Titre : L'Univers
Éditeur : L'Univers (Paris)
Date d'édition : 1893-08-14
Contributeur : Veuillot, Louis (1813-1883). Rédacteur
Contributeur : Veuillot, Pierre (1859-1907). Rédacteur
Contributeur : Veuillot, François (1870-1952). Rédacteur
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Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 14 août 1893 14 août 1893
Description : 1893/08/14 (Numéro 9227). 1893/08/14 (Numéro 9227).
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
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Source : Bibliothèque nationale de France
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 06/02/2011
Lundi 14 Août 1893
N* 9 227 — édition quotidienne
Lundi 14 Août 1893
ÉDITION QUOTIDIENNE
PARIS ÉTRANGER
ET DÉPARTEMENT». (UNION POSTALE)
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' ANNONCES
Mil. LAGIIANGE, CERF et G' e , 6, pjace do la Bourse
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de Y ouvrage de M. Edmond Birè :
Victor Hugo après 1852.
Pour la saison des vacancçs ^Univers
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BULLETIN DU JOUR
PARIS 13 AOUT 1893
Il règne dans le discours de M. Du-
puy un ton de vanité satisfaite qui a
quelque chose d'enfantin.
. A diverses reprises le président du
conseil se complaît à rappeler la mo
destie de soir origine et comment, du
fils d'huissier de préfecture, et de l'élève
en blouse qui remportait au lycée les
prix de travail et d'assiduité, les-. évé
nements firent un premier ministre,
M. Dupuy a fort envie d'ajouter un
grand ministre ! Nous apprécions plus
loin ce discours. Bornons-nous, à
remarquer qu'après avoir insisté sur
la nécessité d'avoir à la Chambre pro
chaine une majorité de gouverne
ment, M. Dupuy ne fait plus grise
mine aux ralliés. La période électorale
lui inspire un langage nouveau, plus
sensé et plus juste.
C'est après-demain, 15 août, à mi
nuit qu'expire le délai pour les déco
rations de candidatures. Ne va-t-il pas
pendant ces 48 heures surgir encore
quelques bons candidats ? Signalons
aujourd'hui un avocat d'Amiens,
Mv Faglin, qui lève fièrement le dra-,
peau catholique. ,
Los affaires de M< Glémenceau
marchent mal, très mal. Il fuit cer
taines réunions.; Il est conspué dans
d'autres. Et le parti radical semble
participer à l'infortune de son chef.
Le jeUne M. Pichon obtient à Paris
des succès aussi négatifs que son pa
tron dans le Yar. Le radicalisme joue
sa dernière carte. Et il la perdra.
- Que faut-il penser de la santé de
M. Carnot? Elle est parfaite; disent
ceux-ci. Le président est très atteint,
disent les autres. La vérité est proba
blement que le président n'est ni très
bien, ni très mal, mais qu'il a besoin
de beaucoup de ménagements.
Le sous-secrétaire d'Etat, M. Del-
cassé, avait télégraphié à M. de Lanes-,
san pour lui demander quelle était la'
situation au .Cambodge à la suite de la
conclusion de l 'accord franco-sia
mois,.
Le gouverneur général a répondu
ue, sans doute, on aurait vivement
siré au Cambodge la reprise sur le
Siam de la province de Battambang,
mais que lé regret éprouvé à la suite
des espérances provoquées par la le
vée des milices cambodgiennes, n'était
{>as dé naturé à troubler la tranquil-
ité du pays. C'est ce que nous avions
prévui v
La situation s'aggrave d'heure en
heure à Bombay.
* '* •* - 6!" •• - —
Lé Pape écrit au célèbre orateur
suisse, le docteur Decurtins,.une lettre,
très élogieuse, félicitant M. Decurtins
de ses travaux sur la question sociale
et des résultats obtenus au congrès
da Bienne, ou une majorité libre-
penseuse rendit un magnifique hom
mage à la Papauté.
LES PRES CRIPTIONS DU PAPE
La lettre du Souverain Pontife à
S. Em. le cardinal Lecot donne aux
catholiques encore gênés par l'esprit
de parti un nouvel et -suprême avis
qui mettra fin à leurs hésitations. Si.
quelques écrivains et quelques me
neurs politiques restent réfractaires,
aujourd'hui presque tous ceux qui les
suivaient cesseront définitivement de
les écouter. Catholiques avant tout, ils
se sépareront des téméraires, mé
chants ou insensés, qui, se vantant
d'avoir plus souci des intérêts reli
gieux que le Pape lui-même, s'arro
gent de parler, plus ou moins à dé
couvert, « contre les enseignements et
« \ qs prescriptions de Celui qui est à la
« fois le protecteur et le chef de
« l'Eglise. »
Ces nobles, touchantes et fermes
paroles seront entendues., L'union né
cessaire et déjà si avancée, sera faite.
On ne discutera plus dans l'armée des
fidèles sur la mesure d'obéissance due
à des conseils. Il ne s'agit pas de
simples conseils,nous dit Léon XIII ; il
s'agit d'« enseignements s t de prescrip-
t ions. a Il faut donc se soumettre ou
prendre rang parmi ceux auxquels le
Pape, rappelle qu'il est « à la fois mal
heureux et absurde » de parler comme
ils le font.
De nouveau, le Souverain Pontife,
s'adressant aux royalistes, répète qu'il
n'entend pas blesser des sentiments
intimes, dignes de respect; mais II en
seigne, Il prescrit de ne: point faire
passer ces sentiments avant le devoir
d'accepter loyalement la forme gou
vernementale établie.
Oui, voilà ce quele Maître, le Père,
le Docteur infaillible demande et com
mande à ceux qu'il « estime juste-
« ment vrais enfants de l'Eglise, ceux
« qui savent faire sans peine, au bien
« très supérieur de la religion et delà
« patrie le sacrifice de leurs senti-
« ments et de leurs intérêts*privés. »
Quiconque se dit catholique et veut
vraiment l'être répondra à cet appel.
Eugène Veuillot.
AU PUY
C'était beaucoup plus le député du
Puy, demandant le renouvellement
de son mandat législatif à ses élec
teurs, que M: Dupuy, président du
conseil et chef du gouvernement,
qu'on entendait hier au Puy. Les trois
premiers quarts du discours ont' été
prononcés par le candidat.' Il a vanté
ses mérites, rappelé ses services,
multiplié les promesses. La grosse,
satisfaction du parvenu s'étalait, moi
tié agaçante, moitié amusante. L'ora
teur trouve qu'il est à sa place dans la
haute situation qu'il occupe; cepen
dant, il n'a pu s'y habituer encore. Il
dit : C'est bien naturel! Mais il le dit
d'un ton où l'on saisit un reste de sur-
firise. — Oui; c'est moi le petit Dupuy,
e fils de l'huissier de la préfecture.
Voyez où mes talents m'ont élevé.!...
Il ajouterait naïvement, s'il était chré
tien : —Quelle grâce Dieu m'a faite
en me préservant de l'orgueil !
Le dernier quart du diseburs a été
prononcé par le premier ministre,
chef du gouvernement. Cette fin,
seule, nous intéresse. On la trouvera
plus loin, résumée, telle que nous la
transmet l'officieuse Agence Havas.
M. le président du conseil a parlé
d'abord de l'œuvre que devrait accom
plir, selon lui, la prochaine législa
ture. Il demande des lois ouvrières. Il
désire que la situation financière soit
consolidée. En principe, on ne saurait
qu'approuver ce langage: Notre légis
lation ouvrière est très insuffisante.
L'équilibre budgétaire n'existe plus
qu'en apparence,— et tout juste. Nous
verrons plus, tard, quand on entrera
dans les détails, si l'approbation peut
être continuée. '
Ce que M. Dupuy veut aussi, c'est
une loi sur les Associations. Il est
temps de la faire, dit-il, et tout en
ayant soin de ne pas compromettre
l'Etat, il faut la faire généreuse et li
bérale. Voilà qui est bien parler. En
registrons la promesse ministériélle.
Mais avant de nous réjouir en pleine
confiance, attendons que le moment
soit venu, pour les ministres et nos
législateurs, de passer des paroles à
l'action. Nous ne devrons être bien
convaincus du libéralisme et de la
générosité de M. Dupuyv de ses col
lègues et de sa majorité, — s'il en
garde une, —< que quand libéralisme
et générosité se présenteront à nos
regards sous forme de bons articles de
loi.
