institutions et une
plus sage administration, mais
aussi parce qu'ils seront mis en me
sure, de pouvoir légalement défen
dre et faire respecter leurs vies,
leurs biens et leur liberté. •
{C'est avec ces perspectives qu'il
faut envisager aujourd'hui et com
prendre le maintien de l'intégrité de
l'empire ottoman, mais nous conve
nons volontiers que la réalisation
effective de ce programme de ré
formes et d'affranchissement peut,
seule justifier finalement la politique
actuelle des puissances.
F. L.
Çà et là
ESSAIMER OU MOURIR
On surnomme Paris Babylone, et ses ha
bitants, les Athéniens. L'incohérence des
deux métaphores n'est qu'apparente. Ba
byloné étonna par sa richesse ; Athènes
émerveilla par son génie. Mais Athènes
et Babylone ont cela de commun qu'elles
sont des gloires déchues, des ombres, des
souvenirs.
Babylone est plus morte qu'Athènes,
miais qu'est-ce qu'Athènes, aujourd'hui,
devant les géants du Nord qui ont grandi
depuis deux mille ans ?
Ni la prospérité commerciale, ni la
primauté intellectuelle né suffisent donc
à assurer l'avenir d'une race. La cara
vane change de route, et l'esprit souffle
où il veut. Ni les ballots de pourpre, ni
les monceaux de manuscrits ne . sont un
rempart fidèle contre les bouleverse
ments de l'avenir.
La stabilité des races est dans l'agri
culture ; leur progrès, dans l'émigra
tion.
Les races qui ne cultivent pas le sol,
dû qui cessent de le cultiver, sont ba
layées par les tempêtes qui passent. Les
races qui n'émigrent pas se ratatinent
et, perdant la force de s'épancher ail
leurs, perdent aussi celle de repousser
l'étranger qui les envahit.
Ces réflexions nous viennent à la lec
ture d'un livre de M. Eugène Poiré sur
l'Emigration française aux colonies (1),
livre que nous n'hésitons pas à qualifier
de très opportun et de très salutaire, et
ou sont résumées, d'un côté toutes les
causes qui empêchent le Français d'ëmi-
grer, de l'autre toutes les raisons qui de
vraient le porter à réagir contre ces obs
tacles.
Ce qui frappe l'imagination, quand on
considère le mouvement des races depuis
un siècle, c'est l'apparition d'un certain
nombre de « colosses » qui accaparent à
eux seuls presque toute la surface de
notre planète.
Colosse anglo-saxon, colosse russe,
colosse ibérique.
Car l'Espagne et lePortugal,tout déchus
qu'ils semblent, tiennent par leurs émi-
grants la moitié de l'Amérique, et là,
dans ces larges pampas, l'homme peut
se multiplier sans crainte de famine et
d'encombrement.
Pendant ce temps, que fait la France ?
On ne peut pas dire que nous n'émi-
grons pas du tout; mais nous émigrons
peu, bien peu. La plus peuplée de nos
colonies, l'Algérie, contient à peine trois
cent mille de nos compatriotes, et nous
avons mis soixante-sept ans pour arriver
à ce résultat; *
Notre instinct casanier nous retient
auprès de la jupe de nos mères. Tout,
dans le milieu familial, conspire à nous
immobiliser.
Notre population reste stationriaire, et
tend même vaguement à - décrbitre, de
sorte que l'émigration ne peut se produire
mécaniquement, comme chez les.peuples
qui, ayant un trop-plein, le déversent au
dèlà des mers. '
Notre éducation nous prépare exclusi
vement à des professions libérales, à des
fonctions sédentaires, où le cerveau hy
pertrophié travaille seul sur les ruines
dès autres facultés.
Le service militaire vient tvier dans
l'œuf nos projets au moment|où ils éclo-
sent, et nous condamner à l'oisiveté dé
moralisatrice de la caserne à l'heure pré
cise où nous pourrions concevoir l'idée
d'un établissement personnel.
Le fonctionnarismej développé à ou
trance, attire à lui les meilleurs sujets, et
retient sur les ronds de cuir de la mé
tropole force gaillards intelligents et vi
goureux qui, dans tous les coins du
monde, auraient-pu se créer leur place
au soleil.
Le climat de plusieurs de nos colonies
est peu salubre.
Enfin, les rares colons qui s'y trans
portent se trouvent en présence d'une ad
ministration routinière ettracassière,qui,
par fees formalités et ses exigences, dé
courage les plus louables efforts de l'ini
tiative privée.
Voilà pour lés obstacles.
Mais, d'autre part, les colonies n'ont
pas perdu toute puissance d'attraction.
La colonisation devient de plus en plus
une nécessité. Elle offre de plus en. plus
d'avantages.
Elle devient nécessaire parce qu'on ne
peut plus se case?' en France, parce que
nous ne pouvons plus consommer sur
place tous nos produits, et que la créa
tion de débouchés nouveaux s'impose à
notre industrie. Elle est avantageuse,
parce que l'encombrement des entre
prises dans la mère patrie ne permet plus
de réussir sur place, à cause de la con
currence, et que les entreprises créées
en pays neufs, avec une moindre somme
d'effort, peuvent conduire plus rapide
ment à la fortune.
Le jour viendra où les parents décou
vriront que la meilleure preuve d'affec
tion qu'ils puissent donner à leurs en-
| fants n'est pas de les mettre dans du
1 coton et dé les retenir par tous les
moyens possibles dans le voisinage immé
diat du foyer, mais de leur inculquer de
■ bonne heure une formation qui les rende
aptes à s'établir victorieusement sur
n'importe quel point du globe.
