Titre : L'Univers
Éditeur : L'Univers (Paris)
Date d'édition : 1892-10-30
Contributeur : Veuillot, Louis (1813-1883). Rédacteur
Contributeur : Veuillot, Pierre (1859-1907). Rédacteur
Contributeur : Veuillot, François (1870-1952). Rédacteur
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34520232c
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 30 octobre 1892 30 octobre 1892
Description : 1892/10/30 (Numéro 8946). 1892/10/30 (Numéro 8946).
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
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Droits : Consultable en ligne
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Source : Bibliothèque nationale de France
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 06/02/2011
Dimanche 30 Octobre 1892
N" 8946. — Edition çaofidienn®
Dimanche 30 Octobre 1892
ÊDÎTÏOB SEMI-QUG"?5S2£NNE
ÉDITION QUOTIDIENNE
U q »«i»
Six mois . . .
Trois mois. .
paris
>T DÉPA.RTEM0NT»
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ÉTRANGER
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OU NUMÉRO j IS"-"'
9VREAXJX s Paris, 10, rue des Saints-Pères
On g'tbonne I Rome, place du Qesù, 8
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Six mois. .
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PARIS
IV DÉPARTEMENTS
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S.TNIVERS m répond pas des maonscrits qui loi sost adressés
. ANNONCES
g&M. LAGRANGE, CERF, et C l % 6, place da la Bourse
mopolitisme, avec l'étreinte de deux '
nations. Cherchez, s'il Trous plaît,
T « affinité » des deux éléments peu
ple, celle surtout du moujick et du
paysan français !
Là-bas, l'habitude de la pauvreté,
les vices qu'elle engendre, mais aussi
ses vertus : résignation,humilité, can
deur. Ici, le sens très marqué de la
possessivité et de l'épargne, l'esprit
d'indépendance, l'orgueil démocrati
que, la conscience du droit. Une race
enjouée, positive, critique —-, une race
mélancolique et fataliste. Nous som
mes le produit de couches successi
ves de civilisation,marquées de l'em
preinte autoritaire par Louis XIV,
badine par Voltaire, tragique par la
Révolution, militaire par Napoléon I",
française par les deux Restaurations :
éducation compliquée, miroir de con
trastes. Il semble difficile de contester
côrdWvns grande manifestation oon- I
l i .. . j,,. I plutôt taille dans un bloc, touioursle
tre les bureaux de placement , plus Infime, depuis Pierre le Grand. L'abo-
•*! - - * • S. J._
FRANCE
PARIS, 29 OCTOBRE 1892
Nos députés doivent continuer, d'a
près l'ordre du jour, à s'occuper de la
question ouvrière ; les propositions ou
projets de loi qui figurent d'abord sont
la lei sur le travail des femmes et des
enfants, ballottée depuis si longtemps
entre les deux Chambres ; une propo
sition de MM. Brousse et Dron relative
à la protection des accouchées ; un
projet sur les syndicats ouvriers ; une
proposition de M. Ferroul sur les rè
glements d'atelier. Il y en a là pour
plusieurs, séances, surtout avec l'im
prévu.
On annonce pour aujourd'hui, à
deux heures, sur la place de la Gon-
* «« I . J' ...
de 500 groupes ou sociétés devraient
y prendre part; des mesures de pré
caution ont été prises.
La manifestation aura-t-elle lieu, et
surtout, aura-t-elle quelque impor
tune ? Nous en douterions volontiers.
Généralement ces manifestations
annoncées à l'avance avortent.
Nous reproduisons sous les plus
expresses réserves une note d'une
correspondance militaire qui aurait
une singulière gravité si elle était
exacte. Il ne s'agirait de rien moins
que d'une grande expédition dans la
partie du Tonkin avoisinant la Chine.
Pour cette expédition décisive, le gou
vernement demanderait des fonds aux
Chambres, ce qu'il n'a jamais osé
faire franchement. Ce serait hardi et
peut-être habile, car ils sont rares
maintenant les députés et sénateurs
qui oseraient refuser les fonds qu'on
leur demanderait pour le Tonkin, en
les déclarant nécessaires.
Une semblable demande serait la
condamnation explicite de l'opti
misme de M. de Lanessan et en débar
rasserait nécessairement l'Indo-Chine.
Ou aura pu remarquer que les dis
cours italiens se suivent et se ressem
blent, au moins sur certains points,
alors même qu'ils sont prononcés par
des orateurs de partis différents. Tous
les orateurs célèbrent ou défendent la •
triple alliance comme éminemment
pacifique ; tous affirment la nécessité
des dépenses militaires pour ne pai
diminuer le prestige, si grand en effet,
de l'Italie-une ; tous reconnaissent ce
pendant qu'il faut arriver h un équi
libre budgétaire sérieux ; et enfin tous
le promettent, mais sans conviction.
Dans ces conditions, il semble assez
indifférent que tel parti triomphe, ou
tel autre. Ajoutons qu'au point de vue
catholique, sauf quelques différences
de pure forme — M.di Rudini par exem
ple était plus poli que M. Crispi — les
divers partis sont aussi mauvais les
* - - /nr\ I rl û
sont aussi mauvais
uns que les autres. Cela vient de
situation, contre laquelle les hommes
ne peuvent rien.
En Allemagne, l'agitation eontinue
contre le nouveau projet de loi mili
taire, on peut même dire qu'elle s'ac
centue à mesure qu'approche le mo
ment de la discussion. Ce seraitâ croire
h un échec du gouvernement, si l'on
n'avait pas déjà vu des oppositions
non moins fortes se réduire singulière
ment à la dernière heure.
Slaves et Français
Un député au Parlement prussien,
M. Arend, publie une brochure qui
fait du bruit et passe pour refléter
l'opinion d'un groupe d'Allemands
« éclairés ». C'est une brochure déjà
faite î la forme à peine en est nou
velle. Elle reprend ce thème, cher à
nos voisins d'outre-Rhin, que l'en
tente franco-russe est un non-sens
historique, ethnographique, écono
mique. C'est donc, par surcroît, une
faute politique, et M. Arend, franco
phile à sa manière, opine pour que
nous l'abrégions.
II faut certainement excuser l'es
prit allemand de ne pas voir clair
l'entente franco-russe, de n'y
trouver qu 'une preuve de ce qu'ifs
de ce qu'ils
appellent iiuo , a i se 8 intentions.
L'immense majorité des FVà^çals^ux-
mêmes, qui s'est si gaillardement jetée
dans le courant slave, sjrait bien em
barrassée de dire pourquoi elle y est.
Alléguer la force des choses j qui
pousse à s'entendre les vaincus et les
menacés de l'Allemagne, n'est pas ré
pondre. Ou plutôt c'est répondre en
donnant raison au docteur Arend, qui
ne voit dans les caresses de la Répu
blique française et du czar qu'une
«onjonction de chauvinismes à courtes
vues.
Ce n'est guère répondre non plus
que d'invoquer l'affinité naturelle des
races. J'admets que tout boulevardier;
français connaisse au moins un Russe,
lequel apparemment est un peu bou
levardier lui-même, puisque ses goûts
et sa fortune l'ont naturalisé Parisien. ;
Tous deux s'apprécient, s'estiment,
deviennent compagnons de plaisir, et
quelquefois des amis. Fort bien •
il est ridicule de confondre
mais
ces poi-
un
gnées de main, échangées dans
paonde à. part, un peu teinté de cos
lition du "servage, d'ailleurs récente,
n'a pas modifié son être intime. Elle
n'a gaère changé que sa condition
extérieure. C'est la loi, et non pas lai,
qui est autre.
Avons-nous au moins de commun
cette sorte de sentimentalisme politi
que qui est aux peuples ce que la
spontanéité d'âme est aux individus,
un amalgame d'esprit chëvalertsque
et d'étourderie? On le dit; nous nous
accordons, ainsi qu'aux Russes, de
« l'élan ». Si tel est le ressort de nos
sympathies réciproques, il est fragile.
Deux élans parallèles, chez des sujets
profondément dissemblables* produi
sent rarement l'unité d'action. Lea
mille nuances qui le8 distinguent ne
donnent que de loin l'illusion har
monique ; h l'épreuve, ce sont des
heurts. N'est-ce pas l'éternelle histoire
de certains touristes dont l'enthou
siasme pour la nature et les voyages
est à l'unisson, au coin du feu, qui
partent bons amis, jurant de revenir
encore meilleurs, et sont stupéfaits
que leurs âmes-sœurs aient déjà
trouvé des sujets de conflits et de
mutuels déboires avant d'arriver à
Interlaken ?
