Titre : L'Univers
Éditeur : L'Univers (Paris)
Date d'édition : 1897-03-15
Contributeur : Veuillot, Louis (1813-1883). Rédacteur
Contributeur : Veuillot, Pierre (1859-1907). Rédacteur
Contributeur : Veuillot, François (1870-1952). Rédacteur
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Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 15 mars 1897 15 mars 1897
Description : 1897/03/15 (Numéro 10649). 1897/03/15 (Numéro 10649).
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse Collection numérique : Bibliographie de la presse
Description : Collection numérique : BIPFPIG44 Collection numérique : BIPFPIG44
Droits : Consultable en ligne
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Source : Bibliothèque nationale de France
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 06/02/2011
ÉDmO» QUOTIDIENNE
. PARIS' ÉTRANGER-
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Lea abonnements partent dea 1« otilô de chaque mol#
IW numéro | lOçent»,
( Dé parte ments..... 15. —.
ÊtTKEAUX ; Paris, me Cassette, X7
OA,s'al)onfle ; à.Rome, place,du. Geeù, R
ÉDITION SEMI-OyOT IDEE3rôi
PARIS, ÉTRANGER
st. départements (union postale)
ÏJn an.. 20 »? iîât
Sixmois tQ, », 13.. » 'i
Trois.mpi?.-,,,,. » firSO
Les. abonnements partent des 1" et-16 de chaque mois
HJJNiyjmS.ne ^répondpas des manuscrits, qui'lûi sont adressé^
ANNONCES' -
MM- LAGRANGE, CERF et G'», 6j place de la Bourré'
PARIS> 14 MARS 189T~
Preuve scolaire.....
La marine allemande
A la Chambre......
Au Sénat
Lettres de Belgique.
Lettres de^enève..
Les massacres d'Ar-
méiiie : Lettre. d.u..
Feuilletons. : Quin
zaine dramatique et
artistique.
A travers les revues.
Pierre Veuillot.
Abbé II. Oetty.
Gabriel de Triors.
J; M antenàt.
L.
zzz,
Fhère.Qlbien.
Henri Dac.
fiaiîëîîn du jour. — Le devoir des catho
liques. La- famille chrétienne. — Les
processions* Informations politiques et
parlementaires. Lfes idées d'un curé
sur la paroisse, -r Chronique. — Un mas-,
aACra d'Européens, Les < affaires, de
Crète. — Dépêches de l'étranger, —-La
question-ouvrière. — Echos de partout.
— Chronique religieuse. Neuvàine de
Saint-FÏ*abçois-Xavier.— lie-XX' Siècle.
=- Nouvelles diverses. — Revue dè- la
Bourse.-
la preuve scolaire
La Repue de : l'enseignement pri-
mvirej dans ûné, série d'articles
Signés Alceste, dërionbe avec une
tristesse et une inquiétude qui font
plaisir, le péril congrêganiste. L'au
teur n'est jpas suspect; on aurait
tort de _ le, croire enclin à regarder
d*ûn œil. complaisant le succès des
Sçèurs ou dès Frères. Chaud partie
eàn de l'école laîquë, il île veut point
1'f.Voùfer qu'iL doute de l'avenir.
« Une réaction, _dit-il,. se produira.
Il.n'est pas possible, que la France,
avec son esprit de. générosité, de
spontanéité, d'indépendance, se sou
mette définitivement à la discipline
de Loyola, niais cependant l'heure
est- gravë. » Et il démontré qu'elle
êst grave, en effet. De son étude, il
ressort que l'œuvre scolaire des
ennemis de la religion, à mesure
qu'on voit mieux le but poursuivi
jpar là secte, rencontre dans le pays
une hostilité croissante.
Augmentation du nombre des élè
ves qui s'empressent chez les: con-.
fréganistes, diminution du chiffre
es élèves que reçoivent les écoles,
publiques et laïques, voilà ce qui se
produit, avec constance, depuis dix
ans, ~ c'est-à-dire depuis que fonc
tionne la loi de 1886, la dernière des.
trois fameuses lois scolaires. Sans
doute, le total des enfants confiés
aux Frères est encore loin d'égaler
celui des enfants qu'instruisent les
maîtres de l'Etat ; mais c'est parce
qu'il y a beaucoup moins d'écoles
privéés que d'écoles publiques,
celles-ci ayant à leur disposition
le budget, celles-là ne pouvant s'é
lever et vivre que grâce à la généro
sité: des défenseurs de la religion.
Or, malgré tous les obstacles, cha-.
Sue année voit grandir le nombre
es établissements libres. Et Al-,
ceste, navré, le dit : L'école congrê
ganiste qui s© dresse en face de
l'école laïque, lui enlève, presque
partout, la forte majorité de ses,
élèves.... Il'convient de faire atten
tion à ceci:les établissements libres
se fondent principalement dans les
villes, dans, les gros bourgs, où il y
a plus ^ de ressources financières,
mais où, par contre, lea habitants
passent en général pour moips clé
ricaux que ceux des campagnes re
culées, La préférence, donnée aux
-Frères n'en est que plus significa
tive». • -
La, Repue de l'enseignement pri
maire cite des exemples' r l'Ardèche,
notamment, Dans l'Ardèche, les Coii-
gréganistçs. groupent. 10,000 élèyes ;
les instituteurs publics en réunis
sent dix : neuf mille ; presque le dou
ble.. Mais les Frères n'ont encore
pu, ouvrir, que, 129 écoles j tandis
que les, maitres : laïques en occu
pent 497. Population, moyenne par
ecole congreganiste : 77 enfants.
Population moyenne par école de
l'Etat : 38 ,* pas tout à" fait la moitié!
Dans ce département donc, sur trois
pères de famille, deux au moins,
malgré la pression officielle* préfè
rent pour leurs fils l'éducation chré
tienne des Frères à l'enseignement
de l'instituteur public et-: neutre.
Point à .noter : l'Ardèche, aux der
nières élections législatives, en
1893, a donné aux candidats oppor-
tunistès. et radicaux 51,298 voix
contre seulement 31,092 aux consti
tutionnels et conservateurs.
Aime-t-on mieux une manière dif
férente de compter? Prenons, parmi
tous ceux que cite la .Reuue de ren
seignement primaire, trois autres
départements. Dans les Deux^-Sèr
très, les écoles congrégànistes ont
gagné 1,400 élèves, les écoles laïques,
en ont perdu 2,400 ; dans le Puy-de-
Dôme, les Frères ont gagné 3,200
élèves, les instituteurs publics en
ont perdu 800 ; dans la Haute-Ga
ronne: élèves conquis par l'école
chrétienne, 2,800 ;' élèves en moins,
chez l'Etat neutre, 3,500. Or, aux
dernières élections^ les DeuxrSèvres,
donnaient aux candidats opportu
nistes et radicaux 52,720 suffrages
contre 32,905 aux constitutionnels
et conservateurs; le Puy-de-Dôme
accordait. 85,118 suffrages, à, la
gauche contre. 40*759 à. la. droi
te ; dans- la. Haute-Garonne en
fin, 80,737 électeurs se, groupaient,
sur les noms des. concurrents, op-
portunisteset radicaux ; 18,833. seu
lement votaient; pour les, candidats,
« ralliés », ou. monarchistes, Et. l!oi>
pourrait donner cinquante exemples,
pareils.
Cette faveur évidente, obtenue,
d'une, façon, toujours, plus mar
quée, par les. congrégànistes mêmp
en des régions nettement ét de
vieille date républicaines., émeut
beaucoup Alceste. Il, n'y comprend
rien. Il cite, à ce propos, une lettre
d'un inspecteur- primaire, qui n'y
comprend pas. davantage. Ce fonc
tionnaire lui écrit ■
J'ai' 180 écoles; 45 seulement sont ex
posées à la concurrence, mais 40 d'entre
elles sont. battues comme nombre par les
écoles rivales ; dans 5 seulement, nous
l'emportons de quelques unités ; 18 éco
les laïques ont devant elles un effectif-
double du leur...
Vous remarquerez que nous som
mes dans un pays républicain, que,
nous avons un député frisant le socia
lisme, que. la plupart des. municipalités
sont pour nous, et cependant nous som
mes battus.
