Titre : L'Univers
Éditeur : L'Univers (Paris)
Date d'édition : 1892-12-05
Contributeur : Veuillot, Louis (1813-1883). Rédacteur
Contributeur : Veuillot, Pierre (1859-1907). Rédacteur
Contributeur : Veuillot, François (1870-1952). Rédacteur
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Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 05 décembre 1892 05 décembre 1892
Description : 1892/12/05 (Numéro 8980). 1892/12/05 (Numéro 8980).
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse Collection numérique : Bibliographie de la presse
Description : Collection numérique : BIPFPIG44 Collection numérique : BIPFPIG44
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k7079038
Source : Bibliothèque nationale de France
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 06/02/2011
Lundi 5 Décembre 1802
ÉDITIO N QUOTID IENNE
PARIS ÉTRANGER
«t dêpartembnï8 (linion postall)
Un an ... . „ . 65 » 66 »
Six mois ..... 28 50 34 »
Trois mois. ... 15 » 18 »
s «bonnement» parten t des 1 « et 46 de chaque mol*»
UN NUMÉRO f Paris . 18 cent.
( Départéménts... go —
PUEEAUX s Paris, 10, rue des Saints-Pères
On «'abonne à Rome, place du Gesù, 8
K* 8980. — Bàitiod quotidisnn*
Lundi 5 Décembre 1892
HS3S
ÉDITION SEMI-QUOTIDIENNE
Un an . . .
Six mois. .
Trois mois.
PARIS ;
' et départements
. . 30 »
. . 16 »
. , 8 50
ÉTRANGER
(union postale)
36 »
19 »
10 »
Les abonnements partent-des 1" et 16 de chaque moftf
L 'UNIVERS si répond pas des manuscrits pi lui soit adressés .
ANNONCES j
MM. LAGRANGE, CERF et C ie , 6, place de la Boursa '
RÉPUBLIQUE FRANÇAISE. Ail nom du peuple
français, le tribunal civil de première instance
du département de la Seine, séant au palais de
Justice, à Paris, a rendu en l'audience publique
de la première chambre le jugement dont la
teneur suit : audience du mercredi 3 novembre
1892, entre l'association des Dames françaises,
société autorisée par M. le préfet de la Seine
du 7 septembre 1881,reconnue d'utilité publique
par un décret de M. le président de la Républi
que en data du 23 avril 1883, autorisée à secon
der en temps do guerre le service de santé mi
litaire, aux termes d'un décret du 16 novembre
1886, ayant son siège social à Paris, 24, boule-,
vard des Capucines, agissant ladite association
aux requête, poursuite et diligence de Mme
Avril, sa trésorière, conformément à l'article 14
des statuts, ladite dame assistée et autorisée
de M. Charles Avril, «on mari, rentier, avec
' lequel elle demeure à Paris, place Malesher-
bes, 8, demanderesse comparant, concluant et
plaidant par M° Ballet, avocat, assisté de
M e Chartier, avoué. D'une part. Et M. S. Des-
quers, demeurant à Paris, 24, rue de Lille, qui,
en sa double qualité d'administrateur-gérant et
d'imprimeur au journal l'Univers, dans les
bureaux sont à Paris, rue des Saints-Pères,
n° 10, défendeur comparant, concluant et plai
dant par M" X..., assisté de M' Bertinot jeune,
avoué, d'autre part. Sans que les présentes
qualités puissent nuire ou préj udicier en aucune
manière aux droits et intérêts respectifs des
parties. POINT DE FAIT. La société demande
resse prétendant que,dans son numéro du 27 no
vembre 1889, le journal l'Univers avait consa
cré & l'association des Dames françaises une
partie d'un article relatif à diverses sociétés de
secours aux blessés militaires. Que dans cet ar
ticle le journal susnommé contestait il l'asso
ciation des Dames françaises le droit de repré
senter oomme faisant partie de la Croix-Rouge
française et revendiquant le monopole de oetle
qualification pour la société qu'il appelait la
vraie société delà Croix Rouge, celle dont le
maréchal de Mac-Mahon est devenu le prési
dent après le duc de Nemours. Que ledit journal
qualifiait les actes de l'association des Dames
françaises de concurrence de mauvaise foi, de
contrefaçon déloyale, de falsification commer
ciale. Que l'association des Dames françaises,
aussi bien et au môme titre que la société pour
laquelle l'Univers revendiquait un monopole qui
n'existe pas, le droit de se donner comme fai
sant partie de la Croix Rouge française. Que les
attaques du journal VUnivers n'étaient que la
suite d'une campagne entreprise contre 1 asso
ciation des Dames françaises par certains orga
nes de la presse et qui avait déjà valu à plu
sieurs d'entre eux des condamnations judi
ciaires. Qu'il importait de mettre définitivement
un terme à ces attaques injustifiables. Qu'elles
avaient, d'ailleurs, causé à. l'association des
Dîmes françaises un grave préjudice, dont il lui
était dû réparation, a, en vertu -d'une ordon
nance de M. le président du tribunal civil de
la Saine, en date du 12 décembre 1889, enrer
gistrée, mise au bas d'une requête à lui pré
sentée le même jour, fait donner assignation à
M. S. Desquers, demeurant à Paris, rue de
Lille, 24, puis en là double qualité d'administra
teur-gérant et d'imprimeur du journal VUnivers
dont les bureaux sont situés à Paris, 10, rue
dos Siints-Pèro3, par exploit de Mirécat, huis^
sier à. Paris, en date du 14 déoembre 1839,^en-'
regislré, à comparaître à. trois jours frànc3,
délai de l'ordonnance susénon'jéo, à l'audience
et par devant le tribunal civil de la Seine,
pour : s'entendre le sieur Desquers ès qualité
condamner à payer à l'assooiation des Dîmes
françaises la somme de dix mille francs .à titre
de dommages-jintérêts. Voir ordonner 1 inser
tion complète et intégrale du jugement à inter
venir dans le numéro du journal l'Univers qui
paraîtra le lendemain de la signification à par
tir dudit jugement et en première colonne du
dit numéro. Voir dire également que le juge
ment dont s'agit sera publié dans dix jour
naux de Paris, dont le ohoix sera laissé à la de
manderesse,et ce aux frais du journal VUniveis.
Voir dire et ordonner que faute par lui de faire
dans le journal VUnivers l'insertion ci-dcssus de-
mandée, il sera condamné vis-à-vis de la société
demanderesse à cent irancs de dommages-inté
rêts pour ohaque jour de retard, et oe pendant
un mois, après lequel il sera fait droit. S'en
tendre, en outre, ledit Bieur Desquers condam
ner aux dépens. Sur cette assignation qui- can--
tenait constitution de M" Bureau, avoué, pour
la société demanderessa ; M ( Bartiuot jeune,
avoué,.s'e8t constitué pour le défendeur, sui
vant acte du Palais en date du 17 décembre
1889. Un placet fut rédigé par les soins de
M" Hureau, avoué de la société demanderesse,
etla cause inscrite au rôle général du greffe, fut
distribuée à la première chambre, devant la
quelle avenir a été donné à M" Bertinot jeune,
suivant acte du Palais du 28 déoembre 1889, en
registré pour l'audience du 3L décembre 1889.
A eette audience, M 0 Bertinot jeune, avoué de
M. Desquers, &• posé des conclusions exception
nelles a à fin de communications de pièces.
L'affaire 8 été renvoyée en état d'exception
à l'audience du 7 janvier 1890, et à ladite
audience, M* Bertinot jeune a conolu au
fond, l'affaire a été mise au rôle de cette
Chambre et par acte du palais, en date du
17 février 1890, enregistré, sommation a été
faile à M" Bertinot jeune de signifier des con
clusions par lui posées à l'audience du 7 jan
vier 1890, Par acte du palais du 1" avril 1891,
M" Bertinot jeune a fait signifier â M" Ilureau
des conclusions dans lesquelles il demandait à
ce qu'il plût au tribunal déolaror l'assooiation
des Dames françaises non reoevable en sa de
mande, en tous cas mal fondée, l'en débouter et
la condamner en tous les dipens. Par acte du
palais des 27 février et 21 mars 1890, M" Bu
reau, avoué de l'association des Dames fran
çaises, a fait signifier à M" Bertinot jeuno,
avoué de M. Desquers, des conclusions dans les
quelles il demandait à ce qu'il plût au tribunal
adjuger à la société demanderesse les con
clusions de son exploit introductif d'instance du
14 décembre 1889, enregistré, et condamner
M. Desquers, ès qualités, en tous les dépens
dont distraction à M» Hureau, avoué, aux
affirmations de droit en date des 20 août
1890, 17 novembre 1890 , 17 février 1891,
12 mai 1891, 8 août 1891 , enregistrés,
M" Hureau a lait signifier à M" Bertinot
jeune des conclusions dans lesquelles il con
cluait à ce qu'il plut au tribunal, adjuger à la
société demanperesse les conclusions de soh
exploit introductif d'instance du 14 décembre
1889, enregistré, et condamner M. Desquers ès
qualités en tous les dépens dont distraction à
M e Hureau, avoué, aux affirmations de droit.
