Titre : L'Univers
Éditeur : L'Univers (Paris)
Date d'édition : 1893-02-18
Contributeur : Veuillot, Louis (1813-1883). Rédacteur
Contributeur : Veuillot, Pierre (1859-1907). Rédacteur
Contributeur : Veuillot, François (1870-1952). Rédacteur
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Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 18 février 1893 18 février 1893
Description : 1893/02/18 (Numéro 9053). 1893/02/18 (Numéro 9053).
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
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Droits : Consultable en ligne
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Source : Bibliothèque nationale de France
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 06/02/2011
Samedi 18 Février 1893
N* 9053 — Edition quotidienne
Samedi 1 8 Février 1863
ÉDITIO N QUOTID IENNE
PARIS ÉTRANGER
Sï DÉPARTEM8NS8 {UNION POSTALl)
o 65 » 68 »
. 28 50 34 »
• 15 n 18 a
Va an . . „
Six mois . .
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Les abonnements partent des l« r et 16- de chaque mois
L 'UNIVERS u répond pas des manuscrits qui loi' soit adressas
' ANNONCES
MM. LAGRANGE, CERF et Gi% 6, place de la Boursé
FRANCE
PARIS, 17 FÉVRIER 1893
Encore une victoire de M. Ribot,
mais si elle le relève et surtout si elle
éclaircit la situation, nous en serons
bien surpris. En réalité, l'équivoque
persiste, et M. Ribot reste dans un
équilibre essentiellement instable. Il
parn.lt que cela lui suffit.
Hier, à la Chambre, la discussion
sur l'interpellation Léydet a été longue
et vive ; on a entendu successivement
MM. Leydet. Millerand, Lafargue, Ga
vaignac, Ribot, Déroulède, Dumay,
Deschanel et Piou. Un ordre du jour
qui ne dit rien et qui a pu, à cause
de cela, faire la concentration répu
blicaine, a réuni 306 voix contre 172.
Dans cette discussion fort diffuse,
MM. Déroulède et Piou ont obtenu un
très vif succès ; MM. Gavaignac et
Deschanel ont maintenu leurs criti
ques contre la conduits du gouverne
ment.
Aujourd'hui, reprise du budget : il
faut s'occuper de la réforme des pa
tentes et du droit sur les valeurs de
Bourse.
Au Sénat, nombre de sénateurs
manquaient, ils étaient allés à la
Chambre des députés; on n'en a pas
moins voté en première lecture le pro*
jet de loi sur les caisses de retraite
des ouvriers et employés, et com
mencé la discussion de la proposition
de loi sur les caisses de retraite des
mineurs. Suite aujourd'hui. Ensuite,
d'après l'ordre du jour, doit venir la
proposition Monis. Elle aura bien at
tendu.
La discussion sur le Home Rule a
repris, et la Chambre des communes a
entendu notamment sir Randolph
Churchill, qui a attaqué le bill, Des
incidents se produisent qui témoi
gnent de la violence de la lutte ; on
les trouvera signalés plus loin.
Elles sont assez curhuses, les déci
sions de la commission du Reichstag
saisie de la loi militaire. Cette com
mission a. successivement repoussé
quatre systèmes, dont celui du gou
vernement. Il faudra cependant bien
arriver à une décision ; on atten
drait un contre-projet venant du Cen
tre, qu'on discuterait et sans doute vo
terait lundi.
Voici donc M. Ribot victorieux en
core une fois, mais chargé d'un mé
pris sous lequel succomberaient plu
sieurs hommes qui ne seraient pas
faits de ce caoutchouc. La flétrissure
cent fois méritée est venue en abon
dance, de gauche, de droite, du centre.
Elle a rejailli pendant quatre heures.
Debout à la tribune ou bien assis à
son banc, le personnage visé, saluant
ces éclats qui l'atteignaient, plongeait
dans une grimace qui voulait être
un sourire. On a voté une formule qui
ne signifie rien. On n'a tenu aucun
compte des explications de M. Ribot.
L'ordre du jour exprimant la con
fiance eût été aussi bien adopté en
l 'honneur de Scapin. Le ministère va
donc « maintenir les lois démocrati-
« ques et affirmer une politique nette-
« ment républicaine ». Dans le chaos
qui déborde, la manifestation de cette
espérance a l'air d'une plaisanterie
détestable que des gens ahuris se fe
raient à eux-mêmes.
Pour aboutir à ce rien, on a traité
une foule de sujets. M. Leydet a
réclamé des réformes radicales ;
MM. Millerand et Dumay, la revision
«t des réformes socialistes ; M. Lafar
gue, la suppression du salariat ;
M. Gavaignac a demandé le maintien
des résolutions votées le 8 février,
affichées depuis ; et il a dénoncé l'in
fluence occulte de M. Clémenceau.
Celui-ci, dont on a prononcé le nom
plusieurs fois encore dans la même
séance et qui, jadis, eût pris la direc
tion du débat, est resté muet, sauf
deux ou trois interruptions que les
sténographes ont pu recueillir ; il
est entré dans la catégorie des brillants
orateurs qui ne parlent pas. Un autre
nom, il est vrai, retentissait : celui de
Cornélius Herz lancé aux échos par la
voix magnifique de M. Déroulède.
Extraordinaire, la puissante harangue
du célèbre ligueur. Elle *'est dévelop
pée, impétueuse, spirituelle, élégante,
au point que le président et le centre,
et M. Ribot lui-même n'ont pas es
sayé de l'arrêter. M. Déroulède a des
ressources qui lui permettent de tout
dire. Il a été superbe dans ses atta
ques, dans ses ironies, dans ses ri
postes. C'était un jaillissement d'esprit
et d'éloquence, souvent d'indigna
tion ; et les idées n'y manquaient pas
non plus. M. Ribot se pâmait d'effa
rement : « Le discours de M. Ribot,
« nous l'avons déjà entendu, et je suis
« toujours heureux de l'entendre...
« Suivant son habitude, M. Ribot n'a
« pas dit un seul mot de la question
« soulevée... Il n'a aucune politique...
« La concentration, il la fait avec le
« groupe Vlasto et le groupe Gorne-
« lius Herz... M. Ribot a inventé la
« responsabilité personnelle devant
« M. Ribot... L'homme, avec une in-
« telligence remarquable, avec une
« grande éloquence, manque de ca-
« ractère, de décision, de suite dans
« les idées... Je suis plus inquiet de le
: « voir au pouvoir que d'y voir un
« homme ayant des convictions abso-
« lument contraires aux miennes...
« M. Ribot n'a de convictions con-
« traires à celles de personne-; c'est
« un pianiste qui joue la musique des
« autres. »
Conformément à l'attente générale,
M. Piou est venu à la tribune exposer
le programme de la droite républi
caine. L'éminent orateur a obtenu le
plus grand succè3. Pendant trois
quarts d'heure, et malgré la fatigue
causée par la longue agitation de la
séance, M. Piou a été écouté dans le
recueillement et l'assemblée est de
meurée sous le charme. Il a produit
une vive impression, en prouvant que
les conservateurs ralliés n'ont jamais
été ni dupes ni complices ; qu'ils
n'ont rien abandonné, ni rien com
promis ; qu'ils possèdent un pro
gramme précis, inspiré par le respect
des droits et l'amour des nobles liber
tés. M. Piou et ses amis revendiquent
formellement le droit, pour les enfants
pauvres, d'être instruits dans la reli
gion, comme les élèves du lycée, fils
de bourgeois. Le même parti proteste
contre l'incorporation des prêtres ou
des séminaristes dans un service où
ils ne peuvent rester en temps de
guerre. Enfin, comme il l'a déclaré dès
le début, il n'a jamais 'aspiré à faire
partie de "la majorité de la Chambre
actuelle; c'est pour agir en face du
pays, et non dans les couloirs parle
mentaires, que M. Piou et ses amis
se sont concertés. L'heure approche
d'appliquer, devant le suffrage univer
sel, les forces acquises dans le travail
préparatoire. M. Piou a salué avec
confiance cette heurei qui peut ouvrir
la période de l'apaisement et de la jus
tice. L'éminent orateur n'a pas né
gligé d'offrir à M. Ribot, une provi
sion de fines épigrammes; de sorte
que le président du conseil a tout ce
qu'il lui faut.
