Titre : L'Univers
Éditeur : L'Univers (Paris)
Date d'édition : 1897-01-17
Contributeur : Veuillot, Louis (1813-1883). Rédacteur
Contributeur : Veuillot, Pierre (1859-1907). Rédacteur
Contributeur : Veuillot, François (1870-1952). Rédacteur
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34520232c
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 70622 Nombre total de vues : 70622
Description : 17 janvier 1897 17 janvier 1897
Description : 1897/01/17 (Numéro 10592). 1897/01/17 (Numéro 10592).
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse Collection numérique : Bibliographie de la presse
Description : Collection numérique : BIPFPIG44 Collection numérique : BIPFPIG44
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k709373c
Source : Bibliothèque nationale de France
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 06/02/2011
Dimanche 17 Janvier 1897
T
ÉDITION QUOTIDIENNE
PARIS .
. ET .pÉPAIVTEMENTS
Un an 40 »
Six mois.......... 21 »
Trois mois il »
ETRANGER
{union postaux)
51 »
26 50
ï 14 » ■
S.
Edition quotidienne.— 10,592
Los abonnements partent des 1 er et 16 de chaque mois
UN NUMÉRO i ^ris •. 10 cent.
( Départements 15 —
BUREAUX : Paris, rue'Cassette, 17
On s'abonne à Rome, place du Gesù, S
E3T
Dimanche 17 Janvier 1897
ÉDITION SEMI-QUOTIDIENNE
! PARIS ÉTRANGER
ET DÉPARTEMENTS (UNIÔN POSTALE)
Un an. . 20 ;» 26 »
Six mois....... 10 » 13 »
Trois: mois:.. .»■ 5 » 6 50 *
Les abonnemënts partent des 1" et 18 de chaque mois
L'UNIVERS ne répond pas des manuscrits qui lui sont adressés
ANNONCES
MM. LAGRANGE, GERF et G'", 6, place de îa "Bourse
PARIS, 16 JANVIER 1897
SOMMAIRE
Choses d'Italie..... . L j abbé A. P iliet.
Çà et là :Où va se
nicher l'aristocra- -
tie .v.............. G. D 'A zambuja.
Au Sénat. J. M antenay.
Lettres d'Angleter
re........ ......... C oningsby. .
Bulletin du jour. — Nouvelles'de Rome,
-r Faux-fuyant. — Aggravation. — ■ Une
église à vendre. — Catholiques contre
Opportunistes, -rr Le congrès:de Lanni-
lis. — Informations politiques et parle
mentaires.'— L'adoration nocturne : à
Montmartre. — Les scandales. — A tra
vers la presse. — Un condamné à mort,
r— Chronique. — Lettres, sciences et
arts— Le monopole de l'alcool: —'L'ex
position de 1900. — Echos de partout..—
Dépêches de l'étranger.Sacré-Cœur. — Chronique religieuse.—
Nécrologie. — Tribunaux. — Une affaire
d'espiomnage.. — Nouvelles-.diverses. j >
Dernière heure. — Calendrier. — Bourse
et bulletin financier. •
CHOSES D'ITALIE
Au delà des Alpes, l'année com-
menceau milieu des préoccupations
générales. Les esprits sont inquiets,
et troublés. On s ; e demande si une
grande crise ne va pas,se produire,
et, : chaque matin, on interroge les
journaux pour .savoir s'ils ne mani
festent pas . quelque nouveau symp
tôme, constatant cet état fiévreux
d'inquiétude et d'anxiété.
Pour nous, catholiques de France,
nouîs* avons; pliis "que les' autres
peut-être, le droit et le devoir de
suivre de près cette situation anor
male. : Elle nous intéresse tous. La
Paix peut être troublée d'un jour à
autre par les - convulsions de la
Péninsule, et d'ailleurs; nous* ne'
.pouvons jamais oublier, qu'au Va
tiçan, se trouve le Pape, placé au.
milieu de ses pires ennemis, comme
jadis Daniel dans la fosse ajix lions.
Mais pas ,plus que le prophète an
tique, Léon XIII ne se laisse inti
mider. Les derniers discours si
énergiques-qu'il vient de prononcer, ''
nous montrent avec quel courage
surhumain II fait face à l'ennemi
qui le serre de si près,.comme ses
paroles paraissent attester, que Lui
aussi, Il croit à l'approche d'une
crise sérieuse.
Au Quirinal, on n'est pas ras
suré ; plusieurs faitsrécents le prou
vent. La latte semble s'engager
entre le roi Humbert d'une part et
Crispi de l'autre. -N'y eutaLpas en
effet une. déclaration ae guerre dans
l'entrevue que les journaux ont ra
contée, il y a quelques semaines, et
à la suite de; laquelle le général
Ponzio, qui avait introduit Fex-mi
nistre,,auprès de . son, souverain, a
é.té destitué 4e ses fonctions d'aide
de .camp? A cette lutte sourde en
core, mais réelle* à laquelle, croyons-
nous, nous allons assister, le mo:,
narque a pour le-soutenir son pres
tige royal, bien ' amoindri ■ depuis
{quelque temps, l'armée démoralisée
>ar les effroyables désastres do
'Abyssinie, et le personnel adminis
tratif qui regarde toujours du côté
du soleil levant, on dit en Italie du
coté de ;ïa pagnotta. Dii côté de'
ÇHspi, le vieux lutteur, -il y a le Par
lement qui lui reste au fond .tou
jours dévoué; il v à surtout la
franc-maçonnerie, aont il a-présidé
les dernières manisfestations sacri
lèges contre le Vatican, çt. qui ne
veut, pas d'armistice dans là guerre
entreprise par elle contrer Dieu,
contre l'Eglise, contre le Pape et
contre la France. Qui sera le plus
fort ?
Un autre fait assez anormal mé
rite aussi d'attirer l'attention. A la
veille du premier jour de l'an, tous
les journaux annoncèrent qu'IIum-
bert était malade; L'émotion fut
grave ; car on s'attend à tout en
Italie.—On pense tout haut,écrivait
naguère un personnage distingué
de Turin, que ; lés censures de
.l'Eglise.,sLlongtemps méprisées par
la famille de Savoie, vont produire
leurs effets, et attirer sur cette dy
nastie coupable les malédictions
terribles que l'histoire a déjà ; enre
gistrées souvent;.. Mais non : ce ne
sera pas pour cette fois. Dès le len
demain, Humbert -était guéri et
pouvait vaquer à ses occupations
ordinaires'. Il est donc assez pro
bable . qu'il. n'y avait là qu'une de
ces. indispositions diplomatiques,
dont les souverains sont coUtu-
miers. En effet, à la veille du pre
mier jour de .l'an, débarquait à
Naples le premier convoi des, pri
sonniers de Ménélik. On comprend
l'embarras d'Humbert pour rece
voir les compliments ét les félicita
tions . de , sa cour. En outre,
Léon XIII venait de revendiquer
ses droits et de proclamer ses es
pérances avec plus d'énergie : et
plus. d'indépendance que jamais. Se
taire, c'était difficile. Répondre ^au
Pontife dont la charité venait d'in-
,tervenir si puissamment en faveur,
des 'Italiens détenus eh.Abyssinie,
c'était' plus difficile encore. Pour ?
: se tirer d'affairé, Humbert fut ma- ;
lade ce jour-là. Mais quelle diffé
rence entre les deux souverains, ;
celui du Quirinal et celui du Va- ;
; tican ! Quel contraste entre ,1e
royal geôlier, réduit à garder le
silence pour dissimuler son em-s
barras, et son auguste captif, dont
:1a fière parole trouve «m écho ;
sympathique jusqu'aux extrémités -
du monde -!
Aujourd'hui encore, on parle de
la dissolution du Parlement italien.
