Titre : L'Univers
Éditeur : L'Univers (Paris)
Date d'édition : 1897-01-28
Contributeur : Veuillot, Louis (1813-1883). Rédacteur
Contributeur : Veuillot, Pierre (1859-1907). Rédacteur
Contributeur : Veuillot, François (1870-1952). Rédacteur
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34520232c
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 28 janvier 1897 28 janvier 1897
Description : 1897/01/28 (Numéro 10603). 1897/01/28 (Numéro 10603).
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse Collection numérique : Bibliographie de la presse
Description : Collection numérique : BIPFPIG44 Collection numérique : BIPFPIG44
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k7093843
Source : Bibliothèque nationale de France
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 06/02/2011
Jeudi 28 Janvier 1897
Edition quotidienne. — 10,603
Jeudi 28 Janvier 1897
ÉDITION QUOTIDIENNE
• PARIS
- ET DÉPARTEMENTS
Un an i0 . 40 »
Six mois......; 21. »
Trois mois.; ,11 »
ÉTRANGER
(UNION FOSTALEj)
- 51 »
26 50
•* 14 »
Les abonnements partent des I e * et 18 do chaque mois
XJN NUMÉRO i F ' aris « •... »..... < ÎO cent.
I Départements....; i 15' —
BUREAUX : Paris, xue Cassettej 17
On s 'abonne à Rome,, place du Gesù, 8
EST
ÉDITION SEMI-QUOTIDIENNE
PARIS ÉTRANGER
ET DÉPARTEMENTS ' (UNION POSTALE)
Un. an...'
Six- mois.
Trois moisr...
26 »
13 »
6 50
Les abonnements partent des 1°? et 16 de chaque mois
L'UNIVERS ne'répond pas des manuscrits qui lui sont adressés
ANNONCES
. MM. LAGRANGE, CERF et C ie . 6, place de la Bourse
: PARIS, 27 JANVIER 18S7
SOMMAIRE
Inards..
Dévergondage
Diana Vaughan.-.....
En Autriche.......
A la Chambre......
Au Sénat...........
Monsieur Aùlu—
Gelle...
Correspondance, ro
maine ............
Les conférences du
Luxembourg.....
A. A iôUE-PERSB. "
P ierre V euillot .
E ugène T avernier .
L . I ribarnegaray .
G abriel de T riors .
J. M antenay .
G. d' A zambuja .
E douard A lexandre
Bulletin du jour. —-.Un. aveu, r-La vraie
lutte, -- Le repos .dominical. Les jour
naux catholiques italiens et .l'élection de
• Brest.—! Informations politiques et parler
mentaires. — Le voyage du comte Moura-
view.— Le procès Orléans-Anjou. — A
travers la presse.— Chronique. — Lettres,
sciences et arts.— L'Université catholique
: : deDu.blin.-r-_Sénat.^-Musiquè religieuse,
r- Chronique religieuse. — Echos de par
tout. —, Dépêches de l'étranger. — La
peste, t- Bagarres à Bordeaux, -r- Nécro
logie. — Tribunaux.. — Nouvelles di
verses. — Dernière heure. — Tableau et
bulletin de la Bourse.
LA POELE « LES CAFARDS
Un article du Temps que j'ai lu ces
jours-çi a réveillé dans mon esprit
une< . comparaison qui n'est pas
neuve. On sait les effarements de
la poule quia fait éclore une couvée ,•
de canards et qui les voit s'échapper
de squ.s son aile pour se précipiter
dans une mare- elle, s'agite, courant
tcrnt .'autour de l'eau, surprise, in
quiète, multipliant les cris d'appel.
Le grave Temps est cette poule.
m II lui ressemble par son effroi de
vant une éclosion à laquelle il ne
^'attendait pas ; mais là s'arrête la
similitude. La poulë n'a rien à se
reprocher ; elle; n'avait pas choisi les
ceufs qu'elle a couvés et elle ne pou- !
vait pas prévoir qu'il, en «sortirait '
d'autres êtres que'aes poulets. En
suite, elle a tort de s'effrayer : ses
petits reviendront du bain, nourris \
et dispos. Le Temps est moins in
nocent et ses alarmes sont fon-
dées.
- Donc, le Temps s'est arrêté, en ;
philosophe qui réfléchit, devant
cette huitième chambre correction
nelle: de Paris qui a jugé, il'y .a
quelques jours, une vingtaine d'en
fants; prévenus de vol ou de vaga- i
bond âge, Il a songé que .« cette >
fournée d'enfants » n'est pas Une
chose exceptionnelle et rare; qu'elle
rend sensible aux yeux la progrès- ;
sion de là criminalité précoce, qui ;
alarme les meilleurs esprits ; que le
cortège des jeunes criminels défi- ;
lant : devant la police correctionnelle
est de plUs en .plus long, dé plus en j
plus, pressé ; d'année en année et
presque d'une semaine à l'autre. Ët;
te Temps ne connaît pas de symp-j
' tôme pluS grave d'une société ma-j
Iàdë ; de la, son émoi. . . ■ i
î L'émoi est juste; mais,ô poule ef
farée, êtes-vous restée tout à fait,
étrangère à l'incubation des œufs,
dont le produit vous fait sursauter ?
Etait-il impossible, même difficile,,
de prévoir le résultat de la couvai
son? .
Lorsqu'un gouvernement inepte
et malfaisant proscrivait de l'école
primaire le nom même de Dieu et
imposait à là majorité des " enfants
français un, enseignement sans reli
gion, par conséquent contre la reli
gion, par conséquent sans morale,
, avait-il pour adversaires le Temps
et là , nombreuse classe de citoyens
dont il réprésente les idées, les sen
timents et les préjugés? Au con-
. traire, ne les avait-il pas pour com
plice® ?Lôi*sque ces gouyeïnants ou
leurs pareils proscrivaient ou rui
naient les ordres religieux d'hom-
' mes ét dé femmes, qui n'ont pas de
. rivaux, vous.; le savez bien, pour
. préserver l'enfant par la bonne édu
cation et pour le relever s'il a failli,
ont-ils/rencontré la résistance du
, Xemps et de sa clientèle. ? Pour de-
ô' , viser les fruits que donnerait l'école
sans Dieu il ne- fallait pourtant pas
" la pénétration d'un deMaistre, ni la
logique d'un Pascal» et là, chaire, la
•tribune et la pressele's avaient assez ;
•dénoncés dès les premiers jours,
Enfin,, quelles que soient ses faUr
tes dans le pàssé, le Temps semble •
. revenir à résipiscence, et çlest bien. •
. Sur son chemin de Damas, il sème :
" des paquets de vérités que l'on est
étonné de voir tomber ae sa main(.
■ Exemples : ' • 1 ;
' < « Une civilisation matérielle peut
. « aller progressant avec une. reellje
«' décadence morale. » Combien d'é
crivains catholiques ont été honnijs
" par les, lebteurs du Temps poujr,
avoir proclamé cette .affirmation ,dje-
bon sens ! I -
« Ici (le milieu dans lequel l'en
te fant est appelé à grandir) la théo-
« rie du. laissez dire, laissez "fairê,
« laissez 'passer, n'est plus de mise ;
« par elle devient chez dés hommes
« peu scrupuleux la théorie , de la
« culture et de - l'exploitation des
« instincts -les plus cas et' des vi
ce ces les plus destructeurs: » Pauvre
Syllabùs, a-t-il été assez décrié par
les libéraux à là façon du Temps
pour avoir dit cela !
« L'Etat, qui n'est qu'un très
« pauvre : éducateur, peut- encore
« moins être le guérisseur des âmes
« malades et le- redresseur des ca-
« ractères ' pervertis. » Comment !
c'est le Temps qui applique ce souf
flet à l'Etat universitaire, et laïcisa-
teur !
