Titre : L'Univers
Éditeur : L'Univers (Paris)
Date d'édition : 1892-10-23
Contributeur : Veuillot, Louis (1813-1883). Rédacteur
Contributeur : Veuillot, Pierre (1859-1907). Rédacteur
Contributeur : Veuillot, François (1870-1952). Rédacteur
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34520232c
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 23 octobre 1892 23 octobre 1892
Description : 1892/10/23 (Numéro 8939). 1892/10/23 (Numéro 8939).
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
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Source : Bibliothèque nationale de France
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 06/02/2011
Dimanche 23 Octobre 1892
H* 8939. — Edition quotidienne
Dimanche 23 Octobre 1892
ÉDITIO N QUOTID IENNE
PARIS ÉTRANGER
IT DÉPARTEMENTS (UNION POSTALE)
ÏJn an « « • « « « 65 d 66 n
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SUREAUX : Paris, 10, rue des Saints-Pàres
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Le» abonnements partent des 1« et 16 de chaque mois
â'ÏITO ut répond pas des ntanuscrits oui lui sont adressé*
ANNONCES
m. LAGRANGE, CERF et G'«, 6, place da la Bourse
FRANGE
PARIS, 82 OCTOBRE 1892
Aujourd'hui on continue à la Cham
bre des députés la discussion de l'ar
bitrage. A l'ouverture de la séance
doit avoir lieu le second tour de scru
tin pour l'élection d'un vice-prési
dent. M. Etienne, que M. Viger ser
rait de si près — une voix de dif
férence, — l'emportera-t-il ? Les
accusations de M. de Morès laissées
sans réponse pourraient faire hésiter
bien de3 députés, même opportu
nistes.
Nos conseillers municipaux ont tenu
hier leur deuxième séance; ils ont
voulu donner un nouveau témoignage
de leur monomanie antireligieuse.
Ils ont décidé qu'une des voies de Pa
ris porterait le nom d'Ernest Renan,et
une commission a été chargée de re
chercher la rue qu'on débaptiserait en
l'honneur du doucereux apostat. Dans
la courte discussion qui a eu lieu à ce
sujet, on a parlé des mérites de l'écri
vain ; mais ce ne sont évidemment pas
ces mérites qui ont décidé le vote du
conseil municipal. Que d'écrivains, au
moins égaux à. M. Renan, n'ont pas
donné leur nom à une rue ! De plus, il
y à bien peu de nos conseillers muni
cipaux, médiocres "juges littéraires,
qui soient capables d'apprécier le style,
d'ailleurs surfait, de M. Renan.
Hier, nous enregistrions une note
officieuse d'après laquelle il n'y aurait
pas de Chinois, réguliers ou non, au
Tonkin, et noua exprimions des doutes.
Yoici, aujourd'hui, des renseigne
ments donnés par les journaux du
Tonkin, et d'après lesquels les Chinois
apparaissent nombreux dans les atta-
2ues dont nos troupes sont l'objet
ans le district de Langson. Les jour
naux du Tonkin sont placés pour être
bien informés, et leurs affirmations
doivent prévaloir contre les déclara
tions optimistes de M. de Lanessan,
surtout lorsqu'elles sont appuyées par
les faits. Il est évident que de simples
bandes de pirates ne tiendraient pas
en échec des colonies nombreuses et
surtout qu'elles Poseraient pas atta
quer des postes fortifiés.
Si nous er> croyons le Corriere di Na-
poli , « le gouvernement italien, ap
puyé par celui de l'Allemagne, aurait
demandé à l'Autriche son consente-
men pour rendre publique la . partie
(lu traité de la triple alliance relative
à raccord italo-austro-hongrois, et
l'Autriche aurait refusé ».
Le journal italien ajoute que, « cette
«demande était dictée par le désir de
■démontrer à la France que la triple
alliance est entièrement pacifique ».
C'est croire la France trop crédule
que de lui tenir de pareils propos.
L'inauguration du temple restauré
de "Wittenberg, l'ancienne collégiale
universitaire, est définitivement fixée
;au 31 octobre. Il parait qu'aucun des
souverains invités n'y assistera en
personne.
Une feuille berlinoise assure que
l'empereur Guillaume prononcera à
Wittenberg, en sa qualité de summus
episcopusr un grand discours « pour
■célébrer la mémoire du grand réfor
mateur ».
L'historien protestant Menzel, peu
suspect, a suffisamment dit ce que
valait Luther et son œuvre ; si l'em
pereur Guillaume s'inspire de ses
écrits, les hôtes de Wittenberg en
tendront des choses peu flatteuses
pour l'ex-moine augustin.
D'après Y Agence Russe , dont la
mote se trouve reproduite plus loin, le
conflit russo-turc au sujet de la Bul
garie, à propos duquel on faisait un
peu de tapage ces jours derniers, est
terminé. De fait, il n'y aurait pas eu
de conflit, mais un simple échange
de notes diplomatiques ne devant pas
aller plus loin. La Russie prévenait la
Turquie des dangers de sa politique
de concessien à l'égard de la Bulga
rie ; elle ne prétendait nullement
«xercer une pression sur la Sublime-
Porte. Celle-ci a répondu, et elle fera
vis-à-vis de la Bulgarie ce qu'elle
voudra.
Le Correspondant, la revue libérale,
n'est point favorable aux revendica
tions ouvrières. Son dernier numéro
nous en apporte une preuve de plus.
Dire, en effet, que dans tel pays la si
tuation des ouvriers est « trop heu
reuse », c'est montrer, il nous semble,
pour ceux-ci peu de bon vouloir,
c'est manifester un bien insuffisant
désir de voir s'améliorer en général
la position des travailleurs. Si heu
reuse que seit la condition d'un ou
vrier, se peut-il vraiment qu'il y ait
dans sa félicité un excès de superflu ?
Mais, en môme temps qu'il affirme
de nouveau ses sentiments hostiles
aux revendications ouvrières, le Cor
respondant nous fournit un argument
contre ses doctrines économiques et
speiales. Voilà des ouvrier» qui sont
trop heureux; ils ont trop de loisirs,
des. droits trop étendus, un salaire
excessif Eh'biftn^dans le pays affligé
de p.'' " ' s s ^ 1 "" se.
Ïlasse i •';*
e c4* '. !s ..v-.» 4 '. *'•' 'M. •' * 'X:-
grès sont-ils entravés ? la nation est-
elle en décadence ? Pas du tout ; c'est
le contraire. On a rarement vu un
aussi prompt, un aussi merveilleux
développement. Alors; il est donc
possible, sans nuire au bien-être gé
néral, sans arrêter la marehe ascen
dante d'un peuple, d'un pays, de don
ner satisfaction, dans une large me
sure, aux desiderata des ouvriers?...
On doit le croire, si l'on s'en rapporte
à l'article du Correspondant, duquel
cela ressort^ bien qu'il ne soit pas fait
en vue de cette démonstration.
C'est de l'Etat de Victoria, et plus
particulièrement de sa capitale Mel
bourne, en Australie, qu'il est ques
tion dans cet article. Evidemment,
là-bas, sous plus d'un rapport, la si
tuation n'est pas la même qu'en
Europe. Il s'agit d'un pays, non point
isolé, — Victoria est entourée d'Etats
rivaux, —; mais d'un pays neuf. Tout
ce qui est possible à Melbourne est
donc loin de l'être chez nous. Aussi
ne réclamons-nous pas, pour les ou
vriers du vieux monde, tous lès avan
tages conquis par ces travailleurs aus
traliens dont le Correspondant nous
expose la « trop heureuse » condition.
Nous désirons montrer simplement
que le triomphe des revendications
ouvrières, dans la mesure où elles
nous paraissent justes et raisonnables,
n'entraînerait pas les ruines, les ca
tastrophes, le cataclysme social qu'on
nous prédit, et nous citons, à titre
d'exemple et de preuve, l'Etat de Vic
toria. L'expérience y a été faite ; elle
a même été poussée plus loin que
nous ne le demandons. Qu'en est-il
résulté? L s Correspondant va nous le
dire.
