Titre : L'Univers
Éditeur : L'Univers (Paris)
Date d'édition : 1897-02-23
Contributeur : Veuillot, Louis (1813-1883). Rédacteur
Contributeur : Veuillot, Pierre (1859-1907). Rédacteur
Contributeur : Veuillot, François (1870-1952). Rédacteur
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34520232c
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 70622 Nombre total de vues : 70622
Description : 23 février 1897 23 février 1897
Description : 1897/02/23 (Numéro 10628). 1897/02/23 (Numéro 10628).
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse Collection numérique : Bibliographie de la presse
Description : Collection numérique : BIPFPIG44 Collection numérique : BIPFPIG44
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k709410g
Source : Bibliothèque nationale de France
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 06/02/2011
Mardi 23 Février 1897
ÉDtTÏON QUOTIDIENNE
Xdltlon quotidienne. — 10,628
PARIS
et départements
Un an... 40 »
Bis mois...... 21 »
Trois mois.:... 11 »
ÉTRANGER
(union postai^
51 »
26 50
14 »
Les abonnements partent dea 1" et 16 4e chaque mola
Paris 10 cent.
Départements....; 15 —
UN NUMÉRO
BUREAUX : Paris, ruç Cassette, 17
On s'abonne à Rome, place du Gesù, 8
Ei'f-
LE MONDE
Mardi 23 Février 1897
(ÉDITION SEMI-QUOTIDIENNE
- PARIS ÉTRANGER
et départements (union postale)
Un an......... 20 » ■ ■ 26 » ,
Six mdis .. .. . . 10 » • 13 » J
Trois mois:., .. 5 » . ,•> 6 50 .
Les abonnemënfca partent des i" et 16 de obaqne mole.
L 'UNIVERS ne répond pas des manuscrits qui iui sont adressés ,
ANNONCES
MM. LAGRANGE, CERF et C ie , 6, place de k Bourse
PARIS, 22 FÉVRIER 1897
SOMMAIRE
Deux résultats.... . P ierre V euillot.
Çà et là : Une in
vention géniale.,.. J oseph L egueu..
En Orient.... F. L.
Causerie littéraire. E dmond B irê.
Bulletin du jour. *- L'élection de Laon.
» -^.Nouvelles de. Rome. — Les manifes
tations philhelléniques. —. Cette Gazette I
Simples questions. — Victoire dans les
prix doux. — Socialisme et prospérité. —
Les élections d'hier. Informations po
litiques et parlementaires. — Les er.
reurs judiciaires. — La situation à Ma.
dagascar. —: A travers la presse. —
Chronique.'— Lettres, ~ sciences et arts.
— Les affaires de Crète. — Dépêches
de ; l'étranger.La question ouvrière. —
La peste. — Echos de partout, r— Nécro-
„ logie. — Tribunaux, — Calendrier. : Ta
bleau et bulletin de. lq! Bourse. — Der
nière heure.
DEUX RESULTATS
Des élections qui ont eu lieu
hier; deux sont particulièrement si
gnificatives : celle de l'Indre et celle
de la première circonscription de
Bordeaux.' ; •
Dans l'Indre, M. de Beauregard
est élu à une très forte majorité,
contre le candidat partisan, (les lois
de persécution. Or, il y ; a trois ans
et demi,.'le conservateur, au con
traire,' était battu à une très forte
majorité par l'opportuniste. 'Cette
fois, M. de- Beauregard s'est placé
nettement- sur- le,terrain constitu
tionnel, et il triomphe.-
* Ce revirément électoral prouve
qu'il en est, dans l 'Indre, comme en
bien d'autres départements. On s'y
est habitué, à la République; on
veut la garder ; mais on n'est point
sectaire. S'il faut choisir entre un
monarchiste et un ennemi de l 'E
glise, on choisit, hélas T l'ennemi
ae l'Eglise plutôt que celui de la
forme gouvernementale. Débarras
sez l'électeur de ses craintes pour la
Stabilité des institutions, vous le
voyez revenir à de meilleurs senti
ments. Le scrutin n'est plus vicié.
, On nous objecte que l'exemple de
l 'Indré.est encore assez rare. Oui ;
mais il se multipliera. Les républi
cains, en général, hésitent à voter
pour le constitutionnel, parce qu'ils
ori,t peine à croire,— il faut bien,
nous l'avouer, — les constitution
nels pleinement sincères. On a vu ;
tant d'années durant tout ce qui est
conservateur et catholique uni étroi
tement aux monarchistes, qu'on se
demande si la séparation n'est pas
une manoeuvre;On nous soupçonne
de vouloir endormir la République,
pour l'étrangler quand eue, ne se
méfiera plus. . Sectaires et réfrac-
taires l'affirment, du reste, avec une
même ardeur. Et l'attitude oblique
. de certains qui feignent là soumis
sion à Rome, mais qu'on sent plus
hostiles, au fond", que jamais, à la
forme du gouvernement, n'est pas
pour dissiper71es inquiétudes."
Ces inquiétudes forment le grand
obstacle à vaincre. Tant que nous
n'aurons pu l'abattre, nous ne pas
serons pas. Le renverser est une
affaire de temps. Prouvons notre
sincérité par notre langage, par nos
actes, et surtout par notre persé
vérance. Et des élections comme
celle d'hier, dans" l'Indre, devien
dront la règle.
En attendant, lorsqu'il n'y a au
cune chance sérieuse d'obtenir le
succès d'un constitutionnel, imitons
les Bordelais. — « Nous sommes à
vendre », disait Louis Veuillot. La
même attitude s'impose toujours
aux catholiques. Veut-on nos voix?
Qu'on les achète, par des engage?
ments formels. Dans toute circons
cription où nous ne pourrons avoir
de candidat, nos suffrages seront
au plus offrant et dernier enchéris
seur. Si c'est un républicain mo
déré, tant, mieux. En principe, nous
le préférons au radical, moins apte
à devenir un homme d'ordre, et d,e
gouvernement. Mais si le radical où
même le radicale-socialiste souscrit
aux promesses, qije_spn concurrent
refuse de signer, le radical ou même
le radical-socialiste aura nos votes
contre l'opportuniste. Les catholi
ques, sous la monarchie de Juillet,
ont bien été jusqu'à soutenir Consi
dérant, .
Rien de plus simple, de plus net,
qu'une telle attitude. Elle est à la
fois correcte et habile. Dans' la pre
mière circonscription de Bordeaux,
elle vient, coup sur coup, de nous
valoir deux avantages : l'élection de
M. Chiché après celle de M. Ferret.
Assurément ni: celui-ci n'était notrë
homme, ni celui-là ne se pose en
catholique. Il n'en est pas moins
vrai que là secte est battue avec M.
de Lanessan. IL n'en est pas moins
vrai que l'appoint des constitution
nels a fait passer, des deux candi-
datsy celui que lès chauds partisans
des lois scolaires regardent comme
un ennemi. Le coup porté n'est pas
considérable. Cependant, c'est un
coup ; et mieux vaut l'avoir porté
que l'avoir reçu.
Etablis franchement sur le terrain
de là constitution, nous faisons ar
demment la guerre à la législation.
Qui nous aide à ébranler cette der
nière, aura notre appui : c'est con
forme à notre programme. L'élec
tion de Bordeaux a. cet autre avan
tage, de montrer que les « ralliés »
ne sont pas, comme on le prétend,
les soutiens de l'opportunisme.
Nous ne soutiendrons les opportu
nistes que s'ils s'amendent. Et la
leçon donnée hier sera bonnè, mêmé
pour beaucoup de modérés, qu'on
trouvera, désormais, plus disposés
à souscrire aux engagements qu'on
leur.présentera.
Pierre Veuillot.
BULLETIN DU JOUR.
Hier, ont eu lieu de nombreuses élec
tions pour lafihambre des députés et le
Sénat. On trouvera, plus' loin les chif
fres. Nous signalerons particulièrement
le beau' succès, dans l'arrondissement
du Blanc, de M. de Beauregard, consti
tutionnel. ■
D'après les dernières nouvelles, les
troupes régulières du colonel Vassos ou
tout au moins des insurgés crétois au
raient eu Un premier engagement, de
vante la Canée, avec les détachements
mixtes. Les navires européens auraient
même ouvert le \feu sur les assaillants
grecs-.