« Une société démocratique qui
« veut vivre ne doit pas s'organiser
« suivant les seules.lois de la nature
« et des sciences physiques, mais
« d'après les lois intérieures de la
« moralité. . S'il faut une action mo-
« raie pour élever l'enfant, il faut,
« à plus forte raison, une action
« morale organisée et constante
« pour le relever et pour le gué-
« rir. » ,- ■ : ..
" Nous y voilà. Le Temps, en quête
du remède au mal qui lui fait peur,
l'a enfin trouvé. La société doit être
organisée d'après les lois de la mo
ralité et l'enfant élevé et soutenu au
moyen de l'action morale:
■ À merveille! Mais faites-moi la
grâce de nous apprendre d'où vous
tirez la morale. Je connais une mo
rale très solide ; elle est établie sur
la croyance en un Dieu législateur
et iuge des hommes. En dehors de
celle-là, qu'on veuille bien nous en
montrer une autre; les libres-pen
seurs les plus huppés ont perdu, à
chercher cette morale « séparée »,
leur temps et leur peine; ils n'ont
réussi qu'à se rendre ridicules. La
morale n'existe qu'à la condition de
f)res.crire à la volonté humaine des
ois qu'elle doive observer* et cette
observance impose le sacrifice. Mais
si l'homme est le seul maître de lui-
même, s'il n'y a pas une aut^è vie où
il doive, rendre compte de ses actes
en celle-ci, pourquoi gênerait-il en
quelque chose sa volonté? Pour
quoi suivrait-il une autre règle que
son-plaisir ou son intérêt? On peut
mettre au défi tous les philosophes
présents et futurs de lui donner
une bonne raison de se soumettre à
une loi gênanté qui ne vient d'au
cune autorité et qui n'a pas de sànc-
tiôn.
Mais alors, plus d'hypocrisie de
mots, plus de déguisements d'atti
tude, plus"d'illogisme de conduite!
Vous voulez une morale, et il n'y
a pas de vraie morale, de morale ef
ficace, capable d'agir sur la société,
sans là foi en un Dieu qui nous a
créés* qui nous gouverne et qui nous
jugera.
L'école dite neutre, d'où le nom;
même de ce Dieu est banni,^est donc
un malheur et un danger ; ayez le!
courage de la désavouer publique- :
ment. - ■
L'école chrétienne, où le culte de .
Dieu et le -respect de ses comman -i
dements sont inculqués,, est donc lai
seule bonne et la seule : conforme àt
l'intérêt social ; ayez le bon sens dei
le reconnaître et agissez en consé-'
quence.
Se lamenter sur la ruine de la
morale et.faire ou laisser faire tout
ce qu'il y a ..de mieux pour tuer la
morale, c'est une conduite dont l'in
conséquence est le moindre défaut.
A, Aigueperse, .
BULLETIN DU JOUR
DEVERGONDAGE
Hier, à la Chambre, dans la question
des sucres, le ministère a triomphé en
faisant repousser le contre-projet Sieg
fried'.
Au Sénat, interpellation de M. Le
Provostde Launay au sujet dé'fraudes
dans de récents examens devant la Fa
culté des lettres dé'Lille.
Le ministre des finances a fait signer
hier au conseil des ministres un projet
de loi portant ouverture d'un second
douzième provisoire. La, commission du
budget discutera aujourd'hui ce pro-
jet.
» ; M. Antide Boyerquestionnera demain
le ministre de l'intérieur sur. les %nesu-
res qu'on devrait , prendre & Marseille
contre l'invasion de la peste buboni
que. ,
On s'inquiète en Europe de l'invasion
possible . de la peste bubonique qui ac
tuellement fait de si terribles, ravages à
Bombay. ;
■ Tous les,Etats ont adhéré à. la confé
rence sanitaire de Venise et à, la date du
10 février, proposée pour la convocatio'n
de cette conférence. j
Le traité anglo-chinois relatif à la
'frontière de Birmanie n'a pas été signé,'
malgré le consentement de la Chiné, jà
cause de l'opposition du ministre fran
çais. ■ ■. i ■
Ce traité comporte l'ouverture dw-Si-
Kiang au commerce anglais^ et le minik-
tre de France demande, afin de contre- '
balancer' les inconvénients de cette
clause pour les intérêts français, la
création d'un chemin de fèr dans lés
provinces de Kuang-Si et de Kuang-
Tung. . . "' s
La Gazette l'affirme : — L' Uni
vers, dans la lutte qui a précédé l'é
lection dë Brest, a poussé la vio*
lence jusqu'au dévergondage.
D'autre part, le Moniteur assuré,
en termes équivalents, que l'ingé
rence cléricale à dépassé toute me
sure. Ç'a été aussi un vrai déver
gondage. "
. Faut-il, même pour la repousser
d'un seul mot, s'occuper de la pre
mière accusation? Qui donc, pen
dant cette bataille, s'est laissé en
traîner par la fureur à la violence?
Qui donc, sortant bien loin des
bornes de la discussion loyale sur
le terrain des principes; aes pro
grammes, a fait la guerre au cou
teau ? Qui donc s'est efforcé de sa
lir, et désespérant du triomphe de
sa cause par les moyens honora-,
bles, a voulu écraser l'adversaire
sous des tombereaux de boue? Qui,
sinon la Gazette et les autres feuil
les réfractaires ?
La seconde accusation ne tient
pas mieux devant l'impartial exa
men des faits. Le rôle du clergé,
dans l'exercice de son influence lé
gitime, a été d'une correction àb-
solue. Il ne s'est point prêté à une
manoeuvre qui avait pour objet,
faussant la situation, de représen
ter la catholique Bretagne comme
rebellé aux directions pontificales.
Tel était le but visé par les promo
teurs de la candidature du comte de
Blois, mise en travers de la candi
dature ecclésiastique dont le carac
tère constitutionnel se trouvait déjà
décidé, sans que le choix de la per
sonne fût encore définitif.
Le clergé de la troisième circons
cription' de Brest ne s'est point
laissé démonter par cette manoeu
vre. Il a vu ce que les réfractaires
poursuivaient. Aux braves paysans
léonards qu'on voulait nous donner
comme des royalistes passionnés,,
quand ils sont tout simplement de
fermes catholiques et tiennent à le
montrer dans leurs votes, il a ré
pondu : Si votre premier désir n'est
pas d'acclamer la monarchie parle
mentaire, mais de défendre la paix,
l'ordre et l'Eglise, M. l'abbé Gay-
raud est le candidat pour lequel
vous devez voter...' C'est ce que les
électeurs ont fait, malgré toute l'in
fluence locale dont M. de Blois dis
pose par lui-même,- par les siens,
par ses amis réfractaires et ses al
liés sectàires.Vaine a été la pression
de cette coalition puissante et re
doutable. Ni les prêtres, ni les
paysans - n'ont obéi aux ordres
quon croyait pouvoir leur signi
fier.
Reste à savoir, maintenant, si
MM. les orléanistes n'admettent
l'action du clergé que lorsqu'elle
s'exerce conformément à leurs in
jonctions. Nous les avons vus déjà,
par la voix du Moniteur, nous mena
cer du maintien des lois sectaires.:,
quand leur monarchie sera restau
rée. Allons^nous les voir, complé
tant leur physionomie, . réclamer
une invalidation pour cause d'ingé
rence cléricale, eux qui ont si sou
vent imploré cette ingérence et
n'ont jamais craint de compromettre
l'Eglise? Nous le voudrions; Ceux
qui s'obstinent à croire au désinté
ressement des orléanistes ; ceux
qui refusent de reconnaître, dans
l'appui que certains conservateurs
parlementaires donnent à nos re
vendications, une attitude provisoire
dictée par l'intérêt de parti,auraient
enfin, espérons-le, les yeux dessil
lés. ■" '•■■■■■■■■■'■
Pierre Veuillot. '
UN AVEU
M. Cornély consacre un long ar
ticle du Gaulois à commenter l'élec
tion de Brest. Il le fait, naturelle
ment, en royaliste convaincu, telle
ment convaincu qu'il met sa foi. po
litique et sa foi religieuse en paral
lèle et va presque jusqu'à montrer,
dans l'Eglise et la monarchie, deux
choses également importantes, éga
lement intangibles.