« Dieu dilatera Jàphet, dit l'Ecriture,
et il habitera dana les tentes de Sem. »
Là conquête progressive da toutes les
parties du monde par la race blanche
est une des preuves de la supériorité
de celle-ci. Cette conquête est dans
l'ordre providentiel des • choses. C'est
aux territoires très peuplés de four
nir des habitants aux territoires moins
peuplés. C'est aux nations civilisées de
procurer des éducateurs aux nations dans
l'enfance.
« Serions-nous condamnés sans rémis
sion, dit M. Eugène Poiré, à baisser la
tète devant de noires prédictions qui
montrent notre patrie réduite, dans l'a
venir, au rôle insignifiant que joue à pré
sent la Grèce autrefois si glorieuse ? »
A la France de répondre « Non » c'ner-
giquement, et de s'orienter en consé
quence. Observons d'ailleurs que si la
Grèce d'aujourd'hui possède encore
quelques ressources, quelques gages de
vitalité, c'est grâce aux colons —sans
colonies — qu'elle continue à envoyer,
comme aux temps antiques, sur divers ri
vages de la Méditerranée. Il faut donc
essaimer ouïfiQurir. Si nous ne coloni
sons pas, la France, dans cinquante ans;
pourra conserver certaines primautés ar
tistiques et littéraires ; mais elle aura
passé au rang de puissance secondaire.
Les « colosses » l'auront définitivement
évincée.
G. d' A zambuja.
ODIEUX. ET GROTESQUE
(1) Pion, Nourrit et Ole, Paris, 1897.
M. Léon Bourgeois, faisant une
tournée en Bretagne, a porté la
bonne parole radicale et anticléri
cale à Lorient. UArvor cite de son
discours ce passage :
Tout à l'heure, j'ai parlé de Rome :
c'est cela, le danger. Il s'agit aujour
d'hui de nous faire une république ro
maine, une République dans laquelle ce
sera non plus à l'hôtel de ville, non plus
à la maison du peuple, que viendra se
prendre le mot d'ordre ; mais à la mai
son d'en face, à celle située non à l'o
rient, mais au couchant. Et là, le mot
d'ordre se donne tout bas et non pas en
core dans l'oreille du citoyen, mais à
celle de sa femme, qui est chargée de le
lui répéter le lendemain.
Ah! c'est un grand politique, oui, que
Léon XIII!
Eh bien ! cela nous ne le voulons pas,
parce qu'avec cela aucune réformé ne
pourrait plus être réalisée.
M. Alphonse Orhand, dans l'Ar-
vor, ajoute cette réflexion fort
juste :
On le voit : M. Bourgeois, lui aussi,
tout comme son protégé M. Chadenier
(préfet du Morbihan), a peur de « l'orga
nisation cléricale ». Et son affolement
est tel qu'il s'oublie jusqu'à s'en prendre
aux femmes des « citoyens » qui vont à
confesse !...
On n'est pas plus odieux, mais il serait
difficile d'être plus grotesque.
Absolument; — et comme cela
nous prouve, une fois de plus, que
les sectaires ont peur, par-dessus
tout, de l'attitude prescrite aux ca
tholiques français par le Souverain
Pontife !
—
BONNE FOI ANTICLÉRICALE
Le trait nous est conté par l'Avenir du
Puy-de-Dôme :
Lors de l'installation de M. Grousset,
curé de Rieutort, dans la Lozère, un dé
plorable accident attrista la fête. Une
pièce d'artifice, en éclatant, tua un mal
heureux garçon de seize ans.
Le nouveau curé, se* vicaires et le vi
caire général s'empressèrent auprès du
malheureux et firent tout ce qu'ils pou
vaient. Puis, le corps fut transporté, par
leurs soins, dans un hôtel voisin. Enfin,
au début de la grand'messe, après une
allocution émue du vicaire général, un
De profundis pour le défunt remplaça les
chants d'allégresse.
Sait-on comment le Moniteur, journal
local antireligieux, a raconté le fait? Le
blessé*, d'après lui, fut abandonné, mou
rut sans secours, et les « cléricaux » avec
le clergé, passant auprès de lui sans y
faire attention, allèrent aussitôt chanter
un.Té Deum.
Une lettre vigoureuse et claire, écrite
à ce journal par M. l'abbé Grousset, l'a
contraint à rectifier son récit ultra-fan
taisiste.
Mais n'est-elle point écœurante, cette
rage anticléricale, qui ne voit, dans un
funeste accident, qu'une bonne occasion
d'attaquer les prêtres ?
: _4 : ;—,
LA FERMETURE DES CHAPELLES
Ce n'est pas une, mais deux
chapelles qu'on vient de fermer
dans le département de la Drôme :
celle des Capucins de Crest et
celle des Réaemptoristes de Va
lence. L'administration avait mis la
police et la gendarmerie sur pied
pour cette jolie besogne.
A
Les protestants sont exaspérés
des progrès que font, à Madagascar,
les missions catholiques, depuis
que la liberté religieuse y est établie
et maintenue parle gouvernement
français. On les voit se répandre en
récriminations amères et furi
bondes. Naturellement, les feuilles
anticléricales, la Lanterne et autres
journaux de même cru, leur font
écho avec un empressement ravi.
En théorie, ces Lanterne affectent
toujours de mépriser les religions
en général ; en pratique, elles ne
perdent pas une occasion de faire
alliance avec les protestants contre
les catholiques. Le protestantisme
est, pour les ennemis de l'Eglise,
une religion tout à fait propre à
fournir des arguments et des ou
tils contre la religion.