Certes, les fêtes de Cronstadt, de
Nancy . l'exhibition d'aigles impé
riales le 14 juillet, les échaages de
télégrammes entre colonels des deux
nations, sont des faits réconfortants,
où le patriotisme trouve un aliment
de bon aloi. Ils prouvent, entre autres
choses, que notre démocratie n'est pas
si farouche qu'elle veut en avoir l'air,
puisqu'elle est enchantée de crier :
« Vive le czar l » et fait grâce à cet
honnête prince du conseil de mettre
son empire sur le pied constitutionnel.
Il y avait si longtemps qae le peuple
français s'était privé du plaisir d'ac
clamer un souverain ! Le voilà servi à
souhait. Un souverain très grand, très
bon, très prestigieux, qui prête son
nom aux manifestations populaires,
le rassure contre l'Allemand, le for
tifie contre l'Aisglais, ne le gêne en
rien et, par surcroît, salue la Répu
blique C'est plus qu'il n'en faut
pour que M. Prudhomme croie à l'af
finité de3 races et la donne pour cer
taine à sa progépiture. i
C'est évidemment ce Prud'homme-
là que M. Arend a en vue lorsqu'il
médit des Français, un peu prompts à
accorder leur sympathie, plus encore
à se l'expliquer par de fausses rai
sons. Il n'a pas tort d'avancer, sui
vant nous, qu'en fait d' « affinités »
d'ordre historique, économique et po
litique, il y aurait moins de distance
de Français à <ï ue de Fran
çais à Slave, n'était le fqssé de 1$7Q,
que pour sa part, d'ailleurs, il «e re-r
fusé à combler. Mais, outre que son
chauvinisme l'égaré sur l'importance
de ce facteur, son positivisme de bon
Germain l'empêche cje soupçonner
dans la question franco-russe' quel
que côté providentiel.
Si M. Prud'homme et lui spngea^enj
à la Providence, ordonnatrice qui
plane sur tout et ne pèse nulle part,
peut -être découvriraient-ils ici une de
ces ironies, à la fois très bienveillantes
et très profondes, qui ne déconcer
tent l'orgueil humain que pour 1-assa-
gii\ Eu France, les deux générations
qui nous précèdent, celle de l'ISmpire
et celle de la Restauration, ont été
nourries dans la défiance, voire dans
je dédain de la race slave, que l'école
libérale considérait cpfflme entachée
d'orientalisme, sinon mêm® d© barba
rie. Le mouvement continu, mais trjès
lent, de la Russie vers la pivilis^tion,
scandalisait nos hommes de^progrès,
nos académiciens, nos industriels,
dont l'admiration, entièrement acquise
à la science, était incapable de se por
ter sur certaines vertus silencieuses
et nécessaires. Il ne venait à l'esprit
de personne que le demi-jour intel
lectuel qui enveloppe le peuple russe
pût reposer nos yeux des clartés in
quiétantes de la civilisation occiden
tale, Aujourd'hui, dans l'ordre du sen
timent, ce qui nous charme de la Rus
sie, c'est son mystère. Dans l'ordre
pratique, c'est la persuasion, peut-être
inconsciente, qu'il monte là-bas une
sève obscure, que le dieu progrès,
empoisonneur à l'occasion, n'a pas
core contaminée.
Au fond, noua connaissons nos
maladies, et quoique nous prenions
soin d'organiser beaucoup d'associa
tions où il est question de jeunesse,
nous rendons compte tpe nous
sommes un peu vieux. Le cerveau de
a France a travaillé beaucoup; son
cœur a été souvent désabusé. Ses
mœurs, auxquelles la trempe monar
chique avait donné un je ne sais quoi
de hiérarchique et de correct, ont
été tamisées, pour ainsi dire, par ce
fameux progrès, par les Révolutions,
par des législations hâtives et contra
dictoires. Notre mal est là : nous le
sentons. Frappés d'une plaie presque
honteuse,, celle de l'appauvrissement
de la race, nous avons le pressentiment
de l'avenir réservé au pays russe, où
l'homme ne marchaude pas sa colla
boration à l'œuvre du Créateur.
Emiettés par les idées, les intérêts,
les institutions, nous attendons quel
que chose de ce formidable groupe
ment slave, de cette coagulation que
tous les acides de l'esprit critique
parviendront difficilement à dissou
dre. Il n'est pas jusqn'à l'unité du
pouvoir, son caractère absolu, en
pleine fin de siècle, qui ne fasse im
pression sur l'esprit français, césat-
rien, possessif, actif, aimant la Ré
publique pour le nom, et la poigne
intelligente pour le fait.
Ce sont donc des contrastes, et non
des affinités, qu'il faut chercher dans
le grand courant franco-slave, con
trastes qui semblent avoir été ména
gés par la Providence en vue de plans
que nous connaîtrons un jour. Un au
teur russe presque célèbre, et en tous
cas digne de l'être tout à fait, M. Wla-
dimir Soloview, dont le nom n'est pas
inconnu aux lecteurs de l'Univers,
croit au prochain avenir de son pays,
no» seulement en patriote, mais en
philosophe. Il est de ceux qui espèrent
avec ténacité la conversion au catho-
que où les pensionnés du 2 Décembre se
raient remplacés par les pensionnés du
4 septembre, c'est-à-dire par tous ceux qui
ont souffert sous cette damnée république,
depuis bieatôt vingt ans?...
D'autant, et nous l'avons dit bien sou
vent, que l'étiquette du gouvernement ne
signifie rien.
Toute la question est de savoir ce qu'il y
a dedans.
Et la forêt de Bondy, elle-même, voit de
riants chalets s'élever sur sa bordure jadis
sinistre, depuis qu'il ne s'y rencontre plus
de malfaiteurs.
Il faut savoir que l'école dont
s'agit est bâtie sur un terrain apparte
nant à M. le comte de Salaberry. Dès
que l'arrêté de laïcisation fut signifié
aux sœurs, avec injonction d'avoir à
quitter les lieux le 19 octobre, M. le
comte de Salaberry fit signifier au
maire, M. Henri Le Bihan, qu'en sa
qualité de propriétaire, il s'opposait
formellement à l'installation d'un ins
tituteur ou d'une institutrice dans les
bâtiments occupés par les sœurs, les-
resteraient comme institu-
quelles y resteraient comme
Ainsi s'exprimait, en 1889, M. Paul j trices privées, du jour où elles cesse-
^ "ni"»» I raient d'être institutrices communales.
n _ i
de Cassagnac. Veut-on savoir, après
s'être cité, ce qu'il ajoute? D'abord,
la petite phrase suivante :
Depuis 1889, je n'ai pas changé ma ma
nière de voir.
Ensuite, un peu plus loin, l'autre
petite phrase que voici :
Il peut y avoir de mauvaises monarchies
et d'assez bonnes républiques, l'histoire
nous le prouve surabondamment.
On se demande, après avoir lu ce
que le directeur de VAutorité disait en
Disons tout de suite que l'excellent
maire de Mahalon, partageant tout à
fait les sentiments religieux de ses ad
ministrés, n'était nullement disposé à
se prêter aux desseins des laïcisa-
teurs. Sommé par la préfecture de
passer outre, il déclara donc brave
ment n'en vouloir rien faire, étant
d'ailleurs empêché par la revendica
tion du propriétaire. En vain lui mit-
on dans la main une consultation ré
digée sur l'heure par les légistes de la
préfecture, pour le mettre à couvert
quels sont les déplorable? effets de la
loi sectaire de 1886 qui permet au pré
fet de violenter les sentiments no
toires de toute une population.
D'autre part, on ne saurait trop don
ner en exemple la ferme attitude de
M. de Salaberry et du maire de Maha
lon. Ce qui les guide, ce qui en devrait
guider tant d'autres, à leur imitation,
c'est l'esprit de foi dont témoigne un
mot recueilli par M.Dumont 1 ,le vaillant
rédacteur du Courrier du Finistère sur
les lèvres de M. de Salaberry. Comme,
outre l'école des sœurs, il y a dans la
commune de Mahalon une école libre
de garçons dirigée par les frères, bâtie
et soutenue par les générosités du
châtelain, M. Dumont dit un jour à
M. de Salaberry. « To s ut. cela, mon
sieur, doit vous coûter cher. » —
«Monsieur, lui fut-il répondu, je iie
ferai jamais assez pour préserver nos
enfants de l'école sans Dieu. »
Ah ! si tous les catholiques en France
pensaient et agissaient de même !
