Titre : L'Univers
Éditeur : L'Univers (Paris)
Date d'édition : 1892-11-01
Contributeur : Veuillot, Louis (1813-1883). Rédacteur
Contributeur : Veuillot, Pierre (1859-1907). Rédacteur
Contributeur : Veuillot, François (1870-1952). Rédacteur
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Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 01 novembre 1892 01 novembre 1892
Description : 1892/11/01 (Numéro 8948). 1892/11/01 (Numéro 8948).
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
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Source : Bibliothèque nationale de France
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 06/02/2011
ÉDITION SEMI-QUOS5S8ENNE
ÉDITIO N QUOTID IENNE
PARIS . ÉTRANGER
■t département» (union_ postalb)
On an ..... . 55
Six mois ..... 28 50
Trois mois. ... 15 »
68 »
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SUREAUX : Paris, 10, rue des Saints-Pères
On l'lionne à Rome, place du Gesù, 8
Un an . . .
Six mois. .
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PARIS .
il département»
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ÉTRANGER
(uhion fobtaxji)
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19 »
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' H'MIYI&S na répond pu des œaonscrifs p loi sost sMi
ANNONCES
MM. LAGRANGE, CERF et G ie , 6, place de la Bourse
A cause de la solennité de
la Toussaint» FUiYIVËRS ne pa
raîtra pas demain.
FRANCE
PARIS, 31 OCTOBRE 1892
Nous recevons communication
d'une pièce importante,que nous nous
empressons de mettre sous les yeux
de nos lecteurs C'est un « appel au
Pape » des industriels catholiques du
Nord. Ils signalent à Sa Sainteté la
fermeture de la chapelle de Notre-
Dame du Haut-Mont. Inutile de com
menter cette pièce, qu'il suffît de lire
pour en reconnaître la gravité.
Les trois politiciens radicaux,
MM. Clémenceau, Camille Pelletan et
Millerand, ont été reçus à Carmaux
avec un certain apparat. Etait-ce de
l'enthousiasme ? Etait-ce simplement
curiosité? Nous n'avons pas qualité
pour trancher la question; mais il nous
paraît douteux que les grévistes de
Carmaux soient les dupes de politi
ciens pour lesquels la question ou
vrière n'est guère qu'un tremplin
électoral
Dans la campagne des libre-échan
gistes en faveur du traité de commerce
franco-suisse, il est un argument
dont on abuse singulièrement des deux
côtés de la frontière : on dit crûment
qu'il faut ménager la Suisse, attendu
qu'elle est toute prête à se tourner vers
la triple alliance. De semblables argu
ments sont regrettables au point de
vue de la dignité des deux peuples ; ils
donnent à croire que la France fait par
peur des concessions exagérées, et
pour la Suisse ils rappellent trop le
fameux proverbe : Pas d'argent, pas
de Suisses.
C'est aujourd'hui que l'empereur
Guillaume doit prononcer à Wittem-
berg son fameux discours en l'hon
neur de Luther. 11 a été dit que, pour
C'est conformément à ces principes
que fut conclu le Concordat de 1801
entre le Pape Pie VII et le gouverne
ment français et que fut arrêtée la.
nouvelle circonscription des diocèses'
français.
Mais ce traité était-il tellement défi
nitif et irréformable que le souverain
spirituel et le pouvoir temporel ne
pourraient plus faire de nouvelles
conventions ? Nous laissons à M. le
rapporteur du budget le soin d'en don
ner la preuve juridique.
Le tableau de cette circonscription
fut publié à la suite de la loi au 18
germinal an X. Par l'art. 58 de cette
loi, le nombre des diocèses fut porté
à 60, dont 10 archevêchés et 50 évê-
chés.
Ce nombre, qui s'était trouvé ré
duit à 50 après la Restauration, par
suite des distractions opérées dans le
territoire de la France, fut élevé à 80,
après entente préalable avec le Saint-
Siège, par la loi du 4 juillet 1821.
Le 19 octobre 1821 fut publiée l'or
donnance du roi relative à l'augmen
tation des diocèses, et portant appro
bation des bulles données par le Saint-
Siège à l'occasion de cette augmen
tation.
Cette nouvelle convention était-elle
moins légale que celle qui fut conclue
en 1801 ? Le juriste préposé au rap
port du budget des cultes voudra bien
nous éclairer à cet égard.
Dans son rapport, M. Dupuy-Dù-
temps fait aussi, observer qu'aux ter
mes du Concordat de 1801, il doit y
avoir une paroisse par justice de paix.
Je m'empresse ae lui observer que
le Concordat ne fait nullement men
tion de cette disposition. Le traité en
question, au sujet des paroisses, s'ex
prime ainsi :
« Les évêques feront une nouvelle
circonscription des paroisses de leurs
diocèses,qui n'aura d'effet que d'après
le consentement du gouvernement. »
C'est uniquement dans les articles
organiques qu'il est dit qu'il y aura
au moins un curé dans chaque justice
de paix; mais on y ajoute en même
temps :
«t II sera en outre établi autant de
succursales que le besoin pourra
jeunes gens résolus à lui faire escorte
et prêts à toute résistance, étaient
d'anciens élèves des jésuites.
Une chose certaine, c'est que la dé
fense catholique par la parole et les
actes, défense encore si inférieure aux
devoirs et aux besoins, n'a quelque
consistance et de sérieux adhérents
que parmi ceux d'entre nous qui s'éta
blissent sur le terrain constitution
nel et que l'on voit, tout à la fois, ac
cepter le gouvernement, pour chan
ger les gouvernants, et pousser ferme
aux réformes sociales. Les autres sont
terribles ou gémissants dans les jour
naux, les salons et les banquets ; mais
qu'ont-ils fait en ces derniers temps,
et qui peut croire qu'ils veuillent faire
quelque. chose ? Déclamer ou geindre
leur suffit. Comment M. Drumont,
homme de combat, refuse4-il de dis
tinguer entre ceux-ci et ceux-là?
Comment même paraît-il plus hostile
aux agissants qu'aux inactifs ?
Eugène Veuillot.
Appel au Papa
Nous recevons communication du
très important document que voici ;
A Sa Sainteté le Pape
LEON XIII
Très Saint-Père,
Les soussignés :
Maurice Scalbert , banquier à Lille ;
Emile Barrois-Lepers , négociant à
Tourcoing ;
Jean Bernard , industriel à Lille ;
Louis Cordonnier , fabricant à Rou-
baix ;
Edouard Decoster , négociant à Lille ;
Romain F x .ipo , dateur à Tourcoing;
. Georges IIeyndrickx , fabricant à Rou
baix ;
Paul Leurênt-Béûhin , fabricant i
Tourcoing ;
AmédéeProuvost-Bénat , industriel à
Roubaix ;
Louis Dubar , fabricant à Roubaix.
agissant comme membres de la société ci
vile anonyme du Haut-Mont à Mouveaux
(Nord), s'adressent à Vous, Trô s Saint-
Père, pour dénoncer à Voire Sainteté l'acte
dont ils viennent,
assez
orateur aurait écrit son discours^ dont
le texte aurait été communiqué au
chancelier Gaprivi. Attendons ce texte.
Hier, une dépêche nous signalait
très sommairement un discours du
garde des sceaux italien, M. Bonacci ;
ce discours, prononcé pour l'anni
versaire du guet-apens d« Castelfi- •
dardo, mérite mieux que cette simple
mention, attendu qu'il traite de la
politique religieuse. La ministre ita
lien a soutenu que. la politique ecclé
siastique du gouvernement « préten
dait s inspirer avant tout de la liberté
dft conscience ». C'est là une « préten
tion » aussi peu justifiée que possi
ble. D'ailleurs, l'orateur s'est lui-même
réfuté en faisant entendre des me
naces « contre les curés indignes qui
sèment les scandales et la discorde »,
o 'est -à-dire contre les curés qui ai
ment mieux obéir. au Pape qu'à
M. Bonacci, En terminant, le minis
tre a du reconnaître l'importance du
« problème ecclésiastique » ; si, dans
19 moment, le3 questions éepnomi-
que3 priment toutes les autres dans
l'Italie ruinée. « un jour viendra où le
public tournera *de ce côté toutes ses
préoccupations ». Ce jour-là, l'Italie-
une sera bien malade.
