Titre : L'Univers
Éditeur : L'Univers (Paris)
Date d'édition : 1897-03-21
Contributeur : Veuillot, Louis (1813-1883). Rédacteur
Contributeur : Veuillot, Pierre (1859-1907). Rédacteur
Contributeur : Veuillot, François (1870-1952). Rédacteur
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34520232c
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 21 mars 1897 21 mars 1897
Description : 1897/03/21 (Numéro 10655). 1897/03/21 (Numéro 10655).
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse Collection numérique : Bibliographie de la presse
Description : Collection numérique : BIPFPIG44 Collection numérique : BIPFPIG44
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k709436f
Source : Bibliothèque nationale de France
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 06/02/2011
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Dimaaehe Mars 1897
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Dimaneile 21 Mars 1897
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3ET7
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On s'abonne à Rome, place du Gesù, S
LE
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L'UNIVERS ne rêponâpas des manuscrits gui lut sont adressés
ANNONCÉS
MM. LAGRANGE, CERF et C io , 6, DÛce de la Bourse
PARIS, 20 MARS 1897
SOMMAIRE
Ma
Notre sincérité P ierre V euillot.
L'Europe et la Grè
ce F. L.
A la Chambre. . G. de T riors.
An Sénat........... j. m antenay.
Le colonel Vassos.. A.
Correspondance ro
maine............ ***.
A travers Paris re
ligieux E douard A lexandre
Bulletin. — Suppression de traitements. —
La commission d'enquête. — Ennemis des
« corbeaux ». — Le T. H. Frère Gabriel-
Marie. — Les processions. — Guerre à la
censure. — Le programme de M. Guesde.
— Informations politiques et parlemen
taires. — Le tramway des Champs-Ely
sées. — A Madagascar. — L'affaire Ar-
ton. — A travers la presse. — Chro
nique. — Lettres, sciences et arts. — Les
affaires de Crète. — Dépêches de l'é
tranger. — Echos de partout. — A Car-
thage. — Chronique religieuse. — Guerre
et marine. —Nécrologie.— Tribunaux.—
La Ville-de-Saint-Nazaire. — Nouvelles
diverses. — Calendrier. — Tableau et
bulletin de la Bourse. — Dernière heure.
NOTRE SINCÉRITÉ
Le Signai, l'autre jour, est revenu
sur un débat qu'il n'avait point paru,
d'abord, désireux de poursuivre. Il
s'agissait de ce que les catholiques
soumis à Rome entendent par le
« ralliement ». Nous- avions expli
qué à la feuille protestante que
nous né? renoncions à aucune de nos
aspirations sociales, à aucune de
nos revendications religieuses tout
en acceptant le plus sincèrement du
monde la forme actuelle du pouvoir.
Le. Signal n'avait rien répliqué.
Mais voici qu'il reparaît. On lux a
fourni un texte. Il l'exhibe, triom
phalement.
C'est une citation tirée de l'Uni
vers du 29 décembre 1890. Il y est
parié avec un pieux respect du
grand prince chrétien quq fut le
comte de Chambord ; il y est rap
pelé que ce journal, « quand il a fallu
taire un gouvernement », ce qui est
arrivé un certain nombre de fois
depuis qu'il existe, « s'ëst prononcé
{>our la monarchie traditionnelle,
égitime ». Voilà ce que le Signal
nous oppose, afin d'établir que nous
ne sommes pas sincères, et il se
flatte de nous laisser dans un cruel
embarras.
Le Signal se trompe. Il nous em
barrasserait si nous .prétendions
aujourd'hui que la République est
à nos yeux, en théorie comme en
pratique, le meilleur des gouverne-
riients. Contradiction formelle ou
manoeuvre déloyale, nous ne sorti
rions pas de ce dilemme. Mais nous
n'avons jamais rien avancé de pa
reil. Il n'est plus question pour
nous de théorie ni de préférence.
h'Univers s'est placé en face d'une
situation, bien claire, très positive,
et il a tâché de savoir quelle attitude
elle imposait aux catholiques.
Autre chose est ce qu'on préfère
établir, autre chose est ce qu'on
doit faire en face d'un gouverne
ment établi. Assurément, nous
avons désiré, nous avons demandé
la restauration de la monarchie
chrétienne. Et même il nous a fallu
bien du temps et beaucoup d'efforts
pour nous habituer à l'idée que
nous ne l'aurions pas. Mais "s'ense
velir dans un regret stérile n'est le
fait, à notre avis, ni d'un bon ci
toyen, ni d'un bon catholique. Deux
raisons rendent impossible la res
tauration de la monarchie chré
tienne. D'abord, la France entend
garder la forme actuelle du pou
voir. Ensuite, où donc est le prêtent
dant qui parle de refaire la monar
chie que nous promettait le duc de
Bordeaux?
Il ne s'agit plus de ce que nous
aurions voulu; il s'agit de ce qui
«st. Ce qui est, c'est la République.
On dit trop quand on déclare que le
pays l'a choisie. On dit vrai quand
on affirme que le pays désire la
garder. Nous ajoutons qu'il en a
parfaitement le droit. Et cette con
viction où nous sommes nous dicte
notre devoir.
Oui, la France a le droit de rester
en République, si cela lui plaît.
Voilà plus ae cent ans que la mo
narchie légitime et traditionnelle a
été déracinée par une tempête ef
froyable. La Restauration, à la suite
des guerres et des malheurs de
l'Empire, n'a été qu'un accident. On
peut le regretter. Ce gouvernement
fut, en général, digne et sage. Il
méritait la confiance et la recon
naissance de la nation. Mais c'èfct
un fait qu'il ne les obtint pas. La
ressoudure ne put s'accomplir. Il
resta posé, sans reprendre racine,
à la merci du moindre choc. Une
étude impartiale de l'histoire nous
le prouve clairement. Un beau jour,
comme on s'y attendait,la couronne,
un peu plus secouée, glissa, tomba.
Louis-Philippe là rattrapa au vol,
et se la mit sur la tête. Ùn vrai ta
lent d'équilibriste lui permit de la
garder près de dix-huit ans. Mais
ce n'était pas cette usurpation par
ticulièrement sans grandeur, avec
tous ses compromis et les suites,
qui pouvait interrompre la prescrip
tion en faveur de la vraie monar
chie.
On objecte que le droit ne se
prescrit point. Parce qu'elle a rompu
depuis un siècle avec ses rois, la
France, en persévérant dans sa
faute, n'a pas conquis la libre dis
position d'elle-même. L'horrible
révolution, souillée de si mons
trueux excès, ne saurait constituer
un titre. D'une telle source, rien ne
peut sortir, que le temps ait la puis
sance de légitimer.
Cette remarque aurait une force
beaucoup plus grande, s'il était
possible d'établir que la Monarchie
n'est responsable èn rien de la
Révolution. Or c'est le contraire
qui est vrai. La Révolution a été
fortement provoquée par sa princi
pale victime.. S'imaginer que l'é
pouvantable explosion de 93 est un
effet sans cause, un déchaînement
de frénétiques et basses fureurs qui
n'a point d'autre raison que la
seule férocité des hommes, c'est
véritablement absurde. L'excès ap
pelle l'excès. Sous les Bourbons,
la Monarchie a dévié de son man
dat; elle est sortie de son rôle; elle
a usurpé. Ç'a été l'hypertrophie du
roi. Quand Louis XÏV, dans son
testament fait devant Dieu, ordon
nait que ses bâtards doublement
adultérins marchassent les égaux
des princes du sang, il commettait
contre l'Eglise et l'Etat un crime
qui, pour n'être pas sanglant comme
ceux de la Terreur, n'en était pas
moins destructif de l'ordre social
et moral. Aussi ne connaissons-
nous rien de mieux fondé que ces
paroles de Louis Veuillot : « Il n'y
eut plus en France que le roi, et
lorsque le roi mourut, en 1715, un
œil sage pouvait déjà voir à l'hori
zon 1793, ou tout au moins 1789. »
Et certes, pour remédier au mal, il
aurait fallu un autre successeur
que « le fainéant débauché qui
souilla la couronne de saint Louis ».
