Titre : L'Univers
Éditeur : L'Univers (Paris)
Date d'édition : 1897-03-16
Contributeur : Veuillot, Louis (1813-1883). Rédacteur
Contributeur : Veuillot, Pierre (1859-1907). Rédacteur
Contributeur : Veuillot, François (1870-1952). Rédacteur
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34520232c
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 16 mars 1897 16 mars 1897
Description : 1897/03/16 (Numéro 10650). 1897/03/16 (Numéro 10650).
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse Collection numérique : Bibliographie de la presse
Description : Collection numérique : BIPFPIG44 Collection numérique : BIPFPIG44
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k709431j
Source : Bibliothèque nationale de France
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 06/02/2011
Mardi 16 Mars 1897
Edition quotidienne/— 40,850
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Mardi 16 Mars 1897
•SmiTON OTJOTIDÎENN®
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'*ÉTRANGER
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Les afconnenïenta partent; des 1" et 18 de ohaqùa moîs
UN NUMÉRO | ^ ris V -•••••• C ( Départements..... 15 —
BUREAUX ; Paria» rua Cassette, 17
On s'abonne à TEtomé, place dû Gesù,' 8 "
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ÉDITION SEm-QUOTIJDIENiNEi
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ET DÉPARTEMENTS (UNION -BOSTALE)
Un' an 20 » 26 »
Six-Biois...... 10 » 13 »
Trois-mois:...* > 5 . » 6 50 ' ^
Eiea abonneirtënta -partent des 1" et 18 de chaque mole
L'UNIVERS ne répond pas des manuscrits qui lui s ont adressé»
ANNONCES
MM. LAGRANGE, CERF et C'°,6, place de k Bourse
PARIS, 15 MARS 18S7
SOMMAIRE
Les lettres dès ar
chevêques angli-
" eans E ugène T avehnier.
Discours P., V..
Çà et là : Messidor.. F rançois V euillot,
La question d'O-'
rient F. L.
Les élections d'hier. F. V.
Variétés : La Répu
blique de Lucques
et le royaume d'E-
trùrie G eoffroy de G rand-
MAISON.
Bulletin du jour. — Nouvelles de Rome.
— Les élections. — Informations politi-
• ques et parlementaires. — La réunion
de Nogent-le-Rotrou. — A travers la
presse. —.Chronique. — Lettres, sciences
et arts. — A Notre-Dame.- — Souscription
en faveur du Vœu, national. <— En ; pro
vince. — Les affaires de Crète. — Dé
pêches de. l'étranger. — La Société' pro
tectrice de l'enfance.— Echos de par
tout. — La question ouvrière. Nécro
logie. — Les anarchistes, — Nouvelles
diverses. — Calendrier. — Tableau et
bulletin de la Bourse. — Dernière h^ure.
LA LETTRE
A cause de ses dimensions, nous
n'avons pu la reproduire en entier ;
et nous devons laisser aux théolo-
fiens le soin de l'examiner à fond,
ans les détails et; dans l'ensem
ble.
Mais il n'est pas difficile de s'en
taire une idée générale et de noter
certains points qui ont beaucoup de
signification.
Si elle prête à de graves critiques,
elle n'en est pas moins vraiment re
marquable de plusieurs maniè
res. .. .
C'est la première fois que lion
voit l'Eglise anglicane se manifes
ter comme un corps en s'adressant
au Pape et en présentant une doc
trine appuvée d'une longue argu
mentation.
Les déclarations souscrites en
faveur de vérités, fondamentales et
la forme de ces déclarations prou
vent une foi élevée. Nous sommes
loin du temps où l'esprit chrétien
en Angleterre flottait incertain; où
il n'y. avait de volonté précise et
constante que pour repousser avec
une aveuglé colère tout ce qui
venait de Rome. Il n'est, pas inu
tile non plus de remarquer que le
document est écrit en latin. Un
hommage sincère est rendu
aux vertus et aux intentions de
Léon XIII.
En un mot, la lettre est une affir
mation solennelle et authentique de
la croyance de l'Eglise anglicane au
sacrement de l'Ordre,, à, la présence
réelle, au sacrifice.
Il faut enregistrer avec soin de
• tels résultats ; avec joie aussi,même
quand ils se produisent au milieu
d'erreurs qui doivent être combat
tues sans relâche. Il y a un gain
évident* il y a un progrès continu.
L'espérance est justifiée par lés
faits,. . . ..
D'ailleurs, une fois rempli cet
agréable devoir, on se sent plus de
liberté pour faire la critique de la
thèse présentée par les deux pri
mats au nom de tous les évêques
anglicans. < >
Nos théologiens examineront si,
dans le document,la présence réelle
« objective » est affirmée 1 avec la
netteté désirable et si la nature du
sacrifice de la messe y est suffisam
ment indiquée.
Au suj et des ordinations, la Lettre
laisse sans réponse le passage de la
Bulle où Léon XIII a montré les
changements profonds accomplis
par l'ordinal d'Edouard VI. « Non
•« seulement,disait le Souverain Pon-
« tife, non seulement dans tout l'or-
« dinal il n'est pas fait ouvertement
« mention du sacrifice, de la consé-
« crati on,du sacerdoce, du pouvoir
«-de consacrer 1 et d'offrir le sacri-
« fice, mais encore tous lés vestiges
« concernant de telles institutions
« qui subsistaient dans les prières
«'du rite > catholique en partie con*
« servées, ont été enlevés et effacés. »
Des auteurs anglicans ont voulu ti
rer argument du fait que l'Eglise ca
tholique reconnaît parfois la" validité
d'un rite où l'idée de sacrifice n'est
pas exprimée. L'objection a été ré
futée par un prêtre anglais*-très
distingué, le Rev. Growe, qui a fait
remarquer que: n'avoir jamais ex
primé formellement une idée et
avoir effacé l'expression d'une idée
autrefois admise sont deux choses
très différentes. « On ne peut nulle-
« ment en effet, écrivait M. Crowe,
« comparer deux riteé où l'idée de
« sacrifice ne sé trouve pas, si, dans
« l'un cette idée n'ajamais été expri-
« mée, tandis que dans l'autre elle a
« été retranchée. Jamais l'idée' du
« sacrifice n'a été retranchée des
« rites orientaux : elle l'a été du rite
« anglican » (Irish eçclesiastical Re
cord). Ce n'est pas le motȈ mot,
mais c'est le sens de l'argumenta
tion- ■ l'-
On a lieu de regretter encore que
la Réponse des archevêques parle
de la transsubstantiation sans indi
quer quelle est la doctrine ' qu'elle
rejette. Dans les circonstances ac
tuelles surtout, l'ambiguité est fâ
cheuse. Pùsèy lui-même avait si :
fnalé la nécessité de distinguer et
e préciser : « Ma propre çonvic-
« tiori, a-t-il écrit, est que nos arti-
« cles nient la transsubstantiation
« dans un sens et que l'Eglise ro-<
« maine, si on s'en rapporte à Tex
te plication du catéchisme du con-
« cilede Trente, l'affirme dans un
« autre. » '
, Quant au concile de Trente, les
auteurs de la Réponse dirigent con
tre lui une attaque très imprévue et
Sui a encore le défaut d'être vague.
s_ savent ' assurément avec quelle
précision Pusey s l est plu à dire que,
somme toute, rien dans les XXXIX
articles n'était inconciliable avec les
décrets du çonôile. ' '
Malgré le ton mësuré de la forme,
une ardeur combative " s'accuse
dans le document anglican. L'ar
deur s'explique par la vivacité des
convictions dont cette Eglise est gé
néralement animée: Mais quels que
soient leur zèle et leur- fierté, ces
hommes, r ces chrétiens peuvent
comprendre, au jtônct, que lé souci
de l'immense intérêt désormais, en
jeu impose le devoir de les contre
dire. Chaque fois que Léon XIII a
parlé d'eux, même ,en condamnant
leurs erreurs, il a loué leur foi, leur
science, leurs vertus. 1 ^ ^ ^
Quand on n'envisage que ce qui
reste à faire, on doute du succès
final. Mais quand, on pense à tout
ce qui a; été fait pour préparer un
rapprochement qui. semblait entiè
rement impossible, on se sent pé
nétré d'espérance:: Quel terrain
l'Eglise anglicane a gagné sur les
préjugés ! Elle le prouve devant
la multitude des autres chrétiens
dissidents qui n'ont plus de hiérar
chie et qui sont livrée, en fait de
doctrines, aux emportements de l'i
magination.