Quant à la concentration et aux au
tres affaires de ce genre, ce qu'en ont
dit les gens qui les prennent au sé
rieux, ne'signifie rien.
Eugène Tavernier.
Le bon Sénat, lui, s'est occupé dans
le plus grand calme de questions ou
vrières. On a voté d'abord, presque
sans discussion, le projet de loi con
cernant les caisses de retraites, de se
cours et de prévoyance, fondées au
Erofit des employés et ouvriers. Le
ut de la loi, comme l'a exposé le rap
porteur, M. Thézard, est de mettre les
fonds des caisses de prévoyance à
l'abri des catastrophes qui résulte
raient par exemple, de la faillite d'un
patron, s'il s'agit de caisse patronale.
La Chambre 1 des députés avait établi,
en vue de cette éventualité, un privi
lège général portant sur le patrimoine
du patron.
Le Sénat a préféré supprimer
les caisses patronales, et décider que
les fonds de retraites seraient versés
à la caisse des dépôts et consignations.
Le rapporteur ne dissimule pas qu'il
ne s'agit que d'une loi provisoire, et
que lorsqu'on fera quelque chose de
plus sérieux, les membres de la com
mission actuelle seront tout disposés à
admettre les caisses patronales basées
sur la mutualité et la solidarité.
Le Sénat a décidé, en outre, qu'il
passerait à une seconde délibération.
Ensuite venait une proposition de
loi du même genre, mais plus spéciale,
sur les caisses de secours et de re
traite des ouvriers mineurs. La Cham
bre, en votant cette loi, prétendait
établir en faveur des ouvriers mineurs
un régime d'exception, basé sur la lé
gislation des mines ; elle réclamait
alors, suivant un mot de M. Waldeck-
Rousseau, « une coopération plus
large de l'Etat avec des ouvriers qui,
dans un certain sens, sont considérés
comme travaillant pour lui »; mais elle
ne s'en tenait pas là et posait le prin
cipe que l'Etat, concédant la mine,
avait le pouvoir d'imposer au conces
sionnaire telle condition qu'il lui plai
sait. Tout en répudiant ce principe, la
commission du Sénat accepte que la
loi impose aux ouvriers et aux pa
trons un versement au taux de 3 0/0.
Cette disposition, M. Blavier l'a
combattue en vertu du principe du
contrat de louage, et il a présenté,
pour le retirer peu après devant la gri
mace du Sénat, un contre-projet ap
plicable à toutes les industries. Il s'est
refusé à admettre que les autres ou-
vr ers ne fussent pas dignes du même
intérêt que les mineurs.
M. Viette, ministre des travaux pu
blics, est intervenu dans la discussion,
pour légitimer l'intervention de l'Etat
et les versements obligatoires, et ap
puyer l'institution d'une commission
arbitrale chargée de régler les difficul
tés qu'entraîneraient les dispositions
transitoires. A la suite de ce discours
et de diverses observations, le Sénat a
voté les articles 1 et 2,en repoussant le
versement de 4 0/0 (au lieu de 3), que
demandaient MM. Déprez et Maxime
Lecomte.
La suite aujourd'hui.
La loi Monis figure à l'ordre du
jour.
J. Mollet.
La Chambre des communes, .nous
l'avons déjà dit, n'attend point la dis
cussion en seconde lecture du Bill du.
Home rule pour s'échauffer sur la
question d'Irlande—Etâl,.,va. sans dira
que le parti irlandais expie la mé
chante humeur que la vietoire élec
torale de M. Gladstone et... ses suites
causent aux unionistes et aux tories.
C'est ainsi que la séance d'hier a été
très mouvementée aux dépens de la
phalange irlandaise, qui d'ailleurs est
sortie victorieuse et « couleurs dé
ployées » de la bataille parlementaire.
Les hostilités se sont engagées à
propos d'un violent discours prononcé
en dehors du Parlement par lord
Wolmer, un fidèle de M. Chamber
lain. Dans ce discours, lord Wolmer
avait affirmé que les députés natio
nalistes d'Irlande étaient des merce
naires subventionnés sur la caisse du
gouvernement. Et un député irlan
dais, sir Thomas Esmonde, lui deman
dait compte, à Westminster, de cette
accusation, destinée à déshonorer le
parti irlandais aux veux du peuple
anglais.
Lord Wolmer, qui a été autrefois
; gladstonien, aurait pu se borner à re
tirer purement et simplement son ac
cusation. Mais pas du tout, ily tient.
Il n'est pas à sa connaissance, dit-il,
que les députés irlandais reçoivent de
l'argent de source américaine oii ir-
: landaise ; donc ils doivent en reëe-"
voir de source ministérielle. Il recon
naît, d'ailleurs, qu'il est allé un peu
loin en affirmant la chose. Mais si
M. Gladstone déclare que son parti ne
fournit pas d'argent aux Irlandais,
le noble lord retirera son accusation.
Cette argumentation,qui manque de
« candeur », provoque l'intervention
de M. Sexton, un des membres les
plus distingués et les plus écoutés du
parti irlandais. M. Sexton en appelle
à l'autorité du speaker , qui déclare
qu'il ne peut intervenir pour un dis
cours prononcé en dehors du Parle
ment, mais qu'il est néanmoins d'avis
que lord Wolmer n'aurait pas dû em
ployer contre des collègues une ex
pression comme celle de mercenaires.
L'avis suffit à lord Wolmer, qui
s'empresse... un peu tard,de retirer le
mot.
Mai3 ce n'est pas seulement à un ora
teur peu in Huent comme lord Wolmer
que la phalange irlandaise a affaire.
Le Times a encore renchéri sur le
noble lord ; il a consacré des articles
véhéments au bill du Home Rule , aux
discussions de la Chambre des com
munes et, dans un de ces discours, il
a répété et aggravé l'outrage da lord
Wolmer. M. Sexton demande justice
contre cet outrage, qui constitue une
violation des privilèges de la Chambre.
Les députés irlandais peuvent être
pauvres,mais ils font leur devoir hon
nêtement et patriotiquement. Il exige
dono que le directeur du Times soit
appelé à la barre de la Chambre pour
présenter des excuses publiques.
Le speaker voudrait bien qu'on s'en ;
tînt là. Lord Wolmer déclare qu'il a
fait des excuses et que l'incident est
vidé. Mais M. Sexton insiste, et il est
appuyé par M. Redmond. Entre le
Times et les députés irlandais, la
guerre est ancienne. D'autre part,
M. Gladstone se lève pour déclarer
qu'il regrette que lord Wolmer n'ait
pas plus tôt retiré une accusation sans
fondement et quele 7Y»ies ait repro
duit un outrage constituant contre
le3 députés irlandais une accusation
de corruption. Dès lors, la scène s'a
nime, une discussion très vive s'en
gage, discussion où même les adver
saires des Irlandais reconnaissent
qu'on est allé vraiment un peu loin et
que l'article du Times est une viola
tion des privilèges de la Chambre.
Finalement, la motion de M. Sexton
est votée à l'unanimité. Cependant,
il est convenu que le directeur du
Times ne sera pas appelé à la barre
de la Chambre, le vote à l'unanimité
de la motion Sexton constituant con
tre le journal un blâme public et una
nime.
Après ce double incident, terminé
à l'honneur des Irlandais, la Cham
bre des communes a repris la discus
sion du bill du Home Rule. Le lecteur
verra les détails de la discussion aux
dépêches.
Le discours le plus remarquable de
cette discussion a été celui de lord
Randolph Churchill qui, pour l'occu-
rence, semblait avoir repris la direc
tion du parti tory à la Chambre des
communes. Il a en effet produit plus
de sensation que celui de M. Balfour.
Lord Randolph a appelé le plan
d q Home Rule « la grande trahison »
du parti libéral, eta déclaré que, quand
même le bill serait voté par la Cham
bre des communes, il connaissait assez
l'Angleterre pour savoir que cela ne.
passerait pas.
