Titre : L'Univers
Éditeur : L'Univers (Paris)
Date d'édition : 1897-01-27
Contributeur : Veuillot, Louis (1813-1883). Rédacteur
Contributeur : Veuillot, Pierre (1859-1907). Rédacteur
Contributeur : Veuillot, François (1870-1952). Rédacteur
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Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 27 janvier 1897 27 janvier 1897
Description : 1897/01/27 (Numéro 10602). 1897/01/27 (Numéro 10602).
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse Collection numérique : Bibliographie de la presse
Description : Collection numérique : BIPFPIG44 Collection numérique : BIPFPIG44
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k709383q
Source : Bibliothèque nationale de France
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 06/02/2011
ÉDITION QUOTIDIENNE'
PARIS
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, / PARIS . . " .ETRANGER
ès départements (union postale)
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v ■
ET
LE: MONDE
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Z'iJNÎVERS né répond pas dyS manuscrits qui lui .sont adressés >
...ANNONCES . .
' MM. LAGRANGE, CERF et 0'", 6> place de là Bourse
PARIS, 26 JANVIER 1897
SOMMAIRE
Un cinquantenaire.
Les voix républi
caines:.... .'.
Çà' et là : La neige à
Paris...... ........
Le Sénat et les lois
scolaires...
A la Chambre......
Lettres de Monténé
gro ;.v.i.
Une : conférence de
M. Harmel.......
Musique/. ...... ;.
Nouvelles agricoles.
E ugène . T avernier,
; P ierre V euillot.
F rançois V euillot.
F. L.
G abriel de T riôrs.
•Y. J
"*** ' •- *•=
g, ï)e bblsïoslïn/
A. de vllliers de
..s; l'isle-adam.
Bulletin du jour. —-.Un cri du cœur. — Les
" remerciements de M. l'abbé Gayraud.
A propos de l'élection de Brest.— L'é
lection de Brest ét la pressp. — Le fisc
et'Ies congrégations.,—, Les processions.
— Informations politiques et parlemen
taires. —Un vote exçellent. — Le comte
Mouraview à Paris. — A travers la presse-
Chronique. —, ,TJne académie le îbçc
dans l'eau. —La question ouvrière. —
Chronique religieuse, rr- Echos de par
tout.—"La pësté. — Dépêches de l'étran
ger. — Guerre et mapiije. L^es appels
de réservistes. — Néçrolpgie, — Jîullç-?
.tin bibliographique. — . Tribunaux,.' —'
Nouvelles diverses. — Dernière heure.—
Tableau et bulletin de la, Boiirse.. .
LN CINQUANTENAIRE
L'astronome dont on a fêté hier le
cinquantenaire comme membre de
l'Institut a beaucoup honoré la
science. Hier, en séance solénnelle,
et le soir, dans Un banquet, on rap
pelait lès longs travaux dé M. Paye .
Ses collègues rendaient hommage
à la force et à là probité de^son'in
telligence.
Ces deux qualités ne vont pas
toujours ensemble, chez les savants;
et lé fait n ? a rien de bien extraordi
naire. Les savants. "sont dés,.hom
mes; qn, oublie . souvent ce point
quand on. , s'étonne de leur.s incon
séquences et de.leura faiblesses, ..
Est-ce que dans l'histoire,et même
de.notre temps, -nous ne rencon
trons pas des magistratsbu des sa
ges par profession qui ont trahi la
justice.et Ja vérité? Le tyran l'or
donnait. 0,r il y a presque toujours
un tyran "quelque part. Quand ce
fléau ne s'incarne pas dans un indi
vidu, il anime une foule qui est ■ en- :
core plus exigeante. D'ailleurs, com
bien le simple et vulgaire respect
humain a-t-il fait commettre d'ac
tions coupables ? La passion "d'or
gueil, l'ambition aussi, parfois mal
saine, hante tous les cerveaux. Cer
tains savants ont perdu la raison à
force de se griser de science. Il en
est d'hypocrites.
Quelque respeçt que l'on professe
pour l'Institut, on „est obligé de se
souvenir que ce corps illustre est
pour beaucoup dans l'apostasie gé
nérale de notre époque.' C'est peut-
être là que s ; est formée l'habitude
de tout régler sans tenir compte du
" Créateur. Les savants du commèn-
cernent de ce" siècle et leurs pré
décesseurs immédiats comptaient
bel et bien avoir expulsé Dieu. Sans
doute la littérature lui avait accordé
un asile, mais ce n'était probable
ment pas pour longtemps. En effet,
la littératur.e et ensuite la politique
qnt eu, soin de s'émanciper à leur
tour. Et le-monde possède aujour
d'hui un peuple d'athées ! •
^Heureusement une réaction s'o
père là même d'où l'idée perfide et
absurde est dèseendue dans les
masses ignorantes. Si l'on dressait
ia stati,stiaue des opinions , des sa--
vant's sur la nécessité d'unë intelli
gence suprême,, créatrice et gouver
nante, on s trouverait v ùn.e .majorité,
en sa: faveur,. Mais cette statistique,
ne s'app uierait assez souvent, que,
sur. des déclarations formulées en-
partieulier. • / « > > -• . » :
Les téirtoignages publics-'isont
moins nombreux:.. Il est'vrai, qu'ils;
ont beaucoup de prestige. ' Jëan-
Baptiçte /Dumas,^ "Qu'atrefage's, Le.
Vierriéri Pasteur," voila . des',, noms,
qui imposent la réserve: au. .fana?
tiôme libre-penseur. . -
M.JFaye' est de, cette race d'hom
mes , supérieurs- chez qui l'esprit
élevé a pour soutiens la droiture et
le courage. Il a toujours-dit catégo
riquement, ce qu'il sait et ce qu'il
pense.
ïl-i'a même dit certaines fois avec,
la finesse et l'élégance dhin littéra
teur. Son livre intitulé:: Sur Vori-,
giri&du contient dès pages
qui sont-remarquables, par le style
non moins que par les noblës idées 1
qui. les, remplissent.. '
Ce livre, fit se froncer bien des-
sourcils, à l'Institut et dans les mi
lieux-plus ou moins scientifiques:
1\I. Paye touchait à la théorie de
Laplac'e. Des.observàteurs y avaient
touché avant lui, mais sans y son
ger. Pourvus d'instruments nour
veaux, ils observaient la marche des,
satellites d'Uranus et la marche du.
système de Neptune. Or, ils cons
tataient que -ces corps tournent en.
sens inverse de la circulation tra
cée par Làplàcè et admise comme
la r loi fondamentalè i
^Laplaçe s'était préoccupé,. deè
découvertes qui ne pouvai'énrmàn-
quer de se faire après lui. Très con
fiant en g lui-même, il avait jvpUlu
qu'elles dépendissent tte lui encore
par quelque manière, et il avait trace
la rotation des futures planètes où
des futurs satellites. Pourtant;
comme l'exception pouvait bien ve
nir revendiquer ses droits • jusque
dans ce domaine, une réserve fut
faite'. Le célèbre astronome admit
la possibilité "d'une erreur... dans la
proportion de un contre des milliers
et des milliers dé milliards !
Justement, le cas s'est présenté
et plusieurs fois. Et il y a mainte
nant^ notre connaissance,des satel
lites et des planètes qui n'obéissehi
pas aux lois de Laplace.
M. Fayé a voulu résoudre le pro
blème et il est arrivé à uiie théorie
ingénieuse, simple aussi comme les
grandes idées. Tout eh conservant
1 hypothèse de la condensation de
la nébuleuse solairé, il divise en
deux catégoriés les corps. plané
taires formés parla matièrèdiffuse,
ceux qui se sont consolidés après le
soleil, ceux qui se sont consolidés
avant. Pour lui, la terre serait
plus ancienne quele soleil! Et cette
conclusibri serait dictéé ^pàr l'orga
nisation générale de notre système
solaire. • . - , .
La théorie construite par M. Paye
a encore l'avantage d'expliquer :sans
métaphore le passage .ou la Bible
montre le soleil Apparaissant après
la terre. Sur la Bible, l'éminent sa
vant s'explique avec autant de har
diesse: que de respect. Etant chré
tien^ ila foi dans la vérité* et; il parle
haut: : « Comme notre intelligence
« ne s'est pas faite elle-même* il doit
« exister dans le monde une intel-
« ligence supérieure d'où la nôtre
« dérive. » Les gens, distingués et
les hommes de bon sens le savent,
mais . peu osent.le dire. M. Faye n'a
jamais hésité. A la. fin d'une glo
rieuse carrière,il se sent plus assuré
que jamais de la foi qu'il a toujours
manifestée. Et même .ses collègues
qui le blâment , de se montrer trop
croyant,..au fond l'en estiment, da
vantage.