Jusque dans l'Eglise, la monarchie
bourbonnienne, jouant un rôle in
consciemment corrupteur, avait in
troduit force abus, comme afin de
rendre ce rempart moins solide. Et
c'est encore Louis Veuillot qui tient
ce langage : « Lorsqu'on fera une
véritable histoire de la Révolution
française, il sera facile de prouver
qu'elle a- sauvé l'Eglise d'un grand
péril. » Telle est la vérité. Qui ou
trepasse ses droits risque de les
perdre. Les Bourbons commirent
cette faute ; voilà pour quelle cause
a succombé la grande monarchie
française.
Et puis, on nous parle du droit.
Mais où est-il, en admettant qu'il ne
soit pas périmé ? Le chef de la fa-
taille royale n'est plus de notre
nation, il entend bien appartenir
'tout à l'Espagne.Cela, mieux encore
que les renonciations de Philippe V,
barre à don Carlos le chemin d'un
trône que, d'ailleurs, il ne reven
dique pas. L'aîné des princes fran
çais n'est que le premier d'une
branche cadette; il ne peut s'ap
puyer sur un droit si intact qu'il
soit à l'abri de toute contestation.
C'est pourquoi le comte de Paris
Eroclamait lui-même, en 1886, le
esoin d'une consécration popu
laire. Il y a un autre obstacle : les
d'Orléans méritent-ils de régner?...
En 1892 ou 1893, quand les catho
liques s'établissaient sur le terrain
constitutionnel, un réfractaire nous
dit un jour : — Pouvez-vous accep
ter ce régime que préside, un Car-
not, petit-fils d'un régicide ! — Mais,
répondîmes-nous, le comte de Pa
ris n'est-il pas l'àrrière-petit-fils
d'un autre régicide ? — Ce n'est pas
la même chose, répliqua, un peu
piqué et déconcerté, l'orléaniste. —
En effet, il est de plus le petit-fils
d'un usurpateur...
Et dans cie pareilles conditions,
au bout de cent ans, la France ne
serait pas libre de garder la forme
de gouvernement qu'une assemblée
souveraine, d'ailleurs en majorité
monarchiste, lui a donnée ? Il serait
de son devoir d'affronter au besoin
révolutions, bouleversements, rui
nes et guerre civile pour relever le
trône de Louis Xvl et de Char
les X, afin d'y replacer le descen
dant de Philippe-Egalité et de
Louis-Philippe? On ne peut le pré
tendre sérieusement. La France
n'est pas tenue à risquér une telle
aventure. Elle a le droit de rester
en République, puisqu'elle le veut.
Et le devoir de tous les bons ci
toyens, même s'ils conservent une
préférence spéculative pour la mo
narchie, est de s'incfiner devant
cette volonté de la nation, au lieu
de s'obstiner dans une attitude sté
rile qui maintient la discorde.
Quand, par exemple, un comité a
choisi, conformément à ses pou
voirs, en vue d'une élection législa
tive, un candidat, est-ce que lés
membres de la minorité, qui propo
saient un autre nom, ne doivent pas
se rallier à l'élu et le soutenir avec
le même dévouement que s'ils lui
avaient donné tout de suite leurs
suffrages ? Ils font ce sacrifice à
l'union, pour le bien commun. Cela
se produit constamment. Et l'on
trouve que c'est tout simple et très
honorable.
Que le Signai et les réfractaires
veuillent ou non le reconnaître,
c'est une action pareille, sauf qu'ellè
est d'importance plus grande et de
proportions plus vastes, que font
les catholiques en venant prendre
position sur le terrain constitution
nel. Ils n'acceptent pour cela au
cune des lois sectaires, œuvre, non
de la République, mais de législa
teurs républicains qu'il est très lé
gitime, parfaitement légal et consti
tutionnel. d'aspirer à convertir ou à
remplacer. Qu'entendons-nous, en
effet, par République et démocra
tie : un régime où le peuple, sou
verain, se choisit des représentants,
soumis assez fréquemment à réélec
tion, qui doivent gouverner à sa
Çlace, dans le sens qu'il détermine,
'ravailler à ce que l'orientation
fixée par le suffrage populaire soit
conforme à la justice et aux intérêts
bien compris du pays, c'est notre
droit, c'est nôtre devoir.Nous avons
pris position sur le terrain consti
tutionnel pour exercer notre droit
et remplir notre devoir avec plus
de succès.
Pierre Veuillot.
♦ : •.
TULLETI^C
La. Chambre a continué l'étude de la
question des bureaux de placement ;
nous donnons ■plus loin le compte rendu
de cette discussion.
Aujourd'hui,suite du débat sur la con
vention avec la compagnie de l'Ouest.
, Nous avons dit hier, en Dernière
Heure, que M. Pourquery de Boisserin
veut interpeller le ministre des colonies
au sujet de l'exil de la reine Ranavalo :
le député d'Avignon, approuvant l'éner
gique décision du général Gallieni, de
manderait à M. Lebon de soutenir le
gouverneur général de Madagascar un
peu moins mollement qu'il ne l'a fait
jeudi à la tribune du Sénat.
On annonce que, redoutant les atta-,
ques radicales, le ministère aurait sup
primé les traitements de M. l'abbé Olli-
vier, curé de Lannilis, et de M. l'abbé
Gra.ll, curé de Ploudalmezeau.
Le Sénat .poursuit la discussion de
la loi de finances pour 1897. A propos
du budget de l'Algérie, un court débat
s'est produit sur la question des phos
phates algériens.
L'Officiel publie aujourd'hui notifi
cation du blocus de l'île de Crète.
L'affaire Arton préoccupe toujours
certains parlementaires : M. Le Poit-
tevin, juge d'instruction, vient d'aller
en Angleterre et en rapporterait des do
cuments intéressants — si l'on.en croit,
du moins, certaines informations.
La discussion des crédits pour-la ma
nne continue toujours très chaude au
Reichstag. On sait que l'empereur Guil
laume attache une grande importance
au vote de ces crédits.
Les dépêches d'Orient n'indiquent
pas de grands changements dans la. si
tuation générale; il faut cependant noter
comme un symptôme favorable, le dé
part des eaux crétoises de la flotte hellé
nique.
Hier, à Venise, a été signée la conven
tion sanitaire internationale et la con
férence a été close.
L'EUROPE ET U GRÈCE
Parmi les six grandes puissan
ces, aujourd'hui toutes d'accord
pour soumettre la Grèce, en cas de
résistance à leurs décisions, à un
traitement rigoureux, il n'en est
aucune, croyons-nous, qui ne s'y
ëoit résolue à contre-cœur ; mais
toutes sont convaincues, et le dé
clarent hautement, que le. devoir
sacré de maintenir à tout prix la
paix générale exigeait cette vio
lence faite à leurs propres senti
ments.
Mais sur cette question même,'
les contradictions ne manquent
pas : les Grecs et leurs amis, et les
partis d'opposition dans les pays à
régimes parlementaires, préten
dent que l'on pouvait donner satis
faction aux sympathies philhelléni-
ques et chrétiennes de l'opinion eu
ropéenne et soustraire complète
ment la Crète à la domination tur
que, sans s'exposer à déchaîner la
guerre.