Hier à Athènes une foule de plusieurs
milliers de personnes est allée manifes
ter devant le palais royal. Le roi a paru
au balcon et harangué le peuple-
Sur les intentions des puissances, on
ne sait rien de nouveau ni surtout rien
de précis. Le Gaulois publie une dépêche
annonçant que l'Italie recevrait mission
de la part des nations européennes de
pacifier la Crète. Mais cette nouvelle
n'est peut-être qu'une fausse nou
velle.
A Paris, hier, pas de manifestation-,
on annonce, pour ce soir, un grand
meeting à Tivoli-Vaux-IIa.ll. -
Dans la circonscription de Laon,
où avait lieu hier le second tour de
scrutin pour l'élection d'un député,
les catholiques qui avaient d'anord
donné leur voix a M. Cortillot, con
servateur, les : ont reportées j après
le désistement de celui-ci, sur M.
Ermant, républicain modéré.
Il s'agissait en effet, pour eujt, de
faire échec au franc-maçon Bellard,
radical et anticlérical forcené,, grand
champion, dans son pays, des en»
terrements civils. :.
Ils ont atteint leur but: ils ont
réussi à barrer la route à ce sec
taire impie. Nous les en félicitons
sincèrement.
Nous espérons, d'ailleurs, que M.
Ermant n'oubliera pas qu'il a été
élu grâce à l'appoint des voix catho
liques... ni que'les élections géné
rales ont lieu dans quinze mois.
NOUVELLES DE ROME
Rome, 20 février.
. Aujourd'hui, anniversaire de sonélec-
! tion, le Saint-Père a voulu inaugurer la
nouvelle année de son pontificat par les
; encouragements qu'il a prodigués à une
: œuvre de foi et de piété. C'est l'œuvre
! des zélatrices du Cœur- de Jésus, orga-
! nisées en cercle catholique dans la pa
roisse de Saint-Charles ai Catinari que
dirigent les Pères Barnabites. Le R. P.
Vitale, curé dé cette paroisse, accompa-
: gné du R. P. Moretti, également de la
i congrégation des Barnabites, a présenté
= les dames zélatrices du Sacré-Cœur à
l'audience pontificale. Elles y avaient ap
porté une riché offrande pour le denier
: de Saint-Pierre et d'autres dons destinés
aux églises, pauvres. Le Pape en a été
très touché et il a affectueusement béni
toutes les donatrices, les encourageant à
travailler assidûment à la propagation du
culte du Cœur de Jésus et à se dévouer
; aussi aux autres œuvres de religion dont
là paroisse de Saint-Charles ai Catinari
est à Rome l'un des ardents foyers. Le
Souverain Pontife en a vivement félicité
aussi les PI?. Barnabites qui dirigent
cette paroisse et qui s'inspirent si ; bien
des exemples de leur fondateur le Bien
heureux Zaccaria, auxquels vont être dé
cernés les honneurs de la canonisation.
Aujourd'hui également le Saint-Père
a reçu en audience particulière S. A. le
prince Henri VII de Reuss, accompagné
de la princesse sa femme.
L'honneur de l'audience pontificale a
été aussi accordé aujourd'hui au Rme P.
abbé de , Hemptine, primat des Béné
dictins. "
Çà et là
UNE INVENTION GÉNIALE
(Notice ultra-fantaisiste).
Au nombre de mes amis-, qui sont, si
je ne m'abuse, moins rares que ceux de
ce pauvre Socrate, se trouve un sympa
thique Carcassonnais de vingt-cinq ans,
d'allures élégantes et de noble origine.
—■ Sa famille remonte aux croisades par
une chaîne où il y a malheureusement
quelques anneaux brisés. — En sa qua
lité de docteur en droit, cet avisé méri
dional s'occupe principalement de re
cherches scientifiques, qui lui ont déjà
valu quelque notoriété.
Afin de n'être pas soupçonné d'un vul
gaire souci de réclame au moment où je
me prépare à vous exposer les résultats
d'une des plus belles et dés plus récentes
inventions de mon ami, j'appellerai tout
simplement celui-ci M. X... D'ailleurs
cette transparente initiale le désigne suf
fisamment. ;
Donc ce Carcassonnais philanthrope a
été ému comme tant d'autres des souf
frances morales auxquelles sont soumis
les malheureux frappés de cécité, plon
gés dans l'incurable ennui de ténèbres
sans fin. Et il a imaginé de fonder un
« cabinet de lecture pour aveugles ». Il
ne s'agit pas, ainsi qu'on .pourrait le
croire au premier-abord, d'une biblio
thèque cppaposée d'éditions pointillées
comme celles dont les modernes frères
en infortune de l'immortel Homère font
depuis longtemps .usage. Il faut trop de
place pour loger ces gros livres. Le loyer
ruinerait les sociétaires. Mon ami a des
procédés beaucoup plus modernes... et
peut-être — disons-le tout.bas. —s un peu
moins pratiques.
L'établissement pour la fondation du
quel il émet à l'heure actuelle des actions
se composera essentiellement d'un em
ployé ou d'une,employée... d'un phono
graphe et d'un local (naturellement). Le
premier ou la première devra posséder
une voix très claire (et cette condition
exclura tout d'abord la candidature des
dames téléphonistes). Il ou elle aura pour
mission de lire successivement dans l'ori
fice de l'appareil d'Edison le texte des
ouvrages les plus divers, de telle sorte
que,sur les feuilles métalliques destinées
à enregistrer les vibrations, viendront
s'imprimer tour à tour l'Ile mystérieuse
de Jules Verne. le Maître de F*rges de
Georges Ohnet ou le Voyage du Jeune
Anacharsis.-r '■
Tout aveugle abonné possédera un au
tre phonographe dans lequel il placera
les rouleauxreprésentant chaque volume.
Un petit tour de manivelle... et les héros
des Voyages extraordinaires ou. les sym
pathiques ingénieurs de M. Ohnet pas
seront sinon devant les yeux, au moins
dans l'esprit des lecteurs transformés en
auditeurs.
Vous formulerez sans doute une objec
tion que je me suis déjà posée moi-même
et qui, je l'avoue, m'a détourné jusqu'à
présent de prendre des actions dans l'af
faire. Les aveugles qui pourront s'offrir
le luxe d'un phonographe et d'un abonne
ment — dont le prix sera assez élevé,
étant donné les frais de l'entreprise —
seront nécessairement peu nombreux. Et
de plus, ils seraient à même de payer les
honoraires d'un lecteur qui aurait la
voix moins fêlée que la majorité des
« tables parlantes ». Les clients risquent
donc d'être fort clairsemés.
Il y a là un écueil contre lequel l'entre
prise de M. X... viendra s'échouer peut-
être. Mais si l'on pensait tout de suite
aux difficultés, on ne ferait jâmais rien 1
de nouveau. La crainte des déraillements
n'a pas arrêté l'inventeur de la locomo
tive, et la peur des naufrages n'a pas
émpêché d'aller sur l'eau le • personnage
intrépide autant qu'anonyme dont parle
Horace, et qui avait autour de la poitrine
« un triple airain »—ce qui, en cas d'ac
cident, l'eût gêné considérablement pour
nager.
D'ailleurs mon ami X... a plusieurs
cordes à son arc. Et si son premier pro
jet ne réussit pas, il se rejettera sur un
autre tendant à organiser des concerts
pour sourds-muets, ou sur un troisième
qui créerait des courses de paralytiques,
rappelant les steeples-chases de jambes
de.bois, lesquels sont l'une des grandes
attractions de Nogent-sur-Marne. Je
vous exposerai peut-être ces projets un
autre jour, et vous pourrez constater que
M. X... n'est jamais à court d'idées. Seu
lement il y' a des gens grincheux qui
trouvent que ses idées sont plutôt bizar
res... ' ' ■
Joseph L egueu.
EN ORIENT
Il est grandement à désirer que
l'importante discussion qui va s'ou
vrir aujourd'hui à la Chambre des
députés sur la question d'Orient,
fassela lumière sur l'état.réel des
choses ; il faut surtout .souhaiter
que les déclarations -du gouverne
ment nous ouvrent dés s perspecti
ves rassurantes ; car, à en juger d'a
près les informations données par les
journaux et les agences, il semble
que, loin de s'éclaircir, la situation
s'embrouille.
