Titre : L'Univers
Éditeur : L'Univers (Paris)
Date d'édition : 1894-09-07
Contributeur : Veuillot, Louis (1813-1883). Rédacteur
Contributeur : Veuillot, Pierre (1859-1907). Rédacteur
Contributeur : Veuillot, François (1870-1952). Rédacteur
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Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 07 septembre 1894 07 septembre 1894
Description : 1894/09/07 (Numéro 9586). 1894/09/07 (Numéro 9586).
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse Collection numérique : Bibliographie de la presse
Description : Collection numérique : BIPFPIG44 Collection numérique : BIPFPIG44
Droits : Consultable en ligne
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Source : Bibliothèque nationale de France
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 06/02/2011
Vendredi 7 Septembre 1894
N* 9586 — Édition quotidiens*
Vendredi 7 Septembre 1894
ÉDITIO N QUOTID IENNE
PARIS ÉTRANGER
et dépafttkmbnts (union postale)
.Un an ..... . 40 » 51 .»
Six mois ..... 21 » 26 60
Trois mois. . . . 11 » 14 »
Les abonnements parten t des ! "■ et 16 de chaque mois
UN NUMÉRO I -? aris lOcent.
(Départements... 18 —
BUREAUX : Paris, 10, rue des Saints-Pères
On 8'abonoe & Rome, place du Gésù, 8
ÉDITION SEMI-QUOTIDIENNE
Un an ... .
Six mois. . .
Trois mois.-.
PARIS
et départements
. . 20 »
. . 10 »
. . 5 »
ÉTRANGER
(union • postale) '
26 »
13 »
6 50
Les abonnements partent des l« et 16 de chaque mois
i 'DNIYKRS m répond (as des manuscrits qui loi sont adressés
ANNONCES-
MM. LAGRANGE, CERF et C le , 6, place de la Bourse
Bulletin du jour.....
Congrès eucharistique.
A la « Libre Parole ». E. V.
L<* congrès de Uos- r . —■
veaux. ,
L'application de l En- '-
cyclique « "Rerum No-
varum » E. T.
Le ' troisième congrès
scientifique^ L.
Lettres de Lourdes... . E mile R uin.
Feuilleton : Causerie ar
tistique.- ,_P aul D emarly
La santé de. M. le comte de Paris.
.. Les
vieux catholiques. — Le service militaire
du clerç/è.— L'union des œuvres ouvrières.
— A 6iviriez. — A travers la presse.—
Nouvelles politiques. — Chronique. — La
question ouvrière. — Les anarchistes. —-
La guerre en Corée. •—Etranger. — Pè
lerinage des vacances. — Chronique reli
gieuse. — Echos de partout. —■ Pêleri-
, nage annuel au berceau de sainte Gene
viève. — Ecole militaire. — Tribunaux.
— Dernière heure. — Nouvelles diverses.
BULLETIN DO JOUR .
PARIS, 6 SEPTEMBRE 1894
Les dernières nouvelles de Buckin
gham disent qu'on « ne constate au
cun changement dans l'état de Mon
sieur le.comta^dej^ris « qui continue
à s'affaiblir. Les personnes qui entou
rent l'auguste malade n'osent pas
s'absenter de peur que « l'événement
fatal attendu ne survienne soudaine
ment ».
Hier et aujourd'hui, des messes ont
été dites dans de nombreuses villes
de France pour obtenir la guérison
du prince. Partout on a répondu avec
ùix pieux, empressement à l'appel à la
fois chrétien et touchant du duc
d'Orléans.
Encore l'affaire de Cempuis. On
discute fort dans la presse, moins sur
la révocation de M. Robin qui est
maintenant un fait accompli, que sur
l'attitude de M. Babut. On ne trouve
généralement pas que les explications
embrouillées ue Y Agence Havas, et
celles non moins embrouillées de
M. Babut lui-même,soient absolument
concluantes et dégagent sa respon
sabilité. Ùn journal républicain fait
remarquer à cette occasion : 1° que
M. Babut était un des membres du
conseil de surveillance de Cempuis;
2\que le conseil général tenant les
bordons de la bourse, M. Babut aura
sans doute tenu à le ménager, Ces ob
servations sont du Temps qu'on ne
suspectera pas dans la circonstance.
Nous devons constater que divers
journaux continuent, malgré l'évi
dence, à défendre et même à glori
fier le sieur Robin et. ses procédés
d'éducation. Esprit de parti, sottise
Nous avons donné hier le discours
du cardinal Vaszary à son clergé ; ce
matin, une dépêche dé Rome nous
résume en ces termes une note de
.l 'Osservatore Romano relative à la
question religieuse en Hongrie : « lïOs-
servatore Romano dément l'informa
tion publiée par la Correspondance de
Hongrie et la Nouvelle Presse libre et
: d'après laquelle le cardinal Rampolla
aurait donné des instructions au car
dinal Vaszary, primat de Hongrie,
concernant le maintien des relations
pacifiques entre l'épiscopat hongrois
et l'Empereur au sujet des projets de
loi politico-ecclésiastiques. » Rien, du
reste, dans le discours du cardinal
Vaszary, ne faisait allusion à ces pré
tendues « instructions ».
Une dépêche de la Jamaïque, et.
partant un peu suspecte puisqu'elle
.pouvait être l'œuvre de réfugiés, anr
nonçait que des Haïtiens avaient été
fusillés à la suite d'un complot contre
la fille' du président. La nouvelle est
confirmée et rectifiée en même temps
par la dépêche , suivante que commu
nique à la pfésse parisienne le minis
tre d'Haïti : « Attentat contre la vie
du président. Les auteurs ont été fu
sillés. Le calme est parfait. Signé : Mar
celin, secrétaire' d'Etat des relations
extérieures. »
On remarquera peut-être le beau
"sang-froid du secrétaire d'Etat, Mar
celin, annonçant que les auteurs de la
^conspiration ont été fusillés. En Haïti,
ce n'est qu'un incident sans impor
tance.
Un journal allemand, le Tageblatt,
lance une étrange nouvelle; il prétend
tenir de source absolument sûre que
l'Angleterre échangerait l'île de Chy
pre contre la Crète, en payant au sul
tan une indemnité de aouze millions
délivres. Cet échangeconviendrait à
l'Angleterre* attendu que la situation
de la*Crète est plus avantageuse que
celle de Chypre; il conviendrait
même au sultan qui serait heureux
; de se débarrasser des soucis ré
sultant, de la possession toujours un
peu.précaire ae la Crète. Le Tageblatt
ajoute que cette nouvelle causera
une sensation énorme en Grèce,
et qu'elle pourrait entraîner de gra
ves conséquences.
Mais que vaut la nouvelle ? • Nous
croyons facilement que l'Angleterre
préférerait la Crète à Chypre et
même qu'elle prendrait volontiers
en même temps les deux îles qui ont
leur importance pour la Méditerra
née orientale, mais sa volonté ne suf-
fïit pas encore partout.
P.-S. — Voici les nouvelles que
nous recevons à la dernière heure :
Stowe-Dadfort, 6 septembre.
Monsieur le comte de Paris continue à
être de plus en plus faible. 11 a pu cependant
s'entretenir ce matin même aveo Mme la
comtesse de Paris, avec le duc d'Orléans
et avec la princesse Hélène. Le prince a
toute sa connaissance, mais l'issue fatale
n'est retardée que par la robuste constitu
tion de Monsieur le comte de Paris.
: ; ; _ ;
LE CONGRÈS ELCÏIARISTIQIE DE TlItIN
Le membre du congrès eucharistique de
Turin qui veut bien nous renseigner sur les
travaux de oette assembléè nous écrit à la
date du mardi 4 septembre:
« Le congrès est plein d'animation, de vie
et de foi. Je vous envoie la lettre écrite par
le Saint-Père et le télégramme par lequel il
y a été répondu. »
Voici ces documents :
Aux Vénérables Frères> Archevêques et
Evêques présents au Congrès eucha
ristique dans la ville de Turin.
LÉON PP. XIII,
Vénérables Frères, salut et béné
diction apostolique
Sur le point de quitter la terre pour
s'en retourner à son Père, Jesus-
Christ, réparateur du genre humain,
afin de* résumer pour ainsi dire toutes
les merveilles de son amour, institua
l'auguste sacrement de l'Eucharistie,
dans lequel il voulut répandre tous
les trésors de sa charité en notre
faveur, à nous, pauvres mortels. Ma
nifestation admirable de la sagesse et
de la vertu divines, moyennant les
quelles (sauf toujours en nous la né
cessité de la foi) d'une façon toute
nouvelle et pleine" d'ineffables mys
tères, le Fils de Dieu s'humilia inces
samment avec les hommes. De ce qui
est dit, il résulté que, non seulement
avec son esprit et par l'efficacité de sa
puissance, mais avec sa présence
réelle et substantielle, Il est avec nous
jusqu'à la consommation des siècles :
et se donnant lui-même pour nourri
ture aux âmes, nous applique les
fruits très'abondants de sa,Rédemp
tion, avec la douce assurance de la
bienheureuse immortalité. En sorte
que, si pour tous les bienfaits dont
nous sommes redevables à Jésus-
Christ, il est nécessaire que nos cœurs
soient remplis d'une grande estime
et d'une grande reconnaissance, ils
le doivent d'autant plus en vue du
don Eucharistique, qui se définit à
bon droit, le symbole par excellence
de sa charité envers nous.