On ose et on n'ose pas; on hésite
pour procéder à cette opération qui,
en tout autre pays, eût été accom
plie depuis longtemps. Il faut en ef
fet ne pas oublier les circonstances
dans lesquelles ces députés furent
élus. ' • 1
Au mois de décembre 1894, on
était en plein, à Rome, dans la crise
•scandaleuse qu'on a nommée le Pa-
narnino. Un rapport fut déposé sur
le bureau de la Chambre établissant
que plusieurs personnages politi
ques, entre autres Crispi, alors présir
,aent du conseil, avaient reçu des
sommes considérables de la Ban
que romaine, pour des fins politi
ques, ou dans un intérêt personnel
ou domestique. Le ministre n'avait
plus qu'à s'asseoir sur la sellette des
accusés. Point du tout; il fit dissou
dre la Chambre, et au mois de juin
suivant en fit nommer une- autre
toute à sa dévotion, qui, passa l'é
ponge sur le passé, et qui; aùlieu de
condamner le prévaricateur, acclama
celui dont la pression despotique
l'avait fait élire. Aussi, àu mois de
mars dernier, quand éclata, comme
une bombe, la nouvelle de la dé
faite d'Amba-Alagi, quand, après
huit jours d'hésitations inconipré-
hensibles, Humbert se fut décidé à
nommer M. di Rudini àla place de
: Crispi, accablé par les malédictions
populaires; il semblait que, tout na
turellement, la dissolution du Par- ,
lement devait suivre la chute du.
gremier ministre. Point du tout,
ette Chambre siège; encore à
Monte-Citorio. Il est évident que le
roi et son ministre actuel n'osent
pas la renvoyer et faire un nouvel
appel aux électeurs. Quel est donc
ce mystère ? Pourquoi cette con
duite si étrange et si opposée aux
errements ordinaires des gouverne-i
ments représentatifs ? L'avenir nous
le dira sans doute ; mais attendons-
nous à en voir bien d'autres;
L'abbé A. Pillet.
: > :— -
BULLETIN DU JOUR
Le président de la, République a reçu
aujourd'hui à deux heures, en audience
solennelle au palais de l'Elysée, Mgr
Clari, nonce apostolique h Paris, qui lui
présente ses lettres de créance.
Au Sénat, M. Loubet a repris posses
sion dii fauteuil présidentiel. En ou
vrant la. séance, il a prononcé un dis
cours dans lequel il a insisté sur le rôle
de la haute Assemblée. . .
" M. Carnaud, député socialiste des
Bouçhes-du-Rhône, déposera probable
ment aujourd'hui, après le discours de
M. Brisson, sa,demande d'interpellation
sur la nomination de M. Doumer. Mais
il n'en demandera pas la discussion im
médiate.
Le .groupe socialiste de la Chambre
vient de rédiger: un projet ;de loi don
nant à l'Etat le monopole de la raffi
nerie, comme il a déjk celui de la fabri
cation des allumettes.
Demain commence dans toute la
France /la revision annuelle des listes
électorales. Aux catholiques de vérifier
s'ils sont inscrits. .
Lés électeurs de la î n circonscription
de Labri sont convoqués pour élire le
7 février prochain un député en rempla
cement de M. Cuissart, décédé.
On annonce que deux officiers au
raient échappé au massacre de la mis
sion anglaise au Bénin. - ,,
La peste , continue à faire, dans les
Indes, particulièrement à Bombay, de
terribles ravages.
Nous donnons, en Dernière Heure,
le compte rendu, de l'audience solen
nelle de. Mgr Clari. Nous publions
le discours de S. Exc.. le Nonce
apostolique et la réponse du prési
dent de là République. 7
NOUVELLES DE ROME ;
Nous recevons la dépêche sui
vante :
Rome, 16 janvier, 12 h. 10.
Gn considère comme imminente la dis
solution de la Chambre. ;
Rome, 14 janvier. : !
La T. R. M. Digby, supérieure générale
des Dames du Sacré-Cœur, arrivée ré
cemment à Rome, a été reçue,hier par le
Souverain, Pontife.
Aujourd'hui, Sa Sainteté a reçu l'évê-
que de Todi, S. G. Mgr Ridolfî.
Aujourd'hui' aussi l'audience pontifi
cale „a été acebrdée à une députation du.
comité promoteur des fêtes eucharisti
ques qui eurent lieu à Orvieto l'automne ;
iderpier.,La députation était présidée par ;
S. G. -Mgr Bucchi-Accica, évêque d'Or-
vieto, et par l'un des plus distingués pa
triciens de cette antique cité, Mgr Mis-;
ciatelli, .qui appartient à là famille pon
tificale, en qualité de camérier secret,
participant de Sa Sainteté.
Avec un très vif intérêt, le Saint-Père
a voulu être de nouveau et minutieuse
ment renseigné sur les fêtes splendides
qui marquèrent le dernier congrès eu
charistique et donnèrent une si heureuse
impulsion au mouvement catholique en
Italie. Sa Sainteté a été aussi très satis- ,
faite de recevoir comme souvenir du ;
congrès les trois exemplaires en or, en
argent et en bronze de la médaille com-
mémorative frappée à cette occasion et
qui lui ont été offerts par l'évêque d'Or-
vieto, au nom du comité propioteur. Le
Saint-Père a affectueusement béni tous
les membres du comité, en faisant des
vœux pour que les œuvres eucharisti-1
ques patronnées au congrès d'Orviëto pro
duisent des fruits dignes de la foi et de
l'amour qui les a inspirées.
Par billets de la secrétairerie d'Etat
en daté d'aujourd'hui, lé Saint-Père, a
nommé S. Bm. le cardinal Vincent Van-
nutelli, protecteur de la congrégation
française des Petites-Sœurs de l'ouvriér, '
autrement dites filles dù Cœur Immacu
lé de Marie ; et S. Em. le cardinal Mac-
chi protecteur de l'archiconfrérie aus
tro-hongroise du Saint Nom de Marie,
qui a son'siège à Rome dans l'église éri
gée sous ce vocable au Forum de Trajati,
; ainsi que protecteur de l'archiconfrérie
de la T. S. Trinité des pèlerins.
" LL; EEm. les cardinaux Vincent Van-
nutelli ét Agliardi viérinent d'assister cet
aprèsrmidi, àla têted'une assembliée d'é
lite, où la colonie 'française était large
ment représentée, à la brillante confé
rence que M. l'abbé Déhon a donnée,
comme jé vous l'avais annoncé, chez les
Pères Augustins de l'Assomption, sur
« la crise sociale et économique actuelle
en France et en Europe j >. S. Emi le car
dinal Parocchi, qui. avait bien voulu pro- .
mettre aussi d'assister à cette conférence,
en a .été empêché par une légère indispo
sition. ' '
• Quelques journaux annoncent que S.
Em. le cardinal Rampolla est indisposé. '
Renseignements pris, il s'agit d ! un
simple refroidissement, qui n'empêche' 1
d'ailleurs pas Son Eminence de vaquer à.
ses occupations. ' •
Çà et là
OU VA SE NICHER L'ARISTOCRATIE
La noblesse a conservé un privilège,
celui dé fournir des personnages à tous
les romans. • -
- Quand nous disons « tous les romans »
c'est peut-être exagéré. Mettons « les
quatre-vingt-dix-neuf centièmes » pour
faire une place à l'assommoir et à quel
ques productions- franchement triviales
auxquelles la presse rouge fait encore un
tout petit coin.
Les. plus grands amis de la noblesse,
après M. Octave Feuillet, sont peut-être
les auteurs de feuilletons pour journaux
populaires, radicaux, et même parfois
socialistes, i
C'est incroyable, la consommation de
ducs, de marquis, de comtes, de barons,
et de simples particules. que l'on fait
chez ces gens-là.
ha Lanterne, dans son seul numéro
d'hier, mettait en scène un baron, un
comte, un prince et un général..
. Excusez du peu.
Nos bons jacobins ne se mouchent pas
du coude. MM. Pelletan et Glovis Hugues
sont gens de bonne compagnie,'.et M.
Homais, leur abonné, ne veut pas s'enca
nailler dans ses lectures. < , , .
_ Dans le . premier numéro du Radical
qui nous tombe sous la main, le feuilleton
cominence par ces mots : « La com
tesse... » . . ■ . .. ,
Nous parcourons des yeux le numéro
précédent, et voilà qu'il est question du
« carrosse de là comtesse *. Carrosse
n'estril pas un peu archaïque, pour l'an
de grâce.1897? . •
: Certaines comté'sses ont des '« coupés»;
d'autres prennent des, fiacres. Beaucoup
vont à pied. Le roman du Radical, qui
est, bien entendu, une peinture de mœurs
contemporaines, nous semble pécher par
un je ne sais quoi de « Louis-Quator-
zien » qui devrait inquiéter, la. conscience
républicaine de ce journal.
, La Petite République se tiendrait,
mieux. Pas de blason dans les derniers
exemplaires. A peine, çà- et là, » un M.
de Labatière », et un « commandant "
L'aristocratie disparaîtrait du reste de
la terre qu'on la retrouverait, généreuse
ment hébergée,au « rez-da-chaussée » de
quelque journal révolutionnaire, occupé
d'ailleurs, dans ses articles de fond, à
étrangler le. dernier des, nobles avec les
boyaux du dernier des séminaristes.
