Titre : L'Univers
Éditeur : L'Univers (Paris)
Date d'édition : 1892-12-03
Contributeur : Veuillot, Louis (1813-1883). Rédacteur
Contributeur : Veuillot, Pierre (1859-1907). Rédacteur
Contributeur : Veuillot, François (1870-1952). Rédacteur
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Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 03 décembre 1892 03 décembre 1892
Description : 1892/12/03 (Numéro 8978). 1892/12/03 (Numéro 8978).
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse Collection numérique : Bibliographie de la presse
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Droits : Consultable en ligne
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Source : Bibliothèque nationale de France
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 06/02/2011
Samedi 3 Décembre 1892
M' 8978. —■ Kditioa quotidienne
Samedi 3 Décembre 1892
, ÉDITIO N QUOTID IENNE»
PARIS- ÉTHANGER ».
■ M DÉPARTEMENTS (uNiqS POSTÀlÂ)
Un ftQ « o • • o .o .65 » . »
Six mois. .... 28 50 jS* V
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{ D éparté ménts . 20 —
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ÉDITION SEMI-QUOTIDIENNE
PARIS ÉTRANGER
V ET DÉPARIBMOlà 1 '(UNION_ POSTALE)
Un an. ..... 30 » * 36 »
Six mois. . . . .16 » »
Trois mois. ... 8 50 , *P B
Les abonnements p&rtent des 1 er et 16 de chaque moi*
L 'UNIVERS es répond-pas des mamiscrits-qui lai sont adressés •
ANNONCES
mm . LAGRANGE, CERF et G' 6 , '6, placé de la Bourse
FRANCE
PARIS, 2 DÉCEMBRE 1892
_M. Brisson avait continué hier ses
visites, il avait vu le président de la
commission du budget, M. Casimir-
Périer, qui, tout en promettant son
appui, refusait tout portefeuille;
M ; Bourgeois faisait ses conditions.
Découragé, il a écrit aujourd'hui.au
directeur de Y Agence Havas qu'il re
nonçait à la mission de constituer un
cabinet.
A qui lè tour maintènant?
Hier, les deux Chambres se sont
réunies pour s'ajourner à lundi.
Aura-t-on un ministère . dans trois
jours ?
Rien de changé pour l'enquête par
lementaire; l'opposition entre la ma
gistrature et,la commission s'accentue
plutôt qu'aile ne diminue. Comment
sortfra-t-on de là ?
Nous donnons aujourd'hui la tra
duction <}e la première partie de l'étude
degla Civillà Cattolica sur la politique
pontificale que nous avons annoncée.
Nous n'avons pas besoin d'en faire
ressortir l'importance.
Eh annonçant hier la crise ministé
rielle de trois quarts d'heure à Ma
drid, nous nous demandions si c'était
terminé. Nos doutes se trouvent justi
fiés-par les nouvelles qui arrivent de
Madrid. La démission du mairé de
cette ville a provoqué des désordres
assez graves. Evidemment M. Sagasta
veut reprendre le pouvoir et tous les
moyens lui sont bons. M. Canovas
pourra-t-il dominer la situation ? Par
fois, surtout en Espagne, les émeutes
les plus violentes ont en fait peu de
racines dans le pays.
. A Vienne,la lutte s'est engagée entre
le ministère Taaffe et les libéraux-
allemands, au sujet des fonds secrets.
M. de Plener s'est prononcé pour le
refus de ces fonds. Qui l'empor
tera ?
Au Reichstag,en attendant la grande
bataille sur le nouveau projet mili
taire, il se produit des escarmouches
qui ne sont pas sans importance. Il y
en a eu hier une où le socialiste Lielk-
necht a vivement attaqué et le prince
de:• Bismarck et M. de Caprivi. Tout
cela n'indique pas d'une manière pré
cise quelle sera l'issue de la lutte dé
finitive, qu'on avait annoncée pour le
5 décembre, mais qui sera sans doute
reculée.
Déjà oh se demande quel serait le
successeur de M. de Caprivi au cas
où, battu, il se retirerait. C'est peut-
être prématuré.
En Italie, l'invalidation de la nom-
mination d'un des nouveaux séna
teurs, M. Zuccàro, par le Sénat,a pro
duit une profonde impression. On sé
demande si cette décision inattendue
est dirigée contre le ministère Gio-
litti ou bien contre le système des
fournées sénatoriales dont ont usé,
si^ion abusé, tous les cabinets. L'af-
aire aurait une suite.
(Voir aux Dernières Nouvelles)
L'indemnité municipale
La législature qui approche de sa
fin s'effondre .dans le scandale, l'im
puissance et le désordre.
Elle aurait dû remettre les finances
eh ordre, rétablir l'équilibre du bud
get; elle n'a pù régler aucun budget
en temps opportun ; elle n'en a pré
senté aucun clair et sincère ; elle a
augmenté les précédents déficits de
trois cent millions par exercice
Les réformes proposées, soit par le
gouvernement, soit par des membres
de la gauche, émanent de l'irréligion
ou de l'intérêt électoral ; aussi sont->
elles nuisibles à l'intérêt public ; les
unes tendent au bouleversement so
cial par la destruction de l'influence
religieuse, les autres à la désorganisa
tion des, finances de l'Etat et des com
munes.
Les Parlements sont soumis, com
me les hommes, à une impulsion
dominante, bonne ou. mauvaise, clair
voyante ou aveugle ; une majorité
chrétienne se dirige par le dévoue
ment, au bien public ; une majorité
incroyante se guide par l'intérêt per
sonnel, par un vil et lâche égoïsme;
elle ne sé montre ferme que dans la
révolte contre les lois divines.
De là proviennent les erreurs com
mises, les fautes accumulées par la
gauche qui gouverne depuis quinze
ans.
Son principal mobile a été la haine
de l'Eglise, sans laquelle aucun pou
voir utile ne peut subsister, sans la
quelle la France ne pourrait pas vivre ;
fidèle aux prescriptions, obéissante
aux vœux du Souverain Pontife, l'E
glise accepte franchement la Répu
blique ; cependant la gauche redouble
d'hostilité contre elle, et la menace
d'une spoliation complète, d'une op
pression absolue.
Et cette menace s'accomplira dans
la prochaine législature si, aux élec
tions, l'opinion ne réagit pas contre la
faiblesse qui soumet les modérés aux
radicaux et les radicaux aux socia?-
listes. ...
La chrétienne Assemblée de 1871
remit à la gauche un pays pacifié,
des finances restaurées, l'industrie et
l'agriculture derechef florissantes^
k. es Assemblées ultérieures, étant
antichrétiennes, n'ont abouti qu'à un
gâchis croissant ; elles ont amoindri
les ressources de l'Etat, de l'industrie^
de l'agriculture, des communes ; par
leurs attaques contre la religion, elles
ont frayé la voie au socialisme et
divisé la. nation en fractions hostiles :
écoles athées contre enseignement
religieux, ouvriers contre patrons,
prolétaires contre propriétaires.
Arrivée à son avant-dernière session,
la Chambre s'encombre de réformes
proposées dans le but de capter la
masse des ouvriers.
Réclame électorale, cette suppres
sion des octrois proposée ' sans que
l'on ait trouvé les moyens de rempla
cer les 300 millions qu'ils fournissent
aux communes»
; Réolatùe électorale, cette suppres
sion des taxes sur les boissons dites
hygiéniques, quoique beaucoup d'en
tre elles soient falsifiées, proposition
votée à contre-temps, retardant en
core la discussion du budget ; réforme
dont le profit reviendrattux débitants,
qui ne vendront pas moins cher le
verre ni le litre; cela est prouvé par
l'expérience faite en Belgique.,
^ Réclame électorale, cette suppres
sion proposée du permis de chasse,
qui achèverait de détruire le gibier,
déjà rarissime dans notre pays, et ne
profiterait qu'à l'étranger.
Réclame électorale, cette subvention
proposée pour toutes les femmes en
couche déclarées sans fortune ; .sub
vention que la gauche voulait impo
ser aux départements et aux com
munes, déjà surchargés d'impôts lo
caux; charité louable en elle-même,
mais d'application difficile, et qui ne
pourrait fonctionner qu'au moyen de
la caisse de secours indiquée par M.
de Mun, et alimentée à la fois par les
patrons et les ouvriers.
Réclame électorale, enfin, cette in
demnité municipale que des membres
de là gauche proposent de voter en
principe, et qui, dans des proportions
diverses, devrait finir par- s'étendre
à tous les conseils municipaux.
Logiquement démocratique . cette
innovation est grosse d'inconvénients
et de dangers.
