Titre : L'Univers
Éditeur : L'Univers (Paris)
Date d'édition : 1892-11-09
Contributeur : Veuillot, Louis (1813-1883). Rédacteur
Contributeur : Veuillot, Pierre (1859-1907). Rédacteur
Contributeur : Veuillot, François (1870-1952). Rédacteur
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Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 09 novembre 1892 09 novembre 1892
Description : 1892/11/09 (Numéro 8955). 1892/11/09 (Numéro 8955).
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse Collection numérique : Bibliographie de la presse
Description : Collection numérique : BIPFPIG44 Collection numérique : BIPFPIG44
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Source : Bibliothèque nationale de France
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 06/02/2011
Mercredi 9 Novembre 1892
N* 8955. — Edition quotidienne
ma
Mercredi 9 Novembre 1892
ÉDITION QUOTIDIENNE
ÉDITION SEMI -QU© l 5ïgSSNNE
Un an . . .
Six mois . ,
Trois mois.
paris
ET DÉPARTEMHNïS
. . 65 »
.. 28 60
. . 15 »
ÉTRANGER
(union postais)
63 u
34 »
18 »
&es abonnements partan t des 1 » et 18 dé chaque mois
MN 'NrTTMtTRr* J . 1B cent.
U O | Départémént» . . . 20
FUKEAUX s Paris, 10, rue des Saints-Pèra»
On an . . .
Six mois. .
Trois mois.
PARIS
>x d A pabtemenzs
. . 80 »
. . 16 »
.. , 8 50
ÉTRANGER
(UNION FOSTÀLl)
36 »
19 »
10 »
On «'«bonne fc Rome, place du Gesù, 8
Les abonnements parte nt des 1 « et 16 de chaque moif
l'DîQYERS af répond pis des maGasorits qui loi sont adressés
' ANNONCES *
Sffli. LAGRANGE, CEIIF et G", 6, place de la Bourse
BWNM
FRANCE
PARIS, 8 NOVEMBRE 1892
Il paraît que l'affaire de Carmaux
est enfin terminée à la pleine satisfac
tion des grévistes ; les neuf mineurs
condamnés sont repris, quatre par la
compagnie de Carmaux, cinq par la
mine d'Albi. MM. Loubet et Viette
l'ont annoncé à MM. Clemenceau et
Pelletan.
Et maintenant, le calme va-t-il se
rétablir à Carmaux, et le succès de
M. Calvignac et de ses amis né susci-
tera-t-il pas des troubles ailleurs ?
Il reste bien la promenade triom
phale du drapeau rouge, avec la tolé
rance, sinon l'approbation des auto
rités locales ; mais à M. Aynard, qui
voulait poser une question sur ce point
délicat, M. Loubet a répondu que des
poursuites auraient, lien et qu'on ne
permettrait par le renouvellement d©
faits pareils. M. Aynard s'est déclaré
, satisfait, mais en se réservant de re
prendre sa qiiéçtiqp s'il lé juge né
cessaire.
Hier, les députés, après avoir pris
en considération la proposition dp
MM. Isambert et Dujardin-Beaumetz
sur la liberté des théâtres, ont terminé
la discussion générale du projet de loi
relatif au régime des boissons ; ils
ont décidé, à une grande majorité, de
passer à Ja discussion des articles.
M. Chiche a déposé une demande
d'interpellation sur la situation du
Tonkin, dont la discussion a été fixée
à aujourd'hui.,
Au Sénat, on doit reprendre la dis
cussion sur l'armée coloniale.
Décidément, la question du canal
de Panama viendra à la tribune de Ja
Chambre des députés. On annonçait
hier le dépôt, par M. Gauthier de
Clagny, d'une demande d'interpella
tion, mais il a remis à jeudi, parce
que ce jour-là on connaîtra les con
clusions du juge d'instruction.
Ce jour-là, on fixerait le moment
de la discussion des diverses interpel
lations et questions relatives au Pa
nama, précédemment déposées ou an
noncées par MM. Dèlahaye, Peytral,
Argeliès, auxquelles serait jointe celle
de M. Gauthier de Clagny.
Dans la séance du conseil munici
pal, hier, MM. Quentin-Bauchart et
Muzet, un rallié et, un républicain, ont
demandé qu'une somme de 10,000 fr.
soit mise à la disposition du ministre
de la guérre, pour être employée pour
le corps expéditionnaire du Dahomey.
Nos aimables conseillers municipaux
ont repoussée la demande avec hor
reur ; disposer de l'argent des contri
buables pour des soldats de U France,
même républicaine; ils ne le feront
jamais; ils réservent leurs générosités
Eour les grévistes; ils ont encore,
ier même, voté 2,000 francs pour les
ouvriers en grève de la maison Ghris-
tofle.
On s'est ensuite occupé des dépen
ses du choléra,qui sont assez élevées,
en partie grâce à la laïcisation, et de
la question du gaz.
Une dépêche du lieutenant-gouver
neur annonce que le 2 nôvémbre, le
icolonel Dodds à attaqué et enlevé la
forteresse de MuakCana ; le 3, il » été çttaqujS par lDahoméens, qui ont été de nouveau
repoussés. Nous avançons donc, mais
lentement.
C'est aujourd'hui la grande journée
à Bruxelles ; mais déjà les manifesta
tions et les désordr/es ont commencé.
Le gouvernement a certainement pris
ses précautions. Pourra-t-il maintenir
l'ordre ?
On trouvera plus loin les détails que
VAgence Havas donne sur la journée
d'hier; ils rie sont pas de nature à
rassurer.
On ne connait pas encore les der
niers résultats des élections italien
nes ; toutefois, ce qu'on sait suffit à
assurer agi ministère une belle majo
rité: il aurait déjà plus de 300 de ses
partisans élus. Mais, un Italie comme
ailleurs, il faut compter ave.c les sur
prises qui se produisent au lendemain
du scrutin. Tel candidat élu comme
ministériel n'est rien moins que fidèle.
Il est donc prudent .d'attendre la pre
mière discussion avant dç se pronon
cer sur la solidité de la majorité de
M. Giolitti.
Le comte Szapary est revenu de
Vienne à Buda-Pesth, mais on ne sau
rait pas encore d'une manière abso
lument précise le résultat de son
voyage. On est en pleine crise, c'est
certain, maison ne sait si le comte
Szapary reste, et dans quelles condi
tions.
P.-S. — Encore une explosion :
elle a eu lieu au commissariat de por
lice, rue des Bons-Enfants, £1. On
trouvera plus loin des détails.
(Voir aux Dernières Nouvelles)
Deux ou trois journaux monar
chistes, auxquels se joint la Libre
Parole,% font remarquer avec satisfap-
tion que les députés du groupe cons
titutionnel et leurs alliés du groupe
catholique n'ont pas montré grande
ardeur dans l'affaire des jeunes gens
de Saint-0 mer.
C'est vrai, mais il est vrai également
que, si leur action n'a pas été enle
vante, leurs collègues des deux grou
pes monarchistes n'ont pas même
essayé d'agir. Il ne s'est trouvé ni un
royaliste, ni un impérialiste, ni un
solutionniste pour transformer en in
terpellation la question que M. Thel-
lier de Poncheville avait posée. Cepen
dant c'était le droit de tout député de
le faire. Pourquoi aucun ne l'a-t-il
fait?
Pourquoi? Oh! tout simplement
parce que si les « ralliés » n'ont pas
. encore assez d'audace, leurs contemp
teurs de la Droite n'en ont plus du
tout. Dë ce côté, le côté des réfrac-
taires », on en esj arrivé à compter
comme un succès tout échec des ca
tholiques et des constitutionnels. On
n'aspire même plus à des succès d'au
tres sortes. Voyez combien les dir
verses feuilles du parti sont heureuses
que M. Thellier de Poncheville ait été
battju I S'il Avait, .au-contraire, arra
ché une bonne parole au ministère,
ces mêmes feuilles seraient cons
ternées. Voilà où nous en sommes.
Avouons-le : pela ni ne nous sur
prend, ni ne nous chagrine, ni ne
nous inquiète. Il est bon que lps si
tuations soient bien, tranchées» Plus
les journaux et les politiciens de
droite seront hostiles au mouvement
catholique, mieux la masse conserva
trice et les monarchistes désintéressés
verronj; clair dan? la situation ; mieux
ils comprendront qu§ nous travail
lons uniquement dans l'intérêt de l'or
dre et de la religion. .Coiijtrairement
aux conditions ordinaires de la guerre,
nous ne pouvons bien former nos
rangs et marcher en bon ordre que
si nous sommes entre deux feux :
celui d'une droite devenue impuis
sante par l'étroitesse de sa politique
et celui d'une gauche que le socialisiné
envahit et va dominer.