M' Ilureau, avoué de la société demanderesse
étant décédé au cours de l'instance, par acte du
Palais,en date du 6 novembre 1891,M 0 Bourgoin,
administrateur provisoire de l'étude, signifia à
M' Bertinot jeune des conclusions dans les
quelles il demandait à oe qu'il plût au tribunal
lui donneracte de sa constitution auxlieu et place
de M" Hureau, lui adjuger les conclusions précé
demment prises et condamner les défendeurs en
tous les dépens. Par acte du palais du 4 février,
du 2 maiet et 27 mai 1892, M. Bourgoin, admi
nistrateur de l'étude de feu Hureau, signifia à
M» Bertinot jeune, des conclusions dans les
quelles il demandait à ce qu'il plût au tribunal
lui adjuger les conclusions par lui précédem
ment prises et condamner le défendeur en tous
les dépens. Par acte du 30 juillet 1892, M" Char
tier, successeur de M« Hureau, signifia à M e Ber
tinot jeune des conclusions dans lesquelles il
demandait à ce qu'il plût au tribunal lui
donner acte de sa constitution aux lieux et
place de M. Bourgoin ès-qualités adjuger à
la société demanderesse les conclusions de
l'exploit introductif d'instance du 14 décem
bre 1889, et condamner le défendeur en tous les
dépens. Enfin par acte du palais du 20 octo
bre 1892, M" Chartier signifia à M" Bertinot
jeune des conclusions dans lesquelles il de
mandait à ce qu'il plût au tribunal lui adjuger
les conclusions par lui précédemment prises,
et Condamner le défendeur en tous les dépens.
La cause ap-ès plusieurs réunions successives
ayant été appelée à l'audience de ce jour, les
avocats des parties assistés des avoués se sont
présentés à la barre, ont repris et développé
les conclusions respectivement prises et en ont
demandé l'adjudication. M. le procureur de la
République a été entendu en ses conclusions.
En cet état,la cause présentait à juger les ques-
ttans suivantes ; POINT DE DROIT : Le tribu
nal devait-il condamner le sieur Desquers, tant
comme administrateur-gérant que comme im
primeur du journal VUuivers,h payer à l'assoeia-
lion des Dames françaises, la somme de dix
mille francs à titre de dommages-intérêts? De
vait-il ordonner l'insertion intégrale du juge
ment à intervenir dans le numéro du journal
VUnivers qui paraîtra le lendemain de la signi
fication et dans dix autres journaux de Paris ,
avec cent franos de dommages-intérêts par jour
'iîe retard? Devait-il au contraire déclarer l'as
sociation des Dara-es françaises non recevable en
sa demande, en tous qas mal fondé, l'en débou
ter? Quid, des dépens? Sous toutes réserves
•même d'appel? Pouroriginal.de qualités, signé :
Chartter.
Le tribanal, ouï en leurs conclusions et plai
doiries X..., avocat, assisté de Chartier, avoué
de l'association des Dames françaises ; Didio,
avocat, assisté de Bertinot jeune, avoué de
S. Desquers, agissant comme administrateur et
imprimeur du journal l'Univers. Le ministère
public entendu et après en avoir délibéré con-
formémentà la loi, jugeant en premier ressort.
Attendu -qu'il est constant et non dénié que
dans son numéro du 1 er avril 1889, le journal
l'f/niîjers,paraissant à Paris et dont Desquers est
l'administrateur-gérant et imprimeur, a publié
un artiele intitulé « Concurrence déloyale »
commençant par ces mots~« Le comité dé
partemental de secours aux blessés » et
finissant par ceux-ci « qui ont compris qu'on
les avait trompés ». Attendu que dans son nu
méro du 27 septembre suivant, le même jour
nal a accueilli sous forme de reproduction et
s'est approprié un article des « Tablettes des
DeuX-Charentes » consacré à diverses sooiétés
de secours aux blessés militaires, spécialement
à l'association des Dames françaises ; que l'au
teur du premier article, méconnaissant à des
sein le caractère de cette association, l'a quali
fiée de société interlope, d'oeuvre suspecte
cançue dans l'intention de tromper et duperies
catholiques en cherchant de supplanter la so
ciété de la Croix-Rouge française et insinue
qu'elle a été créée pour faire une concurrence
déloyale aux grandes œuvres catholiques ot na-
tionaies attendu en fait qu'il est démontré par
les éléments de "la cause que l'association des
Dames françaises n'a jamais organisé peur le
7 mars 1889 à Chartres une conférence en vue
de jeter, par une manœuvre déloyale et, un
Erocédé trompeur la confusion dans l'esprit pu-
lic de surprendre les adhésions, et de détour
ner les sympathies et les dons qui allaient -à la
sooiété internationale de secours aux blessés mi
litaires dite de la CroixRouge ou Croix de Genève
dont le comité avait annoncé une conférence
pour oe jour-là dans la même ville-; attendu
que le fait ainsi allégué a été reconnu faux et
ne saurait dès lors expliquer les imputations
calomnieuses-de mauvaise foi, de contrefaçon
et de falsification commerciale dirigées contre
l'association des Dames françaises. At,t«ndu que
cotte société, reconnue d'utilité publique en
1883, a été fondée dans une pensée de tolé
rance politique et religieuse ; qu'elle constitue
une œuvre toute de dévouement patriotique
dans le but de secourir les militaires blessés
ou malades et de venir en aide aux victimes des
oalamités et des désastres publios. Attendu
qu'en l'accusant à faux de. faire œuvre anti
religieuse, le journal l 'Univers s'est appliqué
à dénaturer ses statuts et ses actes.. At
tendu que les articles sus visés sont dé
nature à jeter le disorédit et" la défaveur sur
l'assooiation demanderesse dûment représentée
en l'instance et à nuire à son développement;
qu'ils lui ont causé un préjudice moral et ma
tériel dont il lui est dû réparation, par appli
cation du principe de droit civil, qui tient qu un
fait quelconque de l'homme qui cause à autrui
un dommage oblige celui-ci par la faute duquel
il est arrivé à le réparer ; attendu que lo dé
fendeur na décline pas la responsabilité qui
lui incombe, en sa double qualité d'adminis-
trateur-gérant et d'imprimeur du journal l'Uni
vers; attendu que le tribunal a les éléments
nécessaires et suffisants pour apprécier le dom
mage dont s'agit et pour en déterminer le
montant. Par ces motifs : condamne Desquers,
ès-qualités, à payer à l'association des Da
mes françaises la somme de mille francs à ti
tre dédommagés-intérêts.Dit et ordonne que la
teneur du présent jugement sera publiée dans
la huitaine de sa signification à partie, en pre
mière page et en première colonne du journal
l'Univers, à peine de vingt-cinq francs
de dommages-intérêts par chaque jour de
retard pendant . un mois, passé lequel
délai il sora fait droit. Dit et ordonne
que le présent jugement sera inséré en outre
dans deux journaux de Paris au choix de la
société demanderesse et aux frais du défendeur,
sans que le coût d'insertion dans chacun des
dits journaux dépasse la somme de deux cents
francs. Et condamne Desquers, ès qualités, aux
dépens, dont distraotion est faite an profit de
Chartier, avoué, qui l'a roquise sous les affir
mations voulues par la loi. Signé : Gillet et Le
Brisoys. Fait et jugé par MM. Gillot, président;
Lapoite, juge ; Tussard, juge suppléant néces
saire, en présence de MM. Le Berquier, juge
suppléant, Lombard, substitut, assistés de Le
Brisoys, greffier, le 3 novembre 1892. Es con
séquence, le président de la République fran
çaise mande et ordonne à tous huissiers sur
ce requis de mettre le présent jugement à exé
cution ; aux procureurs généraux et aux procu
reurs de la République près les tribunaux de
première instance d'y tenir la main, à tous
commandants et officiers de la ferce publique
d'y prêter main-forte lorsqu'ils en seront léga
lement requis. En foi de quoi la minute a été
signée par M. lo président et par le greffier.
Enregistré à Paris le 23 novembre 1892 fr. 37,
c. 3. Reçu 44 fr. 38. d. o. Signé : Ddlon. Par le
tribunal, signé : Delorme.
P, c. o- en 15 rôles.
J. M, C hartier.
Nous pourrions faire bien des obsér-
vations au sujet de ce jugement,qui sa
reporte à des articles vieux de plus
de trois ans et dont le dernier n'était,
comme nous l'avons déjà dit, que « la
reproduction, un peu annotée d'un
article des Tablettes des Deux-Cha-
rentes »; mais à quoi, bon? Nos lec
teurs savent à quels mobiles, aussi dé
sintéressés qu'élevés, obéissait VUni
vers dans ce qu'il a publié sur l'asso-
ciatien des Dames françaises comme
sur sa congénère, la société des Fem
mes de France. Nous nous bornerons
à dire que nous continuons à recom
mander à nos lecteurs, comme méri
tant toute leur confiance, la société
de secours aux blessés des armées de
terre et de mer, placée sous la haute
présidence du maréchal de Mac-Ma
hon.
FRANCE
PARIS, 4 DÉCEMBRE 1892
Le^début de M. Casimir-Périer n'aura
pas été heureux; il a dû renoncer dès
hier à former un cabinet. M. Bour
geois lui manquait, et il paraît que
ce personnage est indispensable. Dans
la . journée d'hier, M. Garnot l'a vu
trois fois, sans rien obtenir.
On peut croire, quoique les agences
et les journaux officieux ne le disent
pas, que la décision de la droite cons
titutionnelle de ne soutenir un minis
tre, ^même modéré, que s'il faisait la
lumière sur le Panama, aura contri
bué grandement à la décision de M. Ga-
simir-Périer soupçonné de vouloir
enterrer la question.
Et maintenant, allons-nous, d'ici à
demain, voir surgir le (cabinet et ré
servé? On n'y compte guère.
Elle gêne fort nos politiciens, .cette
question du Panama. Voici qu'un dé
puté opportuniste fort ignoré du nom
xle Bouge va demander que la com
mission s'ajourne au 10 janvier. :C'est
hardi.