Qu'est-ce que c'était que Melbourne,
il y a un demi-siècle ? Voici la des
cription qu'en trace James Backhouse,
qui visita cet embryon de ville en no
vembre 1837 :
Un assemblage de o ent maisons environ,
parmi lesquelles des auberges, une ca
serne, une prison et une éoole. Quelques-
unes des conslruotions sont en briques et
d'apparence assez décente. La plupart des
habitants vivent dans des tentes ou des ca
banes qui ressemblent à des chaumières,
en attendant une accommodation meil
leure. Il y a beaucoup d'agitation et de
trafic ; une bande de convicts est occupée à
niveler les routes.
Voulez-vous savoir à présent ce
qu'est aujourd'hui Melbourne? Ecou
tez le Correspondant :
Une ville de cinq oent mille âmes, qui
s'étend sur une superficie presque égale à
celle de Paris, présentant à la fois les deux
caractères de civilisation outrée et de pri-
mitivité naïve, mêlés de telle sorte qu'on
ne peut savoir lequel des deux l'emporte
sur l'autre. A côté des maisons à dix et
douze étages, les huttes australiennes, qui
ne se composent que d'un rez-de-chaussée
unique...
La description remplissant plu
sieurs pages, on comprendra que
nous nous abstenions de la repro
duire. Elle nous montre dans Mel
bourne une ville qui n'est pas finie ;
qui s'est trop espacée. Il faudrait cinq
cent mille autres habitants, au moins,
pour la peupler d'une façon suffi
sante. On y rencontre de vastes ter
rains vagues, des parcs mal entre
tenus, qui séparent les centres habi
tés. Mais dans ceux-ci régnent la civi
lisation, l'activité industrielle et même
intellectuelle,-le confort, lë luxe. L'air
est traversé par d'innombrables ré
seaux de fils télégraphiques ; le sol
est sillonné par de multiples lignes de
tramways perfectionnés, d'après une
invention récente, « admirable sys
tème de transports », s'écrie le Cor
respondant, « dont l'Europe ne se
doute même pas » î Bref, cette ville
encore en formation mérite, à bien
des égards déjà, le qualificatif de mar-
vellous que ses habitants lui ont dé
cerné. « Il est certainement merveil
leux », dit la revue libérale, « de pen
ser que cinquante années ont suffi
pour qu'à l'endroit où paissaient quel
ques troupeaux, une ville entière ait
surgi. » Et il faut ajouter que, selon
le Correspondant lui-même, l'Etat de
Victoria, tout entier, se développe
comme sa capitale. Fabriques et ma
nufactures s'élèvent en très grand
nombre. Non seulement la colonie
peut se suffire; mais elle exporte.
Elle répand ses produits dans les Etats
voisins, avec une telle abondance,
que ceux-ci ont dû recourir aux bar
rières de la protection, presque de là
prohibition, pour n'en être pas inon
dés, pour ne pas devenir tributaires
de Victoria.
Eh bienl quelle est donc en ce
pays, dont la situation économique
peut faire envie à bien des Etats d'Eu
rope, quelle est la condition des ou
vriers? C'est ce que nous allons voir
enfin. Et ce ne sera pas long. Les ou
vriers vivent là-bas sous le régime
des « trois huit ». Ils travaillent huit
heures, se distraient ou s'instruisent
pendant huit autres heures, et consa
crent les huit dernières heures au
sommeil. Aux trois huit, ils en ont
même ajouté un quatrième : ils sont
payés huit shillings, c'est-à-dire dix
francs. Et depuis quand fonctionne ce
régime, que la « presque universalité »
des habitants trouve, d'ailleurs, fort
« juste »? Oh ! ce n'est point d'hier. Il
est en vigueur depuis le 22 avril 1856,
. ■ ans bientôt. S'il a subi quel-
'v-ri-»""» c'est dans ce sens
que, tout compte fait, les ouvriers tra
vaillent un peu moins de huit heures
par jour, et gagnent, pour la plupart^,
un peu plus de huit shillings. Ils ont
èn outre, partout constitué des caisses
de secours, des caisses de retraites, etc...
Il est superflu d'ajouter qu'ils sont très
fortement organisés. Ce sont des droits
qu'ils revendiquent, et entendent faire
prévaloir. Ils ne s'en rapportent point
à la charité du patron. Ces pauvres
patrons, obligés à Melbourne de dis
cuter avec leurs ouvriers comme avec
une puissance égale, on sent que le
Correspondant les plaint vivement.
L'auteur de l'article ne nous dit ce
pendant pas que les patrons aspirent
à quitter leur lourde charge pour s'é
tablir ouvriers. Tant qu'on ne verra
point ce phénomène se produire, il
sera permis de croire que la situation
de patron, somme toute, est encore
préférable.
Les institutions politiques de l'Etat
de Victoria sont en rapport avec le ré
gime économique, ce qui donne à ce
lui-ci de grandes garanties de soli
dité. Ces institutions tendent même à
devenir de plus en plus et tout à fait
démocratiques. Ainsi, contrairement
à la coutume anglaise, les membres
de la Chambre basse reçoivent, à Mel
bourne, un traitement, ce qui rend
l'accès de l'Assemblée réellement pos
sible à tout le monde, même aux ou
vriers.
Il faut noter enfin, pour qu'on puisse
bien connaître, en son ensemble, la
situation, un point d'importance. Dans
l'Etat de Victoria, les doctrines du
libre-échange ne sont pas en faveur.
C'est le système de la protection qui
règne sans conteste. Et cela, certaine
ment, n'a pas peu contribué au mer
veilleux développement de cette co
loniè.
Voilà où en sont Melbourne et l'Etat
de Victoria. Est-il besoin de dire qu'il
a des ombres au tableau, des om-
res sur lesquelles l'article du Corres
ondant attire l'attention spéciale du
ecteur. L'ouvrier, là-bas comme chez
nous, est loin d'être toujours un mo
dèle de prévoyance, de sagesse et de
modération. L'industriel, le banquier,
le gouvernement lui-même ont par
fois des fantaisies peu raisonnables,
oublient de temps à autre les règles
de la prudence, de l'équité. On veut
aller trop vite, ce qui produit des
à-coups dans la marche, des crises.
Dernièrement, des spéculations sur
les terrains ont amené un krach.
M. Max Beulé, l'auteur de l'article,
prévoit quelques autres accidents de ce
genre, et nous prédit que Melbourne
traversera des « périodes de malaise ».
Mais quoi, n'est-ce point la loi même
des croissances? M. Beulé n'en con
clut pas moins que le "jeune Etat,
constitué comme il est, fondé sur le
régime économique et politique ci-
dessus décrit, est destiné à un bel,et
prospère avenir, et qu'on verra un
jour les Australiens, devenus un
grand peuple, indépendant de l'An
gleterre , choisir Melbourne, Mel
bourne dont « les essais sociaux au
ront peut-être servi de modèle à l'an
cien monde », pour capitale.
N'est-ce pas qu'il est intéressant et
instructif, l'article du Correspondant?
Pierres V euillot.
On a souvenir de ces jeunes gens de
Saint-Omer éliminés d'un concours,
uniquement parce qu'ils étaient élèves
des frères. Un fait analogue vient de
se passer dans l'Aude. Voici comment
le Courrier de l'Aude raconte la
chose :
Un jeune homme de Garcassonne, sta
giaire depuis six mois environ, désirait se
présenter au prochain concours de l'admi
nistration des postes. Selon le règlement, il
avait adressé sa demande à qui de droit.
De la direction générale on répondit que
la demande n'était pas admise.
De là, grand émoi dans la famille du
jeune homme, qui voulut savoir sur quels
motifs le refus était fondé.
On n'avait, fût-il répondu, aucun grief à
adresser au jeune homme à propos de sa
conduite,qu'on reconnaissait irréprochable.
Mais l'enquête, prescrite par l'administra
tion, lui avait permis de connaître les, sen
timents politiques et religieux du stagiaire.
N'avait-il pas été élevé dans un pension
nat de frères? Ne fréquentait-il pas des
milieux hostiles au gouvernement, tant au
point de vue religieux qu'au point de vue
politique ?
Cela suffisait.
Il est inutile d'insister à nouveau
sur le caractère odieux d'un pareil os
tracisme. Dans l'espèce, il est d'autant
plus significatif que,d'après les ren
seignements du Courrier de l'Aude, le
père du jeune homme, décédé il y a
quelques années, appartenait au parti
républicain. C'est donc l'application
du plan dévoilé à Nantes par M. Bour
geois, disant que, pour n'être pas mis
hors la loi. il ne suffit pas de crier :
Vive la République! mais qu'il faut
de plus crier : Viv$ la Révolution !
