Titre : L'Univers
Éditeur : L'Univers (Paris)
Date d'édition : 1892-12-07
Contributeur : Veuillot, Louis (1813-1883). Rédacteur
Contributeur : Veuillot, Pierre (1859-1907). Rédacteur
Contributeur : Veuillot, François (1870-1952). Rédacteur
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Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 07 décembre 1892 07 décembre 1892
Description : 1892/12/07 (Numéro 8982). 1892/12/07 (Numéro 8982).
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse Collection numérique : Bibliographie de la presse
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Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k7079051
Source : Bibliothèque nationale de France
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 06/02/2011
Mercredi 7 Décembre 1892
If* 8982. —- Edition quoîidienil»
Mercredi 7 Décembre 1892
ÉDITION QUOTIDIENNE
ÉDITION SEMI-QUOTIDIENNE
Un AU' » e •
Six mois . «
Trois mois.
■ PARIS
ht départements
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L 'UNIVERS ïe,répond pas des manuscrits pi lai sont adressés
,ANNONCÉS V
MM. LAGRANGE, CERF et C' e , 6, place de la Bourse ^
FRANCÊ
PARIS, 6 DECEMBRE 1892
Au moment où l'on s'y attendait le
moin3, la crise ministérielle s'est
trouvée brusquement terminée... par
un replâtrage. On trouvera plus loin
la composition du nouveau cabinet.
C'est l'ancien ministère avec quelques
modifications. MM V Ricard et Jules
Roche disparaissent et font place à
MM. Dupuy et Siegfried; M. Bour
geois prend la justice ; M. Loubet
réunit les cultes à l'intérieur et passe
la présidence du conseil à M. Ribot.
Qu'est-ce > que cela durera?
Après-demain nous aurons la décla
ration du nouveau cabinet, et on verra
quel sera l'accueil de la Chambre. Le
ministère aura pour lui l'approche de
la trêve des confiseurs, et des vacan
ces., qu'il faut sauvegarder. Il n'aura
guère que cela.
Quoique très courte, la séance du
Sénat n'a pas été sans intérêt. Un en
fant terrible, M. le meunier Girault
(du Cher), a déposé une proposition
analogue à célle de M. Pourquery de
Boisserin, en réclamant l'urgence. Le
Sénat s'est eàipressé de repousser
l'urgence : il est fort hostile à toute en
quête, et les révélations apportées con
tre MM. Hébràrd, Léon Renault et
Albert Grévy ne sont pas pour l'y ren
dre favorable.
A la Chambre de3 députés, on a va
lidé sans discussion l'élection de
M. Alicot; M. Letellier a demandé la
publication des procès-verbaux de là
commission d'enquête ; la proposition
a été repoussée, sur l'opposition de
M. Brisson. M. Pourquery de Boisse
rin, qui est tenace, a déposé une nou
velle proposition au sujet de la com
mission d'enquête. Cette fois, il a ob
tenu l'urgence. La commission sera
nommée jeudi.
Gomme il n'y avait pas encore de
ministère, la séance a été levée.
A la commission d'enquête, les dé-
Eositions et révélations ont continué ;
ier on a entendu MM. Hébrard et
Albert Grévy : leurs explications n'ont
pas eu de succès.
M. le comte TaafTe se trouve en
présence d'une nouvelle difficulté ;
M. de Plener l'a attaqué au sujet de
la dissolution d'un conseil municipal
de Bohême qui était d'un germa
nisme incandescent. Le président du
conseil a répondu, mais la discussion
n'est pas terminée. Sur • cette ques
tion, les libéraux n'auront sans doute
pas l'appui des jeunes-tchèques.
L'adresse italienne en réponse au
discours du trône a été votée après
une courte discussion. Gela ne veut
pas dire que les embarras du ministère
Giolitti soient terminés.
Nous avons un nouveau ministère.
C'est le même. M. Loubet y reste. Il
prend les cultes, mais il perd la pré
sidence du conseil, qui passe à M. Ri
bot.
On connaît M. Ribot. Par nature et
sous le rapport des idées, il est peut-
être plus modéré encore que M. Lou
bet. Mais l'intempérance de son am
bition n'a d'égale çiue la faiblesse de
son caractère. Aussi, plus modéré que
son prédécesseur, ira-t-il cependant
plus loin, s'il le faut. M. Loubet, au
milieu de ses effarements, pouvait
avoir une révolte d'honnête homme ;
M. Ribot,point. Le premier a beaucoup
cédé aux radicaux ; le second est prêt
à leur céder bien davantage encore.
Par exemple, même lorsqu'il capitu
lera le plus honteusement, comme il
restera digne, guindé, majestueux !
Sous ce rapport, M. Ribot n'a pas son
pareil.
M. Siegfried entre au ministère du
commerce, d'où s'en va M. Jules Ro
che. C'est une utilité qui en remplace
une autre.
M. Charles Dupuy succède à
M. Bourgeois au ministère de l'ins
truction publique et des beaux-arts. Il
ne faut pas confondre M. Charles Du
puy avec M. Dupuy-Dutemps, le sec
taire qui propose la suppression des
évêchés soi-disant non concorda
taires. M. Charles Dupuy, plus mo
déré d'allures, siège sur des bancs
moins avancés que son collègue et
presque homonyme. Mais n'allez pas
croire pour cela que le choix de
M. Charles Dupuy n'est pas un mau
vais choix. Le nouveau ministre est
un universitaire renforcé ; les catholi
ques ne doivent pas attendre mieux
de lui que de son prédécesseur.
Ce prédécesseur, M. Bourgeois ,
qu'est-il devenu? M. Ribot aurait-il
écarté ce radical? Vous n'y pensez
point. M. Ribot, se séparer d'un ra
dical ! Jamais ! Si l'indispensable
M. Bourgeois quitte l'instruction
publique, c'est pour entrer à la Jus
tice. Il n'est plus grand-maître de
l'Université ; mais le voici garde des
sceaux. , . ,,
Et M. Ricard, alors? Oh! celui-là,
on l'a mis de côté. M. Ribot a eu ce
courage, parce que tout le monde lui
demandait énergiquement de l'avoir.
M. Ribot est capaole de ces coura-
ges-là. M. Ricard, donc, est à pied.
C'est pour longtemps. Et voilà tout
de meme une justice qui est faite !
Il est par terre, ce Ricard, qui se flat
tait si insolemment de mater l'E
glise, aux applaudissements de toutes
les gauches. Nous l'avons entendu.
Gomme il se croyait certain de la
victoire ! Un homme de sa valeur,
n'était-il pas sûr de l'emporter?... En
six mois, fini, Ricard ! Piteusement,
le triomphateur s'effondre et dispa
raît, dans une huée générale.. Ses col
lègues se débarrassent de lui, agis
sant avec ce présomptueux qui pen
sait être leur , véritable chef comme
on agit avec un parasite compromet?-
tant, et l'opération faite, ils rentrent
au pouvoir.
A ce titre, le dénouement de la
crise ne saurait nous déplaire.
P ierre V euillot.
Voici que l'on s'occupe de nouveau
des pouvoirs qui doivent être confé
rés à la commission d'enquête. L'au
tre semaine, tout de suite après, le
vote qui a organisé ce contrôle inso
lite, le règlement de . la procédure
semblait . un surcroît d'émotions
désagréables et un excès périlleux
du remue-ménage parlementaire; en
laissant la question indécise, on vou
lait sé persuader que les choses s'ar
rangeraient d'elles-mêmes. Il y faut
bien venir cependant. Soùs peine de
voir là commission s'arrêter impuis
sante devant la résistance de la ma
gistrature ordinaire, -on doit penser
aux pouvoirs dont disposeront les
députés transformés: en juges. La
mesure réclamée par M. Pourquery
de Boisserin reparaît donc à l'ordre
du jour; et hier la Chambre a pro
noncé l'urgence en faveur de cette
proposition, plus ou moins modifiée.
Le député d'Avignon demande que
les commissaires enquêteurs puissent
déférer le serment ; faire punir le re
fus de serment, le faux témoignage
et la dénonciation calomnieuse ; s'ad
joindre un juge d'instruction chargé
d'opérer des saisies et de perquisition
ner ; requérir communication de toute
procédure correctionnelle ou crimi
nelle, suivie ou non de jugement.
