Titre : L'Univers
Éditeur : L'Univers (Paris)
Date d'édition : 1896-11-13
Contributeur : Veuillot, Louis (1813-1883). Rédacteur
Contributeur : Veuillot, Pierre (1859-1907). Rédacteur
Contributeur : Veuillot, François (1870-1952). Rédacteur
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34520232c
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 13 novembre 1896 13 novembre 1896
Description : 1896/11/13 (Numéro 10529). 1896/11/13 (Numéro 10529).
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse Collection numérique : Bibliographie de la presse
Description : Collection numérique : BIPFPIG44 Collection numérique : BIPFPIG44
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k7093097
Source : Bibliothèque nationale de France
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 06/02/2011
Vendredi 13. Novembre 1898
Edition qnotidieime. — 10.S2&
Vendredi. tSNovembre 1896.
ÉDITION QUOTIDIENNES
- PARIS- ÉTRANGER
et départements (union postale) : 1
Un an \.. 40 ' » Bi. »."■
Six mois 21 » 26 50 -
Trois mois il .» 14 : »
Les abonnements partent dès l". et 16 decbaque mois
UN NUMÉRO | ?® rîS V"" Ï2 Ceiit "
. { Départements.,... 15 —
BUREAUX : Paris, rue Cassette,- 27
On s'abonne à Rome, place du Gesù, 8 "
ÉDITION SEMI-QTJOTIDIENNE
; S* 5 ■ 1 1
'' PARIS ÉTRANGER
i . et départements (union postale) "
Un an.... J, 20 n - , - 26 »
Six mois...... 10 » t '13 » 7'
■ Trois mois:.'... " S » 6 50
Les .âbonneBiâivts; partent des ;l or et 10 de; çhaqueJaoia
L' UNIVERS ne répond pas des manuscrits qui lui sont adressés'.
ANNONCES
MM. LAGRANGE, CERF et C ia , 6, place de la Bourse
PARIS, 12 NOVEMBRE 18S8
SOMMAIRE
Enfants abandonnés
et détenus F rançois V euillot.
Çà et là î Entre den
tistes ... J oseph L egueu.
Réponse directe à
une provocation
indirecte ... E ugène. V euillot.
'Correspondance ro
maine ***. r
Bulletin du jour. — Un aveu. — Léon XIII
et Ménélik.—L'urbanité-d'un édile. —
Information ' fantaisiste. — Le 'service
pour Mgr d'Hulst. — Mgr d'Iïulst. ignoré.
— Mépris de la, neutralité. —Mgr Tréga-
■ ro.— Informations politiques et parle
mentaires. — Les élections sénatoriales.
A l'Hôtel de Ville. — Intolérance so
cialiste; — Madagascar. A travers la
presse.—Chronique. — Lettres, sciences
et arts. — Les Facultés catholiques de
Lyon.— La basilique du Sacré-Cœur à
l'Exposition."— Question ouvrière. —
Chronique religieuse. — Echos. — Etran
ger. — Bulletin bibliographique. — La
Moricière èt Trochu. — Guerre et marine.
— Nécrologie. — Tribunaux*. — Nouvelle»
diverses. ^- Dernière heure.Tableau
et bulletin de la Bourse.
Nous avons sous les yeux le texte
complet du rapport, plein d'un vif
et poignant intérêt, que lut, au der
nier congrès de Reims, M. l'abbé
Reynaud, aumônier de la colonie
correctionnelle d'Eysses, en Lot-et-
Garonne. Ce rapport traite une
question très grave et, malheureu
sement, peu Gonnue d'un grand
nombre ae catholiques : il s'agit de
«.la nécessité de propager en France
les-sociétés de patronage des jeunes
détenus et des prisonniers libé
rés «."Assurément, parmi nos gens
d'oeuvre, et d'action, il en est plu
sieurs qui ont déjà prodigué les
efforts" de leur intelligence et la gé
nérosité de leur coeur à l'améliora
tion du misérable état de .«es cou
pables ou de . ces malheureux ;
mais il est nécessaire, -r- autant que
douloureux, — de constater que la
grande masse ignore, parmi nous,
ceite question pourtant si urgente,
où, du moins, n'examine pas,
avec tout 1© soin, la persévérance
et l'attentiort qu'il y faudrait ap-
porter, une plchaque jour élargie.
Et c'est pourquoi nous en vôulons
dire aujourd'hui quelques mots, en
résumant le travail, simien fait et si
concluant, de M. l'abbé Reynaud,
que nous engageons nos lecteurs à
chercher et à méditer : dans le
compte rendu du congrès national
catholique, aussitôt que celui-ci aura
été publié.
C'est un symptôme effrayant, 1 un
des plus éffrayants dë ce temps-ci,
que l'augmentation de la crimina
lité précoce': en 1881; le nombre des
délinquants mineurs était de 7,151 î
en 1890, il s'élevaitâ 8,666 en neuf
ans, il s'était dôric accru de 21 OjO ;
depuis cinq ans, nous dit M. l'abbé
Reynaud, cette progression lamen
table a côntinué. Ne faut-il pas s'ef
forcer, par tous les moyens en no
tre pouvoir, de l'arrêter enfin? Sans
doute, on. nous objectera que la
cause fondamentale, essentielle, de
ce terrible accroissement n'est autre
^iue,l'éducationlaïque et' athéç; , et
3*Ui?, par conséquent, on contribue,
'une-manière efficace et même avec
la meilleure méthode possible, à
l'enrayer, ; quand on propage en tous
lieux, activement, généreusement,
l'enseignement libre et' chrétien.
Evidemment ; maïs ce puissant
moyen ne suffit pas ; et, peut-etre
iustement.la fausse pensée qu'il de
vait suffire, a été pour beaucoup
dans la négligence ou nous, sommes
restés,: quant à l'emploi des autres
moyens-; et ceux-ci,à côté des grands
résultats, donnés par l'école, au
raient pu produire. aussi quelques
bons effets» Sè contenir de 1 ecolë,,
hélas! c'est abandonner un grand
nombre. * " . r
Mais que faire ?• Ecoutons M.
l'abbé Reynaud : « Il faudrait que
■ chacun de nous donnât, dans les lo
calités qu'il habite et dans la mesure
de, ses attributions, des soins vigi
lants et préventifs : aux malheureux
ehfants qui se livrent soit à la men
dicité, soit au vagabondage. Nous
devrions aussi exercer par nous-
mêmes ou faire exercér par d'autres
une surveillance attentive sur les
«nfants.qui appartiennent à dès pa-*
rentsf malheureux et indignes. »
C'est par- pue telle surveillance et
par de tels soins que" l'on empêche
ra ces pauvres petiip de tomber aux
mains de la police et d''éehoûer de
vant le juge d'instruction.
Qu'elle est en effet douloureuse
ét angoissante, la situation de ces
malheureux enfants,—dont le .n.o m-,
bre est trop grand dans la pes
tilence et la dégradation: de . cer
tains faubourg, — qui ne voient se
dresser, devant eux,, que : trois
moyens de. vivre, également cor
rupteurs.: ou bien l'intérieur d'une,
famille irrégulière et indigne, ou
bien le vagabondage et la mendi
cité,- ou bien la maison de correc
tion. Et "ces petits ont unie âme, .'
pourtant,.qui, dans un milieu plus,
favorable, aurait pu s'épanouir et;
jeter une fraîche et ravissante éclo- '
sioii de vértus enfantines!..
Et lorsqu!un de ces enfants est.
pris, quand un agent l'a ramassé -
dans le ruisseau et traîné devant le !
juge, il faut encore agir en sa fa-.
veur. Alors, dit M- l'abbé Reynaud,
; « nous devons par tous les moyens
mis en notre pouvoir le réclamer,
pour le placer soit dans : un, orphe
linat, soit chez des pârticuliërs et,
s'il y a heu, obtenir que le tribunal
prononce la déchéance paternelle,
; afin d'éviter à cet- enfantf demande de ses parents, il soit en
voyé dans une maison de correc
tion, où il sera détenu jusqu'à
vingt ans, si personne ne le ré
clame. » - '
Mais, pour exercer cette action,
pour mettre en œuvre tous ces mo
yens,' et même simplement .pour
. connaître les malheureux, que l'on
' doit secourir, pour se tenir toujours
'au courant de leur existènee et tou
jours prêt à intervenir au moment
voulu — il ne suffit pas évidemment
• de quelques bonnes volontés, il faut
une organisation très complète et-
très étendue. M. l'abbé Reynaud ■
insiste, avec raison, auprès de la.
charité catholique, afin que se crée ■
une organisation de ce- genrej ani
mée d'un esprit vraiment chrétien.