En réfléchissant à tout cela, une
joie toute extraordinaire a inondé
notre âme, lorsque nous eûmes la nou
velle du très solennel congrès
qui se tiendrait à Turin, afin de
promouvoir la vénération et le culte
envers cet adorable mystère. Ce con
grès ne sera pas indigne de son Objet
divin, nous en avons la .confiance,
puisque cette même ville où. il se
tient semble avoir été choisie par
Notre-Seigneur Lui-même, à cause
d'un éclatant prodige, comme siège
d'un culte spécial envers la sainte Eu
charistie, et que Turin est fier de
s'appeler par autonomase « la ville du
Très Saint-Sacrement ».
En outre, le concours des évêques,
auquel répondra, nous n'en doutons
pas, celui du clergé et de laïques ca-
tholiqufes, nous inspire la confiance
qu'une telle réunion produira des
fruits très consolants pour la reli
gion. Nous espérons surtout que dans
le sacerdoce, à qui Jésus-Christ vou
lut confier l'honneur inestimable de
consacrer et d'administrer l'Eucha
ristie, on constatera un réveil de
sainte ferveur, en sorte que, par la
grande pureté des moeurs et la viva
cité de la foi, il soit apte à accomplir
d'aussi redoutables mystères. Nous
espérons remarquer dans le peu
ple chrétien, la fréquence de la nour-.
riture eucharistique; par ce moyen,
étant incorporés à, Jésus-Christ, les
fidèles apprendront àréfréner toujours
davantage les désirs terrestres et à sou
haiter les richesses immortelles de
l'Eternité.
Et puisque par la matière du pain
et du vin que Notre-Seigneur choi
sit pour l'institution de l'Eucharistie,
elle est l'emblème de l'union et de
l'humilité, il ,est doux à notre cœur
d'espérèr et d attendre comme résultat
du congrès, l'union parmi lés catholi-
ques,afin que resserrés par le lien de là
charité ils ne soient qu'un - seul cœur
et une seule âme pour promouvoir
les intérêts de Jésus Christ et de son
Eglise, coopérant autant que possible
à cette unité de tous les peuples dans
un même bercail et sous un même
Pasteur, à laquelle Nous exhortions
dernièrement les princes et les peu
ples de tout l'univers.
Voilà les souhaits, Vénérables
Frères, que Nous faisons pour votre
Congrès, et Nous adressant à la cha
rité infinie de Jésus. Christ, Nous la
supplions de répandre sur vous la plé
nitude des grâces et faveurs les plus
choisies, et comme gage de ces grâ
ces et témoignage de Notre pater
nelle affection envers tout le Congrès
et pour .chacun de ses membres', Nous
vous donnons de grand cœur la bé
nédiction apostolique.
Donné à Rome, près de Saint-
Pierre, le vingt huitième jour d'août
1894, de Notre Pon tificat la 17° année.
LÉON PP. XIII..
Télégramme envoyé à Sa Sainteté
Saint-Père, '
Cardinaux présents, Congrès Eucharis
tique, archevêques, évêques, clerjfé, laï-'
ques catholiques, très heureux et recon
naissants à Votre Sainteté de la très haute
parole d'encouragement à nous adressée ;
vous remercions avec intime amour filial ;
offrons humbles hommages et illimitée
obéissance; implorons apostolique béné
diction.
Cardinaux : Sv ampa et Ferrari.
(Voir aux Dernières nouvelles).
■ . • ♦ —' :
Dans son zèle pour un écrit où l'on
pc
veut abnisser l'épiscopat, la. Libre
Parole publie à mon adresse une lettre
de M. Daniel Auschitzky « en littéra
ture Guy de Pierrefeu », et dé
clare qu'elle publiera également ma
« riposte » à ce document , « si riposte
il y a ».
Il n'y aura pas « riposte ». J'achè
verai quand.il me plaira d'exécuter le
pamphlet plus bêta encore que mé
chant, de l'ancien secrétaire du juif
Naquet, devenu l'allié de M. Drumont;
mais accepter une polémique directe
avec lui, non.
E. V.
LE CONGRÈ S DE NOUVEAUX
Plusieurs de nos lecteurs du Nord
et du Pas-de-Calais nous ont écrit au
sujet des travaux de ce congrès ou
plutôt des divisions des catholiques du
Nord quant à la question sociale. Tous
nous poussent à intervenir à fond
dans ce débat. Nous y songeons et
nous l'avons prouvé par l'accueil que
nous avons fait à la proposition du
directeur de-la Semaine Religieuse de
Cambrai, parlant un peu au nom de
la majorité des congressistes de Mou-
veaux. Cette proposition aura-t-elle
des suites ? Nous ne pouvons l'affir
mer. Si elle n'en a pas, nous devrons
tout de même - traiter la question, et
nous le ferons. En attendant, nous
donnons la lettre suivante, qui amende
la proposition,de M. Delassus :
Roubaix, 2 septembre.
- Monsieur,
Je -vois avec plaisir votre journal interve
nir dans le dôbat qui divise en ce moment
les catholiques du Nord.
La publication des documents ne servira
à quelque chose que si elle est sincère,
complète et dégagée des personnalités.
Je voudrais que vous aidiez à nous ren
dre la paix. Cette paix se fera dans le res
peet mutuel et non dans l'écrasement de
l'un sous la victoire de l'autre.
Le traité de paix aura nécessairement
pour base les deux articles suivants qui
touchent les dessus et les dessous de l'af
faire::
1° Les deux partis consentiront à appli
quer le vieil adage : in dubiis libertas , dans
tout ce qui n'est pas défini il est permis aux
autres de ne pas penser comme moi. Je
puis essayer de les amener à ma manière
de voir, mais je respecte d'avance leur
manière de voir.
> 2° Ensuite, les deux, partis acceptent le
fait des deux syndicats (mixtes et ouvriers)
en présence, reconnaissent leur légitimité,
l'identité de leur but, les bonnes intentions
de leurs membres, agréent leur marche pa
rallèle, leur donneront la même- faveur, le
feront savoir au publio.
. Si je ne me trompe, monsieur, la paix est
là, là seulement.
Veuillez agréer, monsieur, l'hommage de
mon profond respect.
Evidemment, le désir de la paix a
dicté cette lettre ; mais qu'on soit sûr
de l'obtenir en acceptant les bases
qu'indique notre correspondant et
surtout qu'il soit facile de faire accep
ter celles-ci, nous n'oserions en ré
pondre. Il faut toujours essayer.
L'APPLICATION DE L'ENCYCLIQUE
Rerum Novarum
La lettre suivante, signée des repré
sentants de plusieurs groupes d'in
dustriels du Nord, a été adressée au
Nouveau Moniteur de Rome :
Roubaix, août 1894.
Monsieur le Directeur du Nouveau Moniteur
de Rome :
Attaqués sous Je couvert do l'anonymat
dans votre journal, et suffisamment dési
gnés pour avoir le'droit de répondre là où
l'accusation s'est produite, nous vous prions
de ben vouloir insérer ces quelques mots
d'explicalion t qui sont de nature à jeter
quelque clarté sur ce débat.
Patrons, nous ne sommes pas des théo
logiens et n'avons jamais eu la prétention
de nous ériger en pontifes ni en chefs
d'école. Habitués à nous réunir, afin de
travailler en commun à la solution de la
question ouvrière, en nous inspirant des
préoeptes de l'Evangile et des enseigne
ments. de l'Eglise, nous avons eu recours,
pour la partie scientifique, à des juriscon
sultes ét à des économistes : pour la -partie
doctrinale, à des théologiens. Leurs noms
vous sont connus, ils s'appellent : Gustave
Théry, Charles Périn, Claudio Jannet, Bé-
chaux, le chanoine Fichaux, le P. Doyotte,?
le P. Gaudron, le P. Castelein, le P. Fristot,,
Mgr Baunard, Mgr Freppel, de regrettée
mémoire.
La question du salaire a' été traitée et a
fait l'objet d'une longue polémique dans
les journaux catholiques ; la réponse qui a
été donnée par le Saint-Office sur certains
Ïoints particulièrement délicats y a mis fin.
[ous n'avons pas l'intention de rouvrir ce
débat, qui n'est pas de notre compétence.
Nous, patrons, du Nord, quand la ques
tion du salaire se pose devant nous, nous
ne la considérons pas en théorie, mais en
pratique.
Nous n'allons pas rechercher ce qui est
le salaire aux pays du P. Lehmkuhl et du
P.-Liberatore, mais ce qu'il est chez nous,
et voici ce que nous constatons.
