Titre : L'Univers
Éditeur : L'Univers (Paris)
Date d'édition : 1893-01-13
Contributeur : Veuillot, Louis (1813-1883). Rédacteur
Contributeur : Veuillot, Pierre (1859-1907). Rédacteur
Contributeur : Veuillot, François (1870-1952). Rédacteur
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Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 13 janvier 1893 13 janvier 1893
Description : 1893/01/13 (Numéro 9017). 1893/01/13 (Numéro 9017).
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse Collection numérique : Bibliographie de la presse
Description : Collection numérique : BIPFPIG44 Collection numérique : BIPFPIG44
Droits : Consultable en ligne
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Source : Bibliothèque nationale de France
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 06/02/2011
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MM; LAGRANGE, CERF et G 1 *, 6, place de la Bourse
FRANCE
PARIS, 12 JANVIER 1893
Les décrets relatifs au nouveau mi
nistère ont paru ce matin au Journal
Officiel, mais le cabinet est ^encore
incomplet: il n'y a pas de ministre de
la marine. L'amiral Gervais a refusé
et l'on s'est adressé à l'amiral Lefèvre
dont on n'a pas encore la réponse. Il
parait que l'on ne pouvait attendre, et
M. Ribot,dont la suffisance ne doute
de rien, a pris l'intérim de la marine.
Une fois de plus, les colonies pas
sent de la marine au commerce, ce
qui, sans doute, rendra définitive la
démission de M. Jamais.
Hier, à la Chambre des députés, on
a achevé la constitution du bureau.
M. Etienne n'a passé que bien juste
pour la vice-présidence. Aujourd ; hui,
M. Casimir-Périer doit " débuter dans
ses fonctions de président et l'on attend
son discours avec un certain intérêt.
Toutefois l'attention n'est pas là ; elle
est à la discussion de l'interpellation
Hubbard qui posera la question de
dissolution, et à l'attitude que va pren
dre le cabinet remanié. De plus, on
attend toujours de nouveaux.* inci
dents à propos du Panama.
Au Sénat* hier, après la constitution
du bureau, M. Le Royer a prononcé
son petit speach; on a validé l'élection
de M. Tirman comme sénateur des
Ardennes, et l'on e3t parti. Séance
aujourd'hui.
Sans être marquée par de graves
incidents, la journée d'hier n'a pas été
sans importance au point de vue du
Panama. Au procès correctionnel, il
y a eu l'interrogatoire de M. Eiffel qui
a établi les gains énormes et non mo
tivés de celui-ci, que le président a
durement et justement remis à sa
place.
Dan3 l'instruction de M. Franque-
ville, il y a eu la déclaration de
M. Baïhaut sur M. Carnot, que nous
avons signalée d'après la Cocarde,e t à
laquelle répond une note de l'officieuse
Agence Havas, De plus* on a parlé
d'une ordonnance de non-lieu dont
bénéficieraient MM.-Rouvier, Arène,
Thévenet et Léon Renault; c'était au
moins prématuré.
De nouveau, le Temps, qui tient une
attitude singulière, motivée sans
doute par la position de M. Hébrard,
j. qui a touché 1,600,000 fr. de M. Eif
fel, a annoncé que l'autopsie du sieur
Reinach n'avait fait découvrir aucune
tracé de poison; de nouveau, le fait a
été démenti ; l'examen n'est pas ter
miné.
Si le comité de salut public annoncé
un peu bruyamment ne s'est pas cons
titué, au moins ouvertement, et si
la manifestation du 10 janvier a
échoué, il ne faudrait pas croire que
les socialistes et révolutionnaires dé
sarment ; on trouvera plus loin un
manifeste que publie l'Union socialiste
et qu'ont signé Quelques députés, dont
les plus importants sont MM. Cluse-
ret et Millerand.
Pourquoi l'empereur Guillaume, à
la suite du mariage du prince de Rou
manie, est-il venu à Strasbourg, où il
■ n'a, du reste, fait qu'un très court sé
jour? Ne faut-il voir là qu'une de ces
fantaisies dont le jeune empereur est
coutumier? Le voyage a-t-il au con
traire une portée politique? Nous n'a
vons pas qualité pour trancher le
question, mais la brièveté même du
séjour impérial indiquerait plutôt
une fantaisie.
On continue à discuter en Allema
gne sur les révélations du Worwaerts,
et il n'y a pas de raison pour que cela
finisse. Gomment faire la lumière si,
comme tout semble l'indiquer, les
quittances relatives au fonds guelfe
ont été brûlées, et qu'on n'ait que des
copies d'une origine suspecte, dont
rien ne garantit l'authenticité?
M. le chancelier de Caprivi a été
entendu par la commission chargée
de l'examen de la nouvelle loi mili
taire. Les dépêches qui nous résument
son discours ne nous renseignent pas
sur l'effet qu'il a pu produire.
P.-S. — Une note de Y Agence Ha
vas dit que l'amiral Lefèvre se mon
tre peu disposé à accepter le minis
tère de la marine.
(Voir aux Dernières Nouvelles)
Impressions rurales
On ne se fait pas une idée exacte, à
Paris, des impressions que détermine,
chez les ruraux, ce conte des Mille et
une Nuits — mal employées — qui
s'appelle Panama. Son côté anecdo-
tique et boulevardier échappe complè
tement à la province. Je parle de la
province rurale. Dans les villes, fleurit
nnniroîfvn /Tllî ACîl An noitl .
«w laïque __
comprend à moitié ; l'ambition de
paraître deviner fait le reste. Il serait
indécent d'avoir visité l'Exposition et
de manquer de vues générales sur la
haute vie.
L'impression du paysan est infini
ment plus intéressante. Au point où
nous sommes, ce n'est encore qu'un
chatouillement, dont l'influence peut
être décisive ou médiocre sur,le sys
tème nerveux du corps électoral. Si le
Tout-Paris pressentait les scandales,
il ne faut pas s'imaginer que le Tout-
Rural s'en étonne outre mesure. La
croyance à la corruptibilité de ses élus
est ancienne dans l'âme populaire.
Le peuple des campagnes, très exi
geant, et même pointilleux relative
ment à l'administration locale, parce
qu'il est toujours en mesure de la
contrôler, se guide, enmatière politi
que, moins sur des faits que par des
idées. Absorbé par des travaux maté
riels et une lutte constante contre la
nature, il ne s'offre qu'un luxe intel
lectuel, mais il y tient : c'est une
opinion. Elle vaut ce qu'elle _ vaut,
procède de l'atavisme, des circons
tances ou du caractère, mais a sa con
sistance propre. son entité, ses raci
nes. Il est fort rare que, dans lyi vil
lage, chaque individu n'ait réputation
faite, et justifiée, de blanc ou de rouge.
Des raffinés, de ceux qui lisent les
journaux, on dira : C'est un bonapar
tiste, un orléaniste, un radical. Mais
la masse n'atteint pas â ces subdivi
sions, et y prétend encore moins.
Elle est rouge ou blanche, et c'est
une chose bien extraordinaire que les
bleus, qui ont fait la Révolution, aient
laissé, dans les traditions populaires,
si peu d'héritiers qui se réclament de
leur couleur.
Ni blancs. ni rouges ne croient,
n'ont jamais cru bien sincèrement à
la parfaite intégrité de leurs manda
taires. Il ne faut pas se faire d'illu
sion : notre société , est laïcisée de
longue date, et son catéchisme poli
tique s'en ressent. Or ce catéchisme
contient un article, sinon de foi, au
moins de croyance générale ;- savoir
que quiconque est revêtu d'une puis
sance est porté à ea abuser. Constata
tion à la fois très conservatrice et très
dangereuse. Conservatrice, en ce
qu'elle pardonne bien des défaillances
individuelles, dans l'intérêt du prin
cipe et de Yopinion. Dangereuse, en
ce qu'elle enveloppe l'autorité d'un
tiques de l'avenir sont ceux qui
ront successivement utiliser et réfor
mer cet état d'opinion ; il faudra qu'ils
soient trè3 habiles, et peut-être réso-
lûment vertueux.