Il parle en effet de « la religion
catholique » et de « la religion mo
narchique » ; et, d'après lui, c'est
un « sacrilège », . une « . véritable
profanation » d'opposeir.Dieu êt « le
Koi ». (Les deux ont la majus
cule.) !
: Mais M. Cornély est, en même
temps, un esprit pratique; et la pas-*
sion ne 1,'aveugle point. Aussi rie
.péut-il s'empêcher d'écrire. : I
Le conseil (donné par le Souverain
Pontife) est sage ; mais'la manœuvre
qii'il préconisé est à longue portée,'car
une armée aussi nombreuse qtfe le suî-
fràge universel, et dans le suffrage uni
versel les bataillons catholiques, ne se
mobilise ni en quelques mois, ni en quel
ques années. - t
En tous cas, ce qu'on a appelé les « di
rections pontificales » a produit d'abord
le mouvement de ralliement, lequel mou
vement a rendu possible l'existence d'un
.cabinet modéré dans la république.
I^es royalistes intransigeants fo^t
un crime aux « ralliés » de n'a
voir poiritdéjà transformé la légis
lation sectaire ; ils en concluent,
tout de suite, à l'échec du « rallie
ment ».
Eh bien, c'est un des leurs qui
fait observer que la politique in
diquée par Léon XIII est « à lon
gue portée»; c'est un des leurs qui
avoue que cette politique « à longue
portée » a cependant donné un pre
mier résultat.
Or, si le caractère essentiel d'une
politique « à longue portée » est de
produire une amélioration progres
sive et lente, le. premier résultat
obtenu n'est-il point conforme à c.e
caractère et n apparaît-il pas, en
tant qu'indice et espoir des succès
futurs, comme un résultat sérieux?
Nous n'avons encore fait qu'un
pas très court,—-mais dans labonne
direction, ce qui, pour le début,
était l'essentiel. Continuons donc à
marcher.
DIANA VAUGHAN
La comm ission romaine.
La Rivista• ■ an timassonica publie
la communication suivante adressée
par Mgr Lazzareschi au président
général de V Union antirnaçonique :
La commission romaine, se confor
mant au mandat qui lui a été confié par
le conseil directif général dé l'Union an-
timaçonique de Trente : " -
Considérant qu'elle n'a pas mission de
porter un jugement sur les révélations
faites en ces derniers temps au sujet de
la franc-maçonnerie ;
Considérant que l'objet de son examen
est étroitement limité aux trois questions
suivantes : 1°. l'existence affirmée d'une
Diana Vaughan ; 2" la réalité de la con
version de la même personne ; 3° l'au
thenticité des écrits qui lui sont attri
bués.
Négligeant le fait que les artifices
employés pendant ces derniers mois
provoqueraient une appréciation défa
vorable aux suj ets examinés ;
Après avoir déployé dans les recher
ches l'activité la plus scrupuleuse et em
ployé tous les moyens en son pouvoir
pour trouver la vérité ;
Déclare,
Que jusqu'à ce jour elle n'a recueilli
aucun argument péremptoire soit pour
soit contre l'existence, la conversion,
l'authenticité des écrits de la prétendue
Diana Vaughan.
Cela dit, la commission renouvelle son
adhésion entière et absolue aux Encycli
ques papales et à ce qu'elles contiennent
au sujet de la maçonnerie ; elle émet le
vœu que, les questions secondaires et de
moindre importance étant laissées de
côté, le zèle des catholiques soit entière
ment dirigé contre la secte . malfaisante,
elle décline désormais toute, «polémique
ultérieure et déclare son mandat ter
miné.. .
Rome, 22 janvier 1897.
Le président de la commission >
-J- Luigi L azzareschi, -
évêque de Néocésar ée.
Rodolphe V erzichi,
segretario.
Ainsi, aucune des preuves dont
M. Taxil prétendait avoir les mains,
pleines' a été envoyée à la commis
sion.
C'était à lui de fournir des preu
ves, comme à tout individu qui pro
duit une affirmation quelconque,
surtout un ensemble d'affirmations
si extraordinaires. Comme,toujours
il s'est dérobé.
Ces temps derniers, il avait pré-
tenduavôir donné àMgr Lazzareschi
le seul renseignement qui permet
tait une vérification réelle. Dansles
absurdes mémoires de sa Diana, il
racontait,d'après les détails les plus
pré.cis, une conversation qu'il aurait
tenue avec le digne prélat, à Trente.
Or, tout cela est faux. Mgr .Lazza
reschi a infligé à l'incorrigible char
latan un démenti catégorique, con
tenu dans une lettre que nous avons
publiée.
Prévoyant que la commission ro
maine (dont il affectait d'attendre
avec confiance le témoignage !) al
lait déclarer qu'elle n'était en pos
session d'aucune preuve, M. Taxil
a pris, ses mesures. Il annonce et
il fait annoncer par Diana (c'est la
même chose) qu'elle va se mani
fester... Mais il ne dit pas quand,
lui qui cependant connaissait cinq
mois d'avance le jour où devait
naître la grand'mère de l'Anté
christ !
Le charlatan-pornographe- em
ploie ce moyen vulgaire pour traî
ner. l'affaire en. longueur, gagner
quelques.mois, faire durer encore
son commerce d'exploitation. On
rasera, demain gratis.
Cependant la mystification. ne
§eut durer indéfiniment. Ainsi que l'a
it le R. P. Portalié, dans un travail
très remarquable qu'ont publié les
Etudes (1), c'est « une œuvre de
« mensonge qui compromettrait gra-
« vementl'Eglise ». La fourberie du
barnum est déjà dénoncée. Elle,
sera confondue.
Eugène Tavernier.
(1) Nous citerons prochainement plusieurs
passages de la démonstration péremptoire
présentée par le digne religieux. '
EN AUTRICHE
Le Reichsrath autrichien est dissous.
Cet événement, d'ailleurs prévu et an
noncé depuis quelque temps, est d'autant
plus fait pour mettre les électeurs en
émoi que le décret de dissolution a été
aussitôt suivi d'un décret ordonnant de
nouvelles élections à une date très pro
che.
. Dans six semaines les différentes « cu
ries » éliront leurs représentants et dès
le 27 mars doit s'ouvrir le Reichsrath, tel
qu'il va sortir de la loi électorale récem
ment votée.
Dans un article publié par l'Univers du
9 janvier dernier, nous avons rappelé les
dispositions de la réforme électorale qui
crée une cinquième « curie », celle du
suffrage universel. Nous n'avons donc
pas à.y revenir.
Dès maintenant le Vaterland de Vienne
est en mesure de reproduire une longue
et importante lettre pastorale collective
des évêques autrichiens au sujet des
prochaines élections. Ce document cons
titue un pressant appel à tous les catho
liques relativement aux devoirs que leur
impose la situation présente. L'épiscopat
autrichien est bien éloigné de se désinté
resser de la lutte qui va s'engager entre
les divers partis politiques. Il affirme et
il exerce son droit d'éclairer, d'instruire,
de guider les catholiques appelés aux ur
nes. Il leur prêche avant tout l'union en
face de leurs adversaires coalisés, l'union
sur le terrain de la foi, autour de l'éten
dard de la croix.