Finirait-on par voir clair & Vienne
au sujet des dangers du pangerma
nisme pour l'empire autrichien ? Il y a
quelques jours, le conseil municipal
de Reichemberg était dissous à la
suite de frasques pangermanistes par
trop accentuées; voici maintenant le
conseil municipal de Vienne qui frappe
une société de gymnastique panger
raaniste.
P.-S. — A la dernière heure, une
dépêch? de VAgence Hàvas nous an
nonce que, dans une réunion géné
rale des mineurs de Carmaux, on a
voté la reprise du travail.
exiger. » ^ ■ de violence dont ils viennent, comme ca-
Puisque d après le Concordat, sui- tholiques, d'être victimes de la part du gou-
' * * .1.. - -trtii* il rtrtlt | , „ *
vernement français.
, Les soussignés ont fondé en 1888 à Mou-
* ' a
vant l'assertion du rapporteur, il doit
y avoir une paroisse par justice de
paix, aux termes du même traité, on
doit établir autant de succursales que
le besoin pourra exiger.
Portalis, conseiller d'Etat, chargé
de toutes les affaires concernant les
cultes, adressa au premier consul un
rapport sur l'organisation des cultes.
Au sujet des cures et des succursales,
l'éminent juriste s'exprime ainsi :
« Le nombre des cures n'est pas
déterminé et moins encore celui des
succursales ; tout cela est subordonné
veaux, près de Lille, une maison connue
sous le nom de Notre-Dame du Haut-Mont,
dans le but d'y faire donner des retraites
d'hommes par des Pères de la Compagnie
de Jésus.
La maison de Notre-Dame du Haut-Mont
possède, comme complément nécessaire,
une chapelle affectée aux exercices des re
traites.
Cette chapelle a été établie conformément
aux règles canoniques ; son ouverture et i
son maintien ont été hautement approuvés
au besoin spirituel des peuples. L é- par rordinaire, en môme temps que l'eau-
rectum des cures et des succursales a vre fondée par ' les soussignés
toujours appartenu aux eveques. La La raaison d8 Nolre . B Dame du Ha ut-
seule cause légitimé dune érection M ont, ouverte depuis deux ans, a déjà
de cure ou de succursale, ou de tout reçu plus de trois mille retraitants, dont la
autre benefice,_ne peutetre que la ne- moitié sont des ouvriers lravdlla ' ût
UWV^V - , ... - - A ^
cessité ou l'utilité de l'Eglise" ; les for
mes sont établies pour constater la
cause. La principale forme était au
trefois un rapport ou information
de commodité ou d'incommodité. Ici
le législateur supplée ce rapport ou
cette information par l'avis du préfet,
qui est à portée de consulter les par
ties intéressées et d'apprécier toutes
les circonstances locales. »
C'est donc en vertu de l'article 9
cité plus haut que les évêques ont tou
jours fait, les nouvelles circonscrip
tions des paroisses des diocèses, d'ac
cord avec le gouvernement ; c'est eu
vertu du même article que le nombre
des succursales à créer a été porté
dans
les usines de l'arrondissement de Lille.
L'œuvre parait appelée à un grand avenir
et produira, on peut l'espérer, dans les
olasses élevées comme chez les ouvriers,
une véritable renaissance chrétienne, d'où
sortira la solution des questions si graves
et si délicates qui, à l'époque aotuelle, agi
tent en particulier notre région.
Ces premiers résultats et ces espérances
d'avenir devaient nécessairement éveiller
l'attention des hommes qui, en France, se
sont donné pour programme la destruction
de la religion catholique ; sous leur pres
sion, le gouvernement français a prononcé
la fermeture de la chapelle de Notre-Dame
du Haut-Mont.
Cette décision, dont la copie est ci-
UCO WMVVWi
î 30,000 par le décret du 30 septem- I j obre fut le 24 septembre courant notifiée
bre l807.Ce résumé succinct des nego- & ux soussignés par le commissaire de po-
oiatjojas ont eu lieu a diverses r
époques entre le ^aii>t- t Siè^e et le gou
vernement français, négociations qm ar ^ée, apposât les scellés sur la porte «
furent toujoure sanctionnées par la i a chapelle et en interdisait ainsi l'usage,
loi, prouve que e rapport de M, Du- Ce fait, qui parait, au reste, le premier
puy-Duten^ps fait ljUere (Jonnees (j^ne mesure générale contre toutes
historiques et tous les principes les chapelles privées affectées aux couvres
***"•"" *1
qui régissent les Concordats,'
G oysenèchk.
Le Budget des Cultes
La discussion du budget de* cultes
offrira cette année un intérêt particu
lier. La suppression totale des traite
ments ecclésiastiques est depuis long
temps le principal objectif de nos
législateurs ; mais comme 1$ sépara
tion de l'Eglise et de l'Etat ne reunit
pas encore la majorité des suffrages
dans les Chambres, M. Dupuy^Du-
rapporteur du budge :
des
temps, ' -
cultes, propose de reprendre l'œuvre
commencée il y a une dizaine d'an
nées, c 'est-à-dire la limitation des
dépenses du culte aux services prévus
et aux chiffres fixés par le Concordat
de 4801.
Il propose en conséquence la sup
pression des archevêchés et évêchés
jion concordataires. Cette idée lumi
neuse de M. le rapporteur accuse ou
la mauvaise foi ou l'ignorance com
plète de la lettre et de l'esprit des Con
cordats.
Tout Concordat est un traité que le
Pape, comme chef de l'Eglise univer
selle, conclut avec un gouvernement,
en vue de régler la position respective
des deux pouvoirs,
A propos de cette douloureuse
affaire de Saint-Denis, M. Edouard
Drumont fonce aujourd'hui de nou
veau sur les députés de la droite et
les jeunes gens catholiques sortis des
collèges des jésuites. Il y joint quel
ques traits contre les évêque3.
Nous ne défendrons pas les dépu
tés de la droite, ej, nous reconnaissons
que les élèves de nos écoles relig
ieuses ne sont pas tous militants.
Mais, une fois de plus, nous devons
dire à la Libre Parole qu'elle généralise
beaucoup trop. Elle a tort surtout de
s'pn prendre de préférence aux mem
bres de la Chambre qu'à la suite de la
Gazette et de l'Autorité elte appelle
dédaigneusement des « rallies » et
aux éleves des jésuites.
M. Drumont ne sait-il donc pas que
sur les 150 ou 1Ç0 députés de la droite,
les seuls qui aient consenti à se grqu-
per pour organiser la résistance sur
un terrain déterminé et pratique, sont
tous des « ralliés »? Oh ! ils ne sont
pas nombreux ; mais enfin ils existent,
et c'jssjc l'un 4'eux qui devait porter
la croix à cet enterrement de Saint-
Pejiis. J'ajoute que la' plupart des
(Buvrières, constitue au préjudice des sous
signés une violation du droit de l'Eglise
et des conventions spéciales contenues
dans le Concordat.
L'Eglise en effet, comme Votre Sainteté
nous l'a récemment rappelé dans l'Ency
clique Jrnflioplalt £)ei, tienf. de l'expresse
volonté de son divin fondateur le droit de
déoider de tout ce qui touche à la religion
pt ^administrer U^rèïripiJt pt h sa guise les
intérêts chrétiens, sans être aucunement
assujettie au pouvoir civil.
L'établissement d'une ohapelle pour y
pratiquer des exercices religieux touohe
djreptement aux intérêts chrétiens. Lorsqqe
l'Eglise, par ses chefs régulièrement insti
tués sous l'autorité du Souverain pontjfe,
approuve oet établissement, nul n'a le droit
de s'y opposer. La fermeture faite, de son
propre chef, par l'autorité civile, d'une cha
pelle ainsi établie, constitue donc une viola
tion rpanifeste des droits 4s 1$ puiss^nae
ecclésiastique ; c'est en même temps la
violation du droit que possède tout catho
lique d'exercer librement son culte, indé
pendamment de toute ingérence ou inter-
yepfjon de l'autorité piyUe r
C'est donolà le premier motif sur îequel
les soussignés basent la plainte qu'ils dépo
sent entre les mains de Votre Sainteté con
tre l'acte dont ils ont été victimes.
Accompli en France, cet acte constitue de
plus |ine yiolatjon du Concordat. *
article premier dq Concordat porte
que : La religion catholique sera librement
exercée en France. Cette stipulation n'est
pas une concession de l'Etat, mais la recon
naissance, surabondante d'ailleurs, du droit
préexistant" des catholiques français et l'en
gagement par le gouvernement dé le res
pecter.