Cette allusion à la résistance atten-'
due de la Chambre des lords n'est
peut-être pas très politique, et lord
Randolph s'avance un peu. Jusqu'à
présent, les vents et la marée sem
blent favorables à M. Gladstone et au
Home Rule . La résistance dont parle
lord Randolph pourrait bien doubler
la force du courant.
L.N. G.
La chambre criminelle de la cour
de cassation est saisie du pourvoi
formé par l'Association professionnelle
des patrons du Nordï dite de Notre-
Dame-du-Haut, dont la constitution et
les actes ont donné lieu, comme on
sait, à divers débats parlementaires.
On sait que cette excellente associa-
.tion^f&été i'objeJL4e poursuites judi
ciaires pour une soi-disant infraction à
la loi sur les syndictts professionnëls.
■ L'association de Notre-Dame-du-
Haut a été dissoute par arrêt de la cour
de Douai du-15 octobre 1892 et les ad
ministrateurs condamnés à l'amende.
• Un des principaux considérants de
l'arrêt de condamnation visait le fait
qu'on s'occupait dans l'association,
contrairement à la loi, de questions po
litiques et religieuses.
M" Devin appuie le pourvoi,
Il soutient que le fait allégué par la
cour ne pouvait motiver la condam
nation, et qu'il est de l'essence même
des syndicats, suivant le point de vue
auquel se placent leur3 organisateurs,
de traiter, à l'occasion, de questions
politiques, religieuses ou sociales.
M. le conseiller-rapporteur Accarias
a conclu au rejet du pourvoi.
M. l'avocat général Sarrut, comme
organe du ministère public, a conclu
dans le même sens.
L'arrêt sera rendu aujourd'hui.
Nous recevons de Rome la dépêche
suivante :
Rome, 17 février, midi 55.
Aujourdhui encore le Pape a célébré la
messe à Saint-Pierre devant plus de
9.000 pèlerins, venus des Marches, de la
Toscane, des Romagnes, de l'Emilie, de la
Lombardie, de la Vénétie, du Piémont et
de Ja Ligurie.
Plusieurs cardinaux et nombre d'évôques
entouraient le Pape.
Etaient aussi présents les membres du
Comité permanent de l'œavre des Congrès
catholiques, le Comité dos dames romaines
qui ont offert l'ornement porté par le Pape
à la messe de dimanohe, et enfla la com
mission centrale > xécutive des fôtes jubi
laires, dont S. Em. le oardinal Paroochi est
le président d'honneur.
S. Em. le cardinal Parocchi a lu le texte
d'une éloquente adresse, puis il a remis au
Saint-Père les offrandes spéciales recueil
lies à titre d'étrennes pour le jubilé épisco
pal du Souverain Pontife, offrandes dont le
tetal dépasse cent mille francs.
Le Pape a répondu en louant l'ordre et
la solennité des fôtes, en remerciant les
promoteurs et en exprimant sa pleine satis
faction pour les souhaits et les dons reçus.
Il a ajouté que, voulant adresser la parole
aux pèlerins, il ohargeait son secrétaire de
lire le discours écrit à cette intention.
Alors, Mgr Volpini a lu le discours, dans
lequel le Souverain Pontife exprime la sa
tisfaction, qu'il éprouve de ces fôtes jubi
laires. Le Saint-Père expose que les rela
tions entre l'Italie et la Papauté établies par
Dieu ont été troublées par les hommes;
il compare la fécondité de ces relations à
la politique funeste qui, depuis trente ans,
cherohe si tristement à mettre en rupture
aveo la Papauté une nation catholique
comme l'Italie.
Si la Papauté était mieux oonnue, le
nombre de ses ennemis diminuerait ; on
connaîtrait la voie à suivre. Mais bien des
difficultés bien des préjugés empôohent la
cessation de oo funeste conflit, dont on doit
tout faire pour empêcher les tristes consé
quences.
Le Pape fait ensuite allusion à sa lettre
au penple italien, qui apprend aux catholi
ques la nécessité de supprimer entre eux
les discordes, causes de faiblesse.
Il bénit les pèlerins et leurs familles ; ils
pourront témoigner des vœux que forme
le Pape pour la prospérité de l'Italie. Le
Souverain Pontife termine en souhaitant
que le différend disparaisse et en disant
qu'il serre sur son cœur paternel tous les
Italiens." 1
Le défilé des pèlerins pour le baisement
demain a oommencé ensuite ; il durera,
comme hier, jusque vers quatre heures.
Le Pape, aujourd'hui aussi, a donné à
chaque pèlerin une médaille d'argent avec
une inscription commémorative du jubilé
portant oes mots : Oleo sancto meo unxi
eum.
Gomme hier, le Souverain Pontife a été
l'objet d'une immense ovation.
Nous recevons la dépêche suivante :
Rome, 17 février, 1 heure.
M. Albert de Mun a été reçu en au
dience particulière par le Saint-Père ce
malin. L'audience a duré trois quarts
d'heure. •
Le Jubilé pontifical
La Gazette de Saint-Pétersbourg annonce
que la faoulté de théologie catholique de
Saint'Pétersbourg fera remettre au Saint-
Père une adresse de dévouement, rédigée
en hexamètres par Mgr Symon, évôque
suffragant de Mohilew, en résidence à
Saint-Pétersbourg.
L'archevêque de Mohilew fera remettre
à son tour une autre adresse, oouverte de
milliers de signatures et accompagnée
d'une riche offrande au Denier de Saint-
Pierre.
Le môme journal dit que le 19 février,
des grandes solennités religieuses auront
lieu dans toutes les églises catholiques de
l'empire de Russie.
— Jeudi soir a eu lieu, à Metz, une as
semblée solennelle catholique en l'honneur
de Léon XIII. M. l'abbé Dellès, curé de
Sainte-Ségolène de Metz et député au
Reichstag allemand, a prononcé un dis
cours très élevé sur Léon XIII et le rôle de
la Papauté à l'époque actuelle.
D'autres orateurs *-ent« parlé du rôle du
Saint-Père au regard du socialisme et des
francs-maçons.
— Strasbourg célébrera dignement les
noces d'or. Le jour de la fête principale,
toutes les associations et congrégations se
rendront, bannières déployées, de la ca
thédrale, en procession solennelle, à la nou
velle église de Saint-Pierre, non encore
consacrée, d^is l'enceinte de laquelle au
ront lieu l'assemblée et un festival. Le soir
toute la ville sera illuminée; on a vendu
déjà plus de 30,000 lampions.
— Les audiences collectives que le Saint-
Père a oommencé d'accorder aux évôques
d'Italie venus à Rome pour le jubilé conti
nuent.
Sa Sainteté, dit le Moniteur de Rome , a
reçu NN. SS. les évôques suivants :
Mgr Dell'Olio, archevêque de Rossano ;
Mgr Di Nonno, archevêque d'Acerenza
et Matera.
Mgr De Nittis, évêque de Castellaneta;
Mgr Virdia, évêque de Cariati ;
Mgr Tempesta, évêque de Troja ;
Mgr Brandolini-Rotay évêque de Ce-
neda ;
Mgr Bardi, évêque de Tortona ;
Mgr Toti, évôque de Colle ;
Mgr Graziani, évêque de Sarsina ;
Mgr Gialdini, évôque de Montepul-
ciano ;
Mgr Sorgente, évêque de Gosenza ;
Mgr Valensise, évêque de Nicastro ;
Mgr Nicolai, évôque de Ripatransone ;
Mgr Ricciardi, évêque de Nardo ;
Mgr Zola, évêque de Lecce ;
Mgr Mangeruva, évêque de Geraoe ;
Mgr Pedalieri, évêque auxiliaire de Reca-
nati et Lorette.
Etaient aussi présents à cette audience
collective :
Mgr Pace, évêque de Malte ;
Mgr Lamouroux, évôque de Saint-Flour;
Mgr Poldan, évêque titulaire de Jé
richo ;
Mgr Rutt, évôque de Southwark, ainsi
que le Rcne P. abbé ordinaire de l'abbaye
de Gava.
