Titre : L'Univers
Éditeur : L'Univers (Paris)
Date d'édition : 1896-11-07
Contributeur : Veuillot, Louis (1813-1883). Rédacteur
Contributeur : Veuillot, Pierre (1859-1907). Rédacteur
Contributeur : Veuillot, François (1870-1952). Rédacteur
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34520232c
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 07 novembre 1896 07 novembre 1896
Description : 1896/11/07 (Numéro 10523). 1896/11/07 (Numéro 10523).
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse Collection numérique : Bibliographie de la presse
Description : Collection numérique : BIPFPIG44 Collection numérique : BIPFPIG44
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k709304b
Source : Bibliothèque nationale de France
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 06/02/2011
Samedi 7 Novembre 1896
Edition quotidienne. — 10,533
Samedi 7 Novembre 1896.
ÉDITION* QUOTIDIENNE
, PARIS ÉTRANGER
et departements (union postale)
Un an 40- » B1 «
Six mois 21 » 28 59
Trois mois.. . il » 14 »
Les abonnements partent des l*" et 16 de o&açtno mols
.UN NUMÉRO |
Paris 10 cent.
Départements...'., 15' —
BUREAUX : Paris,' rue Cassèttë, 17
-> ' ' ' " ' ' ' ! ' ' ' ' .-.""'l V *■>*"*•
On s'abonne & Rome, place du Gesù, 8
ET
ÉDITION SEMI-QUOT IDIENNE
' PARIS ÉTRANGER
et départements (union postale)
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Six mois 10 » 13 ». i
Trois mois:.... 5 » 6 50
LE MONDE
Z>es abonnemënta partent des I e .' et 16 de chaque mois
L'UNIVERS tu répond pas des manuscrits gui lui sont adressés
ANNONCES
... MM. LAGRANGE, CERF et C", 6, place de la Bourse
PARIS, 6 NOVEMBRE 1896
SOMMAIRE
Aux modérés. Gabriel Coixin.
Autre lettre de M.
Taxil.. Eûgèné" Vèuïllot. ■
Ljes assertions de - . . . . •
" m . Taxil.',....... v Eugène .Tavehnibiu
A la Chambre G. de. Triobs.
Au Sénat... — j.jf,.,. .
Prussiens et Polo
nais L. I.
Pour les Arméniens:' ' ' .
Lettre du ; R. P. C harmetan'ï.
Correspondance ro
maine • ***,
Bulletin du jour. —• Nouvelles de. Rome.- t .
Les processions^ — Enformations. -r-L('a-
rithmétique de l'Intransigeant. 4- Le ma-,
riage du dup d'Orléans; — Chambre des
députés. —r- L'affaire Arton. — A travers
la presse. — Chronique. ■*—- Lettres,
sciences et arts. — A la Faculté catho
lique de Wurtzbourg. — Etranger. —
Echos; — L'action sociale de. l'Eglise.—:
. Notre -Dame des Etudiants.. — Guerre ot
marine. — Tribunaux. — Nécrologie. =—
Les inondations..— Nouvelles .diverses.
T7; Dernière heure. — Tableau et bul
letin de la Bourse.
AUX MODÉRÉS
Sous ce titré, le Journa.1 des Dé
bats se plaignait l'autre iour de
l'inaction des modérés, à la suite
d'un discours de M. Charles Dupuy,
qui gémissait publiquement de cette
apathie.
La Lanterne ajoutait qu'il niy avait
rien de plus prouvé que cette pa
resse du centre.
Nous avons, nous-mêmes, à cent;
reprises, déploré cette immobi
lité.
h'Autorité, la Libre Parole, le
Temps, etc., oiit été de notre avis
sur ce point.
'Voila donc enfin une Opinion qui
"rencontre 'l'assentiment de tous les
Îiartis, depuis la Lanterne jusqu'à
'Autorité, en passant par les Débats:
les modérés ne font rien !
. Faudra-t-il donc admettre,commè'
une vérité sans conteste et . sans re
mède, que dans les rangs républi
cains, ou bien l'on reste inerte, ou
bien l'on doit marcher avec les exal
tés? . ,
- Pour ceux qui ne consentiraient
pas tout à fait a se laisser enfermer
dans ce dilemme, la question méri
terait peut-être d'être étudiée.
Pourquoi, les modérés n'agissent-
ils pas ? Sont-ils condamnés à l'inac
tion? Ne peuvent-ils pas trouver un"
terrain propice,—ceux du moins qui;
ont quelque velléité de sortir de leur
fauteuil — pour lutter?
Tels sont les points, qui méritent,
t|'attirer notre attention. ; . !
Le public auquel s'adresse, eh
grande majorité,le Journal des Dé
bats, est un public aussi modéré que
lettré, aussi ignorant des questions
sociales pratiques que théoricien.
Savant, distingué, composé de pro
fesseurs, de fonctionnaires de choix,
«; intellectuel » pour se servir dii
tèrme à la mode, il ést aussi éloigne
que-possible de connaître ce que veut
le peuple, ce dont il a besoin, ee qu'il'
est. Conservateur dans le vrai sens
du mot, il . redoute , tous les projets
de réformes qui, pour lui, sont tous
des projets révolutionnaires. Des
réformes dè détail, sUr un téxtë de
loi, sur une coutume établie, sur
quelque point de bureaucratie, oui !
Mais des rformes de fond, touchant
à toute une situation sociale. déplo
rable,, non ! ■!
C'est la vieille économie libérale.
La liberté suffît à tout, par suite
de ce fait qu'elle suffit à ceux qùi eh
jouissent .'et par suite de ce raison*-,
nenjent que Tes for|s: n'abusent ja-
mais.de leur, force:
Ainsi donc, les modérés auxquels
le Journal des Débats s'adresse étant
tous à peu- près satisfaits,d'une part,
ignorant- l'affreuse situation du plus
frand nombre, des travailleurs, de
autre, nésé doùtérit' même pas du.
danger qqe court la société,,et. par
suite n'agissent pas ou ne veulent
pas agir.
* Et toutes lés exhortations; des
écriyains. fort distingués de sa ré
daction- n'arriveront-pas plus à re
muer cette masse inerte qu'à dépla
cer les pôles.
. Trois choses, au .moins, seraient
nécessaires aux modérés qui vou
draient sortir de leur apathie : 1° al
ler au peuple, à ce pèuple." frû'iïs
ignorent de rép.idçrme jusqu â la
moelle—et c'est làqu'on voitî'admi-
rable perspicacité au prisonnier du
Vatican ; 2° savoir sacrifier un peuà
l'intérêt commun — cet esprit de sa
crifice sera le seul pendant à l'esprit
d'intérêt des socialistes ; 3° un pro-l
gramme positif.
Les Déoats disaient:
« Quand ils se b orneraient à réfuter
les sophismes, à- faire justice des
erreurs, à montrer le creux des dé
clamations, le néant et. la. folie des
prétendues, doctrines de leurs ad
versaires; ils auraient là un champ
d'action .et de propagande assez
large et assez fécond; la matière est
inépuisable. »
: Oui, mais c'est un mauvais ter
rain. - '■ -
t Se borner à -se- défendre, c'est
presque toujours être vaincu d'a
vance. _
• Ce qu'il faut,' c'est prendre l'offen
sive. .
- Et- l'on ne fera rien tant qu'on,
n'aura pas un programme positif.
Le peuple : n'aime pas les abstrac
tions.
Il exige quelque chose de con
cret Que voulez-vous, vous qui
critiquez ce qui est ? Dites-le
nOUS...
- On lui répond : —: Là liberté,
l'honnêteté,le travail, Injustice, des
économies '' ■ .
— Tout cela, réplique-t-il, ne noixs
dit rien. Tout le monde nous en offre
autant. Comment entendez-vous la
liberté ? Est-ce celle du père de fa
mille et de la commune de choisir
i leurs instituteurs? Parfait ! alors,
nous sommes des^ vôtres. L'honnê
teté? Voulez 7 vous rendre les mi
nistres responsables de leur ges
tion? Très oien ! nous vous com
prenons. Le travail? Voulez-vous
sa réglementation par des corpora--
tiens modernes? Excellent! mais
expliquez-vous ! La justice? quelles
réformes nous proposez-vous en
son nom ? Voulez-vous que l'exploi
teur, le voleur d'un Panama quel-,
-conque. soit condamné à l'égal au
moins de celui qui vole un- pain,
garce qu'il meurt de faim ? A mer
veille ! mais expliquez-vous !