Si nbus prenons.pour point de comparai
son l'usine du Val-des -Bois; nous trouvons
que, pour la même industrielles salaires
sont plus élevés de 10 à 15 0/0 dans la ré-
igion de Fourmies, et de 20 à 30.0/0 à Rou-
baix-Tourcoing.
M. Harmel étant considéré à juste titre
comme un patron modèle, qui remplit à
l'égard de ses ouvriers tous ses devoirs de
justice, d'équité et de charité, on ne peut
guère accuser nos patrons de lui être infé
rieurs et de ne pas se soumettre aux ensei
gnements de l'Encyclique sur ce point ca
pital.
Mais ce n'est pas tout : au Val-des-Bois,
la filature de laines peignées travaille la
nuit. Il faut, sans doute, des raisons d'une
gravité exceptionnelle pour décider M.
Harmel à être ainsi la cause involontaire
de la séparation des ménages, de la déca
dence de la race et des mœurs, tandis que
nos filateurs de laines peignées résistent à
cette odieuse pratique. Sur ce point encore
on ne peut guère leur reprocher de mal in
terpréter la pensée de Léon XIII.
Cependant, pour la vente de leurs pro
duits, nos industries n'ont pas de concur
rents plus directes que le Val, et si vous
supputez l'avantage énorme qui résulte
pour cette maison et de la différence des
salaires et du travail de nuit, vous aurez la
inesure des sacrifices que s'imposent nos
patrons pour mettre leurs actes d'accord
avec leurs doctrines. Aussi se croient-ils
le droit de revendiquer hautement l'hon
neur d'avoir été les précurseurs de l'Ency
clique et d'en être à l'heure présente les
Jidèles observateurs. —
Us ne reconnaissent pas à l'école de l'abbé
Pottier, qui a sans doute puisé dans l'heu
reuse direction du collège de Huy les lu
mières de l'expérience qui lui ont fait dé
couvrir la formule de la paix sociale, le
droit à l'interpréiation infaillible et auto
risée de l'admirable Encyclique Rerum No
varum, qui restera toujours notre charte
inviolable et sacrée.
Veuillez agréer, monsieur le directeur^
l'expression de nos sentiments distingués.
Louis Gohdonnier,
Président du syndicat mixte de
l'industrie roubaisienne
Tiberghien-Motte,
Président du syndicat mixte
de Tourcoing.
P. Legros,
à Wignehies, près Fourmies.
Le Nouveau Moniteur de Rome
joint à l'insertion de cette lettre les
observations suivantes :
Nous remercions vivement ces patrons
de cette déclaration. Nous aurions aimé que
les signataires précisent quelques points,
qui ont été discutés dans nos précédentes
déclarations. Mais ne soyons point exi
geant quand il s'agit, d'affaires aussi déli
cates.,..
Nous prenons acte avec plaisir des dé
clarations d'attachement des patrons à l'En
cyclique Rerum Novarum.On pourrait peut-
§tre observer que oertains inspirateurs
cités dans cette lettre sont précisément ceux
qui ou atténuent ou n'observent pas l'Ency
clique RerumNovarum.
Il va sans dire que nos collaborateurs
ont- pleine liberté de répondre à cette dé
claration.
Le débat est trop grave pour ne pas être
traité à fond. Malgré les violences dont
nous avons été honorés, nous sommes heu-
réux d'avoir été l'occasion de ces éclaircis
sements. La cause du Pape et des questions
sociales y gagnera.
, Pour terminer, faisons observer que la
décision sur le salaire que les signataires
attribuent au Saint-Office, était le fait d'un
théologien sans aucune approbation offi
cielle.
Nous demanderons aux honorables
signataires de la lettre la permission
de formuler une remarque. Les éco
nomistes, les jurisconsultes et les
théologiens dont ils invoquent l'au
torité ne représentent pas un ensei
gnement homogène. Ainsi Mgr Frep
pel n'a pas toujours eu absolument le
même langage sur la question sociale ;
entre MM. Perrin et Claudio Jannet,
de sérieuses divergences existent sur
des points importants. Nous avons eu
l'occasion de montrer, il y a deux
mois, en parlant du remarquable livre
de M. Béchaux, que l'éminent profes
seur, si peu enclin à l'intervention de
l'Etat, admet et même réclame"cette
intervention dans plus d'un cas où
tel religieux et tel écrivain ne croit
pas pouvoir en supporter l'idée.
: e. t.
P. S. — Le Nouveau Moniteur de
Rome du 5 de ce mois contient sur ce
débat un nouvel article où il est dit
que la lettre des trois patrons du Nord
rapporte incomplètement et inter
prète mal ce qui touche à l'usine du
Val-des-Bois. -
LA SAXTÉ DE M. LE COMTE DE PARIS
Le Soleil publie les dépêches sui
vantes :
Buckingham, 5 septembre, 6 h. soir.
L'état continue à s'aggraver. La nuit
dernière n'a pas été bonne. La faiblesse est
extrême.
Monseigneur lé Comte de Paris, malgré
son épuisement physique, conserve, toute sa
lucidité d'esprit et dit quelques mots à cha
cune des personnes qui l'approchent, mais
il n'a plus avec les membres de sa familie
de longues conversations, tandis, qu'hier
encore, il s'est entretenu près d'une demi-
heure aveo le duo d'Orléans. En terminant,
le Prince a béni son fils et lui a dit :
« Adieu ! Va et marche toujours droit. »
Buckingham, 5 septembre, 7 h. 15 soir.
Depuis hier soir, un changement consi
dérable s'est produit dans l'état de Monsei
gneur le comté de Paris. Tous les signes
d'une fin prochaine se sont manifestés.
L'état de somnolence n'a pas cessé depuis
la nuit dernière ; cependant il a pu recon
naître les personnes qui l'ont approché.
Mme la comtesse de Paris, ses enfants
et Mgr le duo de Chartres sont plusieurs
fois entrés dans sa chambre; mais c'est à
Eeine s'il a pu leur adresser quelques mots,
a faiblesse est arrivée à £on dernier de
gré. Le danger est considéré tel qu'aucun
membre de la famille du prince ne sort du
château, par orainte que l'événement fatal
ne survienne soudainement.
Je vous disais, dans une de mes derniè
res correspondances, que la maladie de
Monseigneur le comte de Paris remonte à
cinq ans Je puis ajouter à ce sujetquelques
détails. A cette époque, le docteur Henry
Gueneau de Mussy vivait encore. C'est lui
qui a eu la douleur de diagnostiquer le mal
et d'en reconnaître la gravité. Son âge ne
permettant pas de passer constamment la
mer, il demanda au prince de lui adjoindre
le docteur Récamier, dont il faisait le plus
grand cas, il n'en continua pas moins à
surveiller le traitement, et trois mois avant
sa mort, en juin 1892, il assistait à l'opéra
tion qui fut pratiquée par le docteur Réca
mier.
Les nouvelles alarmantes télégraphiées à
Paris ont amené un nombre encore plus
considérable de télégrammes que les jours
précédents ; tous témoignent d'une grande
anxiété et manifestent les regrets les plus
vifs.
D'autre part, voici les dépêches de
l'Agence Havas pour l'après-midi
d'hier et la matinée d'aujourd'hui :
Buckingham, 5 septembre, 2 h. 30 soir.
La faiblesse du comte de Paris aug
mente.
Buckingham, 5 septembre, 2 h. 37 soir.
La situation est très jjrave^
Le comté "dé Paris" ne "veut rien prendre.
Il s'éteint doucement, lentement.
Dadford, 5 septembre, 4 h. 44 soir.
Aucune amélioration ne s'est produite
dans l'état du comte de Paris.
Le duc d'Aoste est arrivé aujourd'hui à
Stowe-House. '
Buckingham, 5 septembre, 6 h. 50 soir.
L'état de faiblesse du comte de Paris
arrive au point extrême. Le comte est tou
jours somnolent et ne parle presque pas. Il
conserve cependant sa connaissance.
Le duc d'Aoste est venu faire une visite à"
la reine de Portugal. lia été reçu par le duc
d'Orléans.
Buckingham, 6 septembre, 9 h. m.
On ne constate aucun changement ce
matin dans l'état du comte de Paris.
Londres, 6 septembre.
Plusieurs journaux publient la lettre sui
vante du docteur Palmer, un des médeoins
du comte de Paris :
« La lettre que mon ami et collègue, le
docteur Death, de Buckingham, publie par
la voie des journaux, exprime si bien mes
vues que je ne devrais pas vous importu
ner. Cépèndantj comme premier docteur
de l'entourage médical de Son Altesse
Royale, le comte de Paris, qui pendant plus
de six années m'a honoré de sa coptianpe,
je voudrais ajouter que rien n'est plus dé
sagréable ail prince et à Madame la com
tesse - de Paris ainsi qu'aux membres de
leur famille, que la - publication de détails
sur cette malheureuse maladie.
• Une harmonie et une unanimité d'opi
nion parfaites existent parmi le personnel
médical du prince, les docteurs Récamier,
Death et moi-même.