— La Jeunesse catholique de la région
lyonnaise, malgré le deuil qui vient de
frapper le diocèse, a résolu de fêter le
19 février pour manifester sa reconnais
sance au Pontife qui, plusieurs fois et par
ticulièrement, l'a encouragée et bénie.
A 8 h. 1/4, messe à Fourvière (dans la
crypte) et allooution par Mgr Déohelette,
vicaire capitulaire.
Après la messe, assemblée générale et
Adresse au Pape, dans la salle des Mi
nimes.
M. Jacquier y prendra la parole.
Les membres de la Jeunesse catholique,
dans une lettre d'invitation à cette fête,
émettent l'espoir que leurs aînés, les vail
lants défenseurs de la cause catholique,
voudront bien se mêler à eux et les aider à
fêter dignement le Père eommun, prison
nier au Vatican.
Voici comment Y Agence Havas rend
compte de la cérémonie qui a eu lieu
hior en l'église Saint-Pierre de Rome :
Rome, 16 février.
Le Pape a célébré oe matin la messe à
Saint-Pierre à huis olos en l'honneur des
pèlerins italiens.
Le Pape a été très acclamé à son entrée.
A l'issue de la messe, Léon XIIIa donné
sa bénédiotion d'une voix forte.
Après avoir pris une légère réfection
dans dans la basilique même, le Pape s'est
assis dans le fauteuil doré pour le baise
main.
Le docteur Lapone se tenait derrière le
Pape. Deux camériers d'honneur soute
naient la main du Saint-Père pour éviter
qu'elle ne se fatiguât.
Le baise-main, commencé à 10 heures
du matin, s'est prolongé jusqu'à 4 heures
de l'après-midi environ.
■iflUi
Correspondance Romaine
Rome, 15 février 1893.
Les rues de Rome présentent déjà
une animation extraordinaire et il est
aisé de voir que la grande fête du ju
bilé épiscopal de Notre Saint-Père le
Pape Léon XIII approche. De tous cô
tés on rencontre des caravanes de pè
lerins venus de tous pays, mais prin
cipalement d'Italie.
On évalue ces derniers à quinze,
mille environ, auxquels il faut ajouter
les Américains du Sud et les Irlandais
et bientôt les Anglais, les Ecossais, les
Hongrois, etc.
Le Saint-Père, que tous ces pèlerins
viennent honorer et vénérer, semble
puiser dans ces démonstrations >. d'a
mour filial une nouvelle jeunesse et
une force invincible. Il est gai, ro
buste de santé, frais d'intelligence, un
vrai géant sur lequel ne semblent
avoir aucune prise les fatigues du
corps et de l'esprit; en un mot, un mi
racle éclatant de tous les jours qui
montre bien, même aux plus aveu
gles, que l'Eglise est immortelle et que
Dieu est avec son Chef.
Les pèlerins italiens seront reçus
demain et après-demain dans la basi
lique de Saint-Pierre, où le Saint-Père
descendra pour célébrer la sainte
messe en leur présence et les rece
voir ensuite. En attendant,Sa Sainteté
a déjà reçu en diverses audiences
collectives'les nombreux évêques d'I
talie, qui sont venus à la tête des
fidèles de leurs diocèses pour rendre
hommage au Souverain Pontife.
Sa Sainteté a reçu en outra Mgr
l'archevêque d'Athènes qui lui a re
mis une lettre autographe par laquelle
Sa Majesté le roi des Hellènes luijoffre
ses félicitations à l'occasion dp son
jubilé épiscopal. Le Saint-Père a reçu
aussi Mgr l'archevêque d'Antivari,
chargé de le féliciter au nom de Son
Altesse le prince de Monténégro.
Avant-hier matin, lundi, le" Souve
rain Pontife a reçu en audience parti
culière un certain nombre de mission
naires de la Compagnie de Marient
des Filles de la Sagesse, qui lui ont été
présentés par S. Em. le cardinal Vin
cent Vannutelli, protecteur des deux
congrégations instituées par le bien
heureux Père de Montfqrt (1).
Sa Sainteté a reçu, nier matin#
LL. GG. Mgr Lagrange, évêque de
Chartres, et Mgr Lamouroux, évêque
de Saint-Flour.
S. Exc. M. le prince de Ligne, re
présentant extraordinaire de S. M. le
roi des Belges pour le jubilé du Saint-
Pôre, est arrivé à Rome. Il est accom
pagné de M. le baron de Béthune et
de M. le comte de Mérode.
S. Exc. M. le baron général de
Loo, représentant extraordinaire de
S.M. l'empereur d'Allemagne, estaussi
arrivé à Rome. Leurs Excellences
sont allées hier présenter leurs hom
mages à S. Em. le cardinal secré
taire d'Etat.
Le prince-régent de Bavière a en
voyé au Saint-Père, pour son. jubilé
épiscopal, une reproduction fidèle de
la colonne de Notre-Dame de Munich,
Elle a un mètre cinquante de hauteur,
La statue de la Vierge et des anges
qui l'entourent est en or massif et la
couronne de la Vierge et les sept pe
tites lampes suspendues autour, sont ~
ornées d'émeraudes, de rubis et de
brillants, qui forment un total de plus
de 400 pierres précieuses.
S Em. le cardinal Mocennia pris
solennellement possession avant-hier
de son titre presbytéral de Saint-Bar-
thélemy-en-Tlle. S. Em. le cardinal
Paroccni a sacré dimanche dans la
basilique de Saint-Pierre-ès-Liens, le
nouvel évêque de Froligno.
L'église de Saint-Laurent in Panis-
perna, où il y a cinquante ans, le Pape
Léon XIII fut sacré .évêque, vient d'ê
tre entièrement restauré à neuf par
les soins du Fonds du culte et ornée
d'un double escalier monumental au.
centre duquel on a placé une_ plaque
en marbre avec l'inscription suivante :
Ecclesia hœ in Panisperna — juxta
locum martyrii beati Laurentii — œre
publico instaurata — et gradibus ins-
tructa — anno MDCCXCJ1J — L Epis-
copatus heic initi Leonis XIIIPontiftcis
Maximi.
Le grand portail a été également
restauré à neuf et sur le fronton on a
placé en stuc les armoiries du Pape
au milieu, et. des deux côtés, celles du
cardinal Galeati, titulaire, du cardinal
vicaire, de l'ordre des franciscains, qui
desservent l'église, et de la municipa
lité de Rome.
La restauration de cette église est
la seule part plus ou moins officielle
prise aux fêtes du jubilé épisoopal de
Sa Sainteté par le gouvernement
usurpateur, qui s'imagine faire échec
ou pendant aux splendides démons
trations du Vatican, dimanche pro
chain, en inaugurant devant l'énorme
palais des finances, que Gambettane
trouvait pourtant pas encore assez
grand pour la dette italienne, la statue
de l'ancien ministre Sella, ce grand
saigneur des contribuables italiens.-
De son côté, le Grand-Orient de la
franc-maçonnerie italienne se prépare
à donner ce même jour un grand
banquet aux frères et amis .\ et pro
noncera un discours. M. Lemmi célé
brerait-il par hasard ce jour-là le ju
bilé de sa condamnation à un an de
prison à Marseille pour appropriation.
indue?
Le célèbre maestro Mustafa, direc
teur de la chapelle Sixtine, bien connu
pas ses compositions religieuses, vient
de composer un remarquable motet
pour le jubilé de Sa Sainteté, lequel ;
sera exécuté dimanche prochain dans
la basilique de Saint-Pierre. En voici.
les paroles: « Jubilate Deo omnis terra :
cantate et exultate et psallité. Spiritus
Domini super me, eo quod unxerit Do-
minus me : ad annuntiandum mansue-
tis misit me, ut mederer contritis corde,
ut prsedicarem captivis indulgentiam, ;
et clausis apèritionem, ut consolarer
omnes lugentes ».
Les deux ablégats pontificaux en-,
voyés en France pour porter la bar
rette aux cardinaux de Rouen et de
Tours; Mgr Tarnassi et Mgr Procac-
cini, sont de retour à Rome. Ils ne
trouvent pas assez de paroles d'admi
ration pour tout ce qu'ils ont vu et en
tendu, et ne savent comment se louer
dignement des attentions délicates
dont ils ont été partout l'objet, mais
tout spécialement à l'Elysée.