Et ce n'est pas tout encore : il ne '
faut pas même abandonner l'enfant,.
quand se sont refermées sur lui les
portes de la maison de correction ;
non seulement il faut le suivre, en
core, en cette triste et surtout fu
neste situation, mais, écrit l'auteur
du rapport, « j'oserai presque dire
que c'est le moment de s'intéresser
au sort de ce malheureux ».
Pour répondre à ce besoin, des
sociétés :së sontfondées, organisées,
développées, sous le nom de sociétés
de patronage des jeunes détenus et
des prisonniers libérés. Elles sont
créées dans un but humanitaire et
travaillent, avec une incontestable
activité, avec un dévouement sin
cère et souvent avec un grand suc
cès, au relèvement social des jeunes
détenus : elles ont pu jusqu'ici leur
apporter, ainsi qu'aux prisonniers
adultes, dès leur retour au milieu
de la société, un concours effectif et
charitable. Mais — et M. l'abbé
Reynaud a vivement insisté sur ce
point douloureux — « la morale et la
religion n'y ont leur part que dans
de très faibles proportions ». Et
pourquoi? Parce que les catholi
ques ont négligé de leur fournir un
; appoint suffisant ; parce que la di
rection,qu'ils auraient pu saisir à l'o
rigine, enest tombée aux mains de
philanthropes généreux* mais sans
clairvoyance. Et pourtant, n'est-ce
point une essentielle partie de notre
rôle et de notre mission, que de tra
vailler avec constance, avec énergie,
je dirais volontiers avec acharne
ment, au relèvement de ces malheu
reux. N'âppartierit-il pas aux ca
tholiques de prendre dans leurs
bras et de serrer sur leur cœur le
coupable et l'égaré qui ppt expié,
après avoir failli ?
Il ne suffit point, pour relever
ces déchus, de leur procurer quel
que position, honorable ; il faut,
avant tout, leur redresser l'âme; et.
la religion seule a les moyens d'o
pérer cette gùérison si délicate
et si malaisée. Assurément, les
dédains les refus qu'il essuie sont pour
beaucoup dans la difficulté qu'il
éprouvea se relever honnête homme,
et, pour ainsi "dire, à reprendre
pied dans la société ; il est certain
que ces 4é4^j n8 e ^ ces refus ont
provoqué plus d'uns rgehute; _Et
par conséquent, une ôrgànisatip#
purement 'ph^lantJîropitjuç est ca
pable d'obtenir quelques résultats,
Mais, d'une part, legrand obstacle
au relèvement n'est pas dans ces
refus et dans ces dédains;, il est
9,u ; cœur même du prisonnier, qui
revient à Ig; liberté matérielle et
reste 'prisonnier de mauvaise
vie ; et, d'autre part, tant qù : on lie
verra pas en lui un indice au moins
de régénération môrale, comment
ce criminel, d'hier poùrrà-t-il ins
pire}? confiance ou même compas
sion?
L'action de la morale çatholique
est . donc là nécessaire» au . seul
point dé vue social, et nous de
vons s remercier M. l'abbé Reynaud
de nous l'avoir rappelé.
François Veuillot. _
— 4— —__
BULLETIN DU JOUR
- Aujourd'hui, k la. Chambre des dépu
tés ^discussion de l'interpellation de M.
Mirmiïn '«'• $ur la liberté d'association des
fonctionnaires civils M en 'particuliér
des merfibres de l'enseignement ».
Au Sénat, suite de la discussion de la t
réforme des boissons. •
' On trouvera plïis loin le texte de la,
-lettre adressée par le . Saint-Père au,
négus êi h réponse de . Ménélik m Sou*
verain Pontife. Nous donnons cette cor*
respondahee d'après les dépêches ' des
, agences.
; Au Reichstag, le centre, comme nous
l'avons annoncé, va interpeller le chan-
. celier de Verripire au sujet des révélations
' du prince de Bismarck. La discussion
• de cette interpellation est fixée au 16 no-
. vembre. : . ' ' .
Le Parlement anglais:se> réunira, très
probablement le12 janvier. ' .
•> En Belgique, la démission du minis
tre delà guerre a été officiellement ac
ceptée. ^ i
; Les dépêches de Cuba annoncent plu
sieurs succès remportés par les troupes'
espagnoles sur les insurgés. : '
s M. Cambon, ambassadeur de France
à Constantinople, vient d'avoir une Ion-
' que audience du sultan. On trouvera k.
('Etranger des détails sur cette entre
vue.
Le roi de Suède a été désigné commé
1 cinquième,arbitre dans le tribunal char
gé de rég 1er les'affaires du Venezuela.
f Deux représentants britanniques se-
iront choisis par le lord-chiéf-justice
d'Angleterre et deux représentants amé
ricains par le, chef de justice de la cour .
; suprême des États-Unis.
Çà. et là
ENTRE DENTISTES
Les honorables citoyens qui s'arra
chent l'honneur d'arracher celles de nos
dents qui ont cessé de nous plaire et de
les remplacer par d'autres, viennent de
; s'offrir tout comme les littérateurs du
•temps de Mme Dacier, leur petite que
relle des anciens et des modernes. Un
jugement rendu avant-hier et que nous
avons brièvement signalé, a fait le bon
heur de ceux-ci et Je malheur de ceux-là,
et a marqué une date solennelle dans les
fastes de l'art dentaire, un art qui a eu
de l'avancement, car il y a quelque cin
quante ans ce n'était guère qu'un métier.
Alors prospéraient les opérateurs am^
bulants; ceux qui avaient pour cabinet
de consultation une berline dorée, atte
lée de quatre chevaux dont la robe était
toujours de couleur pie. Quand leur pe
lage n'offrait pas naturellement cet as
semblage de nuances, on [en était quitte
pour le teindre.
La venue de. ces chirurgiens, pour la
plupart aussi peu savants que peu mo
destes, était attendue avec impatience
dans les petites villes et -dans les gros
bourgs, parce que leur brillant équipage,
leur éclatante fanfare et leurs boniments
plus étincelants que les médailles d'or^
dres exotiques qui constellaient leur poi
trine (ordres d'autant moin s connus qu'ils
n'existaient -pas), leur costume majes
tueux que seul de nos jours le Sâr Pela-
dan a fait revivre, tout cela mettait de
l'animation sur la place du marché. Ils
plaisaient parce qu'ils faisaient du bruit.
Philosophes sans le savoir (ce qui est
bien la meilleure manièrç d'être philoso
phes), ils mettaient en pratique le vieil
adage : sublata causa, tollitur effectua.
Et ils ne savaient d'autre médication que
cell.e qui consistait à supprimer la dent
pour supprimer la douleur, procédé ex
cellent, mais que malheureusement on
ne saurait imiter en ce qui concerne la
migraine ou les maux d'estomac;
Certains de ces chirurgiens qu'un vul
gaire peu - éclairé flétrissait du nom de
charlatan possédaient une grande
adresse,résulfat d'une longue expérience,
et au moyen d'un poinçon ou d'une sim
ple; clef faisaient sauter la dent la
gjqs récalcitrante; D'autres extirpaient
parfoisy 1 malencontreusement, i&ut un
morceau d'un maxillaire campagnard,
mais la grbsse caisse était 1 là exprès pour/
couvrir les gémissements de l'opéré, et
: puis, pomm.e gela p,e cpûtiiitquè : quèl-
.qîies 4épin}fiS, cpluirci avait toùjQÙrs la
consolatjoii d? S$-4ive^ J'çn.ai pour mon
argent." »
A côté de ces ambulants qui semaient
leurs bienfaits aux. quatre coins «de la
France, et même au milieu, d'autres ar
tistes $9çissaiçi}t, 4âps les gréfec'tures et
les sous-pré^eciures, qui joigh aient-là -
chirurgie cqupe de§ cheyeux, la répa
ration des pendules ou eelie des serrures,
et je me souviens de cette enseigne qui
en une petite ville de la Sârthe fit le bon
heur de mon enfance...il n'y- a pas encore
très longtemps : « Salomon, horloger, ar-
brave honime, arrivait de Paris.'