Cette opinion est défendue avec
virulence et un grand déploiement
d'éloquence sentimentale dans les
parlements et dans la presse. Par
malheur elle a contre elle l'unani
mité des hommes d'Etat qui, dans
la crise redoutable que traverse
présentementl'Europe,ont la charge
et la responsabilité des affaires pu
bliques. Ceux-ci, qui doivent etre
renseignés, car ils le peuvent être
de bonne source, soutiennent au
contraire, comme on l'a vu, qu'au
toriser l'annexion dè la Crète à la
Grèce, ce serait inaugurer le dé
membrement de l'empire ottoman
et provoquer ainsi, à coup sûr, dans
la péninsule des Balkans le déchaî
nement de prétentions analogues à
celles du gouvernement hellénique;
il serait impossible, disent-ils, que
certaines puissances, l'Autricne-
Hongrie et la Russie par exemple,
les plus directement intéressées au
maintien de l'équilibre actuel parmi
les Etats balkaniques et les plus
préoccupées des problèmes com
plexes de: leur avenir, restassent
spectatrices passives des change
ments que pourrait amener dans ces
contrées un soulèvement général
des populations chrétiennes, soit
indépendantes, soit encore soumi
ses à la domination ottomane.
Or, comme dans, cette presqu'île
des Balkans les intérêts et les am
bitions de la Russie et de l'Autri
che-Hongrie sont en rivalité, en
opposition formelle, ce serait la
guerre; et la guerre entre la Rus
sie et l'Autriche-Hongrie entraîne
rait bientôt, inévitablement, l'inter
vention de l'Allemagne en faveur de
sa plus intime alliée, et celle de la
France en faveur de la Russie.
Il va de soi, que l'Italie se mêle
rait aussi de la partie, en vertu des
liens de la triple alliance, et puis,
tqut le monde sait qu'elle pense
avoir quelque chose a faire en Al
banie et en Tripolitaine.
Quant à l'Angleterre, si on ne
peut pas d'avance dire quel serait
sdn rôle, il est à présumer que ce
né serait pas de notre côté qu'elle
se mettrait.
En résumé, ce serait une confla
gration générale où l'on verrait se
précipiter les unes contre les au
tres les nouvelles armées euro
péennes, c'est-à-dire quelque chose
comme le ©hoc de six à sept millions
d'hommes.
Telles sont bien en effet les pré
visions formidables qui font que les
six grandes puissances s'accordent
pour crier halte-là aux ambitions
helléniques ; et franchement, l'an
nexion de la Crète à la Grèce, si
naturelle qu'elle puisse paraître, si
légitime qu'elle puisse devenir un
jour,ne vaut pas « dans les conjonc
tures actuelles»,que l'on fasse cou
rir à l'Europe un pareil risque.
:v",. F. L.
SUPPRESSION DE TRAITEMENTS
Une dépêche de Brest annonce
que le gouvernement vient de sup
primer les traitements de M. l'abbé
Ollivier, curé de Lannilis, et de M.
l'abbé Grall, curé de Ploudalme
zeau.
Ces deux courageux et excellents
recteurs bretons sont frappés de
cette mesure inique, en qualité de
« meneurs de la campagne politique
entamée par le clergé ».
Nous n'avons pas besoin de reve
nir ici sur le caractère général des
suppressions de traitements, qui
sont décrétées contre toute justice
et tout droit. Mais, cette fois, l'acte
du gouvernement emprunte aux cir
constances un aspect particulière
ment odieUx. Ainsi donc, au mo
ment où l'enquête commence, on
préjuge ouvertement de ses résul
tats et, en même temps, l'on s'ef
force d'intimider les électeurs qui
vont avoir à répondre. Ces procédés
mesquins produiront, sans aucun
doute, un tout autre effet que celui
qu'en espèrent ceux qui descen
dent à les employer.
On dit que le gouvernement a
frappé MM. Grall et Ollivier pour
parer l'accusation de cléricalisme
et pour se fournir un argument
dans le débat sur, les conclusions
de l'enquête... C'est une maladroite
habil eté, celle qui laisse voir à ses
ennemis qu'on a peur.
—: : <►_: :—
LA COMMISSION D'ENQUÊTE
La commission continue ses travaux,
d'une façon qui ne peut manquer de l'é
clairer impartialement sur lés conditions
dans lesquelles M, l'abbé Gayraud a été
nommé député de Brest.
En effet, après avoir vu, à Quimper, le
préfet du département, elle est arrivée à
Brest où elle a eu un long entretien avec»
le sous-préfet. Cependant, il paraît qu'elle
se décide à interroger des témoins. Elle
opère, aujourd'hui même, à Saint-Re
nan.
Avant de quitter Brest, elle a reçu la
déposition de M. le comte de Blois et a
choisi, comme rapporteur, le sectaire
Rabier.
On sait que nul n'est obligé de répon
dre à la commission-d'enquête. Mais,
pour ne pas laisser le champ libre aux
seuls adversaires de M. l'abbé Gàyraud,
nous exhortons tous ceux de ses parti
sans qui peuvent témoigner de faits de
pression dirigée eontre sa candidature, à
venir déposer.
♦
ENNEMIS DES « CORBEAUX »
On se rappelle la véhémente sortie^ de
M. ijourdan, député radical de la Lozère,
eontrë l'enseignement congréganiste, et
toute la France sait, depuis lors, que la
fille de ce .terrible législateur est élevée
au couvent.
L'an dernier, le Matin, organe peu
suspect, nous révélait que le sectaire
Combes avait porté la soutane et com
posé une thèse latine sur saint Thomas
d'Aquin.
Hier, c'était M. Hémon, ancien eleve
du petit séminaire dè Pont-Croix, qui
dénonçait le péril clérical avec une par
ticulière amertume.
Voici maintenant qui est mieux. M,
Gérault-Richard, le socialiste fougueux
qui appelle les prêtres des « corbeaux de
sinistre présage », est moins farouche
dans la vie privée que dans ses déclama
tions publiques.
Nous lisons dans l'Etoile de la Mer :
Pourquoi a-t-il pris ce nom de Gérault-
Richard? nous ne savons. A Saint-Calais,
son pays, il s'appelle Alfred Richard.
Son oncle, chanoine du Mans et secré
taire de l'évêché, le fit élever à son cosapte
au collège ecclésiastique de Saint-Calais.
M. Gérault-Richard, d'ailleurs, a conservé
les meilleures relations avec le supérieur
de ce collège ; il se promène avec lui dans
les rues : et ce fougueux anticlérical n'a
pas cru devoir mieux faire que de mettre
ses neveux au collège où il fut élevé lui-
même.
Cela ne l'empêche pas de faire des dis
cours à la Chambre pour demander la dés
affectation de la basilique du Sacré-Cœur,
qu'il appelle la honte de la France.
Mais ils sont beaucoup comme cela.
Parbleu, s'ils sont beaucoup !
Rien qu'en réunissant les anciens en
fants de chœur de gauche et d'extrême-
gauche, on pourrait déjà former un petit
groupe respectable.
Pour les reconnaître, on n'aurait pro
bablement qu'à prêter l'oreille lors des
discussions sur les questions religieuses.
Ce sont ceux-là qui hurlant le plus
fort.
LE T. H- FRÈRE GABRIEL-MARIE
Le nouveau supérieur général de
l'Institut des Frères de la Doctrine
chrétienne — dont nous avons an
noncé hier l'élection — est ,né au
mois de novembre 1834. Il est donc
âgé dé soixante-deux ans. Origi
naire du centre de la France, il fut
l'un des plus brillants élèves du
pensionnat des Frères d'Aurillac.