Le Panama
D'après Y Agence Cooke, qui donne à ce
sujet un certain nombre de détails, la ma
ladie de Cornélius Herz no serait qu'une
maladie simulée.
(1) Nous avons rendu compte de cette au
dience dans notre précédent numéro.
(N. de la R.)
N* 9053 — Edition quotidienne
Samedi 1 8 Février 1863
ÉDITIO N QUOTID IENNE
PARIS ÉTRANGER
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L 'UNIVERS u répond pas des manuscrits qui loi' soit adressas
' ANNONCES
MM. LAGRANGE, CERF et Gi% 6, place de la Boursé
FRANCE
PARIS, 17 FÉVRIER 1893
Encore une victoire de M. Ribot,
mais si elle le relève et surtout si elle
éclaircit la situation, nous en serons
bien surpris. En réalité, l'équivoque
persiste, et M. Ribot reste dans un
équilibre essentiellement instable. Il
parn.lt que cela lui suffit.
Hier, à la Chambre, la discussion
sur l'interpellation Léydet a été longue
et vive ; on a entendu successivement
MM. Leydet. Millerand, Lafargue, Ga
vaignac, Ribot, Déroulède, Dumay,
Deschanel et Piou. Un ordre du jour
qui ne dit rien et qui a pu, à cause
de cela, faire la concentration répu
blicaine, a réuni 306 voix contre 172.
Dans cette discussion fort diffuse,
MM. Déroulède et Piou ont obtenu un
très vif succès ; MM. Gavaignac et
Deschanel ont maintenu leurs criti
ques contre la conduits du gouverne
ment.
Aujourd'hui, reprise du budget : il
faut s'occuper de la réforme des pa
tentes et du droit sur les valeurs de
Bourse.
Au Sénat, nombre de sénateurs
manquaient, ils étaient allés à la
Chambre des députés; on n'en a pas
moins voté en première lecture le pro*
jet de loi sur les caisses de retraite
des ouvriers et employés, et com
mencé la discussion de la proposition
de loi sur les caisses de retraite des
mineurs. Suite aujourd'hui. Ensuite,
d'après l'ordre du jour, doit venir la
proposition Monis. Elle aura bien at
tendu.
La discussion sur le Home Rule a
repris, et la Chambre des communes a
entendu notamment sir Randolph
Churchill, qui a attaqué le bill, Des
incidents se produisent qui témoi
gnent de la violence de la lutte ; on
les trouvera signalés plus loin.
Elles sont assez curhuses, les déci
sions de la commission du Reichstag
saisie de la loi militaire. Cette com
mission a. successivement repoussé
quatre systèmes, dont celui du gou
vernement. Il faudra cependant bien
arriver à une décision ; on atten
drait un contre-projet venant du Cen
tre, qu'on discuterait et sans doute vo
terait lundi.
Voici donc M. Ribot victorieux en
core une fois, mais chargé d'un mé
pris sous lequel succomberaient plu
sieurs hommes qui ne seraient pas
faits de ce caoutchouc. La flétrissure
cent fois méritée est venue en abon
dance, de gauche, de droite, du centre.
Elle a rejailli pendant quatre heures.
Debout à la tribune ou bien assis à
son banc, le personnage visé, saluant
ces éclats qui l'atteignaient, plongeait
dans une grimace qui voulait être
un sourire. On a voté une formule qui
ne signifie rien. On n'a tenu aucun
compte des explications de M. Ribot.
L'ordre du jour exprimant la con
fiance eût été aussi bien adopté en
l 'honneur de Scapin. Le ministère va
donc « maintenir les lois démocrati-
« ques et affirmer une politique nette-
« ment républicaine ». Dans le chaos
qui déborde, la manifestation de cette
espérance a l'air d'une plaisanterie
détestable que des gens ahuris se fe
raient à eux-mêmes.
Pour aboutir à ce rien, on a traité
une foule de sujets. M. Leydet a
réclamé des réformes radicales ;
MM. Millerand et Dumay, la revision
«t des réformes socialistes ; M. Lafar
gue, la suppression du salariat ;
M. Gavaignac a demandé le maintien
des résolutions votées le 8 février,
affichées depuis ; et il a dénoncé l'in
fluence occulte de M. Clémenceau.
Celui-ci, dont on a prononcé le nom
plusieurs fois encore dans la même
séance et qui, jadis, eût pris la direc
tion du débat, est resté muet, sauf
deux ou trois interruptions que les
sténographes ont pu recueillir ; il
est entré dans la catégorie des brillants
orateurs qui ne parlent pas. Un autre
nom, il est vrai, retentissait : celui de
Cornélius Herz lancé aux échos par la
voix magnifique de M. Déroulède.
Extraordinaire, la puissante harangue
du célèbre ligueur. Elle *'est dévelop
pée, impétueuse, spirituelle, élégante,
au point que le président et le centre,
et M. Ribot lui-même n'ont pas es
sayé de l'arrêter. M. Déroulède a des
ressources qui lui permettent de tout
dire. Il a été superbe dans ses atta
ques, dans ses ironies, dans ses ri
postes. C'était un jaillissement d'esprit
et d'éloquence, souvent d'indigna
tion ; et les idées n'y manquaient pas
non plus. M. Ribot se pâmait d'effa
rement : « Le discours de M. Ribot,
« nous l'avons déjà entendu, et je suis
« toujours heureux de l'entendre...
« Suivant son habitude, M. Ribot n'a
« pas dit un seul mot de la question
« soulevée... Il n'a aucune politique...
« La concentration, il la fait avec le
« groupe Vlasto et le groupe Gorne-
« lius Herz... M. Ribot a inventé la
« responsabilité personnelle devant
« M. Ribot... L'homme, avec une in-
« telligence remarquable, avec une
« grande éloquence, manque de ca-
« ractère, de décision, de suite dans
« les idées... Je suis plus inquiet de le
: « voir au pouvoir que d'y voir un
« homme ayant des convictions abso-
« lument contraires aux miennes...
« M. Ribot n'a de convictions con-
« traires à celles de personne-; c'est
« un pianiste qui joue la musique des
« autres. »
Conformément à l'attente générale,
M. Piou est venu à la tribune exposer
le programme de la droite républi
caine. L'éminent orateur a obtenu le
plus grand succè3. Pendant trois
quarts d'heure, et malgré la fatigue
causée par la longue agitation de la
séance, M. Piou a été écouté dans le
recueillement et l'assemblée est de
meurée sous le charme. Il a produit
une vive impression, en prouvant que
les conservateurs ralliés n'ont jamais
été ni dupes ni complices ; qu'ils
n'ont rien abandonné, ni rien com
promis ; qu'ils possèdent un pro
gramme précis, inspiré par le respect
des droits et l'amour des nobles liber
tés. M. Piou et ses amis revendiquent
formellement le droit, pour les enfants
pauvres, d'être instruits dans la reli
gion, comme les élèves du lycée, fils
de bourgeois. Le même parti proteste
contre l'incorporation des prêtres ou
des séminaristes dans un service où
ils ne peuvent rester en temps de
guerre. Enfin, comme il l'a déclaré dès
le début, il n'a jamais 'aspiré à faire
partie de "la majorité de la Chambre
actuelle; c'est pour agir en face du
pays, et non dans les couloirs parle
mentaires, que M. Piou et ses amis
se sont concertés. L'heure approche
d'appliquer, devant le suffrage univer
sel, les forces acquises dans le travail
préparatoire. M. Piou a salué avec
confiance cette heurei qui peut ouvrir
la période de l'apaisement et de la jus
tice. L'éminent orateur n'a pas né
gligé d'offrir à M. Ribot, une provi
sion de fines épigrammes; de sorte
que le président du conseil a tout ce
qu'il lui faut.
Quant à la concentration et aux au
tres affaires de ce genre, ce qu'en ont
dit les gens qui les prennent au sé
rieux, ne'signifie rien.
Eugène Tavernier.