Dès économies? Sera-ce en sup
primant, par la décentralisation,
■mille rouages inutiles? C'est très
simple ! Mais encore faut-il le dire.
Un- programme positif, voilà ce
que tout le public réclame.
Il est bon d'ajouter que les mo
dérés ne s'en soucient pas .da
vantage que. si le suffrage, universel
n'existait pas.
Peut-être* y songera-t-on dans
la quinzaine qui précédera les élecr
tions,; .c'est-à-dire alors que, les
élections seront faites virtuelle
ment, sans que personne y puisse
•plus rien changer!
Gabriel C ollin.
BULLETIN DU JOUR
: Hier,, à la Chambre, discussion dei
l'interpellation Jaurès».< Après, un vif,
idébat, l'ordre du jour de confiance pour;
'le gouvernement a été voté par 308 voix
contre 222. , /
î A l'ordre du jour de la séance d'au-
jour.d'hui, là proposition de loi sur les',
raisins secs., ,, . ' ... ;
[Hier, aù Sénat, discussion de_ la ré
forme de l'impôt des boissons.
Le procès Arton continue sans' appor
ter aucun fait nouveau. Arton parlera- 1
t-il des affaires du Panama ? Beaucoup
de gens en doutent.
Un télégramme d'Alger annonce,
qu'un jeune officier, récemment sorti dé
Saint-Cyr, opérant des levés topographi
ques aux. environs du fort Mac-Mahon,
aurait été massacré avec deux spahis qui
l'accompagnaient.
Nous espérons que cette triste nouvelle
sera prochainement démentie.
i Lord Selbome, sous-secrétaire d'Etat
•aux CÔlonies, vient deprononcerà Edim
bourg un discours important ' dans le
quel il a déclaré que « la- Grande,-Bre-
: tagne n'admettra jamais de rivalité dans
l'Afrique du Sud ». :
Aux EtatsrtJnis, natureilement, on
s'occupe fort de. la dernière élection les
partisans du candidat Bryan contestent
leur écrasante défaite; d'autre part,
Mv Mac-Kïnley annonce son interition
d'être « un président qui gouverne »,.
En Orient, la situation est toujours/
grave. Nous avons publié hier, en Der
rièreHeure, une dépêche annonçant que
ides chrétiens auraient été maltraités en
Crète, à La Canée. ; •
NOUVELLES DE ROME
Nous recevons la dépêche sui
vante:
Rome, 6 novembre.
Mgr Clari, arrivé hier à Rome, y res
tera jusqu'à la fin de novembre;
AUTRE LETTttEBE M. TAXIL
. Voici une. troisième lettre da M. ,
Léo Taxil. Nous ayons donné toute
la première et.elle était longue; de
la deuxième .on a pu lire hier près
de deux colonnes, et de celle-ci nous
ne retranchons rien. M. Taxil va-t-il ;
Continuer de dire que nous étouf
fons sa voix ?
V • Paris, 4 novembre 1896.
• Monsieur Eugène Veuillot,
L'Univers continue à m'accabler avec,
un acharnement inouï et. n'insère, pas ma t
réponse, Je ne me plains p#s : j'ai mérité* <
Ear mon passé, d'être abreuvé, des. pires :
umiliations. Néanmoins, j'ai au moins
le droit de constater que l'Univers, qui
accuse, met la main sur la bouche de
l'accusé, pour l'empêcher de se défendre
devant vos lecteur»;
■ , Cojïime il. faut que voua vous croyez
sûr de ma culpabilité pour agir, ainsi !...
Je dois vous faire, je-le sens, une pro
fondé répulsion; sans cela, vous n'ou
blieriez pas ainsi, à mon encontre, les
; règles les plus élémentaires de la jus
tice. Vous êtes d'ordinaire bon et juste;
tout le monde le sait.
Vous êtes si bien convaincu que ce
n'est même pas la peine que vos lecteurs
m'entendent, que non seulement vous
n?insérez pas mes explications, pourtant
si claires, mais encore vous publiez une
•accusation, et celle-ci la plus grave de
toutes; je veux parler de la reproduction
que vous avez faite hier soir d'une anec
dote publiée en premier lieu par le A'ou-
velliste de Lyon sous le titre : « Diana
Vaughan à Villefranche. » -
Enfin, voici un fait précis que vous
mettez à ma charge : il, y a trois mois,
j'aurais Envoyé à Villefranche deux per
sonnes, pour les y faire se. rencontrer
avec miss Vaugh'an ; dans une chambre
d'un hôtel désignéf deux filles, de Trottoir,
venues de Lyon et ayant "appris un rôle
(probablement, la leçon leur ayant été
faite par un complice que je dois avoir a
Lyon), se sont données aux deux voya
geurs, arrivés de Paris, l'une pour miss
Diana Vaughan, l'autre pour sa com
pagne ; malheureusement, la comédie
n'aurait pas été bien jouée jusqu'au bout,
et la fausse Diana Vaughan aurait fini par
laisser comprendre ce qu'elle était; cer
tains d'avoir été mystifiés, les deux voya
geurs congédièrent les deux filles et re
prirent vivement l'express de Paris
quelques confrères de la presse catho
lique de Paris pourraient donner les noms
des deux personnages à qui cette aven
ture serait arrivée, et l'un de ces con
frères posséderait même des renseigne
ments très suggestifs sur l'incident. C'est
bien cela, n'est-ce pas ?
Si le fait est vrai,, il est désormais, cer
tain que* je suis le dernier des miséra
bles ; la cause est. entendue. Vous avez
pris la responsabilité de ce qui se publie
dans l'Univers aù cours de la campagne
actuelle. Je m'adresse"donc directement*
à vous ; je fais appel à votre loyauté.
7 Voici ce que je demande, et je vous
prie d'appuyer ma requête :
Je demande, par la présente lettre
dont je réclame l'insertion, je demande à
S. Em. le cardinal Richard, archevêque
de Parisj de vouloir bien désigner troisi
ou cinq ecclésiastiques qui exigeront du
Nouvelliste:de Lyon, confidentiellemént
si l'on veut (cela m'est tout à fait indiffé
rent}*, les noms des. deux personnages à
qui cette, aventure serait arrivée, ou, à
leur défaut, l'indication des confrères
catholiques de Paris qu'on dit être en
mesure de nommer ces deux personna
ges. Une confrontation avec les deux nar
rateurs de l'anecdote, est indispensable,
ainsi qu'une enquête rigoureuse et pous
sée à fond, si ces individus-là persistent
dans leurs dires„
Pénsez de moi tout ce que vous vou
drez jusqu'à la solution de cet incident,
très suggestif-, mais je vous' annonce- la
découverte, qui' se fera par une enquête
sérieuse et vivement menée : c'est que
les deux individus en question sont deux
frères trois-pôints, que c'est' eux qui au
ront joué une comédie (s'il est vrai qu'ils
soient allés à Villefranche), et que cet
incident n'est qu'un épisode du complot
maçonnique ourdi depuis trois mois. Le
"Nouvelliste de Lyon est un journal trop
foncièrement catholique pour avoii; in
venté cette histoire-là.. :
J'espère bien que vous publierez, cette
fois, ma lettre, et, en attendant avec con
fiance le jour où vous me rendrez justiçe,..
je vous présente, monsieur, mes très
humbles salutations.
Léo Taxil.
Sur le fond de cette affaire ou plu
tôt de cet incident, nous laissons nér
cessairement la parole au Nouvel
liste de Lyon. Nous serions surpris
qu'il eût parlé à la légère. Du reste
que l'amusante historiette qu'il à
contée, soit vraie ou fausse, la; chose
est sans importance au point dé vue
de la question que nous, voulons ré
soudre : Diana Vaughan existe-t-elle
et que valent les écrits publiés sous
ce nom?
Quand nous demandons si Diana
Vaughan' existe, on ■ nous, répond)
mal ou plutôt on ne ' nous répond
pas.endisantquerabbéTrois-Etoiles
et M. X... l'ont vue.