Les conséquences en seraient moins
graves si l'on se bornait à rétribuer
les maires et les adjoints des villes
d'une population égale ou supérieure
à 50,000 âmes ; cependant elle aug
menterait sans utilité les dépenses de
ces communes, et fortifierait la dé
magogie socialiste, qui tâche d'en ac
quérir l'administration. :
Les dépenses des grandes villes sont
déjà excessivës, et leurs dettes se sont
rapidement aggravées sous le régime
républicain.
La totalité de : la dette communale
s'élevait, en 1868, à 573 millions pour
la province; Paris devait alors un mil
liard 475 million ; en 1890, ces dettes
montèrent à trois milliards 224 mil
lions ; depuis quinze ans elles aug
mentent, chaque année, en moyenne,
de 80 millions.
. Presque toutes les villes considéra-
cles se sont démesurément obérées ;
dans la moins grevée, Toulouse, on
doit par tête 124 francs ; dans la plus
obérée, Dunkerque,le quotient obtient
1,000 francs par habitant.
La plupart des derniers emprunts
contractés ne sont remboursables que
dans une longue période de vingt à
trente ans. Ils sont principalement
gagés sûr les rèssources des octrois;
mais la gauche attaque et veut suppri
mer les ..octrois, comme les autres
contributions indirectes, auxquelles
elle fait ce singulier reproche d'être
des impôts déguisés se 1 confondant
avec le prix des achats, se payant par
faibles fractions, èt trop facilement
supportés par les consommateurs.
Si les octrois sont supprimés, les
finances des villes en subiront une
telle atteinte qu'il y deviendra difficile
de remplir les engagements, et de sol
der les dépensés d'absolue nécessité.
Loin d'être nécessaire, la rétribur
tion des maires et des adjoints n'aurait
que des désavantages; ie niveau in-»
tellectuel et moral des administrations
municipales s'abaissertfit ; beaucoup
d'entre- elles se composeraient de poli
ticiens tarés et de prolétaires, qui re
jetteraient tous les impôt communaux
sur les propriétaires.
La tendance de notre nation, depuis
la Révolution, à raisonner logique
ment jusqu'à la déraison au point
de vue égalitaire et démocratique , à
tenter de dangereuses expériences, à
généraliser l'application des systèmes
et des principes, ferait bientôt rétri
buer les administrateurs et les con
seillers de toutes les villes, peut-être
ensuite des communes rurales.
Ce principe de paiement étant ad
mis, il faudrait bien l'appliquer aux
conseillers généraux et aux conseil
lers d'arrondissement, obligés à des
déplacements coûteux, tandis que les
administrateurs des villes sont exoné
rés de ces dépenses.
Aloj-s les élections locales, qui ex-
citent déjà tant de troubles, de divi
sions, de haines, de corruptions, sur
exciteraient partout de basses ambi
tions et deviendraient des batailles
acharnées ; une effroyable multitude
de fonctionnaires salariés dévorerait
et gaspillerait les Ressources de l'Ëtat
et des communes.
Voilà où conduit, , dans la pratique)
la logique des principes démocrati
ques prônés par les bourgeois de la
gauche. . ■ . - i ■ <
Veulent-ils hâtef par ces innova
tions l'assaut-que le socialisme pré
pare contre eux? Veulent-ils à leur
tour se soumettre vl se démettre ? Se
démettre en livrant le pouvoir aux
assaillants, se soumettre en tendant
leurs,bourses et Courbant leur dos
sous une implacable flagellation? ;
Avant la Révolution,.sous l'ancienne
monarchie, si vilipendée par ces bour
geois, des abus subsistaient; mais du
moins on^ servait par dévouement,
dans l'armée et dans là plupart des
fonctions publiques. L'officier ne re
cevait qu'un faible traitement, qu'une
pension minime ; le commandement
d'un régiment coûtait à son chef beau
coup d'argent, parfois Une fortune. On
achetait très cher des emplois consi
dérés, mais peu rétribués.
Il ne nous reste, de cette tradition ;
que la gratuité des conseils élëc tifs
des départements et dés communes".
Çes assemblées jouissent d'un heureux
privilège, d'une précieuse prorogative;
elles s'élèvent en .dignité, elles s'en
noblissent parce que leurs services ne
sont pas payés.
La politiquë prédomine trop mairie-
tenant dans ces conseils ; cependant
là France possédé encore un grand
nombre. d'administrateurs munici
paux qui, depuis lqngues apnées, gè
rent et défendent gratuitement les in
térêts des communes ; leurs dévoue
ment honore la France.
Déjà notre pays est surchargé'd'une
excessive multitude de fonctionnaires
salariés.
Voilà les dangers dont , nous me
nace, comme application„le prj.nci.pe,
d'ailleurs logique au point de vue aé-
mocratiquè, de.l'indemnité "muniei-
pale. Que l'on y réfléchisse avant d'ag
graver par l'attrait de l'argent, l'agi
tation déjà trop vive des élections
Communales, avant d'enlever aux
administrateurs dés communes le
prestige .et le mérite du dévouement.
G. dh Là Tour.
Cette affaire du Panama se corse
de plus en plus. Gouvernement,
parlement, magistrature, barreau,
presse, divers personnages, quantité
d'hommes plus où moins, importants,
et de comparses s'y trouvent,, à tel
ou tel titre, mêlés. Les affirmations
et les démentis, les accusations et les
plaidoyers abondent. ,
Il est donc quant à présent difficile
et même impossible de faire avec
certitude la part des uns et des autres,
surtout quant aux questions person
nelles. Meme pour certaines questions
de fond — nous ne disons pas pour
toutes — il convient d'attendre de
nouvelles lumières. D'autre part,
il est nécessaire et juste de noter
toutes les accusations, comme tour
tes les explications et tous les dé
mentis. C'est ce que nous avons
fait jusqu'ici, et ce que nous conti
nuerons de faire.
. Mai? si relativement aux personnes
cette réserve est presque commandée;
il en est autrement, des .faits, acquis et
d'intérêt général. Ceux-là on peut,
sans plus attendre, les étudier. ■
Il faut voir et il faut montrer que le
firocès du Panama, sous sa double
orme d'enquête parlementaire et d'af
faire judiciaire, donné une poussée
énorme et des plus redoutables â
toutes les idées de désordre qui déjà
secouaient ce. pays.. Tout le monde
s'occupe de la «rise ministérielle et
quelques-uns, plus hardis, murmurent
que nous touchons peut-être à une
crise gouvernementale. Il y a mieux
que cela : c'est la crise sociale qui
s'accentue et si les sages, les positifs,
les égoïstes qui avaient jusqu'ici re
fusé de la voir, continuent de la nier,
nous, leur affirmons que leur sagesse,
qui déjà les a si souvent trompés n'a
jamais été plus chargée de sottise.
C'est bien la fin de l'état social sorti
des principes de 89 que précipite l'af^
faire du Panama. ',
• . Eugène Veuillot.
Il existe entre la commission d'en
quête nommée par la Chambre et la
magistrature,' représentée par M. le
premier président de la cour d'appel
de Paris et M. le procureur général
près la même cour, : un conflit dont il
est difficile de prévoir l'issue. La com
mission., s'érigeant en comité de salut
public d'un nouveau genre, et désirant
faire la lumière sur les faits de cor
ruption dénoncés à la tribune avec tant
de courage par M. Delahaye, a de
mandé communication du dossier,
de l'affaire pendante devant la pre
mière chambré de la cour, M. le garde
des sceaux Ricard, de néfaste mé
moire, a cru pouvoir promettre cette
communication, mais il comptait sans
le refus des deux magistrats qui sont
en possession de ce dossier. On ne
peut, dans cette circonstance, s'em;
pêcher d'approuver l'attitude dé
MM. Périvier et Quesnay de Beaurè-
paire.
Dans maintes circonstances, ce der
nier n'a été que l'instrument juste
ment honni des vengeances gouverne
mentales, notamment dans le trop
fameux procès de la Haute-Cour qui
lui a valu sa ; situation et dans . la
mémorable affaire de Mgr l'archer
vêque d'Aix.f Quant à Monsieur le
Premier, comme on dit au Palais, il ne
doit la haute position qu'il occupe
qu'à ses services anticléricaux. Nous
sommes d'autant plus à l'aise pour
rendre hommage a ces aeux magis
trats, que Y Univers a souvent con-
domné leur conduite!