Jeudi, la Chambre désignera daiis
les bureaux une commission (encore!)
pour examiner le texte qui sera en
suite discuté et probablement voté.
Puis, le Sénat sera invité à donner
son approbation, pour laquelle sans
doute il se fera un peu prier.
Où va-t-on ainsi? Les moins timides
s'interrogent avec inquiétude. Bientôt
la nef du gouvernement voguera dans
l'inconnu, poussée par le vent capri
cieux du scandale.
M. Pontois voulait la jeter immédia
tement en plein hasard au moyen,
non pas d'une loi, mais d'une simple
« proposition de résolution », comme
s'il se fût agi d'une réforme d'ordre
intérieur relative à la procédure par
lementaire , à la consigne de la
Chambre, à l'éclairage et au balayage;
ces deux derniers termes entendus
dans le sens de la besogne domestique.
Les gardiens de la Constitution en ont
tressailli. M. Floquet a, de sa seule
autorité, enlevé la parole à M. Pontois.
L'angoisse ressentie a fait également
rejeter au loin une motion développée
par M. Goujon et tendant à mettre à
l'abri de toutes poursuites judiciaires
les dépositions écrites ou verbales;
mais rien ne garantit que cette mesure
ne sera pas acceptée la semaine pro
chaine.
Le compte rendu des dépositions à
d'ailleurs, dans la séance d'hier en
core, donné lieu à un débat. Il est pu
blié d'après le réeit que font les com
missaires enquêteurs, sous leur res
ponsabilité personnelle, en causant
avec les journalistes. M. Letellier vou
lait un compte rendu officiel. Cette
innovation a été repoussée, conformé
ment à l'avis exprimé par M. Brisson
et motivé par des raisons diyerses.
M. de Douville-Maillefeu a profité de
la circonstance pour déclarer que les
résumés officiels sont toujours pleins
de mensonges !
Un incident très pénible s'est pro
duit pendant que le lugubre président
de la commission était à la tribune.
M. du Breuil de Saint-Germain, mem
bre de la droite constitutionnelle, a
soudain été pris d'un violent malaise
nerveux et s'est affaissé en gémissant.
Ses voisins et plusieurs des nombreux
médecins qui sont ses collègues se sont
précipités vers lui. En attendant qu'on
pût le transporter au dehors , sur
une civière, on J'a couché sur son
banc. Ce pénible spectacle, pendant
lequel la séance était naturellement
suspendue, a duré près d'un quart
d'heure. L'indisposition de l'honorable
et sympathique député n'aura heureu
sement pas de conséquences dange
reuses.
A quatre heures, la Chambre se
donnait des vacances jusqu'à jeudi,
puisqu'elle ne pouvait discuter le bud
get, puisqu'il n'y avait plus de mi
nistère, puisque la crise a l'air d'en
vahir la sphère nébuleuse où siège le
président de la République.En somme,
plus de gouvernement; et des législa
teurs dont l'occupation unique était
d'attendre l'arrêt d'un tribunal établi
pour juger leur honneur. Qui est-ce
qui comparaît? Qui est-ce qui est
« pincé » ? Quel est le scandale du
jour? Quelle révélation se prépare
pour demain ? C'était tout ce qui se
disait. On n'a jamais vu cela nulle
part.
Ce matin, à la surprise générale, un
ministère est constitué avec les débris
de l'ancien. Il aura deux jours pour
faire provision d'idées et d'énergie ;
ce qui pourrait n'être pas suffisant.
E ugène T avkrnier.
kes journaux ont une place, et même
elle est large, dans l'affaire du Pa
nama. Plusieurs témoins déjà ont
parlé de ce que la presse, prise en
bloc, avàit touché, ët l'on a donné
aussi des chiffres particuliers au sujet
de diverses feuilles et de divers jour
nalistes. La plupart des intéressés ont
fait entendre des réclamations quel
conques. Céux-ci ont contesté sur les
chiffres et ceux-là sur le fond même.
Le directeur du Gaulois a posé la ques
tion autrement. Après avoir affirmé
le droit des journaux de faire payer
leur publicité, droit qui, d'ailleurs,
n'était pas contesté, il a résolu d'inten
ter un procès à M. Rossignol, expert
judiciaire, coupable, dit-il, d'avoir
porté préjudice à son journal en lui
attribuant une somme inférieure à
celle qu'il a reçue.
Il faut reconnaître qu'au point de
vue commercial les chiffres de l'ex
pert. étaient fâcheux pour le Gaulois,
puisqu'ils présentaient sa publicité
comme valant 25 ou 30 fois moins
que ^celle du Figaro. Cependant le
procès paraît étrange. Nous verrons
si les juges estiment qu'il y ait là
matière à. dommages-intérêts..
De ce procès et de l'enquête, qui.
n'est pas close et ne peut pas l'être
avant que toutes les fouilles soient ter
minées, on devra tirer une étude sur
l'organisation financière delà presse.
Que celle-ci ait touché de l'argent à
l'occasion des émissions du Panama,
c'est sûr et c'était connuy puisque les
journaux, par la force des choses; et
c'est regrettable, sont des instruments
de publicité. Otez-leur cette ressource
et, dan3 les conditions actuelles de la
presse, la plupart d'entre eux devraient
cesser de paraître. Il en est ainsi sur
tout pour la grande presse parisienne.
Mais , pour le fond et la forme,
il y a publicité et publicité. La
question est d'apprécier celle qui a été
faite et comment elle l'a été. Il faut
voir si la somme versée correspond
au service rendu, et aussi quel était ce
service.
Autre chose, par exemple, est de re
produire un document, autre chose de
donner en belle place, sous forme d'ar
ticle de la rédaction, quelque réclame
développée ët d'autant mieux payée
qu'elle est moins sûre. Et comment
admettre qu'outre la somme allouée
au journal, et entrant dans la caisse
sociale, il y en ait une pour le direc
teur ou le rédacteur en chef ? D'après
un témoin, cela ne serait pas sans
exemple. Nous verrons ce qu'en dira
l'enquête. Pour le moment, mais pas
pour longtemps, on peut s'en tenir b
noter qu'au sujet des choses de la
presse . l'affaire du Panama ne sera
pas sans enseignements.
E ugène V euillot.
Toute penaude, la Gazette retire à
peu près et maintient également à peu
près le démenti qu'elle nous a donné
à propos de cet air de la Parisienne
joué avec tant de succès a.u banquet
de Montauban. Voici in extenso son
article :
encokb la. « parisienne »
Au lendemain du banquet de Montau
ban, le Gaulois publiait un récit où se trou
vait le passage suivant :
- C'est au milieu d'une affluence énorme que
M. le comte d'Haussonville, accompagné parles
membres du comité d'organisation, est arrivé
ail château de Chambord, a six heures préoises.
Il porte, aveo la Rose de France, le ruban de
la Légion d'honneur. Il est acoueilli par dos
acclamations enthousiastes, aux cris répétés
de : « Vive le roi 1 vive la France 1 » La fanfare
joue la Parisienne et les applaudissements re
doublent.
Divers journaux reproduisent, sans la
contrôler, cette information.
Deux jours après, les organes de Tou
louse et de Monlaubàn démentaient ce
récit.
Il y a quelques jours VUnivers reprenait
pour son compte cette information ; nous
avons reproduit le nouveau démenti de
Y Express du Midi et du Ralliement.
L' Univers prétend que l'on affecte de
confondre les mots : jouer et chanter.
Aucune confusion n'est possible, puisque
c'est au récit même du Gaulois que s'ap
pliquait la reotiQcalion des journaux roya
listes de la région.
Nous étions, pour notre part, présent au
banquet ; nous avons revu et interrogé plu
sieurs des assistants, et leurs souvenirs
comme les nôtres s'accordent pour confir
mer la note rectiQoative publiée dans
Y Express de Toulouse et visant le récit du
Gaulois. — Ch. D.
Que cela est donc tortueux !
La Gazette cite le Gaulois, mais ne
dit rien du Moniteur Universel, dont
nous avons donné un texte concluant,
et rien noçi plus de la Gazette elle-
même,qui cependant a parlé : aurait-
elle ce jour-li eu la langue trop
longue?
