Titre : L'Univers
Éditeur : L'Univers (Paris)
Date d'édition : 1897-01-22
Contributeur : Veuillot, Louis (1813-1883). Rédacteur
Contributeur : Veuillot, Pierre (1859-1907). Rédacteur
Contributeur : Veuillot, François (1870-1952). Rédacteur
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34520232c
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 70622 Nombre total de vues : 70622
Description : 22 janvier 1897 22 janvier 1897
Description : 1897/01/22 (Numéro 10597). 1897/01/22 (Numéro 10597).
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse Collection numérique : Bibliographie de la presse
Description : Collection numérique : BIPFPIG44 Collection numérique : BIPFPIG44
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k7093788
Source : Bibliothèque nationale de France
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 06/02/2011
Vendredi 22 Janvier 1897
Edition quotidienne. — 10,599
Vendredi 22 Janvier 1897
ÉDITION .QUOTIDIENNE
PARIS
et départements
Un an......... 40 »
Six mois 21 »
Trois mois..... 11 »
ÉTRANGER
(union postal?)
51 ».
26 50
14 »
Les abonnements partent des 1" et 16 do chaque mois
UN NUMÉRO
Paris 10 cent.
BUREAUX : Paris, rue Cassette, 17
On s'abonne à Rome, plaoe du Gesû, 8
ET
LE MONDE
ÉDITION SEMI-QUOTIDIENNE
PARIS . ÉTRANGER
et départements (union postale)
Un an 20 » 26 » ....
Six mois.... t-. 10 » 13 » ^
Trois mois.*, i.. 5 » 6 50 S
Les aïonnemënts partent des I e ' et 16 de chaque mois
L'TJNIVERS ne répond pas des manuscrits qui lui sont adressés
ANNONCES j,
MM. LAGRANGE, CERF et C*, 6, place de 1« Bourse
PARIS, 21 JANVIER 1897
SOMMAIRE
donc. G. d'Azambota.
installation du eu-
ré de Notre-Dame
d'Auteuil Edouard Alexandre
Variétés : Pascal... . Martin-Lacroix.
Bulletin du jour. — Nouvelles de Rome.—
L'élection de Brest. — Un préfet sec
taire. — Laïcisation d'école. r— Le fisc et
les congrégations. ~ La croix du cime
tière de Besançon, — La persécution
dans l'Equateur. — Informations politi
ques et parlementaires. — A travers
la : presse. — Chronique. — Lettres,
sciences et arts. — Une conférence co
loniale au grand-séminaire de Saint-Sul-
pice à Issy. — Au cercle du Luxembourg.
— La question ouvrière. — Au Sacré-
Cœur. — Chronique religieuse. — Echos
de partout. — Dépêches de l'étranger.—
Les anarchistes. — Les obsèques de M.
Rousseau. — Nécrologie. —, Tribunaux!
— Nouvelles diverges. — Dernière heu-
re * Tableau èt bulletin de la Bourse.
ALLEZ-Y DONC
L'Université navigue, non sur un
Volcan, mais dans une impasse. De
puis un certain nombre d'années,
nos ministres de l'instruction pu
blique contemplent le baccalauréat
et se disent, les bras ballants, dé
couragés : « Qu'allons-nous faire de
cette vieille machine? »
La vieille machine a été d'abord
dédoublée, puis renforcée, puis al>
légée. On y a changé des rouages.
On a renvoyé ad patres le discours
latin ; on a, pour 1a langue vivante,
métamorphosé le thème écrit en
thème oral ; on a, pour la composi
tion française, laissé aux candidats
le choix entre trois sujets; on a
effacé de l'histoire tout ce qui pré
cède Louis XIII et de la géographie
tout ce gui n'est pas la France ; on a
fusionne, en leur ménageant une
triple issue, les baccalauréats ès
lettres etès sciences; on a laissé sub
sister, à côté de ce monstre trois
têtes, le baccalauréat de l'ensei
gnement moderne, créé depuis peu.
Après toutes ces suppressions,
toutes ces fusions, toutes ces bifur
cations, toutes ces améliorations,
la pauvre Université ne se voit pas
plus avancée qu'au premier jour,
et ce n'est qu'un cri, dans toute la
France, contre les inconséquences
et les inconvénients du « bachot ».
Or, toutes les fois que l'opinion
publique se prononce avec énergie,
le gouvernement éprouve le besoin
de faire « quelque chose ». C'est ce
qui se passe, par exemple, pour la
décentralisation. Seulement, ce
« quelque chose » ressemble lé plus
scrupuleusement possible à un rien
du tout.
M. Combes, il y a un an, levait le
Sremier la hache sur le corps du
élit. Le baccalauréat subissait une
modification profonde : il perdait le
nom de baccalauréat. Disons mieux ;
le ministre radical créait deux sortes
de baccalauréat : l'un facile, « à la
papa », réservé aux élèves des ly
cées ; l'autre sévère et solennel,
suivant l'antique formule, pour les
élèves des écoles libres.
La hache ministérielle n'eut pas
le temps de tomber.
M. Rambaud, plus impartial, ne
heurte pas de front l'équité. Le but
principal de son projet est de faire
du baccalauréat une simple consé
cration des études secondaires ac
complies par le candidat. L'examen
a lieu dans le lycée même ; les exa
minateurs sont des professeurs de
lycées, présidés par un professeur
ae Faculté. Le livret scolaire ac
quiert une plus grande importance.
Est-il très bon ? les examina
teurs disent à l'élève : « Vous êtes
reçu. Inutile de vous asseoir sur la
sellette. » Est-il moins bon? on in
terroge le candidat; mais en tenant
un compte de plus en plus conscien
cieux des notes antérieures. Le sys
tème, au dire de ses partisans, a
l'avantage de faire comparaître l'en
fant devant des maîtres habitués à
lui et sachant ce qu'il peut donner.
D'autre part, il délivré les profes
seurs des Facultés d'une corvée
qui, vu le nombre croissant des
aspirants au diplôme, les amusait
de moins en moins.
Ce projet -a été diversement ac
cueilli. Le Journal des Débats , or
gane très gouvernemental et très
universitaire, exprime* en ces ter
mes ses appréhensions sur la ques
tion du livret :
« Dans les établissements de se
cond ordre, où' la préoccupation de
la concurrence à soutenir contre les
institutions libres domine toutes les
autres, il faudra à un professeur de
rhétorique ou de philosophie un
stoïcisme surhumain , — presque
inhumain, —- pour refuser un coup
de pouce (oh ! si petit !) à une note
d'où peut dépendre. un succès de
plus pour la classe et une réclame
pour la maison. Et, si ce même
professeur a eu le malheur de don
ner des répétitions à un de ses élè
ves, il peut être sûr, quoi qu'il
fasse, d être soupçonné de com
plaisance par ceux qu'il aura moins
bien notée fet qui n'auront pas pris
de leçons. »
Le même journal fait observer que
des livrets également bons peuvent
avoir une valeur bien inégale sui
vant les maisons dont ils provien
nent. Un premier sujet du collège
de Cucurron arriverait peut-être bon
cinquantième à Louis-le-Grand, et
son livret sera aussi glorieux que
celui d'un premier prix au concours
général. Comment faire la « criti-
; que » de ces « témoignages » di
vers?
Nos excellents confrères de Bor
deaux) VUnionnationale et Bordeaux
Journal, ont pris, dès la publication
du projèt Rambaud, l'initiative d'une
campagne contre celui-ci. Réflexion
faite, nous ne pouvons qu'entrer
dans cette voie. Le projet peut par
tir d'une intention louaole ; mais il
offre un vice capital. Il n'est pas
assez clair én ce qui concerne l'en
seignement libre ; il crée une inéga
lité de plus entre ce dernier et l'en
seignement universitaire. Le lycéen
pourra être examiné par ses pro
fesseurs ; l'élève d'un séminaire le
sera par les professeurs du lycéen
: On voit d'ici l'effet qu'une telle con
sidération aura sur les pères de fa
mille.