Laissons Alceste et l'inspecteur
primaire. s& creuser douloureuse
ment la. tête, et concluons.
Les articles de là Revue nous
démontrent à nouveau deux vérités.
D'abord, ils p^ouyent que lés lois
scolaires, sont condamnées, par la
voix du pays tout comme par les
statistiques, criminelles. ' Si nos
législateurs,, sans parler du respect
de la. justice et dù souci dé la" mo
rale, voulaient écouter ce que leur
crie 1$ suffrage populaire, ils s'oç-
cuperaient tqut de suite d'amender
très sérieusement une législation
néfaste et réprouvée. " J
En secoRd' lieu, après avoir tiré
p^rti. contre les*. sectaires des aveux
d'Alceste, nous pouvons nous re
tourner vers les journaux et les
orateurs réfractaires, qui aiment
tant à- dire : —Le pays voit dans la
République une doctrine, et: la doc
trine que cette forme de gouverne
ment incarné auxyeux de l'électeur
souverain, c'est le laïcisme | à ou
trance, la guerre k là religion...
Nous répondons à nos adversai
res dô droite : — Cette théorie est
en grande faveur, c'est vrai, chez
les hommes qui nous ont gouvernés
jusqu'à ce jour, sous la Républi
que. Mais que leur opinion doctri
nale soit partagée par la masse du
pays, non. Autrement, les pères de
famille républicains ne confieraient
pas, en si grande majorité, leurs
enfants aux maîtres congrégànistes;
Voilà c* qu'on -peut appeler là
preuve scolaire. Ces [électeurs ne
sont pas des ennemis de la reli
gion, puisqu'ils veulent, malgré
l'Etat, qu'on l'enseigne à leurs en
fants, S 'ils tiennent à la Républi
que, ce ne peut donc être parce
qu'elle a jusqu'icilaïcisé à outrance.
C'est pour cPautres raisons qu'ils
désirent garder la forme actuelle du
pouvoir. Et quand ils seront ras
surés sur les intentions des catho
liques vis-à-vis de cette forme gou
vernementale, ils ne voudront plus
, de la guerre à l'Eglise.
Or c'est là toute l'idée du rallie
ment.
Pierre V euillot.
BULLETIN DU JOUR
Les puissances, qui étaient d'accord,
pour se mettre d'accord.; comme on l'a
dit, paraissent y être parvenues. L'en
tente s'est faite, d'après les nouvelles de,
ce matin, sur les bases qu'on avait an
noncées : autonomie de la Crète, signifi-
cation à là Turquie etkla. Grèce d'avoir
à. retirer au plus vite leurs troupes. On
trouvera les détails plus loin.
Il est temps pour les puissances d'in
tervenir. effectivement, car les choses
paraissent se gâter, surtout à la fron
tière de Thessalie.
A la Chambre, on interpelle demain
M. Hanotauxsur lés résolutions du con
cert européen.
Hier, on a voté, avec l'appui du gou
vernement, la proposition Marty qui
fixe au samedi de chaque semaine ta dis-
cùssion des interpellations. Après quoi,
l'on adiscuté l'interpellation de M. Basly
concernant la sécurité dans les mines.
Le débat s'est terminé par le vote d'un
ordre du jour qu'acceptait le ministre,
des travaux publics.
Au Sénat, l'on s'est occupé du budget
de l'instruction publique, dont un bon
nombre de chapitres ont été: votés. On
continuera,demain.
En Espagne, les dépêches signalent
une certaine agitation carliste, peu con
sistante, d'ailleurs, au moins jusqu'à
présent. Rien de nouveau à Cuba nt aux
Philippines.
r : ♦-?—— =-7-
LA MARIAEJlLLEMjIIVDE
Au milieu des préoccupations po
litiques que suscitent les • affaires
d'Orient, il se produit en Allemagne
une autre agitation. Le Parlement
aura à se prononcer prochainement
sur une demande de crédits ex
traordinaires en faveur de la ma^
rine. 328 millions sont jugés néces
saires par l'amiral Hollmann, qui,
l'année dernière, avait fait des dé
clarations d'une modestie tou
chante. Des le premiér jour, il s'est
Eroduit au sein de la commission du
udget une forte opposition dont
M.LiëÏJer,du Centre, a été l'éloquent
interprète.
Le rapport pi «aenté par lui est
marqué au coin de la. saine politir
que, c'est la politique du Centre se
refusant absolument à- entrer dans
la.voie dangereusè des impôts. nou-
veauxi
Cette.politique se,justifie parles
chiffres suivants, A.U l Sr avril 1896,
la. dette de l'empire montait à
2,125,255, lOO^marks, absorbant char
2ue année 72,207^653 M, de rentes.
'armée allemande y figure pour une
somme de 1,435,509,900 M» avec
47,596,488 M. de rentes. La marine
impériale a nécessité une dépense
de. 284,405,300 M. avec 10,276,922 M.
de rentes. Le. canal , de la mer du
Nord, créé spécialement pour les
besoins de. la marine, a absorbé
109,308,000 M. L'œuvre, on le sait,
rç'a pas réussi : le canal ne couvre:
même pas ses frais d'administra-
tion. Les chemins de fer stratégi
ques ont occasionné pour le moins
\;ne dépense de 42,500,000 M.
La défense du pays, la défense
du territoire a, aonc absorbé
1,435,509,900 M. pour. l'armée,
42,500,000 M. pour les chemins de
fer stratégiques, soit 1,478,000,000
en tout, ou plus de 69 0j0 de tous les
emprunts.
La défense des côtes, la marine
avec le canal du Nord ont imposé
i^ne dépense de 393,713,300 M., soit
plus de 18 0j0 des emprunts.
1 Donc l'armement de terre et de
mer-a nécessité la somme énorme
de 1,871,000,000 M., soit 88 0^0 dé
tious les emprunts. Restent pour
les autres dépenses à peine
254,000,000, soit 12 0^0 des emprunts.
Ces chiffres se passent de com^
mentaires. Le militarisme a la part
du lion.
La marine allemande y entre,
pour une.part extraordinaire. L'as
cension constante dans les dépenses
s'est maintenue, depuis 1872 dans
d'incroyables, proportions. En 1872
les. dépenses fixes s'élevaient pour
la marine à 11,244,7.67 M, soit 0,27
pfennigs par habitant,; en 1886 la.
somme montait déjà à 42,315,602 M.,'
0,90 pfi par habitant, pour atteindre
le. chiffre de. 7.0,498,221 pour l'exer
cice. 1895-96, ou 1 M. 35.par habitant.
Les dépenses extraordinaires se
chiffrent pour 1872 et 1896 par 10 et
20 millions.Ce.qui fait pour les deux
un chiffre de 21,298,"004 M. pour
l'année 1872 ou 0,52 pf. par tête,
91,4.07,500 pour 1896, ou 1,75 par
tête. Ce sont donc des augmenta
tions qui vont jusqu'à 400 p. OxQ.
On comprend l'opposition' du
Centre. Le peuple ne peut suppor
ter ces charges énormes, d'année
en année plus, pesantes. Ces 328 mil
lions. demandés pour la marine
épouvantent à bon droit. On parle
de dissolution de la Chambre, si
l'opposition refuse de les voter. Le
gouvernement osera-t-il prendre
une. mesure d'une portée si ef
frayante. Les élections générales se
faisant sur une question de ce
^enre, quelle pourrait en être l'is
sue? Aussi bien dans la commis
sion du budget, le chancelier et le
ministre de l'empire ont-ils fait de
grandes réserves, sans se pronon
cer catégoriquement sur les de
mandes surprenantes de l'amiral
Hollmann.
Les nationaux-libéraux et les con
servateurs qui avaient, le, premier
iour, embrassé avec enthousiasme
les idées de l'amiral sur la marine al-
emande, sont revenus le, lendeijnain
jour atténuer singulièrement leurs
déclarations. De plus en plus, on est
convaincu que l'amiral Hollmann
n'a fait que traduire les opin.ions ;
îersonneïïes de l'empereur. L'AV
emagne qui pense être la première
puissance militaire sur terre aspire
encore à jouer le même rôle sur
mer.
