Titre : L'Univers
Éditeur : L'Univers (Paris)
Date d'édition : 1892-10-21
Contributeur : Veuillot, Louis (1813-1883). Rédacteur
Contributeur : Veuillot, Pierre (1859-1907). Rédacteur
Contributeur : Veuillot, François (1870-1952). Rédacteur
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Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 21 octobre 1892 21 octobre 1892
Description : 1892/10/21 (Numéro 8937). 1892/10/21 (Numéro 8937).
Description : Note : erreur de numérotation. Note : erreur de numérotation.
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
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Source : Bibliothèque nationale de France
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 06/02/2011
Vendredi 21 Octobre 1802
N* 8937. — Edition quotidienne
Vendredi 21 Octobre 1892
ÉDITIO N QUOTID IENNE
PARIS ÉTRANGER
■T DÉPARTEMENTS (umON POSTALï)
Un an ...... 55 •» . 66 »
Six mois . . . 28 50 84 »
Trois mois. ... 15 » 18 »
ït»s abonnements partent de3 1» et 16 de chaque mois
TTXT H.TTTTVffl3't»/-k 1 Pari S ......... 18 Oeiito
UN NUMERO { p éparté ménts ... 20 -
BUREAUX ; Paris, 10, rua des Saints-Père®
On s'ibonne i Rome, plsce du Gesù, 8
ÉDITION SEMI-QU^TÎB'SNNE
® n an . -. .
Six mois. .
Trois mois.
PARIS
. ST DÉPARTEMENTS
. a 30 M
. . 16 »
. . 8 50
ÉTRANGER
fUHION POSTAI,»)
36 »
19 »
10 »
L«s abonnements partent .des 4« et 16 de chaque mole
'•'IIYIBS m répond pas des marascrifs pi loi sont adressai
ANNONCES
MM. LAGRANGE, GERF et G 1 », 6, place da la Bourse
FRANGE
PÀRIS, 20 OCTOBRE 1892
Dès aujourd'hui l'oni commence la
discussion de la partie de la proposi
tion de loi de M. Baihaut relative à
l'arbitrage ; puis viennent divers pro
jets de loi se rapportant aux questions
ouvrières*
Au début de la séance, un scrutin
aura lieu pour l'élection d'un vice-
président en remplacement de M. Bur-
deau, devenu ministre de la marine.
On parle beaucoup de la candidature
de M. Etienne, l'ei-sous-secrétaire
d'Etat des colonies.
Au Sénat, très courte séancë, puis
qu'elle ne commence qu'à quatre
heures, où l'on fixera sans doute le
jour de la discussion de Tinterpella-
tion de M. Presneau au sujet des agis
sements des conseils .municipaux so
cialistes. ;
Nos Conseillers municipaux n'ont
f>as tardé à se signaler ; c'était hier
eur première séance, et ils ont débuté
par un vote en faveur des grévistes de
Garmaux, auxquels ils ont alloué un
subside dé 10,000 francs. Ce sont les
contribuables qui payent. Certains
conseillers, faisant de la « suren
chère » et de la réelame électorale,
demandaient 30,000 et même 50,000
francs.
Un conseiller socialiste, le citoyen
Heppenheimer, a donné le mot de ce
vote rendu à une belle majorité :
46 voix contre 6. « Du moment, a-t-il
dit, que le scrutin était public, mes
amis et moi n'avions plus d'inquié
tude : ceux de nos collègues qui au
raient pu être accessibles à quelque
défaillance ont été ainsi obligés de
remplir leur devoir. » Gomme ce so
cialiste connaît et juge bien ses col
lègues !
M. le préfet de la Seine a fait des
réserves pour la forme.
La fin ae la séance a été consacrée
à la discussion d'une question du doc
teur Dubois sur les hôpitaux de Paris.
L'administration de l'assistance pu
blique a été quelque peu malmenée,
non sans raison.
Après plusieurs jours d'attente un
peu fiévreuse, on a des nouvelles du
Dahomey ; elles ne confirment pas les
bruits inquiétants qui couraient. Le
colonel Dodds a continué sa marche
en avant ; de nouveaux engagements
ont eu lieu, qui ont bien tourné. Le
corps expéditionnaire était le 16 à
l'est d'Apka, et le colonel Dodds at
tendait pour une attaque, sans doute
décisive, d'avoir été ravitaillé.
On trouvera plus loin le texte du
traité imposé aux catholiques de l'Ou
ganda par le capitaine Lugard ; ce
texte étant accompagné de réflexions
qui en • font ressortir le caractère
odieux, nous n'avons pas à l'apprécier
ici.
Une très violente discussion s'est
engagée au Parlement hongrois au
sujet d'une tentative de conciliation
du ministère ; les Magyars affectent
l'indignation et se livrent aux décla
mations les plus révolutionnaires.
M. le comte Apponyi lui-même s'ést
laissé entraîner à d'étranges revendi
cations ; il est sur une pente glissante.
Gomme il convenait à une assemblée
catholique, la première séance du
congrès de Séville a été, en grande
partie, consacrée à l'examen de la si
tuation faite au Pape par l'usurpation
italienne. Là-dessus, le sentiment des
nombreux catholiques présents au
congrès (on y comptait 21 prélats,
500 prêtres et 2.000 laïquesj s'est ma
nifesté de la façon la plus nette par
un mot qui résumait admirablement
tous les discours. Vive le Pape-Roi 1
se sont écriés les congressistes, et ce
n'est pas en Espagne seulement que
ce cri trouvera un puissant écho.
Chose curieuse ! ceux qui ont cou
tume de dire que la question du pou
voir temporel est à jamais enterrée,
sont ceux qui se montrent le plus
émus de cette manifestation. Pourtant,
s'ils ont conscience d'exprimer la vé
rité en déclarant que c'en est fini de la
royauté pontificale, c'est de la pitié,
ce n'est pas de la colère qu'ils devraient
ressentir à l'égard des attardés qui
s'obstinent quand même à voir dans
le Pape un roi que sa dépossession n'a
pu dépouiller de ses droits. Or, voici
qu'au dire de la Lanterne l'incident
de Séville « fait un tapage énorme ».
Bien plus, « on s'attend à ce que le
cabinet de Rome envoie immédiate
ment une note pour exiger la répres
sion d'une manifestation attentatoire
à l'intégrité du territoire italien ».