Entré, à seize ans, au noviciat de
Clermont, il débutait, l'année sui
vante, en qualité de professeur, au
pensionnat des Frères de cette
ville. Envoyé ensuite à Brioude, et,
plus tard, au Puy, c'est là qu'il pro
nonça ses premiers vœux, en 1859.
Eh ï 863 il était admis à la profes
sion.
Directeur du pensionnat du Puy,
de 1873 à 1878 puis visiteur provin
cial, le Très Honoré Frère Gabriel-
Marie fut nommé, il y a dix-huit
ans, assistant au supérieur général
des Frères.
Ami et conseiller des deux der
niers supérieurs défunts, il s'est si
gnalé à l'estime de tous ses confrè
res par les qualités éminentes qu'il
a déployées dans l'exercice des di
verses charges que la congrégation
lui a successivement confiées.
Doué d'aptitudes remarquables
pour les sciences, il se livra dès sa
jeunesse à des travaux d'une puis
sante originalité ; ce qui lui a per
mis de contribuer largement à
doter son Institut d'ouvrages scien
tifiques qui font aujourd'hui l'hon
neur de l'enseignement chrétien
tout entier.
Le mérite personnel du T. H.
Frère Gabriel-Marie n'est point
une exception dans sa famille. Son
frère, sincère et courageux chré
tien, est mort, il y a un an à peine,
doyen d'une Faculté des sciences
de l'Etat. Deux de ses neveux, an
ciens élèves de l'Ecole normale su
périeure et vaillants chrétiens
comme leur pèré, occupent une
chaire de sciences, l'un dans une
Faculté de l'Etat, l'autre dans l'U
niversité catholique de Fribourg;
un troisième, ancien élève de l'E
cole polytechnique, est un brillant
ingénieur tout dévoué aux œuvres
catholiques et ouvrières de sa ré
gion; un autre, après avoir conquis
ses grades universitaires, s'est con
sacré à Dieu et est entré au grand
séminaire de Saint-Sulpice ; enfin
le plus jeune achève en ce moment
la préparation de son doctorat en
droit. Comme on le voit, la religion
et la science comptent de fervents
disciples dans la famille du T. H.
Frère Gabriel-Marie.
Le nouveau supérieur général
des Frères est très attaché aux tra
ditions de son Institut. Il en per
pétuera l'esprit dans toute son in
tégrité. Les intérêts de sa grande
famille religieuse ne péricliteront
pas en ses mains viriles. Sa piété
et sa profonde modestie attireront
les bénédictions du Ciel sur son gé-
néralat.
LE PROGRAMME DE M- GUESDE
Une fois de plus, dit le Journal de
Roubaix, M. Guesde nous expose son
programme social. Dans l'Egalité, le
député collectiviste déclare que ce qu'il
veut, c'est l'accaparement par l'Etat de
toutes les forces de production sans ex
ception (les petites comme les grandes),
« c'est, dit-ïl, l'industrie et le commerce
social substitués à l'industrie et au
commerce privés. »
Et pour y arriver, M. Jules Guesde est
déterminé c'est lui-même qui l'écrit
— « A NE RECULER DEVANT AU
CUNE" MESURE » quand ses amis et
lui auront conquis le pouvoir politique.
Et afin qu'on ne se méprenne pas sur sa
pensée, il ajoute textuellement :
Nous n'aurons pour cela qu'a suivre
l'exemple de la bourgeoisie qui, pour s'af
franchir, n'a pas craint DE GARDER
PLUSIEURS ANNEES EN PERMA
NENCE LA GUILLOTINE SUR LA
PLACE DE LA REVOLUTION.
Ainsi donc, observe le Journal de Rou
baix, la guillotine en permanence, voilà
ce que nous promet M. Jules Guesde
pour le jour où la majorité des électeurs
français aura confié le pouvoir politique
aux collectivistes. On aurait de la peine
à trouver quelque chose de plus sédui
sant.
LES PROCESSIONS
Le Conseil d'Etat vient de re
pousser les recours que deux curés,
MM. les abbés Blanchard et Bailly,
avaient formés, devant lui, contre
des arrêtés interdisant les proces
sions.
Le Conseil a décidé que le maire
de Souday et le maire de Donzy
àvaient'usé de leur droit en prenant
ces arrêtés sectaires. ;
Cela ne nous apprend rien sur les
tendances du Conseil d'Etat, mais
ne change point le caractère injuste
des arrêtés contre les processions.
-♦
A LA CHAMBRE
Les bureaux de placement.
La discussion d'hier, toujours
très confuse, suc les bureaux de
placement, a permis à M. Dejeante
et à M. Chauvièrè de se faire rap
peler à l'ordre avec inscription au
procès-verbal ; elle a été aussi une
occasion, pour le premier, de for
muler contre les couvents et les as
sociations charitables d'odieuses
insinuations...
Il faut dire que la Chambre avait
tout d'abord voté par 296 voix con
tre 224 un texte qui institue défini
tivement deux sortes de bureaux
de placement : les uns, autorisés
et payants, — les autres, gratuits
et soumis seulement, sauf une ex
ception, à la simple formalité de la
déclaration ; la fureur socialiste ne
connaissait plus de bornes ; M.
Jaurès criait que la Chambre ve
nait d'affirmer son refus de sanc
tionner jamais une réforme ou
vrière; M. Sembat criait aussi et
sommait le président de le « mettre
à la porte », lui et ses amis, pour
laisser la bourgeoisie capitaliste
délibérer en paix ; M. Chauvièrè,
s'en prenant à l'auteur du contre-
projet dont l'article premier, éta
blissant le principe des deux sortes
de bureaux, venait d'être adopté,
montrait le poing à M. Guillemin et
lui disait : « Nous irons chez vous
à Fourmies !... »
On se rappelle que le gouverne
ment s'était engagé vendredi à pré
senter un projet de loi, tenant
compte des désirs déjà exprimés
parla Chambre; ce projet a été dé
posé il y a deux jours : comme la
proposition de M. Guillemin, il re
connaît les bureaux payants et les
bureaux gratuits, sans être d'ac
cord sur tous les points, ainsi
qu'on le verra dans les discussions
prochaines ; la commission, elle, a
fait siens tous les articles du texte
gouvernemental qui ont trait aux
ureaux gratuits, mais maintenait
avec énergie le principe de la sup
pression des bureaux payants ;
c'est cette mesure radicale que la
Chambre a nettement affirmé ne
vouloir, à aucun prix, sanction
ner.
Donc, article premier, texte de
M. Guillemin : « Le placement des
« ouvriers et employés des deux
« sexes est assuré : 1° par les bu-
« reaux de placement autorisés,
« 2° par les bureaux de placement
« gratuits. »
On s'est occupé des seconds, con
formément à l'ordre établi par la
commission et par le gouverne
ment.
L'article 2 a été adopté ; il dis
pense de toute autorisation les bu
reaux gratuits créés par les munici
palités, les syndicats profession
nels ouvriers, patronaux ou mixtes,
les Bourses de travail, les compa
gnonnages, les sociétés de secours
mutuels, les associations charita
bles et les sociétés de bienfai
sance.
C'est ici que M. Dejeante s'est
plaint de la liberté de placement ac
cordée aux associations religieuses
et n'a- pas craint d'accuser les cou
vents « d'exploiter » de toute ma
nière les ouvriers... Le rapporteur a
dû protester énérgiquement contre
les accusations du socialiste hai
neux et sectaire.