Et n'insinue-t-elle pas que le Gau
lois a j aboté sur des ouï-dire ?
Non, le Gaulois n'a pas rapporté des
ouï-dire. Il était là.
Non, le Moniteur Universel n'a pas
répété des propos en l'air. II était là,
et il y était à titre officiel, avec plu
sieurs paires d'oreilles. Nul ne peut
douter qu'il ait bien entendu. C'est
pourquoi la trop habile Gazette ne rap
porte pas ce qu'il a dit et feint même
d'ignorer que nous l'avons cité. •
Et de quelle façon effacée, inquiète,
elle produit son propre témoignage :
elle a interrogé de ci et de là, et les
uns et les autres lui ont dit qu'elle
devait se bien souvenir, en ne se sou
venant avec pleine sûreté de rien.
Elle bégaie un non-sens à propos du
mot chanté, qu'elle et les siens ont
substitué au mot joué. Peine perdue !
chacun comprend que cette substitua
tion a été faite parce qu'elle donnait
prétexte à un démenti.
Et le fruit de: ces équivoques, le
voici : il est manifeste maintemant
que le banquet royaliste et légitimiste
de Montauban s'est ouvert par une
adhésion joyeuse à la révolution de
1830.
C'est l'enterrement par les monar
chistes « modernes » de là monarchie
chrétienne.
Ce vieux et noble parti royaliste, le
voilà donc définitivement orléanisé!
Il méritait de mieux finir.
Fidèle à l'équivoque, la Gazette pré
tend qu'en disant à M. de Vanssay :
vous « ancien" secrétaire du dernier
vrai roi de France », vous « catholique
pratiquant », devriez-vous être dans la
voie où vous êtes? nous avons dit que
lé comte de Paris ne pratiquait pas sa
religion.
Rien dans notre article n'appelle
pette interprétation libérale et bis
cornue; mais qu'importe à la Gazette
et aux feuilles qui, bien vite, lui ont
fait écho?
Ces feuilles et leur chef de file sa
vent parfaitement d'ailleurs que sou
vent, ici, nous avons rendu hommage
à la foi pratique de Monsieur le comte
de Paris. Cet hommage, nous le re
nouvelons de nouveau très volontiers,
mais en y ajoutant une observation
déjà faite plusieurs fois : comme
homme, le prince paraît un sincère
catholique, et nous le croyons tel sur
de bons témoignages ; comme préten
dant au trône, ni ses travaux d'écri
vain, ni ses actes politiques, ni ses
manifestes, ni le personnel dont il
s'entoure ne permettent d'espérer qu'il
puisse et veuille établir en France le
pouvoir chrétien. Il serait, dans la
mesure çù le temps le comporte, le
second roi de la Parisienne, comme
en voudraient être les ministres son
représentant d'hier, M. Boeher, qui
l'a chantée, et son représentant d'au
jourd'hui, M. d'Haussonville, qui,
faute de voix peut-être, se borne à la
faire jouer.
E ugène V euillot.
— .... .
La Crise ministérielle
Nous avons un ministère, grâce à
un replâtrage. L'ancien cabinet reste
allégé de MM. Ricard et Jules Roche,
renforcé d3 MM. Dupuy (de la Haute-
Loire) et Siegfried. M. Bourgeois, qui
est décidément propre à tout, devient
ministre delà justice; seulement on ne
lui donne pas les cultes,dont il abuse
rait peut-être plus encore que M. Ri
card. C'est M. Loubet qui les prend;
celui-ci n'est plus que ministre de
l'intérieur et des cultes ; il passe la
présidence du conseil à M. Ribot.
Voici donc la constitution du nou
veau ministère :
Présidence du conseil
gères MM
Intérieur et cultes.
Justioe
Instruction publique
Finances
Guerre
Marine
Travaux publios.. .
Ctbinmerce.. ....
Agriculture
Sous-secrétariat des
colonies. .....
ot affaires étràn-
. Ribot
Loubet
Bourgeois
Charles Dupuy
(Haute-Loire)
Rouvier
De Freycinet
Burdeau
Viette
Siegfried
Develle
Jamais
Le ministère débuterait jeudi par
une déclaration.
M. Ribot devenant président du
conseil, son rêve depuis de longues
années, cela donne une certaine im
portance aux déclarations du Journal
dés Débats. Voici donc, dans son in
tégralité, la note que ce journal pu
blie sous ce titre : Le Nouveau Minis
tère.
On vient de lire la composition du nou
veau ministère. Il nous reste à faire con
naître dans quelles conditions la combinai
son tentée par M. Ribot a abouti, et à don
ner quelques détails sur la situation des
nouveaux membres du gouvernement.
On se souvient que, au cours dss démar
ches qu'il avait faites pendant toute la jour
née de dimanche, M. Develle avait été
amené à exprimer h M. Loubet le désir du
président de la République de s'entretenir
avec lui de la situation et des moyens de
mettre tin à la crise.
Le président du conseil démissionnaire,
déférant à ce désir, se rendit hier malin à
l'Elysée ; mais, contrairement à ce que l'on
pouvait attendre, il ne fut pas chargé de
former le cabinet.
A cinq heures et demie de l'après-midi,
M. Carnot fit appeler M. Ribot et lui offrit
la mission de constituer le nouveau.minis
tère. M. Ribot demanda au président de la
République quelques heures pour consulter
ses amis, s'engageant à revenir dans la soi
rée faire connaître sa réponse définitive au
chef de l'Etat.
En effet, M. Ribot, après divers pour
parlers, se rendit à anze heures à l'Elysée
et soumit à M. Carnot la liste des nouveaux
ministres. Cette liste fut approuvée; les
décrets de nomination ne paraîtront que
mercredi matin au Journal Officiel, à cause
dé l'heure avancée où la combinaison a été
arrêtée.
On verra que le nouveau ministère com^
prend les mômes membres que l'ancien, à
l'exception de deux : MM. Jules Roche et
Ricard.
Les deux nouveaux ministres sont
MM. Siegfried et Charles Dupuy. Tous
deux sont , députés depuis 1885. M. Sieg
fried représente le département de la Seine-
Inférieure. Il est anoien maire du Havre, et
négociant dans cette ville. M. Charles Du
puy, anoien vice-recteur en Corse, repré
sente la: Haute-Loirs. Il est depuis plu
sieurs années rapporteur du budget de
l'instruction publique. Ni M. Siegfried, ni
M. Dupuy n'ont jamais fait partie du gou
vernement. Ils sont de la nuance Union ré
publicaine.
Bien que le décret portant nomination
du sous-secrétaire d'Etat aux colonies ne
paraisse pas. en même temps que ceux
nommant les ministres, on considère
comme définitif, le maintien dans ses fonc
tions actuelles de M. Jamais.
On remarquera que tous les ministres
maintenus en fonctions conservent les
Sostes qu'ils avaient dans,l'ancien cabinet.
l'exception de M. Bourgeois qui passe
de l'instruction publique & la justice.
Les ministres se réuniront, cette après-
midi, en conseil de cabinet, au ministère
affaires étrangères, sous la présidence de
M. Ribot, pour arrêier les termes.de la dé
claration qui sera lue jeudi aux Chambres.
Ils se rendront ensuite à l'Elysée, où M. Ri
bot les présentera au président de là Ré
publique.
Voici les renseignements donnés
par Y Agence Havas sur les derniers
incidents de la crise ministérielle :
M. Ribot a vu cette après-midi MM. Lou
bet et Bourgéois. Il s'est ensuite rendu à
l'Elysée.
M. Carnot lui a demandé de vouloir bien
se charger de la formation du cabinet.
M. Ribot lui a répondu que son dévoue
ment comme ministre lui était tout acquis.
Il a ajouté qu'en ce qui concernait la oharge
de constituer le oabinet, il demandait quel
ques heures dè réflexion. Il a promis au
président de la République dë lui rendre sa
réponse définitive dans la soirée.
M. Ribot, en sortant du palais de l'Elysée,
a continué ses démarches.
M. Ribot s'est rendu à l'Elysée ce
soir à onze heures. Il a annoncé à M. le
président de la République qu'il acceptait
définitivement la mission de former le nou
veau oabinet.
— M. Ribot a conduit aveo la plus grande
promptitude les négociations relatives & la
formation du nouveau cabinet.