M. le président du conseil, enfin, a
parlé des « ralliés ». C'a été pour leur
souhaiter joyeusement et cordiale
ment la bienvenue dans la Républi
que. Nous voilà loin du discours pro
noncé à Toulouse par le même ora
teur, et cependant, elle ne date que de
trois mois, cette harangue où le chef
du gouvernement faisait aux mêmes
« ralliés » si mauvais visage, accueil
si bourru ! Niera-t-on encore les pro
grès des constitutionnels? On s'ar
mait, l'autre jour, contre les càtholi-.
ques et les conservateurs qui se sont
installés, à la voix" du Pape, dans la
place républicaine, de certaines pa
roles hostiles de M. Terrier, le minis
tre du commerce et de l'industrie.
Cette fois, c'est le premier ministre,
le président du conseil que l'on en
tend.
Et pourquoi tient-il ce langage?
On connaît M. Charles Dupuy. Ce
n'est pas un homme d'Etat dolié
d'un vouloir énergique, ayant des
vues personnelles, un système. Il
gouverne au jour le jour. Eh bieiî, on
nous fera difficilement admettre que
M. le ministre de l'intérieur, rensei
gné par ses préfets, se montrerait à
ce point aimable pour les « ralliés »,
si les -chances électorales du parti de
la modération et de l'apaisement ne
lui étaient signalées comme de plus
en plus sérieuses.
Pierre Veuillot.
LETTRE PASTORALE
DE SON ÉMINENCE
LE CARDINAL RICHARD
archevêque de paris
Prescrivant des prières à. l'occasion
des élections législatives
François-Marie-Benjamin Richard , par la
grâce de Dieu et du Saint-Siège apostoli
que, oardinal-prôtre de la sainte Eglise ro
maine, du titre de Sancta Maria in via, ar
chevêque de Paris, au olergé et aux fidèles
de noire diocèse, salut et bénédiction en
Notre-Seigneur Jésus-Christ.
Nos très ohers Frères,
Chaque année, depuis 1891, noua vous
convoquons à des prières publiques faites
dans l'église métropolitaine à l'ocoasion de
la rentrée des Chambres. En rétablissant
l'usage de ces prières publiques, nous n'a
vons fait que répondre au vœu qui nous
était exprimé de toutes .parts. Nous esti
mions ce vœu trop conforme aux traditions
nationales de la France pour ne pas nous
faire un devoir d'y déférer.
Nous ne faisons donc aujourd'hui rien
d'insolite en vous invitant & la prière, à la
veille du jour où la Franoe se prépare à ac
complir, par les éleotions législatives, un
des grands aotes de la vie nationale. Notre
appel satisfera à la consoienoe publique.
Pour tout homme de bonne foi, les ques-
(1) Lettre de Léon XIII aux cardinaux français,
3 mai 1893. *
tions qui se rattachent aux dissentiments
politiques du passé, doivent être écartées.
Il s'agit de travailler dans un commun effort
à la sécurité et à la prospérité de la France.
Les fils de l'Eglise entendront la voix du
-Souverain Pontife qui leur demande d'ac
cepter, sans arrière-censée et avec la loyauté
parfaite qui convient au chrétien, nos insti
tutions aotuelles (1). Les hommes honnêtes
qui ne partagent, pas notre foi., mais qui
veulent le respect sincère delà liberté des
consciences, s'uniront aux chrétiens pour
apporter un conoours loyal aux affaires pu
bliques. Tous ne demandent qu'une chose :
que l'on ne veuille pas identifier les insti
tutions républicaines avec les doctrines an-
tiohrétiennes, ni opprimer les consciences
en imposant ces dootrines comme la forme
essentielle du gouvernement.
Donc, N. T. G. F., loyauté parfaite
dans l'accomplissement du devoir * élec
toral par l'acceptation sans arrière-pen
sée des institutions aotuelles du payïi ; re
vendication énergique des libertés chré
tiennes contre l'oppression des doctrines
antichrétiennes ; nous n'hésitocs pas à le
dire, c'est le vœu de la France, s'il est libre
ment exprimé. ,
Cet enseignement n'est p^s nouveau, N.
T. C. F. Quand notre vénérable prédéces
seur le cardinal Guibert posait les fonde
ments de l'église du Vœu national au Saoré-
Cœur, il y a dix-huit ans : » Ce que nous
demandons à Dieu, disait-il, c'est la con
version de la Franoe, non sa conversion,
à telle ou telle opinion,, mais sa conver
sion ou plutôt son retour à la foi chré
tienne, aux espérances, éternelles, à l'amour
de Dieu qui embrasse et comprend aussi
l'ambur des hommes. Ainsi la pacification
sociale est au terme de l'œuvre dont nous
poursuivons la réalisation. »
La pacification sociale, n'est-oe pas l'as
piration de toutes les âmes chrétiennes, de
toutes les âmes françaises à l'heure actuelle?
Pourquoi nous consumer en des luttes sté
riles, quand nous avons à résoudre les
questions graves sur lesquelles Léon XIII
a jeté la lumière de l'enseignement catho
lique dans son Encyclique de la Condition
des ouvriers ? Pourquoi nous livrer à des
réoriminations souvent injustes, toujours
nuisibles au but que nous devons poursui
vre ? Pourquoi ne pas nous unir dans la
recherche des solutions indiquées par les
lois de la justice et de la charité chrétienne?
Ne nous" bornons pas à des études spécula
tives ; mettons la main à l'œuvre par les
institutions économiques et par les œuvres
de charité, chacun suivant la mesure de son
influence et de ses ressources.
t Nul ne peut refuser ce programme des
sooiétés chrétiennes^ si oe n'est Vintolé
rance de l'athéisme, suivant le mol énergi
que prononcé à la tribune' française au
commencement de ce siècle, quand la
Franoe, eh rendant la liberté à l'Eglise
catholique, commençait à secouer le joug
de l'oppression antireligieuse qui avait pesé
sur elle pendant dix ans.
N'oublions pas N. T. C. F., la parole du
psaume : Si le Seigneur n'édifie lui-même
1^ maison, ceux qui l'édifient, travaillent en
vain. Si.le Seigneur ne.garde la oité, en
vain veille celui qui est commis à sa garde.
Nous prierons et nous prierons beaucoup.
Nous aimerons à confier nos prières à la
protection toute-puissante de la Mère de
Dieu. Le culte de Marie n'est-il pas une de
nés plus chères et de nos plus douces tra
ditions nationales ; une des plus chères et
des plus douces traditions de chaounes de
nos familles ? Et, en vous convoquant au-,
jourd'hui aux prières pour la Franoe, nous
aimons à nous rappeler que la Mère de Dieu
semble avoir pris sous sa protection so
ciale oette grande capitale, qui l'invoque
sous le nom de Notre-Dame de Paris.
A ces causes,
Après en avoir conféré avec nos vénéra
bles frères, les doyens, chanoines et ohapi-
tre de notre Eglise métropolitaine,
-Le saint nom de Dieu invoqué,
.Nous avons ordonné et ordonnons oe qui
suit :
Article premier.
Le jour de l'Assomption de la bienheu
reuse Vierge Marie, 15 août, ét le diman
che suivant, 20 août (2), on chantera le Veni
Creator avant la messe paroissiale, dans
toutes les églises du diocèse.
On le chantera ou on le récitera pareille-
(2) Le ohant du Veni Creator est déjà pres-
orit le dimanche 20 août, pour la retraite pas
torale. !
ment dans les chapelles des établissements
religieux et des oomrarçnautés avant la
messe principale. •
Art. 2.
Les fidèles sont exhortés à assister pieu- .
sement à la procession qui se fait' en éxécu-
tien du vœu de Louis XIII, après les vêpres
du jour de l'Assomption.
Art. 3.
Nous autorisons dans toutes les églises
et chapelles un salut du Saint-Sacsrement
pendant tous les jours de l'octave de l'As
somption.
Après l'antienne pour l'exposition du
Saint-Saorement, on chantera les Litanies
de la Sainte Vierge avec le verset : Ora pro
nobis etf oraison : tamulorum.
