Titre : L'Univers
Éditeur : L'Univers (Paris)
Date d'édition : 1897-01-09
Contributeur : Veuillot, Louis (1813-1883). Rédacteur
Contributeur : Veuillot, Pierre (1859-1907). Rédacteur
Contributeur : Veuillot, François (1870-1952). Rédacteur
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Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 09 janvier 1897 09 janvier 1897
Description : 1897/01/09 (Numéro 10584). 1897/01/09 (Numéro 10584).
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
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Source : Bibliothèque nationale de France
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 06/02/2011
ÉDITIO N QUOTID IENNE
PÀRïg ÉTRANGER
et départements (union postale)
Un an 4,0 » 51 »
Six mois...... 21 » 26 50
Trois mois..... . 11 » 14 »
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10 cent. ;
15";%^ v;-
m. numéro j
BUREAUX : Paris, rue Cassette, 17
On s'abonne à Rome, place du Gesù, 8
ÉDITION SEMI-QUOTIDIENNE
' PARIS ÉTRANGER
'■ ■■' et départements (union postale)
Ùn an 20 ,» v , .26 . »
Six mois...... MX. » 13 »
■ , Trois mois:...,, .5 » . :6.50
Les abonnemënts partent des 1 er et 16 de chaque mois
L'UNIVERS ne répond pas des manuscrits qui M sont adressés
ANNONCES
MM. LAGRANGE, CERF et C», 6, place de la Bo*sé
PARIS, 8 JANVIER 18S7
SOMMAIRE
Les églises des Bal
kans.... ... E ugène T avernier.
Le Reichsrath autri
chien.. . .. . . s.. ... L. ilubarneftaray.
Çà et là : Un roman?-
cier grec. . ........ O scar H avard.
Correspondance ro
maine ***.,
Soènes de lavie chi- •
noise : Providence. U n ancien mission- 1
' naire.
Bulletin du jour. — Mgr Trégaro. — La
taxe d'abonnement: — Suppression de
traitement. — s Informations politiques et
parlementaires. -^ Madagascar.— A tra-:
vers la presse. — Chronique.— Lettres,
sciences et arts. —Le recensement. —
— La peste. — La question ouvrière. —
Hôpital des Sept-Douleurs. —, A Notre-
Dame des Victoires..-^ Le cardinal San'
Felice.— Dépêches de l'étranger, — Echos
de partout; — Nécrologie. — Guerre et
marine. — Tribunaux.— Nouvelles diver
ses. — Dernière heure. —■ Calendrier.:
— Bourse et bulletin financier.
LES ÉGLISES DES BALKANS
Des incidents bruyants se pro
duisent* dans le gouvernement de
Kossovo,à propos de la nomination
du nouveau, métropolite d'Uskub. :
Notre correspondant de Belgrade a
raconté les curieuses et pitoyables
péripéties de cette affaire. Les inté
ressants détails qu'il nous donnait
faisaient prévoir des complications.
(Celles-ci peuvent s'apaiser très
vite. Jolies peuvent de meme se pro-*
longer et augmenter le désordre
politico -religieux, lequel a pris une;
extension '/raiment remarquable.
Bien peu d'hommes?sont en état de
prévoir ce qui va fie passer en,
Orient ; mais personne ne corisidère
avec indifférence la fermentation
qui remue le vieil amalgame de peu
ples, rivaux. Quand se produira la
secousse décisive ? Demain ou dans'
dix ans?
Depuis que Mahomet II entra dans
Constantinople saccagée et, remit
lui-même au moine Gennadius la
crosse et le bâton pastoral, la hié
rarchie byzantine a subi toutes les
humiliations. Dieu sait pourquoi
les historiens d'Europe ont décidé
que le moyen âge finissait le 29 mai
1453 ; mais, pour le monde oriental,
cette date a bien inauguré une lon-
fue période de servitude nouvelle.,
oug les empereurs chrétiens, l'E-,
glise avâii connu, presque g ans in
tervalles, d'affreux abaissements ;
sous la main du Tur<3, elle est, pour
des siècles/ enchaînée, mïïptte, pa
ralysée. •
Puis,à mesure que de petits Etats
chrétiens " se reforment dans la pé
ninsule, apparaissent des église»
qui .se confondent avec les nationa
lités. Nous avons aujourd'hui l'é
glise serbe, l'église bulgare, l'église
roumaine,; l'église grecque, égli
ses autocéphales qui s'excommu
nient réciproquement "ou qui s'en
tendent à deux ou à trois (tout en
demeurant, hostiles) pour excorn-
munier la quatrième.
Au-dessus plane le patriarcat
de Constantinople, protégé du sul
tan ët* àppëlé/avec une ostentation
et une .dérision égales,, patriarcat ,
œcuménique. On l'invoque, on le
bafoue,- on lui fait dicter des. ordres.-
par le Turc.
Dans le beau livre que je rappe
lais l'autre jour (La. Russie et l'Eglise.
universelle), M. .Vladimir ; Solovievi
a fait un tableau saisissant des con-s
tradictions scandaleuses produites,
par l'absolutisme et l'anarchie,
combinés. . •
En 1872, les patriarches grecs et,
le synode d'Athènes excommunient.
« tout le peuple; bulgare pour desi
motifs^ de., politique nationale »...
L'Eglise russe, favorable aux Bul -i
gares, aurait voulu exercer, une in
fluence pacificatrice; mais, comme,
elle tenait à rester en communion;
avec l'Eglise grecque, elle s'abstint,
de se prononcer et, bien que tou
jours unie aux grecs, elle demeura,
en rapports, avec les.bulgares..ex
communiés par ceux-ci.
Quand -le, gouvernement serbe
établit la simonie obligatoire et dé
posa toute une collection, d'év.êques,.
l'Eglise, russe protesta formelle-:
ment. Mais le patriarche.de .Co.ns-.
tantinople donna son approbation"
pour des avantages financiers, sans
rompre, bien entendu, avec la Rus-,
*ie. Cette fois, dit M. Soloviev,;cefut
la «grande Eglise (le patriarchat.
de Constantinople) qui se trouva,
être en communion avec, deux égli
ses qui ne l'étaient pas entre elles
Un autre livre, du à M. l'abbé. Pi-j
sani et qui vient de paraître, con-i
tient, entre autres, un chapitre fort,
intéressant sur: le . patriarcat .de
, Constantinople, sûr ce quartier du.
Phanaroù se sont groupés les grecs
et où, pendant.longtemps, se recru-,
tèrent les trop célèbres. hospodurs
et la foule des fonctionnaires chré
tiens serviteurs de l'Islam. « C'est
une race odieuse que celle des Pha-
nariotes ;à plftt ventre .devant; les
Turcs, mais.les tenant par l'argent
qu'ils leur donnaient, et,les services,
qu'ils avaient su rendre indispensa
bles,, ils.étaient'.pleins de morgue,
avec leurs compatriotes qu'ils traK
taient plus durement que les Turcs,
eux-memes ne l'avaient jamais fait. ».
Qupls marchandages* quelles com
plicités se pom^suivirent entre ces
deux races jadis ennemies, liées
dans "un destin 'misérable qui ' les
pgndatt vioiinjes l'iine de l'autre ! On,
n'en rend compte ,eri lisant les pages'
qu'a écrites M, l'abbé Pisani,.
L'ouvrage du savant professeur
embrasse d'ailleurs un plan beau
coup plus étendu que celui des égli
ses des Balkans. Il est -intitulé : A
travers VOrient (i).j et il donne, avec;
beaucoup de détails, une Bee' d'en?
semblé de la vaste région où se pré
parent des événements très graves.
Les nestoriens, les iwonqptiysites
de Sypie ? d'Egypte et d'Arménie,
l'histoire du schisme grec, les sla
ves du sud, le concile de Florence,
les Russes, les Roumains et les
ijellèrjies, }g t s-.chrétientés orientales
d'Asie, jfcels softt îgs principaux su
jets étudiés p5tr M.'Palme éigam. Il
barîo aussi. de J'Abyssmip ou nos
intérêts religieux ...et . patriotiques
ont pris soudain une . grande im
portance. Le monde oriental s'est
remis à palpiter { et on en est déjà à
chercher quelle nouvelle form? de
vie prendront ces masses immenses
que l'on croyait mortes.