Pour conclure, nous reconnaissons
de nouveau que, malgré le talent de
M. Thellier de Poncheville, la séance
de samedi n'a pas été heureuse. Ce*
pendant la défaite est de celles dont
on peut tirer profit. D'abord les décla
rations cyniques du ministre Yiçtte
vont décourager les honnêtes gens
qui voulaient croire encor» à ia possi
bilité d'une entente avec les hommes
du jour; ensuite nos amis reconnaî
tront qu'ils ne doivent plus tenir
compte des tactiques, usages et habi
letés parlementaires. Il faut laisser ce
vieux jen-
Pourquoi J qs tacticiens préfèrent-
ils souvent la Question à l'Interpella
tion ? Parce que, la question n'entraî
nant pas un vote, on évite en s'y te
nant un échec marqué, chiffré, bien
etabjii et engageant la Chambre.
ka belle affairç ! L'pchècy est tout
de même et personne rig s'y trompe.
Et puis, dans l'état présent des chose?,
mieux vaut faire battre authentique-
ment avec nous le bon sens, le droit,
la justice, que paraître les défendre
avec crainte.
Ce n'est pas, on le sait bien, le cou
rage gui manque' aux députés dé-
ypnés ayant tout à Ja pause " sociale
et religieuse ; içpaîs ils' subissent l'in
fluence affadissante du milieu par
lementaire. C'est u» obstacle qu'il
dépend d'eux d'écarter. Qu'ils l'écar-
tent donc. Notre affaire à tous est de
combattre hardiment. Tout bien
compté, la vraie prudence aujourd'hui
est de ne pas craindre d'être' impru
dent.
E ugène V hsuillot.
La retenue ou, si l'on veut, la sa
gesse que s'imposent nos chefs qu
représentants quand ils parlent à
titre officiel, devient une règle de plus
ëri plus pesante aux catholiques mili
tants. L'appui des pouvoirs publics et
de la loi, cet appui dû à tout le mondé,
nous étant par le fait souvent refjisé»
on se demande s'il n'est pa«« urgent
d'agir en citoyens qui ne doivent plus
compter que sur eux-mêmes pour dé
fendre leurs droits. Les .observations
suivantes,que nous adresse M- Emma
nuel Desgrées du Loû, expriment avec
vigueur ce sentiment.
Nous prions les « réfraetaires » et
leurs alliés, notamment nojtre apii
M. Drumoni, de considérer que ce
mouvement vient des catholiques
assez indépendants de J'esprit dp parti
pour accepter loyalement les instruc
tions du P&pe. C'est comme catholi
ques avant tout, et non comme servi
teurs d'une monarchie quelconque,
qu'ils entendent résister aux républi
cains sectaires, maîtres aujourd'hui
du pouvoir. Gels, demande plus de dé
vouement et de résolution et montre
plus d'esprit politique et chrétien que
de compter sans confiance sur un roi,
un empereur ou un césar surgissant de
l'excès du mal.
E. V.
Inquiétudes
Il y a quelques mois, dans la eatbédrale
de Nancy, où de nombreux ohrétiens
s'étaient donné rendez-vous pour entendre
la parole de Dieu, une bande d'énergu-
mènes envahissait i'enoeinte consacrée,
bouaoulait grossièrement les fidèles et cou
vrait de ses clameurs la voix d'un prélat.'
L'un de oes misérables, plus impie que les
autres,osa même franchir la grille du choeur,
monter sur l'autel et toucher au tabernacle.
Sans doute, en cet instant, les catholi
ques, témoins du sacrilège, en furent pé
trifiés. Une audace pareille dut leur glaoer
l'Orne et leur paralyser les bras, car s'ils
ayaiçat mesuré tçjutp 1$ portée de l'outrage,
s'ils wient popipris qu'un tel geste pliait
au delà du symbole pu de l'emblème, et
que, deyant eux, c'était bien Jésus-Christ,
la chair et le sang de Jésus-Christ, en un
mot Jésus-Christ lui-même réellement crur
cilié et non pas seulement son image, que
oe bourreau venait dé souffleter, je veux
croire, pour l'honneur des chrétiens de
Lorraine, que le criminel en eût pâti. .
Dieu n'a pas peripis qu'il en fût de la
sorte, et peut-être, un j'oiir, là grâce misé
ricordieuse du jjr^nd insulté terrassera le
coupable." ~ "
Mais pour nous, catholiques sans restric
tions, la religion ni l'Eglise ne sont de
vains simulacres ; elles sont choses vivan
tes, qu'il faut accepter dans le détail comme
dpts l'ensemble, çt nous n'avons pas le
droit, dix-huit siècles «prés le CJftlstsdye,
répudier l'héritage que nous ont transmis
les martyrs, d'abandonner nos dpgme?àla
hpûne révolutionnaire et de souffrir qu'on
enchaîne la parole du Christ.
Le Maître a parlé clairement : « Ce que
je vous d|jj dans lp tépèbres, dites-le dans
la lupii^re et pe qui vous est dit l'oreille,
prêobez-le sur les toits. »
Ua tel précepte est fondamental .et pe
s'oublie jamais.
Et ce qu'on nepeut pa? oublier non plus,
quand on est vraiment catholique de cœur
et jl'idées, c'est l'injure faite il Dieu. L'in
jure faite à Vhomyme se pardonne" èt
;.i'jfljure faite à Dipu ne s'efface pas
et doit demeurer ppini/UrÊpieo) d'ans
mémoire pour nou3 prémunir .en. nous en
seignant.
A Nancy, la liberté de la prédication a été
violée ; le sanotuaire de Notre-Seigneur a
été profané par des brigands. Une pre
mière fois, les catholiques ont supporté
l'affront.
A Noisy-sur-Ecble, une masoarade im
monde, que nous ont contée les journaux
ei qu'avait organisée le gendre du maire, a
profondément révolté les consciences. Le
parquet n'a pas poursuivi. Une seconde
fois, les oatholiques ont supporté l'affront.
A Saint-Denis, un arrêté municipal, dont
la première application vient d'avoic lieu,
interdite la croix et aux prêtres de Jésus-
Christ d'acoompagner au cimetière la dé
pouille mortelle des chrétiens.
Nous ejn sommes là 1
Qup va-t-on faire?... Il .est temps d'y
songer.
La Révolution, logique jusqu'au bout, ne
désarme pas. Elle poursuit lentement sen
œuvre et procède par essais; mais, si nous
laissons faire, bientôt ces hommes empri-
sonnerp^ notre Dieu, et, dans quelques
Minée? Iq. religjoQ ne serii plu?, en France,
.qu'un rouage dédpigji^ çjp ^ grande ma
chine administrative.
Enoore une fois, .qjiô xa-i-on faire?
Le clergé patiente. Ses devoirs de ré
serve et de prudence et sa propre dignité
l'exigent.
Mais des hoxnpie? pçgçs Bffjja.pops.eilient,
à nous les laïques, 4e patienter aussi. '
Pourra-t-on patienter toujours? Et quand
notre patience; comprimée sous ces affronts
presque journalier à désormais, aura été
harcelée de toutes manières et poussée à
bout, cet avis précieux des hommes sages
sera-t-iléiioùté ? ' '
Sl.MV kit « i> -, i . ...
A lç. jChaçnbre, il y a des députés oatho*
liqup^. Eh biènl leur" déybir 'est dé parler
pour dire toiles ces choses. La liberté de
notre çulte, q'ùé dé nombreux textes garan
tissent, ' est foulée kjûfc pieds. 'Oui oUno'n,
lé gouvernement" peut-il nous "accorder la
même protection qu'aux protestants ët
qu'aux juifs ? Il faut qu'un interpellaieur
ait le courage de le lui demander. .
Autorité n'est pas assez forte ou si la
hjnne s^ctàirp poùg péfiiff jqisgpe, de graves
événements ppu^ront .s^ prpdi^re, ( qu'oo a
grand tort de ne pis prévoir.
Encore -une fois, les gens prudents fe
ront-ils écoutés toujours?