« On ne désire nullement dissimuler la
gravité de la situation du prince.
« C'est donc avec une entière confiance
que je fais appel à la traditionnelle cour
toisie de la presse, tant en France qu'en
Angleterre, et que je la supplie de respec
ter le secret de la chambre de douleur et
d'épargner les dernières heures de l'héroï
que et noble malade, en s'abstenant de pu
blier des détails au sujet du deuil qui plane
sur le chef de la maison royale de France
et qui menace cette famille bonne, unie et
autrefois: si heureuse. »
Il paraît que les « vieux catholiques »
français sont revenus assez mécontents du
congrès de Rotterdam, où l'on s'occupait
de régler les destinées de notre religion.
Us ont profité de l'occasion pour demander
à l'évêque schismatique d'Utrecht que la
direction de l'église de la rue d'Arras fut
restituée à M. Loyson. On se souvient, que
l'année dernière, l'ancien P. Hyacinthe a
plaoé son « œuvre » sous l'autorité des
vieux catholiques de Hollande, autrement
dit les derniers jansénistes. Celte transmis
sion était devenue nécessaire parce que le
malheureux apostat se. trouvait à bout de
ressources et de courage. A-til recouvré
ces deux éléments importants? Il constate
que son < œuvre » n'a fait que décliner en
core et qu'elle est maintenant « une petite
chapelle janséniste sans aucun avenir. »
Le nombre des fidèles serait tombé do
1,200 à 36. Ce sont les 1,164 autres qui ré
clament la réinstallation de l'ex-Pêre Hya
cinthe. Celui-ci ne sait encore ce qu'il fera,
ne pouvant reprendre sans appui une charge
qu'il a dû déposer. Il se plaint des oatholi-
ques qui ne veulent pas admettre commp
légitimes soninsurrection et ses scandales.
Va t-il se remettre de nouveau à quêter?
oe qu'il ne peut faire qu'en blasphémant.
Qu'il se recueille, le malheureux, et qu'il
songe que le temps de se repentir lui a été
largement accordé.
———— ♦ — ■ ' ■
On lit dans Y Echo de la Somme :
Dix-sept séminaristes de notre diocèse
et du diocèse de Boissons viennent de com
mencer leurs vingt-huit jours à Amiens.
Plusieurs sont déjà dans les ordres sacrés.
Il n'est pas besoin de longs commentai
res pour faire ressortir tout ce qu'a d'o
dieux une loi qui, en violation du Conoor-
dat, jette ainsi dans la vie de caserne olercs
et curés, au mépris du principe de l'immu
nité ecclésiastique que le gouvernement,de
par l'article 1" du Concordat, est obligé de
respecter.
» - ■- ii
TROISIÈME CONGRÈS
SCIENTIFIQUE INTERNATIONAL
des catholiques .
Bruxelles, 4 septembre.
L'insuffisance, ou pour mieux dire, le
manque d'installation réservées à la presse
a mis hier les journalistes, même les repor
ters de profession, dans l'embarras. N'eût
été l'extrême. obligeance du secrétariat gé
néral', et notamment du savant et modeste
■jésuite, leR. P. Jos. Vand'en Gheyn,qui ont
promis de remédier à l'inconvénient, nos
comptes renduê^HSSSnt été plus défectueux
encore. L'éloigpement rendait plus sensible
qu'en aucun autre cas le défaut ordinaire
de pareilles'assemblées : le bruit des assis
tants, le débit trop rapide ou la voix sourde
des orateurs.
Sans cela, le rapport si remarquable du
R. P. Vanden Gheyn méritait une relation
plus étendue. Le Courrier en donne le texte
authentique; on le consultera avec fruit.
J'ai d'ailleurs, personnellement, eu le désa
grément de m'être installé à un banc, bien
tranquille d'abord, mais qui a été envahi
ensuite par quelques congressistes pou?
rire, bruyants, faisant moins de bien que dé
tapage, très rares, heureusement, qui sem
blent s'approprier la devise tarasconnaise :
Fèn.dé brutl Je les connais et tâcherai de
me tenir à distance, bien que j'aie subi leur
voisinage à contre-cœur. Il se glisse, du
reste, partout des importuns, car pour des
savants, ils n'en sont pas I
Suis-je long, pour dire que je voudrais
réparer quelques omissions forcées 1
J'abuserais de la patience du lecteur si je
lui décrivais la salle, très à propos pavoisée
aux couleurs des nationalités participâmes,
Belgique, France, Hollande, Allemagne»
Etats Unis, couleurs pontificales, avec une,
estrade au fond, où forment pendant les
bustes de Léon XIII et de Léopold II.
Le nombre des travaux envoyés est de
150. Parmi les plus méritants organisâtes s
du congrès, il faut encore citer M. le pro
fesseur Lefebvre, les RR. PP. Castelein et
Vanden Gheyn, S. J. ; M. Godefroid Kurtb,
Mgr Lamy. M. Mansion. Le nécrologe, de
puis le congrès de Paris, en 1891, men
tionne Mgr Faict, évêque de Bruges ; le
professeur van Beneden, M. Gilbert, enfin
l'illustte Mgr Freppel !
Le secrétaire-général a fait connaître à
l'assemblée que, non content d'offrir au
congrès l'usage de ses locaux, pour les réu
nions des sections, l'Institut Saint-Louis
procurera en outre aux membres l'hospita
lité de sa maison, Vprès les divers travaux
de la journée. On y organise, à l'usage des
congressistes, des délassements semblables
aux commers des congrès catholiques alle
mands.
Première journée
La journée s'ouvre par la mess© du
Saint-Esprit, dite parle cardinal, primat dô
Belgique, dans la chapelle, de l'Institut, &
huit heures et demie. L'assistance est nom
breuse : l'habit ecclésiastique et religieux y
domine.
Pendant l'office l'orgue se fait entendre
et l'on exécute quelques chants liturgiques.
L'oratoire est de style gothique, poly-
chromé, garni de boiseries, simple, clair,
bien propre à porter au recueillement.
L'éminent prélat officiant, dont la santé s-
toujours été assez précaire, semble avoir
souffert des dernières atteintes de la mala
die. Veuille le ciel lui rendre sa vigueur et
le conserver longtemps encore à son vaste
archidiocèse et à la Belgique entière I .
Sections
seances nu matin
Dans la section des sciences historiques,
il est donné lecture des mémoires de
M. Parisot : Une inscription arménienne, et
du R. P. Delahaye, bollandiste : Les sty-{
lites.
Travaux fort intéressants, le second sur
tout,'qui traite du caractère particulier de
ces anachorètes dont les austérités ont
doiné lieu à controverse. L'historique de
cette question est très développé : cons
truction, hauteur des colonnes, rapports
des stylites aveo les fidèles. Quel est le
mérite de oes ascètes ? Us n'ont rien de
commun aveo les fakirs, dont les austérités
sont dégagées de tout esprit de charité,
contrairement à celles des stylites. L'aspect
de rigueur excessive qu'offre leur genre de
pénitences donne lieu à une discussion en
tre M. Kurth, l'auteur du mémoire, M.
l'abbé Duohesne et le président. On y relate
la thèse : que le but des stylites aurait été
d'offrir aux caravanes, le long de leur route,
les secours religieux. Mais, d'autre part,
objecte-t-on, tous n'étaient pas prêtres, et
il s'en trouve à proximité des villes. On ne.
peut toutefois nier qu'ils n'aient exercé un
réel apostolat, outre la prédication, par
l'exemple des mortifications corporelles.
Le mémoire de M. Parisot est relatif à
une inscription arménienne, retrouvée au
musée Borély, à Marseille : les antiquités
chrétiennes de cette .nationalité sont réunies
au couvent des Méchitaristes arméniens de
Venise.
Le mémoire de M. l'abbé Dubarat sur le
fanatisme et l'intolérance de Jeanne d'Al-
bret, reine de Navarre, établit les cruautés
et les perfidies de cette héroïne (?) protes
tante.
N'ayant pu me dédoubler au point de
suivre à la fois, dans six ou sept sections ou
subdivisions les travaux du congrès, force
m'est d'ajourner au prochain envoi quelques
détails, pris parmi les discussions les plus
intéressantes.
La presse impie s'est occupée du congrès :
elle en épie tous les mouvements, croyant,
dans sa mauvaise foi ordinaire, y trouver
quelque chose à redire : mais je m'aper
çois bien que la mine des scribes libres-
penseurs s'allonge à mesure que le succès
de nos coreligionnaires s'affirme.
assemblee générale au. palais des
' académies -
il heures 1/2.
Après quelques communications faites
par M. le docteur Lefebvre, qui annonce
l'absenoe de Mgr d'Hulst et de M. de Bur-
let, chef du cabinet, qui s'est fait excuser
—il devait présider la séance, — S. Em. le
cardinal Goossens prend la parole.
« C'est avec joie, dit-il, que je salue oette
belle assemblée; Le prince des théologiens
a dit que la plus noble occupation .de
l'homme est la recherche de la vérité. L'au
teur des choses a déposé dans le cœur hu
main un besoin insatiable de connaître et
d'agir.