La réponse n'est pas plus valable;
quand on ajoute' que « la grande
convertie » a été présentée par le
docteur Bataille à M. Lautier, pré
sident des avocats de Sain.t-Pierre,
et qu'ils ont fait ensemble un bon
dîner. Il est possible qu'il y ait
quelque part une vraie Diana Vau
ghan et il est hors de doute qu'on
peut facilement en montrer plu
sieurs.Il y a dans Paris et en centau-
treslieux d!aimables personnes prê-;
tes à jouer avec entrain, moyennant;
salaire, les Diana Vaughan, qu'il
s'agisse dé la luc'iférienne ou de la
convertie, de la coureuse dénoncée
par. M. Margiotta où .du modèle de
.pureté que nous peint M. Léo Taxil,
lequel s'y connaît, ayant travaillé
dans la pornographie. '
- Nous croirons donc sur leur pa
role, s'ils nous la donnent, les trois;
ou quatre privilégiés, qui déclarent
avec joie et fierté avoir vu, ce qui
s'appelle, vu la célèbre pallàdiste.
Puisqu'il est facile de faire paraître
plusieurs Diana, pourquoi n'en au-
. raient-ils pas vu une ? Mais la Diana
Vaughan,amie du docteur Hjacks et
pupille littéraire de M. Léo Taxil,.
celle qui a tant fréquenté le diable
et l'a un peu épousé, sans cesser
d'être pUre, enfin la grande, la no
ble, la vraie, la seule Diana Vau
ghan si connue en librairie, nous
n'y croyons pas. Même s'il y a une;
Diana Vaughan sachant écrire, elle';
ji'apas écrit tout ce qui a été . pu
blié sous ce nom. C'est moralement
et littérairement, impossible. Je me
chargerais de le prouver.
M.Léo Taxil s'étonne que Y Uni
vers le poursuive avec tant de vir
gueur et déclare ne pas reconnaître
là nos habituels sentiments de jus
tice. C'est cependant à la justice et
au devoir que V Univers obéit en
cette affaire. Les publications dont
M. Léo Taxil porte la responsabilité
et qui sont siennes, même quand il
a- des collaborateurs, font du mal,
beaucoup de mal ; il fallait donc les
dénoncer. Oui, il fallait projeter la
lumière sur cet afnas d'histoires où
du vrai est mêlé au faux, afin de cou
vrir celui-ci ; ou, sous ' prétexté de '
foi au surnaturel, on fait le jeu de
ceux qui n'y croient point ; où l'on
se complaît au nom dé la pureté
dans d'impures inventions ; ou l'on'
sert la franc-maçonnerie vraiment
agissante et puissante, celle qui
pèse sur nous, en écartant les es
prits du mal visible que l'on peut
combattre pour les occuper d'enne
mis qu'il semble impossible d'at-'
teindre. Non, non,le docteur Hacks-
Bataille n'a point démérité des frères
trt-is-points par son Diable au XIX e
siècle et l'on ne peut s'étonner qu'il
ait repris dans les loges, commé
l'assure M. Taxil, ses grades et hon
neurs. Il n'avait pas déserté, il était
en mission-diabolique chez nous. Il
nous embrassait (pouah !) pour nous
étouffer. "
. Notre tort, comme l'a dit déjà M.
Eugène Tavernier, ce n'est pas de
faire cette campagne; c'est de ne pas
l'avoir oUvertô plus tôt Nous tâche
rons de réparer le temps perdu.
Eugène Veuillot.
. ; 1^) ;
LES ASSERTIONS DE M. TAXIL
■ ' 1 '
La première lettre de M. Léo
Taxil se réduisait à, deux assertions :
•; 1° Il était le mandataire de Diana
Vaughan ét, en cette qualité, garan
tissait que tous les droits d'auteur
étaient versés à des oeuvres reli
gieuses.
Or, mis en demeure de' ! fournir le
compte des versements, il ajourne
cette preuve; et il restreint à une du
rée de quatre mois sort rôlede .maTi-
dataire, tandis ,que les mémoires et
d'autres publications de Diana Vau
ghan paraissent depuis un an et
demi, sinon plus.
En bon français, cela s'appellé se
dérober. • ' .
• 2" Il affîrmalt des faits 1 ; graves et
précis qui se seraient" passés à
Edimbourg, et mettait ; en; cause:
Mgr l'archevêque de ce diocèse.
Voici le texte de M; Taxil : - -
Ayant été mise en rapports avec Mgr
l'archevêque d'Edimbourg, miss Diana
Vaughan a fait découvrir les repaires,
desRose-Crùïxlucifériens du diocèse; une
enquête dirigée par M. Cônsiliite, avocat
de l'archevêché, a constaté que tout ce
que la convertie a,révélé était rigoureu
sement exact ; le principal temple secret
était à deux pas de l'archevêché. Mgr
d'Edimbourg a envoyé sa bénédiction à
miss Vaughan.
■•J'ai demandé à Mgr Mac-Donald;
archevêque d'Edimbourg, de vou
loir bien dire ce • que valait ce
récit, soit, pour le confirmer, soit
pour le démentir. ,
Le vénéré prélat a daigné m'a-
dresser la lettre suivante qui con
tient un démenti formel : ■
42, Greenhill Gardens, Edimbourg.
.' ^novembre.
Cher monsieur Tavernier,
En réponse à votre question, je ; me
; hâte de vous informer que miss Diana
Vaughan n'ajamaisétéen rapports avec
moij autant que je puis le savoir, ni moi-
avec elle. Je ne. lui ai jamais envoyé ma
bénédiction et aucune enquête de ce'
genre n'a été conduite par, M\ ^Considine
ou par quelque autre. . ..
L'idée terrifiante que le principal tem
ple secret de ces mystérieux conspira
teurs n'est qu'à deux pas de, l'archevê
ché peut, je crois, ëtré écartée comme
un clair de lune (1), quoi qu'il soit-
possible que quelque franc-maçon ha
bite près de là. C'est probable, car ils
sont nombreux. .. . ■
Les faits suivants, peuvent contribuer à
montrer §ur quel fondement reposent.ces
allégations. L'hiver dernier ou'au com
mencement dii printemps, un Écossais
très honora.ble, mais susceptible d'être
entraîné par son imagination, envoya à
M. Considine deux numéros du journal
qui seraiticrit par miss Diana Vaughani
On demandait à M. Considine de s'assur
rer ;
1° Si une certaine personne était en
core viyante,parce qu'on craignait qulelle
n'eût été assassinée; 2" si les déclarations
de miss Vaughan quant à l'existence de
ces loges ou a temples » étaient exactes.
M. Considine répondit que le person
nage était vivant, qu'il l'avait rencontré
dans les rues; et de plus il envoya une
liste des loges maçonniques, publiée dans
un simple almanach ' d'Edimbourg; sans
aucunes prétentions. A titre de rensei
gnement, M. Considine me communiqua
les deux numéros- du journal de miss
Diana Vaughan pour que je puisse les
lire. Je les parcourus et je les retournai à
(1) Le vénérable et . spirituel prélat em-
Eloie le mot moonshine dont nous donnons
i traduction textuelle, équivalente à « cho
se qui ne signifie rien ».
. . . . if, j>. l. r. . ;
l'Ecossais ci-dessus désigné, y joignant
la remarque que je les avais lus. avec
intérêt. C'est littéralement tout. .
-Ce monsieur semblerait avoir été en.
correspondance avec M. L. Taxil directe
ment ou par quelque intermédiaire. Ét la
réaction d'une imagination sur une au
tre imagination semblerait avoir produit
le' château en Vair ■ qui a paru dans vos
colonnes.
Un détail de plus à ce sujet, détail qui
par bonheur n'est qu'amusant, peut -être
noté. Ça monsieur, éprivant à M. Oopsi?.
dine et à moi,,a insisté sur la nécessité du
secret absolu, parce que la plus légère
indication donnée aux ennemis provoque
rait une fatale vengeance de leur part. Et
cependant il nous a montré M. Considine
et moi (si j'explique bien le mystère)
comme déployant une grande activité
pour , démasquer leurs isoi-disant com
plots. s
Peut-être pensait-il qu'un archevêque
devait toujours être prêt à se placer lui-
même sur la brèche et à permettre .aux
autres 'de l'y placer pôur la" c&tadè dé la
religion e*t de la morale. Mài's pourquoi
mettre en avant le pauvre avocat?
Pensant que ceci pourra suffire à votre
but, je reste, cher monsieur Tavernier,
A vous vraiment dans le Seigneur,
Ange Macdonald,
Archevêque de Saint-André
et Edimbourg. ~ r " j
Sous une forme spirituelle, le dé
menti est catégorique. Il donne l'i
dée de l'audace incroyable avec la
quelle M. Taxil et ses collaborateurs
ont bâti cette histoire, qui n'est qu'un
grossier roman. Et les faits concqr-
nant Edimbourg devaient servir de.
garantie pour tout l'ensemble ! Ceux-,
là étaient les plus certains, les mieux
protégés contre le démenti,.et le
soupçon!... S'il faut par là juger du
reste...
