Titre : L'Univers
Éditeur : L'Univers (Paris)
Date d'édition : 1897-02-07
Contributeur : Veuillot, Louis (1813-1883). Rédacteur
Contributeur : Veuillot, Pierre (1859-1907). Rédacteur
Contributeur : Veuillot, François (1870-1952). Rédacteur
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34520232c
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 07 février 1897 07 février 1897
Description : 1897/02/07 (Numéro 10613). 1897/02/07 (Numéro 10613).
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse Collection numérique : Bibliographie de la presse
Description : Collection numérique : BIPFPIG44 Collection numérique : BIPFPIG44
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k709394f
Source : Bibliothèque nationale de France
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 06/02/2011
Dimanche tif Février 1897
Edition quotidienne. — 10,613
Dimanche 7 Février 1897
ÉDITION QUOTIDIENNE
PARIS - ■'
et départements
Un an..,.....: 40 » :
Six mois...... 21 »
Trois mois.... . il »
ÉTRANGER
(UNIO-y POSTALE)
_ Si »
26 SO
14 .
Les aboaaementa" partent des l» et 10 de chaque mois
ÉDITION SEMI-QUOTIDIENNE
1 /*■ - t- * / ■
PARIS ' ÉTRANGER
et départements (union postale)
Un an....i.... 20 »
Sixmois ,10 »
Trois mois r... „ 5 »
26 »
13 »
6 50
UN NUMÉRO I P aris i
{ Départements..... 1
: - y . , —; ,t
„,,ï BUREAUX : Paria, rue Cassette, 17
4 t)n s'abonne i Rome, place du Gesù, 8
10 cent.\
15-
"ES'rr
Les abonnements partent 'des 1 er et 16 de chaque mois
L'UNIVERS ne répond pas des manuscrits qui lui sont adressés
ANNONCES .
MM. LAGRANGE, CERF et C io , 6, place de k Bourse
' î s '.i
PARIS, 6 FEVRIER 1897
t
;tr- >.
SOMMAIRE)
Lo ralliement...... P ierre . V euillot.
Questions d'Orient F. L.
La question juive. . E. V. .
Çà ' et là : Rime' ët
; césure F rançois V euillot.
Au Sénat ...... J. M antenat.
Correspondance ro-
»ftine ..V....
Conférences du Lu-
icembourg : Après
l'école ..... E douard A lexandre
Bulletin du jour. — Le fisc et les con
grégations. — Un aveu important. —Un
r . communiqué épiscopal. —r Informations
, 1 lues , et parlementaires. — Les ar-
... j. ..e France., — A travers la presse. —
,',\ j victoire féministe. —Chronique. —
Lenres, sciences et arts. La tombe de
r .vBpssaet. —• La colonie italienne à Paris.
— Retour des Coptes. — Chronique • reli
gieuse.— Dans la Légion d'honneur.—
Echos de partout. — A la Chambre des
; communes. — Les massacres de Crète.
. . — Dépêches de l'étranger, r-r- La peste.
v —Les anarchistes. —: Tribunaux. — Mou-
.. vement judiciaire. — Une catastrophe
dans
velles diverses. — Tableau et bulletin
. de la Bourse. — Dernière heure.
LE RALLIEMENT
■_ Les réfractaires continuent, de
dénaturer nos intentions. Nous ac
ceptons la forme républicaine ; ils
affirment obstinément que nous, ac
ceptons aussi les lois sectaires. On
a beau leur prouver jusqu'à l'évi
dence qu'il n'en est rieri : ils. n'en
veulent pas. démordre. Cette néces
sité où ils sont, pour nous com
battre, de fausser à ce point notre
attitude, ne .démontre-t-elle pas,
jmieux peutrêtre que. n'importe quel
^raisonnement, cqmbien nous som
mes dans -le vrai? Si nous avions
tort, il ne leur serait pas bes.oin de
■recourir contre nous, avec, une per
sistance acharnée, à ce procédé peu
loyal.
; ,M. de Cassagnac, l'autre jour, re
tenant sur la question du « rallie
raient », rééditait, pour la six-cen-
"tième fois, l'habituelle calomnie.
Tout d'abord, l'ancien député du
Gers s'octroyait à lui-même un cer
tificat d'impérialiste fidèle. On peut
se demander s'il obtiendrait la si
gnature de son prince au bas de
cette élogieuse attestation. Mais il
ne faut point se montrer par trop
curieux. Bornons-nous à une simple
remarque. M. de Cassagnac aurait
voulu, de parti pris, amener au duc
d'Orléans le plus grand nombre
possible, de bonapartistes,qu'il n'au
rait absolument rien eu à modifier
dans l'attitude qu'il observe depuis
quelques années. Cela dit, laissons
de côté cet autre ralliement, et ve
nons à cex[ue le directeur de 1 'Au
torité répète snr l'acceptation, par
les catholiques, de la forme répu
blicaine. L'ancien député du Gers
proclame de nouveau, d'abord, que
jamais il ne se « ralliera ». Et il
donne e.n ces teçmçs les motifs de
son dégoût:",
Il nous faudrait, comme des chiens,
lécher la main quinous frappe et baiser
la bouche qui nous injurie.
~ Il faudrait renoncer à jetèr bas une
misérable baraque peuplée de voleurs et
de brigands, sous prétexte que c'est le
gouvernement « établi ».
Il faudrait enfin accepter, sous prétexte
qu'ils sont « accomplis », les faits de ré
volte, de révolution, qiii ont outragé le
«droit et la légalité ; comme s'il y avait
prescription, en politique, pour les actes
perpétrés contre le droit et la légalité!
•* Etc., etc., etc...
Evidemment^ M. Paul de Çassa-
ignac aurait cent fois raison, s'il
.croyait que l'acceptation delà forme
gouvernementale actuelle entraîne
toutes ces conséquences, de se re
fuser à prendre position sur le ter
rain. constitutionnel. Mais comme il
sait fort bien le contraire, comme il
■saitrque nous nous proposons de dé
sarmer plus facilement la main qui
ï'ra,pp.e l'Eglise, de. museler plus
solidement la bouche qui l'injurié,
pourquoi fait-il semblant de s'y
tromper ? C'est beaucoup plus com-r
-mode assurément lorsqu'on veut
décrier l'attitude constitutionnelle
et insulter ceux, qui l'adoptent. Ce
pendant la comriiodité ne dispense
personne,mêmé pas l'ancifen député
au-Gers, de la loyauté.
' Et si M. de Cassagnac ne I trouve
pas d'autre moyen ae combattre le
« ralliement », alors pourquoi le
combat-il? Pourquoi combattre ce
qui est inattaquable à moins d'user
de la calomnie ? La fidélité impéria
liste, si fervente et inébranlable,
que professe l'ancien député du,
Gers, peut être' invoquée comme
circonstance ' atténuante. Mais elle
ne saurait, elle-même, tout permet
tre, tout excuser.
* Du reste, le directeur de l'Auto
rité prévoit le cas où cette fidélité
devrait se taire. Qu'on rétablisse le
roi, et M. de Cassagnac, s'asseyant
avec dignité sur sa foi politique
pour'në^ pas l'égarer tout eh la relé
guant à l'arriere-plan, acclamera
"Philippe VIII. Il'l'a promis: Abné
gation héroïque, dira-t-il : la France
a,vant tout. De cette même-abnéga
tion, justement, les constitutionnels
font. preuve, sans même • attendre
l'excuse et la garantie du succès.
Mais il y a mieux encore ! L'ancien
député du Gers nous promet; en
outre, si la République devenait
propre; ce qu'il considère comme
« réalisable », de lui accorder sa
grâce. Au lieu d'étrangler la Gueu
se, il. s'y... rallierait.