Le bon Sénat, lui, s'est occupé dans
le plus grand calme de questions ou
vrières. On a voté d'abord, presque
sans discussion, le projet de loi con
cernant les caisses de retraites, de se
cours et de prévoyance, fondées au
Erofit des employés et ouvriers. Le
ut de la loi, comme l'a exposé le rap
porteur, M. Thézard, est de mettre les
fonds des caisses de prévoyance à
l'abri des catastrophes qui résulte
raient par exemple, de la faillite d'un
patron, s'il s'agit de caisse patronale.
La Chambre 1 des députés avait établi,
en vue de cette éventualité, un privi
lège général portant sur le patrimoine
du patron.
Le Sénat a préféré supprimer
les caisses patronales, et décider que
les fonds de retraites seraient versés
à la caisse des dépôts et consignations.
Le rapporteur ne dissimule pas qu'il
ne s'agit que d'une loi provisoire, et
que lorsqu'on fera quelque chose de
plus sérieux, les membres de la com
mission actuelle seront tout disposés à
admettre les caisses patronales basées
sur la mutualité et la solidarité.
Le Sénat a décidé, en outre, qu'il
passerait à une seconde délibération.
Ensuite venait une proposition de
loi du même genre, mais plus spéciale,
sur les caisses de secours et de re
traite des ouvriers mineurs. La Cham
bre, en votant cette loi, prétendait
établir en faveur des ouvriers mineurs
un régime d'exception, basé sur la lé
gislation des mines ; elle réclamait
alors, suivant un mot de M. Waldeck-
Rousseau, « une coopération plus
large de l'Etat avec des ouvriers qui,
dans un certain sens, sont considérés
comme travaillant pour lui »; mais elle
ne s'en tenait pas là et posait le prin
cipe que l'Etat, concédant la mine,
avait le pouvoir d'imposer au conces
sionnaire telle condition qu'il lui plai
sait. Tout en répudiant ce principe, la
commission du Sénat accepte que la
loi impose aux ouvriers et aux pa
trons un versement au taux de 3 0/0.
Cette disposition, M. Blavier l'a
combattue en vertu du principe du
contrat de louage, et il a présenté,
pour le retirer peu après devant la gri
mace du Sénat, un contre-projet ap
plicable à toutes les industries. Il s'est
refusé à admettre que les autres ou-
vr ers ne fussent pas dignes du même
intérêt que les mineurs.
M. Viette, ministre des travaux pu
blics, est intervenu dans la discussion,
pour légitimer l'intervention de l'Etat
et les versements obligatoires, et ap
puyer l'institution d'une commission
arbitrale chargée de régler les difficul
tés qu'entraîneraient les dispositions
transitoires. A la suite de ce discours
et de diverses observations, le Sénat a
voté les articles 1 et 2,en repoussant le
versement de 4 0/0 (au lieu de 3), que
demandaient MM. Déprez et Maxime
Lecomte.
La suite aujourd'hui.
La loi Monis figure à l'ordre du
jour.
J. Mollet.
La Chambre des communes, .nous
l'avons déjà dit, n'attend point la dis
cussion en seconde lecture du Bill du.
Home rule pour s'échauffer sur la
question d'Irlande—Etâl,.,va. sans dira
que le parti irlandais expie la mé
chante humeur que la vietoire élec
torale de M. Gladstone et... ses suites
causent aux unionistes et aux tories.
C'est ainsi que la séance d'hier a été
très mouvementée aux dépens de la
phalange irlandaise, qui d'ailleurs est
sortie victorieuse et « couleurs dé
ployées » de la bataille parlementaire.
Les hostilités se sont engagées à
propos d'un violent discours prononcé
en dehors du Parlement par lord
Wolmer, un fidèle de M. Chamber
lain. Dans ce discours, lord Wolmer
avait affirmé que les députés natio
nalistes d'Irlande étaient des merce
naires subventionnés sur la caisse du
gouvernement. Et un député irlan
dais, sir Thomas Esmonde, lui deman
dait compte, à Westminster, de cette
accusation, destinée à déshonorer le
parti irlandais aux veux du peuple
anglais.
Lord Wolmer, qui a été autrefois
; gladstonien, aurait pu se borner à re
tirer purement et simplement son ac
cusation. Mais pas du tout, ily tient.
Il n'est pas à sa connaissance, dit-il,
que les députés irlandais reçoivent de
l'argent de source américaine oii ir-
: landaise ; donc ils doivent en reëe-"
voir de source ministérielle. Il recon
naît, d'ailleurs, qu'il est allé un peu
loin en affirmant la chose. Mais si
M. Gladstone déclare que son parti ne
fournit pas d'argent aux Irlandais,
le noble lord retirera son accusation.
Cette argumentation,qui manque de
« candeur », provoque l'intervention
de M. Sexton, un des membres les
plus distingués et les plus écoutés du
parti irlandais. M. Sexton en appelle
à l'autorité du speaker , qui déclare
qu'il ne peut intervenir pour un dis
cours prononcé en dehors du Parle
ment, mais qu'il est néanmoins d'avis
que lord Wolmer n'aurait pas dû em
ployer contre des collègues une ex
pression comme celle de mercenaires.
L'avis suffit à lord Wolmer, qui
s'empresse... un peu tard,de retirer le
mot.
Mai3 ce n'est pas seulement à un ora
teur peu in Huent comme lord Wolmer
que la phalange irlandaise a affaire.
Le Times a encore renchéri sur le
noble lord ; il a consacré des articles
véhéments au bill du Home Rule , aux
discussions de la Chambre des com
munes et, dans un de ces discours, il
a répété et aggravé l'outrage da lord
Wolmer. M. Sexton demande justice
contre cet outrage, qui constitue une
violation des privilèges de la Chambre.
Les députés irlandais peuvent être
pauvres,mais ils font leur devoir hon
nêtement et patriotiquement. Il exige
dono que le directeur du Times soit
appelé à la barre de la Chambre pour
présenter des excuses publiques.
Le speaker voudrait bien qu'on s'en ;
tînt là. Lord Wolmer déclare qu'il a
fait des excuses et que l'incident est
vidé. Mais M. Sexton insiste, et il est
appuyé par M. Redmond. Entre le
Times et les députés irlandais, la
guerre est ancienne. D'autre part,
M. Gladstone se lève pour déclarer
qu'il regrette que lord Wolmer n'ait
pas plus tôt retiré une accusation sans
fondement et quele 7Y»ies ait repro
duit un outrage constituant contre
le3 députés irlandais une accusation
de corruption. Dès lors, la scène s'a
nime, une discussion très vive s'en
gage, discussion où même les adver
saires des Irlandais reconnaissent
qu'on est allé vraiment un peu loin et
que l'article du Times est une viola
tion des privilèges de la Chambre.
Finalement, la motion de M. Sexton
est votée à l'unanimité. Cependant,
il est convenu que le directeur du
Times ne sera pas appelé à la barre
de la Chambre, le vote à l'unanimité
de la motion Sexton constituant con
tre le journal un blâme public et una
nime.
Après ce double incident, terminé
à l'honneur des Irlandais, la Cham
bre des communes a repris la discus
sion du bill du Home Rule. Le lecteur
verra les détails de la discussion aux
dépêches.
Le discours le plus remarquable de
cette discussion a été celui de lord
Randolph Churchill qui, pour l'occu-
rence, semblait avoir repris la direc
tion du parti tory à la Chambre des
communes. Il a en effet produit plus
de sensation que celui de M. Balfour.
Lord Randolph a appelé le plan
d q Home Rule « la grande trahison »
du parti libéral, eta déclaré que, quand
même le bill serait voté par la Cham
bre des communes, il connaissait assez
l'Angleterre pour savoir que cela ne.
passerait pas.
Cette allusion à la résistance atten-'
due de la Chambre des lords n'est
peut-être pas très politique, et lord
Randolph s'avance un peu. Jusqu'à
présent, les vents et la marée sem
blent favorables à M. Gladstone et au
Home Rule . La résistance dont parle
lord Randolph pourrait bien doubler
la force du courant.
L.N. G.