Eugène T avernier.
— — ♦- : :
'BULLETIN
Aujourd'hui, séance très importante à
la Chambre : on discutera les interpella
tions de MM. Goblet et Delafosse sur les
affaires d'Orient ; le gouvernement fera
connaître ses résolutions en ce [qui con
cerne les affaires• de- Crète.
Hier, plusieurs élections ont eu lieu
en France. Nous les apprécions plus loin
et donnons les chiffres détaillés.
Nous signalerons particulièrement
l'élection sénatoriale au Finistère : le
candidat patronné par l'anticlérical
M. Hémon a été battu par M. de Cha
maillard, soutenu par- les catholiquesi
C'est la première réponse des Bretons
au discours haineux au député deQuim-
per. ■ , . .•••■■
Hier, à Nogent-le-Rotrou, a eu lieu
une manifestation des républicains mo
dérés : un banquet a été offert à M. De s-
chanel à l'occasion de sa réélection à la
vice-présidence de la Chambre. D'im
portants discours ont été prononcés par
MM. Poincaré et Deschanel.
On annonce que l'amiral Hollmann,
secrétaire d'Etat à la marine, en Alle
magne,aurait donné sa démission samedi
dans l'après-midi après la séance de la
commission du budget qui n'a pas
voté tous les crédits demandés pour
l'augmentation dé la flotte.
La légation de Grèce gà Paris com
munique aux journaux une note que
nous reproduisons plus loin et qui
chèrche a - établir que le commandant
? es. communications importantes qu'il
s'était chargé de faire, à. la demande des
amiraux, aux chefs insurgés crétois d'A-
krotiri. ^ ■
Comme nous le disions hier, les puis
sances sont tombées d'accord sur les ré
solutions à prendre en présence de l'op
position de la Grèce : ces mesures rece
vront une prompte exécution, dès que le
Parlement/français se sera prononcé —
ce qui'aura lieu cet après-midi.
• 4 :
NOUVELLES DE ROME
• Rome, le 13 mars.
Le Saint-Père vient de faire un nouvel
àcte de souveraineté sur cette extrême
zone de la cité Léonine où peut encore
s'exercer son pouvoir bienfaisant. Par
lettres apostoliques parues aujourd'hui,
il vient d'asseoir sur de solides bases le
développement qu'il désire assurer au
séminaire du Vatican et aux écoles pu
bliques; - gymnase et lycée, qu'il y a
annexées. Il en confie à cet effet la haute
surveillance au cardinal-archiprêtre de
Saint-iPierre, qui est actuellement PEme
Rampolla, - avec un conseil dechanôinës
de la'basilique Vaticane ; il en assure la
dotation, en agranditleslocauxet y mul
tiplie, au profit des séminaristes pau
vres et bien méritants, les bourses gra
tuites et semi-gratuites ; enfin il octroie
le pouvoir d'y conférer les grades aca
démiques, voulant ainsi que le séminaire
institué à l'ombre du Vatican soit un
foyer de fortes études et de solides •*' ^
tus, tout près de la source de la v' t
de l'apostolat. " nW
- Quelquesjournaux fnr ^ flntpar i é
naguère, d'aucuns môme en termes d'é-
tonnementj d'un Induit du Saint-Office,
accordé au diocèse d'Autan et en vertu
duquel la communion pascale pourrait se
faire à partir du 1 er janvier. Or je trouve
dans la dernière livraison des Analecta
Ecclesiastica (5 e année, 2° fasc., p. 53),
l'explication que cette docte revue en
donne avec sa compétence habituelle. En
1885, l'éminent évêque d'Autun, s'inspi-
rant de la sollicitude du Saint-Père en
vers les classes sociales les plus hum
bles, pria Sa Sainteté de considérer com
bien il serait utile pour le bien de ce vaste
diocèse quë les communions faites, sur
tout dans les paroisses rurales, durant
une retraite ou mission, à' partir du
1" janvier, puissent servir à l'accomplis
sement du précepte pascal. La raison
était que les missions se donnent en hi
ver, à cause des loisirs des gens de la
campagne, et que la plupart des paysans
n'ayant l'habitude de communier qu'une
fois l'an, se trouveraient exposés à omet
tre ou la communion de la mission, ou
celle de Pâques; En présence de ces gra
ves difficultés qui ne sont malheureuse
ment pas spéciales au diocèse d'Autun, le
Saint-Office accorda la grâce demandée
ad Iriennium et renouvelée depuis trois
fois.
DISCOURS
Deux vice-présidents de la Cham
bre, M. Poincaré, M. Deschanel, ont
parlé hier à Nogent-le-Rotrou, chef-
lieu de l'arrondissement que le
second représente au Palais-Bour
bon. Les deux orateurs ont obtenu
un vif succès, que méritaient l'é
loquence nerveuse et précise de
M. Poincaré, la vigueur élégante et
souple de M. Deschanel. Les idées
qu'ils ont développées n'étaient pas
indignes, non plus, d'après ce que
nous en connaissons, dès applau
dissements de l'auditoire;
Ce qui caractérise les deux dis
cours, c'est la prédominance donnée
aux questions sociales sur les ques
tions purement politiques. Le dé
puté de Commercy et celui de No
gent-le-Rotrou marchent à la tête de
la jeune génération parlementaire.
Ils nous paraissent vouloir prendre
aussi la tête d'un mouvement, cha
que jour plus accuse dans tout le
pays.Quand ils relèguent àl'arrière-
plan la politique pure, nous les
croyons d'accord avec le sentiment
presque unanime des générations
qui arrivent, ou sont arrivées depuis
relativement peu d'années à la vie
civique. On ne veut plus de ces dé
bats stériles, échaffaudés sur des
théories que l'on pourrait discuter
éternellement. On veut avoir des lé
gislateurs qui fassent une oeuvre
pratique et produisent des résul
tats.
Pour atteindre ce but,- il serait in
dispensable, jd'abord, de changer la
méthode actuelle de travail. Les
deux or&teurs l'ont constaté : à la
Chambre, tout est désordre et con
fusion ; du moins peu s'en faut-il.
M. Poincaré a loué les efforts du
présent ministère pour réagir con
tre des habitudes déplorables. M.
Deschanel a demandé une exten
sion des droits de l'Exécutif; en
attendant, .il voudrait le voir user
de ceux que la Constitution lui re
connaît. Le fonctionnement du suf
frage universel a été aussi l'objet de
vives et bien justes critiques. Il est
certain qu'il y a plus d'une réforrfie
à faire, simplement pour améliorer
l'outil et obtenir qu'il soit mieux
manié. Quand on aura commencé
par là, il sera possible de réaliser le
programme social de MM. Poincaré
et Deschanel. Le vingtième siècle
Jiourra'être, comme l'a- dit celui-ci,
e siècle de l'association féconde, et
l'on verra, comme l'a dit lë premier,
en même temps qu'augmentera la
richesse, fleurir pour tous la cul
ture intellectuelle et s'affirmer chez
tous l'élévation morale.
Seulement* sans le concours de
l'Eglise, ce grand ouvrage n'abou
tira point. Gouvernants réforma
teurs, l'Eglise n'est pas l'ennemie,
elle est l'alliée nécessaire.
!■ • ■ P .V. "
ÇSà et là
« MESSIDOR »
On a représenté, l'autre jour, à l'Opéra,
un « drame lyrique », intitulé Messidor.
C'est, paraît-il, une tentative hardie, une
nouveauté audacieuse ; un jeune artiste,
entreprenant, dévore dix besoin d'être
original, a cherché, hç)rs de la voie vul
gaire, une musique indépendante ; il l'a
composée, croyant faire un coup de gé
nie et voulant défier le commun des ama
teurs, sur un livret en prose ! On a beau
coup discuté pour et contre cette oeuvre :
elle ouvrait à son auteur les portefe dé là
gloire ( affirmaient les enthousiastes ; elle
eI itr âînait cé malheureux vers les portes
^e, Charenton, déclaraient les mécon
tents. Quoi qu'il en soit, le drame lyrique
a remporté un succès dés plus médio
cres.