Eugène Tavernier.-
M. Mouthon, directeur de la
France libre et l'un • des' organisa
teurs du congrès national de la dé
mocratie chrétienne qui se tiendra
dans quelques jours à Lyon, nous
adresse, au sujet de la note du co
mité des démocrates chrétiens que
nous avons publiée hier, une récla
mation que nous insérerons de
main. .
Univers n'est pour rien, du
reste, dans la note du comité des
démocrates chrétiens.. Il l'a publiée
à titre de document comme il l'au
rait fait pour tout autre comité.
A LA CHAMBRE
Les incidents de Carmaux.
M. Jaurès a pu enfin s'épancher
longuement ; il a voulu émouvoir la
Chambre et le pays par le récit de
sfes"mésaventures à Carma'ux : dans
la journée du 26 octobre dernier; il
a donc enflé sa voix et tracé un
sombre tableau dès horreurs com
mises, dans cette cité méridionale;
par lés sbires et les janissaires con
tre d'inoffensifs citoyens.
Les inoffensifs citoyens, ce sont
les amis de M: Jaurès', les calmes et
paisibles promeneurs qu'on sait ; les
policiers brutaux et sans pitié, ce
sont les agents du ministère et plus
particulièrement de M. Barthou.
Infortunés socialistes! Ils ve
naient à Carmaux pour une fête de
famille, pour célébrer pacifiquement
l'inauguration de la verrerie ouvriè
re et ils ont été reçus par des char
ges de cavalerie ! Bien plus, un vé
ritable complot avait été organisé
dans le cercle républicain ; depuis
plusieurs jours lès parties de domi
nos et de piquet étaient interrom-
- pues ; il fallait préparer les manifes
tations hostiles contre M. Jaurès, et
Earmi les conspirateurs, parmi les
abitués du cercle on signale avec-
stupeur le commissaire de police et
le lieutenant de gendarmerie.
La voilà bien la complicité, la pré
méditation gouvernementale ! et M.
Jaurès de reprocher à M. Barthou
d'avoir enlevé au maire socialiste
de Carmaux la responsabilité du
maintien de l'ordre ; d'avoir fait
fouler aux pieds des chevaux ' les
femmes, les enfants, les vieillards ;
d'avoir- violé le , domicile des ci
toyens; d'avoir enfin ordonné de
dissoudre illégalement une réunion
publique.
Il y a plus, et M. Fabérot, dans un
instant, expliquera que M. Jaurès et
lui évitèrent au gouvernement d'à-;
voir à déplorer n!n vrai massacre en
fuyant devant les escadrons furieux
qui les eussent immanquablement
réduits en bouillie d'os et dé sang...
Tout cela, on s'en doutej devait
être mis au point ; c'est ce qu'a fait
lé ministre dé l'intérieur avec préci
sion; lés « paisibles citoyens » de
l'extrême gauche ont bien tenté par
leurs hurlements de fauve, leurs
cris, leurs injures, de lé décourager
et de l'empêcher dé se faire enten-_
dre de la Chambre. M. Barthou a'
courageusement tenu tête à" l'orage
et ils ont dû subir le récit des faits
audacieusement travestis par M.
Jaurès. La vérité; c'est que durant
Cinq mois le parti socialiste, le parti
de la grève à Carmaux, qui avait
enlevé tes ouvriers à leurs travaux*
trompa leur faim et leur misère
en faisant luire dans uu prochain
avenir l'installation de la verrerie
ouvrière ; puis, brusquement on dé
cide d'élever cette verrerie..à Albi,
laissant les malheureux à;leurs lé-'
gitimes colères et à leurs espoirs
déçus — et voilà pourquoi les amis
de M. Jaurès devaient courir de
vrais dangers dans cette journée du
26 octobre à Carmaux.. - ;
La' vérité, c'est que deux cérémo
nies bien distinctes étaient organi
sées dans le Tarn, l'une à Albi, toute
pacifique, l'inauguration de - la ver-:
rerie — et le gouvernement avait-
i autorisé les - cortèges et les réu-.
: niôns; l'autre, à Carmaux, révolu
tionnaire et antisociale', la confé
rence de M. Jaures-et de ses amis —
et le ministre de. l'intérieur avait dû
prendre des mesures particulières
pour que l'ordre ne fût point trou-,
blé. •
- La vérité encore et .voilà -la'
câuse réelle du; ressentiment de M.<
Jaurès —c'est que, sans la vigilance»
dés pouvoirs publics, des . troubles.
, sérieux se; seraient produits et [les
agitateurs socialistes, enfin démas
qués dans ce pays, auraient dure
ment appris à connaître jusqu'où;
peuvent aller là-bas les haines po-.
pulaires par eux et contre eux
amassées.
Tout cela, M. Barthoû l'a, claire-
- ment expliqué il eût même pu mon j
' trer une moindre condescendance ;.
il eût pu dire simplement, s'adresc:
sant à M. Jaurès ét à ses amis :
« Vous êtes les pires des agitateurs
: « et chaque fois que vous allez dans..
« les départements, surtout dans le
^ « Tarn, c'est pour prêcher la révo-'
- « lutiori sociale et organiser lé dé-.
r .« sordre. Le gouvernement, > ins-,
= « truit par une cruelle expérience,
« avait le devoir, par . tous les
« moyens légaux, défaire respecter
i « la loi et de protéger les citoyens :
« il n'y a point failli. »
Dès applaudissements chaleureux
ont salue le ministre, soulignant'
l'indignation de là majorité pour la
façon par trop jacobine dont une
Eartie de l'assemblée entend la li-
erté de la tribune et le respect
d'autrui. . .
« Il n'y a plus de-loi ! » s'est écrié
; M. Faberot lorsque 308 voix; contre,
: 222 ont approuvé l'attitude énergi
que du gouvernement; il faut que
, M. Fabérot et ses i amis; sachent au
r contraire qu'il y a des lois, faites;
; pour tous, pour M. Jaurès comme-
i pour eux, à Carmaux comme à. Pa»
: ris. - -, i
' Sur une de. ces lois, celle qufiLlfl-
: ministre a fait respecter les 25 et 26
; octobre, Mi Millerand et M. Goblet
; ont longuement ergoté — amenant,
> pour tout résultat, M.;. Barthou àr
i préciser plus encore ses déclara*
. tions. . : . .;
On comptait bièn que M. Jaurès;
: reprendrait le chant de la Carrna-
l gnole ; on l'y a invitéet M. le comte
; de Bernis, flétrissant dans une ner
veuse apostrophe cette « chanson
; infâme », cet a appel direct à Tassas--,
i sinat » sommait l'orateur socialiste :
de redire devant , ses collègues ce
Ju'il avait chanté à Carmaux ;, M.
aurès s'est dérobé et il a fallu que
M. Barthou livrât à l'indignation dp;
i toute la Chambre un passage : cri de guerre révolutionnaire.
Le pays a ainsi, chaque jour,-un
élément de plus, pour j.uger le
groupe politique qui se donné pour
►ut la désorganisation, sociale, et
pour moyen rappel .aux pires ins-.
itincts—*on ne aevra pas oublier
i davantage que lès radicaux, . hier
, encore, Se /sont presque tous s.Qlir
darisés avec lui... v,„ V.
1 Gàbrièl deTriors.
AU SÉNAT
; Le régime des boissonô. : v
Les sénateurs, .venus èn • petit,
nombre et animés d'une- petite
ardeur, ont éntamé la deuxième
délibération de l'éternelle loi sur. le
régime des boissons. • . .
Le privilègè .— pu le'droit — des
bouilleurs de cru a fourni 'encore
une fois le sùjet ; de la discussion:
il a trouvé deux- défenseurs vail*.
lants et convaincus/ mais-malheu
reux, chez MM. de Marcère et Po.-
riquet. Ce dernier,-s?étânt dit judi
cieusement que, lorsqu'on est à peu
près sûr de ne rien obtenir, on
peut tout demander* réclamait car-
rément, autant qu'intégralement,
le maintien du privilège; A la fini,
toutefois, quittant cette fiera-pos
ture,- il s'est rallié à l'amendement^
moins absolu, dé M. de .Marcère,.
lequel admettait qu'on; imposât-aux
bouilleurs de cru- diverses forma
lités. Cette héroïque concession n'a*
pas ému la majorité sénatoriale ;
et, sur les observations.. du*- rap
porteur, M. de Verninae/ elle-a re
jeté, par 137 voix contre. 7.6, l'a»
mendement.de. Marcère:.- ■ 1
Après, quoi,l'on a voté l'article pre
mier du projet et l'on s'est ajourné,
pour la 1 suite, au Lendemain.; - >2 :
•W'.i
\
Edition quotidienne. — 10,533
Samedi 7 Novembre 1896.