Le gros du parti républicain rural
n'a vu d'abord, dans l'affaire de Pa
nama, qu'un coup monté par les
« cléricaux ». Il faut faire ici une
confession. Depuis une quinzaine
d'années, une bonne partie de la
presse conservatrice, en province, a
poussé ses récriminations et ses in
vectives au diapason le plus élevé.
Elle s'est trop préoccupée des intérêts
de la lutte au jour le jour, et a usé
l'opinion par la fréquence et la véhé
mence de ses assauts. En somme, elle
a travaillé, comme ses adversaires, à
faire des blocs : bloc des gens persua
dés que tous les hommes de la Répu
blique sont, par définition, des gre-
dins ; bloc de ceux qui, républicains
de conviction ou de passion, ont
gardé de ces attaques une rancune et
une obstination également irraison
nées. Ce sont ces deux blocs qui se
sont heurtés jusqu'à présent : le point
est de savoir si la question de Pa
nama les laissera compacts, ou si les
initiatives individuelles seront plus
sages que les mots d'ordre jusqu'à
présent donnés et suivis.
La presse républicaine connaît très
bien cet état d'esprit, et fait des ef
forts désespérés pour l'entretenir. Je
parle toujours de celle de province,
sorte d'artillerie électorale n'égarant
pas ses boulets, et incapable, comme
celle de Paris, de tirer sur ses propres
troupes. Elle ne livre au public, cela
va de soi, que le minimum des révéla
tions compromettantes pour le parti,
juste ce qu'il faut pour ne point pa
raître informée et rédigée en Chine.
Mais elle a soin, en même temps, de
rendre vigueur et élasticité à tous les
principes, préjugés, souvenirs, for
mules qui lui ont servi à conduire
la foule depuis quinze an3. La Répu
blique, les ancetres, le progrès, le
cléricalisme, la réaction, tout cela
souffle en tempête dans des articles
qui surexcitent le paysan, et ne le lais
sent ni au sommeil des passions, ni à
l'oubli des anciennes luttes, ni même
à la froide contemplation du présent.
Renierez-vous vos convictions en rai
son de quelques défaillances indivi
duelles? Mettrez-vous la France sous
la main du clergé, parce qu'un mi
nistre a touché un pot-de-vin? Est-ce
que les abus ne sont pas de tous les
régimes, et la gloire de la République
n'est*elle pas précisément de les flé
trir au grand jour? — Voilà le thème;
il est effronté et habile. Dans bon
nombre des circonscriptions, il aura
encore du suçcès.
A la campagne, la lutte politique
ressemble aux querelles de famille;
chacun n'est pa3 convaincu qu'il a
raison, mais bien résolu à ne point
paraître avoir tort. Et notez ce trait
fort important. Les billevesées sur la
Saint-Barthélemy, l'Inquisition, les
infamies des rois et des prêtres ont
cours pour ainsi dire forcé, en ce sens
qu'entre disputeurs de cabaret, celui
qui les avance est toujours sûr de la
galerie. Ii n'en- va pas de même des
scandales actuels . c'est de la politique,
disent gravement les esprits forts,
mais pas encore de Y histoire. Je vous
assure qu'avec « l'histoire », entendue
et commentée d'une certaine manière,
on mène le peuple fort loin. La Ciio
fardée et grotesque de l'école laïque
reste la divinité grave du Forum. Ob
servez en outre que les neuf dixièmes
des paysans, même des plus intelli
gents parmi les blancs, sont fort
embarrassés de discuter chèques,
syndicats de garantie, interventions
financières etc. C'est un monde nou
veau, un sérail dont ils ne connaissent
Êas les détours. Restent les faits
rutaux, les arrestations, les per
quisitions, les sommes touchées.
C'est alors que Yauire parle Saint-
Barthélemy et moyen âge, et droit
du seigneur, et gouvernement des
curés. Si baroque que puisse sembler
ce genre de conversation, où les ré
pliques ne se cherchent même pas,
empressé qu'est chacun de vider d'a
bord son carquois, il est courant au
village. Le disputeur populaire pérore
volontiers de omni re scibili, pré
cisément parce qu'il ne sait pas
grand'chose.
Deux paysans ergotaient, l'autre
jour, sur le cas de M. Rouvier. L'a-'
veu, fait à la Chambre, que la caisse
de Panama avait servi de coffre-fort
adjoint, en 1888, pour défendre la Ré
publique « comme il fallait la défen
dre » — cet aveu a paru roide, même
à la presse de Paris et au Parlement.
Il s'est élevé, là-dessus, de bien hon
nêtes clameurs, d'où Rouvier a pu
conclure qu'il ne possédait pas à fond
son boulevard. Le village l'a mieux
compris. — « Mais Rouvier a pris dan3
« la caisse? — Ce n'était pas pour lui,
« c'était pour sauver la République.
« — Avec l'argent du Panama? —-
« T®ut le monde en prenait bien- —
« Mais enfin un ministre ; doit être
« honnête J — Il doit sauver la Répu-
« blique, d'abord. » 0 peuple césarien,
amoureux de la force, du truc et du
succès, né pour comprendre les coups
d'Etat et pour les subir, que ne vois-
tu, dans la morale chrétienne, et pour
toi surtout, l'unique éducatrice de la
liberté 1
Non, la partie « chèques » du Pana
ma, qui a révolté des honnêtetés in
dividuelles, aigri surtout des obliga
taires, n'a point encore déterminé,
dans la masse, ces méditations d'où
doit surgir le salut. Mais il y a autre
chose, et par ailleurs, je crois que le
point sensible est touché.
Ce que voient le plus clairement
les tenants du bloc républicain, ce
n'est pas la boue qui le souille, c'est
son effritement par en haut. La boue,
on en prendrait son parti ; on aurait
surtout l'air de le prendre.
Mais que tous ces républicains,
toutes ces statues vivantes qui ser
vaient de.couronnement et d'enseigne
au bloc, se dénoncent, se déchirent,
se livrent réciproquement à la com
mission d'enquête et au juge d'ins
truction, voilà le fait écrasant, sous
lequel semblent défaillir les illusions
et les ardeurs. Si le parti républicain
a vaincu sans relâche depuis quinze
ans, cela tient surtout à ce que son
personnel, divisé dans les couloirs du
Parlement et les antichambres de la
presse, restait concentré devant l'opi
nion; Il avait, d'une certaine manière,
le droit de prétendre que la Républi
que était une, puisqu il se montrait
un lui-même. U a été merveilleux de
dextérité et de discipline en 1885 ej;
en 1889, passant de la formation en
tirailleurs à celle du bataillon carré,
sans chef visible, au seul cri de
« Vive la République 1 » La masse
croyait à cet état-major ; elle le sui
vait d'un instinct « troupier», comme
la seule force politique organisée du
pays. Il y avait du coude à coude dans
la masse, parce qu'on en sentait dans
la direction.
Aujourd'hui, le paysan républicain
est déconcerté. Quelque chose lui
échappe, dans cette, affaire de Pa
nama, dont le détail lui importe peu :
c'est son origine. On a beau lui dire
qu'enquêtes, arrestations, procès sont
un nouveau et fier témoignage de la
puissance de la République et de son
intégrité; il le répétera, il cherchera à
le faire croire : au fond, il n'en croit
rien lui-même. La justice, si vous
voulez, mais la République d'abord.
C'est l'enseignement qu'il a reçu, et il
dépasse ses maîtres. Dans ce pays si
prompt à crier à la trahison, un vent
commence à souffler, semant la mau
vaise parole. « Nous sommes trahis »,
Par qui, au profit de qui? On n'en sait
rien. Ricard, Rouvier, Clémenceau,
Loubet, Ribot, Baïhaut, Bourgeois,
Freycinet, prisonniers et geôliers,
compromis ou à compromettre, frè
res d'hier, ennemis d'aujourd'hui, ce
ne sont plus qu'ombres suspectes : le
sommet du bloc est volatilisé.