La chambre criminelle de la cour
de cassation est saisie du pourvoi
formé par l'Association professionnelle
des patrons du Nordï dite de Notre-
Dame-du-Haut, dont la constitution et
les actes ont donné lieu, comme on
sait, à divers débats parlementaires.
On sait que cette excellente associa-
.tion^f&été i'objeJL4e poursuites judi
ciaires pour une soi-disant infraction à
la loi sur les syndictts professionnëls.
■ L'association de Notre-Dame-du-
Haut a été dissoute par arrêt de la cour
de Douai du-15 octobre 1892 et les ad
ministrateurs condamnés à l'amende.
• Un des principaux considérants de
l'arrêt de condamnation visait le fait
qu'on s'occupait dans l'association,
contrairement à la loi, de questions po
litiques et religieuses.
M" Devin appuie le pourvoi,
Il soutient que le fait allégué par la
cour ne pouvait motiver la condam
nation, et qu'il est de l'essence même
des syndicats, suivant le point de vue
auquel se placent leur3 organisateurs,
de traiter, à l'occasion, de questions
politiques, religieuses ou sociales.
M. le conseiller-rapporteur Accarias
a conclu au rejet du pourvoi.
M. l'avocat général Sarrut, comme
organe du ministère public, a conclu
dans le même sens.
L'arrêt sera rendu aujourd'hui.
Nous recevons de Rome la dépêche
suivante :
Rome, 17 février, midi 55.
Aujourdhui encore le Pape a célébré la
messe à Saint-Pierre devant plus de
9.000 pèlerins, venus des Marches, de la
Toscane, des Romagnes, de l'Emilie, de la
Lombardie, de la Vénétie, du Piémont et
de Ja Ligurie.
Plusieurs cardinaux et nombre d'évôques
entouraient le Pape.
Etaient aussi présents les membres du
Comité permanent de l'œavre des Congrès
catholiques, le Comité dos dames romaines
qui ont offert l'ornement porté par le Pape
à la messe de dimanohe, et enfla la com
mission centrale > xécutive des fôtes jubi
laires, dont S. Em. le oardinal Paroochi est
le président d'honneur.
S. Em. le cardinal Parocchi a lu le texte
d'une éloquente adresse, puis il a remis au
Saint-Père les offrandes spéciales recueil
lies à titre d'étrennes pour le jubilé épisco
pal du Souverain Pontife, offrandes dont le
tetal dépasse cent mille francs.
Le Pape a répondu en louant l'ordre et
la solennité des fôtes, en remerciant les
promoteurs et en exprimant sa pleine satis
faction pour les souhaits et les dons reçus.
Il a ajouté que, voulant adresser la parole
aux pèlerins, il ohargeait son secrétaire de
lire le discours écrit à cette intention.
Alors, Mgr Volpini a lu le discours, dans
lequel le Souverain Pontife exprime la sa
tisfaction, qu'il éprouve de ces fôtes jubi
laires. Le Saint-Père expose que les rela
tions entre l'Italie et la Papauté établies par
Dieu ont été troublées par les hommes;
il compare la fécondité de ces relations à
la politique funeste qui, depuis trente ans,
cherohe si tristement à mettre en rupture
aveo la Papauté une nation catholique
comme l'Italie.
Si la Papauté était mieux oonnue, le
nombre de ses ennemis diminuerait ; on
connaîtrait la voie à suivre. Mais bien des
difficultés bien des préjugés empôohent la
cessation de oo funeste conflit, dont on doit
tout faire pour empêcher les tristes consé
quences.
Le Pape fait ensuite allusion à sa lettre
au penple italien, qui apprend aux catholi
ques la nécessité de supprimer entre eux
les discordes, causes de faiblesse.
Il bénit les pèlerins et leurs familles ; ils
pourront témoigner des vœux que forme
le Pape pour la prospérité de l'Italie. Le
Souverain Pontife termine en souhaitant
que le différend disparaisse et en disant
qu'il serre sur son cœur paternel tous les
Italiens." 1
Le défilé des pèlerins pour le baisement
demain a oommencé ensuite ; il durera,
comme hier, jusque vers quatre heures.
Le Pape, aujourd'hui aussi, a donné à
chaque pèlerin une médaille d'argent avec
une inscription commémorative du jubilé
portant oes mots : Oleo sancto meo unxi
eum.
Gomme hier, le Souverain Pontife a été
l'objet d'une immense ovation.
Nous recevons la dépêche suivante :
Rome, 17 février, 1 heure.
M. Albert de Mun a été reçu en au
dience particulière par le Saint-Père ce
malin. L'audience a duré trois quarts
d'heure. •
Le Jubilé pontifical
La Gazette de Saint-Pétersbourg annonce
que la faoulté de théologie catholique de
Saint'Pétersbourg fera remettre au Saint-
Père une adresse de dévouement, rédigée
en hexamètres par Mgr Symon, évôque
suffragant de Mohilew, en résidence à
Saint-Pétersbourg.
L'archevêque de Mohilew fera remettre
à son tour une autre adresse, oouverte de
milliers de signatures et accompagnée
d'une riche offrande au Denier de Saint-
Pierre.
Le môme journal dit que le 19 février,
des grandes solennités religieuses auront
lieu dans toutes les églises catholiques de
l'empire de Russie.
— Jeudi soir a eu lieu, à Metz, une as
semblée solennelle catholique en l'honneur
de Léon XIII. M. l'abbé Dellès, curé de
Sainte-Ségolène de Metz et député au
Reichstag allemand, a prononcé un dis
cours très élevé sur Léon XIII et le rôle de
la Papauté à l'époque actuelle.
D'autres orateurs *-ent« parlé du rôle du
Saint-Père au regard du socialisme et des
francs-maçons.
— Strasbourg célébrera dignement les
noces d'or. Le jour de la fête principale,
toutes les associations et congrégations se
rendront, bannières déployées, de la ca
thédrale, en procession solennelle, à la nou
velle église de Saint-Pierre, non encore
consacrée, d^is l'enceinte de laquelle au
ront lieu l'assemblée et un festival. Le soir
toute la ville sera illuminée; on a vendu
déjà plus de 30,000 lampions.
— Les audiences collectives que le Saint-
Père a oommencé d'accorder aux évôques
d'Italie venus à Rome pour le jubilé conti
nuent.
Sa Sainteté, dit le Moniteur de Rome , a
reçu NN. SS. les évôques suivants :
Mgr Dell'Olio, archevêque de Rossano ;
Mgr Di Nonno, archevêque d'Acerenza
et Matera.
Mgr De Nittis, évêque de Castellaneta;
Mgr Virdia, évêque de Cariati ;
Mgr Tempesta, évêque de Troja ;
Mgr Brandolini-Rotay évêque de Ce-
neda ;
Mgr Bardi, évêque de Tortona ;
Mgr Toti, évôque de Colle ;
Mgr Graziani, évêque de Sarsina ;
Mgr Gialdini, évôque de Montepul-
ciano ;
Mgr Sorgente, évêque de Gosenza ;
Mgr Valensise, évêque de Nicastro ;
Mgr Nicolai, évôque de Ripatransone ;
Mgr Ricciardi, évêque de Nardo ;
Mgr Zola, évêque de Lecce ;
Mgr Mangeruva, évêque de Geraoe ;
Mgr Pedalieri, évêque auxiliaire de Reca-
nati et Lorette.
Etaient aussi présents à cette audience
collective :
Mgr Pace, évêque de Malte ;
Mgr Lamouroux, évôque de Saint-Flour;
Mgr Poldan, évêque titulaire de Jé
richo ;
Mgr Rutt, évôque de Southwark, ainsi
que le Rcne P. abbé ordinaire de l'abbaye
de Gava.
— La Jeunesse catholique de la région
lyonnaise, malgré le deuil qui vient de
frapper le diocèse, a résolu de fêter le
19 février pour manifester sa reconnais
sance au Pontife qui, plusieurs fois et par
ticulièrement, l'a encouragée et bénie.
A 8 h. 1/4, messe à Fourvière (dans la
crypte) et allooution par Mgr Déohelette,
vicaire capitulaire.
Après la messe, assemblée générale et
Adresse au Pape, dans la salle des Mi
nimes.
