Titre : L'Univers
Éditeur : L'Univers (Paris)
Date d'édition : 1894-09-13
Contributeur : Veuillot, Louis (1813-1883). Rédacteur
Contributeur : Veuillot, Pierre (1859-1907). Rédacteur
Contributeur : Veuillot, François (1870-1952). Rédacteur
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34520232c
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 70622 Nombre total de vues : 70622
Description : 13 septembre 1894 13 septembre 1894
Description : 1894/09/13 (Numéro 9592). 1894/09/13 (Numéro 9592).
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse Collection numérique : Bibliographie de la presse
Description : Collection numérique : BIPFPIG44 Collection numérique : BIPFPIG44
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k708537v
Source : Bibliothèque nationale de France
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 06/02/2011
Jeudi .13 Septembre 1894 *
H 4 9592 — ]Ëditionquotidiean«
Jeudi 13 Septembre 1894
ÉDITIO N QUOTID IENNE
PARIS ÉTRANGER
et départements {union postale)
Un an. . ... . 40 » 51 »
Six mois . . . . . 21 » 26 50
Trois mois. . . . 11 » 14 »
Les abonnements parten t des 1 " et 16 de chaque mois
Paris ÎO cent.
Départements . . . ; 1S —
UN NUMÉRO
BUREAUX : Paris, 10, rue des Saints-Pères
On s'abonne & Home, place du Gesù, 8
' ÉDITION SEMI-QUOTIDIENNE
PARIS ' ÉTRANGER
' et départements ' (union postale)
Un an 20 -»' 26 »
Six mois. .... 10- » 13 »
Trois mois. . . . 5. » 6 50
Les abonnements partent: des 1" et lô de chaque moi»
: - » L 'HYERS ut rapoud pas des maanscriis qui lui sont adressés .
ANNONCES
MM- LAGRANGE, CERF .et C'f, 6, place de la Bourse
SOMMAIRE
Bulletin du jour. J. M.
L'absurde fierté Eugène Tavernier.
Compétence P. F.
Les catholiques suisses R. L.
Tribunaux G. D.
Nouvelles agricoles.. . a. de v illisrs de
' l'Isle-Adam.
Feuilleton : Causerie
'scientifique........... E. V ial .
Nouvelles de Rome. •— M. l'abbé Pottier can-
didat. — Le Siècle est troublé. —-La
mort du comte de Paris. — Ses obsèques.
r— Une ancienne lettre de lui. ■—Nouvelles
politiques.—Congrès de la ligue. —Nou
veau démenti à #1. Zola. —Toujours
les laïcisations. Question ouvrière. —
Anarchistes. — La" catastrophe d'Appilly.
— Japon et Corée. — Dépêches de l'Etran
ger. —• Académie de médecine. — Infor
mations militaires. —- Echos du palais.
- Nouvelles diverses. —r Dernière heure.
BULLETIN DU JOUR
PARIS 12 SEPTEMBRE, 1894
Des groupes nombreux de Français
se. rendent à Weyhridge pour assister
aux obsèques du chef de la maison de
France. Aucune couronne n'a été
mise sur le cercueil ni dans la cham
bre mortuaire.' Il en arrive des mon
ceaux qui toutes seront placées dans
la chapelle où le quadruple cercueil
du comte de Paris, revêtu du dra
peau tricolore, va être déposé.
Le grand événement de la journée
d'hier est la démission de M. le comte
d'Haussonville qui représentait en
France le prince défunt. On reprochait
à M. d'Haussonville d'attendre la res
tauration «d'une saute,de vent»,d'être
incapable d'une action vraie et persis
tante. Les jeunes réclamaient un au
tre chef. Ils l'auront eh là personne
du duc d'Orléans, lui-même qui s'ins
tallera à Londres pour suivre la lutte
de plus près et aura à Paris un comité
agissant. Ce ne sont point des chefs
qui manquent au parti, mais des sol
dats. ■'
Il y a assez longtemps qu'on se plai
gnait ici de l'insécurité qui, régnait
à Madagascar, > de la situation into
lérable qui nous y était faite pour que
la nouvelle que le gouvernement se
décidait à s'en occuper ait été bien
accueillie. L'énvoi de M- Le Myre de
Vilers est vivement commenté par les
journaux anglais qui, bons apôtres,
nous mettent même. en garde contre
les dangers et, les risques d'un© expé
dition. Il n'est pas sûr que cette
expédition soit indispensable .'La
chose est pourtant à craindre, mais
malgré les périls que signale la presse
anglaise, malgré ; le mauvais vouloir
des Anglais qui résident dans l'île^
malgré les armements qu'on a laisse
aux Malgaches le. temps de réunir, il
est probable que nous pourrions bien
tôt imposer nos volontés. Et il im-
'porte que ce soit fait une fois pour
toutes de sérieuse façon.
Qui commandera l'expédition si elle
a lieu. On avait, parlé du vice-amiral
Gervais, mais l'amiral qui quitte l'état-
major général et ne peut plus prendre
le commandement de l'escadre de ré
maintenu sans limite d'âge eu acti
vité comme l'est le général Saussier
qui commanda en Tunisie, comme
voudrait bien l'être le général de Gal-
liffet, qui passera.., réserv e.:
trois "mois après les granâes ma
noeuvres qu'il dirige en ce moment.;
Depuis trois ans, nous nous sommes
trouvés engagé sur le Mékong, au
Dahomey, au Congo et maintenant
à Madagascar. Partout nous avons
épuise les limites de la patience; et
nos troupes ne se sont montrées et
l'occupation de territoires nouveaux
ne s'est établie, que quand nous
étions mis dans l'absolue nécessité de
le faire. Les criailleries de l'Angle
terre ne méritent donc pas qu'on s'y
arrête.
Le ministre de la guerre décide, re
venant sur une décision antérieure,
que, sur les 36,000 hommes de la
classe 1892 qui devaient être ren
voyés en novembre, 12,000 seù emént
bénéficieront de ce renvoi et que les
24,000 autres ne seront renvoyés
qu'en avril 1895.
11 n'est pas, pour l'Italie, de petites
économies. Elle a reçu à titre d'in
demnité pour les victimes italiennes
des troubles d'Aigues-Mortes 450,000
francs qui représentent à peu près
600,000 lires italiennes et elle doit
verser à nos nationaux 30,000 fr. C'est
sur les *450,000 fr. qu'elle prélève ce
qu'elle nous doit et les blesses italiens
auront ainsi 30.000 fr. de moins à se
partager.
Selon la Correspondance politique,
la maladie du roi de Portugal, sans
être inquiétante, est pourtant assez
sérieuse ; le roi n'assistera pas aux
prochaines manœuvres d'armée.
Des nouvelles .de Corée confirment
les informations d'origine chinoise
relativement à la défaite des japonais
sur la rivière Tatong.
Le gouvernement Japonais a ache
té le vapeur Magul de la compagnie
Northern Pacific.
MM. de Caprivi et de Kalnoky de
vaient se rencontrer à Carlsbad. Ils y
■■* : 'tr v 1
groises.
Délégations
serve trop réduite pour son grade, ira
£laj>réfe' •
préfecture maritime de Toulon.
C'est le général de Négrier ou le gé
néral Borgnis-Desbordes qui sera
mis à la tête du corps expéditionnaire
et gagnera ainsi le droit d'être
Le bruit a couru hier de la mort du
sultan de Constantinople.
A propos du discours de M.. Crispi,
on fait des commentaires à perte de
vue sur la réconciliation du Vatican
et du Quirinal.
Il faudrait, pour qu'un rapproche
ment sérieux se produisît, autrechose
que des discours du ministre italien.
Mais il est instructif de le voir à
son tour, venir « à Canossa ».
L'ABSURDE FIERTE
M; Clemenceau est fort irrité con
tre Dieu, qui, d'après lui, n'existe pas.
Cette passion est vieille chezl'éminent
duelliste, mais elle ne cesse pas de
s'accroître. Elle grandit à mesure que
déclinent les affaires de l'ancien aé-;
puté. Réduit à l'article quotidien, qui;
le fatigue et l'ennuie, que les libres-
penseurs eux-mêmes ne lisent guère®
et auquel nul journal ne fait écho,;
M. Clemenceau.souffre de cette desti
née et se fâche. Tant qu'il avait, sur
la scène politique, une place de la
quelle il pouvait attirer l'attention, il
se contentait de mépriser Dieu ; main
tenant qu'il se trouve abandonné,
il le hait et il semble n'avoir pas i
d'autre consolation que d'exprimer sa. i
haine. Hélas, dans le monde des
athées.,..on a l'air de ne pas prendre*
M.Clemenceau pour un athée sérieux,
de même que, dans son parti, on ne
l'a jamais considéré comme un
homme d'Etat.. Si des catholiques ne
répondaient à ses diatribes, il aurait
l'humiliation de parler et de fulminer
pour lui seul.