Il parait certain, en effet, que la
proposition faite par lord Salisbury
de commencer par régler d'un com
mun accord le sort futur de la Crète,
a produit une scission parmi les
grandes puissances, l'Allemagne et,
dit-on,l'Autriche, étant au contraire
d'avis qu'il faut, avant toute autre
question, obliger la Grèce à retirer
ses troupes de Crète et à rentrer
dans le respect du droit des gens.
En regard de cette situation il
faut placer une déclaracion officielle
du roi Georges que nous fait connaî
tre une analyse publiée par le jour
nal officiel d'Athènes, VAsty ; décla
ration dans laquelle le roi des Hel
lènes affirme sa ferme volonté de
poursuivre, par tous les moyens,
l'union de la Crète à la Grèce, et
annonce qu'il a donné à son repré
sentant militaire dans l'île, le colo
nel Vassos, des instructions préci
ses et définitives à ce sujet.
C'est évidemment pour se con
former à ces instructions, que le
colonel Vassos travaille, par une
action à la fois militaire et adminis
trative, à rendre cette annexion ef
fective. .
Mais pendant ce temps, des vo
lontaires grecs et crétois, à ce que
l'on prétend, ont poussé une at
taque, aux environs de la Canée,
contre des positions que couvraient
les pavillons des grandes puissan
ces, si bien que des vaisseaux an
glais, italiens, russes et allemands
ont bombardé le camp occupé par
ces volontaires. •
Enfin,à Constantinople,le gouver
nement ottoman aurait insisté au
près des ambassadeurs des grandes
puissances sur la difficulté ae main
tenir la fiction de l'état de paix en
présence de là conduite du gouver- «
nement hellénique, celui-ci conti
nuant de prendre des mesures mi
litaires d'un caractère offensif sur
les frontières de Thessalie, et en
Crète, assaillant les troupes turques
qui y tiennent garnison.
On le voit, la marche des faits
n'a rien de rassurant ; l'enchevêtre^
ment des complications diploma
tiques et militaires devient tel, que
les solutions pacifiques paraissent
de jour en jour plus difficiles. Ce
pendant il n'y a point lieu de déses-
{)érer encore du maintien de la p^ix;,
'imminence et la grandeur du péril
que ferait courir à l'Europe le dé-
enaînement de la guerre en Orient
peuvent, au dernier moment, im-,
pressionner les gouvernements res
ponsables au point qu'ils finiront
par s'accorder sur la solution pos
sible et nécessaire.
■ ■ ■■ F. L. .
Hier dans un article du Matin, M.
Cornély, s'occupant des manifesta*
tions en l'honneur et en faveur des
Grecs, les raillait avec bonne hu
meur. Il les donnait comme faites
par « quelques douzaines d'étu
diants poussant devant eux quel
ques centaines d'employés de com
merce ». Il aurait pu y ioindre quel
ques centaines aussi ae tapageurs
professionnels et de badauds, ce
fond et cette force de toute mani
festation qui s'organise dans le but
d'aller crier quelque chose quel
que part.
Il est certain que les manifestants
convaincus n'étaient pas nombreux
et que « l'opinion publique ne s'est
guère émue de leurs appels. Il con
vient de le constater. Cela ne prouve
pas, Dieu merci, que la France soit
indifférente à ce qui se passe là-
bas, mais cela montre que l'horreur
dont elle est pénétrée pour le Turc
ne va pas jusqu'à lui faire désirer
qu'on pousse tout de suite lés cho
ses à l'extrême. Le gouvernement
garde sa liberté d'action.
Non, il'n'y a pas d'agitation, et il
s'en faut même de beaucoup que là
où l'on a manifesté, crié, là même
où l'on s'est bousculé, les choses
aient été poussées aussi loin que
quelques journaux l'ont dit. Il suffit
pour en être convaincu d'opposer les
uns aux autres les journaux les
Çlus engagés dans le mouvement.
ous sont portés à grossir les faits,.
mais ils n f ont pu s'entendre jpour
les grossir dans les mêmes propor
tions. Notez que l'on peut en toute
sécurité réduire sur ceux qui di
sent le moins.
Comme exemple de la différence
de ces témoignages oculaires et au
riculaires, citons, au sujet de la con
duite des sergents de ville sur le
même point, la Libre Parole et l'Au
torité, toutes deux très manifes
tantes.
Nous sommes au quartier latin,
près de la terrasse d'un café. Enten
dons l'Autorité :
On pouvait espérer que, grâce à l"a ttitude
calme des agents, la soirée se terminerait,
de ce côté,sans événement fâcheux, quand,
à dix heures et demie, quelques cris de :
« Vive la Grèce ! » étant partis des terrasses
, FEUILLETON -Dii L,'UNI VERS
du 23 février 1897 *.
CAUSERIE LITTÉRAIRE
Histoire de la persécution religieuse
- dans le département de Saône-et-
Loire (1789-1803) (i).
— "--I
M; Tainè a fait sur la Révolution un
livre admirable ; il n'a pas fait l'histoire
de la Révolution. Des Histoires de la Ré->
volution française, nous en avons beau
coup, mais aucurie'où lés divers côtés du
sujet' soierit'iraités avec les développe
ments nécessaires. C'est ainsi, par exem
ple, que dans toutes la question religieu
se est* simplement indiquée, effleurée à
peine, et pourtant c'est elle qui domine
ici toutes les autres. Si la Révolution fut
antihionârclïiqîie, èllé- fut surtout anti
chrétienne. Son œuvre capitale fut de
chasser et de tuer les prêtres, de fermet
et de profaner les églises, de violenter
avec fureur l'âme de la France pour lui
arracher la foi catholique. Pour' mettre
dans tout son jour le caractère propre et
spécial à to,us les hommes de. la Révo
lution, la haine de Dieu et de son Eglise,
il ne suffit pas de raconter les massacres
(1) Recherches historiques sur la persé
cution religieuse dans le département de
Saône-et-Loire pendant la Révolution
(1789-1803). r-,Tome premier : l'Arrondisse-
ment de Chalon, par M. l'abbé Bauzon ;
tome second : l'Arrondissement d'Autun,
par M. l'abbé Paul Muguet. Deux volumes
grand inr8° de 944 et 776 pages. — L. Mar
ceau, imprimeur-éditeur à Chalon-sur-
Saône, 1897. ;
des Carmes et de consacrer quelques li
gnes à la déportation des prêtres à l'île
de Ré, à l'île d'Qléron ou à la Guyane* Il
faut entrer dans le vif de la persécution,
dans les détails circonstanciés des meur
tres» des incarcérations, des pillages,
nommer les lieux précis, les théâtres de
ces atrocités, signaler le courage, l'intré
pidité des victimes, la foi : héroïque des
martyrs. .
La vie d'un homme ne saurait, sans
doute suffire-'à* une telle tâche. .Besoin
est donc que l'histoire locale précède ici
l'histoire générale. C'est pourquoi, l?on
ne saurait.trop encourager les écrivains
qui, dans plusieurs de nos diocèses, ont
entrepris de suivre pas à pas nos glo
rieux martyrs, de recueillir un à un, dans
chaque paroisse, les faits et les souvenirs
de cette terrible époque. Quand ces mo
nographies diocésainès seront terminées ;
quand, d'autre part, l'histoire de tçms les
tribunaux révolutionnaires, des commis
sions militaires et des représentants en
mission aura été patiemment et longue
ment écrite, alors seulement on pourra
songer à faire une. histoire sincère et
complète de la Révolution française.
Alors seulement, après cet admirable
M. Taine, Tacite pourra venir. " '
Grâce à Dieu, en ce qui touche plus par
ticulièrement la persécution religieuse,
l'œuvré a faire est aujourd'hui en bonnè
voie. lia Bourgogne et la Franche-Comté
ont ici l'honneur dé marcher "en tête db
nos autres provinces,
Un "courageux érudit, que l'on ne sau
rait trop proposer' en exemple, M. Jules
Sauzay, a publié, voici déjà plusieurs an
nées, l'Histoire de la persécution révo
lutionnaire dans le département du
Doubs. Son ouvrage ne forme pas moins
de douze volumes in-18.
Ce que M. Sauzay a fait pour le Doubs,
deijx prêtres éminents, M. l'abbé Bauzon
et M. l'abbé Muguet, ont entrepris de le
faire'pour le département de Saône-et-
Loire. Le premier a consacré à l'arron
dissement de Chalon un volume grand
in-octavo.de près de mille pages, et on
nous promet un volume supplémentaire.
