Titre : L'Univers
Éditeur : L'Univers (Paris)
Date d'édition : 1893-10-01
Contributeur : Veuillot, Louis (1813-1883). Rédacteur
Contributeur : Veuillot, Pierre (1859-1907). Rédacteur
Contributeur : Veuillot, François (1870-1952). Rédacteur
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34520232c
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 01 octobre 1893 01 octobre 1893
Description : 1893/10/01 (Numéro 9274). 1893/10/01 (Numéro 9274).
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
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Droits : Consultable en ligne
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Source : Bibliothèque nationale de France
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 06/02/2011
Dimanche 1 er Octobre 1893
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IP 9274 — .édition quotidUnn»
Dimanche 1 er Octobre 1899
ÉDITION
Un an . . .
Six mois . ;
Trois mois.
QUOTID IENNE.
étranger
(union postale}
paris
et départements
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i l 'IlYERS m répond pas des'maaascrii's qui lai sont adressés ; -, , y•
ANNONCES
MM. LAGRANGE, CERF et C 1 *, 6, place de la Bourse
BULLETINJDU JOUR
PARIS, 30 SEPTEMBRE 1893
Hier, certaines rameurs un peu va
gues parlaient de dissentiments qui
s'étaient produits dans le ministère et
qui pourraient aller jusqu'à amener
une crise ministérielle. Un nom était
même prononcé, celui de M. Viette
dont la retraite était déjà décidée. Ga
matin, le Gaulois, précisant quelque
peu, dit qu'une crise à failli éclater
en effet, mais qu'on l'a ajournée de
commun accord « par le désir una
nime d'éviter toute complication à la
veille de la visite de l'escadre russe ».
C'est très sage, mais qu'arrivera-t-il
après la venue des Russes, et comment
M. Dupuy, en admettant qu'il évite
toute crise jusqu'au retour des Cham
bres, pourra-t-il s'imposer et faire la
« concentration républicaine » avec
tin cabinet aussi peu « concentré »?
Aucune modification sérieuse au
sujet de la grève du Pas-de-Calais. Vi
siblement, il y a un apaisement. Ne
pourrait-on pas en profiter pour mettre
fin à une situation toujours dange
reuse par les conséquences qu'elle peut
entraîner? .
On trouvera plus loin une lettre de
M. le comte Albert de Mun qui donne
sa pleine adhésion au projet de fédé
ration des œuvres ouvrières françaises
que nous avons déjà signalé et qui
est une suite du congrès de la ligue
démocratique belge.
A cause du bruit qui s'est fait et gui
continue autour de la condamnation
du sergent réserviste Hus, nous don
nons un compte rendu détaillé de
l'audience du conseil de guerre. Il est,
d'ailleurs, nécessaire de bien con
naître les faits pour pouvoir les ap
précier.
D'après les dépêches, la révolution
serait domptée dans la République
argentine, tandis qu'au Brésil, la lutte
continuerait sans avantages bien mar
qués pour aucun" des deux combat
tants.
Des difficultés se sont produites, au
sujet de la petite république d'An
dorre entre le gouvernement français
etl'évêque de la Seo d'Urgel qui en
sont les co-seigneurs. Dans une lettre
adressée aux journaux espagnols, l'é-
vêque se plaindrait, non sans viva
cité, de l'établissement d'une ligne
télégraphique faite à Andorre par le
gouvernement français sans son as
sentiment et au mépris de ses droits.
Nous n'avons encore de cette lettre
que "des résumés incomplets et peut-
être inexacts. Nous attendrons d'en
connaître le texte.
L'ORDRE MATERIEL
La Gazette se proclame « ahurie ».
Elle ne l'avouerait pas qu'on s'en
apercevrait bien. Elle a voulu raison
ner sur un article de Y Univers qu'elle
reconnaissait elle-même n'avoir pas
lu ; elle a divagué. On le lui a dit ;
elle reste bouche ouverte, comprenant
mais ne voulant pas confesser qu'elle
a fait fausse route, et ne sachant trop
cûmment se tirer d'affaire. Laissons-
la, et qu'elle continue, s'il lui plait, à
nous traiter de « ramollis disant de
bonnes bêtises », Venant d'elle, ce
sont les 1 compliments et les approba
tions qui nous seraient désagréables.
VEmancipateur de Cambrai nous a
lu. Puis, avec son entrain habituel, i]
s'est lancé impétueusement à côté de
la question. Nous avions constaté que
l'ordre matériel n'a pas été sérieuse
ment troublé en France depuis dix-
huit ans ; il nous a, répondu en citant
des faits qui prouvent que le désordre
moral est à son comble. Hé ! ne l'a-
vons-nous pas déolaré de la façon la
plus formelle, ajoutant que cet odieux
désordre imposait aux catholiques lè
devoir d'entrer dans la maison, mal
gré le dégoût que son état présent
peut inspirer, pour en chasser les
maîtres opportunistes-radicaux ! Seu
lement, nous avons reconnu que si la
maison était mal gouvernée par des
possesseurs indignes, cela n'empê^
chait point la rue d'être tranquille,
en somme.
, Faut-il brièvement rappeler comb
inent nous avons été amené à dire
cela ? Un article de Y Univers, ou il était
parlé des révolutions auxquelles sont
constamment en proie les républi
ques sud - américaines, avait jeté
l 'Alerte dans un étonnement profond,
disait-elle. Cette feuille,- apparue aux
derniers jours du printemps et déjà
tristement jaunissante, s'écriait que le
spectacle offert par le Brésil, en état
d'insurrection poussée jusqu'au bom
bardement de la capitale, était abso
lument le même que celui dont nou3
jouissions en France et à Paris. Il
nous a semblé que Y Alerte exagérait
un peu. Nous l'avons osé dire, lui de
mandant quel profit elle espérait tirer
pour sa cause d'assertions si manifes
tement contraires à la vérité. — Le
désordre moral est immense, flétris:
fiez-le ; à la bonne heure ! Soutenez
qu'il est inséparable de l'état républi
cain; c'est une thèse que nous n 'estir
xn@ns pas juste, mais elle est digne^ de
la discussion. Arrêtez-vous là, et n'al
lez point jusqu'à prétendre que la
France et Paris sont journellement à
feu et à sang comme le Brésil et Rio
de Janeiro, comme la République Ar
gentine et Buenos-Ayres, etc... L'or
dre matériel, l'ordre de la rue, nous
l'avons depuis dix-huit ans, plus que
sous les régimes qui ont précédé, plus
surtout que sous la monarchie parle
mentaire de Juillet. Pourquoi soutenir
le contraire ? Ne vaut-il pas mieux,
quand on veut agir sur l'opinion, se
rendre un compte exact des choses et
envisager la situation telle, qu'elle
est?
Telle était la substance de notre ré
ponse.
Là-dessus YEmancipateur inter
vient, fougueux et frémissant d'in
dignation. Il nou3 parle des iniquités
commises depuis quinze ans par les
opportunistes-radicaux. Imaginez ce
dialogue : V Univers. — Il n'y a pas
d'inondation dans ce pays. — VEman-
cipateur. — Hé quoi ! pouvez-vous
nier l'inondation quand la contrée
tout entière est la proie des flammes,
et que les ravages de l'incendie sont
manifestes et considérables ! Etes-
vous aveugles ou insensibles aux ca
lamités publiques ?
On essaie de montrer au journal de
Cambrai qu'il s'égare. Il répond qu'on
l'injurie, lui toujours si courtois, et
maintient qu'il est dans la question.
Nous n'avons pas injurié YEmanci
pateur, et il n'est point dans la ques*
tion.
Nous ne l'avons pas injurié : les
épithètes qui le froissent ne s'adres
saient gu'à la Gazette. S'il lit cette
feuille, il s'avouera tout bas qu'elle les
mérite bien. Quant à sa courtoisie,
elle est incontestable, puisqu'il s'est
borné avec politesse, intervenant sans
provocation de notre part entre Y Alerte
et nous, à nous déclarer que nous
disions des « absurdités » et tenions un
langage indigne d'un catholique.
Il n'est point dans la question : —
Comment, s'écrie-t-il, vous prétendez
qu'on est plus tranquille à Pari3 qu'à
Rio-de-Janeiro, vous soutenez que
l'insurrection n'est pas. continuelle
ment déchainée en France 1 Oubliez-
vous les expulsions de religieux, les
fermetures de chapelles, l'affaire de
Chateauvillain, les prêtres. forcés de
revêtir la tunique militaire, les laïci
sations d'écoles et d'hôpitaux!