Alors, quoi? La querelle viru
lente que nous fait M. de Cassagnac
n'aurait d'autre cause qu'une simple
question de méthode ? Avant d'ac
cepter la République, il veut qu'elle
se nettoie elle-meme. Nous' esti
mons cette opération difficile, et
jugeant que sans plus attendre, il
convient d'y collaborer par tous nos
efforts, qui ne seront pas de4rop,
nous entrons dans la place pour
l'assainir. Le directeur de- l'Auto
rité peut croire et déclarer que
,n_ous échouerons; c'est un point.de.
tactique à discuter courtoisement.
Mais de quel droit nous injurië-rt-il,
et nous dénonce-t-il comme des
traîtres, quand lui-même se procla
me prêt, si notre travail aboutit,
à profiter du succès de la tenta
tive?
Plus on y réfléchit, moins on com
prend les grandes colères incohé
rentes de M. Paul de Cassagnac. Il
est vrai que cette attitude lui per
met d'épancher quotidiennement les
tirades enflammées qui charment
un. certain public, pour lequel ta
page est synonyme d'action. Mais
s'il lui plaît de sacrifier tout le reste
à la fanfaronnade et à sa gloriole
personnelle, il doit comprendre
qu'on puisse avoir d'autres sou
cis.
Pierre Veuillot.
BULLETIN DU JOUR
Une élection législative aura lieu de
main dans la première circonscription
de Laon (Aisne), à lleffet de remplacer
M. Cuissart, radical, décédé.
L'Officiel d'aujourd'hui publie des
nominations et des promotions dans la
Légion d'honneur, ainsi qu'un impor
tant mouvement judiciaire.
M. Peytral a pris hier possession de la
présidence de la gauche démocratique du
Sénat, et à cette occasion a prononcé un
discours dans lequel il a affirmé que le
pays allait au radicalisme.
La séance d'hier à. la Chambre des
communes a été très importante : elle, a
été entièrement consacrée à la question
d'Egypte et le-chancelier de l'Echiquier
a fait a ce sujet d'intéressantes déclara
tions que nous reproduisons plus loin.
Le crédit pour l'Egypte a été adopté à
une très grosse majorité.
Les dépêches nous apportent de na
vrantes nouvelles au sujet de la Crète.
Ces dépêches qu'on lira plus loin pa
raissent malheureusement contenir des
faits exacts.
Les puissances vont donc être obligées
d'intervenir de nouveau, et cela, sans
retard. La situation est critique.
Les étudiants italiens continuent leurs
manifestations ; plusieurs facultés sont
fermées. -
Il y a une crise ministérielle au Por
tugal. La démission des.ministres a été
acceptée par le roi et sera annoncée de
main. M: Luciano de Castro a été chargé
de former un nouveau cabinet dans le
quel M. Barfos Gomez prendra le porte
feuille des affaires étrangères.
OUESTIOrD'ORIENT
Dans l'ensemble, les nouvelles
qui nous viennent d'Orient ne sont
g oint bonnes. La pacification delà
rète, qui paraissait assurée, est de
nouveau remise en question. S'il
faut en croire les télégrammes qui
vienneht ;; d'Athènes, ; les massacres
entre musulmans et chrétiens aur-
raient recommencé
D'un autre côté-, le projet général
de réformes pour l'empire turc, au
quel les représentants des grandes
puissances européennes à Constan-
tinople travaillent de concert et
avec assiduité, dit-on, n'avance
que lentement.
, Le Sultan^ que l'on presse, en at
tendant, de mettre en pratique cer
taines réformes préliminaires déjà
élaborées, op pose aux ■ Puissances
des lenteurs inexplicables qui pro
longent, au grand péril de la paix
de l'Europe et dé sa propre sécu
rité, une situation profondément
troublée.
,/Ûn tel état de choses ne „ saurait
durer longtemps : ou il y sera mis
un terme par l'application des ré
formes, ou quelque nouvelle et ter
rible explosion des passions reli
gieuses et des haines de races, qui
fermentent ën ce moment dans tout
l'empire ottoman, viendra brusquer
les événements et imposer une so
lution violente.
A première vue, l'inertie dilatoire
où s'enferme le Sultan, en dépit des
objurgations pressantes des gran
des puissances, a toutes le^ appa
rences d'une obstination aveugle et
d'un entêtement funeste. A la ré
flexion, on se rend compte que
le malheureux Commandeur aes
•croyants est simplement très em
barrassé, se trouvant pris entre les
'exigences réformatrices des Puis
sances et la résistance pleine d'une
sourde colère qu'il rtencontre ' chez
les musulmans, ses fidèles.
Si, pour sauver sa domination et
ce qui reste de ce que l'on appelle
pompeusement l'intégrité de l'em
pire ottoman, le sultan défère aux
conseils des grandes puissances,
ne court-il pas le risque de provo
quer l'explosion même du fanatisme
musulman ? explosion qui compro
mettrait tout, que tout le monde
s'efforce de conjurer? ;
C'est la question.
P. L.
1A QUESTION JlllVE
Voici sur cette question un livre
de savoir et de doctrine - éciit avec,
calme et cependant plus dur au fond
pour les juifs que le plus virulent
pamphlet. Il est intitulé : Les Juifs
devant l'Eglise et l'histoire. L'auteur
est le R. P. Constant des Frères-
- Prêcheurs, docteur en théologie et
en droit canon. Ces titres à eux
seuls disent qu'il s'agit d'une œu
vre où la question juive est prise à
sa source et étudiée à la lumière des
principes. En effet, ce n'est pas ici
une campagne contre les sémites
et leurs exploits de diverses sortes
sur divers terrains; c'est une dé
monstration savante, ferme, avec
documents; de la perversion des
juifs par leur enseignement reli
gieux tel que l'a fait le Talmud.
M. Edouard Drumont avait en
trevu cela au début de sa vigou
reuse entreprise, mais bien que très
hardi il n'a pu sans quelque gêne,
je dirais volontiers quelque effroi,
s'entendre accuser de faire une
guerre religieuse. Que voulez-vous?
.quand on n'a pas absolument rompu
avec le boulevard on garde toujours
une certaine crainte du qu'en, dira-t
on ! Il s'ensuit qu'au lieu de mon
trer dans le juif le talmudiste, M.
Drumont ne veut plus guère y dé
noncer que le sémite.Laissant a peu
près de côté le docteur il fait vivre et
agir le manieur d'argent, l'usurier,
le tripoteur, l'industriel sans cons
cience, le traître, le malade, etc.
Assurément c'est le moyen'de mieux
atteindre la foule, de mieux saisir et
exciter l'opinion, et l'on sait qu'il y
réussit. Est-ce assez? Non. Il fau
drait aussi faire à la doctrine, à l'en
seignement, la part qui convient.
Cette part on la trouvera au long,
au clair, dans le remarquable travail
du R. P. Constant. Grâce à ce tra
vail, la question juive fera son che
min dans le milieu où il faut que les
idées pénètrent pour produire une
solution.
Ce n'est ici, le lecteur le com
prend, qu'une indication générale de
l'ouvrage du docte dominicain, ou
vrage que nous venons de parcou*
rir en hâte. En attendant le compte
rendu qu'il, faut donner, nous al
lons compléter nos indications par
les titres des divisions du livre:
I. Là nation juive. — II. La richesse
juive. — III. La loi juive. — IV.
Le Pape et le juif. —V. Législation
de l'Eglise concernant le juif. Part
de cette législation affectant la vie
individuelle. Le Ghetto. La rouelle
jaune. • VI. Part de la législation
affectant la vie ' domestique. La
nourrice. Les autres serviteurs.—
VII. Part de la législation affectant
la vie civile. Le commerce. Les pro
fessions. Professions interdites, per
mises. — VIII. Part de la législa
tion affectant la vie religieuse. Le
meurtre rituel.—IX.Pièces justifica
tives (1).