De même, pour lïarrondissement d'Autun,
M. l'abbé Muguet vient de publier un vo
lume de 800 pages, qui sera lui-même
suivi; d'un second. Viendront ensuite,
avec les mêmes développements, les ar
rondissements de Mâcoii, de Louhans et
de Charolles.
De tels ouvrages, ainsi nourris de toute
sorte d'informations, ; de faitsj de dér
tails, de documents et de textes, ne se
peuvent analyser. Il me suffira d'indi
quer le plan suivi;-par nos deux au
teurs., ■ .«,• ■ « ■ .... ■■
II
En 1867, Mgr de Marguerye, êvèque
d'Autun, donna pour sujets de conféren
ces, en' chaque archiprétré,' l'histoire
même de cet archiprétré, pendant la pé
riode révolutionnaire de 1789 à 1802.
Voici le programme même de ces con
férences et les considérants qui le précè
dent : .
« Il serait très important p«ur l'his
toire ecclésiastique du diocèse d'Autun
pendant la Révolution, dé recueillir
toutes les traditions, tous les souvenirs
se rattachant soi't aux personnes, soit
aux monuments. Différer plus longtemps
ce travail serait' s'exposer à tout laisser
perdre dans l'oubli. C'est pourquoi les
conférences historiques de l'année 1867
auront pour objet ceite étude si* intéres
sante. Mais un travail de cette nature
exigé de longues et minutieuses recher
ches. Nous avons donc pensé que les
questions devaient être posées ét les
rapporteurs désignés longtemps à l 'a
vance. En conséquence, MM. les archi-
prêtres feront choix, à la conférence du
mois de juin, de deux ecclésiastiques
chargés de traiter les questions ci-des-
aous indiquées. Ils auront ainsi plus de
temps pour recueillir tous les éléments
de ce travail auquel noms attachons le
plus grand prix/
« Questions concernant les personnes.
- « 1° Quelle a été, dans votre archipré
tré, la conduite des prêtres et des. fidèles
à l'époque de la grande Révolution ?
« 2° Avez-voua quelques traditions sur
nos prêtres, confesseurs de la foi ?
« 3° A-t-on gardé le souvenir de quel
que trait éclatant de la justice de Dieu ?
« Questions'concernant les monuments.
« 1° Quels étaient les édifices et les éta
blissements religieux existant dans votre
archiprétré à l'époque de la'grande Ré
volution ? Eglises,monastères, hôpi
taux, — lieux de pèlerinage,.—- autres
établissements.
« Evénements et traditions se rappor
tant à chacun de ces monuments.
«2? Que reste-t-il, de ces. édifices ou
établissements religieux ? »
Selon le désir exprimé par Mgr .de Mar
guerye, deux prêtres de chaque canton
furent désignés pour répondre aux ques
tions précitées.
A cette époque — 1867 — vivaient en
core plusieurs vieillards contemporains
de la Révolution. Leiirs récits, bién que
souvent vagues et incohérents, n'étaient
point sans intérêt et sans quelque sé
rieuse garantie. Ces vieillards furent in
terrogés, leurs dépositions furent accueil
lies, selon le degré de confiance qu'elles
pouvaient mériter. .
A la jnême 1 époque vivaient aussi un
assez grand nombre de prêtres dont l'en
fance et la jeunesse s'étaient passées
dans la compagnie des confesseurs de la
foi. Quel témoignage plus sûr que le té
moignage de ces prêtres ? Ils touohaient,
pour ainsi dire, au temps de la Révolu
tion et en tenaient l'histoire de la bouche
même des ecclésiastiques victimes de la
persécution. Ces anciens du sanctuaire
furent priés de consigner par écrit tout
ce qu'ils pouvaient savoir.
On interrogea les monuments écrits de
la période révolutionnaire. Archives dé
partementales et municipales, greffes
des tribunaux, livres d'écrau des prisons,
délibérations des sociétés populaires,
registres officiels de l'évêché, lettres par-
culières, notes et récits des confesseurs
de la foi... Toutes ces preuves indénia
bles des événements furent sérieusement
étudiées. Dix prêtre?, nommés par l'au
torité épiscopale, furent spécialement
chargés de recueillir dans les dépôts d'ar
chives, à Mcâcon, à Autun et en chaque <
chef-lieu d|arrondissement, les docu
ments écrits pouvant se rapporter à l'his
toire religieuse du diocèse.
Renseignements traditionnels, docu
ments historiques de premier choix af
fluèrent de toutes parts, et l'on peut dire
que le clergé du diocèse tout entier
préparâmes matériaux de cette histoire.
Le premier volume, publié en 1889 et
consacré à l'arrondissement de Chalon-
sur-Saône, avait pour auteur M. l'abbé
Bauzon, curé de Saint-Jean-des-Vignes,
que la mort est venue frapper ,au mo
ment où il entreprenait le même travail
pour l'arrondissement d'Autun. Pour ce
dernier arrondissement, l'œuvre inter
rompues été reprise et continuée avec
autant de zèle que de talent par M.
l'abbé Muguet.
En 1789, Chalon et Autun formaient
deux diocèses distincte. L 'éYêque de
Chalon était Mgr du Chilleau, ancien
aumônier de la reine Marie Leczinska et
de la reine Marier-Antoinette, prélat émi-
nent, dont les vertus égalaient la science,
et qui mourut en 1824 archevêque de
Tours. L'évêque d'Autun était Charles'-
Maurioe de Talleyrand. Il suffit- de le
nommer.
Par la loi du 22 décembre 1789 et la
Constitution du 3 septembre 1791, le
royaume fut divisé en départements. Les
villes d'Autun et de Chalon firent partie,
toutes les deux, du même département,
celui de Saône-et-Loire. Il leur fallut
se contenter du titre de chef-lieu d'ar
rondissement. Le chef-lieu du dé
partement fut Mâcon. Conserveraient-
ejiles au moins, l'une et l'autre, leur évêr
ché ? — Aux termes de la Constitution
civile, du clergé, votée le 12 juillet 1790,
les circonscriptions diocésaines furent
modifiées. Chaque département devait
former un diocèse. Il y eut donc un évê-
ché de. Saône-et-Loire. Mâcon, Chalon
et Autun demandèrent que le siège de
l'évêché nouveau leur fût attribué. Autun
l'emporta, et plus tard le Concordat ra
tifia cette mesure.
Mgr du Chilleau refusa de donner sa
démission ; mais il fut bientôt forcé d'é-
migrer. Quant à Talleyrand, nommé, au
mois de janvier administrateur du dé
partement de Paris, il s'empressa d«
.donner sa démission d'évêque d'Autun.
Cette démission n'étant point présen
tée à l'acceptation du Souverain Pontife
était nulle de plein droit, et par consé
quent ne pouvait opérer la vacance du
siège. Un nouvel évêque, cependant, fut
donné, non point au. diocèse d'Autun,
mais au département de Saône-et-Loire.
Au mois de février, 1791, des électeurs
civils, venus à Mâcon de tous les points
du département, choisirent pour évêque #
Jean-Louis Gouttes, me.mbre de l'Assem-
\
ÉDtTÏON QUOTIDIENNE
Xdltlon quotidienne. — 10,628
PARIS
et départements
Un an... 40 »
Bis mois...... 21 »
Trois mois.:... 11 »
ÉTRANGER
(union postai^
51 »
26 50
14 »
Les abonnements partent dea 1" et 16 4e chaque mola
Paris 10 cent.
Départements....; 15 —
UN NUMÉRO
BUREAUX : Paris, ruç Cassette, 17
On s'abonne à Rome, place du Gesù, 8
Ei'f-
LE MONDE
Mardi 23 Février 1897
(ÉDITION SEMI-QUOTIDIENNE
- PARIS ÉTRANGER
et départements (union postale)
Un an......... 20 » ■ ■ 26 » ,
Six mdis .. .. . . 10 » • 13 » J
Trois mois:., .. 5 » . ,•> 6 50 .
Les abonnemënfca partent des i" et 16 de obaqne mole.
L 'UNIVERS ne répond pas des manuscrits qui iui sont adressés ,
ANNONCES
MM. LAGRANGE, CERF et C ie , 6, place de k Bourse
PARIS, 22 FÉVRIER 1897
SOMMAIRE
Deux résultats.... . P ierre V euillot.
Çà et là : Une in
vention géniale.,.. J oseph L egueu..
En Orient.... F. L.
Causerie littéraire. E dmond B irê.