Non, non, Emancipateur , nous n'a
vons rien oublié de tout cela. Mais
hélas! hélas! tout cela, justement, a
pu. s'accomplir sans qu'il y ait eu de
désordres matériels sérieux, sans qu'on
ait vu éclater des troubles insurrec
tionnels. L'indignation des catholi
ques n'est point allée jusqu'à la ré
volte. Quand on expulsa les Jésuites,
quelques personnes, dont un jeune
rédacteur de Y Univers, furent con
duites au violon pour avoir protesté
un peu vivement ; elles y passèrent
deux ou trois heures, point fâchées de
ce qui leur arrivait. Comparerez-vous
ces minuscules épisodes, comme im
portance, comme effet, au pronuncia-
miento de l'amiral de Mello,à la rébel
lion deTucuman, ou simplement aux
insurrections qui se produisirent, à
tant de reprises, sous le règne de
Louis-Philippe, et qu'il fallut réprimer
à coups de fusil, de canons, par de
vraies batailles? Lors de l'abomina
ble affaire de Chateauvillain, a-t-on vu
les catholiques français se soulever ?
Hélas ! non ; les protestations furent
faibles et platoniques. Un seul jour
nal voulut faire quelque chose ; il ou
vrit une souscription pour indem
niser les victimes. Son exemple ne
fut pas suivi, et la souscription rap
porta bien peu.
Déplorez que toutes ces infamies
aient pu s'accomplir sans que le pays
se soit révolté contre ceux qui les
commettaient, nous serons avec vous.
Mais ne niez pas que la rue soit tran
quille, et que l'on vaque à ses affaires
plus paisiblement à Paris qu'à Rio-de-
Janeiro. Nous n'avons pas dit autre
chose. Cet ordre matériel, cet ordre
de la rue, nous ne l'avons pas. célé
bré comme un bienfait digne de toute
admiration et permettant de négliger
le reste. Nous l'avons constaté simple
ment, y voyant une des principales
causes de la volonté où est ce pays de
garder la République, ne trouvant pas
cela très noble de la part de nos con
citoyens, mais reconnaissant un fait
indéniable.
Les conservateurs avaient dit à la
France : La République, c'est le dé
sordre, l'émeute, l'insurrection à jet
continu. L'événement, depuis dix-
huit ans que nous sommes réelle
ment et constitutionnel lement en Ré
publique, a démenti ces prédictions,
et l'autorité qui s'attachait aux dis
cours des conservateurs en a fort di
minué. Au moins, qu'ils ne s'entêtent
pas !
PIERRE! VBUILLOT.
Chant dans ce sens qu'on peut arriver f
à toutes les améliorations. Un tel ré
sultat ne peut se faire en un jour, il
demandera des années. L'essentiel est
de'commencer et de vouloir à tout
prix continuer jusqu'au bout. »
La circulaire a paru dans la Croix,
M. le comte Albert de Mun vient
d'adresser la lettre suivante au direc
teur de ce journal :
Mon cher direotear,
V> ' ■
J'applaudis des deux mains à l'idée de la
formation d'une Union nationale ouvrière,
analogue à la Ligue démocratique belge. Il
n'y a pas un jour à perdre pour travailler à
l'organisation des forces ouvrières et à
l'exéoution des réformes sociales, comme
le dit votre correspondant, sans et oontre
les socialistes. Je suis prôt, pour ma part, à
associer mes efforts à ceux de M. l'abbé
Garnier et de M. Léon Harmel pour réaliser
cette idée le plus promptement possible.
Votre cordialement dévoué,
A. de Mon.
Nous publions plus loin le juge
ment que la Lanterne nous avait défiés
de citer, par lequel le tribunal con
sulaire de Vinh a condamné les
PP. Guignard et Vieu à huit jours de
prison, convertis en quatre - vingts
francs d'amende, et à cent piastres de
dommages-intérêts envers le sieur
Pognet.
Nos lecteurs verront que la Lan
terne, en déclarant qu'elle analysait
« avec une fidélité rigoureuse le texte
du jugement », a tout simplement
commis un mensonge de plus, comme
le prouve notamment le considérant
que voici :
Qu'à part les affirmations de M. Pogaet,
rien n'a établi que le P. Guignard ait mis
son revolver à la hauteur de la tête de
M. Pogaet ; qu'en effet le seul témoin qui
ait déclaré oe fait est le boy da M. Pogaet
et que ses dépositions faites à deux repri
ses devant le tribunal consulaire ne sont
pas identiques.
Quant au jugement lui-même, nous
verrons ce que la cour d'appel en lais
sera subsister. Notons ici qu'il ne tient
aucun compte des importantes déposi
tions faites par les témoins à dé
charge. Pour MM. les juges du tribu
nal consulaire de Vinh, les affirma
tions favorables aux missionnaires ne
sont pas dignes d'arrêter l'attention.
Quant à la conduite du sieur Pognet,
pénétrant de force, la carabine à la
main, chez les Pères, elle paraît abso
lument naturelle à ces magistrats. Ils
se gardent bien aussi de mentionner
ce qu'étaient les deux captifs que
Pognet venait ainsi délivrer : deux
malfaiteurs, l'un assassin de son on
cle, l'autre, terreur du pays, dont les
missionnaires s'étaient emparés et
qu'ils avaient pu maîtriser pour les
livrer aux autorités. Pognet les a
rendus à la liberté ; il a rencontré de
la résistance. Le3 Pères coupables de
s'être opposés aux desseins libérateurs
de Pognet; sont punis. Voilà un juge
ment qui fera grand bien à la France
dans l'esprit des populations anna
mites!
L'UNION NATIONALE O UVRIERE
Nous avons signalé une circulaire
de l' Union Nationale invitant les asso
ciations ouvrières, corporations, syn
dicats à entrer dans la voie tracée par
la Ligue démocratique belge et à se
faire inscrire pour cela rue Bayard, 5.
« Tous les peuples étant d'accord,
disait la circulaire, pour prendre,
selon les indications du Pape Léon XIII,
les associations corporatives comme
base de la réglementation, tant natio
nale qu'internationale; c'est en mar-
Un congrès catholique au sujet du
quel nous donnerons prochainement
des détails, a été tenu ae lundi à-jeudi
à Portsmouth. C'est S. Em. le cardinal
Vaughan qui a lu le discours d'ouver
ture, sur « la Solution du Problème
Social ». Cette solution, a-t-il dit, c'est
l'établissement de rapports étroits
entre les riches et les pauvres. La pro
pagande du Communisme et de l'A
théisme gagne de plus en plus,à Lon
dres surtout, les classes laborieuses.
Aux démagogues qui trompent le peu
ple, il faut opposer la charité et la
sympathie dont les ouvriers doivent
être l'objet de la part des vrais catho
liques.
L'orateur a ajouté que si, à des épo
ques antérieures, les évêques, les
prêtres et les religieux ont suffi à
cet apostolat, aujourd'hui que leur
nombre et leurs ressources ont dimi
nué, les laïques instruits et influents
doivent prendre une part active aux
œuvres pour le salut de la société.
SYMPTOMES ALARMANTS EN ESPAGNE
Nos lecteurs ont lu les dépêches
alarmantes venues d'Espagne. La Ca
talogne est en pleine fermentation
anarchiste, il en est de même pour
l'Andalousie. Les populations du ver
sant septentrional des monts Cantabres
sont également agitées, et la Biscaye
et la Navarre se remuent comme si
l'on était à la veille d'une- levée de
boucliers carlistes.
C'est un défaut des partis politiques
et des hommes politiques de l'Espagne
de ne s'apercevoir du danger qu'au
dernier moment. Du reste, le défaut
prend sa source dans le caractère na
tional lui-même. Les Espagnols, se
raillant spirituellement, ont mis en
cours ce proverbe sur eux : « S'aper
cevoir de la sainte Barbe après qu'on
en a tiré les canons. »
De plus, il existe en Espagne une
école juridique, sociale, économique
et politique, qui a érigé en système de
dédaigner le passé, de négliger l'ave
nir et de ne se préoccuper que du
succès du moment, auquel seul elle
croit.
Elle ferme les yeux sur l'efficacité du
système préventif et n'a point de
règle de conduite, tantôt procédant
avec un despotisme arbitraire, tantôt
accordant une impunité scandaleuse.
Il faut que les tourmentes sociales
surviennent, pour que ces noncha
lants et ces apathiques secouent leur
léthargie et voient la triste réalité.