L'adversaire sourira sans doute à l'an
nonce d'un congrès scientifique des catho
liques : ce préjugé est trop répandu dans
l'esprit des incréduies, à savoir que la foi
est l'ennemie de la science. Mais ils se
trompent, nous avons, une lumière de plus
et bien plus sûre qu'eux.,
N* 9586 — Édition quotidiens*
Vendredi 7 Septembre 1894
ÉDITIO N QUOTID IENNE
PARIS ÉTRANGER
et dépafttkmbnts (union postale)
.Un an ..... . 40 » 51 .»
Six mois ..... 21 » 26 60
Trois mois. . . . 11 » 14 »
Les abonnements parten t des ! "■ et 16 de chaque mois
UN NUMÉRO I -? aris lOcent.
(Départements... 18 —
BUREAUX : Paris, 10, rue des Saints-Pères
On 8'abonoe & Rome, place du Gésù, 8
ÉDITION SEMI-QUOTIDIENNE
Un an ... .
Six mois. . .
Trois mois.-.
PARIS
et départements
. . 20 »
. . 10 »
. . 5 »
ÉTRANGER
(union • postale) '
26 »
13 »
6 50
Les abonnements partent des l« et 16 de chaque mois
i 'DNIYKRS m répond (as des manuscrits qui loi sont adressés
ANNONCES-
MM. LAGRANGE, CERF et C le , 6, place de la Bourse
Bulletin du jour.....
Congrès eucharistique.
A la « Libre Parole ». E. V.
L<* congrès de Uos- r . —■
veaux. ,
L'application de l En- '-
cyclique « "Rerum No-
varum » E. T.
Le ' troisième congrès
scientifique^ L.
Lettres de Lourdes... . E mile R uin.
Feuilleton : Causerie ar
tistique.- ,_P aul D emarly
La santé de. M. le comte de Paris.
.. Les
vieux catholiques. — Le service militaire
du clerç/è.— L'union des œuvres ouvrières.
— A 6iviriez. — A travers la presse.—
Nouvelles politiques. — Chronique. — La
question ouvrière. — Les anarchistes. —-
La guerre en Corée. •—Etranger. — Pè
lerinage des vacances. — Chronique reli
gieuse. — Echos de partout. —■ Pêleri-
, nage annuel au berceau de sainte Gene
viève. — Ecole militaire. — Tribunaux.
— Dernière heure. — Nouvelles diverses.
BULLETIN DO JOUR .
PARIS, 6 SEPTEMBRE 1894
Les dernières nouvelles de Buckin
gham disent qu'on « ne constate au
cun changement dans l'état de Mon
sieur le.comta^dej^ris « qui continue
à s'affaiblir. Les personnes qui entou
rent l'auguste malade n'osent pas
s'absenter de peur que « l'événement
fatal attendu ne survienne soudaine
ment ».
Hier et aujourd'hui, des messes ont
été dites dans de nombreuses villes
de France pour obtenir la guérison
du prince. Partout on a répondu avec
ùix pieux, empressement à l'appel à la
fois chrétien et touchant du duc
d'Orléans.
Encore l'affaire de Cempuis. On
discute fort dans la presse, moins sur
la révocation de M. Robin qui est
maintenant un fait accompli, que sur
l'attitude de M. Babut. On ne trouve
généralement pas que les explications
embrouillées ue Y Agence Havas, et
celles non moins embrouillées de
M. Babut lui-même,soient absolument
concluantes et dégagent sa respon
sabilité. Ùn journal républicain fait
remarquer à cette occasion : 1° que
M. Babut était un des membres du
conseil de surveillance de Cempuis;
2\que le conseil général tenant les
bordons de la bourse, M. Babut aura
sans doute tenu à le ménager, Ces ob
servations sont du Temps qu'on ne
suspectera pas dans la circonstance.
Nous devons constater que divers
journaux continuent, malgré l'évi
dence, à défendre et même à glori
fier le sieur Robin et. ses procédés
d'éducation. Esprit de parti, sottise
du cardinal Vaszary à son clergé ; ce
matin, une dépêche dé Rome nous
résume en ces termes une note de
.l 'Osservatore Romano relative à la
question religieuse en Hongrie : « lïOs-
servatore Romano dément l'informa
tion publiée par la Correspondance de
Hongrie et la Nouvelle Presse libre et
: d'après laquelle le cardinal Rampolla
aurait donné des instructions au car
dinal Vaszary, primat de Hongrie,
concernant le maintien des relations
pacifiques entre l'épiscopat hongrois
et l'Empereur au sujet des projets de
loi politico-ecclésiastiques. » Rien, du
reste, dans le discours du cardinal
Vaszary, ne faisait allusion à ces pré
tendues « instructions ».
Une dépêche de la Jamaïque, et.
partant un peu suspecte puisqu'elle
.pouvait être l'œuvre de réfugiés, anr
nonçait que des Haïtiens avaient été
fusillés à la suite d'un complot contre
la fille' du président. La nouvelle est
confirmée et rectifiée en même temps
par la dépêche , suivante que commu
nique à la pfésse parisienne le minis
tre d'Haïti : « Attentat contre la vie
du président. Les auteurs ont été fu
sillés. Le calme est parfait. Signé : Mar
celin, secrétaire' d'Etat des relations
extérieures. »
On remarquera peut-être le beau
"sang-froid du secrétaire d'Etat, Mar
celin, annonçant que les auteurs de la
^conspiration ont été fusillés. En Haïti,
ce n'est qu'un incident sans impor
tance.
Un journal allemand, le Tageblatt,
lance une étrange nouvelle; il prétend
tenir de source absolument sûre que
l'Angleterre échangerait l'île de Chy
pre contre la Crète, en payant au sul
tan une indemnité de aouze millions
délivres. Cet échangeconviendrait à
l'Angleterre* attendu que la situation
de la*Crète est plus avantageuse que
celle de Chypre; il conviendrait
même au sultan qui serait heureux
; de se débarrasser des soucis ré
sultant, de la possession toujours un
peu.précaire ae la Crète. Le Tageblatt
ajoute que cette nouvelle causera
une sensation énorme en Grèce,
et qu'elle pourrait entraîner de gra
ves conséquences.
Mais que vaut la nouvelle ? • Nous
croyons facilement que l'Angleterre
préférerait la Crète à Chypre et
même qu'elle prendrait volontiers
en même temps les deux îles qui ont
leur importance pour la Méditerra
née orientale, mais sa volonté ne suf-
fïit pas encore partout.
P.-S. — Voici les nouvelles que
nous recevons à la dernière heure :
Stowe-Dadfort, 6 septembre.
Monsieur le comte de Paris continue à
être de plus en plus faible. 11 a pu cependant
s'entretenir ce matin même aveo Mme la
comtesse de Paris, avec le duc d'Orléans
et avec la princesse Hélène. Le prince a
toute sa connaissance, mais l'issue fatale
n'est retardée que par la robuste constitu
tion de Monsieur le comte de Paris.
: ; ; _ ;
LE CONGRÈS ELCÏIARISTIQIE DE TlItIN
Le membre du congrès eucharistique de
Turin qui veut bien nous renseigner sur les
travaux de oette assembléè nous écrit à la
date du mardi 4 septembre:
« Le congrès est plein d'animation, de vie
et de foi. Je vous envoie la lettre écrite par
le Saint-Père et le télégramme par lequel il
y a été répondu. »
Voici ces documents :
Aux Vénérables Frères> Archevêques et
Evêques présents au Congrès eucha
ristique dans la ville de Turin.
LÉON PP. XIII,
Vénérables Frères, salut et béné
diction apostolique
Sur le point de quitter la terre pour
s'en retourner à son Père, Jesus-
Christ, réparateur du genre humain,
afin de* résumer pour ainsi dire toutes
les merveilles de son amour, institua
l'auguste sacrement de l'Eucharistie,
dans lequel il voulut répandre tous
les trésors de sa charité en notre
faveur, à nous, pauvres mortels. Ma
nifestation admirable de la sagesse et
de la vertu divines, moyennant les
quelles (sauf toujours en nous la né
cessité de la foi) d'une façon toute
nouvelle et pleine" d'ineffables mys
tères, le Fils de Dieu s'humilia inces
samment avec les hommes. De ce qui
est dit, il résulté que, non seulement
avec son esprit et par l'efficacité de sa
puissance, mais avec sa présence
réelle et substantielle, Il est avec nous
jusqu'à la consommation des siècles :
et se donnant lui-même pour nourri
ture aux âmes, nous applique les
fruits très'abondants de sa,Rédemp
tion, avec la douce assurance de la
bienheureuse immortalité. En sorte
que, si pour tous les bienfaits dont
nous sommes redevables à Jésus-
Christ, il est nécessaire que nos cœurs
soient remplis d'une grande estime
et d'une grande reconnaissance, ils
le doivent d'autant plus en vue du
don Eucharistique, qui se définit à
bon droit, le symbole par excellence
de sa charité envers nous.
