Titre : L'Univers
Éditeur : L'Univers (Paris)
Date d'édition : 1897-02-18
Contributeur : Veuillot, Louis (1813-1883). Rédacteur
Contributeur : Veuillot, Pierre (1859-1907). Rédacteur
Contributeur : Veuillot, François (1870-1952). Rédacteur
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34520232c
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 18 février 1897 18 février 1897
Description : 1897/02/18 (Numéro 10623). 1897/02/18 (Numéro 10623).
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse Collection numérique : Bibliographie de la presse
Description : Collection numérique : BIPFPIG44 Collection numérique : BIPFPIG44
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k7094051
Source : Bibliothèque nationale de France
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 06/02/2011
Jeudi 16 Février 1897
Edition quotidienne."— 10,623
L
i
Jeudi 13 Février 1897
ÉDITION QUOTIDIENNE
PARIS
ET -DÉPARTEMENTS
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LE MONDE
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L'UNIVERS ne répond pas des manuscrits qui lui sont adressés
ANNONCES
MM.. LAGRANGE, CERF et Ci». 6, place de la Bourse
PARIS, 17 FÉVRIER J897
SOMMAIRE
Les processions.... François Veuillot.
Le Livre jaune . .... . F. Levé. %
A la Chambre - Gabriel de Trioks.
An Sénat. j. Mantenay.
En Allemagne, i.... L. I.
Diana Vaughan. .. . Eugène Tavernier.
Correspondance ro- " '
Au théâtre........... H. D.
Nouvelles agricoles. A. de Villiers de
L'Isle-Adam.
Bulletin du jour. —Nouvelles de Rome. —
A la Gazette de France. — Une lettre de
M. de Coubertin. — Religieuse décorée.
Informations politiques et parlemen-
' taires. — Le Livre jaune. — Arméniens
et Crétois. — A travers la presse.— Une
manœuvre maçonnique. Chronique. —
Lettres, sciences et.arts.—-La question
ouvrière. — Dans le Sud-Oranais. — En
Alsace-Lorraine. —. Les affaires de Crète,
r—Dépêches de l'étranger. — La peste.
— Echos de partout. — Réunion des étu
diants. —• /Nécrologie. — Tribunaux. —
Les inondations.—Nouvellès diverses.—
Calendrier. — Tableau et bulletin de la
Bourse. — Dernière heure. ■ '
LES PROCESSIONS
Nous avons résumé hier les deux
arrêts rendus par la Cour de cassai
tion sur les procès de Reims et de
Poitiers, annulant celui-ci, confir
mant celui-là ; déclarant que le juge
de paix de Reims a bien fait de con
damner les .pèlerins du Centenaire
et décidant que lè tribunal de Poi
tiers a eu tort de frapper les orga
nisateurs d'une procession pure
ment «Olaïque». ,
' Nous ne voulons pas, iGi, traiter
la^ question des processions, en gé
néral. On connaît notre opinion sur
ce.poirit. On sait notre pensée sur
l'abusive interdiction, par certains
conseils municipaux, des proces
sions waies ; nous n'avons eu que
trop souvent l'occasion d'exprimer
notre avis sur les jugements rendus
contre des curés, qui,, le jour de
la Fêté-Dieu, sortaient de leur église;
en (dépit d'arrêtés sectaires et plus
ou moins légaux. Nous n'y revien
drons pas. Au reste, il s ? agit main
tenant d'une autre question. ■ i'
A côté" des processions vraies, plu
sieurs "municipalités et divers tri
bunaux, inspirés de la passion anti
cléricale et transformant en lois
leurs désirs (Je combattre l'Eglise,
ont voulu étendre à quelques mani
festations religieuses, mais point
liturgiques; les arrêtés pris contre
les processions elles-mêmes.
Ainsi, à: Poitiers, de nombreux
laïcs,marchant en ordre, élevant des
bannières et chantant des cantiques;
avaient parcouru la cité, de paroisse
en paroisse, et, devant chaque
église, • ils avaient reçu, du prêtre
resté sous le porche, 'une solennelle
bénédictiôn. " — C'est une proces
sion, a jugé le tribunal de Poitiers ;
et plusieurs de ceux qui y avaient
pris'part, ont été condamnés.
, 'A Reims, lès pèlerins venus de
Paris s'étaient rendus de la gare à
la» cathédrale; en groupe compact
et bannières déployées ; d'ailleurs,
ils ne chantaient point de cantiques
et, au milieu d?eux, les prêtres diri
geant le pèlerinage étaient simple
ment en sbutane et ne portaient
ni surplis, ni le moindre ornement,
r— C'est une procession, a déclaré le
juge de paix de Reims ; et les orga
nisateurs de « la procession » ■ se
sont vus frappés d'iitoe amendé.
Eh bien, d'après la jurisprudence
établie maintenant par la Cour de
cassation, la démonstration de Poi
tiers n'est'pas une procession ; mais
le cortège de Reims en est une.
Du premier "dés deux arrêts, il
faut vivemërït" nous féliciter. C'est
un triomphe important que remporte
le droit contreî'eâprit sectaire. '
Mais il faut constater que l'esprit
sectaire a peut-être obscurci le
sentiment duvdroit, dans l'arrêt con
firmant le jugement.de Reims.
Comment ? les pèlerins de. Reims
étaint en procession? Mais qu'est-
ce donc, alors, qu'une, procession?
Poui* répondrë èn 'cë point, n'écou
tons pas lé bon sens populaire;' on
nous répondrait que la Cour su->
Erême à; le: droit, planant sur: les
auteurs, de rompre, s'il lui plaît;
avec le sens commun. Interrogeons
{)lutôt les deux grands maîtres du
angage. Une • procession, répond
l'Académie, est une « cérémonie re
ligieuse conduite par des ecclésias
tiques, des religieux, etc., qui mar
chent en ordre, récitant des prières ou
chantant lés louanges de Dieu ». —
« Procession, déclare à son tour
Littré, marche solennelle du clergé
"etdii peuple,'qui se fait dans l'inté
rieur çle : l'église. ou au, dehors, en
chantant des hymnes,des psaumes ou
des litanies.» • '
Or, les pèlerins de Reims, se diri
geant, eh groupé' ; compact, de la
gare à la cathédrale, n'accomplis
saient pas une cérémonie religieuse,
ne formaient pas une marche so
lennelle ,- ne récitaient pas de
prières, ne chantaient pas de canti
ques: N'est-ce pas, alors, , un
étrange abus, un intolérable excès
de pouvoir, que d'affirmer qu'ils
étaient en procession? Et, si l'on
nous répond que les tribunaux n'ont
pas à tenir compte, en leurs juge
ments, du sens reçu des mots, nous
ferons observer que cette réponse
établit une théorie singulièrement
dangereuse et peut permettre, à des
magistrats passionnés, les plus for
midables abus.
Mais enfin si la démonstration de
Reims est une procession, quel est
donc le traitparticulier qui, au rer
gard de la Cour de cassation, lui
donne ce caractère ? — La cour s'est
expliquée, sur ce point, par deux
consiaérants que nous avons cites
hier, que nous voulons reproduire
aujourd'hui: « Attendu, dit-elle, que
des prêtres marchaient en tête des
groupés delaïques et que, d'après les
documents visés dans la jugement,
Us avaient la direction du pèlerinage;
qu'il importe peu, dès lors, que le
cortège se soit dirigé silencieuse-
rrient vers la cathédrale, le groupe
ment des prêtres et des fidèles,
constituant une procession aux ter
mes de la loi... »
" Ainsi," des prêtres groupés avec
des fidèles, alors même que les pre
miers nè se font remarquer par au
cun ornement religieux, alors que
les seconds marchent eh foule et
non pas en rangs,— c'est une pro
cession ! Voilà, en vérité, une incon
cevable théorie. Rarement contra
diction plus criante a séparé l'in
terprétation d'un mot par Ta justice
et la définition de ce mot par les
grammairiens et l'opinion de tout le
monde: On avait cru jusqu'ici qu'une
procession était, par essence, une
cérémonie religieuse. Il faut ad
mettre à présent que des collégiens
conduits par des membres du clergé
forment une procession; car la dé
finition de la Cour suprême est ri
goureusement applicable à ce cas....