On ajoutera la prière pour le Pape . :
Oremiis pro Pontifice nostro, avec l'oraison;
puis le prière pour la Franoe : Dsmine, sal-
vam fac Rempublicam, aveo le verset et l'o
raison : Pro pace. .
Art. 4
Tous les prêtres diront à la messe, depuis
le lendemain de l'Assomption, jusqu'à la
fin des "éleotions, l'oraison : De Spiritu
Sancto.
Art. 5.
Nous demandons instammant aux com
munautés religieuses et ..aux fidèles, des
communions et des prières ferventes pour
la France pendant toute cette période.
Et sera notre présente lettre pastorale
publiée en ohaire & la messe paroissiale le
dimanohe 13 août, et lue ^dans les commu
nautés et établissements religieux-du dio
cèse.
0 Donné à Paris, sous notre seing, notre
sceau et le contreseing du chancelier de
notre-arohevêché, le-6 août, en la fête de la
Transfiguration de Notre-Seigneur, 1893.
t François , card. Richard,
archevêque de Paris
Par mandement de Son Eminence.
A. Pourdoux, ch. hori. chçmcelier.
Erratum . — Dans notre feuilleton
d'avant-hier i Le Portefeuille de Louis
Veuillot, au bas de la 6 e colonne, on a
imprimé je tâtonne au lieu de je. la
boure. La phrase est donc celle-ci :
«J'étais rossignol, je suis bœuf; je
flânais, je laboure... »
LETTRE m SOUVERAIN P0IST1FE
SUR LA QUESTION OUVRIÈRE
UOsservaiore Romano publie le texte la
tin de la lettre suivante adressée par le
Souverain Pontife à M. Gaspard Decur
tins, le vaillant orateur catholique suisse.
Nous n'avons pas besoin de signaler riai-
portanoe de ce document dont voici la tra
duction :
Rien ne Nous est plus agréable que
l'occasion d'attester Notre sollicitude
pour la classe ouvrière dont Nous
souhaitons d'améliorer le sort miséra
ble et de le rendre digne des peuples
civilisés, sous l'inspiration de la jus
tice et de, la charité apportées par la
religion et répandues plus abondam
ment chaque jour dans le monde en
tier. Parla nature même de Notre mi
nistère, Nous devons toujours Nous
trouver là où Notre assistance est
nécessaire, où Nous avons à consoler
des affligés, à secourir des faibles, à
soulager des malheureux. Nous avons
conscience de ce noble devoir et Nous
Nous souvenons des. enseignements
donnés par le divin Sauveur ; c'est
pourquoi Nous avons fait entendré
au monde catholique des paroles d'à- 1
mour et de paix par Notre Lettre En
cyclique qui éommence par les mots
Rerum novarum. Nous . y traitions
longuement de la condition des ou
vriers ; car Nous avions pour but d'a
paiser le triste conflit qui, dans les
temps présents, agite gravement la
société humaine, au-dessus de la
quelle, par le soulèvement des pas
sions populaires, se forme, en quel
que sorte,un sombre nuage et gronda
une tempête qui annonce le nau
frage. Nous n'avons pas négligé non
plus de plaider, à l'occasion, la cause
de la classe ouvrière près des gouver
nements, afin qu'une si grande et si
utile multitude d'hommes ne soit pas
livrée et abandonnée sans défende à
la classe riche, qui profite de leur
pauvreté.
C'est pourquoi Nous avons appris
avec grand plaisir ce que vous Nous
avez mandé, cher Fils, sur le.congrès
qui a'été récemment tenu à'Biennè,
en Suisse, où des délégués de plusieurs
milliers d'ouvriers, venu de lieux éloi
gnés, différant par les opinions et par
la religion, ont acclamé Notre susdite
Lettre encyclique reconnaissant qu'elle
renferme des enseignements tout à
fait propres à protéger lèurs droits
légitimes et à préparer des bases so
lides (selon les vœux de tous) sur les
quelles soit édifié un ordre social
équitable, d'où résulte pour la société
humaine une paix solide puisque l'an
tique lutte entre les maîtres et les ser
viteurs serait ainsi résolue.
Combien peut contribuer à ce résul
tat l'action salutaire de l'Eglise catho
lique, cela est démontré par l'uni
verselle et constante expérience et par
l'aveu même de ceux qui font profes
sion de lui être étrangers. Par sa na
ture et son institution, l'Eglise est, en
effet, la mère et l'éducatrice des peu
ples, et elle possède des" moyens et
des secours puissants à l'aide desquels
elle peut rendre plus facile, et, ce qui
est mieux, plus honnête et plus sainte,
la vie sociale des hommes. Aussi, elle
ne peut pas négliger de se consacrer
affectueusement et généreusement ,àt
adoucir les douleurs et à soulager les
misères. Il suffit de rappeler ce qup fit
l'Eglise, au témoignage de l'histoire et
de la tradition, pour abolir l'antique
esclavage. Puisqu'elle parvint, par ses
seules forces, à extirper radicalement
cette honte, qui était complètement
entrée dans les mœurs, il est facile
de conclure ce dont elle est capable
pour tirer la classe ouvrière des con
ditions pénibles dans lesquelles l'état
social actuel l'a jetée.
On comprend non moins facilement
que pour remplir ce devoir de pieuse
tendresse et de vraie humanité, il n'y
a rien de meilleur ni de plus efficace
que de travailler à enraciner dans les
âmes les préceptes de la foi chrétienne,
et à donner pour règle à la vie des
hommes la doctrine de l'Evangile.
C'est pourquoi, Nous regardons comme
louable et également opportune et fé
conde la résolution que vous avez prisé
de vous servir de réunions de ce genre
pour faire pénétrer les esprits au sein
du peuple et surtout dans la classe ou
vrière, les enseignements de Notre
Encyclique puisés,dans les plus saintes
doctrines de l'Eglise, de telle sorte
que, les ayant bien compris, ils soient
persuadés qu'ils ne doivent pas atten
dre les biens, légitimement réclamés
par eux, d'un bouleversement aveugle
de l'ordre social, mais de la force sa
lutaire et de la sainte domination de
cette sagesse que le Christ Notre Sei
gneur a apportée du ciel sur la terre
pour régler les mœurs des hommes.
De même, Nou3 approuvons cette
autre résolution du congrès de Bienne,
en vertu de laquelle doit être prochai
nement convoquée une nouvelle et
plus nombreuse réunion d'ouvriers
qui recommandera par un vote una
nime à ceux qui président aux affaires
publiques de veiller à ce t^ue partout
des lois qui soient les mêmes, protè-,
gent la faiblesse des enfants et des
femmes qui travaillent et fassent pas
ser dans la pratique les conseils que
Nous avons donnés dans Notre Lettre.
'De grandes démonstrations ne sont
FEUILLETON DE L'UNIVERS
du 14 août 1893
EXPOSITION DES PORTRAITS
i dbs ~
ECRIVAINS & JOURNALISTES DU SIÈCLE
(1793-1893)
(Suite)
C 'est par le olair soleil de ces jours qu'il
fait bon voir l'exposition de la rue de Sèze.
Ter portrait que l'insuffisance du jour ren
dait triste ou maussade, reprend, sous la
réverbération de la oeupole vitrée le calme
de son regard et la joie de son sourire.
Quant aux physionomies souoieuses dont
nous avons parlé, Chateaubriand, par exem
ple, Paul-Louis Courier, l'abbé de Lamen
nais, il faut constater qu'elles ne ohangent
point. Je ferai toutefois line exception en
faveur de Jules Vallès, dont la robustesse,
la carrure épaisse, l'attitude farouche et la
barbe touffue ne parviennent point, pour
qui sait pénétrer un caractère, à masquer
entièrement la délicatesse qui persista,
quoi qu'on pense, chez ce bohème rouge,
et lui inspira .entre autres chefs-d'œuvre,ce
chapitre de l'enfant intitulé Idylle. Nous en
voudra-t on franchement de signaler parmi
les pages d'un écrivain dont l'âpre té tourna
quelquefois à l'injure et au blasphème
celles où il sort de lui-même — & moins
qu'il n'y rentre plutôt — et révèle au lec
teur surpris et oharmé une fraîcheur ex
quise dans les souvenirs, une émotion ten
dre et une sensibilité presque féminine.