Enfin, M. Canovas qu'on nous repré
sente comme « très mortifié de cet in
cident », est mis en demeure de don
ner sans retard satisfaction aux éner-
gumènes de la secte parce que,« après
avoir si cavalièrement dissous le con
grès des libre penseurs, il ne peut se
refuser à donner satisfaction à l'Italie
en sévissant contre les congressistes
catholiques ».
Cette conclusion est on ne peut plus
discutable, car l'assimilation est loin
d'être logique. En dissolvant le con
grès des libre-penseurs, le gouverne
ment espagnol n'a fait que réparer
son imprudence, le respect de .la
constitution lui faisant un devoir d'in
terdire un pareil congrès, ce qui eût
mieux valu que d'avoir à le dissoudre.
Mais que ferait-il si, d'aventure, il
songeait à poursuivre les congressistes
de Séville pour le fait d'avoir crié:
Vive le Pape-Roi? Dire que ce cri est
une manifestation attentatoire à l'in
tégrité de l'Italie, en sorte qu'on de
vrait à celle-ci la moindre réparation
pour ce fait, c'est méconnaître étran
gement la situation du nouvel Etat
italien par rapport aux autres puis
sances. Nous ne savons ce que con
tient à ce sujet le pacte secret de la
triple alliance; mais, en se référant
aux actes du congrès de Berlin, qui est
le dernier où aient figuré toutes les
grandes puissances européennes, il est
aisé de constater que l'Italie, qui avait
dès lors l'ambition de faire reconnaître
officiellement son « intégrité » ac
tuelle par l'Europe, a vu ses préten
tions repoussées. Pourquoi, sinon par
ce que les plénipotentiaires, saisis de
sa requête, n'entendaient pas pronon
cer ainsi par voie indirecte la dé
chéance du pouvoir temporel de la
Papaufté?
Encore que. les éléments matériels
de ce pouvoir aient été arrachés atl
Pape, on n'a donc, dans aucun proto
cole diplomatique, reconnu comme
légitime l'usurpBtion dont le Piémont
s'est rendu coupable dans les Etats de
l'Eglise. Il est superflu d'ajouter que,
même si ce protocole existait, les droits
imprescriptibles du Pape-Roi n'en se
raient pas affectés ; mais enfin l'Italie
ne peut même pas s'armer contre les
revendications catholiques d'un pa
pier de ce genre. •
Sans doute, on a vu, en toute occa
sion, les divers cabinets italiens pro
clamer superbement que la question
du pouvoir temporel de la Papauté
était, pour l'Italie, une question inté
rieure et que, le nouveau royaume
l'ayant résolue à sa convenance, toute
réclamation extérieure devenait ca
duque par cela même. Mais de telles
déclarations sont absolument sans va
leur, attendu qu'il ne saurait apparte
nir à une seule puissance intéressée
dans une question internationale d'ôter
à cette question son caractère d'inter
nationalité. De plus, on ne saurait ou
blier que la conquête de Rome et des
Etats pontificaux s'est faite au mépris
et par la violation la plus éhontée des
règles de l'hphhêteté la plus vulgaire,
par conséquent du droit des gens. On
ne saurait donc invoquer la prescrip
tion en sa faveur, même s'il ne s'agis
sait pas de propriétés dont le caractère
spécial fait qu'elles ne sauraient être
soumises aux règles ordinaires de
la prescription.
De tout cela, les preuves existent en
abondance dans tous les documents
histpriques publiés depuis plus de
trente ans. Il s'ensuit que le Pape, au
près duquel la représentation diplo
matique du, monde entier dit assez
qu'il est toujours tenu pour souverain,
n'a pas cessé d'être le roi que procla
ment les catholiques de Séville avec
ceux de la catholicité tout entière. Et
si l'on nous dit que le gouvernement
italien ne l'entend pas ainsi, nous ré
pondrons que des manifestations
comme celle de Séville ont précisé
ment l'avantage de le ramener à con
sidérer les choses du point de vue
qu'il vise à travestir.
A uguste R oussel.
On a remarqué le bref du Saint-
Père à Mgr Gatteau, à propos du récent
congrès de l'Union des œuvres réuni
à La Roche-sur-Yon. Le Pape y fait
allusion au voeu exprimé par cette as
semblée de voir bientôt le Saint-Siège
délivré des entraves qui l'oppriment
et en possession de l'indépendance
territoriale indispensable pour l'exer
cice de sa Souveraineté spirituelle.
Léon XIII, en effet, ne peut pas ne
pas protester contre l'état de dépen
dance où la Révolution a réduit le
successeur de saint Pierre ; il est re
connaissant de ce que les fidèles font
écho à sa voix, et si la triple alliance
l'accuse de lui être hostile, c'est bien
certainement parce que ce pacte, entre
autres clauses, garantit le maintien
d'un état de choses qui empêche le
Saint-Siège de jouir de la liberté né
cessaire à son magistère sacré.
C'est donc sous une heureuse inspi
ration qu'a agi le congrès de La Roche-
sur-Yon, rappelant les vœux formulés
antérieurement à Aurillac ét à Va
lence sur le même objet.
D'ailleurs, on sait que le congrès
de Valence a donné naissance ayi
Comité des Droits du Pape , dont le but
est de maintenir toujours vivante la
pensée de la violence faite au Pape,
et de l'injure soufferte du même coup
par la France très chrétienne.
En moins d'une année d'existence,
le Comité des Droits du Pape a déjà
rendu de signalés services. Il est en
relation avec les divers centres d'ac
tion catholiques dans le monde en
tier,en vue de l'indépendance du Saint-
Siège, et on peut lui attribuer une
bonne part d'influence dans le renou
vellement des protestations qui s'est
produit depuis peu. Il publie un Bul
letin, où l'on trouve réunies les nou
velles relatives au mouvement en
France et à l'étranger. Grâce à ce co
mité, la France chrétienne reste à la
tête des pays qui revendiquent les
droits d9 leur père commun ; il y a
donc lieu de donner une chaleureuse
adhésion à cette œuvre, car c'est faire
en même temps acte de piété filiale et
de patriotisme bien compris.
La
République Française
et sa législation
(Traduit.de la Civiltà Cattolica) (1)
— SUITE ET FIN
Le fameux cri de Gambetta : Le elérica-
lismé voilà Vennemil e'est le mot d'ordre
de la maçonnerie qui gouverne aujourd'hui
la France. Ce cri révèle quel est son but su
prême, qui est de faire la guerre à Jésus-
Christ et à l'Eglise, d'émanciper les peu
ples de la religion révélée, d'arrêter et de
détruire l'œuvre de la rédemption du genre
humain.
