Titre : L'Univers
Éditeur : L'Univers (Paris)
Date d'édition : 1892-10-25
Contributeur : Veuillot, Louis (1813-1883). Rédacteur
Contributeur : Veuillot, Pierre (1859-1907). Rédacteur
Contributeur : Veuillot, François (1870-1952). Rédacteur
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Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 25 octobre 1892 25 octobre 1892
Description : 1892/10/25 (Numéro 8941). 1892/10/25 (Numéro 8941).
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
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Source : Bibliothèque nationale de France
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 06/02/2011
ÉDITION QUOTIDIENNE
ÉDXTÏOK SEMI-QU©53SSSNNB
Un an . . .
Six mois . .
Trois mois.
PARIS
ht départements
. . 65 »
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BUEEAUX s Paris, 10, rue des Saints-Pères
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PARIS
ti département!
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l'IÏÏIHS si répond pas des manuscrits qui loi sont ataél
. ANNONCES
85M. LAGRANGE, CERF et G 1 », 6 i place dê la Bourse
cordât. Il ne limitait pas à un 'seul
acte, à une seule opération, l'organi-'
sation des diocèses, il recomnaissait
d'une manière générale, aux deux
pouvoirs religieux et civil le droit illi
mité de s'entendre pour la nouvelle
circonscription des diocèses. Tous les
évêchés actuellement existants en
France, tous ceux qui viendraient à
être établis ultérieurement, en vertu
d'un nouvel iaccord entre le Saint-
Siège et le gouvernement français,
sont donc « concordataires » au
même titre.
Est-ce que les membres de la com
mission du budget, ou les membres
du gouvernement peuvent mécon
naître la légitimité de ce titre? Non,
ils ne sauraient contester le droit à
l'existence des nouveaux évêchés ajou
* * ' - - — •» w\oîa île
FRANCE j
PARIS, 24 OCTOBRE 1892
Nos députés auront à discuter au
jourd'hui plusieurs interpellations qui
figurent en tête de l'ordre du jour ; trois
de ces interpellations sont relatives
aux eaux de la Seine, au « tout-à-l'é-
gout », à l'empoisonnement des habi
tants de Paris et de la banlieue par des
eaux malsaines ; la quatrième est celle
de M. Basly sur le conflit qui s'est pro
duit il y a quelque temps entre les ou
vriers français et belges.
Hier, les électeurs de la 5* circon
scription de Bordeaux étaient appelés
à élire un député, en remplacement
de M. Gazauvieilh, décédé. Le candi- j {, eg ^ { a première distribution, maïs ils
dat opportuniste,qui n'avait qu un con- prétendent revenir à l'écat créé en
current socialiste sans notoriété, a été ' «««ûs u «TmmiiiwntinTi Hn —
élu. Les abstentions ont été plus nom
breuses que les votes ; il n'y a eu que
11,880 votants sur 27,761 électeurs ins
crits, et sur les votants on compte un
millier de bulletins blancs ou nuls.
Devant le Sénat, va revenir la ques
tion de l'armée coloniale, en suspens
depuis- si longtemps; en sortira-t-on
cette t'ois ? Il serait temps cependant
d'arriver à constituer une armée dont
la nécessité est reconnue par tout le
monde.
Après la lettre de MM. Jules Ferry
et Barthélémy Saint-Hilaire, donnant
un démenti des plus nets à la presse
italienne, nous avons les déclarations
de M. Ressmann, l'ambassadeur ita
lien, qui, tout en reconnaissant qu'il
n'a paS été mêlé à l'affaire de Tunisie,
s'inscrit en faux contre la lettre des
deux anciens ministres français. Il
nous semble que ee n'est pas le rôle
d'un ambassadeur. On trouvera plus
loin les déclarations de M. Ressmann,
qui sans doute ne resteront pas sans
réponse. M.le général Gialdini, dont on
invoque le témoignage après sa mort,
ne peut plus protester, mais M. le
marquis de Noailles, qui est également
mis en cause, peut et peut-être doit
parler. -
Oe semblait, en Italie, attacher une
assez grande importance au discours
que devait prononcer M. Zanardelli.
En réalité, on a entendu un sous-
Crispi et ce discours n'aura sans douta
pas une grande influence sur les élec
tions. ~
Avec les propositions da la commis
sion du budget de 1833 pour le bud
get des cultes, de nouvelles atteintes
menacent le Concordat. La com
mission réclame, en principe, la
suppression de tous les traitements
alloués par l'Etat aux vicaires géné
raux. aux curés non doyens, c'est-à-
dire a la très grande majorité des
cures, aux vicaires des paroisses, et
des maintenant, la suppression des
vingt-deux sièges épiseopaux dits
« non concordataires » par voie d'ex
tinction à la mort des titulaires.
Ce que propose ladite commission
c'est la destruction graduelle de l'or
ganisation ecclésiastique née du Con
cordat, c'est la destruction du Concor
dat lui-même !
L'acte solennel du 26 messidor
an IX stipulait qn'il serait fait par la
Saint -Siège, de concert avec le gou
vernement, une nouvelle circonscrip
tion. des diocèses français (art. f 2).
C'est en vertu de cette clause que des
créations de sièges épiscopaux eurent
Heu, depuis la première institution
d'évêchés en 1802, par suite d'un,
commun accord entre la gaint-Siè^e
et le gouvernement. Tous les éyôchés
créés ou à créer en France, ont leur
titre d'origine dans l'article 2 du Con-
r~
1802, après la promulgation du Con
cordât, c'est-à-dire aux 50 évêchés et
aux 10 archevêchés institués alors par
le premier exercice de l'entente des
4eux pouvoirs. C'est au fait seul qu'ils
s'attachent, non au droit. -
Est-il permis de traiter ainsi le Con
cordat? Est-ce juste, est-ce loyal?
Peut-on retrancher d'un contrat ce
qu'il est destiné à produire? Peut-on
en arrêter à un moment quelconque
les effets? Peut-on lui enlever la vertu
qu'il tient de son principe? Tous les
évêchés d'institution postérieure sont
sorti» du Concordat, comme le fruit
de l'arbre, Le principe de l'article 2
était un principe fécond ; il a produit
ses conséquences par la création d'au
tant d'évêchés nouveaux qu'il a paru
convenable au Saint-Siège et au gou
vernement français d'en établir pour
compléter l'organisation primitive..
La manière nouvelle dont les hom
mes du pouvoir prétendent interpré
ter et appliquer Je Concordat en fausse
essentiellement le capacj^rp.§i l'on
veut s'en tenir strictement, comme
ils disent, au Concordat, il faut aussi
•»n prendre l'esprit. Or, il était de la
nature d'un acte réparateur comme
celui-là de se complète* par l'effet
même de son application régulière ei
loyale. Il ne faut pas oublier, malgré
la duplicité des négociation? et la
fraude des additions, que, à l'origine,,
dans la pensée de Bonaparte, le Con
cordat a été un acte de restauration
religieuse. Autant pour le bien de la
société que dans l'intérêt de sa future
domination, le premier consul a voulii
le rétablissement de l'Eglise en France.
Il était sincère, par ambition person-
| et par raieon d'Etat.
amoindri, m^nje çjtéré par
l'additiari arUolea organiques, la
Concordat contenait un principe de
développement qui permettait dê l'ap
proprier à toutes les situations, à tous
les besoins de l'Eglise. Et c'est ainsi
catholique» la grande nouvelle de la
paix et la liberté. L'Eglise se sentit
revivre. Une ère nouvelle de bonheur
semblait s'ouvrir pour la France. Par
tout le grand événement fut célébré
comme la plus grande des victoires
que le pays eut remportées par son
jeune et glorieux maître. Jusque
dans les plus petits villages on se ré-
jôuit. ^Dernièrement, un archéologue
retrouvait dans une humble église des
montagnes de la Corrèze, l'expression
de cette joie universelle, gravée sur les
deux cloches. L'une dit : « Quelque
mauvais citoyen me fit briser en
l'an IV et j'ai été refondue par les bons
citoyens en l'an X (1801-2) sous les
auspices d'un gouvernement pour qui
réédifîer est plus doux que de dé
truire ». L'autre chante en vers « le
bienfaiteur visible » de la France, Bo
naparte qui, au pays, rendit son opu
lence. Elle proclame le premier, consul
« réorganisateur de l'Etat, restaura?-
teur de la véritable liberté. C'est sous
ses auspices, ajoute-t-elle, que la na
tion a pu jouir de la douce tranquil
lité, après les nombreux ravages du
despotisme de la République française
— 1802 ».
