Titre : L'Univers
Éditeur : L'Univers (Paris)
Date d'édition : 1897-01-02
Contributeur : Veuillot, Louis (1813-1883). Rédacteur
Contributeur : Veuillot, Pierre (1859-1907). Rédacteur
Contributeur : Veuillot, François (1870-1952). Rédacteur
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34520232c
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 02 janvier 1897 02 janvier 1897
Description : 1897/01/02 (Numéro 10578)-1897/01/03. 1897/01/02 (Numéro 10578)-1897/01/03.
Description : Note : un seul numéro pour samedi et dimanche. Note : un seul numéro pour samedi et dimanche.
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse Collection numérique : Bibliographie de la presse
Description : Collection numérique : BIPFPIG44 Collection numérique : BIPFPIG44
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k709359z
Source : Bibliothèque nationale de France
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 06/02/2011
Sâmedi-Dimanche 2-3 Janvier 1897
Edition quotidienne. — 10,578
Samedi-Dimanche 2-3 Janvier 1897
ÉDITION QUOTIDIENNE
PARIS
et départements
Un ail ..... 40 »
Six mois...... 21 »
Trois mois..... : 11 »
ÉTRANGER
(union postale)
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26 50
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Les abonnements partent des 1« et 13 de chaque mois
UN NUMÉRO | ^® ris V Cent *
, ( Départements 15 —
BUREAUX : Paris, rue Cassette, 17
On s'abonne & Rome, place du Gesù, 8
ÉDITION SEMI-QUOTIDIENNE
PARIS ■ ' ÉTRANGER
et départements (union postale)
Un an......... 20 »
Six mois 10 »
Trois inoisr.5 »
26 »
13 »
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■BIT*
LE MONDE
Les abonnemënts partent des 1« et 16 de chaque mois
L'tJNIVERS ne répond pas des manuscrits qui lui sont adressés
ANNONCES
MM. LAGRANGE, CERF et O, 6, place de la Bourse
PARIS,2 JANVIER 18S7
SOMMAIRE
De l'allianoe monar-
chique............ E ugène V euillot.
L'intérêt du pays.. . P ierre V euillot.
Ç&et là : Prophéties. F rançois V euillot.
Le T. H.. F. Joseph. A. B ridier.
La célébration du
XXV e Anniversai- .
re du vœu natio
nal du Sacré-Cœur
de Jésus : Lettre de S. E m. le cardinal
R ichard. .
Feuilleton : Cause
rie scientifique.... E. V ial.
Bulletin du jour.— France et Russie — Un
mariage princier. — Les exploits du fisc.
— La santé de Mgr l'évêque de Saint-
Claude.— Les cloches de Domrémy. —
Démolisseurs de croix. — Les réceptions
du i" r janvier. — Informations politiques
et parlementaires. —Bourgeois contre
Doumer. — Chronique. — La question
ouvrière. — Dépêches de l'étranger. —
Nécrologie. —Echos dé partout. — Let
tres, sciences et arts. — Tribunaux.—
Eglise du Sacré-Cœur.— Dernière heure.
•—Nouvelles diverses. — Calendrier.—
Bourse et bulletin financier.
DE L'ALLIANCE MONARCHIQUE
L 'Autorité ferme l'année 1896 et
ouvre l'année 1897 par un article où
l'impuissance de la politique de ta
page, d'injure, d'opposition systé
matique se montre « dans toute
' sa beauté », comme disait feu Beulé,
homme d'esprit d'ailleurs.
Après un rapprochement quelque
peu fantaisiste, mais assez réussi, en
tre les années républicaines et les va
ches maigres de l'Ecriture, M. Paul
de Cassagnac montre... pardon, dé
clare qu'il n'y a plus en France,
rien : ni armée, ni flotte, ni com
merce, ni agriculture, eto. Tout ce
que notre noble et riche pays pos
sédait autrefois est aujourd'hui
remplacé, il l'affirme, par 1\ « ef
frayant manteau loqueteux et troué
de (a misère ».
Qui veut trop prouver ne prouve
rien, dit avec raison un proverbe
français' tressage et très vrai. M; de
Cassagnac oublie toujours ce pro
verbe-là. Il n'aime, il ne comprend
que le superlatif. C'est lui qui,le jour
oùilserapoète,racontera ujieéchauf-
fourée du coin de la rue, en mon
trant « de morts et de mourants
cent montagnes plaintives »..
Certes, le désordre est grand et la
terrible folie des dépenses a rendu
si lourdes les charges de l'impôt
qu'il est très urgent de s'arrêter.
Tout le monde le reconnaît et l'on
peut ëspéî'0F que cette conviction
fgénérale pèsera heureusement sur
es élections législatives de l'an pro
chain. Le pays en même temps qu 'il
réclamera la paix religieuse exigera
l'économie. Mais si grand que soit
le mal, crier en' grosses phrases
qn'il n'y g, plus rien, que toutes les
sources vives du pays sont taries,
; c'est trop céder au besoin de décla
mer. Du reste, au lieu, comme ati Ip
voudrait, d'effrayer ainsi les braves
f;ens, on leur fait hausser les épau-
es.
Naturellement les « ralliés » ont
leur part, et elle est de poids, dans
cette déclamation en deux' colon
nes. Ils sont accusés de soutenir les
scélérats et de. vouloir imposa $ux
hommes de principes,aux vaillants,
le "serment de ne pas jeter le gou
vernement « à légout avec une
pelïg, comme il le mérite »... Mais;
pourquoi Içgf vaillants, armés de la
pelle vengeresse, ne se mettent-ils
pas à la besogne sans s'inquiéter,
des conseils et propos des re
liés? .
: Ah ! pourquoi ?... c'est que M, de
Cassagnac, bien qu'il ait la voix so
nore, ne réussit pas à se faire enten
dre. peut-être aussi, lorsqu'il croit
s'adresser au pays, ne s'adresse^il
qu'à des groupes chaque jour plus
réduits, sensibles eneore aux coups
de langue et aux coups de pluïfté,
mais n ayant plus de force ou 4'gST
prit d'action. La pelle est une arme
trop lourde è-Jgurs mains. Ecoutons
là-dessus, e'est-à-flUFP sur les. fidè
les. qu'il veut mener, pelle en mîtin,
au combat, M. Paul â.e Cassagnac
Jui-même. C'est un bi-rtjoaarehiste,
fie l'oubliez pas, qui s'adresse aux
deux partis monarchiques auxquels
il appartient ; ; ,
• ' Ceux qui se disent conservateurs, qui
së prétendent du parti des honnêtes gens,
né font rien, ne consentent à aucun sa
crifice, et abandonnent insoucieusemept
à quelque» hommes, de plus m plus f.ar
tes, le soin gênant et encombrant d'un/s
propagande en vue de ia revanche mo
narchique.
Qqelquea écritains, quelques orateurs
dans les baaqufits et dans les réunions,
voilà tout ce qui se meut gt agit pour le
Balut du pays :
: Les princes, eux-mêmes-, semblent
s 'enliser dans l'inaction.
De temps en temps, il nous.arrive bien,
de l'un ou de l'autre, quelque lettre plus
ou moins sonore. .
. Mais où est-il, Celui qui veut vrai
ment et réellement nous sauver, et pour
quoi donc, sur deux qu'ils sont, ne s'en
trouve-t-il .pas 'au moins ùn^pour venir
cracher au visage delà Gueuse le mé
pris qu'elle mérite et, bravant les vaines
lois de l'exil, faire appel à la volonté na
tionale contre ce régime d'infâme usur
pation et d'originelle illégalité ?
J'entends des phrases, je lis des mots,
arrivant d'Angleterre ou de Belgique ;
pourtant je ne vois pas I 'homme , et c'est
I 'homme qu'on attend et qui doit sauver
ce qui reste encore de la patrie fran
çaise. '
S'il tarde quelque peu, il sera trop tard
et pour lui et pour nous.