De cela nous avons une preuve nouvelle
dans les déclarations du convent maçon
nique célébré à Paris le mois dernier (sep
tembre, 11-18). Le sieur Dequaire-Grobel,
au nom de ses frères maçons et à leurs ap
plaudissements, a déclaré ce qui suit :
« Quand tout le monde en France se dit
républicain, il est naturel qu'il se forme
dans notre pays un parti en faveur de la
République républicaine, qui est la Répn-,
blique maçonnique, dont le mot d'ordre est
l'anticléricalisme notoire et le socialisme
laïque (c'est-à-dire athée) avec toutes les
libertés » (laïque et libertain).
Qu'on observe la marche ae la secte ma
çonnique en France, au point de vue de la
religion et de lamorale.et qu'on dise si, par
ses lois et ses doctrines, etle vise un autre
but. En fait, depuis, longtemps et obstiné
ment, elle travaille à ce qu'en France, ni le
magistère ni l'autorité de l'Eglise n'aient
aucune influence ; c'est pour oela qu'on
prêche partout l'abolition du Concordat et
l'entière séparation de l'Eglise et de l'Etat.
C'est par ce moyen qu'on veut soustraire
•le gouvernement français à la vertu divine
ment salutaire de la religion catholique, et
par suite organiser en tout et pour tout la
République, en dehors des institutions et
des doctrines de l'Eglise ; c'est au même
but que tendent les décrets contre les con
grégations religieuses,contre la liberté d'en
seignement, oontre les droits et les immu
nités des évêques et du clergé.
Ajoutez que, selon le programme du sus
dit convent maçonnique de 1892,« pour que
l 'Eglise soit séparé* de l 'Etat, il ne suffit pas
que le budget des cultes soit supprimé ; il
est nécessaire de plus que les emblèmes du
culte disparaissent des tribunaux et des
voies publiques, que l'Etat n'ait plus à four
nir à ses frais ni locaux, ni aumôniers; ni
ministras d'aucun culte, pas plus sur ses
navires que dans l'enceinte de ses lycées.
En un mot, il est nécessaire que la laïcisa
tion, qui s'épanouit sur le terrain scolaire,
soit étendue graduellement à tous les grands
offices publics et qu'on obtienne finalement
la neutralité absolue ».
Le Journal des Débats a dit en parlant de
ce convent : « Aujourd'hui la guerre à la
religion est devenue le premier devoir d 'Un
frano-maçon, et l'on a entendu un ancien
député radical, M. Blatin, au moment où
il se trouvait présider la réunion, déclarer
que la morale maçonnique est l'antagoniste
de la morale chrétienne. »
Et c'est vrai, car les francs-maçons, ré
pudiant toute révélation divine^ exagèrent
les forces et l'excellence de la nature et,
plaçant en elle le principe et la force unique
de la justice, ils ne savent plus concevoir
que, pour réfréner les mouvements et mo
dérer les appétits, il est besoin d'une sou
veraine constance et d'efforts continuels.
C'est la raison pour laquelle nous voyons
aujourd'hui qu'en France,et partout .où do
mine la vaste conspiration (2), on offre pu
bliquement tant d'attraits aux passions :
journaux et revues sans frein et sans pu
deur ; représentations théâtrales déshon-
nêtes au delà de toute expression ; arts di
vers cultivés selon les principes d'un réa
lisme effronté, la mollesse et le bien-vivre
propagés par toutes sortes d'inventions
raffinées : on un mot, on recherche avi
dement toutes les flatteries capables* de
séduire et d'endormir le sentiment moral.
Ces paroles sont empruntées à l'admira
ble Encyolique Humanum Genus, qui porte
la date du 29 avril 1884. Là, Léon XIII,
firenant directement à partie la société
ranç-maçonnique, ,dans l'ensemble de ses
doctrines, de ses desseins et de ses œuvres,
en démontre la nature perverse, et la dé
nonce avec autorité au monde comme en
nemie de Dieu, ennemie de Jésus-Christ,
ennemie de la vérité, ennemie de la mo
rale, ennemie de l'Eglise, ennemie de la
famille, ennemie de la société.
VI
Telle est la secte dans les mains de la
quelle se trouvent aujourd'hui les destinées
de la France catholique, fille aînée de
l'Eglise 1 II avait donc bien raison, le véné
rable Pontife, de s'écrier : Pauvre France l
Lui qui aime tant la France, il a le eoeur
transpercé par le spectacle des maux dont
elle est affligée ; car, plus que personne, il
en comprend la gravité et en prévoit les fu
nestes conséquences, celle, en particulier,
de détruire en France, de fond en comble
tout l'ordre religieux, domestique et social
qui a été créé par le christianisme.
En vue de faciliter cette destruction,l'on
a fait des lois antireligieuses, promulguées
durant les douze dernières années,et contre
lesquelles ont protesté et protestent,avec le
chef de l'Eglise, tous les évêques de France.
Telles sont : la loi du divorce, qui vise &
détruire la famille ; celle de l'enseignement
laïque ou athée de la jeunesse, qui mine
les bases mêmes de la concorde civile ; celle
du service militaire pour les clercs qui prive
l'Eglise des ministres dont elle a besoin
pour promouvoir l'entreprise qui lui a été
confiée par le divin Rédempteur.
M. Grosjean, organe fidèle de la maçon
nerie, parlant de ces trois lois dans l'opus
cule que nous avons plusieurs fois cité,
voudrait faire croire que ce sont des lois
fondamentales de la République , et il
(1) V. l 'Univers des 16 et 18 octobre. ~~~'
(2) Encyclique aux Français. •
ajoute : « Bien que les républicains (francs-
maçons) désirent la paix religieuse (!), il est
nécessaire de déclarer ici qu'aucun d'eux
ne consentira jamais à l'assurer par le sa
crifice de l'œuvre législative que l'on veut
détruire (3). »
En d'autres termes, M. Grosjean con
fesse — et en cela il ne se trompe, pas —
que la maçonnerie dominante, ne veut d'au
tre paix religieuse en France que celle qui
résulte de la destruction totale de la reli
gion, de ses œuvres et de ses institutions !
Donc, pour assurer le maintien de la reli
gion et, par la religion, le salut de la France,
il est de la plus haute nécessité que tous les
catholiques français, quelle que soit leur
politique, s'unissent pour combattre la Ré
publique, non pas en tant qu'elle représente
le pouvoir civil dans la forme où, de fait, il
existe, mais en tant qu'elle est maçonnique,
et c'est pour cela qu'il est nécessaire que
les catholiques, sur le terrain de l'opposi
tion constitutionnelle, combattent ces lois
insignes, lesquelles, comme nous l'avons
déjà dit, sont,nonpas des lois républicaines,
mais des lois maçonniques.