Tels étaient les sentimenrs du pays
pour le Concordat. Jamais on n'eut
cm alors que cet acte de paix, qui
rappelait les jours de Constantin, put
devenir jamais un instrument de per
sécution aux mains d'un parti.
Aujourd'hui, le Concordat est telle
ment faussé et violé de toutes ma
nières par ceux qui gouvernent, que
bien des catholiques en sont à appeler
de leurs vœux le jour où un gouver
nement aussi déloyal ne trouvera plus
dans la lettre d'ua traité, dont il mé
connaît absolument l'esprit et les prin
cipes, le moyen 4e tracasser et d'op
primer l'Eglise. Le Concordat, on le
dénature, on le détourne depuis
quinze ans, on veut arriver à le dé
faire entièrement sans l'abroger.
'Qu'en restera-t-il, si les propasitions
nouvelles de la commission du bud
get sont votées ?
Arthur Loth.
.'Eglise.
que plusieurs applications nouvelles
en ont été faites pour la création de
nouveaux évêchés, pour le traitement
des vicaires généraux et des chapitres,
pourles bourses des séminaires et les
maîtrises de3 cathédrales, pour l'en
tretien des édifices du culte.
i
Que nous sommes loin aujourd'hui
du Concordat de l'an IX! Que nous
sommes loin des heureux jours da
1802! Pour comprendre le Concordat,,
pour apprécier son esprit, il faut se
rappeler avec quel universel senti
ment de délivrance et de joie il a été
accueilli, il faut se souvenir 4e l'allé
gresse et de l'enthousiasme de ce fa
meux jour de Pâques, 18 avril 1802,
où il fut promulgué à Notre-Dame d$
Paris, au chant du Te Deum, en pré
sence de tous les grands corps de l'E
tat et des généra"^ de la Révolution
que Bonaparte y avait trafaés de
force.
Ce jour-là les cloches de Notre-
Dame sonnèrent dans tops les cœurs
M. le docteur Desprès, qui n'est pas
un radical, encore moins un socia
liste, vient de présenter à la Chambre
une proposition de loi que neus pou-*
vons reproduire intégralement ici^
avec l'exposé des motifs, car elle a
tout au moins) le niérite incontestable
de la brièveté.
Elle est ainsi conçue :
Pour faciliter l'accès des fonotions mu-
$ipipalea aux citoyens sans fortune et ne
Vivaint que do leur salaire, il est fléoessaire
de trouver un moyen qui satisfasse à la fois
les droits du suffrage universel et la jus
tice.
Qn ne conçoit pas } en effet, que le besoin
de gagner sa yie soit otfstficle M'e^er-
oice des fonctions publiques, et si up lra-
vailleur est papable d'exercer les { duc
tions publiques, il esl juste quil non soit
pas empêohé.
G'est dans oe but que je présente la pro
position de loi suivante ;
Artiole premier
Les communes sont autorisées à voter
une indemnité au maire de la commune,
«'élevant à la somme .*
De 2,500 franos pour les oommunes de
2,000 habitants et au-dessus ;
De 5,000 francs pour les oommunes de
25 à 100,000 habitants ;
De 10,000 francs pour les communes de
plus ds i0Q,Q0Q habitants.
Art. 3
Les sommes vqtées qui ne seraient pas
employées seront versées au bureau de
bienfaisance. '
Ijf, le docteur Desprès ne jouit pas
encore d'une grande autorité sur la
Chambre, et souvent c'est dommage.
Il est done fort possible que sa propo
sition ne soit point agréée. Mais,
qu'on ne s'y trompe pas : ce ne sera
qu'un retard. Et il y a bien des chan
ces ^our que, dans un avenir prb-
chain, soit que M. Despres revienne
à Ja charge, soit qu'un autre député
présente une proposition similaire,
nous voyions la Chambre accorder
uns allocation aux maires des com
munes de quelque importance.
Ainsi se vérifiera une fois encore
cette parole, très juste, que le gouver
nement démocratique n'est pas un
gouvernement à bon marché.
Mais, de même que beaucoup de
gens préfèrent vivre à Paris, bien que
les loyers y soient plus chers qu'en
Êrovince ; de même la France, visi-
lement, malgré ce qu'il lui en coûte,
aime mieux vivre en démocratie que
sous un autre régime. Et on lui fera
difficilement passer ce goût-là, d'au
tant qu'elle est assez riche pour le
satisfaire.
Il est incontestable que la proposi
tion de M. le docteur Desprès a des
côtés fâcheujç. Nous n'irons pas dire
le contraire ici. Allouer une indem
nité, un traitement légal aux maires,
c'est favoriser l'accession des politi
ciens de bas étage, des beaux parleurs
radicaux et socialistes, aux fonctions
municipales. Être maire, cela devien
dra vite une carrière, comme une
autre,,à la portée de toutes les ambi
tions, de toutes les compétitions. Il y
a là peut-être un péril, et certaine
ment une diminution de oe qu'avait
d'honorable, d'élevé, cette charge de
premier magistrat de la commune. Le
maire sera toujours l'homme qu'aura
choisi la confiance publique ; mais il
ne sera plu3 le citoyen désintéressé
qui donnait son temps à son pays, qui
le servait de son mieux, par dévoue
ment et pour l'honneur, sans rece
voir de rémunération.
Et cependant , la proposition de
M. le doeteur Desprès, ou quelque
autre dq même genre, sera votée en
fin de compte. Elle sera votée, parce
qu'elle doit l'être, parce qu'elle est
dans la logique des choses. C'est une
conséquence nécessaire 4^ régime
démocratique et du suffrage universel.
On a posé ce principe : Tout citoyen,
à partir de tel âge, est non seulemenj
électeur, i$ais éU^ible. Ç)r, Implica
tion de ce principe reste impassible
pour quelques millions de Français,
dans 1 état légal existant. Ces quelques
.taillions de français sont électeurs,
4 e droit; et de f$it. Exigibles, ils ne le
sont que de droit; dè fait, non; puis- i
( qu'ayant besoin de leur travail da
chaque jour et de tout le jour pour
vivre, ils ne peuvent remplir certaines
fonctions électives, telles, par exem
ple, que celles de maire d'une com
mune un peu importante. Sous un ré
gime démocratique et de suffrage uni
versel, qui prétend donner à tqqs
l'égalité politique, oela est-il logique,
et croit-on que cela puisse durer tou
jours?, i
Aussi, que voyons-nous? L'état légal
existant crève de toutes parts. On ne
compte plu? Ips fissures. Sous une
forme ou sous une autre, combien de
maires, en France, reçoivent des trai
tements! Un abus qu'on ne réprime
pas devient un usage. M. le doctçqr
Desprès, j.yeçs ea proposition, ne fait
que rendre régulière et générale une
situation qui existe déjà dans un
grand nombre de villes. En ceci, les
mœurs, bonnes ou mauvaises, ont
précédé 1$, J q I. N'en doute* point :
faudra que la loi vienne sanctionner,
t(H ou tar4» pe| état de choses, oréé
par les mœurs et basé sur la logique.
Les communes, d'ailleurs, resteront
libres de choisir pour maires des can
didats que leqr situation 4e fortune
dispensera d'accepter un traitement.
On le voit : la richesse et l'aisance,
■ en dépit des lois égalitaireSj conser
veront toujours un petit avantage po
litique, sans parler des autres.
Pierre Veuillot.
La Petite République Française publie
l'information suivante :
Un règlement scolaire vient d'inviter
tout le personnel enseignant à prendre une
part active aux récréations, considérées,
comme étant le moment le plus favorable
pour observer les enfants tels qu'ils sont.