En réfléchissant à tout cela, une
joie toute extraordinaire a inondé
notre âme, lorsque nous eûmes la nou
velle du très solennel congrès
qui se tiendrait à Turin, afin de
promouvoir la vénération et le culte
envers cet adorable mystère. Ce con
grès ne sera pas indigne de son Objet
divin, nous en avons la .confiance,
puisque cette même ville où. il se
tient semble avoir été choisie par
Notre-Seigneur Lui-même, à cause
d'un éclatant prodige, comme siège
d'un culte spécial envers la sainte Eu
charistie, et que Turin est fier de
s'appeler par autonomase « la ville du
Très Saint-Sacrement ».
En outre, le concours des évêques,
auquel répondra, nous n'en doutons
pas, celui du clergé et de laïques ca-
tholiqufes, nous inspire la confiance
qu'une telle réunion produira des
fruits très consolants pour la reli
gion. Nous espérons surtout que dans
le sacerdoce, à qui Jésus-Christ vou
lut confier l'honneur inestimable de
consacrer et d'administrer l'Eucha
ristie, on constatera un réveil de
sainte ferveur, en sorte que, par la
grande pureté des moeurs et la viva
cité de la foi, il soit apte à accomplir
d'aussi redoutables mystères. Nous
espérons remarquer dans le peu
ple chrétien, la fréquence de la nour-.
riture eucharistique; par ce moyen,
étant incorporés à, Jésus-Christ, les
fidèles apprendront àréfréner toujours
davantage les désirs terrestres et à sou
haiter les richesses immortelles de
l'Eternité.
Et puisque par la matière du pain
et du vin que Notre-Seigneur choi
sit pour l'institution de l'Eucharistie,
elle est l'emblème de l'union et de
l'humilité, il ,est doux à notre cœur
d'espérèr et d attendre comme résultat
du congrès, l'union parmi lés catholi-
ques,afin que resserrés par le lien de là
charité ils ne soient qu'un - seul cœur
et une seule âme pour promouvoir
les intérêts de Jésus Christ et de son
Eglise, coopérant autant que possible
à cette unité de tous les peuples dans
un même bercail et sous un même
Pasteur, à laquelle Nous exhortions
dernièrement les princes et les peu
ples de tout l'univers.
Voilà les souhaits, Vénérables
Frères, que Nous faisons pour votre
Congrès, et Nous adressant à la cha
rité infinie de Jésus. Christ, Nous la
supplions de répandre sur vous la plé
nitude des grâces et faveurs les plus
choisies, et comme gage de ces grâ
ces et témoignage de Notre pater
nelle affection envers tout le Congrès
et pour .chacun de ses membres', Nous
vous donnons de grand cœur la bé
nédiction apostolique.
Donné à Rome, près de Saint-
Pierre, le vingt huitième jour d'août
1894, de Notre Pon tificat la 17° année.
LÉON PP. XIII..
Télégramme envoyé à Sa Sainteté
Saint-Père, '
Cardinaux présents, Congrès Eucharis
tique, archevêques, évêques, clerjfé, laï-'
ques catholiques, très heureux et recon
naissants à Votre Sainteté de la très haute
parole d'encouragement à nous adressée ;
vous remercions avec intime amour filial ;
offrons humbles hommages et illimitée
obéissance; implorons apostolique béné
diction.
Cardinaux : Sv ampa et Ferrari.
(Voir aux Dernières nouvelles).
■ . • ♦ —' :
Dans son zèle pour un écrit où l'on
pc
veut abnisser l'épiscopat, la. Libre
Parole publie à mon adresse une lettre
de M. Daniel Auschitzky « en littéra
ture Guy de Pierrefeu », et dé
clare qu'elle publiera également ma
« riposte » à ce document , « si riposte
il y a ».
Il n'y aura pas « riposte ». J'achè
verai quand.il me plaira d'exécuter le
pamphlet plus bêta encore que mé
chant, de l'ancien secrétaire du juif
Naquet, devenu l'allié de M. Drumont;
mais accepter une polémique directe
avec lui, non.
E. V.
LE CONGRÈ S DE NOUVEAUX
Plusieurs de nos lecteurs du Nord
et du Pas-de-Calais nous ont écrit au
sujet des travaux de ce congrès ou
plutôt des divisions des catholiques du
Nord quant à la question sociale. Tous
nous poussent à intervenir à fond
dans ce débat. Nous y songeons et
nous l'avons prouvé par l'accueil que
nous avons fait à la proposition du
directeur de-la Semaine Religieuse de
Cambrai, parlant un peu au nom de
la majorité des congressistes de Mou-
veaux. Cette proposition aura-t-elle
des suites ? Nous ne pouvons l'affir
mer. Si elle n'en a pas, nous devrons
tout de même - traiter la question, et
nous le ferons. En attendant, nous
donnons la lettre suivante, qui amende
la proposition,de M. Delassus :
Roubaix, 2 septembre.
- Monsieur,
Je -vois avec plaisir votre journal interve
nir dans le dôbat qui divise en ce moment
les catholiques du Nord.
La publication des documents ne servira
à quelque chose que si elle est sincère,
complète et dégagée des personnalités.
Je voudrais que vous aidiez à nous ren
dre la paix. Cette paix se fera dans le res
peet mutuel et non dans l'écrasement de
l'un sous la victoire de l'autre.
Le traité de paix aura nécessairement
pour base les deux articles suivants qui
touchent les dessus et les dessous de l'af
faire::
1° Les deux partis consentiront à appli
quer le vieil adage : in dubiis libertas , dans
tout ce qui n'est pas défini il est permis aux
autres de ne pas penser comme moi. Je
puis essayer de les amener à ma manière
de voir, mais je respecte d'avance leur
manière de voir.
> 2° Ensuite, les deux, partis acceptent le
fait des deux syndicats (mixtes et ouvriers)
en présence, reconnaissent leur légitimité,
l'identité de leur but, les bonnes intentions
de leurs membres, agréent leur marche pa
rallèle, leur donneront la même- faveur, le
feront savoir au publio.
. Si je ne me trompe, monsieur, la paix est
là, là seulement.
Veuillez agréer, monsieur, l'hommage de
mon profond respect.
Evidemment, le désir de la paix a
dicté cette lettre ; mais qu'on soit sûr
de l'obtenir en acceptant les bases
qu'indique notre correspondant et
surtout qu'il soit facile de faire accep
ter celles-ci, nous n'oserions en ré
pondre. Il faut toujours essayer.
L'APPLICATION DE L'ENCYCLIQUE
Rerum Novarum
La lettre suivante, signée des repré
sentants de plusieurs groupes d'in
dustriels du Nord, a été adressée au
Nouveau Moniteur de Rome :
Roubaix, août 1894.
Monsieur le Directeur du Nouveau Moniteur
de Rome :
Attaqués sous Je couvert do l'anonymat
dans votre journal, et suffisamment dési
gnés pour avoir le'droit de répondre là où
l'accusation s'est produite, nous vous prions
de ben vouloir insérer ces quelques mots
d'explicalion t qui sont de nature à jeter
quelque clarté sur ce débat.
Patrons, nous ne sommes pas des théo
logiens et n'avons jamais eu la prétention
de nous ériger en pontifes ni en chefs
d'école. Habitués à nous réunir, afin de
travailler en commun à la solution de la
question ouvrière, en nous inspirant des
préoeptes de l'Evangile et des enseigne
ments. de l'Eglise, nous avons eu recours,
pour la partie scientifique, à des juriscon
sultes ét à des économistes : pour la -partie
doctrinale, à des théologiens. Leurs noms
vous sont connus, ils s'appellent : Gustave
Théry, Charles Périn, Claudio Jannet, Bé-
chaux, le chanoine Fichaux, le P. Doyotte,?
le P. Gaudron, le P. Castelein, le P. Fristot,,
Mgr Baunard, Mgr Freppel, de regrettée
mémoire.
La question du salaire a' été traitée et a
fait l'objet d'une longue polémique dans
les journaux catholiques ; la réponse qui a
été donnée par le Saint-Office sur certains
Ïoints particulièrement délicats y a mis fin.
[ous n'avons pas l'intention de rouvrir ce
débat, qui n'est pas de notre compétence.
Nous, patrons, du Nord, quand la ques
tion du salaire se pose devant nous, nous
ne la considérons pas en théorie, mais en
pratique.
Nous n'allons pas rechercher ce qui est
le salaire aux pays du P. Lehmkuhl et du
P.-Liberatore, mais ce qu'il est chez nous,
et voici ce que nous constatons.
Si nbus prenons.pour point de comparai
son l'usine du Val-des -Bois; nous trouvons
que, pour la même industrielles salaires
sont plus élevés de 10 à 15 0/0 dans la ré-
igion de Fourmies, et de 20 à 30.0/0 à Rou-
baix-Tourcoing.