Des bustes exposés, l'un des plus curieux,
des plus entourés, est le bronze de Barbey
1 d'Aurevilly par Zaoharie Astruo. Ce n'est
plus le jeune élégant que nous montrait, &
quelques pages du portrait de Brummel, le
frontispioe du Dandysme.
Mais l'éternel fashionable a oonservé
cette morgue indéfectible qu'il exagéra
jusqu'à la fin de sa vie et qu'on retrouve
dans ce beau portrait d'Emile Lévy qui fut,
en x 1889, l'un des sucoès de l'exposition de
peinture. Rien n'y njanque, ni l'unité du
front dont une tension perpétuelle fait dis
paraître les rides, ni la contraction voulue
des narines et des lèvres, surmontées d'uns
moustache cavalière dont le chic s'harmo
nise aveo un accoutrement stiranné comme
elle. C'est bien ainsi qu'après avoir lu ses
œuvres, on se représente cet auteur dont le
talent incontestable a trop souffert de la
manie du panache.
A deux pas de là, se crispe entre une
moustache entortillée et une imperceptible
impériale, le sourire amer d'Henri Roohe-
fort. Encore une physionomie qui n'a guère
changé, bien qu'il soit curieux de comparer
ii ce buste en plâtre par Dalou, l'étrange
portrait peint par Courbet il y a une qua
rantaine d'années, et dont les traits tour
mentés semblent prédire la vie orageuse
qui devait les aocuser encore.
J'aime mieux ne rien dire de M-Vacqucrie
dont lé buste m'a paru manquer d'expres
sion et de vigueur. Au portrait de Gam-
bella, par Spiridon, je préfère de beauooup
son buste par Falguière, où vous remar
querez sans doute l'adouoissement, dû & la
cire, de l'expression arrogante du triljun.
La physionomie de M. Edmond de Gon-
court est peu oonnue quoique son portrait
par Raffaelli ait fait sensation au salon
de 1888. Depuis, ila été aoheté par l'Etat et
placé; au musée de Nancy, sa ville natale.
C'est une œuvre intéressante et très per
sonnelle, mais qui ne rend pas, selon nous,
l'apparence grave et mélancolique du mo
dèle. On peut faire le môme reproche au
grand pastel, en largeur, de Giuseppe de
Nittis où l'accessoire l'emporte sur le prin
cipal, o'est-à-dire sur l'expression et la res
semblance. Le grand dessin de M. Braque
nt ond, gravé par lui & l'eau forte et plaoé
au Luxembourg, serait tout & fait remar
quable sans l'entassement dans un espace
trop restreint, des livres et des objets d'art
qui symbolisent les goàts du maître. Et puis
il y a entre le nez et les lèvres, un écarte-
ment exagéré et désagréable. Gavarni a
dessiné les portraits des deux frères sur
une planche lithographique, dans la suite
qui a pour titre : MM. du Feuilleton. C'est
là que doivent les rechercher leurs admira
teurs et ceux qu'intéresse, à n'importe quel
titre, notre iconographie nationale. Me
voilà bien loin du buste de M. Alfred Le-
noir, un buste en plâtre qui donne de
M. Edmond de Goncourt une idée approxi
mative, mais bien insuffisante.
Citons encore deux bustes en plâtre par
Bernstram, l'un de M. Renan souriant et
penché dans son attitude favorite, l'autre
d'Halévy, spirituel et fin, et passons aux
médaillons de David d'Angers, cette pré
cieuse oolleotion où il faudra toujours reve
nir chaque fois qu'on voudra un dooument
sur les types de la génération qui nous a
précédés.
A moins d'avoir parcouru cette oolleotion
au Louvre, au musée d'Angers qui la pos
sède toute entière, ou enoore dans les al
bums où M. Robert David d'Angers en a
réuni les photographies, on ne peut se faire
ùne idée de son importance. Quelques pro
fils aperçus à la première page d'un livre, à
la devanture d'un mouleur, o'est tout ce
qu'on en sait habituellement. Et cependant,
pour qui veut passer en revhe les physiono
mies de la première partie de notre siècle,
il n'y a pas de guide plus riohe, plus fidèle
•t plus sûr. Ce n'est pas seulement la res
semblance qu'on doive être heureux d'y
rencontrer, David d'Angers excellait enoore
& comprendre son modèle, à en saisir en un
olin-'d'oeil, à en happer, pour ainsi dire, les
moindres détails qui en faisaient l'origina
lité et la vie. Au moment précis où passait
Sur les visages oe reflet de l'âme qui enno
blit et illumine, l'artiste s'en emparait et en
marquait déj à dans sa. pensée le médaillon
ou le buste à venir. Et puis, oe qui caracté
rise ces traits si finement ciselés, c'est une
justesse extraordinaire, un ensemble par
fait. N'eût-oh auoune idée du modèle, on
éprouve en face de son effigie cette impres
sion de joie et de sécurité que donnent les
portraits des maîtres et qui s'accorde si bien
aveo les dessins de l'imagination et du
rêve.
Il a existé deux Gustave Planche. Du
second, malade, déguenillé et sale, je n'ai
trouvé jusqu'ioi qu'un seul portrait, en tête
de la biographie de Mirecourt. Du premier,
jeune, ouvert, et presque élégant,nous reste
le médaillon de David, qui l'a oonnu à ses
meilleures heures, et dans tout l'éolat de sa
première gloire. '
Dans son dernier ouvrage sur David d'An
gers et Ses ' relations littéraires, M. Henri
Jouin a transmis quelques-unes des lettres
de remerciement adressées chaque jour au
statuaire et auelques autres' contenant les
avances de tel ou tel dans le but d'ob.tenir
son médaillon.Parmi les dernières, en voici
une de Théophile Gautier dont la forme
précise et un peu roide témoigne pas mal
de fierté ch8z l'auteur d'Emaux et Camées.
« Paris, 17 septembre 1845.
Monsieur,
« Notre ami Préaultm'a laissé pressen
tir que vous ne seriez pas éloigné de vouloir
bien faire mon médaillon. C'est un hon
neur que je n'aurais pas osé espérer ; mais
puisque vous me jugez digne de figurer
dans cette précieuse oolleotion, je suis à
votre dispostiôn et je vous remeroie du
fond du cœur.
« Agréer, monsieur, l'assurance de ma
considération la plus distinguée-
Théophile Gautier.
« Rue Navarin, 14. »
Comment trouvez-vous oette lettre oava-
lière d'une femme oélèbre et gâtép ?
a Mme Récamier serait charmée que
M. David pût, sans déranger aucun de ses
projets, lui donner quelques moments dè sa
soirée demain vendredi.
« Elle le prie d'agréer tous ses compli
ments.
« Récamier. »
« Le jeudi 3 juillet 1828. »
On sait oomment David d'Angers a réussi
le médaillon d'Albertus et celui de la muse
de l'Abbaye au Bois. Parmi oeux que leur
nom recommande aux visiteurs de l'Expo
sition, je signalerai encore Charles Nodier,
l'aimable conteur dont le salon vit' se cou
doyer toute l'élite d'une génération; Emile
Deschamps, que plusieurs poésies tendres
et rêveuses sortiront bien, quelques jour,
de l'oubli où il semble dormir aujourd'hui;
Paul Fouoher, le beau frère de Victor Hugo,
que son médaillon nous montre tout jeune,
presque enfant, alors qu'il n'avait enoore
abordé ni la presse, ni le théâtre, et que
ses plaisanteries égayaient les graves cau
series du cénacle. '
' Avez-vous remarqué le rapport frappant
qui existe entre les médaillons de Sainte-
Beuve et celui d'Ary Soheffer ? C'est au
point qu'avant de les bien connaître tous
deux, je les ai longtemps confondus l'un
avec l'autre. Toujours est-il que l'auteur
des Lundis nous apparaît là sous un aspect
peu oo nn u et qui convient mieux à Joseph
Delorme et à l'auteur des Consolations
qu'au critique du Constitutionnel. "
Combien je préférerais'voir, au lieu du
portrait lourd et bourgeois qui ouvre ses
poésies de l'édition Lemerre, une bonne
photographie de ce médaillon trop peu ré
pandu 1 A ceux qui ne connaissent que le
sourire sceptique et la calotte noire du pre
mier, se révélerait un jeune visage plein de
mélancolie ' et de douceur, &la chevelure
abondante," au front uni, au regard ouvert
N* 9 227 — édition quotidienne
Lundi 14 Août 1893
ÉDITION QUOTIDIENNE
PARIS ÉTRANGER
ET DÉPARTEMENT». (UNION POSTALE)
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Six mois . . 21 i 26 50
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Mil. LAGIIANGE, CERF et G' e , 6, pjace do la Bourse
Les nouveaux abonnés recevront sut
leur demande tout ce qui a déjà paru
de Y ouvrage de M. Edmond Birè :
Victor Hugo après 1852.