Nous.' allons donc assister à de,.
solennels débats. Le Centre a déjà
dans sa presse accentué, sa ligne de
conduite. Les autres partis cher
chent encore leur orientation. On
parle d'un nouveau cartel. Le Cen
tre né se laisse pas intimider; Il a
affronté sans peur et sans reproche
le premier danger et en est sorti
avec les honneurs de la guerre ; il a
encore plus d'espoir pour une nou
velle bataille,, si cette bataille devait
être livrée.
II. C etty.
A LA CHAMBRE
!Les travaux parlementaires, -r- Inter-
' pellation Basly.
Le groupe des républicains de
gouvernement s'est, inquiété, avec
raison, du nombre des interpella-,
tions qui vont s'accumulant à l'or
dre du jour au préjudice de toutes
lès lois d'intérêt général qu'il est,
maintenant, impossible d'étudier.
M. Marty à été chargé de déposer
. une résolution tendant à réserver
les lundi, mardi et jeudi de chaque
semaine à la discussion des projets
et propositions qui encombrent les
bureaux et lés" commissions de la
Chambre. -
Cette motion a mis en émoi les
radicaux et les socialistes...
L'idée que trois jours par se
maine seraient enlevés aux exigen
ces de ceux qui interpellent à pro
pos de tout et de rien leur est
intolérable; M. Lockroy et, après
lui, M. Goblet se sont véhémente
ment plaints qu'on veuille restrein
dre le droit, dont abusent leurs
amis, de demander des explications
au ministère sur ses agissements
ou ses complaisances cléricales.
Chacun sait d'ailleurs*— et les
deux compères le rappelaient très,
sérieusement — que si les lois fisca
les ou la réforme de l'impôt des
boissons n'ont pu encore aboutir,
la faute en incomba au cabinet pré
sidé par M. Méline; c'est lui qui a
plaisir à se faire interpeller, en re
fusant de répondre à de simples
questions ; c'est lui qui' a pris a tâ
che de faire avorter l'œuvre de la
législature. • .
Le président du conseil a tenu à
protester contre des allégations
a'uné trop insigne mauvaise foi ; il
a rappelé lé système d'obstruction
inauguré et pratiqué par l'extrême-
gaucne, et indique que le gouverne
ment serait mal venu à répondre à
dés questions qui sont toujours —
sans doute pour perdre plus de
temps — transformées en interpel
lations.
Là-dessus, selon la formule ordi
naire, cris et protestations des in?-
terpellateurs quotidiens ; on a, mai
gre eux, voté l'urgence par 257 voix
contre 232 et la discussion immé
diate par 254 suffrages contre 237.
La majorité s'est accrue dans le
scrutin sur l'ensemble et il est dé
cidé par 294 voix contre 242 que
trois jours chaque semaine seront
consacrés à l'étude des réformes
législatives..
, Demain on travaillera sérieuse
ment... Eh attendant, MM. Basly et
Lamendinont mis sur la sellette le
ministre des travaux publiés ;^ ils
ont apporté à la tribune les doléan
ces des mineurs du Pas-de-Calais,
qui se plaignent qu'on ait réduit le
nombre des- visites faites par les dé
légués à la sécurité des ouvriers, et
que les compagnies minières ne.
veuillent, tenir aucun compte des
observations de ces délégués.
: Après une, intervention dé, (M.,
Charpentier, qui a k tenu à, joindre
sa protestation à celles de ses cqlr
lègues »., le ministre des travaux pu
blics a très simplement expliqué que
les préfets du Pas-de-Calais, et
aussi ceux de la-Loire ont cru de
voir, avec raison, supprimer des
délégués mineurs là seulement où le
nombre des ouvriers diminuait lui-
même ; il a en outre donné lecture
d'une circulaire envoyé par ses soins
aux préfets pour assurer mieux
encore la sincérité du. vote dans le
choix des délégués.
Un ordre du jour portant que. la.
Chambre est confiante dans le gou
vernement pour r faire respecter la
Ijoi sur les ouvriers mineurs, a été'
accepté par le ministre et voté; à
mainslevées.
Gabriel de T riobs.
AU SÉNAT
Le budget de l'instruction publique.
— ijne séance houleuse. — Un abus
de pouvoir.
Le défroqué Combes qui fut mi
nistre de l'instruction publique -r le
même qui envoyait des bourriches
de palmes académiques au person
nel féminin de tous les cafés-con
certs de Paris — a reparu hier- à la
tribune du Luxembourg afin de rap- :
peler qu'il était toujours là (teli le
™rand Frédéric) et que M. Rambaud
étenait depuis assez longtemps le
tortefeuille de l'instruction pu-
lique.
Pour obtenir un vif succès auprès
des gauches, M. Combes avait un
moyen infaillible : il l'a employé.
Après avoir constaté que les col
lèges-de l'Etat sont très peu florisr
sants, alors que les institutions con
grégànistes sont prospères, il a dé
claré que de nombreux fonction
naires— surtout dans l'armée —
énvoyaient leurs enfants dans les
maisons religieuses au lieu de [les
placer dans les écoles officielles.
L'Etat doit réagir ! s'est écrié, l'ora
teur. 1
Ces mots ont soulevé à droite de
violentes protestations, et M. Ches^
nelong s'est écrié aux applaudisse-?
ments de ses amis : .
« Vous n'aviez pas la partie indé
pendante du pays. Vous n'avez
même plus les fonctionnaires. Que?
vous reste-t-il donc ? »
M. Combes a ajouté qu'il avait de
mandé aux recteurs, lorsqu'il était
ministre, de lui faire connaître, par
des rapports confidentiels,les noms
des fonctionnaires qui confiaient
leurs enfants aux écoles libres, et
que ces rapports lui avaient révélé
toute « l'étendue du mal ».
Ici, la droite a vivement inter-.
rompu l'orateur. « Vous avez com
mis un abus de pouvoir », lui a
crié M. Halgan.
De fait, il est à croire que les rec
teurs seront médiocrement satis
fait? d'apprendre que M. Combes/a
publiquement déclaré qu'illes avait-
tranformés en mouchards.
L'extrême-gauche ayant chaleu
reusement applaudi M. Combes,
plusieurs altercations se sont éle
vées entre des membres de ce grou-<
pe et des droitiers. M. Destieux
Junca,le bouillant sénateur du Gers,
rappelait avec indignation les me
sures que « l'ordre moral avait pri
ses contre les enterrements civils ».
Bref, le Sénat était, contre son or
dinaire, fort agité. « Soyons tolé
rants les uns pour les autres ! » im
plorait M. Loubet. —- « C'est l'ora^
FEUILLETON DE L'UNIVERS
du 15 mars 1897 .
quinzaines dramatiques
ET ARTISTIQUES
Lest théâtres n'ont pas joué grande
chose dans cette dernière quinzaine. Au.
Spiritisme de M.Victorien Sardoua suc
cédé la reprise de la Tosca du même au
teur, en attendant Snobs, la pièce nou
velle d'un jeune écrivain. Dans la Tosca
Mme Sarah' Bernhardt a retrouvé l'em
ploi de toutes se# ressources dramati
ques: tendresses, ruses, jalousies, fu
reurs, angoisses..! Elle crie, elle se tord,
elle pleure, elle implore, elle menace,elle
tue, elle se jette dans le Tibre. Ceux qui
aiment les émettions violentes qui ébran
lent les nerfs, en ont réellement pou? leur
argent. Un de mes confrères plaignant
sincèrement Shakespeare, Corneille et
Racine de n'avoir pas eu de leur viyant
une telle interprète. Eh bien, duase-jç
contrarier un peu ses admirateurs, je
constate que, depuis ses voyages au long
cours elle a pris un accent anglais ou
américain insupport§ble,qui tantôt chan
tonne naïvement sur certaines syllabes,
tantôt pleure sur celles-ci ou gron de sur
celles-là. Elle a substitué à une mimir
que calme, des gestes désordonnés, si
bien que l'année dernière je l'ai vue
allonge un tel horion à un acteur gué
le malheureux alla se cogner contre
un portant ayeç un réalisme si naturel
que toute 1$ galle crut à un effet dé'scène
et applaudit frénétiquement... Hier, dans
uoç matinée extraordinaire,donnée géné-,
reuaemgnt par elle au profit des vipfimes
dé 1% Çr^te, elle a rugi le rôle de Phè
dre... Cependant, malgré ces défauts
voulus, c'est encore la. ineilieure tràgé-,
dienne de ce tenpps. Cela né veut pas
dire, que nous ayons actuellement beau
coup d'étoiles.