Les instituteurs et institutrices des écoles
viennent, en conséquence, d'être engagés h
surveiller et à diriger les jeux, au lieu de
profiter des récréations pour corriger les
devoirs ou bien mettre à jour leur corres
pondance.
Certains maîtres qui se promènent, gra
ves et indifférents, eu attendent, assis sur
une chaise, le signal de la rentrée en classe,
ont été également rappelés à leur véritable
tâche, le temps des récréations étant dû
aux élèves, et rien qu'aux élèves.
Il y a longtemps que, dans les éta
blissements d'instruction libre, on suit
la méthode qu'un nouveau règlement
scolaire veut introduire dans les éta
blissements laïques.
Mais, pour les bons résultats à en
tirer, ce n'est pas tout de faire un rè
glement qui rende cette méthode ap
plicable.
Il y faut de plus, entre élèves et
maîtres, cette cordialité de rapports
qu'on chercherait vainement à éta
blir en dehors des sentiments qu'ins
pire l'éducation religieuse. Dévoue
ment désintéressé d'une part, avec le
souci de la formation morale des en
fants confiés à la direction des maî
tres ; de l'autre, respect et confiance,
fondés sur cette sollicitude et ce dé
vouement, voilà les conditions sans
lesquelles on ne saurait atteindre le
but visé par le * règlement dont nous
parle la Petite République■ M. Gohlet,
qui se pique de ne pas ignorer ses
classiques, aurait dû se souvenir du
Quii leges sine moribus proficiunt ?
A coup sûr, on ne doit pas faire f\ des
règlements, qui ont du bon, Mais en
core faut-il qu'à c&té de ces règle
ments il n'y ait pas un programme
d'éducation dont l'esprit soit en op
position directe ayçQ Isa mœurs que
comporta l'exécution desdits règle
ments.
Or, nous avons à cet égard les
aveux de plusieurs pédagogues, et non
pas des moins célèbres, parmi les par
tisans mêmes de l'éducation d'Etat,
ils ont constaté, avec l'esprit d'insu
bordination, la défiance et le mépris
du maître,qui sont communs ches les
élèves des collèges et lycées universi
taires, Mais, à cet état de ohoses, qui
excite leurs plaintes, ils ont cherché
des explications en dehors du vrai
motif, qu'on ne veut pas avouer. Ge
motif, en effet, c'est que, chez les
maîtres oomme chez les élèves, il
manque l'esprit de religion qui, dans
les maîtres, fait voir aux élèves les
représentants de la famille, et,dans les
élèves, fait voir au$ maîtres des âmes
! à forme? en même temps que des es
prits à cultiver.
Faute de cela, les règlements au-
rent beau prescrire aux maîtres de
se mêler au* jeux des élèves; les
m<çnrs, en cela eomme toujours, se
ront finalement les plus fortes. Jus
que dans la questiqn des jeux, elles
vengeront le principe chrétien de
l'éducation que les pédagogues laïques
s'obstinent à nie? qu à méconnaître.
AuausTa Roussel.
attachement au Siège apostolique. Le
Saint-Père a daigné répondre par une '
lettre d traduction et qui, comme le remar
que ÏOsserv&tore Romano, est la pins
belle réponse aux propos ridicules de
certaines feuilles libérales sur cette
élection :
Cher Fils,
Salut et Bénédiction Apostolique,
Par le télégraphe d'abord et ensuite par
votre lettre datée du jour môme "de votre
éleotion, le lendemain des calendes do ce
mois, Nous avons appris tout de suite que
vous aviez été élu général de la Société de
Jésus par le suffrage des Pères régulière
ment réunis au célèbre lieu de naissance de
son Père fondateur,et celte nouvelle ne Neus
a pas causé peu de joie. Car votre très saga
prédécesseur avait, en quelque sorte, mar
qué d'avanoe que tel était îe dessein de
Dieu h votre égard, lui qui, en discernant
vos aptitudes à gouverner la Société, voua
avait appelé depuis longtemps à partager
avec lui une partie de sa charge, et qui,
d'après vos règles, vous a désigné pour
remplir les fonctions de vioaire après sa
mort.
Devant un signe si manifeste de la
divine Providence, soumettez-vous donc
en toute sécurité à sa toute-puissance, et
è sa volonté, mettez en elle votre espé
rance et oonBez-vous en elle de plus en
plus. Car Dieu, assistera miséricordieuse-
ment, comme par le passé, de tous les
secours de sa grâce votre Société, qui tra
vaille si ardemment pour la plus grande
gloire de sen nom et vous aidera sans doute ,
tout particulièrement dans les circonstances
difficiles où vous assumez une charge si
difficile elle-même. Vous savez la grand»
affeotionque Nous avons toujours eue pour
la Société de Jésus, envers laquelle Nous;
sommes tenu aussi par les liens de la re
connaissance; d'un autre cèté, considé
rant les nombreux services qu'elle a
rendus à l'Eglise, sa soumission absolue:
et son dévQ'âemeni envers oe Siège du
bienheureux Pierre, nous n'en oomptons
que davantage sur elle, à l'avenir, sous votre,
gouvernement, pour la plus grande utilité
de l'Eglise.
Et maintenant, après avoir sollicité par
Nos prières l'abondance des lumières di
vines pour vous et chacun de vos compa
gnons réunis pour votre élection, Nous
la sollicitons de nouveau, et plus large
ment enoore, aQn que les délibérations et
les mesures qu'il vous reste à prendre v
d'après vos règles, dans votre congrégation,
aient un bon et heureux résultat. Enfin,
cher fils, Nous vous accordons d'un cœur
paternel, pour vous et pour toute votre So
ciété, les bienfaits de la bénédiotion apos
tolique que vous avez si instamment implo^
rée.
i Donné à Rome, près Saint-Pierre, le
12 sotobre 1892, l'an quinzième de Notra
Pontificat.
LÉON XIII, PAPE.
Le nouveau général de, la Compa
gnie de Jésns.le P. Louis Martin, après
avoir annoncé télégraphiquement au
Saint-Père son élection, le jour mêm$
où elle eut lieu, se fit un devqir de lui
adresser une dévouée lettre d'hom-
ainsi que d'entier et sincère
M. Geffcken, ce personnage prus
sien. qui fut poursuivi et condamné-
pour avoir publié des extraits du
Journal intime de l'empereur Frédé
ric III, a adressé à M. Boyer d'Agen un
long mémoire, où il traite des rapports •
de Sa Sainteté Léon XIII avec l'Aile*
magne. M. Boyer édite ce mémoire,
et déjà plusieurs journaux en donnent
des extraits. Nous attendrons de le
connaître en entier pour l'apprécier ;,
: mais dès aujourd'huinous constatons,
! suroes extraits mêmes,que M. Gefïcken, -
en vrai Prussien, s'y montre, par
ignorance ou parti pris, ou par tous ■
deux à la fois, adversaire déclaré de
liéon XIII et foncièrement hostile à
la France. Son éditeur lui-même la
reconnaît, et dans sa préface fait des *
réserves, dont neus donnons les con
clusions ;
Quant à l'opposition que Creffcken croit t
devoir faire de l'allian.oe franoo-russe et de :
la triple alliance, jusqu'à compromission des
intérêts catholiques que Léon XIII,, trop
FEUILLETON DE VUNIVERS
DU 25 OCTOBRE 1802
CAUSERIE LITTÉRAIRE
La famine chrétienne (1 )
I
Que le lecteur ne s'effraie pas : M. Ber
nard d'Armagnac ce vient point à lui avec
un poème en douze chants et en vers, mais
aveo un livre en douze chapitres et en
prose. Ce n'est pas cependant qu'il ne soit
poète et qu'il se soit refusé le plaisir de ter
miner deux de ses chapitres, La Jeune Fille
et la Fiancée , par deux pièces de vers ;
mais, outre qu'elles ne sont pas très longues,
elles sont d'une lecture aussi agréable que
facila. L'une d'elles a pour titre : Les Fian
cés. J'en détache ces couplets simples et
charmants ;
I.OUISE
L'autre jour, pendant l'orage,
J'étais tremblante d'effroi ;
Petfr me donner du courage
Pierre rn .archait près de moi.