Auguste Rotjsshl.
que it) inreuMîur utj i siumji no «uo*»*» ■ » . - ... , .. _
1889 et ce qu'il répète aujourd'hui, et lui permettre ( d installer linstitu-
î OT , ar> I trice laïque. Il s y
pourquoi M. de Cassagnac lutte avec
tant de fureur contre ceux qui pren
nent place, dociles aux prescriptions
du Souverain Pontife, sur le terrain
constitutionnel. Car enfin, le député
du Gers le sait parfaitement, pas plus
que lui nous ne voulons de la Répu
blique telle qu'elle est. Soutenir le
contraire, prétendre que nous accep
tons les hommes et les lois du régime
actuel, cela peut avoir son utilité dans
une polémique, lorsque les argu
ments sérieux et de bonne foi vien
nent à manquer. Mais qui donc est
visite
au
teurs de la Gazette de France, du Mo
niteur Universel et de Y Autorité sa
vent. eux-mêmes, à quoi s'en tenir
là-dessus. Les catholiques et les cons
titutionnels qui entrent dans la Répu
blique, le font avec la résolution et
l'espoir de l'améliorer peu à peu; ils
veulent en modifier à la longue l'es
prit et les manières. Donc, s'il est
— S e
avuu vvimvixv î»
licisme de cette immense nation,dont I encore dupe de ces artifices? Les lec-
l'avenir religieux dépend, suivant lui, ■ • - «- j" m„_
d'un seul homme, et qui suivrait son
czar aux pieds du Pape, confiante en
cela comme en tout le reste. Qui sait?
Ce n'est pas vainement que Dieu a mis
en réserve, en pleine Europe constitu-
tionnalisée, laïcisée, infestée de théo
ries, de doutes, de libertés mal enten
dues, un peuple que l'autorité morale
contient encore et qui fait bloc dans
sa croyance comme dans sa fidélité.
Ge bloc n'est-il destiné qu'à des phé
nomènes d'ordre naturel, l'écrasement
de la vieille Europe sous le poids du
« slavisme », prévu et redouté par
notre auteur allemand? Personne n'o
serait l'affirmer, et les vues de Wla-
dimir Solovieff ne sont pas plus aven
turées, quoique plus hautes, que celles
des critiques d'outre-Rhin.
On ne peut jamais savoir où les si
nuosités de la politique peuvent con
duire deux peuples. Elles ont amené,
contre toute vraisemblance (je parle
de la vraisemblance telle qu'on la
concevait il y a quarante ans), la Ré
publique française et le czar à un car
refour commun,
Pourquoi ne les mettraient-elles
pas un jour sur la large voie du ca
tholicisme, eù, marchant d'accord,
ils feraient la police, plus que jamais
nécessaire, de la civilisation ?
Charles Loiseau.
Nous avons partiellement reproduit,
il y a quinze jours, un article de i' Elec
teur du Gers , qui se terminait par cette
phrase, à l'adresse de M. Paul de Cas
sagnac :
La politique qu'il combat publiquement
a reçu plusieurs fois (et même dans le
Gers) son approbation secrète. Peut-être,
un jour, sera-l-il avec ceux qu'il attaque à
présent.
Rf. Paql de Çjassagnao a répondu sur
envers points à Y Electeur ; mais, de
cette phrase^ il n'a pas soufflé mot. Il
a paru l'ignorer, comme s'il n'avait
pas lu l'article de Y Electeur jusqu'au
fmi- '
Cependant, voici qu'après deux se
maines, le directeur de l 'Autorité
senxble vouloir, d'une façon indirecte,
revenir sur le sujet. Ce qu'il dit est
biea curieux, et nous donne à croire
que Y Electeur n'était, en somme, pas
trop mal informé. Il semble que M. de
Cassagnac, à certaines époques, se
soit rendu compte, et quà certains
jours il se rende compte encore de
l'inanité, de l'impuissance de sa poli-
J- n „„„
vrai que M. Paul de Cassagnac ne
« préoccupe pas de changer la forme
du gouvernement », s'il est vrai qu'il
se préoccupe seulement de « changer
les hommes qui le composent »,
M. Paul de Cassagnac obéi*, absolu
ment aux mêmes préoccupations que
nous. D'où vient alors que son atti
tude est à ce point différente de la;
nôtre? Qu'est-ce qui nous sépare? . ;
Ceci, qui suprendra peut-être légè-i
rement le lecteur ! M. de Cassagnac;
est trop délicat... La République, c'est
pour lui oomme une maison, une
maissii à l'heure présente fort sale.
Le député du Gers veut bien y entrer ;
mais quand elle .sera propre. « Pas
avantI » a'éerie-t-il. Ah! la poussière
l'épouvante, et l'odeur du fumier lui
soulève le cœur 1 Hercule pouvait en
treprendre de nettoyer les écuries
d'Augias; voyez-vous phcftbus dans
ce rôle?
La délicatesse de M. Paul de Cas
sagnac nous étonne ; sa logique bien
davantage encore. 11 n'est guère de
jour où il ne raille, quand il se con
tente de la raillerie, l'outrecuidante
simplicité des catholiques et de& con
servateurs qui entrent dans la Répu
blique pour l'assainir. — Nettoyer ce
cloaque, vous? s'écrie-t-il- Etes-vous
assez naïfs et présomptueux ! Mais
vous y perdrez votre temps et vos
peines ! Une telle entreprise est bien
au-dessus de vos forces. Elle est au-
dessus de toutes les forces 4u monde.
Par essepcS) en effet, la République
est indécroltable. Rêver une répu
blique propre, c'est rêver l'impossible
et l'absurde. Jamais une telle répu
blique n'existera!...
^t voici qu^à. présent M. de Cassa
gnac nous tient ce langage : Atten
dez donc ! Quelle impatience vous
pousse? A quoi seft-il d'entrer dans
Ja maison quand il y sent si mau
vais? Un jour ou l'autre, les fenêtre?
s'ouvriront tqutes seules, la boue sé-
enchantement, le balai
. ^ _ refusa énergique-
ment.
Ce que voyant, et après une vis
infructueuse de l'institutrice laïque
poste qu'on lui destinait, l'inspecteur
Nonus fit savoir qu'il arriverait en
personne avec l'institutrice laïque
paur procéder à son installation. Mais
il avait compté sans le maire. Invité
à laisser pénétrer l'inspecteur dans
l'école communale, M. Le Bihan re
fusa net : « Gela m'est impossible ,
« dit-il; je ne peux pas vous faire en-
« trer dans une maison quinem'ap-
» partient pas. Du reste, vous treu-
« verez le propriétaire devant sa
« porte. » En effet, M. le comte de
Salaberry se tenait devant les murs
de l'école, dont toutes les portes
avaient été verrouillées. Après un
échange de courtois saluts, M. Nonus
dut exposer l'objet de sa présence-
Si vous venez pour pénétrer dans la mai
son, répondit M. de Salaberry, je refuse;
formellement de vous laisser entrer. J'ai la;
loi pour moi, et je suis fort de mon droit. ;
Je vous demande seulement de ne pas,
me mettre dans le cas de légitime dé -i
fense. ;
Si vous voulez employer la force et les-
moyens violents, vous êtes libre de renou-î
veler les exploits de Frigolet etde Ch&teau-
villain. Il n'y a dans celte maison que des
femmes, M. le prél'et peut faire tirer des
sus.
Je regrette que vous n'ayez pas assisté
au départ des élèves : vous auriez vu ces
enfants pleurer du chagrin do quitter les;
sœurs. Je ne vous engage pas à aller les
chercher chez leurs parents, on vous ferait
un mauvais parti.
Les fruits de la Laïcisation
Depuis plusieurs années, les vols
dans les églises se multiplient d'une
manière effrayante. Beaucoup sont
accompagnés d'horribles sacrilèges.
Nos églises sont partout la proie de ban
des de "malfaiteurs organisées et opé
rant méthodiquement, avec une quasi
assurance d'impunité.Ces compagnies
de vol se recrutent surtout parmi les
petits laïcisés. Les voleurs qu'on ar
rête sont, en général, de tout jeunes
gens. Leur espèce pullule malheureu
sement : la laïcisation fait, chaque
année, des quantités de précoces
bandits.
A ce sujet, la Semaine Religieuse .de
Versailles fournit un renseignement
tristement instriiîitif.