Dans gès jeudi^ classiques l'Odéon a
donné de bonnes représentations? dç ï'^lnr
dromède de Corneille, de \'Illûsi6ri co
mique du même poète et dit Prince tra
vesti dç Marivaux. M. Lintilhac, qui a fait
précéder cette dernière pièce (J'upe epiî-
érence, a montré à ses nombreux audi
teurs qu'il connaissait parfaitement Ma?
rivàuï et ses œyvres. li a ingénieusement
insisté çur les côtés romantiques dîi
Prince travesti et U a retracé fivec beau
coup d'érudition la physionomie littéraire
de l'aimable et délicat écrivain. Ces répré-
sent^tiops forment autant de restitutions
ne figuyçnt pas assez lopgtemps siir l'af
fiche, par nptre théâtre ancien offre des
attraits que ne possède guère lé'théatré
moderne. Puis, à quelques exceptions
près, on peut aller voir ces piécës-là,
tandis qu'aujourd'hui on est si souvent
embarrassé! Le spectateur a de la peine
à écouter ce qu'on ose lui dire ; le criti
que a de la peine à l'analyser,et sa tâche
est plus délicate et plus difficile .qu'on ne
le croit. L'honorable M. Bérenger a ap
pelé dernièrement l'attention des pou
voirs publics sur la démoralisation tou
jours croissante du théâtre et il a prçmis
d'ouvrir'un débat à ce su-jet. Il faut espé
rer qu'on prendra enfin les mesures de
salubrité publique qui s'imposent.
Lé .théâtre de I'CEuvre a donné tout
récemment une pièce allemande, la Clo
che engloutie de Gérhardt Hauptmann,
dont j'ai yu jadis une autre œuvre fort
intéressante, les Tisserands. Là Cloche-
engloutie est un conte dramatique en 5
àctes, d'un symbolisme obscur et qui a
certaines affinités avec le Lohengrih, lè
Siegfried ou l'Or du Rhin de Wagnev-
Je vais m'èfforcer de résumer cette pièce
nouvelle d'une façon brève et clairé. Le
fondeur Henri vient de terminer une clo
che (ju'ori va placer dans une chapelle
située sur une montagne. Mais cette
montagne est habitée par de3 gnomes,
des farfadets, des lutins qui n'aiment pas
le son des cloches.Un oridin qui ressem
ble à une énorme grenouille-crapaud, fait
culbuter la charrétte qui porte la cloehe
et celle-ci dégringolé dans un lac. Cette
chute émeut tellement le fondeur qu'il
perd l'équilibre et'va rouler dans un pré
cipice. Mais lé fond de ce précipice'est
ifiâbité par une. Jfée qui porte "lé joli nom
que voici: Rautendelèin. La petite fée
guérit lè fondeur de ses blesgUFgg'et B',é-
prend de lui.
Les amis d'Henri viennentle, chercher
et le ramènent' à sa maison. Sa fenime
Magda et ses enfants veulent lui faire
féte, mais Henri,qui a dû avoir la tête un
peu félée dans sa chute, les/ reçoit fort
mal.il n'a plus qu'une pensée :.les quittçr
pour aller vivre avec Rautendelein, dans
une forge installée sur une. montagne,
pareille au Venusberg. En vain, le curé
du village l'exhorte à rester chez lui et
reprendre sa vie d'honnête, travailleur,
Henri né l'écoute pas. Il retourne avec la
fée, mais tout à coup la cloche, englou
tie dans le lac, résonne,. Elle pleure la
mort de la femme du fondeur. Une sor->
cière "se présente alors et offre à Henri
trois verres à boire. Avec le premier, if
retrouve la jeunesse, avec le gecond il
obtient l'amour de Eautendelejn, avec le
troisième il meurt... Dans tout cé fatras
j'ai cru comprendre que M. Hauptmann
avait voulu montrer un homme cherchant
à s'élever au-dessus de. la foule pour réa
liser un beau réve, mais cédant à des in
fluences -perfides et succombant pans
avoir pu atteindre son but. P'est la fable
d'Icare, c'est un peu celle de Faust, c'est,
cellé que vous voudrez. La langue des
génies est empruntée à certains choeurs
d'Aristophane, car ils disent fréquem
ment — çe qui a fait beaucoup rire çn
réponse aiix interrogations anxieuses du
pauvre fondeur : % Bré-Ké-Ké-Koax !
Koax ! » Je le déclare sans hésitation,
les Tîss^ra^s,jvalaien.fc cent fois mieux
4Ué cette Gloche' r engloutie.' : .. :,
5 Le style, d'ailleurs, ^et d'.un poids qui
explique la chute de la "cloche. Exemple :
« Je fais mon métier de fondeur de cloches
et le jeu dé cloches que je fabrique son
nera laliberté, l'indépendance de l'esprit,,
la hauteur des cimes, la joie dans l'azur,"
la fantaisie dé la lumière. — Le faucon
né caresse plus. Il a des poils au bout
des'pattés » On dit que cette œuvre
étrange est acclamée en Allemagne. Il
faut être bien Allemand pour en démêler
le mystèré et en apprécier les qualités.
Je plains fort le malheureux acteur qui
joué'le rôle de l'homme-grenouille.-Il
doilj coasser en mesure, puis gémir lugu-
breméiit'. Mais on s'ennuyait si .fort que
ces plaintés aquatiques eurent au moins,
l'avantage de faire sortir la salle d'une
torpeur germanique et d'exciter ' une
franche hilarité, à la grande indignation
des fanatiques qui "pour un peu eussent
coassé et croassé avec l'homme crapaud-
corbeau-grenouille... J'en conclus que
si l'on tient à emprunter à nos voisins des
spécimens-deleur théâtre,il faut leur pren
dre quelque chose de plus compréhensi
ble.On commence à avoir assez des sinis
tres cocasseries des Ibsen,des Bjoernson,
des Hauptmann,des Sudermann etc., etc.
M. le marquis Costa de Beauregard
regrettait, il y â quelques jours, à l'Aca-
d^mje le théâtre d'il y à trente ans : -
« Labiéhe, Dumas, Barrière, disait-il
ayee raisçn, pour ne nommer que les
morts, rivalisaient de talent. .
« On ne parlait.il est vrai, en ce temps-
là, ni russe, ni anglais, ni norvégien .au
théâtre. Ii;esf, vçai .encore.que, l'on y fai
sait peu de psychologie, et pas du tout
d'autopsies. »
« #
Le sâr Mérodach Peladan a ouvert
dans les galeries Georges Petit la
sixième exposition de la Rose-^-Croix.
Il paraît que la veille de l'ouverture, le
grand maître du Temple, en habit noir,
en gilet jaune serin, en jabot et en man
chettes de dentelles,a fait une conférence
artistique où il a critiqué radicalement
ses confrères des autres Salons et célé
bré— ce que je comprends, — la supé
riorité du spiritualisme sur le matéria
lisme. A sa prose cadencée a succédé un
petit concert et la musique douce a fait
passer la critique amère... Je viens de
voir l'exposition de la Rose-}-Croix. Elle
est triste comme un bonnet de nuit. Il
semblerait que tous ces artistes peignent
au crépuscule ou sous l'auvent noirci
d'une cheminée. M. Osbert, qui joue les
Puvis de Chavannes, nous montre de
grandes figures de femmes, pâlep et-lon-
gues, qui errent auprès de grands arbres
maigres et longs,' sous des ciels vaporeux
qui cependant ne manquent pas de poé
sie. M. Maurice Chabas a peint une nym
phe blëuâtre et M. Max Stevens une
Annonciation, où l'auteur a voulu imiter
le faire des anciens : maîtres vénitiens...
mais entre l'imitation et les originaux,
quel abime !...