En ne se courbant pas deValit la
commission d'enquête, les chefs de la
•cour et du parquet font leur devoir et
ils obéissent â ia loi. Sans pour cela
aller jusqu'à les comparer, comme le
faisait hier M. Magnard dans Figaro,
aux Vieux parlementaires de l'ancien
régime qui seuls osaient braver en
face leurs tout-puissants monarques,
parce qu'ils font ce qu'ils doivent,
nous rendons justice à leur conduite.
La Chambre n'a pas voulu, dans la
discussion de la proposition Pouquery
de Bùisserin, accorder lés pouvoirs
judiciaires à la commission d enquête
et elle n'a fait que suivre en cela les
principes mêmés de notre droit pu
blic: Une des règles fondamentales
de ce droit, suivie depuis la suppres
sion de la monarchie absolue, est celle
de la séparation des pouvoirs, plus ou
moins violée parfois, par l'empiète-
du pouvoir exécutif sur le législatif, et
de temps à autre aussi par les servi
ces demandés à la magistrature par
le gouvernement ; mais jusqu'à pré
sent ; les différentes assemblées
avaient laissé les,gens de robe maîtres
chez eux.
Tant qu'une loi nouvelle n'aura pas
modifié les articles du code d'instruc
tion criminelle qui refusent de com
muniquer aux tiers les pièces d'ins
truction, l'attitude des premiers ma
gistrats de la cour et du parquet
restera correcte. M. Quesnay de Beau-
repaire paiera de. sa révocation cette
résistance nouvelle pour lui ; mais
comme-les^ieux 1 présidents à mortier
du siècle dernier qui, pour oublier les
vieilles chicanes qu'ils entendaient au
Palais, àimaient à se plonger dans la
lecture des œuvres légères des poè
tes latins, il retrouvera sa chère lit
térature et, après î , avoir , étonnéi la
France par une conduite à laquelle il
ne l'avait pas habituée, il redeviendra
Lucie Herpin.
Quant à M. Périvier, redressant sa
petite taille et fièrement drapé dans
son hermine, il continuera impuné
ment à braver le garde des sceaux,
que ce soit le grotesque Ricard ou lè
macabre Brisson, jusqu'à ce qu'une
nouvelle loi de proscription vienne
l'arracher* de son siège et épurer la
magistrature des membres qui refusent
de continuer à rendre non des arrêts,
mais des services.
M . P.
La Dépêche du Puy-de-Dôme publie
la 'communication suivante de l'évê-
ché de Clermont :
Mgr l'évêque reçoit oe matin du Souver
rain Pontife l'expression formelle d'une vo
lonté devant laquelle il n'a qu'à s'inoliner
avec une filiale obéissance.
La Dépêche, ajoute :
Nous nous associons de tout cœur aux
regrets que va causer dans tout le diooèse
la nouvelle — certaine cette fois' — du dé
part de Mgr Boyer. Ces regrets sont d'au
tant plus vifs que Sa Grandeur nous don
nait dernièrement une nouvelle preuve d'at
tachement, en refusant tout d'abord de la
main dû ministre un poste d'honneur
qu'elle est obligée d'acoepter aujourd'hui.
Le Souverain Pontife a parlé, Monseigneur
a dû se soumettre.
"Mais si cette soumission n'a pas été
ekempte d'amertume pour l'évêque qui
depuis de longues années a consacré à son
diocèse toutes les forces vives de son cœur,
elle ne sera pas moins pénible au clergé et
aux catholiques de ce département, qui ap
préciaient au plus haut degré le zèle apos
tolique et le dévouement de Mgr Boyer.
Que d'oeuvres,entreprises, relevées, en
couragées dans ce vaste diooèse I Ce sont
là les vrais titres à la reconnaissance et au
souvenir de tous.
Que Mgr l'évôque, aujourd'hui arohe-
vêque de Bourges, veuille bien recevoir
l'expression de nos respectueuses félicita
tions et en même temps de nos bien vifs
regrets.
La Politique de Léon XIII
ET
. La Contemporary Revieiv ■.
Voici lè résumé de l'article publié
sous ce titre parla Civillà Cattolica:
I.— L'article delà Contemporary Review,
disant qu'il ne manque pas d'archevêques,
d'évêques, dè chanoines et de professeurs
d'université (1) pour considérer avec épou
vanté la politique du Pape a pour bu t
évident de discréditer le Pape, au yeux du
monde. Bien que l'auteur, afin de pouvoir
plus librement produire ses vilaines accu
sations, se cache sous le Voile de l'ano
nyme, il n'est pas malaisé de deviner en lui
un membre de la diplomatie austro-hon
groise. C'est un habile avocat de la triple
alliance, ennemi de ceux qui ne lui sont pas
favorables, et particulièrement admirateur
de l' Au triche-Hongrie. Ii parle, en effet,
des exhortations de ses illustres collè
gues (2) pour s'excuser de courir le ris
que de heurter les susceptibilités du repré
sentant le plus accrédité de la politique
(1) Page 459. — (2) Page 457.
pontificale (3), et faire comprendre pour
quoi il a dû faire violence â ses nobles ins-
tinots d'estime, et de vénération pour le
Saint-Père, « son vénérable et aimé supé
rieur (4) ». .
II. — Pour montrer ce que sont, au vrai,
ces sentiments du diplomate pour le Pape,
l'auteur de l'article publié parla CivUtào ite
les expressions malsonnantes don,t ( se sert
l'auteur masqué, écrivant dans une revue
protestante, à l'adresse du Souverain Ponti
fe. Elles se résument dans cette accusation
que le Pape donne raison ;à ses ennemis qui
le représentent comme un simple diplomate,
courtisant lefort, méprisantle faible, seserr
vant de oomplaisants et abandonnant le
malheureux (5) », A l'en oroire, « le Pape
sè tait poilr fis pas offenser un potentat
(l'empereur de Russie), le plus grand en
nemi de la triple alliance, quand 11 devrait
parlef et fortement pour la défense d une
population dévouée - de catholiques . qui
souffrent persécution ptiur la foi (6) "•
D'autre part, le Pape « favorise fit caresse
un gouvernement albée (celui de la FraflCS),
dont tous les actes respirent une haine dia
bolique contre nôtre religion, et ( chose in
croyable, met systématiquement à son ser-
vioe lôs plus nobles instincts de la civilisa
tion catholique,en sorte que 06 gouverne
ment continue à prospérer et à insulter notre
religion (i7) ».^Bref, grâce à la politique dtt
Pape, « toute la chrétienté est bouleversée
et menaoée de dissensions et de guer
res (8) ». La vérité, c'est que le diplomate
anonyme a lanoé dans le monde « le plus
perfide réquisitoire qui ait jamais été écrit
contre le vénérable Pontife ». On le dé-
montrera dans un numéro subséquent, en
examinant les faits et les documents qu'il
allègue. Pour le moment, on se tiendra à
l'examen et à la réfutation de son erreur
fondamentale sur la politique du Pape.
ill.— A en croire l'écrivain anonyme,
toute la politique du Pape converge à la
restauration de son pouvoir temporel. Per
suadé que la restauration du pouvoir tem
porel est intimèment liée au bien-être de
l'Eglise, il fait de celte persuasion « le dia
pason qui donne le la à toute sa politique
Tous les, compromis faits par lui et tous
les,sacrifiées imposés à. ses fils spirituels
ont été dictés par la nécessité reconnue d'in
carner cette opinion abstraite dans un fait
politique concret (9) ». L'écrivain de la
revue anglaise détaille cette accusation :
cour faite à la Russie schismatlque, &
l'Angleterre protestante, à la France ma*
çonnique, ce qui a amené l'amitié avec
Bismarch, auteur du Kulturkampf, l'ac
cueiljbienveillant fait à M. Iswolski,envoyé
du czar, persécuteur des catholiques, et,
comme conséquence, la compromission ou
le saorifice des droits des Polonais, des Ir
landais, des monarchistes oatholiques fran
çais, des membres du centre au Reichstag
allemand (10), et, par contre, èn haine, de
la triple alliance, la froideur hostile mon
trée à l'Autriche-Hohgrie, à qui l'on refuse
le nombre de cardinaux auquel èlle prétend
avoir droit: la défiance avec laquelle est
traité le oomte Revertera, son ambassadeur
à Rome; le projet de rappeler Mgr Galim-
berti, ami notoire dè la triplé alliance (11);
refus de désigner les évêques proposés
par elle, et une série de faits semblables
qui obligent le gouvernement et- le peuple
austro-hongrois à s'éorier : « Qu'avons-
nous donc fait pour que la main qui s'étend
pour bénir une République anticatholiqua
et lui venir en aide se lève pour maudire
les monarohies d'Autriche et de. Hon
grie (12) ? »
Afin d'amener les oatholiques de tous
pays à travailler pour son unique idée, «on-
tinue l'éorivain de la revue anglaise,le Pape
per fas et nef as a insisté sur son droit, re
jeté par les Irlandais (13) et impossible à
reconnaître par la Hongrie (14)^d'interve
nir dans les affaires des Etats et de diriger
la politique des oatholiques en les obligeant
à suivre la conduite qu'il leur prescrit. Bien
plus, pour arriver à ses fins, le Pape ne
craint pas de. se contredire. Ainsi
.« Léon XIII a récemment abjuré en France
oemême principe qu'avec tant de persé
vérance il. s'éfforoé dé défendre en Italie,
à savoir le principe du droit divin, par rap
port à l'origine du pouvoir (15) ». Par ail
leurs, il est manifeste, ooq.tinue l'anonyme,
que l'objectif du Pape « est d'affaiblir, sinon
de sacrifier uni autre principe'fondamen
tal, toujours reconnu p ar l'Eglise, et rare
ment combattu depuis le.conoile de Trente,
à savoir que les catholiques sont, non seu
lement membres d'une Eglise, mais enoore
citoyens d'un Etat (16) ».