A plusieurs reprises, dans ces der
niers jours, M. le marquis de Morès,
dans la Libre Parole, a formellement
accusé M. Etienne,ancien sous-secré
taire d'Etat aux colonies, des méfaits
les plus graves. Il défiait en même
temps le député en cause de le pour-»
suivre devant les tribunaux.
Parmi les amis mêmes de
M. Etienne, il en e3t plusieurs qui
s'étonnent que ce défi n'ait pas en
core été relevé.
Un fonctionnaise, en effet, quand
il est l'objet d'accusations pareilles.n'a
pas le droit de laisser supposer que
son silence est d'or.
M. Jules ' Ferry, sénateur, ancien
président du conseil, et M. Barthé
lémy Saint-Hilaire, ancien ministre
des affaires étrangères, adressent à
l' Agence Havas la lettre suivante :
Paris, 22 octobre 1802.
s Monsieur le Directeur,
Au cours des polémiques qu'a soulevées,
dans ces derniers jours, la préface écrite
jjar M. Jules Ferry pour le livre de M. Fau-
cSn sur la Tunisie, divers journaux de
Rome et de Naples ont affirmé :
Qu'au moment de l'occupation de la ré-
gence parles troupes françaises, le général
lialdini, ambassadeur d'Italie, aurait reçu
de M. Barthélémy Saint-Hilaire l'assurance
formelle que la France ne s'emparerait pas
de la Tunisie, et qu'aussitôt que le Bey au
rait consenti à une rectification de frontières
du côté de l'Algérie, l'occupation militaire
cesserait totalement, y compris celle de Bi-
zerte;
«" Que ces déclarations auraient été confir
mées par un télégramme dicté au ministre
des affaires étrangères, en présence de
l'ambassadeur d'Italie, par le président du
cabinet de la République :
Et l'on ajoute que le « brouillon de ce té
légramme, de la main de M. Barthélémy
Saint-Hilaire, doit se trouver dans les pa
piers laissés par le général Cialdinit».
Ce récit ne contient pas un mot de vé
rité ; c'est une invention pure, à laquelle
nous donnons le plus absolu démenti. Nous
l'aurions laissé passer avec tant d'autres, si
la précision voulue des détails ne risquait
de faire illusion à quelques personnes de
bonne foi, au delà des Alpes.
Mais quand on prend la responsabilité de
telles assertions on les prouve. Il existe,
selon ces journaux si bien informés, un té
légramme écrit par M. Barthélémy Saint-
Hilaire : qu'on le produise.
Agréez, etc., etc.
Signé : Barthélémy Saint-Hilaire,
Jules Ferry.
La Semaine Catholique du diocèse de
Saint-Flour nous conte les détails d'une
expédition fort peu glorieuse, dont le
sous-préfet de Murât et l'inspecteur
académique de cet arrondissement
viennent d'être les tristes héros. Il
s'agit de l'expulsién des religieuses
de Saint-Saturnin, qui tenaient dans
cette^ commune une école d'où la laï
cisation même n'avait aucun droit de
les faire sortir. En effet, elles y sont,
aux termes d'une donation faite il y a
vingt ans par M. et Mme Bouchery,
qui n'avaient remis la maison scolaire
construite par eux à la commune qu'à
une condition expresse : celle que
l'école serait tenue par des religieuses.
Il était donc naturel qu'à l'invita
tion d'avoir à quitter leur couvent les
religieuses répondissent par tin refus
C'est alors que les autorités adminis
tratives résolurent d'avoir recours à
la violence et c'est pour ce bel exploit
que, le 15 octobre dernier, le sous-
préfet et l'inspecteur académique,
escortés par une brigade de gendar
merie qui devait les appuyer au be
soin, se présentaient au couvent de
Saint-Saturnin. Reçus à la porte par
la supérieure qui s'enquit de leurs des
seins, ils se virent arrêtés par une
protestation en_ règle, mais déclarè
rent qu'ils étaient décidés à passer
outre. Prenant acte, alors, de la vio
lence qui lui était faite, la digne su
périeure n'insista pas, réclamant seu
lement un délai de six jours pour dé
ménager. On n'osa pas le lui refu
ser.
Cependant, aux abords du couvent,
la population était massée, triste et
silencieuse devant cet incroyable abus
de la force. Dans la cour, les enfants
attendaient, eux, l'ouverture de la
classe du soir, se demandant pour
quoi les bonnes sœurs, leurs exeel-
lentes maltresses, étaient menacées
de quitter leur propre demeure. Que
serait-il advenu, demande avec raison
la Semaine Catholique, si la population
ne se fût pas contenue, s'il avait fallu
faire appel à la force armée et si les
religieuses ne s'étaient pas contentées
de protester ?
Notons qu'aux premiers indices de
la désaffectation qu'on vient d'impo
ser de la sorte, une pétition remise au
maire et transmise au préfet protes
tait des sentiments de la population
tout entière, favorable au maintien
des sœurs. Une fois de plus, à Saint-
Saturnin comme ailleurs, c'est donc à
l'encontre de la majorité qu'on pré
tend, au nom du suffrage universel,
expulser et déposséder les sœurs! La
question, du reste, n'est pas vidée, car
un procès est engagé contre la com
mune, par suite de la violation d'une
clause essentielle du legs dont nous
avons parlé plus haut. Or, la com
mune est manifestement hostile à
cette violation. Malgré la conduite
assez louche du maire Vidal, que dé
nonce la Semaine, il n'y a là-dessus
pas le moindre doute.
Voilà donc, par le fait de l'adminis
tration supérieure, la commune en
gagée dans des frais qui peuvent être
considérables, sans parler du montant
de la valeur d'un immeuble qu'elle
sera sans doute obligée de restituer.
Mais qu'importent tous ces détails aux
laïcisateurs ? Par le gaspillage des
millions qu'ils ont dépensés par cen
taines depuis (les années, ils ont suffi
samment montré qu'ils sont_ indiffé
rents à de pareils soucis. Et si on leur
fait entendre que c'est là, en outre,
une singulière façon de faire l'apaise
ment, ils répondront encore que cela
n'est pas dans leur programme, qui
est d'imposer partout la tyrannie la
plus intolérable.
A uguste R oussel.
On écrit à la Franche-Comté :
Le 2 octobre, à l'heure où presque tout
le monde repose, trois individus munis
d'une lanterne pénétraient dans l'éoole
communale des filles de Bonneveat, que
venait de quitter pour ne plus y rentrer la
religieuse institutrice. Ces hommes n é-
taient autres que le maire, flanqué fie deux
conseillers, ses oopainâ.
Que venaient-ils faire, profitant de l'obs
curité que l'on cherche quand on craint
d'être vu, que venaient-ils faire à l'école?...
Apprendre leur syntaxe ou réciter leur
table de Pythagore???...
Nous l'ignorons, mais oeque nous savons
bien, c'est que la statue de la Vierge a dis
paru de la salle de classe où elle trônait
depuis des années ; ce que nous savons,
c'est que l'on a profité de l'instant où l'éoole
était dépourvue de titulaire pour faire dis
paraître l'image de Ja Mère de Dieu ; ce que
nous savons encore, c'est que la population
désigne M. le maire comme ayant jeté ce
défi à la population catholique du lieu et
comme ayant procédé à cet enlèvemeat su-
breptice avant l'ouverture des cours, qui a
eu lieu le lundi 10 octobre.
Nous espérons que la minorité du conseil
se fera l'écho de l'indignation publique à la
session de novembre, et protestera énergi-
qaement contre cet aote sauvage.
On lit dans le Temps :
L'église Notre-Dame d'Auteuil, qui a été
solennellement consacrée, par le cardinal
Richard, porte sur ses murs, comme déco
ration artistique, les armes de la ville de
Paris. Une modification a été introduite
dans le blason de la cité : les fleurs de lis ont
été remplacées par des étoiles.
Le Temps est incomplet. Il devrait
bien nous dire quand et par qui a été
introduite, dans le blason de la ville,
cette modification, dont personne jus
qu'ici n'avait entendu parler.
Dahomey
L'Agence Havas publie la note sui
vante :
Le transport le Mytho, qui se trouvait sur
la rade de Kotonou pour hospitaliser pro
visoirement les blessés et les malades du
Dahomey, vient de recevoir l'ordre <
transporter ceux-ci à'Dakar.