D'ailleurs, il ne s'agit pas ici de juger
la musique : et nous avons, pour nous
garder avec soin de l'apprécier deux
motifs principaux... Le second, c'est
que nous n'avons pas entendu Mes
sidor; nous taisons le premier, pour évi
ter à notre amour-propre l'humiliant
aveu que, tout en aimant beaucoup la
musique, nous nous sentons, à son
égard, rempli d'une incompétence abso
lue.
II nous parsît, toutefois, que le sens qui
> a dû être chcqué le plus rudement, chez
; lés habitués de l'Opéra, ce n'est pas
l'ouïe, c'est la vue. Pensez donc ! on leur
; a fait subir, sur la Scène grandiose, ac
coutumée à la richesse, à la magnificence
et à l'élégante harmonie des costumes de
cour, des pourpoints d'or, de velours et
de soie, des robes constellées,aux ti'Aines
majestueuses ; sur la scène, où l'on
consent à supporter le populaire et les
paysans que cachés sous la prodigieuse
i fantaisie de prétendus .vêtements « cou
leur locale », —- on leur a fait subir la
■ présence d'ouvriers,d'ouvriers en blouse,
au travail, dans le décor d'une usine en
marche ! Aurait-on jamais pu concevoir
une audace pareille ! , •—
Il faut avouer que ce coup hardi donne
1 uné assez belle idée de la' crânerie du
compositeur et n'est pas pour déplaire.
II est vrai que M. Bruneau — c'est ce
révolutionnaire — était soutenu par M.
Zola; M. Zola que le réalisme, on le
sait, n'est pas précisément pour effrayer
et chez qui l'idée de planter des ouvriers
en blouse, en plein milieu de l'Opéra,
n'est pas si brave, en somme. Il en a fait
bien d'autres, et, de même que certains
fronts ne savent plus rougir, il n'a plus,
quant à lui, le pouvoir, après tant de
brutalités, de provoquer la surprise ou
l'émoi.
M.Zola est l'auteur du livret, du fameux
livret en prose. II est curieux, ce livret
de JVL Zola, point banal, et même assez
intéressant et quelquefois beaupar sa puis
sance et sa poésie. Car enfin,.ce n'est pas
une raison, parce qu'il a pour auteur l'é
crivain des Rougon-Macquart et le blas
phémateur de Lourdes, pour contester
ses qualités, s'il en possède.
C'est même un fait, bizarre à observer)
que ce livret d'opéra, écrit en prose, est
assurément plus poétique, àu fond, par
le style et par les idées, que bien d'autres
livrets congrûment versifiés, qui ont été
revêtus, par maints compositeurs fameux,
d'une belle musique. Et pourtant, la con
ception-dë M. Zola n'en est pas moins
faussëi En effet, ce n'est pas surtout la
poésie du langage et de la pensée qui,
dans lé vers, soutient le chant ; c'en est,
bien plutôt,la cadénce etla naturelle har
monie.^ c'est, avant tout, le balancement
rythmé de la mesure et la sonnerie ré
gulièrement répétée des rimes.
Et puis, d'ailleurs, essayez donc de
mettre en musique des phrases de ce
genre :
-As-tu défriché, là-bas, le fond du val
lon? — Oui, il y a là un peu plus de bonne
terre, que les pluies du printemps ont ame
née. Mais la couche est si mince encore !
Ou bien, celle-ci :
Ils ont refusé de în'embaucher à l'usine,
et je vais tomber sur la route, si, pour
quelques jours, vous ne m'accordez le gîte
et la pitance.
Ou bien, encore, :
Mange à ta faim... sers-toi à la cruche !
Etc., etc., etc...
Mais, il faut le redire, ces taches, —
qu'il n'était point d'ailleurs facile d'éviter
et qui choquent surtout par l'idée qu'il
s'a,git d'un livret d'opéra, 1 — ces taches
sont rares.; et, dans l'ensemble, on re
marque un effort persévérant, quelque
fois laborieux, quelquefois vif et cou
ronné de succès, verîs la poésie.
Le sujet lui-même est noble et puis
sant, plein de grâce et dè vigueur. C'est
le triomphe du champ sur l'usine ; des
belles moissons d'ôr, qu'on sème et qu'on
récolte au grand air, que. le soleil fait
briller et que balance, là brise, — sur
le labeur de l'usine; où la soif de l'or a
emmagasiné, au profit de quelques-uns,
toute la richesse du pays. Un torrent,
dont les flots roulaient la poussière do
rée, est accaparé par un seul, puissam
ment riche ; et l'on voit toute la contrée
sèche, aride et pauvre. Mais un jour l'a
valanche a comblé le torrent et la source
coupée a infiltré ses ondes sous la terre;
aussitôt,le sol fécondé par cette eau nour
ricière, épanche des'moissons et l'abon
dance règne. Il y a là, vraiment,une idée
poétique.
Et l'idée, bien souvent, est soutenue
par le style : écoutez cette phrase :
L'automne est venu, les dernières feuilles
volent au souffle humide du vent, et voici
noveiiïbre, avec ses brumes, qui ramène
l'époque des grandes semailles. Ah ! si la
pluie tombait, si la terre enfin, épaissie et
forte, se gonflait de vie !
Et ces paroles d'un berger monta
gnard :
Je conduis mon troupeau, je regarde à
mes pieds se dérouler les plaines sans bor
nes, je regarde au-dessus de ma tête, à
l'infini, les nuages passer...
Et cette tirade enfin :
Mon âme est pleine de trouble et de vio
lence. Je souffrais tant, j'ai cédé à la juste
colère. 0 ma pauvre âme, calme-toi! La
nuit est si belle et si pure, la lune silen
cieuse est d'une si tranquille douceur! On
dirait le plein jour, une aube nouvelle de
paix et d'espoir.
Ah ! le jeune espoir, l'espoir invincible et
renaissant ! Pourquoi donc ne pas compter
encore sur la force éternelle de vie ? Et
! pourquoi, puisque la lune est si claire, at
tendre le soleil? La semence est là, les la-
! bours de novembre sont prêts. (Il reprend
,1e sac de blé et sème à grands gestes.) '
Semence auguste, blé nourrisseur,va, va,
vole de mes mains et couvre la terre.
Comme la poussière même de la vie, vole,
vole, emplis le sillon de ta fécondité. Tu es
l'inconnu de demain; qui sait le triomphe
que tu réserves à l'effort de mon travail ?
Pendant tout un hiver, la 'terre froide dor
mira. Et elle couvera ton inconnu, ô divine
semence, Dlé qui nourris les hommes ! Et.
peut-être pousseras-tu en une moisson dé
bordante, au soleil d'avril,'dans le prin
temps triomphal ! ?
Mais pourquoi donc avoir écrit tout cela
en prose î " ** - ^ : .
François V euillot.
QIESTIONJ'ORIENT
L'épreuve insidieuse à laquelle
l'intervention militaire de la Grèce
en Crète a soumis le. concert euro- ;
péenpeut avoir finalement des effets
salutaires et d'importantes consé
quences. Il y avait de nombreuses
'raisons da penser, au début de ces
complications, que l'unité de vues
et ae résolutions serait difficile à
maintenir jusqu'au bout entre les
puissances, quand il faudrait passer
d'un accord théorique à une action
effective, et c'est bien sur ces diver
gences probables que le gouverne
ment hellénique avait compté. Or il
j se trouve que cesprévisions, si vrai-
j semblables qu'elles fussent, ont été
heureusement trompées ; l'accord
: des puissances s'est consolidé et res
serré en ces derniers temps, et tout
annonce que la Grèce va se heurter
au concert européen plus uni et
plus résolu que jamais ; c'est, dit-
on, ce que vont mettre en pleine
lumière, aujourd'hui même, les dé
clarations que M. Hanotaux doit
faire devant la Chambre des dépu
tés et le Sénat.