On écrit de Neuilly-Plaisance à la
réaction de cette revue diocésaine :
Vous aurez maintenant à enregistrer,
chaque semaine, sans doute, quelque nou
velle tentative de vol, dans los églises des
environs de Paris surtout. Trois jeunes
gens d'ici, âgés de 16 à 18 ans, arrêtés 51 y
a un mois environ, disaient : Nous sommes
■4,000 parfaitement organisés et « embri
gadés ».
Espérons que l'avertissement profi
tera et que l'on fera partout bonne
garde.
Mais quel temps et quel régime que
celui où les églises ne peuvent plus
rester ouvertes sans être exposées *
des vols et à des sacrilèges de tous lès
jours !
fort
pas en-
dans
peut-être vu suivre, ou même précé
der M. de Mackau; et, n'est pas impossible que nous con
templions, l'année prochaine, ce spec--
taclè (que iipus ne souhaitons gujàpe,
d'ailleurs, car un tel allié serait bien
compromettant) : M. de Cassagnac
ygpant se placer à tour sur 1$
terrain constitutionnel.
Il n'en est pas encore là; mais voici
où il en est :
Le directeur de Y Autorité a, par ha
sard , retrouvé dans ses papiers'un ar
ticle écrit en 1889, bien avant le toast
et ce qui a suivi- ï)e cet article, il re
produit un passage. Voici le mor
ceau :
Je ne me préoccupe pas de changer la
forme du gouvernement; mais je me préoc
cupe de onanger les hommes qui le compo
sent.
En quoi la république nous gênerait-elle,
si tous les brigands qui la rendent inhabi
table en étaient chassés, si nous avions une
république sans opportunistes et sans ra
dicaux, une république où M. Jules Ferry
et M- Clémenoeau seraient réduits en(fn au
rôle d'opposants impuissants, une républi-
Tout cela était dit avec beaucoup
de calme mais aussi sur un ton qui
n'admettait pas de réplique. L'inspec
teur le comprit, dit qu'il n'insistait
pas, mais qu'il désirait entrer dans
l'école pour s'assurer qu'il n'y avait
pas d'élèves, ce qui lui fut aocordé.
Ici nous laissons la parole au Cour
rier du Finistère :
On redesoendit ensuite à la mairie, où
M.- l'inspecteur sortit de sa poohe un pro
cès verbal d'installation de l'institutrice en
triple expédition, et, prétextuut que c'était
obligatoire, demanda au maire do les i '
guer.
Le procédé n'était pas très oorrect, car,
puisqu'on n'avait pu installer l'institutrice,
le maire ne pouvait signer le procès-verbal
d'installation. Il commença par en prendre
lecture, et, voyant le piège qu'on lui ten
dait, y apposa ces mots avant sa signature ;
« Ref us d'installation pour défaut de. local. »
Ceci fait, M. l'inspecteur primaire et
Mlle l'institutrice laïque reprirent le chemin
do Quimper,
N'eussent-ils pas mieux fait de ne
pas venir?
Nous savons bien que les sectaires
ne voudront pas rester sous le coup
de cet échec et que, dans cette com
mune chrétienne où l'institutrice
laïque ne trouverait pas une élève
pour son école, on voudra l'imposer
quand même à la population qui n'eç
veut pas. Mais cela n'ira pas sans
ehera par .... .
fonctionnera de sa propre initiative, "veut pas. fixais ce
et la République se nettoiera d'ellp- ççuelcjues difficultés
même. Alors no,us y pénétrerons en ~ ......
vainqueurs pour nous y installer en
maîtres. Rien ne ser$ plus facile.
Croyez-moi sur parole. Mes prédic
tions vous ont-elles jamais trompés ?
Ainsi, tantôt la République est in
décrottable par essence, tantôt elle
peut devenir propre et habitable par
sa seule vertu- Laquelle de ces deux
affirmations du directeur de l'Autorité
faut-il croire ? À notre humble avis,
ni l'une ni l'autre. Il est possible de
nettoyer la République ; mais, pour ce
fqlre, qn ne doii pas compter sur le
personnel qui la détient présentement;
il est indispensable que les catholi
ques et les cqns.eryateijrs s'adonnent
courageusement et persevéramméut à
cette rude besogne.
PIERRE VEUILLOT.
Un bel exemple
En annonçant que l'école de Maha
lon (Finistère) était laïcisée, nous
crûmes pouvoir dire qu'elle serait
maintenue comme école privée. Le
Courrier du Finistère nous apprend
que nous ne nous trompions pas, et ce
qui s'est passé en cette circonstance
est trop instructif pour que nous ne
nous j arrêtions pas un instant,
Sans ioute, dit le Courrier du Uniitère
on va demander au maire de voter un cré
dit pour bâtir un groupe scolaire.
Mais les comeillers munioipaux de Maha-f
Ion sont trop intelligents pour faire oettej
sottise, et ils refuseront tout orédit pour}
une dépense inutile. Alors, on les impeser&i
peut-être d'office, ce qui ne contribuera pas!
à faire chérir le gouvernement par les con
tribuables de Mahalon;
Et un beau jour on verra arriver à Maha
lon l'inspecteur primaire, flanqué d'un ar
chitecte pour choisir remplacement du
groupe scolaire.
C'est là que commencera la difficulté.
Car M. de Salaberry est propriétaire de
tQMt le terrain situé dans un rayon de plus
de 2 kilomètres autour du bourg.
Il faudra doue l'exproprier.
Et M. de Salaberry ne se laissera pas
exproprier la moindre parcelle de terrain
sans opposer une vive résistance.
Comme on lp voit,la bévue préfectorale a
ïflis l'administration dans une impasse dmt
nous ne voyous pas Tissus.
A moins que M. Pcaud'ho* "(i e préfet)
n'essaie lui-même d'^ coup de force et
que, l'épée &u clair, accompagné de San-
cho Duval, il ne tente l'assaut de l'école
de M. de Salaberry.
Je lui prédis qu'il serait mal reçu, en
dépit de son bel habit brodé d'argent.
La conclusion de cet incident est
double.
D'une part, on voit une fois de plus
La librairie Poussielgue publie en
brochure la remarquable étude publiée
naguères dans le Correspondaîit par
Mgr d'Ilulst sur Renan (? ). Pour carac
tériser cet écrit, nous ne saurions
mieux faire que de citer quelques lignes
du préambule :
Prêtre, je vais parler d'un homme que
l'Eglise a nourri dans son seiu, et qui l'a
cruellement frappée. Ma foi semble m'in-
terdire l'indulgence ; la charité, qui est la
loi en action,me déconseille la sévérité. Lu
par des croyants, j'aurais horreur de paraî
tre tiède dans la réprobation de l'erreur et
dans la condamnation de l'apostasie ; exposé
par la publicité à rencontrer des incroyants
peur lecteurs, je ne me pardonnerais pas
d'avoir blessé par une parole dure la bonne
foi d'une seule àme. Pour naviguer entro
ces éaueils, je remettrai l'aviron aux mains
de la justice ei je chargerai la miséricorde
de tenir le gouvernail.
Conçue dans ces dispositions, la sa
vante étud© consacrée à Renan par
Mgr d'Hulst ne pouvait manquer d'of
frir un vif intérêt. En effet, l'émiuent
recteur de l'institut catholique y juge
de haut, avec autant d'autorité que de
finesse,toute l'œuvre du renégat. A cet
égard, on ne sait ce qui mérite le plus
d'éloges : l'exposé de la vie de Ren^n
aveo les motifs de sa chute,ou ', a criti
que de ses ouvrages. Aji point de Vue
religieux, c'est un soulagement, et au
point de .vue littéraire un vrai régal
que la dy â g e ction par Mgr d'Hulst de
tout iô fatras de criticisme accumulé
par Renan pour battre en brèche la
philosophie morale, la foi aux dog
mes et la certitude historique pour tout
ce qui se rapporte aux livres saints.
Renan, qui se piquait de science, de
philosophie et même de morale, est
ainsi convaincu de n'être ni mora
liste, ni savant, ni philosophe. Bref,
la conclusion qui se détache de la lec
ture du remarquable opuscule de Mgr
d'Hulst, c'est celle qu'il a donnée lui-
même,en'disant que l'œuvre de ltenan
« mérite d'être appelée néfaste et'classe
son auteur parmi les malfaiteurs de
leur temps et de leur pays ». La sen
tence n'est pas trop dure ; elle est for
tement motivée en quarante pages,qui
paraîtront courtes au lecteur ; aussi
peut-on défiçr qu'il en soit fait appel.