Mais il ne faut pas, aujourd'hui,
tomber dans un excès qui fut trop
souvent habituel; il ne faut pas, en
protestant contre la , suppression
d'une liberté, négliger de tirer parti
d'une liberté qui nous reste. A côté de
l'arrêt confirmant le jugement de
Reims, n'oublions pas l'arrêt cassant
la condamnation de Poitiers. Se pro
mener en bon ordre, en : chantant
des cantiques et en déployant des
bannières, s'arrêter devant une
église ouverte et recevoir la béné
diction' du Très Saint-Sacrement,
c'est un droit désormais reconnu
aux laïcs ; il faut en user partout où
l'esprit sectaire a interdit les pro
cessions: Les anticléricaux du lieu,
désarmés, liés par la jurisprudence
établie, seront contraints de nous
regarder faire, impuissants et fu
rieux. Allons jusqu'au bout de
nôtre droit.
Et puis, si quelques prêtres vont
plus loin* sortent de réglise et af
frontent les cinq francs d'amende
infligés par le code aux « viola
teurs » des petits arrêtés munici
paux, —ce n'est certes pas nous
qui lés en 1 blâmerons.
François V euillot.
BULLETIN DU JOUR
Les nouvelles de Crète sont meilleu
res. • '
Les puissances continuent à être d'ac
cord et l'occupation de. la. Canéepar des
détachements mixtes empêche- le corps
expéditionnaire : grec d'attaquer cette
vïlle$ ■ ~
D'autrepart, bienqueles relations en
tre la Turquie et la Grèce soient très
tendues, elles ne sont pas rompues.
Le Livre jaune, relatif aux affaires
d'Arménie, a été distribué hierauxmem-
bres du Parlement français. Nous en
avons donné l'analyse, hier, aux Der
nières Nouvelles et aujourd'hui nous en
publions de larges extraits..
La Chambre des députés a terminé
hier la discussion du,budget de 1897. Au
Sénat, maintenant, de voter la loi des
finances, mais la Haute Assemblée devra
se hâter si:elle veut éviter un' troisième
douzième provisoire : '
Les Espagnols viennent de remporter
un nouveau et . important succès aux
Philippines.
Hier, à Venise, la conférence sanitaire
internationale, a tenu sapremière séance.
La conférence,on se le rappelle,doit s'oc
cuper spécialement des mesures à pren
dre pour protéger l'Europe contre la.
peste.
NOUVELLES DE ROMÉ
Nous recevons la dépêche sui
vante : '
• " Rome, 17 février, 2 h. 15.
Le Souverain Pontife a reç.u aujour
d'hui, longuement.et .paternellement, M.
le comte Albert de Mun. . . . ,
Rome, 15 février.
Le Saint-Père a décidé de ne pas nom
mer pour le moment le cardinal pro-da-
taire qui devrait succéder au défunt car
dinal Bianchi. En attendant, Sa Sainteté,
par un motu-proprio, confie l'adminis
tration de la dajterie apostolique à une
commission cardinalice, chargée aussi
"d'y introduire d'utiles réformes en ce
qui concerne l'expédition des Bulles.
Cette commission se compose de LL.
EEm. les cardinaux Rampolla, Verga,
Aloisi-Masella et Oreglia. Le sous-da-
taire actuel, Mgr Àgapit Panici, reste en
fonctions et il est aussi nommé secrétaire
de la commission susdite.
— : Le XV" congrès général des catho
liques d'Italie vient d'être fixé à la fin du
mois d'août. Il aura lieu à Milan.
— Le congrès international des oeu
vres sociales catholiques à tenir en Ita
lie, d'après le projet de M. Ilarmel, aura
également lieu à Milan, à la mi-décem
bre. ■■ ■
A cette question de V Univers : pour
quoi les. journaux réfractaires n'appuie
raient-ils pas les candidats ecclésias
tiques ralliés à la République contre des
candidats sectaires ? la Gazette répond
en nous accusant d'impudence. Elle
ajoute :
Quelles raisons l'Univers avait-il naguère
pour appuyer des candidats plus ou moins
radicaux. ' fit franchement antichrétiens
contre des catholiques tels que MM. de La-
marzelle', Paul de Cassagnac, Le Provôst
deLaunay, etc.?
L'Univers n'a appuyé aucun candidat
radical ou antichrétien contre aucun
catholique, et n'a jamais dit un mot con
tre les candidatures de-MM. de Lamar-
zelle et Le Provost de Launay.
Quant à M. de Cassagnae, ce n'est pas
un radical que nous avons appuyé/contre
lui; c'est un vrai catholique, M. Laudet.
■ !Voilà ce que valent; en toute chose les
affirmations de la Gazette.
LE LIVRE JAUNE
Hier, comme M. Hanotaux l'avait
annoncé, on a distribué aux députés
et à la Presse le Livre jaune sur les
affaires d'Orient. Les nombreux do
cuments qu'il renfermé embrassent
plusieurs années et se rapportent
principalement aux massacres d'Ar
ménie et à la question des réformes.
L'impression causée par une prer
mière et rapide lecture, est des plus
pénibles ; on n'y trouve pas seule
ment la confirmation précisé, offi
cielle, des abominables violences
que le malheureux peuple arménien:
a dû souffrir de la part des Kurdes,
ses voisins, on y . voit encore la part
considérable qu'ont prise à ces pil
lages et à ces massacres les troupes
régulières et les agents du gouver
nement turc chargés de les répri
mer.
Il y a là une terrible preuve, soit
de complicité, soit d'impuissance.
Ainsi s'explique, au fond, l'inertie
du gouvernement ottoman, car s'il
est complice, il est évidemment
peu disposé à prêter les mains au
châtiment des coupables, et s'il est
impuissant, c'est peut-être une ex
cuse, mais alors, on a le droit de
dire qu'il est condamné. En effet,
quel compte peut-on faire d'un pou
voir public dont les agents mépri
sent à ce point son autorité qu'ils
prennent leur rôle à rebours et se
font les collaborateurs des pillards
et des assassins!
En regard de cet empire qui
s'effondre dans le sang et dans la
plus honteuse anarchie, le Livre
jaune nous apporte une autre cons
tatation qui n'est guère moins la
mentable ; c'est la stérilité des né-
fociations que poursuivent depuis
e longs mois'les représentants des
six puissances,pour obtenir du Sul
tan les réformes qui seules pour
raient rendré à sa domination quel
que raison d'être et quelque soli
dité. Là encore l'Europe chrétienne
se heurte .ou; à une intime mau
vaise volonté ou à une impuissance
absolue, mais qu'on ne veut pas
avouer parce qu'elle a probable
ment sa; source 'dans les occultes
suggestions du fanatisme musul
man.
Pendant ce temps, les six am
bassadeurs ont beau multiplier les
démarches et les objurgations, en
les accompagnant au témoigna^
de leur unanimité, le gouverner
ment turc répond évasivement ■ et
gagne du temps» pensant gagner
l'avenir, alors qu'il ne fait qu'accu
muler les éléments d'un dénoue
ment tragique. Il s'ingénie donc à
inventer d!es formules dilatoires
dans l'espoir que ce concert euro
péen, dont on essaie de lui faire un
épouvantail, finira par se dissou
dre : les Puissances ,■ pense-t-il,
peuvent ; bien se trouver d'accord
pour faire entendre des menaces,
mais ne sauraient s'accorder pour
ies mettre à exécution.