De ce fait, considéré comme ac
quis, on peut augurer que la ques
tion crétôise ne tardera guère à être
réglée.
Il reste maintenant à résoudre la
question turque? et peut-être est-il
permis d'espérer, N à présent, que
cette union des puissances, qui a
pu subsister et se fortifier malgré
les épineuses difficultés des affaires
grecques, se retrouvera non moins
forte quand il va s'agir ( d'irnposer
au gouvernement turc les Réformes
qu'appelle l'état de l 'empire otto
man, réformes qui sont vraiment le
seul moyen d'en faire respecter l'in
tégrité actuelle et qui,réalisées, de
viendraient, en même temps,
meilleure garantie du .maintien de
la paix générale.
F. L.
de lîextrême gauche; je ne m'allierai ja
mais aux radicaux ni aux socialistes; et
j'apporterai au gouvernement de mon
pays, le concours ioyal qu'il est en droit
d'attendre de tout patriote et de tout bon
français. • '
On sent,dans ce loyal langage, un
monarchiste de cœur et de tradition ;
mais, fidèle à l'enseignement ponti
fical, qui ne permet de garder ses
préférences politiques qu'au point
ae vue spéculatif,M. de Cbamaillard,
pour la lutte pratique,, .adopte le
terrain constitutionnel.
■ Aussi ses déclarations lui ont-
i elles; valu l'appui de tous les catho-
: liques et, notamment, de M. l'abbé
i Gayraud, qui, la veille, a fait cam-
[ pagne en sa faveur. Bien plus, grâce
la ce langage très net, M. de Cha-
! maillard a obtenu l'appui d'un cer-
j tain nombre de républicains modé-
| rôs qui, au premier tour, avaient
i voté pour M. Swiney. Cet appoint
que n'aurait pas eu un monarchiste,
a décidé de la victoire. Où M. Sou-
bigou, royaliste, avait obtenu 539
voix, en 1895, M. de Chamaillard,
i constitutionnel, en rallie 617, au
jourd'hui. -Les faits ouvriront-ils
i enfin les yeux à ceux qui ne voient
pas?
Des élections législatives, il y a
peu à dire : à des radicaux, des ra
dicaux succèdent. Toutefois, il faut
j signaler le succès de M. Baron, à
Aix, et l'honorable échec de M. Hu-
cher, à Béauvais. M. Baron, radical-
socialiste, est ce maire d'Aix qui
remit naguère, entre les mains de
jMgr Gouthe-Soulard, sa démission
ide franc-maçon. La Lanterne et le
i Radical l'accusent, ■ de ce chef, de
cléricalisme ! A Beauvais, le candi-
! dat modéré obtient 8,098 voix, alors
que l'opportuniste, il y a deux ans,
n'en réunissait contre lé radical
que 5,015. ?
Ainsi," dans chaque élection, tan
tôt par des traits presque insensi
bles, tantôt par un éclatant succès,
se manifeste le progrès, lént mais
continu, des idées de modération èt
d'apaisement.
F. V.
LES ÉLECTIONS
LES ÉLECTIONS D'HIER
Au discours haineux de M. Hé
mon, les délégués sénatoriaux du
Finistère orit donné, promptement,
une claire-et vigoureuse réponse.
Le député de Quimper avait
poussé lé cri de guerre au clérica
lisme ; il avait chargé furieusement
le clergé breton et, surtout, le clergé
du Finistère. Il s'était efforcé de je
ter la terreur, ou, du moins,l'intimi
dation dans les rangs de leurs fi
dèles. D'une enquête électorale, il
était parvenu à faire une sorte d'in
quisition contre les curés de Bre=
tagne... Or, sur ces entrefaites, une
élection sénatoriale a lieu dans son
département. Le candidat sectaire
adopte avec empressement les ra
geuses déclarations. du député anti
clérical : il en menace les curés,
d'un ton supérieur et méprisant.
D'ailleurs, il était bien sur de la
victoire: au renouvellement de
1894, la liste opportuniste avait,
tout entière, aisément triomphé
des conservateurs. Plus tard, „•—> il
y a dix-huit mois, —- M. Rousseau
l'avait emporté contre M. Soubigou,
monarchiste, à 150 voix de majorité.
M. Allain-Launay, candidat oppor
tuniste, escomptait déjà le succès;
et si la manifestation, dont la Cham
bre avait accompagné le discours
Hémon, mettait dans son jeu un
atout de plus, il n'en avait certes
pas besoin pour remporter la vic
toire.
Résultat : M. Allain-Launay, op
portuniste, est battu par M. de Cha
maillard, catholique.
La victoire est superbe et, dans
ces conditions surtout, nous rémplit
de joie; mais ce n'est pas un succès
seulement, c'est'une leçon.
. Pourquoi M. de Chamaillard a-t-il
été vainqueur? Examinons son pro
gramme : :
Depuis vingt-cinq ans,y déclarait-il, la
République existe en France, et tout en
conservant fidèlement mes croyances et
mes préférences politiques, je m'engage
à ne point faire d'opposition systémati
que, et 'j'accepte sincèrement de défen
dre, avec indépendance, sous le régime
actuel, les principes de liberté, de justice
et de sage économie qui doivent seuls
guider les hommes au pouvoir.
Je soutiendrai donc les ministères mo
dérés contre les entreprises des hommes
ELECTION SÉNATORIALE
Finistère.
premier tour de scrutin
Inscrits: 1,244. -—Votants: 1,233.
MM. de Chamaillard, cathol..... 568 voix
Allain-Launay,. républic.... 490
Swiney, anc. dép., républ.. 170
de Rusquec, républicain.. ;. 1
(Ballottage.)
deuxième tour
R/M. Allain-Launay ; 613
de Chamaillard 604
Swiney.................... il
(Ballottage.)
troisieme t0ur
MM. de Chamaillard 617 ELU
Allain-Launay 613
Swiney.- 1
Il s'agissait de remplacer M. Rous
seau, républicain, décédé, qui avait été
élu après sa prise de possession du gou
vernement de I'Indo-Ohine, par 690 voix
contre 539 à M. Soubigou, ancien séna
teur monarchiste, lors d'une élection
partielle, le 6 octobre 1895.
ÉLECTIONS LÉGISLATIVES
Bouches-du-Rhône,
Première circonscription d'Aix.
(Ballottage.)) - -
Inscrits : 14,922. .-- Votants : 10.522. .
MM. Baron, maire d'Aix, pro
gressiste... 4.564,ELU
Docteur Bourguet, opp..., 4.305
Barrucand, social, révol.. 1.321
Au premier tour, les voix s'étaient ré
parties-ainsi : MM. Baron, 2,901 ; le doc
teur Bourguet, 2,172 ; Tony Révillon, ra
dical, 1,576; Dubois, radical socialiste,
1,539; Barrucand, socialiste, 1,140; Tres-
saud, collèctiviste, 870— sur. 9,976 vo
tants.
Entre les deux tours, MM. Ton y Révil
lon, DiihoiSj et.Tressaud s'étaient retirés
de la lutte.
Il s'agissait de remplacer M. Lejdet,
radical, nommé sénateur, et qui avait
été réélu, lors des élections générales de
1893, par 6,796 voix.
Hérault.
Deuxième circonscription de Béziers.
T (Ballottage.)
Inscrits : 25,538. — 4 Votants : 17,264.
MM." Augé, radical socialiste.. 9.169 ELU
Cathala, collectiviste..... 7.736
Crassous, rép. 1 ib 170
, Au premier tour, les voix s'étaient re
parties ainsi :MM. Augé, 5,682 ; Cathala,
4,779; Benabenq, républicain progres
siste, 2,068; Taquet, radical socialiste,
1,646 — sur 14,527 votants.
Entre les deux tours, M. Benabenq
s'était désisté | purement et simplement.
D'autre part, ipe nouvelle, candidature,
celle de M. Etienne Crassous, proprié
taire et peintré à Béziers, s'était prdduite,
. avec un programme républicain indé
pendant libéral.