On conçoit d'ailleurs l'irritation
des protestants, qui sentent fuir, à
grands pas, de leurs mains cette in
fluence autrefois presque souve
raine et dont l'Angleterre a si lar
gement profité. On conçoit qu'ils
n'aient pas vu, sans un vif et pro
fond déplaisir, la population des
écoles catholiques s'élever, en quel
ques mois, de. vingt-cinq mille à
quatre-vingt-dix mille enfants. Mais
ce qui "est difficile à supposer, c'est
que, sachant si bien les motifs, très
naturels et très prévus, de cette
augmentation, ils soient sincères
et loyaux, en imaginant, pour l'ex
pliquer, je ne sais quelles menées
ténébreuses des missionnaires et
je ne sais quelle incroyable pres
sion du gouverneur général.
Qu'un « lanternier », qu'un
homme ignorant de la situation à
Madagascar et féru, d'anticlérica
lisme, ait la conviction acharnée
que nos missionnaires sont capa
bles de toutes les perfidies, qu'il
soit persuadé que le général Gal-
lieni se laisse influencer et dominer
par les jésuites, — on peut l'admet
tre et, d'ailleurs, l'opinion de ce
« lanternier » n'a pas la moindre
importance;' Mais -les protestants,
qui ont présents à l'esprit tous les
moyens d'oppression par lesquels
ils ont assis leur influence à Mada
gascar; les protestants, qui redou
taient si fort la domination fran
çaise, précisément parce qu'ils sa
vaient que la liberté religieuse
anéantirait leurs moyens d'action,
font preuve, en invoquant de telles
raisons, d'une absolue mauvaise
foi.
Ils n'ont pu oublier en effet que,
grâce à eux, l'influence anglaise ob
tint, de Ranavalo, la promulgation
de la loi 296, qui fut une arme si
puissante entre leurs mains. Par
cette loi, il était défendu à tout
élève inscrit dans une école de pas
ser dans une autre, sous peine
d'amende pour lui et pour le profes
seur qui le recevait. Or, comme il
était tout à fait exceptionnel de voir
un enfant quitter les missionnaires
catholiques pour se livrer aux pas
teurs protestants ; comme il n'était
pas rare, au contraire, de voir s'ac
complir le passage opposé, — la
loi 296 avait tout simplement pour
but et pour effet d'empêcher le re
crutement des écoles catholiques. Et,
en outre, de quels moyens n'usaient
pas les protestants, maîtres du
pouvoir, pour inscrire chez eux le
plus grand, nombre d'enfants ? La
force et la persuasion, les menaces
et les promesses, ri«n qui fût épar
gné. Quoi de surprenant, alors, de
constater chez eux, avant l'arrivée
du drapeau français, l'énorme af-
fluence dont ils se targuent si
haut !
Mais^ aussitôt notre domination
établie à Madagascar, cette loi fut
abrogée et la liberté, que les pro
testants redoutaient par-dessus
tout, fut rendue et proclamée. Tou
tefois, ce mouvement de retour aux
missions catholiques, qui s'est pro
duit avec la force et l'expansion
d'un ressort qui,longtemps compri
mé, peut se détendre enfin, ne se
fit pas sentir immédiatement. C'est
que les protestants ^abandonnaient
point la partie, s'obstinaient au
contraire en dépit des proclama-
Edition quotidienne. — 10,659
Jeudi 25 Mars 1897
SDITJON QUOTIDIENNE
PARIS
. st départements
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L'UNIVERS ne répond pas des manuicrifs qui lui ioni aâreztét
ÀNNONOgâ
MM. LAGKANCJli, CERF et 0'", 6 ? place Ue-la Bourse
PARIS, 24 MARS 1887
SOMMAIRE
L'ingérence cléri
cale. A. AlGUEPEHSB.
Se l'intégrité ac
tuelle de l'empire
ottoman F. L.
Çà et là : Essaimer
ou mourir G. d' A zambuja.
A la Chambre...... G. de T riors.
Au Sénat J. M.
Les protestants à
Madagascar...... F rançois V euillot
Correspondance ro
maine ***.
Les conférences du
Luxembourg..... E douard A lexandre
A l'association ca
tholique de lajeu
nesse F. V.
Bulletin. — Nouvelles de Rome.— Odieux
et grotesque. — Bonne foi anticléricale.
— Erratum. — La fermeture des cha-
• pelles. — Le droit d'accroissement. —
Informations politiques et parlemen
taires. — A Madagascar. — Rectifica
tions. — L'affaire Arton. —A travers la
presse. — Chronique. — Lettres, scien
ces et. arts. — Le monument de Mgr
d'Hulst. — Deux conférences. — Les
affaires de Crète. — ■ Dépêches de l'é
tranger. — La question ouvrière. — A
travers Paris religieux.—Echos de par
tout. — La cavalcade de la mi-carème. —
La peste. — Dans la Légion d'honneur.
— Nécrologie. — Tribunaux. — Nou
velles diverses. — Calendrier. — Revue
de la Bourse. — Dernière heure.
L'INGÉRENCE CLÉRICALE
Là commission d'enquête sur l'é
lection de l'abbé Gayraud est
en Bretagne ; en attendant les ré
sultats de son bon travail, le minis
tère vient de, supprimer les traite
ments de deux curés bretons, à
cause, de la part qu'ils ont prise à
cette élection : il a vu là un moyen
de se prémunir contre les attaques
du sénateur Fabre, qui va l'inter
peller au sujet de «l'ingérence clé-
ricale ».