La place nous manque pour ex
poser notre pensée entière; mais,
s'il faut choisir, et puisque le sys
tème des « jurys mixtes », formés de
professeurs libres et de professeurs
universitaires, n'a aucune chance
d'être adopté avec le Parlement
actuel, nous préférons nous ran
ger à l'avis de M. Gebbhart, — un
îomme peu clérical cependant,—qui
préconise avec verve, depuis as
sez longtemps, l'abolition pure et
simple au baccalauréat. Que cer
taines carrières aient pour condi
tion d'entrée un examen,rien de plus
juste. Exigez de l'avocat les connais
sances nécessaires à l'avocat, du
médecin les connaissances néces
saires au médecin; mais pourquoi
faire passer tous les futurs plaideurs
ou guérisseurs par les fourches
caudines d'un examen dont plu
sieurs matières ne peuvent prati
quement leur servir? Il y aurait un
système plus logique. Chaque éta
blissement, libre ou officiel, dé
livrerait à sa guise des diplômes
de fin d'études, qui n'auraient de
valeur qu'aux yeux de l'opinion
publique et ne conféreraient au
cun droit à l'accès de tel ou tel
examen public. Quant au « bachot»,
le voilà depuis longtemps assez
malade. Son agonie mérite la pitié.
Qu'on lui donne le coup de grâce
et n'en parlons plus. Vieux, infirme,
moulu de coups de boutoir, em
pêtré de cataplasmes légaux et
exposé aux intempéries de la répro
bation publique, il ne demande qu'à
mourir. Aidez-le, monsieur le mi
nistre. Une demi-mesure serait fâ
cheuse. Allez-y donc 1
G. d' A zambuja.
BULLETIN DU JOUR
A la Chambre, la commission chargée
d'étudier les projets relatifs . à l'organi
sation municipale de Paris vient d'ap
prouver le rapport de M. Alphonse
Humbert, concluant à la création d'une
mairie centrale.
M. Guillemet a déposé son rap
port au nom de la commission saisie
de la question du monopole de l'alcool.
Il demande qu'un essai d'application de
la loi soit tenté.
La Chambre se prononcera aujourd'hui
sur l'urgence de la proposition Gérault-
Richard relative à la désaffectation de
la Basilique du Sacré-Cœur à Mont
martre.
Nous espérons que ce projet sectaire
ne sera pas adopté.
Le gouvernement du Congo belge dé
ment d'une façon absolue les nouvelles
relatives au massacre du baron Dha-
nis et de ses compagnons.
Une note officieuse du gouvernement
jue l'Allemagne ait
fection de son artil-
impérial dément que l'Allemagne ait
déjà, prosédi à la ref
lerie.
NOUVELLES DE ROME
Nous recevons les dépêches sui
vantes:
Rome, 21 janvier, 11 h. 55.
S. Em. le cardinal BiancHi "est dans un
état très grave.
Aujourd'hui, le Pape a reçu solennelle
ment,à la salle ducale, un millier de re
présentants du patriciat romain.
Le prince Marc-Antonio Oolonna, as
sistant au trône pontifical, alu une adresse
au Souverain Pontife.
Rome, 21 janvier, 2 h. 35.
En recevant les représentants du pa
triciat romain, le Saint-Père a loué
cette aristocratie toujours fidèle.
Il est heureux de se voir entouré par
tant d'illustres personnages, dont plu
sieurs appartiennent à des; familles qui
eurent l'honneur de donner des Souve»
rains Pontifes à l'Eglise. , .
Puis, Léon XIII a fait l'éloge des vertus
dont le patriciat donne l'exemple, accom
plissant ainsi le devoir qui incombe aux
classes élevées.
Enfin, le Pape a -remercié le patriciat
du concours qu'il apporte aux oeuvres
catholiques.
ÉLECTIONJE BREST
L'alliance des réfractaires et des
sectaires.
On lit dans l'Etoile de la Mer:
Partout, M. l'abbé Gayraud fait des
réunions publiques. Et partout M. le
comte de Blois fait des réunions « sur in
vitations spéciales ».
Aux réunions publiques de M- l'abbé
Gayraud, les jeunes royalistes viennent
essayer de faire du tapage. Aux réunions
sur invitations spéciales, faites par
M. de Blois, nous autres, qui voudrions
simplement écouter en silence ce qui
se peut dire contre notre candidat, nous
nous voyons refuser l'entrée.
Les « invitations spéciales » de M; le
comte de Blois sont d'ailleurs bien pla
cées. Qu'on en juge ! A Lannilis, il in
vite l'opportuniste qui lutta contre Mgr
Freppel, M. Glaizot! A Saint-Renan, il
invite l'opportuniste que Mgr d'Hulst
vint combattre, aux dernières élections
cantonales, et qui fut battu par M. La
reur, — le notaire Cheminant !
Hier lundi, à Ploudalmézeau, M. le
comte de Blois a invité les instituteurs
laïques, les opportunistes, et les pires
sectaires et impies du pays!
Voilà avec quel appui cherche à être
élu le candidat anticlérical royaliste, qui
déclare dans son manifeste qu'il combat
tra la loi scolaire et qu'il sera le défen
seur de la foi. En y réfléchissant plus
tard, après sa défaite certaine, ce sera
pour lui un pénible souvenir.
M.de Blois est soutenu parle Finistère,
la Dépêche et les instituteurs laïques.
C'est complet.
Faisons là-dessus deux observa
tions :
1° M. Péner, dans son discours de Lan-
derneau, disait : « Se rallier à la Répu
blique, c'est renier sa foi, sa religion, son
Dieu. » Et les journaux royal istes, com
mentant cette Encyclique de M. Péner,
nous traitèrent tout uniment de « par
jures ».
Vous voyez ce que tout cela vaut. Phra
ses vides et mots sonores ! Maintenant
qu'il s'agit de faire passer un candidat
royaliste et qu'on ne peut plus compter
«ur a les curés », on va chercher les ins
tituteurs de « l'école sans Dieu », et
les impies. Quant aux ennemis « de notre
foi, de notre religion, de notre Dieu », ils
n'ont pas hésité une minute : ils sont
allés vite avec M. Péner.
2° Admirez la sincérité des opportunis
tes qui se disent républicains, et qui,
voyant en présence deux candidats, —
l'un qui accepte là République et l'autre
qui se déclare monarchiste, — combat
tent le premier et soutiennent le second,
parce que le premier est fidèle au chef de
l'Eglise et que le second lui résiste.
Vit-on jamais mieux que pour les me
neurs francs-maçons la République n'est
rien et que la guerre religieuse est tout ?
Vit-on jamais mieux la justesse d'ob
servation et l'admirable sagesse de Léon
XIII que des gens qui ne savent rien et
qui ne pensent pas déclarent cependant
« mal informé » ?
Une lettre à la « Vérité ».
La Vérité a reçu lundi matin la
lettre suivante qu'elle n'a pas encore
publiée:
Quimper, lé 17 janvier 1897.
Monsieur,
Si je vous adresse cette lettre, ce n'est
pas que j'aie la naïveté de croire que
vous en tiendrez compte, c'est unique
ment pour « délivrer mon âme », en vous
exprimant les sentiments douloureux —
j'emploie un terme courtois — que me
fait éprouve* votre attitude à propos de
l'élection de Lannilis. Ces sentiments,
je vous l'assure, sont ceux du clergé du
diocèse. _ .
Journal catholique, la Vérité l'est,
c'est entendu — plus catholique mime
que le Pape — d'un catholicisme si intè
gre, si réfractaire à toute compromission ^
que de voir le Figaro donner son appro
bation à la candidature de M. l'abbé Gay
raud, cela seul lui inspire une superbe
indignation.
Cette crise de vertu fait sourire, mon
sieur, quand on constate l'ardeur avec
laquelle vous vous mettez au service de
la candidature de M. de Blois, accueillie
avec faveur par la très impie Dépêche de
Brest, soutenue par l'opportunisme local.
Et notez — vous devez le savoir d'ail
leurs — que le patronage dont l'opportu
nisme couvre la candidature de Blois
n'est pas un patronage imposé, vis-à-vis
duquel le candidat conserve sa fierté et
son indépendance, c'est un patronage ac
cepté, accepté par votre « catholique
brestois », bien connu ici, qui s'indigne
tant que M. Gayraud soit le candidat du
Figaro.
Ainsi, M. de Blois, royaliste intransi
geant, marche entre M. Cheminant, maire
opportuniste de Saint-Renan, et M. Glai
zot, maire opportuniste de Landéda, et la
Vérité, journal catholique, journal aus
tère, aux principes inflexibles, qui ré
pugne au ralliement, ne voit aucun in
convénient à prêter son concours à une
alliance avec l'opportunisme sectaire,
contre l'unanimité des prêtres d'une cir
conscription !
Agréez, monsieur, mes chrétiennes sa
lutations.