Il s'agissait, de remplacer M. Cet, ré
publicain radical, démisionnaire à la
suite de son échec aux dernières élec
tions sénatoriales, et qui avait été élu,
au second tour de scrutin des élections
générales de 1893, par 8,254 voix-contre
8,039 à M. Bouty, rrdical'spçialistç.
Edition quotidienne/— 40,850
S*.*»* *• «r£* S7îÇ~r
Mardi 16 Mars 1897
•SmiTON OTJOTIDÎENN®
" PARIS : , "
st départements
Un an 40. .»
Six mois 21 »
Trois mois.;.., il »,
'*ÉTRANGER
(twiorç ïosyAXiB)
51. » '
26 50
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Les afconnenïenta partent; des 1" et 18 de ohaqùa moîs
UN NUMÉRO | ^ ris V -•••••• C
BUREAUX ; Paria» rua Cassette, 17
On s'abonne à TEtomé, place dû Gesù,' 8 "
E3T
ONDE
ÉDITION SEm-QUOTIJDIENiNEi
\ r . W
■ ' ' PARIS ÉTRANGER .
ET DÉPARTEMENTS (UNION -BOSTALE)
Un' an 20 » 26 »
Six-Biois...... 10 » 13 »
Trois-mois:...* > 5 . » 6 50 ' ^
Eiea abonneirtënta -partent des 1" et 18 de chaque mole
L'UNIVERS ne répond pas des manuscrits qui lui s ont adressé»
ANNONCES
MM. LAGRANGE, CERF et C'°,6, place de k Bourse
PARIS, 15 MARS 18S7
SOMMAIRE
Les lettres dès ar
chevêques angli-
" eans E ugène T avehnier.
Discours P., V..
Çà et là : Messidor.. F rançois V euillot,
La question d'O-'
rient F. L.
Les élections d'hier. F. V.
Variétés : La Répu
blique de Lucques
et le royaume d'E-
trùrie G eoffroy de G rand-
MAISON.
Bulletin du jour. — Nouvelles de Rome.
— Les élections. — Informations politi-
• ques et parlementaires. — La réunion
de Nogent-le-Rotrou. — A travers la
presse. —.Chronique. — Lettres, sciences
et arts. — A Notre-Dame.- — Souscription
en faveur du Vœu, national. <— En ; pro
vince. — Les affaires de Crète. — Dé
pêches de. l'étranger. — La Société' pro
tectrice de l'enfance.— Echos de par
tout. — La question ouvrière. Nécro
logie. — Les anarchistes, — Nouvelles
diverses. — Calendrier. — Tableau et
bulletin de la Bourse. — Dernière h^ure.
LA LETTRE
A cause de ses dimensions, nous
n'avons pu la reproduire en entier ;
et nous devons laisser aux théolo-
fiens le soin de l'examiner à fond,
ans les détails et; dans l'ensem
ble.
Mais il n'est pas difficile de s'en
taire une idée générale et de noter
certains points qui ont beaucoup de
signification.
Si elle prête à de graves critiques,
elle n'en est pas moins vraiment re
marquable de plusieurs maniè
res. .. .
C'est la première fois que lion
voit l'Eglise anglicane se manifes
ter comme un corps en s'adressant
au Pape et en présentant une doc
trine appuvée d'une longue argu
mentation.
Les déclarations souscrites en
faveur de vérités, fondamentales et
la forme de ces déclarations prou
vent une foi élevée. Nous sommes
loin du temps où l'esprit chrétien
en Angleterre flottait incertain; où
il n'y. avait de volonté précise et
constante que pour repousser avec
une aveuglé colère tout ce qui
venait de Rome. Il n'est, pas inu
tile non plus de remarquer que le
document est écrit en latin. Un
hommage sincère est rendu
aux vertus et aux intentions de
Léon XIII.
En un mot, la lettre est une affir
mation solennelle et authentique de
la croyance de l'Eglise anglicane au
sacrement de l'Ordre,, à, la présence
réelle, au sacrifice.
Il faut enregistrer avec soin de
• tels résultats ; avec joie aussi,même
quand ils se produisent au milieu
d'erreurs qui doivent être combat
tues sans relâche. Il y a un gain
évident* il y a un progrès continu.
L'espérance est justifiée par lés
faits,. . . ..
D'ailleurs, une fois rempli cet
agréable devoir, on se sent plus de
liberté pour faire la critique de la
thèse présentée par les deux pri
mats au nom de tous les évêques
anglicans. < >
Nos théologiens examineront si,
dans le document,la présence réelle
« objective » est affirmée 1 avec la
netteté désirable et si la nature du
sacrifice de la messe y est suffisam
ment indiquée.
Au suj et des ordinations, la Lettre
laisse sans réponse le passage de la
Bulle où Léon XIII a montré les
changements profonds accomplis
par l'ordinal d'Edouard VI. « Non
•« seulement,disait le Souverain Pon-
« tife, non seulement dans tout l'or-
« dinal il n'est pas fait ouvertement
« mention du sacrifice, de la consé-
« crati on,du sacerdoce, du pouvoir
«-de consacrer 1 et d'offrir le sacri-
« fice, mais encore tous lés vestiges
« concernant de telles institutions
« qui subsistaient dans les prières
«'du rite > catholique en partie con*
« servées, ont été enlevés et effacés. »
Des auteurs anglicans ont voulu ti
rer argument du fait que l'Eglise ca
tholique reconnaît parfois la" validité
d'un rite où l'idée de sacrifice n'est
pas exprimée. L'objection a été ré
futée par un prêtre anglais*-très
distingué, le Rev. Growe, qui a fait
remarquer que: n'avoir jamais ex
primé formellement une idée et
avoir effacé l'expression d'une idée
autrefois admise sont deux choses
très différentes. « On ne peut nulle-
« ment en effet, écrivait M. Crowe,
« comparer deux riteé où l'idée de
« sacrifice ne sé trouve pas, si, dans
« l'un cette idée n'ajamais été expri-
« mée, tandis que dans l'autre elle a
« été retranchée. Jamais l'idée' du
« sacrifice n'a été retranchée des
« rites orientaux : elle l'a été du rite
« anglican » (Irish eçclesiastical Re
cord). Ce n'est pas le motȈ mot,
mais c'est le sens de l'argumenta
tion- ■ l'-
On a lieu de regretter encore que
la Réponse des archevêques parle
de la transsubstantiation sans indi
quer quelle est la doctrine ' qu'elle
rejette. Dans les circonstances ac
tuelles surtout, l'ambiguité est fâ
cheuse. Pùsèy lui-même avait si :
fnalé la nécessité de distinguer et
e préciser : « Ma propre çonvic-
« tiori, a-t-il écrit, est que nos arti-
« cles nient la transsubstantiation
« dans un sens et que l'Eglise ro-<
« maine, si on s'en rapporte à Tex
te plication du catéchisme du con-
« cilede Trente, l'affirme dans un
« autre. » '
, Quant au concile de Trente, les
auteurs de la Réponse dirigent con
tre lui une attaque très imprévue et
Sui a encore le défaut d'être vague.
s_ savent ' assurément avec quelle
précision Pusey s l est plu à dire que,
somme toute, rien dans les XXXIX
articles n'était inconciliable avec les
décrets du çonôile. ' '
Malgré le ton mësuré de la forme,
une ardeur combative " s'accuse
dans le document anglican. L'ar
deur s'explique par la vivacité des
convictions dont cette Eglise est gé
néralement animée: Mais quels que
soient leur zèle et leur- fierté, ces
hommes, r ces chrétiens peuvent
comprendre, au jtônct, que lé souci
de l'immense intérêt désormais, en
jeu impose le devoir de les contre
dire. Chaque fois que Léon XIII a
parlé d'eux, même ,en condamnant
leurs erreurs, il a loué leur foi, leur
science, leurs vertus. 1 ^ ^ ^
Quand on n'envisage que ce qui
reste à faire, on doute du succès
final. Mais quand, on pense à tout
ce qui a; été fait pour préparer un
rapprochement qui. semblait entiè
rement impossible, on se sent pé
nétré d'espérance:: Quel terrain
l'Eglise anglicane a gagné sur les
préjugés ! Elle le prouve devant
la multitude des autres chrétiens
dissidents qui n'ont plus de hiérar
chie et qui sont livrée, en fait de
doctrines, aux emportements de l'i
magination.