Eugène T avehnieîi.
(1) A travers l'Orient, par M. l'abbé Pi
sani, professeur à l'Institut catholique dé
Paris., — Paris, Bloud et Barrai. ,
BULLETIN DU JOUR
• Les sièges devenus vacants au Palais-
Bourbon> par suite du passage de leurs
titulaires au- Luxembourg, sont l'objet
de nombreuses compétitions. Qn an-:
■nonce que M. Abram se présenterait à
tAix, M. G.Chasteriet K Liboùrne, MM.
Benazet et G. de Beaùregard dans l'ar
rondissement du Blanc.
On trouvera aux Informations des.
détails sur le rendement des impôts en
1896 : 'ceux-ci présentent une plus-value
d'environ k millions sur les évaluations
budgétaires. - :
= Le courrier de Madagascar est arrivé
hier h Marseille \il confirme la nouvelle-
de la pacification de l'Emyrne. -
Mgr Trégaro vient de mourir .• nous,
donnons plus loin des détails biogra
phiques sur Mgr l'évêque de Séez.
Le conseil de préfecture de la Haute-
Garonne.sur les conclusions de M.Marty,
secrétaire général, commissaire du gou-i
vernement, vient d'annuler l'élection de
vingt-cinq conseillers munieipaûx de
Toulouse sur les trente-six dont.secom-
pose l'assemblée communale.
Au premier tour vingt-six avaient été'
proclamés élus et un ballottage eut lieu
pour les dix autres. • >
Le conseil ne reconnaît comme va
lable que l'élection de M. Ournac. Or,.
celle-ci suffit pour légitimer le deuxième:
tour. Par conséquent^ les dix socialistes ,
qui se présentaient sans, concurrents, se
trouvent régulièrement élus. ..
Les dépêches de Cuba et des Philip-.
pines annoncent que la pacification dans-
les deux colonies espagnoles fait de ra
pides progrès.
-Sir Michaël Hicks-Beach, chancelier:
de l'Echiquier, a prononcé hier un im
portant discours dans lequel ila annoncé
la demande prochaine de crédits pour
l'armement des stations-navales.
Au Sénat des Etats-Unis, M. Mils a:
présenté hier une résolution reconnais-,
sant l'indépendance^ de Cuba et ouvrant■
un crédit ae 10,000 dollars comme .ap
pointements du ministre, américain à
nommer & Cuba, M- Mih a -déclaré que
la question de la reconnaissance de
'l'indépendance relève du congrès et non
'pas au président Cleveland.' *
' La discussion a été ajournée à' lundi.
—• • ' + •
M GR TRÉGÂRO
L'évêque de Séez est mort. Il y a
deux mois, on avait annoncé qu'il
était pelade, en termes si alarmants
qii'bn put le croire alors' la dërv
nière extrémité. Depuis, il avait
paru se rétablir et ses nombreux
amis reprenaient espoir. Il vient
de succomber, subitement, à une!
prise cardiaque.
' u'éïait uné figure originale et vi-
goureusëme.nt tranchée que celle de
Fardent prélat qui, après une car
rière brillante et noblement remplie
d v àumoriiér 4e jparin^, ^epupa pen
dant quinze années,' -'QldijjinpVBiV
poste ae oombai, lé gîègg episcopai
de Séez.
Né en terre bretonne, à Peillac,
le 19 juin 1824, il fut ordonné prê-
Vannesi
, Aumônier de la flotte, il était au
mônier de première classe, en 1856,
aumônier supérieur en 1864, ' aumô-
j^rix de ses vaillants services. iLe
çourageux aumônier avait pris jpart
a la gùeriîe de p^irfi'é^ ^ la cam ;
pagne de Chine ; il avait' étéi par
deux fois, cité à l'ordre du jour de
J'àrmée. Chevalier de la Légion
d'honneur en 1855, il avait reçu la
rosette en 1860. '.
C'est én 1873, n'ayant* pas encore
cinquante. ans, que l'abbé Trégaro"
termina cette première partie de sa*
carrière et prit sa retraite.
.11 vint se reposer dans son pays
natal et reçut aussitôt de l'éveque
de Vannes le titre de vicaire gé
néral. ,
1881
Séez
.future succession. Sacre en cette
qualité, avec le titre d'évêque inpar-
tibus de Dolicha, le 25 janvier 1882,
Mgr Trégaro devint six jours après,
'par la mort de Mgr Rousselet, évê-
quede Séez.
Depuis lors, l'histoire de Mgr
Trégaro est bien connue ; et la
presse, catholiqne a reproduit,
i maintes fois, les lettres et les man
dements qu'il lança contre les me-,
sures de persécution prises par le :
gouvernement.
Celui-ci le traduisit en Conseil
d'Etat, en 1886 ; "et Mgr Trégaro
eut l'honneur d'être frappé , d'une
déclaration d'abus. .
: ; Depuis, l'évêque de Séez avait
continué, à écrir.e en toute occasion,
infatigablement; tous les actes com
mis, c«itre la justice, et le droit, en
icgs dernières ^années, furent l'objet
de ses protestations, conçues en
termes virulents et vigoureux.
Aussi,Mgr Trégaro avait-il conquis,
auprès: des catholiques, une popu
larité saine et méritée. .. ■ .,, ■ ;
.
LA TAXE D'ABONNEMENT
; On mande de Manosque (Basses- !
Alpes) que les Dames de la Présen-,
tation ont été condamnées, par le
tribunal civil de Forcalquier,, à
payer au fisc la somme de 9,000
francs. Elles continuent d'observer -
l'attitude passive. . _
— « : — (
SUPPRESSION DE TRAITEMENT ;
Le Ptiblicateur de la Vendée an
nonce que M. le curé ; de la Mothe-
Achard, paroisse de ce départe- :
ment, vient de voir supprimer son
indemnité concordataire, pour avoir
renîpl} sfin devoir sacerdotal et agi »
dans là plénitude de ses droits. ■
Aux yeux des sppli3,t.eufs r c'est ■
]à, comme Qn sait, Un crime. -
LE 1IEII]IISPlII[I_Â[IRIC1IIEÏ
La Chambre des députpg siutris
Ghiens voit approcher sa dernière
heure. Elle tient sa dernière ses
sion.
En attendant sa dissolution pro
chaine, elle parait avoir ter^u à faipe
parler 4'elle 1 , en infligeant ùne àé=
faite au gouvernement. Il s'agit du
fameux gymnase slovène de Cilli,
jadis.iObjet de longues et retentis
santes , discussions. ; La même
Chambre qui avait, en dépit des
lipèrâux $.' d'ù, parti allemand,
donné son approbation àJa oré^
ti0n + d '"L-i ymri?6e °" 1 oûse'igne-
mçnj -uovâic se fairè ' en langue
slovène, yjpnt Pettp fûjs de refuser
crédits prévus par le budget et
réclames par' le ministère Badeni.
- Le fait met en émoi tout le monde
politique en Autriphe, Les libéraux
exultât et so'nt tentés de'se laisser
aller à de douces illusions, à de chi-»
mériques espérances, Ils n'en sont
pas moin? Usés pt finis. Le vote
concernant le- gymnase de Cilli est
et restera un succès purement ap
parent pour les libéraux ^. obtenu
par surprise, il ne gênera guère le
gouvernement et n'aura aucune-
portée réelle. "
Les libéraux sont forcés d'en con
venir eux-mêmes. Si la Chambre;
avait été au complet, si ùn grand
nombre de députés antilibéraux
n'avaient prolongé plus que de rai
son leurs vacances de Noël et de fin
d'année, la majorité de l'autre jour
eût été minorité.
* Aussitôt que le budget sera bou--
clé,la Chambre aura vécu et l'on'
procédera à de nouvelles élections
sur la base de la loi électorale si
longuement et si péniblement éla
borée par plusieurs ministères et
enfin menée à bien par le comte Ba
deni.
? On sait que le nouveau système
électoral comprend non plus quatre,
mais cinq « curies ».