Eugène Tavernier.
BÙLLÊT1N DÛ JOUR
. 'Hier, la Chambre a pris en. considérai
ration.un oontre-rprojet de M. Siegfried
qui modifié complètement le projet en.
discussion, sur le régime des sucres et
réduit d'un quart les droits actuels.
'■ Les deux commissions compétentes :
douanes et budget, se sontréuniescemâtin
pour étudier ce centre-projet.
•■ ■Le conseil des ministres a examiné éga
lement cette question, dans sa séance de %
ce: matin. Il est possible que le gouver
nement, combattant le contre-projet de
M. Siegfried, pose à. cette occasion la
question de confiance.
, La visite en France du comte Mou*
ravieff, ministre; des affaires étrangères;
de Bussie, est une nouvelle affirmation,,
de l'alliance franco-russe. C'est ainsi,
d'ailleurs qu'elle est. généralement ap
préciée, même' par la presse étran
gère. " ■ ■ ,
Le, gouvernement britannique a dé-.
posé hier au Parlement deux nouveaux.
Livres bleus, relatifs, l'un à ia corres
pondance passée entre l'ambassade an
glaise à. Constantiftoplè et le Foreign-
Office au sujet des massacres des Armé
niens; le second, à la correspondance 1
entre lord Cromer et le Foreign-Office
au sujet du procès intenté au gouverne
ment égyptien dans l'affaire des 500,000
livres prélevées dans la caisse de laDette.
Ces deux correspondances rie présentent:
rien de nouveau. ;
LES VOIX RÉPUBLICAINES
currents„se. . sontrils, en général^
pron'oncës ?
- La . Vérité le sait bien, comme
nous, comme tout le monde. C'est
justement la raison qui l'empêche
d'àbordér cette question, maigre
l'intérêt qu'elle offre et l'enseigne^
ment qui en résulte.
Le Moniteur universel, lui aussi,
n'ignore pbint que les sectàires ont
énergiquement appuyé M. de Blois,
qui né voudra plus, croyons-nous,
s'exposer à pareil affront. Les ins
tituteurs laïques et la Dépêche, le
journal anticatholique de Brest,
faisaient campagne ouverte en fa-
véur dii candidat orléaniste. M.
Glaizot, l'àncièn adversaire de, Mgr
Frèppël, le couvrait de son patro
nage, Nous en avons produit lés
preuves. Le Moniteur universel n'en
a pas soufflé mot; mais il les à
bien vues. .C'est évidemment pouç
cela qu'il tente, sans avouer cette
coalition, dé la justifier. D ? àprès
lui, l'attitude insupportable 1 du
clergé de là-bas â seule fait çètté
alliance dès réfractàirés et des sèc-.*
tâirés. Ecoutez ce que dit à ce pro
pos la feuille la plus qualifiée pour
parler au nom de M., le duc d'Or
léans. C'esi-lnstriictif, et plein dé
promesses:
,Oe_iiéjSÔjit çlu's ,seulement les afïidési
diés sèptes gui exploitent le sentiment
populaire contre .ce qu'ils, nomment,« le
gouvernement dés cùrés ». A lavué des
procédés employés par dés, prêtres du Fi
nistère, au spectacle de.leur parti pris,
de leur explugivismevide. leurs .agisse^
meits, véritablement insupportables, dé
tr.^s Uj-âves gens et même les rneilleurs
en sont venus à jse dire que, si tel doit
être« le gouvéfriémént de curés », il n'en
faut pàs ; —7. si telles doivent être lés sui
tes de la participation du clergé à l'action,
publique et aux élections, mieux vaut
laisser les lois républicaines qui tendent
a l'en écarter .produire leur effét.- .
L'a récente lettre du prince et le
commentaire Autorisé que ' voilà,-
méritent de restér dans ïes'mémbi-
t rés."Qûajid.l'élection dé Qrest h'au-
* rait servi qu'à nous, montrer le fond
du sentiment orléaniste, elle ne se
rait déjà point inutile. Ce parti, ne
voit dans le clergé qu'un instru
ment; les revendications catholiques
ne sont pour se§ jarrets fatigués
qU'un tremplin: Du moment où nous
rie paraissons " plus ' accepter "' ce
rôle inférieur et soumis, on jette le
masqué et l'on nous menace de lais-:
ser, en vigueur, si l'on revient au
pouvoir, les lois de persécution. CeJ
que nous réserve la monarchie par
lementaire, pour peu que nous vou
lions garder vis-à-vis d'elle notre'
indépendance; noUs'le savons main
tenant. 1 : \ .•'■■■■
Là lumière projètée pàr. le Monte?
leur fera .réfléchir, aussi, on doit!
l'espérer, beaucoup de royalistes,»
fort excellents chrétiens, sincère-
, ment dévoués à l'Eglise. Ils verront
s où I'orléanisme les veut conduire,et
; ils reculeront,trouvant plus...catho
liques les directions pontificales. Là
Gazette elle-rftêmé,' r dan's sbn public, "
possède encore de ces royalistes-là.
Elle se garde bienipour ne les pas
heurter, de suivre le Moniteur. Au
contraire,elle prétend que les oppor
tunistes ont tous donné, leurs votes
à M. l'abbé Gayraud. L'Autorité,
avec plus de résolution iet. d'abon-!
dance, affirme que le candidat des
prêtres est.l'élu des ennemis achar
nés de l'Eglise. Pour soutenir cette
a^sertion ridiçulè. 'les deux commè
res s'appuient sur la déclaration.:
d'un journal républicain modéré
du Finistère,- favorablej, en- effet, au
vainqueur.
• Qu elles y prennent donc garde :
voilà prouvé, justement, le devoir-
où nous sommes dé nous placer Sur
le- terrain' constitutionnel; si noùs'
voulons vaincre. Qu'avons-nous tou
jours (dit ? Que nous protégerions
mieux de la sorte les intérêts catho
liques: Les" sectaires ne viennent-
ils pas de le 'confirmer, en- soute-
nànt avec ardeur, çcintre, M. l'ab
bé Gayraud,. ;lë comte de Blois ;
qu'ils jugent infiniment moins ' dan
gereux pour leurs desseins ?" Qu'a
vons-nous aussi touj oùrs affirmé ?
Que notre attitude- nous- vaudrait
l'appui des républicains honnêtes,r
se séparant de la secte des qu'ils
seraient enfin rassurés sur nos in
tentions vis-à-vis de la forme gou
vernementale. C'est ce.que l'on vient
de voir se produire dans la troi
sième circonscription de Brest.
Pierre Veuillot.
Les.feuilles réfractaires sont tris
tes. Nouscompatissons... ' ; .
.C'est avec une certaine ,'curiosité:
que nous les avons, parcourues,.. y
cherchant non pas, seulement le té-
moignage deleur mauvaise humeur,-
mais quel classement elles- faisaient-
des suffrages 'donnés aux deux can
didats. Elles se montrent peu d'ac
cord sur ce point, et ne sont d'ail
leurs pas explicites*. Généralement,
elles glissent. Il y a cependant, un
intérêt à sàv.oir .ou, sont allées d'ans :
cette, .élection,, les, voix républi-,
caines. r
La K4"t®'additionne,. innocemment. .M. de
Blois a réuni près de-six mille élec
teurs; M. l'abbé Gayraud en a,
groupé sept mille deux cent et quel
ques : cela fait plus dé treize mille
catholiques... Pardon ; Mgr Freppel
et Mgr d'IIulst n'ont jamais que de
fort peu dépassé onze mille voix.
D'où sortent les. suffrages recueil-,,
lis en sus dimanche par les deux:
adversaires? „■
Quand il se, présentait contre;
l'évêque d'Angers, le concurrent,
opportuniste obtenait l'appui d'en
viron trois mille votants. Il est ma-,
nifeste que les deux tiers de ceux-
ci ont pris part au scrutin qui vient. I l principale qui empêchait un grand
d'ayoir lieu. Pour lequel des con- |j nombre de'Français d'adhérer à la
UN CRI Bll CŒUR
Un sénateur de l'extrême gauchej
président de groupe on ne sait pas
pourquoi, à moins que la nullité in
tellectuelle et la suffisance soient
des titres^aux yeux' de : son- parti, a-
laissé échapper l'autre'jour ,"dans la
discussion sur la proposition Fres-
neau, ce que l'on peut appeler le cri
du cœur. -
M. de Marcère venait d'expliquer
que l'ensemble des lois inspirées
par l'esprit sectaire, et notamment
les lois scolaires, étaient la cause
principale qui
République! sans: arrière-pensée et
sans esprit de retour vers les an
ciens régimes.