Néanmoins, l'ancien leader est bien
l'interprète des idées et des senti
ments qui régnent autour de lui. Lès
formules dont il se sert composent
toute la doctrine libre-penseuse de
notre temps,, lequel s'appellera plus
tard le siècle où la foule des ignorants
se prit d?amour, pour la science sans vou-,
loir la connaître.
L'irresponsabilité, M. Clemenceau
la soutenait l'autre jour ù propos'de
Cempuis. Invoquant l'hérédité, l'ata
visme et le milieu, il affirmait que
nous ne sommes pas les auteurs de
nos actes. Qui alors? —- Nos ancêtres
et nos contemporains. Ils étaient ou
sont donc libres, eux? : Non plus.
Seule subsiste librement « la sublime
indifférence des choses éternelles;
De savoir comment lés choses passa-,
gères, qui sont réglées par les autres,
peuvent avoir une signification et une r
valeur, voilà, de quoi l'on ne s'est ja
mais mis en peine chez nos adversai
res. Mardi, au sujet de « la fin chré
tienne » du comte de Paris, M. Cle
menceau célébrait la grandeur des
athées qui, paraît-il, font. Je bien sans
espérer aucune récompense après la
vie. '
L'orgueil et l'emportement avec
lesquels cette thèsé se présente n'ont
d'autre résultat que d'en accentuer le
ridicule. Telle estia conduite des en
tants en colère qui se rebiffent fiè
rement contre tout.
Si l'humanité ést l'instrument
d'une force aveugle, M. Clemenceau
est absolument déraisonnable de se
donner, à la moindre occasion; la
joie d'appeler ses adversaires « imbé
ciles, menteurs, lâches ». Ces mots,
qui lui plaisent tant, ne devraient ja
mais sortir de sa bouche. Tous les
gens, les libres-penseurs comme les
catholiques, qu'il traite de la sorte,
pourraient lui répondre : — Ce n'est
pas notre faute si nous avons l'esprit
obtus, l'âme tortueuse, le cœur faible.
Nous n'avons pas choisi notre nature.
Votre mépris est absurde autant
qu'injuste. De même, la satisfaction
que vous inspire votre personne, puis
que, n'ayant pas plus de liberté que
nous, vous n'êtes pour rien -dans la
supériorité que vous vous attribuez.
— M. Clemenceau n'a pas réfléchi à
cette considération, cependant assez
simple;
Son argument principal contré
Dieu consiste dans les souffrances
dont, le monde est rempli. Là vraie
découverte, c'est que M. Clemenceau
ait l'âme si tendre ; personne ne s'en
doutait. Si notre philosophe impro
visé voulait bien s'observer, il s'aper
cevrait peut-être qu'il est, au fond,
persuade que la souffrance est fort
utile au développement de la vraie
grandeur de l'homme. Ne se donne-
t-il pas comme étant toujours prêt à
tuer et à mourir pour satisfaire sa
dignité ? La vie n'a-t-elle donc pas de
valeur à ses yeux? Il maudit lés
croyances religieuses parce qu'elles
enseignent le détachement de la vie.
Néanmoins, il est extrêmement fier
de. savoir la jouer comme une chose
de' nul prix et, toujours prêt à mépri
ser, méprise les gens qui ne vont pas
volontiers sur le terrain. Si un coup
d'épée lui perçait la poitrine, M. Cle
menceau emploierait toute son. éner
gie à ne pas se plaindre et à dissi
muler sa douleur. Il se sentirait alors,
toujours et d'autant plus, très grand
•etvoudrait absolument qu'on le crût
très heureux. La souffrance ne serait
donc pas un fait si ridicule et si ré
voltant, si incompatible avec la na
ture et avec l'idéal.
Mais notre athée-politicien se pré-:
vaut de ne pas attendre de récom
pense. A la vérité, il tient surtout à
n'avoir pas besoin de se préoccuper
d'un châtiment possible.
Cette pose, non plus, n'a rien de-
grave. Le calcul intéressé que M. Cle
menceau prête aux spiritualistes et
aux chrétiens n'est pas du tout la rai
son fondamentale pour laquelle ceux-
ci proclament la justice et la bonté
divines. Ces attributs appartiennent 5
à l'essence de Dieu. Avant de songer 5
à la récompense ou au châtiment, il
faut savoir que Dieu est la justice
même. Voilà un mot que l'ancien dé
puté ne peut écarter dédaigneuse
ment. Il en a fait le titre de son jour
nal et l'a choisi pour devise. C'estj
son acte de foi.
La justice sur la terre, en face de là
« sublime indifférence des choses
éternelles » cela détonne à première
vue. Quelle probabilité d'y arriver,
puisque tout aépend de ces choses éter
nelles qui se moquent du bien comme
du mal? Elles sont absolument maî
tresses. Elles n'ont aucune raison de
respecter le travail de M. Clemenceau.
Pourraient-elles être mises en échec ?
Par quoi donc? Le fier libre-penseur
n'y a point pensé. Il devrait considérer
que les phénomènes les plus courts
comme les plus prolongés, sont pro
duits par une force qui dure toujours.
Il s'apercevrait que. la notion de Dieu
est au bout de tout raisonnement. Le
phénomène d'un instant nous conduit
à une loi éternelle ; une loi de la na
ture, à la loi générale qui soutient là
nature; un effort intellectuel, à la
pensée infinie ; un acte de conscience,
à la conscience universelle. Positive
ment, éliminer Dieu est une entreprise
leine de complications. On la croyait
COMPÉTENCE
e
erminée ; et la besogne est à repren
dre depuis le commencement !
Nos maîtres d'aujourd'hui, tombés
dans line erreur colossale et honteuse,
y ont entraîné la foule. Mais leur
"triomphe les a empêtrés. En dépit de
sa belle vigueur, M. Clemenceau se
décourage. Il a raté sqn affaire, par
étourderie. Il avait décidé que la phi
losophie de Larousse devait remplacer
l'Evangile, parce qu'elle suffit aux es
prits libres-penseurs, illustres ou vul
gaires. C'est cela qui n'est pas sé
rieux !
Eugène Tavernier.
NOUVELLES DE ROME
Noùs recevons de Rome la dépêche
suivante:
Rome, 12 septembre.
Le Nouveau Moniteur de Rome publie ce
soir l'encyolique sur le Rosaire.
Le Pape rappelle les bienfaits obtenus et
■les crimes qui existent encore.
Il dit que le meilleur : moyen d'honorer
Marie^c'est le Rosaire médité.
Le Souverain Pontife passe en revue tous
les mystères et recommandé la prière vo-
oale du Pater et de ÏAve Maria.
Le Pape conclut en faisant allusion" au
drame infime de Bovio « le Christ à la fête
de Purim » tendant à nier la divinité de
Notre-Seigneur. Cette œuvre scandaleuse
est flétrie. Le Saint^Père exhorte les fidè
les, surtout les Italiens, à prier Marie pour
la conservation de la foi.
Le discours que .M. Viger vient de
prononcer à Beaune a dû faire frémir
les os de feu Tirard. Nous n'en sommes
plus à l'époque célèbre où un ministre de
l'agriculture confondait le maïs avec la bet
terave ! Le peuple qui travaille la terre a
maintenant un protecteur pourvu d'une
compétence inépuisable. M. Viger connaît
dans le détail toutes les cultures. Devant
lès agriculteurs et les viticulteurs de la
région de Beaune, il a discouru aisément
sur l'efficacité du superphosphate' de
chaux combiné avec le nitrate de soude ;
. sur les semences sélectionnées ; sur
les rendements de la sole de blé; sur
les ressources des terrains granitiques pour
la production de la pomme de terre, celle-
ci envisagée comme tète d'assolement ; sur
le rôle de ce tubercule dans l'engraisse-'
ment des bovidés et des ovines, etc., etc.
A propos de la vigne, M. Viger a déployé
autant de connaissances variées et a donné
des détails abondants sur le sulfure de car
bone, sur' les plants américains, le porte-
greffes, le riparia, le tomenteux,jle rupestris.
A la bonne heure. Voici l'homme qui con-,
naît son affaire ; suivant la formule dont on
a fait une rengaine, the right man in thé
right place.