Ces misères morales, ces pauvretés de
toute espèce, ces ruines amoncelées, ces
désillusions qui conduiraient au décou
ragement, si l'on n'avait pas l'âme vail
lante et plus haute que l'infortune, al
lons-nous les retrouver dans l'année qui
vient de naître, ou bien allons-nous les
laisser, comme un amas d'ordures, sur
le seuil de la porte qui s'est fermée le
31 décembre?
Je ne sais. '
Ce « je ne sais » final, nous sem
ble vouloir dire : je sais bien que
1897 sera semblable, quant à l'ac
tion monarchique, à 1896.
Là récente lettre du duc d'Or
léans et la dernière déclaration du
prince .Victor Napoléon autorisent
cette conclusion pessimiste et. de
fond orageux. Les deux prétendants,
sans le déclarer nettement -- ce qui
serait impolitique — font entendre,
en effet, avec une suffisante clarté,
qu'ils ajournent à un «plus tard»
indéterminé toute idée d'action. ^
Leurs partisans sont-ils fondés à
leur en faire reproche? Je ne le
crois pas. Crier à un prétendant :
« Agissez » est chose facile pour un
journal dans un article et pour un
orateur à la fin d'un banquet. Mais
ce pressant et valeureux appel ne
donne pas par lui-même, à ceux aux
quels on le fait, le moyen d'y ré
pondre. Venir n'est pas tout, il faut,
au moment même où l'on arrive,
pouvoir agir. Quelles sont les z'es-
soUrces d'action que les deux partis
monarchiques mettraient à la dispo
sition du prétendant qui viendrait
cracher au visage de la gueuse son
mépris ? Ce prétendant-là aurait tout
de suite contre lui les partisans de
Vautre. De telle sorte que la moitié
du grand parti monarchique, tel que
croit l'avoir constitué M. de Cassa
gnac, se tournerait contre le mo
narque qui dirait : me voici!
Cette union des monarchistes
royalistes et des monarchistes im
périalistes est à la fois une force
d'opposition et un obstacle au suc
cès d'une monarchie quelconque.
Elle permet de faire du mal — pas
beaucoup! — à l 'ennemi commun,
mais au point de vue do l'action
finale, du coup décisif, elle réduit
les deux partis à l'impuissance.
Voit-on Orléans agir pour Bona
parte ou Bonaparte agir pour Or
léans? :
Non, jamais conception plus con
traire au bon sens ne s'est pro
duite.. Nous, comprenons très bien
qu'un journal l'ait acceptée et îp,
serve. Cette union des haines peut
lui offrir des avantages. Mais que
des hommes politiques en attendent
une solution favorable à leur pro
pre parti, c'est inouï.
Dans ce mépris de logique il
faut voir surtout un aveu dlmpuis-
g&nce. N'en doutons pas : si l'un des
deux partis ajliés se croyait de
force à vaincre, il rompît! &içn vite
cette alliance^ qui demandé a cha
cun d 'eux je saarificg des principes
qu'il prétend représenté?;
Eugène. Veuillot.
FJAHCE.E.T RUSSIE
BULLETIN DU JOUR
Les réceptions de la nouvelle année se
sont passées conformément au pro
gramme officiel ; M. le baron de Ifloh-
renheim, en l'absence du nonce aposto
lique, a présenté, comme doyen, le corps
diplomatique. On trouvera plus loin le
texte des discours échangés entre M. le
baron 4e MQhrenfceirfi et M- Félix
Faure.
Le tsar a envoyé un télégramme à
A/, le président de la République. Cela a
été fqrf rpTfftarqiié.
Dans les réceptions dp prûpfnpe, y,n
incident est à' signaler qui s est passé à
Nice. La municipalitéarefusé de rendre
au préfet la visite prescrite par les dé?
crets çt riïqfeijients.
On avait annoncé que M. Bourgeois
était au nombre des sommités radicales
qui avaient donné.leuy apprQfatiqn s%ns
réserve à l'acceptation par M. Doûmer
du QQuvefnement général d'Indo-Chine.
M. Bourgeois pfqtestp. Nous nous bor-,
nons ici à mentipnner lé fait qui est
p%posé et apprécié ailleurs.
Enfin, les électeurs 4$ tfQisième
ciroohscription de Brestj sont convoqués
pour le ,24 courant. Le décret de convo
cation est à i'Qfijpiel d'hier,
De Constantinople on dément la dis
grâce d'Izzet-bey ; les bruits répandus à
çç sujet seraient une manœuvre anglaise.
D'autre part, une dépêche anglaise dit
qu'on aurait vainement essayé di
viser entre eux les .ambassadeurs ,des
puissances, dont l'entente persiste.
Le président de la République a
reçu le télégramme suivant :
Tsarskoïé-Selo-Palais, 31 décembre
9 h. 21 soir.
Paris, S. Exc. M. Félix Faure, président
de la République française,
A l'occasion du renouvellement de l'an
née, je tien3 à vous offrir mes sincères
félicitations et à vous exprimer, autant
de la part de l'impératrice que de la
mienne, les meilleurs vœux pour la pros
périté de la France.
Parmi les souvenirs les plus agréables
de l'année qui vient de s'écouler, celui
des quelques jours pleins de charme pas
sés dans votre belle patrie restera ineffa
çable,
Signé : N icolas.
Voici le texte de la réponse du
président :
A Sa Majesté Nicolas II, Empereur de
toutes les Russies à Tsarskolé. ^
Paris, 1 er janvier 1897.
10 h. matin.
Je suis profondément touché des
termes dans lesquels Votre Majesté m'a
dresse ses félicitations et je La remercie
ainsi que Sa Majesté l'Impératrtce des
sentiments qu'Elles expriment pour la
France.
Nous évoquons, nous aussi, avec une
vive émotion le souvenir si précieux de
Votre présence parmi nous et je Vous
prie de recevoir les vœux que nous for
mons pour le bonheur de, Votre^Majesté
et de Sa Majesté l'Impératrice, pour celui
de Son Altesse Impériale la grande du
chesse Olga et pour la grandeur de la
Russie.
Félix F aure.
L'INTÉRÊT DU PAYS
C'est émouvant et beau de voir
comme tout le monde, au milieu des
dissensions politiques, ne pense, au
fond, qu'à l'intérêt du pays.
Ecoutez M. Doumer et les amis
qui lui demeurent fidèles. De leurs
propos, il résulte que l'ancien mi
nistre des finances du cabinet radi
cal, en acceptant la succession de
M. Rousseau, n'a pensé qu'à servir
utilement la France. Il est jeune,
actif, intelligent, résolu; il fera mer
veille en Indo-Chine. C'est pour
quoi, sacrifiant le portefeuille qui ne
Eouvait manquer de lui revenir à
ref délai, il s^ejtile en des climats
lointains. Pousser le dévouement
jusqu'à disparaître de la scène po
litique, où l'on avait à jouer un si
grand rôle, n'est-ce point admira
ble ? Le pays doit une couronne ci
vique, en or, à M. Doumer.
Ecoutez maintenant les journaux
ministériels qui approuvent la no
mination : — Le gouvernement vient
de donner un magnifique exemple.
Il n'a pas voulu qu'un nomme dé va
leur, capable de faire une bonne et
saine besogne, fût condamné, par
les luttes de partis,» toujours s'user
dans une opposition stérile. Ou
blieux de leursinjures personnelles,
M. Méline. et ses collègues ont mis
au-dessus des ressentiments qu'ils
pouvaient avqip, ftrçtérêi. sacré dû
pays. Noblement, ils ont offert à
leur ennemi la succession de M.
Rousseau. En cette occasion, le
PQuyernement a bier} mérité d@ lft
rancé; ~
Ecoutez aussi les feuilles modé
rées qui désapprouvent, la nomina
tion ; rrr- M. Doumer a démontré, am
plement qu'il n'était point un esprit
politique, On l'a vu, aux affaires^
manquant de sang-froid et de net
teté, s'acharnant à soutenir des ré
formes impraticables. L'opposition
nous l'a fait 4 mieux connaître en
core : c'est un esprit mesquin,
agité, brouillon, haineux. Son éloi-
fnement débarrasse le ministère
'un ennemi perfide et féroce. Mais,
plus haut que l'intérêt du ministère,
nous avons coutume de pla'cer ce
lui du pays.. Et c'est pourquoi nous
regrettons là-nômination de M. Dou
mer en Indo-Chine.