(1) If Poime dt la Femm« chrétienne, par
M. Bernard d'Armagnac, un volume in-18,
A. Marne et fils, éditeurs, Tours, 1892. — Les
Temps prochains, par le comte Guy de Brémond
d'Ars. Perrin et Cie, éditeurs, 35, quai des
Grands-Augustias, Paris, 1892.
En traversant la prairie,
Nous trouvâmes un ruisseau
Formé des eaux en furie
Qui descendaient du coteau ;
Pierre noua sa chaussure,
Et, passant avec effort
Dans l'eau jusqu'à la ceinture,
Me porta sur l'autre bord.
pierre
Dans les champs de sa famille,
L'an dernier, en moissonnant,
Le tranchant d'une faucille
M'atteignit légèrement ;
Louise, sur ma blessure
Mit, pour étancher le sang,
Aveo un peu d'huile pure,
Une feuille de lis blanc ;
Puis, sous ses blendes paupières,
Des pleurs jaillirent soudain,
Larmes plus douces qu'amlres,
Qu'elle cacha dans sa main.
L'autre pièce est dédié» à Jeanne d'Arc.
Jeanne d'Arc a réalisé, dans sa sublime
perfectioa, l'idéal de la jeune fille chré
tienne. Les révolutionnaires ont cependant
aujourd'hui la singulière audace de la re
présenter comme un préourseur de la libre-
pensée et de la démagogie. M. Bernard
d'Armagnac a pensé avec raison, qu'il ap
partenait aux catholiques de revendiquer sa
gloire et de la défendre contre des louanges
qu'elle eût repousaées, avec horreur. C'est
tout un petit poème qu'il lui a consacré. En
voici le début :
Quoi ! ces ennemis de l'Eglise,
Ces hommes qu'on voit e» tout lieu,
Criminelle et folle entreprise!
fomenter la haine de Dieu,
Renier nos grandeurs royales,
Le passé de notre pays
Et ce que content nos annales
De Charlemagne et saint Louis,
Ces détracteurs de notre histoire,
Ces félons et ces mécréants
Osent revendiquer ta gloire,
Chaste héroïne d'Orléans !
Fleur des champs, douce et bonne Jeanne,
Oui, souS un toit de laboureurs,
Vécus petite paysanne,
Sur les terres de Vauooulcurs;
Chrétienne dévote au rosaire,'
Et qui, l'égrenant dans ta main,
Priais dans chaque sanctuaire
Que tu trouvais sur ton chemin ;
Fille de ce peuple de France
Fidèle et soumis à ses rois,
Les suivant aveo confiance,
Heureux de vivre sous leurs lois ;
Toi qui fis rendre la couronne,
Devant l'autel de saint Rerny,
Au dauphin chassé de son trône.
Noble vierge de Domremy,
Qui sus nous rendre la victoire
Après un sièole de revers,
Ne permets pas que ta mémoire
Profite & ces hommes pervers.
Souffrirais-tu que ton martyre
Servît les desseins criminels
De cette secte qui conspire
Pour renverser nos saints autels,
Toi qu'émouvait dès ton enfance
La cloche sonnant au bame&u,
Soit pour f$ter une naissance,
Soit pour pleurer sur un tombeau 1
Sous ton chaperon et ta mante,
On te voyait de grand matin,
A l'appel de sa voix vibrante,
, Aller à l'office divin ;
Et quand elle annonçait l'orage,
Effroi du pauvre laboureur,
Pour qu'il épargnât ton village,
Tu récitais aveo ferveur
Un Souvenez-vous à la Vierge,
Et tu faisais, en son honneur,
Dévotement brûler un cierge
De la dernière Chandeleur.
La prose de M. Bernard d'Armagnac est,
comme sa poésie, simple, aisée, naturelle,
élégante et oorrecte. Quand l'occasion le
comporte, elle sait être aussi vive, colorée,
brillante, sans pourtant tomber jamais dans
la « prose poétique ». Le sujet, d'ailleurs,
est de ceux qui comportent les plus riches
développements. L'auteur, dans les douze
chapitres de son livre, fait le portrait de la
femme chrétienne dans les divers états de
sa vie et de sa condition. Bien qu'il s'at
tache surtout à peindre la femme de nos
jours, telle que chacun de nous peut la voir
autour de lui, il ne néglige pas de la mon-
irer telle qu'elle fut aux diverses époques
de l'histoire.
S'il est un fait incontestable dans l'his
toire du monde, c'est que le christianisme
a relevé la femme, qu'il l'a tirée de son an
cien état d'abaissement et d'abjection. Sous
l'influence de l'Evangile, elle a repris dans
la famille et la sooiété le rang qui lui était
dù. Elle est honorée, respectée. Elle joue un
grand et noble rôle dans la vie publique et
privée. Après le prêtre, et comme lui, elle
est un apôtre, elle remplit une mission
sainte. On dirait vraiment qu'elle esl recon
naissante à l'Evangile de l'avoir réhabilitée,
et qu'elle veut acquitter sa dette ea travail
lant pour lui, en oombattant pour lui, en
s'appliquant de tout son pouvoir à assurer
son triomphe. Elle s'efforce surtout de ra
mener à Jésus-Christ son père, son époux,
de lui attacher ses enfants par les liens les
plus forts. Elle sait qu'ils ne peuvent être
heureux qu'à ce prix. Et a-t-elle d'autre
désir que celui d'assurer leur bonheur?
Les rendre chrétiens, c'est la grande affaire
de sa vie.
La femme chrétienne combat donc utile
ment pour le Christ. Elle est un vaillant
champion de la vérité. Si la Frasce n'est
pas redevenue complètement païenne,
o'est, en grande partie, à la piété des fem
mes que nous le devons. La Révolution ne
s'y est pas trompée : de là toutes ses entre
prises pour arracher la femme apx influen
ces chrétiennes. Sous prétexte « d'élever,
d'élargir son intelligence », on s'efforce de
substituer pour elle à l'éducation religieuse
un enseignement où la science remplace la
foi. Et c'est pourquoi un livre comme eelui
de M. Bernard d'Armagnao vient à son
heure. Il met admirablement en lumière,
moins encore psr des raisonnements que
par des faits et des exemples, la vraie mis
sion de la femme, qui n'est pas de se dis
tinguer h la manière des hommes et de
rivaliser avec eux. II ne s'agit pas, pour
nos femmes et nos filles, de courir les di
plômes «QRîrqe on poprt la bague, de deve
nir les aigles du barreau et de la tribune,
mais de rester ce que le christianisme les
a faites, les anges du foyer domestique,
des maisons de refuge et des hôpitaux.
« Les femmes, écrivait Joseph de Maistre
à, sa fille Constance, ne sont nullement
condamnées à la médiocrité. Elles peuvent
môme atteindre au sublime, mais au su
blime féminin , Chaque être doit se tenir à
sà place et ne pas affecter d'autres perfec
tions que celles qui lui appartiennent... Le
mérite de la femme est de régler sa maison,
de rendre son mari heureux, de le consoler,
de l'encourager et d'élever ses enfants,
o'est-à-dire de faire deshommes. »
Qu'il ait été donné à la femme d'atteindre
au sublime féminin , M. d'Armagnac ne se
contente pas de le dire après Joseph de
Maistre, il en fournit la preuve dans cha
cun des chapitres de son livre. Mais le su
blime ne sera jamais que l'exception. Ce
qui est de tous les jours, ce qui est tou^
jours possible, dans toutes les conditions,
c'est le devoir, la vertu, le dévouement, 1e
sacrifice. Et c'est cet accomplissement du
devoir, dans toute son étendue, que M. Ber
nard d'Armagnao appelle très justement le
Poème de la femme chrétienne. Voici" les
titres des douze chants de oe poème : la
Jeune fille, Jeanne d'Arc, la Fiancée, les
Fiancés, l'Epouse, la Mère, l'Aieule, la
Veuve, la Sœur, la Vierge^ ta Reine, la Ser
vante. Ce que le lecteur trouvera, dans ces
chapitres, de charme, d'intérêt, d'édifica
tion, un© voix plus autorisée que la mienne
Va déjà dit. Mgr Vèvèque de - Rodez écri
vait à l'auteur, aprèg, une lecture da soa
livre : ,
Ce portrait que vous faites de la femme chré
tienne, dans les divers états de sa vie et de s*
ÉDXTÏOK SEMI-QU©53SSSNNB
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Six mois . .