Les évêques ne manquent pas de rap
peler aux fidèles qu'il dépend d'èux de
voir leurs droits reconnus et respectés,
les écoles soustraites aux funestes in
fluences d'un libéralisme incroyant et re
mises sous la bienfaisante tutelle - de la
religion,la question sociale pacifiquement
résolue par le retour aux principes chré
tiens.
Ils conjurent les électeurs calholiques
de ne donner leurs voix qu'à des hommes
sincèrement et fermement religieux, dé
cidés à défendre sans faiblesse, sans
compromissions, partout et toujours, le
vrai, le juste, le bien de l'Eglise et du
pays.
Cet appel de l'épiscopat vient à son,
heure, car les adversaires témoignent,
eux aussi, d'une activité fébrile. On voit i
qu'ils se sentent menacés et qu'ils crai
gnent de perdre 'leurs meilleures posi
tions. Pour mieux se défendre, ils atta
quent.
Ainsi l'organe du sémitisme libéral, la
Neue freie Presse de Vienne, a publié
ces jours-ci un article virulent, veni
meux, qui se termine par le mot de Gam-
betta : t Le cléricalisme, voilà l'ennemi. »
C'est un vrai manifeste du libéralisme,
mais du libéralisme aux abois. Juifs et
francs-maçons autrichiens,avec une pers
picacité qui. leur fait honneur, considè
rent les catholiques comme leurs seuls
vrais adversaires et leur destinent tous
leurs coups. Eux aussi prêchent l'union,
préconisent l'oubli des divisions de na
tionalités, de langue et d'origine, en fa
veur de la concentration anticatholique.
Se disant et se croyant peut être les re
présentants du progrès, de la science, de
la civilisation moderne, ils estiment que
le catholicisme, est le principal ou même
l'unique obstacle qui s'oppose à l'éman
cipation humaine et ils en rêvent la des
truction.
Voilà pourquoi la Neue freie Presse dit
que c'est le devoir de ses amis de com
battre avant tout le « cléricalisme »,«l'en-
qemi-né du véritable progrès, le chancre
de l'Etat, de la société, l'auteur de tous
les maux et. de toutes les humiliations
dont l'Autriche a été la victime ». Elle
voit dans le triomphe du « cléricalisme »
la ruine de la liberté et de l'égalité, l'op
pression-des consciences, le retour « au
moyen âge » où l'Eglise était souveraine
et l'Etat son humble vassal.
Déjà maintenant, à en croire le journal
du sémitisme, ce pauvre Etat autrichien
est sous la domination du parti clérical.
C'est ce qui explique pourquoi le gouver
nement garda le silence et se tient dans
une réserve étonnante à un moment où
tout le monde attend de lui des explica
tions, quelque exposition dé principes et
de vues politiques. Evidemment lafeuille
juive, en cette circonstance comme plijs
d'une, fois dans le passé, eût voulu une-
déclaration en faveur du libéralisme qùi
en aurait bénéficié aux élections. Le gou
vernement s'y refusant ne'peut que sçi-
bir l'influence cléricale. Aveugle qui - ne
voit pas que le libéralisme sauverait I ' È t
tat, tandis que le « cléricalisme » en sera
la perte.
. Quoi qu'il en soit, de part et d'autre la
questiouest, penous semble, bien posée.
Les catholiques autrichiens, à en juger
par le langage de l'épiscopat, feront des
élections catholiques. Leurs adversaires,
laissant de côté les questions secondaires
combattront par leurs votes ie catholi
cisme. Les deux camps' seront ainsi net
tement tranchés.
De quel côté sera la victoire ? Nous le
saurons dans deux mois. Mais on peut
prévoir dès maintenant que la lutte sera
chaude et il est certain que les chances
des catholiques autrichiens sont plus
grandes qu'elles ne l'oat peut-être jamais
été. i
Nous suivrons, cela va sans dire, les
péripéties des élections autrichiennes
avec toute l'attention et tout l'iuté'rêt
qu'elles méritent,
L. I ribarnegaray.
A LA CHAMBRE
La question dés sucres.
On avait annoncé que la question
de confiance serait posée sur le con
tre-projet de M. Siegfried pris lundi
en considération par la Chambre,
— et déjà les adversaires du cabi
net se partageaient à l'envi ses dé- .
Souilles. Toujours la peau de l'ours...
n'a pas été besoin que le prési
dent du conseil en arrivât jusque-là ;
son argumentation persuasive a su
former une majorité de 89 voix —
293 contre 204 —pour repousser un
système qui semblait au plus grand
nombre si séduisant la veille.
Les deux commissions, celle du
budget et celle des douanes, ont
tout d'abord apporté un avis éner
gique, contre la proposition de M.
Siegfried qui tendait, on se le rap
pelle, à réduire d'un quartles droits
sur les sucres de consommation et
à accorder des primes pour l'expor
tation aux seuls sucres raffinés.
M. Siegfried a tenté, à nouveau,
de défendre cette diminution d'im
pôt et il a eu la bonne fortune inat
tendue — était-ce vraiment une
bonne fortune? — de voir M. Jaurès
lui apporter le secours de son élo
quence.
Bien plus, comme devait le re
marquer un instant après M. Ribot,
il se trouvait que, dans cette discus
sion, c'était le député du Havre qui
proposait les réformes radicales, et
l'élu tapageur de Carmaux qui fai
sait de prudentes réserves. On a
même vu M. Siegfried reprocher ai
grement à M. Cochery qu'un des
fonctionnaires du ministère des
finances ait refusé de lui fournir des
renseignements sur l'industrie su-
crière.
Après le ministre des finances
qui s'était placé au point de vue
budgétaire pour détacher une à
une les pierres de l'édifice élevé
et précision, entraînant ainsi l'opi
nion de la majorité.
Il a montré que toucher, comme
le demandait M. Siegfried; aux bonis
accordés par la loi de 1884, serait
vouloir désarmer " l'industrie su-
crière française et décréter pour
elle un krach sans précédent ; il a,
en un mot, fait appel aux sentiments
d'équité et de justice de la Chambre,
et l a adjurée d'écouter enfin « la
supplique de l'agriculture ». La
bataille, à cette heure, était ga-
fnée; M. Ribot avait à peine besoin
e venir déclarer combien il serait
imprudent « d'offrir en holocauste »
aux Allemands cette loi de 1884, in
dispensable aux agriculteurs fran
çais.
L'émotion s'est calmée après le
vote et on a voulu avant de se sépa
rer repousser un premier amende
ment à l'article l or , présenté par M.
Gabriel Dufaure et tendant à insti
tuer des primes à un taux uniforme
de 2 fr. 50 au lieu de créer une série
de catégories comme le propose la
commission.
C'est jeudi que sera sérieusement
discuté l'article premier.
Gabriel de Triors.
AU SENAT
L'interpellation de M. Le Provost
de Launay.
M. Le Provost de Launay a' dé
veloppé hier devant le Sénat une in
terpellation sur les fraudes commi
ses, en juillet dernier, devant la fa
culté des lettres de Lille, poUr les
examens du baccalauréat.
Le 24 juillet, a dit l'orateur,une
Elainte était déposée à la faculté de
lille par un certain nombre d'habi
tants de Cambrai comprenant des
conseillers municipaux, des ingé
nieurs, en un mot, les hommes Tes
plus considérés.
Cette plainte relevait,que le 7juil-
let, les élèves du collège municipal
de Cambrai avaient été réunis — en
dehors des heures de classe régle
mentaire — pour entendre l'expli
cation d'une version de Tite-Live,
qui était précisément donnée le
9 juillet, comme composition d'exa
men. Un.élève,qui n'avait pas as
sisté à cette explication, a été muni
d'une traduction du Conciones ren
fermant le morceau de Tite-Live en
question. Tous ont été reçus. Un
elève qui, seul, n'avait pu profiter dix
même secours, a échoué.