S'ingérer, dit le dictionnaire, c'est
se mêler d'une chose sans e« avoir
le droit.Or, dès qu'il s'agit des élec
tions et du clergé, intervention et
ingérence deviennent synonymes ;
ni enquêteurs, ni députés, ni gou
vernants n'ont à réchercher, comme
ils le feraient pour le laïque, si le
prêtre a employé ou non dès
moyens de propagande répréhen-
sibles, s'il a corrompu ou trompé
l'électeur : ils n'ont nesoin que de
savoir s'il a usé de son influenct en
faveur d'un candidat ; il suffît à son
intervention d'exister pour être
„ abusive et pour mériter d'être frap
pée, à titre d'ingérence.
La raison en est simple : la reli
gion et la politique doivent être sé
parées, et le prêtre qui exercé une
action sur le terrain électoral mêle
la religion à la politique ; le ministre
de Dieu a le devoir de se consacrer
exclusivement à sa mission spiri
tuelle, et en travaillant pour un
candidat contre un autre, il se com
promet dans une affaire de l'ordre
temporel.
Combien de fois l'avez-vous lu
ou entendu, ce couplet? Et chaque
fois, ayez-vous songé que cette ri
tournelle prudhommesque était un
outrage criant contre le bon sens?
La mission du prêtre sur la terre
est d'ordre spirituel, c'est certain.
Il est ici-bas pour apprendre aux
hommes, suivant la formule du ca
téchisme, à connaître Dieu, à l'ai
mer, à le servir et, par ce moyen,
acquérir la vie éternelle. Il est
chargé d'enseigner ce que Dieu
commande et ce qu'il défend, et de
procurer, dans toute la mesure de
ses forces et de ses moyens, l'ac
complissement de la loi divine. Maie
y a-t-il en ces obligations quelque
chose qui lui interdise d'intervenir
dans les élections politiques ? Bien
au contraire ! Je crois avoir démon
tré, dans un précédent article, que
sa charge même lui imposait le de
voir d'instruire les électeurs des
responsabilités de conscience qu'ils
encourent, qu'il ne pouvait pas,
sans faillir à sa mission sacerdotale,
négliger de leur dire : voter pour Tin
ennemi de là religion est une faute
grave ; c'est vous rendre complice
du mal que commettra ce candidat
devenu par votre fait député. A titre
donc d'apôtre de la morale évangé-
lique, en vertu même de ses fonc
tions spirituelles, le prêtre doit ap
porter dans les élections la puis
sante influence de cet enseigne
ment
L'action du prêtre sur le terrain
électoral est non moins justifiée par
son caractère -de gardien et de dé
fenseur des intérêts religieux.
L'éducation chrétienne de l'en
fance est la grande sollicitude du
prêtre; si, par sa négligence,un seul
enfant venait à manquer de l'ins
truction nécessaire, si, par sa faute,
une seule de ces petites créatures
de Dieu était en péril de perdre
l'innocence, il répandrait des lar
mes de douleur et de repentir. Et
voilà que les élus de la nation édic-
tent des lois scolaires qui auront
; pour effet d'élever dans l'ignorance
i et le plus souvent dans, l'hostilité
! religieuse la majorité de la jeunesse
française, et qui mettront, dès l'au
rore de la vie, des millions d'âmes
: sur la voie de la perdition.
Comme aux temps de l'Evangile,
! dans le champ du Père de famille
| la moisson est abondante et le
■ nombre des ouvriers est insuffisant.
: Le recrutement d'un sacerdoce sa-
i vant et vertueux est devenu la
; préoccupation impérieuse de l'E
glise. Et voilà qu'une législation
militaire, instituée contre toute
raison, vient compromettre des vo
cations et contrarier la bonne édu
cation ecclésiastique:
Parmi les devoirs du ministre de
la religion est celui de veiller au
maintien des principes de la fa
mille et de prêcher le respect du
lien conjugal. Et voilà qu'une loi
civile, contredisant le dogme de
l'indissolubilité du mariage, permet
à des chrétiens de s'engager, par
le divorce, d'une manière presque
irrémédiable-, dans le péché.
Et l'on dénie au prêtre le droit de
s'opposer à la création de pareilles
lois ou, si elles existent, d'en pour
suivre l'abolition ! Et l'on prétend
qu'en agissant ainsi il méconnaît sa
mission religieuse et touche à ce
qui ne regarde pas son ministère !
Il se met sur le chemin pour empê
cher de passer le sectaire qui irait à
la Chambre élaborer une législa
tion mortelle pour les âmes, et l'on
ose lui dire qu'il n'est pas à sa place
ni dans son rôle !
Non, le prêtre ne mêle pas indû
ment la religion à la politique ; mais
tant que l'on aura, dans le domaine
de la politique, des champs entiers
où sera intéressé lé sort de la reli
gion, il faudra bien que les défen
seurs de la religion s'y présentent
et y combattent.
. Non, le prêtre ne s'engage pas
dans les luttes de partis ; il continue
simplement, sur le terrain électo
ral, la lutte qu'il mène tous les
jours sur d'autres cerrains, la lutte
contre le mal.
Les bons apôtres qui aimeraient
à recueillir les voix des catholiques
pour dauber ensuite sur eux se
contredisent outrageusement. Ils
déplorent en toute hypocrisie que
le prêtre soit sorti de son rôle, et
ce qu'ils lui reprochent ensuite,
c'est d'avoir éclairé la conscience
de l'électeur et de lui avoir ensei
gné, au nom de la morale chré-
tiènne, qu'il n'était pas permis de
voter pour eux. Allons! puisque
vous êtes momentanément la force,
confisquez des traitements, annu
lez des élections, soyez violents et
injustes, mais cessez d'être ridi
cules en soutenant des théories
absurdes.