Ecoutez enfin M. Bourgeois et
les radicaux M. Bourgeois, qui n'a
jamais varié, se montre sévère et
triste. Les journaux de son bord ne
ménagent point le blâme au trans
fuge. — Passer à l'ennemi, la veille
meme d'une bataille, quand on avait
l'honneur ' d'être l'un des chefs les
Elus en vue 4e l'armée, quelle tra-
..ispîîl Les élections sénatoriales
vont'èn subir le fâcheux Teifet; tout
le parti en sentira le déplorable
contre-coup. Nuire au radicalisme j
c'est nuire à la République ét à la
France, que lui seul peut sauver.
N'ayant; Jswaja ppnsé qu'à l'intérêt
du pays, c.qmment M. Bourgeois et
tout son camp ne flétpiraient-ils pas
la ; défection qui procure un tel avan
tage à l'opportunisme?
Voix discordantes, mais touchant
concert: si dans les couplets, on ne
s'entend pas, quel ujiisson règne
dans le refrain !' L'intérêt du pays,
unique préoccupation !
Par malheur, nombreux, très
nombreux seront les incrédules.
Ils diront-que M. Bourgeois et les
radicaux ne songent, en la circons
tance, qu'à eux seuls, à leurs in
térêts personnels. Une suspicion
est jetée sur les hommes du parti,
un ridicule est jeté sur le parti lui-
même, parla désertion de M. Dou
mer. C'est un-affaiblissement. La
conquête des portefeuilles et des
places devient plus difficile, plus
problématique. Voilà de quoi ne se
consolent point les radicaux et
M. Bourgeois. Mais les élections
sénatoriales, qui sont faites en réa
lité, d'ailleurs, depuis le renouvelle
ment des conseils généraux et des
conseils municipaux; mais le sort
de l'impôt sur le revenu : comme
tout cela pèse peu dans leurs alar
mes !
Quant aux amis du ministère qui
n'approuvent pas le ministère, ce
n'est pas l'avenir du Tonkin, de
l'Annam et de la Cochinchine qui
les préoccupe. Ils veulent, par leurs
plaintes et leur indignation, empê
cher le cabinet de prendre une ha
bitude déplorable. Un poste impor
tant et des plus rémunérateurs est à
pourvoir, et c'est un radical qui l'ob
tient. Les opportunistes sont volés ;
ils çrient.
Le gouvernement - s ; est ' débar-
vàssé d'un e'nriemî dangereux,-et il a
porté un mauvais coup à l'opposi
tion. C'est pour ce résultat qu'il a
noblement saorifié ses rancunes,
oublié ses injures. Ce que deviendra
notre empire d'Indo-Chine, on le
verra bien ; la chose est d'un intérêt
secondaire. Du reste, il n'est pas
démontré que le successeur de
M. Rousseau doive faire un admi
nistrateur incapable.
M. Doumer est persuadé, soyez-
en sûrs, qu'il administrera merveil
leusement. Jouir d'un traitement
superbe et acquérir une réputation
qui sera de la gloire, pour revenir,
dans quelques années, avec des
économies et couvert de lau
riers, en position d'aspirer à tout,
voilà quelle perspective il a eue de
vant les yeux. Si l'intérêt du pays a
exercé une influence dans l'affaire,
c'est tout au plus celle de la goutte
d'eau. Mais le vase aurait débordé
même sans cette goutte; je veux
dire que M. Doumer eût accepté
môme sans penser à l'intérêt du
pays.
Pierre Veuillot.
ÇJà et là
PROPHETIES
La Libre Parole a, parmi ses relations,
un homme précieux, qui exerce la pro
fession, peu commune aujourd'hui, de
Mage et qui tient commerce de prophé
ties. Cet homme précieux-,— tout surpre-r
nantque cela paraisse, — n'est pas le Sâr
Peladan ; mais il doit lui être apparenté
de quelque fftGQH.
G est piejî commode, n'est-il pas vrai,
— pour un journaliste surtQUt *=■ d'&YQir
un ami prophète, én peut ainsi A+ ".e "î n
formé des événemepfc '/ ongtemp ; avan t
qu ug SOien u aavenus ij mer avec SO i n)
a l'avance, un article « improvisé ».
Ainsi, la Libre Parole a su, l'hiver
depnieï» si nos souvenirs sont précis —
que M. Félix Faure allait donner sa dé
mission quelques mois après, vers le
printemps, le printemps de 1896.
I3h bien, voilà un événement, un événe
ment grave et sérieux, dont on n'aurait
jamais entendu dire un mot, — puisqu'il
n'est pas arrivé, — si le Mage avait ou
blié d'en prévenir la Libre Parole.
Et, qu'il n'ait pas eu lieu,cela ne prouve
point du tout que le Mage ait erré dans
ses prévisions ; cela démontre simple
ment à quel point noire président est an
cré sur son fauteuil, puisqu'il a refusé
d'en sortir, même alors qu'il devait le
quitter,
Aussi, la Libre Parole a-t-elle senti
redoubler sa confiance envers un pro
phète informé à tel point, qu'il connaît,
parmi les événements'futurs, non seule
ment cepx qui doivent arriver, mais en
core, — et.je dirai même surtout! —
ceux qui démentiront sa science magi
que.
Et le Mage a donc été prié de révéler
au public les destins de l'année 1897.
Hier matin, la Libre Parole offrait à ses
lecteurs l'horoscope de l'année, tiré par
son Mage.
Nous y apprenons diverses choses du
plus vif intérêt et de la plus haute gravité:
d'abord, que « l'année 1897. s'annonce
comme devant être fertile en événements
imputants de toute nature ».
Voilà qui n'est point d'une précision ri
goureuse et qui, d'autre part, est assez
facile à justifier, — quelle qu'ait été l'his
toire de l'année, —au 31décembre, po^r
n'être point malaisé à prédire, au 1 er jan
vier. , Mai?) enfin, c'est alléchant. Voyons
la suite,
La suite est, d'abord, profondément
mystérieuse et ne nous fait prévoir, que .
d'une façon très vague et très obscure,
si le président donnera sa démission,
cette année,— comme l'annég deriuè**©,—
ou s'il ne la dqpnera point,
M, lé Mage, on le sent, ne veut plus se
risquer sur ce terrain dangereux. Puis
que >M. Félix Faure a le mauvais ; goût et
l'obstination de ne pas conformer sa con
duite aux prédictions du et se per
met de ne point ^oeomplir ce (ju'il doit.
faire, alors à quoi-bon prophétiser sur
lui ?
Mais si nous restons dans une igno
rance pénible en ce qui concerne le pré
sident, nous sommes très informés sur
le « nombre fatidique de la République
française en cette nouvelle année ».
En effet, c'est un « chiffré correspon
dant à la vingtième lame des tables d'E-
meraude du sage Hermès ». Quelle lu
mière, aussitôt, se répand sur les douze
mois qui vont s'écouler ! Comme l'avenir,
& cette clarté, se dévoile et nous dévoile
les événements qu'il porte dans son sein.
C'est uhe véritable pluie de rayons Rœt-
gen. A vrai dire, après nous avoir fourni
ce fil conducteur incomparable, une
lame d'Emeraude apprêtée par le sage
Hermès, le Mage aurait l'air de nous
prendre pour des idiots s'il se mettait à
préciser. Aussi, se garde-t-il bien de le
faire.
Il se contente seulement de nous ex
poser « la maxime de ce magnifique sym
bole ».