Remarquons aussi que la grande préoc
cupation de nos écrivains «st de faire des
romans « vécus ».
Les jicènes qu'ils décrivent sont cen
sées observées « d'après nature », et l'on
veut que le lecteur, en les savourant; se
dise: « Tiens ! mais comme c'est bien
.ça ! » .
Or, les fabricants de romanB-feuille-
i fôns pour journaux jacobins ont-ils sou
vent l'occasion.de coudoyer les duchés-:
ses ? -.N
Pour nous, -r- avouons-le sans fausse
honte —^ nous n'en avons jamais rencon-,
tré. C'est une lacune dont nos composi- ■
tions littéraires se ressentiront fâcheuse- î
ment; mais qu'y faire? . ;
Gela nous rappelle une caricacuture du '
fameux Bertalli dans un antique numéro
de Y Illustration. [
Deux rapins dépenaillés causent d'un
air grave. L'un d'eux, parlant de son ta- ,
bleau, dit sans spurciller : • 1
— J'aurais besoin, pour la pose, d'une
duchesse.
-L'autre, sourcillant encore moins : "
— Je te trouverai ça. !
Les collaborateurs de la Lanterne, r
sans nul doute,ont hérité du Iong'bras de
ce rapin. Pas une porte de la rue de Va-
renne ou de ses succédanées qui ne s'ou
vre chaque soir à deux battants devant
leur queue de pie et leur gardénia.
Bien entendu, ces nobles personnages,
vécus et vivants, se démènent dans le
décor qui leur convient.
■ Il est pèu de romans-feuilletons, qui,
dès les premières lignes;ne nous condui-.
sent tout droit à un château.'
f Le château, lui aussi, est générale-*
ment tout ce qu'il y a de plus « vécu ».
C'est hasard s'il n'est pas agrémenté de
quelque * tourelle ». Et au dedans; quel
: luxe ! quels meubles ! quels rideaux !
quel déballage de tapissier ! comme
tout cela a dû coûter cher! Et, dans
les salons, dans les boudoirs, quelles
conversations ! quelles attitudes, moulées
pour la postérité «n petits alinéas déci-
sifs ! '
« Le comte fit un bond.
« La marquise «ut une moue dédai
gneuse. ■
« Le vicomte sourit finement. <
a — Vraiment ! s'èxclama la ; ba
ronne. " ' .
« Un domestique en livrée entra,
portant une lettre sur un plateau d'ar
gent... '■ ' ■'
« Le prince et la ducliessè, échan
gèrent un regard. • Ce ne fut qu'un
éclair... »
« La comtesse avait prononcé plusieurs
fois le nom de Daniel. Quel rôle ce Da
niel jouait-il donc dans, sa vie ?
Ne croyez pas que cela « ne prenne
plus ». Cela « prend » toujours. Et Mme
Pipelet, qui de sa vie n'est entrée dans
un ; château, dit à son homme : « x Comme
la scène est bien saisie, tout de même ! »
Ce n'est pas la scène qui est bien sai
sie. C'est le côté industriel de l'entre
prise. Permis à un feuilletoniste de ne
pas étudier le cœur de ses héros, s'il con
naît sur le bout du doigt celui de ses lec
teurs. L'admiration des supériorités so
ciales, même quand on aftecte de les mé
priser ou de les proscrire,-est une des
inclinations les plus indéracinables du
cœur humain, a Pourquoi avez-vous en
levé votre fils de telle école? deman
dait un de nos amis à un maçon. —Peuh!
répondit celui-ciavee un dédain ineffable,
il n'y avait que des fils de jardiniers ! »
Parlez de maçons et de jardiniers dans
vos romans v ie bon peuple.ne voudra pas
vous lire. Parlez-lui de ducâ : il vous
lira; faites mourir des duchesses : il pleu
rera comme un veau. Si Agâmemnon
s'était appelé M. Durand et Clytemnestre
Mme Durand, la gloire d'Eschyle n'au
rait jamais dépassé celle d'un reporter de
cour d'assises. Et voilà pourquoi le « car
rosse de la comtesse », d'ici à bien long
temps, continua à jouer un rôle essentiel
dans.les feuilletons du Radical.
• G. d 'A zambuja.
AGGRAVATION
La Gazette continué de « rendre
grâce au Pape» de n'avoir pas de
nouveau, en parlant au P. Emma
nuel Bailly, appliqué le mot réfrac-
taire aux politiciens catholiques qui
refusent de suivre les directions
du Saint-Siège.
Il est certain que Sa Sainteté n'a
pas répondu : Oui ce sont des ré-
fractaires ; mais elle a dit ces « mes
sieurs »... rebelles.
A notre avis, qui est celui de la
langue française, s'il y a une diffé
rence entre rèfractaire et rebelle,
c'est que rebelle est plus dur que
rèfractaire.
Si la rebelle Gazette en doute,
qu'elle consulte le dictionnaire de
l'Académie.
FAUX-FUYANT
/ Après s'être bien fait tirer l'or
refile, la Gazette ne feint plus de
n'avoir pas aperçu nos questions
renouvelées sur ce qu'elle pense de
la phrase de M. le duc d'Orléans,
relative aux « Eglises ». Mais elle
se garde bien d'y répondre. Voici
comment elle essaie d'esquiver la
difficulté;
■. L' Univers insiste pour que nous nous
engagions dans de longues considérations
sur tous les termes de la lettre du Duc
d'Orléans.
Nous avons dit ce que nous avions à
dire et nous nous demandons en quoi
l'Univers est intéressé à en savoir da
vantage.
Quoi qu'écrive ou que dise le succes
seur légitime du Comte de Paris et du
Comte de ÇhamJ)ord, l'Univers restera le
servant confiant des Francs-Maçons, du
Pouvoir, le Fidèle de la République.-
L'Univers a eu à se prononcer, jadis, T
entre le Carbonaro Louis-Napoléon Bo- ;
napàrte et le Comte de Chambord, des- '
cendant de Saint Louis. Il n'a pas hé- 1
sité : il est passé au service du soldat de
Forli contre l'héritier de nos Rois.
Donc, la question est jugée.
Quoi que nous puissions lui expliquer, :
il tombera du "côté où il penche : côté des.
Francs-Maçons.
C'est ce qu'on appelle « filer ». ;
- —-—-—"■.. ;
VUE ÉGLISE h VENDRE
Il parait que le Concordat est
supprimé. Le conseil municipal de
Saint-Hilaire-de-Gondilly (Cher) a
décidé de mettre en vente l'église
de la commune ! La délibération
décide que la paroisse sera rattachée
à celle de Menetou-Couture. Une
enquête est ouverte, comme pour
les expropriations ou les adju :
dications ordinaires !
Ces simples radicaux de pro
vince sont parfois aussi; avancés
que les anarchistes de Paris. Il y a
une leçon à leur donner. C'est le
cas pour les hommes qui représen-
tènt encore l'autorité sociale de
rappeler, par une mesure énergi
que, les sinistres farceurs de Saint-
Hilaire et d'autres endroits à I9,
notion de là loi, du sens commun et
de la pudeur.
» ... ......—■.
CATHOLIQUES COME 0PP01WISTES
Les choses tournent curieuse
ment, ditVEtoile delaMer, ét, ajouter
t-elle, providentiellement. Oncroyaiik
tout changé dans, la présente lutte
électorale. En réalité la bataille est
la même : les catholiques se trou
vent en face des opportunistes.
« M.de Blois,nous regrettons de le
constater, mais nous y insisterons
de nouvéau, avait fait aux opportu
nistes des avances non dissimulées,
à la réunion royaliste de Lannilis et
dans sa profession de foi» Lès ren
seignements que nous recevons de
partout nous indiquent qu'elles ont
été bien accueillies. Le ton de la
Dépêche nous le confirme.
« Quelque pénible que cela nous
soit, nous avohs l'obligation de lé
dire : c'est contre les opportunistes
que la lutte est réellement enga
gée. »
— : —— ♦ . .. .
AU SÉNAT
Le discours de M. Loubet.
Hier, au début de la séance, M.
Loubet a adressé à ses collègues un
discours de remerciements.
Après leur avoir exprimé sa gra
titude, il a souhaité la bienvenue
aux élus du 3 janvier :
« Nos nouveaux collègues, a-t-il
dit, sont assurés de trouver dans lé
Sénat l'accueil le plus sympathique.