Bulletin du jour. *- L'élection de Laon.
» -^.Nouvelles de. Rome. — Les manifes
tations philhelléniques. —. Cette Gazette I
Simples questions. — Victoire dans les
prix doux. — Socialisme et prospérité. —
Les élections d'hier. Informations po
litiques et parlementaires. — Les er.
reurs judiciaires. — La situation à Ma.
dagascar. —: A travers la presse. —
Chronique.'— Lettres, ~ sciences et arts.
— Les affaires de Crète. — Dépêches
de ; l'étranger.La question ouvrière. —
La peste. — Echos de partout, r— Nécro-
„ logie. — Tribunaux, — Calendrier. : Ta
bleau et bulletin de. lq! Bourse. — Der
nière heure.
DEUX RESULTATS
Des élections qui ont eu lieu
hier; deux sont particulièrement si
gnificatives : celle de l'Indre et celle
de la première circonscription de
Bordeaux.' ; •
Dans l'Indre, M. de Beauregard
est élu à une très forte majorité,
contre le candidat partisan, (les lois
de persécution. Or, il y ; a trois ans
et demi,.'le conservateur, au con
traire,' était battu à une très forte
majorité par l'opportuniste. 'Cette
fois, M. de- Beauregard s'est placé
nettement- sur- le,terrain constitu
tionnel, et il triomphe.-
* Ce revirément électoral prouve
qu'il en est, dans l 'Indre, comme en
bien d'autres départements. On s'y
est habitué, à la République; on
veut la garder ; mais on n'est point
sectaire. S'il faut choisir entre un
monarchiste et un ennemi de l 'E
glise, on choisit, hélas T l'ennemi
ae l'Eglise plutôt que celui de la
forme gouvernementale. Débarras
sez l'électeur de ses craintes pour la
Stabilité des institutions, vous le
voyez revenir à de meilleurs senti
ments. Le scrutin n'est plus vicié.
, On nous objecte que l'exemple de
l 'Indré.est encore assez rare. Oui ;
mais il se multipliera. Les républi
cains, en général, hésitent à voter
pour le constitutionnel, parce qu'ils
ori,t peine à croire,— il faut bien,
nous l'avouer, — les constitution
nels pleinement sincères. On a vu ;
tant d'années durant tout ce qui est
conservateur et catholique uni étroi
tement aux monarchistes, qu'on se
demande si la séparation n'est pas
une manoeuvre;On nous soupçonne
de vouloir endormir la République,
pour l'étrangler quand eue, ne se
méfiera plus. . Sectaires et réfrac-
taires l'affirment, du reste, avec une
même ardeur. Et l'attitude oblique
. de certains qui feignent là soumis
sion à Rome, mais qu'on sent plus
hostiles, au fond", que jamais, à la
forme du gouvernement, n'est pas
pour dissiper71es inquiétudes."
Ces inquiétudes forment le grand
obstacle à vaincre. Tant que nous
n'aurons pu l'abattre, nous ne pas
serons pas. Le renverser est une
affaire de temps. Prouvons notre
sincérité par notre langage, par nos
actes, et surtout par notre persé
vérance. Et des élections comme
celle d'hier, dans" l'Indre, devien
dront la règle.
En attendant, lorsqu'il n'y a au
cune chance sérieuse d'obtenir le
succès d'un constitutionnel, imitons
les Bordelais. — « Nous sommes à
vendre », disait Louis Veuillot. La
même attitude s'impose toujours
aux catholiques. Veut-on nos voix?
Qu'on les achète, par des engage?
ments formels. Dans toute circons
cription où nous ne pourrons avoir
de candidat, nos suffrages seront
au plus offrant et dernier enchéris
seur. Si c'est un républicain mo
déré, tant, mieux. En principe, nous
le préférons au radical, moins apte
à devenir un homme d'ordre, et d,e
gouvernement. Mais si le radical où
même le radicale-socialiste souscrit
aux promesses, qije_spn concurrent
refuse de signer, le radical ou même
le radical-socialiste aura nos votes
contre l'opportuniste. Les catholi
ques, sous la monarchie de Juillet,
ont bien été jusqu'à soutenir Consi
dérant, .
Rien de plus simple, de plus net,
qu'une telle attitude. Elle est à la
fois correcte et habile. Dans' la pre
mière circonscription de Bordeaux,
elle vient, coup sur coup, de nous
valoir deux avantages : l'élection de
M. Chiché après celle de M. Ferret.
Assurément ni: celui-ci n'était notrë
homme, ni celui-là ne se pose en
catholique. Il n'en est pas moins
vrai que là secte est battue avec M.
de Lanessan. IL n'en est pas moins
vrai que l'appoint des constitution
nels a fait passer, des deux candi-
datsy celui que lès chauds partisans
des lois scolaires regardent comme
un ennemi. Le coup porté n'est pas
considérable. Cependant, c'est un
coup ; et mieux vaut l'avoir porté
que l'avoir reçu.
Etablis franchement sur le terrain
de là constitution, nous faisons ar
demment la guerre à la législation.
Qui nous aide à ébranler cette der
nière, aura notre appui : c'est con
forme à notre programme. L'élec
tion de Bordeaux a. cet autre avan
tage, de montrer que les « ralliés »
ne sont pas, comme on le prétend,
les soutiens de l'opportunisme.
Nous ne soutiendrons les opportu
nistes que s'ils s'amendent. Et la
leçon donnée hier sera bonnè, mêmé
pour beaucoup de modérés, qu'on
trouvera, désormais, plus disposés
à souscrire aux engagements qu'on
leur.présentera.
Pierre Veuillot.
BULLETIN DU JOUR.
Hier, ont eu lieu de nombreuses élec
tions pour lafihambre des députés et le
Sénat. On trouvera, plus' loin les chif
fres. Nous signalerons particulièrement
le beau' succès, dans l'arrondissement
du Blanc, de M. de Beauregard, consti
tutionnel. ■
D'après les dernières nouvelles, les
troupes régulières du colonel Vassos ou
tout au moins des insurgés crétois au
raient eu Un premier engagement, de
vante la Canée, avec les détachements
mixtes. Les navires européens auraient
même ouvert le \feu sur les assaillants
grecs-.
Hier à Athènes une foule de plusieurs
milliers de personnes est allée manifes
ter devant le palais royal. Le roi a paru
au balcon et harangué le peuple-
Sur les intentions des puissances, on
ne sait rien de nouveau ni surtout rien
de précis. Le Gaulois publie une dépêche
annonçant que l'Italie recevrait mission
de la part des nations européennes de
pacifier la Crète. Mais cette nouvelle
n'est peut-être qu'une fausse nou
velle.
A Paris, hier, pas de manifestation-,
on annonce, pour ce soir, un grand
meeting à Tivoli-Vaux-IIa.ll. -
Dans la circonscription de Laon,
où avait lieu hier le second tour de
scrutin pour l'élection d'un député,
les catholiques qui avaient d'anord
donné leur voix a M. Cortillot, con
servateur, les : ont reportées j après
le désistement de celui-ci, sur M.
Ermant, républicain modéré.
Il s'agissait en effet, pour eujt, de
faire échec au franc-maçon Bellard,
radical et anticlérical forcené,, grand
champion, dans son pays, des en»
terrements civils. :.
Ils ont atteint leur but: ils ont
réussi à barrer la route à ce sec
taire impie. Nous les en félicitons
sincèrement.
Nous espérons, d'ailleurs, que M.
Ermant n'oubliera pas qu'il a été
élu grâce à l'appoint des voix catho
liques... ni que'les élections géné
rales ont lieu dans quinze mois.
NOUVELLES DE ROME
Rome, 20 février.
. Aujourd'hui, anniversaire de sonélec-
! tion, le Saint-Père a voulu inaugurer la
nouvelle année de son pontificat par les
; encouragements qu'il a prodigués à une
: œuvre de foi et de piété. C'est l'œuvre
! des zélatrices du Cœur- de Jésus, orga-
! nisées en cercle catholique dans la pa
roisse de Saint-Charles ai Catinari que
dirigent les Pères Barnabites. Le R. P.