Le Mytho, après avoir évacué ses mala
des sur l'hôpital de Dakar, prendra 500 ou
600 hommes, dont 300 d'infanterie de ma
rine et le reste de tirailleurs sénégalais,
pour les transporter à Kotonou avec leurs
offioiers.
C'est, en effet, à Dakar, où le climat est
relativement bon, qu'avaient été expédiés
les détachements destinés à combler les
vides qui viendraient à se produire dans la
colonne expéditionnaire.
Tout dernièrement il a été expédié de
France 360 hommes d'infanterie de marine
qui attendaient à Dakar le moment d'être
dirigés sur le Bénin.
Gomme on le voit, les précautions étaient
prises d'avance pour maintenir au complet
le chiffre des effectifs qui avaient été indi
qué par le colonel Dodds comme néces
saire à ses opérations.
Celui-ci, d'ailleurs, n'a demandé jusqu'ici
aucun renfort.
Le correspondant du Temps à Porto-
Novo lui adresse la dépêche suivante:
Porto-Novo, 20 octobre.
La colonne expéditionnaire, après avoir
livré de nombreux combats entre Oubo-
médi et Akpa, dans les journées des 12,13,
14 et 15, s'est établie dans un camp fortifié,
à 2 kilomètres de Kotopa. Le reste de l'ar
mée. dahoméenne, 6,000 hommes environ,
oampe derrière le Koto, petite rivière cou
lant de l'est à l'ouest, à un kilomètre de
Kotopa.
Depuis le 16, il ne s'est produit aucune
attaque. Le colonel a pu évacuer tous les
blessés et les malades, et continuer son
ravitaillement. Il attend dans de très bon
nes posttiôns les renforts arrivant de diffé
rents points de la colonie. On espère que la
ville d'Abomey, située h 15 kilomètres en
viron du camp français, sera ooeupée pro
chainement.
Nous avons perdu dans les derniers oom-
bats le oapitaine Marmet, officier d'ordon
nance du colonel Dodds, et 15 hommes.
Nous avons 85 blessés, dont les comman
dants Stefant et Villiers, les capitaines Bat-
tréau et Fonssagrives, les lieutenants Gor-
netto, Passaga, Kieffer, d'Urbal, Grand-
montagne et Gelas. Ce dernier est mort
des suites de ses blessures.
Une dépêche adressée de Berlin à
Y Agence Havas, que nous avons repro
duite, disait que les maisons de com
merce françaises avaient vendu aux
Dahoméens des armes perfectionnées.
C'était la réédition d'un article qui
avait été publié dans la Gazette de
Cologne il y a quelques jours, et dans
lequel se trouvait le passage sui-
va»t :
Pour ce qui est du commerce des armes
fait avec le roi Behanzin par trois maisons
européennes établies à Whydah, on fait re
marquer que Whydah est situé en dehors
de la sphère de l'influence allemande, et
que les deux maisons françaises Mante
frères et Fabre ont pris à ce commerce
une part plus considérable que la maison
allemande Goodelt.
Le Temps a demandé à ces deux
importantes maisons (Je Marseille
leur avis à ce sujet, et voici les dé
pêches qu'il a reçues :
Marseille, 21 octobre 6 h. 20.
Nous vous prions de démentir vertement
l'infâme calomnie avancée par les Alle
mands. Nous affirmons n'avoir jamais, à
aucune époque, vendu un seul fusil perfec
tionné, ni un canon, ni une seule eartouche
au Dahomey, ni sur aucun autre point de la
côte d'Afrique.
Les vendeurs de fusils, canons et muni
tions perfectionnés, sont les Allemands de
Whydah, principalement la maiso n Wolber
et Brohm. C'est un Allemand du nom de
Richter qui a appris aux Dahoméens à en
user et qui a enseigné aux troupes de
Behanzin la tactique militaire.
Gyprien Fabrb.
Marseille, 21 octobre.
Infamie est le seul mot capable de carac
tériser cette calomnie.
Mantes frères et Borelli.
VAgence Havas nous communiqué
la dépêche suivante :
Le Pape continue à préparer activement
l'allocution qu'il prononcera au prochain
consistoire.
On croit que ce document pontifical sera
entièrement politique. Il traiterait de la si
tuation actuelle des catholiques en France;
delà Papauté et de l'Italie, et du progrès
du catholicisme en Angleterre.
Correspondance Romaine
Rome. 18 octobre.
Vous avez la laïcisation des hôpi
taux, nous en avons la destruction.
Depuis que le gouvernement eut l'idée
de nommèr un commissaire pour in
troduire des économies dans l'admi
nistration des hôpitaux, celui-ci ne
trouva d'autre expédient que de sup
primer l'hospice des pèlerins et des con
valescents, et il aurait supprimé aussi
l'hôpital de la Consolation, si la presse,
sans distinction de couleur politique,
n'eût levé la voix contre un acte si
évident de vandalisme moral. Main
tenant c'est une autre suppression
que le digne commissaire royal se
propose d'accomplir : celle de l'hospice
de Saint-Roch.
La fondation de Y hospice de Saint-
Roch date du commencement du
XVII* siècle. Ce fut un cardinal Sal-
viati, qui, se préoccupant du grand
nombre d'infanticides qui se véri
fiaient chaque année, eut l'heureuse
inspiration de fonder un hospica
pour les femmes qui vont accoucher.
Moyennant une rétribution de 1 fr.
25 cent, par jour, toute femme qui dé
sire y ê,tre admise, on la reçoit sur-le-
champ." On ne lui demande ni d'où
elle vient ni qui elle est. Elle doit seu
lement écrire son nom et le remettre
à la directrice sous enveloppe fermée,
qu'on ouvrira uniquement en cas de
mort. Si tout se passe bien, elle re
prendra l'enveloppe lorsqu'elle sor
tira de l'hospice, qu'elle quittera aussi
inconnue qu'elle y est entrée. Les
médecins, la sage-femme et tout le
Sersonnel de service font le serment
e garder le secret le plus absolu.
Personne ne peut visiter les malades,
pas même leurs parents, sauf dans
des cas d'une gravité exceptionnelle.
L'utilité morale et matérielle de
cette institution est si évidente, qu'il
né vaut pas la peine de là démontrer.
Et ce n'est pas seulement Rome qui
en profite.Souvent c'est des autres ré
gions de l'Italie et même de l'étranger
qu'on frappe à la porté de Y hospice
de Saint-Roch pour des malheureuses
qui demandent à cacher leur honte.
Que deviendront-elles ces pauvres
femmes;- où iront-elles chercher un
abri, lorsque l'hospice de Saint-Roch
ne sera plus là pour les cacher aux
yeux du monde ? Le commissaire
royal a décidé de les placer à Y hôpital
Soint-Jean ; mais, en supposant même
qu'elles y trouvent des soins aussi em
pressés, aussi complets, que leur
condition l'exigent, ce qu'elles n'y
trouvent pas,c'est le secret,c'est-à-dii e
la sauvegarde de leur honneur, de,
leur avenir. Tandis que Y hospice de
Saint-Roch, est très recherché, de Y hô
pital de Saint-Jean personne ne vou
dra. Par conséquent, ce que le com
missaire royal propose, ce n'est pas la
substitution d'un hôpital à un autre,
mais la destruction d'un asile qui ne
peut pas être remplacé. L'hospice de
Saint-Roch tel qu'il a été créé par son
fondateur est une trouvaille de la
chanté. Mais que voulez-vous que
comprenne à la charité un fonction
naire du gouvernement italien ?
A l'hôtel de la Civiltà Cattolica est v
mort, hier soir à 5 heures, l'illustre
jésuite, le P. Mathieu Liberatore. Il
était né àSalerne, le 14 août 1810 et le
9 octobre 1826 entra dans la Compa
gnie de Jésus,qui l'employa particuliè
rement dans l'enseignement delà phi
losophie. En 1850, son nom était déjà
bien connu à cause de plusieurs ou
vrages qu'il svait publiés, lorsque, avec
ses confrères de religion, les PP. Tap-
parelli, Bresciani et Curci, il fonda la
Cività Cattolica , dont il fut un des
principaux rédacteurs pendant quja-
rante-deux ans. La dernière page qu'il
a écrite est l'introduction de la bro
chure récemment publiée par le
P. Brandi : La Question française et le
Devoir catholique.