Pour la saison des vacancçs ^Univers
fera des abonnements au mois ; prix :
Trois francs cinquante centimes.
BULLETIN DU JOUR
PARIS 13 AOUT 1893
Il règne dans le discours de M. Du-
puy un ton de vanité satisfaite qui a
quelque chose d'enfantin.
. A diverses reprises le président du
conseil se complaît à rappeler la mo
destie de soir origine et comment, du
fils d'huissier de préfecture, et de l'élève
en blouse qui remportait au lycée les
prix de travail et d'assiduité, les-. évé
nements firent un premier ministre,
M. Dupuy a fort envie d'ajouter un
grand ministre ! Nous apprécions plus
loin ce discours. Bornons-nous, à
remarquer qu'après avoir insisté sur
la nécessité d'avoir à la Chambre pro
chaine une majorité de gouverne
ment, M. Dupuy ne fait plus grise
mine aux ralliés. La période électorale
lui inspire un langage nouveau, plus
sensé et plus juste.
C'est après-demain, 15 août, à mi
nuit qu'expire le délai pour les déco
rations de candidatures. Ne va-t-il pas
pendant ces 48 heures surgir encore
quelques bons candidats ? Signalons
aujourd'hui un avocat d'Amiens,
Mv Faglin, qui lève fièrement le dra-,
peau catholique. ,
Los affaires de M< Glémenceau
marchent mal, très mal. Il fuit cer
taines réunions.; Il est conspué dans
d'autres. Et le parti radical semble
participer à l'infortune de son chef.
Le jeUne M. Pichon obtient à Paris
des succès aussi négatifs que son pa
tron dans le Yar. Le radicalisme joue
sa dernière carte. Et il la perdra.
- Que faut-il penser de la santé de
M. Carnot? Elle est parfaite; disent
ceux-ci. Le président est très atteint,
disent les autres. La vérité est proba
blement que le président n'est ni très
bien, ni très mal, mais qu'il a besoin
de beaucoup de ménagements.
Le sous-secrétaire d'Etat, M. Del-
cassé, avait télégraphié à M. de Lanes-,
san pour lui demander quelle était la'
situation au .Cambodge à la suite de la
conclusion de l 'accord franco-sia
mois,.
Le gouverneur général a répondu
ue, sans doute, on aurait vivement
siré au Cambodge la reprise sur le
Siam de la province de Battambang,
mais que lé regret éprouvé à la suite
des espérances provoquées par la le
vée des milices cambodgiennes, n'était
{>as dé naturé à troubler la tranquil-
ité du pays. C'est ce que nous avions
prévui v
La situation s'aggrave d'heure en
heure à Bombay.
* '* •* - 6!" •• - —
Lé Pape écrit au célèbre orateur
suisse, le docteur Decurtins,.une lettre,
très élogieuse, félicitant M. Decurtins
de ses travaux sur la question sociale
et des résultats obtenus au congrès
da Bienne, ou une majorité libre-
penseuse rendit un magnifique hom
mage à la Papauté.
LES PRES CRIPTIONS DU PAPE
La lettre du Souverain Pontife à
S. Em. le cardinal Lecot donne aux
catholiques encore gênés par l'esprit
de parti un nouvel et -suprême avis
qui mettra fin à leurs hésitations. Si.
quelques écrivains et quelques me
neurs politiques restent réfractaires,
aujourd'hui presque tous ceux qui les
suivaient cesseront définitivement de
les écouter. Catholiques avant tout, ils
se sépareront des téméraires, mé
chants ou insensés, qui, se vantant
d'avoir plus souci des intérêts reli
gieux que le Pape lui-même, s'arro
gent de parler, plus ou moins à dé
couvert, « contre les enseignements et
« \ qs prescriptions de Celui qui est à la
« fois le protecteur et le chef de
« l'Eglise. »
Ces nobles, touchantes et fermes
paroles seront entendues., L'union né
cessaire et déjà si avancée, sera faite.
On ne discutera plus dans l'armée des
fidèles sur la mesure d'obéissance due
à des conseils. Il ne s'agit pas de
simples conseils,nous dit Léon XIII ; il
s'agit d'« enseignements s t de prescrip-
t ions. a Il faut donc se soumettre ou
prendre rang parmi ceux auxquels le
Pape, rappelle qu'il est « à la fois mal
heureux et absurde » de parler comme
ils le font.
De nouveau, le Souverain Pontife,
s'adressant aux royalistes, répète qu'il
n'entend pas blesser des sentiments
intimes, dignes de respect; mais II en
seigne, Il prescrit de ne: point faire
passer ces sentiments avant le devoir
d'accepter loyalement la forme gou
vernementale établie.
Oui, voilà ce quele Maître, le Père,
le Docteur infaillible demande et com
mande à ceux qu'il « estime juste-
« ment vrais enfants de l'Eglise, ceux
« qui savent faire sans peine, au bien
« très supérieur de la religion et delà
« patrie le sacrifice de leurs senti-
« ments et de leurs intérêts*privés. »
Quiconque se dit catholique et veut
vraiment l'être répondra à cet appel.
Eugène Veuillot.
AU PUY
C'était beaucoup plus le député du
Puy, demandant le renouvellement
de son mandat législatif à ses élec
teurs, que M: Dupuy, président du
conseil et chef du gouvernement,
qu'on entendait hier au Puy. Les trois
premiers quarts du discours ont' été
prononcés par le candidat.' Il a vanté
ses mérites, rappelé ses services,
multiplié les promesses. La grosse,
satisfaction du parvenu s'étalait, moi
tié agaçante, moitié amusante. L'ora
teur trouve qu'il est à sa place dans la
haute situation qu'il occupe; cepen
dant, il n'a pu s'y habituer encore. Il
dit : C'est bien naturel! Mais il le dit
d'un ton où l'on saisit un reste de sur-
firise. — Oui; c'est moi le petit Dupuy,
e fils de l'huissier de la préfecture.
Voyez où mes talents m'ont élevé.!...
Il ajouterait naïvement, s'il était chré
tien : —Quelle grâce Dieu m'a faite
en me préservant de l'orgueil !
Le dernier quart du diseburs a été
prononcé par le premier ministre,
chef du gouvernement. Cette fin,
seule, nous intéresse. On la trouvera
plus loin, résumée, telle que nous la
transmet l'officieuse Agence Havas.
M. le président du conseil a parlé
d'abord de l'œuvre que devrait accom
plir, selon lui, la prochaine législa
ture. Il demande des lois ouvrières. Il
désire que la situation financière soit
consolidée. En principe, on ne saurait
qu'approuver ce langage: Notre légis
lation ouvrière est très insuffisante.
L'équilibre budgétaire n'existe plus
qu'en apparence,— et tout juste. Nous
verrons plus, tard, quand on entrera
dans les détails, si l'approbation peut
être continuée. '
Ce que M. Dupuy veut aussi, c'est
une loi sur les Associations. Il est
temps de la faire, dit-il, et tout en
ayant soin de ne pas compromettre
l'Etat, il faut la faire généreuse et li
bérale. Voilà qui est bien parler. En
registrons la promesse ministériélle.
Mais avant de nous réjouir en pleine
confiance, attendons que le moment
soit venu, pour les ministres et nos
législateurs, de passer des paroles à
l'action. Nous ne devrons être bien
convaincus du libéralisme et de la
générosité de M. Dupuyv de ses col
lègues et de sa majorité, — s'il en
garde une, —< que quand libéralisme
et générosité se présenteront à nos
regards sous forme de bons articles de
loi.
