Titre : L'Univers
Éditeur : L'Univers (Paris)
Date d'édition : 1894-01-14
Contributeur : Veuillot, Louis (1813-1883). Rédacteur
Contributeur : Veuillot, Pierre (1859-1907). Rédacteur
Contributeur : Veuillot, François (1870-1952). Rédacteur
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34520232c
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 70622 Nombre total de vues : 70622
Description : 14 janvier 1894 14 janvier 1894
Description : 1894/01/14 (Numéro 9374). 1894/01/14 (Numéro 9374).
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse Collection numérique : Bibliographie de la presse
Description : Collection numérique : BIPFPIG44 Collection numérique : BIPFPIG44
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k708299r
Source : Bibliothèque nationale de France
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 06/02/2011
Dimanche 14 Janvier 1894
an
N* 9374 — Edition quotidienne
Dimanche 14 Janvier 1894
ÉDITIO N QUOTID IENNE
PARIS ÉTRANGER
ET DÉPARTEMBMXS . (UNION POSTAIS)
Dn an 40 » 61 »
Six mois . .. ; 21 » 26 50
Trois mois. . . . 11 » 14 »
rjL.68 abonnements parten t des 1 " et 46 de cliaque mois
UN NUMERO ( £® ris ;•••••■•* 1° c«nt.
■ ^ 1 D éparte ments. . . 1B —
BUREAUX! Paris, 10, rue des Saints-PèreS
. On s'aboQB» ii Rome, place du Gesù, 8
ÉDITION SEMI-QUOTIDIENNE
Un an
Six mois. *
Trois mois.
■ PARIS
EX DÉPARTEMENTS
. . 20 » •
. ; 10 »
. . 5 »
ÉTRANGER .
(union postale)
26 »
13 » ,
6 60
Les abonnements partent des 1» et 10 de chaque mois
L'IMEHS m répond fis às manuscrits qui lui joat adressés ' ■■.: ')
< ANNONCES
MM. LAGRANGE, CERF et C'°, 6, place de la Bourse
BULLETIN _DU JOUR
. PAaïi*, 13 JANVIER 1894
C'est encore de la grâce de Vaillant
que s'occupe la presse ; presque tous
lës journaux consacrent à cette ques
tion de3 articles plus ou moins heu
reux.
' Nous devons constater • que l'opposi
tion à la grâce est moins accentuée que
le premier jour. Certains journaux,
d'abord très nets contre Vaillant, se
demandent maintenant si l'arrêt du
jury, même platonique, ne suffit pas.
' D autre part, une adresse à M. Car
net demandant la grâce se signe à la
Chambre; elle réunirait les signatures
de députés d'opinions fort opposées.
Les promoteurs de ce mouvement ont'
décidé que les noms ne seraient pas
livrés àla presse. Est-ce par crainte de
se trouver en trop petit nombre ? Est-
ce pour multiplier les adhérents ?
Que fera M. Carnot ?
Hier, le Sénat a élu son bureau.
Çjomme on le prévoyait, M. Challe-,
mel-Lacour a été maintenu au fauteuil
delà présidence; il n'avait pas de
concurrent.
Aujourd'hui, à la Chambre des dé
putés, après le deuxième tour de scru
tin pour les quatre secrétaires qui res
tent à élire, on s'occupera de la fixation,
de l'prdfe du jour. Cala n'indique pas,
8$uf incident imprévu, une séance
mouvementée.
. On annonce que le groupe radicale,
socialiste de la Chambre des députés,
après ayoir entendu la lecture d'un
projet que lui a soumis M. René. Go-
blet,, sur la révision de la Constitu
tion, a donné son adhésion audit pro
jet; mais il ne serait déposé que dans
quelques jours sur le bureau de la
Chambre.
jgîBMffia
.Pas 'de dépêches d'Italie aujour
d'hui en dehors d'une très courte "de
Palerme, qui est absolument opti
miste. Est-ce que les mesures prises
par M. Crisçi auraient subitement
calmé les Siciliens ? L'avenir nous le
.dira bientôt.
L'incident du cours de M. Elisée
Réélus prend, à Bruxelles, des pro
portions inattendues ; les étudiants
sont en mouvement. On trouvera plus
loin les dépêches de Bruxelles à ce su
jet. En les lisant, on voit immédiate
ment que la science n'a. rien à voir
dans cette émotion qui est purement
politique. S'il y avait des doutes à cet
égard, le nom du radical Janson, qui
est à la tête du mouvement, les dis
siperait. .
LA LIMITATION DES IIEIIIES DE TRAVAIL
' i * r.' ,si-* x . / i t •
; Le succès obtenu par M. John
Burns, membre du Parlement anglais,
soulève quelque joie dans la presse et
le parti socialistes ; il laisse une amer
tume au fond du cœur de M. Yves
Guyot. En octobre 1892, M. John
Burns demandait au ministre de la
guerre de réduire le travail,dans la car-'
toucherie de Woolwich, à huit heures
par jour ou quarante-huit heures par
semaine. Le ministre a tenté l'expé
rience et, tout récemment, il s'est ué-
clarà fort satisfait du résultat : en un
temps de présence plus court, les ou
vriers donnent un travail équivalent.
Aussi la même règle sera-t-elle bientôt
appliquée,( Sans diminution de salaire;
aux 20,000 ouvriers des arsenaux mi
litaires de l'Etat; Les socialistes sont
ravis ; ils triomphent : On n'osera plus
contester, leur semble-t-il, ni en droit
1& justice absolue, ni en fait l'évidente
possibilité dè la journée de huit heu
res! Que sans tarder on l'applique
universellement, chez les nations les
plus lointaines, sous les climats les.
plus divers, dans les industries les
plus différentes! Les socialistes,
crovons-nous, se grisent, un peu trop
:de leur victoire et de leurs illusions.
Sans doute,- la réduction des heures
de travail est une réforme désira
ble, et en bien des cas nécessaire, ur
gente ; assurément/ le maximum
de huit heures est juste, quand on
l'applique à certaines besognes; il
.est vrai que l'Etat, en ces matières,
{>eut intervenir. Mais où les socia-
istes tombent dans l'exagération ,
dans le faux, c'est quand ils établis
sent comme un principe indiscutable
et général, quand ils proclament
comme un cri de guerre : la journée
(de huit heures ! La durée du travail ne
s'enferme pa3 dans de3 limites uni
formes et immuables : certaines in
dustries peuvent, sans injustice ,
exiger de leurs ouvriers une pré
sence plus longue à l'usine; aàns
quelques autres, les saisons, plus
fortes que les règlements, fèront va
rier le temps que l'on consacre à
la tâche quotidienne. C'est pourquoi,
en pratique, l'Etat ne saurait établir,
{)àr une loi générale, un maximun de
ravail: sa puissance doit se borner
ici & sanctionner les règlements spé-
ciauxet toujours pourvus d'une certaine
élasticité que les corps de métiers, dè
quelque nom qu'on les appelle, et sous
quelque forme qu'on les voie revivre,
composeraient pour eux. Et, disons-le
.en passant, c'est là un des motifs
î qui si ardemment nous font désirer
l'avènement d'une sérieuse organisa
tion industrielle. — L'Etat peut en
core, ainsi que le ministre anglais de
:1a guerre vient d'en prendre l'initia-,
tive, fixer, : dans les établissements
dont il garde la direction, une durée-
i maxima de travail. On voit que les go-
j cialistes n'ont pas lieu de triompher,
avec tant d'éclat, de l'expérience
réussie à là cartoucherie de Wool
wich et qu'ils ont tort d'y voir un
argument en faveur de la limitation
universelle du travail à huit heures
par jour.
M. Yves Guyot estime également
que le parti socialiste exagère beau
coup la portée de l'expérience, et
même, â ses yeux, l'erreur est si
profonde qu'il en est fort amusé : sa
joie pourtant conserve un arrière-
Igoût, très prononcé, d'amertume. Le
directeur du Siècle, après avoir pour-
! fendu ses adversaires de railleries qu'il
croit spirituelles et d'arguments qu'il
juge irrésistibles, veut profiter de sa
victoire et de la circonstance pour
examiner, d'une vue d'ensemble, la
; grave question de la limitation légale
des heures de travail. L'Etat, se de
mande M. Guyot, a-t-il le droit d'in
tervenir en ces matières? Il ne l'a
i point : « Au point de vue du droit,
5 vous Etat, vous ministre, vous n'avez-
: pas le droit d'intervenir dans le con-
i trat privé entre le fournisseur et l'ac
quéreur de travail. » Sans discuter.