En .ce moment, une génération nouvelle
apparaît"dans }'Eglise. Les jeunes ^eh's qui
ia composent oni dans les veinés un sang
qui court vite ; ils ont la foi, l'enthou
siasme et l'indépendance,et, chez beaucoup
d'entre eux, l'ardeur est doublée du dé
goût qu'ils éprouvent pour un gouverne
ment qui' leur a fermé l'acoès de carrières
honorables.
Il faut y veiller. Car, un jour, toute cette
jeunesse, réyoltée des atteintes qu'on porte
à sa liberté,et voyant l'autorité impuissante
ou complice, prendra le parti de se défen
dre elle-même.
Que les persécuteurs se le disent ; que
toutes ces ombres de~ proconsuls, dont par
lait Laéordaire et qui n'ont pas changé, sa
chent donc enfin comprendre. ;
Au XVI e siècle, la Ligue a sauvé la France
( d,u protestantisme'. Dans l'état sôoiieil actuel,
Il est impassible de là reooniméncer contre
l'athéisip? et, â'ailléûrs, il fàut' l'espérer,
jious jl^tei^nsla^emi «^viîê.
M??? pput-étr?» P9 jour, si les attaques se
renouyellçnt, yerrons-po.us passer .en cour
d'assises des catholiques exaltés par la
persécution pt coupables d'avoir défendu
personnellement 1^ lib^rj.é de leur croyance
,et de lpurpultç.
Emmanuel Desorées du Loû. ;
On mande de Reims le 7 novembre :
' A l'audience d'ouverture des assises, ce
matin, M. Vernouillet. l'un des jurés, pré
sident du comité radical du 4' canton et*
membre de la ligue de la libre-pensée, a
refusé de prêter serment, expliquant qu'il
ne pouvait pas jurer devant Dieu puisqu'il
ne croyait pas en Dieu.
L'affaire a été renvoyée à la fin de la
session, et M. Vernouillet a été condamné
à 500 fr. d'amendes.
A l'audience de ce soir, M. Vernouillet a
de nouveau refusé de prêter serment, et il
a été de nouveau condamné, cette fois à
1,000 fr. d'amende. .
Ses amis vont faire des démarches pour
qu'il soit récusé avant son troisième refus,
qui sepable certain. M. Vernouillet éviterait
ainsi une troisième amende.
On ne saurait trop féliciter les ma
gistrats de Reims d'avoir si fermement
exécuté la loi, sans souci des clameurs
auxquelles ils s'exposaient .ainsi de la
part de la presse libre-penseuse.
Par le fait, la Lanterne jette feu et
flamme à propos de «et incident. Elle
dénonce la prestation ,d.u serment
comme « un usage suranné» qui est
tout À la lois une insulte au bon sens
et une atteinte à la liberté de con
science/». Après quoi, £lle g.oname la
Chambre de mettre enfin à son ordre
du jour un projet qui, sur cp point,
donnerait aux libre-penseurs tout?
satisfaction.
La majorité actuelle est à coup sûr
bien capable de yoter un tel projet.
Cependant il n'est pas sans intérêt de
constater que, depuis plus de dix ans,
des tentatives du même genre, .après
avoir subi des fortunes diverses, pnt
toujours été finalement repoussées.
Rappelons-les brièvement.
C'est le 18 mars, date de fàcheusp
mémoire, que. M. Humbert, alors
garde des sceaux, déposait une -pro
position accordant aux témoins le
choix entre la prestation de serment
ou une promesse solennelle de dire la
vérité. Déjà, le 6 février 1882, M. Jules
Roche avait, comme simple député,
demandé la suppression du serment
judiciaire. .Une même commission fut
chargée de l'examen des deux pro
jets et elle se prononça pour l'adop
tion du projet le plus radical,,celui de
la suppression totale du serment.
Mais la Chambre, si peu cléricale
qu'elle fût, recula devant cette énor-
mité.
Après une discussion assez vive,
. elle s'arrêta finalement à un moyen
terme, gui était déjà un vrai scandale
puisqu'il décidait la suppression de
tous les emblèmes religieux dans l'en
ceinte'des tribunaux. Heureusement le
Sénat pe put ou ne voulut pas s'occu
per de la question, en sorte que, la lé
gislature ayant pris fin avant son adop
tion, il disparut par cela même. Il
n'eut pas un autre sort sous la légis
lature suivante, en dépit des efforts de
M. Jullien et de plusieurs autres sec
taires du même acabit, qui, des 1885,
avaient tenté de lui rendre une nou
velle vie.
La Lanterne , qui s'irrite de tous ces
atermoiements, devrait au contraire
y puiser une leçon. Si les politiciens,
à qui elle reproche leur inertie en
cette matière, ' n'ont pas montré plus
d'empressement à laïciser le prétoire
après tout le reste, qu'est-ce' à dire,
sinon qu'un instinct plus fort que leur
passion sectaire les avertit du dan
ger social que ferait naître cette sup
pression?
Parler d'insulte au bon sens et d'at
teinte à la liberté de conscience,
parce qu'un refus de serment aura été
{>uni d'amende, c'est bon pour «meu-
er les badauds; ,niais, .à Ja .réflexion,
tout le monde se rend très bien
compte des Inconvénients majeurs
qui résulteraient pour la société si
l'on accordait aux clameurs de l'im
piété ce qu'elle .prétend exiger ait
nom de soi-disant principes qui n'ont
riçn à faire ici. ,Ge qui domine tout,
en effet, c,e qui ne saurait entrer en
balancé avec la prétendue conscience
d'un libre-penseur qui, d'après la lo
gique, devrait nier la conscience
ménie, .c'est l'intérêt supérieur qui
se rapporte à la bonne, administra
tion de la justice.
Or, qui ne sent que le serment exigé
du témoin est, pour les juges comme
pour les accusés, une garantie dont
rien ne saurait remplacer l'efficacité?
Une société qui ferait profession de ne
plus croire en Dieu se- livrerait elle-
même sans défense à l'assaut des pires
instincts, par où prendre le droit de
juger sinon dans les lois mêmes posées
par Dieu et que répercute la cons
cience de chacun de nous 1
Celui qui prétend avoir le droit de
nier ces lois ou de les méconnaître se
.désigne dès lors comme un contemp
teur de toute justice et un malfaiteur
social. Il sérait étrange qu'au nom
d'une prétendue liberté de conscience,
qui ne serait que la liberté de mentir
selon son intérêt ou de mal faire,
ïï voulût, tout en ébranlant ainsi les
assises pociales, s'assurer le bénéfice
d'une révoltante impunité.
A uguste R oussel.
Enfants, 21. Un engin explosif avait
été trouvé avenue de TOpéra, 11, au
siège de l'administration des mines
de Carmaux, dont le conseil devait,
dit-on, se réunir aujourd'hui. L'en
gin a été apporté au commissa
riat; on se disposait à le transporter
à la préfecture de police, lorsqu'il a
fait explosion. On parle de cinq tués,
dont un inspecteur de police, et de
plusieurs blessés. La maison serait à
moitié démolie et les vitres brisées
aux alentours.
Le préfet de police était sur les
lieux avec un nombreux personnel.
Les cinq morts sont les nomnaés
Trouteau, inspecteur ; Faumonet,
sous-brigadier ; Réault, agent ; le
garçon de bureau de la société des
mines de Carmaux, qui avait apporté
l'engin ; enfin, un agent qui est mort
de saisissement au commissariat.
Parmi les assez nombreux blessés,
on cite un agent, qui a eu les deux
jambes broyées.
Les magasins de draperies, au rez-
de-chaussée, appartenant à M. Balsan,
député, ont été dévastés. _
La violence de l'explosion a été telle
que, dans un rayon ae plus de trente
mètres, il n'est pas reste une vitre in
tacte.
Voici les renseignements que nous
communique l'Agence Havas :
Ce matin, vers 11 h. 1/4, le gardien delà
paix Réault ramassa, devant la maison oc
cupée par la société des mines de Carmaux,
11, avenue de l'Opéra, une marmite en forme
de bombe. Il la porta au commissariat de
police de la rue des Bons-Enfants, en com
pagnie d'un employé de la sooiété des
mines.
Pendant que Réault manipulait l'engin,
la bombe fit explosion, tuant le gardien de
la paix, un brigadier et deux employés du
commissariat, et blessant plusieurs per
sonnes.