A. Aigueperse.
BULLETIN
La, Chambre a. voté hier la. conversion
delà dette de Madagascar.
C'est samedi, au début de la séance,
que M. l'abbé Gayraud posera sa ques
tion au ministre des cultes sur la sup
pression des traitements deMM.les abbés
Ollivier et Grall.
Aujourd'hui> discussion du projet de
loi concernant le haut commandement
de l'armée.
Hier, le Sénat a terminé l'examen du
budget de 1897. A la Chambre de se pro
noncer maintenant sur les modifica
tions apportées par la haute assem
blée.
Le Sénat, heureux de la besogne ac
complie,. s'est ajourné à vendredi : ce
jour-là., il entendra l'interpellation de
M. Joseph Fabre sur les « menées cléri
cales ».
Un incident s'est produit dans l'af
faire Arton : M. Isaac, sénateur, a de
mandé à être entendu par le juge
d'instruction ; il a été reçu hier par M.
Le Poittevin. On trouvera plus loin des
détails sur cet entretien et sur les consé
quences qu'il a eues.
La reine Ranavalo est arrivée à
la Réunion où elle pourra méditer sur
les déboires de l'amitié britannique.
Les nouvelles de Crète ne sont guère
bonnes : l'anarchie est complète dans
l'île. Les amiraux viennent de lancer
une nouvelle proclamation, mais on
craint que les insurgés ne tiennent pas
compte de ce nouvel avis.
NOUVELLES DE ROME
Rome, 22 mars.
Une assemblée d'élite, eomme on n'en
voit guère désormais à Rome que dans le
dernier asile du Pape captif, a été admise
hier,: dimanche, à assister à la messe du
Saint-Père. C'est dans la salle du Trône,'
vu le nombre des assistants, dépassant la
centaine, que Léon XIII est venu offrir le
Saint-Sacrifice. Parmi les personnages
présents, on remarquait le général baron
de Charette, avec ses nobles parentes, la
duchesse Fitz-James et la fille de la du-
ches»e Salviati; le comte Valentin Balles-
trem et sa famille ; M. Binder^ député à
la Chambre française ; le prince de La
Tour d'Auvergne, avec son fils ; M. Cal-
vo, sénateur espagnol ; le général mexi
cain M. Lusan ; là comtesse Siéminskà,
l a c omtesse Czervin, née princesse
SchoSnberg ; lady Russell; plusieurs offi-
oiers supérieurs français, autrichien»,
hollandais, etc.
Ensuite, le Souverain Pontife les a
tous admis au baisement du pied et de la
main e n ayant pour chacun des paroles
pleines de bonté, qu'il a confirmées par
la bénédiction apostolique.
Ce matin, également dans la salle du
Trône, une centaine de marins améri
cains catholiques ont été admis à assister
à la messe du Saint-Père. De Naples où
ils étaient arrivés naguère à bord du
San-Francisco, ils sont venus tout ex
près à Rome pour voir le Pape, accom
pagnés de deux de leurs officiers, de leur
ckapelain, ainsi que du recteur du col
lège américain du Nord,- Mgr O'Connell,
et de M. Bourke Corkran, l'un des or
ganisateurs du pèlerinage américain,
dont je vous ai annoncé aussi la présence
à Rome.
Après la messe, le Saint-Père a adressé
à ces braves marins des paroles pleines
de satisfaction pour leur filial hommage,
pendant que Mgr O'Connell leur en fai
sait la traduction en anglais. Sa Sainteté
a voulu aussi les admettre tous auprès
de son trône pour les bénir et leur pro
diguer les marques de sa bonté pater
nelle, au fur et à mesure qu'ils défilaient
en lui baisant la main.
Leur rèconnaissance émue B'est mani
festée à la fin de l'audience par des
hourras prolongés, qui ont salué le
Saint-Père, visiblement touche à son
tour d'une aussi belle manifestation de
foi et d'attachement.
— Le Pàpè a reçu avec de grands
honneurs le grand-dùc Nicolas Michaï-
lowitch, accompagné de M. Iswolsky, de
son aide de camp, M. Brummer, et d'un
secrétaire.
L'entretien du grand-duc avec le Pape
a duré vingt minutes ; puis le grand-duc
a fait au cardinal Ràmpôlla une visite.
DE L'INTÉGRITÉ ACTUELLE
DE L'EMPIRE OTTOMAN
Le respect de l'intégrité de l'em
pire ottoman, que les grandes
puissances professent unanimement
aujourd'hui, et qu'elles opposent
avec tant d'énergie -et un si bel. en
semble aux naturelles ambitions de
la Grèce, étonne et inquiète l'opi
nion, nous devons en convenir; on
y voit communément la perpétuité
et l'impunité de la barbarie, et puis
on se demande ce que signifie cette
ferveur nouvelle pour un principe
si souvent maltraité. Sans remonter
bien loin, on trouvo que de la part
de l'Angleterre, par exemple, qui
s'adjugea 'l'Ile de Chypre si leste
ment et qui s'éternise, en Egypte
dans les conditions que l'on con
naît, aussi bien que de la part de
l'Autriche-Hongrie qui s'est instal
lée, sans beaucoup de façons, en
Bosnie et en Herzégovine, on trou
ve, disons-nous, que ce respect tar
dif ressemble beaucoup à une dé
rision.