Il s'est assuré dès ce soir tous les con
cours qui lui étaient nécessaires.
Les décrets portant composition du mi
nistère paraîtront après-demain mercredi
au Journal Officiel.
— Les nouveaux ministres sè réuniront
oe soir à cinq heures, à l'Elysée, sous !a
présidence de M. Carnot, M.| Ribot les lui
présentera.
Ils discuteront ensuite les termes de la
déclaration ministérielle qu'ils présenteront
au Parlement.
Le Temps publie la note suivante,
qui nous semble assez curieuse :
Disons que c'est sur l'indication même
de Mi Bourgeois que M. Develle avait été
appelé par le président de la République.
Après avoir déoliné les offres successives
de MM. Brisson et Casimir-Perier, M.
Bourgeois ne pouvait, ainsi qu'il l'a dit,
accepter la mission de former un oabinet
sans, s'exposer à être accusé d'avoir empê-
ohé des combinaisons dans un intérêt per
sonnel.
Aussi avait-il cru devoir désigner M. Da-
velle à M. Carnot.
De cette note, quelque peu énigma-
tique, que faut - il conclure ? Que
M. Bourgeois a décliné l'offre que
M. Carnot lui faisait de se charger de
former un cabinet? Ou que, vexé de
ne pas avoir reçu cette offre, il essaye
de dissimuler son mécontentement
sous les explications entortillées que
le Temps a complaisamment endos
sées ?
Le Bulletin officiel de la Bourse du
travail a publié, dans son récent nu
méro la phrase abominable que
voici :
Les journaux bourgeois déplorent la perte
de dix-sept offioiers depuis le commence
ment de la campagne du Dahomey.
Il n'y a pas de quoi I
Le Siècle, qui rapporte le fait, de
mande à juste titre si clest « pour en
tretenir ces sentiments de haine con
tre les officiers de l'armée que la ville
de Paris entretient si largement l'insti
tution de la Bourse du travail, et
pense à en multiplier les succursa
les ? »
En effet le Bulletin cité ci-dessus
est publié « sous le contrôle de la com
mission exécutive d'administration »
de la Bourse du travail, ainsi qu'il
l'indique lui-même,et tous les ans, la
ville de Paris accorde à ladite Bourse,
pour son fonctionnement, une sub
vention qui n'est pas inférieure à
50.000 francs. Il y a quelques jours,
le conseil municipal votait encore
une somme supplémentaire de
3.000 francs pour les huissiers de la
même Bourse.
Il y aura donc lieu d'adresser de
ce chef une interpellation,au futur mi
nistère qui nous dira ce qu'il compte
faire pour mettre un frein à ces in
famies.
En vérité, il n'est que temps ! Quand
nos officiers ont,avec tant d'héroïsme,
versé leur sang au loin pour une cause
aussi noble que celle qui vient de
triompher au Dahomey, c'est bien_ le
moins qu'on protège à leur mémoire
contre les viles insultes d'éméùtiers
qui, rêvant d'instituer en France une
-■barbarie nouvelle, se font ainsi v à dis
tance, les.lâches complices du féroce
Behanzin ! -,
A uguste R oussel.
La Semaine Catholique de Luçon pu
blie la note suivante sur le récent
voyage à Rome de Mgr Catteau, qui a
été reçu en audience particulière par
le Souverain Pontife le 14 novembre :
Monseigneur a pu s'entretenir longue
ment avec le Souverain Pontife. Avec le
souvenir des témoignages de confiance et
de bonté dont le Saint-Père l'a honoré, il
garde de l'entrevue cette conviction intime
que Léon XIII aime beaucoup la France,
qu'il y suit avec une grande sollicitude, et
non sans tristesse, toutes les phases de la
lutte religieuse, fondant toujours des espé?
rances sur notre cher pays, ardent au mal,
mais aussi très puissant pour le bien.
Au cours de cet entretien, Mgr Catteau; .
sur la recommandation de Mgr l'évêque de
Nantes, a remercié Sa Sainteté de la béné
diction spéciale qu'elle avait daigné en.-
voyer, quelques jours auparavant, à ce vé
nérable prélat,, auquel on administrait le
sacrement de l'extrême-onction. Le Pape
a été très sensible à .ce souvenir, et il a
prié Monseigneur d'adresser, le jour même,,
un télégramme à Mgr Leooq, pour lui*-
exprimer ses vœux et lui transmettre une
nouvelle bénédiction.
A la fin de l'audience, M. l'abbé Chabot,
qui accompagnait Sa Grandeur, a pu se
présenter devant le Saint-Père, échanger
avec lui quelques paroles et reoevoir sa
précieuse bénédiction.
En revenant dans son diocèse, après
avoir terminé les affaires qui l'appelaient
à Rome, Monseigneur s'est arrêté à Lour
des, où il avait été privé de conduire cette
année le pèlerinage diooésain. Il s 1 y trou
vait le lundi 21 novembre, fête de la Pré
sentation, pour y célébrer le quinzième
anniversaire de sa consécration épisoopale.
Dahomey
Nous recevons communication de la
note officieuse suivante :
D'après une dépêche du général Dodds
parvenue aujourd'hui au ministère de la ma
rine, Wyddah a été occupé lô 3 décembre
par des marins débarqués et des troupes
d'infanterie de marine.
. L'accueil de la population a été très sym
pathique; le drapeau national flotte sur le
fort français.
Il va être prooédé à l'ocoupation d 'Abo-
mey-Calavi et de Godomey.
Gette dépêohe confirme le télégramme
que nous a adressé hier notre correspondant
particulier.
Le Congrès Eucharistique
a jérusalem
Nous recevons communication de la
lettré suivante, adressée à M. de Pel-
, lerin, secrétaire du Congrès Eucha
ristique, par le P. Michel, des Pères
blancs, supérieur du petit séminaire
de Saint-Eugène à Alger :
petit séminaire Alger, 30 novembre 1898.
de saint - eugène
(près Alger.)
Monsieur,
Malgré la profonde douleur dans la
quelle nous plonge tous ici la mort si sou
daine de notre très vénéré fondateur et
père, S. Etn. le cardinal Lavigerie, je ne
veux pas larder davantage à remplir au
près de vous une mission dont il avait
daigné me charger trois jours seulement
avant le coup fatal qui l'a ravi à ses oeuvres
et à l'affection de ses enfants.
. Son Eminence avait grandement à cœur
l'œuvre à laquelle vous consacrez actuelle
ment tout votre zèle. Il suivait avec le plus
vif intérêt et Ja plus ardente sympathie tout
ce qui concerne le futur congrès de Jérusa
lem, dont il espérait beaucoup pour le re
tour de l'Orient à l'unité catholique.
A différentes reprises déjà, Son Emi
nence avait daigné m'entretenir et me com-
muuiquer, au sujet de cette pieuse assem
blée, ses pensées et ses espérances.
Sa santé ne lui permettant pas de vous
donner lui-même une coopération directe,
il n'épargnait rien pour exciter ceux de ses
enfants qui le peuvent à répondre à votre
appel.
Il a voulu faire quelque chose de plus
encore, et le 23 novembre, m'ayant appelé
auprès de lui, il m'a remis la somme de
mille frdncs pour vous la faire parvenir,
afin de contribuer par ce moyen à là tenue
du congrès.
Je n'oublierai jamais les paroles que ce
vénéré père m'adressa à cette occasion : ce
sont les dernières que j'ai entendu sortir
de sa bouohe. Je suis heureux de vous les
communiquer, oar elles se rapportent ex
clusivement à votre œuvre.
« Mon cher enfant, » mé dit le vénérable
cardinal en me remettant la somme qu'il
vous destinait, « j'ai consacré les débuts de
« ma carrière apostolique à l'Orient et je
« veux en consacrer la fin. car je m'en vais t
« au retour de l'Orient à l'unité catholique,
« en m'associaut, autant qu'il m'est possi-
« ble de le faire, à l'œuvre du congrès eu-
« charistique de Jérusalem, en union de
« vues et de sentiments aveo le Souverain
« Pontife Léon XIII.