Uns nouvelle explosion
la dernière heure, on nous an
nonce qu'une nouvelle et terrible ex
plosion. à en lieu, à 11 heures, au
commissariat de police, rue des Boris^
Les feuilles radicales offrent depuis
trois jours un assez vif intérêt ; on
peut même dire qu'à certain point
de vue elles sont instructives.
Ici, l'on y voit un article des plus
élogieux en l'honneur du ministre
des travaux publics : l'odieuse théorie
que M. Viette a développée samedi à
la Chambre, en réponse, au discours
de M. Thellier de Poncheville, est
louée, encouragée, amplifiée. Toute la
presse révolutionnaire se met d'accord
pour trouver cette théorie admirable,
pour déclarer qu'un fils de catholique
est indigne d'aspirer aux emplois, de
puis les plus hauts jusqu'aux plus
infimes, qui sont distribués, même
après examen, par le gouvernement.
Un fils de catholique, ah! fi! quelle
engeance abominable ; mais de la
part d'un fris de catholique, c'est une
étrange insolence que d'oser seule
ment se présenter à l'examen pour un
emploi public: un fils de catholique
a-t-il donc en France quelque droit?
Un fils de catholique ne doit-il pas être
écarté avec horreur de toutes les fonc
tions qui, de près ou de loin, peuvent
avoir un rapport quelconque aveo
l'Etat, etc., etc. ? Cela continue assez
longtemps sur le même ton ; mais à la
moitié de l'article, on est tellement
écœuré qu'il est impossible d'aller
jusqu'au nout.
On passe donc à l'article suivant. Il
s'agit encore d'un ministre, de M. Bour
geois,- l'enfant ohéri dés radicaux;
mais, loin de le .porter aux nues, corn me
son collègue des travaux publics, on
lui parle au contraire sur un ton quel
que peu menaçant. Eh-bien, monsieur
Bourgeois, lui dit-on, n'allez-vous pas
vite infliger un blâme des plus sévères
à cette insolente directrice du lycée
Racine, qui ose interdire à la fille
d'une chanteuse légère de parler des
succès de sa mère devant ses petites
compagnes? Insulter de la sorte une
fille d'actrice, n'est-ce pas abominable,
honteux, révoltant? Une fille d'actrice
ne doit-elle pas marcher, au déclin de
notre grand siècle, l'égale d'une fille
de" la bourgeoisie ou de la noblesse?
Montrer quelque mépris pour une
fille d'actrice, n'est-ce point ressusci
ter, cent ans après la déclaration .des
Droits de l'homme, un Hes plus indi
gnes et des plus ridicules préjugés de
l'ancien régime, etc., etc., et sur cette
note l'article se poursuit encore le
long d'une ou deux colonnes !
Il est inutile d'insister sur la com
paraison qui se peut faire entre le
traitement que la presse radicale
réserve aux fils des catholiques, et
celui qu'elle accorde aux filles d'ac
trices. D'elle-même, la comparaison
saute aux yeux.
N'est-ce pas que lalecture des jour
naux radicaux est bien instructive en
ce moment? Quand donc les catho
liques se coaliseront-ils résolument,
comme le demande Léon XIII, afin
de jeter tous ces misérables sectaires
à la porte ?
! F rançois V euillot.
A .titre d'exemple
Avouons que M. de Gassagnac se
montre supérieur à lui-même. Il a des
doctrines et des inspirations qui éton
nent les gens qui sont pourtant bien
sûrs de le connaître. L'autre jour,
nous avons constaté qu'il était ar
rivé, d'instinct, jusqu'au célèbre rai
sonnement dit des épinards ; cptte fois.
il est dans les hauteurs du Panache et
il développe avec gravité la maxime*
qu'on doit demander plus à l'impôt et
moins au contribuable. Il ne s'exprima
pas en ces termes, puisqu'il invente;
ît fait mieux : il expose avec candeuc
l'idée comique.
Le sujet qui l'a inspiré, c'est la loi
actuellement en préparation à la
Chambre et qui a pour but d'interdire
pendant quatre semaines, aux femmes
accouchées le travail industriel. M. de
Cassagnac veut démontrer que les me
sures proposées par M. de Mun ne
sont pas moins socialistes que celle*
que réclame M. Lafargue et il argu
mente à propos de l'indemnité que
devront toucher les ouvrières pen-f
dant la période de repqs. Qui paiera?
L'Etat seul ainsi que le demande
M. Lafargue? L'Etat et les départe
ments, ainsi que la Chambre l'a voté
en première délibération? Une caisse
alimentée par les patrons et par les
ouvriers et que l'Etat subventionne- '
rait, suivant la solution indiquée par
M. de Mun? Aucun de ces moyens
n'est acceptable, paraît-il.
Alors, puisqu'on ne peut demander
à personne de fournir l'indemnité né
cessaire, c'est qu'on a tort de vouloir
garantir aux mères de famille quatre'
semaines de repos ? Pas du tout," M. de
G&ssagnac déclare que l'innovation
est excellente, et qu'elle se justifie
toute seule. Voilà le plus beau, voilà
le panabhe !
Quel était le but de la proposition de loi ?
Le but était « d'interdire le travail indus
triel aux accouchées pendant un certain
délai et de les indemniser de ce chômage
forcé ».
Pas de difficultés sur la première partie.
Tout le monde était d'accord pour inter
dire le travail pendant quatre semaines
après l'accouchement.
C'est la moindre des choses, que l'accou
chée ait le temps de refaire sa santé, et-de
donner les premiers soins à l'enfant.
Si la mesure est si légitime et si
nécessaire, on doit, à tout prix, trou
ver le moyen de la réaliser; et puis
que les accouchées ne travaillant pas, .
ne touchent point de salaire, il faut
chercher un système qui procure les
ressources financières indispensables.
Donc, M. de Mun est dans la vérité et
dans la logique toute simple en étu
diant ce côté de la question.
M. de Gassagnac a la chance de
n'avoir besoin ni de logique, ni de ré
flexion .Pour se donner un air de géné
rosité, il gémit sur le sort déplorable
des ouvrières accouchées et réclame
des remèdes qu'il ne veut pas laisser
appliquer. Pour plaire aux conserva
teurs, qui s'effraient de tout ce qui
concerne les réformes sociales, il crie
à pleins poumons: « V'ià le socia
lisme ! » Il étourdit son public et n'a
pas d'autre pensée.
E ugène T avernikr.
La Question
des bureaux de placement
La manifestation de samedi dernier
est la première qu'organise, dans la
rue, la ligue contre les bureaux de
placement. Elle a été l'exécution d'un,
ordre du jour déjà ébauché l'an passé
au congrès de la ligue, et arrêté défi
nitivement dans la nouvelle assemblée
des syndicats et corporations ouvrières
tenue la semaine dernière À la Bourse
du travail. Les manifestants ont dé
claré ' que si la question n'est pas ré
solue d'ici quinze jours, ils sauront
alors ce qu'ils ont à faire...
Il faut reconnaître qu'à l'impatience
des intéressés la Chambre des dépu
tés oppose une lenteur inquiétante,bien
faite" pour les aigrir et lès porter à d.es
faits regrettables. Voilà, en effet, près
de quatre ans que cette question est
soulevée; elle agite, à Paris et en pro
vince, une partie considérable du
monde ouvrier; l'été dernier encore,
cette affaire des bureaux de placement
a failli priver Paris de pain et de
viande, boulangers «t boucliers mena
çant de ne plus travailler si les pou
voirs publics n'intervenaient pas pour
tirer la situation an clair. Or, la Gnam-
bre a continué de faire la sourde
oreille. Il est bien vrai qu'après avoir
entendu plusieurs délégations compé
tentes, la commission parlementaire,
chargée du rapport sur la question, a
conclu à la réforme de ces bureaux et '
non à leur suppression radicale,
comme le voulaient certains niveleurs
pressés ; mais de discuter et voter une
loi ad hoc, c'est semble-t-il, le moin
dre souci de nos législateurs actuelle
ment en exercice.
Des bureaux de placement il en
faut, tout le monde est d'accord là-
dessus, mais qui les tiendra ? Les mai
ries, les groupes corporatifs mixtès
ou, exclusivement, les syndicats ou
vriers? Le rapport de la commission
parlementaire .propose un bureau
municipal avec la gratuité du place
ment, mais les syndicats ouvriers
formulent d'autres prétentions. « A
l'avenir, déclarent-ils dans leurs con
grès, nul individu ou associés n'au
ront le droit de faire du placement
gratuit ou rétribué ; seuls seront au
torisés, avec condition de gratuité, les
syndicats ouvriers, les groupes corpo
ratifs et les Bourses du travail ».