Pendant sa dernière maladie il in
voquait incessamment la sainte Vierge
H* 8939. — Edition quotidienne
Dimanche 23 Octobre 1892
ÉDITIO N QUOTID IENNE
PARIS ÉTRANGER
IT DÉPARTEMENTS (UNION POSTALE)
ÏJn an « « • « « « 65 d 66 n
Six mois 28 50 84 »
Trois mois. ... 15 » 18 »
&es abonnement» parten t des 1 » et 16 de chaque mois
ÏJN NUMÉRO I * 5 cent °
( Départéménts . . . 20 —
SUREAUX : Paris, 10, rue des Saints-Pàres
On Viiionne 11 Rome, place du Gesù, 8
SDÏTION SEMI-QU'®S^BNNE
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Six mois. .... 16 »
Trois mois. ... 8 50
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'(uniON POBTALZ)
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10 »
Le» abonnements partent des 1« et 16 de chaque mois
â'ÏITO ut répond pas des ntanuscrits oui lui sont adressé*
ANNONCES
m. LAGRANGE, CERF et G'«, 6, place da la Bourse
FRANGE
PARIS, 82 OCTOBRE 1892
Aujourd'hui on continue à la Cham
bre des députés la discussion de l'ar
bitrage. A l'ouverture de la séance
doit avoir lieu le second tour de scru
tin pour l'élection d'un vice-prési
dent. M. Etienne, que M. Viger ser
rait de si près — une voix de dif
férence, — l'emportera-t-il ? Les
accusations de M. de Morès laissées
sans réponse pourraient faire hésiter
bien de3 députés, même opportu
nistes.
Nos conseillers municipaux ont tenu
hier leur deuxième séance; ils ont
voulu donner un nouveau témoignage
de leur monomanie antireligieuse.
Ils ont décidé qu'une des voies de Pa
ris porterait le nom d'Ernest Renan,et
une commission a été chargée de re
chercher la rue qu'on débaptiserait en
l'honneur du doucereux apostat. Dans
la courte discussion qui a eu lieu à ce
sujet, on a parlé des mérites de l'écri
vain ; mais ce ne sont évidemment pas
ces mérites qui ont décidé le vote du
conseil municipal. Que d'écrivains, au
moins égaux à. M. Renan, n'ont pas
donné leur nom à une rue ! De plus, il
y à bien peu de nos conseillers muni
cipaux, médiocres "juges littéraires,
qui soient capables d'apprécier le style,
d'ailleurs surfait, de M. Renan.
Hier, nous enregistrions une note
officieuse d'après laquelle il n'y aurait
pas de Chinois, réguliers ou non, au
Tonkin, et noua exprimions des doutes.
Yoici, aujourd'hui, des renseigne
ments donnés par les journaux du
Tonkin, et d'après lesquels les Chinois
apparaissent nombreux dans les atta-
2ues dont nos troupes sont l'objet
ans le district de Langson. Les jour
naux du Tonkin sont placés pour être
bien informés, et leurs affirmations
doivent prévaloir contre les déclara
tions optimistes de M. de Lanessan,
surtout lorsqu'elles sont appuyées par
les faits. Il est évident que de simples
bandes de pirates ne tiendraient pas
en échec des colonies nombreuses et
surtout qu'elles Poseraient pas atta
quer des postes fortifiés.
Si nous er> croyons le Corriere di Na-
poli , « le gouvernement italien, ap
puyé par celui de l'Allemagne, aurait
demandé à l'Autriche son consente-
men pour rendre publique la . partie
(lu traité de la triple alliance relative
à raccord italo-austro-hongrois, et
l'Autriche aurait refusé ».
Le journal italien ajoute que, « cette
«demande était dictée par le désir de
■démontrer à la France que la triple
alliance est entièrement pacifique ».
C'est croire la France trop crédule
que de lui tenir de pareils propos.
L'inauguration du temple restauré
de "Wittenberg, l'ancienne collégiale
universitaire, est définitivement fixée
;au 31 octobre. Il parait qu'aucun des
souverains invités n'y assistera en
personne.
Une feuille berlinoise assure que
l'empereur Guillaume prononcera à
Wittenberg, en sa qualité de summus
episcopusr un grand discours « pour
■célébrer la mémoire du grand réfor
mateur ».
L'historien protestant Menzel, peu
suspect, a suffisamment dit ce que
valait Luther et son œuvre ; si l'em
pereur Guillaume s'inspire de ses
écrits, les hôtes de Wittenberg en
tendront des choses peu flatteuses
pour l'ex-moine augustin.
D'après Y Agence Russe , dont la
mote se trouve reproduite plus loin, le
conflit russo-turc au sujet de la Bul
garie, à propos duquel on faisait un
peu de tapage ces jours derniers, est
terminé. De fait, il n'y aurait pas eu
de conflit, mais un simple échange
de notes diplomatiques ne devant pas
aller plus loin. La Russie prévenait la
Turquie des dangers de sa politique
de concessien à l'égard de la Bulga
rie ; elle ne prétendait nullement
«xercer une pression sur la Sublime-
Porte. Celle-ci a répondu, et elle fera
vis-à-vis de la Bulgarie ce qu'elle
voudra.
Le Correspondant, la revue libérale,
n'est point favorable aux revendica
tions ouvrières. Son dernier numéro
nous en apporte une preuve de plus.
Dire, en effet, que dans tel pays la si
tuation des ouvriers est « trop heu
reuse », c'est montrer, il nous semble,
pour ceux-ci peu de bon vouloir,
c'est manifester un bien insuffisant
désir de voir s'améliorer en général
la position des travailleurs. Si heu
reuse que seit la condition d'un ou
vrier, se peut-il vraiment qu'il y ait
dans sa félicité un excès de superflu ?
Mais, en môme temps qu'il affirme
de nouveau ses sentiments hostiles
aux revendications ouvrières, le Cor
respondant nous fournit un argument
contre ses doctrines économiques et
speiales. Voilà des ouvrier» qui sont
trop heureux; ils ont trop de loisirs,
des. droits trop étendus, un salaire
excessif Eh'biftn^dans le pays affligé
de p.'' " ' s s ^ 1 "" se.
Ïlasse i •';*
e c4* '. !s ..v-.» 4 '. *'•' 'M. •' * 'X:-
grès sont-ils entravés ? la nation est-
elle en décadence ? Pas du tout ; c'est
le contraire. On a rarement vu un
aussi prompt, un aussi merveilleux
développement. Alors; il est donc
possible, sans nuire au bien-être gé
néral, sans arrêter la marehe ascen
dante d'un peuple, d'un pays, de don
ner satisfaction, dans une large me
sure, aux desiderata des ouvriers?...
On doit le croire, si l'on s'en rapporte
à l'article du Correspondant, duquel
cela ressort^ bien qu'il ne soit pas fait
en vue de cette démonstration.
C'est de l'Etat de Victoria, et plus
particulièrement de sa capitale Mel
bourne, en Australie, qu'il est ques
tion dans cet article. Evidemment,
là-bas, sous plus d'un rapport, la si
tuation n'est pas la même qu'en
Europe. Il s'agit d'un pays, non point
isolé, — Victoria est entourée d'Etats
rivaux, —; mais d'un pays neuf. Tout
ce qui est possible à Melbourne est
donc loin de l'être chez nous. Aussi
ne réclamons-nous pas, pour les ou
vriers du vieux monde, tous lès avan
tages conquis par ces travailleurs aus
traliens dont le Correspondant nous
expose la « trop heureuse » condition.
Nous désirons montrer simplement
que le triomphe des revendications
ouvrières, dans la mesure où elles
nous paraissent justes et raisonnables,
n'entraînerait pas les ruines, les ca
tastrophes, le cataclysme social qu'on
nous prédit, et nous citons, à titre
d'exemple et de preuve, l'Etat de Vic
toria. L'expérience y a été faite ; elle
a même été poussée plus loin que
nous ne le demandons. Qu'en est-il
résulté? L s Correspondant va nous le
dire.
Qu'est-ce que c'était que Melbourne,
il y a un demi-siècle ? Voici la des
cription qu'en trace James Backhouse,
qui visita cet embryon de ville en no
vembre 1837 :
Un assemblage de o ent maisons environ,
parmi lesquelles des auberges, une ca
serne, une prison et une éoole. Quelques-
unes des conslruotions sont en briques et
d'apparence assez décente. La plupart des
habitants vivent dans des tentes ou des ca
banes qui ressemblent à des chaumières,
en attendant une accommodation meil
leure. Il y a beaucoup d'agitation et de
trafic ; une bande de convicts est occupée à
niveler les routes.