Il y a malheureusement beaucoup
de vrai dans cette appréciation et
dans ce calcul. Il est certain, en
effet* qu'aussi longtemps que les
grandes puissances ne seront pas
parvenues à établir une entente pré
cise et ; désintéressée qui leur per
mette de contraindre par la force
la Porte ottomane à l'exécution des
réformes promise^, elles ne feront
que monter la garde autour d'une
mine formidablement chargée, dont
l'explosion les précipitera tôt' ou
tara les unes contre les autres.
- . ■ - F. L.
P. S. Les nouvelles d'aujourd'hui
relatives à la Crète ne font que con
firmer celles . d'hier ; elles nous
montrent les forces européennes et
les troupes grecques en observation
mutuelle à l'égard les unes des au
tres. Tandis que des détachements
mixtes de marins français, russes,
anglais, italiens, autrichiens, oc
cupent la Canée, le commandant des
troupes helléniques, dans une pro
clamation adressée aux Crétois, dé
clare ouvertement qu'il est chargé
de prendre possession de l'île et d'y
établir un gouvernement régulier
au nom du roi Georges.
; —. 1—,—
A LA CHAMBRE
Le budget des finances.
Enfin ! nous voici parvenus au
terme \ de ce long et monotone
voyagé à travers des chiffres et des
amendements; tant bien que mal, le
budget de 1897 est équilibré ; il est
voté,, malgré les suprêmes efforts
des radicaux, et on n'aura à y reve
nir qxïe si le Sénat, pour faire acte
de puissance législative, croit de
voir y apporter quelque modifica
tion. t:
On •à, tout d'abord, discuté la
question de . la taxe militaire : M.
Bourgeois, de la Vendée, en récla
mait instamment la .suppression
immédiate; M. Gustave Ilivet de
mandait d ? en exempter tous les in
firmes indigents; M. Castelin est
au contraire partisan de cette taxe,
à condition qu'elle soit appliquée
avec sagesse et modération ; M.
Guillemet, enfin, proposait de di
minuer de mille francs, à titre d'in
dication, le chiffre prévu pour
l'exercice courant.
... Le gouvernement et la commis
sion ont accepté cette disposition
transitoire, et il est entendu que des
réformes seront incessamment pro
posées sur ce point.
Il restait à statuer sur le chapi
tre 25 réservé de la loi de finances
qui se présentait fortifié d'amende
ments, de projets de résolution et
d'articles additionnels; c'est là, en
effet, que devait se livrer la grande
bataille au sujet de la réforme ' de
l'impôt foncier.
MM. Goirand, Philipon et quel
ques'autres dégrèvent les proprié
tés non bâties jusqu'à concurrence
de 15 francs sur l'ensemble des co
tes, en ce qui concerne la part reve
nant à l'Etat ; M. de La Batut donne
un droit de réclamation à tous les
contribuables fonciers dont l'impo
sition dépasserait 4 0x0 du revenu-
de leur propriété ; M. Malzac trans
forme l'impôt foncier et le droit de
mutation, à titre onéreux, des pro
priétés non bâties en une taxe an
nuelle, appelée foncière et de trans
mission, et basée sur leur valeur
en capital ; M. l'abbé Lemire exempte
de la contribution foncière des pro
priétés bâties lés maisons qui béné
ficient des avantages des habitations
à bon : marché et qui sont possédées
et occupées par une famille ou par
un ménage ae Français ; le gouver
nement, enfin, a déposé, ces jours
derniers, plusieurs projets de loi
concernant la réforme de l'impôt
foncier.
La commission et le ministre des
finances ont demandé de ne pas re
tarder davantage le vote définitif du
budget et de remettre à plus tard
l'étude longue et difficile des di
vers systèmes proposés;.il était
spécifié que la réforme pourrait, en
tous cas, être appliquée dès le pre-
mier juillet prochain. , !
MM. Goirand et Philipon n'entenr
daient point de cette oreille et il-a
fallu perdre environ trois heures
pour savoir si on discuterait ou si
on disjoindrait.
M. Goirand a accusé le gouverne
ment défaire de l'obstruction; M.
Philipon à rappelé que la déclara
tion ministérielle du cabinet Méline
avait promis de comprendre dans le
budget de 1897 la réforme de l'impôt
foncier, et il en a pris texte pour
faire longuement ce qu'il â appelé
« lajDsychologie de ce document ».
M. Trouillôt lui-même a donné de sa
personne, et s'est montré sévère
pour un budget dont l'essentiel sera
négligé...
M. Cochery, M. Delombre, prési
dent de la commission, M. Méline
ont dû rappeler à la Chambre com-
biendedangers offre le système des
douzièmes ■ provisoires, et prouver
qu'il faudrait encore y avoir recours
si on ne séparait point du budget
courant l'examen d'une réforme très
importante et très complexe. -
y Après les péripéties au pointage,
la disjonction a été prononcée par
276 voix contre 257,. et l'ensemble
de la loi de finances par 447 voix
contre 44.
Ces 44 opposants prendront leur
revanche en interpellant ; dès jeudi*
c'est M. Jules ; Guesde qui ouvrira
le feu au nom des maîtres répéti
teurs.
Gabriel de T riors. •
AU SÉNAT
Les vins artificiels.
La loi sur les vins artificiels sem
ble avoir au Sénat le même sort que
la loi concernant la protection de la
santé publique. On discute pendant
de longues heures, on examine nom
bre d'amendements qu'on repousse
les uns après les autres et, finale
ment, on renvoie les articles à la
commission.
C'est ce qui s'est produit hier.
M. Monis a soutenu le texte adopté
par la Chambre des députés. M. Gi-
rault a défendu l'industrie des rai
sins secs : « Je bois ces vins-là!
s'est-il écrié, et je me porte fort
bien ! » On a ri. Quand on discute
une loi d'affaires au Luxembourg,
la grave assemblée saisit toutes.les
occasions de rire un brin.— « On
parle de vins artificiels, a ajouté
M. Girault, mais qu'est-ce qui n'est
pas artificiel à notre époque? —■
Même les vins naturels ! » a sou
ligné M. Buffet. Nouvelle hilarité.
Après un filandreux discours du
ministre Turrel qui a parlé, en
termes attendris, des bienfaits que
la viticulture recevra de la nouvelle
loi ;.après des observations de MM.
Demôle,de Lamarzelle et Bernard,on
a passé à la discussion des articles.
M. Diaucourt a présenté un amen
dement dont il a demandé modes
tement, non l'adoption, mais le ren
voi à la commission. Ce renvoi a
été repoussé par 144 voix contre
121; et c'est l'article I eir qui a été ren
voyé à la commission.
Cellerci, prise d'un beau zèle, à
alors sollicité, par l'organe de M.
Faye, une suspension de séance, de
façon à examiner illico l'article et à
rapporter un nouveau texte à la re-t
prise de la discussion ; mais les sér
nateurs étaient visiblement fatigués.
« A jeudi! A jeudi ! » ont crié des
voix nombreuses. Paternellement,
M. Loubet- a prononcé le renvoi à
cette date.
. Jeudi ou vendredi, la haute as
semblée se prononcera sur le cas
de M; Constans.Très probablement,
elle le proclamera élu. Il y aura du
monde ce jourrlà dans les tribunes
du Luxembourg. M. Constans fait
encore recette.
.. J. M aktenay.
EN ALLEMAGNE
Militarisme et socialisme. —Un ordre
de cabinet. — Indemnité parlemen
taire.
A propos du budget et notamment de
ce que, dans leur jargon, les Allemands
appellent militœr-Etat, on s'est une fois
de plus querellé ferme au Reichstag en
tre gouvernement et socialistes.
Les socialistes, dans le dessein d'ac
croître leur popularité, profitent réguliè-
rèment de l'occasion pour s'en prendre
au militarisme et à ses excès trop réels.
Le gouvernement de son côté a pris l'ha
bitude de faire son procès au socialisme,
ce qui lui est plus facile que de se justi
fier lui-même.