L'attentat qui visait le général Mar-
tinez Campos a prouvé que la révolu
tion n'est pas morte en Espagne. Elle
attend simplement l'heure de - réa
liser par le crime son idéal: la des
truction de tout l'ordre social exis
tant. Le malfaiteur de Barcelone a beau
dire : « c'est moi qui l'ai fait », nul
doute qu'il ne soit un instrument du
parti anarchiste.
Il y a une dizaine d'années, l'asso
ciation anarchiste, fondée sousle nom
de Main noire à Xérès, jetait la terreur
dans toute l'Andalousie.
Les statuts de cette formidable as
sociation contenaient la. clause sui
vante :
Nous déolarons hors la loi tous ceux qui
possèdent ; pour les oombattre comme ils
le méritent et comme c'est nécessaire, tous
les moyens nous sont bons : le feu et le
poignard, l'astuce, le mensonge et la ca
lomnie. •
Une répression énergique , qui
coûta la vie à une trentaine des plus
coupables, a assuré à cette province
le repos pour quelques années. Au
. commencement de 1892, la Main
noire rentra en scènej pilla et brûla
un faubourg de Xérès et commit de
nombreux meurtres. Presque tout un
corps d'armée dut être employé pour
réprimer ces forfaits, et lorsque l'E
tat remplit son devoir de conservation
sociale et fit exécuter les chefs de la
bande, un cri d'indignation s'éleva
des repaires anarchistes de toute
l'Europe et partout retentit le cri :
a Vengeance pour Xérès! »>
Les mots culpabilité et expiation
ont cessé d'avoir leur véritable signi
fication aux yeux du parti anarchiste
espagnol, et cette perversion du sens
moral démontre clairement les pro
grès alarmants faits par la folie socia
liste dans les classes ouvrières d'Es
pagne.
Le mouvement s'est étendu depuis
et il a été inconsciemment favorisé
par le parti des obstructionnistes aux
Cortès espagnoles.
Cette triste situation se manifeste
au grand jour par l'attentat contre
Martinez-Campos, le Monk de la dy
nastie actuellement régnante.
Le crime de Barcelone devrait servir
d'avertissement aux hommes d'Etat et
aux hommes politiques d'Espagne. Il
est temps qu'ils écartent les passions
de parti et tâchent de travailler d'ac
cord à la solution de la question so
ciale en Espagne.
Il ne suffit pa3 de punir l'auteur et
les instigateurs de l'attentat, il faut
prévenir de pareils forfaits par un
système général de politique et de lé
gislation, et déjouer ainsi les manœu
vres révolutionnaires.
Tant qu'il sera permis en Espagne
d'attaquer, par paroles et par écrits,
l'ordre social dans ses bases es
sentielles, le mal ne fera qu'aug
menter.
H.-G. F romm.
A la suite de la réunion du chapitre
général de la congrégation de l'Ora
toire, Mgr Perraud, évêque d'Autun et
supérieur général de cette congréga
tion, a adressé à.Sa Sainteté le Pape
Léon XIII la lettre suivante :
Autun, le 9 août 1893.
Très Saint Père,
Le chapitre général de la congrégation
de l'Oratoire de Jésus-Christ Netre Sei
gneur vient de se terminer (i). J'y ai rempli
le Revoir de promulguer solennellement
les Constitutions récemment approuvées
par le Saint-Siège.
Avant de se disperser pour aller remplir
dans les diverses maisons de la oongréga-
tioa les emplois qui leur sont confiés par
les évêques, les membres de l'Oratoire,
députés à oe chapitre, m'ont donné l'hono
rable mandat d'exprimer à Votre Sainteté,
de la part de toute la ooogrégation, la
reconnaissance la plus vive aveo les senti
ments de la plus respectueuse et filiale
obéissance.
Il était impossible qu'ils ne fissent pas le
plus grand cas de l'importante et; très pré
cieuse faveur dont ils se proclament très
volontiers redevables à Votre Paternité, je
veux dire l'approbation de leurs constitu
tions ; cette approbation que Votre Sainteté
a voulu leur acoerder, non pas à titre pro
visoire et par manière d'essai, mais immé
diatement définitive, ainsi qu'il résulte du
décret solennel rendu le 2 juillet 1892. ,,
Ces constitutions, nous ne les avons pas
empruntées à d'autres familles religieuses
ou tirées d'un fonds étranger. Après les
avoir reçues de ces prêtres d'éminente vertu
Pierre de Bérulle, Charles de Goadren,
François Bourgoing et d'autres encore,
qu'avaient en si grande estime vos prédé
cesseurs, et particulièrement Paul V, Ur
bain VIII, Innocent X, Alexandre VII, nous
les avons, aveo une humble confianoe, sou
mises à Votre jugement, dans la mesure où
Votre Sainteté daignerait en faire revivre
au moins l'économie essentielle et les prin
cipales dispositions, et nous les restituer
comme la portion la plus précieuse de l'hé
ritage paternel.
Reconnaissants d'un si grand bienfait,
nous n'aurons rien tant à cœur que de pra
tiquer à l'égard du souverain Pontife non
seulement « l'obéissance et le respect >,
mais un tendre et affectueux dévouement.
De plus, nou3 sommes résolus à nous
montrer des i ouvriers infatigables » de
l'Eglise du Christ dans toutes les oeuvres
(4) Ce chapitre a été tenu, du l* r au 5 août,
dans le petit séminaire de Piquelin, près No vers,
que Mgr Lelong a confié, en 1889, aux Pères de
l'Oratoire.
et tous les offices qui touchent à la défense
de la foi chrétienne, aux meilleurs moyens
de pourvoir à l'éducation religieuse de la
jeunesse et à cet honneur de l'ordre sacer
dotal que nous voudrions toujours mettre
en une plus vive lumière.
Pour moi, Très Saint-Père, non seule
ment comme interprète èï fondé de pou
voirs du chapitre général, mais encore au
nom de cette Congrégation dont Votre
Sainteté me confiait le gouvernement il y a
neuf ans, très humblement prosterné à ses
pieds, je la prie de daigner accorder sa
Bénédiction apostolique à moi et à tous les
membres de l'Oratoire.
f Adolphe-Louis-Albert PERRAUD,
Evôque d'Autun, Supérieur général de l'Oratoire.
Sa Sainteté Léon XIII vient d'en
voyer à Mgr Perraud la réponse sui
vante :
« A notre vénérable frère Adolphé, évê
que d'Autun, supérieur général de la
. congrégation de l'Oratoire,
n Vénérable Frère,
« Les sentiments de pieuse soumis
sion qui animent à Notre égard la cé
lèbre congrégation dont vous êtes le
supérieur, nous ont été attestés d'une
manière éclatante par la lettre que
vous Nous avez écrite au nom de tous.
« Deux choses surtout Nous y plai
sent et méritent Nos éloges : d'abord,
l'élan avec lequel les membres de
l'Oratoire se proposent d'observer
dans une fidélité religieuse les consti
tutions de votre ordre que Nous avons
naguères revêtues de Notre approba
tion ; puis, le désir ardent de venir en
aide à l'Eglise dans l'accomplissement
des diverses fonctions qui sont pro
pres à votre institut. Ces deux excel
lentes dispositions sont bien dignes
des hommes éminents qui ,vous ont,
pour ainsi dire, légué leur esprit avec
leur règle, et répondent exactement
aux besoins de ce temps, lequel, plus
qu'aucun autre, réclame du clergé
une vertu supérieure dans l'action.
« Quant à Nous, si, dans la protec
tion des intérêts qui vous touchent,
Nous entendons ne le céder en rien à
ceux de Nos prédécesseurs dont vous
avez rappelé le souvenir et qui se sont
montrés si enclins à favoriser votre
congrégation, comme eux, Nous at
tendons des fruits toujours plus abon
dants de Notre sollicitude et de Notre
affection pour vous.
. « Ainsi, avec la grâce de Notre-Sei-
gneur Jésus-Christ, sachez vous gar
der intacts de toutes les mauvaises
influences du temps présent; et,
comme vous en avez pris l'engàge-
? ment, montrez-vous dans l'accomplis
sement de tous vos offices, « des "ou
vriers infatigables ». C'est à quoi ten-
.dent avec force Nos exhortations et
Nos vœux.
« En ce qui vous touche personnel
lement, vénérable frère, outre les té
moignages nombreux de particulière
bienveillance que Nous vous avons
déjà donnés, Nous voulons que la pré
sente. Lettre vous porte Nos félicita
tions pour le zèle et l'habileté'déployés
par vous au sein du chapitre de la
congrégation que vous venez de pré
sider, vous, son supérieur général,
dont Nous avons décrété de proroger
les pouvoirs à perpétuité.