On doit certes tenir compte du
sentiment qui dict» les objections
que nous venons de résumer, car
ce n'est pas évidemment le passé
qui peut fournir des arguments
suffisants pour les réfuter; c'est
à l'avenir et à un avenir prochain
qu'il faut demander cette réfuta
tion.
En attendant, nous croyons pou
voir faire remarquer qu'il n'est pas
à propos de trop insister sur les
variations et les contradictions des
gouvernements, car c'est surtout en
politique et en diplomatie que l'on
a affaire aux sincérités successives.
Il y a donc lieu de croire que
c'est avec bonne foi que la fédéra
tion européenne, ainsi que lord Sa-
lisbûry vient de baptiser le con
cert européen, défend actuellement
l'intégrité de l'empire turc.
Ce fait étant acquis, il importe de
bien, se rendre compte du But que
poursuivent les puissances en pro
clamant le principe de .l'intégrité, et
du sens à la fois restreint et nou
veau qu'elles y attachent.
On sait déjà que ce n'est pas pour
les beaux yeux de la domination
musulmane que l'Europe s'oppose
à l'annexion cle la Crète à la^ Grèce,
loin delà ; mais que c'est pour obéir
au devoir sacré de sauvegarder la
paix générale que cette annexion
mettrait en péril.
Il faut aussi se rappeler, et cette
remarque répond aux préoccupa
tions de l'opinion publique, qu'au
principe de l'intégrité, est étroite
ment liée aujourd hui l'idée de ré
formes considérables et obligatoi
res dans toutes les provinces de
l'empire ottoman, de telle sorte
que désormais les populations chrér
tiennes ne puissent plus être expo
sées à subir de la part même des
autorités turques ou avec leur con
nivence les atrocités dont les Ar
méniens ont été victimes.
On peut espérer, en effet, que,
sous l'influence de ces réformes, les
populations chrétiennes et maho-
métanes apprendront à vivre les
unes à côté des autres d'une vié
autonome et paisible, et qu'ainsi
pourra s'accomplir la régénération
progressive de ces belles contrées
que ruine une administration déplo
rable et que ravagent périodique--
ment les explosions du fanatisme
musulman.
Nous devons encore ajouter que,
dans ce nouvel état de choses,que la
fédération européenne s'est enga
gée à constituer, non seulement les
chrétiens seront à l'abri des abomi
nables excès dont ils ont souffert par
de meilleures institutions et une
plus sage administration, mais
aussi parce qu'ils seront mis en me
sure, de pouvoir légalement défen
dre et faire respecter leurs vies,
leurs biens et leur liberté. •
{C'est avec ces perspectives qu'il
faut envisager aujourd'hui et com
prendre le maintien de l'intégrité de
l'empire ottoman, mais nous conve
nons volontiers que la réalisation
effective de ce programme de ré
formes et d'affranchissement peut,
seule justifier finalement la politique
actuelle des puissances.
F. L.
Çà et là
ESSAIMER OU MOURIR
On surnomme Paris Babylone, et ses ha
bitants, les Athéniens. L'incohérence des
deux métaphores n'est qu'apparente. Ba
byloné étonna par sa richesse ; Athènes
émerveilla par son génie. Mais Athènes
et Babylone ont cela de commun qu'elles
sont des gloires déchues, des ombres, des
souvenirs.
Babylone est plus morte qu'Athènes,
miais qu'est-ce qu'Athènes, aujourd'hui,
devant les géants du Nord qui ont grandi
depuis deux mille ans ?
Ni la prospérité commerciale, ni la
primauté intellectuelle né suffisent donc
à assurer l'avenir d'une race. La cara
vane change de route, et l'esprit souffle
où il veut. Ni les ballots de pourpre, ni
les monceaux de manuscrits ne . sont un
rempart fidèle contre les bouleverse
ments de l'avenir.
La stabilité des races est dans l'agri
culture ; leur progrès, dans l'émigra
tion.
Les races qui ne cultivent pas le sol,
dû qui cessent de le cultiver, sont ba
layées par les tempêtes qui passent. Les
races qui n'émigrent pas se ratatinent
et, perdant la force de s'épancher ail
leurs, perdent aussi celle de repousser
l'étranger qui les envahit.
Ces réflexions nous viennent à la lec
ture d'un livre de M. Eugène Poiré sur
l'Emigration française aux colonies (1),
livre que nous n'hésitons pas à qualifier
de très opportun et de très salutaire, et
ou sont résumées, d'un côté toutes les
causes qui empêchent le Français d'ëmi-
grer, de l'autre toutes les raisons qui de
vraient le porter à réagir contre ces obs
tacles.
Ce qui frappe l'imagination, quand on
considère le mouvement des races depuis
un siècle, c'est l'apparition d'un certain
nombre de « colosses » qui accaparent à
eux seuls presque toute la surface de
notre planète.
Colosse anglo-saxon, colosse russe,
colosse ibérique.
Car l'Espagne et lePortugal,tout déchus
qu'ils semblent, tiennent par leurs émi-
grants la moitié de l'Amérique, et là,
dans ces larges pampas, l'homme peut
se multiplier sans crainte de famine et
d'encombrement.
Pendant ce temps, que fait la France ?
On ne peut pas dire que nous n'émi-
grons pas du tout; mais nous émigrons
peu, bien peu. La plus peuplée de nos
colonies, l'Algérie, contient à peine trois
cent mille de nos compatriotes, et nous
avons mis soixante-sept ans pour arriver
à ce résultat; *
Notre instinct casanier nous retient
auprès de la jupe de nos mères. Tout,
dans le milieu familial, conspire à nous
immobiliser.