- Quelle recette M. Viger va-t-il enfin don
ner aux cultivateurs pour les prémunir con
tre la ruine complète? Il leur recommande
de ne pas trop compter sur les droits de
douane, de s'associer pour acheter de l'en
grais, de fonder des caisses d'assurances et
de secours et de prendre patience. Pour
obtenir ce dernier résultat, le ministre ra
conte des historiettes, celle-ci, par exem
ple : en 1848, Joigneaux, accompagnant Le-
dru Rollin dans une période électorale, prê
chait l'association ; et comme les auditeurs
applaudissaient, Joigneaux ne résista pas
au plaisir de dire : « Mes amis, c'ëst pour
tant du socialisme 1 » et les amis répon
daient: « Ah! si c'est ça, c'est bon, allez
toujours 1 » Alors la recette de M. Viger,
c'est de ne pns avoir peur d'être confondu
avec les socialistes. Soit, mais 1e repeu
plement des campagnes, par quel moyen
l'entreprendre? Le ministre n'en a ri en dit.
C'est l'œuvre essentielle; et le Temps le re
marque, tout en avouant que, s'il a l'idée
de la chose, il ne dispose non plus d'aucune
méthode. M. Viger n'en sait rien et n'en
dit rien, puisqu'il ne parle que de ce qu'il
sait. Alors les campagnes vont continuer de
s'épuiser et de se vider? Les villageois se
demanderont ce qu'ils ont gagné à posséder
un ministre compétent au lieu de l'ineffable
Tirar d.
Mais il y a un autre ministre qui a louché
la grosse question. C'est M. Leygues, qui
parlait officiellement à Monlflanquin. Il est
des Beaux-Arts, lui. Qu'importe, s'il sait
voir clair. Or, on le croirait. Cet homme, qui
passe pour se connaître spécialement en
pédagogie, en peinture et en littérature, a
jugé assez bien la situation économique et
so ciale. Il a dit : a Le sort des ouvriers ur
bains est presque partout lié à celui des
ouvriers ruraux. Les travailleurs des villes
signalent oomme une des principales causes
de leur gène la surabondance des bras. Or,
ces bras viennent des campagnes. Les
champs se dépeuplent et les villes regor
gent.
« Dans les départements exclusivement
agricoles, .la population diminue, tandis que
dans les départements industriels et les
centres manufacturiers elle augmente. Dans
■la môme période, le Lot, la Dordogne, le
Gers, l'Yonne ont perdu de 10à20,000âmes
et le Nord, le Rhône, le Pas-de-Calais en
ont gagné de 20 à 60 000. Il y a là un véri
table péril national. Il faut rattacher le pay
san à son sillon, en lui assurant une plus
équitable rémunération de son travail. Du
même coup, on améliorera la situation de
l'ouvrier de l'usine et du chantier, en sup
primant la concurrence qui le ruine, » ;
Vivent les Beaux-Arts ! surtout s'ils doi
vent aider la France à vivre. D'ailleurs, ce
ne serait qu'une restitution, l'agrioulture
ayant fourni suffisamment aux peintres,
aux décorateurs, aux dessinateurs, voire à
tous autres gens qui font une grande con
sommation d'allégories. Qu'ils viennent dano
et apportent leurs présents en retour de
ceux qu'ils ont reçus de Pomone et de
Cérès! M. Leygues nous offre vin remanie»
ment d'impôts. C'est la « richesse acquise »
m
FEUILLETON DE L'UNIVERS
du 13sepre.mbke 1894
CAUSERIE SCIENTIFIQUE
La transmission des images h
U Univers et tous les journaux vienneat
d'annoncer la solution par un physicien amé
ricain du problème de la transmission à
distance des images. On donne même le
nom de l'inventeur ; o'est M. Armurtz.
J'avoue, à ma honte, que je ne connais pas
M. Armurtz; c'est peut-être un grand sa
vant ; c'est certainement un physicien très
.ingénieux, si vraiment il a trouvé le moyen
de transmettre les images à distance. ;
Mais avant de crier hurrah pour M. Ar-
murtzl Hip ! hipl Armurtz for ever (c'est
; tout" mon anglais), je veux attendre d'avoir
vu le fameux appareil.
Ce n'est pas du tout que je le croie irréa-
lisable, je suis même assuré qu'il sera dans
un prochain avenir aussi connu, aussi prati
que que le téléphone et le phonographe. Je
suis sûr qu'avant peu on dira : « Gomment
n'y a-t-on pas pensé plus tôt? C'est si sim
ple 5 » II n'est pas douteux que, demain
peut-être, le téléphote aura sa vitrine dans
(i) L'obm est l'unité de résistance électrique
adopté par la conférence internationale siégeant
à Paris en 1884; c'est la résistance d'une co»
lonne de mercure de i millimètre-carré de sec-
lion et de 106 centimètres de longueur à la tem
pérature de la glace fondante.
le formidable arsenal où les sots vont pui
ser des armes contre le surnaturel et les:
miracles.
Il se peut donc que M. Armurtz ait dé
couvert le téléphote. Emploie-t-il- le sélé
nium ?
On sait, en effet, que le sélénium présente
oette propriété, singulière de modifier sa
résistance électrique sous l'action de la lu
mière. Un élément au sélénium présente,
dans l'obscurité une résistance de 258,100
ohms (1) ; quand il est frappé par la lumière
solaire, préalablement dépouillée de ses
rayons calorifiques,cètte résistance s'abaisse
de 2/3 environ et tombe à 86,700 ohms.
M. le docteur Battandier rappelle, dans
le Cosmos, que cette propriété a été utilisée
par M. Meroadier dans son' photophone, où
il a obtenu, grâce à un récepteur au sélé
nium un son correspondant à 1,800 vibra
tions par seconde. i
On eut alors la pensée d'obtenir là vision
à distance au moyen de l'électricité. II suf
firait pour cela de faire passer sous un élé
ment au sélénium une photographie que le
transmetteur découperait en tranches infi •
niment petites ; la résistance électrique, va
riant continuellement en fonction de l'in
tensité de la lumière, amèneraitau poste-ré
cepteur, comme dans le télégraphe Caselli,
une décomposition plus du moins profonde
d'un papier chimique quelconque qui re-i
produirait ainsi l'original.
On voudrait même demander au sélénium
la reproduction par l'électricité des mi
rages mobiles. Pour donner à l'image re
produite l'aspect d'un' dessin continu et
non eelui d'une mosaïque, les courants
électriques devraient se supcédér avec line
excessive rapidité, un 2,000,000* de se
conde par exemple. L'électricité peut, par
elle-même, avoir ces variations rapides:
d'intensité ; on en peut même obtenir mé
caniquement de plus rapides encore. Mais
le sélénium est-il aussi instantanément sen
sible à la lumière ? Les expériences de :
M. .Majorana, soumises,àil'Académie des
Regii Lincei, prouvent que le sélénium con
serve pendant un temps très appréciable la
résistance électrique correspondant à. un
éclairement donné. La. modification molé
culaire que provoque en lui la lumière ne
s'éteint pas instantanément aveo la dispai'i-,
tion . de celle-ci. C'est comme ;la surface
d'un bassin qui reste encore agitée quànd :
la pierre qu'on y a jetée est déjà au
fond.
Il semble donc difficile d'employer,à la .re-'
production V distance des images un corps
dont la sensibilité spéciale est insuffisam-;
ment rapide.
M. Armurtz, puisqu'Armurtz il y a,
a -t-il vaincu cette difficulté ? Emploie-t-il
un autre corps que le sélénium? C'est ce
que nous apprendra un prochain courrier
d'Amérique.
Hommes sensibles et femmes
idem
Il ne s'agit pas ici, bien entendu, de
M. de Robespierre, ni des autres hommes 1
sensibles et vertueux qui, vers la fin du
siècle dernier, roucoulèrent tant d'èglogues
.florianesqu'es, eh s'accompagriant sur Tins-,
trument du bon docteur Guillotin.
Je ne veux parler que de la sensibilité
épidermique dans l'espèce humaine, telle
qu'elle a été étudiée dans le journal Nàture,
de Londres, par M. Francis Gai ton.
Il ne faut mépriser la Science dans aucune
de ses manifestations, même quand celles-
ci paraissént futiles. A quoi peut servir de
mesurer la sensibilité de l'homme, celle de
la femme, et de les comparer l'une à l'autre?
Je l'ignore absolument ; mais cette igno
rance ne saurait me .dispenser de publier
ici les résultats d'une étude qui a exercé la
patience investigatrice d'un Galton, qui a
été accueillie dans Nature, que la Revue
scientifique a résumée et que le Cosmos n'a
pas dédaigné de signaler à la curiosité de
ses lecteurs.
D'ailleurs, la méthode , employée mérite à
elle seule d'être connue. Que feriez-vous,
ami lecteur, je vous le demande, si quelque
tyran asiatique vous ordonnait, sous peine
du pal, de mesurer la sensibilité de ses,
gardes du corps? Peut-être que le péril
vous donnerait des lumières inattendues et
vous ferait découvrir le procédé de Weber,
employé par F. Galton ; mais ce n'est pas
sûr.