. Feu à peu yjr f t }ç de§ dentistes
solennels qui opèrent en redfingote, dont
le balcon porte des lettres d'or, et dont la
notg se golde en or, également. Le. patient
eut ia ressouyee d'attendre 1-Heuve .fatale,
en un salon richement meublé et orné de
plantes vertes et d.'y parcourir de vagues
publications illustrées auxquelles.ne
soijge guère, tout, entier à la méditation
de ce troublant dilemme ; « Ya-t-il la
plomber... ou i'arracher ?.»'
. Mais l'exercice de la profession restait
libre ; «lie était accessible: à tous, lors-
fu 'gn 1880 un certain- nombre d'hommes
e métier' se groupèVpnt pQHr luttsr gQiî-
tre la concurrence': que^leur faisaient
d'une part les dentistes improvisés, d'au
tre part les diplômés des Etats-Unis... et
c'eux qyii sp dopnaiient; un Rorp. ap T éricain.
Ils foiidèrent u'n Syndicat, jet." pl^ tard ilg
oréèrept line école qui délivre des parr
chemins et egnoède aux intéressés, apr^
esaroçn, lç dr$i| çf 4?
mettre sur leur porte une plaque portalit
ces mois magiques : D, E. D. P. en stj r le.
claii-j -t Diplômé de l'Ecole Dentaire de
■ P-ôJE». 'if Enfin, en-189*2. une loi intervint^
•déclarant que pour limer, extirper, plom-f
ber, aurifier, replanter les dents de ses-
; concitoyens, il était nécessaire d'avoir un
certificat de ladite école ou d'une autre
analogue." ;
Toutefois les opérateurs patentés avant
cette époque purent continuer par tolé
rance d'exercer leur professipn.Mais ont-
ils la facultf de se dire chirurgiens ?.Le
syndicat la leur contestait [et le tribunal
civil de la Seine la leur a solennellement
: refusée. Ils vont être obligés de changer
leurs plaqués, les pauvres.!
; C'est là une nouvelle conquête du pro
grès,- qui jadis renversa les dentistes am- v
bulants ; de leur siège, fit passer leurs
grosse^ caisses en la possession de quel
que villageoise compagnie de pompiers ;
et leurs chevaux pies dans les brancards
des fiàcres, où s'écoula leur triste vieil-
. lesse,
Terminons par une petite statistique,
pour faire plaisir à M. Bertillon. Il existe
à Paris huit ïfênits dentistes dont qua tr.e-
vingts sont docteurs en médecine. Hélas !
à eux tous ils n'ont pas encore trouvé le
moyen de supprimer le mal de dents, ni
d'insensibiliser... sans doiileur. .
-. - : Joseph L egueu.-
REPONSE DIRECTE
A UNE PROVOCATION INDIRECTE
On nous signale dans la Croix
d'hier la note suivante en nous di
sant qu'elle est dirigée, contre
nous :
En attendant les enquêtes officielles
qui se poursuivent devant la commission
romaine et devant le Saint-Office au
sujet de Diana Yaugh'an, nous croyons
devoir publier les lettres de personnages
officiels auxquelles la presse refuse hos
pitalité. ■
Suivent deux lettres : l'une est
d'un personnage officiel des plus
respectables ; l'autre vient d'un ec
clésiastique certainement honora
ble, mais qui;- n'est guère officiel et
personnage que par reflet. Aucune
de ces deux lettres ne nous ayant
été adressée, nous n'avons pas eu à
leur refuser Vhospitalité. De plus,
si ces lettres sont favorables à miss
Diana Vaughan et montrent quo„
leurs auteurs croient ou ont cru à
son existence, elles ne disent rien
de précis sur le débat actuel. Il n'y
est question ni des incidents qui ont
marqué le congrès de Trente, ni du
Diable au XIX* siècle, ni des aveux
du docteur Hacks-Bataille, ni du
rôle de M. Léo Taxil, etc. Bref, elles
laissent les choses où elles en
étaient avant que des éclaircisse
ments eussent été résolument de
mandés.
Nos confrères et amis dé la Croix
jugent-ils donc qu'il, n'y a rien de
changé depuis un mois dans « l'af
faire Vaughan » ? S'il en est ainsi,
nous comprenons que les- lettres
auxquelles ils nous accusent indi*
rectement et à tort d'avoir refusé
l'hospitalité, suffisent à entretenir
leur confiance en la palladiste; mais
peuvent-ils trouver étrange qu fâ-,
cheux que nous soyons d'un autre
avis ? Voyons ! le démenti si net, si
péremptoire, donné par Mgr l'ar
chevêque d'Edimbourg, à M. Léo
Taxil et à miss Diana Vaughan ne
leur paraît-il pas entamer ces r'évé- :
lateurs et leurs' récits ?
Dans tous les cas, si là Croix
reste confiante, il ne . s'ensuit" pas
qu'elle puisse cesser, en ce qui nous ;
touche, d'êtrq exacte.- Norçs ne fer
mons pas nos colonnes à la lumière.
Noiisi ' n'avons 'jamais usé dè ce
.moyen. Nous n'en.voulons pas.user
aujourd'hui." Si dés ckicumehts ôù
des rectifications nous sont adres
sés par' des. personnages qu pjir de
simples personnes*autorisés, et ^e
montrant à découvert,, nQU^ çloîi»-.
nepûnsj Nous , cherchons la, vérité.
Le caractère, et les proportions que
prenaiteette affaire, nous y ont tait
voir un danger et après des avertis
sements, dont les premiers .sont
déjà d'assez vieille date, nous avons
quvert la .'campagne actuelle. Le
nombre des catholiques que nous
gênons ou irritons en la continuant
nous prouve ;qu'il faut la mener jus-.
qu r àul)out! '
Nous ne demandons pas à 1$ Croix
d'agir .comme riôtfs,' mais nous la
, prions, si elle juge à propos d'indi
quer notre -attitude, de le faire, exac
tement, en nous nommant au ljei\-
, do nous désigner,. C.'eist plus net, Et
puis, comme elle a heauooup d'ao-
tion sur une grande partie du public
; catholique, nous aimerions à lui voir
aborder de front toute cette ques
tion. Elle paraît tenir pour la palla
diste, mais est-pe-d'-une foi ferme ?
"Et qù'ésUe y- ïçtsse attention, s'il y
a du faux dans les révélations, de
Diana, toute l'œuvre devient un ro
man, le vrai y sert de couverture au
)^ensQngp : ,. .
Eugène Veuillot,
UN AVEU
La Libre- e.nn€rnîo de
la politique pontiJScale —r qui- saura
jamais- pourquoi? désire très fort
que le cabinet Méline soit renversé
par le vote sur l'interpellation de
M. Mirman; mais elle à des craintes
qu'elle exprime ainsi : '
• M. Mirman ne protestera point contre
les congrès de Reims. Bien au contraire,
il dira que le gouvernement a sagement
agi en permettant aux ecclésiastiques de
se réunir, mais il demandera que la
même liberté soit laissée aux membres
de l'enseignement.'- ! ..
Sur ce terrain, le débat ne peut que
tourner à la confusion de Rambaud et de
Méliné. -Mais il est à craindre que quel
ques brouillons radicaux ne fassent dé
vier la question en agitant le spectre du
cléricalisme/ S'il en est ainsi, le minis
tère n'aura aucune difficulté pour réunir
une majorité. • . -
Depuis que M. Méline est âu pouvoir,
la Chambre a eu par deux; fois l'occasion
de prouver que la fameuse question clé
ricale n'existait plus; En vaina-t-On tenté
de" l'agiter à nouvèau, elle • a dédaigneu
sement envoyé promener les Francs-Ma
çons qui en sont encore à l'époque des
décrets. En ces deux, circonstances, M.
Méline a trouvé la- majorité qu'il aura au
jourd'hui encore si ses adversaires ont la
bêtise de faire aussi sottement- son jeu.
La Libre Parole cette , fois parle
d'or ; mais croit-elle que si « la fa
meuse question cléricale » n'est
lus ce qu'elle a été trop longtemps,:
a politique pontificale n'y soit pas
pour beaucoup et même pour tout?