L'article 3, adopté aussi, astreint
les bureaux gratuits — sauf ceux
qui sont créés par les municipalités
— à une déclaration préalable effec
tuée à la mairie. On n'a pas voulu,
comme le demandait M. Bovier-
Lapierre, et comme l'àcceptàit là
commission, dispenser de cette for :
malité les bureaux créés par les
Dimaaehe Mars 1897
^gg)|
BditlO]i$aixetIdleiiii0r — 10,655
r x. . .....
Dimaneile 21 Mars 1897
ibtîîosr QtroTrbîEites
" PARIS
et départements
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Départements..... ; 15 —
3ET7
BUREAUX : Paris, ma Cassette, 17
On s'abonne à Rome, place du Gesù, S
LE
Les abonnements partent des 1 er et 10 dè ohàque snoîg
L'UNIVERS ne rêponâpas des manuscrits gui lut sont adressés
ANNONCÉS
MM. LAGRANGE, CERF et C io , 6, DÛce de la Bourse
PARIS, 20 MARS 1897
SOMMAIRE
Ma
Notre sincérité P ierre V euillot.
L'Europe et la Grè
ce F. L.
A la Chambre. . G. de T riors.
An Sénat........... j. m antenay.
Le colonel Vassos.. A.
Correspondance ro
maine............ ***.
A travers Paris re
ligieux E douard A lexandre
Bulletin. — Suppression de traitements. —
La commission d'enquête. — Ennemis des
« corbeaux ». — Le T. H. Frère Gabriel-
Marie. — Les processions. — Guerre à la
censure. — Le programme de M. Guesde.
— Informations politiques et parlemen
taires. — Le tramway des Champs-Ely
sées. — A Madagascar. — L'affaire Ar-
ton. — A travers la presse. — Chro
nique. — Lettres, sciences et arts. — Les
affaires de Crète. — Dépêches de l'é
tranger. — Echos de partout. — A Car-
thage. — Chronique religieuse. — Guerre
et marine. —Nécrologie.— Tribunaux.—
La Ville-de-Saint-Nazaire. — Nouvelles
diverses. — Calendrier. — Tableau et
bulletin de la Bourse. — Dernière heure.
NOTRE SINCÉRITÉ
Le Signai, l'autre jour, est revenu
sur un débat qu'il n'avait point paru,
d'abord, désireux de poursuivre. Il
s'agissait de ce que les catholiques
soumis à Rome entendent par le
« ralliement ». Nous- avions expli
qué à la feuille protestante que
nous né? renoncions à aucune de nos
aspirations sociales, à aucune de
nos revendications religieuses tout
en acceptant le plus sincèrement du
monde la forme actuelle du pouvoir.
Le. Signal n'avait rien répliqué.
Mais voici qu'il reparaît. On lux a
fourni un texte. Il l'exhibe, triom
phalement.
C'est une citation tirée de l'Uni
vers du 29 décembre 1890. Il y est
parié avec un pieux respect du
grand prince chrétien quq fut le
comte de Chambord ; il y est rap
pelé que ce journal, « quand il a fallu
taire un gouvernement », ce qui est
arrivé un certain nombre de fois
depuis qu'il existe, « s'ëst prononcé
{>our la monarchie traditionnelle,
égitime ». Voilà ce que le Signal
nous oppose, afin d'établir que nous
ne sommes pas sincères, et il se
flatte de nous laisser dans un cruel
embarras.
Le Signal se trompe. Il nous em
barrasserait si nous .prétendions
aujourd'hui que la République est
à nos yeux, en théorie comme en
pratique, le meilleur des gouverne-
riients. Contradiction formelle ou
manoeuvre déloyale, nous ne sorti
rions pas de ce dilemme. Mais nous
n'avons jamais rien avancé de pa
reil. Il n'est plus question pour
nous de théorie ni de préférence.
h'Univers s'est placé en face d'une
situation, bien claire, très positive,
et il a tâché de savoir quelle attitude
elle imposait aux catholiques.
Autre chose est ce qu'on préfère
doit faire en face d'un gouverne
ment établi. Assurément, nous
avons désiré, nous avons demandé
la restauration de la monarchie
chrétienne. Et même il nous a fallu
bien du temps et beaucoup d'efforts
pour nous habituer à l'idée que
nous ne l'aurions pas. Mais "s'ense
velir dans un regret stérile n'est le
fait, à notre avis, ni d'un bon ci
toyen, ni d'un bon catholique. Deux
raisons rendent impossible la res
tauration de la monarchie chré
tienne. D'abord, la France entend
garder la forme actuelle du pou
voir. Ensuite, où donc est le prêtent
dant qui parle de refaire la monar
chie que nous promettait le duc de
Bordeaux?
Il ne s'agit plus de ce que nous
aurions voulu; il s'agit de ce qui
«st. Ce qui est, c'est la République.
On dit trop quand on déclare que le
pays l'a choisie. On dit vrai quand
on affirme que le pays désire la
garder. Nous ajoutons qu'il en a
parfaitement le droit. Et cette con
viction où nous sommes nous dicte
notre devoir.
Oui, la France a le droit de rester
en République, si cela lui plaît.
Voilà plus ae cent ans que la mo
narchie légitime et traditionnelle a
été déracinée par une tempête ef
froyable. La Restauration, à la suite
des guerres et des malheurs de
l'Empire, n'a été qu'un accident. On
peut le regretter. Ce gouvernement
fut, en général, digne et sage. Il
méritait la confiance et la recon
naissance de la nation. Mais c'èfct
un fait qu'il ne les obtint pas. La
ressoudure ne put s'accomplir. Il
resta posé, sans reprendre racine,
à la merci du moindre choc. Une
étude impartiale de l'histoire nous
le prouve clairement. Un beau jour,
comme on s'y attendait,la couronne,
un peu plus secouée, glissa, tomba.
Louis-Philippe là rattrapa au vol,
et se la mit sur la tête. Ùn vrai ta
lent d'équilibriste lui permit de la
garder près de dix-huit ans. Mais
ce n'était pas cette usurpation par
ticulièrement sans grandeur, avec
tous ses compromis et les suites,
qui pouvait interrompre la prescrip
tion en faveur de la vraie monar
chie.
On objecte que le droit ne se
prescrit point. Parce qu'elle a rompu
depuis un siècle avec ses rois, la
France, en persévérant dans sa
faute, n'a pas conquis la libre dis
position d'elle-même. L'horrible
révolution, souillée de si mons
trueux excès, ne saurait constituer
un titre. D'une telle source, rien ne
peut sortir, que le temps ait la puis
sance de légitimer.
Cette remarque aurait une force
beaucoup plus grande, s'il était
possible d'établir que la Monarchie
n'est responsable èn rien de la
Révolution. Or c'est le contraire
qui est vrai. La Révolution a été
fortement provoquée par sa princi
pale victime.. S'imaginer que l'é
pouvantable explosion de 93 est un
effet sans cause, un déchaînement
de frénétiques et basses fureurs qui
n'a point d'autre raison que la
seule férocité des hommes, c'est
véritablement absurde. L'excès ap
pelle l'excès. Sous les Bourbons,
la Monarchie a dévié de son man
dat; elle est sortie de son rôle; elle
a usurpé. Ç'a été l'hypertrophie du
roi. Quand Louis XÏV, dans son
testament fait devant Dieu, ordon
nait que ses bâtards doublement
adultérins marchassent les égaux
des princes du sang, il commettait
contre l'Eglise et l'Etat un crime
qui, pour n'être pas sanglant comme
ceux de la Terreur, n'en était pas
moins destructif de l'ordre social
et moral. Aussi ne connaissons-
nous rien de mieux fondé que ces
paroles de Louis Veuillot : « Il n'y
eut plus en France que le roi, et
lorsque le roi mourut, en 1715, un
œil sage pouvait déjà voir à l'hori
zon 1793, ou tout au moins 1789. »
Et certes, pour remédier au mal, il
aurait fallu un autre successeur
que « le fainéant débauché qui
souilla la couronne de saint Louis ».