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l'IÏÏIHS si répond pas des manuscrits qui loi sont ataél
. ANNONCES
85M. LAGRANGE, CERF et G 1 », 6 i place dê la Bourse
cordât. Il ne limitait pas à un 'seul
acte, à une seule opération, l'organi-'
sation des diocèses, il recomnaissait
d'une manière générale, aux deux
pouvoirs religieux et civil le droit illi
mité de s'entendre pour la nouvelle
circonscription des diocèses. Tous les
évêchés actuellement existants en
France, tous ceux qui viendraient à
être établis ultérieurement, en vertu
d'un nouvel iaccord entre le Saint-
Siège et le gouvernement français,
sont donc « concordataires » au
même titre.
Est-ce que les membres de la com
mission du budget, ou les membres
du gouvernement peuvent mécon
naître la légitimité de ce titre? Non,
ils ne sauraient contester le droit à
l'existence des nouveaux évêchés ajou
* * ' - - — •» w\oîa île
FRANCE j
PARIS, 24 OCTOBRE 1892
Nos députés auront à discuter au
jourd'hui plusieurs interpellations qui
figurent en tête de l'ordre du jour ; trois
de ces interpellations sont relatives
aux eaux de la Seine, au « tout-à-l'é-
gout », à l'empoisonnement des habi
tants de Paris et de la banlieue par des
eaux malsaines ; la quatrième est celle
de M. Basly sur le conflit qui s'est pro
duit il y a quelque temps entre les ou
vriers français et belges.
Hier, les électeurs de la 5* circon
scription de Bordeaux étaient appelés
à élire un député, en remplacement
de M. Gazauvieilh, décédé. Le candi- j {, eg ^ { a première distribution, maïs ils
dat opportuniste,qui n'avait qu un con- prétendent revenir à l'écat créé en
current socialiste sans notoriété, a été ' «««ûs u «TmmiiiwntinTi Hn —
élu. Les abstentions ont été plus nom
breuses que les votes ; il n'y a eu que
11,880 votants sur 27,761 électeurs ins
crits, et sur les votants on compte un
millier de bulletins blancs ou nuls.
Devant le Sénat, va revenir la ques
tion de l'armée coloniale, en suspens
depuis- si longtemps; en sortira-t-on
cette t'ois ? Il serait temps cependant
d'arriver à constituer une armée dont
la nécessité est reconnue par tout le
monde.
Après la lettre de MM. Jules Ferry
et Barthélémy Saint-Hilaire, donnant
un démenti des plus nets à la presse
italienne, nous avons les déclarations
de M. Ressmann, l'ambassadeur ita
lien, qui, tout en reconnaissant qu'il
n'a paS été mêlé à l'affaire de Tunisie,
s'inscrit en faux contre la lettre des
deux anciens ministres français. Il
nous semble que ee n'est pas le rôle
d'un ambassadeur. On trouvera plus
loin les déclarations de M. Ressmann,
qui sans doute ne resteront pas sans
réponse. M.le général Gialdini, dont on
invoque le témoignage après sa mort,
ne peut plus protester, mais M. le
marquis de Noailles, qui est également
mis en cause, peut et peut-être doit
parler. -
Oe semblait, en Italie, attacher une
assez grande importance au discours
que devait prononcer M. Zanardelli.
En réalité, on a entendu un sous-
Crispi et ce discours n'aura sans douta
pas une grande influence sur les élec
tions. ~
Avec les propositions da la commis
sion du budget de 1833 pour le bud
get des cultes, de nouvelles atteintes
menacent le Concordat. La com
mission réclame, en principe, la
suppression de tous les traitements
alloués par l'Etat aux vicaires géné
raux. aux curés non doyens, c'est-à-
dire a la très grande majorité des
cures, aux vicaires des paroisses, et
des maintenant, la suppression des
vingt-deux sièges épiseopaux dits
« non concordataires » par voie d'ex
tinction à la mort des titulaires.
Ce que propose ladite commission
c'est la destruction graduelle de l'or
ganisation ecclésiastique née du Con
cordat, c'est la destruction du Concor
dat lui-même !
L'acte solennel du 26 messidor
an IX stipulait qn'il serait fait par la
Saint -Siège, de concert avec le gou
vernement, une nouvelle circonscrip
tion. des diocèses français (art. f 2).
C'est en vertu de cette clause que des
créations de sièges épiscopaux eurent
Heu, depuis la première institution
d'évêchés en 1802, par suite d'un,
commun accord entre la gaint-Siè^e
et le gouvernement. Tous les éyôchés
créés ou à créer en France, ont leur
titre d'origine dans l'article 2 du Con-
r~
1802, après la promulgation du Con
cordât, c'est-à-dire aux 50 évêchés et
aux 10 archevêchés institués alors par
le premier exercice de l'entente des
4eux pouvoirs. C'est au fait seul qu'ils
s'attachent, non au droit. -
Est-il permis de traiter ainsi le Con
cordat? Est-ce juste, est-ce loyal?
Peut-on retrancher d'un contrat ce
qu'il est destiné à produire? Peut-on
en arrêter à un moment quelconque
les effets? Peut-on lui enlever la vertu
qu'il tient de son principe? Tous les
évêchés d'institution postérieure sont
sorti» du Concordat, comme le fruit
de l'arbre, Le principe de l'article 2
était un principe fécond ; il a produit
ses conséquences par la création d'au
tant d'évêchés nouveaux qu'il a paru
convenable au Saint-Siège et au gou
vernement français d'en établir pour
compléter l'organisation primitive..
La manière nouvelle dont les hom
mes du pouvoir prétendent interpré
ter et appliquer Je Concordat en fausse
essentiellement le capacj^rp.§i l'on
veut s'en tenir strictement, comme
ils disent, au Concordat, il faut aussi
•»n prendre l'esprit. Or, il était de la
nature d'un acte réparateur comme
celui-là de se complète* par l'effet
même de son application régulière ei
loyale. Il ne faut pas oublier, malgré
la duplicité des négociation? et la
fraude des additions, que, à l'origine,,
dans la pensée de Bonaparte, le Con
cordat a été un acte de restauration
religieuse. Autant pour le bien de la
société que dans l'intérêt de sa future
domination, le premier consul a voulii
le rétablissement de l'Eglise en France.
Il était sincère, par ambition person-
| et par raieon d'Etat.
amoindri, m^nje çjtéré par
l'additiari arUolea organiques, la
Concordat contenait un principe de
développement qui permettait dê l'ap
proprier à toutes les situations, à tous
les besoins de l'Eglise. Et c'est ainsi
catholique» la grande nouvelle de la
paix et la liberté. L'Eglise se sentit
revivre. Une ère nouvelle de bonheur
semblait s'ouvrir pour la France. Par
tout le grand événement fut célébré
comme la plus grande des victoires
que le pays eut remportées par son
jeune et glorieux maître. Jusque
dans les plus petits villages on se ré-
jôuit. ^Dernièrement, un archéologue
retrouvait dans une humble église des
montagnes de la Corrèze, l'expression
de cette joie universelle, gravée sur les
deux cloches. L'une dit : « Quelque
mauvais citoyen me fit briser en
l'an IV et j'ai été refondue par les bons
citoyens en l'an X (1801-2) sous les
auspices d'un gouvernement pour qui
réédifîer est plus doux que de dé
truire ». L'autre chante en vers « le
bienfaiteur visible » de la France, Bo
naparte qui, au pays, rendit son opu
lence. Elle proclame le premier, consul
« réorganisateur de l'Etat, restaura?-
teur de la véritable liberté. C'est sous
ses auspices, ajoute-t-elle, que la na
tion a pu jouir de la douce tranquil
lité, après les nombreux ravages du
despotisme de la République française
— 1802 ».