Or, toujours d'après l'anonyme, les ca
tholiques dévoués et intelligents d'Europe
et d'Amérique, sans dire que la restaura-
lion voulue par le Pape est une chimère,
en considèrent la réalisation comme im
possible dans la pratique; ils doutent même
s'il en résultera un mal ou un bien pour
l'Eglise et la société en sorte qu'on pourrait
dire que oe serait une malédiotion plutôt
qu'une bénédiction (17). D'où la conclusion
que l'anonyme considère avec une défiance
intellectuelle les efforts bien intentionnés
du Pape. v
IV. — L'écrivain delà Civiltd se propose
d'examiner ce que ces allégations ont de
faux ou d'exagéré, mais auparavant il croit
non seulement npportun, mais nécessaire,
de résumer brièvement et de déclarer quels
sont les vrais desseins qui guident lé Pape
dans le gouvernement de l'Eglise univers
selle. Ce sera d'ailleurs montrer indirecte
ment la fausseté des thèses de l'anonyme
et donner un démenti solennel aux accusa
tions portées par lui contre te Souverain
Pontife.
Quelle est donc Vidée-mère de la soi-di
sant politique de Léon XIII ? Elle ne pour
rait être plus sainte ni plus noble, car il est
convaincu — et il veut que tous soient con
vaincus comme lui — que l'Eglise; œuvre
immortelle du Dieu de miséricorde, tout en
ayant directement en vue, par sa nature, le
salut des âmes et l'éternelle félicité du Ciel,
apporte encore a l'ordre temporel tant d'a
vantages qu'il ne s'en pourrait trouver de
plus grands si elle eût été destinée directe
ment et par dessus tout, à poursuivre la
prospérité de la vie présente (18).
(3) Ibid. - (4) Ibid. — (5) P. 477. — (6) P. 477.
— (7) P. 477. — (8) Ibid. — (9) P. 459. —
10) P. 477. — (11) P. 468. — (12) P. 471. —
(13) P. 461. — (.14) P. 476. — (15) P. 665. —
— (16) P. 460-461. — (17) Page 460.
(18) Encyclique Immoriale Dei, 1" novembre
1885.
C'est cette idée féconde dont le Pape a
fait la base des règles à suivre par spn se
crétaire d'Etat, comme il ea£ facile ^de le
voir dans la lettre du 15 juin 18 &7».®' cetlo
même déolaration est confirmée dans les
magistrales Encycliques adressées par le
Saint-Père au monde catholique. t
D'après cela, il n'est pas difficile de dé- - ,
terminer l'objet que sa propose le Pape de
puis le commencement de son pontificat^
Constammeht.il s'est appliqué à réparer les
maux causés à l'Eglise par la Révolution,
en même temps qu'il faisait sentir à toute
la famille, humaine les bienfaits que le con
cours de l'Eglise lui devait assurer. Dans
ce dessein, il fut et restera ferme, ainsi
qu'il l'éorivàit à son secrétaire d'Etat, en
réclamant son ooucours afin de diriger par-^
tout dans ce sens l'action dii Saint-Siège,
selon les besoins et les conditions spéciales
de chaque nation. , .
A ce dessein ont rendu hommsgfe. les
plus éminents hommes d'Etat et écrivain»
de l'Europe contemporaine, parmi lesquels
la Civiltà oite nommément M. Leroy-Beau-
lieu, dont elle loue grandement le travail
paru à ce sujet dans la Revue des Deux
Mondes.
,, V. rfr li se trompe, donc ou il ne dit pas
la vérité, l'anonyme qui prétend que le sut
du Pape est d'obtenir une domination po*
litique sur l'Etat, et (Je. chercher le .seul
auccès politique (19) en faisant dés moyens
la fin, contrairement à l'ordre établi pajr
Dieu. Cette accusation, d'ailleurs,, n'est pas
nouvelle, et le Pape,en la repoussant dp.ns
son Encyclique. aux Français du, 10 fé^
vrier 1892^ a dit que son invention appar
tient aux premierr ennemis du christia-*
nisme. ...
Par le fait, c'était le reproche des phari
siens, accusant Notre-Seigneur de vouloir
susoiter des troubles politiques, quand il
songeait uniquement, au salut des âmes et
au soulagement des malheureux. On n.9
doit aoouser personne d'être, mauvais,si l'oil
n'en a pas les preuves. Or,l'écriv.ain.de la Ci»
viltd promet d'établir dans un. article sub
séquent quë les faits sur lesquels est basée
l'accusation de l'anonyme, à savoir la con-.
duite du Saint-Siège envers l'Irlande, la
France, l'Autriche,l'Allemagne «t la;Russié,
bien loin de prouver la vérité, de l'accusa
tion, constitue la plus belle. confirma
tion des. déclarations répétées du Souve
rain Pontife et le .plus éloquent commen
taire du seul but qui, comme on l'a dit plus
haut, ait guidé et guide Léon XIII.
Demain nous analyserons, Ia : der
nière partie de l'article de la Civillà
Cattoli ca,
Pardon ! C'est encore la Gazette de
France.
Elle prend acte de notre rectifica
tion au sujet des voix conservatrices,
à l'élection de Morlaix, en 1889. Mais
elle nous trouve injustes de conclure
en reprochant aux monarchistes leur
inertie. Il est vrai que, pour mieux
démontrer la fausseté de notre con
clusion,' elle passe sous un silence
discret les preuves dont nous avions
pris soin de l'appuyer.
Malheureusement, la Gazette est
moins habile quand elle veut à son
tour, nous convaincre de la brûlante
activité des monarchistes. ' "
Elle ne trouve pas d'autre preuve â
citer que la phrase suivante d'une
lettre qu'elle a reçue de M. le comte
dè la Barre de Nanteuil :
Comme par le. passé, écrit l'hoiiorable
président du oomité royaliste, notre comité,
auquel sont.demeurés fidèles presqué touS
nos amis des campagnes, attend avec calme
que les événements prochains prouvent &
tous, que, en dehors de là monarchie, tradi
tionnelle, nulle autorité socialé n'est, capable
d'assurer à notre pays l'ayenir de prospé
rité, de sécurité, de force et de grandeur
auquel il aspire vivement depuis tant, d'an
nées. ,
Quels événements? Comment sè
produiront-ils? On n'en sait rien ;
mais on les attend, avec calme ! Voilà
de l'énergie I Voilà de l'activité'!
D'ailleurs ce calme a déjà produit
de merveilleux effets : quand M. l'abbé
Le Saout lève le . drapeau catholique
contre l'opportuniste Rouilly,' le co
mité royaliste attend avec calme l'issue
de la lutte ; il regarde les deux cham-
•pions combattre dans l'arène ; mais
il se garde bien de se mêler à la Ba
taille ; se,^départir d'un calme si .vail
lant ! Jamais ! , s.,
. Eh bien ! dût la Gazette trouver que
nous y mettons de la mauvaise vo
lonté, c'est ce calme précisément
dont nou3 ne voulons pas. En pré
sence de l'ardeur que mettent les
sectaires à soutenir leur détestable,
cause, nous croyons que le devoir, d'uii
bon catholique et d'un bon Français
n'est pas d'attendre les événements
avec calme; notre avia, au contraire,
est qu'il faut les'préparer , avéc' éner
gie, au risque même d'être obligés de
perdre un calme si précieux !
F. V.
On nous écrit de Morlaix : . . .