Ici, nous préférons citer. Nous pour
rions, en. résumant, changer le sens de
la maxime et ne pas du tout nous en
apercevoir. Transcrivons: « Deux for
ces unies ne doivent point rester inac
tives. Ces deux causes doivent produire
un effet en temps et lieu, car un jour, et
il est peut-être proche, il sera demande
un effort, la tâche à remplir sera exigée
impérieusement du maître ; malheur au
sourd qui n'entendra pas la voix et au
paresseux qui, ayant entendu, préférera
le refus au labeur qui relève et ho
nore. »
Et pour ceux auxquels, par un grand
hasard, cette prophétie ne suffirait point,
nous ajouterons que la maxime « s'ap
plique non seulement à la nation en gé
néral, mais aussi à des classes particu
lières d'individus ».
Voilà!
Après cela, viennent quelques détails,
quelques prédictions particulières dont
les unes s'appliquent au gouvernement,
les autres à la nation : le Mage a soin de
nous en prévenir; seulement il a soin
d'oublier, en même temps, de nous pré
ciser quelles sont « les unes » et quelles
sont « les autres »: de sorte que nous de
meurons, sur toutes, dans une incertitude
absolument triste et fâcheuse.
Quoi qu'il en soit, apprenez que « de
grands changements » surviendront ;
qu'« il pourrait y avoir accroissement de
biens par trafic oij diplomatie » ; que
« des accidents se produiront par l'eau
ou sur l'eau » ; que « la diplomatie aura
fort à faire en cette année que « des
fêtes doivent avoir lieu », etç., etc.
Tout cela porte un cachet de précision
qui ne permet pas d'élever un doute sur
l'exactitude et la réalité de oea. pro
phéties.
Mais, après ces détails curieux et inté
ressants, nous retombons en plein mys
tère. Il faut citer encore : « L'arcane,
pour l'année 1897, est d'un enseignement
profond : il se dénomme hermétique
ment « le combattant du Sceptre ».
« Le combattant du Sceptre es* Ber
sonmfmtion de la. ^ câ g^^trice
qui cheav* ^ a f a i re une oeuvre de vie. »
Et plus loin : « Le bien et le mal sont
en présence pour un but définitif : que
l'œuvre accomplie soit bonne, la main
de l'Eternel la soutiendra, l'affermira, la
rendra stable ; mais que cette même
œuvre soit mauvaise, ce ne sera plus
qu'une œuvre humaine. »
Ah ! comme il est précieux d'avoir un
Mage dans sa manche, surtout le premier
avril... pardon!... le premier janvier!
Excusez ce lapsus...
Mais à prophète, on peut opposer
prophète et demi.
Nous avons le nôtre aussi ; nous lui
avons porté aussitôt ces prédictions si
graves; or, il a pu en éclaireir et en déve
lopper un certain nombre. Malheureuse
ment, il nous interdit de publier son ho
roscope, avant le'31 décembre. A titre
d'échantillon, nous pouvons toutefois ré
véler ce qui suit :
« Des fêtes doivent avoir lieu », dit le
Mage. La chose est rigoureusement
exacte, ajoute notre Mage, à nous. Même
parmi ces fêtes, on comptera, eetteannée
Pâques, l'Ascension, l'Assomption; la
Toussaint, Noël, la Saint-Jean, la Saint-
Pierre, la Saint-François, la Saint-Jo-
seph, etc., etc. Et notre Mage en a énu-
méré, de la sorte, un très grand nom"
bre. -■ ■
Il y aura « de grands changements » :
parmi ces changements, notre Mage a si
gnalé ceux qui affecteront, d'une façon
assez sérieuse, plusieurs personnages
connus, lesquels mourront cettte-année.
Il ne nous a pas appris lesquels ; mais,il est
certain, nous a-t-il déclaré d'un ton très
ferme et même inspiré, que plusieurs
personnages connus passeront, çette an
née, de vie à trépas. En outre, — détail
bien curieux — quelques autres célébri
tés naîtront oette année aussi ; mais, si
nous en croyons notre Mage, elles ne se+
ront célébrités que beaucoup plus tard.
Qu'on sache enfin qu'il y aura cette an
née du chaud, du froid, de là pluie, du
soleil, du vent, du tonnerre §t plusieurs
interpellations,
François V euillot.
Nous rappelons à nos lecteurs que
toute demande de changement d'a
dresse doit être accompagnée de la
somme de cinquante centimes en
timbres poste*
M. le comte Urbain de Maillé, re
présentant en France du chef do la
maison de Bourbon,M.le duc de'Ma-
drid, nous communique la dépêche
suivante :
Venise, l or janvier 1897.
Monseigneur m'ordonne de vous an
noncer les fiançailles de l'infante Béa-
trix avec le prince Fabrizio Massimo,
prince de Torriano, duc d'Anticoli Cor-
rando, dont l'attachement au Saint-Siège
et aux principes légitimistes vous sont
bien connus.
Comte de M elgar.
Le comte deMarichalar a égale
ment reçu une dépêche du comte de
Melgar lui annonçant cette heureuse
et importante nouvelle.,
Nous rappellerons que le prince
Massimo est le petit-fils de la du
chesse de Berry par son second ma
riage.
LES EXPLOITS DU FISC
Il existe, à Chalons^sur-Marne,
depuis 1613, une communauté qui a
rendu à là ville des services inap-
Sréciables. C'est la congrégation de
lotre-Dame, dite le couvent de la
rue Grande-Etape.
Dans cette communauté, plusieurs
centaines de jeunes filles pauvres
reçoivent l'enseignement entière
ment gratuit.
Reconnue par l'Etat, elle est logée
dans une maison qui lui appartient,
et elle vivait modestement du revenu
de son pensionnat payant et des
loyers de quelques immeubles.
Mais en vertu de là loi d'abonne
ment, l'administration de l'enregis
trement a fait saisir les loyers dus à
la communauté et lui a enlevé litté
ralement le pain qui la nourrit.
Le fisc entend s'emparer, par cette
voie, de la somme de 2,600 francs,
représentant le droit d'abonnement
pour une seule année et le demi-
droit en sus, la communauté ne s'é-.
tant pas acquittée en temps utile.
En outre, les religieuses viennent
de recevoir Une nouvelle assigna
tion à payer, non plus 2,000, mais
7,696 francs pour une seconde an
née.
On voit combien cet impôt mérite
le nom qui lui a été donné par ses
inventeurs : droit d' « accroisse
ment ».
Nous espérons bien que le tribu
nal civil de Châlons-sur-Marne —
suivant l'exemple récent du tribunal
de Reims — infligera une nouvelle
leçon à l'enregistrement.
— La vente des immeubles du
couvent des Ursulines d'Avignon,
qui devait avoir lieu avant-hier, 3t
décembre, a été renvoyée au 4 fé
vrier , à la «VLÎtè des exceptions de
cedure soulevées par l'avocat de
cette congrégation.
— La communauté des religeuses
Ursulines de Tonnerre, qui a déjà
reçu plusieurs contraintes relatives
au paiement du droit d'accroisse
ment, est menacée maintenant d'une
saisie immobilière, à laquelle il se
rait procédé jeudi prochain.
Nous connaissons assez les sen
timents delà population tonnerraise
pour être convaincus que si cette
saisie a lieu elle sera l'occasion
d'une manifestation publique en fa
veur des religieuses, et en faveur
de l'équité.
Le très honoré Frère Joseph,
XIII 6 supérieur général de l'Institut
des Frères des Ecoles chrétiennes,
vient'de s'éteindre à Arcachon (Gi
ronde); couronnant par une sainte
mort sa belle vie. de dévouement à
la jeunesse, à l'Institut et à l'E
glise.
I
Joseph Marie Josserand (en reli
gion Frère Joseph) était né le
30 mars 1823 à Saint-Etienne, au mi
lieu de ces chrétiennes populations
du Forez qui sont une reserve inta
rissable de vocations pour l'Insti
tut. Il devint, à sept ans, élève des
Frères qu'il ne devait plus quitter,
^entendit a treize ans retentir en son
âme candide l'appel de Dieu, entra
au petit noviciat que le Frère Phi
lippe, de populaire mémoire, venait
d'ouvrir à Paris ; et, distingué dès
ce moment entre tous ses émules
par le coup d'œil perçant de ce grand
éducateur, il fut, au sortir du novi
ciat, envoyé à la communauté de
Saint-NicQlas*des-Champs, l'un des
principaux centres scolaire^ de la
capitale à cette époque.