Voulez-vous savoir à présent ce
qu'est aujourd'hui Melbourne? Ecou
tez le Correspondant :
Une ville de cinq oent mille âmes, qui
s'étend sur une superficie presque égale à
celle de Paris, présentant à la fois les deux
caractères de civilisation outrée et de pri-
mitivité naïve, mêlés de telle sorte qu'on
ne peut savoir lequel des deux l'emporte
sur l'autre. A côté des maisons à dix et
douze étages, les huttes australiennes, qui
ne se composent que d'un rez-de-chaussée
unique...
La description remplissant plu
sieurs pages, on comprendra que
nous nous abstenions de la repro
duire. Elle nous montre dans Mel
bourne une ville qui n'est pas finie ;
qui s'est trop espacée. Il faudrait cinq
cent mille autres habitants, au moins,
pour la peupler d'une façon suffi
sante. On y rencontre de vastes ter
rains vagues, des parcs mal entre
tenus, qui séparent les centres habi
tés. Mais dans ceux-ci régnent la civi
lisation, l'activité industrielle et même
intellectuelle,-le confort, lë luxe. L'air
est traversé par d'innombrables ré
seaux de fils télégraphiques ; le sol
est sillonné par de multiples lignes de
tramways perfectionnés, d'après une
invention récente, « admirable sys
tème de transports », s'écrie le Cor
respondant, « dont l'Europe ne se
doute même pas » î Bref, cette ville
encore en formation mérite, à bien
des égards déjà, le qualificatif de mar-
vellous que ses habitants lui ont dé
cerné. « Il est certainement merveil
leux », dit la revue libérale, « de pen
ser que cinquante années ont suffi
pour qu'à l'endroit où paissaient quel
ques troupeaux, une ville entière ait
surgi. » Et il faut ajouter que, selon
le Correspondant lui-même, l'Etat de
Victoria, tout entier, se développe
comme sa capitale. Fabriques et ma
nufactures s'élèvent en très grand
nombre. Non seulement la colonie
peut se suffire; mais elle exporte.
Elle répand ses produits dans les Etats
voisins, avec une telle abondance,
que ceux-ci ont dû recourir aux bar
rières de la protection, presque de là
prohibition, pour n'en être pas inon
dés, pour ne pas devenir tributaires
de Victoria.
Eh bienl quelle est donc en ce
pays, dont la situation économique
peut faire envie à bien des Etats d'Eu
rope, quelle est la condition des ou
vriers? C'est ce que nous allons voir
enfin. Et ce ne sera pas long. Les ou
vriers vivent là-bas sous le régime
des « trois huit ». Ils travaillent huit
heures, se distraient ou s'instruisent
pendant huit autres heures, et consa
crent les huit dernières heures au
sommeil. Aux trois huit, ils en ont
même ajouté un quatrième : ils sont
payés huit shillings, c'est-à-dire dix
francs. Et depuis quand fonctionne ce
régime, que la « presque universalité »
des habitants trouve, d'ailleurs, fort
« juste »? Oh ! ce n'est point d'hier. Il
est en vigueur depuis le 22 avril 1856,
. ■ ans bientôt. S'il a subi quel-
'v-ri-»""» c'est dans ce sens
que, tout compte fait, les ouvriers tra
vaillent un peu moins de huit heures
par jour, et gagnent, pour la plupart^,
un peu plus de huit shillings. Ils ont
èn outre, partout constitué des caisses
de secours, des caisses de retraites, etc...
Il est superflu d'ajouter qu'ils sont très
fortement organisés. Ce sont des droits
qu'ils revendiquent, et entendent faire
prévaloir. Ils ne s'en rapportent point
à la charité du patron. Ces pauvres
patrons, obligés à Melbourne de dis
cuter avec leurs ouvriers comme avec
une puissance égale, on sent que le
Correspondant les plaint vivement.
L'auteur de l'article ne nous dit ce
pendant pas que les patrons aspirent
à quitter leur lourde charge pour s'é
tablir ouvriers. Tant qu'on ne verra
point ce phénomène se produire, il
sera permis de croire que la situation
de patron, somme toute, est encore
préférable.
Les institutions politiques de l'Etat
de Victoria sont en rapport avec le ré
gime économique, ce qui donne à ce
lui-ci de grandes garanties de soli
dité. Ces institutions tendent même à
devenir de plus en plus et tout à fait
démocratiques. Ainsi, contrairement
à la coutume anglaise, les membres
de la Chambre basse reçoivent, à Mel
bourne, un traitement, ce qui rend
l'accès de l'Assemblée réellement pos
sible à tout le monde, même aux ou
vriers.
Il faut noter enfin, pour qu'on puisse
bien connaître, en son ensemble, la
situation, un point d'importance. Dans
l'Etat de Victoria, les doctrines du
libre-échange ne sont pas en faveur.
C'est le système de la protection qui
règne sans conteste. Et cela, certaine
ment, n'a pas peu contribué au mer
veilleux développement de cette co
loniè.
Voilà où en sont Melbourne et l'Etat
de Victoria. Est-il besoin de dire qu'il
a des ombres au tableau, des om-
res sur lesquelles l'article du Corres
ondant attire l'attention spéciale du
ecteur. L'ouvrier, là-bas comme chez
nous, est loin d'être toujours un mo
dèle de prévoyance, de sagesse et de
modération. L'industriel, le banquier,
le gouvernement lui-même ont par
fois des fantaisies peu raisonnables,
oublient de temps à autre les règles
de la prudence, de l'équité. On veut
aller trop vite, ce qui produit des
à-coups dans la marche, des crises.
Dernièrement, des spéculations sur
les terrains ont amené un krach.
M. Max Beulé, l'auteur de l'article,
prévoit quelques autres accidents de ce
genre, et nous prédit que Melbourne
traversera des « périodes de malaise ».
Mais quoi, n'est-ce point la loi même
des croissances? M. Beulé n'en con
clut pas moins que le "jeune Etat,
constitué comme il est, fondé sur le
régime économique et politique ci-
dessus décrit, est destiné à un bel,et
prospère avenir, et qu'on verra un
jour les Australiens, devenus un
grand peuple, indépendant de l'An
gleterre , choisir Melbourne, Mel
bourne dont « les essais sociaux au
ront peut-être servi de modèle à l'an
cien monde », pour capitale.
N'est-ce pas qu'il est intéressant et
instructif, l'article du Correspondant?
Pierres V euillot.
On a souvenir de ces jeunes gens de
Saint-Omer éliminés d'un concours,
uniquement parce qu'ils étaient élèves
des frères. Un fait analogue vient de
se passer dans l'Aude. Voici comment
le Courrier de l'Aude raconte la
chose :
Un jeune homme de Garcassonne, sta
giaire depuis six mois environ, désirait se
présenter au prochain concours de l'admi
nistration des postes. Selon le règlement, il
avait adressé sa demande à qui de droit.
De la direction générale on répondit que
la demande n'était pas admise.
De là, grand émoi dans la famille du
jeune homme, qui voulut savoir sur quels
motifs le refus était fondé.
On n'avait, fût-il répondu, aucun grief à
adresser au jeune homme à propos de sa
conduite,qu'on reconnaissait irréprochable.
Mais l'enquête, prescrite par l'administra
tion, lui avait permis de connaître les, sen
timents politiques et religieux du stagiaire.
N'avait-il pas été élevé dans un pension
nat de frères? Ne fréquentait-il pas des
milieux hostiles au gouvernement, tant au
point de vue religieux qu'au point de vue
politique ?
Cela suffisait.
Il est inutile d'insister à nouveau
sur le caractère odieux d'un pareil os
tracisme. Dans l'espèce, il est d'autant
plus significatif que,d'après les ren
seignements du Courrier de l'Aude, le
père du jeune homme, décédé il y a
quelques années, appartenait au parti
républicain. C'est donc l'application
du plan dévoilé à Nantes par M. Bour
geois, disant que, pour n'être pas mis
hors la loi. il ne suffit pas de crier :
Vive la République! mais qu'il faut
de plus crier : Viv$ la Révolution !