Ile ton raide, absolu dont M. Yves
- Guyot tranche le débat, comme si,
au lieu d'une affirmation à prouver, il
s'agissait ici d'un principe incontesté
i dont la démonstration est inutile, bor-
;nons-nous aux quatre mots qui termi-
: nent la phrase ; nous y touchons le
:fond même de la théorie libérale, qui
jest moins un système économique
| que l'égoïsme réduit en formules. Il
: n'est pas question, pour M. Guyot, de
! l'ouvrier et du patron : l'économie
[classique ignore ces personnages de
! fantaisie ; il n'existe pour elle qu'un
fournisseur de,(ravail, un acquéreur de
\ travail. Quand l'épicier me fournit du
î sel ou du vinaigre, quand le libraire
.me fournit un volume, quand le cor
donnier me fournit dQS chaussures et
quand pour un prix, entre nous dé
battu; je deviens acquéreur de ces
marchandises, l'Etat-serait bien im
pertinent de venir me contraindre à.
payer au delà de ce qu'on me de
mande.Eh bien, les économistes libé
raux et M. Yves Guyot, leur dernière
recrue, ne voient point de quel droit
l'Etat interviendrait dans le contrat
par lequel un chef d'industrie se rend
acquéreur de la marchandise-travail
que lui fournit un ouvrier. Or, ce
motif que . M. Yves Guyot ne veut
point reconnaître et qui autorise
l'Etat à prendre part en certains cas
à la réglementation de la durée du
travail c'est que le travail n'est point
une marchandise. L'ouvrier ne vend
pas son travail, comme un objet
indépendant de sa personne, comme
l'habit que livre le tailleur après
l'avoir fabriqué : le travail ne se
sépare pas ainsi de celui qui le
donne, il fait partie de l'individu
lui-même ; ce sont ses muscles, ses
nerfs, sa chair et son sang, sa vi
gueur et son endurance, ses qualités
physiques, et ses vertus morales, c'est
sa vie en un mot : l'ouvrier se fournit
lui-même au patron qui l'emploie,
et l'on voudrait ravaler la dignité
humaine au point d'établir l'éga
lité parfaite entre cette cliose si
noble, si haute et une marchandise
quelconque ! Mais les honteuses théo
ries dont jadis on appuyait l'esclavage
n'avaient rien de plus odieux: ae
l'homme, en cette époque, on faisait
une marchandise; les économistes
.aujourd'hui transforment en mar
chandises les muscles et l'énergie de
! l'homme. La différence est-elle bien
{sensible?
i Or, si l'on admet ces vérités f on da-
i mentales que le travail n'est pas une
] marchandise et ne doit pas être traitée
comme telle, la théorie de M. Yves
Guyot croule immédiatement. On voit;.
en effet, que, selon la justice, l'homme,
qui donne son travail en échange du-
salaire nécessaire à la vie, doit pouvoir
honnêtement et dans les conditions
] ordinaires de l'existence, vivre de ce
salaire : on voit aussi que, selon la
justice, l'ouvrier qui, pour se nourrir
jet pour élever sa famille, livre toute
; sa vigueur ne doit pas être soumis à
j un travail dont la durée excessive
1 détruirait cette vigueur avant l'âge ! <
; Gela semble évident ; mais M. Guyet
pour mieux voir s'entête à tourner le
j dos à la lumière. Laissons-le, s'il y
I tient, dans cette position et regardons
] d'un autre côté !
François Veuillot.
UN « RALLIÉ. »
Un de nos lecteurs de 13, Vienne
nous écrit :
Je orois que lemot d'enfant contenu dans
'la note oi-jointe ne défigurera pas votre
enquête. Il est absolument authentique et
je pourrais donner le nom du jeune blon-
din qui a si bien tranohé la question;
Voici la note :
C'était au oh&teaude X..., en Poitou. On
était à table et la. conversation allait son
train. De quoi parlait-on ? Oh ! mon Dieu,
un peu de tout, mais particulièrement de
la politique pontiSoale. .
Réfraçtaires et ralliés, tous très bons
catholiques du reste; s'éohauffaient gra
duellement et vous mesuraient l'étendue,
des pouvoirs du Pape avec oette. désinvolr
tureque nous apportons, en Franoe dans les.
plus graves sujets, môme et peut-être sur*,
tout dans oeux que nous : connaissons le
moins. ■. ■ . . .
! Tout à coup dans un moment de silenoe
jdont nos discuteurs profitaient pour . reprendre haleine, une voix d'enfant s'élève
. et dit : « Le Pape est le représentant de
: « Dieu sur la terre. » C'était le petit Henri
ide G... joli blondin de 7 à 8 ans, qui avait
'appris le matin dans son oatéchisme le
9' article du symbole des apôtres et qui, en ;
tendant parler du Pape, voulait montrer
qû"îl Kv&it bien retenu sa leçon.
Les' causeurs se regardèrent stupéfaits,
la discussion fut close du coup. Le père
embrassa son petit Henri et notre jeune
docteur alla reprendre en hâte la partie de
oerceau interrompue peur l'heure du dîner.
Je voudrais bien savoir ce que les grands
théologiens de la Gazettes t de Y Autorité
auraient répondu à l'enfant. J'aime à croire
que, comme nou3, ils se seraient inolinés et
auraient médité sur cette parole du psau
me : Ex ore infantium et laclentium per-
fecisti laudem.
SUR LOUIS VEUILLOT
La mémoire et l'œuvre de Louis
Veuillot subissent, à propos du mou
vement catholique actuel, deux assauts
en sens contraire, portant également à
faux et qui seront également impuis
sants.
Des adversaires — je pourrais dire
des ennemis — de fond, de race, af
firment avec grande assurance que
mon frère a beaucoup varié sur les
homme3 et les choses de la politique,
et qu'à parler franfc les « principes »
lui. manquaient; Ils prétendent le
prouver par des extraits quelconques
dé ses écrits.
D'autres qui déclarent l'admirer et
dont quelques-uns l'admirent réelle
ment, mais sans le comprendre, s'ap
pliquent à montrer en lui l'homme de
ta royauté légitimé et une sorte de cà-
jtholique conservateur à l'instar des
orléanistes convertis : au total, un ca
tholique et royaliste bourgeois que
l'Encyclique de Léon XIII sur « là
Condition des ouvriers » eût troublé et
jque tout rapprochement avec la_ dé
mocratie eût indigné. Il y" a aussi des
"textes pour prouver cela,
j Plusieurs fois depuis deux ans, j'ai
jdû m'élever contre l'une et l'autre de
«es thèses, mais toujours je l'ai fait
jsans rien obtenir de mes contradic
teurs : il y avait parti pris. «Aussi
jme suis-je souvent demandé, avec une
Inquiétude chargée d'irritation, si ce3
Idées fausses, étroites, ^rapetissantes
ne finiraient pas par prévaloir. Non,
jelle3 ne prévaudront point. La char-
jmante, brillante et forte étude de
Jules Lemaître sur « Louis Veuil-
ot » me le prouve. J'y vois que les
ecteurs doués de pensée, de juge-
ent, de pénétration, d'indépendance
■jet largeur d'esprit ne peuvent lire
Louis Veuillot sans reconnaître l'unité
ide son œuvre. M. Jules Lemaître est
!de ces lecteurs là.
| On doit à un écrivain comme le
critique de la Revue bleue d'attendre
qu'il ait donné tout son travail pour
le juger. C'est ce que je me suis pro
mis de faire dè3 le premier article de
M. Lemaitre. Je ne manque pas à cette
résolution en citant la conclusion du
paragraphe où il dit, où il montre
que Louis Veuillot a toujours, été le
même ;
Jamais Louis Veuillot n'a lié le sort de la
vérité éternelle à celui d'aucune puissance
passagère. Il apenohé pour la monarchie,
traditionnel le ou non, dans le temps et la
mesure où cette forme de gouvernement
lui a paru plus favorable aux intérêts de la
religion. Mais il a été contré le régime de
"Juillet, et contre l'Empire, du jour où
l'Empire a trahi l'Eglise. Ce qu'il a com
battu et hàï dans la République, ce ne fut
jamais la République, mais l'impiété y et
; quand il appelait « de ses vœux Henri de
Bourbon, il n'exigeait point pour oe prinoe
i le titre de roi. Toutes ses variations appa-
1 rentes s'expliquent par l'immutabilité môme
de sa penséé. Sur Montalembert, Falloux,
fLaoordaire, Dùpanloup, — et sur l'empe
reur ' Napoléon III, ^ et sur "beaïxocnr»
[d'autres, vous le trouverez, tour à tou».,
débordant de sympathie et d'amertume.
Ce n'était pas > Veuillot, Vêtaient , eux qui
(avaient changé, ou .c'étaient les circons-
FEUILLETON DE VUNIVERS
du janvier 1894
COURRIER DE l'
I. — Encore la fausse Jeanne d'Arc
■ Ce chapitre pourrait s'intituler •' De Vinu
tilité d'écrire l'histoirt.
\ A quoi ^ert, en effet, d'avoir mis au jour,
sons la. forme , desj deux procès authenti-,
ques de oondamnation et de réhabilitation,
les actes du martyre de la Puoelle d'Or-,
léans? A quoi sert d'avoir soruté jusque
dans ses moindres détail?, à la lumière des;
documents originaux, la trop courte car-,
rière de la vierge libératrice ? A, quoi seri.
d'avoir réfuté à. plusieurs reprises, depuis
cent ans et plus, les absurdes prétentions-
de la famille des Armoises, qui prétendait
descendre d'elle, et rétabli h l'aide de
pièces inédites, dans la Revue des Questions
historiques et ailleurs, la véritable histoire
de la fausse Puoelle? Tout cela est nul:
et non avenu, tout cela- n'existe pas.
pour un petit, très petit clan de sohisma-
tiques entêtés qui s'obstinent & nier le so-,
leil et à vouloir mettre la lune à sa placer
La lune, c'est ici une simple aventurière,
n'ayant jeté d'autre éclat que celui; qu'elle-
av&it emprunté, ou plutôt volé & l'héroïne
nationale, et encore ayant terni, ce reflet-
d'occasion par les souillures d'une vie de
débauche et d'ignominie.