Voilà qui promet beaucoup; et
nul doute que tout ce qui "est promis
ne soit tenu.
E.' V.
ÇSà et là
LA RIME ET LA CÉSURE
Dans le plus récent numéro de la Revue
de Paris^M. Amédée Rouquès a introduit
L'aimable chanson de quelques vers entré
deux-articles sérieux,, l'un d'histoire et
l'autre politique.
M. Amédée Rouquès est vraiment un
poète, à la différence de maints auteurs
qui font aussi des vers, mais qui n'ont
pas pour deux sous de poésie, si j'ose
employer cette image, triviale et pour
tant expressive. Toutefois, cet écrivain
dont le Sens poétique est si développé^
qui sait charmer par la délicate harmo
nie de ses chants et qui, sans doute, —-
on le-devine à l'habileté de son art, —■
pourrait plier son inspiration aux règles
de la prosodie, cet écrivain tombe dans
le travers de la nouvelle école. Il mécon
naît les lois du vers ; il rompt, de parti
pris, la cadence et l'harmonie de la cé-
(1) Un volume in-8°. Librairie Gaume.
Paris..
suFè;il supprime, à son gré, les vieilles
traditions de la rime.
Assurément, M. Amédée Rouquès ne
va pas aussi loin, dans cette voie, que. les
plus ardents ou les plus hardis des poè
tes «jeunes » ; il ne se permet point les
fantaisies de M. Viellé-Griffin, qui fut
décoré l'année dernière, ou de M. Henri
de Régnier, qui est gratifié de la croix,
aujourd'hui. Ces deux chevaliers delà
Légion d'honneur se dispensent parfois,
pour rimer, de consulter l'œil et l'oreille;
et, par contre, ils savent faire -entrer,
dans un seul vers, jusqu'à treize et qua
torze pieds. On a estimé qu'un pouvoir
aussi merveilleux méritait bien le ruban
rouge.
M. Amédée Rouquès a moins d'audace:
il se contente* en général, de licences
timides. Ces licences, toutefois, au
raient suffi pour faire bondir et hurler,
il y a un petit demi-siècle au plus, non
les classiques seulement, mais les plus
entreprenants des romantiques.
Donnons quelques exemples.
Notre poète aime à séparer par une cé
sure hardie autant qu'inattendue, les
mots qui sont le plus accoutumés à mar-
chèv de conserve : il les surprend brus-
.quement et : les exile impitoyablement,
Jfih'aciin dans son hémistiche.
Ainsi, il écrit volontiers
Parmi les brumes du — soir proche, et les fumées..*
Les grands bœufs roux qui pas — à pas rentrent
[des champs...
Des fleura champêtres ou — des feui les envolées...
Pour peu que l'oreille ait appris à
chercher, dans l'alexandrin, l'habituelle
cadence de la vieille césure, il est certai
nement peu devers aussi durs,aussi con
traires à l'harmonie, que le dernier; ce
a champêtres ou... » formant la fin d'un
hémistiche est d'un effet déplorable. On
n'à 1 le droit décrire ainsi qu'à la condi
tion d'abolir absolument la césure et
d'inventer un. rythme nouveau. Mais in
troduire une ligne pareille entre deux
vers composés selon la tradition, c'est
mettre une note fausse et criarde au mi
lieu d'une mélodie charmante.
De même, est-il rien qui choque au
tant l'oreille habituée au balancement du
vers, qu'une césure appuyant son repos
sur une syllabe muette. Ecoutez ces
mots:
Je sais pourtant, lampes fidèles et discrètes. . ,
Il serait impossible, au plus habile di
seur, de faire sentir ici l'harmonie du
vôes . Or, s'il est vrai qu'il faut éviter la
monotonie d'une césure trop marquée, on
ne , doit pas absolument supprimer ce
repos, qui coupe heureusement la lon
gueur de l'alexandrin. Car enfin, si l'on
ne croit pas nécessaire de faire sentir à
l'oreille la cadence et l'harmonie du
vers, autant écrire en prose.
D'ailleurs, quand on prend avec la cé
sure toutes ces libertés, on né doit pas
avoir de peine à s'en passer, de temps, en
temps, pour peu qu'elle gène ou qu'il
prenne à l'auteur fantaisie de la suppri
mer. Ainsi en use, hardiment, M. Rou
quès. Çà et là, @n rencontre chez lui des
vers tournés de la sorte :
Bienveillante?, silen—cieuses, elles veillent...
La main roidie et l'a—mertumo de la bouche ..
Un vagabond, h l'om—bre s'asseyait sur l'herbe...
Quant à la rime, — autant notre auteur
se complaît à opérer des séparations ino
pinées, parla césure, autant il s'amuse
à marier, par la rime, une quantité de
mots que l'ancienne poésie écartait les
uns dés autres, avec résolution. Dans ses
vers, on*aperçoit rougissants rimer avec
sang ; froissés fait écho à passer; mer
veilles est tout surpris de se voir accou
pler à veillent, comme nuit à s'enfuient,
et fugitives à vivent ; plus loin, on ren
contre un fleuve où des boeufs, pour ri
mer bizarrement, s'abreuvent ; ailleurs,
c'est l'eau à laquelle on entend, au bout
dù' vers suivant, répondre un volet
clos, etc., etc. ■ ■ ■■
Je me demande quel besoin l'on a de
chercher des rimes de ce genre, quand
on est capable, évidemment, d'en trou
ver de meilleures. ''
C'est toujours la même tendance —
une tendance très fâcheuse — à briser la
règle du vers. M. Amédée Rouquès est,
relativement, timide; un-autre plus auda
cieux, rompt plus violemment les tradi
tions antiques et prend, avec les lois de
la prosodie, des licences plus folles.
Mais tous deux, M. Rouquès et le dé
cadent échevelé, font la même besogne,
et aboutissent au même point: remplacer,
dans les vers, là règle générale par
toutes les fantaisies particulières; Est-il
rien de plus déplorable? Au fond, c'est
tout simplement supprimer le vers ; car
si la poésie existe sans le vers, le vers
n'existe point sans la règle.
La poésie est une qualité du cœur, de
l'intelligence ou de l'imagination ; le vers
est"un iiitrument..Entre le verset la poé
sie il y a la même différence qui sépare
un violon de la musique. Le Téléma-
que est une œuvre éminemment poé
tique ; on' n'a jamais prétendu, pour cela,
qu'il fût écrit en vers. Si nos modernes
poètes ne veulent plus dés règles du vers,
où tant de génies ont su canaliser leur
inspiration sans l'amoindrir, eh bien,
qu'ils jettent la poésie de leur cœur ou de
leur esprit dans une prose harmonieuse
et cadencée. Mais, au moins, qu'ils ces
sent de torturer notre beau vers français
et le laissent Tà, dans sa grandeur sévère
et dans sa pureté ravissante !
François Veuillot.
AU SÉNAT
Encore l'élection de M. Constans. —
L'installation de M. Peytral. —Les
mesures contre la pesté.
Le bruit courait hier dans les cou
loirs du Luxembourg que M. de
Verninac serait chargé par la gau
che démocratique de combattre les
conclusions du l or bureau, lesquelles
tendent à proclamer M. Constans
purement et simplement élu.
Renseignements pris, la nouvelle
est inexacte, ou tout au moins pré
maturée. La gauche démocratique
serait assez disposée en principe à
intervenir dans la discussion, mais
elle n'a pas encore choisi son ora
teur.
Ce groupe, qui fait beaucoup par
ler de lui depuis quelque temps, a
installé, avant la séance, son nou
veau président : M. Peytral. Ce
dernier a prononcé un discours en
trois points. D'après lui :
1° La France s'attache de plus
en plus à la politique radicale (!)
2° Le cabinet Méline a exercé une
très forte pression officielle aux der
nières élections.