Les têtes de M. Maxence, dont j'av^i|
déjà vu quelques' spécimens intéressant^'
\
. PARIS' ÉTRANGER-
■:..$$(d^pafttçïientsl (union pgstalk)-
tîn,an.,,.,.^.. 4Q »i 51; ». '
Si?,njois........ 21 »j 26j50 • •
Tjois mpis,..,..,- 1,1, », „
Lea abonnements partent dea 1« otilô de chaque mol#
IW numéro | lOçent»,
( Dé parte ments..... 15. —.
ÊtTKEAUX ; Paris, me Cassette, X7
OA,s'al)onfle ; à.Rome, place,du. Geeù, R
ÉDITION SEMI-OyOT IDEE3rôi
PARIS, ÉTRANGER
st. départements (union postale)
ÏJn an.. 20 »? iîât
Sixmois tQ, », 13.. » 'i
Trois.mpi?.-,,,,. » firSO
Les. abonnements partent des 1" et-16 de chaque mois
HJJNiyjmS.ne ^répondpas des manuscrits, qui'lûi sont adressé^
ANNONCES' -
MM- LAGRANGE, CERF et G'», 6j place de la Bourré'
PARIS> 14 MARS 189T~
Preuve scolaire.....
La marine allemande
A la Chambre......
Au Sénat
Lettres de Belgique.
Lettres de^enève..
Les massacres d'Ar-
méiiie : Lettre. d.u..
Feuilletons. : Quin
zaine dramatique et
artistique.
A travers les revues.
Pierre Veuillot.
Abbé II. Oetty.
Gabriel de Triors.
J; M antenàt.
L.
zzz,
Fhère.Qlbien.
Henri Dac.
fiaiîëîîn du jour. — Le devoir des catho
liques. La- famille chrétienne. — Les
processions* Informations politiques et
parlementaires. Lfes idées d'un curé
sur la paroisse, -r Chronique. — Un mas-,
aACra d'Européens, Les < affaires, de
Crète. — Dépêches de l'étranger, —-La
question-ouvrière. — Echos de partout.
— Chronique religieuse. Neuvàine de
Saint-FÏ*abçois-Xavier.— lie-XX' Siècle.
=- Nouvelles diverses. — Revue dè- la
Bourse.-
la preuve scolaire
La Repue de : l'enseignement pri-
mvirej dans ûné, série d'articles
Signés Alceste, dërionbe avec une
tristesse et une inquiétude qui font
plaisir, le péril congrêganiste. L'au
teur n'est jpas suspect; on aurait
tort de _ le, croire enclin à regarder
d*ûn œil. complaisant le succès des
Sçèurs ou dès Frères. Chaud partie
eàn de l'école laîquë, il île veut point
1'f.Voùfer qu'iL doute de l'avenir.
« Une réaction, _dit-il,. se produira.
Il.n'est pas possible, que la France,
avec son esprit de. générosité, de
spontanéité, d'indépendance, se sou
mette définitivement à la discipline
de Loyola, niais cependant l'heure
est- gravë. » Et il démontré qu'elle
êst grave, en effet. De son étude, il
ressort que l'œuvre scolaire des
ennemis de la religion, à mesure
qu'on voit mieux le but poursuivi
jpar là secte, rencontre dans le pays
une hostilité croissante.
Augmentation du nombre des élè
ves qui s'empressent chez les: con-.
fréganistes, diminution du chiffre
es élèves que reçoivent les écoles,
publiques et laïques, voilà ce qui se
produit, avec constance, depuis dix
ans, ~ c'est-à-dire depuis que fonc
tionne la loi de 1886, la dernière des.
trois fameuses lois scolaires. Sans
doute, le total des enfants confiés
aux Frères est encore loin d'égaler
celui des enfants qu'instruisent les
maîtres de l'Etat ; mais c'est parce
qu'il y a beaucoup moins d'écoles
privéés que d'écoles publiques,
celles-ci ayant à leur disposition
le budget, celles-là ne pouvant s'é
lever et vivre que grâce à la généro
sité: des défenseurs de la religion.
Or, malgré tous les obstacles, cha-.
Sue année voit grandir le nombre
es établissements libres. Et Al-,
ceste, navré, le dit : L'école congrê
ganiste qui s© dresse en face de
l'école laïque, lui enlève, presque
partout, la forte majorité de ses,
élèves.... Il'convient de faire atten
tion à ceci:les établissements libres
se fondent principalement dans les
villes, dans, les gros bourgs, où il y
a plus ^ de ressources financières,
mais où, par contre, lea habitants
passent en général pour moips clé
ricaux que ceux des campagnes re
culées, La préférence, donnée aux
-Frères n'en est que plus significa
tive». • -
La, Repue de l'enseignement pri
maire cite des exemples' r l'Ardèche,
notamment, Dans l'Ardèche, les Coii-
gréganistçs. groupent. 10,000 élèyes ;
les instituteurs publics en réunis
sent dix : neuf mille ; presque le dou
ble.. Mais les Frères n'ont encore
pu, ouvrir, que, 129 écoles j tandis
que les, maitres : laïques en occu
pent 497. Population, moyenne par
ecole congreganiste : 77 enfants.
Population moyenne par école de
l'Etat : 38 ,* pas tout à" fait la moitié!
Dans ce département donc, sur trois
pères de famille, deux au moins,
malgré la pression officielle* préfè
rent pour leurs fils l'éducation chré
tienne des Frères à l'enseignement
de l'instituteur public et-: neutre.
Point à .noter : l'Ardèche, aux der
nières élections législatives, en
1893, a donné aux candidats oppor-
tunistès. et radicaux 51,298 voix
contre seulement 31,092 aux consti
tutionnels et conservateurs.
Aime-t-on mieux une manière dif
férente de compter? Prenons, parmi
tous ceux que cite la .Reuue de ren
seignement primaire, trois autres
départements. Dans les Deux^-Sèr
très, les écoles congrégànistes ont
gagné 1,400 élèves, les écoles laïques,
en ont perdu 2,400 ; dans le Puy-de-
Dôme, les Frères ont gagné 3,200
élèves, les instituteurs publics en
ont perdu 800 ; dans la Haute-Ga
ronne: élèves conquis par l'école
chrétienne, 2,800 ;' élèves en moins,
chez l'Etat neutre, 3,500. Or, aux
dernières élections^ les DeuxrSèvres,
donnaient aux candidats opportu
nistes et radicaux 52,720 suffrages
contre 32,905 aux constitutionnels
et conservateurs; le Puy-de-Dôme
accordait. 85,118 suffrages, à, la
gauche contre. 40*759 à. la. droi
te ; dans- la. Haute-Garonne en
fin, 80,737 électeurs se, groupaient,
sur les noms des. concurrents, op-
portunisteset radicaux ; 18,833. seu
lement votaient; pour les, candidats,
« ralliés », ou. monarchistes, Et. l!oi>
pourrait donner cinquante exemples,
pareils.
Cette faveur évidente, obtenue,
d'une, façon, toujours, plus mar
quée, par les. congrégànistes mêmp
en des régions nettement ét de
vieille date républicaines., émeut
beaucoup Alceste. Il, n'y comprend
rien. Il cite, à ce propos, une lettre
d'un inspecteur- primaire, qui n'y
comprend pas. davantage. Ce fonc
tionnaire lui écrit ■
J'ai' 180 écoles; 45 seulement sont ex
posées à la concurrence, mais 40 d'entre
elles sont. battues comme nombre par les
écoles rivales ; dans 5 seulement, nous
l'emportons de quelques unités ; 18 éco
les laïques ont devant elles un effectif-
double du leur...
Vous remarquerez que nous som
mes dans un pays républicain, que,
nous avons un député frisant le socia
lisme, que. la plupart des. municipalités
sont pour nous, et cependant nous som
mes battus.
Laissons Alceste et l'inspecteur
primaire. s& creuser douloureuse
ment la. tête, et concluons.
Les articles de là Revue nous
démontrent à nouveau deux vérités.