La Gazette de France continue à discuter
au sujet de la déclaration du comité catho-
lique,dé Morlaix : elle en revient toujours
à l'échec" de rabbé iie'Sàoutj'doïit la candi
dature fut iancée seulement quatre, jours
avant le scrutin, presque sans comité, et
surtout sans argent : on ne [dépensa pas
1,000 francs pour cette campagne.
Or, dès que la candidature dé l'abbé-Le
Saout fut connue, le comité'qui s'était
formé à la hâte pour la soutenir reçut trois
lettres, émanant de trois notabiiités roya-
listas de la 1" circonscription de l'arron
dissement dè Morlaix.
(19) P, 458.
M' 8978. —■ Kditioa quotidienne
Samedi 3 Décembre 1892
, ÉDITIO N QUOTID IENNE»
PARIS- ÉTHANGER ».
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L 'UNIVERS es répond-pas des mamiscrits-qui lai sont adressés •
ANNONCES
mm . LAGRANGE, CERF et G' 6 , '6, placé de la Bourse
FRANCE
PARIS, 2 DÉCEMBRE 1892
_M. Brisson avait continué hier ses
visites, il avait vu le président de la
commission du budget, M. Casimir-
Périer, qui, tout en promettant son
appui, refusait tout portefeuille;
M ; Bourgeois faisait ses conditions.
Découragé, il a écrit aujourd'hui.au
directeur de Y Agence Havas qu'il re
nonçait à la mission de constituer un
cabinet.
A qui lè tour maintènant?
Hier, les deux Chambres se sont
réunies pour s'ajourner à lundi.
Aura-t-on un ministère . dans trois
jours ?
Rien de changé pour l'enquête par
lementaire; l'opposition entre la ma
gistrature et,la commission s'accentue
plutôt qu'aile ne diminue. Comment
sortfra-t-on de là ?
Nous donnons aujourd'hui la tra
duction <}e la première partie de l'étude
degla Civillà Cattolica sur la politique
pontificale que nous avons annoncée.
Nous n'avons pas besoin d'en faire
ressortir l'importance.
Eh annonçant hier la crise ministé
rielle de trois quarts d'heure à Ma
drid, nous nous demandions si c'était
terminé. Nos doutes se trouvent justi
fiés-par les nouvelles qui arrivent de
Madrid. La démission du mairé de
cette ville a provoqué des désordres
assez graves. Evidemment M. Sagasta
veut reprendre le pouvoir et tous les
moyens lui sont bons. M. Canovas
pourra-t-il dominer la situation ? Par
fois, surtout en Espagne, les émeutes
les plus violentes ont en fait peu de
racines dans le pays.
. A Vienne,la lutte s'est engagée entre
le ministère Taaffe et les libéraux-
allemands, au sujet des fonds secrets.
M. de Plener s'est prononcé pour le
refus de ces fonds. Qui l'empor
tera ?
Au Reichstag,en attendant la grande
bataille sur le nouveau projet mili
taire, il se produit des escarmouches
qui ne sont pas sans importance. Il y
en a eu hier une où le socialiste Lielk-
necht a vivement attaqué et le prince
de:• Bismarck et M. de Caprivi. Tout
cela n'indique pas d'une manière pré
cise quelle sera l'issue de la lutte dé
finitive, qu'on avait annoncée pour le
5 décembre, mais qui sera sans doute
reculée.
Déjà oh se demande quel serait le
successeur de M. de Caprivi au cas
où, battu, il se retirerait. C'est peut-
être prématuré.
En Italie, l'invalidation de la nom-
mination d'un des nouveaux séna
teurs, M. Zuccàro, par le Sénat,a pro
duit une profonde impression. On sé
demande si cette décision inattendue
est dirigée contre le ministère Gio-
litti ou bien contre le système des
fournées sénatoriales dont ont usé,
si^ion abusé, tous les cabinets. L'af-
aire aurait une suite.
(Voir aux Dernières Nouvelles)
L'indemnité municipale
La législature qui approche de sa
fin s'effondre .dans le scandale, l'im
puissance et le désordre.
Elle aurait dû remettre les finances
eh ordre, rétablir l'équilibre du bud
get; elle n'a pù régler aucun budget
en temps opportun ; elle n'en a pré
senté aucun clair et sincère ; elle a
augmenté les précédents déficits de
trois cent millions par exercice
Les réformes proposées, soit par le
gouvernement, soit par des membres
de la gauche, émanent de l'irréligion
ou de l'intérêt électoral ; aussi sont->
elles nuisibles à l'intérêt public ; les
unes tendent au bouleversement so
cial par la destruction de l'influence
religieuse, les autres à la désorganisa
tion des, finances de l'Etat et des com
munes.
Les Parlements sont soumis, com
me les hommes, à une impulsion
dominante, bonne ou. mauvaise, clair
voyante ou aveugle ; une majorité
chrétienne se dirige par le dévoue
ment, au bien public ; une majorité
incroyante se guide par l'intérêt per
sonnel, par un vil et lâche égoïsme;
elle ne sé montre ferme que dans la
révolte contre les lois divines.
De là proviennent les erreurs com
mises, les fautes accumulées par la
gauche qui gouverne depuis quinze
ans.
Son principal mobile a été la haine
de l'Eglise, sans laquelle aucun pou
voir utile ne peut subsister, sans la
quelle la France ne pourrait pas vivre ;
fidèle aux prescriptions, obéissante
aux vœux du Souverain Pontife, l'E
glise accepte franchement la Répu
blique ; cependant la gauche redouble
d'hostilité contre elle, et la menace
d'une spoliation complète, d'une op
pression absolue.
Et cette menace s'accomplira dans
la prochaine législature si, aux élec
tions, l'opinion ne réagit pas contre la
faiblesse qui soumet les modérés aux
radicaux et les radicaux aux socia?-
listes. ...
La chrétienne Assemblée de 1871
remit à la gauche un pays pacifié,
des finances restaurées, l'industrie et
l'agriculture derechef florissantes^
k. es Assemblées ultérieures, étant
antichrétiennes, n'ont abouti qu'à un
gâchis croissant ; elles ont amoindri
les ressources de l'Etat, de l'industrie^
de l'agriculture, des communes ; par
leurs attaques contre la religion, elles
ont frayé la voie au socialisme et
divisé la. nation en fractions hostiles :
écoles athées contre enseignement
religieux, ouvriers contre patrons,
prolétaires contre propriétaires.
Arrivée à son avant-dernière session,
la Chambre s'encombre de réformes
proposées dans le but de capter la
masse des ouvriers.
Réclame électorale, cette suppres
sion des octrois proposée ' sans que
l'on ait trouvé les moyens de rempla
cer les 300 millions qu'ils fournissent
aux communes»
; Réolatùe électorale, cette suppres
sion des taxes sur les boissons dites
hygiéniques, quoique beaucoup d'en
tre elles soient falsifiées, proposition
votée à contre-temps, retardant en
core la discussion du budget ; réforme
dont le profit reviendrattux débitants,
qui ne vendront pas moins cher le
verre ni le litre; cela est prouvé par
l'expérience faite en Belgique.,
^ Réclame électorale, cette suppres
sion proposée du permis de chasse,
qui achèverait de détruire le gibier,
déjà rarissime dans notre pays, et ne
profiterait qu'à l'étranger.
Réclame électorale, cette subvention
proposée pour toutes les femmes en
couche déclarées sans fortune ; .sub
vention que la gauche voulait impo
ser aux départements et aux com
munes, déjà surchargés d'impôts lo
caux; charité louable en elle-même,
mais d'application difficile, et qui ne
pourrait fonctionner qu'au moyen de
la caisse de secours indiquée par M.
de Mun, et alimentée à la fois par les
patrons et les ouvriers.
Réclame électorale, enfin, cette in
demnité municipale que des membres
de là gauche proposent de voter en
principe, et qui, dans des proportions
diverses, devrait finir par- s'étendre
à tous les conseils municipaux.
Logiquement démocratique . cette
innovation est grosse d'inconvénients
et de dangers.
Les conséquences en seraient moins
graves si l'on se bornait à rétribuer
les maires et les adjoints des villes
d'une population égale ou supérieure
à 50,000 âmes ; cependant elle aug
menterait sans utilité les dépenses de
ces communes, et fortifierait la dé
magogie socialiste, qui tâche d'en ac
quérir l'administration. :
Les dépenses des grandes villes sont
déjà excessivës, et leurs dettes se sont
rapidement aggravées sous le régime
républicain.