En attendant un ajournement fort
improbable, la commission d'enquête,
quoiqu'elle n'ait que des pouvoirs mal
définis, continue à faire des décou
vertes fort embarrassantes pour les
f>oliticiens. Nous avons annoncé hier
a saisie des chèques, on en connaît
maintenant les signataires parmi les
quels figurent notamment MM. Albert
Grévy et Léon Renault. Tout cela n'est
pas pour diminuer la surexcitation
de l'opinion.
Que va faire M. le comte Taaffe?
L'empereur a accepté la démission,
refusée jusqu'ici, du ministre Kuen-
bourg que représentait dans le mi
nistère l'élément libéral allemand. Le
comte Taaffe pourra-t-il gouverner
sans cette fraction? Espèret-il que,
n'ayant aucun intérêt à le renverser
puisqu'ils ne pourraient prendre sa
place, les libéraux allemands borne
ront momentanément leur opposition
au refus des fonds secrets ?
Quoique la discussion de la loi mi
litaire au Reichstag allemand i soit
ajournée probablement jusqu'au mois
de janvier, la question reste l'objet
des préoccupations générales et elle
revient à tout propos., 11 ne semble
pas que M. de Gaprivi gagne du ter
rain. Du moins, les députés opposants
ne manquent aucune occasion de
marquer leur hostilité; seul, le Centre
se tient sur la réserve. Or c'est son
attitude qui décidera du sort de la loi.
M. Ribot et la carrière diplomatique
IV
Aux yeux du complaisant rappor
teur, le grand mérite de M. Ribot est
d'avoir mis fin à l'encombrement du
personnel, par la'réduction des em
plois. L'éloge serait justifié si les in
trus qui pullulent dans les postes les
mieux rétribués faisaient les frais de
ces retranchements. Mais ces mes
sieurs forment une phalange invio
lable,et certain d'entre eux ont pu der
nièrement se discréditer dans le
monde, par les écarts les plus scanda
leux, sans que leur position en fût
ébranlée. Seuls les membres de la
carrière régulière sont mis en coupe
réglée et retranchés comme des para
sites.
Le monde entier connaît l'étrange
aventure d'un certain M. Jacquot,
consul général de France à Leipsick,
qui, pris de boisson dans une taverne
de sa résidence, en fut expulsé pour
tapage nocturne, échangea de furieux
horions avec les agents de police, et,
conduit au poste, fut relâché par
égard pour sa qualité. Par quelle
aberration le gouvernement français
avait-il choisi ce Falstaff républieain
pour un de ses principaux représen
tants en Allemagne? C'est la question
que se posaient les journaux de toute
nation et de toute nuance en Europe.
Avec quel empressement et quel fra
cas M. Ribot eût prononcé sa révoca
tion dans de pareilles circonstances,
s'ilVétait agi d'un consul de carrière!
Mais M. Jacquot. pour des motifs que
nous ignorons, appartient aux nobi-
lissimes de la République. Journaliste
obscur et dénué de talent appréciable,
il a, paraît-il, rendu quelques services
à des politiciens influents. C'est pour
cette raison sans doute qu'il a été nommé
d'emblée consul de première classe à
Dusseldorf en 1882; cinq ans après, il
était consul général à Leipsick,expri
mant tout hiant son mécontentement
de n'être pas immédiatement promu
au grade de ministre. Nous ignorons
si le cabinet de Berlin a fait à Paris
des observations officielles pour son
algarade. En tout cas, la clameur a
été si forte, que M. Ribot, après en
quête et contre-enquête, a dû com
prendre l'impossibilité de le main
tenir à son poste. Exclu de Leipsick,
M. Jacquot s'est présenté, le front
haut, au quai d'Orsay, réclamant
d'urgence une compensation. Le mi
nistre sourd à tant de revendications
légitimes, s'est attendri pour cette
victime de Bacchus et de Gambrimus
et tout un mouvement consulaire a
été combiné pour le replacer. M. Jac
quet vient d'être nommé consul
général de France à Amsterdam,, et
le Journal des Débats a célébré par
une ,tirade bien sentie la réparation
donnée à « cet excellent agent. » Mais
on- assure que le gouvernement des
Pays-Bas fait des • difficultés pour lui
donnei 1 'rexequstur et" que des pour
parlera sont "entamés à ce sujet avec
le cabinet de Là Haye. Espérons que
cette intéressante ^ négociation figu-
rara bientôt parmi les succès diplo
matiques de M. Ribot.
M. Glavery, à qui l'on vient de re
tirer la'direction des consulats, occu
pait cé' poste depuis une dizaine d'an
nées. C'est ,"un - homme instruit, ap
pliqué, très versé dans les affaires
consulaires dont il s'était fait pendant
plus d[<&[ tr.epte aps une spécialité
Tout la monde reconnaissait sa droi
ture, ses bonnes intentions, ses ma
nières affables. Malheureusement, ces
bonnes 'qualités étaient neutralisées
par la* faiblesse d'un caractère qui
pliait et s'effondrait devant le moindre
froncefn'ent "dé sourcil du ministère.
Toujours inquiet de déplaire, trem
blant devant les plus infimes politi
ciens, M. Glavery en était venu à sa
crifier . tous les droits de ses subor
donnés. au.souci de sa conservation
personnelle-:-depuis près de deux ans
il s'était laissé dépouiller de toutes ses
attributions par « le cabinet », c'est-à-
dire par" les" comparses ' dô "M. Ribot.
Sa direction était nominale; son in
fluence," illusoire ; on ne le consultait
même pjijs pour les nominations ou
pour les disgrâces ; et malgré tous ces
sacrifices, malgré cette abnégation
héroïque , M. Glavery n'a pu se main
tenir dans une position ardemment
convoitée par les féaux du radicalisme.
Oui, les radicaux voulaient cette
place démantelée par leurs attaques
acharnées, sans doute afin de la rele
ver pour leur, compte et de l'installer
comme une forteresse .dans les con
seils du ministre. Dans la matinée du
16 octobre, M. Glavery apprit par le
Journal Officiel t qu'il avait cessé d'être
directeur et qu'il était nommé prési
dent de la délégation française à la
commission des Pyrénées, position
trèsv inférieure à celle qu'il occupait
depuis dix ans.. Le, coup pour lui fut
si brusque,si.accablant, qu'il en to.mba
malade et n'est pas encore remis au
jourd'hui.
M. Ilanotaux, son successeur, n'a
jamais fait partie, à aucun titre, de la
hiérarchie consulaire. Il débute, en
vrai politicien, par le rang suprême
dans le service qu'il va diriger. Elève
de l'école des chartes, M. Hanotaux
entrait en 187.9 au ministère des af
faires étrangères, en qualité de com^
mis archiviste. Trois ans après, il
était chef du cabinet, puis conseiller
d'ambassade à Gonstantinople. Eni
vré par une élévation si subite, il
rêva de rayonner pour son compte,
dans la politique, parmi les astres
de première grandeur et brigua la
députation. Elu dans le départe
ment de l'Aisne en 1886, grâce au
patronage gouvernemental, il reçut
de M. de Freycinet le grade de minis
tre plénipotentiaire comme cadeau de
bienvenue pour son entrée à la Cham
bre. Mais hélas ! dans ce milieu nou
veau, de cruelles déceptions lui furent
infligées. Ses discours, très soigneu
sement préparés, passèrent inaperçus,
son influence dans les groupes fut à
peu près nulle,et le Démosthènes mér
connu dut emboîter le pas derrière
les matadores du radicalisme. Aux
élections de 1889, il échoua piteuse
ment : aux affaires étrangères incom
bait la mission de recueillir et de re
mettre à flot cette épave. Les déboires
ftarlementaires n'avaient pas amoindri
'ambition de M. Hanotaux, ni son
estime de lui-même. Secondé par ses
amis du clan radical, il fit des efforts
pour rentrer au quai d'Orsay comme
directeur politique. Mais M. Spuller,
alors ministre, fut récalcitrant et
M. Hanotaux dut se contenter d'une
sous-rdirection.
M. Ribot arriva, plein de sourires et
de promesses pour le politicien-diplo
mate, son ancien collègue à la Cham
bre; il lui confia des missions, lui
donna la rosette, mais c'étaient là
pour l'ambition de M. Hanotaux de
maigres pâtures. Les grands personna
ges qui le patronaient furent si pres
sants, si persévérants, que le ministre
dut s'exécuter, et le jeune jacabin
reçut la direction des consulats,comme
« poste d'attente ». Il est, comme
on le voit, profondément étranger
aux conditions techniques de sa nou
velle charge. Mais qu'importe? Toutes
les qualités de l'emploi ne lui sont-
elles pas conférées par la grâce ré
volutionnaire? Dans le cabinet de
M. Hanotaux, les députés de l'extrême
gauche vont se sentir chez eux, en
famille. Ils exerceront par lui leur po
lice directe sur tout le personnel con
sulaire, et pourront l'épurer et le re
manier à leur convenance. Voilà la
véritable réforme, la rénovation at
tendue, qui va vivifier ce service et
lui infuser toute sorte de vertus effi
caces pour nos intérêts extérieurs !
Nas intérêts extérieurs! C'est au
jourd'hui la plus inutile préoccupa
tion pour nos consuls et nos diplo
mates. Qui fait attention à leurs tra
vaux? Qui tient le moindre compte
de leur zèle? Le seul titre à la faveur,
ce sont les opinions et les protections
républicaines. Tout agent suspect de
tendances réactionnaires ou de cléri
calisme est perdu. Nul mérite, nuls
services rendus ne pourront le pré
server d'une disgrâce. Aussi la pers
pective d'une dénonciation dans la
Lanterne bu le Radical fait-elle trem
bler petit employé comme haut di
gnitaire. L'auréole, c'est la familiarité
d'un Pichon, d'un Pelletan, d'un
Hubbard, ou, à défaut de ces hom
mes illustres, une parenté dans le
conseil municipal de Paris, et surtout
l'affiliation aux loges maçonnique#.