Eugène T avernier.
— — ♦- : :
'BULLETIN
Aujourd'hui, séance très importante à
la Chambre : on discutera les interpella
tions de MM. Goblet et Delafosse sur les
affaires d'Orient ; le gouvernement fera
connaître ses résolutions en ce [qui con
cerne les affaires• de- Crète.
Hier, plusieurs élections ont eu lieu
en France. Nous les apprécions plus loin
et donnons les chiffres détaillés.
Nous signalerons particulièrement
l'élection sénatoriale au Finistère : le
candidat patronné par l'anticlérical
M. Hémon a été battu par M. de Cha
maillard, soutenu par- les catholiquesi
C'est la première réponse des Bretons
au discours haineux au député deQuim-
per. ■ , . .•••■■
Hier, à Nogent-le-Rotrou, a eu lieu
une manifestation des républicains mo
dérés : un banquet a été offert à M. De s-
chanel à l'occasion de sa réélection à la
vice-présidence de la Chambre. D'im
portants discours ont été prononcés par
MM. Poincaré et Deschanel.
On annonce que l'amiral Hollmann,
secrétaire d'Etat à la marine, en Alle
magne,aurait donné sa démission samedi
dans l'après-midi après la séance de la
commission du budget qui n'a pas
voté tous les crédits demandés pour
l'augmentation dé la flotte.
La légation de Grèce gà Paris com
munique aux journaux une note que
nous reproduisons plus loin et qui
chèrche a - établir que le commandant
?
s'était chargé de faire, à. la demande des
amiraux, aux chefs insurgés crétois d'A-
krotiri. ^ ■
Comme nous le disions hier, les puis
sances sont tombées d'accord sur les ré
solutions à prendre en présence de l'op
position de la Grèce : ces mesures rece
vront une prompte exécution, dès que le
Parlement/français se sera prononcé —
ce qui'aura lieu cet après-midi.
• 4 :
NOUVELLES DE ROME
• Rome, le 13 mars.
Le Saint-Père vient de faire un nouvel
àcte de souveraineté sur cette extrême
zone de la cité Léonine où peut encore
s'exercer son pouvoir bienfaisant. Par
lettres apostoliques parues aujourd'hui,
il vient d'asseoir sur de solides bases le
développement qu'il désire assurer au
séminaire du Vatican et aux écoles pu
bliques; - gymnase et lycée, qu'il y a
annexées. Il en confie à cet effet la haute
surveillance au cardinal-archiprêtre de
Saint-iPierre, qui est actuellement PEme
Rampolla, - avec un conseil dechanôinës
de la'basilique Vaticane ; il en assure la
dotation, en agranditleslocauxet y mul
tiplie, au profit des séminaristes pau
vres et bien méritants, les bourses gra
tuites et semi-gratuites ; enfin il octroie
le pouvoir d'y conférer les grades aca
démiques, voulant ainsi que le séminaire
institué à l'ombre du Vatican soit un
foyer de fortes études et de solides •*' ^
tus, tout près de la source de la v' t
de l'apostolat. " nW
- Quelquesjournaux fnr ^ flntpar i é
naguère, d'aucuns môme en termes d'é-
tonnementj d'un Induit du Saint-Office,
accordé au diocèse d'Autan et en vertu
duquel la communion pascale pourrait se
faire à partir du 1 er janvier. Or je trouve
dans la dernière livraison des Analecta
Ecclesiastica (5 e année, 2° fasc., p. 53),
l'explication que cette docte revue en
donne avec sa compétence habituelle. En
1885, l'éminent évêque d'Autun, s'inspi-
rant de la sollicitude du Saint-Père en
vers les classes sociales les plus hum
bles, pria Sa Sainteté de considérer com
bien il serait utile pour le bien de ce vaste
diocèse quë les communions faites, sur
tout dans les paroisses rurales, durant
une retraite ou mission, à' partir du
1" janvier, puissent servir à l'accomplis
sement du précepte pascal. La raison
était que les missions se donnent en hi
ver, à cause des loisirs des gens de la
campagne, et que la plupart des paysans
n'ayant l'habitude de communier qu'une
fois l'an, se trouveraient exposés à omet
tre ou la communion de la mission, ou
celle de Pâques; En présence de ces gra
ves difficultés qui ne sont malheureuse
ment pas spéciales au diocèse d'Autun, le
Saint-Office accorda la grâce demandée
ad Iriennium et renouvelée depuis trois
fois.
DISCOURS
Deux vice-présidents de la Cham
bre, M. Poincaré, M. Deschanel, ont
parlé hier à Nogent-le-Rotrou, chef-
lieu de l'arrondissement que le
second représente au Palais-Bour
bon. Les deux orateurs ont obtenu
un vif succès, que méritaient l'é
loquence nerveuse et précise de
M. Poincaré, la vigueur élégante et
souple de M. Deschanel. Les idées
qu'ils ont développées n'étaient pas
indignes, non plus, d'après ce que
nous en connaissons, dès applau
dissements de l'auditoire;
Ce qui caractérise les deux dis
cours, c'est la prédominance donnée
aux questions sociales sur les ques
tions purement politiques. Le dé
puté de Commercy et celui de No
gent-le-Rotrou marchent à la tête de
la jeune génération parlementaire.
Ils nous paraissent vouloir prendre
aussi la tête d'un mouvement, cha
que jour plus accuse dans tout le
pays.Quand ils relèguent àl'arrière-
plan la politique pure, nous les
croyons d'accord avec le sentiment
presque unanime des générations
qui arrivent, ou sont arrivées depuis
relativement peu d'années à la vie
civique. On ne veut plus de ces dé
bats stériles, échaffaudés sur des
théories que l'on pourrait discuter
éternellement. On veut avoir des lé
gislateurs qui fassent une oeuvre
pratique et produisent des résul
tats.
Pour atteindre ce but,- il serait in
dispensable, jd'abord, de changer la
méthode actuelle de travail. Les
deux or&teurs l'ont constaté : à la
Chambre, tout est désordre et con
fusion ; du moins peu s'en faut-il.
M. Poincaré a loué les efforts du
présent ministère pour réagir con
tre des habitudes déplorables. M.
Deschanel a demandé une exten
sion des droits de l'Exécutif; en
attendant, .il voudrait le voir user
de ceux que la Constitution lui re
connaît. Le fonctionnement du suf
frage universel a été aussi l'objet de
vives et bien justes critiques. Il est
certain qu'il y a plus d'une réforrfie
à faire, simplement pour améliorer
l'outil et obtenir qu'il soit mieux
manié. Quand on aura commencé
par là, il sera possible de réaliser le
programme social de MM. Poincaré
et Deschanel. Le vingtième siècle
Jiourra'être, comme l'a- dit celui-ci,
e siècle de l'association féconde, et
l'on verra, comme l'a dit lë premier,
en même temps qu'augmentera la
richesse, fleurir pour tous la cul
ture intellectuelle et s'affirmer chez
tous l'élévation morale.
Seulement* sans le concours de
l'Eglise, ce grand ouvrage n'abou
tira point. Gouvernants réforma
teurs, l'Eglise n'est pas l'ennemie,
elle est l'alliée nécessaire.
!■ • ■ P .V. "
ÇSà et là
« MESSIDOR »
On a représenté, l'autre jour, à l'Opéra,
un « drame lyrique », intitulé Messidor.
C'est, paraît-il, une tentative hardie, une
nouveauté audacieuse ; un jeune artiste,
entreprenant, dévore dix besoin d'être
original, a cherché, hç)rs de la voie vul
gaire, une musique indépendante ; il l'a
composée, croyant faire un coup de gé
nie et voulant défier le commun des ama
teurs, sur un livret en prose ! On a beau
coup discuté pour et contre cette oeuvre :
elle ouvrait à son auteur les portefe dé là
gloire ( affirmaient les enthousiastes ; elle
eI itr âînait cé malheureux vers les portes
^e, Charenton, déclaraient les mécon
tents. Quoi qu'il en soit, le drame lyrique
a remporté un succès dés plus médio
cres.