Si de la discussion jaillit la lumière,
ici il n'en est rien. La discussion n'a
éclairé ni convaincu personne. Le gour
vernement a son siège fait et les socia
listes ne se tiennent jamais pour battus.
Des deux côtés il y a un égal parti pris et
la même volonté de dénigrer, de décon
sidérer son adversaire. Il faut convenir
que tous deux peuvent se flatter d'y avoir
réussi.
Pour le gouvernement, l'armée est l'ar
che sainte à laquelle il n'admet pas qu'on
touche d'une main sacrilège. Faux point
d'honneur, duels entre officiers, traite
ments inhumains des « hommes », bru
talités à l'égard, des civils, tout cela est
défendu, encouragé avec plus ou moins
de cynisme par l'autorité militaire, ou
tout au moins excusé, présenté comme
choses anodines. Et ceux qui y trouvent
à redire sont traités d'antipatriotes, d'en
nemis de l'armée et du pays.
Pour les socialistes," l'armée est une
institution condamnée" à périr tôt ou tard.
Leur but évident est d'en inspirer l'aver
sion aux masses populaires et pour cela
ils recueillent avec soin les moindres faits
qui peuvent amener ce résultat ; ils les
grossissent, les exigèrent, les publient
dans leurs organes, les portent à la tri
bune du Reichstag, moins pour en em
pêcher le retour ou en obtenir la répres
sion que pour les jeter en. pâture à dès
millions de lecteurs et gagner ainsi des
adhérents.
Quand le gouvernement répond que le
socialisme est un fléau, un chancre -atta-,
ché auxflancs de la société, un ennemi de
l'ordre, il a grandement raison ; mais il
ferait mieux ae reconnaître les abus du
"militarisme, d'en déraciner les vices, ne
serait-ce que pour fermer la bouche aux
socialistes.
: Et quand les. socialistes dénoncent
bruyamment les attentats à la Brusewitz,
les infâmes traitements que les sous-
officiers infligent aux pauvres diables
placés sous leur coupe,, les honteuses
économiestfaites sur l'ordinaire du soldat,
ils n'ont certes pas tort. Mais ils'seraient
fort en peine le.joûr où toutes ces plaies
du 1 militarisme auraient disparu. Il ne
s'agit pas pour eux de remédier au mal,
ils sont bien aises de pouvoir l'exploiter
au profit de leurs malsaines doctrines et
de leurs criminels desseins.
Le militarisme et le socialsme s'accu
sent et ne se calomnient pas. On peut les
renvoyer dos à dos.
•
» «
Dans la presse allemande, on critique
fort un nouvel acte tout personnel et
très autoritaire de l'empereur Guil
laume II, à propos des fêtes qui doivent
solenniser le centenaire de la naissance
de Guillaume P r . Par un récent ordre de
cabinet ( cabinets-ordre, toujours en jar
gon du lieu), Guillaume II prescrit en
détail ce qui doit être fait à cette occa
sion. Les fêtes devront durer trois jours,
dont l'un sera consacré à des cérémonies
religieuses, le second à des solennités
scolaires, à des parades, à des banquets,
à des représentations théâtrales, le troi
sième à des réjouissances populaires.
O'est une vraie, consigne, consigne de
prier Dieu, consigne de banqueter, con
signe de danser. C'est beaucoup de con
signes, même dans le pays où fleurit le
militarisme. Les prédécesseurs de Guil
laume II n'auraient jamais eu l'idée de
réglementer à ce point. Ils se plaisaient
à laisser quelque chose à l'initiative pri
vée, à la spontanéité des sentiments et
à leur libre expression, d'autant plus
qu'en pareille matière,cela seul a du prix,
qui se fait sans contrainte. Les catho
liques surtout se montrent peu enthou
siastes du cabinets-ordre qui ne tient au
cun compte de l'épo.qqe où auront lieu les
fêtes, puisqu'on sera en plein carême. Ils
n'admettent pas d'ailleurs l'ingérence de
Guillaume II dans leurs cérémonies reli
gieuses. L'empereur est bien le summùs,
episcopus de l'Eglise évangélique et peut
commander aux pasteurs comme un
chef à ses subordonnés. Mais ce serait de
sa part une prétention excessive que d^rr
agir de même vis-à-vis des évêques et
des prêtres catholiques. Le programme
impérial court donc grand risque de su
bir de notables et légitimes modifica
tions.
Mieux inspiré que son fils, l'empereur
Frédéric, à la mort de Guillaume I"", di
sait à son peuple :
« Nous nous abstenons de rien pres
crire relativement au deuil -national, iai-
mant mieux laisser à chaque Allemand la
liberté de manifester ses sentiments. »
La joie, comme le deuil, n'a que faire.
d'une réglementation.
★
* *
Les. députés au Reichstag, on le sait,
ne reçoivent point de rétributions. Ainsi
l'avait voulu M. de Bismarck lorsqu'il
consentit à l'introduction du suffrage uni
versel, afin d'écarter de la Chambre tous
ceux qui n'avaient pas le moyen de vivre
de leurs rentes. M. de Bismarck se trom
pait, au moins dans une certaine mesure,
puisque la gratuité du mandat législatif
n'a pas empêché les socialistes d'envoyer
48 des leurs au Reichstag. Il est vrai que
ces 48 députés socialistes touchent une
indemnité qui leur est fournie par lat
caisse du parti. ;
Il est question en ce moment, parait-il,
d'un projet gouvernemental accordant
une indemnité aux membres du Reichs
tag. Si le fait est exact, il répondrait aux
désirs maintes fois exprimés par le
Reichstag et toujours repoussés jusqu'ici
parle gouvernement. Le Centre catholi
que notamment s'est à diverses reprises
prononcé en faveur d'une rétribution à
accorder aux députés du Reichstag,
comme elle existe pour les membres du
Landtag de Prusse et des différentes
diètes allemandes.
Dès maintenant, à la simple annonce
de ce. projet encore problématique, le
Volh de Berlin, une feuille protestante,
prétend savoir que le gouvernement,
pour plaire au Centre, aurait l'intention
d'y ajouter le retour des Jésuites, et que
le Centre aurait pris l'erigagemént de
voter le rétablissement du service trien
nal ainsi que l'augmentation de la
flotte ! .. . .
C'est là une pure calomnie que les or
ganes du Centre repoussent énergique-
ment. Le Centre ne se prête pas à un pa
reil mnrchandage, cela va sans dire, et il
faut toute... l'honnêteté d'un disciple de
Luthc r pour insulter de la sorte le parti
catholique... et le gouvernement. Car en
fin il faut croire, à l'honneur du gouver
nement prussien lui-même,que le rappel
des jésuites ne peut à ses yeux être su
bordonné à une complaisance de la part
du Centre. De telles suppositions ne sont
ipjurieuses que pour celui qui les fait.
L. I.
DIANA VAUGHAN
Mis en demeure. de fournir des
preuves, M. Taxil a èmployé son
procédé ordinaire ; il a posé des
conditions inacceptables et il a voulu
modifier le sujet du débat. Avant de
répondre, l'audacieux mystificateur
exigeait que la commission romaine
s'occupât de le réhabiliter. Ainsi la
question Léo Taxil aurait pris le pas
sur la question Diana Vaugh'an. ^
5 La commission romaine ne s'est
pas prêtée à cette fantaisie déri
soire. Alors, M. Taxil a fait sem
blant d'avoir offert une foulp de
preuves pour insinuer que ^com
mission avait refusé de les exami
ner. Il comptait ainsi se transformer
d'accusé en accusateur. •
En présence de cette nouvelle
attitude, nous avons demandé des
renseignements à Mgr Lazzareschi,
le président de la commission ro
maine. Le vénéré prélat fnous fait
l'honneur de nous adresser la. lettre
suivante : •
A M. Eugène Tavernier, rédacteur de
l'Univers, rue Cassette, il. ^
uniWe ant-imassonica
— Rome, 15 février.