Quant au commun des martyrs (qua-
lificatiou hélas! trop justifiée !), sans
recours contre les passe-droits, les
spoliations, les dénis de justice, ils
végètent dans une langueur anémi
que, n'ayant d'autre souci que d'é
chapper, par l'obscurité et le silence,
aux hécatombes quotidiennes de
M. Ribot!
Le besoin d'innover, en brisant toi? a
les obstacles traditionnels, s'est ren
contré souvent chez les esprits supé
rieurs qui se sentaient la force de
créer une politique et d'animer une ad
ministration de leur énergie person
nelle, pour organiser ou relever une
nation. Mais quand des remaniements
et bouleversements opérés par M Ribot
sur ses cadres, ou passe à l'examen de
«a politique extérieure, on éprouve
une profonde surprise. Jamais con
traste ne fut plus marqué ; c'est un
véritable changement à vue ; au lieu
de cette humeur remuante, de cette
manie insatiable de changements et
d'innovations que nous constations
tout à l'heure, l'absence de toute ini
tiative, l'immobilité systématique, les
faux-fuyants, les déclinatoires, la peur
d'une responsabilité sur toutes les
questions nationales, enfin le laisser-
aller, l'inertie et l'insouciance à peine
masqués par des simulacres, tels sont
les procédés de sa diplomatie, sels sont
les caractères de sa sollicitude pour
les intérêts et La bonne fortune de M. Ribot a été
d'inscrire à son actif les fêtes de
Gronstadt et de s'en attribuerle .mérite
à la face du monde. Mais .toutes les
Chancelleries savent que l'alliance
eusse n'était ni dans ses prévisions,
ri dans Ses désirs, et qu'en pleine eo-
nuetterie avec l'Angleterre et les al-
qés de l'Allemagne, il a été complè-
hement surpris et désorieiïté par les
tavances du czar . Alexandre. A-t-il du
moins tiré profit de cette puissante
amitié pour notre défense ou pour la
dignité nationale? Au lendemain même
des embrassements franco-russes ,
il s'humiliait devant lo gouvernement
italien, impudent complice des bruta
lités infligées dans Rome même à nos
pèlerins catholiques. Les indécents
discours de MM. Ranc et consorts à
Nice, les ridicules effusions de M- Hub
bard avec Menotti Garibawli sur le
tombeau de Victor-Emmanuel, ont eu
M. Ribot pour approbateur. Et la rai
son de ces misérables comproni.is-
sions est bien simple : M. Ribot veut
rester ministre, et son procédé, pour
se maintenir, consiste uniquement à
courtiser la coteri e radicale.
Cet exemple suffit pour mettre en
lumière la vacuité et le désarroi des
expédients qui tiennent lieu à M. Ri
bot de politique étrangère. Icconsis-
tant et sceptique, tout dénote en lui
un suprême dédain pour les travaux
diplomatiques et la certitude intime,
inébranlable, de dominer toutes les
questions internationales par son om-
niscience politicienne et par son ta
lent de parole. Quelques paroles re
tentissantes lui suffisent pour conjurer
la tempête et dissiper les nuages accu
mulés sur notre horizon. C'est donc en
virtuose qu'il envisage toutes les
complications et tous Tes dangers du
dehers, sûr d'exécuter sur n'importe
quel thème les plus brillantes fioritu
res et d'enlever les applaudissements
de la Chambre.Gomme Gorgias.iï pos
sède un art qui met à ses pieds juris
consultes, médecins, économes, hom
mes de guerre, et tous les praticiens
expérimentés; par sa rhétorique, « œu-
« vre de persuasion sur toute chose, il
« peut produire la santé, la force de
« l'âme et du corps, la richesse, la
« prospérité des hommes et des peu-
« pies » et nous donner l'équivalent des
plus grandes victoires.
Il est la plus complète incarnation
d'un régime qui voue la France à la
domination des déclamateurs, en ex
cluant les hommes d'action et le vrai
mérite de toute participation aux
affaires.
La république française n'est pas
un gouvernement comme les autres,
ayant pour but la grandeur nationale
et la prospérité pubilque ; son office
n'est pas de faire, suivant l'expres
sion de M. Guizet, les affaires quo
tidiennes de la nation, suivant les lois
établies. Non, notre république est
un dogme ; sa mission est de catéchi
ser. C'est pour cela que la préoccupa
tion de nos intérêts et de notre défense
déserte de plus en plus nos hommes
publics. Ge n'est pas par les services
rendus, c'est par l'apostolat révolu
tionnaire qu'ils s'élèvent ou qu'ils se
maintiennent; et le plus puissant
d'entre eux à l'heure actuelle n'est-il
pas l'orateur néfaste qui nous a fait
perdre l'Egypte, et l'a littéralement
livrée aux Anglais en célébrant « l'a
vènement d'une démocratie arabe sur
les bords du Nil? »
Pour M. Clemenceau et ses adhé-« r
rents, le patriotisme n'est pas un allié :
c'est un importun, un fâcheux, qui
leur enlève la meilleure partie de leur
clientèle et qui fait une concurrence
ruineuse au jacobinisme. Aussi s'ef
forcent-ils en toute occasion de com-'
primei son essor, parce qu'à la lueur
de cette flamme, ils ne pourraient plus
consacrer, comme aujourd'hui, 16
budget et toutes les ressources du
pays à la poursuite d'ennemis imagi
naires : la réaction et le cléricalisme.
Pour que leur domination se perpétue,
pour que l'immense majorité des
Français reste opprimée par quel
ques intrigants et par une poi
gnée de sectaires, il faut que l'atten
tion publique se détourna des Vosges
et des Alpes pour se concentrer exclu
sivement sur « le péril clérical ». Tell©
est la politique de nos radicaux. Ge sont
eux qui suggèrent au gouvernement
l'effacement et l'abdication vis-à-vis des
ravisseurs de l'Alsace-Lorraine ; vaine
ment l'Italie nous prodigue la provo
cation et l'insulte; ils y répondent par
d'ineffables déclarations de tendresse;
si .scandaleuses que soient sa haine de
la France et sa passion pour l'Alle
magne, l'Italie est toujours pour eux
la bien-aimée, l'épouse de leurs rêves,
parce qu'elle est anticléricale , et
qu'ayant détruit par la violence le
pouvoir temporel du Pape, la guerre à
l'Eglise est pour elle une condition
d'existence.
A l'heure ou nous écrivons, une im
mense clameur s'élève de toutes les
parties de la France contre les fau
teurs du bloc révolutionnaire et leur
inflige, malgré leurs dénégatiuns, la
responsabilité d'un monstrueux at
tentat, Arrêt tardif et trop justifié !
Car la connexité de doctrines subver
sives avec les crimes antisociaux est
trop apparente. Il faut des yeux volon
tairement aveugles pour ne pas la voir»
Moins manifeste est la connivence
-des radicaux avec une politique exté
rieure antinationale. Car les souvenirs
de Valmy, de Jemmapes etla légende
des quatorze armées de la première Ré
publique planent encore aujourd'hui
sur nos démagogues actuels, et leur
permet de cacher au public, de se dis
simuler peut-être à eux-mêmes leur
forfaiture envers la patrie. C'est pour
cola que nous avons cru nécessaire
d'exposer dans un travail spécial, les
effets délétères jde leur influence dans
notre diplomatie et nos consulats, la
désorganisation do, ces deux services
par leurs créatures, enfin leur mépris
avéré pour notre cause et nos intérêts
nationaux en Europe et dans toutes
les parties du monde : « . Mes adver--
saires, disait dernièrement Léon XIII,
sont la triple alliance et les radicaux
français. » Parole, profonde, et dont
nous tirons tout naturellement cette
scolie : Les radicaux français sont les
coopérateurs les plus zélés, les plus
efficaces de la triple alliance., Leur
fanatisme nous amoindrit, nous isola
et remet â des temps indéfinis le re
lèvement de notre action extérieure.
Cette constatation nous permet de
porter un jugement d'ensemble sur le
ministère de M. Ribot, et ce jugement
sera bien sévère. Membre nominal du
centre gauche, il s'est fait l'homme-
lige de nos jacobins, s'est mis volotir-
tairement sous leur tutelle, s'est
chargé d'accomplir leur œuvre et,
dans tous ses actes, les a pris délibé
rément pour inspirateurs.
Eh bien ! nous ne nous trompions
pas : le démenti que la Gazette de France
nous a donné au sujet du triomphe
de la Parisienne au banquet légitimiste
de Montauban, reposait sur une équi
voque. Nous avions dit qu'on y avait
crié Vive le roi ! au son de l'hymne
des héros de 1830, et par trois fois,
dans le même article, la Gazette, ren
forcée de deux feuilles suivantes, s'est
écriée: VUnivers fait insulte aux roya
listes ; il est faux que la Parisienne ait
été chantée â Montauban.
On nel'apas chantée-, mais, comme
nous l'aviong dit, on l'a jouée.
Oui, c'est au son de la Parisienne
que s'est ouvert le banquet montalba-
nais, ce grand acte des royalistes trop
purs pour ne pas être réfractaires aux
enseignements du Pape.
Serait-ce quelque feuille de hasard
et mal intentionnée qui nous l'aurait
appris? Non certes. La précieuse in*
formation nous est venue, comme à
toute la presse, non seulement par les
correspondances auxquelles tout le
monde puise, mais aussi par. les
journaux les plus autorisés du parti.