M. le président du conseil, enfin, a
parlé des « ralliés ». C'a été pour leur
souhaiter joyeusement et cordiale
ment la bienvenue dans la Républi
que. Nous voilà loin du discours pro
noncé à Toulouse par le même ora
teur, et cependant, elle ne date que de
trois mois, cette harangue où le chef
du gouvernement faisait aux mêmes
« ralliés » si mauvais visage, accueil
si bourru ! Niera-t-on encore les pro
grès des constitutionnels? On s'ar
mait, l'autre jour, contre les càtholi-.
ques et les conservateurs qui se sont
installés, à la voix" du Pape, dans la
place républicaine, de certaines pa
roles hostiles de M. Terrier, le minis
tre du commerce et de l'industrie.
Cette fois, c'est le premier ministre,
le président du conseil que l'on en
tend.
Et pourquoi tient-il ce langage?
On connaît M. Charles Dupuy. Ce
n'est pas un homme d'Etat dolié
d'un vouloir énergique, ayant des
vues personnelles, un système. Il
gouverne au jour le jour. Eh bieiî, on
nous fera difficilement admettre que
M. le ministre de l'intérieur, rensei
gné par ses préfets, se montrerait à
ce point aimable pour les « ralliés »,
si les -chances électorales du parti de
la modération et de l'apaisement ne
lui étaient signalées comme de plus
en plus sérieuses.
Pierre Veuillot.
LETTRE PASTORALE
DE SON ÉMINENCE
LE CARDINAL RICHARD
archevêque de paris
Prescrivant des prières à. l'occasion
des élections législatives
François-Marie-Benjamin Richard , par la
grâce de Dieu et du Saint-Siège apostoli
que, oardinal-prôtre de la sainte Eglise ro
maine, du titre de Sancta Maria in via, ar
chevêque de Paris, au olergé et aux fidèles
de noire diocèse, salut et bénédiction en
Notre-Seigneur Jésus-Christ.
Nos très ohers Frères,
Chaque année, depuis 1891, noua vous
convoquons à des prières publiques faites
dans l'église métropolitaine à l'ocoasion de
la rentrée des Chambres. En rétablissant
l'usage de ces prières publiques, nous n'a
vons fait que répondre au vœu qui nous
était exprimé de toutes .parts. Nous esti
mions ce vœu trop conforme aux traditions
nationales de la France pour ne pas nous
faire un devoir d'y déférer.
Nous ne faisons donc aujourd'hui rien
d'insolite en vous invitant & la prière, à la
veille du jour où la Franoe se prépare à ac
complir, par les éleotions législatives, un
des grands aotes de la vie nationale. Notre
appel satisfera à la consoienoe publique.
Pour tout homme de bonne foi, les ques-
(1) Lettre de Léon XIII aux cardinaux français,
3 mai 1893. *
tions qui se rattachent aux dissentiments
politiques du passé, doivent être écartées.
Il s'agit de travailler dans un commun effort
à la sécurité et à la prospérité de la France.
Les fils de l'Eglise entendront la voix du
-Souverain Pontife qui leur demande d'ac
cepter, sans arrière-censée et avec la loyauté
parfaite qui convient au chrétien, nos insti
tutions aotuelles (1). Les hommes honnêtes
qui ne partagent, pas notre foi., mais qui
veulent le respect sincère delà liberté des
consciences, s'uniront aux chrétiens pour
apporter un conoours loyal aux affaires pu
bliques. Tous ne demandent qu'une chose :
que l'on ne veuille pas identifier les insti
tutions républicaines avec les doctrines an-
tiohrétiennes, ni opprimer les consciences
en imposant ces dootrines comme la forme
essentielle du gouvernement.
Donc, N. T. G. F., loyauté parfaite
dans l'accomplissement du devoir * élec
toral par l'acceptation sans arrière-pen
sée des institutions aotuelles du payïi ; re
vendication énergique des libertés chré
tiennes contre l'oppression des doctrines
antichrétiennes ; nous n'hésitocs pas à le
dire, c'est le vœu de la France, s'il est libre
ment exprimé. ,
Cet enseignement n'est p^s nouveau, N.
T. C. F. Quand notre vénérable prédéces
seur le cardinal Guibert posait les fonde
ments de l'église du Vœu national au Saoré-
Cœur, il y a dix-huit ans : » Ce que nous
demandons à Dieu, disait-il, c'est la con
version de la Franoe, non sa conversion,
à telle ou telle opinion,, mais sa conver
sion ou plutôt son retour à la foi chré
tienne, aux espérances, éternelles, à l'amour
de Dieu qui embrasse et comprend aussi
l'ambur des hommes. Ainsi la pacification
sociale est au terme de l'œuvre dont nous
poursuivons la réalisation. »
La pacification sociale, n'est-oe pas l'as
piration de toutes les âmes chrétiennes, de
toutes les âmes françaises à l'heure actuelle?
Pourquoi nous consumer en des luttes sté
riles, quand nous avons à résoudre les
questions graves sur lesquelles Léon XIII
a jeté la lumière de l'enseignement catho
lique dans son Encyclique de la Condition
des ouvriers ? Pourquoi nous livrer à des
réoriminations souvent injustes, toujours
nuisibles au but que nous devons poursui
vre ? Pourquoi ne pas nous unir dans la
recherche des solutions indiquées par les
lois de la justice et de la charité chrétienne?
Ne nous" bornons pas à des études spécula
tives ; mettons la main à l'œuvre par les
institutions économiques et par les œuvres
de charité, chacun suivant la mesure de son
influence et de ses ressources.
t Nul ne peut refuser ce programme des
sooiétés chrétiennes^ si oe n'est Vintolé
rance de l'athéisme, suivant le mol énergi
que prononcé à la tribune' française au
commencement de ce siècle, quand la
Franoe, eh rendant la liberté à l'Eglise
catholique, commençait à secouer le joug
de l'oppression antireligieuse qui avait pesé
sur elle pendant dix ans.
N'oublions pas N. T. C. F., la parole du
psaume : Si le Seigneur n'édifie lui-même
1^ maison, ceux qui l'édifient, travaillent en
vain. Si.le Seigneur ne.garde la oité, en
vain veille celui qui est commis à sa garde.
Nous prierons et nous prierons beaucoup.
Nous aimerons à confier nos prières à la
protection toute-puissante de la Mère de
Dieu. Le culte de Marie n'est-il pas une de
nés plus chères et de nos plus douces tra
ditions nationales ; une des plus chères et
des plus douces traditions de chaounes de
nos familles ? Et, en vous convoquant au-,
jourd'hui aux prières pour la Franoe, nous
aimons à nous rappeler que la Mère de Dieu
semble avoir pris sous sa protection so
ciale oette grande capitale, qui l'invoque
sous le nom de Notre-Dame de Paris.
A ces causes,
Après en avoir conféré avec nos vénéra
bles frères, les doyens, chanoines et ohapi-
tre de notre Eglise métropolitaine,
-Le saint nom de Dieu invoqué,
.Nous avons ordonné et ordonnons oe qui
suit :
Article premier.
Le jour de l'Assomption de la bienheu
reuse Vierge Marie, 15 août, ét le diman
che suivant, 20 août (2), on chantera le Veni
Creator avant la messe paroissiale, dans
toutes les églises du diocèse.
On le chantera ou on le récitera pareille-
(2) Le ohant du Veni Creator est déjà pres-
orit le dimanche 20 août, pour la retraite pas
torale. !
ment dans les chapelles des établissements
religieux et des oomrarçnautés avant la
messe principale. •
Art. 2.
Les fidèles sont exhortés à assister pieu- .
sement à la procession qui se fait' en éxécu-
tien du vœu de Louis XIII, après les vêpres
du jour de l'Assomption.
Art. 3.
Nous autorisons dans toutes les églises
et chapelles un salut du Saint-Sacsrement
pendant tous les jours de l'octave de l'As
somption.
Après l'antienne pour l'exposition du
Saint-Saorement, on chantera les Litanies
de la Sainte Vierge avec le verset : Ora pro
nobis etf oraison : tamulorum.
On ajoutera la prière pour le Pape . :
Oremiis pro Pontifice nostro, avec l'oraison;
puis le prière pour la Franoe : Dsmine, sal-
vam fac Rempublicam, aveo le verset et l'o
raison : Pro pace. .