« Je ne puis y prendre part autrement
« que par cette aumône que je lui destine,
« c'est à mes enfants à me suppléer pour
a le reste. Je leur laisse mon amour pour
« l'Orient, comme un héritage précieux
« qu'ils seront heureux, je le sais, d'e re-
« cueillir. »
El comme je pris la liberté de lui faire
part de l'espérance que j'avais de le voir
nous diriger longtemps encore dans cette
If* 8982. —- Edition quoîidienil»
Mercredi 7 Décembre 1892
ÉDITION QUOTIDIENNE
ÉDITION SEMI-QUOTIDIENNE
Un AU' » e •
Six mois . «
Trois mois.
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ht départements
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UN NUMÉRO) SSiUmén.;'.
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L 'UNIVERS ïe,répond pas des manuscrits pi lai sont adressés
,ANNONCÉS V
MM. LAGRANGE, CERF et C' e , 6, place de la Bourse ^
FRANCÊ
PARIS, 6 DECEMBRE 1892
Au moment où l'on s'y attendait le
moin3, la crise ministérielle s'est
trouvée brusquement terminée... par
un replâtrage. On trouvera plus loin
la composition du nouveau cabinet.
C'est l'ancien ministère avec quelques
modifications. MM V Ricard et Jules
Roche disparaissent et font place à
MM. Dupuy et Siegfried; M. Bour
geois prend la justice ; M. Loubet
réunit les cultes à l'intérieur et passe
la présidence du conseil à M. Ribot.
Qu'est-ce > que cela durera?
Après-demain nous aurons la décla
ration du nouveau cabinet, et on verra
quel sera l'accueil de la Chambre. Le
ministère aura pour lui l'approche de
la trêve des confiseurs, et des vacan
ces., qu'il faut sauvegarder. Il n'aura
guère que cela.
Quoique très courte, la séance du
Sénat n'a pas été sans intérêt. Un en
fant terrible, M. le meunier Girault
(du Cher), a déposé une proposition
analogue à célle de M. Pourquery de
Boisserin, en réclamant l'urgence. Le
Sénat s'est eàipressé de repousser
l'urgence : il est fort hostile à toute en
quête, et les révélations apportées con
tre MM. Hébràrd, Léon Renault et
Albert Grévy ne sont pas pour l'y ren
dre favorable.
A la Chambre de3 députés, on a va
lidé sans discussion l'élection de
M. Alicot; M. Letellier a demandé la
publication des procès-verbaux de là
commission d'enquête ; la proposition
a été repoussée, sur l'opposition de
M. Brisson. M. Pourquery de Boisse
rin, qui est tenace, a déposé une nou
velle proposition au sujet de la com
mission d'enquête. Cette fois, il a ob
tenu l'urgence. La commission sera
nommée jeudi.
Gomme il n'y avait pas encore de
ministère, la séance a été levée.
A la commission d'enquête, les dé-
Eositions et révélations ont continué ;
ier on a entendu MM. Hébrard et
Albert Grévy : leurs explications n'ont
pas eu de succès.
M. le comte TaafTe se trouve en
présence d'une nouvelle difficulté ;
M. de Plener l'a attaqué au sujet de
la dissolution d'un conseil municipal
de Bohême qui était d'un germa
nisme incandescent. Le président du
conseil a répondu, mais la discussion
n'est pas terminée. Sur • cette ques
tion, les libéraux n'auront sans doute
pas l'appui des jeunes-tchèques.
L'adresse italienne en réponse au
discours du trône a été votée après
une courte discussion. Gela ne veut
pas dire que les embarras du ministère
Giolitti soient terminés.
Nous avons un nouveau ministère.
C'est le même. M. Loubet y reste. Il
prend les cultes, mais il perd la pré
sidence du conseil, qui passe à M. Ri
bot.
On connaît M. Ribot. Par nature et
sous le rapport des idées, il est peut-
être plus modéré encore que M. Lou
bet. Mais l'intempérance de son am
bition n'a d'égale çiue la faiblesse de
son caractère. Aussi, plus modéré que
son prédécesseur, ira-t-il cependant
plus loin, s'il le faut. M. Loubet, au
milieu de ses effarements, pouvait
avoir une révolte d'honnête homme ;
M. Ribot,point. Le premier a beaucoup
cédé aux radicaux ; le second est prêt
à leur céder bien davantage encore.
Par exemple, même lorsqu'il capitu
lera le plus honteusement, comme il
restera digne, guindé, majestueux !
Sous ce rapport, M. Ribot n'a pas son
pareil.
M. Siegfried entre au ministère du
commerce, d'où s'en va M. Jules Ro
che. C'est une utilité qui en remplace
une autre.
M. Charles Dupuy succède à
M. Bourgeois au ministère de l'ins
truction publique et des beaux-arts. Il
ne faut pas confondre M. Charles Du
puy avec M. Dupuy-Dutemps, le sec
taire qui propose la suppression des
évêchés soi-disant non concorda
taires. M. Charles Dupuy, plus mo
déré d'allures, siège sur des bancs
moins avancés que son collègue et
presque homonyme. Mais n'allez pas
croire pour cela que le choix de
M. Charles Dupuy n'est pas un mau
vais choix. Le nouveau ministre est
un universitaire renforcé ; les catholi
ques ne doivent pas attendre mieux
de lui que de son prédécesseur.
Ce prédécesseur, M. Bourgeois ,
qu'est-il devenu? M. Ribot aurait-il
écarté ce radical? Vous n'y pensez
point. M. Ribot, se séparer d'un ra
dical ! Jamais ! Si l'indispensable
M. Bourgeois quitte l'instruction
publique, c'est pour entrer à la Jus
tice. Il n'est plus grand-maître de
l'Université ; mais le voici garde des
sceaux. , . ,,
Et M. Ricard, alors? Oh! celui-là,
on l'a mis de côté. M. Ribot a eu ce
courage, parce que tout le monde lui
demandait énergiquement de l'avoir.
M. Ribot est capaole de ces coura-
ges-là. M. Ricard, donc, est à pied.
C'est pour longtemps. Et voilà tout
de meme une justice qui est faite !
Il est par terre, ce Ricard, qui se flat
tait si insolemment de mater l'E
glise, aux applaudissements de toutes
les gauches. Nous l'avons entendu.
Gomme il se croyait certain de la
victoire ! Un homme de sa valeur,
n'était-il pas sûr de l'emporter?... En
six mois, fini, Ricard ! Piteusement,
le triomphateur s'effondre et dispa
raît, dans une huée générale.. Ses col
lègues se débarrassent de lui, agis
sant avec ce présomptueux qui pen
sait être leur , véritable chef comme
on agit avec un parasite compromet?-
tant, et l'opération faite, ils rentrent
au pouvoir.
A ce titre, le dénouement de la
crise ne saurait nous déplaire.
P ierre V euillot.
Voici que l'on s'occupe de nouveau
des pouvoirs qui doivent être confé
rés à la commission d'enquête. L'au
tre semaine, tout de suite après, le
vote qui a organisé ce contrôle inso
lite, le règlement de . la procédure
semblait . un surcroît d'émotions
désagréables et un excès périlleux
du remue-ménage parlementaire; en
laissant la question indécise, on vou
lait sé persuader que les choses s'ar
rangeraient d'elles-mêmes. Il y faut
bien venir cependant. Soùs peine de
voir là commission s'arrêter impuis
sante devant la résistance de la ma
gistrature ordinaire, -on doit penser
aux pouvoirs dont disposeront les
députés transformés: en juges. La
mesure réclamée par M. Pourquery
de Boisserin reparaît donc à l'ordre
du jour; et hier la Chambre a pro
noncé l'urgence en faveur de cette
proposition, plus ou moins modifiée.
Le député d'Avignon demande que
les commissaires enquêteurs puissent
déférer le serment ; faire punir le re
fus de serment, le faux témoignage
et la dénonciation calomnieuse ; s'ad
joindre un juge d'instruction chargé
d'opérer des saisies et de perquisition
ner ; requérir communication de toute
procédure correctionnelle ou crimi
nelle, suivie ou non de jugement.
Jeudi, la Chambre désignera daiis
les bureaux une commission (encore!)
pour examiner le texte qui sera en
suite discuté et probablement voté.
Puis, le Sénat sera invité à donner
son approbation, pour laquelle sans
doute il se fera un peu prier.