M. Harmel étant considéré à juste titre
comme un patron modèle, qui remplit à
l'égard de ses ouvriers tous ses devoirs de
justice, d'équité et de charité, on ne peut
guère accuser nos patrons de lui être infé
rieurs et de ne pas se soumettre aux ensei
gnements de l'Encyclique sur ce point ca
pital.
Mais ce n'est pas tout : au Val-des-Bois,
la filature de laines peignées travaille la
nuit. Il faut, sans doute, des raisons d'une
gravité exceptionnelle pour décider M.
Harmel à être ainsi la cause involontaire
de la séparation des ménages, de la déca
dence de la race et des mœurs, tandis que
nos filateurs de laines peignées résistent à
cette odieuse pratique. Sur ce point encore
on ne peut guère leur reprocher de mal in
terpréter la pensée de Léon XIII.
Cependant, pour la vente de leurs pro
duits, nos industries n'ont pas de concur
rents plus directes que le Val, et si vous
supputez l'avantage énorme qui résulte
pour cette maison et de la différence des
salaires et du travail de nuit, vous aurez la
inesure des sacrifices que s'imposent nos
patrons pour mettre leurs actes d'accord
avec leurs doctrines. Aussi se croient-ils
le droit de revendiquer hautement l'hon
neur d'avoir été les précurseurs de l'Ency
clique et d'en être à l'heure présente les
Jidèles observateurs. —
Us ne reconnaissent pas à l'école de l'abbé
Pottier, qui a sans doute puisé dans l'heu
reuse direction du collège de Huy les lu
mières de l'expérience qui lui ont fait dé
couvrir la formule de la paix sociale, le
droit à l'interpréiation infaillible et auto
risée de l'admirable Encyclique Rerum No
varum, qui restera toujours notre charte
inviolable et sacrée.
Veuillez agréer, monsieur le directeur^
l'expression de nos sentiments distingués.
Louis Gohdonnier,
Président du syndicat mixte de
l'industrie roubaisienne
Tiberghien-Motte,
Président du syndicat mixte
de Tourcoing.
P. Legros,
à Wignehies, près Fourmies.
Le Nouveau Moniteur de Rome
joint à l'insertion de cette lettre les
observations suivantes :
Nous remercions vivement ces patrons
de cette déclaration. Nous aurions aimé que
les signataires précisent quelques points,
qui ont été discutés dans nos précédentes
déclarations. Mais ne soyons point exi
geant quand il s'agit, d'affaires aussi déli
cates.,..
Nous prenons acte avec plaisir des dé
clarations d'attachement des patrons à l'En
cyclique Rerum Novarum.On pourrait peut-
§tre observer que oertains inspirateurs
cités dans cette lettre sont précisément ceux
qui ou atténuent ou n'observent pas l'Ency
clique RerumNovarum.
Il va sans dire que nos collaborateurs
ont- pleine liberté de répondre à cette dé
claration.
Le débat est trop grave pour ne pas être
traité à fond. Malgré les violences dont
nous avons été honorés, nous sommes heu-
réux d'avoir été l'occasion de ces éclaircis
sements. La cause du Pape et des questions
sociales y gagnera.
, Pour terminer, faisons observer que la
décision sur le salaire que les signataires
attribuent au Saint-Office, était le fait d'un
théologien sans aucune approbation offi
cielle.
Nous demanderons aux honorables
signataires de la lettre la permission
de formuler une remarque. Les éco
nomistes, les jurisconsultes et les
théologiens dont ils invoquent l'au
torité ne représentent pas un ensei
gnement homogène. Ainsi Mgr Frep
pel n'a pas toujours eu absolument le
même langage sur la question sociale ;
entre MM. Perrin et Claudio Jannet,
de sérieuses divergences existent sur
des points importants. Nous avons eu
l'occasion de montrer, il y a deux
mois, en parlant du remarquable livre
de M. Béchaux, que l'éminent profes
seur, si peu enclin à l'intervention de
l'Etat, admet et même réclame"cette
intervention dans plus d'un cas où
tel religieux et tel écrivain ne croit
pas pouvoir en supporter l'idée.
: e. t.
P. S. — Le Nouveau Moniteur de
Rome du 5 de ce mois contient sur ce
débat un nouvel article où il est dit
que la lettre des trois patrons du Nord
rapporte incomplètement et inter
prète mal ce qui touche à l'usine du
Val-des-Bois. -
LA SAXTÉ DE M. LE COMTE DE PARIS
Le Soleil publie les dépêches sui
vantes :
Buckingham, 5 septembre, 6 h. soir.
L'état continue à s'aggraver. La nuit
dernière n'a pas été bonne. La faiblesse est
extrême.
Monseigneur lé Comte de Paris, malgré
son épuisement physique, conserve, toute sa
lucidité d'esprit et dit quelques mots à cha
cune des personnes qui l'approchent, mais
il n'a plus avec les membres de sa familie
de longues conversations, tandis, qu'hier
encore, il s'est entretenu près d'une demi-
heure aveo le duo d'Orléans. En terminant,
le Prince a béni son fils et lui a dit :
« Adieu ! Va et marche toujours droit. »
Buckingham, 5 septembre, 7 h. 15 soir.
Depuis hier soir, un changement consi
dérable s'est produit dans l'état de Monsei
gneur le comté de Paris. Tous les signes
d'une fin prochaine se sont manifestés.
L'état de somnolence n'a pas cessé depuis
la nuit dernière ; cependant il a pu recon
naître les personnes qui l'ont approché.
Mme la comtesse de Paris, ses enfants
et Mgr le duo de Chartres sont plusieurs
fois entrés dans sa chambre; mais c'est à
Eeine s'il a pu leur adresser quelques mots,
a faiblesse est arrivée à £on dernier de
gré. Le danger est considéré tel qu'aucun
membre de la famille du prince ne sort du
château, par orainte que l'événement fatal
ne survienne soudainement.
Je vous disais, dans une de mes derniè
res correspondances, que la maladie de
Monseigneur le comte de Paris remonte à
cinq ans Je puis ajouter à ce sujetquelques
détails. A cette époque, le docteur Henry
Gueneau de Mussy vivait encore. C'est lui
qui a eu la douleur de diagnostiquer le mal
et d'en reconnaître la gravité. Son âge ne
permettant pas de passer constamment la
mer, il demanda au prince de lui adjoindre
le docteur Récamier, dont il faisait le plus
grand cas, il n'en continua pas moins à
surveiller le traitement, et trois mois avant
sa mort, en juin 1892, il assistait à l'opéra
tion qui fut pratiquée par le docteur Réca
mier.
Les nouvelles alarmantes télégraphiées à
Paris ont amené un nombre encore plus
considérable de télégrammes que les jours
précédents ; tous témoignent d'une grande
anxiété et manifestent les regrets les plus
vifs.
D'autre part, voici les dépêches de
l'Agence Havas pour l'après-midi
d'hier et la matinée d'aujourd'hui :
Buckingham, 5 septembre, 2 h. 30 soir.
La faiblesse du comte de Paris aug
mente.
Buckingham, 5 septembre, 2 h. 37 soir.
La situation est très jjrave^
Le comté "dé Paris" ne "veut rien prendre.
Il s'éteint doucement, lentement.
Dadford, 5 septembre, 4 h. 44 soir.
Aucune amélioration ne s'est produite
dans l'état du comte de Paris.
Le duc d'Aoste est arrivé aujourd'hui à
Stowe-House. '
Buckingham, 5 septembre, 6 h. 50 soir.
L'état de faiblesse du comte de Paris
arrive au point extrême. Le comte est tou
jours somnolent et ne parle presque pas. Il
conserve cependant sa connaissance.
Le duc d'Aoste est venu faire une visite à"
la reine de Portugal. lia été reçu par le duc
d'Orléans.
Buckingham, 6 septembre, 9 h. m.
On ne constate aucun changement ce
matin dans l'état du comte de Paris.
Londres, 6 septembre.
Plusieurs journaux publient la lettre sui
vante du docteur Palmer, un des médeoins
du comte de Paris :
« La lettre que mon ami et collègue, le
docteur Death, de Buckingham, publie par
la voie des journaux, exprime si bien mes
vues que je ne devrais pas vous importu
ner. Cépèndantj comme premier docteur
de l'entourage médical de Son Altesse
Royale, le comte de Paris, qui pendant plus
de six années m'a honoré de sa coptianpe,
je voudrais ajouter que rien n'est plus dé
sagréable ail prince et à Madame la com
tesse - de Paris ainsi qu'aux membres de
leur famille, que la - publication de détails
sur cette malheureuse maladie.
• Une harmonie et une unanimité d'opi
nion parfaites existent parmi le personnel
médical du prince, les docteurs Récamier,
Death et moi-même.
« On ne désire nullement dissimuler la
gravité de la situation du prince.
« C'est donc avec une entière confiance
que je fais appel à la traditionnelle cour
toisie de la presse, tant en France qu'en
Angleterre, et que je la supplie de respec
ter le secret de la chambre de douleur et
d'épargner les dernières heures de l'héroï
que et noble malade, en s'abstenant de pu
blier des détails au sujet du deuil qui plane
sur le chef de la maison royale de France
et qui menace cette famille bonne, unie et
autrefois: si heureuse. »
Il paraît que les « vieux catholiques »
français sont revenus assez mécontents du
congrès de Rotterdam, où l'on s'occupait
de régler les destinées de notre religion.