Tels étaient les sentimenrs du pays
pour le Concordat. Jamais on n'eut
cm alors que cet acte de paix, qui
rappelait les jours de Constantin, put
devenir jamais un instrument de per
sécution aux mains d'un parti.
Aujourd'hui, le Concordat est telle
ment faussé et violé de toutes ma
nières par ceux qui gouvernent, que
bien des catholiques en sont à appeler
de leurs vœux le jour où un gouver
nement aussi déloyal ne trouvera plus
dans la lettre d'ua traité, dont il mé
connaît absolument l'esprit et les prin
cipes, le moyen 4e tracasser et d'op
primer l'Eglise. Le Concordat, on le
dénature, on le détourne depuis
quinze ans, on veut arriver à le dé
faire entièrement sans l'abroger.
'Qu'en restera-t-il, si les propasitions
nouvelles de la commission du bud
get sont votées ?
Arthur Loth.
.'Eglise.
que plusieurs applications nouvelles
en ont été faites pour la création de
nouveaux évêchés, pour le traitement
des vicaires généraux et des chapitres,
pourles bourses des séminaires et les
maîtrises de3 cathédrales, pour l'en
tretien des édifices du culte.
i
Que nous sommes loin aujourd'hui
du Concordat de l'an IX! Que nous
sommes loin des heureux jours da
1802! Pour comprendre le Concordat,,
pour apprécier son esprit, il faut se
rappeler avec quel universel senti
ment de délivrance et de joie il a été
accueilli, il faut se souvenir 4e l'allé
gresse et de l'enthousiasme de ce fa
meux jour de Pâques, 18 avril 1802,
où il fut promulgué à Notre-Dame d$
Paris, au chant du Te Deum, en pré
sence de tous les grands corps de l'E
tat et des généra"^ de la Révolution
que Bonaparte y avait trafaés de
force.
Ce jour-là les cloches de Notre-
Dame sonnèrent dans tops les cœurs
M. le docteur Desprès, qui n'est pas
un radical, encore moins un socia
liste, vient de présenter à la Chambre
une proposition de loi que neus pou-*
vons reproduire intégralement ici^
avec l'exposé des motifs, car elle a
tout au moins) le niérite incontestable
de la brièveté.
Elle est ainsi conçue :
Pour faciliter l'accès des fonotions mu-
$ipipalea aux citoyens sans fortune et ne
Vivaint que do leur salaire, il est fléoessaire
de trouver un moyen qui satisfasse à la fois
les droits du suffrage universel et la jus
tice.
Qn ne conçoit pas } en effet, que le besoin
de gagner sa yie soit otfstficle M'e^er-
oice des fonctions publiques, et si up lra-
vailleur est papable d'exercer les { duc
tions publiques, il esl juste quil non soit
pas empêohé.
G'est dans oe but que je présente la pro
position de loi suivante ;
Artiole premier
Les communes sont autorisées à voter
une indemnité au maire de la commune,
«'élevant à la somme .*
De 2,500 franos pour les oommunes de
2,000 habitants et au-dessus ;
De 5,000 francs pour les oommunes de
25 à 100,000 habitants ;
De 10,000 francs pour les communes de
plus ds i0Q,Q0Q habitants.
Art. 3
Les sommes vqtées qui ne seraient pas
employées seront versées au bureau de
bienfaisance. '
Ijf, le docteur Desprès ne jouit pas
encore d'une grande autorité sur la
Chambre, et souvent c'est dommage.
Il est done fort possible que sa propo
sition ne soit point agréée. Mais,
qu'on ne s'y trompe pas : ce ne sera
qu'un retard. Et il y a bien des chan
ces ^our que, dans un avenir prb-
chain, soit que M. Despres revienne
à Ja charge, soit qu'un autre député
présente une proposition similaire,
nous voyions la Chambre accorder
uns allocation aux maires des com
munes de quelque importance.
Ainsi se vérifiera une fois encore
cette parole, très juste, que le gouver
nement démocratique n'est pas un
gouvernement à bon marché.
Mais, de même que beaucoup de
gens préfèrent vivre à Paris, bien que
les loyers y soient plus chers qu'en
Êrovince ; de même la France, visi-
lement, malgré ce qu'il lui en coûte,
aime mieux vivre en démocratie que
sous un autre régime. Et on lui fera
difficilement passer ce goût-là, d'au
tant qu'elle est assez riche pour le
satisfaire.
Il est incontestable que la proposi
tion de M. le docteur Desprès a des
côtés fâcheujç. Nous n'irons pas dire
le contraire ici. Allouer une indem
nité, un traitement légal aux maires,
c'est favoriser l'accession des politi
ciens de bas étage, des beaux parleurs
radicaux et socialistes, aux fonctions
municipales. Être maire, cela devien
dra vite une carrière, comme une
autre,,à la portée de toutes les ambi
tions, de toutes les compétitions. Il y
a là peut-être un péril, et certaine
ment une diminution de oe qu'avait
d'honorable, d'élevé, cette charge de
premier magistrat de la commune. Le
maire sera toujours l'homme qu'aura
choisi la confiance publique ; mais il
ne sera plu3 le citoyen désintéressé
qui donnait son temps à son pays, qui
le servait de son mieux, par dévoue
ment et pour l'honneur, sans rece
voir de rémunération.
Et cependant , la proposition de
M. le doeteur Desprès, ou quelque
autre dq même genre, sera votée en
fin de compte. Elle sera votée, parce
qu'elle doit l'être, parce qu'elle est
dans la logique des choses. C'est une
conséquence nécessaire 4^ régime
démocratique et du suffrage universel.
On a posé ce principe : Tout citoyen,
à partir de tel âge, est non seulemenj
électeur, i$ais éU^ible. Ç)r, Implica
tion de ce principe reste impassible
pour quelques millions de Français,
dans 1 état légal existant. Ces quelques
.taillions de français sont électeurs,
4 e droit; et de f$it. Exigibles, ils ne le
sont que de droit; dè fait, non; puis- i
( qu'ayant besoin de leur travail da
chaque jour et de tout le jour pour
vivre, ils ne peuvent remplir certaines
fonctions électives, telles, par exem
ple, que celles de maire d'une com
mune un peu importante. Sous un ré
gime démocratique et de suffrage uni
versel, qui prétend donner à tqqs
l'égalité politique, oela est-il logique,
et croit-on que cela puisse durer tou
jours?, i
Aussi, que voyons-nous? L'état légal
existant crève de toutes parts. On ne
compte plu? Ips fissures. Sous une
forme ou sous une autre, combien de
maires, en France, reçoivent des trai
tements! Un abus qu'on ne réprime
pas devient un usage. M. le doctçqr
Desprès, j.yeçs ea proposition, ne fait
que rendre régulière et générale une
situation qui existe déjà dans un
grand nombre de villes. En ceci, les
mœurs, bonnes ou mauvaises, ont
précédé 1$, J q I. N'en doute* point :
faudra que la loi vienne sanctionner,
t(H ou tar4» pe| état de choses, oréé
par les mœurs et basé sur la logique.
Les communes, d'ailleurs, resteront
libres de choisir pour maires des can
didats que leqr situation 4e fortune
dispensera d'accepter un traitement.
On le voit : la richesse et l'aisance,
■ en dépit des lois égalitaireSj conser
veront toujours un petit avantage po
litique, sans parler des autres.
Pierre Veuillot.
La Petite République Française publie
l'information suivante :
Un règlement scolaire vient d'inviter
tout le personnel enseignant à prendre une
part active aux récréations, considérées,
comme étant le moment le plus favorable
pour observer les enfants tels qu'ils sont.
Les instituteurs et institutrices des écoles
viennent, en conséquence, d'être engagés h
surveiller et à diriger les jeux, au lieu de
profiter des récréations pour corriger les
devoirs ou bien mettre à jour leur corres
pondance.