3° Les ralliés et les collectivistes
— M. Peytral les met ensemble —
sont les seuls partis qui soient dan
gereux pour la République.
Le nouveau président de la gau
che démocratique a eu, toutefois, l'o
bligeance d'ajouter que tout citoyen
français, quel que fût son habit,
avait le droit de se dire républi
cain (c'est encore heureux !), mais
qu'il avait, lui Peytral, le devoir de
mettre le pays en garde contre les
promesses illusoires (?) de certains
candidats.
En séance, le même Peytral, ^qui
s'inquiète de la peste, a posé une
question au ministre de l'intérieur :
« Il s'agit, a-t-il dit, de la santé
publique. Des navires venant des
Indes sont arrivés à Marseille et.ont
été envoyés au lazaret du Frioul. On
avait supposé que ces deux navires
subiraient une longue quarantaine.
Il paraît que l'on se propose de leur
en faire subir une de 24 heures seu
lement.
« La population de Marseille a
été profonaémant émue. Sur la de
mande du maire et du préfet, le mi
nistre a autorisé le maintien de ces
navires - au Frioul, mais seulement
pour quelques jours. C'est insuffi
sant. Car il s'agît de désinfecter plu
sieurs milliers de tonnes de mar
chandises. »
M. Peytral a donc demandé à M.
Barthou de prolonger la quaran
taine et de décider que, désormais,
les bâtiments venant de l'Inde ne
seraient plus admis dans nos ports,
à moins d'avoir une patente abso
lument nette.
Le ministre de l'intérieur a ré
pondu qu'il ne fallait nullement se
préoccuper de certaines «nouvelles
tendancielles », que toutes les mesu
res de précaution étaient déjà pri
ses à l'intérieur et qu'au surplus la
conférence de Venise allait se réu
nir incessamment.
Le reste de la séance a été consa
cré à la discussion du projet sur la
santé publique.
M. Buffet et le marquis de Carné
ont vainement essayé d'atténuer les
droits draconiens que le nouveau
projet donne à l'administration sur
les propriétaires. Leurs amende
ments ont été repoussés.
M. Volland a réussi pourtant à
faire prendre en considération un
amendement qui sera discuté à la
prochaine séance et dont nous par
lerons alors.
J. Màntenay.
IE FISC ET LES COMÉGÀTMS
Mgr Turinaz, évêque de-Nancy,
adresse à la Supérieure générale
des Sœurs de la doctrine chrétienne
une lettre relative à la saisie immi
nente des immeubles de cette con
grégation.
'Mgr Turinaz rappelle les innom
brables services rendus par cette
congrégation à l'enseignement po
pulaire, expose la vraie situation
financière des religieuses, les
charges écrasantes qu'elles sup
portent déjà, en dehors de la taxo
d'abonnement, et termine.en parlait
du fameux projet de loi sur les as
sociations; suspendu comme une
perpétuelle menace sur les congré-
f;ations.religieuses, et dirigé spécia-
ement contre celles dont la persé
cution fiscale ne peut venir à bout
aujourd'hui.
Interprétée et exécutée par un gouver
nement^ hostile, cette nouvelle loi serait
une loi de mort pour toutes 'les congré
gations religieuses.
C'est pourquoi il se pourrait que, à
tous égards, la meilleure part appartînt
un jour aux congrégations qui, comme la
vôtre, ont préféré, selon la parole de nos
Livres saints, « mourir dans leur simpli
cité ».
Recevez, ma révérende mère, l'assu
rance de mes sentiments bien dévoués en
Notre-Seigneur.
-j- C harles- F rançois,
évêque de Nancy et de Toul.
Une faute d'impression nous a fait,
dire hier que le couvent des Ursu-
lines d'Avignon avit -été vendu 56 fr.
Ce couvent a été vendu d'abord
5,005 francs. Après surenchère,
une nouvelle vente a eu lieu; et le
couvent a été adjugé 55,000 francs,
à M. Roux, avoué des religieuses;
(pro declarando) (pour un ami du
couvent, dont le nom sera donné
ultérieurement). - '
Lejcdire » revendiquant, pour les
religieuses le droit d'habitation
après la vente a été contesté, il'
n'est pas jugé et il pèse encore sur
cette vente.
Les frais de vente une fois payés,
la propriété sera libre, et le parti
culier, devenu propriétaire> ne
paiera que les impôts communs.
- Le fisc aura détruit par cette vente
la matière imposable.
Un huissier s'est présenté, à la
requête du directeur général de
l'enregistrement, à l'établissement
de Notre-Dame des Chênes, de
Paramé (Ille-et-Vilaine), tenu par
les Dames des Saints-Cœurs : de
Jésus et de Marie. Sommation leur
a été faite d'avoir à acquitter, sous
le# peines de droit, la somme de
1,400 francs pour la taxe d'abonne
ment.
La communauté a refusé de
payer.
Le fisc vient de mettre à exécu
tion ses mesures contre les Ursu-
lines de Crémieu (Isère). Il a fait
saisir un verger, que ces religieuses
possèdent à la porte de la ville.
Le bruit court que de nouvelles
mesurés vexatoires vont être prises
contre l'orphelinat de la Roche-
Arnaud (Ilaute-Loire), contre les
Carmélites et les religieuses de
Saint-Charles du Puy, contre les
religieuses de la Visitation d'Or-
nans, les Ursulines d'Orchamps,
les Clarisses, Sœurs de la Charité
et Sœurs de la Sainte-Famille de
Besançon. Toutes ces congrégations
opposent la résistance passive. ^
Soixante contraintes ont été dé
cernées dans le diocèse d'Angers.
CORRESPONDANCE ROMAINE
Rome, 3 février.
LL. GG. Mgr Zardetti, d'origine
suisse, ancien archevêque de Buka-
rest et actuellement archevêque ti
tulaire de Mocisse ; ainsi que Mgr
Troski, archevêque de Scopia, en
Albanie, et un autre prélat albanais,
Mgr Dochi, abbé de Saint-Alexan
dre d'Orosci, viennent d'être reçus
par le Saint-Père.
L'évêque de Saint-Flour, Mgr
Lamouroux, est arrivé à Rome pour
la visite ad limina. Sa Grandeur est
descendue au séminaire français de
Santa-Chiara.
Contrairement à l'annonce pré
maturée de quelques journaux, on
n'a pas encore d'exactes nouvelles
sur la date de l'arrivée à Rome de
LL. EEm. les cardinaux Richard et
Lângénieux, pas plus que de Mgr
Coullié et de Mgr de Cabrières.
On sait seulement qu'il y aura à
Rome un mouvement notable d'évê-
ques et de cardinaux de Frarice à
l'époque de la canonisation de fin
mai.
La commission cardinalice char
gée par le Saint Père d'aviser aux
préparatifs de la cérémonie solen
nelle de la canonisation vient d'ap
prouver le projet de l'architecte de
la basilique vaticane, M. ^ le com
mandeur J3usirij pour la décoration
et l'illumination à l'intérieur de cette
basilique où il est décidé que la
prochaine canonisation aura lieu.
— A la suite de l'offrande tradi
tionnelle des cierges peints: et his
toriés, qui lui a été faite hier pour
la fête de la Purification ou Chande
leur, le Souverain Pontife a ordonné
de faire de ces magnifiques cierges
autant de lots . destinés soit aux
églises et aux monastères pauvres,
jusque dans les pays de mission,
soit aux personnes qu'il veut hono
rer parmi le corps diplomatique et
le patriciat romain, ou l'épiscopat
des divers pays. ;
—- Le comité qui, sous là prési
dence honoraire de S. Em. le car
dinal Jacobini et la présidence ef
fective de M. le comfé Acqua-
derni, avec la vice-présidence de
M. le commandeur Tolli et le dé
voué concours de hautes notabi
lités catholiques d'Italie et de di
vers pays, a pris l'initiative, déjà
approuvée "par Bref pontifical, d'une
solennelle manifestation de foi et
d'àmour au Christ, Notre Sauveur,
pour marquer dignement le passa
ge du XIX e au XX e siècle, travaille
activement à organiser les moyens
de propagande et d'action jà cet
effet. Son premier act« sera un cha
leureux appel aux œuvres et a,sso-
Edition quotidienne. — 10,613
Dimanche 7 Février 1897
ÉDITION QUOTIDIENNE
PARIS - ■'
et départements
Un an..,.....: 40 » :
Six mois...... 21 »
Trois mois.... . il »
ÉTRANGER
(UNIO-y POSTALE)
_ Si »
26 SO
14 .