Les catholiques, comme l'enseigne le
Vicaire de Jésus-Christ, doivent donc avoir
en vue principalement et toujours les inté
rêts chrétiens. Que si ces intérêts périclitent
en quelque endroit, par une action enne
mie, ils doivent abandonner toute diver
gence et, d'un esprit et d'un cœur unis,
prendre la défense de la religion, qui est le
bien souverain et commun auquel tous les
autres doivent être subordonnés (4).
Le concept de Léon XIII n'est donc pas
politique, comme on l'a faussement affirmé
dans la réunion monarchique de Montau-
ban, mais éminemment religieux. Son En
cyclique aux Français, c'est la voix du ca
pitaine de la barque mystique qui est bat
tue par une violente tempête, ét cette voix
enflamme les nautonniers en vue de l'ac
tion; elle en dirige les mouvements et en
rassemble les forces afin" que les flots fu
rieux ne la submergent pas et que les pas
sagers ne tombent pas à la mer pour y trou
ver la mort.
Il convient de le répéter : dans les pré
sentes angoisses religieuses et politiques où
se débat leur pairie ,1e devoir des catholiques
français est tracé avec tant de clarté', de rai
son et de force par le Maître suprême et le
Modérateur de leur conscience, que nul ne
peut le négliger ou le combattre, ainsi que
l'a fait naguère M. d'Haussonville, sans se
déclarer et professer non seulement re
belle à l'autorité suprême de l'Eglise, mais
encore déraisonnablement ennemi de sa
propre patrie.
VAgence Dalziel communique à di
vers journaux l'information sui
vante :
Les membres du dîner celtique ont dé
cidé de donner un banquet funèbre con
sacré à la mémoire de leur doyen vénéré.
Dans le courant de novembre, les celti-
sants de Paris se réuniront au café Voltaire
pour le banquet « d'adieu » à Renan.
Le dîner celtique sera présidé par
M. Jules Simon et M. Berthelot, qui pro
nonceront des discours en l'honneur de
Renan.
Les chants bretons, qui figurent habi
tuellement au programme du dîner celtique,
seront supprimés, pour conserver à cette
cérémonie son entier caractère de tris
tesse.
Après ce dernier hommage rendu à
Renan, les membres du dîner celtique con
tinueront, comme par le passé, à se réunir
mensuellement, à partir du mois de dé
cembre.
« Banquet funèbre » est une trou
vaille, et les celtisants montrent par là
qu'ils étaient dignes d'être présidés,
en son vivant, par le triste person
nage auquel ils songent, après sa
mort, à donner un « banquet d'a
dieu ».
Ce qui étonne, c'est que M. Jules
Simon, qu'à certains jours on croirait
plus raisonnable, se mêle à cette dé
monstration païenne et qu'il y doive
prononcer un discours en l'honneur
au défunt. Il est vrai que déjà l'on
avait pu lire dans le Temps, il y a
quelques jours, un article du même
M. Jules Simon, où toutes les grâces
de son style caressant étaient dé
ployées pour faire l'éloge le plus ou
tré du blasphémateur des dogmes
chrétiens.
On se demandera comment le « pe
tit journaliste » du Temps concilie ces
flatteries avec l'ensemble des vérités
religieuses dont il continue à faire pro
fession, tout en ayant lui aussi, hélas!
abandonné les pratiques de la foi ca
tholique. Que de protestations élo
quentes ne l'a-t-on pas entendu faire,
soit dans la presse, soit à la tri
bune, contré les méfaits du radica
lisme impie et contre les graves dan
gers dont il menace la société ! Or, le
scepticisme railleur de l'infâme Renan
agissait peut-être avec plus de succès
encore pour ruiner, dans les esprits
du monde cultivé, les croyances dont
l'affaiblissement apporte tant de dom
mages à la société. L'œuvre de ce
malfaiteur littéraire est donc, pour le
moins, aussi déplorable que celle des
anarchistes, auxquels il prêtait d'ail
leurs un réel concours en s'attaquant
au fondement même de toute croyance.
Dès lors, nous le répétons, comment
M. Jules Simon peut-il louer celle-ci
tout en blâmant celle-là? Si on l'accu
sait, lui philosophe spiritualiste,d'être,
à l'instar d'Iiégel, partisan de l'iden
tité des contraires, il s'indignerait
sans nul doute et se plaindrait d'être
odieusement calomnié. Cependant que
fait-il, quand il met dans ses écrits et
ses discours l'étrange contradiction
que nous venons de signaler ?
A uguste R oussel.
(3) La Question religieuse, p. 46.
(4) Encyclique Sapientise Christianis,
Voici la traduction de la lettre la
tine adressée par le Saint-Père à
Mgr l'évêque de Northampton, au su
jet du futur centenaire de la conver
sion du roi Ethelbert :
Vénérable frère, Salut et Bénédic
tion apostolique.
Nous ne pouvons qu'approuver ardem
ment le projet que vous avez conçu et que
vous Nous avez fait récemment connaître,à
savoir qu'au mois de février 1897, trei
zième anniversaire séculaire de la date où,
pour l'heureuse prospérité de l'Eglise en
Angleterre, l'illustre roi de Kent, Ethel
bert, le premier d'entre les hommes illus
tres d'Angleterre, rejeta les vieilles supers
titions pour embrasser la foi chrétienne,
vous désirez que les catholiques anglais
célèbrent avec une pompe convenable la
mémoire de cet événement si heureux, et
qu'en cette circonstance on voie refleurir
plus joyeux le culte qui a fleuri jadis en
l'honneur dé ce très saint roi, ce à quoi,
dans un grand esprit de prévoyance, vous
appliquez dès à présent votre esprit et vos
soins.
Assurément l'origine d'une Eglise autre
fois si florissante est un événement digne
de fixer là mémoire reconnaissante de la
postérité, et c'est aussi avec un zèle tout-
spécial que les catholiques doivent honorer
c3 très saint pérsonnage qui, après avoir
embrassé avec une générosité d'âme toute
royale la foi qui lui était apportée de
Rome, l'imprima en lui par les mœurs les
plus pures et prit soin, avec un égal suc
cès, de la propager dans son royaume, par
sa sollicitude et sa munificence, grâce aux
hommes apostoliques qu'avait envoyés là
Notre prédécesseur Grégoire le Grand.