Voilà trois ans déjà que j'ai réduit à sa
juste valeur; à oette plaoe môme, la préten
tion outreouidante d'un de ces incorrigibles
retardataires, M. Lesigne, qui croyait con
vertir ~ le monde à son avis en publiant la
; Fin d'une légende. La légende, c'était la vie
authentique de Jeanne d'Arc. La fin de oette
légende^ c'était le coup de grA.ce à elle
donné par la vaillante main dudit Lesigne."
Il avait tout simplement découvert que
, Jeanne n'avait pas été brûlée; qu^ello avait
: survécu sous le nom de Jeanne des Ar-
; moises, qui lui appartenait par droit de
mariage, qu'elle avait eu plusieurs enfants
en un mot qu'elle n'était rien moins que
; vierge et martyre. Bref, il prétendait nous
i faire reouler au temps de Voltaire et nous
' ranger; après quatre oents ans, au nombre
. des dupes de l'habile intrigante qui s'était
fait passer.pour l'héroïne ressusoitée et
; qui avait été publiquement démasquée en
1441. .
Ce qu'il y a de plus dur pour l'auteur de-
:■ eette audacieuse* tentative de falsification
historique, c'est qu'elle ne fit pas de bruit.
■ Elle en fit si peu, qu'en la recommençant
■aujourd'hui (1), M. Gaston Save croit à son
; tour faire du nouveau et paraît ignorer
| complètement l'œuvre de son devancier/
Du reste, il en ignore bien d'autres, car,
.aprèsavoir raconté les tristes exploits de
; la dame des Armoises en les mettant à l'ao-
. tif, ou plutôt au passif de Jeanne d'Arc, et
. cela à l'aide de « trente documents » pom-
! peusement annoncés, dont pas un ne prouve
j autre chose que l'imposture de la première
j (i) Jehanne des Armoises, pucelle d'Orléans,
j par GaBton Save ; Nancy, 1893, ln-8".
et son étonnant,-mais éphémère suocès, il
passe prudemment sous silence le dénoue
ment de l'avônture et les deux pièces déci
sives qui, en nous l'apprenant, démontrent
la fausseté absolue'de sa thèse. '
Il serait superflu de prendre un à un oes
trente documents qui n'en sont pas; et d'en
établir l'inanité : il suffit de leur opposer
les deux pièces dont il s'agit. La première
est le récit de Pierre Sala, qui raconte que;
la prétendue Puoelle "ayant réussi', à force
d'intrigues, à obtenir une audience de
Charles VII, oelui-oi, pour reconnaître si
elle disait vrai, la salua par ces mots : :
« Soyez la bienvenue, Pucelle, ma mie,
au nom de Dieu qui connaît le seoret qui
est entre vous et moi. >
Tout le monde sait aujourd'hui quel était
oe fameux secret;, mais alors niil ne le
soupçonnait, et l'aventurière, qui oependant
avait pris toutes ses précautions, ignorait
jusqu'à l'existence d'un mystère de cette
espèoe. Aussi se troublgi-t-elle, et fit-elle,
séance tenante, les aveux les plus com
plets. Ce fait oapital avait été attesté à
Pierre Sala par le sire de Boisy, chambellan
et favori de Charles VII ; sa narration se
trouve au nombre des pièces jointes au
Procès par Quioherat.
En second lieu, nous possédons une lettre
de'rémission accordée en 1457 par le roi
René à la dame des Armoises, d'où il ré
sulte que cette femme; après avoir été dé
masquée, continua à faire la guerre et à
mener la vie des oamps, se maria une se
conde fois, fut emprisonnée à Saumur sous
prétexte qu' « elle s'était longtemps donnée
comme la Pucelle qui avait été faire* lever
le Biège .d'Orléans •, et enfin fut bannie de
l'Anjou, puis gràoiée par le duo régnant j
à condition de quitter ses habits d'homme
et de vivre convenablement. Cette lettre a
été découverte par M. Lecoy de La Marohe
dans les mémoriaux de la chambre des
comptes d'Angers et publiée par lui à
deux reprises.
Il n'y a dono plus aucune confusion pos
sible : la fausse Jeanne d'Aroa été deux
fois, de son vivant, convainoùe d'imposture;
elle-même a avoué. Que veut-on de plus?
Un obscur éorivain,; du XIX" sièole en sau
rait-il plus long à ce sujet que l'intéressée ?
Un historien capable de négliger des textes
d'une importance, aussi capitale a-t-il le
droit d'être considéré oomme sérieux,
çomme sincère, et peut-il conserver l'es
poir d'en imposer à son tour à l'opinion pu
blique? Le lecteur en jugera.
- II.—Les béguines de Paris
Tous les voyageurs qui ont exploré la
Belgique connaissent les béguinages de
Bruges, de Gand, de Malines. Ces villes
privilégiées, qui ont conservé sous tant
de rapports l'aspect des villes pieuses du
moyen âge, offrent oomme une de leur cu
riosités les plus remarquables ces institu
tions d'un autre temps, qui ne sont pas des
monastères, qui ne sont pas non plus des
cités, mais qui tiennent à la fois des uns et
des autres. « Le but des béguinages, dit,
en effet, un rapport présenté au roi de Hol
lande en 1S24, n'est autre que de réunir les
personnes du sexe, soit veuves, soit jeunes
filles, n'ayant aucun attrait pour les liens
du mariage, qui veulent s'assurer dans la
tances qui lui montraient ces hommes sous
de nouveaux'aspects. C'est dono être fort
superficiel que de l'accuser de versatilité,
commeoa-a fait. Sa vie-me semble, au con^
traire, admirable et presque surnaturelle
d'unité. , ' ;
Voilà qui est bien dit et qui est bien
Jrai. Elle est remplie de vérités bien
ites cette étude !
Eugène Veuillot.
LACMD1DATVREDE M. DE Mil
Nous trouvons dans le Courrier du
Finistère les deux entrefilets suivants :
Appui autorisé
Il serait trop long de nommer ici toutes
les personnalités politiques qui salueront
bientôt l'arrivée à la Chambre de M. de
Mun.
Nous devons faire»cependant uae exoep->
lion pour un député du Finistère, le succes
seur de Mgr Freppel.
Mgr d'Hulst nous autorise à dire que
non seulement il est sympathique à la can
didature de M. de Mun, mais qu'il la oroit
nécessaire.
i II est inutile de commenter une apprécia*
tion aussi flatteuse , venant d'un- député
4ussi autorisé que l'éminent prélat. —A. D.
Noble exemple
Selon son habitude la presse oppor
tuniste prend ses désirs pour des réalités.
Ces petites manœuvres ne doivent surpren
dre personne.
C'est ainsi qu'elle annonçait oes jours
derniers la candidature de l'honorable
maire de Piouvorn. .
: Nous sommes autorisé à annoncer, au
nom du comte Amaury de Kerdral, qu'il ne
pose pas sa candidature contre celle de
M. de Mun.
Pour qui connaît la noblesse de caractère
de M. de Kerdrel, oa désistement était
prévu : il sa conduit oomme toujours en
chrétien et en gentilhomme. '•
Nous le félicitons vivement du beau dé
sintéressement dont il fait preuve. Son atti
tude n'a fait qu'augmenter les sympathies
dont il jouit dans le oanton de Piouzévédé.
Possesseur d'une grande fortune et aidé
dans. ses libéralités par une épousa chré
tienne, M. de Kerdrel est dans la région
la providence des malheureux.
Aussi souhaitons-nous qu'il acoapte pro
chainement la oaadidaiure au oonseil géné
ral qui lui a déjà été offerte. — A, D.
Le Courrier du Finistère, donne en
suite d'intéressants détails sur les
débuts de la campagne électorale de
M. de Mun. _
Accompagné de M. Louis de Kerve-
noaël, le candidat catholique s'est
d'abord rendu de Saint-Pol-de-Léon,
à Cléder, où a eu lieu une réunion de
300 personnes à la tête desquelles se
trouvait le nouveau maire de Cléder,
M. Gaston de Kermenguy, le fils àîné
du regretté député. M. de Parcevaux
a présenté à l'assemblée M. de Mun,
dont le discours a été trè3 chaude
ment applaudi.
De Cléder, M- de Mun s'est rendu à
Plouescat. Réunion de 400 personnes,
présidée par M. Trémintln, l'ancien
maire de Plouescat. M; Pinvidic a
présente le candidat catholique. Le
succès a été complet.
Accompagné de MM. Trémintin,
Pinvidic et Cadour, M. dè Mun a été
ensuite à Tréflez et à Plouvenez-Lo-
christ, où il a été accueilli avec en
thousiasme. Il est parti de là pour
Piouvorn, où il est descendu chez
M. le colonel de Réals.
Les débuts de la campagne électo
rale garantissent un beau triomphe,
pour le 21 janvier !