De toutes les impressions du campa
gnard, si attentif à les cacher, voilà,
quant à présent, la seule authentique.
Il s'inquiète assez peu des concussion
naires qu'on lui fait connaître, rumi
nant l'hypothèse de traîtres, qu'on se
rait assez empêché de lui désigner.
Enfin, c'est son « idée à lui », donc la
meilleure. J1 sent vaguement sa Répu
blique en cours de marchandage. Il
attend l'enchérisseur, et si vous lui
disiez demain que c'est le comte de
Paris, ou même le général Dodds, if le
croirait, Cet état d'esprit n'en fera pas
un conservateur, moins encore un
èatholique, d'ici aux élections ".
Mais il nous le montre plus mal
léable qu'hier; on en peut faire un
raisonnable de demain; le bloc aï cessé
de déprimer cette cire, sur laquelle il
n'y a désormais place que pour l'une
ou l'autre empreinte : civilisation
chrétienne ou socialisme.
Charles Loishau.
Le scandale du Panama s'étend. De
proche en proche, toutes les complici
tés s'établissent, toutes les culpabilités
se découvrent. C'est un enchaînement
qui va du banquier juif corrupteur aux
plu3 hauts personnages de l'Etat. Une
grande partie du monde politique est
englobée dans l'affaire. Des noms sont
jeté3, de tous les côtés, dans le
public. Et les accusés ne sont pas
tous les coupables. La besogne du
juge d'instruction va son train ; celle
de la justice est commencée,et il y en
a encore pour longtemps. Les inter
rogatoires succèdent aux interroga
toires; il y aura un second, peut-être
un troisième procès après le premier ;
il y aura aussi le jugement de la com
mission d'enquête, et après, autre
chose encore peut-être.
La justice a fort à faire. Le cas est
des plus graves, des plus complexes
qui se soient jamais produits. Le dé
filé des coupables menace d'être inter
minable. C'est un terrible confesseur,
que le juge d'instruction, pour les
gens qui n'ont pas l'habitude d'aller à
confesse. Que d'aveux ont été faits et
le seront encore devant lui! Que de
transgressions au septième comman
dement de Dieu il faudra confesser 1
Combien de partisans de la morale in
dépendante et de fauteurs de l'école
laïque s'entendront rappeler, malgré
eux, ce précepte de la loi divine :
« Bien d'autrui tu ne prendras. »
A quoi aboutiront ces scandales, ces
procès? Tout le monde se le demande.
Une chose apparaît à tous les yeux
qui savent voir: c'est le châtiment.
Jusqu'ici tous ceux qui ont été frappés
en pleine fortune politique sont des
coupables, de grands coupables. Leur
moindre faute est celle qu'ils semblent
expier-par leur chute. Ils sont bien
autrement coupables vis-à-vis de la
conscience chrétienne. Leur grand
crime, c'est la laïcisation. Celui-là est
le vrai; crime public, le vrai crime
d'Etat. A la soudaineté du coup qui
les a atteints inopinément, invrai
semblablement, comment ne pas re
connaître l'action delà Providence?
Il suffit de voir que c'est Dieu qui
agit pour être confiant dans les suites
de l'affaire. Puisque c'est lui qui châtie,
c'est lui aussi qui réparera. Le procès,
celui des administrateurs du Panama
comme celui des trafiquants de man
dats politiques, n'est qu'un accident.
Beaucoup de gens croient qu'il termi
nera tout, en donnant satisfaction à
l'opinion, en ayant l'air de faire jus
tice.
L'affaire est bien plus haute que cela.
Quand on aperçoit la justice divine,
on peut s'attendre à d'autres dénoue
ments qu'à un prononcé de jugement.
Dans le Panama, la vraie faute,
c'est le péché contre Dieu, dont se
sont rendus coupahles les hommes
qui nou3 gouvernent, et qui se trou
vaient être à la fois des laïcisateurs et
des concussionnaires. Le vrai procès,
c'est celui que ne jngeront ni la cour
d'appel ni la cour d'assises. Mais
celui-là est déjà jugé par la chute
soudaine, inopinée, des principaux
auteurs de cette politique de laïcisa
tion et d'athéisme, qui a causé dans
le pays des ruines morales bien au
trement graves que toutes les ruines
financières provoquées par la banque
route du canal de Panama.
C'est plus haut que la cour d'appel,
plus haut que la cour d'assises qu'il
faut regarder. Après la guerre de 1870,
pour faire croire au peuple français
que la trahison du maréchal Bazaine
était la cause de nos désastres, on tra
duisit en justice le généralissime de
l'armée du Rhin. Suivant le mot pro
fond de Coquille, on déférait à un con
seil de guerre la chute d'un empire.
L'empire de Napoléon III avait été
jugé. Sedan, Metz : c'était son châti
ment. L'empire était tombé sous une
condamnation divine. Le procès du
Panama met en cause une fin de ré
gime. Déjà le châtiment s'exerce, un
châtiment tout providentiel. Qu'est-il
besoin d'autres juges?
Puisqu'il doit paraître aux yeux
chrétiens que l'affaire est menée de
plus haut que les hommes, et déférée
à un tribuual plus élevé que la juri
diction criminelle d'ici, puisque l'on
assiste à des condamnations et à des
punitions manifestement providen
tielles, on peut attendre en toute sécu
rité, en toute confiance que Dieu
lui-même donne un dénouement à
l'affaire qu'il a si visiblement con
duite. Et comme ce dénouement sera
juste, il sera bon aussi.
Arthur Loth.
Nous trouvons dans le Temps l'in
formation que voici :
L'empereur Guillaume a ordonné de lui
envoyer tous les jours un rapport détaillé
sur les incidents d'un procès qui se juge eu
oe moment & Trêves. Le héros de oe procès
est ua ecclésiastique catholique accusé d'a
voir enlevé une petite fille protestante. La
petite fille était née du mariage d'un proles
tant du nom de Ludwig aveo une catholi
que. Ludwig avait fait administrer le bap
tême protestant à son ■ enfant. Il mourut
quelques années après, et sa veuve entreprit
de convertir la petite fille au catholicisme,
malgré les réclamations des amis de Lud
wig, des autorités scolaires et d'un pasteur
protestant qui avait été nommé tuteur de
l'enfant. La yeuve gagna à ses vues le curé
Stceok, qui, pour enlever définitivement
l'enfant aux influencés protestantes, la fit
transporter secrètement dans un couvent
du Luxembourg. Devant le tribunal, le cu
ré, menacé de la peine de l'emprisonnement
pour enlèvement de mineure, essaye de nier
sa complicité.
Il n'est pas besoin d'examiner lon
guement les détails de cette informa
tion pour se convaincre que la conclu
sion du Temps n'est aucunement jus
tifiée. La raison en est qu'il ne saurait
y avoir de complicité sans accusation
principale. Or, du récit même que pu
blie le Temps il résulte que M. le curé
Stœck, en agissant comme il l'a fait,
s'est borné à suivre les indications de
Mme Ludwig : on devrait donc, pour
l'inculper, et à f ortiori pour le mettre
en prison, établir au préalable que la
mère de l'enfant dont il s'agit est elle-
même coupable d'avoir pris telles me
sures qu'elle a jugées à propos pour
assurer à sa fille le bienfait de la vraie
foi. A-t-on même tenté de faire cette
démonstration ?
Il est vrai qu'on met en avant les
réclamations des amis du père défunt,
des autorités scolaires et d'un pasteur
protestant qui aurait été nommé tu
teur de l'enfant; mais que valent ces
réclamations en présence du droit
certain de la mère, à l'autorité de
laquelle on ne saurait légitimement
substituer aucune autre, tant que sa
fille n'aura pas atteint sa majorité?