Nous en avons le très ferme espoir,
l'éminente vertu avec laquelle, depuis
longtemps déjà, vous gouvernez et
illustrez votre Eglise, sera pour la
congrégation à laquelle vous vous
montrez si heureux d'appartenir, un
principe fécond de progrès et de
prospérité.
« Aussi bien, à vous et, ainsi que
vous en avez exprimé le désir, à tous
les membres de l'Oratoire, Nous ac
cordons, dans l'effusion de la charité,
la Bénédiction apostolique.
« Donné à Rocie, près Saint-Pierre,
le vi septembre mdcccxciii , en la
seizième année de Notre Pontificat.
LÉON XIII, PAPE.
LETTRE PASTORALE
de bon éminench lb cardinal richard,
archevêque de paris pour la pu
blication db l'encyclique « l^eti-
ti^s ma.gn/e » sur lb rosaire de la
très sainte vierge marie.
François-Marie-Benjamin Riohard, par
la grâoe de Dieu et du Saint-Siège apostoli
que cardinal prêtre dè la sainte Eglise ro
maine, du titre de Sancta Maria in via,
arohevêque de Paris, au clergé et aux fi
dèles de notre diooèse, salut et bénéjlio-
tion en Nôtre-Seigneur Jésus-Christ.
Nos très chers frères,
Le Vicaire de Jésus-Christ ne se lasso
pas de nous inviter à recourir à la très
saint* Vierge Marie par la récitation du
saint Rosaire. L'année dernière, il aimait à
mettre sous la protection de la Reine du
Ciel le cinquantième anniversaire de sa
consécration épiscopale qu'il se préparait
à célébrer. « Notre espoir en Marie, notre
puissante et tendre Mère, disait Léon XIII,
va tous les jours en grandissant et nous
est doux de plus en plus. » C'est encore
vers la bienheureuse Vierge que son cœur
et ses regards se tournent aujourd'hui pour
rendre grâces à Dieu de la manifestation
imposante de foi oatholique qui s'est pro
duite à l'occasion de son jubilé épisoopal :
« Notre cœur, ajoute Léon XIII, éprouve
un vif désir de remercier de ce bienfait
notre très douce auxiliatrioe auprès de
Dieu, son auguste Mère. »
Aussi il Lui semble entendre la voix de
la Reine du Ciel, l'encourageant avec bonté,
au milieu des épreuves cruelles que tra
verse l'Eglise, et le pressant d'entretenir de
nouveau les fidèlès dë la dévotion du Ro
saire si agréable au Cœur de Marie.
L'Sn»yclique que nous vous communi
quons aujourd'hui, nos très chers frères,
nous explique aveo une douce autorité les
biens nombreux dent la réoitation du oha-
pelet est la source, non seulement pour les
particuliers, mais pour la sooiété tout en-,
tière. Si nous osions nous servir de oetla
expression, Léon XIII nous apparaît dans
cette Encyclique comme le père de famille
qui enseigne & ses enfants {somment - on
doit invoquer Marie et comment on peut
attendre tous les biens par elle. Ce charme
de l'union dos âmes que goûte une famille
chrétienne qui prie avec son père, d'une
paroisse qui prie aveo son pasteur, nous
l'éprouvions en lisant la lettre du Sauverain
Pontife.
Au milieu des sollioitudes qu'il porte
pour l'Eglise et pour la société civile dans
le monde entier, son âme se repose dans la
réoitation du Rosaire, en union aveo ses
fils de la grande famille oatholique. Avec
une merveilleuse suavité, il nous explique
l'harmonie que Dieu a établie entre notre
existenoe terrestre et nos destinées éter
nelles, la providence avec laquelle Dieu a
pourvu au salut de nos âmes et aux néces
sités de la vie présente, la coasolatien et la
force que la prière à Marie nous donne
dans le pèlerinage de cette vie.
Aussi, nos très obers frères, nous souhai
tons que vous relisiez sâuvent les paroles
du Souverain Pontife, que yous en nouris-
siez vos âmes, et que la récitation du cha-r
pelet durant le mois du saint Rosaire de-
vienne pour vous le renouvellement dans
la vie chrétienne, suivant le vœu de
Léon XIII.
Nous n'oublierons pas que, selon la belle
expression des saints docteurs,la très sainte
Vierge a reçu de Dieu la toute-puissanoe de
la prière : Omnipotenlia supplex. Nous
nous adresserons & elle durant ce mois pour
lui exposer les besoins de nos âmes, les
besoins de nos familles. Nous la prierons
pour la France, afin que Dieu daigne con
duire notre pays dans les voies de la civili
sation chrétienne qui a fait sa gloire dans
les sièoles passés et dont l'impiété contem
poraine voudrait aujourd'hui la détourner.
Nous<4a prierons pour la France, afin gue
Dieu daigne conduire notre pays dans les
voies de la civilisation chrétienne qui a fait
sa gloire dans les sièoles passés et dont
l'impiété contemporaine voudrait aujour
d'hui la détourner. Nous la prierons afin
que notre Père céleste daigne, après la Ion?
gue sécheresse qui a désolé et désole en
core nos campagnes, ouvrir la main, oomme
parle l'Ecriture, et répandre sur la terre
la bénédiotion qui nous assure le pain de
ohaque jour.
Il nous était impossible de mieux ouvrir
le mois du saint Rosaire que par la leolure
et la méditation de l'Encyclique du Satnt-
Père. Puissions-nous tous entendre sa
voix et attirer les miséricordes de Dieu sur
l'Eglise et sur la Franoe par la prière et la
sanctification de notre vie ! .
MM. les curés liront en chaire, le di
manche 1" octobre, au prône de la messe
paroissiale l'Encyclique Lxtitix Nostrœ im
primée & la suite de notre lettre pastorale.
Elle sera pareillement lue dans lesétablis-
. sements religieux et communautés du dio
cèse.
Nous maintenons les prescriptions, pour
le mois du Rosaire, faites les années précé
dentes et rappelées dans VOrdo.
Donné & Paris, dans notre palais archié
piscopal, sous notre seing, notre soeau et le
contre-seing du ohanoelier de notre arche-
vêohé, en la fête de Notre-Dame de la
Meroi, le 24 septembre 1893.
f François , cardinal Richard,
archevêque de Paris.
Par mandement de Son Emineace,
A. Poudroux,
ch. hon., chancelier.
; » , ' •
LES GRÈVES _DES MINEORS
M. Basly tente un dernier effort. Il a
réuni & Lens les délégués mineurs en Con
grès et là, en l'absenoe de la presse soi
gneusement écartée, il a exposé la situa
tion. Le seul résultat apparent est un pro
cès-verbal blâmant « les agissements de la
troupe et de la gendarmerie » et un appel
aux députés socialistes. Voici le télégramme
adressé par M. Basly à M. Eugène Four-
nière, rédacteur à la Petite République
Française :
Dis à Baudin faire venir nombreux amis pour
conférenoes dimanche ; ils devront arriver iei
samedi soir.
Baslt.
De plus, on annonoe qu'une auxiliaire
puissante va apporter à la cause de la grève
l'appui-de sa parole, qui sera sans doute
très efficace vis-à-vis des femmes des mi
neurs. Il s'agit de Mme Paule Minok, qui,
parait-il, commencera prochainement une
série de conférences dans le bassin houiller.
En somme, la situation s'améliore plutôt,
même dans le Pas-de-Calais. On enregistre,
oe matin, une légère reprise du travail aux
mines de Drocourt, où il y a eu une cen
taine de descentes.
A Vendin-lès-Béthune, la reprise s'est
encore aooentuée, et on espère que, lundi,
le travail sur ce point sera oomplet, oar,
aujourd'hui, c'est à peine si l'on compte
encore une cinquantaine de grévistes dans
oe charbonnage.
M. Alapetite, préfet du Pas-de-Calais,
est venu à Lens hier pour se rendre oompte
de la situation. Demain, le général de
France, commandant en chef le 1" corps, à
Lille, passera en revue la garnison de Bé-
thune à onze heures du matin, puis, vers
trois heures du soir, il viendra à Lens ins
pecter les troupes détachées au service
d'ordre.
Un incendie d'une extrême violenoe s!est
déclaré cette nuit dans le bâtiment à l'usage
du ventilateur, à la fosse n° 7 des mines de
Béthune, laquelle est située le long de la
route nationale de Lens. Les seize fantas
sins casernés dans cette fosse combattent
encore en ce moment l'inoendie, dont on
ignore la cause. Les dégâts sont purement
matériels.