* .; "ÀXJ ' ■■
: Journée d'élection, c'est-à-dire jour
née de soninolence au Sénat. ^
M Challemel-Lacour est replacé par
Î32 voix au fauteuil présidentiel, en
attendant de se voir •— dans quelques
jours—reçu solennellement sous la
célèbre coupole.
Mais* hélas ! comme toute médaille;
a un revers, ou se raconte, dan? lr.3
couloirs du Luxembourg, que
triomphateur est pour l'instant.clou.é
sur un fauteuil —- celui du coin de ?a
cheminée —par d'atroces rhumatis
mes recueillis dans la neige....de Mar
seille;
Les vice-présidents élus sont MM.
Demôle, Magnin, Combe3 et Bé-
renger.
Secrétaires :MM. Godin; Morel, Gi-
daud, Barrière, Isaac, Lourties, Dutreil
et Ollivier.
MM. Gayot, Cazot et Tolain sont
questeurs.
Séance mardi ; espérons que l'aca
démicien- président pourra gravir les
marches du perron du Sénat.
- „ G. de T.
LES FABRIQUES
S. Em. le cardinal Lecot vient.d'a
dresser à son clergé et aux membres
des conseils de fabrique une lettre
relative à l'instruction envoyée par l;e
ministre des cuites.
! Voici la partie de cet important do
cument où est apprécié le caractère
des nouvelles mesures apportées au.
régime des fabriques :
Nous ne voulons pas redire ici ce que
nous écrivions au mois d'avril dernier, à
propos du décret qui réglait l'applioation
de la nouvelle loi.
Certes^ il est permis d'affirmer que ce
n'est pas à une'pensée d'intérêt pour leï
fabriques que cédait l'auteur de ce coup
de surprise si regrettable, porté comme au.
hasard, à propos de la loi budgétaire, à l'ad
ministration de nos églises.
Il suffit, pour en être convaincu, de se
rappeler d'où émane cette.loi, quels esprits
l'ont oonQue, et comment elto..fut, contré
toute attente, remise inopinément à l'ordre
du jour dans les préoooupations des débats
sur une loi de finances, après avoir été uno r
première fois repoussée par lo Parlement.'
Si l'applicalion eût été faite dans l'esprit de
la loi, elle eût créé les embarras les plus
pénibles et rendu impossible l'administra
tion temporelle de nos églises. Telle qu'elle
est, aveo les adoucissements qu'a essayé
d'y introduire un esprit d'apaisement aussi
prudent que ju3te, elle, nous/laisse encore'
de vifs et douloureux regrets.
; Espérons que, lé temps et l'expérience'
aidant, cette œuvre, si absolument suspecte
dans ses origines, se modifiera dans un-
sens moins irréligieux, et qu'au lieu d'être
un embarras et une vexation sans utilité
daus plusieurs de ses détails, elle deviendra
un jour une loi sage, vraiment utile aux
intérêts dos églises, permettant à la fois un
contrôle prudent et une administration,
sans entraves. . •• "
L'époque tardive où nous .arrive l'ins-,
traction de M. le ministre des cultes ne
nous permetpas, obéra messieurs, d'entrer
avec vous dans de longs détails sur l'appli
cation du règlement, désormais imposé à
nos fabriques oomme une loi qu'il faut
subir. Vous lirez avec attention la lettre dé
M. le .ministre,; vous y trouverez, dans dos
formules d'une courtoisie parfaite, l'affir
mation des efforts tentés pour rendre la
pratique de la loi plus facile, et vous con
clurez déjà à la possibilité d'entrer, sans
trop de difficultés, dans l'application des"
règles de la nouvelle comptabilité.
Cependant'lorsque, un moment après,
vous parcourrez rapidement du regard
l'instruction proprement dite, vous serez
effrayés. Vous vous demanderez comment
il sera possible à des hommes qui ne font
pas métier de tenir des livres, étrangers
souvent aux règles les plus élémentaires de
la comptabilité légale, de comprendre ces
formules et d'appliquer, tant de détails.
loi .messieurs, nous devons à la vérité et
là notre bonne foi de vous mettre en gardé
contre une pareille appréciation. ;
Il eût été possible, sans doute; de dimi
nuer encore fie nombre des formalités im-
iposées aux marguilliers-complables de nos
fabriques. Et si des promesses solennelle
ment faites avaient pu être tenuea, les ob-
; servations présentées par l'épiscop.at eus-
' sent aidé à simplifier davantage une gestion
j toujours gratuite, il.ne faut pas l'oublier, et
( souvent pleine d'ennuis.
retraite une vie tranquille. Il n'existe entre
elles aucune communauté .de, biens ; cha
que béguine retient son patrimoine, vit de
ses rentes ou du produit de son travail, et
oe qu'elle possède au jour de son décès
passe aux héritiers légitimes, conformé
ment aux lois existantes. Elles ne sont pas
astreintes à des vœux perpétuels ; elles
s'obligent seulement par-devant leurs su
périeures, sans l'intervention d'aucune
personne ecclésiastique, à se conduire selon
les constitutions de lèur cour, c'est ; à-dire
de la maison (ou de l'ensemble de maisons)
qu'elles habitent,, tout le temps qu'elles y
resteront, et ce temps n'est pas déter
miné. »
Mais qui se souvient aujourd'hui que
beaucoup de nos villes du Nord, que notre
capitale elle-même a possédé des établisse-
ments|semblables? Et si M. Léon Le Grand,
qui s'est fait une spécialité de l'histoire de
nos maisons hospitalières, ne nous rappe
lait, dans une savante étude, l'organisation
et le rôle des béguines de Paris (2), lequel
d'entre nous soupçonnerait les services
rendus jadis à nos pères, à no3 mères sur
tout, par leur installation dans cette ville ?
Elles y furent établies par saint Louis,
aux environs de l'année 1264. Leur maison
était située, d'après le confesseur de la
reine Marguerite, dans le quartier Saint-
Paul, « delez la porte Barbeel ». Les habi
tants de oe pieux asile atteignirent bientôt
le chiffre énorme de quatre cents, s'il faut
s'en rapporter à Geoffroi de Beaulieu.
(2) Les Béguines de Paris, par L. Le Grand,
■ dans les mémoires de la Sooiété de l'histoire de
Paris, 1893, in-8".
• Beaucoup d'entre elles appartenaient à
^ des familles nobles, dit M. Le Grand, mais
étaient.pauvres, et saint Louis dut pourvoir
à : leur entretien, oe qu'il fit avec sa généro
sité habitaelie. Il né se contenta pas de les
secourir pendant sa vie, mais voulut que
son affeotiôn se fit sentir à elles jusqu'après
sa mort, et leur légua par son testament
100 livres parisis pour l'entretien des bâti
ments du béguinage et 20 livres pour sou
tenir les plus pauvres d'entre elles ; puis il
reoommanda à son héritier de continuer les
pensions qu'il avait constituées à différen
tes béguines du royaume. ». Philippe le "
Ilardi et ses successeurs ne manquèrent
pas de déférer au vœu du bon roi.
Un des motifs qui valurent aux béguines
de Paris les favaurs de saint Louis est,
selon toute probabilité, son amour pour lés
beaux sermons. La chapelle du béguinage
était devenue, dès les premières années de
son existence, 1e rendez-vous des prédica
teurs à.la mode. Lës • maîtresses des bé
guines « se mettaient quelquefois dè la pa?-
. tie, malgré les prohibitions qui interdi
saient l'accès de la chaire aux femmes, et la
docteur Pierre de Limoges a même repro
duit deux fragments d'homélies recueillis
de la bouche de l'une d'elles. Lé fait était
enoore moins extraordinaire que celui qui
Repassa, un jour, au béguinage de Cam
brai , où une des associées interrompit le
prédicateur au moment où il formulait
cette proposition, que l'homme dont la
charité irait toujours droit ne ferait que des
actions irréprochables : « Maître, s'écria-t-
_ elle, à quel endroit de la Sainte Ecriture
j âvez-vous vu que la charité puisse être
an
N* 9374 — Edition quotidienne
Dimanche 14 Janvier 1894
ÉDITIO N QUOTID IENNE
PARIS ÉTRANGER
ET DÉPARTEMBMXS . (UNION POSTAIS)
Dn an 40 » 61 »
Six mois . .. ; 21 » 26 50
Trois mois. . . . 11 » 14 »
rjL.68 abonnements parten t des 1 " et 46 de cliaque mois
UN NUMERO ( £® ris ;•••••■•* 1° c«nt.
■ ^ 1 D éparte ments. . . 1B —
BUREAUX! Paris, 10, rue des Saints-PèreS
. On s'aboQB» ii Rome, place du Gesù, 8
ÉDITION SEMI-QUOTIDIENNE
Un an
Six mois. *
Trois mois.
■ PARIS
EX DÉPARTEMENTS
. . 20 » •
. ; 10 »
. . 5 »
ÉTRANGER .