Il suffit de prendre un compas ordinaire, •
d'en appuyer les deux pointes, plus ou
moins écartées, sur la nuque du sujet, et
de noter l'intervalle entre les pointes
au dessous duquel ledit sujet ne perçoit
plus que les sensations d'une piqûre uni
que. Soit a cet intervalle ; une autre per
sonne n'aura conscience de la duplication
des piqûres qu'avec un intervalle b. Le
rapport a/b représente la non-sensibilité
relative des deux sujets; son inverse, b/a,
la délicatesse relative de leur sensibilité.
Les observations oni été faites sur
932 hommes et 377 femmes. Les intervalles
ont été pour les hommes de 13,8 millimè-;
très entre pointes et de 11,8 pour ;les fem
qui doit être la victime. Mon Dieu,il faudra
bien en effet qu'elle accepte une partie, du
sacrifice ; mais, comment « rattaoher le
paysan à son sillon »? Dans ce ministère
où les fonctions sont réparties d'une façon
si bizarre, qui est-ce qui s'occupe des choses
morales ? Peut-être faudra-t-il chercher du
côté du commerce ou de la marine ou de la
guerre. Enfin, d'où qu'il vienne, ce ministre
compétent peut compter ne pas manquer
de besogne et même être bien reçu.
P. F.
M. l'abbé Pottier est candidat à
Verviers pour les élections qui au
ront lieu en ; Belgique dans un mois.
Nous sommes heureux que le prêtre
savant et courageux ait accepté cette
nouvelle mission de dévouement.
L'exemple donné par M. l'abbé Pot
tier est un élément de force et d'ar
deur pour les catholiques belges qui
se sont engagés si énergiquement
dans la voie des réformes sociales.
Nous nous réjouissons des,espérances.
éveillées par cette candidature. La
présence de M. l'abbé Pottier au Sé
nat sera un grand avantage pour la ;
cause qui doit rapprocher le peuple et
mes. La femtne a donc la sensibilité épi-
dermique plus délicate que l'homme, ce
.que la galanterie et la raison pouvaient,
faire prévoir. Les variations de sensibilité ;
sont beaucoup plus grandes entre les hom
mes qu'entre les femmes. L'intervalle le
.plus fréquent, relevé sur 116 hommes, est ;
de 15 millimètres; mais chez 29 d'entre eux, ;
il a dépassé 25 millimètres : c'estce qu'on peut !
appeler des durs à cuire ou des hommes à ■
cuir dur. Chez les femmes, l'intervalle le
plus fréquent est celui de 9millimètres; un
petit nombre ont présenté celui de 20 mil-
Ùmèlres. 1
Il est infiniment regrettable que l'auteur
ou la revue qui a résumé son travail ne
nous fasse pas connaître l'influenoe de l'âge
. chez les sujets en expérience, celle aussi
de la couleur* Un nègre est-il plus dur
qu'un blano? C'est probable. Il y aussi les
hommes et les femmes jaunes, les Peaux-
Rouges, les Albinos. Et les ùruns comparés
aux blonds 1 Et la fière espagnole à côté de
la fille d'Albion, etc., etc.
Et l'aimable jeu à. introduire dans les
sociétés !
Le mal de montagne
C'est terrible l plus terrible que le mal de
mer beaucoup mieux connu et plus re
douté. .
Le mal de mer intéresse tout le monde.
Par ce temps de crises sociales, industriel
les, économiques, anarchiques et autres qui
constituent ce qu'on appelle notre'« épo
que de transition », qui peut jurer qu'il ne
traversera jamais les Océans? Personne.
Moi qui vous parle, j'ai affronté l'onde
amère au moment où je m'y attendais le
moins, à un âge où j'avais mille raisons de
l'Eglise.
Le Siècle est troublé.
M. de Mun n'a-t-il pas accepté, ces jours-
dêrniers, à Notre-Dame de Folgoët, le titre
de « soldat du Pape? » #
Soldat du Pape I mais alors, se demande
avec inquiétude le Siècle, que ferait M. de
Mun sij>un jour, les intérêts de la papauté
étaient contraires à ceux de la France, si le
Pape ordonnait quelque mesure contre
notre patrie ?
Ce jour-là, M. de Mun serait-il soldat du
Pape avant d'être soldat de la France?
M. de Mun ne tient donc pas à . être soldat
de la France? .
Que le Siècle se rassure. Si la France rie
comptait que des soldats semblables au
brillant et vaillant officier que fut . M. de
M"n, elle serait bien forte.
Quant aux soldats du Pape, aux zouaves
pontificaux, nous ne croyons "pas qu'ils se
soient laissé dépasser en bravoure, en hé
roïsme, par aucun corps de troupe, lors
qu'ils s'empressèrent d'accourir de Rome
pour défendre la patrie en danger'. Chacun
sait qu'ils ne furent inférieurs à personne
en fait de patriotisme.
Plus la foi sera vive, meilleurs . seront
nos soldats. Les peuples perdus sont les
peuples sans croyances. Puisse donc la
France compter beaucoup de soldats du
Pape. Le Siècle ne.s'en trouvera pas mal.
LA MORT
clu. Comte dLe JParis
EN ANGLETERRE
Le cercueil • contenant les restes
mortels du comte de . Paris a été
exposé hier dans la salle de marbre
de Stowe-House.
Sur le cercueil se trouve l'inscrip
tion suivante surmontée de trois
fleurs de lys :
Louis-Philippe-Albert d'Orléans; comta
de Paris, chef de la maison royale de
France, né à Paris, le 24 août 1838, mort à
Stowe-House le 8 septembre 1894.
Voici les détails parvenus sur la
journée d'hier ;
Buckingham, 11 septembre.
Ladécoration.du salon où l'exposition du
corps du Comte de Paris a eu lieu consis
tait en draperies entre chacune des colonnes
de marbre qui soutiennent la voûte.
La salle est éclairée par en haut ; elle est
oblongue et fort belle par elle-même ;aussi,
quoique simplement ornée, elle est très im
posante.
Le ceroueil est élevé à environ un mètre
cinquante. Autour soiit des draperies vio
lettes bordées d'argent. Un tapis de même
couleur recouvre le cercueil et le drap au
tricolore est jeté par dessus.
supposer que je ne verrais jamais que du
rivage ses flots écumants. J'avais lu oes
beaux vers du poète : .
Nous sommes les vagues profondes
Où les yeux plongent vainement,
Nous sommes les flots et les .'ondes-
Qui roulent autour des mondes
Leur manteau d'azur écumant.
J 'avais savouré aussi le
Suave mari magno turbantibus œquora ventis
Derupe alterius magnem spectare laborum,
avec tout l'égoïsme bourgeois de mes
pieds rivés pour toujours, semblait-il, au
plancher des vaches.
Mais un jour, toutes les cordes de ces
guitares se brisèrent subitement,- la boîte
harmonique se transforma en bateau, je
devins Y Alterius, et je compris que les
belles rimes d'Autran se résument trop
simplement en ce vulgaire distique : ' '
Affronter le flot amer,
C'est risquer le mal de mer.
Ainsi, tous etun .cha.cua sont menacés de
l'horrible mal; on la oonnaît d'avanoe, ce
qui ne veut pas dire qu'il soit connu, puis
que les médecins n'ont jamais pu Je'guérir,
pas pliis que le coriza du reste.
Si le mal de montagne est moins célèbre,
o'est qu'à l'exoeption de nos petits chasseurs
alpins, personne n'est jamais forcç d'être
alpiniste, et que les gens qui .a'ont ni les
jarrets, ni les poumons nécessaires pour es
calader la Meige ou le. Balaïtous, sont tou
jours. libres de rester dans la vallée . et
d'admirer l a belle nature de 'has en .haut.
C'est la bonne manière, puisqu'elle force à
regarder le ciel. Quant à ce qu on contem-
. pie du haut .de .ç§s pics réputés inao-
H 4 9592 — ]Ëditionquotidiean«
Jeudi 13 Septembre 1894
ÉDITIO N QUOTID IENNE
PARIS ÉTRANGER
et départements {union postale)
Un an. . ... . 40 » 51 »
Six mois . . . . . 21 » 26 50
Trois mois. . . . 11 » 14 »
Les abonnements parten t des 1 " et 16 de chaque mois
Paris ÎO cent.
Départements . . . ; 1S —
UN NUMÉRO
BUREAUX : Paris, 10, rue des Saints-Pères
On s'abonne & Home, place du Gesù, 8
' ÉDITION SEMI-QUOTIDIENNE
PARIS ' ÉTRANGER
' et départements ' (union postale)
Un an 20 -»' 26 »
Six mois. .... 10- » 13 »
Trois mois. . . . 5. » 6 50
Les abonnements partent: des 1" et lô de chaque moi»
: - » L 'HYERS ut rapoud pas des maanscriis qui lui sont adressés .