Jusque dans l'Eglise, la monarchie
bourbonnienne, jouant un rôle in
consciemment corrupteur, avait in
troduit force abus, comme afin de
rendre ce rempart moins solide. Et
c'est encore Louis Veuillot qui tient
ce langage : « Lorsqu'on fera une
véritable histoire de la Révolution
française, il sera facile de prouver
qu'elle a- sauvé l'Eglise d'un grand
péril. » Telle est la vérité. Qui ou
trepasse ses droits risque de les
perdre. Les Bourbons commirent
cette faute ; voilà pour quelle cause
a succombé la grande monarchie
française.
Et puis, on nous parle du droit.
Mais où est-il, en admettant qu'il ne
soit pas périmé ? Le chef de la fa-
taille royale n'est plus de notre
nation, il entend bien appartenir
'tout à l'Espagne.Cela, mieux encore
que les renonciations de Philippe V,
barre à don Carlos le chemin d'un
trône que, d'ailleurs, il ne reven
dique pas. L'aîné des princes fran
çais n'est que le premier d'une
branche cadette; il ne peut s'ap
puyer sur un droit si intact qu'il
soit à l'abri de toute contestation.
C'est pourquoi le comte de Paris
Eroclamait lui-même, en 1886, le
esoin d'une consécration popu
laire. Il y a un autre obstacle : les
d'Orléans méritent-ils de régner?...
En 1892 ou 1893, quand les catho
liques s'établissaient sur le terrain
constitutionnel, un réfractaire nous
dit un jour : — Pouvez-vous accep
ter ce régime que préside, un Car-
not, petit-fils d'un régicide ! — Mais,
répondîmes-nous, le comte de Pa
ris n'est-il pas l'àrrière-petit-fils
d'un autre régicide ? — Ce n'est pas
la même chose, répliqua, un peu
piqué et déconcerté, l'orléaniste. —
En effet, il est de plus le petit-fils
d'un usurpateur...
Et dans cie pareilles conditions,
au bout de cent ans, la France ne
serait pas libre de garder la forme
de gouvernement qu'une assemblée
souveraine, d'ailleurs en majorité
monarchiste, lui a donnée ? Il serait
de son devoir d'affronter au besoin
révolutions, bouleversements, rui
nes et guerre civile pour relever le
trône de Louis Xvl et de Char
les X, afin d'y replacer le descen
dant de Philippe-Egalité et de
Louis-Philippe? On ne peut le pré
tendre sérieusement. La France
n'est pas tenue à risquér une telle
aventure. Elle a le droit de rester
en République, puisqu'elle le veut.
Et le devoir de tous les bons ci
toyens, même s'ils conservent une
préférence spéculative pour la mo
narchie, est de s'incfiner devant
cette volonté de la nation, au lieu
de s'obstiner dans une attitude sté
rile qui maintient la discorde.
Quand, par exemple, un comité a
choisi, conformément à ses pou
voirs, en vue d'une élection législa
tive, un candidat, est-ce que lés
membres de la minorité, qui propo
saient un autre nom, ne doivent pas
se rallier à l'élu et le soutenir avec
le même dévouement que s'ils lui
avaient donné tout de suite leurs
suffrages ? Ils font ce sacrifice à
l'union, pour le bien commun. Cela
se produit constamment. Et l'on
trouve que c'est tout simple et très
honorable.
Que le Signai et les réfractaires
veuillent ou non le reconnaître,
c'est une action pareille, sauf qu'ellè
est d'importance plus grande et de
proportions plus vastes, que font
les catholiques en venant prendre
position sur le terrain constitution
nel. Ils n'acceptent pour cela au
cune des lois sectaires, œuvre, non
de la République, mais de législa
teurs républicains qu'il est très lé
gitime, parfaitement légal et consti
tutionnel. d'aspirer à convertir ou à
remplacer. Qu'entendons-nous, en
effet, par République et démocra
tie : un régime où le peuple, sou
verain, se choisit des représentants,
soumis assez fréquemment à réélec
tion, qui doivent gouverner à sa
Çlace, dans le sens qu'il détermine,
'ravailler à ce que l'orientation
fixée par le suffrage populaire soit
conforme à la justice et aux intérêts
bien compris du pays, c'est notre
droit, c'est nôtre devoir.Nous avons
pris position sur le terrain consti
tutionnel pour exercer notre droit
et remplir notre devoir avec plus
de succès.
Pierre Veuillot.
♦ : •.
TULLETI^C
La. Chambre a continué l'étude de la
question des bureaux de placement ;
nous donnons ■plus loin le compte rendu
de cette discussion.
Aujourd'hui,suite du débat sur la con
vention avec la compagnie de l'Ouest.
, Nous avons dit hier, en Dernière
Heure, que M. Pourquery de Boisserin
veut interpeller le ministre des colonies
au sujet de l'exil de la reine Ranavalo :
le député d'Avignon, approuvant l'éner
gique décision du général Gallieni, de
manderait à M. Lebon de soutenir le
gouverneur général de Madagascar un
peu moins mollement qu'il ne l'a fait
jeudi à la tribune du Sénat.
On annonce que, redoutant les atta-,
ques radicales, le ministère aurait sup
primé les traitements de M. l'abbé Olli-
vier, curé de Lannilis, et de M. l'abbé
Gra.ll, curé de Ploudalmezeau.
Le Sénat .poursuit la discussion de
la loi de finances pour 1897. A propos
du budget de l'Algérie, un court débat
s'est produit sur la question des phos
phates algériens.
L'Officiel publie aujourd'hui notifi
cation du blocus de l'île de Crète.
L'affaire Arton préoccupe toujours
certains parlementaires : M. Le Poit-
tevin, juge d'instruction, vient d'aller
en Angleterre et en rapporterait des do
cuments intéressants — si l'on.en croit,
du moins, certaines informations.
La discussion des crédits pour-la ma
nne continue toujours très chaude au
Reichstag. On sait que l'empereur Guil
laume attache une grande importance
au vote de ces crédits.
Les dépêches d'Orient n'indiquent
pas de grands changements dans la. si
tuation générale; il faut cependant noter
comme un symptôme favorable, le dé
part des eaux crétoises de la flotte hellé
nique.
Hier, à Venise, a été signée la conven
tion sanitaire internationale et la con
férence a été close.
L'EUROPE ET U GRÈCE
Parmi les six grandes puissan
ces, aujourd'hui toutes d'accord
pour soumettre la Grèce, en cas de
résistance à leurs décisions, à un
traitement rigoureux, il n'en est
aucune, croyons-nous, qui ne s'y
ëoit résolue à contre-cœur ; mais
toutes sont convaincues, et le dé
clarent hautement, que le. devoir
sacré de maintenir à tout prix la
paix générale exigeait cette vio
lence faite à leurs propres senti
ments.
Mais sur cette question même,'
les contradictions ne manquent
pas : les Grecs et leurs amis, et les
partis d'opposition dans les pays à
régimes parlementaires, préten
dent que l'on pouvait donner satis
faction aux sympathies philhelléni-
ques et chrétiennes de l'opinion eu
ropéenne et soustraire complète
ment la Crète à la domination tur
que, sans s'exposer à déchaîner la
guerre.