, Aux 85 représentants de la grande
propriété, aux 118 députés des vil
les, aux 21 des chambres de com-
Imerce et aux 139 des communes ru- :
irales s'adjoignent 72 députés à
choisir au moyen du suffrage uni
versel parmi les trois millions et
demi d'électeurs qui jusqu'ici n'é- ■
taient point appelés au scrutin.
A coup sûr, même dans les an-:
ciennes curies le résultat sera très
différent de ce qu'il a été en ces ;
derniers temps. Beaucoup de libé
raux et de juifs se verront évincer ?
au profit des antisémites■ et des-
chrétiens-sociaux.
■ A en juger par ce qui est récem
ment arrivé pour la diète de la
Basse-Autriche, cette, province en
verra au Reichsrath une forte majo
rité d'antilibéraux, Et bien d'autres 1
provinces suivront plus ou moins :
l'exemple de la Basse-Autriche.
Quant à la cinquième curie, per
sonne ne croira sérieusement qu'il
y entre des libéraux. La luttç» au'
tour des sonçante-doupe sièges se
: poursuivra exclusivement entre an
tisémites ou ohrétiens-soelaux etso-
scialistes.
Les socialistes se remuent beau-:
coup depuis le vote de la nouvelle
; loi électorale. Après l'avoir cou
verte de tout leur mépris comme
insuffisante, injuste, arbitraire '
en quoi ils n'avaient pas tort ils
comptent bien s'en servir et ne sont '
pas foin d'en espérer un beau sue- 1
cès pour leur cause. D'ore.s et déjà
ilâ considèrent comme à eux acquise
là moitié des 72 sièges. Ce serait
assurément un heureux début. Seu
lement, le socialisme n'est rien
moins qu'en odeur de sainteté dans
les campagnes. Et les villes elles-
mêmes donnent généralement la
préférence aux antisémites à la Luç-
ger. En sorte que les soqialistos au
trichiens pourraient bien aller au-
çlpY?mt de fortes déceptions. Leur
temps n'est pas venu.
Le gouvernement garde un calme
parfait. Il ne semble nullement rer
douter l'issue d? la prochaine lutte
des, partis. S'était tire d'affaire avo^,
une Chambre qui no l^Vlônnait que
de§ majorit^ ae hasard) a esp H ère
u ecre pas moins heureux avec la
Chambre future. Il sait du reste
qu'en Autriche une vraie, maj orité
homogène, solide, sûre, est un rêve
irréalisable et que la multiplicité des
partis, leur diversité et leur rivalité
font la force du gouvernement. Il
cultive l'opportunisme, il s'en est
bien trouvé, il s'en trouvera bien en
core à l'avenir. Etant donné le milieu
où il est obligé de se mouvoir, c'est
peut-être après tout le parti le plus
sage. • *
L. I ribarnegarat.
Çà. et là
M. PIERRE LOUYS =
un romancier grec
Un être fini qui sollicite ét que sollicite
l'Infini: voilà tout l'homme. Etrange con
tradiction/cruelle énigme! Mais c'est
précisément cet antagonisme qui fait no
tre grandeur. On n'abolit point la nature.
Dès le jour de notre naissance, nous ten
dons inexorablement vers le Ciel nos
mains et nos regards. Pendant des siè
cles, d'impures vapeurs s'élevèrent, hé
las ! des cavernes où lé polythéisme te
nait l'humanité captive, mais les brouil-»
lards, si épais qu'ils fussent,n.e voilèrent
jamais le Soleil intelligible des âmes.
Même au fond de ces antres, des ailes
poussèrent aux esclaves lés plus assu
jettis au joug des sens et les emportè
rent radieux vers les cimes libératrices.
; Le Verbe qui vint éclairer le monde
n'alluma donc pas dans les cœurs une
flamme nouvelle. La corruption païenne
avait amorti, glacé les anciennes ardeur»
sans les éteindre. Le Christianisme souf
fla sur les cendres et ranima le foyer re
froidi. Si les hommes, appesantis, par la
matière, se courbaient, de plus en pjua
vers le sol, un incoercible instinct dispu
tait quand même leurs consciences à
l'attirance de la boue.
Eh bien ! à cette antiquité souillée de
crimés, et toutefois, secrètement hon
teuse de ses viceg, voici qu'un jeune lit
térateur prétend infliger l'auréole d'une
-luxure paisible et triomphante. L'hom
me çorrompu se vante volontiers, sàn#
doiite, de porter dans sa poitrine un
cœur invulnérable au remords, mai^
nou« savons tout ce que vaut une telle
fanfaronnade. Diffamant la nature hu-
■maine, même polluée, M. Pierre Louys,
•dans uù roman que la jeune école porte
aux nues, gratifie seB héros de cette quié
tude. Un sculpteur greo, Demétrios, et
diverses courtisanes, passent leur temps
à célébrer la joie profonde dont la magi
cienne Cireé fit jouir le: pourceau'des
itemps antiques. Toutes les pages précô- : .
inisent, cette dépravation fière d'elle-'
ïmême, chantent cette licence exempte de
trouble «t de honte, exaltent ce déver
gondage heureux et satisfait. Et t'est
justement cette enchanteresse, mélo-
pée qui fait tressaillir tant de lec
teurs et qui fait pardonner à Mi Pierre
■Louys son inexpérience des roueries fa
milières aux producteurs les plus mé
diocres, M. Emile Richebourg sait mieux
eonduire une intrigue et M. Jules Mary
. filer une trame ; rien de plus vrai. Le ton
glacial du dialogue, la nullité des per-
sonnages et l'indigence de la pensée ne
^rachètent point d'ailleurs chez l'auteur
d ''Aphrodite l'insignifiance de l'âffabula-
tion. A quelle cause secrète tient donc le
prodigieux succès ds son roman? Aux
menteuses espérances, dont M. Pierre'
Louys essaie de leurrer la ' conscience
moderne, . . ,
* *
Une campagne implacable se poursuit
depuis plusieurs années contrele christia
nisme et les fauteurs de cette guerre ne
dissimulentpasleur objectif : la réintégra
tion de la société française dans le cadre
de la « mentalité » païenne. Eh bien ! plein
de sympathiepour ces barbares, M. Pierre
Louys essaie de nous faire croire que
l'inévitable et prochaine déchéance de
l'Evangile déterminerait la déchéance du
remords . Lé retour à la vie antique, c' est-
à-dire au règne du péché superbe-et
vainqueur, voilà l'âge d'or que le roman
cier promet à nos conscience» frémissan
tes. La joie du vice, tel est le Saint-Graal
dont M. Louys nous fait entrevoir la con
quête ! Au calice: de 1a Passion M. Pierre
FEUILLETON DE VÛNIVERS
du 9 janvier 1897
SCÈMES DE LA VIE CH1H01SE
PROVIDENCE
Ah ! pourquoi ai-je quitté mon beau
district dé Ba-tsïen et mes jolies rési
dences ' de Long-chahg-tchen et de
TTsiang-kià-pâ J'étais trop heureux là-
bas, quand *un' ordre de l'évêque vint
"jii'envoyer dans lé ' nord; du côté du
Tcho\îan-pé," là mission Voisine. •
' ' Après avoir visité là grande et belle
ville de 'Kouang'-yan-tcheoù, je montai
dans une barque peu confortable^— on
prend ce qu'on trouve' -r- et j'arrivai/en
deux jours à Ly-tou-pa dans une ferme
de chrétiens d'où j'expédiai un mëssage
à mes gens de Hiang-pao-tang, ma nou
velle résidence,' afin- qu'ils vinssent me
chercher. " " * ' - j .
Le surlendemain, ils étaient là, un ca-i
téchiste et six porteurs : trois pour mon',
palanquin, trois pour les bagages? de',
voiture point, deimiilets pas davantage ;j
• rappelëz-voûs que je' Suis au Le-Tchouan. j
- Quelle ne fut pas ma 7 stupéfaction,:
après douze heures de route, quand lei
palanquin déboucha dans une large val
lée, au milieu ser un groe rocheïvabï-ypk psç^rpé, cou
ronné d'une immense bâtisse à Uquei^
on aççédait par. un cheiwi» tortueux !