Le 15 juillet, la version donnée
à l'examen était d'Auiu-Gelle ; elle
avait été expliquée le 13 au collège
de Cambrai, comme il résulte du té
moignage d'un jeune homme qui
s'était rendu à Cambrai le .13, pour
voir un de ses camarades et qui a
eu connaissance de cette explica
tion. Le résultat fut encore que tous
les élèves du collège de Gambrai fu
rent admissibles.
Les faits sont accablants. M. Ram-
baud a déclaré qu'il n'y avait là que
de simples « coïncidences » (sic). Il
a ajouté que, parmi les protestatai-
\
Edition quotidienne. — 10,603
Jeudi 28 Janvier 1897
ÉDITION QUOTIDIENNE
• PARIS
- ET DÉPARTEMENTS
Un an i0 . 40 »
Six mois......; 21. »
Trois mois.; ,11 »
ÉTRANGER
(UNION FOSTALEj)
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XJN NUMÉRO i F ' aris « •... »..... < ÎO cent.
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BUREAUX : Paris, xue Cassettej 17
On s 'abonne à Rome,, place du Gesù, 8
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ÉDITION SEMI-QUOTIDIENNE
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L'UNIVERS ne'répond pas des manuscrits qui lui sont adressés
ANNONCES
. MM. LAGRANGE, CERF et C ie . 6, place de la Bourse
: PARIS, 27 JANVIER 18S7
SOMMAIRE
Inards..
Dévergondage
Diana Vaughan.-.....
En Autriche.......
A la Chambre......
Au Sénat...........
Monsieur Aùlu—
Gelle...
Correspondance, ro
maine ............
Les conférences du
Luxembourg.....
A. A iôUE-PERSB. "
P ierre V euillot .
E ugène T avernier .
L . I ribarnegaray .
G abriel de T riors .
J. M antenay .
G. d' A zambuja .
E douard A lexandre
Bulletin du jour. —-.Un. aveu, r-La vraie
lutte, -- Le repos .dominical. Les jour
naux catholiques italiens et .l'élection de
• Brest.—! Informations politiques et parler
mentaires. — Le voyage du comte Moura-
view.— Le procès Orléans-Anjou. — A
travers la presse.— Chronique. — Lettres,
sciences et arts.— L'Université catholique
: : deDu.blin.-r-_Sénat.^-Musiquè religieuse,
r- Chronique religieuse. — Echos de par
tout. —, Dépêches de l'étranger. — La
peste, t- Bagarres à Bordeaux, -r- Nécro
logie. — Tribunaux.. — Nouvelles di
verses. — Dernière heure. — Tableau et
bulletin de la Bourse.
LA POELE « LES CAFARDS
Un article du Temps que j'ai lu ces
jours-çi a réveillé dans mon esprit
une< . comparaison qui n'est pas
neuve. On sait les effarements de
la poule quia fait éclore une couvée ,•
de canards et qui les voit s'échapper
de squ.s son aile pour se précipiter
dans une mare- elle, s'agite, courant
tcrnt .'autour de l'eau, surprise, in
quiète, multipliant les cris d'appel.
Le grave Temps est cette poule.
m II lui ressemble par son effroi de
vant une éclosion à laquelle il ne
^'attendait pas ; mais là s'arrête la
similitude. La poulë n'a rien à se
reprocher ; elle; n'avait pas choisi les
ceufs qu'elle a couvés et elle ne pou- !
vait pas prévoir qu'il, en «sortirait '
d'autres êtres que'aes poulets. En
suite, elle a tort de s'effrayer : ses
petits reviendront du bain, nourris \
et dispos. Le Temps est moins in
nocent et ses alarmes sont fon-
dées.
- Donc, le Temps s'est arrêté, en ;
philosophe qui réfléchit, devant
cette huitième chambre correction
nelle: de Paris qui a jugé, il'y .a
quelques jours, une vingtaine d'en
fants; prévenus de vol ou de vaga- i
bond âge, Il a songé que .« cette >
fournée d'enfants » n'est pas Une
chose exceptionnelle et rare; qu'elle
rend sensible aux yeux la progrès- ;
sion de là criminalité précoce, qui ;
alarme les meilleurs esprits ; que le
cortège des jeunes criminels défi- ;
lant : devant la police correctionnelle
est de plUs en .plus long, dé plus en j
plus, pressé ; d'année en année et
presque d'une semaine à l'autre. Ët;
te Temps ne connaît pas de symp-j
' tôme pluS grave d'une société ma-j
Iàdë ; de la, son émoi. . . ■ i
î L'émoi est juste; mais,ô poule ef
farée, êtes-vous restée tout à fait,
étrangère à l'incubation des œufs,
dont le produit vous fait sursauter ?
Etait-il impossible, même difficile,,
de prévoir le résultat de la couvai
son? .
Lorsqu'un gouvernement inepte
et malfaisant proscrivait de l'école
primaire le nom même de Dieu et
imposait à là majorité des " enfants
français un, enseignement sans reli
gion, par conséquent contre la reli
gion, par conséquent sans morale,
, avait-il pour adversaires le Temps
et là , nombreuse classe de citoyens
dont il réprésente les idées, les sen
timents et les préjugés? Au con-
. traire, ne les avait-il pas pour com
plice® ?Lôi*sque ces gouyeïnants ou
leurs pareils proscrivaient ou rui
naient les ordres religieux d'hom-
' mes ét dé femmes, qui n'ont pas de
. rivaux, vous.; le savez bien, pour
. préserver l'enfant par la bonne édu
cation et pour le relever s'il a failli,
ont-ils/rencontré la résistance du
, Xemps et de sa clientèle. ? Pour de-
ô' , viser les fruits que donnerait l'école
sans Dieu il ne- fallait pourtant pas
" la pénétration d'un deMaistre, ni la
logique d'un Pascal» et là, chaire, la
•tribune et la pressele's avaient assez ;
•dénoncés dès les premiers jours,
Enfin,, quelles que soient ses faUr
tes dans le pàssé, le Temps semble •
. revenir à résipiscence, et çlest bien. •
. Sur son chemin de Damas, il sème :
" des paquets de vérités que l'on est
étonné de voir tomber ae sa main(.
■ Exemples : ' • 1 ;
' < « Une civilisation matérielle peut
. « aller progressant avec une. reellje
«' décadence morale. » Combien d'é
crivains catholiques ont été honnijs
" par les, lebteurs du Temps poujr,
avoir proclamé cette .affirmation ,dje-
bon sens ! I -
« Ici (le milieu dans lequel l'en
te fant est appelé à grandir) la théo-
« rie du. laissez dire, laissez "fairê,
« laissez 'passer, n'est plus de mise ;
« par elle devient chez dés hommes
« peu scrupuleux la théorie , de la
« culture et de - l'exploitation des
« instincts -les plus cas et' des vi
ce ces les plus destructeurs: » Pauvre
Syllabùs, a-t-il été assez décrié par
les libéraux à là façon du Temps
pour avoir dit cela !
« L'Etat, qui n'est qu'un très
« pauvre : éducateur, peut- encore
« moins être le guérisseur des âmes
« malades et le- redresseur des ca-
« ractères ' pervertis. » Comment !
c'est le Temps qui applique ce souf
flet à l'Etat universitaire, et laïcisa-
teur !
« Une société démocratique qui
« veut vivre ne doit pas s'organiser
« suivant les seules.lois de la nature
« et des sciences physiques, mais
« d'après les lois intérieures de la
« moralité. . S'il faut une action mo-
« raie pour élever l'enfant, il faut,
« à plus forte raison, une action
« morale organisée et constante
« pour le relever et pour le gué-
« rir. » ,- ■ : ..