Là, le jeune maître — il n'avait
pas vingt ans — se révéla, avec
toutes les qualités de l'éducateur :
souplesse d'intelligence,patience,di
gnité,pieté ;mais surtout avec sa ten
dresse pour les enfants. Tendresse
surnaturelle et prévoyante ! Il gé
missait de les voir arrachés sitôt de
l'école; jetés au milieu des dangers
au moment où s'éveillaient leurs
passions. Alors, il lès suivait, les
Edition quotidienne. — 10,578
Samedi-Dimanche 2-3 Janvier 1897
ÉDITION QUOTIDIENNE
PARIS
et départements
Un ail ..... 40 »
Six mois...... 21 »
Trois mois..... : 11 »
ÉTRANGER
(union postale)
51 » "
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Les abonnements partent des 1« et 13 de chaque mois
UN NUMÉRO | ^® ris V Cent *
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On s'abonne & Rome, place du Gesù, 8
ÉDITION SEMI-QUOTIDIENNE
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et départements (union postale)
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Six mois 10 »
Trois inoisr.5 »
26 »
13 »
6 50
■BIT*
LE MONDE
Les abonnemënts partent des 1« et 16 de chaque mois
L'tJNIVERS ne répond pas des manuscrits qui lui sont adressés
ANNONCES
MM. LAGRANGE, CERF et O, 6, place de la Bourse
PARIS,2 JANVIER 18S7
SOMMAIRE
De l'allianoe monar-
chique............ E ugène V euillot.
L'intérêt du pays.. . P ierre V euillot.
Ç&et là : Prophéties. F rançois V euillot.
Le T. H.. F. Joseph. A. B ridier.
La célébration du
XXV e Anniversai- .
re du vœu natio
nal du Sacré-Cœur
de Jésus : Lettre de S. E m. le cardinal
R ichard. .
Feuilleton : Cause
rie scientifique.... E. V ial.
Bulletin du jour.— France et Russie — Un
mariage princier. — Les exploits du fisc.
— La santé de Mgr l'évêque de Saint-
Claude.— Les cloches de Domrémy. —
Démolisseurs de croix. — Les réceptions
du i" r janvier. — Informations politiques
et parlementaires. —Bourgeois contre
Doumer. — Chronique. — La question
ouvrière. — Dépêches de l'étranger. —
Nécrologie. —Echos dé partout. — Let
tres, sciences et arts. — Tribunaux.—
Eglise du Sacré-Cœur.— Dernière heure.
•—Nouvelles diverses. — Calendrier.—
Bourse et bulletin financier.
DE L'ALLIANCE MONARCHIQUE
L 'Autorité ferme l'année 1896 et
ouvre l'année 1897 par un article où
l'impuissance de la politique de ta
page, d'injure, d'opposition systé
matique se montre « dans toute
' sa beauté », comme disait feu Beulé,
homme d'esprit d'ailleurs.
Après un rapprochement quelque
peu fantaisiste, mais assez réussi, en
tre les années républicaines et les va
ches maigres de l'Ecriture, M. Paul
de Cassagnac montre... pardon, dé
clare qu'il n'y a plus en France,
rien : ni armée, ni flotte, ni com
merce, ni agriculture, eto. Tout ce
que notre noble et riche pays pos
sédait autrefois est aujourd'hui
remplacé, il l'affirme, par 1\ « ef
frayant manteau loqueteux et troué
de (a misère ».
Qui veut trop prouver ne prouve
rien, dit avec raison un proverbe
français' tressage et très vrai. M; de
Cassagnac oublie toujours ce pro
verbe-là. Il n'aime, il ne comprend
que le superlatif. C'est lui qui,le jour
oùilserapoète,racontera ujieéchauf-
fourée du coin de la rue, en mon
trant « de morts et de mourants
cent montagnes plaintives »..
Certes, le désordre est grand et la
terrible folie des dépenses a rendu
si lourdes les charges de l'impôt
qu'il est très urgent de s'arrêter.
Tout le monde le reconnaît et l'on
peut ëspéî'0F que cette conviction
fgénérale pèsera heureusement sur
es élections législatives de l'an pro
chain. Le pays en même temps qu 'il
réclamera la paix religieuse exigera
l'économie. Mais si grand que soit
le mal, crier en' grosses phrases
qn'il n'y g, plus rien, que toutes les
sources vives du pays sont taries,
; c'est trop céder au besoin de décla
mer. Du reste, au lieu, comme ati Ip
voudrait, d'effrayer ainsi les braves
f;ens, on leur fait hausser les épau-
es.
Naturellement les « ralliés » ont
leur part, et elle est de poids, dans
cette déclamation en deux' colon
nes. Ils sont accusés de soutenir les
scélérats et de. vouloir imposa $ux
hommes de principes,aux vaillants,
le "serment de ne pas jeter le gou
vernement « à légout avec une
pelïg, comme il le mérite »... Mais;
pourquoi Içgf vaillants, armés de la
pelle vengeresse, ne se mettent-ils
pas à la besogne sans s'inquiéter,
des conseils et propos des re
liés? .
: Ah ! pourquoi ?... c'est que M, de
Cassagnac, bien qu'il ait la voix so
nore, ne réussit pas à se faire enten
dre. peut-être aussi, lorsqu'il croit
s'adresser au pays, ne s'adresse^il
qu'à des groupes chaque jour plus
réduits, sensibles eneore aux coups
de langue et aux coups de pluïfté,
mais n ayant plus de force ou 4'gST
prit d'action. La pelle est une arme
trop lourde è-Jgurs mains. Ecoutons
là-dessus, e'est-à-flUFP sur les. fidè
les. qu'il veut mener, pelle en mîtin,
au combat, M. Paul â.e Cassagnac
Jui-même. C'est un bi-rtjoaarehiste,
fie l'oubliez pas, qui s'adresse aux
deux partis monarchiques auxquels
il appartient ; ; ,
• ' Ceux qui se disent conservateurs, qui
së prétendent du parti des honnêtes gens,
né font rien, ne consentent à aucun sa
crifice, et abandonnent insoucieusemept
à quelque» hommes, de plus m plus f.ar
tes, le soin gênant et encombrant d'un/s
propagande en vue de ia revanche mo
narchique.
Qqelquea écritains, quelques orateurs
dans les baaqufits et dans les réunions,
voilà tout ce qui se meut gt agit pour le
Balut du pays :
: Les princes, eux-mêmes-, semblent
s 'enliser dans l'inaction.
De temps en temps, il nous.arrive bien,
de l'un ou de l'autre, quelque lettre plus
ou moins sonore. .
. Mais où est-il, Celui qui veut vrai
ment et réellement nous sauver, et pour
quoi donc, sur deux qu'ils sont, ne s'en
trouve-t-il .pas 'au moins ùn^pour venir
cracher au visage delà Gueuse le mé
pris qu'elle mérite et, bravant les vaines
lois de l'exil, faire appel à la volonté na
tionale contre ce régime d'infâme usur
pation et d'originelle illégalité ?
J'entends des phrases, je lis des mots,
arrivant d'Angleterre ou de Belgique ;
pourtant je ne vois pas I 'homme , et c'est
I 'homme qu'on attend et qui doit sauver
ce qui reste encore de la patrie fran
çaise. '
S'il tarde quelque peu, il sera trop tard
et pour lui et pour nous.
Ces misères morales, ces pauvretés de
toute espèce, ces ruines amoncelées, ces
désillusions qui conduiraient au décou
ragement, si l'on n'avait pas l'âme vail
lante et plus haute que l'infortune, al
lons-nous les retrouver dans l'année qui
vient de naître, ou bien allons-nous les
laisser, comme un amas d'ordures, sur
le seuil de la porte qui s'est fermée le
31 décembre?
Je ne sais. '
Ce « je ne sais » final, nous sem
ble vouloir dire : je sais bien que
1897 sera semblable, quant à l'ac
tion monarchique, à 1896.