Uné vraie forteresse presque impre
nable, au moins pour lés Chinois, dont le '
matériel, de siège est primitif. On entrait
là-dedans comme dans une. vill# de pre
mier ordre, ep. franchissant une ppftp
Bolide et une voûte sombre. Brrr! cela
faisait froid et serrait le coeur.
Ofitée kâtisgerlà avait servi de collège
aiitrefoiS et, compfîpj)§it une quantité de
cellules : j'en avais choisi une ; elle n'é»
tait pas grande et je pouvais dire avec
Gresspt :
Si ma chambre est pointe OU carrée,
C'est ce que Je ne dirai pas.
Tout ce que j'en sais, sans compas,
C'est que depuis l'oblique entrée " *'
A la lucarne mal vitrée, : :
Où peut faire jusqu'à trois pas. .
Hum ! j'y étouffais, d'autant plus que
nous étions au mois de juin et que je me
trouvais souffrant^ quand je sortais, j'ë-
tais perdu dans les corridors et les cours.
Solitude complète, Collines ét rizières à
l'horizon ; en bas, dans le fond du pj?éci*
pice d'où surgissait le rocher* un petit
village de chrétiens dont les habitants
me paraissaient un peu sauvages et pri
mitifs. Songez qu'en remontant, un tan-
tinpt plus au nord, les paysans vivaient
de maïs et de patates pt que le rjg était,
là-haut un objet de luxe.^Pourlmoi cplas
importait peu. Car le riz, j'avais bien dp.
la-peine à l'avaler; mais, pour un-Chinois,;
pas de riz, c'est la misère.
Dans ma détresse, morale je me fai-j
sais conter des histoires la chaleur in-i
fcp&Sîiiît de visiter les chrétien^ à cette}
époque de l'année,' . -. . -
. J 'ai retenu celle-ci que le courrier
Ten-eul-ko disait de sa bonne voix rude,
en s'éventant et. en, , tirant de grosses
bouffées de sa pipe en cuivre : ■
« Sire, Garç-hong-tang était un ba
chelier d«,Ta-tsien, ^-marié et père d'un
bel enfant Gan-chao-pé, — qui voulut un
jour partir ;pour la capitale Tçhen-tou,
afin d'y subir l'examen dp la licence. Il
possédait uqe fortune raisonnable et unç
maison très propre. Il confia lajjarde de
sa maison à un voisin honnête, enterra
jes gros, lingots au pied .du mur, dans
une cour déserte, prit avec lui sa femme
eteon f}lB, seg habits de soie, ses petits
lingots et sesobjets de tgilette, et les vpiià
partis.
«Dansla même ville,il y avait aussi un
maçon nommé Jang>eul qui joignait tout
juste les deux bouts et n'avait qu'une ?
jdég : riche ; il se désolait à ia
.pensée de ne pas l'être et parfois U gllgit
à la pagode, brûlait des bâtonnets d'en
cens et se prosternait devant , les pgus-i
S&hs en les snpplian^ de lui donner beau
coup d'argent, j
Il fut exaucé.
Quelqu'un lui demanda de bâtir .un pe-|
tit mur d'enceinjte et de se procurer d'a-i-
borddes matériaux. Pas .commode de se :
procurer quelque çjiQse, ri^n du
.îqut; • Mais jps pqugs^hs . protégeaient
potre homme. Le voilà qui rencontre dans?
,1a yue le gardiçn c}e la^isen du baohe-!
liep en voyage. Il la, connaissait un peu.
—-Ça /va bien ? Vieux frère.
— Ça va bien.
— Une tasse de thé?
—■ Volontiers.
. Ils s'attablent dans le tçha-kouan (res
taurant) et causent de leurs affaires : .
j — Qu'est-ce que tu deviens, frère
aimé?
— Ah Ha ! pas grand'chose. Si j'avais
seulement quelques sapèques pour ache
ter des.pésés, des briques..,. r
— Des briques ? Ecoute, le baohsliar
Yan ne revient pas et je suis à bout de
ressource^. Cette nuit, les valeurs pro
bablement ont essayé de pénétrer dans
la maison que je garde et ils ont fait tom
ber un pan de mur.. Il y a là des débris de
briques, de tuiles et un tas de pésés. Sûr
'rement quelqu'un les prendra i ;çrend§-
les donc toi-même, dang-ho (frère sang);
tu gagneras ainsi un peu d'argent et tu
m'en donneras la moitié. Ça va-t-il com
me cela? • ■
— Ça va. ; ;
Le maçon jang prit une pioche et une
pellp et.gp mit à travailler, ■ Il n'avait pas
donné trois coups de pioche dans le tas,
qu'il heurtait une dalle qui genna creux* ;
Çeia éveilla son attention j il débio»-
soigneusement la clall« # ^ erçut une ^
nure. y \7nroduisit sa pioche... ô bon
heur ! la dalle soulevée recouvrait une
auge en pierre remplie d'or et d'argent
coulé en lingots, Jang regarda de côté et
d'autre pour voir si on ne le surveillait
pas* Personne ! alors il chargea ses deux
corbeilles d'ouvrier, ajusta son bâton
aus; cordes qui soutenaient les corbeilles:
et après avoir recouvert le trou, ^em
pressa d'aller porter sa charge sous un,
vieux four, en dehors de la ville, oi il
couchait d'ordinaire. Il fit deux ou trois
Yeyage g encore. Le tour était joué. -
Le malin Jang, se garda bien d'exciter
la moindre surprise par l'emploi de sa
fortune. Il changea quelques taels (le
tael vaut 8 fr.) ; acheta des habits pro
pres, puis vint dans le bourg de Loug-
chong-tchen, faire l'acquisition d'une
maison où il transporta sa fortune" en la
mettant solidement sous clef. Il agit
comme un marchand heureux peut le
faire, accroissant de jour en jour son
commerce. D'abord mercier, il vendit en
suite des objets en cuivre, puis bâtit plu
sieurs grandes maisons, fabriques et
monts-de-piété.
Il était riche, riche, riche.
Riche mais avare, comme tous les
gens qui ont été pauvres et connaissent
la valeur de l'argent. Est-ce cheg vous
comme cela, Père spirituel?
— Je te ppfiis, répondis-je ; mais con*
tinue, Ten-euKKo, tu m'intéresses, Fais
apporter seulement du thé et va-
' he ïl?,"' 18 OOUrr -- reprit : '
Jan»--* u ^ q Ui n 'était plus eu!, parce que
cette particule, comme le sait le Père,
indique'Te mépris, engagea à son service
un vieux lettré qui avait nom Su et lui
dit un jour :
— Sais-tu? Su-yê, si tu trouves quel
qu'un qui veut me vendre un enfant ou
me le faire adopter, amène-le moi. Je
-voudrais un garçon naturellement.
Il faut dire que Jang s'était marié et
avait perdû sa femme sans -qu'elle lui
laissât d'enfant. Tu comprends, Père, il
lui fallait un héritier à cet homme;
— Je comprends. Continue.
Pendant ce temps-là, la bachelier Gan.
ne faisait pas ses affaires du tout. Le père
connaît le proverbe :" « Lé plaisir" est
bien court, l'adversité bien longue. » So lo
tche tsien,sohonantchetchen»}voilà qu'il
ne peut être reçu licencié à la capitale ;
il revient aveo sa femme et son enfant)
trouve sa maison abandonnée et dans uii
triste état, fouille la cour où il avait caché
son trésor et s'aperçoit qu'on l'a enlevé.'
Ah! ia ! que lui reste-il a faire ? Vendre
sa maison délabrée pour avoir quelques
ligatures et se mettre à la recherché de
ses parents ; mais les parents, la famille,
Père, tu sais ce qu'on dit:
.Quand on est riche, on a des parents à tous
V ■, ' [les degrés,
Quano on est pauvre, on n'est connu de
"- 1, * : [personne.
Yeou tsien ftao san pey, ou tsienpey sa.n
- [*y-
— C'est bon, pas tant de proverbes.
Arrive au fait. • ' '
*—Oui, Père spirituel. Nos gens sont
donc sur les. routes et cahin-caha, le
petit Jan-chao-pé, pleurant beaucoup.
— ce qui fendait le cœur de ses parents ;
— ils arrivent tous à Lonh-chong-tchen
et viennent échouer, morts de fatigue,
dans l'auberge qui està l'entrée du bourg
et que tu connais. •
— Va-toujours.