(union postale)
26 »
13 » ,
6 60
Les abonnements partent des 1» et 10 de chaque mois
L'IMEHS m répond fis às manuscrits qui lui joat adressés ' ■■.: ')
< ANNONCES
MM. LAGRANGE, CERF et C'°, 6, place de la Bourse
BULLETIN _DU JOUR
. PAaïi*, 13 JANVIER 1894
C'est encore de la grâce de Vaillant
que s'occupe la presse ; presque tous
lës journaux consacrent à cette ques
tion de3 articles plus ou moins heu
reux.
' Nous devons constater • que l'opposi
tion à la grâce est moins accentuée que
le premier jour. Certains journaux,
d'abord très nets contre Vaillant, se
demandent maintenant si l'arrêt du
jury, même platonique, ne suffit pas.
' D autre part, une adresse à M. Car
net demandant la grâce se signe à la
Chambre; elle réunirait les signatures
de députés d'opinions fort opposées.
Les promoteurs de ce mouvement ont'
décidé que les noms ne seraient pas
livrés àla presse. Est-ce par crainte de
se trouver en trop petit nombre ? Est-
ce pour multiplier les adhérents ?
Que fera M. Carnot ?
Hier, le Sénat a élu son bureau.
Çjomme on le prévoyait, M. Challe-,
mel-Lacour a été maintenu au fauteuil
delà présidence; il n'avait pas de
concurrent.
Aujourd'hui, à la Chambre des dé
putés, après le deuxième tour de scru
tin pour les quatre secrétaires qui res
tent à élire, on s'occupera de la fixation,
de l'prdfe du jour. Cala n'indique pas,
8$uf incident imprévu, une séance
mouvementée.
. On annonce que le groupe radicale,
socialiste de la Chambre des députés,
après ayoir entendu la lecture d'un
projet que lui a soumis M. René. Go-
blet,, sur la révision de la Constitu
tion, a donné son adhésion audit pro
jet; mais il ne serait déposé que dans
quelques jours sur le bureau de la
Chambre.
jgîBMffia
.Pas 'de dépêches d'Italie aujour
d'hui en dehors d'une très courte "de
Palerme, qui est absolument opti
miste. Est-ce que les mesures prises
par M. Crisçi auraient subitement
calmé les Siciliens ? L'avenir nous le
.dira bientôt.
L'incident du cours de M. Elisée
Réélus prend, à Bruxelles, des pro
portions inattendues ; les étudiants
sont en mouvement. On trouvera plus
loin les dépêches de Bruxelles à ce su
jet. En les lisant, on voit immédiate
ment que la science n'a. rien à voir
dans cette émotion qui est purement
politique. S'il y avait des doutes à cet
égard, le nom du radical Janson, qui
est à la tête du mouvement, les dis
siperait. .
LA LIMITATION DES IIEIIIES DE TRAVAIL
' i * r.' ,si-* x . / i t •
; Le succès obtenu par M. John
Burns, membre du Parlement anglais,
soulève quelque joie dans la presse et
le parti socialistes ; il laisse une amer
tume au fond du cœur de M. Yves
Guyot. En octobre 1892, M. John
Burns demandait au ministre de la
guerre de réduire le travail,dans la car-'
toucherie de Woolwich, à huit heures
par jour ou quarante-huit heures par
semaine. Le ministre a tenté l'expé
rience et, tout récemment, il s'est ué-
clarà fort satisfait du résultat : en un
temps de présence plus court, les ou
vriers donnent un travail équivalent.
Aussi la même règle sera-t-elle bientôt
appliquée,( Sans diminution de salaire;
aux 20,000 ouvriers des arsenaux mi
litaires de l'Etat; Les socialistes sont
ravis ; ils triomphent : On n'osera plus
contester, leur semble-t-il, ni en droit
1& justice absolue, ni en fait l'évidente
possibilité dè la journée de huit heu
res! Que sans tarder on l'applique
universellement, chez les nations les
plus lointaines, sous les climats les.
plus divers, dans les industries les
plus différentes! Les socialistes,
crovons-nous, se grisent, un peu trop
:de leur victoire et de leurs illusions.
Sans doute,- la réduction des heures
de travail est une réforme désira
ble, et en bien des cas nécessaire, ur
gente ; assurément/ le maximum
de huit heures est juste, quand on
l'applique à certaines besognes; il
.est vrai que l'Etat, en ces matières,
{>eut intervenir. Mais où les socia-
istes tombent dans l'exagération ,
dans le faux, c'est quand ils établis
sent comme un principe indiscutable
et général, quand ils proclament
comme un cri de guerre : la journée
(de huit heures ! La durée du travail ne
s'enferme pa3 dans de3 limites uni
formes et immuables : certaines in
dustries peuvent, sans injustice ,
exiger de leurs ouvriers une pré
sence plus longue à l'usine; aàns
quelques autres, les saisons, plus
fortes que les règlements, fèront va
rier le temps que l'on consacre à
la tâche quotidienne. C'est pourquoi,
en pratique, l'Etat ne saurait établir,
{)àr une loi générale, un maximun de
ravail: sa puissance doit se borner
ici & sanctionner les règlements spé-
ciauxet toujours pourvus d'une certaine
élasticité que les corps de métiers, dè
quelque nom qu'on les appelle, et sous
quelque forme qu'on les voie revivre,
composeraient pour eux. Et, disons-le
.en passant, c'est là un des motifs
î qui si ardemment nous font désirer
l'avènement d'une sérieuse organisa
tion industrielle. — L'Etat peut en
core, ainsi que le ministre anglais de
:1a guerre vient d'en prendre l'initia-,
tive, fixer, : dans les établissements
dont il garde la direction, une durée-
i maxima de travail. On voit que les go-
j cialistes n'ont pas lieu de triompher,
avec tant d'éclat, de l'expérience
réussie à là cartoucherie de Wool
wich et qu'ils ont tort d'y voir un
argument en faveur de la limitation
universelle du travail à huit heures
par jour.
M. Yves Guyot estime également
que le parti socialiste exagère beau
coup la portée de l'expérience, et
même, â ses yeux, l'erreur est si
profonde qu'il en est fort amusé : sa
joie pourtant conserve un arrière-
Igoût, très prononcé, d'amertume. Le
directeur du Siècle, après avoir pour-
! fendu ses adversaires de railleries qu'il
croit spirituelles et d'arguments qu'il
juge irrésistibles, veut profiter de sa
victoire et de la circonstance pour
examiner, d'une vue d'ensemble, la
; grave question de la limitation légale
des heures de travail. L'Etat, se de
mande M. Guyot, a-t-il le droit d'in
tervenir en ces matières? Il ne l'a
i point : « Au point de vue du droit,
5 vous Etat, vous ministre, vous n'avez-
: pas le droit d'intervenir dans le con-
i trat privé entre le fournisseur et l'ac
quéreur de travail. » Sans discuter.
Ile ton raide, absolu dont M. Yves
- Guyot tranche le débat, comme si,
au lieu d'une affirmation à prouver, il
s'agissait ici d'un principe incontesté
i dont la démonstration est inutile, bor-
;nons-nous aux quatre mots qui termi-
: nent la phrase ; nous y touchons le
:fond même de la théorie libérale, qui
jest moins un système économique
| que l'égoïsme réduit en formules. Il
: n'est pas question, pour M. Guyot, de
! l'ouvrier et du patron : l'économie
[classique ignore ces personnages de
! fantaisie ; il n'existe pour elle qu'un
fournisseur de,(ravail, un acquéreur de
\ travail. Quand l'épicier me fournit du
î sel ou du vinaigre, quand le libraire
.me fournit un volume, quand le cor
donnier me fournit dQS chaussures et
quand pour un prix, entre nous dé
battu; je deviens acquéreur de ces
marchandises, l'Etat-serait bien im
pertinent de venir me contraindre à.
payer au delà de ce qu'on me de
mande.Eh bien, les économistes libé
raux et M. Yves Guyot, leur dernière
recrue, ne voient point de quel droit
l'Etat interviendrait dans le contrat
par lequel un chef d'industrie se rend
acquéreur de la marchandise-travail
que lui fournit un ouvrier. Or, ce
motif que . M. Yves Guyot ne veut
point reconnaître et qui autorise
l'Etat à prendre part en certains cas
à la réglementation de la durée du
travail c'est que le travail n'est point
une marchandise. L'ouvrier ne vend
pas son travail, comme un objet
indépendant de sa personne, comme
l'habit que livre le tailleur après
l'avoir fabriqué : le travail ne se
sépare pas ainsi de celui qui le
donne, il fait partie de l'individu
lui-même ; ce sont ses muscles, ses
nerfs, sa chair et son sang, sa vi
gueur et son endurance, ses qualités
physiques, et ses vertus morales, c'est
sa vie en un mot : l'ouvrier se fournit
lui-même au patron qui l'emploie,
et l'on voudrait ravaler la dignité
humaine au point d'établir l'éga
lité parfaite entre cette cliose si
noble, si haute et une marchandise
quelconque ! Mais les honteuses théo
ries dont jadis on appuyait l'esclavage
n'avaient rien de plus odieux: ae
l'homme, en cette époque, on faisait
une marchandise; les économistes
.aujourd'hui transforment en mar
chandises les muscles et l'énergie de
! l'homme. La différence est-elle bien
{sensible?
i Or, si l'on admet ces vérités f on da-
i mentales que le travail n'est pas une
] marchandise et ne doit pas être traitée
comme telle, la théorie de M. Yves
Guyot croule immédiatement. On voit;.
en effet, que, selon la justice, l'homme,
qui donne son travail en échange du-
salaire nécessaire à la vie, doit pouvoir
honnêtement et dans les conditions
] ordinaires de l'existence, vivre de ce
salaire : on voit aussi que, selon la
justice, l'ouvrier qui, pour se nourrir
jet pour élever sa famille, livre toute
; sa vigueur ne doit pas être soumis à
j un travail dont la durée excessive
1 détruirait cette vigueur avant l'âge ! <
; Gela semble évident ; mais M. Guyet
pour mieux voir s'entête à tourner le
j dos à la lumière. Laissons-le, s'il y
I tient, dans cette position et regardons
] d'un autre côté !