Là récente lettre du duc d'Or
léans et la dernière déclaration du
prince .Victor Napoléon autorisent
cette conclusion pessimiste et. de
fond orageux. Les deux prétendants,
sans le déclarer nettement -- ce qui
serait impolitique — font entendre,
en effet, avec une suffisante clarté,
qu'ils ajournent à un «plus tard»
indéterminé toute idée d'action. ^
Leurs partisans sont-ils fondés à
leur en faire reproche? Je ne le
crois pas. Crier à un prétendant :
« Agissez » est chose facile pour un
journal dans un article et pour un
orateur à la fin d'un banquet. Mais
ce pressant et valeureux appel ne
donne pas par lui-même, à ceux aux
quels on le fait, le moyen d'y ré
pondre. Venir n'est pas tout, il faut,
au moment même où l'on arrive,
pouvoir agir. Quelles sont les z'es-
soUrces d'action que les deux partis
monarchiques mettraient à la dispo
sition du prétendant qui viendrait
cracher au visage de la gueuse son
mépris ? Ce prétendant-là aurait tout
de suite contre lui les partisans de
Vautre. De telle sorte que la moitié
du grand parti monarchique, tel que
croit l'avoir constitué M. de Cassa
gnac, se tournerait contre le mo
narque qui dirait : me voici!
Cette union des monarchistes
royalistes et des monarchistes im
périalistes est à la fois une force
d'opposition et un obstacle au suc
cès d'une monarchie quelconque.
Elle permet de faire du mal — pas
beaucoup! — à l 'ennemi commun,
mais au point de vue do l'action
finale, du coup décisif, elle réduit
les deux partis à l'impuissance.
Voit-on Orléans agir pour Bona
parte ou Bonaparte agir pour Or
léans? :
Non, jamais conception plus con
traire au bon sens ne s'est pro
duite.. Nous, comprenons très bien
qu'un journal l'ait acceptée et îp,
serve. Cette union des haines peut
lui offrir des avantages. Mais que
des hommes politiques en attendent
une solution favorable à leur pro
pre parti, c'est inouï.
Dans ce mépris de logique il
faut voir surtout un aveu dlmpuis-
g&nce. N'en doutons pas : si l'un des
deux partis ajliés se croyait de
force à vaincre, il rompît! &içn vite
cette alliance^ qui demandé a cha
cun d 'eux je saarificg des principes
qu'il prétend représenté?;
Eugène. Veuillot.
FJAHCE.E.T RUSSIE
BULLETIN DU JOUR
Les réceptions de la nouvelle année se
sont passées conformément au pro
gramme officiel ; M. le baron de Ifloh-
renheim, en l'absence du nonce aposto
lique, a présenté, comme doyen, le corps
diplomatique. On trouvera plus loin le
texte des discours échangés entre M. le
baron 4e MQhrenfceirfi et M- Félix
Faure.
Le tsar a envoyé un télégramme à
A/, le président de la République. Cela a
été fqrf rpTfftarqiié.
Dans les réceptions dp prûpfnpe, y,n
incident est à' signaler qui s est passé à
Nice. La municipalitéarefusé de rendre
au préfet la visite prescrite par les dé?
crets çt riïqfeijients.
On avait annoncé que M. Bourgeois
était au nombre des sommités radicales
qui avaient donné.leuy apprQfatiqn s%ns
réserve à l'acceptation par M. Doûmer
du QQuvefnement général d'Indo-Chine.
M. Bourgeois pfqtestp. Nous nous bor-,
nons ici à mentipnner lé fait qui est
p%posé et apprécié ailleurs.
Enfin, les électeurs 4$ tfQisième
ciroohscription de Brestj sont convoqués
pour le ,24 courant. Le décret de convo
cation est à i'Qfijpiel d'hier,
De Constantinople on dément la dis
grâce d'Izzet-bey ; les bruits répandus à
çç sujet seraient une manœuvre anglaise.
D'autre part, une dépêche anglaise dit
qu'on aurait vainement essayé di
viser entre eux les .ambassadeurs ,des
puissances, dont l'entente persiste.
Le président de la République a
reçu le télégramme suivant :
Tsarskoïé-Selo-Palais, 31 décembre
9 h. 21 soir.
Paris, S. Exc. M. Félix Faure, président
de la République française,
A l'occasion du renouvellement de l'an
née, je tien3 à vous offrir mes sincères
félicitations et à vous exprimer, autant
de la part de l'impératrice que de la
mienne, les meilleurs vœux pour la pros
périté de la France.
Parmi les souvenirs les plus agréables
de l'année qui vient de s'écouler, celui
des quelques jours pleins de charme pas
sés dans votre belle patrie restera ineffa
çable,
Signé : N icolas.
Voici le texte de la réponse du
président :
A Sa Majesté Nicolas II, Empereur de
toutes les Russies à Tsarskolé. ^
Paris, 1 er janvier 1897.
10 h. matin.
Je suis profondément touché des
termes dans lesquels Votre Majesté m'a
dresse ses félicitations et je La remercie
ainsi que Sa Majesté l'Impératrtce des
sentiments qu'Elles expriment pour la
France.
Nous évoquons, nous aussi, avec une
vive émotion le souvenir si précieux de
Votre présence parmi nous et je Vous
prie de recevoir les vœux que nous for
mons pour le bonheur de, Votre^Majesté
et de Sa Majesté l'Impératrice, pour celui
de Son Altesse Impériale la grande du
chesse Olga et pour la grandeur de la
Russie.
Félix F aure.
L'INTÉRÊT DU PAYS
C'est émouvant et beau de voir
comme tout le monde, au milieu des
dissensions politiques, ne pense, au
fond, qu'à l'intérêt du pays.
Ecoutez M. Doumer et les amis
qui lui demeurent fidèles. De leurs
propos, il résulte que l'ancien mi
nistre des finances du cabinet radi
cal, en acceptant la succession de
M. Rousseau, n'a pensé qu'à servir
utilement la France. Il est jeune,
actif, intelligent, résolu; il fera mer
veille en Indo-Chine. C'est pour
quoi, sacrifiant le portefeuille qui ne
Eouvait manquer de lui revenir à
ref délai, il s^ejtile en des climats
lointains. Pousser le dévouement
jusqu'à disparaître de la scène po
litique, où l'on avait à jouer un si
grand rôle, n'est-ce point admira
ble ? Le pays doit une couronne ci
vique, en or, à M. Doumer.
Ecoutez maintenant les journaux
ministériels qui approuvent la no
mination : — Le gouvernement vient
de donner un magnifique exemple.
Il n'a pas voulu qu'un nomme dé va
leur, capable de faire une bonne et
saine besogne, fût condamné, par
les luttes de partis,» toujours s'user
dans une opposition stérile. Ou
blieux de leursinjures personnelles,
M. Méline. et ses collègues ont mis
au-dessus des ressentiments qu'ils
pouvaient avqip, ftrçtérêi. sacré dû
pays. Noblement, ils ont offert à
leur ennemi la succession de M.
Rousseau. En cette occasion, le
PQuyernement a bier} mérité d@ lft
rancé; ~
Ecoutez aussi les feuilles modé
rées qui désapprouvent, la nomina
tion ; rrr- M. Doumer a démontré, am
plement qu'il n'était point un esprit
politique, On l'a vu, aux affaires^
manquant de sang-froid et de net
teté, s'acharnant à soutenir des ré
formes impraticables. L'opposition
nous l'a fait 4 mieux connaître en
core : c'est un esprit mesquin,
agité, brouillon, haineux. Son éloi-
fnement débarrasse le ministère
'un ennemi perfide et féroce. Mais,
plus haut que l'intérêt du ministère,
nous avons coutume de pla'cer ce
lui du pays.. Et c'est pourquoi nous
regrettons là-nômination de M. Dou
mer en Indo-Chine.