Ils pourront constater que, dans no
tre assemblée, les opinions les plus
contradictoires et les plus opposées
peuvent être exposées, soutenues
et combattues, sans que la plus par
faite courtoisie cesse de régner par
mi nous. »
Ceci n'est point une banalité
comme on pourrait le .croire. Il est
certain que les discussions du Sénat
ne ressemblent nullement à celles
delà Chambre et que, au Luxem
bourg, les orateurs de l'opposition
peuvent se faire entendre.
Sans doute; trop souvent, le
diable n'y perd rien. Il est bien rare
que l'honorable M. Buffet, par
exemple, ait pu empêcher un vote
fâcheux; mais les gauches sénato
riales ont, au moins, le mérite de
l'écouter avec déférence. Au Palais-
Bourbon, la majorité n'aurait au
cun respect pour Téminent séna
teur qui a vécu toute sa vie dans la
maison de Verre de Socrate.
Après avoir rappelé à ses col
lègues qu'ils allaient être appelés
prochainement à discuter la loi de
finances, M. Loubet a ajouté :
« Il ne faut point oublier que si
les questions purement politiques
importent à un haut, degré et s'il
faut à tout prix combattre le scep
ticisme précurseur de l'éclipsé de la, :
liberté, l'équilibre financier,' le souci-
de ne pas surcharger les contribua^
bles déjà lourdement |frappés, la
volonté de ne pas compromettre la
richesse publique et atteindre par
là les sources ae la .production na
tionale et le bien-être des travail
leurs s'imposent au plus haut point
aux préoccupations du Sénat »
- Des bravos prolongés ont souli
gné ces paroles de M. Loubet. Es
pérons que- la haute^ assemblée a
voulu indiquer par là qu'elle était
décidée à ne pas surcharger le
contribuable « et à ne pas compro
mettre la richesse publique ».
Le Sénat a tiré ensuite au sort les
départements qui éliront les suc
cesseurs de MM. Théry et Cordier,
les sénateurs inamovibles decédés.
Les département» désignés sont
ceûx dé l 'Isère et d'Indre -et-
Loire.
La haute assemblée a validé en
suite toutes les élections non con
testées, plus celle de M. Treille
(Constantine) au sujet de laquelle il
existait une protestation, puis elle
s'est ajournée à mardi.
J. Mantenay.
LETTRES ^ANGLETERRE
.Londres, 14 janvier.
La nomination des évêques.
anglicans.
Le principal événenient dans le monde
religieux a été sans contredît la nomina
tion du nouvel archevêque anglican de
Cantorbéry, dont la confirmation et l'in
tronisation, cérémonies qui ne sont d'or
dinaire que de simples formalités, ont
soulevé d'assez vifs incidents dont les
journaux du continent se sont aussitôt
fait l'écho en en exagérant beaucoup
l'importance. Il importe de ramener des
faits à leurs justes proportions.
■ La formé employée pour l'élection et la
confirmation des évêques dans l'Eglise
anglicane n'a que peu varié depuis le
moyen âge;Biènavantlasépàration d'avec
Rome, l'Eglise d'Angleterre s'était vue
dépouillée par le pouvoir civil de ses pri
vilèges en matière d'élection. La Grande
Charte avait bien déclaré dans s on article
premier, que « l'Eglise d'Angleterre ser
rait libre d'élire ses propres évêques sauf
Fhommage dû au roi pour la possession
defiefs|temporels»,—ces libertés n'étaient
que purement théoriques; Dès le dou
zième siècle, les souverains anglais s'é
taient arrogé le droit d'imposer leur vo
lonté au chapitre par l'envoi d'une lettre
missive où était désigné le candidat
préféré par la Couronne. Cette lettre,
d'ailleurs non officielle,fut bientôt précé-
dée.d'uii document administratif appelé
congé d'élire invitant le chapitre à pour
voir à la vacance du siège, mais ne nom
mant personnellement aucun candidat.
La lettre missive n'étant alors qu'offi
cieuse, aucune sanction pénale ne s'en
suivait en principe si le chapitre refu
sait de ratifier le choix fait par le roi.
Toutefois les souverains du moyen âge
en Angleterre comme en France se .mon
traient particulièrement jaloux de l'au
torité spirituelle et la nomination des
évêques donna lieu à de longues et âpres
querelles entre le pouvoir royal et la hié
rarchie. La Papauté dut intervenir plus
d'une foFs peur protéger les libertés de
l'Eglise.
A la' Réforme, privée du . puissant
appui que lui avait maintes fois prêté le
Siège romain, - l'Eglise anglicane se
trouva livrée sans merci au despotisme
de la eouronne. Henri VIII, incorporant
la lettre missive au congé d'élire et lui
donnant ainsi un caractère officiel, y in
troduisit une clause portant obligation
pour le chapitre d'élire la personne nom
mée parle roi et cela sous'les peines re
doutables d'un Prsemunire, sorte d'édit
pénal qui entraînait là prison, la con
fiscation des biens et la rançon au gré
du roi. Aujourd'hui encore, quand un
siège est déclaré vacant, on publie le
congé d'élire, le chapitre se réunit et
lecture est donnée de la lettre' missive
demandant sous les peines les plus sé
vères la nomination du sujet présenté
par la Couronne. • ;
; Voici pour l'élection. Quant à la confir
mation qui avant la Réforme était don?
née tantôt par le Pape, tantôt par le mé
tropolitain, elle ne fut plus donnée que
par le métropolitain, représenté le plus
souvent par la cour ecclésistique de Can
torbéry ■ appelée Cour des arches. S'il
s'agit de l'élection d'un archevêque, la
confirmation en est faite par une cour
spéciale composée des plus anciens évê
ques de la province dont le siège est à
pourvoir, réunis sous : la présidence du
métropolitain de l'autre province (1). En
général ces cérémonies ne sont que de
simples formalités. Nous allons voir
pourquoi il n'en a pas été de même dans
le cas de l'archevêque Temple.
Le nouvel archevêque anglican
• de Cantorbéry.
Le « très révérend et très honorable
Frederick Temple, lord-archevêque de
Cantorbéry, primat de toute l'Angleterre
et" métropolitain », est né en 1821. Elevé
tout d'abord à l'Ecole de grammaire dé
Toverton, il entra plus tard à Balliol Col-
lege, Oxford. C'était l'époque où le mou
vement tractarien passionnait l'opinion
dans les Univérsités ,et dans le pays. A
Oxford, l'enthousiasme semblait [général.
Tout ce qu'il y avait d'esprits ^religieux,
ayant au cœur le désir de voir l'Eglise éta
blie reprendre sa place dans la vie natio
nale, marchait à la suite de ■Pusey et de
Newman, cherchant à ranimer d'un
souffle catholiqne le vieux corps angli
can. Mais, tandis que cette évolution s'o
pérait au grand scandale de ^ Angleterre
orangiste et protestante, un autre parti
se formait, dont ,1'action, parfois incon
sidérée et imprudente à l'origine,.devait
bientôt; sous l'influence d'hommes pieux
et avisés, non [entraver, comme on avait
pu le craindre, le mouvement de rénova
tion religieuse et sociale parti d'Oxford,
mais au contraire le ^seconder puissam
ment, en lui apportant le concours de
(1) Il y a en Angleterre deux provinces
ecclésiastiques anglicanes : ; York et- Can
torbéry. La ^hiérarchie catholique ne [com
prend qu'un seul siège archiépiscopal, celui
Westminster.
T
ÉDITION QUOTIDIENNE
PARIS .
. ET .pÉPAIVTEMENTS
Un an 40 »
Six mois.......... 21 »
Trois mois il »
ETRANGER
{union postaux)
51 »
26 50
ï 14 » ■
S.
Edition quotidienne.— 10,592
Los abonnements partent des 1 er et 16 de chaque mois
UN NUMÉRO i ^ris •. 10 cent.
( Départements 15 —
BUREAUX : Paris, rue'Cassette, 17
On s'abonne à Rome, place du Gesù, S
E3T
Dimanche 17 Janvier 1897
ÉDITION SEMI-QUOTIDIENNE
! PARIS ÉTRANGER
ET DÉPARTEMENTS (UNIÔN POSTALE)
Un an. . 20 ;» 26 »
Six mois....... 10 » 13 »
Trois: mois:.. .»■ 5 » 6 50 *
Les abonnemënts partent des 1" et 18 de chaque mois
L'UNIVERS ne répond pas des manuscrits qui lui sont adressés
ANNONCES
MM. LAGRANGE, GERF et G'", 6, place de îa "Bourse
PARIS, 16 JANVIER 1897
SOMMAIRE
Choses d'Italie..... . L j abbé A. P iliet.