François Veuillot.
UN « RALLIÉ. »
Un de nos lecteurs de 13, Vienne
nous écrit :
Je orois que lemot d'enfant contenu dans
'la note oi-jointe ne défigurera pas votre
enquête. Il est absolument authentique et
je pourrais donner le nom du jeune blon-
din qui a si bien tranohé la question;
Voici la note :
C'était au oh&teaude X..., en Poitou. On
était à table et la. conversation allait son
train. De quoi parlait-on ? Oh ! mon Dieu,
un peu de tout, mais particulièrement de
la politique pontiSoale. .
Réfraçtaires et ralliés, tous très bons
catholiques du reste; s'éohauffaient gra
duellement et vous mesuraient l'étendue,
des pouvoirs du Pape avec oette. désinvolr
tureque nous apportons, en Franoe dans les.
plus graves sujets, môme et peut-être sur*,
tout dans oeux que nous : connaissons le
moins. ■. ■ . . .
! Tout à coup dans un moment de silenoe
jdont nos discuteurs profitaient pour . reprendre haleine, une voix d'enfant s'élève
. et dit : « Le Pape est le représentant de
: « Dieu sur la terre. » C'était le petit Henri
ide G... joli blondin de 7 à 8 ans, qui avait
'appris le matin dans son oatéchisme le
9' article du symbole des apôtres et qui, en ;
tendant parler du Pape, voulait montrer
qû"îl Kv&it bien retenu sa leçon.
Les' causeurs se regardèrent stupéfaits,
la discussion fut close du coup. Le père
embrassa son petit Henri et notre jeune
docteur alla reprendre en hâte la partie de
oerceau interrompue peur l'heure du dîner.
Je voudrais bien savoir ce que les grands
théologiens de la Gazettes t de Y Autorité
auraient répondu à l'enfant. J'aime à croire
que, comme nou3, ils se seraient inolinés et
auraient médité sur cette parole du psau
me : Ex ore infantium et laclentium per-
fecisti laudem.
SUR LOUIS VEUILLOT
La mémoire et l'œuvre de Louis
Veuillot subissent, à propos du mou
vement catholique actuel, deux assauts
en sens contraire, portant également à
faux et qui seront également impuis
sants.
Des adversaires — je pourrais dire
des ennemis — de fond, de race, af
firment avec grande assurance que
mon frère a beaucoup varié sur les
homme3 et les choses de la politique,
et qu'à parler franfc les « principes »
lui. manquaient; Ils prétendent le
prouver par des extraits quelconques
dé ses écrits.
D'autres qui déclarent l'admirer et
dont quelques-uns l'admirent réelle
ment, mais sans le comprendre, s'ap
pliquent à montrer en lui l'homme de
ta royauté légitimé et une sorte de cà-
jtholique conservateur à l'instar des
orléanistes convertis : au total, un ca
tholique et royaliste bourgeois que
l'Encyclique de Léon XIII sur « là
Condition des ouvriers » eût troublé et
jque tout rapprochement avec la_ dé
mocratie eût indigné. Il y" a aussi des
"textes pour prouver cela,
j Plusieurs fois depuis deux ans, j'ai
jdû m'élever contre l'une et l'autre de
«es thèses, mais toujours je l'ai fait
jsans rien obtenir de mes contradic
teurs : il y avait parti pris. «Aussi
jme suis-je souvent demandé, avec une
Inquiétude chargée d'irritation, si ce3
Idées fausses, étroites, ^rapetissantes
ne finiraient pas par prévaloir. Non,
jelle3 ne prévaudront point. La char-
jmante, brillante et forte étude de
Jules Lemaître sur « Louis Veuil-
ot » me le prouve. J'y vois que les
ecteurs doués de pensée, de juge-
ent, de pénétration, d'indépendance
■jet largeur d'esprit ne peuvent lire
Louis Veuillot sans reconnaître l'unité
ide son œuvre. M. Jules Lemaître est
!de ces lecteurs là.
| On doit à un écrivain comme le
critique de la Revue bleue d'attendre
qu'il ait donné tout son travail pour
le juger. C'est ce que je me suis pro
mis de faire dè3 le premier article de
M. Lemaitre. Je ne manque pas à cette
résolution en citant la conclusion du
paragraphe où il dit, où il montre
que Louis Veuillot a toujours, été le
même ;
Jamais Louis Veuillot n'a lié le sort de la
vérité éternelle à celui d'aucune puissance
passagère. Il apenohé pour la monarchie,
traditionnel le ou non, dans le temps et la
mesure où cette forme de gouvernement
lui a paru plus favorable aux intérêts de la
religion. Mais il a été contré le régime de
"Juillet, et contre l'Empire, du jour où
l'Empire a trahi l'Eglise. Ce qu'il a com
battu et hàï dans la République, ce ne fut
jamais la République, mais l'impiété y et
; quand il appelait « de ses vœux Henri de
Bourbon, il n'exigeait point pour oe prinoe
i le titre de roi. Toutes ses variations appa-
1 rentes s'expliquent par l'immutabilité môme
de sa penséé. Sur Montalembert, Falloux,
fLaoordaire, Dùpanloup, — et sur l'empe
reur ' Napoléon III, ^ et sur "beaïxocnr»
[d'autres, vous le trouverez, tour à tou».,
débordant de sympathie et d'amertume.
Ce n'était pas > Veuillot, Vêtaient , eux qui
(avaient changé, ou .c'étaient les circons-
FEUILLETON DE VUNIVERS
du janvier 1894
COURRIER DE l'
I. — Encore la fausse Jeanne d'Arc
■ Ce chapitre pourrait s'intituler •' De Vinu
tilité d'écrire l'histoirt.
\ A quoi ^ert, en effet, d'avoir mis au jour,
sons la. forme , desj deux procès authenti-,
ques de oondamnation et de réhabilitation,
les actes du martyre de la Puoelle d'Or-,
léans? A quoi sert d'avoir soruté jusque
dans ses moindres détail?, à la lumière des;
documents originaux, la trop courte car-,
rière de la vierge libératrice ? A, quoi seri.
d'avoir réfuté à. plusieurs reprises, depuis
cent ans et plus, les absurdes prétentions-
de la famille des Armoises, qui prétendait
descendre d'elle, et rétabli h l'aide de
pièces inédites, dans la Revue des Questions
historiques et ailleurs, la véritable histoire
de la fausse Puoelle? Tout cela est nul:
et non avenu, tout cela- n'existe pas.
pour un petit, très petit clan de sohisma-
tiques entêtés qui s'obstinent & nier le so-,
leil et à vouloir mettre la lune à sa placer
La lune, c'est ici une simple aventurière,
n'ayant jeté d'autre éclat que celui; qu'elle-
av&it emprunté, ou plutôt volé & l'héroïne
nationale, et encore ayant terni, ce reflet-
d'occasion par les souillures d'une vie de
débauche et d'ignominie.
Voilà trois ans déjà que j'ai réduit à sa
juste valeur; à oette plaoe môme, la préten
tion outreouidante d'un de ces incorrigibles
retardataires, M. Lesigne, qui croyait con
vertir ~ le monde à son avis en publiant la
; Fin d'une légende. La légende, c'était la vie
authentique de Jeanne d'Arc. La fin de oette
légende^ c'était le coup de grA.ce à elle
donné par la vaillante main dudit Lesigne."
Il avait tout simplement découvert que
, Jeanne n'avait pas été brûlée; qu^ello avait
: survécu sous le nom de Jeanne des Ar-
; moises, qui lui appartenait par droit de
mariage, qu'elle avait eu plusieurs enfants
en un mot qu'elle n'était rien moins que
; vierge et martyre. Bref, il prétendait nous
i faire reouler au temps de Voltaire et nous
' ranger; après quatre oents ans, au nombre
. des dupes de l'habile intrigante qui s'était
fait passer.pour l'héroïne ressusoitée et
; qui avait été publiquement démasquée en
1441. .
Ce qu'il y a de plus dur pour l'auteur de-
:■ eette audacieuse* tentative de falsification
historique, c'est qu'elle ne fit pas de bruit.