Consiglio .......
Direttivo Generale
Monsieur,
Vous mè demandez s'il y a du vrai et
combien dans les affirmations de M. Léo
Taxil relatives à la promesse qui lui au
rait été faite d'être interrogé, à Paris,
par un délégué de la commission d'en-
Edition quotidienne."— 10,623
L
i
Jeudi 13 Février 1897
ÉDITION QUOTIDIENNE
PARIS
ET -DÉPARTEMENTS
Un an 40 »
Six mois.21 »
Trois mois.;... 11 »
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UN NUMÉRO | P ®r? s -V"........... 1Ç cent.
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L'UNIVERS ne répond pas des manuscrits qui lui sont adressés
ANNONCES
MM.. LAGRANGE, CERF et Ci». 6, place de la Bourse
PARIS, 17 FÉVRIER J897
SOMMAIRE
Les processions.... François Veuillot.
Le Livre jaune . .... . F. Levé. %
A la Chambre - Gabriel de Trioks.
An Sénat. j. Mantenay.
En Allemagne, i.... L. I.
Diana Vaughan. .. . Eugène Tavernier.
Correspondance ro- " '
Au théâtre........... H. D.
Nouvelles agricoles. A. de Villiers de
L'Isle-Adam.
Bulletin du jour. —Nouvelles de Rome. —
A la Gazette de France. — Une lettre de
M. de Coubertin. — Religieuse décorée.
Informations politiques et parlemen-
' taires. — Le Livre jaune. — Arméniens
et Crétois. — A travers la presse.— Une
manœuvre maçonnique. Chronique. —
Lettres, sciences et.arts.—-La question
ouvrière. — Dans le Sud-Oranais. — En
Alsace-Lorraine. —. Les affaires de Crète,
r—Dépêches de l'étranger. — La peste.
— Echos de partout. — Réunion des étu
diants. —• /Nécrologie. — Tribunaux. —
Les inondations.—Nouvellès diverses.—
Calendrier. — Tableau et bulletin de la
Bourse. — Dernière heure. ■ '
LES PROCESSIONS
Nous avons résumé hier les deux
arrêts rendus par la Cour de cassai
tion sur les procès de Reims et de
Poitiers, annulant celui-ci, confir
mant celui-là ; déclarant que le juge
de paix de Reims a bien fait de con
damner les .pèlerins du Centenaire
et décidant que lè tribunal de Poi
tiers a eu tort de frapper les orga
nisateurs d'une procession pure
ment «Olaïque». ,
' Nous ne voulons pas, iGi, traiter
la^ question des processions, en gé
néral. On connaît notre opinion sur
ce.poirit. On sait notre pensée sur
l'abusive interdiction, par certains
conseils municipaux, des proces
sions waies ; nous n'avons eu que
trop souvent l'occasion d'exprimer
notre avis sur les jugements rendus
contre des curés, qui,, le jour de
la Fêté-Dieu, sortaient de leur église;
en (dépit d'arrêtés sectaires et plus
ou moins légaux. Nous n'y revien
drons pas. Au reste, il s ? agit main
tenant d'une autre question. ■ i'
A côté" des processions vraies, plu
sieurs "municipalités et divers tri
bunaux, inspirés de la passion anti
cléricale et transformant en lois
leurs désirs (Je combattre l'Eglise,
ont voulu étendre à quelques mani
festations religieuses, mais point
liturgiques; les arrêtés pris contre
les processions elles-mêmes.
Ainsi, à: Poitiers, de nombreux
laïcs,marchant en ordre, élevant des
bannières et chantant des cantiques;
avaient parcouru la cité, de paroisse
en paroisse, et, devant chaque
église, • ils avaient reçu, du prêtre
resté sous le porche, 'une solennelle
bénédictiôn. " — C'est une proces
sion, a jugé le tribunal de Poitiers ;
et plusieurs de ceux qui y avaient
pris'part, ont été condamnés.
, 'A Reims, lès pèlerins venus de
Paris s'étaient rendus de la gare à
la» cathédrale; en groupe compact
et bannières déployées ; d'ailleurs,
ils ne chantaient point de cantiques
et, au milieu d?eux, les prêtres diri
geant le pèlerinage étaient simple
ment en sbutane et ne portaient
ni surplis, ni le moindre ornement,
r— C'est une procession, a déclaré le
juge de paix de Reims ; et les orga
nisateurs de « la procession » ■ se
sont vus frappés d'iitoe amendé.
Eh bien, d'après la jurisprudence
établie maintenant par la Cour de
cassation, la démonstration de Poi
tiers n'est'pas une procession ; mais
le cortège de Reims en est une.
Du premier "dés deux arrêts, il
faut vivemërït" nous féliciter. C'est
un triomphe important que remporte
le droit contreî'eâprit sectaire. '
Mais il faut constater que l'esprit
sectaire a peut-être obscurci le
sentiment duvdroit, dans l'arrêt con
firmant le jugement.de Reims.
Comment ? les pèlerins de. Reims
étaint en procession? Mais qu'est-
ce donc, alors, qu'une, procession?
Poui* répondrë èn 'cë point, n'écou
tons pas lé bon sens populaire;' on
nous répondrait que la Cour su->
Erême à; le: droit, planant sur: les
auteurs, de rompre, s'il lui plaît;
avec le sens commun. Interrogeons
{)lutôt les deux grands maîtres du
angage. Une • procession, répond
l'Académie, est une « cérémonie re
ligieuse conduite par des ecclésias
tiques, des religieux, etc., qui mar
chent en ordre, récitant des prières ou
chantant lés louanges de Dieu ». —
« Procession, déclare à son tour
Littré, marche solennelle du clergé
"etdii peuple,'qui se fait dans l'inté
rieur çle : l'église. ou au, dehors, en
chantant des hymnes,des psaumes ou
des litanies.» • '
Or, les pèlerins de Reims, se diri
geant, eh groupé' ; compact, de la
gare à la cathédrale, n'accomplis
saient pas une cérémonie religieuse,
ne formaient pas une marche so
lennelle ,- ne récitaient pas de
prières, ne chantaient pas de canti
ques: N'est-ce pas, alors, , un
étrange abus, un intolérable excès
de pouvoir, que d'affirmer qu'ils
étaient en procession? Et, si l'on
nous répond que les tribunaux n'ont
pas à tenir compte, en leurs juge
ments, du sens reçu des mots, nous
ferons observer que cette réponse
établit une théorie singulièrement
dangereuse et peut permettre, à des
magistrats passionnés, les plus for
midables abus.
Mais enfin si la démonstration de
Reims est une procession, quel est
donc le traitparticulier qui, au rer
gard de la Cour de cassation, lui
donne ce caractère ? — La cour s'est
expliquée, sur ce point, par deux
consiaérants que nous avons cites
hier, que nous voulons reproduire
aujourd'hui: « Attendu, dit-elle, que
des prêtres marchaient en tête des
groupés delaïques et que, d'après les
documents visés dans la jugement,
Us avaient la direction du pèlerinage;
qu'il importe peu, dès lors, que le
cortège se soit dirigé silencieuse-
rrient vers la cathédrale, le groupe
ment des prêtres et des fidèles,
constituant une procession aux ter
mes de la loi... »
" Ainsi," des prêtres groupés avec
des fidèles, alors même que les pre
miers nè se font remarquer par au
cun ornement religieux, alors que
les seconds marchent eh foule et
non pas en rangs,— c'est une pro
cession ! Voilà, en vérité, une incon
cevable théorie. Rarement contra
diction plus criante a séparé l'in
terprétation d'un mot par Ta justice
et la définition de ce mot par les
grammairiens et l'opinion de tout le
monde: On avait cru jusqu'ici qu'une
procession était, par essence, une
cérémonie religieuse. Il faut ad
mettre à présent que des collégiens
conduits par des membres du clergé
forment une procession; car la dé
finition de la Cour suprême est ri
goureusement applicable à ce cas....