A ces mots, M. , Baduél {c'est
notre, sénateur) s'est écrié : « ,11 j^.à
déjà trop de ralliés. » • ; .
Ce cri.est un aveu : il prouve ,.<|ue
la .dominàtibn ^ectaire së sent " en
péril dès, que l,a, Républiqùè- élargit
ses rangs.et.cesse d'être la chose dé
la franc-maçonnerie.
IE m ITIES LOIS SCOLAIRES
Il nous parait utile de revenir en
quôlques mots sur l'important dé
bat soùlevé ces jburs-ci devant le
Sénat par M. Fresnea,u.
On sait que l'honorable sénateur
du Morbihan, prenant une initia
tive dont on doit le féliciter, a sou
mis à la haute assemblée" une pro
position dé loi, tendant à laisser
aux communes la faculté de.choisir
cbmme .école... p'dbliqùè., entre; Ùne
école,laïque ét une école çongregà-
niste, selon les circonstances et les
nécessitéslocales.
Cette proposition si modérée et
si équitable a été repoussée à une
majorité considérable. De cela, il
n'y a pas lieu de s'étonner : si lé
Sénat a pris à l'égard du ministère
Bourgeois et vis-à-vis de, certains
partis révolutionnaires vine. attitude
énergique, ; s'ila paru disposé à né
point trop heurter de front le senti-'
ment du pays qui demande une po
litique de modération, de liberté et
d'apàisément» il né faut pas bubliér 1
que par sa, composition,--le Sénat est
resté la citadelle de l'esprit sectaire
et le défenseur obstiné des lois que
cet esprit a spécialement inspirées..
C'èst un, fait qu'il ne faut jamais"
perdre de vue, avec , lequel il faut
toujours compter, jusqu'à ce qu'une
pression vigoureuse du pays et les
renouvellements 1 .électoraux aient
apporté un® modification' à cet état
de choses. •
Le vote du Sénat était donc prévu
d'avance,- ce qui ne diminue en rien;
Inopportunité : de là proposition- de;
M.. Fresneau,-attendu que c'est par
une incessante revendication de nos
droits et de nos libertés que- nbus
parviendrons à. imprimer à l'opi
nion publiique l'élan irrésistible qui
brisera un jour cette législation illi- ;
bérale autant qu'antichrétienne.
. A ce Sujet, il est juste d'honorer ;
le courage avec lequel M.. , de Mar
cère, intervenant dans la discussion,
à attaqué de front les lois scolaires.
Il a rappelé à bon droit les nobles:
efforts d'un certain nombre de ré-'
publiçàins et dé lui-même, lors du
■ vote de ces lois, pour faire pr'éva-.
loir d'autres principes.
Pa» plus que du Sénat, il n'y avait
rien à espérer du ministère. La si
tuation difficile que lui fait la divi
sion des partis dans la .Chambre des
; députés et les dispositions d'esprit
de bon nombre de ses membres ne
permettaient pas de penser qu'il
pourrait se montrer , favorable, a la
proposition dë. M. Fresneau. Mais
M. Kambaud aurait'pu résister à la
tentfitioh de' dogmatiser en cette
matière, et de nous donner comme
l'jaboutis.semeht fatal ,d'ùnë évo-.
lution historique dés lois qui ; n'ont I
pu être infligées à la France, que
par la domination momentanément
toute-^puissantë de la secte maçon
nique: • -
Quand il dit, par exemple; « que
« le Sénat pensera comme lui que
«les lois scolaires, ne > sont pas
« nées dé nécessités .-temporaires'
« mais de làlogique même ae.notre
« histoire », il abuse de la parole..
Qu'il y ait eu dans notre, passé
un courant progressif de laïcisations,
cela n'est pas douteux, mais ce
mouvement a été poussé jusqu'à
l'excès, de l'avis même des jugés les
plus autorisés et- les plus impar
tiaux. " . '
En tout cas, prétendre que,;cette
laïcisation historique doit être, éten
due jusqu'à méconnaître les droits
les plus sacrés de la famille et les
plus légitimes libertés communales,
c'est une argumentation sophistique
contre laquelle il est nécessaire de
protester.
F. L.
Ça ét là
LÀ NEIGE A PARIS .
Hlbfa ami Gustav.e a le plaisir d'habiter
une maison, comme on en rencontre par
fois dans certains quartiers du vieux Pa
ris de la rive gauche, ou la bâtisse énorme
à quatre ou cinq étages n'a pas, encore
envahi tous les tristes jardins des hôtels
séculaires. . .. .
La porté,,enchâssée entre deux médio
cres magasins, ouvre sur une rue bruyante
et encombrée; mais, quand on a traversé
les deux cours et qu'on a gravi les trois
étages, on, aperçoit, de la fenêtre, ? un
grand jardin silencieux, d'où monte, à
travers le feuillage, une paix ravissante,
un calme délicieux.
Des troncs moussus se dressent parmi
le; gazon, o ù l'o n distingue à peine les •
c ontours "des parterres effacés ; et, sur
ces troncs tordus .et çoitirtw 'fatigués du
poids de la ramure, les branches s'é
lèvent ou, s'éploient, toutes chargées de
feuilles —, pas aujoùrd'hii'i cependant. :
, Mais cet horizon tranquille est destiné
a Bientôt disparaître" ;. une vpie prpjétée
doit couper en deux le jardin- Les der
niers représentants de la noble famille
qui.jadis, habita l'hôtel _ et, qui eii fit,
sous Louis XVIII, un élégant rende^-vcius,
très fréquenté, de personnages aristocra
tiques et de classiques écrivains — ont;
émigré déjà vers les quartiers neufs ; ils
se sont logés, vers' Auteuil,'dans un
somptueux quatrième, où les élève un
ascenseur, à la marche douce, aux parois
bien capitonnées. .
Mon ami, qui goûtait Si fort' la tranquil
lité de cet horizon, sera 1 forcé d'émigrer
a son tour; et il n'espère point trouver un
autre coin charmant, pareil à celui qu'il
va perdre.
En attendant, sa situation presque pri
vilégiée" lui a permis dé contempler, l'au
tre jour, un .spectacle cûrieux, qui de
vient, de, plus en plus rare au centre de
Paris, ,unç belle nappe dé neige toute
blanche- . . ;
De la neigé blanche, immaculée, s'é-
tèndant épaisse èt ouatée, pendant plu
sieurs jours, pour le plaisir des yeux,'
quel tableau délicieux, doux au regard,
et quelle chose inouïe potir des Pari- ;
siens
C'est l'autre matin que mon ami. Gus
tave a pu jouir dé cette Vue, la première
fois depuis lé, début de l'hiver. En ou
vrant ses rideaux; il aperçut , lé grand
vieux; jardin du vieux noble hôtelj tout
caché par le vaste tapis" neigeux; tout
enfoui sous les flocons blancs entassés.
L'hérbe serrée dés gazons et les herbes^
poussées au hasard parmi le sable des
allées, jadis unies ét proprettes,tout avait
disparu, tout était passé au niveau glacé
dé l'hiver. Un rayon de soleil' matinal,:
perçant la brume grise où un peu de
neige encore suspendue menaçait de
tomber, venait se jouer dans la blancheur
du jardin et allumait çà et" là dés pailr
îettès d'argent ou dés diamants* brillants
et purs. Les grands arbres morts, aux
branches décharnées", semblaient en
demi-deuil', moitié blancs, moitié noirs;
etparfois - sous le coup d'aile d'un oiseau,
qui voletait tremblant de froid, la neigé
encore molle et friable glissait d'un ra
meau et pleuvait en fine poussière.' Au
fond du jardin, l'hôtel au mur grisâtre^
était coiffé de neige et—le souvenir de;
Halliance et du tsar, toujours plus ou,
'moins éveillé dans l'esprit, venant; au
secours de l'imagination —prenait comme
■un faux air moscovite. • ;
Mon ami couvait des yeux ce tableau;
poétique et se.perdait en rêveries, ou
bliant la. grande ville environnante et la
ivilaine rue toute proche ; il évoquait de"
grandes • plaines, blanchep à perte de
vue; ! ou des pics neigeux, ; vierges d'ex
ploration, dormant au fond du ciel leur
éternel' et majestueux sommeil.J1 son
geait Suisse ou Sibérie, en buvant, près
de sa fenêtre, uii prosaïque chocolat ; ;
il y'songeait encore, en descendant l'es
calier, en traversant les deux cours, en
mettant le pied dans,la rue... ,
Mais là, un jet de boue, souillant son
pardessus et illustrant de taches va
riées; changea tout à coup, et fort.désa-
! gréablément, le cours de ses réflexions
i ultra poétiques.,
On pataugeait sur les trottoirs ; on bar-
! botait au milieu de la rue; une boue bru-:.