Notons que, dans l'espèce, il est
vraisemblable de penser que le dé
funt avait tout le premier manqué à
ses promesses. En effet, sa femme
étant catholique, celle-ci a dû vouloir
que son mariage fût conclu selon les
règles prescrites par l'Eglise. Mais
on n'ignore pas qu'en pareil cas
l'Eglise exige des époux contractants
la promesse formelle d'élever tous les
enfants à naître dans la religion ca
tholique. Par suite, c'est en violation
de cette promesse que la jeune Lu-
divig a été baptisée selon la rite pro
testant , et les soins que prend sa
mère de la ramener à la religion ca
tholique sont la chose du monde la
plus naturelle.
De toute façon, tout s'accorde pour
établir que le droit, pour la mère, d'a
gir comme elle fait, n'est pas contes
table ; si donc est vrai que l'empereur
Guill aume se fasse adresser tous les
jours un rapport détaillé sur le procè3
né des circonstances indiquées par le
Temps, ce ne peut être, tout bon pro
testant qu'il soit, pour donner une
approbation quelconque aux ravis
seurs d'âmes contre lesquelles s'arme
à bon droit l'autorité d'une mère ca
tholique.
Auguste Roussel.
Voici, dans l'ordre où les donne le
Journal Officiel, les décrets relatifs au
nouveau ministère :
Le président de la- République française
Décrète :
Art. 1". <— M. Ribot, député, est nommé
ministre de l'intérieur, en remplacement
de M. Loubet, dont la démission est ao-
ceptée.
Art. 2. ^— Le président du conseil, mi
nistre des affaires étrangères, est chargé
de l'exécution du présent décret.
Fait & Paris, le 11 janvier 1893.
Carnot.
Par le président de la République :
Le président du conseil,
ministre des affaires étrangères,
Ribot.
M. Ribot, ministre de l'intérieur, est
nommé président du conseil des ministres.
M. Léon Bourgeois, député, est nommé
garde des sceaux, ministre de la justice.
M. Jules Develle, député, est nommé
ministre des affaires étrangères, en rem
placement de M. Ribot, dont la démission
est acceptée.
M. Tirard, sénateur, est nommé ministre
des finanoes. , ■ ■
M. le général Loizillon est nommé mi
nistre de la guerre, en remplacement de
M. de Freycinet dont la démission est ac
ceptée.
L'administration des colonies est déta
chée du ministère de la marine et rattachée
au ministère du commerce el de l'industrie.
M. Ribot, président du conseil, ministre
de l'intérieur, est chargé par intérim du
ministère de la marine, en remplacement
de M. Burdeau, dont la démission est
acceptée.
M. Charles Dupuy, député, est nommé
ministre de l'instruction publique, des
beaux-arts et des cultes.
M. Viette, député, e3t nommé ministre
des travaux publics.
M. Siegfried, député, est nommé mi
nistre du commercé, de l'industrie et des
colonies.
M. Viger, député, est nommé ministre
de l'agriculture, en remplacement de M"
Develle, dont la démission est acceptée.
. Au sujet de la constitution, du nou
veau ministère et de ses intentions,
Y Agence Havas nous communique la
note suivante :
Les nouveaux ministres se sont réunis ce
soir à cinq heures, au palais de l'Elysée,
sous la présidenoe de M. Carnot, qui a si
gné les décrets portant constitution du car
biriet. . -
L'officier général auquel M. Ribot a of
fert par télégraphe le portefeuille de la ma
rine n'ayant pas encore pu faire connaître
sa réponse, un décret confie au président du
conseil l'intérim de ce département.
Les ministres ont décidé que le sous-
secrétariat des colonies serait rattaohé au
ministère du commerco. s ,
Il a été oouvenu qu'en se présentant de
vant le Parlement le cabinet ne lira pas de
déclaration. lise tiendra à la disposition de
la Chambre et du Sénat pour donner les
explications nécessaires, si une interpella"
lion lui est adressée.
On lit dans la Défense de Seine-et-
Marne :
A l'occasion de la nouvelle année, Mo^*"
sieur le comte de Paris annonce au maire
de la ville d'Eu qu'il met & la disposition
de la commune, à titre gratuit, une éoola
libre complète de garçons.
Dans la lettre qu il écrit à cette ooeasion.
Monsieur Je comte de Paris dit que l'exil
n a pas rompu le3 liens d'affeotion qui l'at
tachent à la ville d'Eu et à ses habitants,
La Défense de Seine-et-Marne ajouta
que Monsieur le comte de Paris,
« songeant aussi aux braves marins
du Tréport, vient d'adresser pour eux
une offrande de 500 fr. à la caisse de
Notre-Dame de Bon-Secours ».
Le tribunal civil de Laon vtentde
rendre son jugement dans un procès
intenté par l'institut des frères des
Ecoles chrétiennes et par Mme de Gré-
gueil, héritière des époux Fressen-
court, en révocation des donations
faites par ces derniers à la communs
de Rozoy-sur-Serre, sous la condition
que l'instruction serait donnp» aux
jeunes garçona du pays par les frères
des Ecoles chrétiennes. •
La laïcisation de l'école de" Rosoy-
sur-Serre, prononcée par application
de la loi du 31 octobre 1888, ayant été
faite en violation de cette condition,
le tribunal a prononcé la révocation
desdites donations au profit de Mme de
Grégueil, héritière des donateurs.
lè Osservatore Romana dénonce au
monde catholique la nouvelle profa
nation sacrilège que vient d'e subir le
Panthéon, où, pour l'anniver3aire de
la mort du roi Victor-Emmanuel, on
a ^ introduit diverses bannières non
benites, et spécialement la bannière
appartenant aux soi-disant condamnés
politiques pontificaux , devise qui, dit
le journal romain, « est par elle-même
une amère ironie contre la vérité his
torique et une insulte publique à la
justice de plein droit exercée par le
gouvernement civil du Saint-Siege ».
Ajoutons que, pour comble d'ou
trage, cette bannière portait au som
met un emblème sacrilège, à savoir
une louve foulant aux pieds la tiare.
Cette injure, dit VOsservàtore , est auda-
oieusement et librement lancée, non plus
dans une logé maçonnique ou sur la place
publique, mais dans une église catholique...
Ainsi dans cette Rome où des lèvres au
gustes avaient annoncé au monde catholique
et civil que le Chef suprême de l'Eglise au
rait une demeure honorée et tranquille, on
commet impunément et librement un pareil
sacrilège, et cela en face d'une tombe qui
ne se trouve dans un lieu saoré et sous les
ailes de la oroix que par la singulière et pa
ternelle bienveillance d'un Pape dont le gé
néreux pardon est aujourd'hui payé à son
non moins généreux et longanime succes
seur par une si monstrueuse insulte, ve
nant en partie de gens pervertis, et en par
tie des pouvoirs constitués, qui n'y oppo
sent qu'une çynique indifférence.
Par suite, un des temples les plus véné
rables de Rome et de la chrétienté se
trouve continuellement profané, en sorte
qu'on dirait qu'il'test nécessairement et iné
vitablement déeonsaoré. Ainsi la secte ini
que qui a conduit la Révolution dans les
murs de la Sainte Cité et qui, du vivant de
Victor-Emmanuel, cherchait à l'éoarter de
l'Eglise et du Pape, cherche aujourd'hui à
écarter l'Eglise et la croix de ses restes
mortels.
De fait, l'autorité ecclésiastique sera
vraisemblablement amenée à jeter
l'interdit sur une église où se commet
tent si fréquemment des sacrilèges.