Mais il ne faut pas, aujourd'hui,
tomber dans un excès qui fut trop
souvent habituel; il ne faut pas, en
protestant contre la , suppression
d'une liberté, négliger de tirer parti
d'une liberté qui nous reste. A côté de
l'arrêt confirmant le jugement de
Reims, n'oublions pas l'arrêt cassant
la condamnation de Poitiers. Se pro
mener en bon ordre, en : chantant
des cantiques et en déployant des
bannières, s'arrêter devant une
église ouverte et recevoir la béné
diction' du Très Saint-Sacrement,
c'est un droit désormais reconnu
aux laïcs ; il faut en user partout où
l'esprit sectaire a interdit les pro
cessions: Les anticléricaux du lieu,
désarmés, liés par la jurisprudence
établie, seront contraints de nous
regarder faire, impuissants et fu
rieux. Allons jusqu'au bout de
nôtre droit.
Et puis, si quelques prêtres vont
plus loin* sortent de réglise et af
frontent les cinq francs d'amende
infligés par le code aux « viola
teurs » des petits arrêtés munici
paux, —ce n'est certes pas nous
qui lés en 1 blâmerons.
François V euillot.
BULLETIN DU JOUR
Les nouvelles de Crète sont meilleu
res. • '
Les puissances continuent à être d'ac
cord et l'occupation de. la. Canéepar des
détachements mixtes empêche- le corps
expéditionnaire : grec d'attaquer cette
vïlle$ ■ ~
D'autrepart, bienqueles relations en
tre la Turquie et la Grèce soient très
tendues, elles ne sont pas rompues.
Le Livre jaune, relatif aux affaires
d'Arménie, a été distribué hierauxmem-
bres du Parlement français. Nous en
avons donné l'analyse, hier, aux Der
nières Nouvelles et aujourd'hui nous en
publions de larges extraits..
La Chambre des députés a terminé
hier la discussion du,budget de 1897. Au
Sénat, maintenant, de voter la loi des
finances, mais la Haute Assemblée devra
se hâter si:elle veut éviter un' troisième
douzième provisoire : '
Les Espagnols viennent de remporter
un nouveau et . important succès aux
Philippines.
Hier, à Venise, la conférence sanitaire
internationale, a tenu sapremière séance.
La conférence,on se le rappelle,doit s'oc
cuper spécialement des mesures à pren
dre pour protéger l'Europe contre la.
peste.
NOUVELLES DE ROMÉ
Nous recevons la dépêche sui
vante : '
• " Rome, 17 février, 2 h. 15.
Le Souverain Pontife a reç.u aujour
d'hui, longuement.et .paternellement, M.
le comte Albert de Mun. . . . ,
Rome, 15 février.
Le Saint-Père a décidé de ne pas nom
mer pour le moment le cardinal pro-da-
taire qui devrait succéder au défunt car
dinal Bianchi. En attendant, Sa Sainteté,
par un motu-proprio, confie l'adminis
tration de la dajterie apostolique à une
commission cardinalice, chargée aussi
"d'y introduire d'utiles réformes en ce
qui concerne l'expédition des Bulles.
Cette commission se compose de LL.
EEm. les cardinaux Rampolla, Verga,
Aloisi-Masella et Oreglia. Le sous-da-
taire actuel, Mgr Àgapit Panici, reste en
fonctions et il est aussi nommé secrétaire
de la commission susdite.
— : Le XV" congrès général des catho
liques d'Italie vient d'être fixé à la fin du
mois d'août. Il aura lieu à Milan.
— Le congrès international des oeu
vres sociales catholiques à tenir en Ita
lie, d'après le projet de M. Ilarmel, aura
également lieu à Milan, à la mi-décem
bre. ■■ ■
A cette question de V Univers : pour
quoi les. journaux réfractaires n'appuie
raient-ils pas les candidats ecclésias
tiques ralliés à la République contre des
candidats sectaires ? la Gazette répond
en nous accusant d'impudence. Elle
ajoute :
Quelles raisons l'Univers avait-il naguère
pour appuyer des candidats plus ou moins
radicaux. ' fit franchement antichrétiens
contre des catholiques tels que MM. de La-
marzelle', Paul de Cassagnac, Le Provôst
deLaunay, etc.?
L'Univers n'a appuyé aucun candidat
radical ou antichrétien contre aucun
catholique, et n'a jamais dit un mot con
tre les candidatures de-MM. de Lamar-
zelle et Le Provost de Launay.
Quant à M. de Cassagnae, ce n'est pas
un radical que nous avons appuyé/contre
lui; c'est un vrai catholique, M. Laudet.
■ !Voilà ce que valent; en toute chose les
affirmations de la Gazette.
LE LIVRE JAUNE
Hier, comme M. Hanotaux l'avait
annoncé, on a distribué aux députés
et à la Presse le Livre jaune sur les
affaires d'Orient. Les nombreux do
cuments qu'il renfermé embrassent
plusieurs années et se rapportent
principalement aux massacres d'Ar
ménie et à la question des réformes.
L'impression causée par une prer
mière et rapide lecture, est des plus
pénibles ; on n'y trouve pas seule
ment la confirmation précisé, offi
cielle, des abominables violences
que le malheureux peuple arménien:
a dû souffrir de la part des Kurdes,
ses voisins, on y . voit encore la part
considérable qu'ont prise à ces pil
lages et à ces massacres les troupes
régulières et les agents du gouver
nement turc chargés de les répri
mer.
Il y a là une terrible preuve, soit
de complicité, soit d'impuissance.
Ainsi s'explique, au fond, l'inertie
du gouvernement ottoman, car s'il
est complice, il est évidemment
peu disposé à prêter les mains au
châtiment des coupables, et s'il est
impuissant, c'est peut-être une ex
cuse, mais alors, on a le droit de
dire qu'il est condamné. En effet,
quel compte peut-on faire d'un pou
voir public dont les agents mépri
sent à ce point son autorité qu'ils
prennent leur rôle à rebours et se
font les collaborateurs des pillards
et des assassins!
En regard de cet empire qui
s'effondre dans le sang et dans la
plus honteuse anarchie, le Livre
jaune nous apporte une autre cons
tatation qui n'est guère moins la
mentable ; c'est la stérilité des né-
fociations que poursuivent depuis
e longs mois'les représentants des
six puissances,pour obtenir du Sul
tan les réformes qui seules pour
raient rendré à sa domination quel
que raison d'être et quelque soli
dité. Là encore l'Europe chrétienne
se heurte .ou; à une intime mau
vaise volonté ou à une impuissance
absolue, mais qu'on ne veut pas
avouer parce qu'elle a probable
ment sa; source 'dans les occultes
suggestions du fanatisme musul
man.
Pendant ce temps, les six am
bassadeurs ont beau multiplier les
démarches et les objurgations, en
les accompagnant au témoigna^
de leur unanimité, le gouverner
ment turc répond évasivement ■ et
gagne du temps» pensant gagner
l'avenir, alors qu'il ne fait qu'accu
muler les éléments d'un dénoue
ment tragique. Il s'ingénie donc à
inventer d!es formules dilatoires
dans l'espoir que ce concert euro
péen, dont on essaie de lui faire un
épouvantail, finira par se dissou
dre : les Puissances ,■ pense-t-il,
peuvent ; bien se trouver d'accord
pour faire entendre des menaces,
mais ne sauraient s'accorder pour
ies mettre à exécution.
Il y a malheureusement beaucoup
de vrai dans cette appréciation et
dans ce calcul. Il est certain, en
effet* qu'aussi longtemps que les
grandes puissances ne seront pas
parvenues à établir une entente pré
cise et ; désintéressée qui leur per
mette de contraindre par la force
la Porte ottomane à l'exécution des
réformes promise^, elles ne feront
que monter la garde autour d'une
mine formidablement chargée, dont
l'explosion les précipitera tôt' ou
tara les unes contre les autres.