La totalité de : la dette communale
s'élevait, en 1868, à 573 millions pour
la province; Paris devait alors un mil
liard 475 million ; en 1890, ces dettes
montèrent à trois milliards 224 mil
lions ; depuis quinze ans elles aug
mentent, chaque année, en moyenne,
de 80 millions.
. Presque toutes les villes considéra-
cles se sont démesurément obérées ;
dans la moins grevée, Toulouse, on
doit par tête 124 francs ; dans la plus
obérée, Dunkerque,le quotient obtient
1,000 francs par habitant.
La plupart des derniers emprunts
contractés ne sont remboursables que
dans une longue période de vingt à
trente ans. Ils sont principalement
gagés sûr les rèssources des octrois;
mais la gauche attaque et veut suppri
mer les ..octrois, comme les autres
contributions indirectes, auxquelles
elle fait ce singulier reproche d'être
des impôts déguisés se 1 confondant
avec le prix des achats, se payant par
faibles fractions, èt trop facilement
supportés par les consommateurs.
Si les octrois sont supprimés, les
finances des villes en subiront une
telle atteinte qu'il y deviendra difficile
de remplir les engagements, et de sol
der les dépensés d'absolue nécessité.
Loin d'être nécessaire, la rétribur
tion des maires et des adjoints n'aurait
que des désavantages; ie niveau in-»
tellectuel et moral des administrations
municipales s'abaissertfit ; beaucoup
d'entre- elles se composeraient de poli
ticiens tarés et de prolétaires, qui re
jetteraient tous les impôt communaux
sur les propriétaires.
La tendance de notre nation, depuis
la Révolution, à raisonner logique
ment jusqu'à la déraison au point
de vue égalitaire et démocratique , à
tenter de dangereuses expériences, à
généraliser l'application des systèmes
et des principes, ferait bientôt rétri
buer les administrateurs et les con
seillers de toutes les villes, peut-être
ensuite des communes rurales.
Ce principe de paiement étant ad
mis, il faudrait bien l'appliquer aux
conseillers généraux et aux conseil
lers d'arrondissement, obligés à des
déplacements coûteux, tandis que les
administrateurs des villes sont exoné
rés de ces dépenses.
Aloj-s les élections locales, qui ex-
citent déjà tant de troubles, de divi
sions, de haines, de corruptions, sur
exciteraient partout de basses ambi
tions et deviendraient des batailles
acharnées ; une effroyable multitude
de fonctionnaires salariés dévorerait
et gaspillerait les Ressources de l'Ëtat
et des communes.
Voilà où conduit, , dans la pratique)
la logique des principes démocrati
ques prônés par les bourgeois de la
gauche. . ■ . - i ■ <
Veulent-ils hâtef par ces innova
tions l'assaut-que le socialisme pré
pare contre eux? Veulent-ils à leur
tour se soumettre vl se démettre ? Se
démettre en livrant le pouvoir aux
assaillants, se soumettre en tendant
leurs,bourses et Courbant leur dos
sous une implacable flagellation? ;
Avant la Révolution,.sous l'ancienne
monarchie, si vilipendée par ces bour
geois, des abus subsistaient; mais du
moins on^ servait par dévouement,
dans l'armée et dans là plupart des
fonctions publiques. L'officier ne re
cevait qu'un faible traitement, qu'une
pension minime ; le commandement
d'un régiment coûtait à son chef beau
coup d'argent, parfois Une fortune. On
achetait très cher des emplois consi
dérés, mais peu rétribués.
Il ne nous reste, de cette tradition ;
que la gratuité des conseils élëc tifs
des départements et dés communes".
Çes assemblées jouissent d'un heureux
privilège, d'une précieuse prorogative;
elles s'élèvent en .dignité, elles s'en
noblissent parce que leurs services ne
sont pas payés.
La politiquë prédomine trop mairie-
tenant dans ces conseils ; cependant
là France possédé encore un grand
nombre. d'administrateurs munici
paux qui, depuis lqngues apnées, gè
rent et défendent gratuitement les in
térêts des communes ; leurs dévoue
ment honore la France.
Déjà notre pays est surchargé'd'une
excessive multitude de fonctionnaires
salariés.
Voilà les dangers dont , nous me
nace, comme application„le prj.nci.pe,
d'ailleurs logique au point de vue aé-
mocratiquè, de.l'indemnité "muniei-
pale. Que l'on y réfléchisse avant d'ag
graver par l'attrait de l'argent, l'agi
tation déjà trop vive des élections
Communales, avant d'enlever aux
administrateurs dés communes le
prestige .et le mérite du dévouement.
G. dh Là Tour.
Cette affaire du Panama se corse
de plus en plus. Gouvernement,
parlement, magistrature, barreau,
presse, divers personnages, quantité
d'hommes plus où moins, importants,
et de comparses s'y trouvent,, à tel
ou tel titre, mêlés. Les affirmations
et les démentis, les accusations et les
plaidoyers abondent. ,
Il est donc quant à présent difficile
et même impossible de faire avec
certitude la part des uns et des autres,
surtout quant aux questions person
nelles. Meme pour certaines questions
de fond — nous ne disons pas pour
toutes — il convient d'attendre de
nouvelles lumières. D'autre part,
il est nécessaire et juste de noter
toutes les accusations, comme tour
tes les explications et tous les dé
mentis. C'est ce que nous avons
fait jusqu'ici, et ce que nous conti
nuerons de faire.
. Mai? si relativement aux personnes
cette réserve est presque commandée;
il en est autrement, des .faits, acquis et
d'intérêt général. Ceux-là on peut,
sans plus attendre, les étudier. ■
Il faut voir et il faut montrer que le
firocès du Panama, sous sa double
orme d'enquête parlementaire et d'af
faire judiciaire, donné une poussée
énorme et des plus redoutables â
toutes les idées de désordre qui déjà
secouaient ce. pays.. Tout le monde
s'occupe de la «rise ministérielle et
quelques-uns, plus hardis, murmurent
que nous touchons peut-être à une
crise gouvernementale. Il y a mieux
que cela : c'est la crise sociale qui
s'accentue et si les sages, les positifs,
les égoïstes qui avaient jusqu'ici re
fusé de la voir, continuent de la nier,
nous, leur affirmons que leur sagesse,
qui déjà les a si souvent trompés n'a
jamais été plus chargée de sottise.
C'est bien la fin de l'état social sorti
des principes de 89 que précipite l'af^
faire du Panama. ',
• . Eugène Veuillot.
Il existe entre la commission d'en
quête nommée par la Chambre et la
magistrature,' représentée par M. le
premier président de la cour d'appel
de Paris et M. le procureur général
près la même cour, : un conflit dont il
est difficile de prévoir l'issue. La com
mission., s'érigeant en comité de salut
public d'un nouveau genre, et désirant
faire la lumière sur les faits de cor
ruption dénoncés à la tribune avec tant
de courage par M. Delahaye, a de
mandé communication du dossier,
de l'affaire pendante devant la pre
mière chambré de la cour, M. le garde
des sceaux Ricard, de néfaste mé
moire, a cru pouvoir promettre cette
communication, mais il comptait sans
le refus des deux magistrats qui sont
en possession de ce dossier. On ne
peut, dans cette circonstance, s'em;
pêcher d'approuver l'attitude dé
MM. Périvier et Quesnay de Beaurè-
paire.
Dans maintes circonstances, ce der
nier n'a été que l'instrument juste
ment honni des vengeances gouverne
mentales, notamment dans le trop
fameux procès de la Haute-Cour qui
lui a valu sa ; situation et dans . la
mémorable affaire de Mgr l'archer
vêque d'Aix.f Quant à Monsieur le
Premier, comme on dit au Palais, il ne
doit la haute position qu'il occupe
qu'à ses services anticléricaux. Nous
sommes d'autant plus à l'aise pour
rendre hommage a ces aeux magis
trats, que Y Univers a souvent con-
domné leur conduite!
En ne se courbant pas deValit la
commission d'enquête, les chefs de la
•cour et du parquet font leur devoir et
ils obéissent â ia loi. Sans pour cela
aller jusqu'à les comparer, comme le
faisait hier M. Magnard dans Figaro,
aux Vieux parlementaires de l'ancien
régime qui seuls osaient braver en
face leurs tout-puissants monarques,
parce qu'ils font ce qu'ils doivent,
nous rendons justice à leur conduite.