Entendez le Gaidois : -,
C'est au milieu d'une affluence énorme
que M. lo comte d'IIaussonville, accompa
gné par les membres du comité d'organisa
tion, est arrivé au château de Chambord, 'à
six heures précises. Il porte, aveo la Rose
de France, le ruban de la Légion d'hon
neur. Il est aooueilli par ties acclamations
enthousiastes, aux cris répétés de : « Vive
le roi ! Vive la France ! » La fanfare .ïoue l,a
Parisienne, et les applaudissements redou
blent. "
Après le Gaulois, voici l'organe offi
ciel du comte Paris, lo Moniteur Uni
versel:
M. le comte d'IIaussonville est arrivé au
cbtLteaude Chambord 5 six heures préci
ses. Il portait avec la Rose de France le
ruban de la Légion (i honneur. Quand on
l'aperçoit, il est aooueilli par des acclama-
ÉDITIO N QUOTID IENNE
PARIS ÉTRANGER
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L 'UNIVERS si répond pas des manuscrits pi lui soit adressés .
ANNONCES j
MM. LAGRANGE, CERF et C ie , 6, place de la Boursa '
RÉPUBLIQUE FRANÇAISE. Ail nom du peuple
français, le tribunal civil de première instance
du département de la Seine, séant au palais de
Justice, à Paris, a rendu en l'audience publique
de la première chambre le jugement dont la
teneur suit : audience du mercredi 3 novembre
1892, entre l'association des Dames françaises,
société autorisée par M. le préfet de la Seine
du 7 septembre 1881,reconnue d'utilité publique
par un décret de M. le président de la Républi
que en data du 23 avril 1883, autorisée à secon
der en temps do guerre le service de santé mi
litaire, aux termes d'un décret du 16 novembre
1886, ayant son siège social à Paris, 24, boule-,
vard des Capucines, agissant ladite association
aux requête, poursuite et diligence de Mme
Avril, sa trésorière, conformément à l'article 14
des statuts, ladite dame assistée et autorisée
de M. Charles Avril, «on mari, rentier, avec
' lequel elle demeure à Paris, place Malesher-
bes, 8, demanderesse comparant, concluant et
plaidant par M° Ballet, avocat, assisté de
M e Chartier, avoué. D'une part. Et M. S. Des-
quers, demeurant à Paris, 24, rue de Lille, qui,
en sa double qualité d'administrateur-gérant et
d'imprimeur au journal l'Univers, dans les
bureaux sont à Paris, rue des Saints-Pères,
n° 10, défendeur comparant, concluant et plai
dant par M" X..., assisté de M' Bertinot jeune,
avoué, d'autre part. Sans que les présentes
qualités puissent nuire ou préj udicier en aucune
manière aux droits et intérêts respectifs des
parties. POINT DE FAIT. La société demande
resse prétendant que,dans son numéro du 27 no
vembre 1889, le journal l'Univers avait consa
cré & l'association des Dames françaises une
partie d'un article relatif à diverses sociétés de
secours aux blessés militaires. Que dans cet ar
ticle le journal susnommé contestait il l'asso
ciation des Dames françaises le droit de repré
senter oomme faisant partie de la Croix-Rouge
française et revendiquant le monopole de oetle
qualification pour la société qu'il appelait la
vraie société delà Croix Rouge, celle dont le
maréchal de Mac-Mahon est devenu le prési
dent après le duc de Nemours. Que ledit journal
qualifiait les actes de l'association des Dames
françaises de concurrence de mauvaise foi, de
contrefaçon déloyale, de falsification commer
ciale. Que l'association des Dames françaises,
aussi bien et au môme titre que la société pour
laquelle l'Univers revendiquait un monopole qui
n'existe pas, le droit de se donner comme fai
sant partie de la Croix Rouge française. Que les
attaques du journal VUnivers n'étaient que la
suite d'une campagne entreprise contre 1 asso
ciation des Dames françaises par certains orga
nes de la presse et qui avait déjà valu à plu
sieurs d'entre eux des condamnations judi
ciaires. Qu'il importait de mettre définitivement
un terme à ces attaques injustifiables. Qu'elles
avaient, d'ailleurs, causé à. l'association des
Dîmes françaises un grave préjudice, dont il lui
était dû réparation, a, en vertu -d'une ordon
nance de M. le président du tribunal civil de
la Saine, en date du 12 décembre 1889, enrer
gistrée, mise au bas d'une requête à lui pré
sentée le même jour, fait donner assignation à
M. S. Desquers, demeurant à Paris, rue de
Lille, 24, puis en là double qualité d'administra
teur-gérant et d'imprimeur du journal VUnivers
dont les bureaux sont situés à Paris, 10, rue
dos Siints-Pèro3, par exploit de Mirécat, huis^
sier à. Paris, en date du 14 déoembre 1839,^en-'
regislré, à comparaître à. trois jours frànc3,
délai de l'ordonnance susénon'jéo, à l'audience
et par devant le tribunal civil de la Seine,
pour : s'entendre le sieur Desquers ès qualité
condamner à payer à l'assooiation des Dîmes
françaises la somme de dix mille francs .à titre
de dommages-jintérêts. Voir ordonner 1 inser
tion complète et intégrale du jugement à inter
venir dans le numéro du journal l'Univers qui
paraîtra le lendemain de la signification à par
tir dudit jugement et en première colonne du
dit numéro. Voir dire également que le juge
ment dont s'agit sera publié dans dix jour
naux de Paris, dont le ohoix sera laissé à la de
manderesse,et ce aux frais du journal VUniveis.
Voir dire et ordonner que faute par lui de faire
dans le journal VUnivers l'insertion ci-dcssus de-
mandée, il sera condamné vis-à-vis de la société
demanderesse à cent irancs de dommages-inté
rêts pour ohaque jour de retard, et oe pendant
un mois, après lequel il sera fait droit. S'en
tendre, en outre, ledit Bieur Desquers condam
ner aux dépens. Sur cette assignation qui- can--
tenait constitution de M" Bureau, avoué, pour
la société demanderessa ; M ( Bartiuot jeune,
avoué,.s'e8t constitué pour le défendeur, sui
vant acte du Palais en date du 17 décembre
1889. Un placet fut rédigé par les soins de
M" Hureau, avoué de la société demanderesse,
etla cause inscrite au rôle général du greffe, fut
distribuée à la première chambre, devant la
quelle avenir a été donné à M" Bertinot jeune,
suivant acte du Palais du 28 déoembre 1889, en
registré pour l'audience du 3L décembre 1889.
A eette audience, M 0 Bertinot jeune, avoué de
M. Desquers, &• posé des conclusions exception
nelles a à fin de communications de pièces.
L'affaire 8 été renvoyée en état d'exception
à l'audience du 7 janvier 1890, et à ladite
audience, M* Bertinot jeune a conolu au
fond, l'affaire a été mise au rôle de cette
Chambre et par acte du palais, en date du
17 février 1890, enregistré, sommation a été
faile à M" Bertinot jeune de signifier des con
clusions par lui posées à l'audience du 7 jan
vier 1890, Par acte du palais du 1" avril 1891,
M" Bertinot jeune a fait signifier â M" Ilureau
des conclusions dans lesquelles il demandait à
ce qu'il plût au tribunal déolaror l'assooiation
des Dames françaises non reoevable en sa de
mande, en tous cas mal fondée, l'en débouter et
la condamner en tous les dipens. Par acte du
palais des 27 février et 21 mars 1890, M" Bu
reau, avoué de l'association des Dames fran
çaises, a fait signifier à M" Bertinot jeuno,
avoué de M. Desquers, des conclusions dans les
quelles il demandait à ce qu'il plût au tribunal
adjuger à la société demanderesse les con
clusions de son exploit introductif d'instance du
14 décembre 1889, enregistré, et condamner
M. Desquers, ès qualités, en tous les dépens
dont distraction à M» Hureau, avoué, aux
affirmations de droit en date des 20 août
1890, 17 novembre 1890 , 17 février 1891,
12 mai 1891, 8 août 1891 , enregistrés,
M" Hureau a lait signifier à M" Bertinot
jeune des conclusions dans lesquelles il con
cluait à ce qu'il plut au tribunal, adjuger à la
société demanperesse les conclusions de soh
exploit introductif d'instance du 14 décembre
1889, enregistré, et condamner M. Desquers ès
qualités en tous les dépens dont distraction à
M e Hureau, avoué, aux affirmations de droit.
M' Ilureau, avoué de la société demanderesse
étant décédé au cours de l'instance, par acte du
Palais,en date du 6 novembre 1891,M 0 Bourgoin,
administrateur provisoire de l'étude, signifia à
M' Bertinot jeune des conclusions dans les
quelles il demandait à oe qu'il plût au tribunal
lui donneracte de sa constitution auxlieu et place
de M" Hureau, lui adjuger les conclusions précé
demment prises et condamner les défendeurs en
tous les dépens. Par acte du palais du 4 février,
du 2 maiet et 27 mai 1892, M. Bourgoin, admi
nistrateur de l'étude de feu Hureau, signifia à
M» Bertinot jeune, des conclusions dans les
quelles il demandait à ce qu'il plût au tribunal
lui adjuger les conclusions par lui précédem
ment prises et condamner le défendeur en tous
les dépens. Par acte du 30 juillet 1892, M" Char
tier, successeur de M« Hureau, signifia à M e Ber
tinot jeune des conclusions dans lesquelles il
demandait à ce qu'il plût au tribunal lui
donner acte de sa constitution aux lieux et
place de M. Bourgoin ès-qualités adjuger à
la société demanderesse les conclusions de
l'exploit introductif d'instance du 14 décem
bre 1889, et condamner le défendeur en tous les
dépens. Enfin par acte du palais du 20 octo
bre 1892, M" Chartier signifia à M" Bertinot
jeune des conclusions dans lesquelles il de
mandait à ce qu'il plût au tribunal lui adjuger
les conclusions par lui précédemment prises,
et Condamner le défendeur en tous les dépens.