" Nous y voilà. Le Temps, en quête
du remède au mal qui lui fait peur,
l'a enfin trouvé. La société doit être
organisée d'après les lois de la mo
ralité et l'enfant élevé et soutenu au
moyen de l'action morale:
■ À merveille! Mais faites-moi la
grâce de nous apprendre d'où vous
tirez la morale. Je connais une mo
rale très solide ; elle est établie sur
la croyance en un Dieu législateur
et iuge des hommes. En dehors de
celle-là, qu'on veuille bien nous en
montrer une autre; les libres-pen
seurs les plus huppés ont perdu, à
chercher cette morale « séparée »,
leur temps et leur peine; ils n'ont
réussi qu'à se rendre ridicules. La
morale n'existe qu'à la condition de
f)res.crire à la volonté humaine des
ois qu'elle doive observer* et cette
observance impose le sacrifice. Mais
si l'homme est le seul maître de lui-
même, s'il n'y a pas une aut^è vie où
il doive, rendre compte de ses actes
en celle-ci, pourquoi gênerait-il en
quelque chose sa volonté? Pour
quoi suivrait-il une autre règle que
son-plaisir ou son intérêt? On peut
mettre au défi tous les philosophes
présents et futurs de lui donner
une bonne raison de se soumettre à
une loi gênanté qui ne vient d'au
cune autorité et qui n'a pas de sànc-
tiôn.
Mais alors, plus d'hypocrisie de
mots, plus de déguisements d'atti
tude, plus"d'illogisme de conduite!
Vous voulez une morale, et il n'y
a pas de vraie morale, de morale ef
ficace, capable d'agir sur la société,
sans là foi en un Dieu qui nous a
créés* qui nous gouverne et qui nous
jugera.
L'école dite neutre, d'où le nom;
même de ce Dieu est banni,^est donc
un malheur et un danger ; ayez le!
courage de la désavouer publique- :
ment. - ■
L'école chrétienne, où le culte de .
Dieu et le -respect de ses comman -i
dements sont inculqués,, est donc lai
seule bonne et la seule : conforme àt
l'intérêt social ; ayez le bon sens dei
le reconnaître et agissez en consé-'
quence.
Se lamenter sur la ruine de la
morale et.faire ou laisser faire tout
ce qu'il y a ..de mieux pour tuer la
morale, c'est une conduite dont l'in
conséquence est le moindre défaut.
A, Aigueperse, .
BULLETIN DU JOUR
DEVERGONDAGE
Hier, à la Chambre, dans la question
des sucres, le ministère a triomphé en
faisant repousser le contre-projet Sieg
fried'.
Au Sénat, interpellation de M. Le
Provostde Launay au sujet dé'fraudes
dans de récents examens devant la Fa
culté des lettres dé'Lille.
Le ministre des finances a fait signer
hier au conseil des ministres un projet
de loi portant ouverture d'un second
douzième provisoire. La, commission du
budget discutera aujourd'hui ce pro-
jet.
» ; M. Antide Boyerquestionnera demain
le ministre de l'intérieur sur. les %nesu-
res qu'on devrait , prendre & Marseille
contre l'invasion de la peste buboni
que. ,
On s'inquiète en Europe de l'invasion
possible . de la peste bubonique qui ac
tuellement fait de si terribles, ravages à
Bombay. ;
■ Tous les,Etats ont adhéré à. la confé
rence sanitaire de Venise et à, la date du
10 février, proposée pour la convocatio'n
de cette conférence. j
Le traité anglo-chinois relatif à la
'frontière de Birmanie n'a pas été signé,'
malgré le consentement de la Chiné, jà
cause de l'opposition du ministre fran
çais. ■ ■. i ■
Ce traité comporte l'ouverture dw-Si-
Kiang au commerce anglais^ et le minik-
tre de France demande, afin de contre- '
balancer' les inconvénients de cette
clause pour les intérêts français, la
création d'un chemin de fèr dans lés
provinces de Kuang-Si et de Kuang-
Tung. . . "' s
La Gazette l'affirme : — L' Uni
vers, dans la lutte qui a précédé l'é
lection dë Brest, a poussé la vio*
lence jusqu'au dévergondage.
D'autre part, le Moniteur assuré,
en termes équivalents, que l'ingé
rence cléricale à dépassé toute me
sure. Ç'a été aussi un vrai déver
gondage. "
. Faut-il, même pour la repousser
d'un seul mot, s'occuper de la pre
mière accusation? Qui donc, pen
dant cette bataille, s'est laissé en
traîner par la fureur à la violence?
Qui donc, sortant bien loin des
bornes de la discussion loyale sur
le terrain des principes; aes pro
grammes, a fait la guerre au cou
teau ? Qui donc s'est efforcé de sa
lir, et désespérant du triomphe de
sa cause par les moyens honora-,
bles, a voulu écraser l'adversaire
sous des tombereaux de boue? Qui,
sinon la Gazette et les autres feuil
les réfractaires ?
La seconde accusation ne tient
pas mieux devant l'impartial exa
men des faits. Le rôle du clergé,
dans l'exercice de son influence lé
gitime, a été d'une correction àb-
solue. Il ne s'est point prêté à une
manoeuvre qui avait pour objet,
faussant la situation, de représen
ter la catholique Bretagne comme
rebellé aux directions pontificales.
Tel était le but visé par les promo
teurs de la candidature du comte de
Blois, mise en travers de la candi
dature ecclésiastique dont le carac
tère constitutionnel se trouvait déjà
décidé, sans que le choix de la per
sonne fût encore définitif.
Le clergé de la troisième circons
cription' de Brest ne s'est point
laissé démonter par cette manoeu
vre. Il a vu ce que les réfractaires
poursuivaient. Aux braves paysans
léonards qu'on voulait nous donner
comme des royalistes passionnés,,
quand ils sont tout simplement de
fermes catholiques et tiennent à le
montrer dans leurs votes, il a ré
pondu : Si votre premier désir n'est
pas d'acclamer la monarchie parle
mentaire, mais de défendre la paix,
l'ordre et l'Eglise, M. l'abbé Gay-
raud est le candidat pour lequel
vous devez voter...' C'est ce que les
électeurs ont fait, malgré toute l'in
fluence locale dont M. de Blois dis
pose par lui-même,- par les siens,
par ses amis réfractaires et ses al
liés sectàires.Vaine a été la pression
de cette coalition puissante et re
doutable. Ni les prêtres, ni les
paysans - n'ont obéi aux ordres
quon croyait pouvoir leur signi
fier.
Reste à savoir, maintenant, si
MM. les orléanistes n'admettent
l'action du clergé que lorsqu'elle
s'exerce conformément à leurs in
jonctions. Nous les avons vus déjà,
par la voix du Moniteur, nous mena
cer du maintien des lois sectaires.:,
quand leur monarchie sera restau
rée. Allons^nous les voir, complé
tant leur physionomie, . réclamer
une invalidation pour cause d'ingé
rence cléricale, eux qui ont si sou
vent imploré cette ingérence et
n'ont jamais craint de compromettre
l'Eglise? Nous le voudrions; Ceux
qui s'obstinent à croire au désinté
ressement des orléanistes ; ceux
qui refusent de reconnaître, dans
l'appui que certains conservateurs
parlementaires donnent à nos re
vendications, une attitude provisoire
dictée par l'intérêt de parti,auraient
enfin, espérons-le, les yeux dessil
lés. ■" '•■■■■■■■■■'■
Pierre Veuillot. '
UN AVEU
M. Cornély consacre un long ar
ticle du Gaulois à commenter l'élec
tion de Brest. Il le fait, naturelle
ment, en royaliste convaincu, telle
ment convaincu qu'il met sa foi. po
litique et sa foi religieuse en paral
lèle et va presque jusqu'à montrer,
dans l'Eglise et la monarchie, deux
choses également importantes, éga
lement intangibles.