Notre population reste stationriaire, et
tend même vaguement à - décrbitre, de
sorte que l'émigration ne peut se produire
mécaniquement, comme chez les.peuples
qui, ayant un trop-plein, le déversent au
dèlà des mers. '
Notre éducation nous prépare exclusi
vement à des professions libérales, à des
fonctions sédentaires, où le cerveau hy
pertrophié travaille seul sur les ruines
dès autres facultés.
Le service militaire vient tvier dans
l'œuf nos projets au moment|où ils éclo-
sent, et nous condamner à l'oisiveté dé
moralisatrice de la caserne à l'heure pré
cise où nous pourrions concevoir l'idée
d'un établissement personnel.
Le fonctionnarismej développé à ou
trance, attire à lui les meilleurs sujets, et
retient sur les ronds de cuir de la mé
tropole force gaillards intelligents et vi
goureux qui, dans tous les coins du
monde, auraient-pu se créer leur place
au soleil.
Le climat de plusieurs de nos colonies
est peu salubre.
Enfin, les rares colons qui s'y trans
portent se trouvent en présence d'une ad
ministration routinière ettracassière,qui,
par fees formalités et ses exigences, dé
courage les plus louables efforts de l'ini
tiative privée.
Voilà pour lés obstacles.
Mais, d'autre part, les colonies n'ont
pas perdu toute puissance d'attraction.
La colonisation devient de plus en plus
une nécessité. Elle offre de plus en. plus
d'avantages.
Elle devient nécessaire parce qu'on ne
peut plus se case?' en France, parce que
nous ne pouvons plus consommer sur
place tous nos produits, et que la créa
tion de débouchés nouveaux s'impose à
notre industrie. Elle est avantageuse,
parce que l'encombrement des entre
prises dans la mère patrie ne permet plus
de réussir sur place, à cause de la con
currence, et que les entreprises créées
en pays neufs, avec une moindre somme
d'effort, peuvent conduire plus rapide
ment à la fortune.
Le jour viendra où les parents décou
vriront que la meilleure preuve d'affec
tion qu'ils puissent donner à leurs en-
| fants n'est pas de les mettre dans du
1 coton et dé les retenir par tous les
moyens possibles dans le voisinage immé
diat du foyer, mais de leur inculquer de
■ bonne heure une formation qui les rende
aptes à s'établir victorieusement sur
n'importe quel point du globe.
« Dieu dilatera Jàphet, dit l'Ecriture,
et il habitera dana les tentes de Sem. »
Là conquête progressive da toutes les
parties du monde par la race blanche
est une des preuves de la supériorité
de celle-ci. Cette conquête est dans
l'ordre providentiel des • choses. C'est
aux territoires très peuplés de four
nir des habitants aux territoires moins
peuplés. C'est aux nations civilisées de
procurer des éducateurs aux nations dans
l'enfance.
« Serions-nous condamnés sans rémis
sion, dit M. Eugène Poiré, à baisser la
tète devant de noires prédictions qui
montrent notre patrie réduite, dans l'a
venir, au rôle insignifiant que joue à pré
sent la Grèce autrefois si glorieuse ? »
A la France de répondre « Non » c'ner-
giquement, et de s'orienter en consé
quence. Observons d'ailleurs que si la
Grèce d'aujourd'hui possède encore
quelques ressources, quelques gages de
vitalité, c'est grâce aux colons —sans
colonies — qu'elle continue à envoyer,
comme aux temps antiques, sur divers ri
vages de la Méditerranée. Il faut donc
essaimer ouïfiQurir. Si nous ne coloni
sons pas, la France, dans cinquante ans;
pourra conserver certaines primautés ar
tistiques et littéraires ; mais elle aura
passé au rang de puissance secondaire.
Les « colosses » l'auront définitivement
évincée.
G. d' A zambuja.
ODIEUX. ET GROTESQUE
(1) Pion, Nourrit et Ole, Paris, 1897.
M. Léon Bourgeois, faisant une
tournée en Bretagne, a porté la
bonne parole radicale et anticléri
cale à Lorient. UArvor cite de son
discours ce passage :
Tout à l'heure, j'ai parlé de Rome :
c'est cela, le danger. Il s'agit aujour
d'hui de nous faire une république ro
maine, une République dans laquelle ce
sera non plus à l'hôtel de ville, non plus
à la maison du peuple, que viendra se
prendre le mot d'ordre ; mais à la mai
son d'en face, à celle située non à l'o
rient, mais au couchant. Et là, le mot
d'ordre se donne tout bas et non pas en
core dans l'oreille du citoyen, mais à
celle de sa femme, qui est chargée de le
lui répéter le lendemain.
Ah! c'est un grand politique, oui, que
Léon XIII!
Eh bien ! cela nous ne le voulons pas,
parce qu'avec cela aucune réformé ne
pourrait plus être réalisée.
M. Alphonse Orhand, dans l'Ar-
vor, ajoute cette réflexion fort
juste :
On le voit : M. Bourgeois, lui aussi,
tout comme son protégé M. Chadenier
(préfet du Morbihan), a peur de « l'orga
nisation cléricale ». Et son affolement
est tel qu'il s'oublie jusqu'à s'en prendre
aux femmes des « citoyens » qui vont à
confesse !...
On n'est pas plus odieux, mais il serait
difficile d'être plus grotesque.
Absolument; — et comme cela
nous prouve, une fois de plus, que
les sectaires ont peur, par-dessus
tout, de l'attitude prescrite aux ca
tholiques français par le Souverain
Pontife !