Cette opinion est défendue avec
virulence et un grand déploiement
d'éloquence sentimentale dans les
parlements et dans la presse. Par
malheur elle a contre elle l'unani
mité des hommes d'Etat qui, dans
la crise redoutable que traverse
présentementl'Europe,ont la charge
et la responsabilité des affaires pu
bliques. Ceux-ci, qui doivent etre
renseignés, car ils le peuvent être
de bonne source, soutiennent au
contraire, comme on l'a vu, qu'au
toriser l'annexion dè la Crète à la
Grèce, ce serait inaugurer le dé
membrement de l'empire ottoman
et provoquer ainsi, à coup sûr, dans
la péninsule des Balkans le déchaî
nement de prétentions analogues à
celles du gouvernement hellénique;
il serait impossible, disent-ils, que
certaines puissances, l'Autricne-
Hongrie et la Russie par exemple,
les plus directement intéressées au
maintien de l'équilibre actuel parmi
les Etats balkaniques et les plus
préoccupées des problèmes com
plexes de: leur avenir, restassent
spectatrices passives des change
ments que pourrait amener dans ces
contrées un soulèvement général
des populations chrétiennes, soit
indépendantes, soit encore soumi
ses à la domination ottomane.
Or, comme dans, cette presqu'île
des Balkans les intérêts et les am
bitions de la Russie et de l'Autri
che-Hongrie sont en rivalité, en
opposition formelle, ce serait la
guerre; et la guerre entre la Rus
sie et l'Autriche-Hongrie entraîne
rait bientôt, inévitablement, l'inter
vention de l'Allemagne en faveur de
sa plus intime alliée, et celle de la
France en faveur de la Russie.
Il va de soi, que l'Italie se mêle
rait aussi de la partie, en vertu des
liens de la triple alliance, et puis,
tqut le monde sait qu'elle pense
avoir quelque chose a faire en Al
banie et en Tripolitaine.
Quant à l'Angleterre, si on ne
peut pas d'avance dire quel serait
sdn rôle, il est à présumer que ce
né serait pas de notre côté qu'elle
se mettrait.
En résumé, ce serait une confla
gration générale où l'on verrait se
précipiter les unes contre les au
tres les nouvelles armées euro
péennes, c'est-à-dire quelque chose
comme le ©hoc de six à sept millions
d'hommes.
Telles sont bien en effet les pré
visions formidables qui font que les
six grandes puissances s'accordent
pour crier halte-là aux ambitions
helléniques ; et franchement, l'an
nexion de la Crète à la Grèce, si
naturelle qu'elle puisse paraître, si
légitime qu'elle puisse devenir un
jour,ne vaut pas « dans les conjonc
tures actuelles»,que l'on fasse cou
rir à l'Europe un pareil risque.
:v",. F. L.
SUPPRESSION DE TRAITEMENTS
Une dépêche de Brest annonce
que le gouvernement vient de sup
primer les traitements de M. l'abbé
Ollivier, curé de Lannilis, et de M.
l'abbé Grall, curé de Ploudalme
zeau.
Ces deux courageux et excellents
recteurs bretons sont frappés de
cette mesure inique, en qualité de
« meneurs de la campagne politique
entamée par le clergé ».
Nous n'avons pas besoin de reve
nir ici sur le caractère général des
suppressions de traitements, qui
sont décrétées contre toute justice
et tout droit. Mais, cette fois, l'acte
du gouvernement emprunte aux cir
constances un aspect particulière
ment odieUx. Ainsi donc, au mo
ment où l'enquête commence, on
préjuge ouvertement de ses résul
tats et, en même temps, l'on s'ef
force d'intimider les électeurs qui
vont avoir à répondre. Ces procédés
mesquins produiront, sans aucun
doute, un tout autre effet que celui
qu'en espèrent ceux qui descen
dent à les employer.
On dit que le gouvernement a
frappé MM. Grall et Ollivier pour
parer l'accusation de cléricalisme
et pour se fournir un argument
dans le débat sur, les conclusions
de l'enquête... C'est une maladroite
habil eté, celle qui laisse voir à ses
ennemis qu'on a peur.
—: : <►_: :—
LA COMMISSION D'ENQUÊTE
La commission continue ses travaux,
d'une façon qui ne peut manquer de l'é
clairer impartialement sur lés conditions
dans lesquelles M, l'abbé Gayraud a été
nommé député de Brest.
En effet, après avoir vu, à Quimper, le
préfet du département, elle est arrivée à
Brest où elle a eu un long entretien avec»
le sous-préfet. Cependant, il paraît qu'elle
se décide à interroger des témoins. Elle
opère, aujourd'hui même, à Saint-Re
nan.
Avant de quitter Brest, elle a reçu la
déposition de M. le comte de Blois et a
choisi, comme rapporteur, le sectaire
Rabier.
On sait que nul n'est obligé de répon
dre à la commission-d'enquête. Mais,
pour ne pas laisser le champ libre aux
seuls adversaires de M. l'abbé Gàyraud,
nous exhortons tous ceux de ses parti
sans qui peuvent témoigner de faits de
pression dirigée eontre sa candidature, à
venir déposer.
♦
ENNEMIS DES « CORBEAUX »
On se rappelle la véhémente sortie^ de
M. ijourdan, député radical de la Lozère,
eontrë l'enseignement congréganiste, et
toute la France sait, depuis lors, que la
fille de ce .terrible législateur est élevée
au couvent.
L'an dernier, le Matin, organe peu
suspect, nous révélait que le sectaire
Combes avait porté la soutane et com
posé une thèse latine sur saint Thomas
d'Aquin.
Hier, c'était M. Hémon, ancien eleve
du petit séminaire dè Pont-Croix, qui
dénonçait le péril clérical avec une par
ticulière amertume.
Voici maintenant qui est mieux. M,
Gérault-Richard, le socialiste fougueux
qui appelle les prêtres des « corbeaux de
sinistre présage », est moins farouche
dans la vie privée que dans ses déclama
tions publiques.
Nous lisons dans l'Etoile de la Mer :
Pourquoi a-t-il pris ce nom de Gérault-
Richard? nous ne savons. A Saint-Calais,
son pays, il s'appelle Alfred Richard.
Son oncle, chanoine du Mans et secré
taire de l'évêché, le fit élever à son cosapte
au collège ecclésiastique de Saint-Calais.
M. Gérault-Richard, d'ailleurs, a conservé
les meilleures relations avec le supérieur
de ce collège ; il se promène avec lui dans
les rues : et ce fougueux anticlérical n'a
pas cru devoir mieux faire que de mettre
ses neveux au collège où il fut élevé lui-
même.
Cela ne l'empêche pas de faire des dis
cours à la Chambre pour demander la dés
affectation de la basilique du Sacré-Cœur,
qu'il appelle la honte de la France.
Mais ils sont beaucoup comme cela.
Parbleu, s'ils sont beaucoup !
Rien qu'en réunissant les anciens en
fants de chœur de gauche et d'extrême-
gauche, on pourrait déjà former un petit
groupe respectable.
Pour les reconnaître, on n'aurait pro
bablement qu'à prêter l'oreille lors des
discussions sur les questions religieuses.
Ce sont ceux-là qui hurlant le plus
fort.
LE T. H- FRÈRE GABRIEL-MARIE
Le nouveau supérieur général de
l'Institut des Frères de la Doctrine
chrétienne — dont nous avons an
noncé hier l'élection — est ,né au
mois de novembre 1834. Il est donc
âgé dé soixante-deux ans. Origi
naire du centre de la France, il fut
l'un des plus brillants élèves du
pensionnat des Frères d'Aurillac.
Entré, à seize ans, au noviciat de
Clermont, il débutait, l'année sui
vante, en qualité de professeur, au
pensionnat des Frères de cette
ville. Envoyé ensuite à Brioude, et,
plus tard, au Puy, c'est là qu'il pro
nonça ses premiers vœux, en 1859.