D'ailleurs, il ne s'agit pas ici de juger
la musique : et nous avons, pour nous
garder avec soin de l'apprécier deux
motifs principaux... Le second, c'est
que nous n'avons pas entendu Mes
sidor; nous taisons le premier, pour évi
ter à notre amour-propre l'humiliant
aveu que, tout en aimant beaucoup la
musique, nous nous sentons, à son
égard, rempli d'une incompétence abso
lue.
II nous parsît, toutefois, que le sens qui
> a dû être chcqué le plus rudement, chez
; lés habitués de l'Opéra, ce n'est pas
l'ouïe, c'est la vue. Pensez donc ! on leur
; a fait subir, sur la Scène grandiose, ac
coutumée à la richesse, à la magnificence
et à l'élégante harmonie des costumes de
cour, des pourpoints d'or, de velours et
de soie, des robes constellées,aux ti'Aines
majestueuses ; sur la scène, où l'on
consent à supporter le populaire et les
paysans que cachés sous la prodigieuse
i fantaisie de prétendus .vêtements « cou
leur locale », —- on leur a fait subir la
■ présence d'ouvriers,d'ouvriers en blouse,
au travail, dans le décor d'une usine en
marche ! Aurait-on jamais pu concevoir
une audace pareille ! , •—
Il faut avouer que ce coup hardi donne
1 uné assez belle idée de la' crânerie du
compositeur et n'est pas pour déplaire.
II est vrai que M. Bruneau — c'est ce
révolutionnaire — était soutenu par M.
Zola; M. Zola que le réalisme, on le
sait, n'est pas précisément pour effrayer
et chez qui l'idée de planter des ouvriers
en blouse, en plein milieu de l'Opéra,
n'est pas si brave, en somme. Il en a fait
bien d'autres, et, de même que certains
fronts ne savent plus rougir, il n'a plus,
quant à lui, le pouvoir, après tant de
brutalités, de provoquer la surprise ou
l'émoi.
M.Zola est l'auteur du livret, du fameux
livret en prose. II est curieux, ce livret
de JVL Zola, point banal, et même assez
intéressant et quelquefois beaupar sa puis
sance et sa poésie. Car enfin,.ce n'est pas
une raison, parce qu'il a pour auteur l'é
crivain des Rougon-Macquart et le blas
phémateur de Lourdes, pour contester
ses qualités, s'il en possède.
C'est même un fait, bizarre à observer)
que ce livret d'opéra, écrit en prose, est
assurément plus poétique, àu fond, par
le style et par les idées, que bien d'autres
livrets congrûment versifiés, qui ont été
revêtus, par maints compositeurs fameux,
d'une belle musique. Et pourtant, la con
ception-dë M. Zola n'en est pas moins
faussëi En effet, ce n'est pas surtout la
poésie du langage et de la pensée qui,
dans lé vers, soutient le chant ; c'en est,
bien plutôt,la cadénce etla naturelle har
monie.^ c'est, avant tout, le balancement
rythmé de la mesure et la sonnerie ré
gulièrement répétée des rimes.
Et puis, d'ailleurs, essayez donc de
mettre en musique des phrases de ce
genre :
-As-tu défriché, là-bas, le fond du val
lon? — Oui, il y a là un peu plus de bonne
terre, que les pluies du printemps ont ame
née. Mais la couche est si mince encore !
Ou bien, celle-ci :
Ils ont refusé de în'embaucher à l'usine,
et je vais tomber sur la route, si, pour
quelques jours, vous ne m'accordez le gîte
et la pitance.
Ou bien, encore, :
Mange à ta faim... sers-toi à la cruche !
Etc., etc., etc...
Mais, il faut le redire, ces taches, —
qu'il n'était point d'ailleurs facile d'éviter
et qui choquent surtout par l'idée qu'il
s'a,git d'un livret d'opéra, 1 — ces taches
sont rares.; et, dans l'ensemble, on re
marque un effort persévérant, quelque
fois laborieux, quelquefois vif et cou
ronné de succès, verîs la poésie.
Le sujet lui-même est noble et puis
sant, plein de grâce et dè vigueur. C'est
le triomphe du champ sur l'usine ; des
belles moissons d'ôr, qu'on sème et qu'on
récolte au grand air, que. le soleil fait
briller et que balance, là brise, — sur
le labeur de l'usine; où la soif de l'or a
emmagasiné, au profit de quelques-uns,
toute la richesse du pays. Un torrent,
dont les flots roulaient la poussière do
rée, est accaparé par un seul, puissam
ment riche ; et l'on voit toute la contrée
sèche, aride et pauvre. Mais un jour l'a
valanche a comblé le torrent et la source
coupée a infiltré ses ondes sous la terre;
aussitôt,le sol fécondé par cette eau nour
ricière, épanche des'moissons et l'abon
dance règne. Il y a là, vraiment,une idée
poétique.
Et l'idée, bien souvent, est soutenue
par le style : écoutez cette phrase :
L'automne est venu, les dernières feuilles
volent au souffle humide du vent, et voici
noveiiïbre, avec ses brumes, qui ramène
l'époque des grandes semailles. Ah ! si la
pluie tombait, si la terre enfin, épaissie et
forte, se gonflait de vie !
Et ces paroles d'un berger monta
gnard :
Je conduis mon troupeau, je regarde à
mes pieds se dérouler les plaines sans bor
nes, je regarde au-dessus de ma tête, à
l'infini, les nuages passer...
Et cette tirade enfin :
Mon âme est pleine de trouble et de vio
lence. Je souffrais tant, j'ai cédé à la juste
colère. 0 ma pauvre âme, calme-toi! La
nuit est si belle et si pure, la lune silen
cieuse est d'une si tranquille douceur! On
dirait le plein jour, une aube nouvelle de
paix et d'espoir.
Ah ! le jeune espoir, l'espoir invincible et
renaissant ! Pourquoi donc ne pas compter
encore sur la force éternelle de vie ? Et
! pourquoi, puisque la lune est si claire, at
tendre le soleil? La semence est là, les la-
! bours de novembre sont prêts. (Il reprend
,1e sac de blé et sème à grands gestes.) '
Semence auguste, blé nourrisseur,va, va,
vole de mes mains et couvre la terre.
Comme la poussière même de la vie, vole,
vole, emplis le sillon de ta fécondité. Tu es
l'inconnu de demain; qui sait le triomphe
que tu réserves à l'effort de mon travail ?
Pendant tout un hiver, la 'terre froide dor
mira. Et elle couvera ton inconnu, ô divine
semence, Dlé qui nourris les hommes ! Et.
peut-être pousseras-tu en une moisson dé
bordante, au soleil d'avril,'dans le prin
temps triomphal ! ?
Mais pourquoi donc avoir écrit tout cela
en prose î " ** - ^ : .
François V euillot.
QIESTIONJ'ORIENT
L'épreuve insidieuse à laquelle
l'intervention militaire de la Grèce
en Crète a soumis le. concert euro- ;
péenpeut avoir finalement des effets
salutaires et d'importantes consé
quences. Il y avait de nombreuses
'raisons da penser, au début de ces
complications, que l'unité de vues
et ae résolutions serait difficile à
maintenir jusqu'au bout entre les
puissances, quand il faudrait passer
d'un accord théorique à une action
effective, et c'est bien sur ces diver
gences probables que le gouverne
ment hellénique avait compté. Or il
j se trouve que cesprévisions, si vrai-
j semblables qu'elles fussent, ont été
heureusement trompées ; l'accord
: des puissances s'est consolidé et res
serré en ces derniers temps, et tout
annonce que la Grèce va se heurter
au concert européen plus uni et
plus résolu que jamais ; c'est, dit-
on, ce que vont mettre en pleine
lumière, aujourd'hui même, les dé
clarations que M. Hanotaux doit
faire devant la Chambre des dépu
tés et le Sénat.
De ce fait, considéré comme ac
quis, on peut augurer que la ques
tion crétôise ne tardera guère à être
réglée.