ANNONCES
MM- LAGRANGE, CERF .et C'f, 6, place de la Bourse
SOMMAIRE
Bulletin du jour. J. M.
L'absurde fierté Eugène Tavernier.
Compétence P. F.
Les catholiques suisses R. L.
Tribunaux G. D.
Nouvelles agricoles.. . a. de v illisrs de
' l'Isle-Adam.
Feuilleton : Causerie
'scientifique........... E. V ial .
Nouvelles de Rome. •— M. l'abbé Pottier can-
didat. — Le Siècle est troublé. —-La
mort du comte de Paris. — Ses obsèques.
r— Une ancienne lettre de lui. ■—Nouvelles
politiques.—Congrès de la ligue. —Nou
veau démenti à #1. Zola. —Toujours
les laïcisations. Question ouvrière. —
Anarchistes. — La" catastrophe d'Appilly.
— Japon et Corée. — Dépêches de l'Etran
ger. —• Académie de médecine. — Infor
mations militaires. —- Echos du palais.
- Nouvelles diverses. —r Dernière heure.
BULLETIN DU JOUR
PARIS 12 SEPTEMBRE, 1894
Des groupes nombreux de Français
se. rendent à Weyhridge pour assister
aux obsèques du chef de la maison de
France. Aucune couronne n'a été
mise sur le cercueil ni dans la cham
bre mortuaire.' Il en arrive des mon
ceaux qui toutes seront placées dans
la chapelle où le quadruple cercueil
du comte de Paris, revêtu du dra
peau tricolore, va être déposé.
Le grand événement de la journée
d'hier est la démission de M. le comte
d'Haussonville qui représentait en
France le prince défunt. On reprochait
à M. d'Haussonville d'attendre la res
tauration «d'une saute,de vent»,d'être
incapable d'une action vraie et persis
tante. Les jeunes réclamaient un au
tre chef. Ils l'auront eh là personne
du duc d'Orléans, lui-même qui s'ins
tallera à Londres pour suivre la lutte
de plus près et aura à Paris un comité
agissant. Ce ne sont point des chefs
qui manquent au parti, mais des sol
dats. ■'
Il y a assez longtemps qu'on se plai
gnait ici de l'insécurité qui, régnait
à Madagascar, > de la situation into
lérable qui nous y était faite pour que
la nouvelle que le gouvernement se
décidait à s'en occuper ait été bien
accueillie. L'énvoi de M- Le Myre de
Vilers est vivement commenté par les
journaux anglais qui, bons apôtres,
nous mettent même. en garde contre
les dangers et, les risques d'un© expé
dition. Il n'est pas sûr que cette
expédition soit indispensable .'La
chose est pourtant à craindre, mais
malgré les périls que signale la presse
anglaise, malgré ; le mauvais vouloir
des Anglais qui résident dans l'île^
malgré les armements qu'on a laisse
aux Malgaches le. temps de réunir, il
est probable que nous pourrions bien
tôt imposer nos volontés. Et il im-
'porte que ce soit fait une fois pour
toutes de sérieuse façon.
Qui commandera l'expédition si elle
a lieu. On avait, parlé du vice-amiral
Gervais, mais l'amiral qui quitte l'état-
major général et ne peut plus prendre
le commandement de l'escadre de ré
maintenu sans limite d'âge eu acti
vité comme l'est le général Saussier
qui commanda en Tunisie, comme
voudrait bien l'être le général de Gal-
liffet, qui passera.., réserv e.:
trois "mois après les granâes ma
noeuvres qu'il dirige en ce moment.;
Depuis trois ans, nous nous sommes
trouvés engagé sur le Mékong, au
Dahomey, au Congo et maintenant
à Madagascar. Partout nous avons
épuise les limites de la patience; et
nos troupes ne se sont montrées et
l'occupation de territoires nouveaux
ne s'est établie, que quand nous
étions mis dans l'absolue nécessité de
le faire. Les criailleries de l'Angle
terre ne méritent donc pas qu'on s'y
arrête.
Le ministre de la guerre décide, re
venant sur une décision antérieure,
que, sur les 36,000 hommes de la
classe 1892 qui devaient être ren
voyés en novembre, 12,000 seù emént
bénéficieront de ce renvoi et que les
24,000 autres ne seront renvoyés
qu'en avril 1895.
11 n'est pas, pour l'Italie, de petites
économies. Elle a reçu à titre d'in
demnité pour les victimes italiennes
des troubles d'Aigues-Mortes 450,000
francs qui représentent à peu près
600,000 lires italiennes et elle doit
verser à nos nationaux 30,000 fr. C'est
sur les *450,000 fr. qu'elle prélève ce
qu'elle nous doit et les blesses italiens
auront ainsi 30.000 fr. de moins à se
partager.
Selon la Correspondance politique,
la maladie du roi de Portugal, sans
être inquiétante, est pourtant assez
sérieuse ; le roi n'assistera pas aux
prochaines manœuvres d'armée.
Des nouvelles .de Corée confirment
les informations d'origine chinoise
relativement à la défaite des japonais
sur la rivière Tatong.
Le gouvernement Japonais a ache
té le vapeur Magul de la compagnie
Northern Pacific.
MM. de Caprivi et de Kalnoky de
vaient se rencontrer à Carlsbad. Ils y
■■* : 'tr v 1
groises.
Délégations
serve trop réduite pour son grade, ira
£laj>réfe' •
préfecture maritime de Toulon.
C'est le général de Négrier ou le gé
néral Borgnis-Desbordes qui sera
mis à la tête du corps expéditionnaire
et gagnera ainsi le droit d'être
Le bruit a couru hier de la mort du
sultan de Constantinople.
A propos du discours de M.. Crispi,
on fait des commentaires à perte de
vue sur la réconciliation du Vatican
et du Quirinal.
Il faudrait, pour qu'un rapproche
ment sérieux se produisît, autrechose
que des discours du ministre italien.
Mais il est instructif de le voir à
son tour, venir « à Canossa ».
L'ABSURDE FIERTE
M; Clemenceau est fort irrité con
tre Dieu, qui, d'après lui, n'existe pas.
Cette passion est vieille chezl'éminent
duelliste, mais elle ne cesse pas de
s'accroître. Elle grandit à mesure que
déclinent les affaires de l'ancien aé-;
puté. Réduit à l'article quotidien, qui;
le fatigue et l'ennuie, que les libres-
penseurs eux-mêmes ne lisent guère®
et auquel nul journal ne fait écho,;
M. Clemenceau.souffre de cette desti
née et se fâche. Tant qu'il avait, sur
la scène politique, une place de la
quelle il pouvait attirer l'attention, il
se contentait de mépriser Dieu ; main
tenant qu'il se trouve abandonné,
il le hait et il semble n'avoir pas i
d'autre consolation que d'exprimer sa. i
haine. Hélas, dans le monde des
athées.,..on a l'air de ne pas prendre*
M.Clemenceau pour un athée sérieux,
de même que, dans son parti, on ne
l'a jamais considéré comme un
homme d'Etat.. Si des catholiques ne
répondaient à ses diatribes, il aurait
l'humiliation de parler et de fulminer
pour lui seul.
Néanmoins, l'ancien leader est bien
l'interprète des idées et des senti
ments qui régnent autour de lui. Lès
formules dont il se sert composent
toute la doctrine libre-penseuse de
notre temps,, lequel s'appellera plus
tard le siècle où la foule des ignorants
se prit d?amour, pour la science sans vou-,
loir la connaître.
L'irresponsabilité, M. Clemenceau
la soutenait l'autre jour ù propos'de
Cempuis. Invoquant l'hérédité, l'ata
visme et le milieu, il affirmait que
nous ne sommes pas les auteurs de
nos actes. Qui alors? —- Nos ancêtres
et nos contemporains. Ils étaient ou
sont donc libres, eux? : Non plus.
Seule subsiste librement « la sublime
indifférence des choses éternelles;
De savoir comment lés choses passa-,
gères, qui sont réglées par les autres,
peuvent avoir une signification et une r
valeur, voilà, de quoi l'on ne s'est ja
mais mis en peine chez nos adversai
res. Mardi, au sujet de « la fin chré
tienne » du comte de Paris, M. Cle
menceau célébrait la grandeur des
athées qui, paraît-il, font. Je bien sans
espérer aucune récompense après la
vie. '
L'orgueil et l'emportement avec
lesquels cette thèsé se présente n'ont
d'autre résultat que d'en accentuer le
ridicule. Telle estia conduite des en
tants en colère qui se rebiffent fiè
rement contre tout.