Çà et là :Où va se
nicher l'aristocra- -
tie .v.............. G. D 'A zambuja.
Au Sénat. J. M antenay.
Lettres d'Angleter
re........ ......... C oningsby. .
Bulletin du jour. — Nouvelles'de Rome,
-r Faux-fuyant. — Aggravation. — ■ Une
église à vendre. — Catholiques contre
Opportunistes, -rr Le congrès:de Lanni-
lis. — Informations politiques et parle
mentaires.'— L'adoration nocturne : à
Montmartre. — Les scandales. — A tra
vers la presse. — Un condamné à mort,
r— Chronique. — Lettres, sciences et
arts— Le monopole de l'alcool: —'L'ex
position de 1900. — Echos de partout..—
Dépêches de l'étranger.
Nécrologie. — Tribunaux. — Une affaire
d'espiomnage.. — Nouvelles-.diverses. j >
Dernière heure. — Calendrier. — Bourse
et bulletin financier. •
CHOSES D'ITALIE
Au delà des Alpes, l'année com-
menceau milieu des préoccupations
générales. Les esprits sont inquiets,
et troublés. On s ; e demande si une
grande crise ne va pas,se produire,
et, : chaque matin, on interroge les
journaux pour .savoir s'ils ne mani
festent pas . quelque nouveau symp
tôme, constatant cet état fiévreux
d'inquiétude et d'anxiété.
Pour nous, catholiques de France,
nouîs* avons; pliis "que les' autres
peut-être, le droit et le devoir de
suivre de près cette situation anor
male. : Elle nous intéresse tous. La
Paix peut être troublée d'un jour à
autre par les - convulsions de la
Péninsule, et d'ailleurs; nous* ne'
.pouvons jamais oublier, qu'au Va
tiçan, se trouve le Pape, placé au.
milieu de ses pires ennemis, comme
jadis Daniel dans la fosse ajix lions.
Mais pas ,plus que le prophète an
tique, Léon XIII ne se laisse inti
mider. Les derniers discours si
énergiques-qu'il vient de prononcer, ''
nous montrent avec quel courage
surhumain II fait face à l'ennemi
qui le serre de si près,.comme ses
paroles paraissent attester, que Lui
aussi, Il croit à l'approche d'une
crise sérieuse.
Au Quirinal, on n'est pas ras
suré ; plusieurs faitsrécents le prou
vent. La latte semble s'engager
entre le roi Humbert d'une part et
Crispi de l'autre. -N'y eutaLpas en
effet une. déclaration ae guerre dans
l'entrevue que les journaux ont ra
contée, il y a quelques semaines, et
à la suite de; laquelle le général
Ponzio, qui avait introduit Fex-mi
nistre,,auprès de . son, souverain, a
é.té destitué 4e ses fonctions d'aide
de .camp? A cette lutte sourde en
core, mais réelle* à laquelle, croyons-
nous, nous allons assister, le mo:,
narque a pour le-soutenir son pres
tige royal, bien ' amoindri ■ depuis
{quelque temps, l'armée démoralisée
>ar les effroyables désastres do
'Abyssinie, et le personnel adminis
tratif qui regarde toujours du côté
du soleil levant, on dit en Italie du
coté de ;ïa pagnotta. Dii côté de'
ÇHspi, le vieux lutteur, -il y a le Par
lement qui lui reste au fond .tou
jours dévoué; il v à surtout la
franc-maçonnerie, aont il a-présidé
les dernières manisfestations sacri
lèges contre le Vatican, çt. qui ne
veut, pas d'armistice dans là guerre
entreprise par elle contrer Dieu,
contre l'Eglise, contre le Pape et
contre la France. Qui sera le plus
fort ?
Un autre fait assez anormal mé
rite aussi d'attirer l'attention. A la
veille du premier jour de l'an, tous
les journaux annoncèrent qu'IIum-
bert était malade; L'émotion fut
grave ; car on s'attend à tout en
Italie.—On pense tout haut,écrivait
naguère un personnage distingué
de Turin, que ; lés censures de
.l'Eglise.,sLlongtemps méprisées par
la famille de Savoie, vont produire
leurs effets, et attirer sur cette dy
nastie coupable les malédictions
terribles que l'histoire a déjà ; enre
gistrées souvent;.. Mais non : ce ne
sera pas pour cette fois. Dès le len
demain, Humbert -était guéri et
pouvait vaquer à ses occupations
ordinaires'. Il est donc assez pro
bable . qu'il. n'y avait là qu'une de
ces. indispositions diplomatiques,
dont les souverains sont coUtu-
miers. En effet, à la veille du pre
mier jour de .l'an, débarquait à
Naples le premier convoi des, pri
sonniers de Ménélik. On comprend
l'embarras d'Humbert pour rece
voir les compliments ét les félicita
tions . de , sa cour. En outre,
Léon XIII venait de revendiquer
ses droits et de proclamer ses es
pérances avec plus d'énergie : et
plus. d'indépendance que jamais. Se
taire, c'était difficile. Répondre ^au
Pontife dont la charité venait d'in-
,tervenir si puissamment en faveur,
des 'Italiens détenus eh.Abyssinie,
c'était' plus difficile encore. Pour ?
: se tirer d'affairé, Humbert fut ma- ;
lade ce jour-là. Mais quelle diffé
rence entre les deux souverains, ;
celui du Quirinal et celui du Va- ;
; tican ! Quel contraste entre ,1e
royal geôlier, réduit à garder le
silence pour dissimuler son em-s
barras, et son auguste captif, dont
:1a fière parole trouve «m écho ;
sympathique jusqu'aux extrémités -
du monde -!
Aujourd'hui encore, on parle de
la dissolution du Parlement italien.
On ose et on n'ose pas; on hésite
pour procéder à cette opération qui,
en tout autre pays, eût été accom
plie depuis longtemps. Il faut en ef
fet ne pas oublier les circonstances
dans lesquelles ces députés furent
élus. ' • 1
Au mois de décembre 1894, on
était en plein, à Rome, dans la crise
•scandaleuse qu'on a nommée le Pa-
narnino. Un rapport fut déposé sur
le bureau de la Chambre établissant
que plusieurs personnages politi
ques, entre autres Crispi, alors présir
,aent du conseil, avaient reçu des
sommes considérables de la Ban
que romaine, pour des fins politi
ques, ou dans un intérêt personnel
ou domestique. Le ministre n'avait
plus qu'à s'asseoir sur la sellette des
accusés. Point du tout; il fit dissou
dre la Chambre, et au mois de juin
suivant en fit nommer une- autre
toute à sa dévotion, qui, passa l'é
ponge sur le passé, et qui; aùlieu de
condamner le prévaricateur, acclama
celui dont la pression despotique
l'avait fait élire. Aussi, àu mois de
mars dernier, quand éclata, comme
une bombe, la nouvelle de la dé
faite d'Amba-Alagi, quand, après
huit jours d'hésitations inconipré-
hensibles, Humbert se fut décidé à
nommer M. di Rudini àla place de
: Crispi, accablé par les malédictions
populaires; il semblait que, tout na
turellement, la dissolution du Par- ,
lement devait suivre la chute du.
gremier ministre. Point du tout,
ette Chambre siège; encore à
Monte-Citorio. Il est évident que le
roi et son ministre actuel n'osent
pas la renvoyer et faire un nouvel
appel aux électeurs. Quel est donc
ce mystère ? Pourquoi cette con
duite si étrange et si opposée aux
errements ordinaires des gouverne-i
ments représentatifs ? L'avenir nous
le dira sans doute ; mais attendons-
nous à en voir bien d'autres;
L'abbé A. Pillet.
: > :— -
BULLETIN DU JOUR
Le président de la, République a reçu
aujourd'hui à deux heures, en audience
solennelle au palais de l'Elysée, Mgr
Clari, nonce apostolique h Paris, qui lui
présente ses lettres de créance.
Au Sénat, M. Loubet a repris posses
sion dii fauteuil présidentiel. En ou
vrant la. séance, il a prononcé un dis
cours dans lequel il a insisté sur le rôle
de la haute Assemblée. . .
" M. Carnaud, député socialiste des
Bouçhes-du-Rhône, déposera probable
ment aujourd'hui, après le discours de
M. Brisson, sa,demande d'interpellation
sur la nomination de M. Doumer. Mais
il n'en demandera pas la discussion im
médiate.
Le .groupe socialiste de la Chambre
vient de rédiger: un projet ;de loi don
nant à l'Etat le monopole de la raffi
nerie, comme il a déjk celui de la fabri
cation des allumettes.