Le iao pan (le maître d'hôtel) en les
voyant eut pitié d'eux, surtout en s'aper-
cevant qu'il avait affaire à un lettré et il
dit: ■■■■-..■ ■ ■ ■
— Maître, tu accepteras bien une.tasse
de chao-tsieou (eau-de-vie de riz).
— Oui, las-pan, merci, j'accepte pour
le petit qui n'en peut plus. '
\
PÀRïg ÉTRANGER
et départements (union postale)
Un an 4,0 » 51 »
Six mois...... 21 » 26 50
Trois mois..... . 11 » 14 »
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10 cent. ;
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On s'abonne à Rome, place du Gesù, 8
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Les abonnemënts partent des 1 er et 16 de chaque mois
L'UNIVERS ne répond pas des manuscrits qui M sont adressés
ANNONCES
MM. LAGRANGE, CERF et C», 6, place de la Bo*sé
PARIS, 8 JANVIER 18S7
SOMMAIRE
Les églises des Bal
kans.... ... E ugène T avernier.
Le Reichsrath autri
chien.. . .. . . s.. ... L. ilubarneftaray.
Çà et là : Un roman?-
cier grec. . ........ O scar H avard.
Correspondance ro
maine ***.,
Soènes de lavie chi- •
noise : Providence. U n ancien mission- 1
' naire.
Bulletin du jour. — Mgr Trégaro. — La
taxe d'abonnement: — Suppression de
traitement. — s Informations politiques et
parlementaires. -^ Madagascar.— A tra-:
vers la presse. — Chronique.— Lettres,
sciences et arts. —Le recensement. —
— La peste. — La question ouvrière. —
Hôpital des Sept-Douleurs. —, A Notre-
Dame des Victoires..-^ Le cardinal San'
Felice.— Dépêches de l'étranger, — Echos
de partout; — Nécrologie. — Guerre et
marine. — Tribunaux.— Nouvelles diver
ses. — Dernière heure. —■ Calendrier.:
— Bourse et bulletin financier.
LES ÉGLISES DES BALKANS
Des incidents bruyants se pro
duisent* dans le gouvernement de
Kossovo,à propos de la nomination
du nouveau, métropolite d'Uskub. :
Notre correspondant de Belgrade a
raconté les curieuses et pitoyables
péripéties de cette affaire. Les inté
ressants détails qu'il nous donnait
faisaient prévoir des complications.
(Celles-ci peuvent s'apaiser très
vite. Jolies peuvent de meme se pro-*
longer et augmenter le désordre
politico -religieux, lequel a pris une;
extension '/raiment remarquable.
Bien peu d'hommes?sont en état de
prévoir ce qui va fie passer en,
Orient ; mais personne ne corisidère
avec indifférence la fermentation
qui remue le vieil amalgame de peu
ples, rivaux. Quand se produira la
secousse décisive ? Demain ou dans'
dix ans?
Depuis que Mahomet II entra dans
Constantinople saccagée et, remit
lui-même au moine Gennadius la
crosse et le bâton pastoral, la hié
rarchie byzantine a subi toutes les
humiliations. Dieu sait pourquoi
les historiens d'Europe ont décidé
que le moyen âge finissait le 29 mai
1453 ; mais, pour le monde oriental,
cette date a bien inauguré une lon-
fue période de servitude nouvelle.,
oug les empereurs chrétiens, l'E-,
glise avâii connu, presque g ans in
tervalles, d'affreux abaissements ;
sous la main du Tur<3, elle est, pour
des siècles/ enchaînée, mïïptte, pa
ralysée. •
Puis,à mesure que de petits Etats
chrétiens " se reforment dans la pé
ninsule, apparaissent des église»
qui .se confondent avec les nationa
lités. Nous avons aujourd'hui l'é
glise serbe, l'église bulgare, l'église
roumaine,; l'église grecque, égli
ses autocéphales qui s'excommu
nient réciproquement "ou qui s'en
tendent à deux ou à trois (tout en
demeurant, hostiles) pour excorn-
munier la quatrième.
Au-dessus plane le patriarcat
de Constantinople, protégé du sul
tan ët* àppëlé/avec une ostentation
et une .dérision égales,, patriarcat ,
œcuménique. On l'invoque, on le
bafoue,- on lui fait dicter des. ordres.-
par le Turc.
Dans le beau livre que je rappe
lais l'autre jour (La. Russie et l'Eglise.
universelle), M. .Vladimir ; Solovievi
a fait un tableau saisissant des con-s
tradictions scandaleuses produites,
par l'absolutisme et l'anarchie,
combinés. . •
En 1872, les patriarches grecs et,
le synode d'Athènes excommunient.
« tout le peuple; bulgare pour desi
motifs^ de., politique nationale »...
L'Eglise russe, favorable aux Bul -i
gares, aurait voulu exercer, une in
fluence pacificatrice; mais, comme,
elle tenait à rester en communion;
avec l'Eglise grecque, elle s'abstint,
de se prononcer et, bien que tou
jours unie aux grecs, elle demeura,
en rapports, avec les.bulgares..ex
communiés par ceux-ci.
Quand -le, gouvernement serbe
établit la simonie obligatoire et dé
posa toute une collection, d'év.êques,.
l'Eglise, russe protesta formelle-:
ment. Mais le patriarche.de .Co.ns-.
tantinople donna son approbation"
pour des avantages financiers, sans
rompre, bien entendu, avec la Rus-,
*ie. Cette fois, dit M. Soloviev,;cefut
la «grande Eglise (le patriarchat.
de Constantinople) qui se trouva,
être en communion avec, deux égli
ses qui ne l'étaient pas entre elles
Un autre livre, du à M. l'abbé. Pi-j
sani et qui vient de paraître, con-i
tient, entre autres, un chapitre fort,
intéressant sur: le . patriarcat .de
, Constantinople, sûr ce quartier du.
Phanaroù se sont groupés les grecs
et où, pendant.longtemps, se recru-,
tèrent les trop célèbres. hospodurs
et la foule des fonctionnaires chré
tiens serviteurs de l'Islam. « C'est
une race odieuse que celle des Pha-
nariotes ;à plftt ventre .devant; les
Turcs, mais.les tenant par l'argent
qu'ils leur donnaient, et,les services,
qu'ils avaient su rendre indispensa
bles,, ils.étaient'.pleins de morgue,
avec leurs compatriotes qu'ils traK
taient plus durement que les Turcs,
eux-memes ne l'avaient jamais fait. ».
Qupls marchandages* quelles com
plicités se pom^suivirent entre ces
deux races jadis ennemies, liées
dans "un destin 'misérable qui ' les
pgndatt vioiinjes l'iine de l'autre ! On,
n'en rend compte ,eri lisant les pages'
qu'a écrites M, l'abbé Pisani,.
L'ouvrage du savant professeur
embrasse d'ailleurs un plan beau
coup plus étendu que celui des égli
ses des Balkans. Il est -intitulé : A
travers VOrient (i).j et il donne, avec;
beaucoup de détails, une Bee' d'en?
semblé de la vaste région où se pré
parent des événements très graves.
Les nestoriens, les iwonqptiysites
de Sypie ? d'Egypte et d'Arménie,
l'histoire du schisme grec, les sla
ves du sud, le concile de Florence,
les Russes, les Roumains et les
ijellèrjies, }g t s-.chrétientés orientales
d'Asie, jfcels softt îgs principaux su
jets étudiés p5tr M.'Palme éigam. Il
barîo aussi. de J'Abyssmip ou nos
intérêts religieux ...et . patriotiques
ont pris soudain une . grande im
portance. Le monde oriental s'est
remis à palpiter { et on en est déjà à
chercher quelle nouvelle form? de
vie prendront ces masses immenses
que l'on croyait mortes.
Eugène T avehnieîi.
(1) A travers l'Orient, par M. l'abbé Pi
sani, professeur à l'Institut catholique dé
Paris., — Paris, Bloud et Barrai. ,
BULLETIN DU JOUR
• Les sièges devenus vacants au Palais-
Bourbon> par suite du passage de leurs
titulaires au- Luxembourg, sont l'objet
de nombreuses compétitions. Qn an-:
■nonce que M. Abram se présenterait à
tAix, M. G.Chasteriet K Liboùrne, MM.