Le Jubilé Pontifical
On annonce que le gouvernement
français a décidé d'envoyer au Saint-
Père, à l'occasion de son jubilé, deux
paires de vases de Sèvres bleus, sur
montés de candélabres en bronze doré
à seize branches. Quelqu.es tableaux
devaient être ajoutés à cet envoi;
mais au dernier moment, on aurait
décidé d'adresser au Pape -une collec
tion complète de gravures éditées par
la calcographie du Louvre. Le carton
qui contient cette collection porterait
l'inscription suivante : « A Sa Sain-
ÉTRANGER
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MM; LAGRANGE, CERF et G 1 *, 6, place de la Bourse
FRANCE
PARIS, 12 JANVIER 1893
Les décrets relatifs au nouveau mi
nistère ont paru ce matin au Journal
Officiel, mais le cabinet est ^encore
incomplet: il n'y a pas de ministre de
la marine. L'amiral Gervais a refusé
et l'on s'est adressé à l'amiral Lefèvre
dont on n'a pas encore la réponse. Il
parait que l'on ne pouvait attendre, et
M. Ribot,dont la suffisance ne doute
de rien, a pris l'intérim de la marine.
Une fois de plus, les colonies pas
sent de la marine au commerce, ce
qui, sans doute, rendra définitive la
démission de M. Jamais.
Hier, à la Chambre des députés, on
a achevé la constitution du bureau.
M. Etienne n'a passé que bien juste
pour la vice-présidence. Aujourd ; hui,
M. Casimir-Périer doit " débuter dans
ses fonctions de président et l'on attend
son discours avec un certain intérêt.
Toutefois l'attention n'est pas là ; elle
est à la discussion de l'interpellation
Hubbard qui posera la question de
dissolution, et à l'attitude que va pren
dre le cabinet remanié. De plus, on
attend toujours de nouveaux.* inci
dents à propos du Panama.
Au Sénat* hier, après la constitution
du bureau, M. Le Royer a prononcé
son petit speach; on a validé l'élection
de M. Tirman comme sénateur des
Ardennes, et l'on e3t parti. Séance
aujourd'hui.
Sans être marquée par de graves
incidents, la journée d'hier n'a pas été
sans importance au point de vue du
Panama. Au procès correctionnel, il
y a eu l'interrogatoire de M. Eiffel qui
a établi les gains énormes et non mo
tivés de celui-ci, que le président a
durement et justement remis à sa
place.
Dan3 l'instruction de M. Franque-
ville, il y a eu la déclaration de
M. Baïhaut sur M. Carnot, que nous
avons signalée d'après la Cocarde,e t à
laquelle répond une note de l'officieuse
Agence Havas, De plus* on a parlé
d'une ordonnance de non-lieu dont
bénéficieraient MM.-Rouvier, Arène,
Thévenet et Léon Renault; c'était au
moins prématuré.
De nouveau, le Temps, qui tient une
attitude singulière, motivée sans
doute par la position de M. Hébrard,
j. qui a touché 1,600,000 fr. de M. Eif
fel, a annoncé que l'autopsie du sieur
Reinach n'avait fait découvrir aucune
tracé de poison; de nouveau, le fait a
été démenti ; l'examen n'est pas ter
miné.
Si le comité de salut public annoncé
un peu bruyamment ne s'est pas cons
titué, au moins ouvertement, et si
la manifestation du 10 janvier a
échoué, il ne faudrait pas croire que
les socialistes et révolutionnaires dé
sarment ; on trouvera plus loin un
manifeste que publie l'Union socialiste
et qu'ont signé Quelques députés, dont
les plus importants sont MM. Cluse-
ret et Millerand.
Pourquoi l'empereur Guillaume, à
la suite du mariage du prince de Rou
manie, est-il venu à Strasbourg, où il
■ n'a, du reste, fait qu'un très court sé
jour? Ne faut-il voir là qu'une de ces
fantaisies dont le jeune empereur est
coutumier? Le voyage a-t-il au con
traire une portée politique? Nous n'a
vons pas qualité pour trancher le
question, mais la brièveté même du
séjour impérial indiquerait plutôt
une fantaisie.
On continue à discuter en Allema
gne sur les révélations du Worwaerts,
et il n'y a pas de raison pour que cela
finisse. Gomment faire la lumière si,
comme tout semble l'indiquer, les
quittances relatives au fonds guelfe
ont été brûlées, et qu'on n'ait que des
copies d'une origine suspecte, dont
rien ne garantit l'authenticité?
M. le chancelier de Caprivi a été
entendu par la commission chargée
de l'examen de la nouvelle loi mili
taire. Les dépêches qui nous résument
son discours ne nous renseignent pas
sur l'effet qu'il a pu produire.
P.-S. — Une note de Y Agence Ha
vas dit que l'amiral Lefèvre se mon
tre peu disposé à accepter le minis
tère de la marine.
(Voir aux Dernières Nouvelles)
Impressions rurales
On ne se fait pas une idée exacte, à
Paris, des impressions que détermine,
chez les ruraux, ce conte des Mille et
une Nuits — mal employées — qui
s'appelle Panama. Son côté anecdo-
tique et boulevardier échappe complè
tement à la province. Je parle de la
province rurale. Dans les villes, fleurit
nnniroîfvn /Tllî ACîl An noitl .
«w laïque __
comprend à moitié ; l'ambition de
paraître deviner fait le reste. Il serait
indécent d'avoir visité l'Exposition et
de manquer de vues générales sur la
haute vie.
L'impression du paysan est infini
ment plus intéressante. Au point où
nous sommes, ce n'est encore qu'un
chatouillement, dont l'influence peut
être décisive ou médiocre sur,le sys
tème nerveux du corps électoral. Si le
Tout-Paris pressentait les scandales,
il ne faut pas s'imaginer que le Tout-
Rural s'en étonne outre mesure. La
croyance à la corruptibilité de ses élus
est ancienne dans l'âme populaire.
Le peuple des campagnes, très exi
geant, et même pointilleux relative
ment à l'administration locale, parce
qu'il est toujours en mesure de la
contrôler, se guide, enmatière politi
que, moins sur des faits que par des
idées. Absorbé par des travaux maté
riels et une lutte constante contre la
nature, il ne s'offre qu'un luxe intel
lectuel, mais il y tient : c'est une
opinion. Elle vaut ce qu'elle _ vaut,
procède de l'atavisme, des circons
tances ou du caractère, mais a sa con
sistance propre. son entité, ses raci
nes. Il est fort rare que, dans lyi vil
lage, chaque individu n'ait réputation
faite, et justifiée, de blanc ou de rouge.
Des raffinés, de ceux qui lisent les
journaux, on dira : C'est un bonapar
tiste, un orléaniste, un radical. Mais
la masse n'atteint pas â ces subdivi
sions, et y prétend encore moins.
Elle est rouge ou blanche, et c'est
une chose bien extraordinaire que les
bleus, qui ont fait la Révolution, aient
laissé, dans les traditions populaires,
si peu d'héritiers qui se réclament de
leur couleur.
Ni blancs. ni rouges ne croient,
n'ont jamais cru bien sincèrement à
la parfaite intégrité de leurs manda
taires. Il ne faut pas se faire d'illu
sion : notre société , est laïcisée de
longue date, et son catéchisme poli
tique s'en ressent. Or ce catéchisme
contient un article, sinon de foi, au
moins de croyance générale ;- savoir
que quiconque est revêtu d'une puis
sance est porté à ea abuser. Constata
tion à la fois très conservatrice et très
dangereuse. Conservatrice, en ce
qu'elle pardonne bien des défaillances
individuelles, dans l'intérêt du prin
cipe et de Yopinion. Dangereuse, en
ce qu'elle enveloppe l'autorité d'un
tiques de l'avenir sont ceux qui
ront successivement utiliser et réfor
mer cet état d'opinion ; il faudra qu'ils
soient trè3 habiles, et peut-être réso-
lûment vertueux.