D'abord, ils p^ouyent que lés lois
scolaires, sont condamnées, par la
voix du pays tout comme par les
statistiques, criminelles. ' Si nos
législateurs,, sans parler du respect
de la. justice et dù souci dé la" mo
rale, voulaient écouter ce que leur
crie 1$ suffrage populaire, ils s'oç-
cuperaient tqut de suite d'amender
très sérieusement une législation
néfaste et réprouvée. " J
En secoRd' lieu, après avoir tiré
p^rti. contre les*. sectaires des aveux
d'Alceste, nous pouvons nous re
tourner vers les journaux et les
orateurs réfractaires, qui aiment
tant à- dire : —Le pays voit dans la
République une doctrine, et: la doc
trine que cette forme de gouverne
ment incarné auxyeux de l'électeur
souverain, c'est le laïcisme | à ou
trance, la guerre k là religion...
Nous répondons à nos adversai
res dô droite : — Cette théorie est
en grande faveur, c'est vrai, chez
les hommes qui nous ont gouvernés
jusqu'à ce jour, sous la Républi
que. Mais que leur opinion doctri
nale soit partagée par la masse du
pays, non. Autrement, les pères de
famille républicains ne confieraient
pas, en si grande majorité, leurs
enfants aux maîtres congrégànistes;
Voilà c* qu'on -peut appeler là
preuve scolaire. Ces [électeurs ne
sont pas des ennemis de la reli
gion, puisqu'ils veulent, malgré
l'Etat, qu'on l'enseigne à leurs en
fants, S 'ils tiennent à la Républi
que, ce ne peut donc être parce
qu'elle a jusqu'icilaïcisé à outrance.
C'est pour cPautres raisons qu'ils
désirent garder la forme actuelle du
pouvoir. Et quand ils seront ras
surés sur les intentions des catho
liques vis-à-vis de cette forme gou
vernementale, ils ne voudront plus
, de la guerre à l'Eglise.
Or c'est là toute l'idée du rallie
ment.
Pierre V euillot.
BULLETIN DU JOUR
Les puissances, qui étaient d'accord,
pour se mettre d'accord.; comme on l'a
dit, paraissent y être parvenues. L'en
tente s'est faite, d'après les nouvelles de,
ce matin, sur les bases qu'on avait an
noncées : autonomie de la Crète, signifi-
cation à là Turquie etkla. Grèce d'avoir
à. retirer au plus vite leurs troupes. On
trouvera les détails plus loin.
Il est temps pour les puissances d'in
tervenir. effectivement, car les choses
paraissent se gâter, surtout à la fron
tière de Thessalie.
A la Chambre, on interpelle demain
M. Hanotauxsur lés résolutions du con
cert européen.
Hier, on a voté, avec l'appui du gou
vernement, la proposition Marty qui
fixe au samedi de chaque semaine ta dis-
cùssion des interpellations. Après quoi,
l'on adiscuté l'interpellation de M. Basly
concernant la sécurité dans les mines.
Le débat s'est terminé par le vote d'un
ordre du jour qu'acceptait le ministre,
des travaux publics.
Au Sénat, l'on s'est occupé du budget
de l'instruction publique, dont un bon
nombre de chapitres ont été: votés. On
continuera,demain.
En Espagne, les dépêches signalent
une certaine agitation carliste, peu con
sistante, d'ailleurs, au moins jusqu'à
présent. Rien de nouveau à Cuba nt aux
Philippines.
r : ♦-?—— =-7-
LA MARIAEJlLLEMjIIVDE
Au milieu des préoccupations po
litiques que suscitent les • affaires
d'Orient, il se produit en Allemagne
une autre agitation. Le Parlement
aura à se prononcer prochainement
sur une demande de crédits ex
traordinaires en faveur de la ma^
rine. 328 millions sont jugés néces
saires par l'amiral Hollmann, qui,
l'année dernière, avait fait des dé
clarations d'une modestie tou
chante. Des le premiér jour, il s'est
Eroduit au sein de la commission du
udget une forte opposition dont
M.LiëÏJer,du Centre, a été l'éloquent
interprète.
Le rapport pi «aenté par lui est
marqué au coin de la. saine politir
que, c'est la politique du Centre se
refusant absolument à- entrer dans
la.voie dangereusè des impôts. nou-
veauxi
Cette.politique se,justifie parles
chiffres suivants, A.U l Sr avril 1896,
la. dette de l'empire montait à
2,125,255, lOO^marks, absorbant char
2ue année 72,207^653 M, de rentes.
'armée allemande y figure pour une
somme de 1,435,509,900 M» avec
47,596,488 M. de rentes. La marine
impériale a nécessité une dépense
de. 284,405,300 M. avec 10,276,922 M.
de rentes. Le. canal , de la mer du
Nord, créé spécialement pour les
besoins de. la marine, a absorbé
109,308,000 M. L'œuvre, on le sait,
rç'a pas réussi : le canal ne couvre:
même pas ses frais d'administra-
tion. Les chemins de fer stratégi
ques ont occasionné pour le moins
\;ne dépense de 42,500,000 M.
La défense du pays, la défense
du territoire a, aonc absorbé
1,435,509,900 M. pour. l'armée,
42,500,000 M. pour les chemins de
fer stratégiques, soit 1,478,000,000
en tout, ou plus de 69 0j0 de tous les
emprunts.
La défense des côtes, la marine
avec le canal du Nord ont imposé
i^ne dépense de 393,713,300 M., soit
plus de 18 0j0 des emprunts.
1 Donc l'armement de terre et de
mer-a nécessité la somme énorme
de 1,871,000,000 M., soit 88 0^0 dé
tious les emprunts. Restent pour
les autres dépenses à peine
254,000,000, soit 12 0^0 des emprunts.
Ces chiffres se passent de com^
mentaires. Le militarisme a la part
du lion.
La marine allemande y entre,
pour une.part extraordinaire. L'as
cension constante dans les dépenses
s'est maintenue, depuis 1872 dans
d'incroyables, proportions. En 1872
les. dépenses fixes s'élevaient pour
la marine à 11,244,7.67 M, soit 0,27
pfennigs par habitant,; en 1886 la.
somme montait déjà à 42,315,602 M.,'
0,90 pfi par habitant, pour atteindre
le. chiffre de. 7.0,498,221 pour l'exer
cice. 1895-96, ou 1 M. 35.par habitant.
Les dépenses extraordinaires se
chiffrent pour 1872 et 1896 par 10 et
20 millions.Ce.qui fait pour les deux
un chiffre de 21,298,"004 M. pour
l'année 1872 ou 0,52 pf. par tête,
91,4.07,500 pour 1896, ou 1,75 par
tête. Ce sont donc des augmenta
tions qui vont jusqu'à 400 p. OxQ.
On comprend l'opposition' du
Centre. Le peuple ne peut suppor
ter ces charges énormes, d'année
en année plus, pesantes. Ces 328 mil
lions. demandés pour la marine
épouvantent à bon droit. On parle
de dissolution de la Chambre, si
l'opposition refuse de les voter. Le
gouvernement osera-t-il prendre
une. mesure d'une portée si ef
frayante. Les élections générales se
faisant sur une question de ce
^enre, quelle pourrait en être l'is
sue? Aussi bien dans la commis
sion du budget, le chancelier et le
ministre de l'empire ont-ils fait de
grandes réserves, sans se pronon
cer catégoriquement sur les de
mandes surprenantes de l'amiral
Hollmann.
Les nationaux-libéraux et les con
servateurs qui avaient, le, premier
iour, embrassé avec enthousiasme
les idées de l'amiral sur la marine al-
emande, sont revenus le, lendeijnain
jour atténuer singulièrement leurs
déclarations. De plus en plus, on est
convaincu que l'amiral Hollmann
n'a fait que traduire les opin.ions ;
îersonneïïes de l'empereur. L'AV
emagne qui pense être la première
puissance militaire sur terre aspire
encore à jouer le même rôle sur
mer.