Il parle en effet de « la religion
catholique » et de « la religion mo
narchique » ; et, d'après lui, c'est
un « sacrilège », . une « . véritable
profanation » d'opposeir.Dieu êt « le
Koi ». (Les deux ont la majus
cule.) !
: Mais M. Cornély est, en même
temps, un esprit pratique; et la pas-*
sion ne 1,'aveugle point. Aussi rie
.péut-il s'empêcher d'écrire. : I
Le conseil (donné par le Souverain
Pontife) est sage ; mais'la manœuvre
qii'il préconisé est à longue portée,'car
une armée aussi nombreuse qtfe le suî-
fràge universel, et dans le suffrage uni
versel les bataillons catholiques, ne se
mobilise ni en quelques mois, ni en quel
ques années. - t
En tous cas, ce qu'on a appelé les « di
rections pontificales » a produit d'abord
le mouvement de ralliement, lequel mou
vement a rendu possible l'existence d'un
.cabinet modéré dans la république.
I^es royalistes intransigeants fo^t
un crime aux « ralliés » de n'a
voir poiritdéjà transformé la légis
lation sectaire ; ils en concluent,
tout de suite, à l'échec du « rallie
ment ».
Eh bien, c'est un des leurs qui
fait observer que la politique in
diquée par Léon XIII est « à lon
gue portée»; c'est un des leurs qui
avoue que cette politique « à longue
portée » a cependant donné un pre
mier résultat.
Or, si le caractère essentiel d'une
politique « à longue portée » est de
produire une amélioration progres
sive et lente, le. premier résultat
obtenu n'est-il point conforme à c.e
caractère et n apparaît-il pas, en
tant qu'indice et espoir des succès
futurs, comme un résultat sérieux?
Nous n'avons encore fait qu'un
pas très court,—-mais dans labonne
direction, ce qui, pour le début,
était l'essentiel. Continuons donc à
marcher.
DIANA VAUGHAN
La comm ission romaine.
La Rivista• ■ an timassonica publie
la communication suivante adressée
par Mgr Lazzareschi au président
général de V Union antirnaçonique :
La commission romaine, se confor
mant au mandat qui lui a été confié par
le conseil directif général dé l'Union an-
timaçonique de Trente : " -
Considérant qu'elle n'a pas mission de
porter un jugement sur les révélations
faites en ces derniers temps au sujet de
la franc-maçonnerie ;
Considérant que l'objet de son examen
est étroitement limité aux trois questions
suivantes : 1°. l'existence affirmée d'une
Diana Vaughan ; 2" la réalité de la con
version de la même personne ; 3° l'au
thenticité des écrits qui lui sont attri
bués.
Négligeant le fait que les artifices
employés pendant ces derniers mois
provoqueraient une appréciation défa
vorable aux suj ets examinés ;
Après avoir déployé dans les recher
ches l'activité la plus scrupuleuse et em
ployé tous les moyens en son pouvoir
pour trouver la vérité ;
Déclare,
Que jusqu'à ce jour elle n'a recueilli
aucun argument péremptoire soit pour
soit contre l'existence, la conversion,
l'authenticité des écrits de la prétendue
Diana Vaughan.
Cela dit, la commission renouvelle son
adhésion entière et absolue aux Encycli
ques papales et à ce qu'elles contiennent
au sujet de la maçonnerie ; elle émet le
vœu que, les questions secondaires et de
moindre importance étant laissées de
côté, le zèle des catholiques soit entière
ment dirigé contre la secte . malfaisante,
elle décline désormais toute, «polémique
ultérieure et déclare son mandat ter
miné.. .
Rome, 22 janvier 1897.
Le président de la commission >
-J- Luigi L azzareschi, -
évêque de Néocésar ée.
Rodolphe V erzichi,
segretario.
Ainsi, aucune des preuves dont
M. Taxil prétendait avoir les mains,
pleines' a été envoyée à la commis
sion.
C'était à lui de fournir des preu
ves, comme à tout individu qui pro
duit une affirmation quelconque,
surtout un ensemble d'affirmations
si extraordinaires. Comme,toujours
il s'est dérobé.
Ces temps derniers, il avait pré-
tenduavôir donné àMgr Lazzareschi
le seul renseignement qui permet
tait une vérification réelle. Dansles
absurdes mémoires de sa Diana, il
racontait,d'après les détails les plus
pré.cis, une conversation qu'il aurait
tenue avec le digne prélat, à Trente.
Or, tout cela est faux. Mgr .Lazza
reschi a infligé à l'incorrigible char
latan un démenti catégorique, con
tenu dans une lettre que nous avons
publiée.
Prévoyant que la commission ro
maine (dont il affectait d'attendre
avec confiance le témoignage !) al
lait déclarer qu'elle n'était en pos
session d'aucune preuve, M. Taxil
a pris, ses mesures. Il annonce et
il fait annoncer par Diana (c'est la
même chose) qu'elle va se mani
fester... Mais il ne dit pas quand,
lui qui cependant connaissait cinq
mois d'avance le jour où devait
naître la grand'mère de l'Anté
christ !
Le charlatan-pornographe- em
ploie ce moyen vulgaire pour traî
ner. l'affaire en. longueur, gagner
quelques.mois, faire durer encore
son commerce d'exploitation. On
rasera, demain gratis.
Cependant la mystification. ne
§eut durer indéfiniment. Ainsi que l'a
it le R. P. Portalié, dans un travail
très remarquable qu'ont publié les
Etudes (1), c'est « une œuvre de
« mensonge qui compromettrait gra-
« vementl'Eglise ». La fourberie du
barnum est déjà dénoncée. Elle,
sera confondue.
Eugène Tavernier.
(1) Nous citerons prochainement plusieurs
passages de la démonstration péremptoire
présentée par le digne religieux. '
EN AUTRICHE
Le Reichsrath autrichien est dissous.
Cet événement, d'ailleurs prévu et an
noncé depuis quelque temps, est d'autant
plus fait pour mettre les électeurs en
émoi que le décret de dissolution a été
aussitôt suivi d'un décret ordonnant de
nouvelles élections à une date très pro
che.
. Dans six semaines les différentes « cu
ries » éliront leurs représentants et dès
le 27 mars doit s'ouvrir le Reichsrath, tel
qu'il va sortir de la loi électorale récem
ment votée.
Dans un article publié par l'Univers du
9 janvier dernier, nous avons rappelé les
dispositions de la réforme électorale qui
crée une cinquième « curie », celle du
suffrage universel. Nous n'avons donc
pas à.y revenir.
Dès maintenant le Vaterland de Vienne
est en mesure de reproduire une longue
et importante lettre pastorale collective
des évêques autrichiens au sujet des
prochaines élections. Ce document cons
titue un pressant appel à tous les catho
liques relativement aux devoirs que leur
impose la situation présente. L'épiscopat
autrichien est bien éloigné de se désinté
resser de la lutte qui va s'engager entre
les divers partis politiques. Il affirme et
il exerce son droit d'éclairer, d'instruire,
de guider les catholiques appelés aux ur
nes. Il leur prêche avant tout l'union en
face de leurs adversaires coalisés, l'union
sur le terrain de la foi, autour de l'éten
dard de la croix.
Les évêques ne manquent pas de rap
peler aux fidèles qu'il dépend d'èux de
voir leurs droits reconnus et respectés,
les écoles soustraites aux funestes in
fluences d'un libéralisme incroyant et re
mises sous la bienfaisante tutelle - de la
religion,la question sociale pacifiquement
résolue par le retour aux principes chré
tiens.
Ils conjurent les électeurs calholiques
de ne donner leurs voix qu'à des hommes
sincèrement et fermement religieux, dé
cidés à défendre sans faiblesse, sans
compromissions, partout et toujours, le
vrai, le juste, le bien de l'Eglise et du
pays.