Ecoutez enfin M. Bourgeois et
les radicaux M. Bourgeois, qui n'a
jamais varié, se montre sévère et
triste. Les journaux de son bord ne
ménagent point le blâme au trans
fuge. — Passer à l'ennemi, la veille
meme d'une bataille, quand on avait
l'honneur ' d'être l'un des chefs les
Elus en vue 4e l'armée, quelle tra-
..ispîîl Les élections sénatoriales
vont'èn subir le fâcheux Teifet; tout
le parti en sentira le déplorable
contre-coup. Nuire au radicalisme j
c'est nuire à la République ét à la
France, que lui seul peut sauver.
N'ayant; Jswaja ppnsé qu'à l'intérêt
du pays, c.qmment M. Bourgeois et
tout son camp ne flétpiraient-ils pas
la ; défection qui procure un tel avan
tage à l'opportunisme?
Voix discordantes, mais touchant
concert: si dans les couplets, on ne
s'entend pas, quel ujiisson règne
dans le refrain !' L'intérêt du pays,
unique préoccupation !
Par malheur, nombreux, très
nombreux seront les incrédules.
Ils diront-que M. Bourgeois et les
radicaux ne songent, en la circons
tance, qu'à eux seuls, à leurs in
térêts personnels. Une suspicion
est jetée sur les hommes du parti,
un ridicule est jeté sur le parti lui-
même, parla désertion de M. Dou
mer. C'est un-affaiblissement. La
conquête des portefeuilles et des
places devient plus difficile, plus
problématique. Voilà de quoi ne se
consolent point les radicaux et
M. Bourgeois. Mais les élections
sénatoriales, qui sont faites en réa
lité, d'ailleurs, depuis le renouvelle
ment des conseils généraux et des
conseils municipaux; mais le sort
de l'impôt sur le revenu : comme
tout cela pèse peu dans leurs alar
mes !
Quant aux amis du ministère qui
n'approuvent pas le ministère, ce
n'est pas l'avenir du Tonkin, de
l'Annam et de la Cochinchine qui
les préoccupe. Ils veulent, par leurs
plaintes et leur indignation, empê
cher le cabinet de prendre une ha
bitude déplorable. Un poste impor
tant et des plus rémunérateurs est à
pourvoir, et c'est un radical qui l'ob
tient. Les opportunistes sont volés ;
ils çrient.
Le gouvernement - s ; est ' débar-
vàssé d'un e'nriemî dangereux,-et il a
porté un mauvais coup à l'opposi
tion. C'est pour ce résultat qu'il a
noblement saorifié ses rancunes,
oublié ses injures. Ce que deviendra
notre empire d'Indo-Chine, on le
verra bien ; la chose est d'un intérêt
secondaire. Du reste, il n'est pas
démontré que le successeur de
M. Rousseau doive faire un admi
nistrateur incapable.
M. Doumer est persuadé, soyez-
en sûrs, qu'il administrera merveil
leusement. Jouir d'un traitement
superbe et acquérir une réputation
qui sera de la gloire, pour revenir,
dans quelques années, avec des
économies et couvert de lau
riers, en position d'aspirer à tout,
voilà quelle perspective il a eue de
vant les yeux. Si l'intérêt du pays a
exercé une influence dans l'affaire,
c'est tout au plus celle de la goutte
d'eau. Mais le vase aurait débordé
même sans cette goutte; je veux
dire que M. Doumer eût accepté
môme sans penser à l'intérêt du
pays.
Pierre Veuillot.
ÇJà et là
PROPHETIES
La Libre Parole a, parmi ses relations,
un homme précieux, qui exerce la pro
fession, peu commune aujourd'hui, de
Mage et qui tient commerce de prophé
ties. Cet homme précieux-,— tout surpre-r
nantque cela paraisse, — n'est pas le Sâr
Peladan ; mais il doit lui être apparenté
de quelque fftGQH.
G est piejî commode, n'est-il pas vrai,
— pour un journaliste surtQUt *=■ d'&YQir
un ami prophète, én peut ainsi A+ ".e "î n
formé des événemepfc '/ ongtemp ; avan t
qu ug SOien u aavenus ij mer avec SO i n)
a l'avance, un article « improvisé ».
Ainsi, la Libre Parole a su, l'hiver
depnieï» si nos souvenirs sont précis —
que M. Félix Faure allait donner sa dé
mission quelques mois après, vers le
printemps, le printemps de 1896.
I3h bien, voilà un événement, un événe
ment grave et sérieux, dont on n'aurait
jamais entendu dire un mot, — puisqu'il
n'est pas arrivé, — si le Mage avait ou
blié d'en prévenir la Libre Parole.
Et, qu'il n'ait pas eu lieu,cela ne prouve
point du tout que le Mage ait erré dans
ses prévisions ; cela démontre simple
ment à quel point noire président est an
cré sur son fauteuil, puisqu'il a refusé
d'en sortir, même alors qu'il devait le
quitter,
Aussi, la Libre Parole a-t-elle senti
redoubler sa confiance envers un pro
phète informé à tel point, qu'il connaît,
parmi les événements'futurs, non seule
ment cepx qui doivent arriver, mais en
core, — et.je dirai même surtout! —
ceux qui démentiront sa science magi
que.
Et le Mage a donc été prié de révéler
au public les destins de l'année 1897.
Hier matin, la Libre Parole offrait à ses
lecteurs l'horoscope de l'année, tiré par
son Mage.
Nous y apprenons diverses choses du
plus vif intérêt et de la plus haute gravité:
d'abord, que « l'année 1897. s'annonce
comme devant être fertile en événements
imputants de toute nature ».
Voilà qui n'est point d'une précision ri
goureuse et qui, d'autre part, est assez
facile à justifier, — quelle qu'ait été l'his
toire de l'année, —au 31décembre, po^r
n'être point malaisé à prédire, au 1 er jan
vier. , Mai?) enfin, c'est alléchant. Voyons
la suite,
La suite est, d'abord, profondément
mystérieuse et ne nous fait prévoir, que .
d'une façon très vague et très obscure,
si le président donnera sa démission,
cette année,— comme l'annég deriuè**©,—
ou s'il ne la dqpnera point,
M, lé Mage, on le sent, ne veut plus se
risquer sur ce terrain dangereux. Puis
que >M. Félix Faure a le mauvais ; goût et
l'obstination de ne pas conformer sa con
duite aux prédictions du et se per
met de ne point ^oeomplir ce (ju'il doit.
faire, alors à quoi-bon prophétiser sur
lui ?
Mais si nous restons dans une igno
rance pénible en ce qui concerne le pré
sident, nous sommes très informés sur
le « nombre fatidique de la République
française en cette nouvelle année ».
En effet, c'est un « chiffré correspon
dant à la vingtième lame des tables d'E-
meraude du sage Hermès ». Quelle lu
mière, aussitôt, se répand sur les douze
mois qui vont s'écouler ! Comme l'avenir,
& cette clarté, se dévoile et nous dévoile
les événements qu'il porte dans son sein.
C'est uhe véritable pluie de rayons Rœt-
gen. A vrai dire, après nous avoir fourni
ce fil conducteur incomparable, une
lame d'Emeraude apprêtée par le sage
Hermès, le Mage aurait l'air de nous
prendre pour des idiots s'il se mettait à
préciser. Aussi, se garde-t-il bien de le
faire.
Il se contente seulement de nous ex
poser « la maxime de ce magnifique sym
bole ».
Ici, nous préférons citer. Nous pour
rions, en. résumant, changer le sens de
la maxime et ne pas du tout nous en
apercevoir. Transcrivons: « Deux for
ces unies ne doivent point rester inac
tives. Ces deux causes doivent produire
un effet en temps et lieu, car un jour, et
il est peut-être proche, il sera demande
un effort, la tâche à remplir sera exigée
impérieusement du maître ; malheur au
sourd qui n'entendra pas la voix et au
paresseux qui, ayant entendu, préférera
le refus au labeur qui relève et ho
nore. »
Et pour ceux auxquels, par un grand
hasard, cette prophétie ne suffirait point,
nous ajouterons que la maxime « s'ap
plique non seulement à la nation en gé
néral, mais aussi à des classes particu
lières d'individus ».
Voilà!