Si l'humanité ést l'instrument
d'une force aveugle, M. Clemenceau
est absolument déraisonnable de se
donner, à la moindre occasion; la
joie d'appeler ses adversaires « imbé
ciles, menteurs, lâches ». Ces mots,
qui lui plaisent tant, ne devraient ja
mais sortir de sa bouche. Tous les
gens, les libres-penseurs comme les
catholiques, qu'il traite de la sorte,
pourraient lui répondre : — Ce n'est
pas notre faute si nous avons l'esprit
obtus, l'âme tortueuse, le cœur faible.
Nous n'avons pas choisi notre nature.
Votre mépris est absurde autant
qu'injuste. De même, la satisfaction
que vous inspire votre personne, puis
que, n'ayant pas plus de liberté que
nous, vous n'êtes pour rien -dans la
supériorité que vous vous attribuez.
— M. Clemenceau n'a pas réfléchi à
cette considération, cependant assez
simple;
Son argument principal contré
Dieu consiste dans les souffrances
dont, le monde est rempli. Là vraie
découverte, c'est que M. Clemenceau
ait l'âme si tendre ; personne ne s'en
doutait. Si notre philosophe impro
visé voulait bien s'observer, il s'aper
cevrait peut-être qu'il est, au fond,
persuade que la souffrance est fort
utile au développement de la vraie
grandeur de l'homme. Ne se donne-
t-il pas comme étant toujours prêt à
tuer et à mourir pour satisfaire sa
dignité ? La vie n'a-t-elle donc pas de
valeur à ses yeux? Il maudit lés
croyances religieuses parce qu'elles
enseignent le détachement de la vie.
Néanmoins, il est extrêmement fier
de. savoir la jouer comme une chose
de' nul prix et, toujours prêt à mépri
ser, méprise les gens qui ne vont pas
volontiers sur le terrain. Si un coup
d'épée lui perçait la poitrine, M. Cle
menceau emploierait toute son. éner
gie à ne pas se plaindre et à dissi
muler sa douleur. Il se sentirait alors,
toujours et d'autant plus, très grand
•etvoudrait absolument qu'on le crût
très heureux. La souffrance ne serait
donc pas un fait si ridicule et si ré
voltant, si incompatible avec la na
ture et avec l'idéal.
Mais notre athée-politicien se pré-:
vaut de ne pas attendre de récom
pense. A la vérité, il tient surtout à
n'avoir pas besoin de se préoccuper
d'un châtiment possible.
Cette pose, non plus, n'a rien de-
grave. Le calcul intéressé que M. Cle
menceau prête aux spiritualistes et
aux chrétiens n'est pas du tout la rai
son fondamentale pour laquelle ceux-
ci proclament la justice et la bonté
divines. Ces attributs appartiennent 5
à l'essence de Dieu. Avant de songer 5
à la récompense ou au châtiment, il
faut savoir que Dieu est la justice
même. Voilà un mot que l'ancien dé
puté ne peut écarter dédaigneuse
ment. Il en a fait le titre de son jour
nal et l'a choisi pour devise. C'estj
son acte de foi.
La justice sur la terre, en face de là
« sublime indifférence des choses
éternelles » cela détonne à première
vue. Quelle probabilité d'y arriver,
puisque tout aépend de ces choses éter
nelles qui se moquent du bien comme
du mal? Elles sont absolument maî
tresses. Elles n'ont aucune raison de
respecter le travail de M. Clemenceau.
Pourraient-elles être mises en échec ?
Par quoi donc? Le fier libre-penseur
n'y a point pensé. Il devrait considérer
que les phénomènes les plus courts
comme les plus prolongés, sont pro
duits par une force qui dure toujours.
Il s'apercevrait que. la notion de Dieu
est au bout de tout raisonnement. Le
phénomène d'un instant nous conduit
à une loi éternelle ; une loi de la na
ture, à la loi générale qui soutient là
nature; un effort intellectuel, à la
pensée infinie ; un acte de conscience,
à la conscience universelle. Positive
ment, éliminer Dieu est une entreprise
leine de complications. On la croyait
COMPÉTENCE
e
erminée ; et la besogne est à repren
dre depuis le commencement !
Nos maîtres d'aujourd'hui, tombés
dans line erreur colossale et honteuse,
y ont entraîné la foule. Mais leur
"triomphe les a empêtrés. En dépit de
sa belle vigueur, M. Clemenceau se
décourage. Il a raté sqn affaire, par
étourderie. Il avait décidé que la phi
losophie de Larousse devait remplacer
l'Evangile, parce qu'elle suffit aux es
prits libres-penseurs, illustres ou vul
gaires. C'est cela qui n'est pas sé
rieux !
Eugène Tavernier.
NOUVELLES DE ROME
Noùs recevons de Rome la dépêche
suivante:
Rome, 12 septembre.
Le Nouveau Moniteur de Rome publie ce
soir l'encyolique sur le Rosaire.
Le Pape rappelle les bienfaits obtenus et
■les crimes qui existent encore.
Il dit que le meilleur : moyen d'honorer
Marie^c'est le Rosaire médité.
Le Souverain Pontife passe en revue tous
les mystères et recommandé la prière vo-
oale du Pater et de ÏAve Maria.
Le Pape conclut en faisant allusion" au
drame infime de Bovio « le Christ à la fête
de Purim » tendant à nier la divinité de
Notre-Seigneur. Cette œuvre scandaleuse
est flétrie. Le Saint^Père exhorte les fidè
les, surtout les Italiens, à prier Marie pour
la conservation de la foi.
Le discours que .M. Viger vient de
prononcer à Beaune a dû faire frémir
les os de feu Tirard. Nous n'en sommes
plus à l'époque célèbre où un ministre de
l'agriculture confondait le maïs avec la bet
terave ! Le peuple qui travaille la terre a
maintenant un protecteur pourvu d'une
compétence inépuisable. M. Viger connaît
dans le détail toutes les cultures. Devant
lès agriculteurs et les viticulteurs de la
région de Beaune, il a discouru aisément
sur l'efficacité du superphosphate' de
chaux combiné avec le nitrate de soude ;
. sur les semences sélectionnées ; sur
les rendements de la sole de blé; sur
les ressources des terrains granitiques pour
la production de la pomme de terre, celle-
ci envisagée comme tète d'assolement ; sur
le rôle de ce tubercule dans l'engraisse-'
ment des bovidés et des ovines, etc., etc.
A propos de la vigne, M. Viger a déployé
autant de connaissances variées et a donné
des détails abondants sur le sulfure de car
bone, sur' les plants américains, le porte-
greffes, le riparia, le tomenteux,jle rupestris.
A la bonne heure. Voici l'homme qui con-,
naît son affaire ; suivant la formule dont on
a fait une rengaine, the right man in thé
right place.
- Quelle recette M. Viger va-t-il enfin don
ner aux cultivateurs pour les prémunir con
tre la ruine complète? Il leur recommande
de ne pas trop compter sur les droits de
douane, de s'associer pour acheter de l'en
grais, de fonder des caisses d'assurances et
de secours et de prendre patience. Pour
obtenir ce dernier résultat, le ministre ra
conte des historiettes, celle-ci, par exem
ple : en 1848, Joigneaux, accompagnant Le-
dru Rollin dans une période électorale, prê
chait l'association ; et comme les auditeurs
applaudissaient, Joigneaux ne résista pas
au plaisir de dire : « Mes amis, c'ëst pour
tant du socialisme 1 » et les amis répon
daient: « Ah! si c'est ça, c'est bon, allez
toujours 1 » Alors la recette de M. Viger,
c'est de ne pns avoir peur d'être confondu
avec les socialistes. Soit, mais 1e repeu
plement des campagnes, par quel moyen
l'entreprendre? Le ministre n'en a ri en dit.
C'est l'œuvre essentielle; et le Temps le re
marque, tout en avouant que, s'il a l'idée
de la chose, il ne dispose non plus d'aucune
méthode. M. Viger n'en sait rien et n'en
dit rien, puisqu'il ne parle que de ce qu'il
sait. Alors les campagnes vont continuer de
s'épuiser et de se vider? Les villageois se
demanderont ce qu'ils ont gagné à posséder
un ministre compétent au lieu de l'ineffable
Tirar d.
Mais il y a un autre ministre qui a louché
la grosse question. C'est M. Leygues, qui
parlait officiellement à Monlflanquin. Il est
des Beaux-Arts, lui. Qu'importe, s'il sait
voir clair. Or, on le croirait. Cet homme, qui
passe pour se connaître spécialement en
pédagogie, en peinture et en littérature, a
jugé assez bien la situation économique et
so ciale. Il a dit : a Le sort des ouvriers ur
bains est presque partout lié à celui des
ouvriers ruraux. Les travailleurs des villes
signalent oomme une des principales causes
de leur gène la surabondance des bras. Or,
ces bras viennent des campagnes. Les
champs se dépeuplent et les villes regor
gent.