La religion est-elle librement exercée,
lorsque la puissance civile interdit à des
catholiques de se réunir dans une chapelle
privée pour accomplir, des exercices reli
gieux sous la direction et l'autorité de
l'Eglise ?
Manifestement non ; c'est au contraire
l'atteinte la plus directe et la plus évidente
au libre exercice du culte catholique en
France.
Le gouvernement français, pour justifier
ses actes, invoque l'article 44 des articles
organiques, qui porte que : les chapelles
domestiques et les oratoires particuliers ne
pourront être établis sans une permission
expresse du gouuvrnement, accordée sur la
demande de Vévêque ; article édicté en exé
cution de la stipulation suivante de l'article
premier du Conoordat : Son culte sera pu
blic en se conformant aux règlements que le
gouvernement jugera nécessaires pour la
tranquillité publique.
Or, dit le gouvernement français, l'arti
cle 44 est un règlement de polioe que l'ar
ticle 1 er du Concordat me donnait le droit
de prendre.
Cette interprétation de la Convention
concordataire en est la violation mani
feste.
Il suffit, pour s'en convaincre, de remar
quer que les mots règlements de- police se
rapportent exclusivement & la publicité du
culte. Ce n'est pas l'exercice du oulte qui
est soumis aux règlements de police; l'exer
cice est absolument libre ; c'est seulement
la publicité de cet exercice que la police
peut régir.
Or, les actes publics d'exercice du oulte
sont uniquement, comme les mots l'indi
quent, ceux accomplis sous les yeux d'un
public ne participant pas actuellement aux
cérémonies ; en un mot, les actes exercés
dans la rue sous le regard des passants.
Le texte et les discussions préparatoires
du Concordat ne peuvent laisser aucun
doute sur le sens de la convention.
S'il y avait hésitation, la solution de la
question appartiendrait au reste exclusive
ment à Votre Sainteté, en vertu du prin
cipe que l'Eglise, à raison de sa fin supé
rieure, a le droit de trancher les confits sou
levés entre elle et l'autorité civile.
L'exercioe du oulte dans l'intérieur d'un
édifice n'esl-il pas exclusif de toute publi
cité, puisque ceux-là seuls qui pénètrent
volontairement dans l'édifice voient s'ac
complir les cérémonies ? C'est vrai, à for'
liori , d'une chapelle domestique, puisque
les seuls témoins de l'exercice du culte sont
alors ceux qu'il plaît au propriétaire d'y
introduire?
L'article 44 des articles organiques est
donc radicalement nul, comme constituant
une violation de l'article premier du. Con
cordat, qui orée au profit de tous les ca
tholiques Français des droits auxquels
l'Etat, second contractant, ne peut porter
aucune atteinte.
Cet article est nul également si, le
détachant du Concordat auquel le gou
vernement essaya de lier, on le consi
dère, comme une loi ordinaire de l'E
tat, car il viole le droit que les catholi
ques possèdent, indépendamment de tout
conoordat, d'exercer leur culte librement et
en tous lieux.
Cet article constitue donc une loi injuste;
il n'est pas une loi,mais un acte de violence :
lex injusta non est lexs
L'artiole 44 des articles organiques ne
peut donc légitimer l'acte aocompli par le
gouvernement français à Notre-Dame du
Haut-Mont.
Les soussignés ont le droit oomme ca
tholiques d'avoir dans leur immeuble une
ohapelle domestique où, sous l'autorité de
l'Eglise, eux et les personnes qu'ils reçoi
vent pratiquent les exercices du oulte ca
tholique.
Les soussignés dénoncent donc & Votre
Sainteté l'acte de violence dont ils viennent
d'être victimes.
Le Pape, institué par Noire-Seigneur
Jésus-Christ chef de l'Eglise, est le défen
seur naturel des droits des catholiques ; le
Pape,signataire du Concordat,est également
le défenseur naturel du contrat interveau
au début de ce siècle entre le Saint-Siège
et le gouvernement français.
Les soussignés,lésés dans leur liberté de
catholiques, s'adressent donc à vous. Très
Saint-Père, sollicitant Votre Sainteté da
prendre en main leur eausp et de défendre
leurs droits méconnus-
Les soussignéSjTrès Saint-Père, en solli
citant pour eu$ e| pour leur œuvre Votre
Bénédiction apostolique, ont l'honneur de
se dire •
de Votre Sainteté,
Les fils très dévoués et très soum^,
^otre-Qamp du l:tyut-N[ont,
le 30 septembre 1$92.
..if — — ^'
toire que M. de Cassagnac ne nous en
saura certainement aucun gré.
E. V.
Nous avons reçu de M.l'abbé F.Belle-
ville une lettre adressée à M. Paul de
Cassagnac. Celui-ci, sans être très au
courant des choses catholiques, ne
peut ignorer que M. l'abbé Belleville
est de ceux qui ont conquis le droit de
donner leur avis dans les débats, sou
levés par les instructions du Pape aux
catihqliques de France. Si le rédacteur
en chef de Y Autorité lit avec attention
et dans un bon esprit cette lettre, il
en pourra tirer profit. Il verra, du
reste, qu'elle n'est pas du tout d'un
ennemi. Elle lui fait, au contraire,
une part très belle, trop belle, et nous
montrons, en la donnant telle quelle,
une générosité d'autant plua œéri-
Chabris, 22 octobre 1892,
A Monsieur Paul de Cassagnac
Monsieur,
Je viens de lire, un peu tard, la lettre
que vous décochiez l'autre jour à Monsieur*
le baron de Mackau, République restante, d
Paris.
On y trouve de tout, dans cette lettre : de
la verve et parfois une ironie assez bien ve
nue et assez contenue pour donner un mo
ment l'illusion de croire que vous pouvez
quitter la prose verte et odorante de Martin
Luther pour chercher la langue saine et
claire de Louis Veuille t.
Mais il y a aussi le sel gris et gros, dont
vous faites une si grande consommation.
J'y prendrais plaisir encore, si vous n'aviez
jugé à propos d'employer oontre votre
« cher ami » la massue d 'Hercule, que vous
maniez, il est vrai, en artiste rompu au
métier. Pour vous, M. de Mackau est un
« blagueur », sa déclaration est une « vaste
blague». Je sais bien que si M. le baron
n'était pas votre ami, et que s'il était répu
blicain de la veille, vous le traiteriez d ef
fronté menteur. Il y a dono là, évidemment,
une grande modération relative. Avouez
pourtant, monsieur, que, pour être entou
rée d'une faveur , la massue n'en est pas
moins dure ; et s'il n'a pas pris votre article
pour une blague, M. de Mackau doit avoir
été sensible au coup que vous lui portiez
D'autres croiront qu'en frappant ainsi ves
amis les meilleurs, c'est à; vous-même que
vous faites le plus grand tort. Pour peu que
vous viviez, tout le monde aura, passé par
vos mains; et, sans avoir tué tout le monde,
vous aurez fait la solitude autour de vous.
c' est votre affaire; et je n'ai l'intention
ni de vous protéger contre vos propres
excès, ni de défendre M. de Mackau con
tre votre modération. Vous ne manqueriez
pas de me dire l'un et l'autre,que vous n'en
avez cure ni besoin. Mais au fond, il ne s'a
git pas de M. de Mackau :1e débat est plus
large, et vos coups vont à l'adresse de ceux
que vous appelez, tantôt avec dédain, tantôt
avec fureur, les ralliés. Vous n'avez d ar
deur que contre eux, et il est évident qu ils
vous ont rendu le plus grand service. Ils
sont venus juste à point pour raviver votre
verve languissante ; vous en faites un trou
peau de boucs émissaires, que vous char
gerez de vos péchés, passés, présents et
futurs ; vous les montrez jouant en bénêts
le rôle de l'artificieux Ulysse, ét votre che
val de Troie passe aux mains de M. Henry
Maret, dont la prose besogneuse a pris cela
pour de l'esprit oonoentré, bon à délayer
dans son eau claire.
Tout cela est fort bien ; et je comprends
qu'à ce prix vous deveniez le « très dis
tingué confrère » de' l'ancien séminariste
de Bourges (1) ; mais j'avoue que cela ne
me donne pas l'explication de votre alti
tude.