Or, pour que la célébration du souve
nir d'un fait si heureux soit consignée
dans quelque monument remarquable et de
longue durée, vous avez sagement décidé
que, dans le bourg de Slough, en votre dio
cèse, où il y a déjà un sanctuaire en
l'honneur du saint roi Ethelbert, un édifice
plus ample et plu3 noble fût érigé au trei
zième siècle survenu depuis sa régénération
en Jésus-Christ.
En y venant des autres contrées de
l'Angleterre, les catholiques rendront au
Dieu très bon de légitimes actions de grâces,
pour avoir jadis montré la lumière de la
foi à une nation opprimée par de si gran
des superstitions ; et par l'intercession du
très saint roi, ils demanderont ardemment
que le temps soit proche où la très noble
nation anglaise revienne aux embrassements
de cette mère qui l'a tout d'abord enfantée
à Jésus-Christ, et dont l'ont arrachée, par
le plus grand des malheurs, les doulou
reuses vicissitudes des temps postérieurs.
Pour Nous, Nous applaudissons autant
qu'il est en Nous à l'œuvre éclatante que
vous entreprenez, etNous la recommandons
souverainement aux autres évêques et aux
fidèles d'Angleterre,d'abord parce que Nous
sommes convaincu qu'avec la grâce de
Dieu il en sortira de nombreux avantages
pour le nom catholique en Angleterre,
puis, pour que Rome ne paraisse pas refu
ser un encouragement à une si heureuse com
mémoration, Rome d'où est venue d'abord
aux Anglais la doctrine de l'Evangile.
Et pour que tout arrive selon vos désirs,
Nous implorons le secours de Dieu,et Nous
voulons que vous en ayez pour gage la bé
nédiction apostolique que Nous vous don
nons du fond du cœur.
Donné à Rome, près Saint-Pierre, le
XXIV août de l'année MDCCCXCII, la
quinzième de Notre Pontificat.
LÉON XIII, PAPE.
— a»
Lettres de New-York
LES MIRACLES DH SAINTE ANNE
New-York, 7 octobre 1892.
Monsieur le rédacteur en chef,
Toute cette grande ville, ou, pour mieux
dire, tout notre pays est déjà en fête pour
Christophe Colomb. Les Italiens nous ont
envoyé, à grands sons de trompette, une
statue de l'illustre navigateur. Elle sera mon
tée sur son piédestal dans quelques jours.
Peu s'en est fallu que les italianissimes
aient empêché toute apparence de cérémo
nie religieuse à la pose de la première
pierre du monument. Mais le bon sens
américain n'aurait pas toléré l'absence de
l'élément religieux; et l'archevêque de
New-York a été invité à bénir la pre
mière pierre.
Et, certes, les catholiques de toute natio
nalité auront leur bonne place dans les pro
cessions grandioses de mercredi prochain,
12 octobre. Huit mille enfants des écoles
catholiques paroissiales de la ville forme
ront un chœur gigantesque à Union Square,
et chanteront des hymnes triomphales en
l'honneur du héros catholique qui a ouvert
un monde nouveau à la croix. Trente-cinq
mille membres des sociétés et des confré
ries catholiques défileront devant le général
en chef de nos armées et les membres du
cabinet de MM. Harrison. Deux généraux
catholiques, M. Mahon et O'Beirne, sont
les ordonnateurs de cette magnifique dé
monstration, — la plus magnifique qui ait
jamais eu lieu sur ces deux continents dé
couverts par Christophe Colomb. Dimanche
prochain, fête religieuse dans toutes les,
églises catholiques des Etats-Unis pour re
mercier Dieu de cette découverte, ainsi que
de tous les bienfaits dont sa providence
nous comble.
Non, Dieu n'est pas oublié dans ces fêtes
splendides d'un grand peuple libre ; et la
voix qui domine dans ce concert unanime
de louange et deténédiction, c'est la grande
voix de la religion catholique. Mais, si vous
me le permettez, je me donnerai le plaisir
de vous décrire ce triomphe de Christophe-
Colomb et de la croix qu'il a planté sur le
sol du nouveau monde, aussitôt la célébra
tion terminée.
^ Que je console et édifie les lecteurs de
I Univers , en leur parlant du grand mouve
ment catholique qui a commencé ici au
mois de mai dernier, qui grandit tons les
jours, et gagne tous les Etats de l'Union,
malgré les distractions causées par les
élections présidentielles, les fêtes en l'hon
neur de Christophe Colomb, et l'exposition
internationale de Chicago. Peut-être votre
correspondant habituel, M. l'abbé Mar
tin, vous aura-t-il déjà parlé de ce même
mouvement, qui doit son origine à l'arrivée
parmi nous d'une relique insigne de Sainte
Anne , envoyée par, le Souverain Pontife à
Sainte-Anne de Beaupré, près Québec.
Toutefois, comme j'ai vu da très près, et
suivi avec un intérêt toujours croissant,
faits dont je vais vous parier, ma nar-
ration ne pourra que plaire aux catholiques
de la France.
Mgr Calixte Marquis, protonotaire apos-"
tolique, mon cher compagnon de classe et
mon ami depuis plus de soixante ans, ar
riva donc à New-York le 1" mai dernier
et descendit chez M. l'abbé Fétreaù, curé
de l'église canadienne française dè Saint- '
Jean-Baptiste. Il fit savoir à M. Fétreau,
son ancien paroissien au Canada:, qu'il rap
portait avec lui de Rome une relique in- !
signe de sainte Anne,qu'il avait obtenue sur
la demande instante de Sa Sainteté, et qu'il
a.vait lui-même détachée du bras de la
bonne sainte que l'on conserve au monas
tère bénédictin de Saint-Paul-hors-les-
Murs, à Rome.
Comme Mgr Marquis devait partir pour
Québec le lendemain même de son arrivée
on le supplia d'exposer la sainfe relique à
vêpres ce jour-là même. La nouvelle s'en
répandit aussitôt dans la paroisse et les en
virons A vêpres, la petite église fut com-
ble. A la fin de 1 office, tout le monde voulut
vénérer la relique. Un jeune homme de
vingt et quelques années, épileptique invé
téré, s'approcha de l'autel avec- son père et
tomba en convulsions effrayantes sur 'les
gradins mêmes du sanctuaire. Il fallut
quatre hommes pour le retenir. Tout le
monde fut épouvanté. Mais aussitôt que lo
prêtre lui eut touché la poitrine avec la
relique, convulsions et cris cessèrent. C'é
tait une scène comme on en lit dans les
évangiles. On se sentit en présence de Jésus-
Christ; et la môme sénsation de crainte et
d adoration dont parlent les évangélistes
s'empara de tous ceux qui étaient dans
1 église.