Les aboaaementa" partent des l» et 10 de chaque mois
ÉDITION SEMI-QUOTIDIENNE
1 /*■ - t- * / ■
PARIS ' ÉTRANGER
et départements (union postale)
Un an....i.... 20 »
Sixmois ,10 »
Trois mois r... „ 5 »
26 »
13 »
6 50
UN NUMÉRO I P aris i
{ Départements..... 1
: - y . , —; ,t
„,,ï BUREAUX : Paria, rue Cassette, 17
4 t)n s'abonne i Rome, place du Gesù, 8
10 cent.\
15-
"ES'rr
Les abonnements partent 'des 1 er et 16 de chaque mois
L'UNIVERS ne répond pas des manuscrits qui lui sont adressés
ANNONCES .
MM. LAGRANGE, CERF et C io , 6, place de k Bourse
' î s '.i
PARIS, 6 FEVRIER 1897
t
;tr- >.
SOMMAIRE)
Lo ralliement...... P ierre . V euillot.
Questions d'Orient F. L.
La question juive. . E. V. .
Çà ' et là : Rime' ët
; césure F rançois V euillot.
Au Sénat ...... J. M antenat.
Correspondance ro-
»ftine ..V....
Conférences du Lu-
icembourg : Après
l'école ..... E douard A lexandre
Bulletin du jour. — Le fisc et les con
grégations. — Un aveu important. —Un
r . communiqué épiscopal. —r Informations
, 1 lues , et parlementaires. — Les ar-
... j. ..e France., — A travers la presse. —
,',\ j victoire féministe. —Chronique. —
Lenres, sciences et arts. La tombe de
r .vBpssaet. —• La colonie italienne à Paris.
— Retour des Coptes. — Chronique • reli
gieuse.— Dans la Légion d'honneur.—
Echos de partout. — A la Chambre des
; communes. — Les massacres de Crète.
. . — Dépêches de l'étranger, r-r- La peste.
v —Les anarchistes. —: Tribunaux. — Mou-
.. vement judiciaire. — Une catastrophe
dans
velles diverses. — Tableau et bulletin
. de la Bourse. — Dernière heure.
LE RALLIEMENT
■_ Les réfractaires continuent, de
dénaturer nos intentions. Nous ac
ceptons la forme républicaine ; ils
affirment obstinément que nous, ac
ceptons aussi les lois sectaires. On
a beau leur prouver jusqu'à l'évi
dence qu'il n'en est rieri : ils. n'en
veulent pas. démordre. Cette néces
sité où ils sont, pour nous com
battre, de fausser à ce point notre
attitude, ne .démontre-t-elle pas,
jmieux peutrêtre que. n'importe quel
^raisonnement, cqmbien nous som
mes dans -le vrai? Si nous avions
tort, il ne leur serait pas bes.oin de
■recourir contre nous, avec, une per
sistance acharnée, à ce procédé peu
loyal.
; ,M. de Cassagnac, l'autre jour, re
tenant sur la question du « rallie
raient », rééditait, pour la six-cen-
"tième fois, l'habituelle calomnie.
Tout d'abord, l'ancien député du
Gers s'octroyait à lui-même un cer
tificat d'impérialiste fidèle. On peut
se demander s'il obtiendrait la si
gnature de son prince au bas de
cette élogieuse attestation. Mais il
ne faut point se montrer par trop
curieux. Bornons-nous à une simple
remarque. M. de Cassagnac aurait
voulu, de parti pris, amener au duc
d'Orléans le plus grand nombre
possible, de bonapartistes,qu'il n'au
rait absolument rien eu à modifier
dans l'attitude qu'il observe depuis
quelques années. Cela dit, laissons
de côté cet autre ralliement, et ve
nons à cex[ue le directeur de 1 'Au
torité répète snr l'acceptation, par
les catholiques, de la forme répu
blicaine. L'ancien député du Gers
proclame de nouveau, d'abord, que
jamais il ne se « ralliera ». Et il
donne e.n ces teçmçs les motifs de
son dégoût:",
Il nous faudrait, comme des chiens,
lécher la main quinous frappe et baiser
la bouche qui nous injurie.
~ Il faudrait renoncer à jetèr bas une
misérable baraque peuplée de voleurs et
de brigands, sous prétexte que c'est le
gouvernement « établi ».
Il faudrait enfin accepter, sous prétexte
qu'ils sont « accomplis », les faits de ré
volte, de révolution, qiii ont outragé le
«droit et la légalité ; comme s'il y avait
prescription, en politique, pour les actes
perpétrés contre le droit et la légalité!
•* Etc., etc., etc...
Evidemment^ M. Paul de Çassa-
ignac aurait cent fois raison, s'il
.croyait que l'acceptation delà forme
gouvernementale actuelle entraîne
toutes ces conséquences, de se re
fuser à prendre position sur le ter
rain. constitutionnel. Mais comme il
sait fort bien le contraire, comme il
■saitrque nous nous proposons de dé
sarmer plus facilement la main qui
ï'ra,pp.e l'Eglise, de. museler plus
solidement la bouche qui l'injurié,
pourquoi fait-il semblant de s'y
tromper ? C'est beaucoup plus com-r
-mode assurément lorsqu'on veut
décrier l'attitude constitutionnelle
et insulter ceux, qui l'adoptent. Ce
pendant la comriiodité ne dispense
personne,mêmé pas l'ancifen député
au-Gers, de la loyauté.
' Et si M. de Cassagnac ne I trouve
pas d'autre moyen ae combattre le
« ralliement », alors pourquoi le
combat-il? Pourquoi combattre ce
qui est inattaquable à moins d'user
de la calomnie ? La fidélité impéria
liste, si fervente et inébranlable,
que professe l'ancien député du,
Gers, peut être' invoquée comme
circonstance ' atténuante. Mais elle
ne saurait, elle-même, tout permet
tre, tout excuser.
* Du reste, le directeur de l'Auto
rité prévoit le cas où cette fidélité
devrait se taire. Qu'on rétablisse le
roi, et M. de Cassagnac, s'asseyant
avec dignité sur sa foi politique
pour'në^ pas l'égarer tout eh la relé
guant à l'arriere-plan, acclamera
"Philippe VIII. Il'l'a promis: Abné
gation héroïque, dira-t-il : la France
a,vant tout. De cette même-abnéga
tion, justement, les constitutionnels
font. preuve, sans même • attendre
l'excuse et la garantie du succès.
Mais il y a mieux encore ! L'ancien
député du Gers nous promet; en
outre, si la République devenait
propre; ce qu'il considère comme
« réalisable », de lui accorder sa
grâce. Au lieu d'étrangler la Gueu
se, il. s'y... rallierait.
Alors, quoi? La querelle viru
lente que nous fait M. de Cassagnac
n'aurait d'autre cause qu'une simple
question de méthode ? Avant d'ac
cepter la République, il veut qu'elle
se nettoie elle-meme. Nous' esti
mons cette opération difficile, et
jugeant que sans plus attendre, il
convient d'y collaborer par tous nos
efforts, qui ne seront pas de4rop,
nous entrons dans la place pour
l'assainir. Le directeur de- l'Auto
rité peut croire et déclarer que
,n_ous échouerons; c'est un point.de.
tactique à discuter courtoisement.