Où va-t-on ainsi? Les moins timides
s'interrogent avec inquiétude. Bientôt
la nef du gouvernement voguera dans
l'inconnu, poussée par le vent capri
cieux du scandale.
M. Pontois voulait la jeter immédia
tement en plein hasard au moyen,
non pas d'une loi, mais d'une simple
« proposition de résolution », comme
s'il se fût agi d'une réforme d'ordre
intérieur relative à la procédure par
lementaire , à la consigne de la
Chambre, à l'éclairage et au balayage;
ces deux derniers termes entendus
dans le sens de la besogne domestique.
Les gardiens de la Constitution en ont
tressailli. M. Floquet a, de sa seule
autorité, enlevé la parole à M. Pontois.
L'angoisse ressentie a fait également
rejeter au loin une motion développée
par M. Goujon et tendant à mettre à
l'abri de toutes poursuites judiciaires
les dépositions écrites ou verbales;
mais rien ne garantit que cette mesure
ne sera pas acceptée la semaine pro
chaine.
Le compte rendu des dépositions à
d'ailleurs, dans la séance d'hier en
core, donné lieu à un débat. Il est pu
blié d'après le réeit que font les com
missaires enquêteurs, sous leur res
ponsabilité personnelle, en causant
avec les journalistes. M. Letellier vou
lait un compte rendu officiel. Cette
innovation a été repoussée, conformé
ment à l'avis exprimé par M. Brisson
et motivé par des raisons diyerses.
M. de Douville-Maillefeu a profité de
la circonstance pour déclarer que les
résumés officiels sont toujours pleins
de mensonges !
Un incident très pénible s'est pro
duit pendant que le lugubre président
de la commission était à la tribune.
M. du Breuil de Saint-Germain, mem
bre de la droite constitutionnelle, a
soudain été pris d'un violent malaise
nerveux et s'est affaissé en gémissant.
Ses voisins et plusieurs des nombreux
médecins qui sont ses collègues se sont
précipités vers lui. En attendant qu'on
pût le transporter au dehors , sur
une civière, on J'a couché sur son
banc. Ce pénible spectacle, pendant
lequel la séance était naturellement
suspendue, a duré près d'un quart
d'heure. L'indisposition de l'honorable
et sympathique député n'aura heureu
sement pas de conséquences dange
reuses.
A quatre heures, la Chambre se
donnait des vacances jusqu'à jeudi,
puisqu'elle ne pouvait discuter le bud
get, puisqu'il n'y avait plus de mi
nistère, puisque la crise a l'air d'en
vahir la sphère nébuleuse où siège le
président de la République.En somme,
plus de gouvernement; et des législa
teurs dont l'occupation unique était
d'attendre l'arrêt d'un tribunal établi
pour juger leur honneur. Qui est-ce
qui comparaît? Qui est-ce qui est
« pincé » ? Quel est le scandale du
jour? Quelle révélation se prépare
pour demain ? C'était tout ce qui se
disait. On n'a jamais vu cela nulle
part.
Ce matin, à la surprise générale, un
ministère est constitué avec les débris
de l'ancien. Il aura deux jours pour
faire provision d'idées et d'énergie ;
ce qui pourrait n'être pas suffisant.
E ugène T avkrnier.
kes journaux ont une place, et même
elle est large, dans l'affaire du Pa
nama. Plusieurs témoins déjà ont
parlé de ce que la presse, prise en
bloc, avàit touché, ët l'on a donné
aussi des chiffres particuliers au sujet
de diverses feuilles et de divers jour
nalistes. La plupart des intéressés ont
fait entendre des réclamations quel
conques. Céux-ci ont contesté sur les
chiffres et ceux-là sur le fond même.
Le directeur du Gaulois a posé la ques
tion autrement. Après avoir affirmé
le droit des journaux de faire payer
leur publicité, droit qui, d'ailleurs,
n'était pas contesté, il a résolu d'inten
ter un procès à M. Rossignol, expert
judiciaire, coupable, dit-il, d'avoir
porté préjudice à son journal en lui
attribuant une somme inférieure à
celle qu'il a reçue.
Il faut reconnaître qu'au point de
vue commercial les chiffres de l'ex
pert. étaient fâcheux pour le Gaulois,
puisqu'ils présentaient sa publicité
comme valant 25 ou 30 fois moins
que ^celle du Figaro. Cependant le
procès paraît étrange. Nous verrons
si les juges estiment qu'il y ait là
matière à. dommages-intérêts..
De ce procès et de l'enquête, qui.
n'est pas close et ne peut pas l'être
avant que toutes les fouilles soient ter
minées, on devra tirer une étude sur
l'organisation financière delà presse.
Que celle-ci ait touché de l'argent à
l'occasion des émissions du Panama,
c'est sûr et c'était connuy puisque les
journaux, par la force des choses; et
c'est regrettable, sont des instruments
de publicité. Otez-leur cette ressource
et, dan3 les conditions actuelles de la
presse, la plupart d'entre eux devraient
cesser de paraître. Il en est ainsi sur
tout pour la grande presse parisienne.
Mais , pour le fond et la forme,
il y a publicité et publicité. La
question est d'apprécier celle qui a été
faite et comment elle l'a été. Il faut
voir si la somme versée correspond
au service rendu, et aussi quel était ce
service.
Autre chose, par exemple, est de re
produire un document, autre chose de
donner en belle place, sous forme d'ar
ticle de la rédaction, quelque réclame
développée ët d'autant mieux payée
qu'elle est moins sûre. Et comment
admettre qu'outre la somme allouée
au journal, et entrant dans la caisse
sociale, il y en ait une pour le direc
teur ou le rédacteur en chef ? D'après
un témoin, cela ne serait pas sans
exemple. Nous verrons ce qu'en dira
l'enquête. Pour le moment, mais pas
pour longtemps, on peut s'en tenir b
noter qu'au sujet des choses de la
presse . l'affaire du Panama ne sera
pas sans enseignements.
E ugène V euillot.
Toute penaude, la Gazette retire à
peu près et maintient également à peu
près le démenti qu'elle nous a donné
à propos de cet air de la Parisienne
joué avec tant de succès a.u banquet
de Montauban. Voici in extenso son
article :
encokb la. « parisienne »
Au lendemain du banquet de Montau
ban, le Gaulois publiait un récit où se trou
vait le passage suivant :
- C'est au milieu d'une affluence énorme que
M. le comte d'Haussonville, accompagné parles
membres du comité d'organisation, est arrivé
ail château de Chambord, a six heures préoises.
Il porte, aveo la Rose de France, le ruban de
la Légion d'honneur. Il est acoueilli par dos
acclamations enthousiastes, aux cris répétés
de : « Vive le roi 1 vive la France 1 » La fanfare
joue la Parisienne et les applaudissements re
doublent.
Divers journaux reproduisent, sans la
contrôler, cette information.
Deux jours après, les organes de Tou
louse et de Monlaubàn démentaient ce
récit.
Il y a quelques jours VUnivers reprenait
pour son compte cette information ; nous
avons reproduit le nouveau démenti de
Y Express du Midi et du Ralliement.
L' Univers prétend que l'on affecte de
confondre les mots : jouer et chanter.
Aucune confusion n'est possible, puisque
c'est au récit même du Gaulois que s'ap
pliquait la reotiQcalion des journaux roya
listes de la région.
Nous étions, pour notre part, présent au
banquet ; nous avons revu et interrogé plu
sieurs des assistants, et leurs souvenirs
comme les nôtres s'accordent pour confir
mer la note rectiQoative publiée dans
Y Express de Toulouse et visant le récit du
Gaulois. — Ch. D.
Que cela est donc tortueux !
La Gazette cite le Gaulois, mais ne
dit rien du Moniteur Universel, dont
nous avons donné un texte concluant,
et rien noçi plus de la Gazette elle-
même,qui cependant a parlé : aurait-
elle ce jour-li eu la langue trop
longue?
Et n'insinue-t-elle pas que le Gau
lois a j aboté sur des ouï-dire ?
Non, le Gaulois n'a pas rapporté des
ouï-dire. Il était là.