Benazet et G. de Beaùregard dans l'ar
rondissement du Blanc.
On trouvera aux Informations des.
détails sur le rendement des impôts en
1896 : 'ceux-ci présentent une plus-value
d'environ k millions sur les évaluations
budgétaires. - :
= Le courrier de Madagascar est arrivé
hier h Marseille \il confirme la nouvelle-
de la pacification de l'Emyrne. -
Mgr Trégaro vient de mourir .• nous,
donnons plus loin des détails biogra
phiques sur Mgr l'évêque de Séez.
Le conseil de préfecture de la Haute-
Garonne.sur les conclusions de M.Marty,
secrétaire général, commissaire du gou-i
vernement, vient d'annuler l'élection de
vingt-cinq conseillers munieipaûx de
Toulouse sur les trente-six dont.secom-
pose l'assemblée communale.
Au premier tour vingt-six avaient été'
proclamés élus et un ballottage eut lieu
pour les dix autres. • >
Le conseil ne reconnaît comme va
lable que l'élection de M. Ournac. Or,.
celle-ci suffit pour légitimer le deuxième:
tour. Par conséquent^ les dix socialistes ,
qui se présentaient sans, concurrents, se
trouvent régulièrement élus. ..
Les dépêches de Cuba et des Philip-.
pines annoncent que la pacification dans-
les deux colonies espagnoles fait de ra
pides progrès.
-Sir Michaël Hicks-Beach, chancelier:
de l'Echiquier, a prononcé hier un im
portant discours dans lequel ila annoncé
la demande prochaine de crédits pour
l'armement des stations-navales.
Au Sénat des Etats-Unis, M. Mils a:
présenté hier une résolution reconnais-,
sant l'indépendance^ de Cuba et ouvrant■
un crédit ae 10,000 dollars comme .ap
pointements du ministre, américain à
nommer & Cuba, M- Mih a -déclaré que
la question de la reconnaissance de
'l'indépendance relève du congrès et non
'pas au président Cleveland.' *
' La discussion a été ajournée à' lundi.
—• • ' + •
M GR TRÉGÂRO
L'évêque de Séez est mort. Il y a
deux mois, on avait annoncé qu'il
était pelade, en termes si alarmants
qii'bn put le croire alors' la dërv
nière extrémité. Depuis, il avait
paru se rétablir et ses nombreux
amis reprenaient espoir. Il vient
de succomber, subitement, à une!
prise cardiaque.
' u'éïait uné figure originale et vi-
goureusëme.nt tranchée que celle de
Fardent prélat qui, après une car
rière brillante et noblement remplie
d v àumoriiér 4e jparin^, ^epupa pen
dant quinze années,' -'QldijjinpVBiV
poste ae oombai, lé gîègg episcopai
de Séez.
Né en terre bretonne, à Peillac,
le 19 juin 1824, il fut ordonné prê-
Vannesi
, Aumônier de la flotte, il était au
mônier de première classe, en 1856,
aumônier supérieur en 1864, ' aumô-
j^rix de ses vaillants services. iLe
çourageux aumônier avait pris jpart
a la gùeriîe de p^irfi'é^ ^ la cam ;
pagne de Chine ; il avait' étéi par
deux fois, cité à l'ordre du jour de
J'àrmée. Chevalier de la Légion
d'honneur en 1855, il avait reçu la
rosette en 1860. '.
C'est én 1873, n'ayant* pas encore
cinquante. ans, que l'abbé Trégaro"
termina cette première partie de sa*
carrière et prit sa retraite.
.11 vint se reposer dans son pays
natal et reçut aussitôt de l'éveque
de Vannes le titre de vicaire gé
néral. ,
1881
Séez
.future succession. Sacre en cette
qualité, avec le titre d'évêque inpar-
tibus de Dolicha, le 25 janvier 1882,
Mgr Trégaro devint six jours après,
'par la mort de Mgr Rousselet, évê-
quede Séez.
Depuis lors, l'histoire de Mgr
Trégaro est bien connue ; et la
presse, catholiqne a reproduit,
i maintes fois, les lettres et les man
dements qu'il lança contre les me-,
sures de persécution prises par le :
gouvernement.
Celui-ci le traduisit en Conseil
d'Etat, en 1886 ; "et Mgr Trégaro
eut l'honneur d'être frappé , d'une
déclaration d'abus. .
: ; Depuis, l'évêque de Séez avait
continué, à écrir.e en toute occasion,
infatigablement; tous les actes com
mis, c«itre la justice, et le droit, en
icgs dernières ^années, furent l'objet
de ses protestations, conçues en
termes virulents et vigoureux.
Aussi,Mgr Trégaro avait-il conquis,
auprès: des catholiques, une popu
larité saine et méritée. .. ■ .,, ■ ;
.
LA TAXE D'ABONNEMENT
; On mande de Manosque (Basses- !
Alpes) que les Dames de la Présen-,
tation ont été condamnées, par le
tribunal civil de Forcalquier,, à
payer au fisc la somme de 9,000
francs. Elles continuent d'observer -
l'attitude passive. . _
— « : — (
SUPPRESSION DE TRAITEMENT ;
Le Ptiblicateur de la Vendée an
nonce que M. le curé ; de la Mothe-
Achard, paroisse de ce départe- :
ment, vient de voir supprimer son
indemnité concordataire, pour avoir
renîpl} sfin devoir sacerdotal et agi »
dans là plénitude de ses droits. ■
Aux yeux des sppli3,t.eufs r c'est ■
]à, comme Qn sait, Un crime. -
LE 1IEII]IISPlII[I_Â[IRIC1IIEÏ
La Chambre des députpg siutris
Ghiens voit approcher sa dernière
heure. Elle tient sa dernière ses
sion.
En attendant sa dissolution pro
chaine, elle parait avoir ter^u à faipe
parler 4'elle 1 , en infligeant ùne àé=
faite au gouvernement. Il s'agit du
fameux gymnase slovène de Cilli,
jadis.iObjet de longues et retentis
santes , discussions. ; La même
Chambre qui avait, en dépit des
lipèrâux $.' d'ù, parti allemand,
donné son approbation àJa oré^
ti0n + d '"L-i ymri?6e °" 1 oûse'igne-
mçnj -uovâic se fairè ' en langue
slovène, yjpnt Pettp fûjs de refuser
crédits prévus par le budget et
réclames par' le ministère Badeni.
- Le fait met en émoi tout le monde
politique en Autriphe, Les libéraux
exultât et so'nt tentés de'se laisser
aller à de douces illusions, à de chi-»
mériques espérances, Ils n'en sont
pas moin? Usés pt finis. Le vote
concernant le- gymnase de Cilli est
et restera un succès purement ap
parent pour les libéraux ^. obtenu
par surprise, il ne gênera guère le
gouvernement et n'aura aucune-
portée réelle. "
Les libéraux sont forcés d'en con
venir eux-mêmes. Si la Chambre;
avait été au complet, si ùn grand
nombre de députés antilibéraux
n'avaient prolongé plus que de rai
son leurs vacances de Noël et de fin
d'année, la majorité de l'autre jour
eût été minorité.
* Aussitôt que le budget sera bou--
clé,la Chambre aura vécu et l'on'
procédera à de nouvelles élections
sur la base de la loi électorale si
longuement et si péniblement éla
borée par plusieurs ministères et
enfin menée à bien par le comte Ba
deni.
? On sait que le nouveau système
électoral comprend non plus quatre,
mais cinq « curies ».
, Aux 85 représentants de la grande
propriété, aux 118 députés des vil
les, aux 21 des chambres de com-
Imerce et aux 139 des communes ru- :
irales s'adjoignent 72 députés à
choisir au moyen du suffrage uni
versel parmi les trois millions et
demi d'électeurs qui jusqu'ici n'é- ■
taient point appelés au scrutin.
A coup sûr, même dans les an-:
ciennes curies le résultat sera très
différent de ce qu'il a été en ces ;
derniers temps. Beaucoup de libé
raux et de juifs se verront évincer ?
au profit des antisémites■ et des-
chrétiens-sociaux.