Mais de quel droit nous injurië-rt-il,
et nous dénonce-t-il comme des
traîtres, quand lui-même se procla
me prêt, si notre travail aboutit,
à profiter du succès de la tenta
tive?
Plus on y réfléchit, moins on com
prend les grandes colères incohé
rentes de M. Paul de Cassagnac. Il
est vrai que cette attitude lui per
met d'épancher quotidiennement les
tirades enflammées qui charment
un. certain public, pour lequel ta
page est synonyme d'action. Mais
s'il lui plaît de sacrifier tout le reste
à la fanfaronnade et à sa gloriole
personnelle, il doit comprendre
qu'on puisse avoir d'autres sou
cis.
Pierre Veuillot.
BULLETIN DU JOUR
Une élection législative aura lieu de
main dans la première circonscription
de Laon (Aisne), à lleffet de remplacer
M. Cuissart, radical, décédé.
L'Officiel d'aujourd'hui publie des
nominations et des promotions dans la
Légion d'honneur, ainsi qu'un impor
tant mouvement judiciaire.
M. Peytral a pris hier possession de la
présidence de la gauche démocratique du
Sénat, et à cette occasion a prononcé un
discours dans lequel il a affirmé que le
pays allait au radicalisme.
La séance d'hier à. la Chambre des
communes a été très importante : elle, a
été entièrement consacrée à la question
d'Egypte et le-chancelier de l'Echiquier
a fait a ce sujet d'intéressantes déclara
tions que nous reproduisons plus loin.
Le crédit pour l'Egypte a été adopté à
une très grosse majorité.
Les dépêches nous apportent de na
vrantes nouvelles au sujet de la Crète.
Ces dépêches qu'on lira plus loin pa
raissent malheureusement contenir des
faits exacts.
Les puissances vont donc être obligées
d'intervenir de nouveau, et cela, sans
retard. La situation est critique.
Les étudiants italiens continuent leurs
manifestations ; plusieurs facultés sont
fermées. -
Il y a une crise ministérielle au Por
tugal. La démission des.ministres a été
acceptée par le roi et sera annoncée de
main. M: Luciano de Castro a été chargé
de former un nouveau cabinet dans le
quel M. Barfos Gomez prendra le porte
feuille des affaires étrangères.
OUESTIOrD'ORIENT
Dans l'ensemble, les nouvelles
qui nous viennent d'Orient ne sont
g oint bonnes. La pacification delà
rète, qui paraissait assurée, est de
nouveau remise en question. S'il
faut en croire les télégrammes qui
vienneht ;; d'Athènes, ; les massacres
entre musulmans et chrétiens aur-
raient recommencé
D'un autre côté-, le projet général
de réformes pour l'empire turc, au
quel les représentants des grandes
puissances européennes à Constan-
tinople travaillent de concert et
avec assiduité, dit-on, n'avance
que lentement.
, Le Sultan^ que l'on presse, en at
tendant, de mettre en pratique cer
taines réformes préliminaires déjà
élaborées, op pose aux ■ Puissances
des lenteurs inexplicables qui pro
longent, au grand péril de la paix
de l'Europe et dé sa propre sécu
rité, une situation profondément
troublée.
,/Ûn tel état de choses ne „ saurait
durer longtemps : ou il y sera mis
un terme par l'application des ré
formes, ou quelque nouvelle et ter
rible explosion des passions reli
gieuses et des haines de races, qui
fermentent ën ce moment dans tout
l'empire ottoman, viendra brusquer
les événements et imposer une so
lution violente.
A première vue, l'inertie dilatoire
où s'enferme le Sultan, en dépit des
objurgations pressantes des gran
des puissances, a toutes le^ appa
rences d'une obstination aveugle et
d'un entêtement funeste. A la ré
flexion, on se rend compte que
le malheureux Commandeur aes
•croyants est simplement très em
barrassé, se trouvant pris entre les
'exigences réformatrices des Puis
sances et la résistance pleine d'une
sourde colère qu'il rtencontre ' chez
les musulmans, ses fidèles.
Si, pour sauver sa domination et
ce qui reste de ce que l'on appelle
pompeusement l'intégrité de l'em
pire ottoman, le sultan défère aux
conseils des grandes puissances,
ne court-il pas le risque de provo
quer l'explosion même du fanatisme
musulman ? explosion qui compro
mettrait tout, que tout le monde
s'efforce de conjurer? ;
C'est la question.
P. L.
1A QUESTION JlllVE
Voici sur cette question un livre
de savoir et de doctrine - éciit avec,
calme et cependant plus dur au fond
pour les juifs que le plus virulent
pamphlet. Il est intitulé : Les Juifs
devant l'Eglise et l'histoire. L'auteur
est le R. P. Constant des Frères-
- Prêcheurs, docteur en théologie et
en droit canon. Ces titres à eux
seuls disent qu'il s'agit d'une œu
vre où la question juive est prise à
sa source et étudiée à la lumière des
principes. En effet, ce n'est pas ici
une campagne contre les sémites
et leurs exploits de diverses sortes
sur divers terrains; c'est une dé
monstration savante, ferme, avec
documents; de la perversion des
juifs par leur enseignement reli
gieux tel que l'a fait le Talmud.
M. Edouard Drumont avait en
trevu cela au début de sa vigou
reuse entreprise, mais bien que très
hardi il n'a pu sans quelque gêne,
je dirais volontiers quelque effroi,
s'entendre accuser de faire une
guerre religieuse. Que voulez-vous?
.quand on n'a pas absolument rompu
avec le boulevard on garde toujours
une certaine crainte du qu'en, dira-t
on ! Il s'ensuit qu'au lieu de mon
trer dans le juif le talmudiste, M.
Drumont ne veut plus guère y dé
noncer que le sémite.Laissant a peu
près de côté le docteur il fait vivre et
agir le manieur d'argent, l'usurier,
le tripoteur, l'industriel sans cons
cience, le traître, le malade, etc.
Assurément c'est le moyen'de mieux
atteindre la foule, de mieux saisir et
exciter l'opinion, et l'on sait qu'il y
réussit. Est-ce assez? Non. Il fau
drait aussi faire à la doctrine, à l'en
seignement, la part qui convient.
Cette part on la trouvera au long,
au clair, dans le remarquable travail
du R. P. Constant. Grâce à ce tra
vail, la question juive fera son che
min dans le milieu où il faut que les
idées pénètrent pour produire une
solution.
Ce n'est ici, le lecteur le com
prend, qu'une indication générale de
l'ouvrage du docte dominicain, ou
vrage que nous venons de parcou*
rir en hâte. En attendant le compte
rendu qu'il, faut donner, nous al
lons compléter nos indications par
les titres des divisions du livre:
I. Là nation juive. — II. La richesse
juive. — III. La loi juive. — IV.
Le Pape et le juif. —V. Législation
de l'Eglise concernant le juif. Part
de cette législation affectant la vie
individuelle. Le Ghetto. La rouelle
jaune. • VI. Part de la législation
affectant la vie ' domestique. La
nourrice. Les autres serviteurs.—
VII. Part de la législation affectant
la vie civile. Le commerce. Les pro
fessions. Professions interdites, per
mises. — VIII. Part de la législa
tion affectant la vie religieuse. Le
meurtre rituel.—IX.Pièces justifica
tives (1).
Voilà qui promet beaucoup; et
nul doute que tout ce qui "est promis
ne soit tenu.
E.' V.
ÇSà et là
LA RIME ET LA CÉSURE
Dans le plus récent numéro de la Revue
de Paris^M. Amédée Rouquès a introduit
L'aimable chanson de quelques vers entré
deux-articles sérieux,, l'un d'histoire et
l'autre politique.