- . ■ - F. L.
P. S. Les nouvelles d'aujourd'hui
relatives à la Crète ne font que con
firmer celles . d'hier ; elles nous
montrent les forces européennes et
les troupes grecques en observation
mutuelle à l'égard les unes des au
tres. Tandis que des détachements
mixtes de marins français, russes,
anglais, italiens, autrichiens, oc
cupent la Canée, le commandant des
troupes helléniques, dans une pro
clamation adressée aux Crétois, dé
clare ouvertement qu'il est chargé
de prendre possession de l'île et d'y
établir un gouvernement régulier
au nom du roi Georges.
; —. 1—,—
A LA CHAMBRE
Le budget des finances.
Enfin ! nous voici parvenus au
terme \ de ce long et monotone
voyagé à travers des chiffres et des
amendements; tant bien que mal, le
budget de 1897 est équilibré ; il est
voté,, malgré les suprêmes efforts
des radicaux, et on n'aura à y reve
nir qxïe si le Sénat, pour faire acte
de puissance législative, croit de
voir y apporter quelque modifica
tion. t:
On •à, tout d'abord, discuté la
question de . la taxe militaire : M.
Bourgeois, de la Vendée, en récla
mait instamment la .suppression
immédiate; M. Gustave Ilivet de
mandait d ? en exempter tous les in
firmes indigents; M. Castelin est
au contraire partisan de cette taxe,
à condition qu'elle soit appliquée
avec sagesse et modération ; M.
Guillemet, enfin, proposait de di
minuer de mille francs, à titre d'in
dication, le chiffre prévu pour
l'exercice courant.
... Le gouvernement et la commis
sion ont accepté cette disposition
transitoire, et il est entendu que des
réformes seront incessamment pro
posées sur ce point.
Il restait à statuer sur le chapi
tre 25 réservé de la loi de finances
qui se présentait fortifié d'amende
ments, de projets de résolution et
d'articles additionnels; c'est là, en
effet, que devait se livrer la grande
bataille au sujet de la réforme ' de
l'impôt foncier.
MM. Goirand, Philipon et quel
ques'autres dégrèvent les proprié
tés non bâties jusqu'à concurrence
de 15 francs sur l'ensemble des co
tes, en ce qui concerne la part reve
nant à l'Etat ; M. de La Batut donne
un droit de réclamation à tous les
contribuables fonciers dont l'impo
sition dépasserait 4 0x0 du revenu-
de leur propriété ; M. Malzac trans
forme l'impôt foncier et le droit de
mutation, à titre onéreux, des pro
priétés non bâties en une taxe an
nuelle, appelée foncière et de trans
mission, et basée sur leur valeur
en capital ; M. l'abbé Lemire exempte
de la contribution foncière des pro
priétés bâties lés maisons qui béné
ficient des avantages des habitations
à bon : marché et qui sont possédées
et occupées par une famille ou par
un ménage ae Français ; le gouver
nement, enfin, a déposé, ces jours
derniers, plusieurs projets de loi
concernant la réforme de l'impôt
foncier.
La commission et le ministre des
finances ont demandé de ne pas re
tarder davantage le vote définitif du
budget et de remettre à plus tard
l'étude longue et difficile des di
vers systèmes proposés;.il était
spécifié que la réforme pourrait, en
tous cas, être appliquée dès le pre-
mier juillet prochain. , !
MM. Goirand et Philipon n'entenr
daient point de cette oreille et il-a
fallu perdre environ trois heures
pour savoir si on discuterait ou si
on disjoindrait.
M. Goirand a accusé le gouverne
ment défaire de l'obstruction; M.
Philipon à rappelé que la déclara
tion ministérielle du cabinet Méline
avait promis de comprendre dans le
budget de 1897 la réforme de l'impôt
foncier, et il en a pris texte pour
faire longuement ce qu'il â appelé
« lajDsychologie de ce document ».
M. Trouillôt lui-même a donné de sa
personne, et s'est montré sévère
pour un budget dont l'essentiel sera
négligé...
M. Cochery, M. Delombre, prési
dent de la commission, M. Méline
ont dû rappeler à la Chambre com-
biendedangers offre le système des
douzièmes ■ provisoires, et prouver
qu'il faudrait encore y avoir recours
si on ne séparait point du budget
courant l'examen d'une réforme très
importante et très complexe. -
y Après les péripéties au pointage,
la disjonction a été prononcée par
276 voix contre 257,. et l'ensemble
de la loi de finances par 447 voix
contre 44.
Ces 44 opposants prendront leur
revanche en interpellant ; dès jeudi*
c'est M. Jules ; Guesde qui ouvrira
le feu au nom des maîtres répéti
teurs.
Gabriel de T riors. •
AU SÉNAT
Les vins artificiels.
La loi sur les vins artificiels sem
ble avoir au Sénat le même sort que
la loi concernant la protection de la
santé publique. On discute pendant
de longues heures, on examine nom
bre d'amendements qu'on repousse
les uns après les autres et, finale
ment, on renvoie les articles à la
commission.
C'est ce qui s'est produit hier.
M. Monis a soutenu le texte adopté
par la Chambre des députés. M. Gi-
rault a défendu l'industrie des rai
sins secs : « Je bois ces vins-là!
s'est-il écrié, et je me porte fort
bien ! » On a ri. Quand on discute
une loi d'affaires au Luxembourg,
la grave assemblée saisit toutes.les
occasions de rire un brin.— « On
parle de vins artificiels, a ajouté
M. Girault, mais qu'est-ce qui n'est
pas artificiel à notre époque? —■
Même les vins naturels ! » a sou
ligné M. Buffet. Nouvelle hilarité.
Après un filandreux discours du
ministre Turrel qui a parlé, en
termes attendris, des bienfaits que
la viticulture recevra de la nouvelle
loi ;.après des observations de MM.
Demôle,de Lamarzelle et Bernard,on
a passé à la discussion des articles.
M. Diaucourt a présenté un amen
dement dont il a demandé modes
tement, non l'adoption, mais le ren
voi à la commission. Ce renvoi a
été repoussé par 144 voix contre
121; et c'est l'article I eir qui a été ren
voyé à la commission.
Cellerci, prise d'un beau zèle, à
alors sollicité, par l'organe de M.
Faye, une suspension de séance, de
façon à examiner illico l'article et à
rapporter un nouveau texte à la re-t
prise de la discussion ; mais les sér
nateurs étaient visiblement fatigués.
« A jeudi! A jeudi ! » ont crié des
voix nombreuses. Paternellement,
M. Loubet- a prononcé le renvoi à
cette date.
. Jeudi ou vendredi, la haute as
semblée se prononcera sur le cas
de M; Constans.Très probablement,
elle le proclamera élu. Il y aura du
monde ce jourrlà dans les tribunes
du Luxembourg. M. Constans fait
encore recette.
.. J. M aktenay.
EN ALLEMAGNE
Militarisme et socialisme. —Un ordre
de cabinet. — Indemnité parlemen
taire.
A propos du budget et notamment de
ce que, dans leur jargon, les Allemands
appellent militœr-Etat, on s'est une fois
de plus querellé ferme au Reichstag en
tre gouvernement et socialistes.
Les socialistes, dans le dessein d'ac
croître leur popularité, profitent réguliè-
rèment de l'occasion pour s'en prendre
au militarisme et à ses excès trop réels.
Le gouvernement de son côté a pris l'ha
bitude de faire son procès au socialisme,
ce qui lui est plus facile que de se justi
fier lui-même.
Si de la discussion jaillit la lumière,
ici il n'en est rien. La discussion n'a
éclairé ni convaincu personne. Le gour
vernement a son siège fait et les socia
listes ne se tiennent jamais pour battus.
Des deux côtés il y a un égal parti pris et
la même volonté de dénigrer, de décon
sidérer son adversaire. Il faut convenir
que tous deux peuvent se flatter d'y avoir
réussi.