Cet appel de l'épiscopat vient à son,
heure, car les adversaires témoignent,
eux aussi, d'une activité fébrile. On voit i
qu'ils se sentent menacés et qu'ils crai
gnent de perdre 'leurs meilleures posi
tions. Pour mieux se défendre, ils atta
quent.
Ainsi l'organe du sémitisme libéral, la
Neue freie Presse de Vienne, a publié
ces jours-ci un article virulent, veni
meux, qui se termine par le mot de Gam-
betta : t Le cléricalisme, voilà l'ennemi. »
C'est un vrai manifeste du libéralisme,
mais du libéralisme aux abois. Juifs et
francs-maçons autrichiens,avec une pers
picacité qui. leur fait honneur, considè
rent les catholiques comme leurs seuls
vrais adversaires et leur destinent tous
leurs coups. Eux aussi prêchent l'union,
préconisent l'oubli des divisions de na
tionalités, de langue et d'origine, en fa
veur de la concentration anticatholique.
Se disant et se croyant peut être les re
présentants du progrès, de la science, de
la civilisation moderne, ils estiment que
le catholicisme, est le principal ou même
l'unique obstacle qui s'oppose à l'éman
cipation humaine et ils en rêvent la des
truction.
Voilà pourquoi la Neue freie Presse dit
que c'est le devoir de ses amis de com
battre avant tout le « cléricalisme »,«l'en-
qemi-né du véritable progrès, le chancre
de l'Etat, de la société, l'auteur de tous
les maux et. de toutes les humiliations
dont l'Autriche a été la victime ». Elle
voit dans le triomphe du « cléricalisme »
la ruine de la liberté et de l'égalité, l'op
pression-des consciences, le retour « au
moyen âge » où l'Eglise était souveraine
et l'Etat son humble vassal.
Déjà maintenant, à en croire le journal
du sémitisme, ce pauvre Etat autrichien
est sous la domination du parti clérical.
C'est ce qui explique pourquoi le gouver
nement garda le silence et se tient dans
une réserve étonnante à un moment où
tout le monde attend de lui des explica
tions, quelque exposition dé principes et
de vues politiques. Evidemment lafeuille
juive, en cette circonstance comme plijs
d'une, fois dans le passé, eût voulu une-
déclaration en faveur du libéralisme qùi
en aurait bénéficié aux élections. Le gou
vernement s'y refusant ne'peut que sçi-
bir l'influence cléricale. Aveugle qui - ne
voit pas que le libéralisme sauverait I ' È t
tat, tandis que le « cléricalisme » en sera
la perte.
. Quoi qu'il en soit, de part et d'autre la
questiouest, penous semble, bien posée.
Les catholiques autrichiens, à en juger
par le langage de l'épiscopat, feront des
élections catholiques. Leurs adversaires,
laissant de côté les questions secondaires
combattront par leurs votes ie catholi
cisme. Les deux camps' seront ainsi net
tement tranchés.
De quel côté sera la victoire ? Nous le
saurons dans deux mois. Mais on peut
prévoir dès maintenant que la lutte sera
chaude et il est certain que les chances
des catholiques autrichiens sont plus
grandes qu'elles ne l'oat peut-être jamais
été. i
Nous suivrons, cela va sans dire, les
péripéties des élections autrichiennes
avec toute l'attention et tout l'iuté'rêt
qu'elles méritent,
L. I ribarnegaray.
A LA CHAMBRE
La question dés sucres.
On avait annoncé que la question
de confiance serait posée sur le con
tre-projet de M. Siegfried pris lundi
en considération par la Chambre,
— et déjà les adversaires du cabi
net se partageaient à l'envi ses dé- .
Souilles. Toujours la peau de l'ours...
n'a pas été besoin que le prési
dent du conseil en arrivât jusque-là ;
son argumentation persuasive a su
former une majorité de 89 voix —
293 contre 204 —pour repousser un
système qui semblait au plus grand
nombre si séduisant la veille.
Les deux commissions, celle du
budget et celle des douanes, ont
tout d'abord apporté un avis éner
gique, contre la proposition de M.
Siegfried qui tendait, on se le rap
pelle, à réduire d'un quartles droits
sur les sucres de consommation et
à accorder des primes pour l'expor
tation aux seuls sucres raffinés.
M. Siegfried a tenté, à nouveau,
de défendre cette diminution d'im
pôt et il a eu la bonne fortune inat
tendue — était-ce vraiment une
bonne fortune? — de voir M. Jaurès
lui apporter le secours de son élo
quence.
Bien plus, comme devait le re
marquer un instant après M. Ribot,
il se trouvait que, dans cette discus
sion, c'était le député du Havre qui
proposait les réformes radicales, et
l'élu tapageur de Carmaux qui fai
sait de prudentes réserves. On a
même vu M. Siegfried reprocher ai
grement à M. Cochery qu'un des
fonctionnaires du ministère des
finances ait refusé de lui fournir des
renseignements sur l'industrie su-
crière.
Après le ministre des finances
qui s'était placé au point de vue
budgétaire pour détacher une à
une les pierres de l'édifice élevé
et précision, entraînant ainsi l'opi
nion de la majorité.
Il a montré que toucher, comme
le demandait M. Siegfried; aux bonis
accordés par la loi de 1884, serait
vouloir désarmer " l'industrie su-
crière française et décréter pour
elle un krach sans précédent ; il a,
en un mot, fait appel aux sentiments
d'équité et de justice de la Chambre,
et l a adjurée d'écouter enfin « la
supplique de l'agriculture ». La
bataille, à cette heure, était ga-
fnée; M. Ribot avait à peine besoin
e venir déclarer combien il serait
imprudent « d'offrir en holocauste »
aux Allemands cette loi de 1884, in
dispensable aux agriculteurs fran
çais.
L'émotion s'est calmée après le
vote et on a voulu avant de se sépa
rer repousser un premier amende
ment à l'article l or , présenté par M.
Gabriel Dufaure et tendant à insti
tuer des primes à un taux uniforme
de 2 fr. 50 au lieu de créer une série
de catégories comme le propose la
commission.
C'est jeudi que sera sérieusement
discuté l'article premier.
Gabriel de Triors.
AU SENAT
L'interpellation de M. Le Provost
de Launay.
M. Le Provost de Launay a' dé
veloppé hier devant le Sénat une in
terpellation sur les fraudes commi
ses, en juillet dernier, devant la fa
culté des lettres de Lille, poUr les
examens du baccalauréat.
Le 24 juillet, a dit l'orateur,une
Elainte était déposée à la faculté de
lille par un certain nombre d'habi
tants de Cambrai comprenant des
conseillers municipaux, des ingé
nieurs, en un mot, les hommes Tes
plus considérés.
Cette plainte relevait,que le 7juil-
let, les élèves du collège municipal
de Cambrai avaient été réunis — en
dehors des heures de classe régle
mentaire — pour entendre l'expli
cation d'une version de Tite-Live,
qui était précisément donnée le
9 juillet, comme composition d'exa
men. Un.élève,qui n'avait pas as
sisté à cette explication, a été muni
d'une traduction du Conciones ren
fermant le morceau de Tite-Live en
question. Tous ont été reçus. Un
elève qui, seul, n'avait pu profiter dix
même secours, a échoué.
Le 15 juillet, la version donnée
à l'examen était d'Auiu-Gelle ; elle
avait été expliquée le 13 au collège
de Cambrai, comme il résulte du té
moignage d'un jeune homme qui
s'était rendu à Cambrai le .13, pour
voir un de ses camarades et qui a
eu connaissance de cette explica
tion. Le résultat fut encore que tous
les élèves du collège de Gambrai fu
rent admissibles.
Les faits sont accablants. M. Ram-
baud a déclaré qu'il n'y avait là que
de simples « coïncidences » (sic). Il
a ajouté que, parmi les protestatai-
\
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