La cause ap-ès plusieurs réunions successives
ayant été appelée à l'audience de ce jour, les
avocats des parties assistés des avoués se sont
présentés à la barre, ont repris et développé
les conclusions respectivement prises et en ont
demandé l'adjudication. M. le procureur de la
République a été entendu en ses conclusions.
En cet état,la cause présentait à juger les ques-
ttans suivantes ; POINT DE DROIT : Le tribu
nal devait-il condamner le sieur Desquers, tant
comme administrateur-gérant que comme im
primeur du journal VUuivers,h payer à l'assoeia-
lion des Dames françaises, la somme de dix
mille francs à titre de dommages-intérêts? De
vait-il ordonner l'insertion intégrale du juge
ment à intervenir dans le numéro du journal
VUnivers qui paraîtra le lendemain de la signi
fication et dans dix autres journaux de Paris ,
avec cent franos de dommages-intérêts par jour
'iîe retard? Devait-il au contraire déclarer l'as
sociation des Dara-es françaises non recevable en
sa demande, en tous qas mal fondé, l'en débou
ter? Quid, des dépens? Sous toutes réserves
•même d'appel? Pouroriginal.de qualités, signé :
Chartter.
Le tribanal, ouï en leurs conclusions et plai
doiries X..., avocat, assisté de Chartier, avoué
de l'association des Dames françaises ; Didio,
avocat, assisté de Bertinot jeune, avoué de
S. Desquers, agissant comme administrateur et
imprimeur du journal l'Univers. Le ministère
public entendu et après en avoir délibéré con-
formémentà la loi, jugeant en premier ressort.
Attendu -qu'il est constant et non dénié que
dans son numéro du 1 er avril 1889, le journal
l'f/niîjers,paraissant à Paris et dont Desquers est
l'administrateur-gérant et imprimeur, a publié
un artiele intitulé « Concurrence déloyale »
commençant par ces mots~« Le comité dé
partemental de secours aux blessés » et
finissant par ceux-ci « qui ont compris qu'on
les avait trompés ». Attendu que dans son nu
méro du 27 septembre suivant, le même jour
nal a accueilli sous forme de reproduction et
s'est approprié un article des « Tablettes des
DeuX-Charentes » consacré à diverses sooiétés
de secours aux blessés militaires, spécialement
à l'association des Dames françaises ; que l'au
teur du premier article, méconnaissant à des
sein le caractère de cette association, l'a quali
fiée de société interlope, d'oeuvre suspecte
cançue dans l'intention de tromper et duperies
catholiques en cherchant de supplanter la so
ciété de la Croix-Rouge française et insinue
qu'elle a été créée pour faire une concurrence
déloyale aux grandes œuvres catholiques ot na-
tionaies attendu en fait qu'il est démontré par
les éléments de "la cause que l'association des
Dames françaises n'a jamais organisé peur le
7 mars 1889 à Chartres une conférence en vue
de jeter, par une manœuvre déloyale et, un
Erocédé trompeur la confusion dans l'esprit pu-
lic de surprendre les adhésions, et de détour
ner les sympathies et les dons qui allaient -à la
sooiété internationale de secours aux blessés mi
litaires dite de la CroixRouge ou Croix de Genève
dont le comité avait annoncé une conférence
pour oe jour-là dans la même ville-; attendu
que le fait ainsi allégué a été reconnu faux et
ne saurait dès lors expliquer les imputations
calomnieuses-de mauvaise foi, de contrefaçon
et de falsification commerciale dirigées contre
l'association des Dames françaises. At,t«ndu que
cotte société, reconnue d'utilité publique en
1883, a été fondée dans une pensée de tolé
rance politique et religieuse ; qu'elle constitue
une œuvre toute de dévouement patriotique
dans le but de secourir les militaires blessés
ou malades et de venir en aide aux victimes des
oalamités et des désastres publios. Attendu
qu'en l'accusant à faux de. faire œuvre anti
religieuse, le journal l 'Univers s'est appliqué
à dénaturer ses statuts et ses actes.. At
tendu que les articles sus visés sont dé
nature à jeter le disorédit et" la défaveur sur
l'assooiation demanderesse dûment représentée
en l'instance et à nuire à son développement;
qu'ils lui ont causé un préjudice moral et ma
tériel dont il lui est dû réparation, par appli
cation du principe de droit civil, qui tient qu un
fait quelconque de l'homme qui cause à autrui
un dommage oblige celui-ci par la faute duquel
il est arrivé à le réparer ; attendu que lo dé
fendeur na décline pas la responsabilité qui
lui incombe, en sa double qualité d'adminis-
trateur-gérant et d'imprimeur du journal l'Uni
vers; attendu que le tribunal a les éléments
nécessaires et suffisants pour apprécier le dom
mage dont s'agit et pour en déterminer le
montant. Par ces motifs : condamne Desquers,
ès-qualités, à payer à l'association des Da
mes françaises la somme de mille francs à ti
tre dédommagés-intérêts.Dit et ordonne que la
teneur du présent jugement sera publiée dans
la huitaine de sa signification à partie, en pre
mière page et en première colonne du journal
l'Univers, à peine de vingt-cinq francs
de dommages-intérêts par chaque jour de
retard pendant . un mois, passé lequel
délai il sora fait droit. Dit et ordonne
que le présent jugement sera inséré en outre
dans deux journaux de Paris au choix de la
société demanderesse et aux frais du défendeur,
sans que le coût d'insertion dans chacun des
dits journaux dépasse la somme de deux cents
francs. Et condamne Desquers, ès qualités, aux
dépens, dont distraotion est faite an profit de
Chartier, avoué, qui l'a roquise sous les affir
mations voulues par la loi. Signé : Gillet et Le
Brisoys. Fait et jugé par MM. Gillot, président;
Lapoite, juge ; Tussard, juge suppléant néces
saire, en présence de MM. Le Berquier, juge
suppléant, Lombard, substitut, assistés de Le
Brisoys, greffier, le 3 novembre 1892. Es con
séquence, le président de la République fran
çaise mande et ordonne à tous huissiers sur
ce requis de mettre le présent jugement à exé
cution ; aux procureurs généraux et aux procu
reurs de la République près les tribunaux de
première instance d'y tenir la main, à tous
commandants et officiers de la ferce publique
d'y prêter main-forte lorsqu'ils en seront léga
lement requis. En foi de quoi la minute a été
signée par M. lo président et par le greffier.
Enregistré à Paris le 23 novembre 1892 fr. 37,
c. 3. Reçu 44 fr. 38. d. o. Signé : Ddlon. Par le
tribunal, signé : Delorme.
P, c. o- en 15 rôles.
J. M, C hartier.
Nous pourrions faire bien des obsér-
vations au sujet de ce jugement,qui sa
reporte à des articles vieux de plus
de trois ans et dont le dernier n'était,
comme nous l'avons déjà dit, que « la
reproduction, un peu annotée d'un
article des Tablettes des Deux-Cha-
rentes »; mais à quoi, bon? Nos lec
teurs savent à quels mobiles, aussi dé
sintéressés qu'élevés, obéissait VUni
vers dans ce qu'il a publié sur l'asso-
ciatien des Dames françaises comme
sur sa congénère, la société des Fem
mes de France. Nous nous bornerons
à dire que nous continuons à recom
mander à nos lecteurs, comme méri
tant toute leur confiance, la société
de secours aux blessés des armées de
terre et de mer, placée sous la haute
présidence du maréchal de Mac-Ma
hon.
FRANCE
PARIS, 4 DÉCEMBRE 1892
Le^début de M. Casimir-Périer n'aura
pas été heureux; il a dû renoncer dès
hier à former un cabinet. M. Bour
geois lui manquait, et il paraît que
ce personnage est indispensable. Dans
la . journée d'hier, M. Garnot l'a vu
trois fois, sans rien obtenir.
On peut croire, quoique les agences
et les journaux officieux ne le disent
pas, que la décision de la droite cons
titutionnelle de ne soutenir un minis
tre, ^même modéré, que s'il faisait la
lumière sur le Panama, aura contri
bué grandement à la décision de M. Ga-
simir-Périer soupçonné de vouloir
enterrer la question.
Et maintenant, allons-nous, d'ici à
demain, voir surgir le (cabinet et ré
servé? On n'y compte guère.
Elle gêne fort nos politiciens, .cette
question du Panama. Voici qu'un dé
puté opportuniste fort ignoré du nom
xle Bouge va demander que la com
mission s'ajourne au 10 janvier. :C'est
hardi.
En attendant un ajournement fort
improbable, la commission d'enquête,
quoiqu'elle n'ait que des pouvoirs mal
définis, continue à faire des décou
vertes fort embarrassantes pour les
f>oliticiens. Nous avons annoncé hier
a saisie des chèques, on en connaît
maintenant les signataires parmi les
quels figurent notamment MM. Albert
Grévy et Léon Renault. Tout cela n'est
pas pour diminuer la surexcitation
de l'opinion.
Que va faire M. le comte Taaffe?
L'empereur a accepté la démission,
refusée jusqu'ici, du ministre Kuen-
bourg que représentait dans le mi
nistère l'élément libéral allemand. Le
comte Taaffe pourra-t-il gouverner
sans cette fraction? Espèret-il que,
n'ayant aucun intérêt à le renverser
puisqu'ils ne pourraient prendre sa
place, les libéraux allemands borne
ront momentanément leur opposition
au refus des fonds secrets ?