I nâtre ou jaunâtre ou grisâtre, épaisse en
j tout cas et fort peu ragoûtante au regard,
f s'étendait partout, coulait , lourdement
Idans les ruisseaux, s'amassait entre les
pavés, jaillissait sous les roues des voir
tures r et sous lespiéds des passant». Ceux-
ci, affairés, pestaiit et pressés, se bouscu
laient; les, uns cherchaient à résoudre ce
problème affreux et délicat,la rue assez posément.poui^ne point,salir
leur chaussure, et assez rapidement auçsi
pour échapper à la . fois au n,ez des che
vaux, aux brancards des véhicules de
toute espèce et au sillage boueux que
Iesdits véhicules > soulevaient à leur suite.
D'autres s'efforçaient d'éphapper aux-
humides présents que distribuaient au- f
tour d'eux, trop ; , libéralement, ie.s gros'
omnibus à trois chevaux, rasant impi
toyablement le trottoir étroit...
Hélas ! c'était la neige... ,
Fïançois V euillot.
A LA CHAMBRE
, , La question' des sucres. f
. On se rappelle que. le ministre du
commerce avait fortement ébranlé,
le système proposé par. M. Jaurès
pour remédier a la crise de l'indus
trie sucrière. Ce système, confiant
à l l Etat le monopole de la raffinerie,
a,encore été combattu par M. Briiçi-
card,.par M. Joseph , Jourdan et par,
M. Gpblet lui-même. .. .
Le premier a relevé, aveô émotion
le grief porté contre la grande in
dustrie sucrière, accusée de consi
dérer le producteur comme une vic
time désignée aux fraudes et aux
spéculations; le second a montré
que l'expropriation Ides raffiheurs
ne serait qu'une spoliation pure , et
simple v et que l'établissement d'un
nouveau monopole aurait pour ré
sultat pratique d'instituer un nou
veau fonctionnaire à côté de tous
les autres : le fonctionnaire épicier.
M. Gobletj lui, ne veut point de
l'Etat producteur et exploiteur ; il
sé refuse àfàirece preraier pas vera»
le collectivisme», mais il trpuye l'oc
casion bonne>.d'attaquer le' gouverv,
nement et dë lui reprocher avec ai
greur son înértië en face des spécu
lations dénoncées ét impunies.
. Le président du conseil a fait' re
marquer .qu'il était' impossible, eu
l'état de notre législation, de sévir
contre certaines coalitions ; M. Go-
blet lui-même, lors de.son passage'
au pouvoir, s'est vu forcé d'avouer
son impuissance, et la Chambre n'a
qu'à examiner au plus tôt une pro
position qui fut déposée voilà plu-
siéurs mois —r donnant des arnies
suffisantes aux pouvoirs publics, i
. M- Jaurès avait à dire un dernier
mot en faveur de son contre-projet :>
il l'a dit, il en a même dit plusieurs,
et a menacé le Parlement de s'inter
dire, en repoussant le monopole de
la |raffinerie, d'adopter jamais celui
de l'aicool (jui groupe tan£ de sym
pathies, raemé dans le parti mo
déré.
. La défaite de M. Jaurès et de ses
arnis a été, enfin, soulignée; par
439 voix contre 82.
■ On.së trouvait en présence d'un se
cond; çontre-prbjét': celui de M"..
Krantz qui veut imposer l'es sucres
rafffiné.s etne pastoucher, parcontre, 1
auxdroitsdeaoûànejpourempêcher
l'élévation du prix du sucre raffiné^
par. la menacé de là concurrence,
étrangère. ...
• Au nom' de la commission des
douanes Mr Graux est gvenu décla
rer qu'elle acceptait l'impôt jsur les.
; raffinés tout en demandant instam
ment. l'élévation correspondance des>
droits de douane : c'est à propo s de
l'article 4 que là bàtàiHê: s'engagera 1
sur ce point. . . . ..
M. Siegfried a aussi un contre-,
projet qui réduit d'un quart tous le»;
droits sur les sucres livrés.à la con
sommation; il në veut pas \qu'on
fâssë payer au ;; consommateur, au
contribuable, les bénéfices énormes'
réalisés parles fabricants de sucrw;
— et îM^àhde;; ;outre>> afin de
parer à l'établissement des primes
d'exportation, .de relever de 5 francs
la taxe des bonis dé fabrication. f
, Ce système,.combattu pai> le mi- '
inistre aù commerce et par M. Cas-
telin, est défendu par M. Marcel
iHabert et par M: Fabérot qui ne.
veut pas « remplir le coffre-fort dès
sucriers
Est-ce là l'ai^ument suprême qui
• a frappé. la' Chambre ?. . :- Le- contre-,
proj et . es ; été-pris en . considération
: par 271 voix^ontH 224,
! On n'a pas i voulu se séparer -sans
(valider l'eJection du ; docteur Gre-.
nier, le député musulman que Pon-
itarlier cède à Paris pour là plus
/grande joie des badauds qui chaque,
;jbûr assistent en foule aux ablutions-
en Séine du scrupuleux disciple du
iprophète. *
: Gabriel de Triors.
DE M. l'ABBl GAYRAUD
député
de la 3° circonscription de Brest (1).
. A. mes électeurs de la 3 e cir-
I conscription de Brest,
i Mes chers ami», vous avez vaincu,
i Je yous félicite de cette victoire rem-
iportée par votre patriotisme et votre foi.
\ C'est en vain que l'on a formé contre
jnous la coalition,de I'orléanisme réfrac-
rtaire et de l'anticléricalisme maçonni- ,
ique.. . ■, ..... . ; .
i C'est en vain qu'on a déclaré que tous
|les moyens étaient bons pour me com-
jhattre et qu'on .a agi d'après cette
j maxime indigne de chrétiens-et d'hon-
inôtes gens. " • ' ■ ■
f "Vous avez serré vos rangs autour de
: la. croix du Christ sur le terrain où la
f voîx de Léon XIII appelle les cathbliques
Français ; vous avez eu confiance dans
la parole d'un prêtre enfant du peuple, ,
i fîls d'ouvrier, qui s'est rendu, à votre
appel pour, porter devant vous le drapeau
: de la démocratie < chrétienne.
Léonards, cette victoire e^t ' glorieuse '
et poiir voùs et pour moi.
Désormais je vous appartiens!
Votre pays est mon pays; vos intérêts
sont fries intérêts. Avep l'aide d# Dieuy je
ne tromperai pas, votre espoir. r j
; Ce. sera La. vengeaiîce que je tirerai de
' mes .adversaires. Je les_ forceirai à dire
uii jour, pour mon , honneur, et pour le
-vôtre : ces fiers Bretons oht bien choisi.
Vive la Brétagne ! -
Vive la France ! * ' . . •
Vive Jésus-Christ F 5 ' ' ' ' : "
Abbé ! GÂYBXup',
' Missionnaire apostolique,
député du Finistère.
L'ÉLECTIONDE BRESTiLH PRESSE
Notre confrère ^aint-Julien; r dans le
Peuple français , comûiêhte ainsi ' l'élec
tion de Brest : ■
?Le résultat de l'élection de' Brest est
d'une importance qu'il importe de fair.e
ressortir.. ; , . ; , ,
Le candidat dû terroir ayant été vaincu
par 1er candidat du programmé; l'élection
est politique au premier chef, - - j ,■.
Il est désormais établi q ue l'électeur bre
ton veut la République, aussi fermeraient
qu'il veut des réformes dans la Républi
que.