■ Elle en fit si peu, qu'en la recommençant
■aujourd'hui (1), M. Gaston Save croit à son
; tour faire du nouveau et paraît ignorer
| complètement l'œuvre de son devancier/
Du reste, il en ignore bien d'autres, car,
.aprèsavoir raconté les tristes exploits de
; la dame des Armoises en les mettant à l'ao-
. tif, ou plutôt au passif de Jeanne d'Arc, et
. cela à l'aide de « trente documents » pom-
! peusement annoncés, dont pas un ne prouve
j autre chose que l'imposture de la première
j (i) Jehanne des Armoises, pucelle d'Orléans,
j par GaBton Save ; Nancy, 1893, ln-8".
et son étonnant,-mais éphémère suocès, il
passe prudemment sous silence le dénoue
ment de l'avônture et les deux pièces déci
sives qui, en nous l'apprenant, démontrent
la fausseté absolue'de sa thèse. '
Il serait superflu de prendre un à un oes
trente documents qui n'en sont pas; et d'en
établir l'inanité : il suffit de leur opposer
les deux pièces dont il s'agit. La première
est le récit de Pierre Sala, qui raconte que;
la prétendue Puoelle "ayant réussi', à force
d'intrigues, à obtenir une audience de
Charles VII, oelui-oi, pour reconnaître si
elle disait vrai, la salua par ces mots : :
« Soyez la bienvenue, Pucelle, ma mie,
au nom de Dieu qui connaît le seoret qui
est entre vous et moi. >
Tout le monde sait aujourd'hui quel était
oe fameux secret;, mais alors niil ne le
soupçonnait, et l'aventurière, qui oependant
avait pris toutes ses précautions, ignorait
jusqu'à l'existence d'un mystère de cette
espèoe. Aussi se troublgi-t-elle, et fit-elle,
séance tenante, les aveux les plus com
plets. Ce fait oapital avait été attesté à
Pierre Sala par le sire de Boisy, chambellan
et favori de Charles VII ; sa narration se
trouve au nombre des pièces jointes au
Procès par Quioherat.
En second lieu, nous possédons une lettre
de'rémission accordée en 1457 par le roi
René à la dame des Armoises, d'où il ré
sulte que cette femme; après avoir été dé
masquée, continua à faire la guerre et à
mener la vie des oamps, se maria une se
conde fois, fut emprisonnée à Saumur sous
prétexte qu' « elle s'était longtemps donnée
comme la Pucelle qui avait été faire* lever
le Biège .d'Orléans •, et enfin fut bannie de
l'Anjou, puis gràoiée par le duo régnant j
à condition de quitter ses habits d'homme
et de vivre convenablement. Cette lettre a
été découverte par M. Lecoy de La Marohe
dans les mémoriaux de la chambre des
comptes d'Angers et publiée par lui à
deux reprises.
Il n'y a dono plus aucune confusion pos
sible : la fausse Jeanne d'Aroa été deux
fois, de son vivant, convainoùe d'imposture;
elle-même a avoué. Que veut-on de plus?
Un obscur éorivain,; du XIX" sièole en sau
rait-il plus long à ce sujet que l'intéressée ?
Un historien capable de négliger des textes
d'une importance, aussi capitale a-t-il le
droit d'être considéré oomme sérieux,
çomme sincère, et peut-il conserver l'es
poir d'en imposer à son tour à l'opinion pu
blique? Le lecteur en jugera.
- II.—Les béguines de Paris
Tous les voyageurs qui ont exploré la
Belgique connaissent les béguinages de
Bruges, de Gand, de Malines. Ces villes
privilégiées, qui ont conservé sous tant
de rapports l'aspect des villes pieuses du
moyen âge, offrent oomme une de leur cu
riosités les plus remarquables ces institu
tions d'un autre temps, qui ne sont pas des
monastères, qui ne sont pas non plus des
cités, mais qui tiennent à la fois des uns et
des autres. « Le but des béguinages, dit,
en effet, un rapport présenté au roi de Hol
lande en 1S24, n'est autre que de réunir les
personnes du sexe, soit veuves, soit jeunes
filles, n'ayant aucun attrait pour les liens
du mariage, qui veulent s'assurer dans la
tances qui lui montraient ces hommes sous
de nouveaux'aspects. C'est dono être fort
superficiel que de l'accuser de versatilité,
commeoa-a fait. Sa vie-me semble, au con^
traire, admirable et presque surnaturelle
d'unité. , ' ;
Voilà qui est bien dit et qui est bien
Jrai. Elle est remplie de vérités bien
ites cette étude !
Eugène Veuillot.
LACMD1DATVREDE M. DE Mil
Nous trouvons dans le Courrier du
Finistère les deux entrefilets suivants :
Appui autorisé
Il serait trop long de nommer ici toutes
les personnalités politiques qui salueront
bientôt l'arrivée à la Chambre de M. de
Mun.
Nous devons faire»cependant uae exoep->
lion pour un député du Finistère, le succes
seur de Mgr Freppel.
Mgr d'Hulst nous autorise à dire que
non seulement il est sympathique à la can
didature de M. de Mun, mais qu'il la oroit
nécessaire.
i II est inutile de commenter une apprécia*
tion aussi flatteuse , venant d'un- député
4ussi autorisé que l'éminent prélat. —A. D.
Noble exemple
Selon son habitude la presse oppor
tuniste prend ses désirs pour des réalités.
Ces petites manœuvres ne doivent surpren
dre personne.
C'est ainsi qu'elle annonçait oes jours
derniers la candidature de l'honorable
maire de Piouvorn. .
: Nous sommes autorisé à annoncer, au
nom du comte Amaury de Kerdral, qu'il ne
pose pas sa candidature contre celle de
M. de Mun.
Pour qui connaît la noblesse de caractère
de M. de Kerdrel, oa désistement était
prévu : il sa conduit oomme toujours en
chrétien et en gentilhomme. '•
Nous le félicitons vivement du beau dé
sintéressement dont il fait preuve. Son atti
tude n'a fait qu'augmenter les sympathies
dont il jouit dans le oanton de Piouzévédé.
Possesseur d'une grande fortune et aidé
dans. ses libéralités par une épousa chré
tienne, M. de Kerdrel est dans la région
la providence des malheureux.
Aussi souhaitons-nous qu'il acoapte pro
chainement la oaadidaiure au oonseil géné
ral qui lui a déjà été offerte. — A, D.
Le Courrier du Finistère, donne en
suite d'intéressants détails sur les
débuts de la campagne électorale de
M. de Mun. _
Accompagné de M. Louis de Kerve-
noaël, le candidat catholique s'est
d'abord rendu de Saint-Pol-de-Léon,
à Cléder, où a eu lieu une réunion de
300 personnes à la tête desquelles se
trouvait le nouveau maire de Cléder,
M. Gaston de Kermenguy, le fils àîné
du regretté député. M. de Parcevaux
a présenté à l'assemblée M. de Mun,
dont le discours a été trè3 chaude
ment applaudi.
De Cléder, M- de Mun s'est rendu à
Plouescat. Réunion de 400 personnes,
présidée par M. Trémintln, l'ancien
maire de Plouescat. M; Pinvidic a
présente le candidat catholique. Le
succès a été complet.
Accompagné de MM. Trémintin,
Pinvidic et Cadour, M. dè Mun a été
ensuite à Tréflez et à Plouvenez-Lo-
christ, où il a été accueilli avec en
thousiasme. Il est parti de là pour
Piouvorn, où il est descendu chez
M. le colonel de Réals.
Les débuts de la campagne électo
rale garantissent un beau triomphe,
pour le 21 janvier !
* .; "ÀXJ ' ■■
: Journée d'élection, c'est-à-dire jour
née de soninolence au Sénat. ^
M Challemel-Lacour est replacé par
Î32 voix au fauteuil présidentiel, en
attendant de se voir •— dans quelques
jours—reçu solennellement sous la
célèbre coupole.
Mais* hélas ! comme toute médaille;
a un revers, ou se raconte, dan? lr.3
couloirs du Luxembourg, que
triomphateur est pour l'instant.clou.é
sur un fauteuil —- celui du coin de ?a
cheminée —par d'atroces rhumatis
mes recueillis dans la neige....de Mar
seille;
Les vice-présidents élus sont MM.
Demôle, Magnin, Combe3 et Bé-
renger.
Secrétaires :MM. Godin; Morel, Gi-
daud, Barrière, Isaac, Lourties, Dutreil
et Ollivier.
MM. Gayot, Cazot et Tolain sont
questeurs.
Séance mardi ; espérons que l'aca
démicien- président pourra gravir les
marches du perron du Sénat.
- „ G. de T.
LES FABRIQUES
S. Em. le cardinal Lecot vient.d'a
dresser à son clergé et aux membres
des conseils de fabrique une lettre
relative à l'instruction envoyée par l;e
ministre des cuites.
! Voici la partie de cet important do
cument où est apprécié le caractère
des nouvelles mesures apportées au.
régime des fabriques :
Nous ne voulons pas redire ici ce que
nous écrivions au mois d'avril dernier, à
propos du décret qui réglait l'applioation
de la nouvelle loi.
Certes^ il est permis d'affirmer que ce
n'est pas à une'pensée d'intérêt pour leï
fabriques que cédait l'auteur de ce coup
de surprise si regrettable, porté comme au.
hasard, à propos de la loi budgétaire, à l'ad
ministration de nos églises.