Le gros du parti républicain rural
n'a vu d'abord, dans l'affaire de Pa
nama, qu'un coup monté par les
« cléricaux ». Il faut faire ici une
confession. Depuis une quinzaine
d'années, une bonne partie de la
presse conservatrice, en province, a
poussé ses récriminations et ses in
vectives au diapason le plus élevé.
Elle s'est trop préoccupée des intérêts
de la lutte au jour le jour, et a usé
l'opinion par la fréquence et la véhé
mence de ses assauts. En somme, elle
a travaillé, comme ses adversaires, à
faire des blocs : bloc des gens persua
dés que tous les hommes de la Répu
blique sont, par définition, des gre-
dins ; bloc de ceux qui, républicains
de conviction ou de passion, ont
gardé de ces attaques une rancune et
une obstination également irraison
nées. Ce sont ces deux blocs qui se
sont heurtés jusqu'à présent : le point
est de savoir si la question de Pa
nama les laissera compacts, ou si les
initiatives individuelles seront plus
sages que les mots d'ordre jusqu'à
présent donnés et suivis.
La presse républicaine connaît très
bien cet état d'esprit, et fait des ef
forts désespérés pour l'entretenir. Je
parle toujours de celle de province,
sorte d'artillerie électorale n'égarant
pas ses boulets, et incapable, comme
celle de Paris, de tirer sur ses propres
troupes. Elle ne livre au public, cela
va de soi, que le minimum des révéla
tions compromettantes pour le parti,
juste ce qu'il faut pour ne point pa
raître informée et rédigée en Chine.
Mais elle a soin, en même temps, de
rendre vigueur et élasticité à tous les
principes, préjugés, souvenirs, for
mules qui lui ont servi à conduire
la foule depuis quinze an3. La Répu
blique, les ancetres, le progrès, le
cléricalisme, la réaction, tout cela
souffle en tempête dans des articles
qui surexcitent le paysan, et ne le lais
sent ni au sommeil des passions, ni à
l'oubli des anciennes luttes, ni même
à la froide contemplation du présent.
Renierez-vous vos convictions en rai
son de quelques défaillances indivi
duelles? Mettrez-vous la France sous
la main du clergé, parce qu'un mi
nistre a touché un pot-de-vin? Est-ce
que les abus ne sont pas de tous les
régimes, et la gloire de la République
n'est*elle pas précisément de les flé
trir au grand jour? — Voilà le thème;
il est effronté et habile. Dans bon
nombre des circonscriptions, il aura
encore du suçcès.
A la campagne, la lutte politique
ressemble aux querelles de famille;
chacun n'est pa3 convaincu qu'il a
raison, mais bien résolu à ne point
paraître avoir tort. Et notez ce trait
fort important. Les billevesées sur la
Saint-Barthélemy, l'Inquisition, les
infamies des rois et des prêtres ont
cours pour ainsi dire forcé, en ce sens
qu'entre disputeurs de cabaret, celui
qui les avance est toujours sûr de la
galerie. Ii n'en- va pas de même des
scandales actuels . c'est de la politique,
disent gravement les esprits forts,
mais pas encore de Y histoire. Je vous
assure qu'avec « l'histoire », entendue
et commentée d'une certaine manière,
on mène le peuple fort loin. La Ciio
fardée et grotesque de l'école laïque
reste la divinité grave du Forum. Ob
servez en outre que les neuf dixièmes
des paysans, même des plus intelli
gents parmi les blancs, sont fort
embarrassés de discuter chèques,
syndicats de garantie, interventions
financières etc. C'est un monde nou
veau, un sérail dont ils ne connaissent
Êas les détours. Restent les faits
rutaux, les arrestations, les per
quisitions, les sommes touchées.
C'est alors que Yauire parle Saint-
Barthélemy et moyen âge, et droit
du seigneur, et gouvernement des
curés. Si baroque que puisse sembler
ce genre de conversation, où les ré
pliques ne se cherchent même pas,
empressé qu'est chacun de vider d'a
bord son carquois, il est courant au
village. Le disputeur populaire pérore
volontiers de omni re scibili, pré
cisément parce qu'il ne sait pas
grand'chose.
Deux paysans ergotaient, l'autre
jour, sur le cas de M. Rouvier. L'a-'
veu, fait à la Chambre, que la caisse
de Panama avait servi de coffre-fort
adjoint, en 1888, pour défendre la Ré
publique « comme il fallait la défen
dre » — cet aveu a paru roide, même
à la presse de Paris et au Parlement.
Il s'est élevé, là-dessus, de bien hon
nêtes clameurs, d'où Rouvier a pu
conclure qu'il ne possédait pas à fond
son boulevard. Le village l'a mieux
compris. — « Mais Rouvier a pris dan3
« la caisse? — Ce n'était pas pour lui,
« c'était pour sauver la République.
« — Avec l'argent du Panama? —-
« T®ut le monde en prenait bien- —
« Mais enfin un ministre ; doit être
« honnête J — Il doit sauver la Répu-
« blique, d'abord. » 0 peuple césarien,
amoureux de la force, du truc et du
succès, né pour comprendre les coups
d'Etat et pour les subir, que ne vois-
tu, dans la morale chrétienne, et pour
toi surtout, l'unique éducatrice de la
liberté 1
Non, la partie « chèques » du Pana
ma, qui a révolté des honnêtetés in
dividuelles, aigri surtout des obliga
taires, n'a point encore déterminé,
dans la masse, ces méditations d'où
doit surgir le salut. Mais il y a autre
chose, et par ailleurs, je crois que le
point sensible est touché.
Ce que voient le plus clairement
les tenants du bloc républicain, ce
n'est pas la boue qui le souille, c'est
son effritement par en haut. La boue,
on en prendrait son parti ; on aurait
surtout l'air de le prendre.
Mais que tous ces républicains,
toutes ces statues vivantes qui ser
vaient de.couronnement et d'enseigne
au bloc, se dénoncent, se déchirent,
se livrent réciproquement à la com
mission d'enquête et au juge d'ins
truction, voilà le fait écrasant, sous
lequel semblent défaillir les illusions
et les ardeurs. Si le parti républicain
a vaincu sans relâche depuis quinze
ans, cela tient surtout à ce que son
personnel, divisé dans les couloirs du
Parlement et les antichambres de la
presse, restait concentré devant l'opi
nion; Il avait, d'une certaine manière,
le droit de prétendre que la Républi
que était une, puisqu il se montrait
un lui-même. U a été merveilleux de
dextérité et de discipline en 1885 ej;
en 1889, passant de la formation en
tirailleurs à celle du bataillon carré,
sans chef visible, au seul cri de
« Vive la République 1 » La masse
croyait à cet état-major ; elle le sui
vait d'un instinct « troupier», comme
la seule force politique organisée du
pays. Il y avait du coude à coude dans
la masse, parce qu'on en sentait dans
la direction.
Aujourd'hui, le paysan républicain
est déconcerté. Quelque chose lui
échappe, dans cette, affaire de Pa
nama, dont le détail lui importe peu :
c'est son origine. On a beau lui dire
qu'enquêtes, arrestations, procès sont
un nouveau et fier témoignage de la
puissance de la République et de son
intégrité; il le répétera, il cherchera à
le faire croire : au fond, il n'en croit
rien lui-même. La justice, si vous
voulez, mais la République d'abord.
C'est l'enseignement qu'il a reçu, et il
dépasse ses maîtres. Dans ce pays si
prompt à crier à la trahison, un vent
commence à souffler, semant la mau
vaise parole. « Nous sommes trahis »,
Par qui, au profit de qui? On n'en sait
rien. Ricard, Rouvier, Clémenceau,
Loubet, Ribot, Baïhaut, Bourgeois,
Freycinet, prisonniers et geôliers,
compromis ou à compromettre, frè
res d'hier, ennemis d'aujourd'hui, ce
ne sont plus qu'ombres suspectes : le
sommet du bloc est volatilisé.