L 'abbé Treussier,
Chanoine honoraire,
Professeur au grand séminaire,
Directeur des œuvres diocésaines.
U Etoile de la Mer a, reçu de divers
prêtres des lettres analogues qu'elle
ne peut publier, faute de place.
Nous aussi nous avons reçu le
double de poulets de ce genre
adressés à la Vérité ; mais, nous
nous bornons à les joindre, quant à
présent, au dossier de cette af
faire.
L'histoire du château.
A propos du curé qui mena ses
paroissiens . à l'assaut d'un château
féodal, VEtoile de la Mer publie
l'article suivant, auquel nous ne
trouvons qu'un, défaut : il est si
topique et si péremptoire que les
feuilles réfractaires ne le reprodui
ront pas :
Monsieur le Directeur, "
! La violence et la perfidie des attaques
dirigées contre M. l'abbé Gayraud par la
coalition royaliste et sectaire n'ont d'é
gale qu'une ignorance historique lamen
table.
, Que la Gazette de France et l'Autorité
se soient forgé du passé de. la monar
chie et de la première partie du moyen-
âge, une idée aussi étrange, on le com
prend sans peine.. M. Dupuy et M. de
Cassagnac n'ont jamais eu la réputation
d'hommes de science. Mais que la Vérité,
qui compte parmi ses rédacteurs un
nomme instruit comme M. Loth,se laisse
entraîner par la passion à des arguments
dont la puérilité ferait rougir un rhé-
toricien, voilà ce qui me désoriente
tout à fait.
Quand M. l'abbé Gayraud, dans la con
férence qu'on rappelle, évoquait le sou
venir de la lutte engagée par l'Eglise
contre les brigandages de certains sei-,
gneurs du XII e siècle et racontait l'his
toire de ce vaillant curé qui conduisit
lui-même les opprimés à l'assaut d'un
château maudit, il ne faisait que rendre
hommage au rôle tutélaire du clergé
dont l'un des plus glorieux attributs est
encore aujourd'hui la défense des faibles
contre les abus de la force.
Vous l'avez fort bien démontré, Mon
sieur le directeur, dans votre article de
samedi « sur le capital et le capitalisme »
et je n'y reviendrai pas.
Mais puisque nos adversaires semblent
l'ignorer, peut-être ne sera-t-il pas inu
tile de leur apprendre que, dans les pre
mières années du XII e siècle, il existait
un roi de France, Louis VI, qui mérita
le surnom de Justicier et dont le minis
tre Suger (abbé de Saint-Denis et démo
crate pour tout de bon, n'en déplaise à
M. Péner) fut appelé le Père de la patrie.
Les pauvres gens, marchands, artisans
et laboureurs, étaient alors les victimes
des déprédations de plusieurs féodaux
que leurs crimes ont rendus célèbres :
Hugues du Puiset, Guarin de Sens, Ga-
leran de Lévemont, Hugues de Brétigny,
par èxemple. C'est en châtiant ces op
presseurs et en favorisant la révolution
communale que Louis VI et Suger s'at
tirèrent la reconnaissance du peuple.
Mais voici qui est mieux :
« Aux doléances du clergé, dit un his
torien, se joignaient les cris de détresse
des pauvres gens des campagnes, qui,
mal armés, mal disciplinés et incapables
de se défendre seuls contre les épées et
les lances de la chevalerie, prêtèrent au
roi, dans cette guerre, la force de leur
nombre en échange de la protection qu'ils
reçurent de lui. On remarqua, dans
l'assaut livré k la forteresse maudite dite
du Puiset, l'intrépidité d'un prêtre, qui
menait ses paroissiens au combat,et qui,
le premier, s'élança sur les palissades
pour les arracher et en ouvrir l'entrée à
ta petite armée royale. Ainsi voyons-
nous . commencer cette alliance de la
royauté et du peuple contre les seigneurs,
qui doit être pendant plusieurs siècles
un des traits dominants de notre his
toire. »
Et le même auteur écrit, quelques li
gnes plus loin, rapportant une parole de
Suger ;« L'opiniâtre courage de Louis Le
Gros finit par prévaloir dans cette lutte,
et, pour la seconde fois, maître du Pui
set, il le ruine de fond en comble, le
laissant comme un lieu voué à la malé
diction divine (1113). »
Qui a écrit cela ?... /
M. Trognon, professeur d'histoire des
princes d'Orléans, mus Louis-Philippe,
et auteur d'une Histoire de France, en
5 volumes (Paris Hachette); Le.passage
que je viens de citer se trouve à la page
368 du tome I er de cet ouvrage honnête,
calme et consciencieux.
C'est là que je voulais en venir.
Et maintenant, il ne me reste plus qu'à
renvoyer à l'école le groupe de la jeu
nesse royaliste qui semble s'être ému si
fort du propos attribué par la Vérité à
M. Gayraud. Ce sera, pour ces adoles
cents, dont quelques-uns frisent la cin
quantaine, l'unique moyen d'acquérir, en
ce qui concerne la monarchie qui fit la
France et défendit, en plusieurs occa
sions, la faiblesse des petits contre la
brutalité des grands, une admiration
plus intelligente, peut-être moins agitée,
mais aussi plus convaincue.
Veuillez agréer, je vous prie, mon
sieur le directeur, l'expression de mes
meilleurs sentiments.
J •'
Un lecteur de l'Etoile.
Le télégramme de M. l'abbé Gayraud.
Le télégramme de M. l'abbé Gay
raud, annonçant des poursuites
contre la Dépêche de Toulouse et la
constitution d'un jury d'honneur, est
reproduit ou mentionné par un bon
nombre de journaux. Nous citerons
"a Croix, le Peuple français, le Temps
dans son petit supplément du soir,
"'Evénement, le Journal de Rouen...
L' Autorité fait semblant de ne pas
;rès bien comprendre la signinca-
;ion de ce télégramme. Elle de
mande des explications supplémen
taires. En relisant, peut-être son
ntelligence viendra-t-elle à bout de
'a difficulté.
Quant à la Gazette, hier soir, à
l'heure même où l'Univers et la
Croix publiaient le télégramme de
M. l'abbé Gayraud, elle signalait
aimablement à celui-ci l'article de
la Dépêche et demandait 'une ré
ponse. La Gazette exprimait aussi
le désir d'une ' encpiête. Nous ver
rons si elle se déclarera satisfaite
ce soir.
DERNIÈRE HEURE
Nous recevons, de M. l'abbé Gay
raud, la dépêche suivante :
Brest, 21 janvier, midi 15.
J'ai reçu de Mgr l'évêque de Montau-
ban un télégramme disant :
« Je donne en ce qui me concerne un
démenti formel aux allégations lancées
contre vous par le journal l'Express du
Midi. »
Le démenti de Mgr Fiard s'adresse
à un article d'hier de VExpress du
Midi, où celui-ci, sommé de s'ex
pliquer par M. l'abbé Gayraud, ré
pond en ce qui concerne Mgr l'évê
que de Montauban :
„ Est-il vrai que Mgr Fiard, "qui est la
bonté même, n'ait consenti à vous admet
tre sur les rôles du clergé qu'à la condi
tion que vous quitteriez le diocèse ?
Eh bien, non, comme on en voit
la preuve, ce n'est pas vrai.
UN PRÉFET SECTAIRE
L'Arvor annonce que le nouveau
préfet du-Morbihan, M. Chadenier,
vient, pour ses débuts, de suppri
mer l'allocation de 3,500 francs, vo
tée, à l'unanimité, par le conseil
municipal de Vannes, pour le trai
tement des vicaires des paroisses
Saint-Pierre et Saint-Patern. Il a
supprimé aussi un crédit voté pour
donner des prix aux enfants de la
ville qui fréquentent les écoles li
bres.
Hélas ! Il n'y a pas qu'un Vel-Du
rand dans l'administration.
LAÏCISATION D'ECOLE
Les sœurs de la Sainte-Union, titulai
res de l'école primaire de filles et de l'é
cole maternelle de Mouvaux (Nord), ont
reçu, dimanche dernier, avis que ces
écoles étaient laïcisées à dater du mercre
di 20,qu'elles avaient à quittei-leur, poste
à. cette date et qu'elles seraient rempla
cées le 21.
On pourrait, au moins, exécuter la loi,
qui est bien assez révoltante par elle-
même, avec moins de grossière bruta
lité.
LE IISG ET LES C0MÉGATI01
Une contrainte a été signifiée aux
religieuses Visitandines de Dreux,
pour avoir à payer dans les huit
jours la taxe d abonnement.