ÉDITION* QUOTIDIENNE
, PARIS ÉTRANGER
et departements (union postale)
Un an 40- » B1 «
Six mois 21 » 28 59
Trois mois.. . il » 14 »
Les abonnements partent des l*" et 16 de o&açtno mols
.UN NUMÉRO |
Paris 10 cent.
Départements...'., 15' —
BUREAUX : Paris,' rue Cassèttë, 17
-> ' ' ' " ' ' ' ! ' ' ' ' .-.""'l V *■>*"*•
On s'abonne & Rome, place du Gesù, 8
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ÉDITION SEMI-QUOT IDIENNE
' PARIS ÉTRANGER
et départements (union postale)
Un an 20 » 26 »
Six mois 10 » 13 ». i
Trois mois:.... 5 » 6 50
LE MONDE
Z>es abonnemënta partent des I e .' et 16 de chaque mois
L'UNIVERS tu répond pas des manuscrits gui lui sont adressés
ANNONCES
... MM. LAGRANGE, CERF et C", 6, place de la Bourse
PARIS, 6 NOVEMBRE 1896
SOMMAIRE
Aux modérés. Gabriel Coixin.
Autre lettre de M.
Taxil.. Eûgèné" Vèuïllot. ■
Ljes assertions de - . . . . •
" m . Taxil.',....... v Eugène .Tavehnibiu
A la Chambre G. de. Triobs.
Au Sénat... — j.jf,.,. .
Prussiens et Polo
nais L. I.
Pour les Arméniens:' ' ' .
Lettre du ; R. P. C harmetan'ï.
Correspondance ro
maine • ***,
Bulletin du jour. —• Nouvelles de. Rome.- t .
Les processions^ — Enformations. -r-L('a-
rithmétique de l'Intransigeant. 4- Le ma-,
riage du dup d'Orléans; — Chambre des
députés. —r- L'affaire Arton. — A travers
la presse. — Chronique. ■*—- Lettres,
sciences et arts. — A la Faculté catho
lique de Wurtzbourg. — Etranger. —
Echos; — L'action sociale de. l'Eglise.—:
. Notre -Dame des Etudiants.. — Guerre ot
marine. — Tribunaux. — Nécrologie. =—
Les inondations..— Nouvelles .diverses.
T7; Dernière heure. — Tableau et bul
letin de la Bourse.
AUX MODÉRÉS
Sous ce titré, le Journa.1 des Dé
bats se plaignait l'autre iour de
l'inaction des modérés, à la suite
d'un discours de M. Charles Dupuy,
qui gémissait publiquement de cette
apathie.
La Lanterne ajoutait qu'il niy avait
rien de plus prouvé que cette pa
resse du centre.
Nous avons, nous-mêmes, à cent;
reprises, déploré cette immobi
lité.
h'Autorité, la Libre Parole, le
Temps, etc., oiit été de notre avis
sur ce point.
'Voila donc enfin une Opinion qui
"rencontre 'l'assentiment de tous les
Îiartis, depuis la Lanterne jusqu'à
'Autorité, en passant par les Débats:
les modérés ne font rien !
. Faudra-t-il donc admettre,commè'
une vérité sans conteste et . sans re
mède, que dans les rangs républi
cains, ou bien l'on reste inerte, ou
bien l'on doit marcher avec les exal
tés? . ,
- Pour ceux qui ne consentiraient
pas tout à fait a se laisser enfermer
dans ce dilemme, la question méri
terait peut-être d'être étudiée.
Pourquoi, les modérés n'agissent-
ils pas ? Sont-ils condamnés à l'inac
tion? Ne peuvent-ils pas trouver un"
terrain propice,—ceux du moins qui;
ont quelque velléité de sortir de leur
fauteuil — pour lutter?
Tels sont les points, qui méritent,
t|'attirer notre attention. ; . !
Le public auquel s'adresse, eh
grande majorité,le Journal des Dé
bats, est un public aussi modéré que
lettré, aussi ignorant des questions
sociales pratiques que théoricien.
Savant, distingué, composé de pro
fesseurs, de fonctionnaires de choix,
«; intellectuel » pour se servir dii
tèrme à la mode, il ést aussi éloigne
que-possible de connaître ce que veut
le peuple, ce dont il a besoin, ee qu'il'
est. Conservateur dans le vrai sens
du mot, il . redoute , tous les projets
de réformes qui, pour lui, sont tous
des projets révolutionnaires. Des
réformes dè détail, sUr un téxtë de
loi, sur une coutume établie, sur
quelque point de bureaucratie, oui !
Mais des rformes de fond, touchant
à toute une situation sociale. déplo
rable,, non ! ■!
C'est la vieille économie libérale.
La liberté suffît à tout, par suite
de ce fait qu'elle suffit à ceux qùi eh
jouissent .'et par suite de ce raison*-,
nenjent que Tes for|s: n'abusent ja-
mais.de leur, force:
Ainsi donc, les modérés auxquels
le Journal des Débats s'adresse étant
tous à peu- près satisfaits,d'une part,
ignorant- l'affreuse situation du plus
frand nombre, des travailleurs, de
autre, nésé doùtérit' même pas du.
danger qqe court la société,,et. par
suite n'agissent pas ou ne veulent
pas agir.
* Et toutes lés exhortations; des
écriyains. fort distingués de sa ré
daction- n'arriveront-pas plus à re
muer cette masse inerte qu'à dépla
cer les pôles.
. Trois choses, au .moins, seraient
nécessaires aux modérés qui vou
draient sortir de leur apathie : 1° al
ler au peuple, à ce pèuple." frû'iïs
ignorent de rép.idçrme jusqu â la
moelle—et c'est làqu'on voitî'admi-
rable perspicacité au prisonnier du
Vatican ; 2° savoir sacrifier un peuà
l'intérêt commun — cet esprit de sa
crifice sera le seul pendant à l'esprit
d'intérêt des socialistes ; 3° un pro-l
gramme positif.
Les Déoats disaient:
« Quand ils se b orneraient à réfuter
les sophismes, à- faire justice des
erreurs, à montrer le creux des dé
clamations, le néant et. la. folie des
prétendues, doctrines de leurs ad
versaires; ils auraient là un champ
d'action .et de propagande assez
large et assez fécond; la matière est
inépuisable. »
: Oui, mais c'est un mauvais ter
rain. - '■ -
t Se borner à -se- défendre, c'est
presque toujours être vaincu d'a
vance. _
• Ce qu'il faut,' c'est prendre l'offen
sive. .
- Et- l'on ne fera rien tant qu'on,
n'aura pas un programme positif.
Le peuple : n'aime pas les abstrac
tions.
Il exige quelque chose de con
cret Que voulez-vous, vous qui
critiquez ce qui est ? Dites-le
nOUS...
- On lui répond : —: Là liberté,
l'honnêteté,le travail, Injustice, des
économies '' ■ .
— Tout cela, réplique-t-il, ne noixs
dit rien. Tout le monde nous en offre
autant. Comment entendez-vous la
liberté ? Est-ce celle du père de fa
mille et de la commune de choisir
i leurs instituteurs? Parfait ! alors,
nous sommes des^ vôtres. L'honnê
teté? Voulez 7 vous rendre les mi
nistres responsables de leur ges
tion? Très oien ! nous vous com
prenons. Le travail? Voulez-vous
sa réglementation par des corpora--
tiens modernes? Excellent! mais
expliquez-vous ! La justice? quelles
réformes nous proposez-vous en
son nom ? Voulez-vous que l'exploi
teur, le voleur d'un Panama quel-,
-conque. soit condamné à l'égal au
moins de celui qui vole un- pain,
garce qu'il meurt de faim ? A mer
veille ! mais expliquez-vous !
Dès économies? Sera-ce en sup
primant, par la décentralisation,
■mille rouages inutiles? C'est très
simple ! Mais encore faut-il le dire.
Un- programme positif, voilà ce
que tout le public réclame.
Il est bon d'ajouter que les mo
dérés ne s'en soucient pas .da
vantage que. si le suffrage, universel
n'existait pas.