Auguste Roussel.
M. Thellier de Poncheville, nous
l'avons dit, a prévenu le ministre des
travaux publics qu'il lui poserait une
question au sujet de l'exclusion dont
quatre élèves des frères de Saint-'Omer
avaient été victimes, pour le concours
(1) M. Renan, par Mgr d'Hulst. Une brocbnre
in 8° de 40 pages. Paris, Poussielgue, libraire-
éditeur, 15, rue Cassette,
N" 8946. — Edition çaofidienn®
Dimanche 30 Octobre 1892
ÊDÎTÏOB SEMI-QUG"?5S2£NNE
ÉDITION QUOTIDIENNE
U q »«i»
Six mois . . .
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>T DÉPA.RTEM0NT»
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S.TNIVERS m répond pas des maonscrits qui loi sost adressés
. ANNONCES
g&M. LAGRANGE, CERF, et C l % 6, place da la Bourse
mopolitisme, avec l'étreinte de deux '
nations. Cherchez, s'il Trous plaît,
T « affinité » des deux éléments peu
ple, celle surtout du moujick et du
paysan français !
Là-bas, l'habitude de la pauvreté,
les vices qu'elle engendre, mais aussi
ses vertus : résignation,humilité, can
deur. Ici, le sens très marqué de la
possessivité et de l'épargne, l'esprit
d'indépendance, l'orgueil démocrati
que, la conscience du droit. Une race
enjouée, positive, critique —-, une race
mélancolique et fataliste. Nous som
mes le produit de couches successi
ves de civilisation,marquées de l'em
preinte autoritaire par Louis XIV,
badine par Voltaire, tragique par la
Révolution, militaire par Napoléon I",
française par les deux Restaurations :
éducation compliquée, miroir de con
trastes. Il semble difficile de contester
côrdWvns grande manifestation oon- I
l i .. . j,,. I plutôt taille dans un bloc, touioursle
tre les bureaux de placement , plus Infime, depuis Pierre le Grand. L'abo-
•*! - - * • S. J._
FRANCE
PARIS, 29 OCTOBRE 1892
Nos députés doivent continuer, d'a
près l'ordre du jour, à s'occuper de la
question ouvrière ; les propositions ou
projets de loi qui figurent d'abord sont
la lei sur le travail des femmes et des
enfants, ballottée depuis si longtemps
entre les deux Chambres ; une propo
sition de MM. Brousse et Dron relative
à la protection des accouchées ; un
projet sur les syndicats ouvriers ; une
proposition de M. Ferroul sur les rè
glements d'atelier. Il y en a là pour
plusieurs, séances, surtout avec l'im
prévu.
On annonce pour aujourd'hui, à
deux heures, sur la place de la Gon-
* «« I . J' ...
de 500 groupes ou sociétés devraient
y prendre part; des mesures de pré
caution ont été prises.
La manifestation aura-t-elle lieu, et
surtout, aura-t-elle quelque impor
tune ? Nous en douterions volontiers.
Généralement ces manifestations
annoncées à l'avance avortent.
Nous reproduisons sous les plus
expresses réserves une note d'une
correspondance militaire qui aurait
une singulière gravité si elle était
exacte. Il ne s'agirait de rien moins
que d'une grande expédition dans la
partie du Tonkin avoisinant la Chine.
Pour cette expédition décisive, le gou
vernement demanderait des fonds aux
Chambres, ce qu'il n'a jamais osé
faire franchement. Ce serait hardi et
peut-être habile, car ils sont rares
maintenant les députés et sénateurs
qui oseraient refuser les fonds qu'on
leur demanderait pour le Tonkin, en
les déclarant nécessaires.
Une semblable demande serait la
condamnation explicite de l'opti
misme de M. de Lanessan et en débar
rasserait nécessairement l'Indo-Chine.
Ou aura pu remarquer que les dis
cours italiens se suivent et se ressem
blent, au moins sur certains points,
alors même qu'ils sont prononcés par
des orateurs de partis différents. Tous
les orateurs célèbrent ou défendent la •
triple alliance comme éminemment
pacifique ; tous affirment la nécessité
des dépenses militaires pour ne pai
diminuer le prestige, si grand en effet,
de l'Italie-une ; tous reconnaissent ce
pendant qu'il faut arriver h un équi
libre budgétaire sérieux ; et enfin tous
le promettent, mais sans conviction.
Dans ces conditions, il semble assez
indifférent que tel parti triomphe, ou
tel autre. Ajoutons qu'au point de vue
catholique, sauf quelques différences
de pure forme — M.di Rudini par exem
ple était plus poli que M. Crispi — les
divers partis sont aussi mauvais les
* - - /nr\ I rl û
sont aussi mauvais
uns que les autres. Cela vient de
situation, contre laquelle les hommes
ne peuvent rien.
En Allemagne, l'agitation eontinue
contre le nouveau projet de loi mili
taire, on peut même dire qu'elle s'ac
centue à mesure qu'approche le mo
ment de la discussion. Ce seraitâ croire
h un échec du gouvernement, si l'on
n'avait pas déjà vu des oppositions
non moins fortes se réduire singulière
ment à la dernière heure.
Slaves et Français
Un député au Parlement prussien,
M. Arend, publie une brochure qui
fait du bruit et passe pour refléter
l'opinion d'un groupe d'Allemands
« éclairés ». C'est une brochure déjà
faite î la forme à peine en est nou
velle. Elle reprend ce thème, cher à
nos voisins d'outre-Rhin, que l'en
tente franco-russe est un non-sens
historique, ethnographique, écono
mique. C'est donc, par surcroît, une
faute politique, et M. Arend, franco
phile à sa manière, opine pour que
nous l'abrégions.
II faut certainement excuser l'es
prit allemand de ne pas voir clair
l'entente franco-russe, de n'y
trouver qu 'une preuve de ce qu'ifs
de ce qu'ils
appellent iiuo , a i se 8 intentions.
L'immense majorité des FVà^çals^ux-
mêmes, qui s'est si gaillardement jetée
dans le courant slave, sjrait bien em
barrassée de dire pourquoi elle y est.
Alléguer la force des choses j qui
pousse à s'entendre les vaincus et les
menacés de l'Allemagne, n'est pas ré
pondre. Ou plutôt c'est répondre en
donnant raison au docteur Arend, qui
ne voit dans les caresses de la Répu
blique française et du czar qu'une
«onjonction de chauvinismes à courtes
vues.
Ce n'est guère répondre non plus
que d'invoquer l'affinité naturelle des
races. J'admets que tout boulevardier;
français connaisse au moins un Russe,
lequel apparemment est un peu bou
levardier lui-même, puisque ses goûts
et sa fortune l'ont naturalisé Parisien. ;
Tous deux s'apprécient, s'estiment,
deviennent compagnons de plaisir, et
quelquefois des amis. Fort bien •
il est ridicule de confondre
mais
ces poi-
un
gnées de main, échangées dans
paonde à. part, un peu teinté de cos
lition du "servage, d'ailleurs récente,
n'a pas modifié son être intime. Elle
n'a gaère changé que sa condition
extérieure. C'est la loi, et non pas lai,
qui est autre.
Avons-nous au moins de commun
cette sorte de sentimentalisme politi
que qui est aux peuples ce que la
spontanéité d'âme est aux individus,
un amalgame d'esprit chëvalertsque
et d'étourderie? On le dit; nous nous
accordons, ainsi qu'aux Russes, de
« l'élan ». Si tel est le ressort de nos
sympathies réciproques, il est fragile.
Deux élans parallèles, chez des sujets
profondément dissemblables* produi
sent rarement l'unité d'action. Lea
mille nuances qui le8 distinguent ne
donnent que de loin l'illusion har
monique ; h l'épreuve, ce sont des
heurts. N'est-ce pas l'éternelle histoire
de certains touristes dont l'enthou
siasme pour la nature et les voyages
est à l'unisson, au coin du feu, qui
partent bons amis, jurant de revenir
encore meilleurs, et sont stupéfaits
que leurs âmes-sœurs aient déjà
trouvé des sujets de conflits et de
mutuels déboires avant d'arriver à
Interlaken ?
Certes, les fêtes de Cronstadt, de
Nancy . l'exhibition d'aigles impé
riales le 14 juillet, les échaages de
télégrammes entre colonels des deux
nations, sont des faits réconfortants,
où le patriotisme trouve un aliment
de bon aloi. Ils prouvent, entre autres
choses, que notre démocratie n'est pas
si farouche qu'elle veut en avoir l'air,
puisqu'elle est enchantée de crier :
« Vive le czar l » et fait grâce à cet
honnête prince du conseil de mettre
son empire sur le pied constitutionnel.