Art. 4
Tous les prêtres diront à la messe, depuis
le lendemain de l'Assomption, jusqu'à la
fin des "éleotions, l'oraison : De Spiritu
Sancto.
Art. 5.
Nous demandons instammant aux com
munautés religieuses et ..aux fidèles, des
communions et des prières ferventes pour
la France pendant toute cette période.
Et sera notre présente lettre pastorale
publiée en ohaire & la messe paroissiale le
dimanohe 13 août, et lue ^dans les commu
nautés et établissements religieux-du dio
cèse.
0 Donné à Paris, sous notre seing, notre
sceau et le contreseing du chancelier de
notre-arohevêché, le-6 août, en la fête de la
Transfiguration de Notre-Seigneur, 1893.
t François , card. Richard,
archevêque de Paris
Par mandement de Son Eminence.
A. Pourdoux, ch. hori. chçmcelier.
Erratum . — Dans notre feuilleton
d'avant-hier i Le Portefeuille de Louis
Veuillot, au bas de la 6 e colonne, on a
imprimé je tâtonne au lieu de je. la
boure. La phrase est donc celle-ci :
«J'étais rossignol, je suis bœuf; je
flânais, je laboure... »
LETTRE m SOUVERAIN P0IST1FE
SUR LA QUESTION OUVRIÈRE
UOsservaiore Romano publie le texte la
tin de la lettre suivante adressée par le
Souverain Pontife à M. Gaspard Decur
tins, le vaillant orateur catholique suisse.
Nous n'avons pas besoin de signaler riai-
portanoe de ce document dont voici la tra
duction :
Rien ne Nous est plus agréable que
l'occasion d'attester Notre sollicitude
pour la classe ouvrière dont Nous
souhaitons d'améliorer le sort miséra
ble et de le rendre digne des peuples
civilisés, sous l'inspiration de la jus
tice et de, la charité apportées par la
religion et répandues plus abondam
ment chaque jour dans le monde en
tier. Parla nature même de Notre mi
nistère, Nous devons toujours Nous
trouver là où Notre assistance est
nécessaire, où Nous avons à consoler
des affligés, à secourir des faibles, à
soulager des malheureux. Nous avons
conscience de ce noble devoir et Nous
Nous souvenons des. enseignements
donnés par le divin Sauveur ; c'est
pourquoi Nous avons fait entendré
au monde catholique des paroles d'à- 1
mour et de paix par Notre Lettre En
cyclique qui éommence par les mots
Rerum novarum. Nous . y traitions
longuement de la condition des ou
vriers ; car Nous avions pour but d'a
paiser le triste conflit qui, dans les
temps présents, agite gravement la
société humaine, au-dessus de la
quelle, par le soulèvement des pas
sions populaires, se forme, en quel
que sorte,un sombre nuage et gronda
une tempête qui annonce le nau
frage. Nous n'avons pas négligé non
plus de plaider, à l'occasion, la cause
de la classe ouvrière près des gouver
nements, afin qu'une si grande et si
utile multitude d'hommes ne soit pas
livrée et abandonnée sans défende à
la classe riche, qui profite de leur
pauvreté.
C'est pourquoi Nous avons appris
avec grand plaisir ce que vous Nous
avez mandé, cher Fils, sur le.congrès
qui a'été récemment tenu à'Biennè,
en Suisse, où des délégués de plusieurs
milliers d'ouvriers, venu de lieux éloi
gnés, différant par les opinions et par
la religion, ont acclamé Notre susdite
Lettre encyclique reconnaissant qu'elle
renferme des enseignements tout à
fait propres à protéger lèurs droits
légitimes et à préparer des bases so
lides (selon les vœux de tous) sur les
quelles soit édifié un ordre social
équitable, d'où résulte pour la société
humaine une paix solide puisque l'an
tique lutte entre les maîtres et les ser
viteurs serait ainsi résolue.
Combien peut contribuer à ce résul
tat l'action salutaire de l'Eglise catho
lique, cela est démontré par l'uni
verselle et constante expérience et par
l'aveu même de ceux qui font profes
sion de lui être étrangers. Par sa na
ture et son institution, l'Eglise est, en
effet, la mère et l'éducatrice des peu
ples, et elle possède des" moyens et
des secours puissants à l'aide desquels
elle peut rendre plus facile, et, ce qui
est mieux, plus honnête et plus sainte,
la vie sociale des hommes. Aussi, elle
ne peut pas négliger de se consacrer
affectueusement et généreusement ,àt
adoucir les douleurs et à soulager les
misères. Il suffit de rappeler ce qup fit
l'Eglise, au témoignage de l'histoire et
de la tradition, pour abolir l'antique
esclavage. Puisqu'elle parvint, par ses
seules forces, à extirper radicalement
cette honte, qui était complètement
entrée dans les mœurs, il est facile
de conclure ce dont elle est capable
pour tirer la classe ouvrière des con
ditions pénibles dans lesquelles l'état
social actuel l'a jetée.
On comprend non moins facilement
que pour remplir ce devoir de pieuse
tendresse et de vraie humanité, il n'y
a rien de meilleur ni de plus efficace
que de travailler à enraciner dans les
âmes les préceptes de la foi chrétienne,
et à donner pour règle à la vie des
hommes la doctrine de l'Evangile.
C'est pourquoi, Nous regardons comme
louable et également opportune et fé
conde la résolution que vous avez prisé
de vous servir de réunions de ce genre
pour faire pénétrer les esprits au sein
du peuple et surtout dans la classe ou
vrière, les enseignements de Notre
Encyclique puisés,dans les plus saintes
doctrines de l'Eglise, de telle sorte
que, les ayant bien compris, ils soient
persuadés qu'ils ne doivent pas atten
dre les biens, légitimement réclamés
par eux, d'un bouleversement aveugle
de l'ordre social, mais de la force sa
lutaire et de la sainte domination de
cette sagesse que le Christ Notre Sei
gneur a apportée du ciel sur la terre
pour régler les mœurs des hommes.
De même, Nou3 approuvons cette
autre résolution du congrès de Bienne,
en vertu de laquelle doit être prochai
nement convoquée une nouvelle et
plus nombreuse réunion d'ouvriers
qui recommandera par un vote una
nime à ceux qui président aux affaires
publiques de veiller à ce t^ue partout
des lois qui soient les mêmes, protè-,
gent la faiblesse des enfants et des
femmes qui travaillent et fassent pas
ser dans la pratique les conseils que
Nous avons donnés dans Notre Lettre.
'De grandes démonstrations ne sont
FEUILLETON DE L'UNIVERS
du 14 août 1893
EXPOSITION DES PORTRAITS
i dbs ~
ECRIVAINS & JOURNALISTES DU SIÈCLE
(1793-1893)
(Suite)
C 'est par le olair soleil de ces jours qu'il
fait bon voir l'exposition de la rue de Sèze.
Ter portrait que l'insuffisance du jour ren
dait triste ou maussade, reprend, sous la
réverbération de la oeupole vitrée le calme
de son regard et la joie de son sourire.
Quant aux physionomies souoieuses dont
nous avons parlé, Chateaubriand, par exem
ple, Paul-Louis Courier, l'abbé de Lamen
nais, il faut constater qu'elles ne ohangent
point. Je ferai toutefois line exception en
faveur de Jules Vallès, dont la robustesse,
la carrure épaisse, l'attitude farouche et la
barbe touffue ne parviennent point, pour
qui sait pénétrer un caractère, à masquer
entièrement la délicatesse qui persista,
quoi qu'on pense, chez ce bohème rouge,
et lui inspira .entre autres chefs-d'œuvre,ce
chapitre de l'enfant intitulé Idylle. Nous en
voudra-t on franchement de signaler parmi
les pages d'un écrivain dont l'âpre té tourna
quelquefois à l'injure et au blasphème
celles où il sort de lui-même — & moins
qu'il n'y rentre plutôt — et révèle au lec
teur surpris et oharmé une fraîcheur ex
quise dans les souvenirs, une émotion ten
dre et une sensibilité presque féminine.
Des bustes exposés, l'un des plus curieux,
des plus entourés, est le bronze de Barbey
1 d'Aurevilly par Zaoharie Astruo. Ce n'est
plus le jeune élégant que nous montrait, &
quelques pages du portrait de Brummel, le
frontispioe du Dandysme.