Je sais bien qu'il est convenu, dans le
monde des réfractaires, d'appeler M. l'abbé
(lj Ces, Remerciements ont été publiés
hier dans notre seconde édition.
PARIS
et départements
Un an 40 »
Six mois...... 2i »>
Trois mois.;... il »
ÉTRANGER
(union postale!)
51 »
26 50
14 ' »
Les abonnements partent des 1 er et 16 de chaque mois
on numéro S î^^ 1 -
BUREAUX : Paris, rue Cassette, 17
Qri s'abpnne à Rome, place, du.Gesùj 8
ÉDITION SEMI-QUOTIDIENNE
, / PARIS . . " .ETRANGER
ès départements (union postale)
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Six mois ...... 10 »
Trois m'ois:.... 5 »
26 »
13 »
6 50
v ■
ET
LE: MONDE
Les abonnements partent des 1 er .et 18 de chaque atoll
Z'iJNÎVERS né répond pas dyS manuscrits qui lui .sont adressés >
...ANNONCES . .
' MM. LAGRANGE, CERF et 0'", 6> place de là Bourse
PARIS, 26 JANVIER 1897
SOMMAIRE
Un cinquantenaire.
Les voix républi
caines:.... .'.
Çà' et là : La neige à
Paris...... ........
Le Sénat et les lois
scolaires...
A la Chambre......
Lettres de Monténé
gro ;.v.i.
Une : conférence de
M. Harmel.......
Musique/. ...... ;.
Nouvelles agricoles.
E ugène . T avernier,
; P ierre V euillot.
F rançois V euillot.
F. L.
G abriel de T riôrs.
•Y. J
"*** ' •- *•=
g, ï)e bblsïoslïn/
A. de vllliers de
..s; l'isle-adam.
Bulletin du jour. —-.Un cri du cœur. — Les
" remerciements de M. l'abbé Gayraud.
A propos de l'élection de Brest.— L'é
lection de Brest ét la pressp. — Le fisc
et'Ies congrégations.,—, Les processions.
— Informations politiques et parlemen
taires. —Un vote exçellent. — Le comte
Mouraview à Paris. — A travers la presse-
Chronique. —, ,TJne académie le îbçc
dans l'eau. —La question ouvrière. —
Chronique religieuse, rr- Echos de par
tout.—"La pësté. — Dépêches de l'étran
ger. — Guerre et mapiije. L^es appels
de réservistes. — Néçrolpgie, — Jîullç-?
.tin bibliographique. — . Tribunaux,.' —'
Nouvelles diverses. — Dernière heure.—
Tableau et bulletin de la, Boiirse.. .
LN CINQUANTENAIRE
L'astronome dont on a fêté hier le
cinquantenaire comme membre de
l'Institut a beaucoup honoré la
science. Hier, en séance solénnelle,
et le soir, dans Un banquet, on rap
pelait lès longs travaux dé M. Paye .
Ses collègues rendaient hommage
à la force et à là probité de^son'in
telligence.
Ces deux qualités ne vont pas
toujours ensemble, chez les savants;
et lé fait n ? a rien de bien extraordi
naire. Les savants. "sont dés,.hom
mes; qn, oublie . souvent ce point
quand on. , s'étonne de leur.s incon
séquences et de.leura faiblesses, ..
Est-ce que dans l'histoire,et même
de.notre temps, -nous ne rencon
trons pas des magistratsbu des sa
ges par profession qui ont trahi la
justice.et Ja vérité? Le tyran l'or
donnait. 0,r il y a presque toujours
un tyran "quelque part. Quand ce
fléau ne s'incarne pas dans un indi
vidu, il anime une foule qui est ■ en- :
core plus exigeante. D'ailleurs, com
bien le simple et vulgaire respect
humain a-t-il fait commettre d'ac
tions coupables ? La passion "d'or
gueil, l'ambition aussi, parfois mal
saine, hante tous les cerveaux. Cer
tains savants ont perdu la raison à
force de se griser de science. Il en
est d'hypocrites.
Quelque respeçt que l'on professe
pour l'Institut, on „est obligé de se
souvenir que ce corps illustre est
pour beaucoup dans l'apostasie gé
nérale de notre époque.' C'est peut-
être là que s ; est formée l'habitude
de tout régler sans tenir compte du
" Créateur. Les savants du commèn-
cernent de ce" siècle et leurs pré
décesseurs immédiats comptaient
bel et bien avoir expulsé Dieu. Sans
doute la littérature lui avait accordé
un asile, mais ce n'était probable
ment pas pour longtemps. En effet,
la littératur.e et ensuite la politique
qnt eu, soin de s'émanciper à leur
tour. Et le-monde possède aujour
d'hui un peuple d'athées ! •
^Heureusement une réaction s'o
père là même d'où l'idée perfide et
absurde est dèseendue dans les
masses ignorantes. Si l'on dressait
ia stati,stiaue des opinions , des sa--
vant's sur la nécessité d'unë intelli
gence suprême,, créatrice et gouver
nante, on s trouverait v ùn.e .majorité,
en sa: faveur,. Mais cette statistique,
ne s'app uierait assez souvent, que,
sur. des déclarations formulées en-
partieulier. • / « > > -• . » :
Les téirtoignages publics-'isont
moins nombreux:.. Il est'vrai, qu'ils;
ont beaucoup de prestige. ' Jëan-
Baptiçte /Dumas,^ "Qu'atrefage's, Le.
Vierriéri Pasteur," voila . des',, noms,
qui imposent la réserve: au. .fana?
tiôme libre-penseur. . -
M.JFaye' est de, cette race d'hom
mes , supérieurs- chez qui l'esprit
élevé a pour soutiens la droiture et
le courage. Il a toujours-dit catégo
riquement, ce qu'il sait et ce qu'il
pense.
ïl-i'a même dit certaines fois avec,
la finesse et l'élégance dhin littéra
teur. Son livre intitulé:: Sur Vori-,
giri&du contient dès pages
qui sont-remarquables, par le style
non moins que par les noblës idées 1
qui. les, remplissent.. '
Ce livre, fit se froncer bien des-
sourcils, à l'Institut et dans les mi
lieux-plus ou moins scientifiques:
1\I. Paye touchait à la théorie de
Laplac'e. Des.observàteurs y avaient
touché avant lui, mais sans y son
ger. Pourvus d'instruments nour
veaux, ils observaient la marche des,
satellites d'Uranus et la marche du.
système de Neptune. Or, ils cons
tataient que -ces corps tournent en.
sens inverse de la circulation tra
cée par Làplàcè et admise comme
la r loi fondamentalè i
^Laplaçe s'était préoccupé,. deè
découvertes qui ne pouvai'énrmàn-
quer de se faire après lui. Très con
fiant en g lui-même, il avait jvpUlu
qu'elles dépendissent tte lui encore
par quelque manière, et il avait trace
la rotation des futures planètes où
des futurs satellites. Pourtant;
comme l'exception pouvait bien ve
nir revendiquer ses droits • jusque
dans ce domaine, une réserve fut
faite'. Le célèbre astronome admit
la possibilité "d'une erreur... dans la
proportion de un contre des milliers
et des milliers dé milliards !
Justement, le cas s'est présenté
et plusieurs fois. Et il y a mainte
nant^ notre connaissance,des satel
lites et des planètes qui n'obéissehi
pas aux lois de Laplace.
M. Fayé a voulu résoudre le pro
blème et il est arrivé à uiie théorie
ingénieuse, simple aussi comme les
grandes idées. Tout eh conservant
1 hypothèse de la condensation de
la nébuleuse solairé, il divise en
deux catégoriés les corps. plané
taires formés parla matièrèdiffuse,
ceux qui se sont consolidés après le
soleil, ceux qui se sont consolidés
avant. Pour lui, la terre serait
plus ancienne quele soleil! Et cette
conclusibri serait dictéé ^pàr l'orga
nisation générale de notre système
solaire. • . - , .
La théorie construite par M. Paye
a encore l'avantage d'expliquer :sans
métaphore le passage .ou la Bible
montre le soleil Apparaissant après
la terre. Sur la Bible, l'éminent sa
vant s'explique avec autant de har
diesse: que de respect. Etant chré
tien^ ila foi dans la vérité* et; il parle
haut: : « Comme notre intelligence
« ne s'est pas faite elle-même* il doit
« exister dans le monde une intel-
« ligence supérieure d'où la nôtre
« dérive. » Les gens, distingués et
les hommes de bon sens le savent,
mais . peu osent.le dire. M. Faye n'a
jamais hésité. A la. fin d'une glo
rieuse carrière,il se sent plus assuré
que jamais de la foi qu'il a toujours
manifestée. Et même .ses collègues
qui le blâment , de se montrer trop
croyant,..au fond l'en estiment, da
vantage.