M. Jacquier y prendra la parole.
Les membres de la Jeunesse catholique,
dans une lettre d'invitation à cette fête,
émettent l'espoir que leurs aînés, les vail
lants défenseurs de la cause catholique,
voudront bien se mêler à eux et les aider à
fêter dignement le Père eommun, prison
nier au Vatican.
Voici comment Y Agence Havas rend
compte de la cérémonie qui a eu lieu
hior en l'église Saint-Pierre de Rome :
Rome, 16 février.
Le Pape a célébré oe matin la messe à
Saint-Pierre à huis olos en l'honneur des
pèlerins italiens.
Le Pape a été très acclamé à son entrée.
A l'issue de la messe, Léon XIIIa donné
sa bénédiotion d'une voix forte.
Après avoir pris une légère réfection
dans dans la basilique même, le Pape s'est
assis dans le fauteuil doré pour le baise
main.
Le docteur Lapone se tenait derrière le
Pape. Deux camériers d'honneur soute
naient la main du Saint-Père pour éviter
qu'elle ne se fatiguât.
Le baise-main, commencé à 10 heures
du matin, s'est prolongé jusqu'à 4 heures
de l'après-midi environ.
■iflUi
Correspondance Romaine
Rome, 15 février 1893.
Les rues de Rome présentent déjà
une animation extraordinaire et il est
aisé de voir que la grande fête du ju
bilé épiscopal de Notre Saint-Père le
Pape Léon XIII approche. De tous cô
tés on rencontre des caravanes de pè
lerins venus de tous pays, mais prin
cipalement d'Italie.
On évalue ces derniers à quinze,
mille environ, auxquels il faut ajouter
les Américains du Sud et les Irlandais
et bientôt les Anglais, les Ecossais, les
Hongrois, etc.
Le Saint-Père, que tous ces pèlerins
viennent honorer et vénérer, semble
puiser dans ces démonstrations >. d'a
mour filial une nouvelle jeunesse et
une force invincible. Il est gai, ro
buste de santé, frais d'intelligence, un
vrai géant sur lequel ne semblent
avoir aucune prise les fatigues du
corps et de l'esprit; en un mot, un mi
racle éclatant de tous les jours qui
montre bien, même aux plus aveu
gles, que l'Eglise est immortelle et que
Dieu est avec son Chef.
Les pèlerins italiens seront reçus
demain et après-demain dans la basi
lique de Saint-Pierre, où le Saint-Père
descendra pour célébrer la sainte
messe en leur présence et les rece
voir ensuite. En attendant,Sa Sainteté
a déjà reçu en diverses audiences
collectives'les nombreux évêques d'I
talie, qui sont venus à la tête des
fidèles de leurs diocèses pour rendre
hommage au Souverain Pontife.
Sa Sainteté a reçu en outra Mgr
l'archevêque d'Athènes qui lui a re
mis une lettre autographe par laquelle
Sa Majesté le roi des Hellènes luijoffre
ses félicitations à l'occasion dp son
jubilé épiscopal. Le Saint-Père a reçu
aussi Mgr l'archevêque d'Antivari,
chargé de le féliciter au nom de Son
Altesse le prince de Monténégro.
Avant-hier matin, lundi, le" Souve
rain Pontife a reçu en audience parti
culière un certain nombre de mission
naires de la Compagnie de Marient
des Filles de la Sagesse, qui lui ont été
présentés par S. Em. le cardinal Vin
cent Vannutelli, protecteur des deux
congrégations instituées par le bien
heureux Père de Montfqrt (1).
Sa Sainteté a reçu, nier matin#
LL. GG. Mgr Lagrange, évêque de
Chartres, et Mgr Lamouroux, évêque
de Saint-Flour.
S. Exc. M. le prince de Ligne, re
présentant extraordinaire de S. M. le
roi des Belges pour le jubilé du Saint-
Pôre, est arrivé à Rome. Il est accom
pagné de M. le baron de Béthune et
de M. le comte de Mérode.
S. Exc. M. le baron général de
Loo, représentant extraordinaire de
S.M. l'empereur d'Allemagne, estaussi
arrivé à Rome. Leurs Excellences
sont allées hier présenter leurs hom
mages à S. Em. le cardinal secré
taire d'Etat.
Le prince-régent de Bavière a en
voyé au Saint-Père, pour son. jubilé
épiscopal, une reproduction fidèle de
la colonne de Notre-Dame de Munich,
Elle a un mètre cinquante de hauteur,
La statue de la Vierge et des anges
qui l'entourent est en or massif et la
couronne de la Vierge et les sept pe
tites lampes suspendues autour, sont ~
ornées d'émeraudes, de rubis et de
brillants, qui forment un total de plus
de 400 pierres précieuses.
S Em. le cardinal Mocennia pris
solennellement possession avant-hier
de son titre presbytéral de Saint-Bar-
thélemy-en-Tlle. S. Em. le cardinal
Paroccni a sacré dimanche dans la
basilique de Saint-Pierre-ès-Liens, le
nouvel évêque de Froligno.
L'église de Saint-Laurent in Panis-
perna, où il y a cinquante ans, le Pape
Léon XIII fut sacré .évêque, vient d'ê
tre entièrement restauré à neuf par
les soins du Fonds du culte et ornée
d'un double escalier monumental au.
centre duquel on a placé une_ plaque
en marbre avec l'inscription suivante :
Ecclesia hœ in Panisperna — juxta
locum martyrii beati Laurentii — œre
publico instaurata — et gradibus ins-
tructa — anno MDCCXCJ1J — L Epis-
copatus heic initi Leonis XIIIPontiftcis
Maximi.
Le grand portail a été également
restauré à neuf et sur le fronton on a
placé en stuc les armoiries du Pape
au milieu, et. des deux côtés, celles du
cardinal Galeati, titulaire, du cardinal
vicaire, de l'ordre des franciscains, qui
desservent l'église, et de la municipa
lité de Rome.
La restauration de cette église est
la seule part plus ou moins officielle
prise aux fêtes du jubilé épisoopal de
Sa Sainteté par le gouvernement
usurpateur, qui s'imagine faire échec
ou pendant aux splendides démons
trations du Vatican, dimanche pro
chain, en inaugurant devant l'énorme
palais des finances, que Gambettane
trouvait pourtant pas encore assez
grand pour la dette italienne, la statue
de l'ancien ministre Sella, ce grand
saigneur des contribuables italiens.-
De son côté, le Grand-Orient de la
franc-maçonnerie italienne se prépare
à donner ce même jour un grand
banquet aux frères et amis .\ et pro
noncera un discours. M. Lemmi célé
brerait-il par hasard ce jour-là le ju
bilé de sa condamnation à un an de
prison à Marseille pour appropriation.
indue?
Le célèbre maestro Mustafa, direc
teur de la chapelle Sixtine, bien connu
pas ses compositions religieuses, vient
de composer un remarquable motet
pour le jubilé de Sa Sainteté, lequel ;
sera exécuté dimanche prochain dans
la basilique de Saint-Pierre. En voici.
les paroles: « Jubilate Deo omnis terra :
cantate et exultate et psallité. Spiritus
Domini super me, eo quod unxerit Do-
minus me : ad annuntiandum mansue-
tis misit me, ut mederer contritis corde,
ut prsedicarem captivis indulgentiam, ;
et clausis apèritionem, ut consolarer
omnes lugentes ».
Les deux ablégats pontificaux en-,
voyés en France pour porter la bar
rette aux cardinaux de Rouen et de
Tours; Mgr Tarnassi et Mgr Procac-
cini, sont de retour à Rome. Ils ne
trouvent pas assez de paroles d'admi
ration pour tout ce qu'ils ont vu et en
tendu, et ne savent comment se louer
dignement des attentions délicates
dont ils ont été partout l'objet, mais
tout spécialement à l'Elysée.
Le Panama
D'après Y Agence Cooke, qui donne à ce
sujet un certain nombre de détails, la ma
ladie de Cornélius Herz no serait qu'une
maladie simulée.
(1) Nous avons rendu compte de cette au
dience dans notre précédent numéro.
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