Il reste maintenant à résoudre la
question turque? et peut-être est-il
permis d'espérer, N à présent, que
cette union des puissances, qui a
pu subsister et se fortifier malgré
les épineuses difficultés des affaires
grecques, se retrouvera non moins
forte quand il va s'agir ( d'irnposer
au gouvernement turc les Réformes
qu'appelle l'état de l 'empire otto
man, réformes qui sont vraiment le
seul moyen d'en faire respecter l'in
tégrité actuelle et qui,réalisées, de
viendraient, en même temps,
meilleure garantie du .maintien de
la paix générale.
F. L.
de lîextrême gauche; je ne m'allierai ja
mais aux radicaux ni aux socialistes; et
j'apporterai au gouvernement de mon
pays, le concours ioyal qu'il est en droit
d'attendre de tout patriote et de tout bon
français. • '
On sent,dans ce loyal langage, un
monarchiste de cœur et de tradition ;
mais, fidèle à l'enseignement ponti
fical, qui ne permet de garder ses
préférences politiques qu'au point
ae vue spéculatif,M. de Cbamaillard,
pour la lutte pratique,, .adopte le
terrain constitutionnel.
■ Aussi ses déclarations lui ont-
i elles; valu l'appui de tous les catho-
: liques et, notamment, de M. l'abbé
i Gayraud, qui, la veille, a fait cam-
[ pagne en sa faveur. Bien plus, grâce
la ce langage très net, M. de Cha-
! maillard a obtenu l'appui d'un cer-
j tain nombre de républicains modé-
| rôs qui, au premier tour, avaient
i voté pour M. Swiney. Cet appoint
que n'aurait pas eu un monarchiste,
a décidé de la victoire. Où M. Sou-
bigou, royaliste, avait obtenu 539
voix, en 1895, M. de Chamaillard,
i constitutionnel, en rallie 617, au
jourd'hui. -Les faits ouvriront-ils
i enfin les yeux à ceux qui ne voient
pas?
Des élections législatives, il y a
peu à dire : à des radicaux, des ra
dicaux succèdent. Toutefois, il faut
j signaler le succès de M. Baron, à
Aix, et l'honorable échec de M. Hu-
cher, à Béauvais. M. Baron, radical-
socialiste, est ce maire d'Aix qui
remit naguère, entre les mains de
jMgr Gouthe-Soulard, sa démission
ide franc-maçon. La Lanterne et le
i Radical l'accusent, ■ de ce chef, de
cléricalisme ! A Beauvais, le candi-
! dat modéré obtient 8,098 voix, alors
que l'opportuniste, il y a deux ans,
n'en réunissait contre lé radical
que 5,015. ?
Ainsi," dans chaque élection, tan
tôt par des traits presque insensi
bles, tantôt par un éclatant succès,
se manifeste le progrès, lént mais
continu, des idées de modération èt
d'apaisement.
F. V.
LES ÉLECTIONS
LES ÉLECTIONS D'HIER
Au discours haineux de M. Hé
mon, les délégués sénatoriaux du
Finistère orit donné, promptement,
une claire-et vigoureuse réponse.
Le député de Quimper avait
poussé lé cri de guerre au clérica
lisme ; il avait chargé furieusement
le clergé breton et, surtout, le clergé
du Finistère. Il s'était efforcé de je
ter la terreur, ou, du moins,l'intimi
dation dans les rangs de leurs fi
dèles. D'une enquête électorale, il
était parvenu à faire une sorte d'in
quisition contre les curés de Bre=
tagne... Or, sur ces entrefaites, une
élection sénatoriale a lieu dans son
département. Le candidat sectaire
adopte avec empressement les ra
geuses déclarations. du député anti
clérical : il en menace les curés,
d'un ton supérieur et méprisant.
D'ailleurs, il était bien sur de la
victoire: au renouvellement de
1894, la liste opportuniste avait,
tout entière, aisément triomphé
des conservateurs. Plus tard, „•—> il
y a dix-huit mois, —- M. Rousseau
l'avait emporté contre M. Soubigou,
monarchiste, à 150 voix de majorité.
M. Allain-Launay, candidat oppor
tuniste, escomptait déjà le succès;
et si la manifestation, dont la Cham
bre avait accompagné le discours
Hémon, mettait dans son jeu un
atout de plus, il n'en avait certes
pas besoin pour remporter la vic
toire.
Résultat : M. Allain-Launay, op
portuniste, est battu par M. de Cha
maillard, catholique.
La victoire est superbe et, dans
ces conditions surtout, nous rémplit
de joie; mais ce n'est pas un succès
seulement, c'est'une leçon.
. Pourquoi M. de Chamaillard a-t-il
été vainqueur? Examinons son pro
gramme : :
Depuis vingt-cinq ans,y déclarait-il, la
République existe en France, et tout en
conservant fidèlement mes croyances et
mes préférences politiques, je m'engage
à ne point faire d'opposition systémati
que, et 'j'accepte sincèrement de défen
dre, avec indépendance, sous le régime
actuel, les principes de liberté, de justice
et de sage économie qui doivent seuls
guider les hommes au pouvoir.
Je soutiendrai donc les ministères mo
dérés contre les entreprises des hommes
ELECTION SÉNATORIALE
Finistère.
premier tour de scrutin
Inscrits: 1,244. -—Votants: 1,233.
MM. de Chamaillard, cathol..... 568 voix
Allain-Launay,. républic.... 490
Swiney, anc. dép., républ.. 170
de Rusquec, républicain.. ;. 1
(Ballottage.)
deuxième tour
R/M. Allain-Launay ; 613
de Chamaillard 604
Swiney.................... il
(Ballottage.)
troisieme t0ur
MM. de Chamaillard 617 ELU
Allain-Launay 613
Swiney.- 1
Il s'agissait de remplacer M. Rous
seau, républicain, décédé, qui avait été
élu après sa prise de possession du gou
vernement de I'Indo-Ohine, par 690 voix
contre 539 à M. Soubigou, ancien séna
teur monarchiste, lors d'une élection
partielle, le 6 octobre 1895.
ÉLECTIONS LÉGISLATIVES
Bouches-du-Rhône,
Première circonscription d'Aix.
(Ballottage.)) - -
Inscrits : 14,922. .-- Votants : 10.522. .
MM. Baron, maire d'Aix, pro
gressiste... 4.564,ELU
Docteur Bourguet, opp..., 4.305
Barrucand, social, révol.. 1.321
Au premier tour, les voix s'étaient ré
parties-ainsi : MM. Baron, 2,901 ; le doc
teur Bourguet, 2,172 ; Tony Révillon, ra
dical, 1,576; Dubois, radical socialiste,
1,539; Barrucand, socialiste, 1,140; Tres-
saud, collèctiviste, 870— sur. 9,976 vo
tants.
Entre les deux tours, MM. Ton y Révil
lon, DiihoiSj et.Tressaud s'étaient retirés
de la lutte.
Il s'agissait de remplacer M. Lejdet,
radical, nommé sénateur, et qui avait
été réélu, lors des élections générales de
1893, par 6,796 voix.
Hérault.
Deuxième circonscription de Béziers.
T (Ballottage.)
Inscrits : 25,538. — 4 Votants : 17,264.
MM." Augé, radical socialiste.. 9.169 ELU
Cathala, collectiviste..... 7.736
Crassous, rép. 1 ib 170
, Au premier tour, les voix s'étaient re
parties ainsi :MM. Augé, 5,682 ; Cathala,
4,779; Benabenq, républicain progres
siste, 2,068; Taquet, radical socialiste,
1,646 — sur 14,527 votants.
Entre les deux tours, M. Benabenq
s'était désisté | purement et simplement.
D'autre part, ipe nouvelle, candidature,
celle de M. Etienne Crassous, proprié
taire et peintré à Béziers, s'était prdduite,
. avec un programme républicain indé
pendant libéral.
Il s'agissait, de remplacer M. Cet, ré
publicain radical, démisionnaire à la
suite de son échec aux dernières élec
tions sénatoriales, et qui avait été élu,
au second tour de scrutin des élections
générales de 1893, par 8,254 voix-contre
8,039 à M. Bouty, rrdical'spçialistç.
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