Nous.' allons donc assister à de,.
solennels débats. Le Centre a déjà
dans sa presse accentué, sa ligne de
conduite. Les autres partis cher
chent encore leur orientation. On
parle d'un nouveau cartel. Le Cen
tre né se laisse pas intimider; Il a
affronté sans peur et sans reproche
le premier danger et en est sorti
avec les honneurs de la guerre ; il a
encore plus d'espoir pour une nou
velle bataille,, si cette bataille devait
être livrée.
II. C etty.
A LA CHAMBRE
!Les travaux parlementaires, -r- Inter-
' pellation Basly.
Le groupe des républicains de
gouvernement s'est, inquiété, avec
raison, du nombre des interpella-,
tions qui vont s'accumulant à l'or
dre du jour au préjudice de toutes
lès lois d'intérêt général qu'il est,
maintenant, impossible d'étudier.
M. Marty à été chargé de déposer
. une résolution tendant à réserver
les lundi, mardi et jeudi de chaque
semaine à la discussion des projets
et propositions qui encombrent les
bureaux et lés" commissions de la
Chambre. -
Cette motion a mis en émoi les
radicaux et les socialistes...
L'idée que trois jours par se
maine seraient enlevés aux exigen
ces de ceux qui interpellent à pro
pos de tout et de rien leur est
intolérable; M. Lockroy et, après
lui, M. Goblet se sont véhémente
ment plaints qu'on veuille restrein
dre le droit, dont abusent leurs
amis, de demander des explications
au ministère sur ses agissements
ou ses complaisances cléricales.
Chacun sait d'ailleurs*— et les
deux compères le rappelaient très,
sérieusement — que si les lois fisca
les ou la réforme de l'impôt des
boissons n'ont pu encore aboutir,
la faute en incomba au cabinet pré
sidé par M. Méline; c'est lui qui a
plaisir à se faire interpeller, en re
fusant de répondre à de simples
questions ; c'est lui qui' a pris a tâ
che de faire avorter l'œuvre de la
législature. • .
Le président du conseil a tenu à
protester contre des allégations
a'uné trop insigne mauvaise foi ; il
a rappelé lé système d'obstruction
inauguré et pratiqué par l'extrême-
gaucne, et indique que le gouverne
ment serait mal venu à répondre à
dés questions qui sont toujours —
sans doute pour perdre plus de
temps — transformées en interpel
lations.
Là-dessus, selon la formule ordi
naire, cris et protestations des in?-
terpellateurs quotidiens ; on a, mai
gre eux, voté l'urgence par 257 voix
contre 232 et la discussion immé
diate par 254 suffrages contre 237.
La majorité s'est accrue dans le
scrutin sur l'ensemble et il est dé
cidé par 294 voix contre 242 que
trois jours chaque semaine seront
consacrés à l'étude des réformes
législatives..
, Demain on travaillera sérieuse
ment... Eh attendant, MM. Basly et
Lamendinont mis sur la sellette le
ministre des travaux publiés ;^ ils
ont apporté à la tribune les doléan
ces des mineurs du Pas-de-Calais,
qui se plaignent qu'on ait réduit le
nombre des- visites faites par les dé
légués à la sécurité des ouvriers, et
que les compagnies minières ne.
veuillent, tenir aucun compte des
observations de ces délégués.
: Après une, intervention dé, (M.,
Charpentier, qui a k tenu à, joindre
sa protestation à celles de ses cqlr
lègues »., le ministre des travaux pu
blics a très simplement expliqué que
les préfets du Pas-de-Calais, et
aussi ceux de la-Loire ont cru de
voir, avec raison, supprimer des
délégués mineurs là seulement où le
nombre des ouvriers diminuait lui-
même ; il a en outre donné lecture
d'une circulaire envoyé par ses soins
aux préfets pour assurer mieux
encore la sincérité du. vote dans le
choix des délégués.
Un ordre du jour portant que. la.
Chambre est confiante dans le gou
vernement pour r faire respecter la
Ijoi sur les ouvriers mineurs, a été'
accepté par le ministre et voté; à
mainslevées.
Gabriel de T riobs.
AU SÉNAT
Le budget de l'instruction publique.
— ijne séance houleuse. — Un abus
de pouvoir.
Le défroqué Combes qui fut mi
nistre de l'instruction publique -r le
même qui envoyait des bourriches
de palmes académiques au person
nel féminin de tous les cafés-con
certs de Paris — a reparu hier- à la
tribune du Luxembourg afin de rap- :
peler qu'il était toujours là (teli le
™rand Frédéric) et que M. Rambaud
étenait depuis assez longtemps le
tortefeuille de l'instruction pu-
lique.
Pour obtenir un vif succès auprès
des gauches, M. Combes avait un
moyen infaillible : il l'a employé.
Après avoir constaté que les col
lèges-de l'Etat sont très peu florisr
sants, alors que les institutions con
grégànistes sont prospères, il a dé
claré que de nombreux fonction
naires— surtout dans l'armée —
énvoyaient leurs enfants dans les
maisons religieuses au lieu de [les
placer dans les écoles officielles.
L'Etat doit réagir ! s'est écrié, l'ora
teur. 1
Ces mots ont soulevé à droite de
violentes protestations, et M. Ches^
nelong s'est écrié aux applaudisse-?
ments de ses amis : .
« Vous n'aviez pas la partie indé
pendante du pays. Vous n'avez
même plus les fonctionnaires. Que?
vous reste-t-il donc ? »
M. Combes a ajouté qu'il avait de
mandé aux recteurs, lorsqu'il était
ministre, de lui faire connaître, par
des rapports confidentiels,les noms
des fonctionnaires qui confiaient
leurs enfants aux écoles libres, et
que ces rapports lui avaient révélé
toute « l'étendue du mal ».
Ici, la droite a vivement inter-.
rompu l'orateur. « Vous avez com
mis un abus de pouvoir », lui a
crié M. Halgan.
De fait, il est à croire que les rec
teurs seront médiocrement satis
fait? d'apprendre que M. Combes/a
publiquement déclaré qu'illes avait-
tranformés en mouchards.
L'extrême-gauche ayant chaleu
reusement applaudi M. Combes,
plusieurs altercations se sont éle
vées entre des membres de ce grou-<
pe et des droitiers. M. Destieux
Junca,le bouillant sénateur du Gers,
rappelait avec indignation les me
sures que « l'ordre moral avait pri
ses contre les enterrements civils ».
Bref, le Sénat était, contre son or
dinaire, fort agité. « Soyons tolé
rants les uns pour les autres ! » im
plorait M. Loubet. —- « C'est l'ora^
FEUILLETON DE L'UNIVERS
du 15 mars 1897 .
quinzaines dramatiques
ET ARTISTIQUES
Lest théâtres n'ont pas joué grande
chose dans cette dernière quinzaine. Au.
Spiritisme de M.Victorien Sardoua suc
cédé la reprise de la Tosca du même au
teur, en attendant Snobs, la pièce nou
velle d'un jeune écrivain. Dans la Tosca
Mme Sarah' Bernhardt a retrouvé l'em
ploi de toutes se# ressources dramati
ques: tendresses, ruses, jalousies, fu
reurs, angoisses..! Elle crie, elle se tord,
elle pleure, elle implore, elle menace,elle
tue, elle se jette dans le Tibre. Ceux qui
aiment les émettions violentes qui ébran
lent les nerfs, en ont réellement pou? leur
argent. Un de mes confrères plaignant
sincèrement Shakespeare, Corneille et
Racine de n'avoir pas eu de leur viyant
une telle interprète. Eh bien, duase-jç
contrarier un peu ses admirateurs, je
constate que, depuis ses voyages au long
cours elle a pris un accent anglais ou
américain insupport§ble,qui tantôt chan
tonne naïvement sur certaines syllabes,
tantôt pleure sur celles-ci ou gron de sur
celles-là. Elle a substitué à une mimir
que calme, des gestes désordonnés, si
bien que l'année dernière je l'ai vue
allonge un tel horion à un acteur gué
le malheureux alla se cogner contre
un portant ayeç un réalisme si naturel
que toute 1$ galle crut à un effet dé'scène
et applaudit frénétiquement... Hier, dans
uoç matinée extraordinaire,donnée géné-,
reuaemgnt par elle au profit des vipfimes
dé 1% Çr^te, elle a rugi le rôle de Phè
dre... Cependant, malgré ces défauts
voulus, c'est encore la. ineilieure tràgé-,
dienne de ce tenpps. Cela né veut pas
dire, que nous ayons actuellement beau
coup d'étoiles.