Après cela, viennent quelques détails,
quelques prédictions particulières dont
les unes s'appliquent au gouvernement,
les autres à la nation : le Mage a soin de
nous en prévenir; seulement il a soin
d'oublier, en même temps, de nous pré
ciser quelles sont « les unes » et quelles
sont « les autres »: de sorte que nous de
meurons, sur toutes, dans une incertitude
absolument triste et fâcheuse.
Quoi qu'il en soit, apprenez que « de
grands changements » surviendront ;
qu'« il pourrait y avoir accroissement de
biens par trafic oij diplomatie » ; que
« des accidents se produiront par l'eau
ou sur l'eau » ; que « la diplomatie aura
fort à faire en cette année que « des
fêtes doivent avoir lieu », etç., etc.
Tout cela porte un cachet de précision
qui ne permet pas d'élever un doute sur
l'exactitude et la réalité de oea. pro
phéties.
Mais, après ces détails curieux et inté
ressants, nous retombons en plein mys
tère. Il faut citer encore : « L'arcane,
pour l'année 1897, est d'un enseignement
profond : il se dénomme hermétique
ment « le combattant du Sceptre ».
« Le combattant du Sceptre es* Ber
sonmfmtion de la. ^ câ g^^trice
qui cheav* ^ a f a i re une oeuvre de vie. »
Et plus loin : « Le bien et le mal sont
en présence pour un but définitif : que
l'œuvre accomplie soit bonne, la main
de l'Eternel la soutiendra, l'affermira, la
rendra stable ; mais que cette même
œuvre soit mauvaise, ce ne sera plus
qu'une œuvre humaine. »
Ah ! comme il est précieux d'avoir un
Mage dans sa manche, surtout le premier
avril... pardon!... le premier janvier!
Excusez ce lapsus...
Mais à prophète, on peut opposer
prophète et demi.
Nous avons le nôtre aussi ; nous lui
avons porté aussitôt ces prédictions si
graves; or, il a pu en éclaireir et en déve
lopper un certain nombre. Malheureuse
ment, il nous interdit de publier son ho
roscope, avant le'31 décembre. A titre
d'échantillon, nous pouvons toutefois ré
véler ce qui suit :
« Des fêtes doivent avoir lieu », dit le
Mage. La chose est rigoureusement
exacte, ajoute notre Mage, à nous. Même
parmi ces fêtes, on comptera, eetteannée
Pâques, l'Ascension, l'Assomption; la
Toussaint, Noël, la Saint-Jean, la Saint-
Pierre, la Saint-François, la Saint-Jo-
seph, etc., etc. Et notre Mage en a énu-
méré, de la sorte, un très grand nom"
bre. -■ ■
Il y aura « de grands changements » :
parmi ces changements, notre Mage a si
gnalé ceux qui affecteront, d'une façon
assez sérieuse, plusieurs personnages
connus, lesquels mourront cettte-année.
Il ne nous a pas appris lesquels ; mais,il est
certain, nous a-t-il déclaré d'un ton très
ferme et même inspiré, que plusieurs
personnages connus passeront, çette an
née, de vie à trépas. En outre, — détail
bien curieux — quelques autres célébri
tés naîtront oette année aussi ; mais, si
nous en croyons notre Mage, elles ne se+
ront célébrités que beaucoup plus tard.
Qu'on sache enfin qu'il y aura cette an
née du chaud, du froid, de là pluie, du
soleil, du vent, du tonnerre §t plusieurs
interpellations,
François V euillot.
Nous rappelons à nos lecteurs que
toute demande de changement d'a
dresse doit être accompagnée de la
somme de cinquante centimes en
timbres poste*
M. le comte Urbain de Maillé, re
présentant en France du chef do la
maison de Bourbon,M.le duc de'Ma-
drid, nous communique la dépêche
suivante :
Venise, l or janvier 1897.
Monseigneur m'ordonne de vous an
noncer les fiançailles de l'infante Béa-
trix avec le prince Fabrizio Massimo,
prince de Torriano, duc d'Anticoli Cor-
rando, dont l'attachement au Saint-Siège
et aux principes légitimistes vous sont
bien connus.
Comte de M elgar.
Le comte deMarichalar a égale
ment reçu une dépêche du comte de
Melgar lui annonçant cette heureuse
et importante nouvelle.,
Nous rappellerons que le prince
Massimo est le petit-fils de la du
chesse de Berry par son second ma
riage.
LES EXPLOITS DU FISC
Il existe, à Chalons^sur-Marne,
depuis 1613, une communauté qui a
rendu à là ville des services inap-
Sréciables. C'est la congrégation de
lotre-Dame, dite le couvent de la
rue Grande-Etape.
Dans cette communauté, plusieurs
centaines de jeunes filles pauvres
reçoivent l'enseignement entière
ment gratuit.
Reconnue par l'Etat, elle est logée
dans une maison qui lui appartient,
et elle vivait modestement du revenu
de son pensionnat payant et des
loyers de quelques immeubles.
Mais en vertu de là loi d'abonne
ment, l'administration de l'enregis
trement a fait saisir les loyers dus à
la communauté et lui a enlevé litté
ralement le pain qui la nourrit.
Le fisc entend s'emparer, par cette
voie, de la somme de 2,600 francs,
représentant le droit d'abonnement
pour une seule année et le demi-
droit en sus, la communauté ne s'é-.
tant pas acquittée en temps utile.
En outre, les religieuses viennent
de recevoir Une nouvelle assigna
tion à payer, non plus 2,000, mais
7,696 francs pour une seconde an
née.
On voit combien cet impôt mérite
le nom qui lui a été donné par ses
inventeurs : droit d' « accroisse
ment ».
Nous espérons bien que le tribu
nal civil de Châlons-sur-Marne —
suivant l'exemple récent du tribunal
de Reims — infligera une nouvelle
leçon à l'enregistrement.
— La vente des immeubles du
couvent des Ursulines d'Avignon,
qui devait avoir lieu avant-hier, 3t
décembre, a été renvoyée au 4 fé
vrier , à la «VLÎtè des exceptions de
cedure soulevées par l'avocat de
cette congrégation.
— La communauté des religeuses
Ursulines de Tonnerre, qui a déjà
reçu plusieurs contraintes relatives
au paiement du droit d'accroisse
ment, est menacée maintenant d'une
saisie immobilière, à laquelle il se
rait procédé jeudi prochain.
Nous connaissons assez les sen
timents delà population tonnerraise
pour être convaincus que si cette
saisie a lieu elle sera l'occasion
d'une manifestation publique en fa
veur des religieuses, et en faveur
de l'équité.
Le très honoré Frère Joseph,
XIII 6 supérieur général de l'Institut
des Frères des Ecoles chrétiennes,
vient'de s'éteindre à Arcachon (Gi
ronde); couronnant par une sainte
mort sa belle vie. de dévouement à
la jeunesse, à l'Institut et à l'E
glise.
I
Joseph Marie Josserand (en reli
gion Frère Joseph) était né le
30 mars 1823 à Saint-Etienne, au mi
lieu de ces chrétiennes populations
du Forez qui sont une reserve inta
rissable de vocations pour l'Insti
tut. Il devint, à sept ans, élève des
Frères qu'il ne devait plus quitter,
^entendit a treize ans retentir en son
âme candide l'appel de Dieu, entra
au petit noviciat que le Frère Phi
lippe, de populaire mémoire, venait
d'ouvrir à Paris ; et, distingué dès
ce moment entre tous ses émules
par le coup d'œil perçant de ce grand
éducateur, il fut, au sortir du novi
ciat, envoyé à la communauté de
Saint-NicQlas*des-Champs, l'un des
principaux centres scolaire^ de la
capitale à cette époque.
Là, le jeune maître — il n'avait
pas vingt ans — se révéla, avec
toutes les qualités de l'éducateur :
souplesse d'intelligence,patience,di
gnité,pieté ;mais surtout avec sa ten
dresse pour les enfants. Tendresse
surnaturelle et prévoyante ! Il gé
missait de les voir arrachés sitôt de
l'école; jetés au milieu des dangers
au moment où s'éveillaient leurs
passions. Alors, il lès suivait, les
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