Depuis que, d'après les conseils du Pape,
les catholiques de France se montrent dispo
sés à ne plus discuter la l'orme du gouver
nement, vous vous êtes élevé contre celte
tendance avec une ardeur qui ne recule pas
devant l'irrévérence et qui frise l'insubor
dination.
Vous ne voulez pas, monsieur, que 1 on
reconnaisse la république; et vous avez fait
sur ce thème je ne sais combien d'articles,
pour prouver que la république est radica
lement mauvaise, qu'il n'y a rien de bon à
en tirer, et qu'il faut l'étrangler sur l'heure.
Cpmment se fait-il donc, monsieur, que
vous veniez dire aujourd'hui, que vous
vous ferez républioain « quand il n'y
aura plus un seul républicain dans la répu
blique ?» Ou je me trompe fort, ou oela
veut dire que vous distinguez, comme un
simple pape, entre la forme du gouverne
ment d'une part, et, d'autre part, les lois et
les hommes de ce gouvernement. Nous ne
faisons pas autre ehose.
Mais vous revenez à une formule qui fut
dans le temps aussi pernioiensô que spiri
tuelle : La république sans républicains. Le
peuple, qui ne raffine pas, a compris que si
la république est bonne, elle ne peut l'être
qu'avec des républicains ; et les monar
chistes ont été pris au piège de leur esprit
Je ne sais plus, monsieur, si vous étiez
de ceux qui firent la république en 1875
Mais vous n'ignorez pas qu'elle est le chef-
d'œuvre de vos amis de la droite ; et
comme j'aime à croire que vous n'avez pas
changé, elle dut être alors l'objet de vos
plus tendres affectifs.
Ce sentiment était d'autant plus naturel
que, dans le parti auquel vous tenez enoere,
je crois, par quelque fil, on se fait gloire de
TpmQntey à l'origine dô la république, au
83 septembre 17Ô2.
L# peuple vous a suivi sur cette pente
avec trop d'entrain ; et vous estimez qu'il a
dépassé le but. Vaus avez voulu le rameuer,
ïûais que lui offriez vous pour le déoider à
Rebrousser chemin? La monarcV^ dites-
vous, C'est fort bien- * ¥ xais quelle monar
chie ? Cft^' ien de monarchies et de sous-
monarchies ? C'est là, monsieur, que vous
avez fait preuve d'une souplesse admirable,
et d'une rare absence de préjugés en fait de
politique. Après avoir offert au peuple une
des monarchies en disponibilité, vous en
avez offert une autre, puis une troisième,
puis toutes ensembles, au ohoix, au petit
bonheur, au hasard.
Le peuple, par respect pour la vraie mo
narchie, ou par méfiance d'une monarchie
frelatée, n'a pas suivi vos conseils, et la
mauvaise, la chétive république que nous
avons s'est trouvée plus forte que votre
brelan de monarchies.
(1) M. Maret, député semi-socialiste du Cher
te rédacteur en chef du Radical,
(Note (tel'Univers.)
A en juger d'après ce que vous nous'
dites aujourd'hui, ce n'est pas votre faute,
car vous avez agi, vous avez conspiré, .
vous avez joué votre tète, et avec votre
tôte « de bons tours » à la République.
Vous étiez « de mèohe » avec Boulanger,
ce moineau lascif que la politique avait
.pris dans ses filets. Vous êtes entré dans
ses complots sans voir que, s'il échouait,
vous seriez compromis, et que, s'il réussis
sait, vous seriez dupe. s
On aura de la peine à comprendre que la
peuple ne soit pas entré dans las voies
d'une si large, si haute, si claire politique.
Mais c'est comme cela ; et parce que vous
avez eu tout le temps de mener à bien votre
campagne, et d'épuiser « les bons tours »
que vous aviez en voire sac, il est assez na.
turel que nous ayons recours à d'autres
moyens. s
Vous paraissez croire, monsieur, que la
question fondamentale est une question po
litique. Non. La question est sociale et re
ligieuse, et la question religieuse est plus
profonde que. la question sociale, parce que
celle-ci ne peut être résolue sans celle-là. H
s'agit bien de roi ou d'empereur, quand la
cause de Dieu est en un danger si pres
sant I
Ainsi, permettez moi de vous dire, mon
sieur, que j'ai peine à comprendre ces in
terminables discussions dans lesquelles les
catholiques français dépensent le plus clair
de leur activité. Quand le Souverain Pontife»
a jugé à propos d'intervenir, selon son
droit, dans nos affaires, il y avait dans ses
lettres dejux choses d'importance inégale :
il nous invitait premièrement à défendre *'
la religion ; et, pour le faire plus effioaca-i
ment, il demandait à tous de renoncer aux
discussions sur 1a forme du gouverna-
ment.
Avec quelle ardeur on s'e'st jeté sur cette
seconde recommandation, vous ne le savez
peut-être pas bien, monsieur, parce que
vous étiez trop engagé dans cetle mêlée.
Mais il est certain que ce bruit de paroles,
ce cliquetis de plumes a presque couvert la
voix du Pape, et l'on n'a guère tenu compta
de .a nécessité pressante que Léon XIII
nous rappelait de défendre l'Eglise, et d'or
ganiser enfin l'armée catholique, en la
renforçant de tout ce qu'il y a d'honnêtes
gens en France.
Ici, monsieur, ce n'est plus à l'homme
politique, mais au catholique que je m'a
dresse. L'histoire montre que les hommes
de parti, les monarchistes de tous les
temps ont su faire de grands sacrifices aux
exigences de la politique, et il ne faudrait
pas remonter loin pour prouver qu'ils sa
vaient rentrer leur drapeau pour le succès
de combinaisons plus ou moins sérieuses.
Nous croyons qu'ils n'ont jamais eu de
raison plus grave qu'aujourd'hui de renon
cer à leurs préférences, et que jamais ils
n'ont pu faire acte d'abnégation pour una
cause plus digne que la cause de l'Eglise.
On leur demande quelque chose d'analogue
à ce qu'ils ont fait déjà. Sous la Révolu
tion, ils .ont pratiqué l'émigration à l'exté
rieur; sous le gouvernement de Juillet,
l'émigration à l'intérieur. Aujourd'hui, on*
les invite à émigrer dans l'Eglise et. pour
l'Eglise,à quelque ohose comme la trêve des
partis, et mieux que cela. Alors il n'y au
rait plus parmi nous que des catholiques
unis dans le même dévouement à l'Eglise
dans la revendication des mêmes droits^
dans les mêmes combats pour la mêm$
cause.
Pourquoi cette union nécessaire na s'est-
elle pas faite encore? Il y a quinze ans qua
la guerre nous a été déclarée; et, depuis,
elle s'est continuée, latente ou êolatante,
sans que l'ennemi ait cessé un instant d»
gagner du terrain.
Je ne veux pas dire que nous n'avons rien
fait, car il y a eu pendant celle triste pé
riode des actes d admirable dévouement
que personne ne peut oublier, et vous au
riez 1© droit, monsieur, de protester pour
votre compte personnel. Mais nous n'a
vons pas encore pu nous organiser. Sous ce
rapport, à 1 heure quMl est, après quelques
essais infructueux, tout est à faire.
D'où oela vient-il, sinon de ce que la 'ju^â-
tion politique nous a divisés ? Et p'j'is on a
voulu organiser, pour ainsi dij> 0 , à huis
olos, la défense catholique ; s^iis succès. Au
jourd'hui on paraît attendre que cela se
fasse tout seul. On woit que les éléments
catholiques d'eus-mêmes vont se rappro
cher et se . souder les uns aux autres,
comme des atomes crochus voyageant dana
l'espace.
N'est-oe pas une illusion?
^ Vous le croirez comme moi, monsieur,
j en suis sûr; et vous conviendrez que les
catholiques ne s§ grouperont pas sans
avoir consoieBoe de la nécessité où ils sont-
de le faire.
Gomment dégager ce sentiment ?
^Aveo beaucoup de talent, de prestige
d'autorité, un homme pourrit le faire*
l.'&urons-nous ? mais ce q u ' ua seu i n è
peut faire, tout le m/ onde le ferait sans
doute, et o'est pourquoi il faudrait faire
appel à toutes les bonnes volontés, à
tous les catholiques dévoués et éclairés, et
les réunir en un vaste congrès, dans lequel
ils pourraient s'entendre, fixer leurs réso
lutions, arrêter un plan de campagne et se
préparer à la lutte des élections générales.