M. Amédée Rouquès est vraiment un
poète, à la différence de maints auteurs
qui font aussi des vers, mais qui n'ont
pas pour deux sous de poésie, si j'ose
employer cette image, triviale et pour
tant expressive. Toutefois, cet écrivain
dont le Sens poétique est si développé^
qui sait charmer par la délicate harmo
nie de ses chants et qui, sans doute, —-
on le-devine à l'habileté de son art, —■
pourrait plier son inspiration aux règles
de la prosodie, cet écrivain tombe dans
le travers de la nouvelle école. Il mécon
naît les lois du vers ; il rompt, de parti
pris, la cadence et l'harmonie de la cé-
(1) Un volume in-8°. Librairie Gaume.
Paris..
suFè;il supprime, à son gré, les vieilles
traditions de la rime.
Assurément, M. Amédée Rouquès ne
va pas aussi loin, dans cette voie, que. les
plus ardents ou les plus hardis des poè
tes «jeunes » ; il ne se permet point les
fantaisies de M. Viellé-Griffin, qui fut
décoré l'année dernière, ou de M. Henri
de Régnier, qui est gratifié de la croix,
aujourd'hui. Ces deux chevaliers delà
Légion d'honneur se dispensent parfois,
pour rimer, de consulter l'œil et l'oreille;
et, par contre, ils savent faire -entrer,
dans un seul vers, jusqu'à treize et qua
torze pieds. On a estimé qu'un pouvoir
aussi merveilleux méritait bien le ruban
rouge.
M. Amédée Rouquès a moins d'audace:
il se contente* en général, de licences
timides. Ces licences, toutefois, au
raient suffi pour faire bondir et hurler,
il y a un petit demi-siècle au plus, non
les classiques seulement, mais les plus
entreprenants des romantiques.
Donnons quelques exemples.
Notre poète aime à séparer par une cé
sure hardie autant qu'inattendue, les
mots qui sont le plus accoutumés à mar-
chèv de conserve : il les surprend brus-
.quement et : les exile impitoyablement,
Jfih'aciin dans son hémistiche.
Ainsi, il écrit volontiers
Parmi les brumes du — soir proche, et les fumées..*
Les grands bœufs roux qui pas — à pas rentrent
[des champs...
Des fleura champêtres ou — des feui les envolées...
Pour peu que l'oreille ait appris à
chercher, dans l'alexandrin, l'habituelle
cadence de la vieille césure, il est certai
nement peu devers aussi durs,aussi con
traires à l'harmonie, que le dernier; ce
a champêtres ou... » formant la fin d'un
hémistiche est d'un effet déplorable. On
n'à 1 le droit décrire ainsi qu'à la condi
tion d'abolir absolument la césure et
d'inventer un. rythme nouveau. Mais in
troduire une ligne pareille entre deux
vers composés selon la tradition, c'est
mettre une note fausse et criarde au mi
lieu d'une mélodie charmante.
De même, est-il rien qui choque au
tant l'oreille habituée au balancement du
vers, qu'une césure appuyant son repos
sur une syllabe muette. Ecoutez ces
mots:
Je sais pourtant, lampes fidèles et discrètes. . ,
Il serait impossible, au plus habile di
seur, de faire sentir ici l'harmonie du
vôes . Or, s'il est vrai qu'il faut éviter la
monotonie d'une césure trop marquée, on
ne , doit pas absolument supprimer ce
repos, qui coupe heureusement la lon
gueur de l'alexandrin. Car enfin, si l'on
ne croit pas nécessaire de faire sentir à
l'oreille la cadence et l'harmonie du
vers, autant écrire en prose.
D'ailleurs, quand on prend avec la cé
sure toutes ces libertés, on né doit pas
avoir de peine à s'en passer, de temps, en
temps, pour peu qu'elle gène ou qu'il
prenne à l'auteur fantaisie de la suppri
mer. Ainsi en use, hardiment, M. Rou
quès. Çà et là, @n rencontre chez lui des
vers tournés de la sorte :
Bienveillante?, silen—cieuses, elles veillent...
La main roidie et l'a—mertumo de la bouche ..
Un vagabond, h l'om—bre s'asseyait sur l'herbe...
Quant à la rime, — autant notre auteur
se complaît à opérer des séparations ino
pinées, parla césure, autant il s'amuse
à marier, par la rime, une quantité de
mots que l'ancienne poésie écartait les
uns dés autres, avec résolution. Dans ses
vers, on*aperçoit rougissants rimer avec
sang ; froissés fait écho à passer; mer
veilles est tout surpris de se voir accou
pler à veillent, comme nuit à s'enfuient,
et fugitives à vivent ; plus loin, on ren
contre un fleuve où des boeufs, pour ri
mer bizarrement, s'abreuvent ; ailleurs,
c'est l'eau à laquelle on entend, au bout
dù' vers suivant, répondre un volet
clos, etc., etc. ■ ■ ■■
Je me demande quel besoin l'on a de
chercher des rimes de ce genre, quand
on est capable, évidemment, d'en trou
ver de meilleures. ''
C'est toujours la même tendance —
une tendance très fâcheuse — à briser la
règle du vers. M. Amédée Rouquès est,
relativement, timide; un-autre plus auda
cieux, rompt plus violemment les tradi
tions antiques et prend, avec les lois de
la prosodie, des licences plus folles.
Mais tous deux, M. Rouquès et le dé
cadent échevelé, font la même besogne,
et aboutissent au même point: remplacer,
dans les vers, là règle générale par
toutes les fantaisies particulières; Est-il
rien de plus déplorable? Au fond, c'est
tout simplement supprimer le vers ; car
si la poésie existe sans le vers, le vers
n'existe point sans la règle.
La poésie est une qualité du cœur, de
l'intelligence ou de l'imagination ; le vers
est"un iiitrument..Entre le verset la poé
sie il y a la même différence qui sépare
un violon de la musique. Le Téléma-
que est une œuvre éminemment poé
tique ; on' n'a jamais prétendu, pour cela,
qu'il fût écrit en vers. Si nos modernes
poètes ne veulent plus dés règles du vers,
où tant de génies ont su canaliser leur
inspiration sans l'amoindrir, eh bien,
qu'ils jettent la poésie de leur cœur ou de
leur esprit dans une prose harmonieuse
et cadencée. Mais, au moins, qu'ils ces
sent de torturer notre beau vers français
et le laissent Tà, dans sa grandeur sévère
et dans sa pureté ravissante !
François Veuillot.
AU SÉNAT
Encore l'élection de M. Constans. —
L'installation de M. Peytral. —Les
mesures contre la pesté.
Le bruit courait hier dans les cou
loirs du Luxembourg que M. de
Verninac serait chargé par la gau
che démocratique de combattre les
conclusions du l or bureau, lesquelles
tendent à proclamer M. Constans
purement et simplement élu.
Renseignements pris, la nouvelle
est inexacte, ou tout au moins pré
maturée. La gauche démocratique
serait assez disposée en principe à
intervenir dans la discussion, mais
elle n'a pas encore choisi son ora
teur.
Ce groupe, qui fait beaucoup par
ler de lui depuis quelque temps, a
installé, avant la séance, son nou
veau président : M. Peytral. Ce
dernier a prononcé un discours en
trois points. D'après lui :
1° La France s'attache de plus
en plus à la politique radicale (!)
2° Le cabinet Méline a exercé une
très forte pression officielle aux der
nières élections.
3° Les ralliés et les collectivistes
— M. Peytral les met ensemble —
sont les seuls partis qui soient dan
gereux pour la République.
Le nouveau président de la gau
che démocratique a eu, toutefois, l'o
bligeance d'ajouter que tout citoyen
français, quel que fût son habit,
avait le droit de se dire républi
cain (c'est encore heureux !), mais
qu'il avait, lui Peytral, le devoir de
mettre le pays en garde contre les
promesses illusoires (?) de certains
candidats.