■ A en juger par ce qui est récem
ment arrivé pour la diète de la
Basse-Autriche, cette, province en
verra au Reichsrath une forte majo
rité d'antilibéraux, Et bien d'autres 1
provinces suivront plus ou moins :
l'exemple de la Basse-Autriche.
Quant à la cinquième curie, per
sonne ne croira sérieusement qu'il
y entre des libéraux. La luttç» au'
tour des sonçante-doupe sièges se
: poursuivra exclusivement entre an
tisémites ou ohrétiens-soelaux etso-
scialistes.
Les socialistes se remuent beau-:
coup depuis le vote de la nouvelle
; loi électorale. Après l'avoir cou
verte de tout leur mépris comme
insuffisante, injuste, arbitraire '
en quoi ils n'avaient pas tort ils
comptent bien s'en servir et ne sont '
pas foin d'en espérer un beau sue- 1
cès pour leur cause. D'ore.s et déjà
ilâ considèrent comme à eux acquise
là moitié des 72 sièges. Ce serait
assurément un heureux début. Seu
lement, le socialisme n'est rien
moins qu'en odeur de sainteté dans
les campagnes. Et les villes elles-
mêmes donnent généralement la
préférence aux antisémites à la Luç-
ger. En sorte que les soqialistos au
trichiens pourraient bien aller au-
çlpY?mt de fortes déceptions. Leur
temps n'est pas venu.
Le gouvernement garde un calme
parfait. Il ne semble nullement rer
douter l'issue d? la prochaine lutte
des, partis. S'était tire d'affaire avo^,
une Chambre qui no l^Vlônnait que
de§ majorit^ ae hasard) a esp H ère
u ecre pas moins heureux avec la
Chambre future. Il sait du reste
qu'en Autriche une vraie, maj orité
homogène, solide, sûre, est un rêve
irréalisable et que la multiplicité des
partis, leur diversité et leur rivalité
font la force du gouvernement. Il
cultive l'opportunisme, il s'en est
bien trouvé, il s'en trouvera bien en
core à l'avenir. Etant donné le milieu
où il est obligé de se mouvoir, c'est
peut-être après tout le parti le plus
sage. • *
L. I ribarnegarat.
Çà. et là
M. PIERRE LOUYS =
un romancier grec
Un être fini qui sollicite ét que sollicite
l'Infini: voilà tout l'homme. Etrange con
tradiction/cruelle énigme! Mais c'est
précisément cet antagonisme qui fait no
tre grandeur. On n'abolit point la nature.
Dès le jour de notre naissance, nous ten
dons inexorablement vers le Ciel nos
mains et nos regards. Pendant des siè
cles, d'impures vapeurs s'élevèrent, hé
las ! des cavernes où lé polythéisme te
nait l'humanité captive, mais les brouil-»
lards, si épais qu'ils fussent,n.e voilèrent
jamais le Soleil intelligible des âmes.
Même au fond de ces antres, des ailes
poussèrent aux esclaves lés plus assu
jettis au joug des sens et les emportè
rent radieux vers les cimes libératrices.
; Le Verbe qui vint éclairer le monde
n'alluma donc pas dans les cœurs une
flamme nouvelle. La corruption païenne
avait amorti, glacé les anciennes ardeur»
sans les éteindre. Le Christianisme souf
fla sur les cendres et ranima le foyer re
froidi. Si les hommes, appesantis, par la
matière, se courbaient, de plus en pjua
vers le sol, un incoercible instinct dispu
tait quand même leurs consciences à
l'attirance de la boue.
Eh bien ! à cette antiquité souillée de
crimés, et toutefois, secrètement hon
teuse de ses viceg, voici qu'un jeune lit
térateur prétend infliger l'auréole d'une
-luxure paisible et triomphante. L'hom
me çorrompu se vante volontiers, sàn#
doiite, de porter dans sa poitrine un
cœur invulnérable au remords, mai^
nou« savons tout ce que vaut une telle
fanfaronnade. Diffamant la nature hu-
■maine, même polluée, M. Pierre Louys,
•dans uù roman que la jeune école porte
aux nues, gratifie seB héros de cette quié
tude. Un sculpteur greo, Demétrios, et
diverses courtisanes, passent leur temps
à célébrer la joie profonde dont la magi
cienne Cireé fit jouir le: pourceau'des
itemps antiques. Toutes les pages précô- : .
inisent, cette dépravation fière d'elle-'
ïmême, chantent cette licence exempte de
trouble «t de honte, exaltent ce déver
gondage heureux et satisfait. Et t'est
justement cette enchanteresse, mélo-
pée qui fait tressaillir tant de lec
teurs et qui fait pardonner à Mi Pierre
■Louys son inexpérience des roueries fa
milières aux producteurs les plus mé
diocres, M. Emile Richebourg sait mieux
eonduire une intrigue et M. Jules Mary
. filer une trame ; rien de plus vrai. Le ton
glacial du dialogue, la nullité des per-
sonnages et l'indigence de la pensée ne
^rachètent point d'ailleurs chez l'auteur
d ''Aphrodite l'insignifiance de l'âffabula-
tion. A quelle cause secrète tient donc le
prodigieux succès ds son roman? Aux
menteuses espérances, dont M. Pierre'
Louys essaie de leurrer la ' conscience
moderne, . . ,
* *
Une campagne implacable se poursuit
depuis plusieurs années contrele christia
nisme et les fauteurs de cette guerre ne
dissimulentpasleur objectif : la réintégra
tion de la société française dans le cadre
de la « mentalité » païenne. Eh bien ! plein
de sympathiepour ces barbares, M. Pierre
Louys essaie de nous faire croire que
l'inévitable et prochaine déchéance de
l'Evangile déterminerait la déchéance du
remords . Lé retour à la vie antique, c' est-
à-dire au règne du péché superbe-et
vainqueur, voilà l'âge d'or que le roman
cier promet à nos conscience» frémissan
tes. La joie du vice, tel est le Saint-Graal
dont M. Louys nous fait entrevoir la con
quête ! Au calice: de 1a Passion M. Pierre
FEUILLETON DE VÛNIVERS
du 9 janvier 1897
SCÈMES DE LA VIE CH1H01SE
PROVIDENCE
Ah ! pourquoi ai-je quitté mon beau
district dé Ba-tsïen et mes jolies rési
dences ' de Long-chahg-tchen et de
TTsiang-kià-pâ J'étais trop heureux là-
bas, quand *un' ordre de l'évêque vint
"jii'envoyer dans lé ' nord; du côté du
Tcho\îan-pé," là mission Voisine. •
' ' Après avoir visité là grande et belle
ville de 'Kouang'-yan-tcheoù, je montai
dans une barque peu confortable^— on
prend ce qu'on trouve' -r- et j'arrivai/en
deux jours à Ly-tou-pa dans une ferme
de chrétiens d'où j'expédiai un mëssage
à mes gens de Hiang-pao-tang, ma nou
velle résidence,' afin- qu'ils vinssent me
chercher. " " * ' - j .
Le surlendemain, ils étaient là, un ca-i
téchiste et six porteurs : trois pour mon',
palanquin, trois pour les bagages? de',
voiture point, deimiilets pas davantage ;j
• rappelëz-voûs que je' Suis au Le-Tchouan. j
- Quelle ne fut pas ma 7 stupéfaction,:
après douze heures de route, quand lei
palanquin déboucha dans une large val
lée, au milieu
ronné d'une immense bâtisse à Uquei^
on aççédait par. un cheiwi» tortueux !
Uné vraie forteresse presque impre
nable, au moins pour lés Chinois, dont le '
matériel, de siège est primitif. On entrait
là-dedans comme dans une. vill# de pre
mier ordre, ep. franchissant une ppftp
Bolide et une voûte sombre. Brrr! cela
faisait froid et serrait le coeur.
Ofitée kâtisgerlà avait servi de collège
aiitrefoiS et, compfîpj)§it une quantité de
cellules : j'en avais choisi une ; elle n'é»
tait pas grande et je pouvais dire avec
Gresspt :
Si ma chambre est pointe OU carrée,
C'est ce que Je ne dirai pas.