Peut-être* y songera-t-on dans
la quinzaine qui précédera les élecr
tions,; .c'est-à-dire alors que, les
élections seront faites virtuelle
ment, sans que personne y puisse
•plus rien changer!
Gabriel C ollin.
BULLETIN DU JOUR
: Hier,, à la Chambre, discussion dei
l'interpellation Jaurès».< Après, un vif,
idébat, l'ordre du jour de confiance pour;
'le gouvernement a été voté par 308 voix
contre 222. , /
î A l'ordre du jour de la séance d'au-
jour.d'hui, là proposition de loi sur les',
raisins secs., ,, . ' ... ;
[Hier, aù Sénat, discussion de_ la ré
forme de l'impôt des boissons.
Le procès Arton continue sans' appor
ter aucun fait nouveau. Arton parlera- 1
t-il des affaires du Panama ? Beaucoup
de gens en doutent.
Un télégramme d'Alger annonce,
qu'un jeune officier, récemment sorti dé
Saint-Cyr, opérant des levés topographi
ques aux. environs du fort Mac-Mahon,
aurait été massacré avec deux spahis qui
l'accompagnaient.
Nous espérons que cette triste nouvelle
sera prochainement démentie.
i Lord Selbome, sous-secrétaire d'Etat
•aux CÔlonies, vient deprononcerà Edim
bourg un discours important ' dans le
quel il a déclaré que « la- Grande,-Bre-
: tagne n'admettra jamais de rivalité dans
l'Afrique du Sud ». :
Aux EtatsrtJnis, natureilement, on
s'occupe fort de. la dernière élection les
partisans du candidat Bryan contestent
leur écrasante défaite; d'autre part,
Mv Mac-Kïnley annonce son interition
d'être « un président qui gouverne »,.
En Orient, la situation est toujours/
grave. Nous avons publié hier, en Der
rièreHeure, une dépêche annonçant que
ides chrétiens auraient été maltraités en
Crète, à La Canée. ; •
NOUVELLES DE ROME
Nous recevons la dépêche sui
vante:
Rome, 6 novembre.
Mgr Clari, arrivé hier à Rome, y res
tera jusqu'à la fin de novembre;
AUTRE LETTttEBE M. TAXIL
. Voici une. troisième lettre da M. ,
Léo Taxil. Nous ayons donné toute
la première et.elle était longue; de
la deuxième .on a pu lire hier près
de deux colonnes, et de celle-ci nous
ne retranchons rien. M. Taxil va-t-il ;
Continuer de dire que nous étouf
fons sa voix ?
V • Paris, 4 novembre 1896.
• Monsieur Eugène Veuillot,
L'Univers continue à m'accabler avec,
un acharnement inouï et. n'insère, pas ma t
réponse, Je ne me plains p#s : j'ai mérité* <
Ear mon passé, d'être abreuvé, des. pires :
umiliations. Néanmoins, j'ai au moins
le droit de constater que l'Univers, qui
accuse, met la main sur la bouche de
l'accusé, pour l'empêcher de se défendre
devant vos lecteur»;
■ , Cojïime il. faut que voua vous croyez
sûr de ma culpabilité pour agir, ainsi !...
Je dois vous faire, je-le sens, une pro
fondé répulsion; sans cela, vous n'ou
blieriez pas ainsi, à mon encontre, les
; règles les plus élémentaires de la jus
tice. Vous êtes d'ordinaire bon et juste;
tout le monde le sait.
Vous êtes si bien convaincu que ce
n'est même pas la peine que vos lecteurs
m'entendent, que non seulement vous
n?insérez pas mes explications, pourtant
si claires, mais encore vous publiez une
•accusation, et celle-ci la plus grave de
toutes; je veux parler de la reproduction
que vous avez faite hier soir d'une anec
dote publiée en premier lieu par le A'ou-
velliste de Lyon sous le titre : « Diana
Vaughan à Villefranche. » -
Enfin, voici un fait précis que vous
mettez à ma charge : il, y a trois mois,
j'aurais Envoyé à Villefranche deux per
sonnes, pour les y faire se. rencontrer
avec miss Vaugh'an ; dans une chambre
d'un hôtel désignéf deux filles, de Trottoir,
venues de Lyon et ayant "appris un rôle
(probablement, la leçon leur ayant été
faite par un complice que je dois avoir a
Lyon), se sont données aux deux voya
geurs, arrivés de Paris, l'une pour miss
Diana Vaughan, l'autre pour sa com
pagne ; malheureusement, la comédie
n'aurait pas été bien jouée jusqu'au bout,
et la fausse Diana Vaughan aurait fini par
laisser comprendre ce qu'elle était; cer
tains d'avoir été mystifiés, les deux voya
geurs congédièrent les deux filles et re
prirent vivement l'express de Paris
quelques confrères de la presse catho
lique de Paris pourraient donner les noms
des deux personnages à qui cette aven
ture serait arrivée, et l'un de ces con
frères posséderait même des renseigne
ments très suggestifs sur l'incident. C'est
bien cela, n'est-ce pas ?
Si le fait est vrai,, il est désormais, cer
tain que* je suis le dernier des miséra
bles ; la cause est. entendue. Vous avez
pris la responsabilité de ce qui se publie
dans l'Univers aù cours de la campagne
actuelle. Je m'adresse"donc directement*
à vous ; je fais appel à votre loyauté.
7 Voici ce que je demande, et je vous
prie d'appuyer ma requête :
Je demande, par la présente lettre
dont je réclame l'insertion, je demande à
S. Em. le cardinal Richard, archevêque
de Parisj de vouloir bien désigner troisi
ou cinq ecclésiastiques qui exigeront du
Nouvelliste:de Lyon, confidentiellemént
si l'on veut (cela m'est tout à fait indiffé
rent}*, les noms des. deux personnages à
qui cette, aventure serait arrivée, ou, à
leur défaut, l'indication des confrères
catholiques de Paris qu'on dit être en
mesure de nommer ces deux personna
ges. Une confrontation avec les deux nar
rateurs de l'anecdote, est indispensable,
ainsi qu'une enquête rigoureuse et pous
sée à fond, si ces individus-là persistent
dans leurs dires„
Pénsez de moi tout ce que vous vou
drez jusqu'à la solution de cet incident,
très suggestif-, mais je vous' annonce- la
découverte, qui' se fera par une enquête
sérieuse et vivement menée : c'est que
les deux individus en question sont deux
frères trois-pôints, que c'est' eux qui au
ront joué une comédie (s'il est vrai qu'ils
soient allés à Villefranche), et que cet
incident n'est qu'un épisode du complot
maçonnique ourdi depuis trois mois. Le
"Nouvelliste de Lyon est un journal trop
foncièrement catholique pour avoii; in
venté cette histoire-là.. :
J'espère bien que vous publierez, cette
fois, ma lettre, et, en attendant avec con
fiance le jour où vous me rendrez justiçe,..
je vous présente, monsieur, mes très
humbles salutations.
Léo Taxil.
Sur le fond de cette affaire ou plu
tôt de cet incident, nous laissons nér
cessairement la parole au Nouvel
liste de Lyon. Nous serions surpris
qu'il eût parlé à la légère. Du reste
que l'amusante historiette qu'il à
contée, soit vraie ou fausse, la; chose
est sans importance au point dé vue
de la question que nous, voulons ré
soudre : Diana Vaughan existe-t-elle
et que valent les écrits publiés sous
ce nom?
Quand nous demandons si Diana
Vaughan' existe, on ■ nous, répond)
mal ou plutôt on ne ' nous répond
pas.endisantquerabbéTrois-Etoiles
et M. X... l'ont vue.
La réponse n'est pas plus valable;
quand on ajoute' que « la grande
convertie » a été présentée par le
docteur Bataille à M. Lautier, pré
sident des avocats de Sain.t-Pierre,
et qu'ils ont fait ensemble un bon
dîner. Il est possible qu'il y ait
quelque part une vraie Diana Vau
ghan et il est hors de doute qu'on
peut facilement en montrer plu
sieurs.Il y a dans Paris et en centau-
treslieux d!aimables personnes prê-;
tes à jouer avec entrain, moyennant;
salaire, les Diana Vaughan, qu'il
s'agisse dé la luc'iférienne ou de la
convertie, de la coureuse dénoncée
par. M. Margiotta où .du modèle de
.pureté que nous peint M. Léo Taxil,
lequel s'y connaît, ayant travaillé
dans la pornographie. '
- Nous croirons donc sur leur pa
role, s'ils nous la donnent, les trois;
ou quatre privilégiés, qui déclarent
avec joie et fierté avoir vu, ce qui
s'appelle, vu la célèbre pallàdiste.