Us ont profité de l'occasion pour demander
à l'évêque schismatique d'Utrecht que la
direction de l'église de la rue d'Arras fut
restituée à M. Loyson. On se souvient, que
l'année dernière, l'ancien P. Hyacinthe a
plaoé son « œuvre » sous l'autorité des
vieux catholiques de Hollande, autrement
dit les derniers jansénistes. Celte transmis
sion était devenue nécessaire parce que le
malheureux apostat se. trouvait à bout de
ressources et de courage. A-til recouvré
ces deux éléments importants? Il constate
que son < œuvre » n'a fait que décliner en
core et qu'elle est maintenant « une petite
chapelle janséniste sans aucun avenir. »
Le nombre des fidèles serait tombé do
1,200 à 36. Ce sont les 1,164 autres qui ré
clament la réinstallation de l'ex-Pêre Hya
cinthe. Celui-ci ne sait encore ce qu'il fera,
ne pouvant reprendre sans appui une charge
qu'il a dû déposer. Il se plaint des oatholi-
ques qui ne veulent pas admettre commp
légitimes soninsurrection et ses scandales.
Va t-il se remettre de nouveau à quêter?
oe qu'il ne peut faire qu'en blasphémant.
Qu'il se recueille, le malheureux, et qu'il
songe que le temps de se repentir lui a été
largement accordé.
———— ♦ — ■ ' ■
On lit dans Y Echo de la Somme :
Dix-sept séminaristes de notre diocèse
et du diocèse de Boissons viennent de com
mencer leurs vingt-huit jours à Amiens.
Plusieurs sont déjà dans les ordres sacrés.
Il n'est pas besoin de longs commentai
res pour faire ressortir tout ce qu'a d'o
dieux une loi qui, en violation du Conoor-
dat, jette ainsi dans la vie de caserne olercs
et curés, au mépris du principe de l'immu
nité ecclésiastique que le gouvernement,de
par l'article 1" du Concordat, est obligé de
respecter.
» - ■- ii
TROISIÈME CONGRÈS
SCIENTIFIQUE INTERNATIONAL
des catholiques .
Bruxelles, 4 septembre.
L'insuffisance, ou pour mieux dire, le
manque d'installation réservées à la presse
a mis hier les journalistes, même les repor
ters de profession, dans l'embarras. N'eût
été l'extrême. obligeance du secrétariat gé
néral', et notamment du savant et modeste
■jésuite, leR. P. Jos. Vand'en Gheyn,qui ont
promis de remédier à l'inconvénient, nos
comptes renduê^HSSSnt été plus défectueux
encore. L'éloigpement rendait plus sensible
qu'en aucun autre cas le défaut ordinaire
de pareilles'assemblées : le bruit des assis
tants, le débit trop rapide ou la voix sourde
des orateurs.
Sans cela, le rapport si remarquable du
R. P. Vanden Gheyn méritait une relation
plus étendue. Le Courrier en donne le texte
authentique; on le consultera avec fruit.
J'ai d'ailleurs, personnellement, eu le désa
grément de m'être installé à un banc, bien
tranquille d'abord, mais qui a été envahi
ensuite par quelques congressistes pou?
rire, bruyants, faisant moins de bien que dé
tapage, très rares, heureusement, qui sem
blent s'approprier la devise tarasconnaise :
Fèn.dé brutl Je les connais et tâcherai de
me tenir à distance, bien que j'aie subi leur
voisinage à contre-cœur. Il se glisse, du
reste, partout des importuns, car pour des
savants, ils n'en sont pas I
Suis-je long, pour dire que je voudrais
réparer quelques omissions forcées 1
J'abuserais de la patience du lecteur si je
lui décrivais la salle, très à propos pavoisée
aux couleurs des nationalités participâmes,
Belgique, France, Hollande, Allemagne»
Etats Unis, couleurs pontificales, avec une,
estrade au fond, où forment pendant les
bustes de Léon XIII et de Léopold II.
Le nombre des travaux envoyés est de
150. Parmi les plus méritants organisâtes s
du congrès, il faut encore citer M. le pro
fesseur Lefebvre, les RR. PP. Castelein et
Vanden Gheyn, S. J. ; M. Godefroid Kurtb,
Mgr Lamy. M. Mansion. Le nécrologe, de
puis le congrès de Paris, en 1891, men
tionne Mgr Faict, évêque de Bruges ; le
professeur van Beneden, M. Gilbert, enfin
l'illustte Mgr Freppel !
Le secrétaire-général a fait connaître à
l'assemblée que, non content d'offrir au
congrès l'usage de ses locaux, pour les réu
nions des sections, l'Institut Saint-Louis
procurera en outre aux membres l'hospita
lité de sa maison, Vprès les divers travaux
de la journée. On y organise, à l'usage des
congressistes, des délassements semblables
aux commers des congrès catholiques alle
mands.
Première journée
La journée s'ouvre par la mess© du
Saint-Esprit, dite parle cardinal, primat dô
Belgique, dans la chapelle, de l'Institut, &
huit heures et demie. L'assistance est nom
breuse : l'habit ecclésiastique et religieux y
domine.
Pendant l'office l'orgue se fait entendre
et l'on exécute quelques chants liturgiques.
L'oratoire est de style gothique, poly-
chromé, garni de boiseries, simple, clair,
bien propre à porter au recueillement.
L'éminent prélat officiant, dont la santé s-
toujours été assez précaire, semble avoir
souffert des dernières atteintes de la mala
die. Veuille le ciel lui rendre sa vigueur et
le conserver longtemps encore à son vaste
archidiocèse et à la Belgique entière I .
Sections
seances nu matin
Dans la section des sciences historiques,
il est donné lecture des mémoires de
M. Parisot : Une inscription arménienne, et
du R. P. Delahaye, bollandiste : Les sty-{
lites.
Travaux fort intéressants, le second sur
tout,'qui traite du caractère particulier de
ces anachorètes dont les austérités ont
doiné lieu à controverse. L'historique de
cette question est très développé : cons
truction, hauteur des colonnes, rapports
des stylites aveo les fidèles. Quel est le
mérite de oes ascètes ? Us n'ont rien de
commun aveo les fakirs, dont les austérités
sont dégagées de tout esprit de charité,
contrairement à celles des stylites. L'aspect
de rigueur excessive qu'offre leur genre de
pénitences donne lieu à une discussion en
tre M. Kurth, l'auteur du mémoire, M.
l'abbé Duohesne et le président. On y relate
la thèse : que le but des stylites aurait été
d'offrir aux caravanes, le long de leur route,
les secours religieux. Mais, d'autre part,
objecte-t-on, tous n'étaient pas prêtres, et
il s'en trouve à proximité des villes. On ne.
peut toutefois nier qu'ils n'aient exercé un
réel apostolat, outre la prédication, par
l'exemple des mortifications corporelles.
Le mémoire de M. Parisot est relatif à
une inscription arménienne, retrouvée au
musée Borély, à Marseille : les antiquités
chrétiennes de cette .nationalité sont réunies
au couvent des Méchitaristes arméniens de
Venise.
Le mémoire de M. l'abbé Dubarat sur le
fanatisme et l'intolérance de Jeanne d'Al-
bret, reine de Navarre, établit les cruautés
et les perfidies de cette héroïne (?) protes
tante.
N'ayant pu me dédoubler au point de
suivre à la fois, dans six ou sept sections ou
subdivisions les travaux du congrès, force
m'est d'ajourner au prochain envoi quelques
détails, pris parmi les discussions les plus
intéressantes.
La presse impie s'est occupée du congrès :
elle en épie tous les mouvements, croyant,
dans sa mauvaise foi ordinaire, y trouver
quelque chose à redire : mais je m'aper
çois bien que la mine des scribes libres-
penseurs s'allonge à mesure que le succès
de nos coreligionnaires s'affirme.
assemblee générale au. palais des
' académies -
il heures 1/2.
Après quelques communications faites
par M. le docteur Lefebvre, qui annonce
l'absenoe de Mgr d'Hulst et de M. de Bur-
let, chef du cabinet, qui s'est fait excuser
—il devait présider la séance, — S. Em. le
cardinal Goossens prend la parole.
« C'est avec joie, dit-il, que je salue oette
belle assemblée; Le prince des théologiens
a dit que la plus noble occupation .de
l'homme est la recherche de la vérité. L'au
teur des choses a déposé dans le cœur hu
main un besoin insatiable de connaître et
d'agir.
L'adversaire sourira sans doute à l'an
nonce d'un congrès scientifique des catho
liques : ce préjugé est trop répandu dans
l'esprit des incréduies, à savoir que la foi
est l'ennemie de la science. Mais ils se
trompent, nous avons, une lumière de plus
et bien plus sûre qu'eux.,
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