Fa
La .Vérité déclare qu'elle ne veut plus
parler du prétendu voyage de Guil
laume II en France. On comprendra
cette résolution. Nous l'en félicitons pour
notre part. Elle m aintient; d'ailleurs,
une dernière fois, sans conviction et
surtout sans preuve d'aucune sorte, son
récit, et soutient qu'on ne lui oppose que
des dénégations sans ; aucune sorte de
preuve. (Elle n'avait pas encore sous les
yeux, au moment où elle parlait ainsi, les
extraits de la Kreuzzeitung que nous
avons publiés.) /
Elle feint de n'avoir pas lu le démenti
après enquête de la Libre Parole et per
siste à compter cè'journal, ayec l'Autori
té,commelui accordant créance. De fait,
elle, n'a, plus que - l'Autorité, et c'est à
cause d'une soi-disant information de
celle-ci, que nous revenons : en deux
mots sur la question.
Nous lisons dans l'Autorité : 1
Un de nos lecteurs, i dont nous ciannais-
sons le nom, nous affirme que l'empereur
d'Allemagne est descendu~au petit hôtel du
101 du boulevard Montparnasse,, où était
déjà descendue l'impératrice Augusta, lors
qu'elle vint, en 1891; faire faire son-portrait
par Donnât. _ . '
L'empereur allemand n'est pas des
cendu à l'hôtel, 101, boulevard Montpar
nasse, pour cette raison qu'il n'y,a pas
d'hôtel, 101, boulevard Montparnasse.
L'impératrice Augusta n'y est pas des
cendue non plus en 1891, pour cette même
raison, et aussi parce qu'elle était ' morte
en janvier 1890, ce qui l'a empêchée de
faire faire son portrait par Bonnat, l'aji»
née suivapte.' . ■ ■ '
CORRESPONDANCE ROMAINE
L& ^aissioii de Mgr Makairo.
Rome, 10 novembre.
Le vicaire patriarcal des Coptes,;
Mgr Cyrille Makaire, envoyé de
S. S, Léon XIII près de Ménélik,:
p'oùr obtenir la libération! des pri
sonniers italiens, est arrivé à ^0^;
hier. ; Immédiatement-
rendre.;.çQmnts ;àe sa misSn au:
bOuvêrain Pontife. Je viens com
pléter les premières'nouvelles que
je vous, en ai mandées par ué-
pêchç,
Il importe, eh ; effet, de bien éta
blir, d'après les renseignements' les
plus.certains, le vrai, résultat de la
mission de l'envoyé pontifical /et le
vrai motif pour lequel Ménélik a dû
revenir sur sa décision première de
libérer les prisonniers. italiens à la
demande du Pape.
Il est pleinement avéré désormais
que cette demande trouva, excellent
accueil auprès de l'empereur.' d'E
thiopie ; oelui-ci avait même réuni
tout exprès à Adis-Abbebala plupart
des prisonniers italiens : pour- les
confier à Mgr Makaire. Sur ces en
trefaites arriva, la nouvelle, on ne
peut plus inopportune et malencon
treuse, de la capture du Dœlwyk.
Ménélik en fut extrêmerhent irrité :
cette capture en effet avait eij Ueu,
lorsque déjà la périqde des hosti
lités venait d'étr'e close officielle-
I
-adressée à Léon XIII par l'intermë '
diaire de- Mgr Makaire.
La lettre impériale est empreinte
^'ailleurs d'une très haute déférence
envers le. Saint-Père, On y verra,
car : elle - sera publiée au moment
opportun, une nouvelle . leçon et.
bien éloquente infligée à nos. ita-
lianissimes, aussi bien par le Pape
que par leur vainqueur, quelque
acharnement qu'ils aient mis à trai-.
tér celui-là en captif et celui-ci erv
barbare.. .
Grâce à une, haute et bîenveil-,
lante communication je puis cer-'
tifier ces nouvelles. Il reste acquis
que la mission de l'envoyé ponti
fical- avait réellement atteint son'
but. La libération des prisonniers
était positivement décidée; C'e'st le.
f ouvernement italien qui a obligé
lénélik à revenir : sur , la généro-»
sité dé son premiér mouvement.
Il est certain de même que Mgr
Makaire,pendant les cinquante jours
qu'il a passés à Adis-Abbeba^ à été.
l'objet des plus grands égards, non
seulement de la part du négus,mais
aussi du clergé et des chefs abys
sins- Les prisonniers ont pu voir
librement Mgr Makairé et recevoir.'
de lui lés consolations qu'il léur à"p-:
portait au nom du Pontife que leurs;
gouvernants tiennent prisonnier, slî
a pu célébrer la messe devant eux.
Sur l'ordre de Ménélik, on avait eu
soin de mettre'à la disposition de
Mgr Makaire un local convenable
pour célébrer le saint sacrifice. II
lui a été donné également de pren
dre note de la situation de tous les
risonniers. Il en a rapporté ici la
liste complète. Leur nombre* quant
à ceux du moins qui sont réunis à
Adis-Abbeba, ne dépasse pas 1,300,
comme l'a confirmé le major Neraz-
zini. Beaucoup d'autres prisonniers
blessés ont succombé après la ba^
taille d'Adoua; quant aux [survi
vants, Mgr Makaire a pu constater
qu'ils sont très bien traités et Qu'ils
ne sont nullement astreints aux pé
nibles corvées signalées par cer
tains comptes rendus fantaisistes.." :
Ce qui leur manque, surtout, ce
sont les .vêtements cônvenablés. On
attendait pour leur en fournir l'ar
rivée de la mission do secours or
ganisée d'abord par l'abbé Verso-
witz, continuée ensuite par le P; Ou*
din et que la presse italienne a voulu
confondre de parti pris avec la mis
sion pontificale de Mgr Màkaire. Le"
fait est que celui-ci a nrécéd^ la ca
ravane de secours, laquelle, faute
de moyens pour charrier les baga
ges à„dos de.chameau. ou à dos de
mulet,, a .dû laisser, en route tout
son attirail, pendant que le P. Ou-
din, presque seul, s'est avancé vers
Adia-Abbeba. Cependant, il n'y était
pas'encore arrivé lorsque Mgr Ma
kaire eh est reparti.-
Quant aux deux prisonniers que,
malgré son ressentimént contre l'at
titude dç ^Italie, Ménélik a remis à
Mgr Makaire, ils. ont été par celui-ci
accompagnés jusqu'à Massaouah,
comme deux témoins de la déférence
de Ménélik envers Sa Sainteté. Ils
témoigneront aussi de l'intention
première qu'il avait de libérer les
prisonniers en masse. Le négus s'est
laissé toucher par les lettres que les
deux .prisonniers.avaient reçues de
leur famille et que : Mgr . Makaire
ôv&ifc portées à sa connaissance.
Ici, par-contre, on voit les partisans
de la guerre à fond, les guerra. fon
dai, réclamer des représailles, sans
lemoindre souci pour les victimes
de leurs.folles entreprises ! '.
sidérant comme disposée à rouvrir
les hostilités.
C'est pourquoi il révoqua ladéci-.
sion déjà, prisp à l'égard des prison-;
niers.H'rèsolutdéles retenir^-"-i- miP
§q»gi oeci résulte, non pas d'une,
induction quelconque, mais des: ex
plications que'Ménélik lui-même
donne dans la lettrç autographe
LEON XIII ET MENELIK
..Plusieurs journaux çitènt des pas-
! sages des lettres échangées entre 1q : .
Souverain Pontife et le négus. ; Ces
citations transmises par télégraphe
sont inoomplètes etr d'une exactitude
douteuse. Nous les donnons telles
quelles pour aujourd'hui, espérant
avoir demain le texte entier et
exact. . ;
- Voici le résumé qu'on publie dé la
lettre dé Léon Xllt : ..
La victoire 3 laissé en vos mains de
nombreux prisonniers,, jeunes gens vi-
ëoureux, dignes de respect, enlevés à
leurs familles-et à lelir patrie ; leur cap
tivité n'augmente ni la grandeur de votre
î puissance, ni l'étendue de votre prestige,
; mais, plus elle se prolonge, plus vive, est
.'la douleur de milliers de mères et d'é
pouses innocentes, ' '
, Pour Noua, pénétré de la sainte mis-
: sion que Nous a 'Confiée Jésus-Christ et
qui s'étend à toutes les nations chrétien-''
; nés, Nùus les aimons comme des fils.