Vitale, curé dé cette paroisse, accompa-
: gné du R. P. Moretti, également de la
i congrégation des Barnabites, a présenté
= les dames zélatrices du Sacré-Cœur à
l'audience pontificale. Elles y avaient ap
porté une riché offrande pour le denier
: de Saint-Pierre et d'autres dons destinés
aux églises, pauvres. Le Pape en a été
très touché et il a affectueusement béni
toutes les donatrices, les encourageant à
travailler assidûment à la propagation du
culte du Cœur de Jésus et à se dévouer
; aussi aux autres œuvres de religion dont
là paroisse de Saint-Charles ai Catinari
est à Rome l'un des ardents foyers. Le
Souverain Pontife en a vivement félicité
aussi les PI?. Barnabites qui dirigent
cette paroisse et qui s'inspirent si ; bien
des exemples de leur fondateur le Bien
heureux Zaccaria, auxquels vont être dé
cernés les honneurs de la canonisation.
Aujourd'hui également le Saint-Père
a reçu en audience particulière S. A. le
prince Henri VII de Reuss, accompagné
de la princesse sa femme.
L'honneur de l'audience pontificale a
été aussi accordé aujourd'hui au Rme P.
abbé de , Hemptine, primat des Béné
dictins. "
Çà et là
UNE INVENTION GÉNIALE
(Notice ultra-fantaisiste).
Au nombre de mes amis-, qui sont, si
je ne m'abuse, moins rares que ceux de
ce pauvre Socrate, se trouve un sympa
thique Carcassonnais de vingt-cinq ans,
d'allures élégantes et de noble origine.
—■ Sa famille remonte aux croisades par
une chaîne où il y a malheureusement
quelques anneaux brisés. — En sa qua
lité de docteur en droit, cet avisé méri
dional s'occupe principalement de re
cherches scientifiques, qui lui ont déjà
valu quelque notoriété.
Afin de n'être pas soupçonné d'un vul
gaire souci de réclame au moment où je
me prépare à vous exposer les résultats
d'une des plus belles et dés plus récentes
inventions de mon ami, j'appellerai tout
simplement celui-ci M. X... D'ailleurs
cette transparente initiale le désigne suf
fisamment. ;
Donc ce Carcassonnais philanthrope a
été ému comme tant d'autres des souf
frances morales auxquelles sont soumis
les malheureux frappés de cécité, plon
gés dans l'incurable ennui de ténèbres
sans fin. Et il a imaginé de fonder un
« cabinet de lecture pour aveugles ». Il
ne s'agit pas, ainsi qu'on .pourrait le
croire au premier-abord, d'une biblio
thèque cppaposée d'éditions pointillées
comme celles dont les modernes frères
en infortune de l'immortel Homère font
depuis longtemps .usage. Il faut trop de
place pour loger ces gros livres. Le loyer
ruinerait les sociétaires. Mon ami a des
procédés beaucoup plus modernes... et
peut-être — disons-le tout.bas. —s un peu
moins pratiques.
L'établissement pour la fondation du
quel il émet à l'heure actuelle des actions
se composera essentiellement d'un em
ployé ou d'une,employée... d'un phono
graphe et d'un local (naturellement). Le
premier ou la première devra posséder
une voix très claire (et cette condition
exclura tout d'abord la candidature des
dames téléphonistes). Il ou elle aura pour
mission de lire successivement dans l'ori
fice de l'appareil d'Edison le texte des
ouvrages les plus divers, de telle sorte
que,sur les feuilles métalliques destinées
à enregistrer les vibrations, viendront
s'imprimer tour à tour l'Ile mystérieuse
de Jules Verne. le Maître de F*rges de
Georges Ohnet ou le Voyage du Jeune
Anacharsis.-r '■
Tout aveugle abonné possédera un au
tre phonographe dans lequel il placera
les rouleauxreprésentant chaque volume.
Un petit tour de manivelle... et les héros
des Voyages extraordinaires ou. les sym
pathiques ingénieurs de M. Ohnet pas
seront sinon devant les yeux, au moins
dans l'esprit des lecteurs transformés en
auditeurs.
Vous formulerez sans doute une objec
tion que je me suis déjà posée moi-même
et qui, je l'avoue, m'a détourné jusqu'à
présent de prendre des actions dans l'af
faire. Les aveugles qui pourront s'offrir
le luxe d'un phonographe et d'un abonne
ment — dont le prix sera assez élevé,
étant donné les frais de l'entreprise —
seront nécessairement peu nombreux. Et
de plus, ils seraient à même de payer les
honoraires d'un lecteur qui aurait la
voix moins fêlée que la majorité des
« tables parlantes ». Les clients risquent
donc d'être fort clairsemés.
Il y a là un écueil contre lequel l'entre
prise de M. X... viendra s'échouer peut-
être. Mais si l'on pensait tout de suite
aux difficultés, on ne ferait jâmais rien 1
de nouveau. La crainte des déraillements
n'a pas arrêté l'inventeur de la locomo
tive, et la peur des naufrages n'a pas
émpêché d'aller sur l'eau le • personnage
intrépide autant qu'anonyme dont parle
Horace, et qui avait autour de la poitrine
« un triple airain »—ce qui, en cas d'ac
cident, l'eût gêné considérablement pour
nager.
D'ailleurs mon ami X... a plusieurs
cordes à son arc. Et si son premier pro
jet ne réussit pas, il se rejettera sur un
autre tendant à organiser des concerts
pour sourds-muets, ou sur un troisième
qui créerait des courses de paralytiques,
rappelant les steeples-chases de jambes
de.bois, lesquels sont l'une des grandes
attractions de Nogent-sur-Marne. Je
vous exposerai peut-être ces projets un
autre jour, et vous pourrez constater que
M. X... n'est jamais à court d'idées. Seu
lement il y' a des gens grincheux qui
trouvent que ses idées sont plutôt bizar
res... ' ' ■
Joseph L egueu.
EN ORIENT
Il est grandement à désirer que
l'importante discussion qui va s'ou
vrir aujourd'hui à la Chambre des
députés sur la question d'Orient,
fassela lumière sur l'état.réel des
choses ; il faut surtout .souhaiter
que les déclarations -du gouverne
ment nous ouvrent dés s perspecti
ves rassurantes ; car, à en juger d'a
près les informations données par les
journaux et les agences, il semble
que, loin de s'éclaircir, la situation
s'embrouille.
Il parait certain, en effet, que la
proposition faite par lord Salisbury
de commencer par régler d'un com
mun accord le sort futur de la Crète,
a produit une scission parmi les
grandes puissances, l'Allemagne et,
dit-on,l'Autriche, étant au contraire
d'avis qu'il faut, avant toute autre
question, obliger la Grèce à retirer
ses troupes de Crète et à rentrer
dans le respect du droit des gens.
En regard de cette situation il
faut placer une déclaracion officielle
du roi Georges que nous fait connaî
tre une analyse publiée par le jour
nal officiel d'Athènes, VAsty ; décla
ration dans laquelle le roi des Hel
lènes affirme sa ferme volonté de
poursuivre, par tous les moyens,
l'union de la Crète à la Grèce, et
annonce qu'il a donné à son repré
sentant militaire dans l'île, le colo
nel Vassos, des instructions préci
ses et définitives à ce sujet.
C'est évidemment pour se con
former à ces instructions, que le
colonel Vassos travaille, par une
action à la fois militaire et adminis
trative, à rendre cette annexion ef
fective. .
Mais pendant ce temps, des vo
lontaires grecs et crétois, à ce que
l'on prétend, ont poussé une at
taque, aux environs de la Canée,
contre des positions que couvraient
les pavillons des grandes puissan
ces, si bien que des vaisseaux an
glais, italiens, russes et allemands
ont bombardé le camp occupé par
ces volontaires. •
Enfin,à Constantinople,le gouver
nement ottoman aurait insisté au
près des ambassadeurs des grandes
puissances sur la difficulté ae main
tenir la fiction de l'état de paix en
présence de là conduite du gouver- «
nement hellénique, celui-ci conti
nuant de prendre des mesures mi
litaires d'un caractère offensif sur
les frontières de Thessalie, et en
Crète, assaillant les troupes turques
qui y tiennent garnison.
On le voit, la marche des faits
n'a rien de rassurant ; l'enchevêtre^
ment des complications diploma
tiques et militaires devient tel, que
les solutions pacifiques paraissent
de jour en jour plus difficiles. Ce
pendant il n'y a point lieu de déses-
{)érer encore du maintien de la p^ix;,
'imminence et la grandeur du péril
que ferait courir à l'Europe le dé-
enaînement de la guerre en Orient
peuvent, au dernier moment, im-,
pressionner les gouvernements res
ponsables au point qu'ils finiront
par s'accorder sur la solution pos
sible et nécessaire.