Non, le Moniteur Universel n'a pas
répété des propos en l'air. II était là,
et il y était à titre officiel, avec plu
sieurs paires d'oreilles. Nul ne peut
douter qu'il ait bien entendu. C'est
pourquoi la trop habile Gazette ne rap
porte pas ce qu'il a dit et feint même
d'ignorer que nous l'avons cité. •
Et de quelle façon effacée, inquiète,
elle produit son propre témoignage :
elle a interrogé de ci et de là, et les
uns et les autres lui ont dit qu'elle
devait se bien souvenir, en ne se sou
venant avec pleine sûreté de rien.
Elle bégaie un non-sens à propos du
mot chanté, qu'elle et les siens ont
substitué au mot joué. Peine perdue !
chacun comprend que cette substitua
tion a été faite parce qu'elle donnait
prétexte à un démenti.
Et le fruit de: ces équivoques, le
voici : il est manifeste maintemant
que le banquet royaliste et légitimiste
de Montauban s'est ouvert par une
adhésion joyeuse à la révolution de
1830.
C'est l'enterrement par les monar
chistes « modernes » de là monarchie
chrétienne.
Ce vieux et noble parti royaliste, le
voilà donc définitivement orléanisé!
Il méritait de mieux finir.
Fidèle à l'équivoque, la Gazette pré
tend qu'en disant à M. de Vanssay :
vous « ancien" secrétaire du dernier
vrai roi de France », vous « catholique
pratiquant », devriez-vous être dans la
voie où vous êtes? nous avons dit que
lé comte de Paris ne pratiquait pas sa
religion.
Rien dans notre article n'appelle
pette interprétation libérale et bis
cornue; mais qu'importe à la Gazette
et aux feuilles qui, bien vite, lui ont
fait écho?
Ces feuilles et leur chef de file sa
vent parfaitement d'ailleurs que sou
vent, ici, nous avons rendu hommage
à la foi pratique de Monsieur le comte
de Paris. Cet hommage, nous le re
nouvelons de nouveau très volontiers,
mais en y ajoutant une observation
déjà faite plusieurs fois : comme
homme, le prince paraît un sincère
catholique, et nous le croyons tel sur
de bons témoignages ; comme préten
dant au trône, ni ses travaux d'écri
vain, ni ses actes politiques, ni ses
manifestes, ni le personnel dont il
s'entoure ne permettent d'espérer qu'il
puisse et veuille établir en France le
pouvoir chrétien. Il serait, dans la
mesure çù le temps le comporte, le
second roi de la Parisienne, comme
en voudraient être les ministres son
représentant d'hier, M. Boeher, qui
l'a chantée, et son représentant d'au
jourd'hui, M. d'Haussonville, qui,
faute de voix peut-être, se borne à la
faire jouer.
E ugène V euillot.
— .... .
La Crise ministérielle
Nous avons un ministère, grâce à
un replâtrage. L'ancien cabinet reste
allégé de MM. Ricard et Jules Roche,
renforcé d3 MM. Dupuy (de la Haute-
Loire) et Siegfried. M. Bourgeois, qui
est décidément propre à tout, devient
ministre delà justice; seulement on ne
lui donne pas les cultes,dont il abuse
rait peut-être plus encore que M. Ri
card. C'est M. Loubet qui les prend;
celui-ci n'est plus que ministre de
l'intérieur et des cultes ; il passe la
présidence du conseil à M. Ribot.
Voici donc la constitution du nou
veau ministère :
Présidence du conseil
gères MM
Intérieur et cultes.
Justioe
Instruction publique
Finances
Guerre
Marine
Travaux publios.. .
Ctbinmerce.. ....
Agriculture
Sous-secrétariat des
colonies. .....
ot affaires étràn-
. Ribot
Loubet
Bourgeois
Charles Dupuy
(Haute-Loire)
Rouvier
De Freycinet
Burdeau
Viette
Siegfried
Develle
Jamais
Le ministère débuterait jeudi par
une déclaration.
M. Ribot devenant président du
conseil, son rêve depuis de longues
années, cela donne une certaine im
portance aux déclarations du Journal
dés Débats. Voici donc, dans son in
tégralité, la note que ce journal pu
blie sous ce titre : Le Nouveau Minis
tère.
On vient de lire la composition du nou
veau ministère. Il nous reste à faire con
naître dans quelles conditions la combinai
son tentée par M. Ribot a abouti, et à don
ner quelques détails sur la situation des
nouveaux membres du gouvernement.
On se souvient que, au cours dss démar
ches qu'il avait faites pendant toute la jour
née de dimanche, M. Develle avait été
amené à exprimer h M. Loubet le désir du
président de la République de s'entretenir
avec lui de la situation et des moyens de
mettre tin à la crise.
Le président du conseil démissionnaire,
déférant à ce désir, se rendit hier malin à
l'Elysée ; mais, contrairement à ce que l'on
pouvait attendre, il ne fut pas chargé de
former le cabinet.
A cinq heures et demie de l'après-midi,
M. Carnot fit appeler M. Ribot et lui offrit
la mission de constituer le nouveau.minis
tère. M. Ribot demanda au président de la
République quelques heures pour consulter
ses amis, s'engageant à revenir dans la soi
rée faire connaître sa réponse définitive au
chef de l'Etat.
En effet, M. Ribot, après divers pour
parlers, se rendit à anze heures à l'Elysée
et soumit à M. Carnot la liste des nouveaux
ministres. Cette liste fut approuvée; les
décrets de nomination ne paraîtront que
mercredi matin au Journal Officiel, à cause
dé l'heure avancée où la combinaison a été
arrêtée.
On verra que le nouveau ministère com^
prend les mômes membres que l'ancien, à
l'exception de deux : MM. Jules Roche et
Ricard.
Les deux nouveaux ministres sont
MM. Siegfried et Charles Dupuy. Tous
deux sont , députés depuis 1885. M. Sieg
fried représente le département de la Seine-
Inférieure. Il est anoien maire du Havre, et
négociant dans cette ville. M. Charles Du
puy, anoien vice-recteur en Corse, repré
sente la: Haute-Loirs. Il est depuis plu
sieurs années rapporteur du budget de
l'instruction publique. Ni M. Siegfried, ni
M. Dupuy n'ont jamais fait partie du gou
vernement. Ils sont de la nuance Union ré
publicaine.
Bien que le décret portant nomination
du sous-secrétaire d'Etat aux colonies ne
paraisse pas. en même temps que ceux
nommant les ministres, on considère
comme définitif, le maintien dans ses fonc
tions actuelles de M. Jamais.
On remarquera que tous les ministres
maintenus en fonctions conservent les
Sostes qu'ils avaient dans,l'ancien cabinet.
l'exception de M. Bourgeois qui passe
de l'instruction publique & la justice.
Les ministres se réuniront, cette après-
midi, en conseil de cabinet, au ministère
affaires étrangères, sous la présidence de
M. Ribot, pour arrêier les termes.de la dé
claration qui sera lue jeudi aux Chambres.
Ils se rendront ensuite à l'Elysée, où M. Ri
bot les présentera au président de là Ré
publique.
Voici les renseignements donnés
par Y Agence Havas sur les derniers
incidents de la crise ministérielle :
M. Ribot a vu cette après-midi MM. Lou
bet et Bourgéois. Il s'est ensuite rendu à
l'Elysée.
M. Carnot lui a demandé de vouloir bien
se charger de la formation du cabinet.
M. Ribot lui a répondu que son dévoue
ment comme ministre lui était tout acquis.
Il a ajouté qu'en ce qui concernait la oharge
de constituer le oabinet, il demandait quel
ques heures dè réflexion. Il a promis au
président de la République dë lui rendre sa
réponse définitive dans la soirée.
M. Ribot, en sortant du palais de l'Elysée,
a continué ses démarches.
M. Ribot s'est rendu à l'Elysée ce
soir à onze heures. Il a annoncé à M. le
président de la République qu'il acceptait
définitivement la mission de former le nou
veau oabinet.
— M. Ribot a conduit aveo la plus grande
promptitude les négociations relatives & la
formation du nouveau cabinet.
Il s'est assuré dès ce soir tous les con
cours qui lui étaient nécessaires.
Les décrets portant composition du mi
nistère paraîtront après-demain mercredi
au Journal Officiel.