:Agréea dono la demande quelle cœur
d'un père vous fait au nom de là Trinité
divine, àu nom de la Vierge bénie, au
,nom de tout ce qui vous est le plus cher
en ce-mqnde,< "Veuillez sans retard leur
•rendre la liberté,
! • î)ans sa réponse, Ménélik [fait d'a-
I bord l'éloge de Mgr Makaire, puis il
dit :
r Le premier mouvement de mon coèur
I fut de s donner à Votre ^Sainteté la sati^
faction qu'Èlle me demandait si noble*
ment, car moi aussi je pleure de nom-
Edition qnotidieime. — 10.S2&
Vendredi. tSNovembre 1896.
ÉDITION QUOTIDIENNES
- PARIS- ÉTRANGER
et départements (union postale) : 1
Un an \.. 40 ' » Bi. »."■
Six mois 21 » 26 50 -
Trois mois il .» 14 : »
Les abonnements partent dès l". et 16 decbaque mois
UN NUMÉRO | ?® rîS V"" Ï2 Ceiit "
. { Départements.,... 15 —
BUREAUX : Paris, rue Cassette,- 27
On s'abonne à Rome, place du Gesù, 8 "
ÉDITION SEMI-QTJOTIDIENNE
; S* 5 ■ 1 1
'' PARIS ÉTRANGER
i . et départements (union postale) "
Un an.... J, 20 n - , - 26 »
Six mois...... 10 » t '13 » 7'
■ Trois mois:.'... " S » 6 50
Les .âbonneBiâivts; partent des ;l or et 10 de; çhaqueJaoia
L' UNIVERS ne répond pas des manuscrits qui lui sont adressés'.
ANNONCES
MM. LAGRANGE, CERF et C ia , 6, place de la Bourse
PARIS, 12 NOVEMBRE 18S8
SOMMAIRE
Enfants abandonnés
et détenus F rançois V euillot.
Çà et là î Entre den
tistes ... J oseph L egueu.
Réponse directe à
une provocation
indirecte ... E ugène. V euillot.
'Correspondance ro
maine ***. r
Bulletin du jour. — Un aveu. — Léon XIII
et Ménélik.—L'urbanité-d'un édile. —
Information ' fantaisiste. — Le 'service
pour Mgr d'Hulst. — Mgr d'Iïulst. ignoré.
— Mépris de la, neutralité. —Mgr Tréga-
■ ro.— Informations politiques et parle
mentaires. — Les élections sénatoriales.
A l'Hôtel de Ville. — Intolérance so
cialiste; — Madagascar. A travers la
presse.—Chronique. — Lettres, sciences
et arts. — Les Facultés catholiques de
Lyon.— La basilique du Sacré-Cœur à
l'Exposition."— Question ouvrière. —
Chronique religieuse. — Echos. — Etran
ger. — Bulletin bibliographique. — La
Moricière èt Trochu. — Guerre et marine.
— Nécrologie. — Tribunaux*. — Nouvelle»
diverses. ^- Dernière heure.Tableau
et bulletin de la Bourse.
Nous avons sous les yeux le texte
complet du rapport, plein d'un vif
et poignant intérêt, que lut, au der
nier congrès de Reims, M. l'abbé
Reynaud, aumônier de la colonie
correctionnelle d'Eysses, en Lot-et-
Garonne. Ce rapport traite une
question très grave et, malheureu
sement, peu Gonnue d'un grand
nombre ae catholiques : il s'agit de
«.la nécessité de propager en France
les-sociétés de patronage des jeunes
détenus et des prisonniers libé
rés «."Assurément, parmi nos gens
d'oeuvre, et d'action, il en est plu
sieurs qui ont déjà prodigué les
efforts" de leur intelligence et la gé
nérosité de leur coeur à l'améliora
tion du misérable état de .«es cou
pables ou de . ces malheureux ;
mais il est nécessaire, -r- autant que
douloureux, — de constater que la
grande masse ignore, parmi nous,
ceite question pourtant si urgente,
où, du moins, n'examine pas,
avec tout 1© soin, la persévérance
et l'attentiort qu'il y faudrait ap-
porter, une plchaque jour élargie.
Et c'est pourquoi nous en vôulons
dire aujourd'hui quelques mots, en
résumant le travail, simien fait et si
concluant, de M. l'abbé Reynaud,
que nous engageons nos lecteurs à
chercher et à méditer : dans le
compte rendu du congrès national
catholique, aussitôt que celui-ci aura
été publié.
C'est un symptôme effrayant, 1 un
des plus éffrayants dë ce temps-ci,
que l'augmentation de la crimina
lité précoce': en 1881; le nombre des
délinquants mineurs était de 7,151 î
en 1890, il s'élevaitâ 8,666 en neuf
ans, il s'était dôric accru de 21 OjO ;
depuis cinq ans, nous dit M. l'abbé
Reynaud, cette progression lamen
table a côntinué. Ne faut-il pas s'ef
forcer, par tous les moyens en no
tre pouvoir, de l'arrêter enfin? Sans
doute, on. nous objectera que la
cause fondamentale, essentielle, de
ce terrible accroissement n'est autre
^iue,l'éducationlaïque et' athéç; , et
3*Ui?, par conséquent, on contribue,
'une-manière efficace et même avec
la meilleure méthode possible, à
l'enrayer, ; quand on propage en tous
lieux, activement, généreusement,
l'enseignement libre et' chrétien.
Evidemment ; maïs ce puissant
moyen ne suffit pas ; et, peut-etre
iustement.la fausse pensée qu'il de
vait suffire, a été pour beaucoup
dans la négligence ou nous, sommes
restés,: quant à l'emploi des autres
moyens-; et ceux-ci,à côté des grands
résultats, donnés par l'école, au
raient pu produire. aussi quelques
bons effets» Sè contenir de 1 ecolë,,
hélas! c'est abandonner un grand
nombre. * " . r
Mais que faire ?• Ecoutons M.
l'abbé Reynaud : « Il faudrait que
■ chacun de nous donnât, dans les lo
calités qu'il habite et dans la mesure
de, ses attributions, des soins vigi
lants et préventifs : aux malheureux
ehfants qui se livrent soit à la men
dicité, soit au vagabondage. Nous
devrions aussi exercer par nous-
mêmes ou faire exercér par d'autres
une surveillance attentive sur les
«nfants.qui appartiennent à dès pa-*
rentsf malheureux et indignes. »
C'est par- pue telle surveillance et
par de tels soins que" l'on empêche
ra ces pauvres petiip de tomber aux
mains de la police et d''éehoûer de
vant le juge d'instruction.
Qu'elle est en effet douloureuse
ét angoissante, la situation de ces
malheureux enfants,—dont le .n.o m-,
bre est trop grand dans la pes
tilence et la dégradation: de . cer
tains faubourg, — qui ne voient se
dresser, devant eux,, que : trois
moyens de. vivre, également cor
rupteurs.: ou bien l'intérieur d'une,
famille irrégulière et indigne, ou
bien le vagabondage et la mendi
cité,- ou bien la maison de correc
tion. Et "ces petits ont unie âme, .'
pourtant,.qui, dans un milieu plus,
favorable, aurait pu s'épanouir et;
jeter une fraîche et ravissante éclo- '
sioii de vértus enfantines!..
Et lorsqu!un de ces enfants est.
pris, quand un agent l'a ramassé -
dans le ruisseau et traîné devant le !
juge, il faut encore agir en sa fa-.
veur. Alors, dit M- l'abbé Reynaud,
; « nous devons par tous les moyens
mis en notre pouvoir le réclamer,
pour le placer soit dans : un, orphe
linat, soit chez des pârticuliërs et,
s'il y a heu, obtenir que le tribunal
prononce la déchéance paternelle,
; afin d'éviter à cet- enfant
voyé dans une maison de correc
tion, où il sera détenu jusqu'à
vingt ans, si personne ne le ré
clame. » - '
Mais, pour exercer cette action,
pour mettre en œuvre tous ces mo
yens,' et même simplement .pour
. connaître les malheureux, que l'on
' doit secourir, pour se tenir toujours
'au courant de leur existènee et tou
jours prêt à intervenir au moment
voulu — il ne suffit pas évidemment
• de quelques bonnes volontés, il faut
une organisation très complète et-
très étendue. M. l'abbé Reynaud ■
insiste, avec raison, auprès de la.
charité catholique, afin que se crée ■
une organisation de ce- genrej ani
mée d'un esprit vraiment chrétien.