—
BONNE FOI ANTICLÉRICALE
Le trait nous est conté par l'Avenir du
Puy-de-Dôme :
Lors de l'installation de M. Grousset,
curé de Rieutort, dans la Lozère, un dé
plorable accident attrista la fête. Une
pièce d'artifice, en éclatant, tua un mal
heureux garçon de seize ans.
Le nouveau curé, se* vicaires et le vi
caire général s'empressèrent auprès du
malheureux et firent tout ce qu'ils pou
vaient. Puis, le corps fut transporté, par
leurs soins, dans un hôtel voisin. Enfin,
au début de la grand'messe, après une
allocution émue du vicaire général, un
De profundis pour le défunt remplaça les
chants d'allégresse.
Sait-on comment le Moniteur, journal
local antireligieux, a raconté le fait? Le
blessé*, d'après lui, fut abandonné, mou
rut sans secours, et les « cléricaux » avec
le clergé, passant auprès de lui sans y
faire attention, allèrent aussitôt chanter
un.Té Deum.
Une lettre vigoureuse et claire, écrite
à ce journal par M. l'abbé Grousset, l'a
contraint à rectifier son récit ultra-fan
taisiste.
Mais n'est-elle point écœurante, cette
rage anticléricale, qui ne voit, dans un
funeste accident, qu'une bonne occasion
d'attaquer les prêtres ?
: _4 : ;—,
LA FERMETURE DES CHAPELLES
Ce n'est pas une, mais deux
chapelles qu'on vient de fermer
dans le département de la Drôme :
celle des Capucins de Crest et
celle des Réaemptoristes de Va
lence. L'administration avait mis la
police et la gendarmerie sur pied
pour cette jolie besogne.
A
Les protestants sont exaspérés
des progrès que font, à Madagascar,
les missions catholiques, depuis
que la liberté religieuse y est établie
et maintenue parle gouvernement
français. On les voit se répandre en
récriminations amères et furi
bondes. Naturellement, les feuilles
anticléricales, la Lanterne et autres
journaux de même cru, leur font
écho avec un empressement ravi.
En théorie, ces Lanterne affectent
toujours de mépriser les religions
en général ; en pratique, elles ne
perdent pas une occasion de faire
alliance avec les protestants contre
les catholiques. Le protestantisme
est, pour les ennemis de l'Eglise,
une religion tout à fait propre à
fournir des arguments et des ou
tils contre la religion.
On conçoit d'ailleurs l'irritation
des protestants, qui sentent fuir, à
grands pas, de leurs mains cette in
fluence autrefois presque souve
raine et dont l'Angleterre a si lar
gement profité. On conçoit qu'ils
n'aient pas vu, sans un vif et pro
fond déplaisir, la population des
écoles catholiques s'élever, en quel
ques mois, de. vingt-cinq mille à
quatre-vingt-dix mille enfants. Mais
ce qui "est difficile à supposer, c'est
que, sachant si bien les motifs, très
naturels et très prévus, de cette
augmentation, ils soient sincères
et loyaux, en imaginant, pour l'ex
pliquer, je ne sais quelles menées
ténébreuses des missionnaires et
je ne sais quelle incroyable pres
sion du gouverneur général.
Qu'un « lanternier », qu'un
homme ignorant de la situation à
Madagascar et féru, d'anticlérica
lisme, ait la conviction acharnée
que nos missionnaires sont capa
bles de toutes les perfidies, qu'il
soit persuadé que le général Gal-
lieni se laisse influencer et dominer
par les jésuites, — on peut l'admet
tre et, d'ailleurs, l'opinion de ce
« lanternier » n'a pas la moindre
importance;' Mais -les protestants,
qui ont présents à l'esprit tous les
moyens d'oppression par lesquels
ils ont assis leur influence à Mada
gascar; les protestants, qui redou
taient si fort la domination fran
çaise, précisément parce qu'ils sa
vaient que la liberté religieuse
anéantirait leurs moyens d'action,
font preuve, en invoquant de telles
raisons, d'une absolue mauvaise
foi.
Ils n'ont pu oublier en effet que,
grâce à eux, l'influence anglaise ob
tint, de Ranavalo, la promulgation
de la loi 296, qui fut une arme si
puissante entre leurs mains. Par
cette loi, il était défendu à tout
élève inscrit dans une école de pas
ser dans une autre, sous peine
d'amende pour lui et pour le profes
seur qui le recevait. Or, comme il
était tout à fait exceptionnel de voir
un enfant quitter les missionnaires
catholiques pour se livrer aux pas
teurs protestants ; comme il n'était
pas rare, au contraire, de voir s'ac
complir le passage opposé, — la
loi 296 avait tout simplement pour
but et pour effet d'empêcher le re
crutement des écoles catholiques. Et,
en outre, de quels moyens n'usaient
pas les protestants, maîtres du
pouvoir, pour inscrire chez eux le
plus grand, nombre d'enfants ? La
force et la persuasion, les menaces
et les promesses, ri«n qui fût épar
gné. Quoi de surprenant, alors, de
constater chez eux, avant l'arrivée
du drapeau français, l'énorme af-
fluence dont ils se targuent si
haut !
Mais^ aussitôt notre domination
établie à Madagascar, cette loi fut
abrogée et la liberté, que les pro
testants redoutaient par-dessus
tout, fut rendue et proclamée. Tou
tefois, ce mouvement de retour aux
missions catholiques, qui s'est pro
duit avec la force et l'expansion
d'un ressort qui,longtemps compri
mé, peut se détendre enfin, ne se
fit pas sentir immédiatement. C'est
que les protestants ^abandonnaient
point la partie, s'obstinaient au
contraire en dépit des proclama-
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