Quoique la discussion de la loi mi
litaire au Reichstag allemand i soit
ajournée probablement jusqu'au mois
de janvier, la question reste l'objet
des préoccupations générales et elle
revient à tout propos., 11 ne semble
pas que M. de Gaprivi gagne du ter
rain. Du moins, les députés opposants
ne manquent aucune occasion de
marquer leur hostilité; seul, le Centre
se tient sur la réserve. Or c'est son
attitude qui décidera du sort de la loi.
M. Ribot et la carrière diplomatique
IV
Aux yeux du complaisant rappor
teur, le grand mérite de M. Ribot est
d'avoir mis fin à l'encombrement du
personnel, par la'réduction des em
plois. L'éloge serait justifié si les in
trus qui pullulent dans les postes les
mieux rétribués faisaient les frais de
ces retranchements. Mais ces mes
sieurs forment une phalange invio
lable,et certain d'entre eux ont pu der
nièrement se discréditer dans le
monde, par les écarts les plus scanda
leux, sans que leur position en fût
ébranlée. Seuls les membres de la
carrière régulière sont mis en coupe
réglée et retranchés comme des para
sites.
Le monde entier connaît l'étrange
aventure d'un certain M. Jacquot,
consul général de France à Leipsick,
qui, pris de boisson dans une taverne
de sa résidence, en fut expulsé pour
tapage nocturne, échangea de furieux
horions avec les agents de police, et,
conduit au poste, fut relâché par
égard pour sa qualité. Par quelle
aberration le gouvernement français
avait-il choisi ce Falstaff républieain
pour un de ses principaux représen
tants en Allemagne? C'est la question
que se posaient les journaux de toute
nation et de toute nuance en Europe.
Avec quel empressement et quel fra
cas M. Ribot eût prononcé sa révoca
tion dans de pareilles circonstances,
s'ilVétait agi d'un consul de carrière!
Mais M. Jacquot. pour des motifs que
nous ignorons, appartient aux nobi-
lissimes de la République. Journaliste
obscur et dénué de talent appréciable,
il a, paraît-il, rendu quelques services
à des politiciens influents. C'est pour
cette raison sans doute qu'il a été nommé
d'emblée consul de première classe à
Dusseldorf en 1882; cinq ans après, il
était consul général à Leipsick,expri
mant tout hiant son mécontentement
de n'être pas immédiatement promu
au grade de ministre. Nous ignorons
si le cabinet de Berlin a fait à Paris
des observations officielles pour son
algarade. En tout cas, la clameur a
été si forte, que M. Ribot, après en
quête et contre-enquête, a dû com
prendre l'impossibilité de le main
tenir à son poste. Exclu de Leipsick,
M. Jacquot s'est présenté, le front
haut, au quai d'Orsay, réclamant
d'urgence une compensation. Le mi
nistre sourd à tant de revendications
légitimes, s'est attendri pour cette
victime de Bacchus et de Gambrimus
et tout un mouvement consulaire a
été combiné pour le replacer. M. Jac
quet vient d'être nommé consul
général de France à Amsterdam,, et
le Journal des Débats a célébré par
une ,tirade bien sentie la réparation
donnée à « cet excellent agent. » Mais
on- assure que le gouvernement des
Pays-Bas fait des • difficultés pour lui
donnei 1 'rexequstur et" que des pour
parlera sont "entamés à ce sujet avec
le cabinet de Là Haye. Espérons que
cette intéressante ^ négociation figu-
rara bientôt parmi les succès diplo
matiques de M. Ribot.
M. Glavery, à qui l'on vient de re
tirer la'direction des consulats, occu
pait cé' poste depuis une dizaine d'an
nées. C'est ,"un - homme instruit, ap
pliqué, très versé dans les affaires
consulaires dont il s'était fait pendant
plus d[<&[ tr.epte aps une spécialité
Tout la monde reconnaissait sa droi
ture, ses bonnes intentions, ses ma
nières affables. Malheureusement, ces
bonnes 'qualités étaient neutralisées
par la* faiblesse d'un caractère qui
pliait et s'effondrait devant le moindre
froncefn'ent "dé sourcil du ministère.
Toujours inquiet de déplaire, trem
blant devant les plus infimes politi
ciens, M. Glavery en était venu à sa
crifier . tous les droits de ses subor
donnés. au.souci de sa conservation
personnelle-:-depuis près de deux ans
il s'était laissé dépouiller de toutes ses
attributions par « le cabinet », c'est-à-
dire par" les" comparses ' dô "M. Ribot.
Sa direction était nominale; son in
fluence," illusoire ; on ne le consultait
même pjijs pour les nominations ou
pour les disgrâces ; et malgré tous ces
sacrifices, malgré cette abnégation
héroïque , M. Glavery n'a pu se main
tenir dans une position ardemment
convoitée par les féaux du radicalisme.
Oui, les radicaux voulaient cette
place démantelée par leurs attaques
acharnées, sans doute afin de la rele
ver pour leur, compte et de l'installer
comme une forteresse .dans les con
seils du ministre. Dans la matinée du
16 octobre, M. Glavery apprit par le
Journal Officiel t qu'il avait cessé d'être
directeur et qu'il était nommé prési
dent de la délégation française à la
commission des Pyrénées, position
trèsv inférieure à celle qu'il occupait
depuis dix ans.. Le, coup pour lui fut
si brusque,si.accablant, qu'il en to.mba
malade et n'est pas encore remis au
jourd'hui.
M. Ilanotaux, son successeur, n'a
jamais fait partie, à aucun titre, de la
hiérarchie consulaire. Il débute, en
vrai politicien, par le rang suprême
dans le service qu'il va diriger. Elève
de l'école des chartes, M. Hanotaux
entrait en 187.9 au ministère des af
faires étrangères, en qualité de com^
mis archiviste. Trois ans après, il
était chef du cabinet, puis conseiller
d'ambassade à Gonstantinople. Eni
vré par une élévation si subite, il
rêva de rayonner pour son compte,
dans la politique, parmi les astres
de première grandeur et brigua la
députation. Elu dans le départe
ment de l'Aisne en 1886, grâce au
patronage gouvernemental, il reçut
de M. de Freycinet le grade de minis
tre plénipotentiaire comme cadeau de
bienvenue pour son entrée à la Cham
bre. Mais hélas ! dans ce milieu nou
veau, de cruelles déceptions lui furent
infligées. Ses discours, très soigneu
sement préparés, passèrent inaperçus,
son influence dans les groupes fut à
peu près nulle,et le Démosthènes mér
connu dut emboîter le pas derrière
les matadores du radicalisme. Aux
élections de 1889, il échoua piteuse
ment : aux affaires étrangères incom
bait la mission de recueillir et de re
mettre à flot cette épave. Les déboires
ftarlementaires n'avaient pas amoindri
'ambition de M. Hanotaux, ni son
estime de lui-même. Secondé par ses
amis du clan radical, il fit des efforts
pour rentrer au quai d'Orsay comme
directeur politique. Mais M. Spuller,
alors ministre, fut récalcitrant et
M. Hanotaux dut se contenter d'une
sous-rdirection.
M. Ribot arriva, plein de sourires et
de promesses pour le politicien-diplo
mate, son ancien collègue à la Cham
bre; il lui confia des missions, lui
donna la rosette, mais c'étaient là
pour l'ambition de M. Hanotaux de
maigres pâtures. Les grands personna
ges qui le patronaient furent si pres
sants, si persévérants, que le ministre
dut s'exécuter, et le jeune jacabin
reçut la direction des consulats,comme
« poste d'attente ». Il est, comme
on le voit, profondément étranger
aux conditions techniques de sa nou
velle charge. Mais qu'importe? Toutes
les qualités de l'emploi ne lui sont-
elles pas conférées par la grâce ré
volutionnaire? Dans le cabinet de
M. Hanotaux, les députés de l'extrême
gauche vont se sentir chez eux, en
famille. Ils exerceront par lui leur po
lice directe sur tout le personnel con
sulaire, et pourront l'épurer et le re
manier à leur convenance. Voilà la
véritable réforme, la rénovation at
tendue, qui va vivifier ce service et
lui infuser toute sorte de vertus effi
caces pour nos intérêts extérieurs !
Nas intérêts extérieurs! C'est au
jourd'hui la plus inutile préoccupa
tion pour nos consuls et nos diplo
mates. Qui fait attention à leurs tra
vaux? Qui tient le moindre compte
de leur zèle? Le seul titre à la faveur,
ce sont les opinions et les protections
républicaines. Tout agent suspect de
tendances réactionnaires ou de cléri
calisme est perdu. Nul mérite, nuls
services rendus ne pourront le pré
server d'une disgrâce. Aussi la pers
pective d'une dénonciation dans la
Lanterne bu le Radical fait-elle trem
bler petit employé comme haut di
gnitaire. L'auréole, c'est la familiarité
d'un Pichon, d'un Pelletan, d'un
Hubbard, ou, à défaut de ces hom
mes illustres, une parenté dans le
conseil municipal de Paris, et surtout
l'affiliation aux loges maçonnique#.