Il y avait si longtemps qae le peuple
français s'était privé du plaisir d'ac
clamer un souverain ! Le voilà servi à
souhait. Un souverain très grand, très
bon, très prestigieux, qui prête son
nom aux manifestations populaires,
le rassure contre l'Allemand, le for
tifie contre l'Aisglais, ne le gêne en
rien et, par surcroît, salue la Répu
blique C'est plus qu'il n'en faut
pour que M. Prudhomme croie à l'af
finité de3 races et la donne pour cer
taine à sa progépiture. i
C'est évidemment ce Prud'homme-
là que M. Arend a en vue lorsqu'il
médit des Français, un peu prompts à
accorder leur sympathie, plus encore
à se l'expliquer par de fausses rai
sons. Il n'a pas tort d'avancer, sui
vant nous, qu'en fait d' « affinités »
d'ordre historique, économique et po
litique, il y aurait moins de distance
de Français à <ï ue de Fran
çais à Slave, n'était le fqssé de 1$7Q,
que pour sa part, d'ailleurs, il «e re-r
fusé à combler. Mais, outre que son
chauvinisme l'égaré sur l'importance
de ce facteur, son positivisme de bon
Germain l'empêche cje soupçonner
dans la question franco-russe' quel
que côté providentiel.
Si M. Prud'homme et lui spngea^enj
à la Providence, ordonnatrice qui
plane sur tout et ne pèse nulle part,
peut -être découvriraient-ils ici une de
ces ironies, à la fois très bienveillantes
et très profondes, qui ne déconcer
tent l'orgueil humain que pour 1-assa-
gii\ Eu France, les deux générations
qui nous précèdent, celle de l'ISmpire
et celle de la Restauration, ont été
nourries dans la défiance, voire dans
je dédain de la race slave, que l'école
libérale considérait cpfflme entachée
d'orientalisme, sinon mêm® d© barba
rie. Le mouvement continu, mais trjès
lent, de la Russie vers la pivilis^tion,
scandalisait nos hommes de^progrès,
nos académiciens, nos industriels,
dont l'admiration, entièrement acquise
à la science, était incapable de se por
ter sur certaines vertus silencieuses
et nécessaires. Il ne venait à l'esprit
de personne que le demi-jour intel
lectuel qui enveloppe le peuple russe
pût reposer nos yeux des clartés in
quiétantes de la civilisation occiden
tale, Aujourd'hui, dans l'ordre du sen
timent, ce qui nous charme de la Rus
sie, c'est son mystère. Dans l'ordre
pratique, c'est la persuasion, peut-être
inconsciente, qu'il monte là-bas une
sève obscure, que le dieu progrès,
empoisonneur à l'occasion, n'a pas
core contaminée.
Au fond, noua connaissons nos
maladies, et quoique nous prenions
soin d'organiser beaucoup d'associa
tions où il est question de jeunesse,
nous rendons compte tpe nous
sommes un peu vieux. Le cerveau de
a France a travaillé beaucoup; son
cœur a été souvent désabusé. Ses
mœurs, auxquelles la trempe monar
chique avait donné un je ne sais quoi
de hiérarchique et de correct, ont
été tamisées, pour ainsi dire, par ce
fameux progrès, par les Révolutions,
par des législations hâtives et contra
dictoires. Notre mal est là : nous le
sentons. Frappés d'une plaie presque
honteuse,, celle de l'appauvrissement
de la race, nous avons le pressentiment
de l'avenir réservé au pays russe, où
l'homme ne marchaude pas sa colla
boration à l'œuvre du Créateur.
Emiettés par les idées, les intérêts,
les institutions, nous attendons quel
que chose de ce formidable groupe
ment slave, de cette coagulation que
tous les acides de l'esprit critique
parviendront difficilement à dissou
dre. Il n'est pas jusqn'à l'unité du
pouvoir, son caractère absolu, en
pleine fin de siècle, qui ne fasse im
pression sur l'esprit français, césat-
rien, possessif, actif, aimant la Ré
publique pour le nom, et la poigne
intelligente pour le fait.
Ce sont donc des contrastes, et non
des affinités, qu'il faut chercher dans
le grand courant franco-slave, con
trastes qui semblent avoir été ména
gés par la Providence en vue de plans
que nous connaîtrons un jour. Un au
teur russe presque célèbre, et en tous
cas digne de l'être tout à fait, M. Wla-
dimir Soloview, dont le nom n'est pas
inconnu aux lecteurs de l'Univers,
croit au prochain avenir de son pays,
no» seulement en patriote, mais en
philosophe. Il est de ceux qui espèrent
avec ténacité la conversion au catho-
que où les pensionnés du 2 Décembre se
raient remplacés par les pensionnés du
4 septembre, c'est-à-dire par tous ceux qui
ont souffert sous cette damnée république,
depuis bieatôt vingt ans?...
D'autant, et nous l'avons dit bien sou
vent, que l'étiquette du gouvernement ne
signifie rien.
Toute la question est de savoir ce qu'il y
a dedans.
Et la forêt de Bondy, elle-même, voit de
riants chalets s'élever sur sa bordure jadis
sinistre, depuis qu'il ne s'y rencontre plus
de malfaiteurs.
Il faut savoir que l'école dont
s'agit est bâtie sur un terrain apparte
nant à M. le comte de Salaberry. Dès
que l'arrêté de laïcisation fut signifié
aux sœurs, avec injonction d'avoir à
quitter les lieux le 19 octobre, M. le
comte de Salaberry fit signifier au
maire, M. Henri Le Bihan, qu'en sa
qualité de propriétaire, il s'opposait
formellement à l'installation d'un ins
tituteur ou d'une institutrice dans les
bâtiments occupés par les sœurs, les-
resteraient comme institu-
quelles y resteraient comme
Ainsi s'exprimait, en 1889, M. Paul j trices privées, du jour où elles cesse-
^ "ni"»» I raient d'être institutrices communales.
n _ i
de Cassagnac. Veut-on savoir, après
s'être cité, ce qu'il ajoute? D'abord,
la petite phrase suivante :
Depuis 1889, je n'ai pas changé ma ma
nière de voir.
Ensuite, un peu plus loin, l'autre
petite phrase que voici :
Il peut y avoir de mauvaises monarchies
et d'assez bonnes républiques, l'histoire
nous le prouve surabondamment.
On se demande, après avoir lu ce
que le directeur de VAutorité disait en
Disons tout de suite que l'excellent
maire de Mahalon, partageant tout à
fait les sentiments religieux de ses ad
ministrés, n'était nullement disposé à
se prêter aux desseins des laïcisa-
teurs. Sommé par la préfecture de
passer outre, il déclara donc brave
ment n'en vouloir rien faire, étant
d'ailleurs empêché par la revendica
tion du propriétaire. En vain lui mit-
on dans la main une consultation ré
digée sur l'heure par les légistes de la
préfecture, pour le mettre à couvert
quels sont les déplorable? effets de la
loi sectaire de 1886 qui permet au pré
fet de violenter les sentiments no
toires de toute une population.
D'autre part, on ne saurait trop don
ner en exemple la ferme attitude de
M. de Salaberry et du maire de Maha
lon. Ce qui les guide, ce qui en devrait
guider tant d'autres, à leur imitation,
c'est l'esprit de foi dont témoigne un
mot recueilli par M.Dumont 1 ,le vaillant
rédacteur du Courrier du Finistère sur
les lèvres de M. de Salaberry. Comme,
outre l'école des sœurs, il y a dans la
commune de Mahalon une école libre
de garçons dirigée par les frères, bâtie
et soutenue par les générosités du
châtelain, M. Dumont dit un jour à
M. de Salaberry. « To s ut. cela, mon
sieur, doit vous coûter cher. » —
«Monsieur, lui fut-il répondu, je iie
ferai jamais assez pour préserver nos
enfants de l'école sans Dieu. »
Ah ! si tous les catholiques en France
pensaient et agissaient de même !