La logique des syndicats est celle-
ci : puisqu'il s'agit de l'intérêt immé
diat des ouvriers et que ceux-ci sont
N* 8955. — Edition quotidienne
ma
Mercredi 9 Novembre 1892
ÉDITION QUOTIDIENNE
ÉDITION SEMI -QU© l 5ïgSSNNE
Un an . . .
Six mois . ,
Trois mois.
paris
ET DÉPARTEMHNïS
. . 65 »
.. 28 60
. . 15 »
ÉTRANGER
(union postais)
63 u
34 »
18 »
&es abonnements partan t des 1 » et 18 dé chaque mois
MN 'NrTTMtTRr* J . 1B cent.
U O | Départémént» . . . 20
FUKEAUX s Paris, 10, rue des Saints-Pèra»
On an . . .
Six mois. .
Trois mois.
PARIS
>x d A pabtemenzs
. . 80 »
. . 16 »
.. , 8 50
ÉTRANGER
(UNION FOSTÀLl)
36 »
19 »
10 »
On «'«bonne fc Rome, place du Gesù, 8
Les abonnements parte nt des 1 « et 16 de chaque moif
l'DîQYERS af répond pis des maGasorits qui loi sont adressés
' ANNONCES *
Sffli. LAGRANGE, CEIIF et G", 6, place de la Bourse
BWNM
FRANCE
PARIS, 8 NOVEMBRE 1892
Il paraît que l'affaire de Carmaux
est enfin terminée à la pleine satisfac
tion des grévistes ; les neuf mineurs
condamnés sont repris, quatre par la
compagnie de Carmaux, cinq par la
mine d'Albi. MM. Loubet et Viette
l'ont annoncé à MM. Clemenceau et
Pelletan.
Et maintenant, le calme va-t-il se
rétablir à Carmaux, et le succès de
M. Calvignac et de ses amis né susci-
tera-t-il pas des troubles ailleurs ?
Il reste bien la promenade triom
phale du drapeau rouge, avec la tolé
rance, sinon l'approbation des auto
rités locales ; mais à M. Aynard, qui
voulait poser une question sur ce point
délicat, M. Loubet a répondu que des
poursuites auraient, lien et qu'on ne
permettrait par le renouvellement d©
faits pareils. M. Aynard s'est déclaré
, satisfait, mais en se réservant de re
prendre sa qiiéçtiqp s'il lé juge né
cessaire.
Hier, les députés, après avoir pris
en considération la proposition dp
MM. Isambert et Dujardin-Beaumetz
sur la liberté des théâtres, ont terminé
la discussion générale du projet de loi
relatif au régime des boissons ; ils
ont décidé, à une grande majorité, de
passer à Ja discussion des articles.
M. Chiche a déposé une demande
d'interpellation sur la situation du
Tonkin, dont la discussion a été fixée
à aujourd'hui.,
Au Sénat, on doit reprendre la dis
cussion sur l'armée coloniale.
Décidément, la question du canal
de Panama viendra à la tribune de Ja
Chambre des députés. On annonçait
hier le dépôt, par M. Gauthier de
Clagny, d'une demande d'interpella
tion, mais il a remis à jeudi, parce
que ce jour-là on connaîtra les con
clusions du juge d'instruction.
Ce jour-là, on fixerait le moment
de la discussion des diverses interpel
lations et questions relatives au Pa
nama, précédemment déposées ou an
noncées par MM. Dèlahaye, Peytral,
Argeliès, auxquelles serait jointe celle
de M. Gauthier de Clagny.
Dans la séance du conseil munici
pal, hier, MM. Quentin-Bauchart et
Muzet, un rallié et, un républicain, ont
demandé qu'une somme de 10,000 fr.
soit mise à la disposition du ministre
de la guérre, pour être employée pour
le corps expéditionnaire du Dahomey.
Nos aimables conseillers municipaux
ont repoussée la demande avec hor
reur ; disposer de l'argent des contri
buables pour des soldats de U France,
même républicaine; ils ne le feront
jamais; ils réservent leurs générosités
Eour les grévistes; ils ont encore,
ier même, voté 2,000 francs pour les
ouvriers en grève de la maison Ghris-
tofle.
On s'est ensuite occupé des dépen
ses du choléra,qui sont assez élevées,
en partie grâce à la laïcisation, et de
la question du gaz.
Une dépêche du lieutenant-gouver
neur annonce que le 2 nôvémbre, le
icolonel Dodds à attaqué et enlevé la
forteresse de MuakCana ; le 3, il » été çttaqujS par lDahoméens, qui ont été de nouveau
repoussés. Nous avançons donc, mais
lentement.
C'est aujourd'hui la grande journée
à Bruxelles ; mais déjà les manifesta
tions et les désordr/es ont commencé.
Le gouvernement a certainement pris
ses précautions. Pourra-t-il maintenir
l'ordre ?
On trouvera plus loin les détails que
VAgence Havas donne sur la journée
d'hier; ils rie sont pas de nature à
rassurer.
On ne connait pas encore les der
niers résultats des élections italien
nes ; toutefois, ce qu'on sait suffit à
assurer agi ministère une belle majo
rité: il aurait déjà plus de 300 de ses
partisans élus. Mais, un Italie comme
ailleurs, il faut compter ave.c les sur
prises qui se produisent au lendemain
du scrutin. Tel candidat élu comme
ministériel n'est rien moins que fidèle.
Il est donc prudent .d'attendre la pre
mière discussion avant dç se pronon
cer sur la solidité de la majorité de
M. Giolitti.
Le comte Szapary est revenu de
Vienne à Buda-Pesth, mais on ne sau
rait pas encore d'une manière abso
lument précise le résultat de son
voyage. On est en pleine crise, c'est
certain, maison ne sait si le comte
Szapary reste, et dans quelles condi
tions.
P.-S. — Encore une explosion :
elle a eu lieu au commissariat de por
lice, rue des Bons-Enfants, £1. On
trouvera plus loin des détails.
(Voir aux Dernières Nouvelles)
Deux ou trois journaux monar
chistes, auxquels se joint la Libre
Parole,% font remarquer avec satisfap-
tion que les députés du groupe cons
titutionnel et leurs alliés du groupe
catholique n'ont pas montré grande
ardeur dans l'affaire des jeunes gens
de Saint-0 mer.
C'est vrai, mais il est vrai également
que, si leur action n'a pas été enle
vante, leurs collègues des deux grou
pes monarchistes n'ont pas même
essayé d'agir. Il ne s'est trouvé ni un
royaliste, ni un impérialiste, ni un
solutionniste pour transformer en in
terpellation la question que M. Thel-
lier de Poncheville avait posée. Cepen
dant c'était le droit de tout député de
le faire. Pourquoi aucun ne l'a-t-il
fait?
Pourquoi? Oh! tout simplement
parce que si les « ralliés » n'ont pas
. encore assez d'audace, leurs contemp
teurs de la Droite n'en ont plus du
tout. Dë ce côté, le côté des réfrac-
taires », on en esj arrivé à compter
comme un succès tout échec des ca
tholiques et des constitutionnels. On
n'aspire même plus à des succès d'au
tres sortes. Voyez combien les dir
verses feuilles du parti sont heureuses
que M. Thellier de Poncheville ait été
battju I S'il Avait, .au-contraire, arra
ché une bonne parole au ministère,
ces mêmes feuilles seraient cons
ternées. Voilà où nous en sommes.
Avouons-le : pela ni ne nous sur
prend, ni ne nous chagrine, ni ne
nous inquiète. Il est bon que lps si
tuations soient bien, tranchées» Plus
les journaux et les politiciens de
droite seront hostiles au mouvement
catholique, mieux la masse conserva
trice et les monarchistes désintéressés
verronj; clair dan? la situation ; mieux
ils comprendront qu§ nous travail
lons uniquement dans l'intérêt de l'or
dre et de la religion. .Coiijtrairement
aux conditions ordinaires de la guerre,
nous ne pouvons bien former nos
rangs et marcher en bon ordre que
si nous sommes entre deux feux :
celui d'une droite devenue impuis
sante par l'étroitesse de sa politique
et celui d'une gauche que le socialisiné
envahit et va dominer.