S'il faut en oroire le Journal des Débats,
l'agitateur Basly chercherait à se faire ar
rêter, afin de se dérober aux responsabilité
qu'il a encourues devant les mineurs en le's
mammmmÊmmmmmÊmmmmmmmmmiÊfÊtmÊÊiÊam
IP 9274 — .édition quotidUnn»
Dimanche 1 er Octobre 1899
ÉDITION
Un an . . .
Six mois . ;
Trois mois.
QUOTID IENNE.
étranger
(union postale}
paris
et départements
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BUREAUX : Paris, 10, rue des Saints-Pères
On s'abonne & Rome, place du Gesit, 8
ÉDITION SEMI-QUOTIDIENNE
Un an . .
Six mois. .
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i l 'IlYERS m répond pas des'maaascrii's qui lai sont adressés ; -, , y•
ANNONCES
MM. LAGRANGE, CERF et C 1 *, 6, place de la Bourse
BULLETINJDU JOUR
PARIS, 30 SEPTEMBRE 1893
Hier, certaines rameurs un peu va
gues parlaient de dissentiments qui
s'étaient produits dans le ministère et
qui pourraient aller jusqu'à amener
une crise ministérielle. Un nom était
même prononcé, celui de M. Viette
dont la retraite était déjà décidée. Ga
matin, le Gaulois, précisant quelque
peu, dit qu'une crise à failli éclater
en effet, mais qu'on l'a ajournée de
commun accord « par le désir una
nime d'éviter toute complication à la
veille de la visite de l'escadre russe ».
C'est très sage, mais qu'arrivera-t-il
après la venue des Russes, et comment
M. Dupuy, en admettant qu'il évite
toute crise jusqu'au retour des Cham
bres, pourra-t-il s'imposer et faire la
« concentration républicaine » avec
tin cabinet aussi peu « concentré »?
Aucune modification sérieuse au
sujet de la grève du Pas-de-Calais. Vi
siblement, il y a un apaisement. Ne
pourrait-on pas en profiter pour mettre
fin à une situation toujours dange
reuse par les conséquences qu'elle peut
entraîner? .
On trouvera plus loin une lettre de
M. le comte Albert de Mun qui donne
sa pleine adhésion au projet de fédé
ration des œuvres ouvrières françaises
que nous avons déjà signalé et qui
est une suite du congrès de la ligue
démocratique belge.
A cause du bruit qui s'est fait et gui
continue autour de la condamnation
du sergent réserviste Hus, nous don
nons un compte rendu détaillé de
l'audience du conseil de guerre. Il est,
d'ailleurs, nécessaire de bien con
naître les faits pour pouvoir les ap
précier.
D'après les dépêches, la révolution
serait domptée dans la République
argentine, tandis qu'au Brésil, la lutte
continuerait sans avantages bien mar
qués pour aucun" des deux combat
tants.
Des difficultés se sont produites, au
sujet de la petite république d'An
dorre entre le gouvernement français
etl'évêque de la Seo d'Urgel qui en
sont les co-seigneurs. Dans une lettre
adressée aux journaux espagnols, l'é-
vêque se plaindrait, non sans viva
cité, de l'établissement d'une ligne
télégraphique faite à Andorre par le
gouvernement français sans son as
sentiment et au mépris de ses droits.
Nous n'avons encore de cette lettre
que "des résumés incomplets et peut-
être inexacts. Nous attendrons d'en
connaître le texte.
L'ORDRE MATERIEL
La Gazette se proclame « ahurie ».
Elle ne l'avouerait pas qu'on s'en
apercevrait bien. Elle a voulu raison
ner sur un article de Y Univers qu'elle
reconnaissait elle-même n'avoir pas
lu ; elle a divagué. On le lui a dit ;
elle reste bouche ouverte, comprenant
mais ne voulant pas confesser qu'elle
a fait fausse route, et ne sachant trop
cûmment se tirer d'affaire. Laissons-
la, et qu'elle continue, s'il lui plait, à
nous traiter de « ramollis disant de
bonnes bêtises », Venant d'elle, ce
sont les 1 compliments et les approba
tions qui nous seraient désagréables.
VEmancipateur de Cambrai nous a
lu. Puis, avec son entrain habituel, i]
s'est lancé impétueusement à côté de
la question. Nous avions constaté que
l'ordre matériel n'a pas été sérieuse
ment troublé en France depuis dix-
huit ans ; il nous a, répondu en citant
des faits qui prouvent que le désordre
moral est à son comble. Hé ! ne l'a-
vons-nous pas déolaré de la façon la
plus formelle, ajoutant que cet odieux
désordre imposait aux catholiques lè
devoir d'entrer dans la maison, mal
gré le dégoût que son état présent
peut inspirer, pour en chasser les
maîtres opportunistes-radicaux ! Seu
lement, nous avons reconnu que si la
maison était mal gouvernée par des
possesseurs indignes, cela n'empê^
chait point la rue d'être tranquille,
en somme.
, Faut-il brièvement rappeler comb
inent nous avons été amené à dire
cela ? Un article de Y Univers, ou il était
parlé des révolutions auxquelles sont
constamment en proie les républi
ques sud - américaines, avait jeté
l 'Alerte dans un étonnement profond,
disait-elle. Cette feuille,- apparue aux
derniers jours du printemps et déjà
tristement jaunissante, s'écriait que le
spectacle offert par le Brésil, en état
d'insurrection poussée jusqu'au bom
bardement de la capitale, était abso
lument le même que celui dont nou3
jouissions en France et à Paris. Il
nous a semblé que Y Alerte exagérait
un peu. Nous l'avons osé dire, lui de
mandant quel profit elle espérait tirer
pour sa cause d'assertions si manifes
tement contraires à la vérité. — Le
désordre moral est immense, flétris:
fiez-le ; à la bonne heure ! Soutenez
qu'il est inséparable de l'état républi
cain; c'est une thèse que nous n 'estir
xn@ns pas juste, mais elle est digne^ de
la discussion. Arrêtez-vous là, et n'al
lez point jusqu'à prétendre que la
France et Paris sont journellement à
feu et à sang comme le Brésil et Rio
de Janeiro, comme la République Ar
gentine et Buenos-Ayres, etc... L'or
dre matériel, l'ordre de la rue, nous
l'avons depuis dix-huit ans, plus que
sous les régimes qui ont précédé, plus
surtout que sous la monarchie parle
mentaire de Juillet. Pourquoi soutenir
le contraire ? Ne vaut-il pas mieux,
quand on veut agir sur l'opinion, se
rendre un compte exact des choses et
envisager la situation telle, qu'elle
est?
Telle était la substance de notre ré
ponse.
Là-dessus YEmancipateur inter
vient, fougueux et frémissant d'in
dignation. Il nou3 parle des iniquités
commises depuis quinze ans par les
opportunistes-radicaux. Imaginez ce
dialogue : V Univers. — Il n'y a pas
d'inondation dans ce pays. — VEman-
cipateur. — Hé quoi ! pouvez-vous
nier l'inondation quand la contrée
tout entière est la proie des flammes,
et que les ravages de l'incendie sont
manifestes et considérables ! Etes-
vous aveugles ou insensibles aux ca
lamités publiques ?
On essaie de montrer au journal de
Cambrai qu'il s'égare. Il répond qu'on
l'injurie, lui toujours si courtois, et
maintient qu'il est dans la question.
Nous n'avons pas injurié YEmanci
pateur, et il n'est point dans la ques*
tion.
Nous ne l'avons pas injurié : les
épithètes qui le froissent ne s'adres
saient gu'à la Gazette. S'il lit cette
feuille, il s'avouera tout bas qu'elle les
mérite bien. Quant à sa courtoisie,
elle est incontestable, puisqu'il s'est
borné avec politesse, intervenant sans
provocation de notre part entre Y Alerte
et nous, à nous déclarer que nous
disions des « absurdités » et tenions un
langage indigne d'un catholique.
Il n'est point dans la question : —
Comment, s'écrie-t-il, vous prétendez
qu'on est plus tranquille à Pari3 qu'à
Rio-de-Janeiro, vous soutenez que
l'insurrection n'est pas. continuelle
ment déchainée en France 1 Oubliez-
vous les expulsions de religieux, les
fermetures de chapelles, l'affaire de
Chateauvillain, les prêtres. forcés de
revêtir la tunique militaire, les laïci
sations d'écoles et d'hôpitaux!