Puisqu'il est facile de faire paraître
plusieurs Diana, pourquoi n'en au-
. raient-ils pas vu une ? Mais la Diana
Vaughan,amie du docteur Hjacks et
pupille littéraire de M. Léo Taxil,.
celle qui a tant fréquenté le diable
et l'a un peu épousé, sans cesser
d'être pUre, enfin la grande, la no
ble, la vraie, la seule Diana Vau
ghan si connue en librairie, nous
n'y croyons pas. Même s'il y a une;
Diana Vaughan sachant écrire, elle';
ji'apas écrit tout ce qui a été . pu
blié sous ce nom. C'est moralement
et littérairement, impossible. Je me
chargerais de le prouver.
M.Léo Taxil s'étonne que Y Uni
vers le poursuive avec tant de vir
gueur et déclare ne pas reconnaître
là nos habituels sentiments de jus
tice. C'est cependant à la justice et
au devoir que V Univers obéit en
cette affaire. Les publications dont
M. Léo Taxil porte la responsabilité
et qui sont siennes, même quand il
a- des collaborateurs, font du mal,
beaucoup de mal ; il fallait donc les
dénoncer. Oui, il fallait projeter la
lumière sur cet afnas d'histoires où
du vrai est mêlé au faux, afin de cou
vrir celui-ci ; ou, sous ' prétexté de '
foi au surnaturel, on fait le jeu de
ceux qui n'y croient point ; où l'on
se complaît au nom dé la pureté
dans d'impures inventions ; ou l'on'
sert la franc-maçonnerie vraiment
agissante et puissante, celle qui
pèse sur nous, en écartant les es
prits du mal visible que l'on peut
combattre pour les occuper d'enne
mis qu'il semble impossible d'at-'
teindre. Non, non,le docteur Hacks-
Bataille n'a point démérité des frères
trt-is-points par son Diable au XIX e
siècle et l'on ne peut s'étonner qu'il
ait repris dans les loges, commé
l'assure M. Taxil, ses grades et hon
neurs. Il n'avait pas déserté, il était
en mission-diabolique chez nous. Il
nous embrassait (pouah !) pour nous
étouffer. "
. Notre tort, comme l'a dit déjà M.
Eugène Tavernier, ce n'est pas de
faire cette campagne; c'est de ne pas
l'avoir oUvertô plus tôt Nous tâche
rons de réparer le temps perdu.
Eugène Veuillot.
. ; 1^) ;
LES ASSERTIONS DE M. TAXIL
■ ' 1 '
La première lettre de M. Léo
Taxil se réduisait à, deux assertions :
•; 1° Il était le mandataire de Diana
Vaughan ét, en cette qualité, garan
tissait que tous les droits d'auteur
étaient versés à des oeuvres reli
gieuses.
Or, mis en demeure de' ! fournir le
compte des versements, il ajourne
cette preuve; et il restreint à une du
rée de quatre mois sort rôlede .maTi-
dataire, tandis ,que les mémoires et
d'autres publications de Diana Vau
ghan paraissent depuis un an et
demi, sinon plus.
En bon français, cela s'appellé se
dérober. • ' .
• 2" Il affîrmalt des faits 1 ; graves et
précis qui se seraient" passés à
Edimbourg, et mettait ; en; cause:
Mgr l'archevêque de ce diocèse.
Voici le texte de M; Taxil : - -
Ayant été mise en rapports avec Mgr
l'archevêque d'Edimbourg, miss Diana
Vaughan a fait découvrir les repaires,
desRose-Crùïxlucifériens du diocèse; une
enquête dirigée par M. Cônsiliite, avocat
de l'archevêché, a constaté que tout ce
que la convertie a,révélé était rigoureu
sement exact ; le principal temple secret
était à deux pas de l'archevêché. Mgr
d'Edimbourg a envoyé sa bénédiction à
miss Vaughan.
■•J'ai demandé à Mgr Mac-Donald;
archevêque d'Edimbourg, de vou
loir bien dire ce • que valait ce
récit, soit, pour le confirmer, soit
pour le démentir. ,
Le vénéré prélat a daigné m'a-
dresser la lettre suivante qui con
tient un démenti formel : ■
42, Greenhill Gardens, Edimbourg.
.' ^novembre.
Cher monsieur Tavernier,
En réponse à votre question, je ; me
; hâte de vous informer que miss Diana
Vaughan n'ajamaisétéen rapports avec
moij autant que je puis le savoir, ni moi-
avec elle. Je ne. lui ai jamais envoyé ma
bénédiction et aucune enquête de ce'
genre n'a été conduite par, M\ ^Considine
ou par quelque autre. . ..
L'idée terrifiante que le principal tem
ple secret de ces mystérieux conspira
teurs n'est qu'à deux pas de, l'archevê
ché peut, je crois, ëtré écartée comme
un clair de lune (1), quoi qu'il soit-
possible que quelque franc-maçon ha
bite près de là. C'est probable, car ils
sont nombreux. .. . ■
Les faits suivants, peuvent contribuer à
montrer §ur quel fondement reposent.ces
allégations. L'hiver dernier ou'au com
mencement dii printemps, un Écossais
très honora.ble, mais susceptible d'être
entraîné par son imagination, envoya à
M. Considine deux numéros du journal
qui seraiticrit par miss Diana Vaughani
On demandait à M. Considine de s'assur
rer ;
1° Si une certaine personne était en
core viyante,parce qu'on craignait qulelle
n'eût été assassinée; 2" si les déclarations
de miss Vaughan quant à l'existence de
ces loges ou a temples » étaient exactes.
M. Considine répondit que le person
nage était vivant, qu'il l'avait rencontré
dans les rues; et de plus il envoya une
liste des loges maçonniques, publiée dans
un simple almanach ' d'Edimbourg; sans
aucunes prétentions. A titre de rensei
gnement, M. Considine me communiqua
les deux numéros- du journal de miss
Diana Vaughan pour que je puisse les
lire. Je les parcourus et je les retournai à
(1) Le vénérable et . spirituel prélat em-
Eloie le mot moonshine dont nous donnons
i traduction textuelle, équivalente à « cho
se qui ne signifie rien ».
. . . . if, j>. l. r. . ;
l'Ecossais ci-dessus désigné, y joignant
la remarque que je les avais lus. avec
intérêt. C'est littéralement tout. .
-Ce monsieur semblerait avoir été en.
correspondance avec M. L. Taxil directe
ment ou par quelque intermédiaire. Ét la
réaction d'une imagination sur une au
tre imagination semblerait avoir produit
le' château en Vair ■ qui a paru dans vos
colonnes.
Un détail de plus à ce sujet, détail qui
par bonheur n'est qu'amusant, peut -être
noté. Ça monsieur, éprivant à M. Oopsi?.
dine et à moi,,a insisté sur la nécessité du
secret absolu, parce que la plus légère
indication donnée aux ennemis provoque
rait une fatale vengeance de leur part. Et
cependant il nous a montré M. Considine
et moi (si j'explique bien le mystère)
comme déployant une grande activité
pour , démasquer leurs isoi-disant com
plots. s
Peut-être pensait-il qu'un archevêque
devait toujours être prêt à se placer lui-
même sur la brèche et à permettre .aux
autres 'de l'y placer pôur la" c&tadè dé la
religion e*t de la morale. Mài's pourquoi
mettre en avant le pauvre avocat?
Pensant que ceci pourra suffire à votre
but, je reste, cher monsieur Tavernier,
A vous vraiment dans le Seigneur,
Ange Macdonald,
Archevêque de Saint-André
et Edimbourg. ~ r " j
Sous une forme spirituelle, le dé
menti est catégorique. Il donne l'i
dée de l'audace incroyable avec la
quelle M. Taxil et ses collaborateurs
ont bâti cette histoire, qui n'est qu'un
grossier roman. Et les faits concqr-
nant Edimbourg devaient servir de.
garantie pour tout l'ensemble ! Ceux-,
là étaient les plus certains, les mieux
protégés contre le démenti,.et le
soupçon!... S'il faut par là juger du
reste...