La foule s'écoula silencieuse après avoir
vénéré avec un sentiment de foi vive ce
fragment du bras qui avait tant de fois
tenu et caressé la mère du Verbe in
carné.
Le lendemain, dès le point du jour les
portes de l'église Saint-Jean-Baptistè se
trouvèrentassiégées par une foule compacte
et cette .foule augmentait à chaque heure
jusque vers 11 heures du soir. Mgr Mar
quis dut ajourner son départ. On parlait de
guéris ons miraculeuses en grand nombre
et 1 on accourait des faubourgs de la grande
ville et de toutes les villes circonvoisines
Mgr Parley, vicaire général de Mgr Corri-
gan, autorisa l'exposition de la sainte re
lique, et durant les trois semaines qui
s écoulèrent jusqu'au 21 mai, on calcule
que pas moins de 250,000 à 300 000 per
sonnes vénérèrent le précieux fragment du
bras de la bonne sainte Anne.
Le New-York Herald, qui fut j 0 premier à
parler delà relique, consacra trois colonnes
en texte serré à son authenticité disant à
ses lecteurs comment Mgr Marquis l'avait
obtenue.Il citait tout au long la lettre adres
sée par ordre du Pape à l'abbé de Saint-
Paul, ainsi que le diplôme de celui-ci attes
tant l'authenticité du fragment donné à
Mgr Marquis. Rien ne pouvait être plus
respectueux que le ton du grand tournai
new-yorkais. Dès ce moment tous les
journaux du pays entretinrent, matin
et soir, leurs leôleurs dés scènes émou
vantes et des guérisons extraordinaires
qui avaient lieu à l'église Saint-Jean-Bap-
tiste. On venait de presque tous les Etats
de la grande République en deçà des Mon
tagnes Rocheuses. On se préparait à venir
même des bords de l'Océan Pacifique* et
4 on écrivait àMgr Marquis, le suppliant de
différer son départ. Mais ses supérieurs le
pressaient vivement de revenir. Il fallut
bien obéir.
Décrire ce qui s'est pas^é durant ces
trois semaines serait bien long, s'il était
possible de vous en donner une idée crue ,
conque. Tout cela rappelait vivement aux
spectateurs ce qui se passait en Galilée, aux
bords du lac de Genésareth, quand Notre
Seigneur ne pouvait se dérober, jour ou
nuit, aux saintes imporlunités des multitu
des JNJuU et jour, en effet, la pe ( ite dgilse
était assiégée par des milliers de personnes
dont la plupart devaient rester dehors
dans la rue, pendant que les prêtres à l'in
térieur s'efforçaient de satisfaire la pieuse
attente de ceux qui remplissaient l'édifice
II y avait un ordre admirable. Dans la rue'
des officiers de police maintenaient la foulé
des arrivants sur le parapet du côté de l'é
glise. Une grosse corde s'étendait tout Je
long de la rue depuis la station voisine du
chemin de fer élevé (Elevated Rail-road) A
mesure que l'église se vidah, ce flot vivant
s avançait lentement et entrait dans le «me
tuaire. On ne parlait pas, on ne s'im pat i eQ .
tait pas. loutle monde priait, et attendait
en silence le moment où la sainte mère de
a Vierge Marie lèverait sur eux le bras crui
leur donnerait la santé de l'âme ou celle du
corps.
Je me mettais souvent, matin et soir au
milieu de la rue pour contempler ces scè'nea
N* 8937. — Edition quotidienne
Vendredi 21 Octobre 1892
ÉDITIO N QUOTID IENNE
PARIS ÉTRANGER
■T DÉPARTEMENTS (umON POSTALï)
Un an ...... 55 •» . 66 »
Six mois . . . 28 50 84 »
Trois mois. ... 15 » 18 »
ït»s abonnements partent de3 1» et 16 de chaque mois
TTXT H.TTTTVffl3't»/-k 1 Pari S ......... 18 Oeiito
UN NUMERO { p éparté ménts ... 20 -
BUREAUX ; Paris, 10, rua des Saints-Père®
On s'ibonne i Rome, plsce du Gesù, 8
ÉDITION SEMI-QU^TÎB'SNNE
® n an . -. .
Six mois. .
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PARIS
. ST DÉPARTEMENTS
. a 30 M
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ÉTRANGER
fUHION POSTAI,»)
36 »
19 »
10 »
L«s abonnements partent .des 4« et 16 de chaque mole
'•'IIYIBS m répond pas des marascrifs pi loi sont adressai
ANNONCES
MM. LAGRANGE, GERF et G 1 », 6, place da la Bourse
FRANGE
PÀRIS, 20 OCTOBRE 1892
Dès aujourd'hui l'oni commence la
discussion de la partie de la proposi
tion de loi de M. Baihaut relative à
l'arbitrage ; puis viennent divers pro
jets de loi se rapportant aux questions
ouvrières*
Au début de la séance, un scrutin
aura lieu pour l'élection d'un vice-
président en remplacement de M. Bur-
deau, devenu ministre de la marine.
On parle beaucoup de la candidature
de M. Etienne, l'ei-sous-secrétaire
d'Etat des colonies.
Au Sénat, très courte séancë, puis
qu'elle ne commence qu'à quatre
heures, où l'on fixera sans doute le
jour de la discussion de Tinterpella-
tion de M. Presneau au sujet des agis
sements des conseils .municipaux so
cialistes. ;
Nos Conseillers municipaux n'ont
f>as tardé à se signaler ; c'était hier
eur première séance, et ils ont débuté
par un vote en faveur des grévistes de
Garmaux, auxquels ils ont alloué un
subside dé 10,000 francs. Ce sont les
contribuables qui payent. Certains
conseillers, faisant de la « suren
chère » et de la réelame électorale,
demandaient 30,000 et même 50,000
francs.
Un conseiller socialiste, le citoyen
Heppenheimer, a donné le mot de ce
vote rendu à une belle majorité :
46 voix contre 6. « Du moment, a-t-il
dit, que le scrutin était public, mes
amis et moi n'avions plus d'inquié
tude : ceux de nos collègues qui au
raient pu être accessibles à quelque
défaillance ont été ainsi obligés de
remplir leur devoir. » Gomme ce so
cialiste connaît et juge bien ses col
lègues !