De toutes les impressions du campa
gnard, si attentif à les cacher, voilà,
quant à présent, la seule authentique.
Il s'inquiète assez peu des concussion
naires qu'on lui fait connaître, rumi
nant l'hypothèse de traîtres, qu'on se
rait assez empêché de lui désigner.
Enfin, c'est son « idée à lui », donc la
meilleure. J1 sent vaguement sa Répu
blique en cours de marchandage. Il
attend l'enchérisseur, et si vous lui
disiez demain que c'est le comte de
Paris, ou même le général Dodds, if le
croirait, Cet état d'esprit n'en fera pas
un conservateur, moins encore un
èatholique, d'ici aux élections ".
Mais il nous le montre plus mal
léable qu'hier; on en peut faire un
raisonnable de demain; le bloc aï cessé
de déprimer cette cire, sur laquelle il
n'y a désormais place que pour l'une
ou l'autre empreinte : civilisation
chrétienne ou socialisme.
Charles Loishau.
Le scandale du Panama s'étend. De
proche en proche, toutes les complici
tés s'établissent, toutes les culpabilités
se découvrent. C'est un enchaînement
qui va du banquier juif corrupteur aux
plu3 hauts personnages de l'Etat. Une
grande partie du monde politique est
englobée dans l'affaire. Des noms sont
jeté3, de tous les côtés, dans le
public. Et les accusés ne sont pas
tous les coupables. La besogne du
juge d'instruction va son train ; celle
de la justice est commencée,et il y en
a encore pour longtemps. Les inter
rogatoires succèdent aux interroga
toires; il y aura un second, peut-être
un troisième procès après le premier ;
il y aura aussi le jugement de la com
mission d'enquête, et après, autre
chose encore peut-être.
La justice a fort à faire. Le cas est
des plus graves, des plus complexes
qui se soient jamais produits. Le dé
filé des coupables menace d'être inter
minable. C'est un terrible confesseur,
que le juge d'instruction, pour les
gens qui n'ont pas l'habitude d'aller à
confesse. Que d'aveux ont été faits et
le seront encore devant lui! Que de
transgressions au septième comman
dement de Dieu il faudra confesser 1
Combien de partisans de la morale in
dépendante et de fauteurs de l'école
laïque s'entendront rappeler, malgré
eux, ce précepte de la loi divine :
« Bien d'autrui tu ne prendras. »
A quoi aboutiront ces scandales, ces
procès? Tout le monde se le demande.
Une chose apparaît à tous les yeux
qui savent voir: c'est le châtiment.
Jusqu'ici tous ceux qui ont été frappés
en pleine fortune politique sont des
coupables, de grands coupables. Leur
moindre faute est celle qu'ils semblent
expier-par leur chute. Ils sont bien
autrement coupables vis-à-vis de la
conscience chrétienne. Leur grand
crime, c'est la laïcisation. Celui-là est
le vrai; crime public, le vrai crime
d'Etat. A la soudaineté du coup qui
les a atteints inopinément, invrai
semblablement, comment ne pas re
connaître l'action delà Providence?
Il suffit de voir que c'est Dieu qui
agit pour être confiant dans les suites
de l'affaire. Puisque c'est lui qui châtie,
c'est lui aussi qui réparera. Le procès,
celui des administrateurs du Panama
comme celui des trafiquants de man
dats politiques, n'est qu'un accident.
Beaucoup de gens croient qu'il termi
nera tout, en donnant satisfaction à
l'opinion, en ayant l'air de faire jus
tice.
L'affaire est bien plus haute que cela.
Quand on aperçoit la justice divine,
on peut s'attendre à d'autres dénoue
ments qu'à un prononcé de jugement.
Dans le Panama, la vraie faute,
c'est le péché contre Dieu, dont se
sont rendus coupahles les hommes
qui nou3 gouvernent, et qui se trou
vaient être à la fois des laïcisateurs et
des concussionnaires. Le vrai procès,
c'est celui que ne jngeront ni la cour
d'appel ni la cour d'assises. Mais
celui-là est déjà jugé par la chute
soudaine, inopinée, des principaux
auteurs de cette politique de laïcisa
tion et d'athéisme, qui a causé dans
le pays des ruines morales bien au
trement graves que toutes les ruines
financières provoquées par la banque
route du canal de Panama.
C'est plus haut que la cour d'appel,
plus haut que la cour d'assises qu'il
faut regarder. Après la guerre de 1870,
pour faire croire au peuple français
que la trahison du maréchal Bazaine
était la cause de nos désastres, on tra
duisit en justice le généralissime de
l'armée du Rhin. Suivant le mot pro
fond de Coquille, on déférait à un con
seil de guerre la chute d'un empire.
L'empire de Napoléon III avait été
jugé. Sedan, Metz : c'était son châti
ment. L'empire était tombé sous une
condamnation divine. Le procès du
Panama met en cause une fin de ré
gime. Déjà le châtiment s'exerce, un
châtiment tout providentiel. Qu'est-il
besoin d'autres juges?
Puisqu'il doit paraître aux yeux
chrétiens que l'affaire est menée de
plus haut que les hommes, et déférée
à un tribuual plus élevé que la juri
diction criminelle d'ici, puisque l'on
assiste à des condamnations et à des
punitions manifestement providen
tielles, on peut attendre en toute sécu
rité, en toute confiance que Dieu
lui-même donne un dénouement à
l'affaire qu'il a si visiblement con
duite. Et comme ce dénouement sera
juste, il sera bon aussi.
Arthur Loth.
Nous trouvons dans le Temps l'in
formation que voici :
L'empereur Guillaume a ordonné de lui
envoyer tous les jours un rapport détaillé
sur les incidents d'un procès qui se juge eu
oe moment & Trêves. Le héros de oe procès
est ua ecclésiastique catholique accusé d'a
voir enlevé une petite fille protestante. La
petite fille était née du mariage d'un proles
tant du nom de Ludwig aveo une catholi
que. Ludwig avait fait administrer le bap
tême protestant à son ■ enfant. Il mourut
quelques années après, et sa veuve entreprit
de convertir la petite fille au catholicisme,
malgré les réclamations des amis de Lud
wig, des autorités scolaires et d'un pasteur
protestant qui avait été nommé tuteur de
l'enfant. La yeuve gagna à ses vues le curé
Stceok, qui, pour enlever définitivement
l'enfant aux influencés protestantes, la fit
transporter secrètement dans un couvent
du Luxembourg. Devant le tribunal, le cu
ré, menacé de la peine de l'emprisonnement
pour enlèvement de mineure, essaye de nier
sa complicité.
Il n'est pas besoin d'examiner lon
guement les détails de cette informa
tion pour se convaincre que la conclu
sion du Temps n'est aucunement jus
tifiée. La raison en est qu'il ne saurait
y avoir de complicité sans accusation
principale. Or, du récit même que pu
blie le Temps il résulte que M. le curé
Stœck, en agissant comme il l'a fait,
s'est borné à suivre les indications de
Mme Ludwig : on devrait donc, pour
l'inculper, et à f ortiori pour le mettre
en prison, établir au préalable que la
mère de l'enfant dont il s'agit est elle-
même coupable d'avoir pris telles me
sures qu'elle a jugées à propos pour
assurer à sa fille le bienfait de la vraie
foi. A-t-on même tenté de faire cette
démonstration ?
Il est vrai qu'on met en avant les
réclamations des amis du père défunt,
des autorités scolaires et d'un pasteur
protestant qui aurait été nommé tu
teur de l'enfant; mais que valent ces
réclamations en présence du droit
certain de la mère, à l'autorité de
laquelle on ne saurait légitimement
substituer aucune autre, tant que sa
fille n'aura pas atteint sa majorité?