« Dans les départements exclusivement
agricoles, .la population diminue, tandis que
dans les départements industriels et les
centres manufacturiers elle augmente. Dans
■la môme période, le Lot, la Dordogne, le
Gers, l'Yonne ont perdu de 10à20,000âmes
et le Nord, le Rhône, le Pas-de-Calais en
ont gagné de 20 à 60 000. Il y a là un véri
table péril national. Il faut rattacher le pay
san à son sillon, en lui assurant une plus
équitable rémunération de son travail. Du
même coup, on améliorera la situation de
l'ouvrier de l'usine et du chantier, en sup
primant la concurrence qui le ruine, » ;
Vivent les Beaux-Arts ! surtout s'ils doi
vent aider la France à vivre. D'ailleurs, ce
ne serait qu'une restitution, l'agrioulture
ayant fourni suffisamment aux peintres,
aux décorateurs, aux dessinateurs, voire à
tous autres gens qui font une grande con
sommation d'allégories. Qu'ils viennent dano
et apportent leurs présents en retour de
ceux qu'ils ont reçus de Pomone et de
Cérès! M. Leygues nous offre vin remanie»
ment d'impôts. C'est la « richesse acquise »
m
FEUILLETON DE L'UNIVERS
du 13sepre.mbke 1894
CAUSERIE SCIENTIFIQUE
La transmission des images h
U Univers et tous les journaux vienneat
d'annoncer la solution par un physicien amé
ricain du problème de la transmission à
distance des images. On donne même le
nom de l'inventeur ; o'est M. Armurtz.
J'avoue, à ma honte, que je ne connais pas
M. Armurtz; c'est peut-être un grand sa
vant ; c'est certainement un physicien très
.ingénieux, si vraiment il a trouvé le moyen
de transmettre les images à distance. ;
Mais avant de crier hurrah pour M. Ar-
murtzl Hip ! hipl Armurtz for ever (c'est
; tout" mon anglais), je veux attendre d'avoir
vu le fameux appareil.
Ce n'est pas du tout que je le croie irréa-
lisable, je suis même assuré qu'il sera dans
un prochain avenir aussi connu, aussi prati
que que le téléphone et le phonographe. Je
suis sûr qu'avant peu on dira : « Gomment
n'y a-t-on pas pensé plus tôt? C'est si sim
ple 5 » II n'est pas douteux que, demain
peut-être, le téléphote aura sa vitrine dans
(i) L'obm est l'unité de résistance électrique
adopté par la conférence internationale siégeant
à Paris en 1884; c'est la résistance d'une co»
lonne de mercure de i millimètre-carré de sec-
lion et de 106 centimètres de longueur à la tem
pérature de la glace fondante.
le formidable arsenal où les sots vont pui
ser des armes contre le surnaturel et les:
miracles.
Il se peut donc que M. Armurtz ait dé
couvert le téléphote. Emploie-t-il- le sélé
nium ?
On sait, en effet, que le sélénium présente
oette propriété, singulière de modifier sa
résistance électrique sous l'action de la lu
mière. Un élément au sélénium présente,
dans l'obscurité une résistance de 258,100
ohms (1) ; quand il est frappé par la lumière
solaire, préalablement dépouillée de ses
rayons calorifiques,cètte résistance s'abaisse
de 2/3 environ et tombe à 86,700 ohms.
M. le docteur Battandier rappelle, dans
le Cosmos, que cette propriété a été utilisée
par M. Meroadier dans son' photophone, où
il a obtenu, grâce à un récepteur au sélé
nium un son correspondant à 1,800 vibra
tions par seconde. i
On eut alors la pensée d'obtenir là vision
à distance au moyen de l'électricité. II suf
firait pour cela de faire passer sous un élé
ment au sélénium une photographie que le
transmetteur découperait en tranches infi •
niment petites ; la résistance électrique, va
riant continuellement en fonction de l'in
tensité de la lumière, amèneraitau poste-ré
cepteur, comme dans le télégraphe Caselli,
une décomposition plus du moins profonde
d'un papier chimique quelconque qui re-i
produirait ainsi l'original.
On voudrait même demander au sélénium
la reproduction par l'électricité des mi
rages mobiles. Pour donner à l'image re
produite l'aspect d'un' dessin continu et
non eelui d'une mosaïque, les courants
électriques devraient se supcédér avec line
excessive rapidité, un 2,000,000* de se
conde par exemple. L'électricité peut, par
elle-même, avoir ces variations rapides:
d'intensité ; on en peut même obtenir mé
caniquement de plus rapides encore. Mais
le sélénium est-il aussi instantanément sen
sible à la lumière ? Les expériences de :
M. .Majorana, soumises,àil'Académie des
Regii Lincei, prouvent que le sélénium con
serve pendant un temps très appréciable la
résistance électrique correspondant à. un
éclairement donné. La. modification molé
culaire que provoque en lui la lumière ne
s'éteint pas instantanément aveo la dispai'i-,
tion . de celle-ci. C'est comme ;la surface
d'un bassin qui reste encore agitée quànd :
la pierre qu'on y a jetée est déjà au
fond.
Il semble donc difficile d'employer,à la .re-'
production V distance des images un corps
dont la sensibilité spéciale est insuffisam-;
ment rapide.
M. Armurtz, puisqu'Armurtz il y a,
a -t-il vaincu cette difficulté ? Emploie-t-il
un autre corps que le sélénium? C'est ce
que nous apprendra un prochain courrier
d'Amérique.
Hommes sensibles et femmes
idem
Il ne s'agit pas ici, bien entendu, de
M. de Robespierre, ni des autres hommes 1
sensibles et vertueux qui, vers la fin du
siècle dernier, roucoulèrent tant d'èglogues
.florianesqu'es, eh s'accompagriant sur Tins-,
trument du bon docteur Guillotin.
Je ne veux parler que de la sensibilité
épidermique dans l'espèce humaine, telle
qu'elle a été étudiée dans le journal Nàture,
de Londres, par M. Francis Gai ton.
Il ne faut mépriser la Science dans aucune
de ses manifestations, même quand celles-
ci paraissént futiles. A quoi peut servir de
mesurer la sensibilité de l'homme, celle de
la femme, et de les comparer l'une à l'autre?
Je l'ignore absolument ; mais cette igno
rance ne saurait me .dispenser de publier
ici les résultats d'une étude qui a exercé la
patience investigatrice d'un Galton, qui a
été accueillie dans Nature, que la Revue
scientifique a résumée et que le Cosmos n'a
pas dédaigné de signaler à la curiosité de
ses lecteurs.
D'ailleurs, la méthode , employée mérite à
elle seule d'être connue. Que feriez-vous,
ami lecteur, je vous le demande, si quelque
tyran asiatique vous ordonnait, sous peine
du pal, de mesurer la sensibilité de ses,
gardes du corps? Peut-être que le péril
vous donnerait des lumières inattendues et
vous ferait découvrir le procédé de Weber,
employé par F. Galton ; mais ce n'est pas
sûr.
Il suffit de prendre un compas ordinaire, •
d'en appuyer les deux pointes, plus ou
moins écartées, sur la nuque du sujet, et
de noter l'intervalle entre les pointes
au dessous duquel ledit sujet ne perçoit
plus que les sensations d'une piqûre uni
que. Soit a cet intervalle ; une autre per
sonne n'aura conscience de la duplication
des piqûres qu'avec un intervalle b. Le
rapport a/b représente la non-sensibilité
relative des deux sujets; son inverse, b/a,
la délicatesse relative de leur sensibilité.
Les observations oni été faites sur
932 hommes et 377 femmes. Les intervalles
ont été pour les hommes de 13,8 millimè-;
très entre pointes et de 11,8 pour ;les fem
qui doit être la victime. Mon Dieu,il faudra
bien en effet qu'elle accepte une partie, du
sacrifice ; mais, comment « rattaoher le
paysan à son sillon »? Dans ce ministère
où les fonctions sont réparties d'une façon
si bizarre, qui est-ce qui s'occupe des choses
morales ? Peut-être faudra-t-il chercher du
côté du commerce ou de la marine ou de la
guerre. Enfin, d'où qu'il vienne, ce ministre
compétent peut compter ne pas manquer
de besogne et même être bien reçu.
P. F.
M. l'abbé Pottier est candidat à
Verviers pour les élections qui au
ront lieu en ; Belgique dans un mois.
Nous sommes heureux que le prêtre
savant et courageux ait accepté cette
nouvelle mission de dévouement.
L'exemple donné par M. l'abbé Pot
tier est un élément de force et d'ar
deur pour les catholiques belges qui
se sont engagés si énergiquement
dans la voie des réformes sociales.