■ ■ ■■ F. L. .
Hier dans un article du Matin, M.
Cornély, s'occupant des manifesta*
tions en l'honneur et en faveur des
Grecs, les raillait avec bonne hu
meur. Il les donnait comme faites
par « quelques douzaines d'étu
diants poussant devant eux quel
ques centaines d'employés de com
merce ». Il aurait pu y ioindre quel
ques centaines aussi ae tapageurs
professionnels et de badauds, ce
fond et cette force de toute mani
festation qui s'organise dans le but
d'aller crier quelque chose quel
que part.
Il est certain que les manifestants
convaincus n'étaient pas nombreux
et que « l'opinion publique ne s'est
guère émue de leurs appels. Il con
vient de le constater. Cela ne prouve
pas, Dieu merci, que la France soit
indifférente à ce qui se passe là-
bas, mais cela montre que l'horreur
dont elle est pénétrée pour le Turc
ne va pas jusqu'à lui faire désirer
qu'on pousse tout de suite lés cho
ses à l'extrême. Le gouvernement
garde sa liberté d'action.
Non, il'n'y a pas d'agitation, et il
s'en faut même de beaucoup que là
où l'on a manifesté, crié, là même
où l'on s'est bousculé, les choses
aient été poussées aussi loin que
quelques journaux l'ont dit. Il suffit
pour en être convaincu d'opposer les
uns aux autres les journaux les
Çlus engagés dans le mouvement.
ous sont portés à grossir les faits,.
mais ils n f ont pu s'entendre jpour
les grossir dans les mêmes propor
tions. Notez que l'on peut en toute
sécurité réduire sur ceux qui di
sent le moins.
Comme exemple de la différence
de ces témoignages oculaires et au
riculaires, citons, au sujet de la con
duite des sergents de ville sur le
même point, la Libre Parole et l'Au
torité, toutes deux très manifes
tantes.
Nous sommes au quartier latin,
près de la terrasse d'un café. Enten
dons l'Autorité :
On pouvait espérer que, grâce à l"a ttitude
calme des agents, la soirée se terminerait,
de ce côté,sans événement fâcheux, quand,
à dix heures et demie, quelques cris de :
« Vive la Grèce ! » étant partis des terrasses
, FEUILLETON -Dii L,'UNI VERS
du 23 février 1897 *.
CAUSERIE LITTÉRAIRE
Histoire de la persécution religieuse
- dans le département de Saône-et-
Loire (1789-1803) (i).
— "--I
M; Tainè a fait sur la Révolution un
livre admirable ; il n'a pas fait l'histoire
de la Révolution. Des Histoires de la Ré->
volution française, nous en avons beau
coup, mais aucurie'où lés divers côtés du
sujet' soierit'iraités avec les développe
ments nécessaires. C'est ainsi, par exem
ple, que dans toutes la question religieu
se est* simplement indiquée, effleurée à
peine, et pourtant c'est elle qui domine
ici toutes les autres. Si la Révolution fut
antihionârclïiqîie, èllé- fut surtout anti
chrétienne. Son œuvre capitale fut de
chasser et de tuer les prêtres, de fermet
et de profaner les églises, de violenter
avec fureur l'âme de la France pour lui
arracher la foi catholique. Pour' mettre
dans tout son jour le caractère propre et
spécial à to,us les hommes de. la Révo
lution, la haine de Dieu et de son Eglise,
il ne suffit pas de raconter les massacres
(1) Recherches historiques sur la persé
cution religieuse dans le département de
Saône-et-Loire pendant la Révolution
(1789-1803). r-,Tome premier : l'Arrondisse-
ment de Chalon, par M. l'abbé Bauzon ;
tome second : l'Arrondissement d'Autun,
par M. l'abbé Paul Muguet. Deux volumes
grand inr8° de 944 et 776 pages. — L. Mar
ceau, imprimeur-éditeur à Chalon-sur-
Saône, 1897. ;
des Carmes et de consacrer quelques li
gnes à la déportation des prêtres à l'île
de Ré, à l'île d'Qléron ou à la Guyane* Il
faut entrer dans le vif de la persécution,
dans les détails circonstanciés des meur
tres» des incarcérations, des pillages,
nommer les lieux précis, les théâtres de
ces atrocités, signaler le courage, l'intré
pidité des victimes, la foi : héroïque des
martyrs. .
La vie d'un homme ne saurait, sans
doute suffire-'à* une telle tâche. .Besoin
est donc que l'histoire locale précède ici
l'histoire générale. C'est pourquoi, l?on
ne saurait.trop encourager les écrivains
qui, dans plusieurs de nos diocèses, ont
entrepris de suivre pas à pas nos glo
rieux martyrs, de recueillir un à un, dans
chaque paroisse, les faits et les souvenirs
de cette terrible époque. Quand ces mo
nographies diocésainès seront terminées ;
quand, d'autre part, l'histoire de tçms les
tribunaux révolutionnaires, des commis
sions militaires et des représentants en
mission aura été patiemment et longue
ment écrite, alors seulement on pourra
songer à faire une. histoire sincère et
complète de la Révolution française.
Alors seulement, après cet admirable
M. Taine, Tacite pourra venir. " '
Grâce à Dieu, en ce qui touche plus par
ticulièrement la persécution religieuse,
l'œuvré a faire est aujourd'hui en bonnè
voie. lia Bourgogne et la Franche-Comté
ont ici l'honneur dé marcher "en tête db
nos autres provinces,
Un "courageux érudit, que l'on ne sau
rait trop proposer' en exemple, M. Jules
Sauzay, a publié, voici déjà plusieurs an
nées, l'Histoire de la persécution révo
lutionnaire dans le département du
Doubs. Son ouvrage ne forme pas moins
de douze volumes in-18.
Ce que M. Sauzay a fait pour le Doubs,
deijx prêtres éminents, M. l'abbé Bauzon
et M. l'abbé Muguet, ont entrepris de le
faire'pour le département de Saône-et-
Loire. Le premier a consacré à l'arron
dissement de Chalon un volume grand
in-octavo.de près de mille pages, et on
nous promet un volume supplémentaire.
De même, pour lïarrondissement d'Autun,
M. l'abbé Muguet vient de publier un vo
lume de 800 pages, qui sera lui-même
suivi; d'un second. Viendront ensuite,
avec les mêmes développements, les ar
rondissements de Mâcoii, de Louhans et
de Charolles.
De tels ouvrages, ainsi nourris de toute
sorte d'informations, ; de faitsj de dér
tails, de documents et de textes, ne se
peuvent analyser. Il me suffira d'indi
quer le plan suivi;-par nos deux au
teurs., ■ .«,• ■ « ■ .... ■■
II
En 1867, Mgr de Marguerye, êvèque
d'Autun, donna pour sujets de conféren
ces, en' chaque archiprétré,' l'histoire
même de cet archiprétré, pendant la pé
riode révolutionnaire de 1789 à 1802.
Voici le programme même de ces con
férences et les considérants qui le précè
dent : .
« Il serait très important p«ur l'his
toire ecclésiastique du diocèse d'Autun
pendant la Révolution, dé recueillir
toutes les traditions, tous les souvenirs
se rattachant soi't aux personnes, soit
aux monuments. Différer plus longtemps
ce travail serait' s'exposer à tout laisser
perdre dans l'oubli. C'est pourquoi les
conférences historiques de l'année 1867
auront pour objet ceite étude si* intéres
sante. Mais un travail de cette nature
exigé de longues et minutieuses recher
ches. Nous avons donc pensé que les
questions devaient être posées ét les
rapporteurs désignés longtemps à l 'a
vance. En conséquence, MM. les archi-
prêtres feront choix, à la conférence du
mois de juin, de deux ecclésiastiques
chargés de traiter les questions ci-des-
aous indiquées. Ils auront ainsi plus de
temps pour recueillir tous les éléments
de ce travail auquel noms attachons le
plus grand prix/
- « 1° Quelle a été, dans votre archipré
tré, la conduite des prêtres et des. fidèles
à l'époque de la grande Révolution ?
« 2° Avez-voua quelques traditions sur
nos prêtres, confesseurs de la foi ?
« 3° A-t-on gardé le souvenir de quel
que trait éclatant de la justice de Dieu ?