Hélas ! il faut dire une fois de plus qua
nous n'avons pas de temps à perdre,et o'est
avant la fin de l'année que le congrès ca
tholique français doit se réunir si nous
voulons qu'il en sorte quelque chose de
bon.
Si les écrivains catholiques adoptaient
cette idée, elle ferait son chemin. Vous
vous honoreriez grandement, monsieur, ea
vous mettant au service d'une si belle
cause. Vous vous honereriez d'aut&nt plus
que, pour vous y consacrer, vous devriez
faire uu plus granjjl sacrifice ; oar il fau-
ÉDITIO N QUOTID IENNE
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ANNONCES
MM. LAGRANGE, CERF et G ie , 6, place de la Bourse
A cause de la solennité de
la Toussaint» FUiYIVËRS ne pa
raîtra pas demain.
FRANCE
PARIS, 31 OCTOBRE 1892
Nous recevons communication
d'une pièce importante,que nous nous
empressons de mettre sous les yeux
de nos lecteurs C'est un « appel au
Pape » des industriels catholiques du
Nord. Ils signalent à Sa Sainteté la
fermeture de la chapelle de Notre-
Dame du Haut-Mont. Inutile de com
menter cette pièce, qu'il suffît de lire
pour en reconnaître la gravité.
Les trois politiciens radicaux,
MM. Clémenceau, Camille Pelletan et
Millerand, ont été reçus à Carmaux
avec un certain apparat. Etait-ce de
l'enthousiasme ? Etait-ce simplement
curiosité? Nous n'avons pas qualité
pour trancher la question; mais il nous
paraît douteux que les grévistes de
Carmaux soient les dupes de politi
ciens pour lesquels la question ou
vrière n'est guère qu'un tremplin
électoral
Dans la campagne des libre-échan
gistes en faveur du traité de commerce
franco-suisse, il est un argument
dont on abuse singulièrement des deux
côtés de la frontière : on dit crûment
qu'il faut ménager la Suisse, attendu
qu'elle est toute prête à se tourner vers
la triple alliance. De semblables argu
ments sont regrettables au point de
vue de la dignité des deux peuples ; ils
donnent à croire que la France fait par
peur des concessions exagérées, et
pour la Suisse ils rappellent trop le
fameux proverbe : Pas d'argent, pas
de Suisses.
C'est aujourd'hui que l'empereur
Guillaume doit prononcer à Wittem-
berg son fameux discours en l'hon
neur de Luther. 11 a été dit que, pour
C'est conformément à ces principes
que fut conclu le Concordat de 1801
entre le Pape Pie VII et le gouverne
ment français et que fut arrêtée la.
nouvelle circonscription des diocèses'
français.
Mais ce traité était-il tellement défi
nitif et irréformable que le souverain
spirituel et le pouvoir temporel ne
pourraient plus faire de nouvelles
conventions ? Nous laissons à M. le
rapporteur du budget le soin d'en don
ner la preuve juridique.
Le tableau de cette circonscription
fut publié à la suite de la loi au 18
germinal an X. Par l'art. 58 de cette
loi, le nombre des diocèses fut porté
à 60, dont 10 archevêchés et 50 évê-
chés.
Ce nombre, qui s'était trouvé ré
duit à 50 après la Restauration, par
suite des distractions opérées dans le
territoire de la France, fut élevé à 80,
après entente préalable avec le Saint-
Siège, par la loi du 4 juillet 1821.
Le 19 octobre 1821 fut publiée l'or
donnance du roi relative à l'augmen
tation des diocèses, et portant appro
bation des bulles données par le Saint-
Siège à l'occasion de cette augmen
tation.
Cette nouvelle convention était-elle
moins légale que celle qui fut conclue
en 1801 ? Le juriste préposé au rap
port du budget des cultes voudra bien
nous éclairer à cet égard.
Dans son rapport, M. Dupuy-Dù-
temps fait aussi, observer qu'aux ter
mes du Concordat de 1801, il doit y
avoir une paroisse par justice de paix.
Je m'empresse ae lui observer que
le Concordat ne fait nullement men
tion de cette disposition. Le traité en
question, au sujet des paroisses, s'ex
prime ainsi :
« Les évêques feront une nouvelle
circonscription des paroisses de leurs
diocèses,qui n'aura d'effet que d'après
le consentement du gouvernement. »
C'est uniquement dans les articles
organiques qu'il est dit qu'il y aura
au moins un curé dans chaque justice
de paix; mais on y ajoute en même
temps :
«t II sera en outre établi autant de
succursales que le besoin pourra
jeunes gens résolus à lui faire escorte
et prêts à toute résistance, étaient
d'anciens élèves des jésuites.
Une chose certaine, c'est que la dé
fense catholique par la parole et les
actes, défense encore si inférieure aux
devoirs et aux besoins, n'a quelque
consistance et de sérieux adhérents
que parmi ceux d'entre nous qui s'éta
blissent sur le terrain constitution
nel et que l'on voit, tout à la fois, ac
cepter le gouvernement, pour chan
ger les gouvernants, et pousser ferme
aux réformes sociales. Les autres sont
terribles ou gémissants dans les jour
naux, les salons et les banquets ; mais
qu'ont-ils fait en ces derniers temps,
et qui peut croire qu'ils veuillent faire
quelque. chose ? Déclamer ou geindre
leur suffit. Comment M. Drumont,
homme de combat, refuse4-il de dis
tinguer entre ceux-ci et ceux-là?
Comment même paraît-il plus hostile
aux agissants qu'aux inactifs ?
Eugène Veuillot.
Appel au Papa
Nous recevons communication du
très important document que voici ;
A Sa Sainteté le Pape
LEON XIII
Très Saint-Père,
Les soussignés :
Maurice Scalbert , banquier à Lille ;
Emile Barrois-Lepers , négociant à
Tourcoing ;
Jean Bernard , industriel à Lille ;
Louis Cordonnier , fabricant à Rou-
baix ;
Edouard Decoster , négociant à Lille ;
Romain F x .ipo , dateur à Tourcoing;
. Georges IIeyndrickx , fabricant à Rou
baix ;
Paul Leurênt-Béûhin , fabricant i
Tourcoing ;
AmédéeProuvost-Bénat , industriel à
Roubaix ;
Louis Dubar , fabricant à Roubaix.
agissant comme membres de la société ci
vile anonyme du Haut-Mont à Mouveaux
(Nord), s'adressent à Vous, Trô s Saint-
Père, pour dénoncer à Voire Sainteté l'acte
dont ils viennent,
assez
orateur aurait écrit son discours^ dont
le texte aurait été communiqué au
chancelier Gaprivi. Attendons ce texte.
Hier, une dépêche nous signalait
très sommairement un discours du
garde des sceaux italien, M. Bonacci ;
ce discours, prononcé pour l'anni
versaire du guet-apens d« Castelfi- •
dardo, mérite mieux que cette simple
mention, attendu qu'il traite de la
politique religieuse. La ministre ita
lien a soutenu que. la politique ecclé
siastique du gouvernement « préten
dait s inspirer avant tout de la liberté
dft conscience ». C'est là une « préten
tion » aussi peu justifiée que possi
ble. D'ailleurs, l'orateur s'est lui-même
réfuté en faisant entendre des me
naces « contre les curés indignes qui
sèment les scandales et la discorde »,
o 'est -à-dire contre les curés qui ai
ment mieux obéir. au Pape qu'à
M. Bonacci, En terminant, le minis
tre a du reconnaître l'importance du
« problème ecclésiastique » ; si, dans
19 moment, le3 questions éepnomi-
que3 priment toutes les autres dans
l'Italie ruinée. « un jour viendra où le
public tournera *de ce côté toutes ses
préoccupations ». Ce jour-là, l'Italie-
une sera bien malade.
Finirait-on par voir clair & Vienne
au sujet des dangers du pangerma
nisme pour l'empire autrichien ? Il y a
quelques jours, le conseil municipal
de Reichemberg était dissous à la
suite de frasques pangermanistes par
trop accentuées; voici maintenant le
conseil municipal de Vienne qui frappe
une société de gymnastique panger
raaniste.
P.-S. — A la dernière heure, une
dépêch? de VAgence Hàvas nous an
nonce que, dans une réunion géné
rale des mineurs de Carmaux, on a
voté la reprise du travail.
exiger. » ^ ■ de violence dont ils viennent, comme ca-
Puisque d après le Concordat, sui- tholiques, d'être victimes de la part du gou-
' * * .1.. - -trtii* il rtrtlt | , „ *
vernement français.