Non, non, Emancipateur , nous n'a
vons rien oublié de tout cela. Mais
hélas! hélas! tout cela, justement, a
pu. s'accomplir sans qu'il y ait eu de
désordres matériels sérieux, sans qu'on
ait vu éclater des troubles insurrec
tionnels. L'indignation des catholi
ques n'est point allée jusqu'à la ré
volte. Quand on expulsa les Jésuites,
quelques personnes, dont un jeune
rédacteur de Y Univers, furent con
duites au violon pour avoir protesté
un peu vivement ; elles y passèrent
deux ou trois heures, point fâchées de
ce qui leur arrivait. Comparerez-vous
ces minuscules épisodes, comme im
portance, comme effet, au pronuncia-
miento de l'amiral de Mello,à la rébel
lion deTucuman, ou simplement aux
insurrections qui se produisirent, à
tant de reprises, sous le règne de
Louis-Philippe, et qu'il fallut réprimer
à coups de fusil, de canons, par de
vraies batailles? Lors de l'abomina
ble affaire de Chateauvillain, a-t-on vu
les catholiques français se soulever ?
Hélas ! non ; les protestations furent
faibles et platoniques. Un seul jour
nal voulut faire quelque chose ; il ou
vrit une souscription pour indem
niser les victimes. Son exemple ne
fut pas suivi, et la souscription rap
porta bien peu.
Déplorez que toutes ces infamies
aient pu s'accomplir sans que le pays
se soit révolté contre ceux qui les
commettaient, nous serons avec vous.
Mais ne niez pas que la rue soit tran
quille, et que l'on vaque à ses affaires
plus paisiblement à Paris qu'à Rio-de-
Janeiro. Nous n'avons pas dit autre
chose. Cet ordre matériel, cet ordre
de la rue, nous ne l'avons pas. célé
bré comme un bienfait digne de toute
admiration et permettant de négliger
le reste. Nous l'avons constaté simple
ment, y voyant une des principales
causes de la volonté où est ce pays de
garder la République, ne trouvant pas
cela très noble de la part de nos con
citoyens, mais reconnaissant un fait
indéniable.
Les conservateurs avaient dit à la
France : La République, c'est le dé
sordre, l'émeute, l'insurrection à jet
continu. L'événement, depuis dix-
huit ans que nous sommes réelle
ment et constitutionnel lement en Ré
publique, a démenti ces prédictions,
et l'autorité qui s'attachait aux dis
cours des conservateurs en a fort di
minué. Au moins, qu'ils ne s'entêtent
pas !
PIERRE! VBUILLOT.
Chant dans ce sens qu'on peut arriver f
à toutes les améliorations. Un tel ré
sultat ne peut se faire en un jour, il
demandera des années. L'essentiel est
de'commencer et de vouloir à tout
prix continuer jusqu'au bout. »
La circulaire a paru dans la Croix,
M. le comte Albert de Mun vient
d'adresser la lettre suivante au direc
teur de ce journal :
Mon cher direotear,
V> ' ■
J'applaudis des deux mains à l'idée de la
formation d'une Union nationale ouvrière,
analogue à la Ligue démocratique belge. Il
n'y a pas un jour à perdre pour travailler à
l'organisation des forces ouvrières et à
l'exéoution des réformes sociales, comme
le dit votre correspondant, sans et oontre
les socialistes. Je suis prôt, pour ma part, à
associer mes efforts à ceux de M. l'abbé
Garnier et de M. Léon Harmel pour réaliser
cette idée le plus promptement possible.
Votre cordialement dévoué,
A. de Mon.
Nous publions plus loin le juge
ment que la Lanterne nous avait défiés
de citer, par lequel le tribunal con
sulaire de Vinh a condamné les
PP. Guignard et Vieu à huit jours de
prison, convertis en quatre - vingts
francs d'amende, et à cent piastres de
dommages-intérêts envers le sieur
Pognet.
Nos lecteurs verront que la Lan
terne, en déclarant qu'elle analysait
« avec une fidélité rigoureuse le texte
du jugement », a tout simplement
commis un mensonge de plus, comme
le prouve notamment le considérant
que voici :
Qu'à part les affirmations de M. Pogaet,
rien n'a établi que le P. Guignard ait mis
son revolver à la hauteur de la tête de
M. Pogaet ; qu'en effet le seul témoin qui
ait déclaré oe fait est le boy da M. Pogaet
et que ses dépositions faites à deux repri
ses devant le tribunal consulaire ne sont
pas identiques.
Quant au jugement lui-même, nous
verrons ce que la cour d'appel en lais
sera subsister. Notons ici qu'il ne tient
aucun compte des importantes déposi
tions faites par les témoins à dé
charge. Pour MM. les juges du tribu
nal consulaire de Vinh, les affirma
tions favorables aux missionnaires ne
sont pas dignes d'arrêter l'attention.
Quant à la conduite du sieur Pognet,
pénétrant de force, la carabine à la
main, chez les Pères, elle paraît abso
lument naturelle à ces magistrats. Ils
se gardent bien aussi de mentionner
ce qu'étaient les deux captifs que
Pognet venait ainsi délivrer : deux
malfaiteurs, l'un assassin de son on
cle, l'autre, terreur du pays, dont les
missionnaires s'étaient emparés et
qu'ils avaient pu maîtriser pour les
livrer aux autorités. Pognet les a
rendus à la liberté ; il a rencontré de
la résistance. Le3 Pères coupables de
s'être opposés aux desseins libérateurs
de Pognet; sont punis. Voilà un juge
ment qui fera grand bien à la France
dans l'esprit des populations anna
mites!
L'UNION NATIONALE O UVRIERE
Nous avons signalé une circulaire
de l' Union Nationale invitant les asso
ciations ouvrières, corporations, syn
dicats à entrer dans la voie tracée par
la Ligue démocratique belge et à se
faire inscrire pour cela rue Bayard, 5.
« Tous les peuples étant d'accord,
disait la circulaire, pour prendre,
selon les indications du Pape Léon XIII,
les associations corporatives comme
base de la réglementation, tant natio
nale qu'internationale; c'est en mar-
Un congrès catholique au sujet du
quel nous donnerons prochainement
des détails, a été tenu ae lundi à-jeudi
à Portsmouth. C'est S. Em. le cardinal
Vaughan qui a lu le discours d'ouver
ture, sur « la Solution du Problème
Social ». Cette solution, a-t-il dit, c'est
l'établissement de rapports étroits
entre les riches et les pauvres. La pro
pagande du Communisme et de l'A
théisme gagne de plus en plus,à Lon
dres surtout, les classes laborieuses.
Aux démagogues qui trompent le peu
ple, il faut opposer la charité et la
sympathie dont les ouvriers doivent
être l'objet de la part des vrais catho
liques.
L'orateur a ajouté que si, à des épo
ques antérieures, les évêques, les
prêtres et les religieux ont suffi à
cet apostolat, aujourd'hui que leur
nombre et leurs ressources ont dimi
nué, les laïques instruits et influents
doivent prendre une part active aux
œuvres pour le salut de la société.
SYMPTOMES ALARMANTS EN ESPAGNE
Nos lecteurs ont lu les dépêches
alarmantes venues d'Espagne. La Ca
talogne est en pleine fermentation
anarchiste, il en est de même pour
l'Andalousie. Les populations du ver
sant septentrional des monts Cantabres
sont également agitées, et la Biscaye
et la Navarre se remuent comme si
l'on était à la veille d'une- levée de
boucliers carlistes.
C'est un défaut des partis politiques
et des hommes politiques de l'Espagne
de ne s'apercevoir du danger qu'au
dernier moment. Du reste, le défaut
prend sa source dans le caractère na
tional lui-même. Les Espagnols, se
raillant spirituellement, ont mis en
cours ce proverbe sur eux : « S'aper
cevoir de la sainte Barbe après qu'on
en a tiré les canons. »
De plus, il existe en Espagne une
école juridique, sociale, économique
et politique, qui a érigé en système de
dédaigner le passé, de négliger l'ave
nir et de ne se préoccuper que du
succès du moment, auquel seul elle
croit.
Elle ferme les yeux sur l'efficacité du
système préventif et n'a point de
règle de conduite, tantôt procédant
avec un despotisme arbitraire, tantôt
accordant une impunité scandaleuse.
Il faut que les tourmentes sociales
surviennent, pour que ces noncha
lants et ces apathiques secouent leur
léthargie et voient la triste réalité.
L'attentat qui visait le général Mar-
tinez Campos a prouvé que la révolu
tion n'est pas morte en Espagne. Elle
attend simplement l'heure de - réa
liser par le crime son idéal: la des
truction de tout l'ordre social exis
tant. Le malfaiteur de Barcelone a beau
dire : « c'est moi qui l'ai fait », nul
doute qu'il ne soit un instrument du
parti anarchiste.