« 1° Quels étaient les édifices et les éta
blissements religieux existant dans votre
archiprétré à l'époque de la'grande Ré
volution ? Eglises,monastères, hôpi
taux, — lieux de pèlerinage,.—- autres
établissements.
« Evénements et traditions se rappor
tant à chacun de ces monuments.
«2? Que reste-t-il, de ces. édifices ou
établissements religieux ? »
Selon le désir exprimé par Mgr .de Mar
guerye, deux prêtres de chaque canton
furent désignés pour répondre aux ques
tions précitées.
A cette époque — 1867 — vivaient en
core plusieurs vieillards contemporains
de la Révolution. Leiirs récits, bién que
souvent vagues et incohérents, n'étaient
point sans intérêt et sans quelque sé
rieuse garantie. Ces vieillards furent in
terrogés, leurs dépositions furent accueil
lies, selon le degré de confiance qu'elles
pouvaient mériter. .
A la jnême 1 époque vivaient aussi un
assez grand nombre de prêtres dont l'en
fance et la jeunesse s'étaient passées
dans la compagnie des confesseurs de la
foi. Quel témoignage plus sûr que le té
moignage de ces prêtres ? Ils touohaient,
pour ainsi dire, au temps de la Révolu
tion et en tenaient l'histoire de la bouche
même des ecclésiastiques victimes de la
persécution. Ces anciens du sanctuaire
furent priés de consigner par écrit tout
ce qu'ils pouvaient savoir.
On interrogea les monuments écrits de
la période révolutionnaire. Archives dé
partementales et municipales, greffes
des tribunaux, livres d'écrau des prisons,
délibérations des sociétés populaires,
registres officiels de l'évêché, lettres par-
culières, notes et récits des confesseurs
de la foi... Toutes ces preuves indénia
bles des événements furent sérieusement
étudiées. Dix prêtre?, nommés par l'au
torité épiscopale, furent spécialement
chargés de recueillir dans les dépôts d'ar
chives, à Mcâcon, à Autun et en chaque <
chef-lieu d|arrondissement, les docu
ments écrits pouvant se rapporter à l'his
toire religieuse du diocèse.
Renseignements traditionnels, docu
ments historiques de premier choix af
fluèrent de toutes parts, et l'on peut dire
que le clergé du diocèse tout entier
préparâmes matériaux de cette histoire.
Le premier volume, publié en 1889 et
consacré à l'arrondissement de Chalon-
sur-Saône, avait pour auteur M. l'abbé
Bauzon, curé de Saint-Jean-des-Vignes,
que la mort est venue frapper ,au mo
ment où il entreprenait le même travail
pour l'arrondissement d'Autun. Pour ce
dernier arrondissement, l'œuvre inter
rompues été reprise et continuée avec
autant de zèle que de talent par M.
l'abbé Muguet.
En 1789, Chalon et Autun formaient
deux diocèses distincte. L 'éYêque de
Chalon était Mgr du Chilleau, ancien
aumônier de la reine Marie Leczinska et
de la reine Marier-Antoinette, prélat émi-
nent, dont les vertus égalaient la science,
et qui mourut en 1824 archevêque de
Tours. L'évêque d'Autun était Charles'-
Maurioe de Talleyrand. Il suffit- de le
nommer.
Par la loi du 22 décembre 1789 et la
Constitution du 3 septembre 1791, le
royaume fut divisé en départements. Les
villes d'Autun et de Chalon firent partie,
toutes les deux, du même département,
celui de Saône-et-Loire. Il leur fallut
se contenter du titre de chef-lieu d'ar
rondissement. Le chef-lieu du dé
partement fut Mâcon. Conserveraient-
ejiles au moins, l'une et l'autre, leur évêr
ché ? — Aux termes de la Constitution
civile, du clergé, votée le 12 juillet 1790,
les circonscriptions diocésaines furent
modifiées. Chaque département devait
former un diocèse. Il y eut donc un évê-
ché de. Saône-et-Loire. Mâcon, Chalon
et Autun demandèrent que le siège de
l'évêché nouveau leur fût attribué. Autun
l'emporta, et plus tard le Concordat ra
tifia cette mesure.
Mgr du Chilleau refusa de donner sa
démission ; mais il fut bientôt forcé d'é-
migrer. Quant à Talleyrand, nommé, au
mois de janvier administrateur du dé
partement de Paris, il s'empressa d«
.donner sa démission d'évêque d'Autun.
Cette démission n'étant point présen
tée à l'acceptation du Souverain Pontife
était nulle de plein droit, et par consé
quent ne pouvait opérer la vacance du
siège. Un nouvel évêque, cependant, fut
donné, non point au. diocèse d'Autun,
mais au département de Saône-et-Loire.
Au mois de février, 1791, des électeurs
civils, venus à Mâcon de tous les points
du département, choisirent pour évêque #
Jean-Louis Gouttes, me.mbre de l'Assem-
\
Le taux de reconnaissance estimé pour ce document est de 98.0%.
En savoir plus sur l'OCR
En savoir plus sur l'OCR
Le texte affiché peut comporter un certain nombre d'erreurs. En effet, le mode texte de ce document a été généré de façon automatique par un programme de reconnaissance optique de caractères (OCR). Le taux de reconnaissance estimé pour ce document est de 98.0%.
- Collections numériques similaires Aloïsio Nicolas Aloïsio Nicolas /services/engine/search/sru?operation=searchRetrieve&version=1.2&maximumRecords=50&collapsing=true&exactSearch=true&query=dc.subject adj "Aloïsio Nicolas "Lettres Lettres /services/engine/search/sru?operation=searchRetrieve&version=1.2&maximumRecords=50&collapsing=true&exactSearch=true&query=dc.subject adj "Lettres " Argelati Philippe Argelati Philippe /services/engine/search/sru?operation=searchRetrieve&version=1.2&maximumRecords=50&collapsing=true&exactSearch=true&query=dc.subject adj "Argelati Philippe " Argenson Marc Pierre comte d' ministre de la Guerre Argenson Marc Pierre comte d' ministre de la Guerre /services/engine/search/sru?operation=searchRetrieve&version=1.2&maximumRecords=50&collapsing=true&exactSearch=true&query=dc.subject adj "Argenson Marc Pierre comte d' ministre de la Guerre "
- Auteurs similaires Aloïsio Nicolas Aloïsio Nicolas /services/engine/search/sru?operation=searchRetrieve&version=1.2&maximumRecords=50&collapsing=true&exactSearch=true&query=dc.subject adj "Aloïsio Nicolas "Lettres Lettres /services/engine/search/sru?operation=searchRetrieve&version=1.2&maximumRecords=50&collapsing=true&exactSearch=true&query=dc.subject adj "Lettres " Argelati Philippe Argelati Philippe /services/engine/search/sru?operation=searchRetrieve&version=1.2&maximumRecords=50&collapsing=true&exactSearch=true&query=dc.subject adj "Argelati Philippe " Argenson Marc Pierre comte d' ministre de la Guerre Argenson Marc Pierre comte d' ministre de la Guerre /services/engine/search/sru?operation=searchRetrieve&version=1.2&maximumRecords=50&collapsing=true&exactSearch=true&query=dc.subject adj "Argenson Marc Pierre comte d' ministre de la Guerre "
-
-
Page
chiffre de pagination vue 1/4
- Recherche dans le document Recherche dans le document https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/search/ark:/12148/bpt6k709410g/f1.image ×
Recherche dans le document
- Partage et envoi par courriel Partage et envoi par courriel https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/share/ark:/12148/bpt6k709410g/f1.image
- Téléchargement / impression Téléchargement / impression https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/download/ark:/12148/bpt6k709410g/f1.image
- Mise en scène Mise en scène ×
Mise en scène
Créer facilement :
- Marque-page Marque-page https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/bookmark/ark:/12148/bpt6k709410g/f1.image ×
Gérer son espace personnel
Ajouter ce document
Ajouter/Voir ses marque-pages
Mes sélections ()Titre - Acheter une reproduction Acheter une reproduction https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/pa-ecommerce/ark:/12148/bpt6k709410g
- Acheter le livre complet Acheter le livre complet https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/indisponible/achat/ark:/12148/bpt6k709410g
- Signalement d'anomalie Signalement d'anomalie https://sindbadbnf.libanswers.com/widget_standalone.php?la_widget_id=7142
- Aide Aide https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/aide/ark:/12148/bpt6k709410g/f1.image × Aide
Facebook
Twitter
Pinterest