Pour le gouvernement, l'armée est l'ar
che sainte à laquelle il n'admet pas qu'on
touche d'une main sacrilège. Faux point
d'honneur, duels entre officiers, traite
ments inhumains des « hommes », bru
talités à l'égard, des civils, tout cela est
défendu, encouragé avec plus ou moins
de cynisme par l'autorité militaire, ou
tout au moins excusé, présenté comme
choses anodines. Et ceux qui y trouvent
à redire sont traités d'antipatriotes, d'en
nemis de l'armée et du pays.
Pour les socialistes," l'armée est une
institution condamnée" à périr tôt ou tard.
Leur but évident est d'en inspirer l'aver
sion aux masses populaires et pour cela
ils recueillent avec soin les moindres faits
qui peuvent amener ce résultat ; ils les
grossissent, les exigèrent, les publient
dans leurs organes, les portent à la tri
bune du Reichstag, moins pour en em
pêcher le retour ou en obtenir la répres
sion que pour les jeter en. pâture à dès
millions de lecteurs et gagner ainsi des
adhérents.
Quand le gouvernement répond que le
socialisme est un fléau, un chancre -atta-,
ché auxflancs de la société, un ennemi de
l'ordre, il a grandement raison ; mais il
ferait mieux ae reconnaître les abus du
"militarisme, d'en déraciner les vices, ne
serait-ce que pour fermer la bouche aux
socialistes.
: Et quand les. socialistes dénoncent
bruyamment les attentats à la Brusewitz,
les infâmes traitements que les sous-
officiers infligent aux pauvres diables
placés sous leur coupe,, les honteuses
économiestfaites sur l'ordinaire du soldat,
ils n'ont certes pas tort. Mais ils'seraient
fort en peine le.joûr où toutes ces plaies
du 1 militarisme auraient disparu. Il ne
s'agit pas pour eux de remédier au mal,
ils sont bien aises de pouvoir l'exploiter
au profit de leurs malsaines doctrines et
de leurs criminels desseins.
Le militarisme et le socialsme s'accu
sent et ne se calomnient pas. On peut les
renvoyer dos à dos.
•
» «
Dans la presse allemande, on critique
fort un nouvel acte tout personnel et
très autoritaire de l'empereur Guil
laume II, à propos des fêtes qui doivent
solenniser le centenaire de la naissance
de Guillaume P r . Par un récent ordre de
cabinet ( cabinets-ordre, toujours en jar
gon du lieu), Guillaume II prescrit en
détail ce qui doit être fait à cette occa
sion. Les fêtes devront durer trois jours,
dont l'un sera consacré à des cérémonies
religieuses, le second à des solennités
scolaires, à des parades, à des banquets,
à des représentations théâtrales, le troi
sième à des réjouissances populaires.
O'est une vraie, consigne, consigne de
prier Dieu, consigne de banqueter, con
signe de danser. C'est beaucoup de con
signes, même dans le pays où fleurit le
militarisme. Les prédécesseurs de Guil
laume II n'auraient jamais eu l'idée de
réglementer à ce point. Ils se plaisaient
à laisser quelque chose à l'initiative pri
vée, à la spontanéité des sentiments et
à leur libre expression, d'autant plus
qu'en pareille matière,cela seul a du prix,
qui se fait sans contrainte. Les catho
liques surtout se montrent peu enthou
siastes du cabinets-ordre qui ne tient au
cun compte de l'épo.qqe où auront lieu les
fêtes, puisqu'on sera en plein carême. Ils
n'admettent pas d'ailleurs l'ingérence de
Guillaume II dans leurs cérémonies reli
gieuses. L'empereur est bien le summùs,
episcopus de l'Eglise évangélique et peut
commander aux pasteurs comme un
chef à ses subordonnés. Mais ce serait de
sa part une prétention excessive que d^rr
agir de même vis-à-vis des évêques et
des prêtres catholiques. Le programme
impérial court donc grand risque de su
bir de notables et légitimes modifica
tions.
Mieux inspiré que son fils, l'empereur
Frédéric, à la mort de Guillaume I"", di
sait à son peuple :
« Nous nous abstenons de rien pres
crire relativement au deuil -national, iai-
mant mieux laisser à chaque Allemand la
liberté de manifester ses sentiments. »
La joie, comme le deuil, n'a que faire.
d'une réglementation.
★
* *
Les. députés au Reichstag, on le sait,
ne reçoivent point de rétributions. Ainsi
l'avait voulu M. de Bismarck lorsqu'il
consentit à l'introduction du suffrage uni
versel, afin d'écarter de la Chambre tous
ceux qui n'avaient pas le moyen de vivre
de leurs rentes. M. de Bismarck se trom
pait, au moins dans une certaine mesure,
puisque la gratuité du mandat législatif
n'a pas empêché les socialistes d'envoyer
48 des leurs au Reichstag. Il est vrai que
ces 48 députés socialistes touchent une
indemnité qui leur est fournie par lat
caisse du parti. ;
Il est question en ce moment, parait-il,
d'un projet gouvernemental accordant
une indemnité aux membres du Reichs
tag. Si le fait est exact, il répondrait aux
désirs maintes fois exprimés par le
Reichstag et toujours repoussés jusqu'ici
parle gouvernement. Le Centre catholi
que notamment s'est à diverses reprises
prononcé en faveur d'une rétribution à
accorder aux députés du Reichstag,
comme elle existe pour les membres du
Landtag de Prusse et des différentes
diètes allemandes.
Dès maintenant, à la simple annonce
de ce. projet encore problématique, le
Volh de Berlin, une feuille protestante,
prétend savoir que le gouvernement,
pour plaire au Centre, aurait l'intention
d'y ajouter le retour des Jésuites, et que
le Centre aurait pris l'erigagemént de
voter le rétablissement du service trien
nal ainsi que l'augmentation de la
flotte ! .. . .
C'est là une pure calomnie que les or
ganes du Centre repoussent énergique-
ment. Le Centre ne se prête pas à un pa
reil mnrchandage, cela va sans dire, et il
faut toute... l'honnêteté d'un disciple de
Luthc r pour insulter de la sorte le parti
catholique... et le gouvernement. Car en
fin il faut croire, à l'honneur du gouver
nement prussien lui-même,que le rappel
des jésuites ne peut à ses yeux être su
bordonné à une complaisance de la part
du Centre. De telles suppositions ne sont
ipjurieuses que pour celui qui les fait.
L. I.
DIANA VAUGHAN
Mis en demeure. de fournir des
preuves, M. Taxil a èmployé son
procédé ordinaire ; il a posé des
conditions inacceptables et il a voulu
modifier le sujet du débat. Avant de
répondre, l'audacieux mystificateur
exigeait que la commission romaine
s'occupât de le réhabiliter. Ainsi la
question Léo Taxil aurait pris le pas
sur la question Diana Vaugh'an. ^
5 La commission romaine ne s'est
pas prêtée à cette fantaisie déri
soire. Alors, M. Taxil a fait sem
blant d'avoir offert une foulp de
preuves pour insinuer que ^com
mission avait refusé de les exami
ner. Il comptait ainsi se transformer
d'accusé en accusateur. •
En présence de cette nouvelle
attitude, nous avons demandé des
renseignements à Mgr Lazzareschi,
le président de la commission ro
maine. Le vénéré prélat fnous fait
l'honneur de nous adresser la. lettre
suivante : •
A M. Eugène Tavernier, rédacteur de
l'Univers, rue Cassette, il. ^
uniWe ant-imassonica
— Rome, 15 février.
Consiglio .......
Direttivo Generale
Monsieur,
Vous mè demandez s'il y a du vrai et
combien dans les affirmations de M. Léo
Taxil relatives à la promesse qui lui au
rait été faite d'être interrogé, à Paris,
par un délégué de la commission d'en-
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