Il y a une dizaine d'années, l'asso
ciation anarchiste, fondée sousle nom
de Main noire à Xérès, jetait la terreur
dans toute l'Andalousie.
Les statuts de cette formidable as
sociation contenaient la. clause sui
vante :
Nous déolarons hors la loi tous ceux qui
possèdent ; pour les oombattre comme ils
le méritent et comme c'est nécessaire, tous
les moyens nous sont bons : le feu et le
poignard, l'astuce, le mensonge et la ca
lomnie. •
Une répression énergique , qui
coûta la vie à une trentaine des plus
coupables, a assuré à cette province
le repos pour quelques années. Au
. commencement de 1892, la Main
noire rentra en scènej pilla et brûla
un faubourg de Xérès et commit de
nombreux meurtres. Presque tout un
corps d'armée dut être employé pour
réprimer ces forfaits, et lorsque l'E
tat remplit son devoir de conservation
sociale et fit exécuter les chefs de la
bande, un cri d'indignation s'éleva
des repaires anarchistes de toute
l'Europe et partout retentit le cri :
a Vengeance pour Xérès! »>
Les mots culpabilité et expiation
ont cessé d'avoir leur véritable signi
fication aux yeux du parti anarchiste
espagnol, et cette perversion du sens
moral démontre clairement les pro
grès alarmants faits par la folie socia
liste dans les classes ouvrières d'Es
pagne.
Le mouvement s'est étendu depuis
et il a été inconsciemment favorisé
par le parti des obstructionnistes aux
Cortès espagnoles.
Cette triste situation se manifeste
au grand jour par l'attentat contre
Martinez-Campos, le Monk de la dy
nastie actuellement régnante.
Le crime de Barcelone devrait servir
d'avertissement aux hommes d'Etat et
aux hommes politiques d'Espagne. Il
est temps qu'ils écartent les passions
de parti et tâchent de travailler d'ac
cord à la solution de la question so
ciale en Espagne.
Il ne suffit pa3 de punir l'auteur et
les instigateurs de l'attentat, il faut
prévenir de pareils forfaits par un
système général de politique et de lé
gislation, et déjouer ainsi les manœu
vres révolutionnaires.
Tant qu'il sera permis en Espagne
d'attaquer, par paroles et par écrits,
l'ordre social dans ses bases es
sentielles, le mal ne fera qu'aug
menter.
H.-G. F romm.
A la suite de la réunion du chapitre
général de la congrégation de l'Ora
toire, Mgr Perraud, évêque d'Autun et
supérieur général de cette congréga
tion, a adressé à.Sa Sainteté le Pape
Léon XIII la lettre suivante :
Autun, le 9 août 1893.
Très Saint Père,
Le chapitre général de la congrégation
de l'Oratoire de Jésus-Christ Netre Sei
gneur vient de se terminer (i). J'y ai rempli
le Revoir de promulguer solennellement
les Constitutions récemment approuvées
par le Saint-Siège.
Avant de se disperser pour aller remplir
dans les diverses maisons de la oongréga-
tioa les emplois qui leur sont confiés par
les évêques, les membres de l'Oratoire,
députés à oe chapitre, m'ont donné l'hono
rable mandat d'exprimer à Votre Sainteté,
de la part de toute la ooogrégation, la
reconnaissance la plus vive aveo les senti
ments de la plus respectueuse et filiale
obéissance.
Il était impossible qu'ils ne fissent pas le
plus grand cas de l'importante et; très pré
cieuse faveur dont ils se proclament très
volontiers redevables à Votre Paternité, je
veux dire l'approbation de leurs constitu
tions ; cette approbation que Votre Sainteté
a voulu leur acoerder, non pas à titre pro
visoire et par manière d'essai, mais immé
diatement définitive, ainsi qu'il résulte du
décret solennel rendu le 2 juillet 1892. ,,
Ces constitutions, nous ne les avons pas
empruntées à d'autres familles religieuses
ou tirées d'un fonds étranger. Après les
avoir reçues de ces prêtres d'éminente vertu
Pierre de Bérulle, Charles de Goadren,
François Bourgoing et d'autres encore,
qu'avaient en si grande estime vos prédé
cesseurs, et particulièrement Paul V, Ur
bain VIII, Innocent X, Alexandre VII, nous
les avons, aveo une humble confianoe, sou
mises à Votre jugement, dans la mesure où
Votre Sainteté daignerait en faire revivre
au moins l'économie essentielle et les prin
cipales dispositions, et nous les restituer
comme la portion la plus précieuse de l'hé
ritage paternel.
Reconnaissants d'un si grand bienfait,
nous n'aurons rien tant à cœur que de pra
tiquer à l'égard du souverain Pontife non
seulement « l'obéissance et le respect >,
mais un tendre et affectueux dévouement.
De plus, nou3 sommes résolus à nous
montrer des i ouvriers infatigables » de
l'Eglise du Christ dans toutes les oeuvres
(4) Ce chapitre a été tenu, du l* r au 5 août,
dans le petit séminaire de Piquelin, près No vers,
que Mgr Lelong a confié, en 1889, aux Pères de
l'Oratoire.
et tous les offices qui touchent à la défense
de la foi chrétienne, aux meilleurs moyens
de pourvoir à l'éducation religieuse de la
jeunesse et à cet honneur de l'ordre sacer
dotal que nous voudrions toujours mettre
en une plus vive lumière.
Pour moi, Très Saint-Père, non seule
ment comme interprète èï fondé de pou
voirs du chapitre général, mais encore au
nom de cette Congrégation dont Votre
Sainteté me confiait le gouvernement il y a
neuf ans, très humblement prosterné à ses
pieds, je la prie de daigner accorder sa
Bénédiction apostolique à moi et à tous les
membres de l'Oratoire.
f Adolphe-Louis-Albert PERRAUD,
Evôque d'Autun, Supérieur général de l'Oratoire.
Sa Sainteté Léon XIII vient d'en
voyer à Mgr Perraud la réponse sui
vante :
« A notre vénérable frère Adolphé, évê
que d'Autun, supérieur général de la
. congrégation de l'Oratoire,
n Vénérable Frère,
« Les sentiments de pieuse soumis
sion qui animent à Notre égard la cé
lèbre congrégation dont vous êtes le
supérieur, nous ont été attestés d'une
manière éclatante par la lettre que
vous Nous avez écrite au nom de tous.
« Deux choses surtout Nous y plai
sent et méritent Nos éloges : d'abord,
l'élan avec lequel les membres de
l'Oratoire se proposent d'observer
dans une fidélité religieuse les consti
tutions de votre ordre que Nous avons
naguères revêtues de Notre approba
tion ; puis, le désir ardent de venir en
aide à l'Eglise dans l'accomplissement
des diverses fonctions qui sont pro
pres à votre institut. Ces deux excel
lentes dispositions sont bien dignes
des hommes éminents qui ,vous ont,
pour ainsi dire, légué leur esprit avec
leur règle, et répondent exactement
aux besoins de ce temps, lequel, plus
qu'aucun autre, réclame du clergé
une vertu supérieure dans l'action.
« Quant à Nous, si, dans la protec
tion des intérêts qui vous touchent,
Nous entendons ne le céder en rien à
ceux de Nos prédécesseurs dont vous
avez rappelé le souvenir et qui se sont
montrés si enclins à favoriser votre
congrégation, comme eux, Nous at
tendons des fruits toujours plus abon
dants de Notre sollicitude et de Notre
affection pour vous.
. « Ainsi, avec la grâce de Notre-Sei-
gneur Jésus-Christ, sachez vous gar
der intacts de toutes les mauvaises
influences du temps présent; et,
comme vous en avez pris l'engàge-
? ment, montrez-vous dans l'accomplis
sement de tous vos offices, « des "ou
vriers infatigables ». C'est à quoi ten-
.dent avec force Nos exhortations et
Nos vœux.
« En ce qui vous touche personnel
lement, vénérable frère, outre les té
moignages nombreux de particulière
bienveillance que Nous vous avons
déjà donnés, Nous voulons que la pré
sente. Lettre vous porte Nos félicita
tions pour le zèle et l'habileté'déployés
par vous au sein du chapitre de la
congrégation que vous venez de pré
sider, vous, son supérieur général,
dont Nous avons décrété de proroger
les pouvoirs à perpétuité.
Nous en avons le très ferme espoir,
l'éminente vertu avec laquelle, depuis
longtemps déjà, vous gouvernez et
illustrez votre Eglise, sera pour la
congrégation à laquelle vous vous
montrez si heureux d'appartenir, un
principe fécond de progrès et de
prospérité.