M. le préfet de la Seine a fait des
réserves pour la forme.
La fin ae la séance a été consacrée
à la discussion d'une question du doc
teur Dubois sur les hôpitaux de Paris.
L'administration de l'assistance pu
blique a été quelque peu malmenée,
non sans raison.
Après plusieurs jours d'attente un
peu fiévreuse, on a des nouvelles du
Dahomey ; elles ne confirment pas les
bruits inquiétants qui couraient. Le
colonel Dodds a continué sa marche
en avant ; de nouveaux engagements
ont eu lieu, qui ont bien tourné. Le
corps expéditionnaire était le 16 à
l'est d'Apka, et le colonel Dodds at
tendait pour une attaque, sans doute
décisive, d'avoir été ravitaillé.
On trouvera plus loin le texte du
traité imposé aux catholiques de l'Ou
ganda par le capitaine Lugard ; ce
texte étant accompagné de réflexions
qui en • font ressortir le caractère
odieux, nous n'avons pas à l'apprécier
ici.
Une très violente discussion s'est
engagée au Parlement hongrois au
sujet d'une tentative de conciliation
du ministère ; les Magyars affectent
l'indignation et se livrent aux décla
mations les plus révolutionnaires.
M. le comte Apponyi lui-même s'ést
laissé entraîner à d'étranges revendi
cations ; il est sur une pente glissante.
Gomme il convenait à une assemblée
catholique, la première séance du
congrès de Séville a été, en grande
partie, consacrée à l'examen de la si
tuation faite au Pape par l'usurpation
italienne. Là-dessus, le sentiment des
nombreux catholiques présents au
congrès (on y comptait 21 prélats,
500 prêtres et 2.000 laïquesj s'est ma
nifesté de la façon la plus nette par
un mot qui résumait admirablement
tous les discours. Vive le Pape-Roi 1
se sont écriés les congressistes, et ce
n'est pas en Espagne seulement que
ce cri trouvera un puissant écho.
Chose curieuse ! ceux qui ont cou
tume de dire que la question du pou
voir temporel est à jamais enterrée,
sont ceux qui se montrent le plus
émus de cette manifestation. Pourtant,
s'ils ont conscience d'exprimer la vé
rité en déclarant que c'en est fini de la
royauté pontificale, c'est de la pitié,
ce n'est pas de la colère qu'ils devraient
ressentir à l'égard des attardés qui
s'obstinent quand même à voir dans
le Pape un roi que sa dépossession n'a
pu dépouiller de ses droits. Or, voici
qu'au dire de la Lanterne l'incident
de Séville « fait un tapage énorme ».
Bien plus, « on s'attend à ce que le
cabinet de Rome envoie immédiate
ment une note pour exiger la répres
sion d'une manifestation attentatoire
à l'intégrité du territoire italien ».
Enfin, M. Canovas qu'on nous repré
sente comme « très mortifié de cet in
cident », est mis en demeure de don
ner sans retard satisfaction aux éner-
gumènes de la secte parce que,« après
avoir si cavalièrement dissous le con
grès des libre penseurs, il ne peut se
refuser à donner satisfaction à l'Italie
en sévissant contre les congressistes
catholiques ».
Cette conclusion est on ne peut plus
discutable, car l'assimilation est loin
d'être logique. En dissolvant le con
grès des libre-penseurs, le gouverne
ment espagnol n'a fait que réparer
son imprudence, le respect de .la
constitution lui faisant un devoir d'in
terdire un pareil congrès, ce qui eût
mieux valu que d'avoir à le dissoudre.
Mais que ferait-il si, d'aventure, il
songeait à poursuivre les congressistes
de Séville pour le fait d'avoir crié:
Vive le Pape-Roi? Dire que ce cri est
une manifestation attentatoire à l'in
tégrité de l'Italie, en sorte qu'on de
vrait à celle-ci la moindre réparation
pour ce fait, c'est méconnaître étran
gement la situation du nouvel Etat
italien par rapport aux autres puis
sances. Nous ne savons ce que con
tient à ce sujet le pacte secret de la
triple alliance; mais, en se référant
aux actes du congrès de Berlin, qui est
le dernier où aient figuré toutes les
grandes puissances européennes, il est
aisé de constater que l'Italie, qui avait
dès lors l'ambition de faire reconnaître
officiellement son « intégrité » ac
tuelle par l'Europe, a vu ses préten
tions repoussées. Pourquoi, sinon par
ce que les plénipotentiaires, saisis de
sa requête, n'entendaient pas pronon
cer ainsi par voie indirecte la dé
chéance du pouvoir temporel de la
Papaufté?
Encore que. les éléments matériels
de ce pouvoir aient été arrachés atl
Pape, on n'a donc, dans aucun proto
cole diplomatique, reconnu comme
légitime l'usurpBtion dont le Piémont
s'est rendu coupable dans les Etats de
l'Eglise. Il est superflu d'ajouter que,
même si ce protocole existait, les droits
imprescriptibles du Pape-Roi n'en se
raient pas affectés ; mais enfin l'Italie
ne peut même pas s'armer contre les
revendications catholiques d'un pa
pier de ce genre. •
Sans doute, on a vu, en toute occa
sion, les divers cabinets italiens pro
clamer superbement que la question
du pouvoir temporel de la Papauté
était, pour l'Italie, une question inté
rieure et que, le nouveau royaume
l'ayant résolue à sa convenance, toute
réclamation extérieure devenait ca
duque par cela même. Mais de telles
déclarations sont absolument sans va
leur, attendu qu'il ne saurait apparte
nir à une seule puissance intéressée
dans une question internationale d'ôter
à cette question son caractère d'inter
nationalité. De plus, on ne saurait ou
blier que la conquête de Rome et des
Etats pontificaux s'est faite au mépris
et par la violation la plus éhontée des
règles de l'hphhêteté la plus vulgaire,
par conséquent du droit des gens. On
ne saurait donc invoquer la prescrip
tion en sa faveur, même s'il ne s'agis
sait pas de propriétés dont le caractère
spécial fait qu'elles ne sauraient être
soumises aux règles ordinaires de
la prescription.
De tout cela, les preuves existent en
abondance dans tous les documents
histpriques publiés depuis plus de
trente ans. Il s'ensuit que le Pape, au
près duquel la représentation diplo
matique du, monde entier dit assez
qu'il est toujours tenu pour souverain,
n'a pas cessé d'être le roi que procla
ment les catholiques de Séville avec
ceux de la catholicité tout entière. Et
si l'on nous dit que le gouvernement
italien ne l'entend pas ainsi, nous ré
pondrons que des manifestations
comme celle de Séville ont précisé
ment l'avantage de le ramener à con
sidérer les choses du point de vue
qu'il vise à travestir.