, Les soussignés ont fondé en 1888 à Mou-
* ' a
vant l'assertion du rapporteur, il doit
y avoir une paroisse par justice de
paix, aux termes du même traité, on
doit établir autant de succursales que
le besoin pourra exiger.
Portalis, conseiller d'Etat, chargé
de toutes les affaires concernant les
cultes, adressa au premier consul un
rapport sur l'organisation des cultes.
Au sujet des cures et des succursales,
l'éminent juriste s'exprime ainsi :
« Le nombre des cures n'est pas
déterminé et moins encore celui des
succursales ; tout cela est subordonné
veaux, près de Lille, une maison connue
sous le nom de Notre-Dame du Haut-Mont,
dans le but d'y faire donner des retraites
d'hommes par des Pères de la Compagnie
de Jésus.
La maison de Notre-Dame du Haut-Mont
possède, comme complément nécessaire,
une chapelle affectée aux exercices des re
traites.
Cette chapelle a été établie conformément
aux règles canoniques ; son ouverture et i
son maintien ont été hautement approuvés
au besoin spirituel des peuples. L é- par rordinaire, en môme temps que l'eau-
rectum des cures et des succursales a vre fondée par ' les soussignés
toujours appartenu aux eveques. La La raaison d8 Nolre . B Dame du Ha ut-
seule cause légitimé dune érection M ont, ouverte depuis deux ans, a déjà
de cure ou de succursale, ou de tout reçu plus de trois mille retraitants, dont la
autre benefice,_ne peutetre que la ne- moitié sont des ouvriers lravdlla ' ût
UWV^V - , ... - - A ^
cessité ou l'utilité de l'Eglise" ; les for
mes sont établies pour constater la
cause. La principale forme était au
trefois un rapport ou information
de commodité ou d'incommodité. Ici
le législateur supplée ce rapport ou
cette information par l'avis du préfet,
qui est à portée de consulter les par
ties intéressées et d'apprécier toutes
les circonstances locales. »
C'est donc en vertu de l'article 9
cité plus haut que les évêques ont tou
jours fait, les nouvelles circonscrip
tions des paroisses des diocèses, d'ac
cord avec le gouvernement ; c'est eu
vertu du même article que le nombre
des succursales à créer a été porté
dans
les usines de l'arrondissement de Lille.
L'œuvre parait appelée à un grand avenir
et produira, on peut l'espérer, dans les
olasses élevées comme chez les ouvriers,
une véritable renaissance chrétienne, d'où
sortira la solution des questions si graves
et si délicates qui, à l'époque aotuelle, agi
tent en particulier notre région.
Ces premiers résultats et ces espérances
d'avenir devaient nécessairement éveiller
l'attention des hommes qui, en France, se
sont donné pour programme la destruction
de la religion catholique ; sous leur pres
sion, le gouvernement français a prononcé
la fermeture de la chapelle de Notre-Dame
du Haut-Mont.
Cette décision, dont la copie est ci-
UCO WMVVWi
î 30,000 par le décret du 30 septem- I j obre fut le 24 septembre courant notifiée
bre l807.Ce résumé succinct des nego- & ux soussignés par le commissaire de po-
oiatjojas ont eu lieu a diverses r
époques entre le ^aii>t- t Siè^e et le gou
vernement français, négociations qm ar ^ée, apposât les scellés sur la porte «
furent toujoure sanctionnées par la i a chapelle et en interdisait ainsi l'usage,
loi, prouve que e rapport de M, Du- Ce fait, qui parait, au reste, le premier
puy-Duten^ps fait ljUere (Jonnees (j^ne mesure générale contre toutes
historiques et tous les principes les chapelles privées affectées aux couvres
***"•"" *1
qui régissent les Concordats,'
G oysenèchk.
Le Budget des Cultes
La discussion du budget de* cultes
offrira cette année un intérêt particu
lier. La suppression totale des traite
ments ecclésiastiques est depuis long
temps le principal objectif de nos
législateurs ; mais comme 1$ sépara
tion de l'Eglise et de l'Etat ne reunit
pas encore la majorité des suffrages
dans les Chambres, M. Dupuy^Du-
rapporteur du budge :
des
temps, ' -
cultes, propose de reprendre l'œuvre
commencée il y a une dizaine d'an
nées, c 'est-à-dire la limitation des
dépenses du culte aux services prévus
et aux chiffres fixés par le Concordat
de 4801.
Il propose en conséquence la sup
pression des archevêchés et évêchés
jion concordataires. Cette idée lumi
neuse de M. le rapporteur accuse ou
la mauvaise foi ou l'ignorance com
plète de la lettre et de l'esprit des Con
cordats.
Tout Concordat est un traité que le
Pape, comme chef de l'Eglise univer
selle, conclut avec un gouvernement,
en vue de régler la position respective
des deux pouvoirs,
A propos de cette douloureuse
affaire de Saint-Denis, M. Edouard
Drumont fonce aujourd'hui de nou
veau sur les députés de la droite et
les jeunes gens catholiques sortis des
collèges des jésuites. Il y joint quel
ques traits contre les évêque3.
Nous ne défendrons pas les dépu
tés de la droite, ej, nous reconnaissons
que les élèves de nos écoles relig
ieuses ne sont pas tous militants.
Mais, une fois de plus, nous devons
dire à la Libre Parole qu'elle généralise
beaucoup trop. Elle a tort surtout de
s'pn prendre de préférence aux mem
bres de la Chambre qu'à la suite de la
Gazette et de l'Autorité elte appelle
dédaigneusement des « rallies » et
aux éleves des jésuites.
M. Drumont ne sait-il donc pas que
sur les 150 ou 1Ç0 députés de la droite,
les seuls qui aient consenti à se grqu-
per pour organiser la résistance sur
un terrain déterminé et pratique, sont
tous des « ralliés »? Oh ! ils ne sont
pas nombreux ; mais enfin ils existent,
et c'jssjc l'un 4'eux qui devait porter
la croix à cet enterrement de Saint-
Pejiis. J'ajoute que la' plupart des
(Buvrières, constitue au préjudice des sous
signés une violation du droit de l'Eglise
et des conventions spéciales contenues
dans le Concordat.
L'Eglise en effet, comme Votre Sainteté
nous l'a récemment rappelé dans l'Ency
clique Jrnflioplalt £)ei, tienf. de l'expresse
volonté de son divin fondateur le droit de
déoider de tout ce qui touche à la religion
pt ^administrer U^rèïripiJt pt h sa guise les
intérêts chrétiens, sans être aucunement
assujettie au pouvoir civil.
L'établissement d'une ohapelle pour y
pratiquer des exercices religieux touohe
djreptement aux intérêts chrétiens. Lorsqqe
l'Eglise, par ses chefs régulièrement insti
tués sous l'autorité du Souverain pontjfe,
approuve oet établissement, nul n'a le droit
de s'y opposer. La fermeture faite, de son
propre chef, par l'autorité civile, d'une cha
pelle ainsi établie, constitue donc une viola
tion rpanifeste des droits 4s 1$ puiss^nae
ecclésiastique ; c'est en même temps la
violation du droit que possède tout catho
lique d'exercer librement son culte, indé
pendamment de toute ingérence ou inter-
yepfjon de l'autorité piyUe r
C'est donolà le premier motif sur îequel
les soussignés basent la plainte qu'ils dépo
sent entre les mains de Votre Sainteté con
tre l'acte dont ils ont été victimes.
Accompli en France, cet acte constitue de
plus |ine yiolatjon du Concordat. *
article premier dq Concordat porte
que : La religion catholique sera librement
exercée en France. Cette stipulation n'est
pas une concession de l'Etat, mais la recon
naissance, surabondante d'ailleurs, du droit
préexistant" des catholiques français et l'en
gagement par le gouvernement dé le res
pecter.
La religion est-elle librement exercée,
lorsque la puissance civile interdit à des
catholiques de se réunir dans une chapelle
privée pour accomplir, des exercices reli
gieux sous la direction et l'autorité de
l'Eglise ?
Manifestement non ; c'est au contraire
l'atteinte la plus directe et la plus évidente
au libre exercice du culte catholique en
France.