Il suffit, pour en être convaincu, de se
rappeler d'où émane cette.loi, quels esprits
l'ont oonQue, et comment elto..fut, contré
toute attente, remise inopinément à l'ordre
du jour dans les préoooupations des débats
sur une loi de finances, après avoir été uno r
première fois repoussée par lo Parlement.'
Si l'applicalion eût été faite dans l'esprit de
la loi, elle eût créé les embarras les plus
pénibles et rendu impossible l'administra
tion temporelle de nos églises. Telle qu'elle
est, aveo les adoucissements qu'a essayé
d'y introduire un esprit d'apaisement aussi
prudent que ju3te, elle, nous/laisse encore'
de vifs et douloureux regrets.
; Espérons que, lé temps et l'expérience'
aidant, cette œuvre, si absolument suspecte
dans ses origines, se modifiera dans un-
sens moins irréligieux, et qu'au lieu d'être
un embarras et une vexation sans utilité
daus plusieurs de ses détails, elle deviendra
un jour une loi sage, vraiment utile aux
intérêts dos églises, permettant à la fois un
contrôle prudent et une administration,
sans entraves. . •• "
L'époque tardive où nous .arrive l'ins-,
traction de M. le ministre des cultes ne
nous permetpas, obéra messieurs, d'entrer
avec vous dans de longs détails sur l'appli
cation du règlement, désormais imposé à
nos fabriques oomme une loi qu'il faut
subir. Vous lirez avec attention la lettre dé
M. le .ministre,; vous y trouverez, dans dos
formules d'une courtoisie parfaite, l'affir
mation des efforts tentés pour rendre la
pratique de la loi plus facile, et vous con
clurez déjà à la possibilité d'entrer, sans
trop de difficultés, dans l'application des"
règles de la nouvelle comptabilité.
Cependant'lorsque, un moment après,
vous parcourrez rapidement du regard
l'instruction proprement dite, vous serez
effrayés. Vous vous demanderez comment
il sera possible à des hommes qui ne font
pas métier de tenir des livres, étrangers
souvent aux règles les plus élémentaires de
la comptabilité légale, de comprendre ces
formules et d'appliquer, tant de détails.
loi .messieurs, nous devons à la vérité et
là notre bonne foi de vous mettre en gardé
contre une pareille appréciation. ;
Il eût été possible, sans doute; de dimi
nuer encore fie nombre des formalités im-
iposées aux marguilliers-complables de nos
fabriques. Et si des promesses solennelle
ment faites avaient pu être tenuea, les ob-
; servations présentées par l'épiscop.at eus-
' sent aidé à simplifier davantage une gestion
j toujours gratuite, il.ne faut pas l'oublier, et
( souvent pleine d'ennuis.
retraite une vie tranquille. Il n'existe entre
elles aucune communauté .de, biens ; cha
que béguine retient son patrimoine, vit de
ses rentes ou du produit de son travail, et
oe qu'elle possède au jour de son décès
passe aux héritiers légitimes, conformé
ment aux lois existantes. Elles ne sont pas
astreintes à des vœux perpétuels ; elles
s'obligent seulement par-devant leurs su
périeures, sans l'intervention d'aucune
personne ecclésiastique, à se conduire selon
les constitutions de lèur cour, c'est ; à-dire
de la maison (ou de l'ensemble de maisons)
qu'elles habitent,, tout le temps qu'elles y
resteront, et ce temps n'est pas déter
miné. »
Mais qui se souvient aujourd'hui que
beaucoup de nos villes du Nord, que notre
capitale elle-même a possédé des établisse-
ments|semblables? Et si M. Léon Le Grand,
qui s'est fait une spécialité de l'histoire de
nos maisons hospitalières, ne nous rappe
lait, dans une savante étude, l'organisation
et le rôle des béguines de Paris (2), lequel
d'entre nous soupçonnerait les services
rendus jadis à nos pères, à no3 mères sur
tout, par leur installation dans cette ville ?
Elles y furent établies par saint Louis,
aux environs de l'année 1264. Leur maison
était située, d'après le confesseur de la
reine Marguerite, dans le quartier Saint-
Paul, « delez la porte Barbeel ». Les habi
tants de oe pieux asile atteignirent bientôt
le chiffre énorme de quatre cents, s'il faut
s'en rapporter à Geoffroi de Beaulieu.
(2) Les Béguines de Paris, par L. Le Grand,
■ dans les mémoires de la Sooiété de l'histoire de
Paris, 1893, in-8".
• Beaucoup d'entre elles appartenaient à
^ des familles nobles, dit M. Le Grand, mais
étaient.pauvres, et saint Louis dut pourvoir
à : leur entretien, oe qu'il fit avec sa généro
sité habitaelie. Il né se contenta pas de les
secourir pendant sa vie, mais voulut que
son affeotiôn se fit sentir à elles jusqu'après
sa mort, et leur légua par son testament
100 livres parisis pour l'entretien des bâti
ments du béguinage et 20 livres pour sou
tenir les plus pauvres d'entre elles ; puis il
reoommanda à son héritier de continuer les
pensions qu'il avait constituées à différen
tes béguines du royaume. ». Philippe le "
Ilardi et ses successeurs ne manquèrent
pas de déférer au vœu du bon roi.
Un des motifs qui valurent aux béguines
de Paris les favaurs de saint Louis est,
selon toute probabilité, son amour pour lés
beaux sermons. La chapelle du béguinage
était devenue, dès les premières années de
son existence, 1e rendez-vous des prédica
teurs à.la mode. Lës • maîtresses des bé
guines « se mettaient quelquefois dè la pa?-
. tie, malgré les prohibitions qui interdi
saient l'accès de la chaire aux femmes, et la
docteur Pierre de Limoges a même repro
duit deux fragments d'homélies recueillis
de la bouche de l'une d'elles. Lé fait était
enoore moins extraordinaire que celui qui
Repassa, un jour, au béguinage de Cam
brai , où une des associées interrompit le
prédicateur au moment où il formulait
cette proposition, que l'homme dont la
charité irait toujours droit ne ferait que des
actions irréprochables : « Maître, s'écria-t-
_ elle, à quel endroit de la Sainte Ecriture
j âvez-vous vu que la charité puisse être
Le taux de reconnaissance estimé pour ce document est de 72.42%.
En savoir plus sur l'OCR
En savoir plus sur l'OCR
Le texte affiché peut comporter un certain nombre d'erreurs. En effet, le mode texte de ce document a été généré de façon automatique par un programme de reconnaissance optique de caractères (OCR). Le taux de reconnaissance estimé pour ce document est de 72.42%.
- Collections numériques similaires Bibliographie de la presse française politique et d'information générale Bibliographie de la presse française politique et d'information générale /services/engine/search/sru?operation=searchRetrieve&version=1.2&maximumRecords=50&collapsing=true&exactSearch=true&query=colnum adj "BIPFPIG00"L'Avenir de la Dordogne : journal politique quotidien ["puis" républicain quotidien "puis" quotidien départemental] /ark:/12148/bd6t548686443.highres Forbacher Bürger-Zeitung : Tageblatt für den Kreis Forbach und Umgebung ["puis" Organ der Zentrumspartei für den Kreis Forbach "puis" katholisches Tageblatt] /ark:/12148/bd6t546498301.highresBibliographie de la presse Bibliographie de la presse /services/engine/search/sru?operation=searchRetrieve&version=1.2&maximumRecords=50&collapsing=true&exactSearch=true&query=colnum adj "BIPNOUV"
- Auteurs similaires Veuillot Louis Veuillot Louis /services/engine/search/sru?operation=searchRetrieve&version=1.2&maximumRecords=50&collapsing=true&exactSearch=true&query=(dc.creator adj "Veuillot Louis" or dc.contributor adj "Veuillot Louis")Veuillot François Veuillot François /services/engine/search/sru?operation=searchRetrieve&version=1.2&maximumRecords=50&collapsing=true&exactSearch=true&query=(dc.creator adj "Veuillot François" or dc.contributor adj "Veuillot François")
-
-
Page
chiffre de pagination vue 1/4
- Recherche dans le document Recherche dans le document https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/search/ark:/12148/bpt6k708299r/f1.image ×
Recherche dans le document
- Partage et envoi par courriel Partage et envoi par courriel https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/share/ark:/12148/bpt6k708299r/f1.image
- Téléchargement / impression Téléchargement / impression https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/download/ark:/12148/bpt6k708299r/f1.image
- Mise en scène Mise en scène ×
Mise en scène
Créer facilement :
- Marque-page Marque-page https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/bookmark/ark:/12148/bpt6k708299r/f1.image ×
Gérer son espace personnel
Ajouter ce document
Ajouter/Voir ses marque-pages
Mes sélections ()Titre - Acheter une reproduction Acheter une reproduction https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/pa-ecommerce/ark:/12148/bpt6k708299r
- Acheter le livre complet Acheter le livre complet https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/indisponible/achat/ark:/12148/bpt6k708299r
- Signalement d'anomalie Signalement d'anomalie https://sindbadbnf.libanswers.com/widget_standalone.php?la_widget_id=7142
- Aide Aide https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/aide/ark:/12148/bpt6k708299r/f1.image × Aide
Facebook
Twitter
Pinterest