Nous nous réjouissons des,espérances.
éveillées par cette candidature. La
présence de M. l'abbé Pottier au Sé
nat sera un grand avantage pour la ;
cause qui doit rapprocher le peuple et
mes. La femtne a donc la sensibilité épi-
dermique plus délicate que l'homme, ce
.que la galanterie et la raison pouvaient,
faire prévoir. Les variations de sensibilité ;
sont beaucoup plus grandes entre les hom
mes qu'entre les femmes. L'intervalle le
.plus fréquent, relevé sur 116 hommes, est ;
de 15 millimètres; mais chez 29 d'entre eux, ;
il a dépassé 25 millimètres : c'estce qu'on peut !
appeler des durs à cuire ou des hommes à ■
cuir dur. Chez les femmes, l'intervalle le
plus fréquent est celui de 9millimètres; un
petit nombre ont présenté celui de 20 mil-
Ùmèlres. 1
Il est infiniment regrettable que l'auteur
ou la revue qui a résumé son travail ne
nous fasse pas connaître l'influenoe de l'âge
. chez les sujets en expérience, celle aussi
de la couleur* Un nègre est-il plus dur
qu'un blano? C'est probable. Il y aussi les
hommes et les femmes jaunes, les Peaux-
Rouges, les Albinos. Et les ùruns comparés
aux blonds 1 Et la fière espagnole à côté de
la fille d'Albion, etc., etc.
Et l'aimable jeu à. introduire dans les
sociétés !
Le mal de montagne
C'est terrible l plus terrible que le mal de
mer beaucoup mieux connu et plus re
douté. .
Le mal de mer intéresse tout le monde.
Par ce temps de crises sociales, industriel
les, économiques, anarchiques et autres qui
constituent ce qu'on appelle notre'« épo
que de transition », qui peut jurer qu'il ne
traversera jamais les Océans? Personne.
Moi qui vous parle, j'ai affronté l'onde
amère au moment où je m'y attendais le
moins, à un âge où j'avais mille raisons de
l'Eglise.
Le Siècle est troublé.
M. de Mun n'a-t-il pas accepté, ces jours-
dêrniers, à Notre-Dame de Folgoët, le titre
de « soldat du Pape? » #
Soldat du Pape I mais alors, se demande
avec inquiétude le Siècle, que ferait M. de
Mun sij>un jour, les intérêts de la papauté
étaient contraires à ceux de la France, si le
Pape ordonnait quelque mesure contre
notre patrie ?
Ce jour-là, M. de Mun serait-il soldat du
Pape avant d'être soldat de la France?
M. de Mun ne tient donc pas à . être soldat
de la France? .
Que le Siècle se rassure. Si la France rie
comptait que des soldats semblables au
brillant et vaillant officier que fut . M. de
M"n, elle serait bien forte.
Quant aux soldats du Pape, aux zouaves
pontificaux, nous ne croyons "pas qu'ils se
soient laissé dépasser en bravoure, en hé
roïsme, par aucun corps de troupe, lors
qu'ils s'empressèrent d'accourir de Rome
pour défendre la patrie en danger'. Chacun
sait qu'ils ne furent inférieurs à personne
en fait de patriotisme.
Plus la foi sera vive, meilleurs . seront
nos soldats. Les peuples perdus sont les
peuples sans croyances. Puisse donc la
France compter beaucoup de soldats du
Pape. Le Siècle ne.s'en trouvera pas mal.
LA MORT
clu. Comte dLe JParis
EN ANGLETERRE
Le cercueil • contenant les restes
mortels du comte de . Paris a été
exposé hier dans la salle de marbre
de Stowe-House.
Sur le cercueil se trouve l'inscrip
tion suivante surmontée de trois
fleurs de lys :
Louis-Philippe-Albert d'Orléans; comta
de Paris, chef de la maison royale de
France, né à Paris, le 24 août 1838, mort à
Stowe-House le 8 septembre 1894.
Voici les détails parvenus sur la
journée d'hier ;
Buckingham, 11 septembre.
Ladécoration.du salon où l'exposition du
corps du Comte de Paris a eu lieu consis
tait en draperies entre chacune des colonnes
de marbre qui soutiennent la voûte.
La salle est éclairée par en haut ; elle est
oblongue et fort belle par elle-même ;aussi,
quoique simplement ornée, elle est très im
posante.
Le ceroueil est élevé à environ un mètre
cinquante. Autour soiit des draperies vio
lettes bordées d'argent. Un tapis de même
couleur recouvre le cercueil et le drap au
tricolore est jeté par dessus.
supposer que je ne verrais jamais que du
rivage ses flots écumants. J'avais lu oes
beaux vers du poète : .
Nous sommes les vagues profondes
Où les yeux plongent vainement,
Nous sommes les flots et les .'ondes-
Qui roulent autour des mondes
Leur manteau d'azur écumant.
J 'avais savouré aussi le
Suave mari magno turbantibus œquora ventis
Derupe alterius magnem spectare laborum,
avec tout l'égoïsme bourgeois de mes
pieds rivés pour toujours, semblait-il, au
plancher des vaches.
Mais un jour, toutes les cordes de ces
guitares se brisèrent subitement,- la boîte
harmonique se transforma en bateau, je
devins Y Alterius, et je compris que les
belles rimes d'Autran se résument trop
simplement en ce vulgaire distique : ' '
Affronter le flot amer,
C'est risquer le mal de mer.
Ainsi, tous etun .cha.cua sont menacés de
l'horrible mal; on la oonnaît d'avanoe, ce
qui ne veut pas dire qu'il soit connu, puis
que les médecins n'ont jamais pu Je'guérir,
pas pliis que le coriza du reste.
Si le mal de montagne est moins célèbre,
o'est qu'à l'exoeption de nos petits chasseurs
alpins, personne n'est jamais forcç d'être
alpiniste, et que les gens qui .a'ont ni les
jarrets, ni les poumons nécessaires pour es
calader la Meige ou le. Balaïtous, sont tou
jours. libres de rester dans la vallée . et
d'admirer l a belle nature de 'has en .haut.
C'est la bonne manière, puisqu'elle force à
regarder le ciel. Quant à ce qu on contem-
. pie du haut .de .ç§s pics réputés inao-
Le taux de reconnaissance estimé pour ce document est de 91.32%.
En savoir plus sur l'OCR
En savoir plus sur l'OCR
Le texte affiché peut comporter un certain nombre d'erreurs. En effet, le mode texte de ce document a été généré de façon automatique par un programme de reconnaissance optique de caractères (OCR). Le taux de reconnaissance estimé pour ce document est de 91.32%.
- Collections numériques similaires Commun Patrimoine: bibliothèque numérique du réseau des médiathèques de Plaine Commune Commun Patrimoine: bibliothèque numérique du réseau des médiathèques de Plaine Commune /services/engine/search/sru?operation=searchRetrieve&version=1.2&maximumRecords=50&collapsing=true&exactSearch=true&query=colnum adj "BnPlCo00"
- Auteurs similaires Veuillot Louis Veuillot Louis /services/engine/search/sru?operation=searchRetrieve&version=1.2&maximumRecords=50&collapsing=true&exactSearch=true&query=(dc.creator adj "Veuillot Louis" or dc.contributor adj "Veuillot Louis")Veuillot François Veuillot François /services/engine/search/sru?operation=searchRetrieve&version=1.2&maximumRecords=50&collapsing=true&exactSearch=true&query=(dc.creator adj "Veuillot François" or dc.contributor adj "Veuillot François")
-
-
Page
chiffre de pagination vue 1/4
- Recherche dans le document Recherche dans le document https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/search/ark:/12148/bpt6k708537v/f1.image ×
Recherche dans le document
- Partage et envoi par courriel Partage et envoi par courriel https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/share/ark:/12148/bpt6k708537v/f1.image
- Téléchargement / impression Téléchargement / impression https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/download/ark:/12148/bpt6k708537v/f1.image
- Mise en scène Mise en scène ×
Mise en scène
Créer facilement :
- Marque-page Marque-page https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/bookmark/ark:/12148/bpt6k708537v/f1.image ×
Gérer son espace personnel
Ajouter ce document
Ajouter/Voir ses marque-pages
Mes sélections ()Titre - Acheter une reproduction Acheter une reproduction https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/pa-ecommerce/ark:/12148/bpt6k708537v
- Acheter le livre complet Acheter le livre complet https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/indisponible/achat/ark:/12148/bpt6k708537v
- Signalement d'anomalie Signalement d'anomalie https://sindbadbnf.libanswers.com/widget_standalone.php?la_widget_id=7142
- Aide Aide https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/aide/ark:/12148/bpt6k708537v/f1.image × Aide
Facebook
Twitter
Pinterest