Quant au commun des martyrs (qua-
lificatiou hélas! trop justifiée !), sans
recours contre les passe-droits, les
spoliations, les dénis de justice, ils
végètent dans une langueur anémi
que, n'ayant d'autre souci que d'é
chapper, par l'obscurité et le silence,
aux hécatombes quotidiennes de
M. Ribot!
Le besoin d'innover, en brisant toi? a
les obstacles traditionnels, s'est ren
contré souvent chez les esprits supé
rieurs qui se sentaient la force de
créer une politique et d'animer une ad
ministration de leur énergie person
nelle, pour organiser ou relever une
nation. Mais quand des remaniements
et bouleversements opérés par M Ribot
sur ses cadres, ou passe à l'examen de
«a politique extérieure, on éprouve
une profonde surprise. Jamais con
traste ne fut plus marqué ; c'est un
véritable changement à vue ; au lieu
de cette humeur remuante, de cette
manie insatiable de changements et
d'innovations que nous constations
tout à l'heure, l'absence de toute ini
tiative, l'immobilité systématique, les
faux-fuyants, les déclinatoires, la peur
d'une responsabilité sur toutes les
questions nationales, enfin le laisser-
aller, l'inertie et l'insouciance à peine
masqués par des simulacres, tels sont
les procédés de sa diplomatie, sels sont
les caractères de sa sollicitude pour
les intérêts et
d'inscrire à son actif les fêtes de
Gronstadt et de s'en attribuerle .mérite
à la face du monde. Mais .toutes les
Chancelleries savent que l'alliance
eusse n'était ni dans ses prévisions,
ri dans Ses désirs, et qu'en pleine eo-
nuetterie avec l'Angleterre et les al-
qés de l'Allemagne, il a été complè-
hement surpris et désorieiïté par les
tavances du czar . Alexandre. A-t-il du
moins tiré profit de cette puissante
amitié pour notre défense ou pour la
dignité nationale? Au lendemain même
des embrassements franco-russes ,
il s'humiliait devant lo gouvernement
italien, impudent complice des bruta
lités infligées dans Rome même à nos
pèlerins catholiques. Les indécents
discours de MM. Ranc et consorts à
Nice, les ridicules effusions de M- Hub
bard avec Menotti Garibawli sur le
tombeau de Victor-Emmanuel, ont eu
M. Ribot pour approbateur. Et la rai
son de ces misérables comproni.is-
sions est bien simple : M. Ribot veut
rester ministre, et son procédé, pour
se maintenir, consiste uniquement à
courtiser la coteri e radicale.
Cet exemple suffit pour mettre en
lumière la vacuité et le désarroi des
expédients qui tiennent lieu à M. Ri
bot de politique étrangère. Icconsis-
tant et sceptique, tout dénote en lui
un suprême dédain pour les travaux
diplomatiques et la certitude intime,
inébranlable, de dominer toutes les
questions internationales par son om-
niscience politicienne et par son ta
lent de parole. Quelques paroles re
tentissantes lui suffisent pour conjurer
la tempête et dissiper les nuages accu
mulés sur notre horizon. C'est donc en
virtuose qu'il envisage toutes les
complications et tous Tes dangers du
dehers, sûr d'exécuter sur n'importe
quel thème les plus brillantes fioritu
res et d'enlever les applaudissements
de la Chambre.Gomme Gorgias.iï pos
sède un art qui met à ses pieds juris
consultes, médecins, économes, hom
mes de guerre, et tous les praticiens
expérimentés; par sa rhétorique, « œu-
« vre de persuasion sur toute chose, il
« peut produire la santé, la force de
« l'âme et du corps, la richesse, la
« prospérité des hommes et des peu-
« pies » et nous donner l'équivalent des
plus grandes victoires.
Il est la plus complète incarnation
d'un régime qui voue la France à la
domination des déclamateurs, en ex
cluant les hommes d'action et le vrai
mérite de toute participation aux
affaires.
La république française n'est pas
un gouvernement comme les autres,
ayant pour but la grandeur nationale
et la prospérité pubilque ; son office
n'est pas de faire, suivant l'expres
sion de M. Guizet, les affaires quo
tidiennes de la nation, suivant les lois
établies. Non, notre république est
un dogme ; sa mission est de catéchi
ser. C'est pour cela que la préoccupa
tion de nos intérêts et de notre défense
déserte de plus en plus nos hommes
publics. Ge n'est pas par les services
rendus, c'est par l'apostolat révolu
tionnaire qu'ils s'élèvent ou qu'ils se
maintiennent; et le plus puissant
d'entre eux à l'heure actuelle n'est-il
pas l'orateur néfaste qui nous a fait
perdre l'Egypte, et l'a littéralement
livrée aux Anglais en célébrant « l'a
vènement d'une démocratie arabe sur
les bords du Nil? »
Pour M. Clemenceau et ses adhé-« r
rents, le patriotisme n'est pas un allié :
c'est un importun, un fâcheux, qui
leur enlève la meilleure partie de leur
clientèle et qui fait une concurrence
ruineuse au jacobinisme. Aussi s'ef
forcent-ils en toute occasion de com-'
primei son essor, parce qu'à la lueur
de cette flamme, ils ne pourraient plus
consacrer, comme aujourd'hui, 16
budget et toutes les ressources du
pays à la poursuite d'ennemis imagi
naires : la réaction et le cléricalisme.
Pour que leur domination se perpétue,
pour que l'immense majorité des
Français reste opprimée par quel
ques intrigants et par une poi
gnée de sectaires, il faut que l'atten
tion publique se détourna des Vosges
et des Alpes pour se concentrer exclu
sivement sur « le péril clérical ». Tell©
est la politique de nos radicaux. Ge sont
eux qui suggèrent au gouvernement
l'effacement et l'abdication vis-à-vis des
ravisseurs de l'Alsace-Lorraine ; vaine
ment l'Italie nous prodigue la provo
cation et l'insulte; ils y répondent par
d'ineffables déclarations de tendresse;
si .scandaleuses que soient sa haine de
la France et sa passion pour l'Alle
magne, l'Italie est toujours pour eux
la bien-aimée, l'épouse de leurs rêves,
parce qu'elle est anticléricale , et
qu'ayant détruit par la violence le
pouvoir temporel du Pape, la guerre à
l'Eglise est pour elle une condition
d'existence.
A l'heure ou nous écrivons, une im
mense clameur s'élève de toutes les
parties de la France contre les fau
teurs du bloc révolutionnaire et leur
inflige, malgré leurs dénégatiuns, la
responsabilité d'un monstrueux at
tentat, Arrêt tardif et trop justifié !
Car la connexité de doctrines subver
sives avec les crimes antisociaux est
trop apparente. Il faut des yeux volon
tairement aveugles pour ne pas la voir»
Moins manifeste est la connivence
-des radicaux avec une politique exté
rieure antinationale. Car les souvenirs
de Valmy, de Jemmapes etla légende
des quatorze armées de la première Ré
publique planent encore aujourd'hui
sur nos démagogues actuels, et leur
permet de cacher au public, de se dis
simuler peut-être à eux-mêmes leur
forfaiture envers la patrie. C'est pour
cola que nous avons cru nécessaire
d'exposer dans un travail spécial, les
effets délétères jde leur influence dans
notre diplomatie et nos consulats, la
désorganisation do, ces deux services
par leurs créatures, enfin leur mépris
avéré pour notre cause et nos intérêts
nationaux en Europe et dans toutes
les parties du monde : « . Mes adver--
saires, disait dernièrement Léon XIII,
sont la triple alliance et les radicaux
français. » Parole, profonde, et dont
nous tirons tout naturellement cette
scolie : Les radicaux français sont les
coopérateurs les plus zélés, les plus
efficaces de la triple alliance., Leur
fanatisme nous amoindrit, nous isola
et remet â des temps indéfinis le re
lèvement de notre action extérieure.
Cette constatation nous permet de
porter un jugement d'ensemble sur le
ministère de M. Ribot, et ce jugement
sera bien sévère. Membre nominal du
centre gauche, il s'est fait l'homme-
lige de nos jacobins, s'est mis volotir-
tairement sous leur tutelle, s'est
chargé d'accomplir leur œuvre et,
dans tous ses actes, les a pris délibé
rément pour inspirateurs.
Eh bien ! nous ne nous trompions
pas : le démenti que la Gazette de France
nous a donné au sujet du triomphe
de la Parisienne au banquet légitimiste
de Montauban, reposait sur une équi
voque. Nous avions dit qu'on y avait
crié Vive le roi ! au son de l'hymne
des héros de 1830, et par trois fois,
dans le même article, la Gazette, ren
forcée de deux feuilles suivantes, s'est
écriée: VUnivers fait insulte aux roya
listes ; il est faux que la Parisienne ait
été chantée â Montauban.
On nel'apas chantée-, mais, comme
nous l'aviong dit, on l'a jouée.
Oui, c'est au son de la Parisienne
que s'est ouvert le banquet montalba-
nais, ce grand acte des royalistes trop
purs pour ne pas être réfractaires aux
enseignements du Pape.
Serait-ce quelque feuille de hasard
et mal intentionnée qui nous l'aurait
appris? Non certes. La précieuse in*
formation nous est venue, comme à
toute la presse, non seulement par les
correspondances auxquelles tout le
monde puise, mais aussi par. les
journaux les plus autorisés du parti.
Entendez le Gaidois : -,
C'est au milieu d'une affluence énorme
que M. lo comte d'IIaussonville, accompa
gné par les membres du comité d'organisa
tion, est arrivé au château de Chambord, 'à
six heures précises. Il porte, aveo la Rose
de France, le ruban de la Légion d'hon
neur. Il est aooueilli par ties acclamations
enthousiastes, aux cris répétés de : « Vive
le roi ! Vive la France ! » La fanfare .ïoue l,a
Parisienne, et les applaudissements redou
blent. "
Après le Gaulois, voici l'organe offi
ciel du comte Paris, lo Moniteur Uni
versel:
M. le comte d'IIaussonville est arrivé au
cbtLteaude Chambord 5 six heures préci
ses. Il portait avec la Rose de France le
ruban de la Légion (i honneur. Quand on
l'aperçoit, il est aooueilli par des acclama-
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