Eugène Tavernier.
BÙLLÊT1N DÛ JOUR
. 'Hier, la Chambre a pris en. considérai
ration.un oontre-rprojet de M. Siegfried
qui modifié complètement le projet en.
discussion, sur le régime des sucres et
réduit d'un quart les droits actuels.
'■ Les deux commissions compétentes :
douanes et budget, se sontréuniescemâtin
pour étudier ce centre-projet.
•■ ■Le conseil des ministres a examiné éga
lement cette question, dans sa séance de %
ce: matin. Il est possible que le gouver
nement, combattant le contre-projet de
M. Siegfried, pose à. cette occasion la
question de confiance.
, La visite en France du comte Mou*
ravieff, ministre; des affaires étrangères;
de Bussie, est une nouvelle affirmation,,
de l'alliance franco-russe. C'est ainsi,
d'ailleurs qu'elle est. généralement ap
préciée, même' par la presse étran
gère. " ■ ■ ,
Le, gouvernement britannique a dé-.
posé hier au Parlement deux nouveaux.
Livres bleus, relatifs, l'un à ia corres
pondance passée entre l'ambassade an
glaise à. Constantiftoplè et le Foreign-
Office au sujet des massacres des Armé
niens; le second, à la correspondance 1
entre lord Cromer et le Foreign-Office
au sujet du procès intenté au gouverne
ment égyptien dans l'affaire des 500,000
livres prélevées dans la caisse de laDette.
Ces deux correspondances rie présentent:
rien de nouveau. ;
LES VOIX RÉPUBLICAINES
currents„se. . sontrils, en général^
pron'oncës ?
- La . Vérité le sait bien, comme
nous, comme tout le monde. C'est
justement la raison qui l'empêche
d'àbordér cette question, maigre
l'intérêt qu'elle offre et l'enseigne^
ment qui en résulte.
Le Moniteur universel, lui aussi,
n'ignore pbint que les sectàires ont
énergiquement appuyé M. de Blois,
qui né voudra plus, croyons-nous,
s'exposer à pareil affront. Les ins
tituteurs laïques et la Dépêche, le
journal anticatholique de Brest,
faisaient campagne ouverte en fa-
véur dii candidat orléaniste. M.
Glaizot, l'àncièn adversaire de, Mgr
Frèppël, le couvrait de son patro
nage, Nous en avons produit lés
preuves. Le Moniteur universel n'en
a pas soufflé mot; mais il les à
bien vues. .C'est évidemment pouç
cela qu'il tente, sans avouer cette
coalition, dé la justifier. D ? àprès
lui, l'attitude insupportable 1 du
clergé de là-bas â seule fait çètté
alliance dès réfractàirés et des sèc-.*
tâirés. Ecoutez ce que dit à ce pro
pos la feuille la plus qualifiée pour
parler au nom de M., le duc d'Or
léans. C'esi-lnstriictif, et plein dé
promesses:
,Oe_iiéjSÔjit çlu's ,seulement les afïidési
diés sèptes gui exploitent le sentiment
populaire contre .ce qu'ils, nomment,« le
gouvernement dés cùrés ». A lavué des
procédés employés par dés, prêtres du Fi
nistère, au spectacle de.leur parti pris,
de leur explugivismevide. leurs .agisse^
meits, véritablement insupportables, dé
tr.^s Uj-âves gens et même les rneilleurs
en sont venus à jse dire que, si tel doit
être« le gouvéfriémént de curés », il n'en
faut pàs ; —7. si telles doivent être lés sui
tes de la participation du clergé à l'action,
publique et aux élections, mieux vaut
laisser les lois républicaines qui tendent
a l'en écarter .produire leur effét.- .
L'a récente lettre du prince et le
commentaire Autorisé que ' voilà,-
méritent de restér dans ïes'mémbi-
t rés."Qûajid.l'élection dé Qrest h'au-
* rait servi qu'à nous, montrer le fond
du sentiment orléaniste, elle ne se
rait déjà point inutile. Ce parti, ne
voit dans le clergé qu'un instru
ment; les revendications catholiques
ne sont pour se§ jarrets fatigués
qU'un tremplin: Du moment où nous
rie paraissons " plus ' accepter "' ce
rôle inférieur et soumis, on jette le
masqué et l'on nous menace de lais-:
ser, en vigueur, si l'on revient au
pouvoir, les lois de persécution. CeJ
que nous réserve la monarchie par
lementaire, pour peu que nous vou
lions garder vis-à-vis d'elle notre'
indépendance; noUs'le savons main
tenant. 1 : \ .•'■■■■
Là lumière projètée pàr. le Monte?
leur fera .réfléchir, aussi, on doit!
l'espérer, beaucoup de royalistes,»
fort excellents chrétiens, sincère-
, ment dévoués à l'Eglise. Ils verront
s où I'orléanisme les veut conduire,et
; ils reculeront,trouvant plus...catho
liques les directions pontificales. Là
Gazette elle-rftêmé,' r dan's sbn public, "
possède encore de ces royalistes-là.
Elle se garde bienipour ne les pas
heurter, de suivre le Moniteur. Au
contraire,elle prétend que les oppor
tunistes ont tous donné, leurs votes
à M. l'abbé Gayraud. L'Autorité,
avec plus de résolution iet. d'abon-!
dance, affirme que le candidat des
prêtres est.l'élu des ennemis achar
nés de l'Eglise. Pour soutenir cette
a^sertion ridiçulè. 'les deux commè
res s'appuient sur la déclaration.:
d'un journal républicain modéré
du Finistère,- favorablej, en- effet, au
vainqueur.
• Qu elles y prennent donc garde :
voilà prouvé, justement, le devoir-
où nous sommes dé nous placer Sur
le- terrain' constitutionnel; si noùs'
voulons vaincre. Qu'avons-nous tou
jours (dit ? Que nous protégerions
mieux de la sorte les intérêts catho
liques: Les" sectaires ne viennent-
ils pas de le 'confirmer, en- soute-
nànt avec ardeur, çcintre, M. l'ab
bé Gayraud,. ;lë comte de Blois ;
qu'ils jugent infiniment moins ' dan
gereux pour leurs desseins ?" Qu'a
vons-nous aussi touj oùrs affirmé ?
Que notre attitude- nous- vaudrait
l'appui des républicains honnêtes,r
se séparant de la secte des qu'ils
seraient enfin rassurés sur nos in
tentions vis-à-vis de la forme gou
vernementale. C'est ce.que l'on vient
de voir se produire dans la troi
sième circonscription de Brest.
Pierre Veuillot.
Les.feuilles réfractaires sont tris
tes. Nouscompatissons... ' ; .
.C'est avec une certaine ,'curiosité:
que nous les avons, parcourues,.. y
cherchant non pas, seulement le té-
moignage deleur mauvaise humeur,-
mais quel classement elles- faisaient-
des suffrages 'donnés aux deux can
didats. Elles se montrent peu d'ac
cord sur ce point, et ne sont d'ail
leurs pas explicites*. Généralement,
elles glissent. Il y a cependant, un
intérêt à sàv.oir .ou, sont allées d'ans :
cette, .élection,, les, voix républi-,
caines. r
La K4"t®'
Blois a réuni près de-six mille élec
teurs; M. l'abbé Gayraud en a,
groupé sept mille deux cent et quel
ques : cela fait plus dé treize mille
catholiques... Pardon ; Mgr Freppel
et Mgr d'IIulst n'ont jamais que de
fort peu dépassé onze mille voix.
D'où sortent les. suffrages recueil-,,
lis en sus dimanche par les deux:
adversaires? „■
Quand il se, présentait contre;
l'évêque d'Angers, le concurrent,
opportuniste obtenait l'appui d'en
viron trois mille votants. Il est ma-,
nifeste que les deux tiers de ceux-
ci ont pris part au scrutin qui vient. I l principale qui empêchait un grand
d'ayoir lieu. Pour lequel des con- |j nombre de'Français d'adhérer à la
UN CRI Bll CŒUR
Un sénateur de l'extrême gauchej
président de groupe on ne sait pas
pourquoi, à moins que la nullité in
tellectuelle et la suffisance soient
des titres^aux yeux' de : son- parti, a-
laissé échapper l'autre'jour ,"dans la
discussion sur la proposition Fres-
neau, ce que l'on peut appeler le cri
du cœur. -
M. de Marcère venait d'expliquer
que l'ensemble des lois inspirées
par l'esprit sectaire, et notamment
les lois scolaires, étaient la cause
principale qui
République! sans: arrière-pensée et
sans esprit de retour vers les an
ciens régimes.