En séance, le même Peytral, ^qui
s'inquiète de la peste, a posé une
question au ministre de l'intérieur :
« Il s'agit, a-t-il dit, de la santé
publique. Des navires venant des
Indes sont arrivés à Marseille et.ont
été envoyés au lazaret du Frioul. On
avait supposé que ces deux navires
subiraient une longue quarantaine.
Il paraît que l'on se propose de leur
en faire subir une de 24 heures seu
lement.
« La population de Marseille a
été profonaémant émue. Sur la de
mande du maire et du préfet, le mi
nistre a autorisé le maintien de ces
navires - au Frioul, mais seulement
pour quelques jours. C'est insuffi
sant. Car il s'agît de désinfecter plu
sieurs milliers de tonnes de mar
chandises. »
M. Peytral a donc demandé à M.
Barthou de prolonger la quaran
taine et de décider que, désormais,
les bâtiments venant de l'Inde ne
seraient plus admis dans nos ports,
à moins d'avoir une patente abso
lument nette.
Le ministre de l'intérieur a ré
pondu qu'il ne fallait nullement se
préoccuper de certaines «nouvelles
tendancielles », que toutes les mesu
res de précaution étaient déjà pri
ses à l'intérieur et qu'au surplus la
conférence de Venise allait se réu
nir incessamment.
Le reste de la séance a été consa
cré à la discussion du projet sur la
santé publique.
M. Buffet et le marquis de Carné
ont vainement essayé d'atténuer les
droits draconiens que le nouveau
projet donne à l'administration sur
les propriétaires. Leurs amende
ments ont été repoussés.
M. Volland a réussi pourtant à
faire prendre en considération un
amendement qui sera discuté à la
prochaine séance et dont nous par
lerons alors.
J. Màntenay.
IE FISC ET LES COMÉGÀTMS
Mgr Turinaz, évêque de-Nancy,
adresse à la Supérieure générale
des Sœurs de la doctrine chrétienne
une lettre relative à la saisie immi
nente des immeubles de cette con
grégation.
'Mgr Turinaz rappelle les innom
brables services rendus par cette
congrégation à l'enseignement po
pulaire, expose la vraie situation
financière des religieuses, les
charges écrasantes qu'elles sup
portent déjà, en dehors de la taxo
d'abonnement, et termine.en parlait
du fameux projet de loi sur les as
sociations; suspendu comme une
perpétuelle menace sur les congré-
f;ations.religieuses, et dirigé spécia-
ement contre celles dont la persé
cution fiscale ne peut venir à bout
aujourd'hui.
Interprétée et exécutée par un gouver
nement^ hostile, cette nouvelle loi serait
une loi de mort pour toutes 'les congré
gations religieuses.
C'est pourquoi il se pourrait que, à
tous égards, la meilleure part appartînt
un jour aux congrégations qui, comme la
vôtre, ont préféré, selon la parole de nos
Livres saints, « mourir dans leur simpli
cité ».
Recevez, ma révérende mère, l'assu
rance de mes sentiments bien dévoués en
Notre-Seigneur.
-j- C harles- F rançois,
évêque de Nancy et de Toul.
Une faute d'impression nous a fait,
dire hier que le couvent des Ursu-
lines d'Avignon avit -été vendu 56 fr.
Ce couvent a été vendu d'abord
5,005 francs. Après surenchère,
une nouvelle vente a eu lieu; et le
couvent a été adjugé 55,000 francs,
à M. Roux, avoué des religieuses;
(pro declarando) (pour un ami du
couvent, dont le nom sera donné
ultérieurement). - '
Lejcdire » revendiquant, pour les
religieuses le droit d'habitation
après la vente a été contesté, il'
n'est pas jugé et il pèse encore sur
cette vente.
Les frais de vente une fois payés,
la propriété sera libre, et le parti
culier, devenu propriétaire> ne
paiera que les impôts communs.
- Le fisc aura détruit par cette vente
la matière imposable.
Un huissier s'est présenté, à la
requête du directeur général de
l'enregistrement, à l'établissement
de Notre-Dame des Chênes, de
Paramé (Ille-et-Vilaine), tenu par
les Dames des Saints-Cœurs : de
Jésus et de Marie. Sommation leur
a été faite d'avoir à acquitter, sous
le# peines de droit, la somme de
1,400 francs pour la taxe d'abonne
ment.
La communauté a refusé de
payer.
Le fisc vient de mettre à exécu
tion ses mesures contre les Ursu-
lines de Crémieu (Isère). Il a fait
saisir un verger, que ces religieuses
possèdent à la porte de la ville.
Le bruit court que de nouvelles
mesurés vexatoires vont être prises
contre l'orphelinat de la Roche-
Arnaud (Ilaute-Loire), contre les
Carmélites et les religieuses de
Saint-Charles du Puy, contre les
religieuses de la Visitation d'Or-
nans, les Ursulines d'Orchamps,
les Clarisses, Sœurs de la Charité
et Sœurs de la Sainte-Famille de
Besançon. Toutes ces congrégations
opposent la résistance passive. ^
Soixante contraintes ont été dé
cernées dans le diocèse d'Angers.
CORRESPONDANCE ROMAINE
Rome, 3 février.
LL. GG. Mgr Zardetti, d'origine
suisse, ancien archevêque de Buka-
rest et actuellement archevêque ti
tulaire de Mocisse ; ainsi que Mgr
Troski, archevêque de Scopia, en
Albanie, et un autre prélat albanais,
Mgr Dochi, abbé de Saint-Alexan
dre d'Orosci, viennent d'être reçus
par le Saint-Père.
L'évêque de Saint-Flour, Mgr
Lamouroux, est arrivé à Rome pour
la visite ad limina. Sa Grandeur est
descendue au séminaire français de
Santa-Chiara.
Contrairement à l'annonce pré
maturée de quelques journaux, on
n'a pas encore d'exactes nouvelles
sur la date de l'arrivée à Rome de
LL. EEm. les cardinaux Richard et
Lângénieux, pas plus que de Mgr
Coullié et de Mgr de Cabrières.
On sait seulement qu'il y aura à
Rome un mouvement notable d'évê-
ques et de cardinaux de Frarice à
l'époque de la canonisation de fin
mai.
La commission cardinalice char
gée par le Saint Père d'aviser aux
préparatifs de la cérémonie solen
nelle de la canonisation vient d'ap
prouver le projet de l'architecte de
la basilique vaticane, M. ^ le com
mandeur J3usirij pour la décoration
et l'illumination à l'intérieur de cette
basilique où il est décidé que la
prochaine canonisation aura lieu.
— A la suite de l'offrande tradi
tionnelle des cierges peints: et his
toriés, qui lui a été faite hier pour
la fête de la Purification ou Chande
leur, le Souverain Pontife a ordonné
de faire de ces magnifiques cierges
autant de lots . destinés soit aux
églises et aux monastères pauvres,
jusque dans les pays de mission,
soit aux personnes qu'il veut hono
rer parmi le corps diplomatique et
le patriciat romain, ou l'épiscopat
des divers pays. ;
—- Le comité qui, sous là prési
dence honoraire de S. Em. le car
dinal Jacobini et la présidence ef
fective de M. le comfé Acqua-
derni, avec la vice-présidence de
M. le commandeur Tolli et le dé
voué concours de hautes notabi
lités catholiques d'Italie et de di
vers pays, a pris l'initiative, déjà
approuvée "par Bref pontifical, d'une
solennelle manifestation de foi et
d'àmour au Christ, Notre Sauveur,
pour marquer dignement le passa
ge du XIX e au XX e siècle, travaille
activement à organiser les moyens
de propagande et d'action jà cet
effet. Son premier act« sera un cha
leureux appel aux œuvres et a,sso-
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