— Les nouveaux ministres sè réuniront
oe soir à cinq heures, à l'Elysée, sous !a
présidence de M. Carnot, M.| Ribot les lui
présentera.
Ils discuteront ensuite les termes de la
déclaration ministérielle qu'ils présenteront
au Parlement.
Le Temps publie la note suivante,
qui nous semble assez curieuse :
Disons que c'est sur l'indication même
de Mi Bourgeois que M. Develle avait été
appelé par le président de la République.
Après avoir déoliné les offres successives
de MM. Brisson et Casimir-Perier, M.
Bourgeois ne pouvait, ainsi qu'il l'a dit,
accepter la mission de former un oabinet
sans, s'exposer à être accusé d'avoir empê-
ohé des combinaisons dans un intérêt per
sonnel.
Aussi avait-il cru devoir désigner M. Da-
velle à M. Carnot.
De cette note, quelque peu énigma-
tique, que faut - il conclure ? Que
M. Bourgeois a décliné l'offre que
M. Carnot lui faisait de se charger de
former un cabinet? Ou que, vexé de
ne pas avoir reçu cette offre, il essaye
de dissimuler son mécontentement
sous les explications entortillées que
le Temps a complaisamment endos
sées ?
Le Bulletin officiel de la Bourse du
travail a publié, dans son récent nu
méro la phrase abominable que
voici :
Les journaux bourgeois déplorent la perte
de dix-sept offioiers depuis le commence
ment de la campagne du Dahomey.
Il n'y a pas de quoi I
Le Siècle, qui rapporte le fait, de
mande à juste titre si clest « pour en
tretenir ces sentiments de haine con
tre les officiers de l'armée que la ville
de Paris entretient si largement l'insti
tution de la Bourse du travail, et
pense à en multiplier les succursa
les ? »
En effet le Bulletin cité ci-dessus
est publié « sous le contrôle de la com
mission exécutive d'administration »
de la Bourse du travail, ainsi qu'il
l'indique lui-même,et tous les ans, la
ville de Paris accorde à ladite Bourse,
pour son fonctionnement, une sub
vention qui n'est pas inférieure à
50.000 francs. Il y a quelques jours,
le conseil municipal votait encore
une somme supplémentaire de
3.000 francs pour les huissiers de la
même Bourse.
Il y aura donc lieu d'adresser de
ce chef une interpellation,au futur mi
nistère qui nous dira ce qu'il compte
faire pour mettre un frein à ces in
famies.
En vérité, il n'est que temps ! Quand
nos officiers ont,avec tant d'héroïsme,
versé leur sang au loin pour une cause
aussi noble que celle qui vient de
triompher au Dahomey, c'est bien_ le
moins qu'on protège à leur mémoire
contre les viles insultes d'éméùtiers
qui, rêvant d'instituer en France une
-■barbarie nouvelle, se font ainsi v à dis
tance, les.lâches complices du féroce
Behanzin ! -,
A uguste R oussel.
La Semaine Catholique de Luçon pu
blie la note suivante sur le récent
voyage à Rome de Mgr Catteau, qui a
été reçu en audience particulière par
le Souverain Pontife le 14 novembre :
Monseigneur a pu s'entretenir longue
ment avec le Souverain Pontife. Avec le
souvenir des témoignages de confiance et
de bonté dont le Saint-Père l'a honoré, il
garde de l'entrevue cette conviction intime
que Léon XIII aime beaucoup la France,
qu'il y suit avec une grande sollicitude, et
non sans tristesse, toutes les phases de la
lutte religieuse, fondant toujours des espé?
rances sur notre cher pays, ardent au mal,
mais aussi très puissant pour le bien.
Au cours de cet entretien, Mgr Catteau; .
sur la recommandation de Mgr l'évêque de
Nantes, a remercié Sa Sainteté de la béné
diction spéciale qu'elle avait daigné en.-
voyer, quelques jours auparavant, à ce vé
nérable prélat,, auquel on administrait le
sacrement de l'extrême-onction. Le Pape
a été très sensible à .ce souvenir, et il a
prié Monseigneur d'adresser, le jour même,,
un télégramme à Mgr Leooq, pour lui*-
exprimer ses vœux et lui transmettre une
nouvelle bénédiction.
A la fin de l'audience, M. l'abbé Chabot,
qui accompagnait Sa Grandeur, a pu se
présenter devant le Saint-Père, échanger
avec lui quelques paroles et reoevoir sa
précieuse bénédiction.
En revenant dans son diocèse, après
avoir terminé les affaires qui l'appelaient
à Rome, Monseigneur s'est arrêté à Lour
des, où il avait été privé de conduire cette
année le pèlerinage diooésain. Il s 1 y trou
vait le lundi 21 novembre, fête de la Pré
sentation, pour y célébrer le quinzième
anniversaire de sa consécration épisoopale.
Dahomey
Nous recevons communication de la
note officieuse suivante :
D'après une dépêche du général Dodds
parvenue aujourd'hui au ministère de la ma
rine, Wyddah a été occupé lô 3 décembre
par des marins débarqués et des troupes
d'infanterie de marine.
. L'accueil de la population a été très sym
pathique; le drapeau national flotte sur le
fort français.
Il va être prooédé à l'ocoupation d 'Abo-
mey-Calavi et de Godomey.
Gette dépêohe confirme le télégramme
que nous a adressé hier notre correspondant
particulier.
Le Congrès Eucharistique
a jérusalem
Nous recevons communication de la
lettré suivante, adressée à M. de Pel-
, lerin, secrétaire du Congrès Eucha
ristique, par le P. Michel, des Pères
blancs, supérieur du petit séminaire
de Saint-Eugène à Alger :
petit séminaire Alger, 30 novembre 1898.
de saint - eugène
(près Alger.)
Monsieur,
Malgré la profonde douleur dans la
quelle nous plonge tous ici la mort si sou
daine de notre très vénéré fondateur et
père, S. Etn. le cardinal Lavigerie, je ne
veux pas larder davantage à remplir au
près de vous une mission dont il avait
daigné me charger trois jours seulement
avant le coup fatal qui l'a ravi à ses oeuvres
et à l'affection de ses enfants.
. Son Eminence avait grandement à cœur
l'œuvre à laquelle vous consacrez actuelle
ment tout votre zèle. Il suivait avec le plus
vif intérêt et Ja plus ardente sympathie tout
ce qui concerne le futur congrès de Jérusa
lem, dont il espérait beaucoup pour le re
tour de l'Orient à l'unité catholique.
A différentes reprises déjà, Son Emi
nence avait daigné m'entretenir et me com-
muuiquer, au sujet de cette pieuse assem
blée, ses pensées et ses espérances.
Sa santé ne lui permettant pas de vous
donner lui-même une coopération directe,
il n'épargnait rien pour exciter ceux de ses
enfants qui le peuvent à répondre à votre
appel.
Il a voulu faire quelque chose de plus
encore, et le 23 novembre, m'ayant appelé
auprès de lui, il m'a remis la somme de
mille frdncs pour vous la faire parvenir,
afin de contribuer par ce moyen à là tenue
du congrès.
Je n'oublierai jamais les paroles que ce
vénéré père m'adressa à cette occasion : ce
sont les dernières que j'ai entendu sortir
de sa bouohe. Je suis heureux de vous les
communiquer, oar elles se rapportent ex
clusivement à votre œuvre.
« Mon cher enfant, » mé dit le vénérable
cardinal en me remettant la somme qu'il
vous destinait, « j'ai consacré les débuts de
« ma carrière apostolique à l'Orient et je
« veux en consacrer la fin. car je m'en vais t
« au retour de l'Orient à l'unité catholique,
« en m'associaut, autant qu'il m'est possi-
« ble de le faire, à l'œuvre du congrès eu-
« charistique de Jérusalem, en union de
« vues et de sentiments aveo le Souverain
« Pontife Léon XIII.
« Je ne puis y prendre part autrement
« que par cette aumône que je lui destine,
« c'est à mes enfants à me suppléer pour
a le reste. Je leur laisse mon amour pour
« l'Orient, comme un héritage précieux
« qu'ils seront heureux, je le sais, d'e re-
« cueillir. »
El comme je pris la liberté de lui faire
part de l'espérance que j'avais de le voir
nous diriger longtemps encore dans cette
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