Le gouvernement français, pour justifier
ses actes, invoque l'article 44 des articles
organiques, qui porte que : les chapelles
domestiques et les oratoires particuliers ne
pourront être établis sans une permission
expresse du gouuvrnement, accordée sur la
demande de Vévêque ; article édicté en exé
cution de la stipulation suivante de l'article
premier du Conoordat : Son culte sera pu
blic en se conformant aux règlements que le
gouvernement jugera nécessaires pour la
tranquillité publique.
Or, dit le gouvernement français, l'arti
cle 44 est un règlement de polioe que l'ar
ticle 1 er du Concordat me donnait le droit
de prendre.
Cette interprétation de la Convention
concordataire en est la violation mani
feste.
Il suffit, pour s'en convaincre, de remar
quer que les mots règlements de- police se
rapportent exclusivement & la publicité du
culte. Ce n'est pas l'exercice du oulte qui
est soumis aux règlements de police; l'exer
cice est absolument libre ; c'est seulement
la publicité de cet exercice que la police
peut régir.
Or, les actes publics d'exercice du oulte
sont uniquement, comme les mots l'indi
quent, ceux accomplis sous les yeux d'un
public ne participant pas actuellement aux
cérémonies ; en un mot, les actes exercés
dans la rue sous le regard des passants.
Le texte et les discussions préparatoires
du Concordat ne peuvent laisser aucun
doute sur le sens de la convention.
S'il y avait hésitation, la solution de la
question appartiendrait au reste exclusive
ment à Votre Sainteté, en vertu du prin
cipe que l'Eglise, à raison de sa fin supé
rieure, a le droit de trancher les confits sou
levés entre elle et l'autorité civile.
L'exercioe du oulte dans l'intérieur d'un
édifice n'esl-il pas exclusif de toute publi
cité, puisque ceux-là seuls qui pénètrent
volontairement dans l'édifice voient s'ac
complir les cérémonies ? C'est vrai, à for'
liori , d'une chapelle domestique, puisque
les seuls témoins de l'exercice du culte sont
alors ceux qu'il plaît au propriétaire d'y
introduire?
L'article 44 des articles organiques est
donc radicalement nul, comme constituant
une violation de l'article premier du. Con
cordat, qui orée au profit de tous les ca
tholiques Français des droits auxquels
l'Etat, second contractant, ne peut porter
aucune atteinte.
Cet article est nul également si, le
détachant du Concordat auquel le gou
vernement essaya de lier, on le consi
dère, comme une loi ordinaire de l'E
tat, car il viole le droit que les catholi
ques possèdent, indépendamment de tout
conoordat, d'exercer leur culte librement et
en tous lieux.
Cet article constitue donc une loi injuste;
il n'est pas une loi,mais un acte de violence :
lex injusta non est lexs
L'artiole 44 des articles organiques ne
peut donc légitimer l'acte aocompli par le
gouvernement français à Notre-Dame du
Haut-Mont.
Les soussignés ont le droit oomme ca
tholiques d'avoir dans leur immeuble une
ohapelle domestique où, sous l'autorité de
l'Eglise, eux et les personnes qu'ils reçoi
vent pratiquent les exercices du oulte ca
tholique.
Les soussignés dénoncent donc & Votre
Sainteté l'acte de violence dont ils viennent
d'être victimes.
Le Pape, institué par Noire-Seigneur
Jésus-Christ chef de l'Eglise, est le défen
seur naturel des droits des catholiques ; le
Pape,signataire du Concordat,est également
le défenseur naturel du contrat interveau
au début de ce siècle entre le Saint-Siège
et le gouvernement français.
Les soussignés,lésés dans leur liberté de
catholiques, s'adressent donc à vous. Très
Saint-Père, sollicitant Votre Sainteté da
prendre en main leur eausp et de défendre
leurs droits méconnus-
Les soussignéSjTrès Saint-Père, en solli
citant pour eu$ e| pour leur œuvre Votre
Bénédiction apostolique, ont l'honneur de
se dire •
de Votre Sainteté,
Les fils très dévoués et très soum^,
^otre-Qamp du l:tyut-N[ont,
le 30 septembre 1$92.
..if — — ^'
toire que M. de Cassagnac ne nous en
saura certainement aucun gré.
E. V.
Nous avons reçu de M.l'abbé F.Belle-
ville une lettre adressée à M. Paul de
Cassagnac. Celui-ci, sans être très au
courant des choses catholiques, ne
peut ignorer que M. l'abbé Belleville
est de ceux qui ont conquis le droit de
donner leur avis dans les débats, sou
levés par les instructions du Pape aux
catihqliques de France. Si le rédacteur
en chef de Y Autorité lit avec attention
et dans un bon esprit cette lettre, il
en pourra tirer profit. Il verra, du
reste, qu'elle n'est pas du tout d'un
ennemi. Elle lui fait, au contraire,
une part très belle, trop belle, et nous
montrons, en la donnant telle quelle,
une générosité d'autant plua œéri-
Chabris, 22 octobre 1892,
A Monsieur Paul de Cassagnac
Monsieur,
Je viens de lire, un peu tard, la lettre
que vous décochiez l'autre jour à Monsieur*
le baron de Mackau, République restante, d
Paris.
On y trouve de tout, dans cette lettre : de
la verve et parfois une ironie assez bien ve
nue et assez contenue pour donner un mo
ment l'illusion de croire que vous pouvez
quitter la prose verte et odorante de Martin
Luther pour chercher la langue saine et
claire de Louis Veuille t.
Mais il y a aussi le sel gris et gros, dont
vous faites une si grande consommation.
J'y prendrais plaisir encore, si vous n'aviez
jugé à propos d'employer oontre votre
« cher ami » la massue d 'Hercule, que vous
maniez, il est vrai, en artiste rompu au
métier. Pour vous, M. de Mackau est un
« blagueur », sa déclaration est une « vaste
blague». Je sais bien que si M. le baron
n'était pas votre ami, et que s'il était répu
blicain de la veille, vous le traiteriez d ef
fronté menteur. Il y a dono là, évidemment,
une grande modération relative. Avouez
pourtant, monsieur, que, pour être entou
rée d'une faveur , la massue n'en est pas
moins dure ; et s'il n'a pas pris votre article
pour une blague, M. de Mackau doit avoir
été sensible au coup que vous lui portiez
D'autres croiront qu'en frappant ainsi ves
amis les meilleurs, c'est à; vous-même que
vous faites le plus grand tort. Pour peu que
vous viviez, tout le monde aura, passé par
vos mains; et, sans avoir tué tout le monde,
vous aurez fait la solitude autour de vous.
c' est votre affaire; et je n'ai l'intention
ni de vous protéger contre vos propres
excès, ni de défendre M. de Mackau con
tre votre modération. Vous ne manqueriez
pas de me dire l'un et l'autre,que vous n'en
avez cure ni besoin. Mais au fond, il ne s'a
git pas de M. de Mackau :1e débat est plus
large, et vos coups vont à l'adresse de ceux
que vous appelez, tantôt avec dédain, tantôt
avec fureur, les ralliés. Vous n'avez d ar
deur que contre eux, et il est évident qu ils
vous ont rendu le plus grand service. Ils
sont venus juste à point pour raviver votre
verve languissante ; vous en faites un trou
peau de boucs émissaires, que vous char
gerez de vos péchés, passés, présents et
futurs ; vous les montrez jouant en bénêts
le rôle de l'artificieux Ulysse, ét votre che
val de Troie passe aux mains de M. Henry
Maret, dont la prose besogneuse a pris cela
pour de l'esprit oonoentré, bon à délayer
dans son eau claire.
Tout cela est fort bien ; et je comprends
qu'à ce prix vous deveniez le « très dis
tingué confrère » de' l'ancien séminariste
de Bourges (1) ; mais j'avoue que cela ne
me donne pas l'explication de votre alti
tude.
Depuis que, d'après les conseils du Pape,
les catholiques de France se montrent dispo
sés à ne plus discuter la l'orme du gouver
nement, vous vous êtes élevé contre celte
tendance avec une ardeur qui ne recule pas
devant l'irrévérence et qui frise l'insubor
dination.
Vous ne voulez pas, monsieur, que 1 on
reconnaisse la république; et vous avez fait
sur ce thème je ne sais combien d'articles,
pour prouver que la république est radica
lement mauvaise, qu'il n'y a rien de bon à
en tirer, et qu'il faut l'étrangler sur l'heure.