Demain commence dans toute la
France /la revision annuelle des listes
électorales. Aux catholiques de vérifier
s'ils sont inscrits. .
Lés électeurs de la î n circonscription
de Labri sont convoqués pour élire le
7 février prochain un député en rempla
cement de M. Cuissart, décédé.
On annonce que deux officiers au
raient échappé au massacre de la mis
sion anglaise au Bénin. - ,,
La peste , continue à faire, dans les
Indes, particulièrement à Bombay, de
terribles ravages.
Nous donnons, en Dernière Heure,
le compte rendu, de l'audience solen
nelle de. Mgr Clari. Nous publions
le discours de S. Exc.. le Nonce
apostolique et la réponse du prési
dent de là République. 7
NOUVELLES DE ROME ;
Nous recevons la dépêche sui
vante :
Rome, 16 janvier, 12 h. 10.
Gn considère comme imminente la dis
solution de la Chambre. ;
Rome, 14 janvier. : !
La T. R. M. Digby, supérieure générale
des Dames du Sacré-Cœur, arrivée ré
cemment à Rome, a été reçue,hier par le
Souverain, Pontife.
Aujourd'hui, Sa Sainteté a reçu l'évê-
que de Todi, S. G. Mgr Ridolfî.
Aujourd'hui' aussi l'audience pontifi
cale „a été acebrdée à une députation du.
comité promoteur des fêtes eucharisti
ques qui eurent lieu à Orvieto l'automne ;
iderpier.,La députation était présidée par ;
S. G. -Mgr Bucchi-Accica, évêque d'Or-
vieto, et par l'un des plus distingués pa
triciens de cette antique cité, Mgr Mis-;
ciatelli, .qui appartient à là famille pon
tificale, en qualité de camérier secret,
participant de Sa Sainteté.
Avec un très vif intérêt, le Saint-Père
a voulu être de nouveau et minutieuse
ment renseigné sur les fêtes splendides
qui marquèrent le dernier congrès eu
charistique et donnèrent une si heureuse
impulsion au mouvement catholique en
Italie. Sa Sainteté a été aussi très satis- ,
faite de recevoir comme souvenir du ;
congrès les trois exemplaires en or, en
argent et en bronze de la médaille com-
mémorative frappée à cette occasion et
qui lui ont été offerts par l'évêque d'Or-
vieto, au nom du comité propioteur. Le
Saint-Père a affectueusement béni tous
les membres du comité, en faisant des
vœux pour que les œuvres eucharisti-1
ques patronnées au congrès d'Orviëto pro
duisent des fruits dignes de la foi et de
l'amour qui les a inspirées.
Par billets de la secrétairerie d'Etat
en daté d'aujourd'hui, lé Saint-Père, a
nommé S. Bm. le cardinal Vincent Van-
nutelli, protecteur de la congrégation
française des Petites-Sœurs de l'ouvriér, '
autrement dites filles dù Cœur Immacu
lé de Marie ; et S. Em. le cardinal Mac-
chi protecteur de l'archiconfrérie aus
tro-hongroise du Saint Nom de Marie,
qui a son'siège à Rome dans l'église éri
gée sous ce vocable au Forum de Trajati,
; ainsi que protecteur de l'archiconfrérie
de la T. S. Trinité des pèlerins.
" LL; EEm. les cardinaux Vincent Van-
nutelli ét Agliardi viérinent d'assister cet
aprèsrmidi, àla têted'une assembliée d'é
lite, où la colonie 'française était large
ment représentée, à la brillante confé
rence que M. l'abbé Déhon a donnée,
comme jé vous l'avais annoncé, chez les
Pères Augustins de l'Assomption, sur
« la crise sociale et économique actuelle
en France et en Europe j >. S. Emi le car
dinal Parocchi, qui. avait bien voulu pro- .
mettre aussi d'assister à cette conférence,
en a .été empêché par une légère indispo
sition. ' '
• Quelques journaux annoncent que S.
Em. le cardinal Rampolla est indisposé. '
Renseignements pris, il s'agit d ! un
simple refroidissement, qui n'empêche' 1
d'ailleurs pas Son Eminence de vaquer à.
ses occupations. ' •
Çà et là
OU VA SE NICHER L'ARISTOCRATIE
La noblesse a conservé un privilège,
celui dé fournir des personnages à tous
les romans. • -
- Quand nous disons « tous les romans »
c'est peut-être exagéré. Mettons « les
quatre-vingt-dix-neuf centièmes » pour
faire une place à l'assommoir et à quel
ques productions- franchement triviales
auxquelles la presse rouge fait encore un
tout petit coin.
Les. plus grands amis de la noblesse,
après M. Octave Feuillet, sont peut-être
les auteurs de feuilletons pour journaux
populaires, radicaux, et même parfois
socialistes, i
C'est incroyable, la consommation de
ducs, de marquis, de comtes, de barons,
et de simples particules. que l'on fait
chez ces gens-là.
ha Lanterne, dans son seul numéro
d'hier, mettait en scène un baron, un
comte, un prince et un général..
. Excusez du peu.
Nos bons jacobins ne se mouchent pas
du coude. MM. Pelletan et Glovis Hugues
sont gens de bonne compagnie,'.et M.
Homais, leur abonné, ne veut pas s'enca
nailler dans ses lectures. < , , .
_ Dans le . premier numéro du Radical
qui nous tombe sous la main, le feuilleton
cominence par ces mots : « La com
tesse... » . . ■ . .. ,
Nous parcourons des yeux le numéro
précédent, et voilà qu'il est question du
« carrosse de là comtesse *. Carrosse
n'estril pas un peu archaïque, pour l'an
de grâce.1897? . •
: Certaines comté'sses ont des '« coupés»;
d'autres prennent des, fiacres. Beaucoup
vont à pied. Le roman du Radical, qui
est, bien entendu, une peinture de mœurs
contemporaines, nous semble pécher par
un je ne sais quoi de « Louis-Quator-
zien » qui devrait inquiéter, la. conscience
républicaine de ce journal.
, La Petite République se tiendrait,
mieux. Pas de blason dans les derniers
exemplaires. A peine, çà- et là, » un M.
de Labatière », et un « commandant "
L'aristocratie disparaîtrait du reste de
la terre qu'on la retrouverait, généreuse
ment hébergée,au « rez-da-chaussée » de
quelque journal révolutionnaire, occupé
d'ailleurs, dans ses articles de fond, à
étrangler le. dernier des, nobles avec les
boyaux du dernier des séminaristes.
Remarquons aussi que la grande préoc
cupation de nos écrivains «st de faire des
romans « vécus ».
Les jicènes qu'ils décrivent sont cen
sées observées « d'après nature », et l'on
veut que le lecteur, en les savourant; se
dise: « Tiens ! mais comme c'est bien
.ça ! » .
Or, les fabricants de romanB-feuille-
i fôns pour journaux jacobins ont-ils sou
vent l'occasion.de coudoyer les duchés-:
ses ? -.N
Pour nous, -r- avouons-le sans fausse
honte —^ nous n'en avons jamais rencon-,
tré. C'est une lacune dont nos composi- ■
tions littéraires se ressentiront fâcheuse- î
ment; mais qu'y faire? . ;
Gela nous rappelle une caricacuture du '
fameux Bertalli dans un antique numéro
de Y Illustration. [
Deux rapins dépenaillés causent d'un
air grave. L'un d'eux, parlant de son ta- ,
bleau, dit sans spurciller : • 1
— J'aurais besoin, pour la pose, d'une
duchesse.
-L'autre, sourcillant encore moins : "
— Je te trouverai ça. !
Les collaborateurs de la Lanterne, r
sans nul doute,ont hérité du Iong'bras de
ce rapin. Pas une porte de la rue de Va-
renne ou de ses succédanées qui ne s'ou
vre chaque soir à deux battants devant
leur queue de pie et leur gardénia.
Bien entendu, ces nobles personnages,
vécus et vivants, se démènent dans le
décor qui leur convient.
■ Il est pèu de romans-feuilletons, qui,
dès les premières lignes;ne nous condui-.
sent tout droit à un château.'
f Le château, lui aussi, est générale-*
ment tout ce qu'il y a de plus « vécu ».
C'est hasard s'il n'est pas agrémenté de
quelque * tourelle ». Et au dedans; quel
: luxe ! quels meubles ! quels rideaux !
quel déballage de tapissier ! comme
tout cela a dû coûter cher! Et, dans
les salons, dans les boudoirs, quelles
conversations ! quelles attitudes, moulées
pour la postérité «n petits alinéas déci-
sifs ! '
« Le comte fit un bond.