Eugène Tavernier.-
M. Mouthon, directeur de la
France libre et l'un • des' organisa
teurs du congrès national de la dé
mocratie chrétienne qui se tiendra
dans quelques jours à Lyon, nous
adresse, au sujet de la note du co
mité des démocrates chrétiens que
nous avons publiée hier, une récla
mation que nous insérerons de
main. .
Univers n'est pour rien, du
reste, dans la note du comité des
démocrates chrétiens.. Il l'a publiée
à titre de document comme il l'au
rait fait pour tout autre comité.
A LA CHAMBRE
Les incidents de Carmaux.
M. Jaurès a pu enfin s'épancher
longuement ; il a voulu émouvoir la
Chambre et le pays par le récit de
sfes"mésaventures à Carma'ux : dans
la journée du 26 octobre dernier; il
a donc enflé sa voix et tracé un
sombre tableau dès horreurs com
mises, dans cette cité méridionale;
par lés sbires et les janissaires con
tre d'inoffensifs citoyens.
Les inoffensifs citoyens, ce sont
les amis de M: Jaurès', les calmes et
paisibles promeneurs qu'on sait ; les
policiers brutaux et sans pitié, ce
sont les agents du ministère et plus
particulièrement de M. Barthou.
Infortunés socialistes! Ils ve
naient à Carmaux pour une fête de
famille, pour célébrer pacifiquement
l'inauguration de la verrerie ouvriè
re et ils ont été reçus par des char
ges de cavalerie ! Bien plus, un vé
ritable complot avait été organisé
dans le cercle républicain ; depuis
plusieurs jours lès parties de domi
nos et de piquet étaient interrom-
- pues ; il fallait préparer les manifes
tations hostiles contre M. Jaurès, et
Earmi les conspirateurs, parmi les
abitués du cercle on signale avec-
stupeur le commissaire de police et
le lieutenant de gendarmerie.
La voilà bien la complicité, la pré
méditation gouvernementale ! et M.
Jaurès de reprocher à M. Barthou
d'avoir enlevé au maire socialiste
de Carmaux la responsabilité du
maintien de l'ordre ; d'avoir fait
fouler aux pieds des chevaux ' les
femmes, les enfants, les vieillards ;
d'avoir- violé le , domicile des ci
toyens; d'avoir enfin ordonné de
dissoudre illégalement une réunion
publique.
Il y a plus, et M. Fabérot, dans un
instant, expliquera que M. Jaurès et
lui évitèrent au gouvernement d'à-;
voir à déplorer n!n vrai massacre en
fuyant devant les escadrons furieux
qui les eussent immanquablement
réduits en bouillie d'os et dé sang...
Tout cela, on s'en doutej devait
être mis au point ; c'est ce qu'a fait
lé ministre dé l'intérieur avec préci
sion; lés « paisibles citoyens » de
l'extrême gauche ont bien tenté par
leurs hurlements de fauve, leurs
cris, leurs injures, de lé décourager
et de l'empêcher dé se faire enten-_
dre de la Chambre. M. Barthou a'
courageusement tenu tête à" l'orage
et ils ont dû subir le récit des faits
audacieusement travestis par M.
Jaurès. La vérité; c'est que durant
Cinq mois le parti socialiste, le parti
de la grève à Carmaux, qui avait
enlevé tes ouvriers à leurs travaux*
trompa leur faim et leur misère
en faisant luire dans uu prochain
avenir l'installation de la verrerie
ouvrière ; puis, brusquement on dé
cide d'élever cette verrerie..à Albi,
laissant les malheureux à;leurs lé-'
gitimes colères et à leurs espoirs
déçus — et voilà pourquoi les amis
de M. Jaurès devaient courir de
vrais dangers dans cette journée du
26 octobre à Carmaux.. - ;
La' vérité, c'est que deux cérémo
nies bien distinctes étaient organi
sées dans le Tarn, l'une à Albi, toute
pacifique, l'inauguration de - la ver-:
rerie — et le gouvernement avait-
i autorisé les - cortèges et les réu-.
: niôns; l'autre, à Carmaux, révolu
tionnaire et antisociale', la confé
rence de M. Jaures-et de ses amis —
et le ministre de. l'intérieur avait dû
prendre des mesures particulières
pour que l'ordre ne fût point trou-,
blé. •
- La vérité encore et .voilà -la'
câuse réelle du; ressentiment de M.<
Jaurès —c'est que, sans la vigilance»
dés pouvoirs publics, des . troubles.
, sérieux se; seraient produits et [les
agitateurs socialistes, enfin démas
qués dans ce pays, auraient dure
ment appris à connaître jusqu'où;
peuvent aller là-bas les haines po-.
pulaires par eux et contre eux
amassées.
Tout cela, M. Barthoû l'a, claire-
- ment expliqué il eût même pu mon j
' trer une moindre condescendance ;.
il eût pu dire simplement, s'adresc:
sant à M. Jaurès ét à ses amis :
« Vous êtes les pires des agitateurs
: « et chaque fois que vous allez dans..
« les départements, surtout dans le
^ « Tarn, c'est pour prêcher la révo-'
- « lutiori sociale et organiser lé dé-.
r .« sordre. Le gouvernement, > ins-,
= « truit par une cruelle expérience,
« avait le devoir, par . tous les
« moyens légaux, défaire respecter
i « la loi et de protéger les citoyens :
« il n'y a point failli. »
Dès applaudissements chaleureux
ont salue le ministre, soulignant'
l'indignation de là majorité pour la
façon par trop jacobine dont une
Eartie de l'assemblée entend la li-
erté de la tribune et le respect
d'autrui. . .
« Il n'y a plus de-loi ! » s'est écrié
; M. Faberot lorsque 308 voix; contre,
: 222 ont approuvé l'attitude énergi
que du gouvernement; il faut que
, M. Fabérot et ses i amis; sachent au
r contraire qu'il y a des lois, faites;
; pour tous, pour M. Jaurès comme-
i pour eux, à Carmaux comme à. Pa»
: ris. - -, i
' Sur une de. ces lois, celle qufiLlfl-
: ministre a fait respecter les 25 et 26
; octobre, Mi Millerand et M. Goblet
; ont longuement ergoté — amenant,
> pour tout résultat, M.;. Barthou àr
i préciser plus encore ses déclara*
. tions. . : . .;
On comptait bièn que M. Jaurès;
: reprendrait le chant de la Carrna-
l gnole ; on l'y a invitéet M. le comte
; de Bernis, flétrissant dans une ner
veuse apostrophe cette « chanson
; infâme », cet a appel direct à Tassas--,
i sinat » sommait l'orateur socialiste :
de redire devant , ses collègues ce
Ju'il avait chanté à Carmaux ;, M.
aurès s'est dérobé et il a fallu que
M. Barthou livrât à l'indignation dp;
i toute la Chambre un passage
Le pays a ainsi, chaque jour,-un
élément de plus, pour j.uger le
groupe politique qui se donné pour
►ut la désorganisation, sociale, et
pour moyen rappel .aux pires ins-.
itincts—*on ne aevra pas oublier
i davantage que lès radicaux, . hier
, encore, Se /sont presque tous s.Qlir
darisés avec lui... v,„ V.
1 Gàbrièl deTriors.
AU SÉNAT
; Le régime des boissonô. : v
Les sénateurs, .venus èn • petit,
nombre et animés d'une- petite
ardeur, ont éntamé la deuxième
délibération de l'éternelle loi sur. le
régime des boissons. • . .
Le privilègè .— pu le'droit — des
bouilleurs de cru a fourni 'encore
une fois le sùjet ; de la discussion:
il a trouvé deux- défenseurs vail*.
lants et convaincus/ mais-malheu
reux, chez MM. de Marcère et Po.-
riquet. Ce dernier,-s?étânt dit judi
cieusement que, lorsqu'on est à peu
près sûr de ne rien obtenir, on
peut tout demander* réclamait car-
rément, autant qu'intégralement,
le maintien du privilège; A la fini,
toutefois, quittant cette fiera-pos
ture,- il s'est rallié à l'amendement^
moins absolu, dé M. de .Marcère,.
lequel admettait qu'on; imposât-aux
bouilleurs de cru- diverses forma
lités. Cette héroïque concession n'a*
pas ému la majorité sénatoriale ;
et, sur les observations.. du*- rap
porteur, M. de Verninae/ elle-a re
jeté, par 137 voix contre. 7.6, l'a»
mendement.de. Marcère:.- ■ 1
Après, quoi,l'on a voté l'article pre
mier du projet et l'on s'est ajourné,
pour la 1 suite, au Lendemain.; - >2 :
•W'.i
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