Pour conclure, nous reconnaissons
de nouveau que, malgré le talent de
M. Thellier de Poncheville, la séance
de samedi n'a pas été heureuse. Ce*
pendant la défaite est de celles dont
on peut tirer profit. D'abord les décla
rations cyniques du ministre Yiçtte
vont décourager les honnêtes gens
qui voulaient croire encor» à ia possi
bilité d'une entente avec les hommes
du jour; ensuite nos amis reconnaî
tront qu'ils ne doivent plus tenir
compte des tactiques, usages et habi
letés parlementaires. Il faut laisser ce
vieux jen-
Pourquoi J qs tacticiens préfèrent-
ils souvent la Question à l'Interpella
tion ? Parce que, la question n'entraî
nant pas un vote, on évite en s'y te
nant un échec marqué, chiffré, bien
etabjii et engageant la Chambre.
ka belle affairç ! L'pchècy est tout
de même et personne rig s'y trompe.
Et puis, dans l'état présent des chose?,
mieux vaut faire battre authentique-
ment avec nous le bon sens, le droit,
la justice, que paraître les défendre
avec crainte.
Ce n'est pas, on le sait bien, le cou
rage gui manque' aux députés dé-
ypnés ayant tout à Ja pause " sociale
et religieuse ; içpaîs ils' subissent l'in
fluence affadissante du milieu par
lementaire. C'est u» obstacle qu'il
dépend d'eux d'écarter. Qu'ils l'écar-
tent donc. Notre affaire à tous est de
combattre hardiment. Tout bien
compté, la vraie prudence aujourd'hui
est de ne pas craindre d'être' impru
dent.
E ugène V hsuillot.
La retenue ou, si l'on veut, la sa
gesse que s'imposent nos chefs qu
représentants quand ils parlent à
titre officiel, devient une règle de plus
ëri plus pesante aux catholiques mili
tants. L'appui des pouvoirs publics et
de la loi, cet appui dû à tout le mondé,
nous étant par le fait souvent refjisé»
on se demande s'il n'est pa«« urgent
d'agir en citoyens qui ne doivent plus
compter que sur eux-mêmes pour dé
fendre leurs droits. Les .observations
suivantes,que nous adresse M- Emma
nuel Desgrées du Loû, expriment avec
vigueur ce sentiment.
Nous prions les « réfraetaires » et
leurs alliés, notamment nojtre apii
M. Drumoni, de considérer que ce
mouvement vient des catholiques
assez indépendants de J'esprit dp parti
pour accepter loyalement les instruc
tions du P&pe. C'est comme catholi
ques avant tout, et non comme servi
teurs d'une monarchie quelconque,
qu'ils entendent résister aux républi
cains sectaires, maîtres aujourd'hui
du pouvoir. Gels, demande plus de dé
vouement et de résolution et montre
plus d'esprit politique et chrétien que
de compter sans confiance sur un roi,
un empereur ou un césar surgissant de
l'excès du mal.
E. V.
Inquiétudes
Il y a quelques mois, dans la eatbédrale
de Nancy, où de nombreux ohrétiens
s'étaient donné rendez-vous pour entendre
la parole de Dieu, une bande d'énergu-
mènes envahissait i'enoeinte consacrée,
bouaoulait grossièrement les fidèles et cou
vrait de ses clameurs la voix d'un prélat.'
L'un de oes misérables, plus impie que les
autres,osa même franchir la grille du choeur,
monter sur l'autel et toucher au tabernacle.
Sans doute, en cet instant, les catholi
ques, témoins du sacrilège, en furent pé
trifiés. Une audace pareille dut leur glaoer
l'Orne et leur paralyser les bras, car s'ils
ayaiçat mesuré tçjutp 1$ portée de l'outrage,
s'ils wient popipris qu'un tel geste pliait
au delà du symbole pu de l'emblème, et
que, deyant eux, c'était bien Jésus-Christ,
la chair et le sang de Jésus-Christ, en un
mot Jésus-Christ lui-même réellement crur
cilié et non pas seulement son image, que
oe bourreau venait dé souffleter, je veux
croire, pour l'honneur des chrétiens de
Lorraine, que le criminel en eût pâti. .
Dieu n'a pas peripis qu'il en fût de la
sorte, et peut-être, un j'oiir, là grâce misé
ricordieuse du jjr^nd insulté terrassera le
coupable." ~ "
Mais pour nous, catholiques sans restric
tions, la religion ni l'Eglise ne sont de
vains simulacres ; elles sont choses vivan
tes, qu'il faut accepter dans le détail comme
dpts l'ensemble, çt nous n'avons pas le
droit, dix-huit siècles «prés le CJftlstsdye,
répudier l'héritage que nous ont transmis
les martyrs, d'abandonner nos dpgme?àla
hpûne révolutionnaire et de souffrir qu'on
enchaîne la parole du Christ.
Le Maître a parlé clairement : « Ce que
je vous d|jj dans lp tépèbres, dites-le dans
la lupii^re et pe qui vous est dit l'oreille,
prêobez-le sur les toits. »
Ua tel précepte est fondamental .et pe
s'oublie jamais.
Et ce qu'on nepeut pa? oublier non plus,
quand on est vraiment catholique de cœur
et jl'idées, c'est l'injure faite il Dieu. L'in
jure faite à Vhomyme se pardonne" èt
;.i'jfljure faite à Dipu ne s'efface pas
et doit demeurer ppini/UrÊpieo) d'ans
mémoire pour nou3 prémunir .en. nous en
seignant.
A Nancy, la liberté de la prédication a été
violée ; le sanotuaire de Notre-Seigneur a
été profané par des brigands. Une pre
mière fois, les catholiques ont supporté
l'affront.
A Noisy-sur-Ecble, une masoarade im
monde, que nous ont contée les journaux
ei qu'avait organisée le gendre du maire, a
profondément révolté les consciences. Le
parquet n'a pas poursuivi. Une seconde
fois, les oatholiques ont supporté l'affront.
A Saint-Denis, un arrêté municipal, dont
la première application vient d'avoic lieu,
interdite la croix et aux prêtres de Jésus-
Christ d'acoompagner au cimetière la dé
pouille mortelle des chrétiens.
Nous ejn sommes là 1
Qup va-t-on faire?... Il .est temps d'y
songer.
La Révolution, logique jusqu'au bout, ne
désarme pas. Elle poursuit lentement sen
œuvre et procède par essais; mais, si nous
laissons faire, bientôt ces hommes empri-
sonnerp^ notre Dieu, et, dans quelques
Minée? Iq. religjoQ ne serii plu?, en France,
.qu'un rouage dédpigji^ çjp ^ grande ma
chine administrative.
Enoore une fois, .qjiô xa-i-on faire?
Le clergé patiente. Ses devoirs de ré
serve et de prudence et sa propre dignité
l'exigent.
Mais des hoxnpie? pçgçs Bffjja.pops.eilient,
à nous les laïques, 4e patienter aussi. '
Pourra-t-on patienter toujours? Et quand
notre patience; comprimée sous ces affronts
presque journalier à désormais, aura été
harcelée de toutes manières et poussée à
bout, cet avis précieux des hommes sages
sera-t-iléiioùté ? ' '
Sl.MV kit « i> -, i . ...
A lç. jChaçnbre, il y a des députés oatho*
liqup^. Eh biènl leur" déybir 'est dé parler
pour dire toiles ces choses. La liberté de
notre çulte, q'ùé dé nombreux textes garan
tissent, ' est foulée kjûfc pieds. 'Oui oUno'n,
lé gouvernement" peut-il nous "accorder la
même protection qu'aux protestants ët
qu'aux juifs ? Il faut qu'un interpellaieur
ait le courage de le lui demander. .
Autorité n'est pas assez forte ou si la
hjnne s^ctàirp poùg péfiiff jqisgpe, de graves
événements ppu^ront .s^ prpdi^re, ( qu'oo a
grand tort de ne pis prévoir.
Encore -une fois, les gens prudents fe
ront-ils écoutés toujours?
En .ce moment, une génération nouvelle
apparaît"dans }'Eglise. Les jeunes ^eh's qui
ia composent oni dans les veinés un sang
qui court vite ; ils ont la foi, l'enthou
siasme et l'indépendance,et, chez beaucoup
d'entre eux, l'ardeur est doublée du dé
goût qu'ils éprouvent pour un gouverne
ment qui' leur a fermé l'acoès de carrières
honorables.