Certains maîtres qui se promènent, gra
ves et indifférents, eu attendent, assis sur
une chaise, le signal de la rentrée en classe,
ont été également rappelés à leur véritable
tâche, le temps des récréations étant dû
aux élèves, et rien qu'aux élèves.
Il y a longtemps que, dans les éta
blissements d'instruction libre, on suit
la méthode qu'un nouveau règlement
scolaire veut introduire dans les éta
blissements laïques.
Mais, pour les bons résultats à en
tirer, ce n'est pas tout de faire un rè
glement qui rende cette méthode ap
plicable.
Il y faut de plus, entre élèves et
maîtres, cette cordialité de rapports
qu'on chercherait vainement à éta
blir en dehors des sentiments qu'ins
pire l'éducation religieuse. Dévoue
ment désintéressé d'une part, avec le
souci de la formation morale des en
fants confiés à la direction des maî
tres ; de l'autre, respect et confiance,
fondés sur cette sollicitude et ce dé
vouement, voilà les conditions sans
lesquelles on ne saurait atteindre le
but visé par le * règlement dont nous
parle la Petite République■ M. Gohlet,
qui se pique de ne pas ignorer ses
classiques, aurait dû se souvenir du
Quii leges sine moribus proficiunt ?
A coup sûr, on ne doit pas faire f\ des
règlements, qui ont du bon, Mais en
core faut-il qu'à c&té de ces règle
ments il n'y ait pas un programme
d'éducation dont l'esprit soit en op
position directe ayçQ Isa mœurs que
comporta l'exécution desdits règle
ments.
Or, nous avons à cet égard les
aveux de plusieurs pédagogues, et non
pas des moins célèbres, parmi les par
tisans mêmes de l'éducation d'Etat,
ils ont constaté, avec l'esprit d'insu
bordination, la défiance et le mépris
du maître,qui sont communs ches les
élèves des collèges et lycées universi
taires, Mais, à cet état de ohoses, qui
excite leurs plaintes, ils ont cherché
des explications en dehors du vrai
motif, qu'on ne veut pas avouer. Ge
motif, en effet, c'est que, chez les
maîtres oomme chez les élèves, il
manque l'esprit de religion qui, dans
les maîtres, fait voir aux élèves les
représentants de la famille, et,dans les
élèves, fait voir au$ maîtres des âmes
! à forme? en même temps que des es
prits à cultiver.
Faute de cela, les règlements au-
rent beau prescrire aux maîtres de
se mêler au* jeux des élèves; les
m<çnrs, en cela eomme toujours, se
ront finalement les plus fortes. Jus
que dans la questiqn des jeux, elles
vengeront le principe chrétien de
l'éducation que les pédagogues laïques
s'obstinent à nie? qu à méconnaître.
AuausTa Roussel.
attachement au Siège apostolique. Le
Saint-Père a daigné répondre par une '
lettre d
que ÏOsserv&tore Romano, est la pins
belle réponse aux propos ridicules de
certaines feuilles libérales sur cette
élection :
Cher Fils,
Salut et Bénédiction Apostolique,
Par le télégraphe d'abord et ensuite par
votre lettre datée du jour môme "de votre
éleotion, le lendemain des calendes do ce
mois, Nous avons appris tout de suite que
vous aviez été élu général de la Société de
Jésus par le suffrage des Pères régulière
ment réunis au célèbre lieu de naissance de
son Père fondateur,et celte nouvelle ne Neus
a pas causé peu de joie. Car votre très saga
prédécesseur avait, en quelque sorte, mar
qué d'avanoe que tel était îe dessein de
Dieu h votre égard, lui qui, en discernant
vos aptitudes à gouverner la Société, voua
avait appelé depuis longtemps à partager
avec lui une partie de sa charge, et qui,
d'après vos règles, vous a désigné pour
remplir les fonctions de vioaire après sa
mort.
Devant un signe si manifeste de la
divine Providence, soumettez-vous donc
en toute sécurité à sa toute-puissance, et
è sa volonté, mettez en elle votre espé
rance et oonBez-vous en elle de plus en
plus. Car Dieu, assistera miséricordieuse-
ment, comme par le passé, de tous les
secours de sa grâce votre Société, qui tra
vaille si ardemment pour la plus grande
gloire de sen nom et vous aidera sans doute ,
tout particulièrement dans les circonstances
difficiles où vous assumez une charge si
difficile elle-même. Vous savez la grand»
affeotionque Nous avons toujours eue pour
la Société de Jésus, envers laquelle Nous;
sommes tenu aussi par les liens de la re
connaissance; d'un autre cèté, considé
rant les nombreux services qu'elle a
rendus à l'Eglise, sa soumission absolue:
et son dévQ'âemeni envers oe Siège du
bienheureux Pierre, nous n'en oomptons
que davantage sur elle, à l'avenir, sous votre,
gouvernement, pour la plus grande utilité
de l'Eglise.
Et maintenant, après avoir sollicité par
Nos prières l'abondance des lumières di
vines pour vous et chacun de vos compa
gnons réunis pour votre élection, Nous
la sollicitons de nouveau, et plus large
ment enoore, aQn que les délibérations et
les mesures qu'il vous reste à prendre v
d'après vos règles, dans votre congrégation,
aient un bon et heureux résultat. Enfin,
cher fils, Nous vous accordons d'un cœur
paternel, pour vous et pour toute votre So
ciété, les bienfaits de la bénédiotion apos
tolique que vous avez si instamment implo^
rée.
i Donné à Rome, près Saint-Pierre, le
12 sotobre 1892, l'an quinzième de Notra
Pontificat.
LÉON XIII, PAPE.
Le nouveau général de, la Compa
gnie de Jésns.le P. Louis Martin, après
avoir annoncé télégraphiquement au
Saint-Père son élection, le jour mêm$
où elle eut lieu, se fit un devqir de lui
adresser une dévouée lettre d'hom-
ainsi que d'entier et sincère
M. Geffcken, ce personnage prus
sien. qui fut poursuivi et condamné-
pour avoir publié des extraits du
Journal intime de l'empereur Frédé
ric III, a adressé à M. Boyer d'Agen un
long mémoire, où il traite des rapports •
de Sa Sainteté Léon XIII avec l'Aile*
magne. M. Boyer édite ce mémoire,
et déjà plusieurs journaux en donnent
des extraits. Nous attendrons de le
connaître en entier pour l'apprécier ;,
: mais dès aujourd'huinous constatons,
! suroes extraits mêmes,que M. Gefïcken, -
en vrai Prussien, s'y montre, par
ignorance ou parti pris, ou par tous ■
deux à la fois, adversaire déclaré de
liéon XIII et foncièrement hostile à
la France. Son éditeur lui-même la
reconnaît, et dans sa préface fait des *
réserves, dont neus donnons les con
clusions ;
Quant à l'opposition que Creffcken croit t
devoir faire de l'allian.oe franoo-russe et de :
la triple alliance, jusqu'à compromission des
intérêts catholiques que Léon XIII,, trop
FEUILLETON DE VUNIVERS
DU 25 OCTOBRE 1802
CAUSERIE LITTÉRAIRE
La famine chrétienne (1 )
I
Que le lecteur ne s'effraie pas : M. Ber
nard d'Armagnac ce vient point à lui avec
un poème en douze chants et en vers, mais
aveo un livre en douze chapitres et en
prose. Ce n'est pas cependant qu'il ne soit
poète et qu'il se soit refusé le plaisir de ter
miner deux de ses chapitres, La Jeune Fille
et la Fiancée , par deux pièces de vers ;
mais, outre qu'elles ne sont pas très longues,
elles sont d'une lecture aussi agréable que
facila. L'une d'elles a pour titre : Les Fian
cés. J'en détache ces couplets simples et
charmants ;
I.OUISE
L'autre jour, pendant l'orage,
J'étais tremblante d'effroi ;
Petfr me donner du courage
Pierre rn .archait près de moi.
(1) If Poime dt la Femm« chrétienne, par
M. Bernard d'Armagnac, un volume in-18,
A. Marne et fils, éditeurs, Tours, 1892. — Les
Temps prochains, par le comte Guy de Brémond
d'Ars. Perrin et Cie, éditeurs, 35, quai des
Grands-Augustias, Paris, 1892.