« Aussi bien, à vous et, ainsi que
vous en avez exprimé le désir, à tous
les membres de l'Oratoire, Nous ac
cordons, dans l'effusion de la charité,
la Bénédiction apostolique.
« Donné à Rocie, près Saint-Pierre,
le vi septembre mdcccxciii , en la
seizième année de Notre Pontificat.
LÉON XIII, PAPE.
LETTRE PASTORALE
de bon éminench lb cardinal richard,
archevêque de paris pour la pu
blication db l'encyclique « l^eti-
ti^s ma.gn/e » sur lb rosaire de la
très sainte vierge marie.
François-Marie-Benjamin Riohard, par
la grâoe de Dieu et du Saint-Siège apostoli
que cardinal prêtre dè la sainte Eglise ro
maine, du titre de Sancta Maria in via,
arohevêque de Paris, au clergé et aux fi
dèles de notre diooèse, salut et bénéjlio-
tion en Nôtre-Seigneur Jésus-Christ.
Nos très chers frères,
Le Vicaire de Jésus-Christ ne se lasso
pas de nous inviter à recourir à la très
saint* Vierge Marie par la récitation du
saint Rosaire. L'année dernière, il aimait à
mettre sous la protection de la Reine du
Ciel le cinquantième anniversaire de sa
consécration épiscopale qu'il se préparait
à célébrer. « Notre espoir en Marie, notre
puissante et tendre Mère, disait Léon XIII,
va tous les jours en grandissant et nous
est doux de plus en plus. » C'est encore
vers la bienheureuse Vierge que son cœur
et ses regards se tournent aujourd'hui pour
rendre grâces à Dieu de la manifestation
imposante de foi oatholique qui s'est pro
duite à l'occasion de son jubilé épisoopal :
« Notre cœur, ajoute Léon XIII, éprouve
un vif désir de remercier de ce bienfait
notre très douce auxiliatrioe auprès de
Dieu, son auguste Mère. »
Aussi il Lui semble entendre la voix de
la Reine du Ciel, l'encourageant avec bonté,
au milieu des épreuves cruelles que tra
verse l'Eglise, et le pressant d'entretenir de
nouveau les fidèlès dë la dévotion du Ro
saire si agréable au Cœur de Marie.
L'Sn»yclique que nous vous communi
quons aujourd'hui, nos très chers frères,
nous explique aveo une douce autorité les
biens nombreux dent la réoitation du oha-
pelet est la source, non seulement pour les
particuliers, mais pour la sooiété tout en-,
tière. Si nous osions nous servir de oetla
expression, Léon XIII nous apparaît dans
cette Encyclique comme le père de famille
qui enseigne & ses enfants {somment - on
doit invoquer Marie et comment on peut
attendre tous les biens par elle. Ce charme
de l'union dos âmes que goûte une famille
chrétienne qui prie avec son père, d'une
paroisse qui prie aveo son pasteur, nous
l'éprouvions en lisant la lettre du Sauverain
Pontife.
Au milieu des sollioitudes qu'il porte
pour l'Eglise et pour la société civile dans
le monde entier, son âme se repose dans la
réoitation du Rosaire, en union aveo ses
fils de la grande famille oatholique. Avec
une merveilleuse suavité, il nous explique
l'harmonie que Dieu a établie entre notre
existenoe terrestre et nos destinées éter
nelles, la providence avec laquelle Dieu a
pourvu au salut de nos âmes et aux néces
sités de la vie présente, la coasolatien et la
force que la prière à Marie nous donne
dans le pèlerinage de cette vie.
Aussi, nos très obers frères, nous souhai
tons que vous relisiez sâuvent les paroles
du Souverain Pontife, que yous en nouris-
siez vos âmes, et que la récitation du cha-r
pelet durant le mois du saint Rosaire de-
vienne pour vous le renouvellement dans
la vie chrétienne, suivant le vœu de
Léon XIII.
Nous n'oublierons pas que, selon la belle
expression des saints docteurs,la très sainte
Vierge a reçu de Dieu la toute-puissanoe de
la prière : Omnipotenlia supplex. Nous
nous adresserons & elle durant ce mois pour
lui exposer les besoins de nos âmes, les
besoins de nos familles. Nous la prierons
pour la France, afin que Dieu daigne con
duire notre pays dans les voies de la civili
sation chrétienne qui a fait sa gloire dans
les sièoles passés et dont l'impiété contem
poraine voudrait aujourd'hui la détourner.
Nous<4a prierons pour la France, afin gue
Dieu daigne conduire notre pays dans les
voies de la civilisation chrétienne qui a fait
sa gloire dans les sièoles passés et dont
l'impiété contemporaine voudrait aujour
d'hui la détourner. Nous la prierons afin
que notre Père céleste daigne, après la Ion?
gue sécheresse qui a désolé et désole en
core nos campagnes, ouvrir la main, oomme
parle l'Ecriture, et répandre sur la terre
la bénédiotion qui nous assure le pain de
ohaque jour.
Il nous était impossible de mieux ouvrir
le mois du saint Rosaire que par la leolure
et la méditation de l'Encyclique du Satnt-
Père. Puissions-nous tous entendre sa
voix et attirer les miséricordes de Dieu sur
l'Eglise et sur la Franoe par la prière et la
sanctification de notre vie ! .
MM. les curés liront en chaire, le di
manche 1" octobre, au prône de la messe
paroissiale l'Encyclique Lxtitix Nostrœ im
primée & la suite de notre lettre pastorale.
Elle sera pareillement lue dans lesétablis-
. sements religieux et communautés du dio
cèse.
Nous maintenons les prescriptions, pour
le mois du Rosaire, faites les années précé
dentes et rappelées dans VOrdo.
Donné & Paris, dans notre palais archié
piscopal, sous notre seing, notre soeau et le
contre-seing du ohanoelier de notre arche-
vêohé, en la fête de Notre-Dame de la
Meroi, le 24 septembre 1893.
f François , cardinal Richard,
archevêque de Paris.
Par mandement de Son Emineace,
A. Poudroux,
ch. hon., chancelier.
; » , ' •
LES GRÈVES _DES MINEORS
M. Basly tente un dernier effort. Il a
réuni & Lens les délégués mineurs en Con
grès et là, en l'absenoe de la presse soi
gneusement écartée, il a exposé la situa
tion. Le seul résultat apparent est un pro
cès-verbal blâmant « les agissements de la
troupe et de la gendarmerie » et un appel
aux députés socialistes. Voici le télégramme
adressé par M. Basly à M. Eugène Four-
nière, rédacteur à la Petite République
Française :
Dis à Baudin faire venir nombreux amis pour
conférenoes dimanche ; ils devront arriver iei
samedi soir.
Baslt.
De plus, on annonoe qu'une auxiliaire
puissante va apporter à la cause de la grève
l'appui-de sa parole, qui sera sans doute
très efficace vis-à-vis des femmes des mi
neurs. Il s'agit de Mme Paule Minok, qui,
parait-il, commencera prochainement une
série de conférences dans le bassin houiller.
En somme, la situation s'améliore plutôt,
même dans le Pas-de-Calais. On enregistre,
oe matin, une légère reprise du travail aux
mines de Drocourt, où il y a eu une cen
taine de descentes.
A Vendin-lès-Béthune, la reprise s'est
encore aooentuée, et on espère que, lundi,
le travail sur ce point sera oomplet, oar,
aujourd'hui, c'est à peine si l'on compte
encore une cinquantaine de grévistes dans
oe charbonnage.
M. Alapetite, préfet du Pas-de-Calais,
est venu à Lens hier pour se rendre oompte
de la situation. Demain, le général de
France, commandant en chef le 1" corps, à
Lille, passera en revue la garnison de Bé-
thune à onze heures du matin, puis, vers
trois heures du soir, il viendra à Lens ins
pecter les troupes détachées au service
d'ordre.
Un incendie d'une extrême violenoe s!est
déclaré cette nuit dans le bâtiment à l'usage
du ventilateur, à la fosse n° 7 des mines de
Béthune, laquelle est située le long de la
route nationale de Lens. Les seize fantas
sins casernés dans cette fosse combattent
encore en ce moment l'inoendie, dont on
ignore la cause. Les dégâts sont purement
matériels.
S'il faut en oroire le Journal des Débats,
l'agitateur Basly chercherait à se faire ar
rêter, afin de se dérober aux responsabilité
qu'il a encourues devant les mineurs en le's
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