Les Sœurs Clarisses et les Sœurs
Augustines de Cambrai ont reçu
pour la seconde fois une contrainte
de même genre.
Même sommation a été faite aux
religieuses de la congrégation Notre-
Dame, au Cateau, aux Pénitentes
de Bourbourg, aux Ursulines de
Saint - Saulve, aux Bénédictines
d'Estaires, aux Augustines de Bail-
leul, aux Carmélites de Lille, aux
Carmélites de Dunkerque.
M
10.1
La République de l'Equateur, le
noble pays de Garcia Moreno, est
depuis près d'un an sous la domi
nation d'une bande de malfaiteurs
et de brigands, sortis des loges ma
çonniques.
Troublé par plusieurs révolu
tions, après la mort de son illus
tre et saint président, l'Equateur
avait fini par vivre en paix sous le
gouvernement chrétien du docteur
.ouïs Cordero.
Les francs-maçons, furieux, ont
ourdi contre ce gouvernement un
vaste- complot qui a éclaté l'année
dernière; et le président Cordero,
pris à l'improviste, a été vaincu par
le général Alfaro, qui s'est installé
à sa place. v -•
Ce général Alfaro est une brute
à face humaine et gouverne à la
façon d'un bourreau. Ambitieux et
ignorant, dépourvu de toute notion
morale et pourvu de passions vio
lentes et d'instincts sanguinaires, il
s'est entouré de bandits à son image
et a établi sur la chrétienne républi
que un véritable régime de ter
reur.
Les populations catholiques se
sont soulevées contre ce tyran et
luttent vaillamment, persevéram-
ment,malgré l'exil et la prison, mal
gré l'assassinat et malgré la tor
ture.
De renseignements que publie la
Semaine Religieuse de . Cambrai,
nous extrayons les détails sui
vants :
Il y a dix mois, les populations de l'itt»
térieur, lasses du régime actuel, se sont
soulevées en même temps dans le nord,
le sud et le centre du pays. Malheureuse
ment il n'y a pas eu accord entre les di
verses fractions des forces conserva
trices.
On vit, dans les différentes phases de
cette guerre civile, des actes d'abnéga
tion et d'héroïsme admirables. On vit des
enfants de dix ans prendre les armes, et
quand ils avaient été faits prisonniers et
que les vainqueurs leur demandaient
pourquoi ils avaient pris part à la bataille,
ces enfants répondaient : « Pour défendre
notre sainte religion. »
Les prisons et les casernes sont pleines
de prisonniers politiques appartenant à
la partie la plus distinguée de la société ;
il s'y trouve un grand nombre de prêtres
vénérables. Les condamnations à l'exil
" sont à l'ordre du jour. Les biens des com
munautés religieuses et des principales
familles ont été confisqués ; des impôts
très lourds pèsent sur tous les citoyens.
Mgr l'archevêque Gonzalès a dû se réfu
gier à la légation de France. Les mission
naires européens, des différents ordres,
la plupart français, ont été expulsés.
Mais ce qui a causé le plus d'émotion et
d'horreur, c'est l'assassinat d'un jeune et
courageux journaliste, du nom de Victor
Vivar.
Par son caractère énergique et la fran •.
chise avec laquelle il censurait le gOu*
vernetftënt actuel, par des articles qu'il
avait publiés dans le second numéro du
journal La Le y (Loi) contre ceux qui
avaient saccagé le palais archiépiscopal 4
et tout particulièrement par un discours
qu'il avait prononcé, au cimetière, à l'en
terrement du docteur Paul Herrero, Vi
var avait encouru, paraît-il, une condam
nation à mort partie des Loges, comme
celle de Garcia Moreno.
Le gouverneur de Quito ne se con
tenta pas de faire fusiller Vivar ; il lui
fit arracher, auparavant, tous les doigta
de la main droite, cette main qui avait
si courageusement défendu la cause de
Dieu...
Tout ce qu'il y a de grand et de bon
dans la nation, tout ce qui faisait le su-_
jet de ses légitimes espérances, est vic
time soit du poignard, soit du poison.
« Nous avons tout perdu, dit une cor
respondance adressée au Porvenir de
Santiago, à laquelle nous empruntons
ces renseignements, nous avons tout
perdu, sauf l'espérance. »
La Semaine religieusede Cambrai
termine par cette réflexion juste et
bien inspirée :
Garcia Moreno laissait cette espérance
à son peuple lorsque tombant sous le poi
gnardai s'écriait : Dieu ne meurt pas. Joi
gnons nos prières à celles de ces infortu
nés, et demandons au Sacré-Cseur de
Jésus de venir en aide au peuple qui lui
a. été consacré.
À tous ces détails, une correspon
dance adressée de l'Equateur au
Siglo futuro, de Madrid, ajoute en
core quelques traits
Dans ce pays, si souvent boule
versé par les Révolutions, jamais,
s'écrie le correspondant du journal
espagnol, on ne vit de pareils excès ;
on se croirait revenu au temps où
les caciques y régnaient sur des
sauvages.
Et, quand on alu le récit du mar
tyre infligé au journaliste Vivar,
dont le nom restera glorieux dé
sormais,on ne peut que souscrire à
cette appréciation.
Le raffinement bestial de cruauté
auquel s'est livré, contre ce vail
lant chrétien, le bourreau qui op
prime aujourd'hui l'Equateur dé
passa l'imagination.
D'ailleurs, lui et ses partisans,
depuis le peu de temps qu'ils tien
nent le pouvoir, ont commis tous
les crimes. En même temps qu'ils
persécutaient la religion catholique,
ils pillaient le trésor public et se li
vraient à une véritable orgie de
concussions.
La situation paraîtrait désespérée,
nîétaient l'admirable énergie de tout.
ce qui est vraiment catholique et .
l'excès même des violences du dic
tateur Alfaro.
La patrie de Garcia Moreno sera
délivrée. Ceux qui luttent aujour
d'hui par les armes contre les ban
dits qui tiennent le pouvoir finiront
par l'emporter. En attendant, nous
devons, comme le conseille la Se
maine religieuse de Cambrai, prier
le Sacré-Cœur pour ces persé
cutés ; et nous devons aussi nous
incliner bien bas devant ces admi
rables chrétiens qui luttent pour
l'Eglise avec tant de vaillance et
qui produisent des martyrs.
la
CROIX DU CIMETIÈRE DE BESAHÇOH-S.-CLAUDE
Dans un de nos derniers numéros, nous
avions annoncé que l'administration mu
nicipale de Besançon. avait fait débou
lonner une croix que M. l'abbé Louvot,
curé de Saint-Claude, avait érigée au
milieu d'un cimetière récemment inau
guré sur sa paroisse, dans la banlieue de
Besançon. Un comité vient de se former
pour ériger une croix monumentale en
fonte sur un terrain particulier confinant
au cimetière, et concédé gracieusement
à cette intention. Une souscription, ou
verte pour recueillir les fonds' nécessai
res, a reçu partout le plus sympathique
accueil. Une somme de huit cents francs
a été souscrite en quatre jours. La popu
lation aura donné ainsi à la mesure sec
taire prise par l'édilité. bisontine une
réponse aussi éloquente que légale.
\
Edition quotidienne. — 10,599
Vendredi 22 Janvier 1897
ÉDITION .QUOTIDIENNE
PARIS
et départements
Un an......... 40 »
Six mois 21 »
Trois mois..... 11 »
ÉTRANGER
(union postal?)
51 ».
26 50
14 »
Les abonnements partent des 1" et 16 do chaque mois
UN NUMÉRO
Paris 10 cent.
BUREAUX : Paris, rue Cassette, 17
On s'abonne à Rome, plaoe du Gesû, 8
ET
LE MONDE
ÉDITION SEMI-QUOTIDIENNE
PARIS . ÉTRANGER
et départements (union postale)
Un an 20 » 26 » ....
Six mois.... t-. 10 » 13 » ^
Trois mois.*, i.. 5 » 6 50 S
Les aïonnemënts partent des I e ' et 16 de chaque mois
L'TJNIVERS ne répond pas des manuscrits qui lui sont adressés
ANNONCES j,
MM. LAGRANGE, CERF et C*, 6, place de 1« Bourse
PARIS, 21 JANVIER 1897
SOMMAIRE
donc. G. d'Azambota.
installation du eu-
ré de Notre-Dame
d'Auteuil Edouard Alexandre
Variétés : Pascal... . Martin-Lacroix.