Il faut y veiller. Car, un jour, toute cette
jeunesse, réyoltée des atteintes qu'on porte
à sa liberté,et voyant l'autorité impuissante
ou complice, prendra le parti de se défen
dre elle-même.
Que les persécuteurs se le disent ; que
toutes ces ombres de~ proconsuls, dont par
lait Laéordaire et qui n'ont pas changé, sa
chent donc enfin comprendre. ;
Au XVI e siècle, la Ligue a sauvé la France
( d,u protestantisme'. Dans l'état sôoiieil actuel,
Il est impassible de là reooniméncer contre
l'athéisip? et, â'ailléûrs, il fàut' l'espérer,
jious jl^tei^nsla^emi «^viîê.
M??? pput-étr?» P9 jour, si les attaques se
renouyellçnt, yerrons-po.us passer .en cour
d'assises des catholiques exaltés par la
persécution pt coupables d'avoir défendu
personnellement 1^ lib^rj.é de leur croyance
,et de lpurpultç.
Emmanuel Desorées du Loû. ;
On mande de Reims le 7 novembre :
' A l'audience d'ouverture des assises, ce
matin, M. Vernouillet. l'un des jurés, pré
sident du comité radical du 4' canton et*
membre de la ligue de la libre-pensée, a
refusé de prêter serment, expliquant qu'il
ne pouvait pas jurer devant Dieu puisqu'il
ne croyait pas en Dieu.
L'affaire a été renvoyée à la fin de la
session, et M. Vernouillet a été condamné
à 500 fr. d'amendes.
A l'audience de ce soir, M. Vernouillet a
de nouveau refusé de prêter serment, et il
a été de nouveau condamné, cette fois à
1,000 fr. d'amende. .
Ses amis vont faire des démarches pour
qu'il soit récusé avant son troisième refus,
qui sepable certain. M. Vernouillet éviterait
ainsi une troisième amende.
On ne saurait trop féliciter les ma
gistrats de Reims d'avoir si fermement
exécuté la loi, sans souci des clameurs
auxquelles ils s'exposaient .ainsi de la
part de la presse libre-penseuse.
Par le fait, la Lanterne jette feu et
flamme à propos de «et incident. Elle
dénonce la prestation ,d.u serment
comme « un usage suranné» qui est
tout À la lois une insulte au bon sens
et une atteinte à la liberté de con
science/». Après quoi, £lle g.oname la
Chambre de mettre enfin à son ordre
du jour un projet qui, sur cp point,
donnerait aux libre-penseurs tout?
satisfaction.
La majorité actuelle est à coup sûr
bien capable de yoter un tel projet.
Cependant il n'est pas sans intérêt de
constater que, depuis plus de dix ans,
des tentatives du même genre, .après
avoir subi des fortunes diverses, pnt
toujours été finalement repoussées.
Rappelons-les brièvement.
C'est le 18 mars, date de fàcheusp
mémoire, que. M. Humbert, alors
garde des sceaux, déposait une -pro
position accordant aux témoins le
choix entre la prestation de serment
ou une promesse solennelle de dire la
vérité. Déjà, le 6 février 1882, M. Jules
Roche avait, comme simple député,
demandé la suppression du serment
judiciaire. .Une même commission fut
chargée de l'examen des deux pro
jets et elle se prononça pour l'adop
tion du projet le plus radical,,celui de
la suppression totale du serment.
Mais la Chambre, si peu cléricale
qu'elle fût, recula devant cette énor-
mité.
Après une discussion assez vive,
. elle s'arrêta finalement à un moyen
terme, gui était déjà un vrai scandale
puisqu'il décidait la suppression de
tous les emblèmes religieux dans l'en
ceinte'des tribunaux. Heureusement le
Sénat pe put ou ne voulut pas s'occu
per de la question, en sorte que, la lé
gislature ayant pris fin avant son adop
tion, il disparut par cela même. Il
n'eut pas un autre sort sous la légis
lature suivante, en dépit des efforts de
M. Jullien et de plusieurs autres sec
taires du même acabit, qui, des 1885,
avaient tenté de lui rendre une nou
velle vie.
La Lanterne , qui s'irrite de tous ces
atermoiements, devrait au contraire
y puiser une leçon. Si les politiciens,
à qui elle reproche leur inertie en
cette matière, ' n'ont pas montré plus
d'empressement à laïciser le prétoire
après tout le reste, qu'est-ce' à dire,
sinon qu'un instinct plus fort que leur
passion sectaire les avertit du dan
ger social que ferait naître cette sup
pression?
Parler d'insulte au bon sens et d'at
teinte à la liberté de conscience,
parce qu'un refus de serment aura été
{>uni d'amende, c'est bon pour «meu-
er les badauds; ,niais, .à Ja .réflexion,
tout le monde se rend très bien
compte des Inconvénients majeurs
qui résulteraient pour la société si
l'on accordait aux clameurs de l'im
piété ce qu'elle .prétend exiger ait
nom de soi-disant principes qui n'ont
riçn à faire ici. ,Ge qui domine tout,
en effet, c,e qui ne saurait entrer en
balancé avec la prétendue conscience
d'un libre-penseur qui, d'après la lo
gique, devrait nier la conscience
ménie, .c'est l'intérêt supérieur qui
se rapporte à la bonne, administra
tion de la justice.
Or, qui ne sent que le serment exigé
du témoin est, pour les juges comme
pour les accusés, une garantie dont
rien ne saurait remplacer l'efficacité?
Une société qui ferait profession de ne
plus croire en Dieu se- livrerait elle-
même sans défense à l'assaut des pires
instincts, par où prendre le droit de
juger sinon dans les lois mêmes posées
par Dieu et que répercute la cons
cience de chacun de nous 1
Celui qui prétend avoir le droit de
nier ces lois ou de les méconnaître se
.désigne dès lors comme un contemp
teur de toute justice et un malfaiteur
social. Il sérait étrange qu'au nom
d'une prétendue liberté de conscience,
qui ne serait que la liberté de mentir
selon son intérêt ou de mal faire,
ïï voulût, tout en ébranlant ainsi les
assises pociales, s'assurer le bénéfice
d'une révoltante impunité.
A uguste R oussel.
Enfants, 21. Un engin explosif avait
été trouvé avenue de TOpéra, 11, au
siège de l'administration des mines
de Carmaux, dont le conseil devait,
dit-on, se réunir aujourd'hui. L'en
gin a été apporté au commissa
riat; on se disposait à le transporter
à la préfecture de police, lorsqu'il a
fait explosion. On parle de cinq tués,
dont un inspecteur de police, et de
plusieurs blessés. La maison serait à
moitié démolie et les vitres brisées
aux alentours.
Le préfet de police était sur les
lieux avec un nombreux personnel.
Les cinq morts sont les nomnaés
Trouteau, inspecteur ; Faumonet,
sous-brigadier ; Réault, agent ; le
garçon de bureau de la société des
mines de Carmaux, qui avait apporté
l'engin ; enfin, un agent qui est mort
de saisissement au commissariat.
Parmi les assez nombreux blessés,
on cite un agent, qui a eu les deux
jambes broyées.
Les magasins de draperies, au rez-
de-chaussée, appartenant à M. Balsan,
député, ont été dévastés. _
La violence de l'explosion a été telle
que, dans un rayon ae plus de trente
mètres, il n'est pas reste une vitre in
tacte.
Voici les renseignements que nous
communique l'Agence Havas :
Ce matin, vers 11 h. 1/4, le gardien delà
paix Réault ramassa, devant la maison oc
cupée par la société des mines de Carmaux,
11, avenue de l'Opéra, une marmite en forme
de bombe. Il la porta au commissariat de
police de la rue des Bons-Enfants, en com
pagnie d'un employé de la sooiété des
mines.
Pendant que Réault manipulait l'engin,
la bombe fit explosion, tuant le gardien de
la paix, un brigadier et deux employés du
commissariat, et blessant plusieurs per
sonnes.
Uns nouvelle explosion
la dernière heure, on nous an
nonce qu'une nouvelle et terrible ex
plosion. à en lieu, à 11 heures, au
commissariat de police, rue des Boris^
Les feuilles radicales offrent depuis
trois jours un assez vif intérêt ; on
peut même dire qu'à certain point
de vue elles sont instructives.