Mais l'éternel fashionable a oonservé
cette morgue indéfectible qu'il exagéra
jusqu'à la fin de sa vie et qu'on retrouve
dans ce beau portrait d'Emile Lévy qui fut,
en x 1889, l'un des sucoès de l'exposition de
peinture. Rien n'y njanque, ni l'unité du
front dont une tension perpétuelle fait dis
paraître les rides, ni la contraction voulue
des narines et des lèvres, surmontées d'uns
moustache cavalière dont le chic s'harmo
nise aveo un accoutrement stiranné comme
elle. C'est bien ainsi qu'après avoir lu ses
œuvres, on se représente cet auteur dont le
talent incontestable a trop souffert de la
manie du panache.
A deux pas de là, se crispe entre une
moustache entortillée et une imperceptible
impériale, le sourire amer d'Henri Roohe-
fort. Encore une physionomie qui n'a guère
changé, bien qu'il soit curieux de comparer
ii ce buste en plâtre par Dalou, l'étrange
portrait peint par Courbet il y a une qua
rantaine d'années, et dont les traits tour
mentés semblent prédire la vie orageuse
qui devait les aocuser encore.
J'aime mieux ne rien dire de M-Vacqucrie
dont lé buste m'a paru manquer d'expres
sion et de vigueur. Au portrait de Gam-
bella, par Spiridon, je préfère de beauooup
son buste par Falguière, où vous remar
querez sans doute l'adouoissement, dû & la
cire, de l'expression arrogante du triljun.
La physionomie de M. Edmond de Gon-
court est peu oonnue quoique son portrait
par Raffaelli ait fait sensation au salon
de 1888. Depuis, ila été aoheté par l'Etat et
placé; au musée de Nancy, sa ville natale.
C'est une œuvre intéressante et très per
sonnelle, mais qui ne rend pas, selon nous,
l'apparence grave et mélancolique du mo
dèle. On peut faire le môme reproche au
grand pastel, en largeur, de Giuseppe de
Nittis où l'accessoire l'emporte sur le prin
cipal, o'est-à-dire sur l'expression et la res
semblance. Le grand dessin de M. Braque
nt ond, gravé par lui & l'eau forte et plaoé
au Luxembourg, serait tout & fait remar
quable sans l'entassement dans un espace
trop restreint, des livres et des objets d'art
qui symbolisent les goàts du maître. Et puis
il y a entre le nez et les lèvres, un écarte-
ment exagéré et désagréable. Gavarni a
dessiné les portraits des deux frères sur
une planche lithographique, dans la suite
qui a pour titre : MM. du Feuilleton. C'est
là que doivent les rechercher leurs admira
teurs et ceux qu'intéresse, à n'importe quel
titre, notre iconographie nationale. Me
voilà bien loin du buste de M. Alfred Le-
noir, un buste en plâtre qui donne de
M. Edmond de Goncourt une idée approxi
mative, mais bien insuffisante.
Citons encore deux bustes en plâtre par
Bernstram, l'un de M. Renan souriant et
penché dans son attitude favorite, l'autre
d'Halévy, spirituel et fin, et passons aux
médaillons de David d'Angers, cette pré
cieuse oolleotion où il faudra toujours reve
nir chaque fois qu'on voudra un dooument
sur les types de la génération qui nous a
précédés.
A moins d'avoir parcouru cette oolleotion
au Louvre, au musée d'Angers qui la pos
sède toute entière, ou enoore dans les al
bums où M. Robert David d'Angers en a
réuni les photographies, on ne peut se faire
ùne idée de son importance. Quelques pro
fils aperçus à la première page d'un livre, à
la devanture d'un mouleur, o'est tout ce
qu'on en sait habituellement. Et cependant,
pour qui veut passer en revhe les physiono
mies de la première partie de notre siècle,
il n'y a pas de guide plus riohe, plus fidèle
•t plus sûr. Ce n'est pas seulement la res
semblance qu'on doive être heureux d'y
rencontrer, David d'Angers excellait enoore
& comprendre son modèle, à en saisir en un
olin-'d'oeil, à en happer, pour ainsi dire, les
moindres détails qui en faisaient l'origina
lité et la vie. Au moment précis où passait
Sur les visages oe reflet de l'âme qui enno
blit et illumine, l'artiste s'en emparait et en
marquait déj à dans sa. pensée le médaillon
ou le buste à venir. Et puis, oe qui caracté
rise ces traits si finement ciselés, c'est une
justesse extraordinaire, un ensemble par
fait. N'eût-oh auoune idée du modèle, on
éprouve en face de son effigie cette impres
sion de joie et de sécurité que donnent les
portraits des maîtres et qui s'accorde si bien
aveo les dessins de l'imagination et du
rêve.
Il a existé deux Gustave Planche. Du
second, malade, déguenillé et sale, je n'ai
trouvé jusqu'ioi qu'un seul portrait, en tête
de la biographie de Mirecourt. Du premier,
jeune, ouvert, et presque élégant,nous reste
le médaillon de David, qui l'a oonnu à ses
meilleures heures, et dans tout l'éolat de sa
première gloire. '
Dans son dernier ouvrage sur David d'An
gers et Ses ' relations littéraires, M. Henri
Jouin a transmis quelques-unes des lettres
de remerciement adressées chaque jour au
statuaire et auelques autres' contenant les
avances de tel ou tel dans le but d'ob.tenir
son médaillon.Parmi les dernières, en voici
une de Théophile Gautier dont la forme
précise et un peu roide témoigne pas mal
de fierté ch8z l'auteur d'Emaux et Camées.
« Paris, 17 septembre 1845.
Monsieur,
« Notre ami Préaultm'a laissé pressen
tir que vous ne seriez pas éloigné de vouloir
bien faire mon médaillon. C'est un hon
neur que je n'aurais pas osé espérer ; mais
puisque vous me jugez digne de figurer
dans cette précieuse oolleotion, je suis à
votre dispostiôn et je vous remeroie du
fond du cœur.
« Agréer, monsieur, l'assurance de ma
considération la plus distinguée-
Théophile Gautier.
« Rue Navarin, 14. »
Comment trouvez-vous oette lettre oava-
lière d'une femme oélèbre et gâtép ?
a Mme Récamier serait charmée que
M. David pût, sans déranger aucun de ses
projets, lui donner quelques moments dè sa
soirée demain vendredi.
« Elle le prie d'agréer tous ses compli
ments.
« Récamier. »
« Le jeudi 3 juillet 1828. »
On sait oomment David d'Angers a réussi
le médaillon d'Albertus et celui de la muse
de l'Abbaye au Bois. Parmi oeux que leur
nom recommande aux visiteurs de l'Expo
sition, je signalerai encore Charles Nodier,
l'aimable conteur dont le salon vit' se cou
doyer toute l'élite d'une génération; Emile
Deschamps, que plusieurs poésies tendres
et rêveuses sortiront bien, quelques jour,
de l'oubli où il semble dormir aujourd'hui;
Paul Fouoher, le beau frère de Victor Hugo,
que son médaillon nous montre tout jeune,
presque enfant, alors qu'il n'avait enoore
abordé ni la presse, ni le théâtre, et que
ses plaisanteries égayaient les graves cau
series du cénacle. '
' Avez-vous remarqué le rapport frappant
qui existe entre les médaillons de Sainte-
Beuve et celui d'Ary Soheffer ? C'est au
point qu'avant de les bien connaître tous
deux, je les ai longtemps confondus l'un
avec l'autre. Toujours est-il que l'auteur
des Lundis nous apparaît là sous un aspect
peu oo nn u et qui convient mieux à Joseph
Delorme et à l'auteur des Consolations
qu'au critique du Constitutionnel. "
Combien je préférerais'voir, au lieu du
portrait lourd et bourgeois qui ouvre ses
poésies de l'édition Lemerre, une bonne
photographie de ce médaillon trop peu ré
pandu 1 A ceux qui ne connaissent que le
sourire sceptique et la calotte noire du pre
mier, se révélerait un jeune visage plein de
mélancolie ' et de douceur, &la chevelure
abondante," au front uni, au regard ouvert
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