Bulletin du jour. — Nouvelles de Rome.—
L'élection de Brest. — Un préfet sec
taire. — Laïcisation d'école. r— Le fisc et
les congrégations. ~ La croix du cime
tière de Besançon, — La persécution
dans l'Equateur. — Informations politi
ques et parlementaires. — A travers
la : presse. — Chronique. — Lettres,
sciences et arts. — Une conférence co
loniale au grand-séminaire de Saint-Sul-
pice à Issy. — Au cercle du Luxembourg.
— La question ouvrière. — Au Sacré-
Cœur. — Chronique religieuse. — Echos
de partout. — Dépêches de l'étranger.—
Les anarchistes. — Les obsèques de M.
Rousseau. — Nécrologie. —, Tribunaux!
— Nouvelles diverges. — Dernière heu-
re * Tableau èt bulletin de la Bourse.
ALLEZ-Y DONC
L'Université navigue, non sur un
Volcan, mais dans une impasse. De
puis un certain nombre d'années,
nos ministres de l'instruction pu
blique contemplent le baccalauréat
et se disent, les bras ballants, dé
couragés : « Qu'allons-nous faire de
cette vieille machine? »
La vieille machine a été d'abord
dédoublée, puis renforcée, puis al>
légée. On y a changé des rouages.
On a renvoyé ad patres le discours
latin ; on a, pour 1a langue vivante,
métamorphosé le thème écrit en
thème oral ; on a, pour la composi
tion française, laissé aux candidats
le choix entre trois sujets; on a
effacé de l'histoire tout ce qui pré
cède Louis XIII et de la géographie
tout ce gui n'est pas la France ; on a
fusionne, en leur ménageant une
triple issue, les baccalauréats ès
lettres etès sciences; on a laissé sub
sister, à côté de ce monstre trois
têtes, le baccalauréat de l'ensei
gnement moderne, créé depuis peu.
Après toutes ces suppressions,
toutes ces fusions, toutes ces bifur
cations, toutes ces améliorations,
la pauvre Université ne se voit pas
plus avancée qu'au premier jour,
et ce n'est qu'un cri, dans toute la
France, contre les inconséquences
et les inconvénients du « bachot ».
Or, toutes les fois que l'opinion
publique se prononce avec énergie,
le gouvernement éprouve le besoin
de faire « quelque chose ». C'est ce
qui se passe, par exemple, pour la
décentralisation. Seulement, ce
« quelque chose » ressemble lé plus
scrupuleusement possible à un rien
du tout.
M. Combes, il y a un an, levait le
Sremier la hache sur le corps du
élit. Le baccalauréat subissait une
modification profonde : il perdait le
nom de baccalauréat. Disons mieux ;
le ministre radical créait deux sortes
de baccalauréat : l'un facile, « à la
papa », réservé aux élèves des ly
cées ; l'autre sévère et solennel,
suivant l'antique formule, pour les
élèves des écoles libres.
La hache ministérielle n'eut pas
le temps de tomber.
M. Rambaud, plus impartial, ne
heurte pas de front l'équité. Le but
principal de son projet est de faire
du baccalauréat une simple consé
cration des études secondaires ac
complies par le candidat. L'examen
a lieu dans le lycée même ; les exa
minateurs sont des professeurs de
lycées, présidés par un professeur
ae Faculté. Le livret scolaire ac
quiert une plus grande importance.
Est-il très bon ? les examina
teurs disent à l'élève : « Vous êtes
reçu. Inutile de vous asseoir sur la
sellette. » Est-il moins bon? on in
terroge le candidat; mais en tenant
un compte de plus en plus conscien
cieux des notes antérieures. Le sys
tème, au dire de ses partisans, a
l'avantage de faire comparaître l'en
fant devant des maîtres habitués à
lui et sachant ce qu'il peut donner.
D'autre part, il délivré les profes
seurs des Facultés d'une corvée
qui, vu le nombre croissant des
aspirants au diplôme, les amusait
de moins en moins.
Ce projet -a été diversement ac
cueilli. Le Journal des Débats , or
gane très gouvernemental et très
universitaire, exprime* en ces ter
mes ses appréhensions sur la ques
tion du livret :
« Dans les établissements de se
cond ordre, où' la préoccupation de
la concurrence à soutenir contre les
institutions libres domine toutes les
autres, il faudra à un professeur de
rhétorique ou de philosophie un
stoïcisme surhumain , — presque
inhumain, —- pour refuser un coup
de pouce (oh ! si petit !) à une note
d'où peut dépendre. un succès de
plus pour la classe et une réclame
pour la maison. Et, si ce même
professeur a eu le malheur de don
ner des répétitions à un de ses élè
ves, il peut être sûr, quoi qu'il
fasse, d être soupçonné de com
plaisance par ceux qu'il aura moins
bien notée fet qui n'auront pas pris
de leçons. »
Le même journal fait observer que
des livrets également bons peuvent
avoir une valeur bien inégale sui
vant les maisons dont ils provien
nent. Un premier sujet du collège
de Cucurron arriverait peut-être bon
cinquantième à Louis-le-Grand, et
son livret sera aussi glorieux que
celui d'un premier prix au concours
général. Comment faire la « criti-
; que » de ces « témoignages » di
vers?
Nos excellents confrères de Bor
deaux) VUnionnationale et Bordeaux
Journal, ont pris, dès la publication
du projèt Rambaud, l'initiative d'une
campagne contre celui-ci. Réflexion
faite, nous ne pouvons qu'entrer
dans cette voie. Le projet peut par
tir d'une intention louaole ; mais il
offre un vice capital. Il n'est pas
assez clair én ce qui concerne l'en
seignement libre ; il crée une inéga
lité de plus entre ce dernier et l'en
seignement universitaire. Le lycéen
pourra être examiné par ses pro
fesseurs ; l'élève d'un séminaire le
sera par les professeurs du lycéen
: On voit d'ici l'effet qu'une telle con
sidération aura sur les pères de fa
mille.
La place nous manque pour ex
poser notre pensée entière; mais,
s'il faut choisir, et puisque le sys
tème des « jurys mixtes », formés de
professeurs libres et de professeurs
universitaires, n'a aucune chance
d'être adopté avec le Parlement
actuel, nous préférons nous ran
ger à l'avis de M. Gebbhart, — un
îomme peu clérical cependant,—qui
préconise avec verve, depuis as
sez longtemps, l'abolition pure et
simple au baccalauréat. Que cer
taines carrières aient pour condi
tion d'entrée un examen,rien de plus
juste. Exigez de l'avocat les connais
sances nécessaires à l'avocat, du
médecin les connaissances néces
saires au médecin; mais pourquoi
faire passer tous les futurs plaideurs
ou guérisseurs par les fourches
caudines d'un examen dont plu
sieurs matières ne peuvent prati
quement leur servir? Il y aurait un
système plus logique. Chaque éta
blissement, libre ou officiel, dé
livrerait à sa guise des diplômes
de fin d'études, qui n'auraient de
valeur qu'aux yeux de l'opinion
publique et ne conféreraient au
cun droit à l'accès de tel ou tel
examen public. Quant au « bachot»,
le voilà depuis longtemps assez
malade. Son agonie mérite la pitié.
Qu'on lui donne le coup de grâce
et n'en parlons plus. Vieux, infirme,
moulu de coups de boutoir, em
pêtré de cataplasmes légaux et
exposé aux intempéries de la répro
bation publique, il ne demande qu'à
mourir. Aidez-le, monsieur le mi
nistre. Une demi-mesure serait fâ
cheuse. Allez-y donc 1
G. d' A zambuja.
BULLETIN DU JOUR
A la Chambre, la commission chargée
d'étudier les projets relatifs . à l'organi
sation municipale de Paris vient d'ap
prouver le rapport de M. Alphonse
Humbert, concluant à la création d'une
mairie centrale.
M. Guillemet a déposé son rap
port au nom de la commission saisie
de la question du monopole de l'alcool.
Il demande qu'un essai d'application de
la loi soit tenté.
La Chambre se prononcera aujourd'hui
sur l'urgence de la proposition Gérault-
Richard relative à la désaffectation de
la Basilique du Sacré-Cœur à Mont
martre.
Nous espérons que ce projet sectaire
ne sera pas adopté.
Le gouvernement du Congo belge dé
ment d'une façon absolue les nouvelles
relatives au massacre du baron Dha-
nis et de ses compagnons.