A plusieurs reprises, dans ces der
niers jours, M. le marquis de Morès,
dans la Libre Parole, a formellement
accusé M. Etienne,ancien sous-secré
taire d'Etat aux colonies, des méfaits
les plus graves. Il défiait en même
temps le député en cause de le pour-»
suivre devant les tribunaux.
Parmi les amis mêmes de
M. Etienne, il en e3t plusieurs qui
s'étonnent que ce défi n'ait pas en
core été relevé.
Un fonctionnaise, en effet, quand
il est l'objet d'accusations pareilles.n'a
pas le droit de laisser supposer que
son silence est d'or.
M. Jules ' Ferry, sénateur, ancien
président du conseil, et M. Barthé
lémy Saint-Hilaire, ancien ministre
des affaires étrangères, adressent à
l' Agence Havas la lettre suivante :
Paris, 22 octobre 1802.
s Monsieur le Directeur,
Au cours des polémiques qu'a soulevées,
dans ces derniers jours, la préface écrite
jjar M. Jules Ferry pour le livre de M. Fau-
cSn sur la Tunisie, divers journaux de
Rome et de Naples ont affirmé :
Qu'au moment de l'occupation de la ré-
gence parles troupes françaises, le général
lialdini, ambassadeur d'Italie, aurait reçu
de M. Barthélémy Saint-Hilaire l'assurance
formelle que la France ne s'emparerait pas
de la Tunisie, et qu'aussitôt que le Bey au
rait consenti à une rectification de frontières
du côté de l'Algérie, l'occupation militaire
cesserait totalement, y compris celle de Bi-
zerte;
«" Que ces déclarations auraient été confir
mées par un télégramme dicté au ministre
des affaires étrangères, en présence de
l'ambassadeur d'Italie, par le président du
cabinet de la République :
Et l'on ajoute que le « brouillon de ce té
légramme, de la main de M. Barthélémy
Saint-Hilaire, doit se trouver dans les pa
piers laissés par le général Cialdinit».
Ce récit ne contient pas un mot de vé
rité ; c'est une invention pure, à laquelle
nous donnons le plus absolu démenti. Nous
l'aurions laissé passer avec tant d'autres, si
la précision voulue des détails ne risquait
de faire illusion à quelques personnes de
bonne foi, au delà des Alpes.
Mais quand on prend la responsabilité de
telles assertions on les prouve. Il existe,
selon ces journaux si bien informés, un té
légramme écrit par M. Barthélémy Saint-
Hilaire : qu'on le produise.
Agréez, etc., etc.
Signé : Barthélémy Saint-Hilaire,
Jules Ferry.
La Semaine Catholique du diocèse de
Saint-Flour nous conte les détails d'une
expédition fort peu glorieuse, dont le
sous-préfet de Murât et l'inspecteur
académique de cet arrondissement
viennent d'être les tristes héros. Il
s'agit de l'expulsién des religieuses
de Saint-Saturnin, qui tenaient dans
cette^ commune une école d'où la laï
cisation même n'avait aucun droit de
les faire sortir. En effet, elles y sont,
aux termes d'une donation faite il y a
vingt ans par M. et Mme Bouchery,
qui n'avaient remis la maison scolaire
construite par eux à la commune qu'à
une condition expresse : celle que
l'école serait tenue par des religieuses.
Il était donc naturel qu'à l'invita
tion d'avoir à quitter leur couvent les
religieuses répondissent par tin refus
C'est alors que les autorités adminis
tratives résolurent d'avoir recours à
la violence et c'est pour ce bel exploit
que, le 15 octobre dernier, le sous-
préfet et l'inspecteur académique,
escortés par une brigade de gendar
merie qui devait les appuyer au be
soin, se présentaient au couvent de
Saint-Saturnin. Reçus à la porte par
la supérieure qui s'enquit de leurs des
seins, ils se virent arrêtés par une
protestation en_ règle, mais déclarè
rent qu'ils étaient décidés à passer
outre. Prenant acte, alors, de la vio
lence qui lui était faite, la digne su
périeure n'insista pas, réclamant seu
lement un délai de six jours pour dé
ménager. On n'osa pas le lui refu
ser.
Cependant, aux abords du couvent,
la population était massée, triste et
silencieuse devant cet incroyable abus
de la force. Dans la cour, les enfants
attendaient, eux, l'ouverture de la
classe du soir, se demandant pour
quoi les bonnes sœurs, leurs exeel-
lentes maltresses, étaient menacées
de quitter leur propre demeure. Que
serait-il advenu, demande avec raison
la Semaine Catholique, si la population
ne se fût pas contenue, s'il avait fallu
faire appel à la force armée et si les
religieuses ne s'étaient pas contentées
de protester ?
Notons qu'aux premiers indices de
la désaffectation qu'on vient d'impo
ser de la sorte, une pétition remise au
maire et transmise au préfet protes
tait des sentiments de la population
tout entière, favorable au maintien
des sœurs. Une fois de plus, à Saint-
Saturnin comme ailleurs, c'est donc à
l'encontre de la majorité qu'on pré
tend, au nom du suffrage universel,
expulser et déposséder les sœurs! La
question, du reste, n'est pas vidée, car
un procès est engagé contre la com
mune, par suite de la violation d'une
clause essentielle du legs dont nous
avons parlé plus haut. Or, la com
mune est manifestement hostile à
cette violation. Malgré la conduite
assez louche du maire Vidal, que dé
nonce la Semaine, il n'y a là-dessus
pas le moindre doute.
Voilà donc, par le fait de l'adminis
tration supérieure, la commune en
gagée dans des frais qui peuvent être
considérables, sans parler du montant
de la valeur d'un immeuble qu'elle
sera sans doute obligée de restituer.
Mais qu'importent tous ces détails aux
laïcisateurs ? Par le gaspillage des
millions qu'ils ont dépensés par cen
taines depuis (les années, ils ont suffi
samment montré qu'ils sont_ indiffé
rents à de pareils soucis. Et si on leur
fait entendre que c'est là, en outre,
une singulière façon de faire l'apaise
ment, ils répondront encore que cela
n'est pas dans leur programme, qui
est d'imposer partout la tyrannie la
plus intolérable.
A uguste R oussel.
On écrit à la Franche-Comté :
Le 2 octobre, à l'heure où presque tout
le monde repose, trois individus munis
d'une lanterne pénétraient dans l'éoole
communale des filles de Bonneveat, que
venait de quitter pour ne plus y rentrer la
religieuse institutrice. Ces hommes n é-
taient autres que le maire, flanqué fie deux
conseillers, ses oopainâ.
Que venaient-ils faire, profitant de l'obs
curité que l'on cherche quand on craint
d'être vu, que venaient-ils faire à l'école?...
Apprendre leur syntaxe ou réciter leur
table de Pythagore???...
Nous l'ignorons, mais oeque nous savons
bien, c'est que la statue de la Vierge a dis
paru de la salle de classe où elle trônait
depuis des années ; ce que nous savons,
c'est que l'on a profité de l'instant où l'éoole
était dépourvue de titulaire pour faire dis
paraître l'image de Ja Mère de Dieu ; ce que
nous savons encore, c'est que la population
désigne M. le maire comme ayant jeté ce
défi à la population catholique du lieu et
comme ayant procédé à cet enlèvemeat su-
breptice avant l'ouverture des cours, qui a
eu lieu le lundi 10 octobre.
Nous espérons que la minorité du conseil
se fera l'écho de l'indignation publique à la
session de novembre, et protestera énergi-
qaement contre cet aote sauvage.
On lit dans le Temps :
L'église Notre-Dame d'Auteuil, qui a été
solennellement consacrée, par le cardinal
Richard, porte sur ses murs, comme déco
ration artistique, les armes de la ville de
Paris. Une modification a été introduite
dans le blason de la cité : les fleurs de lis ont
été remplacées par des étoiles.
Le Temps est incomplet. Il devrait
bien nous dire quand et par qui a été
introduite, dans le blason de la ville,
cette modification, dont personne jus
qu'ici n'avait entendu parler.
Dahomey
L'Agence Havas publie la note sui
vante :
Le transport le Mytho, qui se trouvait sur
la rade de Kotonou pour hospitaliser pro
visoirement les blessés et les malades du
Dahomey, vient de recevoir l'ordre <
transporter ceux-ci à'Dakar.