Dans gès jeudi^ classiques l'Odéon a
donné de bonnes représentations? dç ï'^lnr
dromède de Corneille, de \'Illûsi6ri co
mique du même poète et dit Prince tra
vesti dç Marivaux. M. Lintilhac, qui a fait
précéder cette dernière pièce (J'upe epiî-
érence, a montré à ses nombreux audi
teurs qu'il connaissait parfaitement Ma?
rivàuï et ses œyvres. li a ingénieusement
insisté çur les côtés romantiques dîi
Prince travesti et U a retracé fivec beau
coup d'érudition la physionomie littéraire
de l'aimable et délicat écrivain. Ces répré-
sent^tiops forment autant de restitutions
ne figuyçnt pas assez lopgtemps siir l'af
fiche, par nptre théâtre ancien offre des
attraits que ne possède guère lé'théatré
moderne. Puis, à quelques exceptions
près, on peut aller voir ces piécës-là,
tandis qu'aujourd'hui on est si souvent
embarrassé! Le spectateur a de la peine
à écouter ce qu'on ose lui dire ; le criti
que a de la peine à l'analyser,et sa tâche
est plus délicate et plus difficile .qu'on ne
le croit. L'honorable M. Bérenger a ap
pelé dernièrement l'attention des pou
voirs publics sur la démoralisation tou
jours croissante du théâtre et il a prçmis
d'ouvrir'un débat à ce su-jet. Il faut espé
rer qu'on prendra enfin les mesures de
salubrité publique qui s'imposent.
Lé .théâtre de I'CEuvre a donné tout
récemment une pièce allemande, la Clo
che engloutie de Gérhardt Hauptmann,
dont j'ai yu jadis une autre œuvre fort
intéressante, les Tisserands. Là Cloche-
engloutie est un conte dramatique en 5
àctes, d'un symbolisme obscur et qui a
certaines affinités avec le Lohengrih, lè
Siegfried ou l'Or du Rhin de Wagnev-
Je vais m'èfforcer de résumer cette pièce
nouvelle d'une façon brève et clairé. Le
fondeur Henri vient de terminer une clo
che (ju'ori va placer dans une chapelle
située sur une montagne. Mais cette
montagne est habitée par de3 gnomes,
des farfadets, des lutins qui n'aiment pas
le son des cloches.Un oridin qui ressem
ble à une énorme grenouille-crapaud, fait
culbuter la charrétte qui porte la cloehe
et celle-ci dégringolé dans un lac. Cette
chute émeut tellement le fondeur qu'il
perd l'équilibre et'va rouler dans un pré
cipice. Mais lé fond de ce précipice'est
ifiâbité par une. Jfée qui porte "lé joli nom
que voici: Rautendelèin. La petite fée
guérit lè fondeur de ses blesgUFgg'et B',é-
prend de lui.
Les amis d'Henri viennentle, chercher
et le ramènent' à sa maison. Sa fenime
Magda et ses enfants veulent lui faire
féte, mais Henri,qui a dû avoir la tête un
peu félée dans sa chute, les/ reçoit fort
mal.il n'a plus qu'une pensée :.les quittçr
pour aller vivre avec Rautendelein, dans
une forge installée sur une. montagne,
pareille au Venusberg. En vain, le curé
du village l'exhorte à rester chez lui et
reprendre sa vie d'honnête, travailleur,
Henri né l'écoute pas. Il retourne avec la
fée, mais tout à coup la cloche, englou
tie dans le lac, résonne,. Elle pleure la
mort de la femme du fondeur. Une sor->
cière "se présente alors et offre à Henri
trois verres à boire. Avec le premier, if
retrouve la jeunesse, avec le gecond il
obtient l'amour de Eautendelejn, avec le
troisième il meurt... Dans tout cé fatras
j'ai cru comprendre que M. Hauptmann
avait voulu montrer un homme cherchant
à s'élever au-dessus de. la foule pour réa
liser un beau réve, mais cédant à des in
fluences -perfides et succombant pans
avoir pu atteindre son but. P'est la fable
d'Icare, c'est un peu celle de Faust, c'est,
cellé que vous voudrez. La langue des
génies est empruntée à certains choeurs
d'Aristophane, car ils disent fréquem
ment — çe qui a fait beaucoup rire çn
réponse aiix interrogations anxieuses du
pauvre fondeur : % Bré-Ké-Ké-Koax !
Koax ! » Je le déclare sans hésitation,
les Tîss^ra^s,jvalaien.fc cent fois mieux
4Ué cette Gloche' r engloutie.' : .. :,
5 Le style, d'ailleurs, ^et d'.un poids qui
explique la chute de la "cloche. Exemple :
« Je fais mon métier de fondeur de cloches
et le jeu dé cloches que je fabrique son
nera laliberté, l'indépendance de l'esprit,,
la hauteur des cimes, la joie dans l'azur,"
la fantaisie dé la lumière. — Le faucon
né caresse plus. Il a des poils au bout
des'pattés » On dit que cette œuvre
étrange est acclamée en Allemagne. Il
faut être bien Allemand pour en démêler
le mystèré et en apprécier les qualités.
Je plains fort le malheureux acteur qui
joué'le rôle de l'homme-grenouille.-Il
doilj coasser en mesure, puis gémir lugu-
breméiit'. Mais on s'ennuyait si .fort que
ces plaintés aquatiques eurent au moins,
l'avantage de faire sortir la salle d'une
torpeur germanique et d'exciter ' une
franche hilarité, à la grande indignation
des fanatiques qui "pour un peu eussent
coassé et croassé avec l'homme crapaud-
corbeau-grenouille... J'en conclus que
si l'on tient à emprunter à nos voisins des
spécimens-deleur théâtre,il faut leur pren
dre quelque chose de plus compréhensi
ble.On commence à avoir assez des sinis
tres cocasseries des Ibsen,des Bjoernson,
des Hauptmann,des Sudermann etc., etc.
M. le marquis Costa de Beauregard
regrettait, il y â quelques jours, à l'Aca-
d^mje le théâtre d'il y à trente ans : -
« Labiéhe, Dumas, Barrière, disait-il
ayee raisçn, pour ne nommer que les
morts, rivalisaient de talent. .
« On ne parlait.il est vrai, en ce temps-
là, ni russe, ni anglais, ni norvégien .au
théâtre. Ii;esf, vçai .encore.que, l'on y fai
sait peu de psychologie, et pas du tout
d'autopsies. »
« #
Le sâr Mérodach Peladan a ouvert
dans les galeries Georges Petit la
sixième exposition de la Rose-^-Croix.
Il paraît que la veille de l'ouverture, le
grand maître du Temple, en habit noir,
en gilet jaune serin, en jabot et en man
chettes de dentelles,a fait une conférence
artistique où il a critiqué radicalement
ses confrères des autres Salons et célé
bré— ce que je comprends, — la supé
riorité du spiritualisme sur le matéria
lisme. A sa prose cadencée a succédé un
petit concert et la musique douce a fait
passer la critique amère... Je viens de
voir l'exposition de la Rose-}-Croix. Elle
est triste comme un bonnet de nuit. Il
semblerait que tous ces artistes peignent
au crépuscule ou sous l'auvent noirci
d'une cheminée. M. Osbert, qui joue les
Puvis de Chavannes, nous montre de
grandes figures de femmes, pâlep et-lon-
gues, qui errent auprès de grands arbres
maigres et longs,' sous des ciels vaporeux
qui cependant ne manquent pas de poé
sie. M. Maurice Chabas a peint une nym
phe blëuâtre et M. Max Stevens une
Annonciation, où l'auteur a voulu imiter
le faire des anciens : maîtres vénitiens...
mais entre l'imitation et les originaux,
quel abime !...
Les têtes de M. Maxence, dont j'av^i|
déjà vu quelques' spécimens intéressant^'
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