En traversant la prairie,
Nous trouvâmes un ruisseau
Formé des eaux en furie
Qui descendaient du coteau ;
Pierre noua sa chaussure,
Et, passant avec effort
Dans l'eau jusqu'à la ceinture,
Me porta sur l'autre bord.
pierre
Dans les champs de sa famille,
L'an dernier, en moissonnant,
Le tranchant d'une faucille
M'atteignit légèrement ;
Louise, sur ma blessure
Mit, pour étancher le sang,
Aveo un peu d'huile pure,
Une feuille de lis blanc ;
Puis, sous ses blendes paupières,
Des pleurs jaillirent soudain,
Larmes plus douces qu'amlres,
Qu'elle cacha dans sa main.
L'autre pièce est dédié» à Jeanne d'Arc.
Jeanne d'Arc a réalisé, dans sa sublime
perfectioa, l'idéal de la jeune fille chré
tienne. Les révolutionnaires ont cependant
aujourd'hui la singulière audace de la re
présenter comme un préourseur de la libre-
pensée et de la démagogie. M. Bernard
d'Armagnac a pensé avec raison, qu'il ap
partenait aux catholiques de revendiquer sa
gloire et de la défendre contre des louanges
qu'elle eût repousaées, avec horreur. C'est
tout un petit poème qu'il lui a consacré. En
voici le début :
Quoi ! ces ennemis de l'Eglise,
Ces hommes qu'on voit e» tout lieu,
Criminelle et folle entreprise!
fomenter la haine de Dieu,
Renier nos grandeurs royales,
Le passé de notre pays
Et ce que content nos annales
De Charlemagne et saint Louis,
Ces détracteurs de notre histoire,
Ces félons et ces mécréants
Osent revendiquer ta gloire,
Chaste héroïne d'Orléans !
Fleur des champs, douce et bonne Jeanne,
Oui, souS un toit de laboureurs,
Vécus petite paysanne,
Sur les terres de Vauooulcurs;
Chrétienne dévote au rosaire,'
Et qui, l'égrenant dans ta main,
Priais dans chaque sanctuaire
Que tu trouvais sur ton chemin ;
Fille de ce peuple de France
Fidèle et soumis à ses rois,
Les suivant aveo confiance,
Heureux de vivre sous leurs lois ;
Toi qui fis rendre la couronne,
Devant l'autel de saint Rerny,
Au dauphin chassé de son trône.
Noble vierge de Domremy,
Qui sus nous rendre la victoire
Après un sièole de revers,
Ne permets pas que ta mémoire
Profite & ces hommes pervers.
Souffrirais-tu que ton martyre
Servît les desseins criminels
De cette secte qui conspire
Pour renverser nos saints autels,
Toi qu'émouvait dès ton enfance
La cloche sonnant au bame&u,
Soit pour f$ter une naissance,
Soit pour pleurer sur un tombeau 1
Sous ton chaperon et ta mante,
On te voyait de grand matin,
A l'appel de sa voix vibrante,
, Aller à l'office divin ;
Et quand elle annonçait l'orage,
Effroi du pauvre laboureur,
Pour qu'il épargnât ton village,
Tu récitais aveo ferveur
Un Souvenez-vous à la Vierge,
Et tu faisais, en son honneur,
Dévotement brûler un cierge
De la dernière Chandeleur.
La prose de M. Bernard d'Armagnac est,
comme sa poésie, simple, aisée, naturelle,
élégante et oorrecte. Quand l'occasion le
comporte, elle sait être aussi vive, colorée,
brillante, sans pourtant tomber jamais dans
la « prose poétique ». Le sujet, d'ailleurs,
est de ceux qui comportent les plus riches
développements. L'auteur, dans les douze
chapitres de son livre, fait le portrait de la
femme chrétienne dans les divers états de
sa vie et de sa condition. Bien qu'il s'at
tache surtout à peindre la femme de nos
jours, telle que chacun de nous peut la voir
autour de lui, il ne néglige pas de la mon-
irer telle qu'elle fut aux diverses époques
de l'histoire.
S'il est un fait incontestable dans l'his
toire du monde, c'est que le christianisme
a relevé la femme, qu'il l'a tirée de son an
cien état d'abaissement et d'abjection. Sous
l'influence de l'Evangile, elle a repris dans
la famille et la sooiété le rang qui lui était
dù. Elle est honorée, respectée. Elle joue un
grand et noble rôle dans la vie publique et
privée. Après le prêtre, et comme lui, elle
est un apôtre, elle remplit une mission
sainte. On dirait vraiment qu'elle esl recon
naissante à l'Evangile de l'avoir réhabilitée,
et qu'elle veut acquitter sa dette ea travail
lant pour lui, en oombattant pour lui, en
s'appliquant de tout son pouvoir à assurer
son triomphe. Elle s'efforce surtout de ra
mener à Jésus-Christ son père, son époux,
de lui attacher ses enfants par les liens les
plus forts. Elle sait qu'ils ne peuvent être
heureux qu'à ce prix. Et a-t-elle d'autre
désir que celui d'assurer leur bonheur?
Les rendre chrétiens, c'est la grande affaire
de sa vie.
La femme chrétienne combat donc utile
ment pour le Christ. Elle est un vaillant
champion de la vérité. Si la Frasce n'est
pas redevenue complètement païenne,
o'est, en grande partie, à la piété des fem
mes que nous le devons. La Révolution ne
s'y est pas trompée : de là toutes ses entre
prises pour arracher la femme apx influen
ces chrétiennes. Sous prétexte « d'élever,
d'élargir son intelligence », on s'efforce de
substituer pour elle à l'éducation religieuse
un enseignement où la science remplace la
foi. Et c'est pourquoi un livre comme eelui
de M. Bernard d'Armagnao vient à son
heure. Il met admirablement en lumière,
moins encore psr des raisonnements que
par des faits et des exemples, la vraie mis
sion de la femme, qui n'est pas de se dis
tinguer h la manière des hommes et de
rivaliser avec eux. II ne s'agit pas, pour
nos femmes et nos filles, de courir les di
plômes «QRîrqe on poprt la bague, de deve
nir les aigles du barreau et de la tribune,
mais de rester ce que le christianisme les
a faites, les anges du foyer domestique,
des maisons de refuge et des hôpitaux.
« Les femmes, écrivait Joseph de Maistre
à, sa fille Constance, ne sont nullement
condamnées à la médiocrité. Elles peuvent
môme atteindre au sublime, mais au su
blime féminin , Chaque être doit se tenir à
sà place et ne pas affecter d'autres perfec
tions que celles qui lui appartiennent... Le
mérite de la femme est de régler sa maison,
de rendre son mari heureux, de le consoler,
de l'encourager et d'élever ses enfants,
o'est-à-dire de faire deshommes. »
Qu'il ait été donné à la femme d'atteindre
au sublime féminin , M. d'Armagnac ne se
contente pas de le dire après Joseph de
Maistre, il en fournit la preuve dans cha
cun des chapitres de son livre. Mais le su
blime ne sera jamais que l'exception. Ce
qui est de tous les jours, ce qui est tou^
jours possible, dans toutes les conditions,
c'est le devoir, la vertu, le dévouement, 1e
sacrifice. Et c'est cet accomplissement du
devoir, dans toute son étendue, que M. Ber
nard d'Armagnao appelle très justement le
Poème de la femme chrétienne. Voici" les
titres des douze chants de oe poème : la
Jeune fille, Jeanne d'Arc, la Fiancée, les
Fiancés, l'Epouse, la Mère, l'Aieule, la
Veuve, la Sœur, la Vierge^ ta Reine, la Ser
vante. Ce que le lecteur trouvera, dans ces
chapitres, de charme, d'intérêt, d'édifica
tion, un© voix plus autorisée que la mienne
Va déjà dit. Mgr Vèvèque de - Rodez écri
vait à l'auteur, aprèg, une lecture da soa
livre : ,
Ce portrait que vous faites de la femme chré
tienne, dans les divers états de sa vie et de s*
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