Notons que, dans l'espèce, il est
vraisemblable de penser que le dé
funt avait tout le premier manqué à
ses promesses. En effet, sa femme
étant catholique, celle-ci a dû vouloir
que son mariage fût conclu selon les
règles prescrites par l'Eglise. Mais
on n'ignore pas qu'en pareil cas
l'Eglise exige des époux contractants
la promesse formelle d'élever tous les
enfants à naître dans la religion ca
tholique. Par suite, c'est en violation
de cette promesse que la jeune Lu-
divig a été baptisée selon la rite pro
testant , et les soins que prend sa
mère de la ramener à la religion ca
tholique sont la chose du monde la
plus naturelle.
De toute façon, tout s'accorde pour
établir que le droit, pour la mère, d'a
gir comme elle fait, n'est pas contes
table ; si donc est vrai que l'empereur
Guill aume se fasse adresser tous les
jours un rapport détaillé sur le procè3
né des circonstances indiquées par le
Temps, ce ne peut être, tout bon pro
testant qu'il soit, pour donner une
approbation quelconque aux ravis
seurs d'âmes contre lesquelles s'arme
à bon droit l'autorité d'une mère ca
tholique.
Auguste Roussel.
Voici, dans l'ordre où les donne le
Journal Officiel, les décrets relatifs au
nouveau ministère :
Le président de la- République française
Décrète :
Art. 1". <— M. Ribot, député, est nommé
ministre de l'intérieur, en remplacement
de M. Loubet, dont la démission est ao-
ceptée.
Art. 2. ^— Le président du conseil, mi
nistre des affaires étrangères, est chargé
de l'exécution du présent décret.
Fait & Paris, le 11 janvier 1893.
Carnot.
Par le président de la République :
Le président du conseil,
ministre des affaires étrangères,
Ribot.
M. Ribot, ministre de l'intérieur, est
nommé président du conseil des ministres.
M. Léon Bourgeois, député, est nommé
garde des sceaux, ministre de la justice.
M. Jules Develle, député, est nommé
ministre des affaires étrangères, en rem
placement de M. Ribot, dont la démission
est acceptée.
M. Tirard, sénateur, est nommé ministre
des finanoes. , ■ ■
M. le général Loizillon est nommé mi
nistre de la guerre, en remplacement de
M. de Freycinet dont la démission est ac
ceptée.
L'administration des colonies est déta
chée du ministère de la marine et rattachée
au ministère du commerce el de l'industrie.
M. Ribot, président du conseil, ministre
de l'intérieur, est chargé par intérim du
ministère de la marine, en remplacement
de M. Burdeau, dont la démission est
acceptée.
M. Charles Dupuy, député, est nommé
ministre de l'instruction publique, des
beaux-arts et des cultes.
M. Viette, député, e3t nommé ministre
des travaux publics.
M. Siegfried, député, est nommé mi
nistre du commercé, de l'industrie et des
colonies.
M. Viger, député, est nommé ministre
de l'agriculture, en remplacement de M"
Develle, dont la démission est acceptée.
. Au sujet de la constitution, du nou
veau ministère et de ses intentions,
Y Agence Havas nous communique la
note suivante :
Les nouveaux ministres se sont réunis ce
soir à cinq heures, au palais de l'Elysée,
sous la présidenoe de M. Carnot, qui a si
gné les décrets portant constitution du car
biriet. . -
L'officier général auquel M. Ribot a of
fert par télégraphe le portefeuille de la ma
rine n'ayant pas encore pu faire connaître
sa réponse, un décret confie au président du
conseil l'intérim de ce département.
Les ministres ont décidé que le sous-
secrétariat des colonies serait rattaohé au
ministère du commerco. s ,
Il a été oouvenu qu'en se présentant de
vant le Parlement le cabinet ne lira pas de
déclaration. lise tiendra à la disposition de
la Chambre et du Sénat pour donner les
explications nécessaires, si une interpella"
lion lui est adressée.
On lit dans la Défense de Seine-et-
Marne :
A l'occasion de la nouvelle année, Mo^*"
sieur le comte de Paris annonce au maire
de la ville d'Eu qu'il met & la disposition
de la commune, à titre gratuit, une éoola
libre complète de garçons.
Dans la lettre qu il écrit à cette ooeasion.
Monsieur Je comte de Paris dit que l'exil
n a pas rompu le3 liens d'affeotion qui l'at
tachent à la ville d'Eu et à ses habitants,
La Défense de Seine-et-Marne ajouta
que Monsieur le comte de Paris,
« songeant aussi aux braves marins
du Tréport, vient d'adresser pour eux
une offrande de 500 fr. à la caisse de
Notre-Dame de Bon-Secours ».
Le tribunal civil de Laon vtentde
rendre son jugement dans un procès
intenté par l'institut des frères des
Ecoles chrétiennes et par Mme de Gré-
gueil, héritière des époux Fressen-
court, en révocation des donations
faites par ces derniers à la communs
de Rozoy-sur-Serre, sous la condition
que l'instruction serait donnp» aux
jeunes garçona du pays par les frères
des Ecoles chrétiennes. •
La laïcisation de l'école de" Rosoy-
sur-Serre, prononcée par application
de la loi du 31 octobre 1888, ayant été
faite en violation de cette condition,
le tribunal a prononcé la révocation
desdites donations au profit de Mme de
Grégueil, héritière des donateurs.
lè Osservatore Romana dénonce au
monde catholique la nouvelle profa
nation sacrilège que vient d'e subir le
Panthéon, où, pour l'anniver3aire de
la mort du roi Victor-Emmanuel, on
a ^ introduit diverses bannières non
benites, et spécialement la bannière
appartenant aux soi-disant condamnés
politiques pontificaux , devise qui, dit
le journal romain, « est par elle-même
une amère ironie contre la vérité his
torique et une insulte publique à la
justice de plein droit exercée par le
gouvernement civil du Saint-Siege ».
Ajoutons que, pour comble d'ou
trage, cette bannière portait au som
met un emblème sacrilège, à savoir
une louve foulant aux pieds la tiare.
Cette injure, dit VOsservàtore , est auda-
oieusement et librement lancée, non plus
dans une logé maçonnique ou sur la place
publique, mais dans une église catholique...
Ainsi dans cette Rome où des lèvres au
gustes avaient annoncé au monde catholique
et civil que le Chef suprême de l'Eglise au
rait une demeure honorée et tranquille, on
commet impunément et librement un pareil
sacrilège, et cela en face d'une tombe qui
ne se trouve dans un lieu saoré et sous les
ailes de la oroix que par la singulière et pa
ternelle bienveillance d'un Pape dont le gé
néreux pardon est aujourd'hui payé à son
non moins généreux et longanime succes
seur par une si monstrueuse insulte, ve
nant en partie de gens pervertis, et en par
tie des pouvoirs constitués, qui n'y oppo
sent qu'une çynique indifférence.
Par suite, un des temples les plus véné
rables de Rome et de la chrétienté se
trouve continuellement profané, en sorte
qu'on dirait qu'il'test nécessairement et iné
vitablement déeonsaoré. Ainsi la secte ini
que qui a conduit la Révolution dans les
murs de la Sainte Cité et qui, du vivant de
Victor-Emmanuel, cherchait à l'éoarter de
l'Eglise et du Pape, cherche aujourd'hui à
écarter l'Eglise et la croix de ses restes
mortels.
De fait, l'autorité ecclésiastique sera
vraisemblablement amenée à jeter
l'interdit sur une église où se commet
tent si fréquemment des sacrilèges.
Le Jubilé Pontifical
On annonce que le gouvernement
français a décidé d'envoyer au Saint-
Père, à l'occasion de son jubilé, deux
paires de vases de Sèvres bleus, sur
montés de candélabres en bronze doré
à seize branches. Quelqu.es tableaux
devaient être ajoutés à cet envoi;
mais au dernier moment, on aurait
décidé d'adresser au Pape -une collec
tion complète de gravures éditées par
la calcographie du Louvre. Le carton
qui contient cette collection porterait
l'inscription suivante : « A Sa Sain-
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