Ici, l'on y voit un article des plus
élogieux en l'honneur du ministre
des travaux publics : l'odieuse théorie
que M. Viette a développée samedi à
la Chambre, en réponse, au discours
de M. Thellier de Poncheville, est
louée, encouragée, amplifiée. Toute la
presse révolutionnaire se met d'accord
pour trouver cette théorie admirable,
pour déclarer qu'un fils de catholique
est indigne d'aspirer aux emplois, de
puis les plus hauts jusqu'aux plus
infimes, qui sont distribués, même
après examen, par le gouvernement.
Un fils de catholique, ah! fi! quelle
engeance abominable ; mais de la
part d'un fris de catholique, c'est une
étrange insolence que d'oser seule
ment se présenter à l'examen pour un
emploi public: un fils de catholique
a-t-il donc en France quelque droit?
Un fils de catholique ne doit-il pas être
écarté avec horreur de toutes les fonc
tions qui, de près ou de loin, peuvent
avoir un rapport quelconque aveo
l'Etat, etc., etc. ? Cela continue assez
longtemps sur le même ton ; mais à la
moitié de l'article, on est tellement
écœuré qu'il est impossible d'aller
jusqu'au nout.
On passe donc à l'article suivant. Il
s'agit encore d'un ministre, de M. Bour
geois,- l'enfant ohéri dés radicaux;
mais, loin de le .porter aux nues, corn me
son collègue des travaux publics, on
lui parle au contraire sur un ton quel
que peu menaçant. Eh-bien, monsieur
Bourgeois, lui dit-on, n'allez-vous pas
vite infliger un blâme des plus sévères
à cette insolente directrice du lycée
Racine, qui ose interdire à la fille
d'une chanteuse légère de parler des
succès de sa mère devant ses petites
compagnes? Insulter de la sorte une
fille d'actrice, n'est-ce pas abominable,
honteux, révoltant? Une fille d'actrice
ne doit-elle pas marcher, au déclin de
notre grand siècle, l'égale d'une fille
de" la bourgeoisie ou de la noblesse?
Montrer quelque mépris pour une
fille d'actrice, n'est-ce point ressusci
ter, cent ans après la déclaration .des
Droits de l'homme, un Hes plus indi
gnes et des plus ridicules préjugés de
l'ancien régime, etc., etc., et sur cette
note l'article se poursuit encore le
long d'une ou deux colonnes !
Il est inutile d'insister sur la com
paraison qui se peut faire entre le
traitement que la presse radicale
réserve aux fils des catholiques, et
celui qu'elle accorde aux filles d'ac
trices. D'elle-même, la comparaison
saute aux yeux.
N'est-ce pas que lalecture des jour
naux radicaux est bien instructive en
ce moment? Quand donc les catho
liques se coaliseront-ils résolument,
comme le demande Léon XIII, afin
de jeter tous ces misérables sectaires
à la porte ?
! F rançois V euillot.
A .titre d'exemple
Avouons que M. de Gassagnac se
montre supérieur à lui-même. Il a des
doctrines et des inspirations qui éton
nent les gens qui sont pourtant bien
sûrs de le connaître. L'autre jour,
nous avons constaté qu'il était ar
rivé, d'instinct, jusqu'au célèbre rai
sonnement dit des épinards ; cptte fois.
il est dans les hauteurs du Panache et
il développe avec gravité la maxime*
qu'on doit demander plus à l'impôt et
moins au contribuable. Il ne s'exprima
pas en ces termes, puisqu'il invente;
ît fait mieux : il expose avec candeuc
l'idée comique.
Le sujet qui l'a inspiré, c'est la loi
actuellement en préparation à la
Chambre et qui a pour but d'interdire
pendant quatre semaines, aux femmes
accouchées le travail industriel. M. de
Cassagnac veut démontrer que les me
sures proposées par M. de Mun ne
sont pas moins socialistes que celle*
que réclame M. Lafargue et il argu
mente à propos de l'indemnité que
devront toucher les ouvrières pen-f
dant la période de repqs. Qui paiera?
L'Etat seul ainsi que le demande
M. Lafargue? L'Etat et les départe
ments, ainsi que la Chambre l'a voté
en première délibération? Une caisse
alimentée par les patrons et par les
ouvriers et que l'Etat subventionne- '
rait, suivant la solution indiquée par
M. de Mun? Aucun de ces moyens
n'est acceptable, paraît-il.
Alors, puisqu'on ne peut demander
à personne de fournir l'indemnité né
cessaire, c'est qu'on a tort de vouloir
garantir aux mères de famille quatre'
semaines de repos ? Pas du tout," M. de
G&ssagnac déclare que l'innovation
est excellente, et qu'elle se justifie
toute seule. Voilà le plus beau, voilà
le panabhe !
Quel était le but de la proposition de loi ?
Le but était « d'interdire le travail indus
triel aux accouchées pendant un certain
délai et de les indemniser de ce chômage
forcé ».
Pas de difficultés sur la première partie.
Tout le monde était d'accord pour inter
dire le travail pendant quatre semaines
après l'accouchement.
C'est la moindre des choses, que l'accou
chée ait le temps de refaire sa santé, et-de
donner les premiers soins à l'enfant.
Si la mesure est si légitime et si
nécessaire, on doit, à tout prix, trou
ver le moyen de la réaliser; et puis
que les accouchées ne travaillant pas, .
ne touchent point de salaire, il faut
chercher un système qui procure les
ressources financières indispensables.
Donc, M. de Mun est dans la vérité et
dans la logique toute simple en étu
diant ce côté de la question.
M. de Gassagnac a la chance de
n'avoir besoin ni de logique, ni de ré
flexion .Pour se donner un air de géné
rosité, il gémit sur le sort déplorable
des ouvrières accouchées et réclame
des remèdes qu'il ne veut pas laisser
appliquer. Pour plaire aux conserva
teurs, qui s'effraient de tout ce qui
concerne les réformes sociales, il crie
à pleins poumons: « V'ià le socia
lisme ! » Il étourdit son public et n'a
pas d'autre pensée.
E ugène T avernikr.
La Question
des bureaux de placement
La manifestation de samedi dernier
est la première qu'organise, dans la
rue, la ligue contre les bureaux de
placement. Elle a été l'exécution d'un,
ordre du jour déjà ébauché l'an passé
au congrès de la ligue, et arrêté défi
nitivement dans la nouvelle assemblée
des syndicats et corporations ouvrières
tenue la semaine dernière À la Bourse
du travail. Les manifestants ont dé
claré ' que si la question n'est pas ré
solue d'ici quinze jours, ils sauront
alors ce qu'ils ont à faire...
Il faut reconnaître qu'à l'impatience
des intéressés la Chambre des dépu
tés oppose une lenteur inquiétante,bien
faite" pour les aigrir et lès porter à d.es
faits regrettables. Voilà, en effet, près
de quatre ans que cette question est
soulevée; elle agite, à Paris et en pro
vince, une partie considérable du
monde ouvrier; l'été dernier encore,
cette affaire des bureaux de placement
a failli priver Paris de pain et de
viande, boulangers «t boucliers mena
çant de ne plus travailler si les pou
voirs publics n'intervenaient pas pour
tirer la situation an clair. Or, la Gnam-
bre a continué de faire la sourde
oreille. Il est bien vrai qu'après avoir
entendu plusieurs délégations compé
tentes, la commission parlementaire,
chargée du rapport sur la question, a
conclu à la réforme de ces bureaux et '
non à leur suppression radicale,
comme le voulaient certains niveleurs
pressés ; mais de discuter et voter une
loi ad hoc, c'est semble-t-il, le moin
dre souci de nos législateurs actuelle
ment en exercice.
Des bureaux de placement il en
faut, tout le monde est d'accord là-
dessus, mais qui les tiendra ? Les mai
ries, les groupes corporatifs mixtès
ou, exclusivement, les syndicats ou
vriers? Le rapport de la commission
parlementaire .propose un bureau
municipal avec la gratuité du place
ment, mais les syndicats ouvriers
formulent d'autres prétentions. « A
l'avenir, déclarent-ils dans leurs con
grès, nul individu ou associés n'au
ront le droit de faire du placement
gratuit ou rétribué ; seuls seront au
torisés, avec condition de gratuité, les
syndicats ouvriers, les groupes corpo
ratifs et les Bourses du travail ».
La logique des syndicats est celle-
ci : puisqu'il s'agit de l'intérêt immé
diat des ouvriers et que ceux-ci sont
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