A ces mots, M. , Baduél {c'est
notre, sénateur) s'est écrié : « ,11 j^.à
déjà trop de ralliés. » • ; .
Ce cri.est un aveu : il prouve ,.<|ue
la .dominàtibn ^ectaire së sent " en
péril dès, que l,a, Républiqùè- élargit
ses rangs.et.cesse d'être la chose dé
la franc-maçonnerie.
IE m ITIES LOIS SCOLAIRES
Il nous parait utile de revenir en
quôlques mots sur l'important dé
bat soùlevé ces jburs-ci devant le
Sénat par M. Fresnea,u.
On sait que l'honorable sénateur
du Morbihan, prenant une initia
tive dont on doit le féliciter, a sou
mis à la haute assemblée" une pro
position dé loi, tendant à laisser
aux communes la faculté de.choisir
cbmme .école... p'dbliqùè., entre; Ùne
école,laïque ét une école çongregà-
niste, selon les circonstances et les
nécessitéslocales.
Cette proposition si modérée et
si équitable a été repoussée à une
majorité considérable. De cela, il
n'y a pas lieu de s'étonner : si lé
Sénat a pris à l'égard du ministère
Bourgeois et vis-à-vis de, certains
partis révolutionnaires vine. attitude
énergique, ; s'ila paru disposé à né
point trop heurter de front le senti-'
ment du pays qui demande une po
litique de modération, de liberté et
d'apàisément» il né faut pas bubliér 1
que par sa, composition,--le Sénat est
resté la citadelle de l'esprit sectaire
et le défenseur obstiné des lois que
cet esprit a spécialement inspirées..
C'èst un, fait qu'il ne faut jamais"
perdre de vue, avec , lequel il faut
toujours compter, jusqu'à ce qu'une
pression vigoureuse du pays et les
renouvellements 1 .électoraux aient
apporté un® modification' à cet état
de choses. •
Le vote du Sénat était donc prévu
d'avance,- ce qui ne diminue en rien;
Inopportunité : de là proposition- de;
M.. Fresneau,-attendu que c'est par
une incessante revendication de nos
droits et de nos libertés que- nbus
parviendrons à. imprimer à l'opi
nion publiique l'élan irrésistible qui
brisera un jour cette législation illi- ;
bérale autant qu'antichrétienne.
. A ce Sujet, il est juste d'honorer ;
le courage avec lequel M.. , de Mar
cère, intervenant dans la discussion,
à attaqué de front les lois scolaires.
Il a rappelé à bon droit les nobles:
efforts d'un certain nombre de ré-'
publiçàins et dé lui-même, lors du
■ vote de ces lois, pour faire pr'éva-.
loir d'autres principes.
Pa» plus que du Sénat, il n'y avait
rien à espérer du ministère. La si
tuation difficile que lui fait la divi
sion des partis dans la .Chambre des
; députés et les dispositions d'esprit
de bon nombre de ses membres ne
permettaient pas de penser qu'il
pourrait se montrer , favorable, a la
proposition dë. M. Fresneau. Mais
M. Kambaud aurait'pu résister à la
tentfitioh de' dogmatiser en cette
matière, et de nous donner comme
l'jaboutis.semeht fatal ,d'ùnë évo-.
lution historique dés lois qui ; n'ont I
pu être infligées à la France, que
par la domination momentanément
toute-^puissantë de la secte maçon
nique: • -
Quand il dit, par exemple; « que
« le Sénat pensera comme lui que
«les lois scolaires, ne > sont pas
« nées dé nécessités .-temporaires'
« mais de làlogique même ae.notre
« histoire », il abuse de la parole..
Qu'il y ait eu dans notre, passé
un courant progressif de laïcisations,
cela n'est pas douteux, mais ce
mouvement a été poussé jusqu'à
l'excès, de l'avis même des jugés les
plus autorisés et- les plus impar
tiaux. " . '
En tout cas, prétendre que,;cette
laïcisation historique doit être, éten
due jusqu'à méconnaître les droits
les plus sacrés de la famille et les
plus légitimes libertés communales,
c'est une argumentation sophistique
contre laquelle il est nécessaire de
protester.
F. L.
Ça ét là
LÀ NEIGE A PARIS .
Hlbfa ami Gustav.e a le plaisir d'habiter
une maison, comme on en rencontre par
fois dans certains quartiers du vieux Pa
ris de la rive gauche, ou la bâtisse énorme
à quatre ou cinq étages n'a pas, encore
envahi tous les tristes jardins des hôtels
séculaires. . .. .
La porté,,enchâssée entre deux médio
cres magasins, ouvre sur une rue bruyante
et encombrée; mais, quand on a traversé
les deux cours et qu'on a gravi les trois
étages, on, aperçoit, de la fenêtre, ? un
grand jardin silencieux, d'où monte, à
travers le feuillage, une paix ravissante,
un calme délicieux.
Des troncs moussus se dressent parmi
le; gazon, o ù l'o n distingue à peine les •
c ontours "des parterres effacés ; et, sur
ces troncs tordus .et çoitirtw 'fatigués du
poids de la ramure, les branches s'é
lèvent ou, s'éploient, toutes chargées de
feuilles —, pas aujoùrd'hii'i cependant. :
, Mais cet horizon tranquille est destiné
a Bientôt disparaître" ;. une vpie prpjétée
doit couper en deux le jardin- Les der
niers représentants de la noble famille
qui.jadis, habita l'hôtel _ et, qui eii fit,
sous Louis XVIII, un élégant rende^-vcius,
très fréquenté, de personnages aristocra
tiques et de classiques écrivains — ont;
émigré déjà vers les quartiers neufs ; ils
se sont logés, vers' Auteuil,'dans un
somptueux quatrième, où les élève un
ascenseur, à la marche douce, aux parois
bien capitonnées. .
Mon ami, qui goûtait Si fort' la tranquil
lité de cet horizon, sera 1 forcé d'émigrer
a son tour; et il n'espère point trouver un
autre coin charmant, pareil à celui qu'il
va perdre.
En attendant, sa situation presque pri
vilégiée" lui a permis dé contempler, l'au
tre jour, un .spectacle cûrieux, qui de
vient, de, plus en plus rare au centre de
Paris, ,unç belle nappe dé neige toute
blanche- . . ;
De la neigé blanche, immaculée, s'é-
tèndant épaisse èt ouatée, pendant plu
sieurs jours, pour le plaisir des yeux,'
quel tableau délicieux, doux au regard,
et quelle chose inouïe potir des Pari- ;
siens
C'est l'autre matin que mon ami. Gus
tave a pu jouir dé cette Vue, la première
fois depuis lé, début de l'hiver. En ou
vrant ses rideaux; il aperçut , lé grand
vieux; jardin du vieux noble hôtelj tout
caché par le vaste tapis" neigeux; tout
enfoui sous les flocons blancs entassés.
L'hérbe serrée dés gazons et les herbes^
poussées au hasard parmi le sable des
allées, jadis unies ét proprettes,tout avait
disparu, tout était passé au niveau glacé
dé l'hiver. Un rayon de soleil' matinal,:
perçant la brume grise où un peu de
neige encore suspendue menaçait de
tomber, venait se jouer dans la blancheur
du jardin et allumait çà et" là dés pailr
îettès d'argent ou dés diamants* brillants
et purs. Les grands arbres morts, aux
branches décharnées", semblaient en
demi-deuil', moitié blancs, moitié noirs;
etparfois - sous le coup d'aile d'un oiseau,
qui voletait tremblant de froid, la neigé
encore molle et friable glissait d'un ra
meau et pleuvait en fine poussière.' Au
fond du jardin, l'hôtel au mur grisâtre^
était coiffé de neige et—le souvenir de;
Halliance et du tsar, toujours plus ou,
'moins éveillé dans l'esprit, venant; au
secours de l'imagination —prenait comme
■un faux air moscovite. • ;
Mon ami couvait des yeux ce tableau;
poétique et se.perdait en rêveries, ou
bliant la. grande ville environnante et la
ivilaine rue toute proche ; il évoquait de"
grandes • plaines, blanchep à perte de
vue; ! ou des pics neigeux, ; vierges d'ex
ploration, dormant au fond du ciel leur
éternel' et majestueux sommeil.J1 son
geait Suisse ou Sibérie, en buvant, près
de sa fenêtre, uii prosaïque chocolat ; ;
il y'songeait encore, en descendant l'es
calier, en traversant les deux cours, en
mettant le pied dans,la rue... ,
Mais là, un jet de boue, souillant son
pardessus et illustrant de taches va
riées; changea tout à coup, et fort.désa-
! gréablément, le cours de ses réflexions
i ultra poétiques.,
On pataugeait sur les trottoirs ; on bar-
! botait au milieu de la rue; une boue bru-:.