La Chambre n'a pas voulu, dans la
discussion de la proposition Pouquery
de Bùisserin, accorder lés pouvoirs
judiciaires à la commission d enquête
et elle n'a fait que suivre en cela les
principes mêmés de notre droit pu
blic: Une des règles fondamentales
de ce droit, suivie depuis la suppres
sion de la monarchie absolue, est celle
de la séparation des pouvoirs, plus ou
moins violée parfois, par l'empiète-
du pouvoir exécutif sur le législatif, et
de temps à autre aussi par les servi
ces demandés à la magistrature par
le gouvernement ; mais jusqu'à pré
sent ; les différentes assemblées
avaient laissé les,gens de robe maîtres
chez eux.
Tant qu'une loi nouvelle n'aura pas
modifié les articles du code d'instruc
tion criminelle qui refusent de com
muniquer aux tiers les pièces d'ins
truction, l'attitude des premiers ma
gistrats de la cour et du parquet
restera correcte. M. Quesnay de Beau-
repaire paiera de. sa révocation cette
résistance nouvelle pour lui ; mais
comme-les^ieux 1 présidents à mortier
du siècle dernier qui, pour oublier les
vieilles chicanes qu'ils entendaient au
Palais, àimaient à se plonger dans la
lecture des œuvres légères des poè
tes latins, il retrouvera sa chère lit
térature et, après î , avoir , étonnéi la
France par une conduite à laquelle il
ne l'avait pas habituée, il redeviendra
Lucie Herpin.
Quant à M. Périvier, redressant sa
petite taille et fièrement drapé dans
son hermine, il continuera impuné
ment à braver le garde des sceaux,
que ce soit le grotesque Ricard ou lè
macabre Brisson, jusqu'à ce qu'une
nouvelle loi de proscription vienne
l'arracher* de son siège et épurer la
magistrature des membres qui refusent
de continuer à rendre non des arrêts,
mais des services.
M . P.
La Dépêche du Puy-de-Dôme publie
la 'communication suivante de l'évê-
ché de Clermont :
Mgr l'évêque reçoit oe matin du Souver
rain Pontife l'expression formelle d'une vo
lonté devant laquelle il n'a qu'à s'inoliner
avec une filiale obéissance.
La Dépêche, ajoute :
Nous nous associons de tout cœur aux
regrets que va causer dans tout le diooèse
la nouvelle — certaine cette fois' — du dé
part de Mgr Boyer. Ces regrets sont d'au
tant plus vifs que Sa Grandeur nous don
nait dernièrement une nouvelle preuve d'at
tachement, en refusant tout d'abord de la
main dû ministre un poste d'honneur
qu'elle est obligée d'acoepter aujourd'hui.
Le Souverain Pontife a parlé, Monseigneur
a dû se soumettre.
"Mais si cette soumission n'a pas été
ekempte d'amertume pour l'évêque qui
depuis de longues années a consacré à son
diocèse toutes les forces vives de son cœur,
elle ne sera pas moins pénible au clergé et
aux catholiques de ce département, qui ap
préciaient au plus haut degré le zèle apos
tolique et le dévouement de Mgr Boyer.
Que d'oeuvres,entreprises, relevées, en
couragées dans ce vaste diooèse I Ce sont
là les vrais titres à la reconnaissance et au
souvenir de tous.
Que Mgr l'évôque, aujourd'hui arohe-
vêque de Bourges, veuille bien recevoir
l'expression de nos respectueuses félicita
tions et en même temps de nos bien vifs
regrets.
La Politique de Léon XIII
ET
. La Contemporary Revieiv ■.
Voici lè résumé de l'article publié
sous ce titre parla Civillà Cattolica:
I.— L'article delà Contemporary Review,
disant qu'il ne manque pas d'archevêques,
d'évêques, dè chanoines et de professeurs
d'université (1) pour considérer avec épou
vanté la politique du Pape a pour bu t
évident de discréditer le Pape, au yeux du
monde. Bien que l'auteur, afin de pouvoir
plus librement produire ses vilaines accu
sations, se cache sous le Voile de l'ano
nyme, il n'est pas malaisé de deviner en lui
un membre de la diplomatie austro-hon
groise. C'est un habile avocat de la triple
alliance, ennemi de ceux qui ne lui sont pas
favorables, et particulièrement admirateur
de l' Au triche-Hongrie. Ii parle, en effet,
des exhortations de ses illustres collè
gues (2) pour s'excuser de courir le ris
que de heurter les susceptibilités du repré
sentant le plus accrédité de la politique
(1) Page 459. — (2) Page 457.
pontificale (3), et faire comprendre pour
quoi il a dû faire violence â ses nobles ins-
tinots d'estime, et de vénération pour le
Saint-Père, « son vénérable et aimé supé
rieur (4) ». .
II. — Pour montrer ce que sont, au vrai,
ces sentiments du diplomate pour le Pape,
l'auteur de l'article publié parla CivUtào ite
les expressions malsonnantes don,t ( se sert
l'auteur masqué, écrivant dans une revue
protestante, à l'adresse du Souverain Ponti
fe. Elles se résument dans cette accusation
que le Pape donne raison ;à ses ennemis qui
le représentent comme un simple diplomate,
courtisant lefort, méprisantle faible, seserr
vant de oomplaisants et abandonnant le
malheureux (5) », A l'en oroire, « le Pape
sè tait poilr fis pas offenser un potentat
(l'empereur de Russie), le plus grand en
nemi de la triple alliance, quand 11 devrait
parlef et fortement pour la défense d une
population dévouée - de catholiques . qui
souffrent persécution ptiur la foi (6) "•
D'autre part, le Pape « favorise fit caresse
un gouvernement albée (celui de la FraflCS),
dont tous les actes respirent une haine dia
bolique contre nôtre religion, et ( chose in
croyable, met systématiquement à son ser-
vioe lôs plus nobles instincts de la civilisa
tion catholique,en sorte que 06 gouverne
ment continue à prospérer et à insulter notre
religion (i7) ».^Bref, grâce à la politique dtt
Pape, « toute la chrétienté est bouleversée
et menaoée de dissensions et de guer
res (8) ». La vérité, c'est que le diplomate
anonyme a lanoé dans le monde « le plus
perfide réquisitoire qui ait jamais été écrit
contre le vénérable Pontife ». On le dé-
montrera dans un numéro subséquent, en
examinant les faits et les documents qu'il
allègue. Pour le moment, on se tiendra à
l'examen et à la réfutation de son erreur
fondamentale sur la politique du Pape.
ill.— A en croire l'écrivain anonyme,
toute la politique du Pape converge à la
restauration de son pouvoir temporel. Per
suadé que la restauration du pouvoir tem
porel est intimèment liée au bien-être de
l'Eglise, il fait de celte persuasion « le dia
pason qui donne le la à toute sa politique
Tous les, compromis faits par lui et tous
les,sacrifiées imposés à. ses fils spirituels
ont été dictés par la nécessité reconnue d'in
carner cette opinion abstraite dans un fait
politique concret (9) ». L'écrivain de la
revue anglaise détaille cette accusation :
cour faite à la Russie schismatlque, &
l'Angleterre protestante, à la France ma*
çonnique, ce qui a amené l'amitié avec
Bismarch, auteur du Kulturkampf, l'ac
cueiljbienveillant fait à M. Iswolski,envoyé
du czar, persécuteur des catholiques, et,
comme conséquence, la compromission ou
le saorifice des droits des Polonais, des Ir
landais, des monarchistes oatholiques fran
çais, des membres du centre au Reichstag
allemand (10), et, par contre, èn haine, de
la triple alliance, la froideur hostile mon
trée à l'Autriche-Hohgrie, à qui l'on refuse
le nombre de cardinaux auquel èlle prétend
avoir droit: la défiance avec laquelle est
traité le oomte Revertera, son ambassadeur
à Rome; le projet de rappeler Mgr Galim-
berti, ami notoire dè la triplé alliance (11);
refus de désigner les évêques proposés
par elle, et une série de faits semblables
qui obligent le gouvernement et- le peuple
austro-hongrois à s'éorier : « Qu'avons-
nous donc fait pour que la main qui s'étend
pour bénir une République anticatholiqua
et lui venir en aide se lève pour maudire
les monarohies d'Autriche et de. Hon
grie (12) ? »
Afin d'amener les oatholiques de tous
pays à travailler pour son unique idée, «on-
tinue l'éorivain de la revue anglaise,le Pape
per fas et nef as a insisté sur son droit, re
jeté par les Irlandais (13) et impossible à
reconnaître par la Hongrie (14)^d'interve
nir dans les affaires des Etats et de diriger
la politique des oatholiques en les obligeant
à suivre la conduite qu'il leur prescrit. Bien
plus, pour arriver à ses fins, le Pape ne
craint pas de. se contredire. Ainsi
.« Léon XIII a récemment abjuré en France
oemême principe qu'avec tant de persé
vérance il. s'éfforoé dé défendre en Italie,
à savoir le principe du droit divin, par rap
port à l'origine du pouvoir (15) ». Par ail
leurs, il est manifeste, ooq.tinue l'anonyme,
que l'objectif du Pape « est d'affaiblir, sinon
de sacrifier uni autre principe'fondamen
tal, toujours reconnu p ar l'Eglise, et rare
ment combattu depuis le.conoile de Trente,
à savoir que les catholiques sont, non seu
lement membres d'une Eglise, mais enoore
citoyens d'un Etat (16) ».