Et ce n'est pas tout encore : il ne '
faut pas même abandonner l'enfant,.
quand se sont refermées sur lui les
portes de la maison de correction ;
non seulement il faut le suivre, en
core, en cette triste et surtout fu
neste situation, mais, écrit l'auteur
du rapport, « j'oserai presque dire
que c'est le moment de s'intéresser
au sort de ce malheureux ».
Pour répondre à ce besoin, des
sociétés :së sontfondées, organisées,
développées, sous le nom de sociétés
de patronage des jeunes détenus et
des prisonniers libérés. Elles sont
créées dans un but humanitaire et
travaillent, avec une incontestable
activité, avec un dévouement sin
cère et souvent avec un grand suc
cès, au relèvement social des jeunes
détenus : elles ont pu jusqu'ici leur
apporter, ainsi qu'aux prisonniers
adultes, dès leur retour au milieu
de la société, un concours effectif et
charitable. Mais — et M. l'abbé
Reynaud a vivement insisté sur ce
point douloureux — « la morale et la
religion n'y ont leur part que dans
de très faibles proportions ». Et
pourquoi? Parce que les catholi
ques ont négligé de leur fournir un
; appoint suffisant ; parce que la di
rection,qu'ils auraient pu saisir à l'o
rigine, enest tombée aux mains de
philanthropes généreux* mais sans
clairvoyance. Et pourtant, n'est-ce
point une essentielle partie de notre
rôle et de notre mission, que de tra
vailler avec constance, avec énergie,
je dirais volontiers avec acharne
ment, au relèvement de ces malheu
reux. N'âppartierit-il pas aux ca
tholiques de prendre dans leurs
bras et de serrer sur leur cœur le
coupable et l'égaré qui ppt expié,
après avoir failli ?
Il ne suffit point, pour relever
ces déchus, de leur procurer quel
que position, honorable ; il faut,
avant tout, leur redresser l'âme; et.
la religion seule a les moyens d'o
pérer cette gùérison si délicate
et si malaisée. Assurément, les
dédains les refus qu'il essuie sont pour
beaucoup dans la difficulté qu'il
éprouvea se relever honnête homme,
et, pour ainsi "dire, à reprendre
pied dans la société ; il est certain
que ces 4é4^j n8 e ^ ces refus ont
provoqué plus d'uns rgehute; _Et
par conséquent, une ôrgànisatip#
purement 'ph^lantJîropitjuç est ca
pable d'obtenir quelques résultats,
Mais, d'une part, legrand obstacle
au relèvement n'est pas dans ces
refus et dans ces dédains;, il est
9,u ; cœur même du prisonnier, qui
revient à Ig; liberté matérielle et
reste 'prisonnier de mauvaise
vie ; et, d'autre part, tant qù : on lie
verra pas en lui un indice au moins
de régénération môrale, comment
ce criminel, d'hier poùrrà-t-il ins
pire}? confiance ou même compas
sion?
L'action de la morale çatholique
est . donc là nécessaire» au . seul
point dé vue social, et nous de
vons s remercier M. l'abbé Reynaud
de nous l'avoir rappelé.
François Veuillot. _
— 4— —__
BULLETIN DU JOUR
- Aujourd'hui, k la. Chambre des dépu
tés ^discussion de l'interpellation de M.
Mirmiïn '«'• $ur la liberté d'association des
fonctionnaires civils M en 'particuliér
des merfibres de l'enseignement ».
Au Sénat, suite de la discussion de la t
réforme des boissons. •
' On trouvera plïis loin le texte de la,
-lettre adressée par le . Saint-Père au,
négus êi h réponse de . Ménélik m Sou*
verain Pontife. Nous donnons cette cor*
respondahee d'après les dépêches ' des
, agences.
; Au Reichstag, le centre, comme nous
l'avons annoncé, va interpeller le chan-
. celier de Verripire au sujet des révélations
' du prince de Bismarck. La discussion
• de cette interpellation est fixée au 16 no-
. vembre. : . ' ' .
Le Parlement anglais:se> réunira, très
probablement le12 janvier. ' .
•> En Belgique, la démission du minis
tre delà guerre a été officiellement ac
ceptée. ^ i
; Les dépêches de Cuba annoncent plu
sieurs succès remportés par les troupes'
espagnoles sur les insurgés. : '
s M. Cambon, ambassadeur de France
à Constantinople, vient d'avoir une Ion-
' que audience du sultan. On trouvera k.
('Etranger des détails sur cette entre
vue.
Le roi de Suède a été désigné commé
1 cinquième,arbitre dans le tribunal char
gé de rég 1er les'affaires du Venezuela.
f Deux représentants britanniques se-
iront choisis par le lord-chiéf-justice
d'Angleterre et deux représentants amé
ricains par le, chef de justice de la cour .
; suprême des États-Unis.
Çà. et là
ENTRE DENTISTES
Les honorables citoyens qui s'arra
chent l'honneur d'arracher celles de nos
dents qui ont cessé de nous plaire et de
les remplacer par d'autres, viennent de
; s'offrir tout comme les littérateurs du
•temps de Mme Dacier, leur petite que
relle des anciens et des modernes. Un
jugement rendu avant-hier et que nous
avons brièvement signalé, a fait le bon
heur de ceux-ci et Je malheur de ceux-là,
et a marqué une date solennelle dans les
fastes de l'art dentaire, un art qui a eu
de l'avancement, car il y a quelque cin
quante ans ce n'était guère qu'un métier.
Alors prospéraient les opérateurs am^
bulants; ceux qui avaient pour cabinet
de consultation une berline dorée, atte
lée de quatre chevaux dont la robe était
toujours de couleur pie. Quand leur pe
lage n'offrait pas naturellement cet as
semblage de nuances, on [en était quitte
pour le teindre.
La venue de. ces chirurgiens, pour la
plupart aussi peu savants que peu mo
destes, était attendue avec impatience
dans les petites villes et -dans les gros
bourgs, parce que leur brillant équipage,
leur éclatante fanfare et leurs boniments
plus étincelants que les médailles d'or^
dres exotiques qui constellaient leur poi
trine (ordres d'autant moin s connus qu'ils
n'existaient -pas), leur costume majes
tueux que seul de nos jours le Sâr Pela-
dan a fait revivre, tout cela mettait de
l'animation sur la place du marché. Ils
plaisaient parce qu'ils faisaient du bruit.
Philosophes sans le savoir (ce qui est
bien la meilleure manièrç d'être philoso
phes), ils mettaient en pratique le vieil
adage : sublata causa, tollitur effectua.
Et ils ne savaient d'autre médication que
cell.e qui consistait à supprimer la dent
pour supprimer la douleur, procédé ex
cellent, mais que malheureusement on
ne saurait imiter en ce qui concerne la
migraine ou les maux d'estomac;
Certains de ces chirurgiens qu'un vul
gaire peu - éclairé flétrissait du nom de
charlatan possédaient une grande
adresse,résulfat d'une longue expérience,
et au moyen d'un poinçon ou d'une sim
ple; clef faisaient sauter la dent la
gjqs récalcitrante; D'autres extirpaient
parfoisy 1 malencontreusement, i&ut un
morceau d'un maxillaire campagnard,
mais la grbsse caisse était 1 là exprès pour/
couvrir les gémissements de l'opéré, et
: puis, pomm.e gela p,e cpûtiiitquè : quèl-
.qîies 4épin}fiS, cpluirci avait toùjQÙrs la
consolatjoii d? S$-4ive^ J'çn.ai pour mon
argent." »
A côté de ces ambulants qui semaient
leurs bienfaits aux. quatre coins «de la
France, et même au milieu, d'autres ar
tistes $9çissaiçi}t, 4âps les gréfec'tures et
les sous-pré^eciures, qui joigh aient-là -
chirurgie cqupe de§ cheyeux, la répa
ration des pendules ou eelie des serrures,
et je me souviens de cette enseigne qui
en une petite ville de la Sârthe fit le bon
heur de mon enfance...il n'y- a pas encore
très longtemps : « Salomon, horloger, ar-
brave honime, arrivait de Paris.'
. Feu à peu yjr f t }ç de§ dentistes
solennels qui opèrent en redfingote, dont
le balcon porte des lettres d'or, et dont la
notg se golde en or, également. Le. patient
eut ia ressouyee d'attendre 1-Heuve .fatale,
en un salon richement meublé et orné de
plantes vertes et d.'y parcourir de vagues
publications illustrées auxquelles.ne
soijge guère, tout, entier à la méditation
de ce troublant dilemme ; « Ya-t-il la
plomber... ou i'arracher ?.»'