Le Mytho, après avoir évacué ses mala
des sur l'hôpital de Dakar, prendra 500 ou
600 hommes, dont 300 d'infanterie de ma
rine et le reste de tirailleurs sénégalais,
pour les transporter à Kotonou avec leurs
offioiers.
C'est, en effet, à Dakar, où le climat est
relativement bon, qu'avaient été expédiés
les détachements destinés à combler les
vides qui viendraient à se produire dans la
colonne expéditionnaire.
Tout dernièrement il a été expédié de
France 360 hommes d'infanterie de marine
qui attendaient à Dakar le moment d'être
dirigés sur le Bénin.
Gomme on le voit, les précautions étaient
prises d'avance pour maintenir au complet
le chiffre des effectifs qui avaient été indi
qué par le colonel Dodds comme néces
saire à ses opérations.
Celui-ci, d'ailleurs, n'a demandé jusqu'ici
aucun renfort.
Le correspondant du Temps à Porto-
Novo lui adresse la dépêche suivante:
Porto-Novo, 20 octobre.
La colonne expéditionnaire, après avoir
livré de nombreux combats entre Oubo-
médi et Akpa, dans les journées des 12,13,
14 et 15, s'est établie dans un camp fortifié,
à 2 kilomètres de Kotopa. Le reste de l'ar
mée. dahoméenne, 6,000 hommes environ,
oampe derrière le Koto, petite rivière cou
lant de l'est à l'ouest, à un kilomètre de
Kotopa.
Depuis le 16, il ne s'est produit aucune
attaque. Le colonel a pu évacuer tous les
blessés et les malades, et continuer son
ravitaillement. Il attend dans de très bon
nes posttiôns les renforts arrivant de diffé
rents points de la colonie. On espère que la
ville d'Abomey, située h 15 kilomètres en
viron du camp français, sera ooeupée pro
chainement.
Nous avons perdu dans les derniers oom-
bats le oapitaine Marmet, officier d'ordon
nance du colonel Dodds, et 15 hommes.
Nous avons 85 blessés, dont les comman
dants Stefant et Villiers, les capitaines Bat-
tréau et Fonssagrives, les lieutenants Gor-
netto, Passaga, Kieffer, d'Urbal, Grand-
montagne et Gelas. Ce dernier est mort
des suites de ses blessures.
Une dépêche adressée de Berlin à
Y Agence Havas, que nous avons repro
duite, disait que les maisons de com
merce françaises avaient vendu aux
Dahoméens des armes perfectionnées.
C'était la réédition d'un article qui
avait été publié dans la Gazette de
Cologne il y a quelques jours, et dans
lequel se trouvait le passage sui-
va»t :
Pour ce qui est du commerce des armes
fait avec le roi Behanzin par trois maisons
européennes établies à Whydah, on fait re
marquer que Whydah est situé en dehors
de la sphère de l'influence allemande, et
que les deux maisons françaises Mante
frères et Fabre ont pris à ce commerce
une part plus considérable que la maison
allemande Goodelt.
Le Temps a demandé à ces deux
importantes maisons (Je Marseille
leur avis à ce sujet, et voici les dé
pêches qu'il a reçues :
Marseille, 21 octobre 6 h. 20.
Nous vous prions de démentir vertement
l'infâme calomnie avancée par les Alle
mands. Nous affirmons n'avoir jamais, à
aucune époque, vendu un seul fusil perfec
tionné, ni un canon, ni une seule eartouche
au Dahomey, ni sur aucun autre point de la
côte d'Afrique.
Les vendeurs de fusils, canons et muni
tions perfectionnés, sont les Allemands de
Whydah, principalement la maiso n Wolber
et Brohm. C'est un Allemand du nom de
Richter qui a appris aux Dahoméens à en
user et qui a enseigné aux troupes de
Behanzin la tactique militaire.
Gyprien Fabrb.
Marseille, 21 octobre.
Infamie est le seul mot capable de carac
tériser cette calomnie.
Mantes frères et Borelli.
VAgence Havas nous communiqué
la dépêche suivante :
Le Pape continue à préparer activement
l'allocution qu'il prononcera au prochain
consistoire.
On croit que ce document pontifical sera
entièrement politique. Il traiterait de la si
tuation actuelle des catholiques en France;
delà Papauté et de l'Italie, et du progrès
du catholicisme en Angleterre.
Correspondance Romaine
Rome. 18 octobre.
Vous avez la laïcisation des hôpi
taux, nous en avons la destruction.
Depuis que le gouvernement eut l'idée
de nommèr un commissaire pour in
troduire des économies dans l'admi
nistration des hôpitaux, celui-ci ne
trouva d'autre expédient que de sup
primer l'hospice des pèlerins et des con
valescents, et il aurait supprimé aussi
l'hôpital de la Consolation, si la presse,
sans distinction de couleur politique,
n'eût levé la voix contre un acte si
évident de vandalisme moral. Main
tenant c'est une autre suppression
que le digne commissaire royal se
propose d'accomplir : celle de l'hospice
de Saint-Roch.
La fondation de Y hospice de Saint-
Roch date du commencement du
XVII* siècle. Ce fut un cardinal Sal-
viati, qui, se préoccupant du grand
nombre d'infanticides qui se véri
fiaient chaque année, eut l'heureuse
inspiration de fonder un hospica
pour les femmes qui vont accoucher.
Moyennant une rétribution de 1 fr.
25 cent, par jour, toute femme qui dé
sire y ê,tre admise, on la reçoit sur-le-
champ." On ne lui demande ni d'où
elle vient ni qui elle est. Elle doit seu
lement écrire son nom et le remettre
à la directrice sous enveloppe fermée,
qu'on ouvrira uniquement en cas de
mort. Si tout se passe bien, elle re
prendra l'enveloppe lorsqu'elle sor
tira de l'hospice, qu'elle quittera aussi
inconnue qu'elle y est entrée. Les
médecins, la sage-femme et tout le
Sersonnel de service font le serment
e garder le secret le plus absolu.
Personne ne peut visiter les malades,
pas même leurs parents, sauf dans
des cas d'une gravité exceptionnelle.
L'utilité morale et matérielle de
cette institution est si évidente, qu'il
né vaut pas la peine de là démontrer.
Et ce n'est pas seulement Rome qui
en profite.Souvent c'est des autres ré
gions de l'Italie et même de l'étranger
qu'on frappe à la porté de Y hospice
de Saint-Roch pour des malheureuses
qui demandent à cacher leur honte.
Que deviendront-elles ces pauvres
femmes;- où iront-elles chercher un
abri, lorsque l'hospice de Saint-Roch
ne sera plus là pour les cacher aux
yeux du monde ? Le commissaire
royal a décidé de les placer à Y hôpital
Soint-Jean ; mais, en supposant même
qu'elles y trouvent des soins aussi em
pressés, aussi complets, que leur
condition l'exigent, ce qu'elles n'y
trouvent pas,c'est le secret,c'est-à-dii e
la sauvegarde de leur honneur, de,
leur avenir. Tandis que Y hospice de
Saint-Roch, est très recherché, de Y hô
pital de Saint-Jean personne ne vou
dra. Par conséquent, ce que le com
missaire royal propose, ce n'est pas la
substitution d'un hôpital à un autre,
mais la destruction d'un asile qui ne
peut pas être remplacé. L'hospice de
Saint-Roch tel qu'il a été créé par son
fondateur est une trouvaille de la
chanté. Mais que voulez-vous que
comprenne à la charité un fonction
naire du gouvernement italien ?
A l'hôtel de la Civiltà Cattolica est v
mort, hier soir à 5 heures, l'illustre
jésuite, le P. Mathieu Liberatore. Il
était né àSalerne, le 14 août 1810 et le
9 octobre 1826 entra dans la Compa
gnie de Jésus,qui l'employa particuliè
rement dans l'enseignement delà phi
losophie. En 1850, son nom était déjà
bien connu à cause de plusieurs ou
vrages qu'il svait publiés, lorsque, avec
ses confrères de religion, les PP. Tap-
parelli, Bresciani et Curci, il fonda la
Cività Cattolica , dont il fut un des
principaux rédacteurs pendant quja-
rante-deux ans. La dernière page qu'il
a écrite est l'introduction de la bro
chure récemment publiée par le
P. Brandi : La Question française et le
Devoir catholique.
Pendant sa dernière maladie il in
voquait incessamment la sainte Vierge
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