Auguste Rotjsshl.
que it) inreuMîur utj i siumji no «uo*»*» ■ » . - ... , .. _
1889 et ce qu'il répète aujourd'hui, et lui permettre ( d installer linstitu-
î OT , ar> I trice laïque. Il s y
pourquoi M. de Cassagnac lutte avec
tant de fureur contre ceux qui pren
nent place, dociles aux prescriptions
du Souverain Pontife, sur le terrain
constitutionnel. Car enfin, le député
du Gers le sait parfaitement, pas plus
que lui nous ne voulons de la Répu
blique telle qu'elle est. Soutenir le
contraire, prétendre que nous accep
tons les hommes et les lois du régime
actuel, cela peut avoir son utilité dans
une polémique, lorsque les argu
ments sérieux et de bonne foi vien
nent à manquer. Mais qui donc est
visite
au
teurs de la Gazette de France, du Mo
niteur Universel et de Y Autorité sa
vent. eux-mêmes, à quoi s'en tenir
là-dessus. Les catholiques et les cons
titutionnels qui entrent dans la Répu
blique, le font avec la résolution et
l'espoir de l'améliorer peu à peu; ils
veulent en modifier à la longue l'es
prit et les manières. Donc, s'il est
— S e
avuu vvimvixv î»
licisme de cette immense nation,dont I encore dupe de ces artifices? Les lec-
l'avenir religieux dépend, suivant lui, ■ • - «- j" m„_
d'un seul homme, et qui suivrait son
czar aux pieds du Pape, confiante en
cela comme en tout le reste. Qui sait?
Ce n'est pas vainement que Dieu a mis
en réserve, en pleine Europe constitu-
tionnalisée, laïcisée, infestée de théo
ries, de doutes, de libertés mal enten
dues, un peuple que l'autorité morale
contient encore et qui fait bloc dans
sa croyance comme dans sa fidélité.
Ge bloc n'est-il destiné qu'à des phé
nomènes d'ordre naturel, l'écrasement
de la vieille Europe sous le poids du
« slavisme », prévu et redouté par
notre auteur allemand? Personne n'o
serait l'affirmer, et les vues de Wla-
dimir Solovieff ne sont pas plus aven
turées, quoique plus hautes, que celles
des critiques d'outre-Rhin.
On ne peut jamais savoir où les si
nuosités de la politique peuvent con
duire deux peuples. Elles ont amené,
contre toute vraisemblance (je parle
de la vraisemblance telle qu'on la
concevait il y a quarante ans), la Ré
publique française et le czar à un car
refour commun,
Pourquoi ne les mettraient-elles
pas un jour sur la large voie du ca
tholicisme, eù, marchant d'accord,
ils feraient la police, plus que jamais
nécessaire, de la civilisation ?
Charles Loiseau.
Nous avons partiellement reproduit,
il y a quinze jours, un article de i' Elec
teur du Gers , qui se terminait par cette
phrase, à l'adresse de M. Paul de Cas
sagnac :
La politique qu'il combat publiquement
a reçu plusieurs fois (et même dans le
Gers) son approbation secrète. Peut-être,
un jour, sera-l-il avec ceux qu'il attaque à
présent.
Rf. Paql de Çjassagnao a répondu sur
envers points à Y Electeur ; mais, de
cette phrase^ il n'a pas soufflé mot. Il
a paru l'ignorer, comme s'il n'avait
pas lu l'article de Y Electeur jusqu'au
fmi- '
Cependant, voici qu'après deux se
maines, le directeur de l 'Autorité
senxble vouloir, d'une façon indirecte,
revenir sur le sujet. Ce qu'il dit est
biea curieux, et nous donne à croire
que Y Electeur n'était, en somme, pas
trop mal informé. Il semble que M. de
Cassagnac, à certaines époques, se
soit rendu compte, et quà certains
jours il se rende compte encore de
l'inanité, de l'impuissance de sa poli-
J- n „„„
vrai que M. Paul de Cassagnac ne
« préoccupe pas de changer la forme
du gouvernement », s'il est vrai qu'il
se préoccupe seulement de « changer
les hommes qui le composent »,
M. Paul de Cassagnac obéi*, absolu
ment aux mêmes préoccupations que
nous. D'où vient alors que son atti
tude est à ce point différente de la;
nôtre? Qu'est-ce qui nous sépare? . ;
Ceci, qui suprendra peut-être légè-i
rement le lecteur ! M. de Cassagnac;
est trop délicat... La République, c'est
pour lui oomme une maison, une
maissii à l'heure présente fort sale.
Le député du Gers veut bien y entrer ;
mais quand elle .sera propre. « Pas
avantI » a'éerie-t-il. Ah! la poussière
l'épouvante, et l'odeur du fumier lui
soulève le cœur 1 Hercule pouvait en
treprendre de nettoyer les écuries
d'Augias; voyez-vous phcftbus dans
ce rôle?
La délicatesse de M. Paul de Cas
sagnac nous étonne ; sa logique bien
davantage encore. 11 n'est guère de
jour où il ne raille, quand il se con
tente de la raillerie, l'outrecuidante
simplicité des catholiques et de& con
servateurs qui entrent dans la Répu
blique pour l'assainir. — Nettoyer ce
cloaque, vous? s'écrie-t-il- Etes-vous
assez naïfs et présomptueux ! Mais
vous y perdrez votre temps et vos
peines ! Une telle entreprise est bien
au-dessus de vos forces. Elle est au-
dessus de toutes les forces 4u monde.
Par essepcS) en effet, la République
est indécroltable. Rêver une répu
blique propre, c'est rêver l'impossible
et l'absurde. Jamais une telle répu
blique n'existera!...
^t voici qu^à. présent M. de Cassa
gnac nous tient ce langage : Atten
dez donc ! Quelle impatience vous
pousse? A quoi seft-il d'entrer dans
Ja maison quand il y sent si mau
vais? Un jour ou l'autre, les fenêtre?
s'ouvriront tqutes seules, la boue sé-
enchantement, le balai
. ^ _ refusa énergique-
ment.
Ce que voyant, et après une vis
infructueuse de l'institutrice laïque
poste qu'on lui destinait, l'inspecteur
Nonus fit savoir qu'il arriverait en
personne avec l'institutrice laïque
paur procéder à son installation. Mais
il avait compté sans le maire. Invité
à laisser pénétrer l'inspecteur dans
l'école communale, M. Le Bihan re
fusa net : « Gela m'est impossible ,
« dit-il; je ne peux pas vous faire en-
« trer dans une maison quinem'ap-
» partient pas. Du reste, vous treu-
« verez le propriétaire devant sa
« porte. » En effet, M. le comte de
Salaberry se tenait devant les murs
de l'école, dont toutes les portes
avaient été verrouillées. Après un
échange de courtois saluts, M. Nonus
dut exposer l'objet de sa présence-
Si vous venez pour pénétrer dans la mai
son, répondit M. de Salaberry, je refuse;
formellement de vous laisser entrer. J'ai la;
loi pour moi, et je suis fort de mon droit. ;
Je vous demande seulement de ne pas,
me mettre dans le cas de légitime dé -i
fense. ;
Si vous voulez employer la force et les-
moyens violents, vous êtes libre de renou-î
veler les exploits de Frigolet etde Ch&teau-
villain. Il n'y a dans celte maison que des
femmes, M. le prél'et peut faire tirer des
sus.
Je regrette que vous n'ayez pas assisté
au départ des élèves : vous auriez vu ces
enfants pleurer du chagrin do quitter les;
sœurs. Je ne vous engage pas à aller les
chercher chez leurs parents, on vous ferait
un mauvais parti.
Les fruits de la Laïcisation
Depuis plusieurs années, les vols
dans les églises se multiplient d'une
manière effrayante. Beaucoup sont
accompagnés d'horribles sacrilèges.
Nos églises sont partout la proie de ban
des de "malfaiteurs organisées et opé
rant méthodiquement, avec une quasi
assurance d'impunité.Ces compagnies
de vol se recrutent surtout parmi les
petits laïcisés. Les voleurs qu'on ar
rête sont, en général, de tout jeunes
gens. Leur espèce pullule malheureu
sement : la laïcisation fait, chaque
année, des quantités de précoces
bandits.
A ce sujet, la Semaine Religieuse .de
Versailles fournit un renseignement
tristement instriiîitif.
On écrit de Neuilly-Plaisance à la
réaction de cette revue diocésaine :
Vous aurez maintenant à enregistrer,
chaque semaine, sans doute, quelque nou
velle tentative de vol, dans los églises des
environs de Paris surtout. Trois jeunes
gens d'ici, âgés de 16 à 18 ans, arrêtés 51 y
a un mois environ, disaient : Nous sommes
■4,000 parfaitement organisés et « embri
gadés ».
Espérons que l'avertissement profi
tera et que l'on fera partout bonne
garde.