. Mais l'exercice de la profession restait
libre ; «lie était accessible: à tous, lors-
fu 'gn 1880 un certain- nombre d'hommes
e métier' se groupèVpnt pQHr luttsr gQiî-
tre la concurrence': que^leur faisaient
d'une part les dentistes improvisés, d'au
tre part les diplômés des Etats-Unis... et
c'eux qyii sp dopnaiient; un Rorp. ap T éricain.
Ils foiidèrent u'n Syndicat, jet." pl^ tard ilg
oréèrept line école qui délivre des parr
chemins et egnoède aux intéressés, apr^
esaroçn, lç dr$i| çf 4?
mettre sur leur porte une plaque portalit
ces mois magiques : D, E. D. P. en stj r le.
claii-j -t Diplômé de l'Ecole Dentaire de
■ P-ôJE». 'if Enfin, en-189*2. une loi intervint^
•déclarant que pour limer, extirper, plom-f
ber, aurifier, replanter les dents de ses-
; concitoyens, il était nécessaire d'avoir un
certificat de ladite école ou d'une autre
analogue." ;
Toutefois les opérateurs patentés avant
cette époque purent continuer par tolé
rance d'exercer leur professipn.Mais ont-
ils la facultf de se dire chirurgiens ?.Le
syndicat la leur contestait [et le tribunal
civil de la Seine la leur a solennellement
: refusée. Ils vont être obligés de changer
leurs plaqués, les pauvres.!
; C'est là une nouvelle conquête du pro
grès,- qui jadis renversa les dentistes am- v
bulants ; de leur siège, fit passer leurs
grosse^ caisses en la possession de quel
que villageoise compagnie de pompiers ;
et leurs chevaux pies dans les brancards
des fiàcres, où s'écoula leur triste vieil-
. lesse,
Terminons par une petite statistique,
pour faire plaisir à M. Bertillon. Il existe
à Paris huit ïfênits dentistes dont qua tr.e-
vingts sont docteurs en médecine. Hélas !
à eux tous ils n'ont pas encore trouvé le
moyen de supprimer le mal de dents, ni
d'insensibiliser... sans doiileur. .
-. - : Joseph L egueu.-
REPONSE DIRECTE
A UNE PROVOCATION INDIRECTE
On nous signale dans la Croix
d'hier la note suivante en nous di
sant qu'elle est dirigée, contre
nous :
En attendant les enquêtes officielles
qui se poursuivent devant la commission
romaine et devant le Saint-Office au
sujet de Diana Yaugh'an, nous croyons
devoir publier les lettres de personnages
officiels auxquelles la presse refuse hos
pitalité. ■
Suivent deux lettres : l'une est
d'un personnage officiel des plus
respectables ; l'autre vient d'un ec
clésiastique certainement honora
ble, mais qui;- n'est guère officiel et
personnage que par reflet. Aucune
de ces deux lettres ne nous ayant
été adressée, nous n'avons pas eu à
leur refuser Vhospitalité. De plus,
si ces lettres sont favorables à miss
Diana Vaughan et montrent quo„
leurs auteurs croient ou ont cru à
son existence, elles ne disent rien
de précis sur le débat actuel. Il n'y
est question ni des incidents qui ont
marqué le congrès de Trente, ni du
Diable au XIX* siècle, ni des aveux
du docteur Hacks-Bataille, ni du
rôle de M. Léo Taxil, etc. Bref, elles
laissent les choses où elles en
étaient avant que des éclaircisse
ments eussent été résolument de
mandés.
Nos confrères et amis dé la Croix
jugent-ils donc qu'il, n'y a rien de
changé depuis un mois dans « l'af
faire Vaughan » ? S'il en est ainsi,
nous comprenons que les- lettres
auxquelles ils nous accusent indi*
rectement et à tort d'avoir refusé
l'hospitalité, suffisent à entretenir
leur confiance en la palladiste; mais
peuvent-ils trouver étrange qu fâ-,
cheux que nous soyons d'un autre
avis ? Voyons ! le démenti si net, si
péremptoire, donné par Mgr l'ar
chevêque d'Edimbourg, à M. Léo
Taxil et à miss Diana Vaughan ne
leur paraît-il pas entamer ces r'évé- :
lateurs et leurs' récits ?
Dans tous les cas, si là Croix
reste confiante, il ne . s'ensuit" pas
qu'elle puisse cesser, en ce qui nous ;
touche, d'êtrq exacte.- Norçs ne fer
mons pas nos colonnes à la lumière.
Noiisi ' n'avons 'jamais usé dè ce
.moyen. Nous n'en.voulons pas.user
aujourd'hui." Si dés ckicumehts ôù
des rectifications nous sont adres
sés par' des. personnages qu pjir de
simples personnes*autorisés, et ^e
montrant à découvert,, nQU^ çloîi»-.
nepûnsj Nous , cherchons la, vérité.
Le caractère, et les proportions que
prenaiteette affaire, nous y ont tait
voir un danger et après des avertis
sements, dont les premiers .sont
déjà d'assez vieille date, nous avons
quvert la .'campagne actuelle. Le
nombre des catholiques que nous
gênons ou irritons en la continuant
nous prouve ;qu'il faut la mener jus-.
qu r àul)out! '
Nous ne demandons pas à 1$ Croix
d'agir .comme riôtfs,' mais nous la
, prions, si elle juge à propos d'indi
quer notre -attitude, de le faire, exac
tement, en nous nommant au ljei\-
, do nous désigner,. C.'eist plus net, Et
puis, comme elle a heauooup d'ao-
tion sur une grande partie du public
; catholique, nous aimerions à lui voir
aborder de front toute cette ques
tion. Elle paraît tenir pour la palla
diste, mais est-pe-d'-une foi ferme ?
"Et qù'ésUe y- ïçtsse attention, s'il y
a du faux dans les révélations, de
Diana, toute l'œuvre devient un ro
man, le vrai y sert de couverture au
)^ensQngp : ,. .
Eugène Veuillot,
UN AVEU
La Libre- e.nn€rnîo de
la politique pontiJScale —r qui- saura
jamais- pourquoi? désire très fort
que le cabinet Méline soit renversé
par le vote sur l'interpellation de
M. Mirman; mais elle à des craintes
qu'elle exprime ainsi : '
• M. Mirman ne protestera point contre
les congrès de Reims. Bien au contraire,
il dira que le gouvernement a sagement
agi en permettant aux ecclésiastiques de
se réunir, mais il demandera que la
même liberté soit laissée aux membres
de l'enseignement.'- ! ..
Sur ce terrain, le débat ne peut que
tourner à la confusion de Rambaud et de
Méliné. -Mais il est à craindre que quel
ques brouillons radicaux ne fassent dé
vier la question en agitant le spectre du
cléricalisme/ S'il en est ainsi, le minis
tère n'aura aucune difficulté pour réunir
une majorité. • . -
Depuis que M. Méline est âu pouvoir,
la Chambre a eu par deux; fois l'occasion
de prouver que la fameuse question clé
ricale n'existait plus; En vaina-t-On tenté
de" l'agiter à nouvèau, elle • a dédaigneu
sement envoyé promener les Francs-Ma
çons qui en sont encore à l'époque des
décrets. En ces deux, circonstances, M.
Méline a trouvé la- majorité qu'il aura au
jourd'hui encore si ses adversaires ont la
bêtise de faire aussi sottement- son jeu.
La Libre Parole cette , fois parle
d'or ; mais croit-elle que si « la fa
meuse question cléricale » n'est
lus ce qu'elle a été trop longtemps,:
a politique pontificale n'y soit pas
pour beaucoup et même pour tout?
Fa
La .Vérité déclare qu'elle ne veut plus
parler du prétendu voyage de Guil
laume II en France. On comprendra
cette résolution. Nous l'en félicitons pour
notre part. Elle m aintient; d'ailleurs,
une dernière fois, sans conviction et
surtout sans preuve d'aucune sorte, son
récit, et soutient qu'on ne lui oppose que
des dénégations sans ; aucune sorte de
preuve. (Elle n'avait pas encore sous les
yeux, au moment où elle parlait ainsi, les
extraits de la Kreuzzeitung que nous
avons publiés.) /
Elle feint de n'avoir pas lu le démenti
après enquête de la Libre Parole et per
siste à compter cè'journal, ayec l'Autori
té,commelui accordant créance. De fait,
elle, n'a, plus que - l'Autorité, et c'est à
cause d'une soi-disant information de
celle-ci, que nous revenons : en deux
mots sur la question.