Une note officieuse du gouvernement
jue l'Allemagne ait
fection de son artil-
impérial dément que l'Allemagne ait
déjà, prosédi à la ref
lerie.
NOUVELLES DE ROME
Nous recevons les dépêches sui
vantes:
Rome, 21 janvier, 11 h. 55.
S. Em. le cardinal BiancHi "est dans un
état très grave.
Aujourd'hui, le Pape a reçu solennelle
ment,à la salle ducale, un millier de re
présentants du patriciat romain.
Le prince Marc-Antonio Oolonna, as
sistant au trône pontifical, alu une adresse
au Souverain Pontife.
Rome, 21 janvier, 2 h. 35.
En recevant les représentants du pa
triciat romain, le Saint-Père a loué
cette aristocratie toujours fidèle.
Il est heureux de se voir entouré par
tant d'illustres personnages, dont plu
sieurs appartiennent à des; familles qui
eurent l'honneur de donner des Souve»
rains Pontifes à l'Eglise. , .
Puis, Léon XIII a fait l'éloge des vertus
dont le patriciat donne l'exemple, accom
plissant ainsi le devoir qui incombe aux
classes élevées.
Enfin, le Pape a -remercié le patriciat
du concours qu'il apporte aux oeuvres
catholiques.
ÉLECTIONJE BREST
L'alliance des réfractaires et des
sectaires.
On lit dans l'Etoile de la Mer:
Partout, M. l'abbé Gayraud fait des
réunions publiques. Et partout M. le
comte de Blois fait des réunions « sur in
vitations spéciales ».
Aux réunions publiques de M- l'abbé
Gayraud, les jeunes royalistes viennent
essayer de faire du tapage. Aux réunions
sur invitations spéciales, faites par
M. de Blois, nous autres, qui voudrions
simplement écouter en silence ce qui
se peut dire contre notre candidat, nous
nous voyons refuser l'entrée.
Les « invitations spéciales » de M; le
comte de Blois sont d'ailleurs bien pla
cées. Qu'on en juge ! A Lannilis, il in
vite l'opportuniste qui lutta contre Mgr
Freppel, M. Glaizot! A Saint-Renan, il
invite l'opportuniste que Mgr d'Hulst
vint combattre, aux dernières élections
cantonales, et qui fut battu par M. La
reur, — le notaire Cheminant !
Hier lundi, à Ploudalmézeau, M. le
comte de Blois a invité les instituteurs
laïques, les opportunistes, et les pires
sectaires et impies du pays!
Voilà avec quel appui cherche à être
élu le candidat anticlérical royaliste, qui
déclare dans son manifeste qu'il combat
tra la loi scolaire et qu'il sera le défen
seur de la foi. En y réfléchissant plus
tard, après sa défaite certaine, ce sera
pour lui un pénible souvenir.
M.de Blois est soutenu parle Finistère,
la Dépêche et les instituteurs laïques.
C'est complet.
Faisons là-dessus deux observa
tions :
1° M. Péner, dans son discours de Lan-
derneau, disait : « Se rallier à la Répu
blique, c'est renier sa foi, sa religion, son
Dieu. » Et les journaux royal istes, com
mentant cette Encyclique de M. Péner,
nous traitèrent tout uniment de « par
jures ».
Vous voyez ce que tout cela vaut. Phra
ses vides et mots sonores ! Maintenant
qu'il s'agit de faire passer un candidat
royaliste et qu'on ne peut plus compter
«ur a les curés », on va chercher les ins
tituteurs de « l'école sans Dieu », et
les impies. Quant aux ennemis « de notre
foi, de notre religion, de notre Dieu », ils
n'ont pas hésité une minute : ils sont
allés vite avec M. Péner.
2° Admirez la sincérité des opportunis
tes qui se disent républicains, et qui,
voyant en présence deux candidats, —
l'un qui accepte là République et l'autre
qui se déclare monarchiste, — combat
tent le premier et soutiennent le second,
parce que le premier est fidèle au chef de
l'Eglise et que le second lui résiste.
Vit-on jamais mieux que pour les me
neurs francs-maçons la République n'est
rien et que la guerre religieuse est tout ?
Vit-on jamais mieux la justesse d'ob
servation et l'admirable sagesse de Léon
XIII que des gens qui ne savent rien et
qui ne pensent pas déclarent cependant
« mal informé » ?
Une lettre à la « Vérité ».
La Vérité a reçu lundi matin la
lettre suivante qu'elle n'a pas encore
publiée:
Quimper, lé 17 janvier 1897.
Monsieur,
Si je vous adresse cette lettre, ce n'est
pas que j'aie la naïveté de croire que
vous en tiendrez compte, c'est unique
ment pour « délivrer mon âme », en vous
exprimant les sentiments douloureux —
j'emploie un terme courtois — que me
fait éprouve* votre attitude à propos de
l'élection de Lannilis. Ces sentiments,
je vous l'assure, sont ceux du clergé du
diocèse. _ .
Journal catholique, la Vérité l'est,
c'est entendu — plus catholique mime
que le Pape — d'un catholicisme si intè
gre, si réfractaire à toute compromission ^
que de voir le Figaro donner son appro
bation à la candidature de M. l'abbé Gay
raud, cela seul lui inspire une superbe
indignation.
Cette crise de vertu fait sourire, mon
sieur, quand on constate l'ardeur avec
laquelle vous vous mettez au service de
la candidature de M. de Blois, accueillie
avec faveur par la très impie Dépêche de
Brest, soutenue par l'opportunisme local.
Et notez — vous devez le savoir d'ail
leurs — que le patronage dont l'opportu
nisme couvre la candidature de Blois
n'est pas un patronage imposé, vis-à-vis
duquel le candidat conserve sa fierté et
son indépendance, c'est un patronage ac
cepté, accepté par votre « catholique
brestois », bien connu ici, qui s'indigne
tant que M. Gayraud soit le candidat du
Figaro.
Ainsi, M. de Blois, royaliste intransi
geant, marche entre M. Cheminant, maire
opportuniste de Saint-Renan, et M. Glai
zot, maire opportuniste de Landéda, et la
Vérité, journal catholique, journal aus
tère, aux principes inflexibles, qui ré
pugne au ralliement, ne voit aucun in
convénient à prêter son concours à une
alliance avec l'opportunisme sectaire,
contre l'unanimité des prêtres d'une cir
conscription !
Agréez, monsieur, mes chrétiennes sa
lutations.
L 'abbé Treussier,
Chanoine honoraire,
Professeur au grand séminaire,
Directeur des œuvres diocésaines.
U Etoile de la Mer a, reçu de divers
prêtres des lettres analogues qu'elle
ne peut publier, faute de place.
Nous aussi nous avons reçu le
double de poulets de ce genre
adressés à la Vérité ; mais, nous
nous bornons à les joindre, quant à
présent, au dossier de cette af
faire.
L'histoire du château.
A propos du curé qui mena ses
paroissiens . à l'assaut d'un château
féodal, VEtoile de la Mer publie
l'article suivant, auquel nous ne
trouvons qu'un, défaut : il est si
topique et si péremptoire que les
feuilles réfractaires ne le reprodui
ront pas :
Monsieur le Directeur, "
! La violence et la perfidie des attaques
dirigées contre M. l'abbé Gayraud par la
coalition royaliste et sectaire n'ont d'é
gale qu'une ignorance historique lamen
table.
, Que la Gazette de France et l'Autorité
se soient forgé du passé de. la monar
chie et de la première partie du moyen-
âge, une idée aussi étrange, on le com
prend sans peine.. M. Dupuy et M. de
Cassagnac n'ont jamais eu la réputation
d'hommes de science. Mais que la Vérité,
qui compte parmi ses rédacteurs un
nomme instruit comme M. Loth,se laisse
entraîner par la passion à des arguments
dont la puérilité ferait rougir un rhé-
toricien, voilà ce qui me désoriente
tout à fait.
Quand M. l'abbé Gayraud, dans la con
férence qu'on rappelle, évoquait le sou
venir de la lutte engagée par l'Eglise
contre les brigandages de certains sei-,
gneurs du XII e siècle et racontait l'his
toire de ce vaillant curé qui conduisit
lui-même les opprimés à l'assaut d'un
château maudit, il ne faisait que rendre
hommage au rôle tutélaire du clergé
dont l'un des plus glorieux attributs est
encore aujourd'hui la défense des faibles
contre les abus de la force.
Vous l'avez fort bien démontré, Mon
sieur le directeur, dans votre article de
samedi « sur le capital et le capitalisme »
et je n'y reviendrai pas.