Mais quel temps et quel régime que
celui où les églises ne peuvent plus
rester ouvertes sans être exposées *
des vols et à des sacrilèges de tous lès
jours !
fort
pas en-
dans
peut-être vu suivre, ou même précé
der M. de Mackau; et,
templions, l'année prochaine, ce spec--
taclè (que iipus ne souhaitons gujàpe,
d'ailleurs, car un tel allié serait bien
compromettant) : M. de Cassagnac
ygpant se placer à tour sur 1$
terrain constitutionnel.
Il n'en est pas encore là; mais voici
où il en est :
Le directeur de Y Autorité a, par ha
sard , retrouvé dans ses papiers'un ar
ticle écrit en 1889, bien avant le toast
et ce qui a suivi- ï)e cet article, il re
produit un passage. Voici le mor
ceau :
Je ne me préoccupe pas de changer la
forme du gouvernement; mais je me préoc
cupe de onanger les hommes qui le compo
sent.
En quoi la république nous gênerait-elle,
si tous les brigands qui la rendent inhabi
table en étaient chassés, si nous avions une
république sans opportunistes et sans ra
dicaux, une république où M. Jules Ferry
et M- Clémenoeau seraient réduits en(fn au
rôle d'opposants impuissants, une républi-
Tout cela était dit avec beaucoup
de calme mais aussi sur un ton qui
n'admettait pas de réplique. L'inspec
teur le comprit, dit qu'il n'insistait
pas, mais qu'il désirait entrer dans
l'école pour s'assurer qu'il n'y avait
pas d'élèves, ce qui lui fut aocordé.
Ici nous laissons la parole au Cour
rier du Finistère :
On redesoendit ensuite à la mairie, où
M.- l'inspecteur sortit de sa poohe un pro
cès verbal d'installation de l'institutrice en
triple expédition, et, prétextuut que c'était
obligatoire, demanda au maire do les i '
guer.
Le procédé n'était pas très oorrect, car,
puisqu'on n'avait pu installer l'institutrice,
le maire ne pouvait signer le procès-verbal
d'installation. Il commença par en prendre
lecture, et, voyant le piège qu'on lui ten
dait, y apposa ces mots avant sa signature ;
« Ref us d'installation pour défaut de. local. »
Ceci fait, M. l'inspecteur primaire et
Mlle l'institutrice laïque reprirent le chemin
do Quimper,
N'eussent-ils pas mieux fait de ne
pas venir?
Nous savons bien que les sectaires
ne voudront pas rester sous le coup
de cet échec et que, dans cette com
mune chrétienne où l'institutrice
laïque ne trouverait pas une élève
pour son école, on voudra l'imposer
quand même à la population qui n'eç
veut pas. Mais cela n'ira pas sans
ehera par .... .
fonctionnera de sa propre initiative, "veut pas. fixais ce
et la République se nettoiera d'ellp- ççuelcjues difficultés
même. Alors no,us y pénétrerons en ~ ......
vainqueurs pour nous y installer en
maîtres. Rien ne ser$ plus facile.
Croyez-moi sur parole. Mes prédic
tions vous ont-elles jamais trompés ?
Ainsi, tantôt la République est in
décrottable par essence, tantôt elle
peut devenir propre et habitable par
sa seule vertu- Laquelle de ces deux
affirmations du directeur de l'Autorité
faut-il croire ? À notre humble avis,
ni l'une ni l'autre. Il est possible de
nettoyer la République ; mais, pour ce
fqlre, qn ne doii pas compter sur le
personnel qui la détient présentement;
il est indispensable que les catholi
ques et les cqns.eryateijrs s'adonnent
courageusement et persevéramméut à
cette rude besogne.
PIERRE VEUILLOT.
Un bel exemple
En annonçant que l'école de Maha
lon (Finistère) était laïcisée, nous
crûmes pouvoir dire qu'elle serait
maintenue comme école privée. Le
Courrier du Finistère nous apprend
que nous ne nous trompions pas, et ce
qui s'est passé en cette circonstance
est trop instructif pour que nous ne
nous j arrêtions pas un instant,
Sans ioute, dit le Courrier du Uniitère
on va demander au maire de voter un cré
dit pour bâtir un groupe scolaire.
Mais les comeillers munioipaux de Maha-f
Ion sont trop intelligents pour faire oettej
sottise, et ils refuseront tout orédit pour}
une dépense inutile. Alors, on les impeser&i
peut-être d'office, ce qui ne contribuera pas!
à faire chérir le gouvernement par les con
tribuables de Mahalon;
Et un beau jour on verra arriver à Maha
lon l'inspecteur primaire, flanqué d'un ar
chitecte pour choisir remplacement du
groupe scolaire.
C'est là que commencera la difficulté.
Car M. de Salaberry est propriétaire de
tQMt le terrain situé dans un rayon de plus
de 2 kilomètres autour du bourg.
Il faudra doue l'exproprier.
Et M. de Salaberry ne se laissera pas
exproprier la moindre parcelle de terrain
sans opposer une vive résistance.
Comme on lp voit,la bévue préfectorale a
ïflis l'administration dans une impasse dmt
nous ne voyous pas Tissus.
A moins que M. Pcaud'ho* "(i e préfet)
n'essaie lui-même d'^ coup de force et
que, l'épée &u clair, accompagné de San-
cho Duval, il ne tente l'assaut de l'école
de M. de Salaberry.
Je lui prédis qu'il serait mal reçu, en
dépit de son bel habit brodé d'argent.
La conclusion de cet incident est
double.
D'une part, on voit une fois de plus
La librairie Poussielgue publie en
brochure la remarquable étude publiée
naguères dans le Correspondaîit par
Mgr d'Ilulst sur Renan (? ). Pour carac
tériser cet écrit, nous ne saurions
mieux faire que de citer quelques lignes
du préambule :
Prêtre, je vais parler d'un homme que
l'Eglise a nourri dans son seiu, et qui l'a
cruellement frappée. Ma foi semble m'in-
terdire l'indulgence ; la charité, qui est la
loi en action,me déconseille la sévérité. Lu
par des croyants, j'aurais horreur de paraî
tre tiède dans la réprobation de l'erreur et
dans la condamnation de l'apostasie ; exposé
par la publicité à rencontrer des incroyants
peur lecteurs, je ne me pardonnerais pas
d'avoir blessé par une parole dure la bonne
foi d'une seule àme. Pour naviguer entro
ces éaueils, je remettrai l'aviron aux mains
de la justice ei je chargerai la miséricorde
de tenir le gouvernail.
Conçue dans ces dispositions, la sa
vante étud© consacrée à Renan par
Mgr d'Hulst ne pouvait manquer d'of
frir un vif intérêt. En effet, l'émiuent
recteur de l'institut catholique y juge
de haut, avec autant d'autorité que de
finesse,toute l'œuvre du renégat. A cet
égard, on ne sait ce qui mérite le plus
d'éloges : l'exposé de la vie de Ren^n
aveo les motifs de sa chute,ou ', a criti
que de ses ouvrages. Aji point de Vue
religieux, c'est un soulagement, et au
point de .vue littéraire un vrai régal
que la dy â g e ction par Mgr d'Hulst de
tout iô fatras de criticisme accumulé
par Renan pour battre en brèche la
philosophie morale, la foi aux dog
mes et la certitude historique pour tout
ce qui se rapporte aux livres saints.
Renan, qui se piquait de science, de
philosophie et même de morale, est
ainsi convaincu de n'être ni mora
liste, ni savant, ni philosophe. Bref,
la conclusion qui se détache de la lec
ture du remarquable opuscule de Mgr
d'Hulst, c'est celle qu'il a donnée lui-
même,en'disant que l'œuvre de ltenan
« mérite d'être appelée néfaste et'classe
son auteur parmi les malfaiteurs de
leur temps et de leur pays ». La sen
tence n'est pas trop dure ; elle est for
tement motivée en quarante pages,qui
paraîtront courtes au lecteur ; aussi
peut-on défiçr qu'il en soit fait appel.
Auguste Roussel.
M. Thellier de Poncheville, nous
l'avons dit, a prévenu le ministre des
travaux publics qu'il lui poserait une
question au sujet de l'exclusion dont
quatre élèves des frères de Saint-'Omer
avaient été victimes, pour le concours
(1) M. Renan, par Mgr d'Hulst. Une brocbnre
in 8° de 40 pages. Paris, Poussielgue, libraire-
éditeur, 15, rue Cassette,
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