Or, toujours d'après l'anonyme, les ca
tholiques dévoués et intelligents d'Europe
et d'Amérique, sans dire que la restaura-
lion voulue par le Pape est une chimère,
en considèrent la réalisation comme im
possible dans la pratique; ils doutent même
s'il en résultera un mal ou un bien pour
l'Eglise et la société en sorte qu'on pourrait
dire que oe serait une malédiotion plutôt
qu'une bénédiction (17). D'où la conclusion
que l'anonyme considère avec une défiance
intellectuelle les efforts bien intentionnés
du Pape. v
IV. — L'écrivain delà Civiltd se propose
d'examiner ce que ces allégations ont de
faux ou d'exagéré, mais auparavant il croit
non seulement npportun, mais nécessaire,
de résumer brièvement et de déclarer quels
sont les vrais desseins qui guident lé Pape
dans le gouvernement de l'Eglise univers
selle. Ce sera d'ailleurs montrer indirecte
ment la fausseté des thèses de l'anonyme
et donner un démenti solennel aux accusa
tions portées par lui contre te Souverain
Pontife.
Quelle est donc Vidée-mère de la soi-di
sant politique de Léon XIII ? Elle ne pour
rait être plus sainte ni plus noble, car il est
convaincu — et il veut que tous soient con
vaincus comme lui — que l'Eglise; œuvre
immortelle du Dieu de miséricorde, tout en
ayant directement en vue, par sa nature, le
salut des âmes et l'éternelle félicité du Ciel,
apporte encore a l'ordre temporel tant d'a
vantages qu'il ne s'en pourrait trouver de
plus grands si elle eût été destinée directe
ment et par dessus tout, à poursuivre la
prospérité de la vie présente (18).
(3) Ibid. - (4) Ibid. — (5) P. 477. — (6) P. 477.
— (7) P. 477. — (8) Ibid. — (9) P. 459. —
10) P. 477. — (11) P. 468. — (12) P. 471. —
(13) P. 461. — (.14) P. 476. — (15) P. 665. —
— (16) P. 460-461. — (17) Page 460.
(18) Encyclique Immoriale Dei, 1" novembre
1885.
C'est cette idée féconde dont le Pape a
fait la base des règles à suivre par spn se
crétaire d'Etat, comme il ea£ facile ^de le
voir dans la lettre du 15 juin 18 &7».®' cetlo
même déolaration est confirmée dans les
magistrales Encycliques adressées par le
Saint-Père au monde catholique. t
D'après cela, il n'est pas difficile de dé- - ,
terminer l'objet que sa propose le Pape de
puis le commencement de son pontificat^
Constammeht.il s'est appliqué à réparer les
maux causés à l'Eglise par la Révolution,
en même temps qu'il faisait sentir à toute
la famille, humaine les bienfaits que le con
cours de l'Eglise lui devait assurer. Dans
ce dessein, il fut et restera ferme, ainsi
qu'il l'éorivàit à son secrétaire d'Etat, en
réclamant son ooucours afin de diriger par-^
tout dans ce sens l'action dii Saint-Siège,
selon les besoins et les conditions spéciales
de chaque nation. , .
A ce dessein ont rendu hommsgfe. les
plus éminents hommes d'Etat et écrivain»
de l'Europe contemporaine, parmi lesquels
la Civiltà oite nommément M. Leroy-Beau-
lieu, dont elle loue grandement le travail
paru à ce sujet dans la Revue des Deux
Mondes.
,, V. rfr li se trompe, donc ou il ne dit pas
la vérité, l'anonyme qui prétend que le sut
du Pape est d'obtenir une domination po*
litique sur l'Etat, et (Je. chercher le .seul
auccès politique (19) en faisant dés moyens
la fin, contrairement à l'ordre établi pajr
Dieu. Cette accusation, d'ailleurs,, n'est pas
nouvelle, et le Pape,en la repoussant dp.ns
son Encyclique. aux Français du, 10 fé^
vrier 1892^ a dit que son invention appar
tient aux premierr ennemis du christia-*
nisme. ...
Par le fait, c'était le reproche des phari
siens, accusant Notre-Seigneur de vouloir
susoiter des troubles politiques, quand il
songeait uniquement, au salut des âmes et
au soulagement des malheureux. On n.9
doit aoouser personne d'être, mauvais,si l'oil
n'en a pas les preuves. Or,l'écriv.ain.de la Ci»
viltd promet d'établir dans un. article sub
séquent quë les faits sur lesquels est basée
l'accusation de l'anonyme, à savoir la con-.
duite du Saint-Siège envers l'Irlande, la
France, l'Autriche,l'Allemagne «t la;Russié,
bien loin de prouver la vérité, de l'accusa
tion, constitue la plus belle. confirma
tion des. déclarations répétées du Souve
rain Pontife et le .plus éloquent commen
taire du seul but qui, comme on l'a dit plus
haut, ait guidé et guide Léon XIII.
Demain nous analyserons, Ia : der
nière partie de l'article de la Civillà
Cattoli ca,
Pardon ! C'est encore la Gazette de
France.
Elle prend acte de notre rectifica
tion au sujet des voix conservatrices,
à l'élection de Morlaix, en 1889. Mais
elle nous trouve injustes de conclure
en reprochant aux monarchistes leur
inertie. Il est vrai que, pour mieux
démontrer la fausseté de notre con
clusion,' elle passe sous un silence
discret les preuves dont nous avions
pris soin de l'appuyer.
Malheureusement, la Gazette est
moins habile quand elle veut à son
tour, nous convaincre de la brûlante
activité des monarchistes. ' "
Elle ne trouve pas d'autre preuve â
citer que la phrase suivante d'une
lettre qu'elle a reçue de M. le comte
dè la Barre de Nanteuil :
Comme par le. passé, écrit l'hoiiorable
président du oomité royaliste, notre comité,
auquel sont.demeurés fidèles presqué touS
nos amis des campagnes, attend avec calme
que les événements prochains prouvent &
tous, que, en dehors de là monarchie, tradi
tionnelle, nulle autorité socialé n'est, capable
d'assurer à notre pays l'ayenir de prospé
rité, de sécurité, de force et de grandeur
auquel il aspire vivement depuis tant, d'an
nées. ,
Quels événements? Comment sè
produiront-ils? On n'en sait rien ;
mais on les attend, avec calme ! Voilà
de l'énergie I Voilà de l'activité'!
D'ailleurs ce calme a déjà produit
de merveilleux effets : quand M. l'abbé
Le Saout lève le . drapeau catholique
contre l'opportuniste Rouilly,' le co
mité royaliste attend avec calme l'issue
de la lutte ; il regarde les deux cham-
•pions combattre dans l'arène ; mais
il se garde bien de se mêler à la Ba
taille ; se,^départir d'un calme si .vail
lant ! Jamais ! , s.,
. Eh bien ! dût la Gazette trouver que
nous y mettons de la mauvaise vo
lonté, c'est ce calme précisément
dont nou3 ne voulons pas. En pré
sence de l'ardeur que mettent les
sectaires à soutenir leur détestable,
cause, nous croyons que le devoir, d'uii
bon catholique et d'un bon Français
n'est pas d'attendre les événements
avec calme; notre avia, au contraire,
est qu'il faut les'préparer , avéc' éner
gie, au risque même d'être obligés de
perdre un calme si précieux !
F. V.
On nous écrit de Morlaix : . . .
La Gazette de France continue à discuter
au sujet de la déclaration du comité catho-
lique,dé Morlaix : elle en revient toujours
à l'échec" de rabbé iie'Sàoutj'doïit la candi
dature fut iancée seulement quatre, jours
avant le scrutin, presque sans comité, et
surtout sans argent : on ne [dépensa pas
1,000 francs pour cette campagne.
Or, dès que la candidature dé l'abbé-Le
Saout fut connue, le comité'qui s'était
formé à la hâte pour la soutenir reçut trois
lettres, émanant de trois notabiiités roya-
listas de la 1" circonscription de l'arron
dissement dè Morlaix.
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