Mais puisque nos adversaires semblent
l'ignorer, peut-être ne sera-t-il pas inu
tile de leur apprendre que, dans les pre
mières années du XII e siècle, il existait
un roi de France, Louis VI, qui mérita
le surnom de Justicier et dont le minis
tre Suger (abbé de Saint-Denis et démo
crate pour tout de bon, n'en déplaise à
M. Péner) fut appelé le Père de la patrie.
Les pauvres gens, marchands, artisans
et laboureurs, étaient alors les victimes
des déprédations de plusieurs féodaux
que leurs crimes ont rendus célèbres :
Hugues du Puiset, Guarin de Sens, Ga-
leran de Lévemont, Hugues de Brétigny,
par èxemple. C'est en châtiant ces op
presseurs et en favorisant la révolution
communale que Louis VI et Suger s'at
tirèrent la reconnaissance du peuple.
Mais voici qui est mieux :
« Aux doléances du clergé, dit un his
torien, se joignaient les cris de détresse
des pauvres gens des campagnes, qui,
mal armés, mal disciplinés et incapables
de se défendre seuls contre les épées et
les lances de la chevalerie, prêtèrent au
roi, dans cette guerre, la force de leur
nombre en échange de la protection qu'ils
reçurent de lui. On remarqua, dans
l'assaut livré k la forteresse maudite dite
du Puiset, l'intrépidité d'un prêtre, qui
menait ses paroissiens au combat,et qui,
le premier, s'élança sur les palissades
pour les arracher et en ouvrir l'entrée à
ta petite armée royale. Ainsi voyons-
nous . commencer cette alliance de la
royauté et du peuple contre les seigneurs,
qui doit être pendant plusieurs siècles
un des traits dominants de notre his
toire. »
Et le même auteur écrit, quelques li
gnes plus loin, rapportant une parole de
Suger ;« L'opiniâtre courage de Louis Le
Gros finit par prévaloir dans cette lutte,
et, pour la seconde fois, maître du Pui
set, il le ruine de fond en comble, le
laissant comme un lieu voué à la malé
diction divine (1113). »
Qui a écrit cela ?... /
M. Trognon, professeur d'histoire des
princes d'Orléans, mus Louis-Philippe,
et auteur d'une Histoire de France, en
5 volumes (Paris Hachette); Le.passage
que je viens de citer se trouve à la page
368 du tome I er de cet ouvrage honnête,
calme et consciencieux.
C'est là que je voulais en venir.
Et maintenant, il ne me reste plus qu'à
renvoyer à l'école le groupe de la jeu
nesse royaliste qui semble s'être ému si
fort du propos attribué par la Vérité à
M. Gayraud. Ce sera, pour ces adoles
cents, dont quelques-uns frisent la cin
quantaine, l'unique moyen d'acquérir, en
ce qui concerne la monarchie qui fit la
France et défendit, en plusieurs occa
sions, la faiblesse des petits contre la
brutalité des grands, une admiration
plus intelligente, peut-être moins agitée,
mais aussi plus convaincue.
Veuillez agréer, je vous prie, mon
sieur le directeur, l'expression de mes
meilleurs sentiments.
J •'
Un lecteur de l'Etoile.
Le télégramme de M. l'abbé Gayraud.
Le télégramme de M. l'abbé Gay
raud, annonçant des poursuites
contre la Dépêche de Toulouse et la
constitution d'un jury d'honneur, est
reproduit ou mentionné par un bon
nombre de journaux. Nous citerons
"a Croix, le Peuple français, le Temps
dans son petit supplément du soir,
"'Evénement, le Journal de Rouen...
L' Autorité fait semblant de ne pas
;rès bien comprendre la signinca-
;ion de ce télégramme. Elle de
mande des explications supplémen
taires. En relisant, peut-être son
ntelligence viendra-t-elle à bout de
'a difficulté.
Quant à la Gazette, hier soir, à
l'heure même où l'Univers et la
Croix publiaient le télégramme de
M. l'abbé Gayraud, elle signalait
aimablement à celui-ci l'article de
la Dépêche et demandait 'une ré
ponse. La Gazette exprimait aussi
le désir d'une ' encpiête. Nous ver
rons si elle se déclarera satisfaite
ce soir.
DERNIÈRE HEURE
Nous recevons, de M. l'abbé Gay
raud, la dépêche suivante :
Brest, 21 janvier, midi 15.
J'ai reçu de Mgr l'évêque de Montau-
ban un télégramme disant :
« Je donne en ce qui me concerne un
démenti formel aux allégations lancées
contre vous par le journal l'Express du
Midi. »
Le démenti de Mgr Fiard s'adresse
à un article d'hier de VExpress du
Midi, où celui-ci, sommé de s'ex
pliquer par M. l'abbé Gayraud, ré
pond en ce qui concerne Mgr l'évê
que de Montauban :
„ Est-il vrai que Mgr Fiard, "qui est la
bonté même, n'ait consenti à vous admet
tre sur les rôles du clergé qu'à la condi
tion que vous quitteriez le diocèse ?
Eh bien, non, comme on en voit
la preuve, ce n'est pas vrai.
UN PRÉFET SECTAIRE
L'Arvor annonce que le nouveau
préfet du-Morbihan, M. Chadenier,
vient, pour ses débuts, de suppri
mer l'allocation de 3,500 francs, vo
tée, à l'unanimité, par le conseil
municipal de Vannes, pour le trai
tement des vicaires des paroisses
Saint-Pierre et Saint-Patern. Il a
supprimé aussi un crédit voté pour
donner des prix aux enfants de la
ville qui fréquentent les écoles li
bres.
Hélas ! Il n'y a pas qu'un Vel-Du
rand dans l'administration.
LAÏCISATION D'ECOLE
Les sœurs de la Sainte-Union, titulai
res de l'école primaire de filles et de l'é
cole maternelle de Mouvaux (Nord), ont
reçu, dimanche dernier, avis que ces
écoles étaient laïcisées à dater du mercre
di 20,qu'elles avaient à quittei-leur, poste
à. cette date et qu'elles seraient rempla
cées le 21.
On pourrait, au moins, exécuter la loi,
qui est bien assez révoltante par elle-
même, avec moins de grossière bruta
lité.
LE IISG ET LES C0MÉGATI01
Une contrainte a été signifiée aux
religieuses Visitandines de Dreux,
pour avoir à payer dans les huit
jours la taxe d abonnement.
Les Sœurs Clarisses et les Sœurs
Augustines de Cambrai ont reçu
pour la seconde fois une contrainte
de même genre.
Même sommation a été faite aux
religieuses de la congrégation Notre-
Dame, au Cateau, aux Pénitentes
de Bourbourg, aux Ursulines de
Saint - Saulve, aux Bénédictines
d'Estaires, aux Augustines de Bail-
leul, aux Carmélites de Lille, aux
Carmélites de Dunkerque.
M
10.1
La République de l'Equateur, le
noble pays de Garcia Moreno, est
depuis près d'un an sous la domi
nation d'une bande de malfaiteurs
et de brigands, sortis des loges ma
çonniques.
Troublé par plusieurs révolu
tions, après la mort de son illus
tre et saint président, l'Equateur
avait fini par vivre en paix sous le
gouvernement chrétien du docteur
.ouïs Cordero.
Les francs-maçons, furieux, ont
ourdi contre ce gouvernement un
vaste- complot qui a éclaté l'année
dernière; et le président Cordero,
pris à l'improviste, a été vaincu par
le général Alfaro, qui s'est installé
à sa place. v -•
Ce général Alfaro est une brute
à face humaine et gouverne à la
façon d'un bourreau. Ambitieux et
ignorant, dépourvu de toute notion
morale et pourvu de passions vio
lentes et d'instincts sanguinaires, il
s'est entouré de bandits à son image
et a établi sur la chrétienne républi
que un véritable régime de ter
reur.
Les populations catholiques se
sont soulevées contre ce tyran et
luttent vaillamment, persevéram-
ment,malgré l'exil et la prison, mal
gré l'assassinat et malgré la tor
ture.
De renseignements que publie la
Semaine Religieuse de . Cambrai,
nous extrayons les détails sui
vants :
Il y a dix mois, les populations de l'itt»
térieur, lasses du régime actuel, se sont
soulevées en même temps dans le nord,
le sud et le centre du pays. Malheureuse
ment il n'y a pas eu accord entre les di
verses fractions des forces conserva
trices.