Cpmment se fait-il donc, monsieur, que
vous veniez dire aujourd'hui, que vous
vous ferez républioain « quand il n'y
aura plus un seul républicain dans la répu
blique ?» Ou je me trompe fort, ou oela
veut dire que vous distinguez, comme un
simple pape, entre la forme du gouverne
ment d'une part, et, d'autre part, les lois et
les hommes de ce gouvernement. Nous ne
faisons pas autre ehose.
Mais vous revenez à une formule qui fut
dans le temps aussi pernioiensô que spiri
tuelle : La république sans républicains. Le
peuple, qui ne raffine pas, a compris que si
la république est bonne, elle ne peut l'être
qu'avec des républicains ; et les monar
chistes ont été pris au piège de leur esprit
Je ne sais plus, monsieur, si vous étiez
de ceux qui firent la république en 1875
Mais vous n'ignorez pas qu'elle est le chef-
d'œuvre de vos amis de la droite ; et
comme j'aime à croire que vous n'avez pas
changé, elle dut être alors l'objet de vos
plus tendres affectifs.
Ce sentiment était d'autant plus naturel
que, dans le parti auquel vous tenez enoere,
je crois, par quelque fil, on se fait gloire de
TpmQntey à l'origine dô la république, au
83 septembre 17Ô2.
L# peuple vous a suivi sur cette pente
avec trop d'entrain ; et vous estimez qu'il a
dépassé le but. Vaus avez voulu le rameuer,
ïûais que lui offriez vous pour le déoider à
Rebrousser chemin? La monarcV^ dites-
vous, C'est fort bien- * ¥ xais quelle monar
chie ? Cft^' ien de monarchies et de sous-
monarchies ? C'est là, monsieur, que vous
avez fait preuve d'une souplesse admirable,
et d'une rare absence de préjugés en fait de
politique. Après avoir offert au peuple une
des monarchies en disponibilité, vous en
avez offert une autre, puis une troisième,
puis toutes ensembles, au ohoix, au petit
bonheur, au hasard.
Le peuple, par respect pour la vraie mo
narchie, ou par méfiance d'une monarchie
frelatée, n'a pas suivi vos conseils, et la
mauvaise, la chétive république que nous
avons s'est trouvée plus forte que votre
brelan de monarchies.
(1) M. Maret, député semi-socialiste du Cher
te rédacteur en chef du Radical,
(Note (tel'Univers.)
A en juger d'après ce que vous nous'
dites aujourd'hui, ce n'est pas votre faute,
car vous avez agi, vous avez conspiré, .
vous avez joué votre tète, et avec votre
tôte « de bons tours » à la République.
Vous étiez « de mèohe » avec Boulanger,
ce moineau lascif que la politique avait
.pris dans ses filets. Vous êtes entré dans
ses complots sans voir que, s'il échouait,
vous seriez compromis, et que, s'il réussis
sait, vous seriez dupe. s
On aura de la peine à comprendre que la
peuple ne soit pas entré dans las voies
d'une si large, si haute, si claire politique.
Mais c'est comme cela ; et parce que vous
avez eu tout le temps de mener à bien votre
campagne, et d'épuiser « les bons tours »
que vous aviez en voire sac, il est assez na.
turel que nous ayons recours à d'autres
moyens. s
Vous paraissez croire, monsieur, que la
question fondamentale est une question po
litique. Non. La question est sociale et re
ligieuse, et la question religieuse est plus
profonde que. la question sociale, parce que
celle-ci ne peut être résolue sans celle-là. H
s'agit bien de roi ou d'empereur, quand la
cause de Dieu est en un danger si pres
sant I
Ainsi, permettez moi de vous dire, mon
sieur, que j'ai peine à comprendre ces in
terminables discussions dans lesquelles les
catholiques français dépensent le plus clair
de leur activité. Quand le Souverain Pontife»
a jugé à propos d'intervenir, selon son
droit, dans nos affaires, il y avait dans ses
lettres dejux choses d'importance inégale :
il nous invitait premièrement à défendre *'
la religion ; et, pour le faire plus effioaca-i
ment, il demandait à tous de renoncer aux
discussions sur 1a forme du gouverna-
ment.
Avec quelle ardeur on s'e'st jeté sur cette
seconde recommandation, vous ne le savez
peut-être pas bien, monsieur, parce que
vous étiez trop engagé dans cetle mêlée.
Mais il est certain que ce bruit de paroles,
ce cliquetis de plumes a presque couvert la
voix du Pape, et l'on n'a guère tenu compta
de .a nécessité pressante que Léon XIII
nous rappelait de défendre l'Eglise, et d'or
ganiser enfin l'armée catholique, en la
renforçant de tout ce qu'il y a d'honnêtes
gens en France.
Ici, monsieur, ce n'est plus à l'homme
politique, mais au catholique que je m'a
dresse. L'histoire montre que les hommes
de parti, les monarchistes de tous les
temps ont su faire de grands sacrifices aux
exigences de la politique, et il ne faudrait
pas remonter loin pour prouver qu'ils sa
vaient rentrer leur drapeau pour le succès
de combinaisons plus ou moins sérieuses.
Nous croyons qu'ils n'ont jamais eu de
raison plus grave qu'aujourd'hui de renon
cer à leurs préférences, et que jamais ils
n'ont pu faire acte d'abnégation pour una
cause plus digne que la cause de l'Eglise.
On leur demande quelque chose d'analogue
à ce qu'ils ont fait déjà. Sous la Révolu
tion, ils .ont pratiqué l'émigration à l'exté
rieur; sous le gouvernement de Juillet,
l'émigration à l'intérieur. Aujourd'hui, on*
les invite à émigrer dans l'Eglise et. pour
l'Eglise,à quelque ohose comme la trêve des
partis, et mieux que cela. Alors il n'y au
rait plus parmi nous que des catholiques
unis dans le même dévouement à l'Eglise
dans la revendication des mêmes droits^
dans les mêmes combats pour la mêm$
cause.
Pourquoi cette union nécessaire na s'est-
elle pas faite encore? Il y a quinze ans qua
la guerre nous a été déclarée; et, depuis,
elle s'est continuée, latente ou êolatante,
sans que l'ennemi ait cessé un instant d»
gagner du terrain.
Je ne veux pas dire que nous n'avons rien
fait, car il y a eu pendant celle triste pé
riode des actes d admirable dévouement
que personne ne peut oublier, et vous au
riez 1© droit, monsieur, de protester pour
votre compte personnel. Mais nous n'a
vons pas encore pu nous organiser. Sous ce
rapport, à 1 heure quMl est, après quelques
essais infructueux, tout est à faire.
D'où oela vient-il, sinon de ce que la 'ju^â-
tion politique nous a divisés ? Et p'j'is on a
voulu organiser, pour ainsi dij> 0 , à huis
olos, la défense catholique ; s^iis succès. Au
jourd'hui on paraît attendre que cela se
fasse tout seul. On woit que les éléments
catholiques d'eus-mêmes vont se rappro
cher et se . souder les uns aux autres,
comme des atomes crochus voyageant dana
l'espace.
N'est-oe pas une illusion?
^ Vous le croirez comme moi, monsieur,
j en suis sûr; et vous conviendrez que les
catholiques ne s§ grouperont pas sans
avoir consoieBoe de la nécessité où ils sont-
de le faire.
Gomment dégager ce sentiment ?
^Aveo beaucoup de talent, de prestige
d'autorité, un homme pourrit le faire*
l.'&urons-nous ? mais ce q u ' ua seu i n è
peut faire, tout le m/ onde le ferait sans
doute, et o'est pourquoi il faudrait faire
appel à toutes les bonnes volontés, à
tous les catholiques dévoués et éclairés, et
les réunir en un vaste congrès, dans lequel
ils pourraient s'entendre, fixer leurs réso
lutions, arrêter un plan de campagne et se
préparer à la lutte des élections générales.
Hélas ! il faut dire une fois de plus qua
nous n'avons pas de temps à perdre,et o'est
avant la fin de l'année que le congrès ca
tholique français doit se réunir si nous
voulons qu'il en sorte quelque chose de
bon.
Si les écrivains catholiques adoptaient
cette idée, elle ferait son chemin. Vous
vous honoreriez grandement, monsieur, ea
vous mettant au service d'une si belle
cause. Vous vous honereriez d'aut&nt plus
que, pour vous y consacrer, vous devriez
faire uu plus granjjl sacrifice ; oar il fau-
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