Eh ï 863 il était admis à la profes
sion.
Directeur du pensionnat du Puy,
de 1873 à 1878 puis visiteur provin
cial, le Très Honoré Frère Gabriel-
Marie fut nommé, il y a dix-huit
ans, assistant au supérieur général
des Frères.
Ami et conseiller des deux der
niers supérieurs défunts, il s'est si
gnalé à l'estime de tous ses confrè
res par les qualités éminentes qu'il
a déployées dans l'exercice des di
verses charges que la congrégation
lui a successivement confiées.
Doué d'aptitudes remarquables
pour les sciences, il se livra dès sa
jeunesse à des travaux d'une puis
sante originalité ; ce qui lui a per
mis de contribuer largement à
doter son Institut d'ouvrages scien
tifiques qui font aujourd'hui l'hon
neur de l'enseignement chrétien
tout entier.
Le mérite personnel du T. H.
Frère Gabriel-Marie n'est point
une exception dans sa famille. Son
frère, sincère et courageux chré
tien, est mort, il y a un an à peine,
doyen d'une Faculté des sciences
de l'Etat. Deux de ses neveux, an
ciens élèves de l'Ecole normale su
périeure et vaillants chrétiens
comme leur pèré, occupent une
chaire de sciences, l'un dans une
Faculté de l'Etat, l'autre dans l'U
niversité catholique de Fribourg;
un troisième, ancien élève de l'E
cole polytechnique, est un brillant
ingénieur tout dévoué aux œuvres
catholiques et ouvrières de sa ré
gion; un autre, après avoir conquis
ses grades universitaires, s'est con
sacré à Dieu et est entré au grand
séminaire de Saint-Sulpice ; enfin
le plus jeune achève en ce moment
la préparation de son doctorat en
droit. Comme on le voit, la religion
et la science comptent de fervents
disciples dans la famille du T. H.
Frère Gabriel-Marie.
Le nouveau supérieur général
des Frères est très attaché aux tra
ditions de son Institut. Il en per
pétuera l'esprit dans toute son in
tégrité. Les intérêts de sa grande
famille religieuse ne péricliteront
pas en ses mains viriles. Sa piété
et sa profonde modestie attireront
les bénédictions du Ciel sur son gé-
néralat.
LE PROGRAMME DE M- GUESDE
Une fois de plus, dit le Journal de
Roubaix, M. Guesde nous expose son
programme social. Dans l'Egalité, le
député collectiviste déclare que ce qu'il
veut, c'est l'accaparement par l'Etat de
toutes les forces de production sans ex
ception (les petites comme les grandes),
« c'est, dit-ïl, l'industrie et le commerce
social substitués à l'industrie et au
commerce privés. »
Et pour y arriver, M. Jules Guesde est
déterminé c'est lui-même qui l'écrit
— « A NE RECULER DEVANT AU
CUNE" MESURE » quand ses amis et
lui auront conquis le pouvoir politique.
Et afin qu'on ne se méprenne pas sur sa
pensée, il ajoute textuellement :
Nous n'aurons pour cela qu'a suivre
l'exemple de la bourgeoisie qui, pour s'af
franchir, n'a pas craint DE GARDER
PLUSIEURS ANNEES EN PERMA
NENCE LA GUILLOTINE SUR LA
PLACE DE LA REVOLUTION.
Ainsi donc, observe le Journal de Rou
baix, la guillotine en permanence, voilà
ce que nous promet M. Jules Guesde
pour le jour où la majorité des électeurs
français aura confié le pouvoir politique
aux collectivistes. On aurait de la peine
à trouver quelque chose de plus sédui
sant.
LES PROCESSIONS
Le Conseil d'Etat vient de re
pousser les recours que deux curés,
MM. les abbés Blanchard et Bailly,
avaient formés, devant lui, contre
des arrêtés interdisant les proces
sions.
Le Conseil a décidé que le maire
de Souday et le maire de Donzy
àvaient'usé de leur droit en prenant
ces arrêtés sectaires. ;
Cela ne nous apprend rien sur les
tendances du Conseil d'Etat, mais
ne change point le caractère injuste
des arrêtés contre les processions.
-♦
A LA CHAMBRE
Les bureaux de placement.
La discussion d'hier, toujours
très confuse, suc les bureaux de
placement, a permis à M. Dejeante
et à M. Chauvièrè de se faire rap
peler à l'ordre avec inscription au
procès-verbal ; elle a été aussi une
occasion, pour le premier, de for
muler contre les couvents et les as
sociations charitables d'odieuses
insinuations...
Il faut dire que la Chambre avait
tout d'abord voté par 296 voix con
tre 224 un texte qui institue défini
tivement deux sortes de bureaux
de placement : les uns, autorisés
et payants, — les autres, gratuits
et soumis seulement, sauf une ex
ception, à la simple formalité de la
déclaration ; la fureur socialiste ne
connaissait plus de bornes ; M.
Jaurès criait que la Chambre ve
nait d'affirmer son refus de sanc
tionner jamais une réforme ou
vrière; M. Sembat criait aussi et
sommait le président de le « mettre
à la porte », lui et ses amis, pour
laisser la bourgeoisie capitaliste
délibérer en paix ; M. Chauvièrè,
s'en prenant à l'auteur du contre-
projet dont l'article premier, éta
blissant le principe des deux sortes
de bureaux, venait d'être adopté,
montrait le poing à M. Guillemin et
lui disait : « Nous irons chez vous
à Fourmies !... »
On se rappelle que le gouverne
ment s'était engagé vendredi à pré
senter un projet de loi, tenant
compte des désirs déjà exprimés
parla Chambre; ce projet a été dé
posé il y a deux jours : comme la
proposition de M. Guillemin, il re
connaît les bureaux payants et les
bureaux gratuits, sans être d'ac
cord sur tous les points, ainsi
qu'on le verra dans les discussions
prochaines ; la commission, elle, a
fait siens tous les articles du texte
gouvernemental qui ont trait aux
ureaux gratuits, mais maintenait
avec énergie le principe de la sup
pression des bureaux payants ;
c'est cette mesure radicale que la
Chambre a nettement affirmé ne
vouloir, à aucun prix, sanction
ner.
Donc, article premier, texte de
M. Guillemin : « Le placement des
« ouvriers et employés des deux
« sexes est assuré : 1° par les bu-
« reaux de placement autorisés,
« 2° par les bureaux de placement
« gratuits. »
On s'est occupé des seconds, con
formément à l'ordre établi par la
commission et par le gouverne
ment.
L'article 2 a été adopté ; il dis
pense de toute autorisation les bu
reaux gratuits créés par les munici
palités, les syndicats profession
nels ouvriers, patronaux ou mixtes,
les Bourses de travail, les compa
gnonnages, les sociétés de secours
mutuels, les associations charita
bles et les sociétés de bienfai
sance.
C'est ici que M. Dejeante s'est
plaint de la liberté de placement ac
cordée aux associations religieuses
et n'a- pas craint d'accuser les cou
vents « d'exploiter » de toute ma
nière les ouvriers... Le rapporteur a
dû protester énérgiquement contre
les accusations du socialiste hai
neux et sectaire.
L'article 3, adopté aussi, astreint
les bureaux gratuits — sauf ceux
qui sont créés par les municipalités
— à une déclaration préalable effec
tuée à la mairie. On n'a pas voulu,
comme le demandait M. Bovier-
Lapierre, et comme l'àcceptàit là
commission, dispenser de cette for :
malité les bureaux créés par les
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