On vit, dans les différentes phases de
cette guerre civile, des actes d'abnéga
tion et d'héroïsme admirables. On vit des
enfants de dix ans prendre les armes, et
quand ils avaient été faits prisonniers et
que les vainqueurs leur demandaient
pourquoi ils avaient pris part à la bataille,
ces enfants répondaient : « Pour défendre
notre sainte religion. »
Les prisons et les casernes sont pleines
de prisonniers politiques appartenant à
la partie la plus distinguée de la société ;
il s'y trouve un grand nombre de prêtres
vénérables. Les condamnations à l'exil
" sont à l'ordre du jour. Les biens des com
munautés religieuses et des principales
familles ont été confisqués ; des impôts
très lourds pèsent sur tous les citoyens.
Mgr l'archevêque Gonzalès a dû se réfu
gier à la légation de France. Les mission
naires européens, des différents ordres,
la plupart français, ont été expulsés.
Mais ce qui a causé le plus d'émotion et
d'horreur, c'est l'assassinat d'un jeune et
courageux journaliste, du nom de Victor
Vivar.
Par son caractère énergique et la fran •.
chise avec laquelle il censurait le gOu*
vernetftënt actuel, par des articles qu'il
avait publiés dans le second numéro du
journal La Le y (Loi) contre ceux qui
avaient saccagé le palais archiépiscopal 4
et tout particulièrement par un discours
qu'il avait prononcé, au cimetière, à l'en
terrement du docteur Paul Herrero, Vi
var avait encouru, paraît-il, une condam
nation à mort partie des Loges, comme
celle de Garcia Moreno.
Le gouverneur de Quito ne se con
tenta pas de faire fusiller Vivar ; il lui
fit arracher, auparavant, tous les doigta
de la main droite, cette main qui avait
si courageusement défendu la cause de
Dieu...
Tout ce qu'il y a de grand et de bon
dans la nation, tout ce qui faisait le su-_
jet de ses légitimes espérances, est vic
time soit du poignard, soit du poison.
« Nous avons tout perdu, dit une cor
respondance adressée au Porvenir de
Santiago, à laquelle nous empruntons
ces renseignements, nous avons tout
perdu, sauf l'espérance. »
La Semaine religieusede Cambrai
termine par cette réflexion juste et
bien inspirée :
Garcia Moreno laissait cette espérance
à son peuple lorsque tombant sous le poi
gnardai s'écriait : Dieu ne meurt pas. Joi
gnons nos prières à celles de ces infortu
nés, et demandons au Sacré-Cseur de
Jésus de venir en aide au peuple qui lui
a. été consacré.
À tous ces détails, une correspon
dance adressée de l'Equateur au
Siglo futuro, de Madrid, ajoute en
core quelques traits
Dans ce pays, si souvent boule
versé par les Révolutions, jamais,
s'écrie le correspondant du journal
espagnol, on ne vit de pareils excès ;
on se croirait revenu au temps où
les caciques y régnaient sur des
sauvages.
Et, quand on alu le récit du mar
tyre infligé au journaliste Vivar,
dont le nom restera glorieux dé
sormais,on ne peut que souscrire à
cette appréciation.
Le raffinement bestial de cruauté
auquel s'est livré, contre ce vail
lant chrétien, le bourreau qui op
prime aujourd'hui l'Equateur dé
passa l'imagination.
D'ailleurs, lui et ses partisans,
depuis le peu de temps qu'ils tien
nent le pouvoir, ont commis tous
les crimes. En même temps qu'ils
persécutaient la religion catholique,
ils pillaient le trésor public et se li
vraient à une véritable orgie de
concussions.
La situation paraîtrait désespérée,
nîétaient l'admirable énergie de tout.
ce qui est vraiment catholique et .
l'excès même des violences du dic
tateur Alfaro.
La patrie de Garcia Moreno sera
délivrée. Ceux qui luttent aujour
d'hui par les armes contre les ban
dits qui tiennent le pouvoir finiront
par l'emporter. En attendant, nous
devons, comme le conseille la Se
maine religieuse de Cambrai, prier
le Sacré-Cœur pour ces persé
cutés ; et nous devons aussi nous
incliner bien bas devant ces admi
rables chrétiens qui luttent pour
l'Eglise avec tant de vaillance et
qui produisent des martyrs.
la
CROIX DU CIMETIÈRE DE BESAHÇOH-S.-CLAUDE
Dans un de nos derniers numéros, nous
avions annoncé que l'administration mu
nicipale de Besançon. avait fait débou
lonner une croix que M. l'abbé Louvot,
curé de Saint-Claude, avait érigée au
milieu d'un cimetière récemment inau
guré sur sa paroisse, dans la banlieue de
Besançon. Un comité vient de se former
pour ériger une croix monumentale en
fonte sur un terrain particulier confinant
au cimetière, et concédé gracieusement
à cette intention. Une souscription, ou
verte pour recueillir les fonds' nécessai
res, a reçu partout le plus sympathique
accueil. Une somme de huit cents francs
a été souscrite en quatre jours. La popu
lation aura donné ainsi à la mesure sec
taire prise par l'édilité. bisontine une
réponse aussi éloquente que légale.
\
Le taux de reconnaissance estimé pour ce document est de 98.0%.
En savoir plus sur l'OCR
En savoir plus sur l'OCR
Le texte affiché peut comporter un certain nombre d'erreurs. En effet, le mode texte de ce document a été généré de façon automatique par un programme de reconnaissance optique de caractères (OCR). Le taux de reconnaissance estimé pour ce document est de 98.0%.
- Collections numériques similaires Alaydon Jean Alaydon Jean /services/engine/search/sru?operation=searchRetrieve&version=1.2&maximumRecords=50&collapsing=true&exactSearch=true&query=dc.subject adj "Alaydon Jean "Lettres Lettres /services/engine/search/sru?operation=searchRetrieve&version=1.2&maximumRecords=50&collapsing=true&exactSearch=true&query=dc.subject adj "Lettres " Aloïsio Nicolas Aloïsio Nicolas /services/engine/search/sru?operation=searchRetrieve&version=1.2&maximumRecords=50&collapsing=true&exactSearch=true&query=dc.subject adj "Aloïsio Nicolas " Lettre Lettre /services/engine/search/sru?operation=searchRetrieve&version=1.2&maximumRecords=50&collapsing=true&exactSearch=true&query=dc.subject adj "Lettre "
- Auteurs similaires Alaydon Jean Alaydon Jean /services/engine/search/sru?operation=searchRetrieve&version=1.2&maximumRecords=50&collapsing=true&exactSearch=true&query=dc.subject adj "Alaydon Jean "Lettres Lettres /services/engine/search/sru?operation=searchRetrieve&version=1.2&maximumRecords=50&collapsing=true&exactSearch=true&query=dc.subject adj "Lettres " Aloïsio Nicolas Aloïsio Nicolas /services/engine/search/sru?operation=searchRetrieve&version=1.2&maximumRecords=50&collapsing=true&exactSearch=true&query=dc.subject adj "Aloïsio Nicolas " Lettre Lettre /services/engine/search/sru?operation=searchRetrieve&version=1.2&maximumRecords=50&collapsing=true&exactSearch=true&query=dc.subject adj "Lettre "
-
-
Page
chiffre de pagination vue 1/4
- Recherche dans le document Recherche dans le document https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/search/ark:/12148/bpt6k7093788/f1.image ×
Recherche dans le document
- Partage et envoi par courriel Partage et envoi par courriel https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/share/ark:/12148/bpt6k7093788/f1.image
- Téléchargement / impression Téléchargement / impression https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/download/ark:/12148/bpt6k7093788/f1.image
- Mise en scène Mise en scène ×
Mise en scène
Créer facilement :
- Marque-page Marque-page https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/bookmark/ark:/12148/bpt6k7093788/f1.image ×
Gérer son espace personnel
Ajouter ce document
Ajouter/Voir ses marque-pages
Mes sélections ()Titre - Acheter une reproduction Acheter une reproduction https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/pa-ecommerce/ark:/12148/bpt6k7093788
- Acheter le livre complet Acheter le livre complet https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/indisponible/achat/ark:/12148/bpt6k7093788
- Signalement d'anomalie Signalement d'anomalie https://sindbadbnf.libanswers.com/widget_standalone.php?la_widget_id=7142
- Aide Aide https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/aide/ark:/12148/bpt6k7093788/f1.image × Aide
Facebook
Twitter
Pinterest