« La marquise «ut une moue dédai
gneuse. ■
« Le vicomte sourit finement. <
a — Vraiment ! s'èxclama la ; ba
ronne. " ' .
« Un domestique en livrée entra,
portant une lettre sur un plateau d'ar
gent... '■ ' ■'
« Le prince et la ducliessè, échan
gèrent un regard. • Ce ne fut qu'un
éclair... »
« La comtesse avait prononcé plusieurs
fois le nom de Daniel. Quel rôle ce Da
niel jouait-il donc dans, sa vie ?
Ne croyez pas que cela « ne prenne
plus ». Cela « prend » toujours. Et Mme
Pipelet, qui de sa vie n'est entrée dans
un ; château, dit à son homme : « x Comme
la scène est bien saisie, tout de même ! »
Ce n'est pas la scène qui est bien sai
sie. C'est le côté industriel de l'entre
prise. Permis à un feuilletoniste de ne
pas étudier le cœur de ses héros, s'il con
naît sur le bout du doigt celui de ses lec
teurs. L'admiration des supériorités so
ciales, même quand on aftecte de les mé
priser ou de les proscrire,-est une des
inclinations les plus indéracinables du
cœur humain, a Pourquoi avez-vous en
levé votre fils de telle école? deman
dait un de nos amis à un maçon. —Peuh!
répondit celui-ciavee un dédain ineffable,
il n'y avait que des fils de jardiniers ! »
Parlez de maçons et de jardiniers dans
vos romans v ie bon peuple.ne voudra pas
vous lire. Parlez-lui de ducâ : il vous
lira; faites mourir des duchesses : il pleu
rera comme un veau. Si Agâmemnon
s'était appelé M. Durand et Clytemnestre
Mme Durand, la gloire d'Eschyle n'au
rait jamais dépassé celle d'un reporter de
cour d'assises. Et voilà pourquoi le « car
rosse de la comtesse », d'ici à bien long
temps, continua à jouer un rôle essentiel
dans.les feuilletons du Radical.
• G. d 'A zambuja.
AGGRAVATION
La Gazette continué de « rendre
grâce au Pape» de n'avoir pas de
nouveau, en parlant au P. Emma
nuel Bailly, appliqué le mot réfrac-
taire aux politiciens catholiques qui
refusent de suivre les directions
du Saint-Siège.
Il est certain que Sa Sainteté n'a
pas répondu : Oui ce sont des ré-
fractaires ; mais elle a dit ces « mes
sieurs »... rebelles.
A notre avis, qui est celui de la
langue française, s'il y a une diffé
rence entre rèfractaire et rebelle,
c'est que rebelle est plus dur que
rèfractaire.
Si la rebelle Gazette en doute,
qu'elle consulte le dictionnaire de
l'Académie.
FAUX-FUYANT
/ Après s'être bien fait tirer l'or
refile, la Gazette ne feint plus de
n'avoir pas aperçu nos questions
renouvelées sur ce qu'elle pense de
la phrase de M. le duc d'Orléans,
relative aux « Eglises ». Mais elle
se garde bien d'y répondre. Voici
comment elle essaie d'esquiver la
difficulté;
■. L' Univers insiste pour que nous nous
engagions dans de longues considérations
sur tous les termes de la lettre du Duc
d'Orléans.
Nous avons dit ce que nous avions à
dire et nous nous demandons en quoi
l'Univers est intéressé à en savoir da
vantage.
Quoi qu'écrive ou que dise le succes
seur légitime du Comte de Paris et du
Comte de ÇhamJ)ord, l'Univers restera le
servant confiant des Francs-Maçons, du
Pouvoir, le Fidèle de la République.-
L'Univers a eu à se prononcer, jadis, T
entre le Carbonaro Louis-Napoléon Bo- ;
napàrte et le Comte de Chambord, des- '
cendant de Saint Louis. Il n'a pas hé- 1
sité : il est passé au service du soldat de
Forli contre l'héritier de nos Rois.
Donc, la question est jugée.
Quoi que nous puissions lui expliquer, :
il tombera du "côté où il penche : côté des.
Francs-Maçons.
C'est ce qu'on appelle « filer ». ;
- —-—-—"■.. ;
VUE ÉGLISE h VENDRE
Il parait que le Concordat est
supprimé. Le conseil municipal de
Saint-Hilaire-de-Gondilly (Cher) a
décidé de mettre en vente l'église
de la commune ! La délibération
décide que la paroisse sera rattachée
à celle de Menetou-Couture. Une
enquête est ouverte, comme pour
les expropriations ou les adju :
dications ordinaires !
Ces simples radicaux de pro
vince sont parfois aussi; avancés
que les anarchistes de Paris. Il y a
une leçon à leur donner. C'est le
cas pour les hommes qui représen-
tènt encore l'autorité sociale de
rappeler, par une mesure énergi
que, les sinistres farceurs de Saint-
Hilaire et d'autres endroits à I9,
notion de là loi, du sens commun et
de la pudeur.
» ... ......—■.
CATHOLIQUES COME 0PP01WISTES
Les choses tournent curieuse
ment, ditVEtoile delaMer, ét, ajouter
t-elle, providentiellement. Oncroyaiik
tout changé dans, la présente lutte
électorale. En réalité la bataille est
la même : les catholiques se trou
vent en face des opportunistes.
« M.de Blois,nous regrettons de le
constater, mais nous y insisterons
de nouvéau, avait fait aux opportu
nistes des avances non dissimulées,
à la réunion royaliste de Lannilis et
dans sa profession de foi» Lès ren
seignements que nous recevons de
partout nous indiquent qu'elles ont
été bien accueillies. Le ton de la
Dépêche nous le confirme.
« Quelque pénible que cela nous
soit, nous avohs l'obligation de lé
dire : c'est contre les opportunistes
que la lutte est réellement enga
gée. »
— : —— ♦ . .. .
AU SÉNAT
Le discours de M. Loubet.
Hier, au début de la séance, M.
Loubet a adressé à ses collègues un
discours de remerciements.
Après leur avoir exprimé sa gra
titude, il a souhaité la bienvenue
aux élus du 3 janvier :
« Nos nouveaux collègues, a-t-il
dit, sont assurés de trouver dans lé
Sénat l'accueil le plus sympathique.
Ils pourront constater que, dans no
tre assemblée, les opinions les plus
contradictoires et les plus opposées
peuvent être exposées, soutenues
et combattues, sans que la plus par
faite courtoisie cesse de régner par
mi nous. »
Ceci n'est point une banalité
comme on pourrait le .croire. Il est
certain que les discussions du Sénat
ne ressemblent nullement à celles
delà Chambre et que, au Luxem
bourg, les orateurs de l'opposition
peuvent se faire entendre.
Sans doute; trop souvent, le
diable n'y perd rien. Il est bien rare
que l'honorable M. Buffet, par
exemple, ait pu empêcher un vote
fâcheux; mais les gauches sénato
riales ont, au moins, le mérite de
l'écouter avec déférence. Au Palais-
Bourbon, la majorité n'aurait au
cun respect pour Téminent séna
teur qui a vécu toute sa vie dans la
maison de Verre de Socrate.
Après avoir rappelé à ses col
lègues qu'ils allaient être appelés
prochainement à discuter la loi de
finances, M. Loubet a ajouté :
« Il ne faut point oublier que si
les questions purement politiques
importent à un haut, degré et s'il
faut à tout prix combattre le scep
ticisme précurseur de l'éclipsé de la, :
liberté, l'équilibre financier,' le souci-
de ne pas surcharger les contribua^
bles déjà lourdement |frappés, la
volonté de ne pas compromettre la
richesse publique et atteindre par
là les sources ae la .production na
tionale et le bien-être des travail
leurs s'imposent au plus haut point
aux préoccupations du Sénat »
- Des bravos prolongés ont souli
gné ces paroles de M. Loubet. Es
pérons que- la haute^ assemblée a
voulu indiquer par là qu'elle était
décidée à ne pas surcharger le
contribuable « et à ne pas compro
mettre la richesse publique ».
Le Sénat a tiré ensuite au sort les
départements qui éliront les suc
cesseurs de MM. Théry et Cordier,
les sénateurs inamovibles decédés.
Les département» désignés sont
ceûx dé l 'Isère et d'Indre -et-
Loire.