I nâtre ou jaunâtre ou grisâtre, épaisse en
j tout cas et fort peu ragoûtante au regard,
f s'étendait partout, coulait , lourdement
Idans les ruisseaux, s'amassait entre les
pavés, jaillissait sous les roues des voir
tures r et sous lespiéds des passant». Ceux-
ci, affairés, pestaiit et pressés, se bouscu
laient; les, uns cherchaient à résoudre ce
problème affreux et délicat,
leur chaussure, et assez rapidement auçsi
pour échapper à la . fois au n,ez des che
vaux, aux brancards des véhicules de
toute espèce et au sillage boueux que
Iesdits véhicules > soulevaient à leur suite.
D'autres s'efforçaient d'éphapper aux-
humides présents que distribuaient au- f
tour d'eux, trop ; , libéralement, ie.s gros'
omnibus à trois chevaux, rasant impi
toyablement le trottoir étroit...
Hélas ! c'était la neige... ,
Fïançois V euillot.
A LA CHAMBRE
, , La question' des sucres. f
. On se rappelle que. le ministre du
commerce avait fortement ébranlé,
le système proposé par. M. Jaurès
pour remédier a la crise de l'indus
trie sucrière. Ce système, confiant
à l l Etat le monopole de la raffinerie,
a,encore été combattu par M. Briiçi-
card,.par M. Joseph , Jourdan et par,
M. Gpblet lui-même. .. .
Le premier a relevé, aveô émotion
le grief porté contre la grande in
dustrie sucrière, accusée de consi
dérer le producteur comme une vic
time désignée aux fraudes et aux
spéculations; le second a montré
que l'expropriation Ides raffiheurs
ne serait qu'une spoliation pure , et
simple v et que l'établissement d'un
nouveau monopole aurait pour ré
sultat pratique d'instituer un nou
veau fonctionnaire à côté de tous
les autres : le fonctionnaire épicier.
M. Gobletj lui, ne veut point de
l'Etat producteur et exploiteur ; il
sé refuse àfàirece preraier pas vera»
le collectivisme», mais il trpuye l'oc
casion bonne>.d'attaquer le' gouverv,
nement et dë lui reprocher avec ai
greur son înértië en face des spécu
lations dénoncées ét impunies.
. Le président du conseil a fait' re
marquer .qu'il était' impossible, eu
l'état de notre législation, de sévir
contre certaines coalitions ; M. Go-
blet lui-même, lors de.son passage'
au pouvoir, s'est vu forcé d'avouer
son impuissance, et la Chambre n'a
qu'à examiner au plus tôt une pro
position qui fut déposée voilà plu-
siéurs mois —r donnant des arnies
suffisantes aux pouvoirs publics, i
. M- Jaurès avait à dire un dernier
mot en faveur de son contre-projet :>
il l'a dit, il en a même dit plusieurs,
et a menacé le Parlement de s'inter
dire, en repoussant le monopole de
la |raffinerie, d'adopter jamais celui
de l'aicool (jui groupe tan£ de sym
pathies, raemé dans le parti mo
déré.
. La défaite de M. Jaurès et de ses
arnis a été, enfin, soulignée; par
439 voix contre 82.
■ On.së trouvait en présence d'un se
cond; çontre-prbjét': celui de M"..
Krantz qui veut imposer l'es sucres
rafffiné.s etne pastoucher, parcontre, 1
auxdroitsdeaoûànejpourempêcher
l'élévation du prix du sucre raffiné^
par. la menacé de là concurrence,
étrangère. ...
• Au nom' de la commission des
douanes Mr Graux est gvenu décla
rer qu'elle acceptait l'impôt jsur les.
; raffinés tout en demandant instam
ment. l'élévation correspondance des>
droits de douane : c'est à propo s de
l'article 4 que là bàtàiHê: s'engagera 1
sur ce point. . . . ..
M. Siegfried a aussi un contre-,
projet qui réduit d'un quart tous le»;
droits sur les sucres livrés.à la con
sommation; il në veut pas \qu'on
fâssë payer au ;; consommateur, au
contribuable, les bénéfices énormes'
réalisés parles fabricants de sucrw;
— et îM^àhde;; ;outre>> afin de
parer à l'établissement des primes
d'exportation, .de relever de 5 francs
la taxe des bonis dé fabrication. f
, Ce système,.combattu pai> le mi- '
inistre aù commerce et par M. Cas-
telin, est défendu par M. Marcel
iHabert et par M: Fabérot qui ne.
veut pas « remplir le coffre-fort dès
sucriers
Est-ce là l'ai^ument suprême qui
• a frappé. la' Chambre ?. . :- Le- contre-,
proj et . es ; été-pris en . considération
: par 271 voix^ontH 224,
! On n'a pas i voulu se séparer -sans
(valider l'eJection du ; docteur Gre-.
nier, le député musulman que Pon-
itarlier cède à Paris pour là plus
/grande joie des badauds qui chaque,
;jbûr assistent en foule aux ablutions-
en Séine du scrupuleux disciple du
iprophète. *
: Gabriel de Triors.
DE M. l'ABBl GAYRAUD
député
de la 3° circonscription de Brest (1).
. A. mes électeurs de la 3 e cir-
I conscription de Brest,
i Mes chers ami», vous avez vaincu,
i Je yous félicite de cette victoire rem-
iportée par votre patriotisme et votre foi.
\ C'est en vain que l'on a formé contre
jnous la coalition,de I'orléanisme réfrac-
rtaire et de l'anticléricalisme maçonni- ,
ique.. . ■, ..... . ; .
i C'est en vain qu'on a déclaré que tous
|les moyens étaient bons pour me com-
jhattre et qu'on .a agi d'après cette
j maxime indigne de chrétiens-et d'hon-
inôtes gens. " • ' ■ ■
f "Vous avez serré vos rangs autour de
: la. croix du Christ sur le terrain où la
f voîx de Léon XIII appelle les cathbliques
Français ; vous avez eu confiance dans
la parole d'un prêtre enfant du peuple, ,
i fîls d'ouvrier, qui s'est rendu, à votre
appel pour, porter devant vous le drapeau
: de la démocratie < chrétienne.
Léonards, cette victoire e^t ' glorieuse '
et poiir voùs et pour moi.
Désormais je vous appartiens!
Votre pays est mon pays; vos intérêts
sont fries intérêts. Avep l'aide d# Dieuy je
ne tromperai pas, votre espoir. r j
; Ce. sera La. vengeaiîce que je tirerai de
' mes .adversaires. Je les_ forceirai à dire
uii jour, pour mon , honneur, et pour le
-vôtre : ces fiers Bretons oht bien choisi.
Vive la Brétagne ! -
Vive la France ! * ' . . •
Vive Jésus-Christ F 5 ' ' ' ' : "
Abbé ! GÂYBXup',
' Missionnaire apostolique,
député du Finistère.
L'ÉLECTIONDE BRESTiLH PRESSE
Notre confrère ^aint-Julien; r dans le
Peuple français , comûiêhte ainsi ' l'élec
tion de Brest : ■
?Le résultat de l'élection de' Brest est
d'une importance qu'il importe de fair.e
ressortir.. ; , . ; , ,
Le candidat dû terroir ayant été vaincu
par 1er candidat du programmé; l'élection
est politique au premier chef, - - j ,■.
Il est désormais établi q ue l'électeur bre
ton veut la République, aussi fermeraient
qu'il veut des réformes dans la Républi
que.
Je sais bien qu'il est convenu, dans le
monde des réfractaires, d'appeler M. l'abbé
(lj Ces, Remerciements ont été publiés
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