Nous lisons dans l'Autorité : 1
Un de nos lecteurs, i dont nous ciannais-
sons le nom, nous affirme que l'empereur
d'Allemagne est descendu~au petit hôtel du
101 du boulevard Montparnasse,, où était
déjà descendue l'impératrice Augusta, lors
qu'elle vint, en 1891; faire faire son-portrait
par Donnât. _ . '
L'empereur allemand n'est pas des
cendu à l'hôtel, 101, boulevard Montpar
nasse, pour cette raison qu'il n'y,a pas
d'hôtel, 101, boulevard Montparnasse.
L'impératrice Augusta n'y est pas des
cendue non plus en 1891, pour cette même
raison, et aussi parce qu'elle était ' morte
en janvier 1890, ce qui l'a empêchée de
faire faire son portrait par Bonnat, l'aji»
née suivapte.' . ■ ■ '
CORRESPONDANCE ROMAINE
L& ^aissioii de Mgr Makairo.
Rome, 10 novembre.
Le vicaire patriarcal des Coptes,;
Mgr Cyrille Makaire, envoyé de
S. S, Léon XIII près de Ménélik,:
p'oùr obtenir la libération! des pri
sonniers italiens, est arrivé à ^0^;
hier. ; Immédiatement-
rendre.;.çQmnts ;àe sa misSn au:
bOuvêrain Pontife. Je viens com
pléter les premières'nouvelles que
je vous, en ai mandées par ué-
pêchç,
Il importe, eh ; effet, de bien éta
blir, d'après les renseignements' les
plus.certains, le vrai, résultat de la
mission de l'envoyé pontifical /et le
vrai motif pour lequel Ménélik a dû
revenir sur sa décision première de
libérer les prisonniers. italiens à la
demande du Pape.
Il est pleinement avéré désormais
que cette demande trouva, excellent
accueil auprès de l'empereur.' d'E
thiopie ; oelui-ci avait même réuni
tout exprès à Adis-Abbebala plupart
des prisonniers italiens : pour- les
confier à Mgr Makaire. Sur ces en
trefaites arriva, la nouvelle, on ne
peut plus inopportune et malencon
treuse, de la capture du Dœlwyk.
Ménélik en fut extrêmerhent irrité :
cette capture en effet avait eij Ueu,
lorsque déjà la périqde des hosti
lités venait d'étr'e close officielle-
I
-adressée à Léon XIII par l'intermë '
diaire de- Mgr Makaire.
La lettre impériale est empreinte
^'ailleurs d'une très haute déférence
envers le. Saint-Père, On y verra,
car : elle - sera publiée au moment
opportun, une nouvelle . leçon et.
bien éloquente infligée à nos. ita-
lianissimes, aussi bien par le Pape
que par leur vainqueur, quelque
acharnement qu'ils aient mis à trai-.
tér celui-là en captif et celui-ci erv
barbare.. .
Grâce à une, haute et bîenveil-,
lante communication je puis cer-'
tifier ces nouvelles. Il reste acquis
que la mission de l'envoyé ponti
fical- avait réellement atteint son'
but. La libération des prisonniers
était positivement décidée; C'e'st le.
f ouvernement italien qui a obligé
lénélik à revenir : sur , la généro-»
sité dé son premiér mouvement.
Il est certain de même que Mgr
Makaire,pendant les cinquante jours
qu'il a passés à Adis-Abbeba^ à été.
l'objet des plus grands égards, non
seulement de la part du négus,mais
aussi du clergé et des chefs abys
sins- Les prisonniers ont pu voir
librement Mgr Makairé et recevoir.'
de lui lés consolations qu'il léur à"p-:
portait au nom du Pontife que leurs;
gouvernants tiennent prisonnier, slî
a pu célébrer la messe devant eux.
Sur l'ordre de Ménélik, on avait eu
soin de mettre'à la disposition de
Mgr Makaire un local convenable
pour célébrer le saint sacrifice. II
lui a été donné également de pren
dre note de la situation de tous les
risonniers. Il en a rapporté ici la
liste complète. Leur nombre* quant
à ceux du moins qui sont réunis à
Adis-Abbeba, ne dépasse pas 1,300,
comme l'a confirmé le major Neraz-
zini. Beaucoup d'autres prisonniers
blessés ont succombé après la ba^
taille d'Adoua; quant aux [survi
vants, Mgr Makaire a pu constater
qu'ils sont très bien traités et Qu'ils
ne sont nullement astreints aux pé
nibles corvées signalées par cer
tains comptes rendus fantaisistes.." :
Ce qui leur manque, surtout, ce
sont les .vêtements cônvenablés. On
attendait pour leur en fournir l'ar
rivée de la mission do secours or
ganisée d'abord par l'abbé Verso-
witz, continuée ensuite par le P; Ou*
din et que la presse italienne a voulu
confondre de parti pris avec la mis
sion pontificale de Mgr Màkaire. Le"
fait est que celui-ci a nrécéd^ la ca
ravane de secours, laquelle, faute
de moyens pour charrier les baga
ges à„dos de.chameau. ou à dos de
mulet,, a .dû laisser, en route tout
son attirail, pendant que le P. Ou-
din, presque seul, s'est avancé vers
Adia-Abbeba. Cependant, il n'y était
pas'encore arrivé lorsque Mgr Ma
kaire eh est reparti.-
Quant aux deux prisonniers que,
malgré son ressentimént contre l'at
titude dç ^Italie, Ménélik a remis à
Mgr Makaire, ils. ont été par celui-ci
accompagnés jusqu'à Massaouah,
comme deux témoins de la déférence
de Ménélik envers Sa Sainteté. Ils
témoigneront aussi de l'intention
première qu'il avait de libérer les
prisonniers en masse. Le négus s'est
laissé toucher par les lettres que les
deux .prisonniers.avaient reçues de
leur famille et que : Mgr . Makaire
ôv&ifc portées à sa connaissance.
Ici, par-contre, on voit les partisans
de la guerre à fond, les guerra. fon
dai, réclamer des représailles, sans
lemoindre souci pour les victimes
de leurs.folles entreprises ! '.
sidérant comme disposée à rouvrir
les hostilités.
C'est pourquoi il révoqua ladéci-.
sion déjà, prisp à l'égard des prison-;
niers.H'rèsolutdéles retenir^-"-i- miP
§q»gi oeci résulte, non pas d'une,
induction quelconque, mais des: ex
plications que'Ménélik lui-même
donne dans la lettrç autographe
LEON XIII ET MENELIK
..Plusieurs journaux çitènt des pas-
! sages des lettres échangées entre 1q : .
Souverain Pontife et le négus. ; Ces
citations transmises par télégraphe
sont inoomplètes etr d'une exactitude
douteuse. Nous les donnons telles
quelles pour aujourd'hui, espérant
avoir demain le texte entier et
exact. . ;
- Voici le résumé qu'on publie dé la
lettre dé Léon Xllt : ..
La victoire 3 laissé en vos mains de
nombreux prisonniers,, jeunes gens vi-
ëoureux, dignes de respect, enlevés à
leurs familles-et à lelir patrie ; leur cap
tivité n'augmente ni la grandeur de votre
î puissance, ni l'étendue de votre prestige,
; mais, plus elle se prolonge, plus vive, est
.'la douleur de milliers de mères et d'é
pouses innocentes, ' '
, Pour Noua, pénétré de la sainte mis-
: sion que Nous a 'Confiée Jésus-Christ et
qui s'étend à toutes les nations chrétien-''
; nés, Nùus les aimons comme des fils.
:Agréea dono la demande quelle cœur
d'un père vous fait au nom de là Trinité
divine, àu nom de la Vierge bénie, au
,nom de tout ce qui vous est le plus cher
en ce-mqnde,< "Veuillez sans retard leur
•rendre la liberté,
! • î)ans sa réponse, Ménélik [fait d'a-
I bord l'éloge de Mgr Makaire, puis il
dit :
r Le premier mouvement de mon coèur
I fut de s donner à Votre ^Sainteté la sati^
faction qu'Èlle me demandait si noble*
ment, car moi aussi je pleure de nom-
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