La haute assemblée a validé en
suite toutes les élections non con
testées, plus celle de M. Treille
(Constantine) au sujet de laquelle il
existait une protestation, puis elle
s'est ajournée à mardi.
J. Mantenay.
LETTRES ^ANGLETERRE
.Londres, 14 janvier.
La nomination des évêques.
anglicans.
Le principal événenient dans le monde
religieux a été sans contredît la nomina
tion du nouvel archevêque anglican de
Cantorbéry, dont la confirmation et l'in
tronisation, cérémonies qui ne sont d'or
dinaire que de simples formalités, ont
soulevé d'assez vifs incidents dont les
journaux du continent se sont aussitôt
fait l'écho en en exagérant beaucoup
l'importance. Il importe de ramener des
faits à leurs justes proportions.
■ La formé employée pour l'élection et la
confirmation des évêques dans l'Eglise
anglicane n'a que peu varié depuis le
moyen âge;Biènavantlasépàration d'avec
Rome, l'Eglise d'Angleterre s'était vue
dépouillée par le pouvoir civil de ses pri
vilèges en matière d'élection. La Grande
Charte avait bien déclaré dans s on article
premier, que « l'Eglise d'Angleterre ser
rait libre d'élire ses propres évêques sauf
Fhommage dû au roi pour la possession
defiefs|temporels»,—ces libertés n'étaient
que purement théoriques; Dès le dou
zième siècle, les souverains anglais s'é
taient arrogé le droit d'imposer leur vo
lonté au chapitre par l'envoi d'une lettre
missive où était désigné le candidat
préféré par la Couronne. Cette lettre,
d'ailleurs non officielle,fut bientôt précé-
dée.d'uii document administratif appelé
congé d'élire invitant le chapitre à pour
voir à la vacance du siège, mais ne nom
mant personnellement aucun candidat.
La lettre missive n'étant alors qu'offi
cieuse, aucune sanction pénale ne s'en
suivait en principe si le chapitre refu
sait de ratifier le choix fait par le roi.
Toutefois les souverains du moyen âge
en Angleterre comme en France se .mon
traient particulièrement jaloux de l'au
torité spirituelle et la nomination des
évêques donna lieu à de longues et âpres
querelles entre le pouvoir royal et la hié
rarchie. La Papauté dut intervenir plus
d'une foFs peur protéger les libertés de
l'Eglise.
A la' Réforme, privée du . puissant
appui que lui avait maintes fois prêté le
Siège romain, - l'Eglise anglicane se
trouva livrée sans merci au despotisme
de la eouronne. Henri VIII, incorporant
la lettre missive au congé d'élire et lui
donnant ainsi un caractère officiel, y in
troduisit une clause portant obligation
pour le chapitre d'élire la personne nom
mée parle roi et cela sous'les peines re
doutables d'un Prsemunire, sorte d'édit
pénal qui entraînait là prison, la con
fiscation des biens et la rançon au gré
du roi. Aujourd'hui encore, quand un
siège est déclaré vacant, on publie le
congé d'élire, le chapitre se réunit et
lecture est donnée de la lettre' missive
demandant sous les peines les plus sé
vères la nomination du sujet présenté
par la Couronne. • ;
; Voici pour l'élection. Quant à la confir
mation qui avant la Réforme était don?
née tantôt par le Pape, tantôt par le mé
tropolitain, elle ne fut plus donnée que
par le métropolitain, représenté le plus
souvent par la cour ecclésistique de Can
torbéry ■ appelée Cour des arches. S'il
s'agit de l'élection d'un archevêque, la
confirmation en est faite par une cour
spéciale composée des plus anciens évê
ques de la province dont le siège est à
pourvoir, réunis sous : la présidence du
métropolitain de l'autre province (1). En
général ces cérémonies ne sont que de
simples formalités. Nous allons voir
pourquoi il n'en a pas été de même dans
le cas de l'archevêque Temple.
Le nouvel archevêque anglican
• de Cantorbéry.
Le « très révérend et très honorable
Frederick Temple, lord-archevêque de
Cantorbéry, primat de toute l'Angleterre
et" métropolitain », est né en 1821. Elevé
tout d'abord à l'Ecole de grammaire dé
Toverton, il entra plus tard à Balliol Col-
lege, Oxford. C'était l'époque où le mou
vement tractarien passionnait l'opinion
dans les Univérsités ,et dans le pays. A
Oxford, l'enthousiasme semblait [général.
Tout ce qu'il y avait d'esprits ^religieux,
ayant au cœur le désir de voir l'Eglise éta
blie reprendre sa place dans la vie natio
nale, marchait à la suite de ■Pusey et de
Newman, cherchant à ranimer d'un
souffle catholiqne le vieux corps angli
can. Mais, tandis que cette évolution s'o
pérait au grand scandale de ^ Angleterre
orangiste et protestante, un autre parti
se formait, dont ,1'action, parfois incon
sidérée et imprudente à l'origine,.devait
bientôt; sous l'influence d'hommes pieux
et avisés, non [entraver, comme on avait
pu le craindre, le mouvement de rénova
tion religieuse et sociale parti d'Oxford,
mais au contraire le ^seconder puissam
ment, en lui apportant le concours de
(1) Il y a en Angleterre deux provinces
ecclésiastiques anglicanes : ; York et- Can
torbéry. La ^hiérarchie catholique ne [com
prend qu'un seul siège archiépiscopal, celui
Westminster.
Le taux de reconnaissance estimé pour ce document est de 97.5%.
En savoir plus sur l'OCR
En savoir plus sur l'OCR
Le texte affiché peut comporter un certain nombre d'erreurs. En effet, le mode texte de ce document a été généré de façon automatique par un programme de reconnaissance optique de caractères (OCR). Le taux de reconnaissance estimé pour ce document est de 97.5%.
- Collections numériques similaires Héricourt Achmet d' Héricourt Achmet d' /services/engine/search/sru?operation=searchRetrieve&version=1.2&maximumRecords=50&collapsing=true&exactSearch=true&query=(dc.creator adj "Héricourt Achmet d'" or dc.contributor adj "Héricourt Achmet d'")Ambassade en Espagne et en Portugal, (en 1582), de R. P. en Dieu, Dom Jean Sarrazin, abbé de St-Vaast,... / par Philippe de Caverel, religieux de St-Vaast ; [avec notices par A. d'Héricourt et l'abbé Parenty] /ark:/12148/bpt6k3209625r.highres Étude biographique sur Charles XIV, roi de Suède (Bernadotte) / [signé : Achmet d'Héricourt] /ark:/12148/bpt6k318763d.highres
- Auteurs similaires Héricourt Achmet d' Héricourt Achmet d' /services/engine/search/sru?operation=searchRetrieve&version=1.2&maximumRecords=50&collapsing=true&exactSearch=true&query=(dc.creator adj "Héricourt Achmet d'" or dc.contributor adj "Héricourt Achmet d'")Ambassade en Espagne et en Portugal, (en 1582), de R. P. en Dieu, Dom Jean Sarrazin, abbé de St-Vaast,... / par Philippe de Caverel, religieux de St-Vaast ; [avec notices par A. d'Héricourt et l'abbé Parenty] /ark:/12148/bpt6k3209625r.highres Étude biographique sur Charles XIV, roi de Suède (Bernadotte) / [signé : Achmet d'Héricourt] /ark:/12148/bpt6k318763d.highres
-
-
Page
chiffre de pagination vue 1/4
- Recherche dans le document Recherche dans le document https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/search/ark:/12148/bpt6k709373c/f1.image ×
Recherche dans le document
- Partage et envoi par courriel Partage et envoi par courriel https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/share/ark:/12148/bpt6k709373c/f1.image
- Téléchargement / impression Téléchargement / impression https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/download/ark:/12148/bpt6k709373c/f1.image
- Mise en scène Mise en scène ×
Mise en scène
Créer facilement :
- Marque-page Marque-page https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/bookmark/ark:/12148/bpt6k709373c/f1.image ×
Gérer son espace personnel
Ajouter ce document
Ajouter/Voir ses marque-pages
Mes sélections ()Titre - Acheter une reproduction Acheter une reproduction https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/pa-ecommerce/ark:/12148/bpt6k709373c
- Acheter le livre complet Acheter le livre complet https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/indisponible/achat/ark:/12148/bpt6k709373c
- Signalement d'anomalie Signalement d'anomalie https://sindbadbnf.libanswers.com/widget_standalone.php?la_widget_id=7142
- Aide Aide https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/aide/ark:/12148/bpt6k709373c/f1.image × Aide
Facebook
Twitter
Pinterest