Tout ce que j'en sais, sans compas,
C'est que depuis l'oblique entrée " *'
A la lucarne mal vitrée, : :
Où peut faire jusqu'à trois pas. .
Hum ! j'y étouffais, d'autant plus que
nous étions au mois de juin et que je me
trouvais souffrant^ quand je sortais, j'ë-
tais perdu dans les corridors et les cours.
Solitude complète, Collines ét rizières à
l'horizon ; en bas, dans le fond du pj?éci*
pice d'où surgissait le rocher* un petit
village de chrétiens dont les habitants
me paraissaient un peu sauvages et pri
mitifs. Songez qu'en remontant, un tan-
tinpt plus au nord, les paysans vivaient
de maïs et de patates pt que le rjg était,
là-haut un objet de luxe.^Pourlmoi cplas
importait peu. Car le riz, j'avais bien dp.
la-peine à l'avaler; mais, pour un-Chinois,;
pas de riz, c'est la misère.
Dans ma détresse, morale je me fai-j
sais conter des histoires la chaleur in-i
fcp&Sîiiît de visiter les chrétien^ à cette}
époque de l'année,' . -. . -
. J 'ai retenu celle-ci que le courrier
Ten-eul-ko disait de sa bonne voix rude,
en s'éventant et. en, , tirant de grosses
bouffées de sa pipe en cuivre : ■
« Sire, Garç-hong-tang était un ba
chelier d«,Ta-tsien, ^-marié et père d'un
bel enfant Gan-chao-pé, — qui voulut un
jour partir ;pour la capitale Tçhen-tou,
afin d'y subir l'examen dp la licence. Il
possédait uqe fortune raisonnable et unç
maison très propre. Il confia lajjarde de
sa maison à un voisin honnête, enterra
jes gros, lingots au pied .du mur, dans
une cour déserte, prit avec lui sa femme
eteon f}lB, seg habits de soie, ses petits
lingots et sesobjets de tgilette, et les vpiià
partis.
«Dansla même ville,il y avait aussi un
maçon nommé Jang>eul qui joignait tout
juste les deux bouts et n'avait qu'une ?
jdég : riche ; il se désolait à ia
.pensée de ne pas l'être et parfois U gllgit
à la pagode, brûlait des bâtonnets d'en
cens et se prosternait devant , les pgus-i
S&hs en les snpplian^ de lui donner beau
coup d'argent, j
Il fut exaucé.
Quelqu'un lui demanda de bâtir .un pe-|
tit mur d'enceinjte et de se procurer d'a-i-
borddes matériaux. Pas .commode de se :
procurer quelque çjiQse, ri^n du
.îqut; • Mais jps pqugs^hs . protégeaient
potre homme. Le voilà qui rencontre dans?
,1a yue le gardiçn c}e la^isen du baohe-!
liep en voyage. Il la, connaissait un peu.
—-Ça /va bien ? Vieux frère.
— Ça va bien.
— Une tasse de thé?
—■ Volontiers.
. Ils s'attablent dans le tçha-kouan (res
taurant) et causent de leurs affaires : .
j — Qu'est-ce que tu deviens, frère
aimé?
— Ah Ha ! pas grand'chose. Si j'avais
seulement quelques sapèques pour ache
ter des.pésés, des briques..,. r
— Des briques ? Ecoute, le baohsliar
Yan ne revient pas et je suis à bout de
ressource^. Cette nuit, les valeurs pro
bablement ont essayé de pénétrer dans
la maison que je garde et ils ont fait tom
ber un pan de mur.. Il y a là des débris de
briques, de tuiles et un tas de pésés. Sûr
'rement quelqu'un les prendra i ;çrend§-
les donc toi-même, dang-ho (frère sang);
tu gagneras ainsi un peu d'argent et tu
m'en donneras la moitié. Ça va-t-il com
me cela? • ■
— Ça va. ; ;
Le maçon jang prit une pioche et une
pellp et.gp mit à travailler, ■ Il n'avait pas
donné trois coups de pioche dans le tas,
qu'il heurtait une dalle qui genna creux* ;
Çeia éveilla son attention j il débio»-
soigneusement la clall« # ^ erçut une ^
nure. y \7nroduisit sa pioche... ô bon
heur ! la dalle soulevée recouvrait une
auge en pierre remplie d'or et d'argent
coulé en lingots, Jang regarda de côté et
d'autre pour voir si on ne le surveillait
pas* Personne ! alors il chargea ses deux
corbeilles d'ouvrier, ajusta son bâton
aus; cordes qui soutenaient les corbeilles:
et après avoir recouvert le trou, ^em
pressa d'aller porter sa charge sous un,
vieux four, en dehors de la ville, oi il
couchait d'ordinaire. Il fit deux ou trois
Yeyage g encore. Le tour était joué. -
Le malin Jang, se garda bien d'exciter
la moindre surprise par l'emploi de sa
fortune. Il changea quelques taels (le
tael vaut 8 fr.) ; acheta des habits pro
pres, puis vint dans le bourg de Loug-
chong-tchen, faire l'acquisition d'une
maison où il transporta sa fortune" en la
mettant solidement sous clef. Il agit
comme un marchand heureux peut le
faire, accroissant de jour en jour son
commerce. D'abord mercier, il vendit en
suite des objets en cuivre, puis bâtit plu
sieurs grandes maisons, fabriques et
monts-de-piété.
Il était riche, riche, riche.
Riche mais avare, comme tous les
gens qui ont été pauvres et connaissent
la valeur de l'argent. Est-ce cheg vous
comme cela, Père spirituel?
— Je te ppfiis, répondis-je ; mais con*
tinue, Ten-euKKo, tu m'intéresses, Fais
apporter seulement du thé et va-
' he ïl?,"' 18 OOUrr -- reprit : '
Jan»--* u ^ q Ui n 'était plus eu!, parce que
cette particule, comme le sait le Père,
indique'Te mépris, engagea à son service
un vieux lettré qui avait nom Su et lui
dit un jour :
— Sais-tu? Su-yê, si tu trouves quel
qu'un qui veut me vendre un enfant ou
me le faire adopter, amène-le moi. Je
-voudrais un garçon naturellement.
Il faut dire que Jang s'était marié et
avait perdû sa femme sans -qu'elle lui
laissât d'enfant. Tu comprends, Père, il
lui fallait un héritier à cet homme;
— Je comprends. Continue.
Pendant ce temps-là, la bachelier Gan.
ne faisait pas ses affaires du tout. Le père
connaît le proverbe :" « Lé plaisir" est
bien court, l'adversité bien longue. » So lo
tche tsien,sohonantchetchen»}voilà qu'il
ne peut être reçu licencié à la capitale ;
il revient aveo sa femme et son enfant)
trouve sa maison abandonnée et dans uii
triste état, fouille la cour où il avait caché
son trésor et s'aperçoit qu'on l'a enlevé.'
Ah! ia ! que lui reste-il a faire ? Vendre
sa maison délabrée pour avoir quelques
ligatures et se mettre à la recherché de
ses parents ; mais les parents, la famille,
Père, tu sais ce qu'on dit:
.Quand on est riche, on a des parents à tous
V ■, ' [les degrés,
Quano on est pauvre, on n'est connu de
"- 1, * : [personne.
Yeou tsien ftao san pey, ou tsienpey sa.n
- [*y-
— C'est bon, pas tant de proverbes.
Arrive au fait. • ' '
*—Oui, Père spirituel. Nos gens sont
donc sur les. routes et cahin-caha, le
petit Jan-chao-pé, pleurant beaucoup.
— ce qui fendait le cœur de ses parents ;
— ils arrivent tous à Lonh-chong-tchen
et viennent échouer, morts de fatigue,
dans l'auberge qui està l'entrée du bourg
et que tu connais. •
— Va-toujours.
Le iao pan (le maître d'hôtel) en les
voyant eut pitié d'eux, surtout en s'aper-
cevant qu'il avait affaire à un lettré et il
dit: ■■■■-..■ ■ ■ ■
— Maître, tu accepteras bien une.tasse
de chao-tsieou (eau-de-vie de riz).
— Oui, las-pan, merci, j'accepte pour
le petit qui n'en peut plus. '
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