A uguste R oussel.
On a remarqué le bref du Saint-
Père à Mgr Gatteau, à propos du récent
congrès de l'Union des œuvres réuni
à La Roche-sur-Yon. Le Pape y fait
allusion au voeu exprimé par cette as
semblée de voir bientôt le Saint-Siège
délivré des entraves qui l'oppriment
et en possession de l'indépendance
territoriale indispensable pour l'exer
cice de sa Souveraineté spirituelle.
Léon XIII, en effet, ne peut pas ne
pas protester contre l'état de dépen
dance où la Révolution a réduit le
successeur de saint Pierre ; il est re
connaissant de ce que les fidèles font
écho à sa voix, et si la triple alliance
l'accuse de lui être hostile, c'est bien
certainement parce que ce pacte, entre
autres clauses, garantit le maintien
d'un état de choses qui empêche le
Saint-Siège de jouir de la liberté né
cessaire à son magistère sacré.
C'est donc sous une heureuse inspi
ration qu'a agi le congrès de La Roche-
sur-Yon, rappelant les vœux formulés
antérieurement à Aurillac ét à Va
lence sur le même objet.
D'ailleurs, on sait que le congrès
de Valence a donné naissance ayi
Comité des Droits du Pape , dont le but
est de maintenir toujours vivante la
pensée de la violence faite au Pape,
et de l'injure soufferte du même coup
par la France très chrétienne.
En moins d'une année d'existence,
le Comité des Droits du Pape a déjà
rendu de signalés services. Il est en
relation avec les divers centres d'ac
tion catholiques dans le monde en
tier,en vue de l'indépendance du Saint-
Siège, et on peut lui attribuer une
bonne part d'influence dans le renou
vellement des protestations qui s'est
produit depuis peu. Il publie un Bul
letin, où l'on trouve réunies les nou
velles relatives au mouvement en
France et à l'étranger. Grâce à ce co
mité, la France chrétienne reste à la
tête des pays qui revendiquent les
droits d9 leur père commun ; il y a
donc lieu de donner une chaleureuse
adhésion à cette œuvre, car c'est faire
en même temps acte de piété filiale et
de patriotisme bien compris.
La
République Française
et sa législation
(Traduit.de la Civiltà Cattolica) (1)
— SUITE ET FIN
Le fameux cri de Gambetta : Le elérica-
lismé voilà Vennemil e'est le mot d'ordre
de la maçonnerie qui gouverne aujourd'hui
la France. Ce cri révèle quel est son but su
prême, qui est de faire la guerre à Jésus-
Christ et à l'Eglise, d'émanciper les peu
ples de la religion révélée, d'arrêter et de
détruire l'œuvre de la rédemption du genre
humain.
De cela nous avons une preuve nouvelle
dans les déclarations du convent maçon
nique célébré à Paris le mois dernier (sep
tembre, 11-18). Le sieur Dequaire-Grobel,
au nom de ses frères maçons et à leurs ap
plaudissements, a déclaré ce qui suit :
« Quand tout le monde en France se dit
républicain, il est naturel qu'il se forme
dans notre pays un parti en faveur de la
République républicaine, qui est la Répn-,
blique maçonnique, dont le mot d'ordre est
l'anticléricalisme notoire et le socialisme
laïque (c'est-à-dire athée) avec toutes les
libertés » (laïque et libertain).
Qu'on observe la marche ae la secte ma
çonnique en France, au point de vue de la
religion et de lamorale.et qu'on dise si, par
ses lois et ses doctrines, etle vise un autre
but. En fait, depuis, longtemps et obstiné
ment, elle travaille à ce qu'en France, ni le
magistère ni l'autorité de l'Eglise n'aient
aucune influence ; c'est pour oela qu'on
prêche partout l'abolition du Concordat et
l'entière séparation de l'Eglise et de l'Etat.
C'est par ce moyen qu'on veut soustraire
•le gouvernement français à la vertu divine
ment salutaire de la religion catholique, et
par suite organiser en tout et pour tout la
République, en dehors des institutions et
des doctrines de l'Eglise ; c'est au même
but que tendent les décrets contre les con
grégations religieuses,contre la liberté d'en
seignement, oontre les droits et les immu
nités des évêques et du clergé.
Ajoutez que, selon le programme du sus
dit convent maçonnique de 1892,« pour que
l 'Eglise soit séparé* de l 'Etat, il ne suffit pas
que le budget des cultes soit supprimé ; il
est nécessaire de plus que les emblèmes du
culte disparaissent des tribunaux et des
voies publiques, que l'Etat n'ait plus à four
nir à ses frais ni locaux, ni aumôniers; ni
ministras d'aucun culte, pas plus sur ses
navires que dans l'enceinte de ses lycées.
En un mot, il est nécessaire que la laïcisa
tion, qui s'épanouit sur le terrain scolaire,
soit étendue graduellement à tous les grands
offices publics et qu'on obtienne finalement
la neutralité absolue ».
Le Journal des Débats a dit en parlant de
ce convent : « Aujourd'hui la guerre à la
religion est devenue le premier devoir d 'Un
frano-maçon, et l'on a entendu un ancien
député radical, M. Blatin, au moment où
il se trouvait présider la réunion, déclarer
que la morale maçonnique est l'antagoniste
de la morale chrétienne. »
Et c'est vrai, car les francs-maçons, ré
pudiant toute révélation divine^ exagèrent
les forces et l'excellence de la nature et,
plaçant en elle le principe et la force unique
de la justice, ils ne savent plus concevoir
que, pour réfréner les mouvements et mo
dérer les appétits, il est besoin d'une sou
veraine constance et d'efforts continuels.
C'est la raison pour laquelle nous voyons
aujourd'hui qu'en France,et partout .où do
mine la vaste conspiration (2), on offre pu
bliquement tant d'attraits aux passions :
journaux et revues sans frein et sans pu
deur ; représentations théâtrales déshon-
nêtes au delà de toute expression ; arts di
vers cultivés selon les principes d'un réa
lisme effronté, la mollesse et le bien-vivre
propagés par toutes sortes d'inventions
raffinées : on un mot, on recherche avi
dement toutes les flatteries capables* de
séduire et d'endormir le sentiment moral.
Ces paroles sont empruntées à l'admira
ble Encyolique Humanum Genus, qui porte
la date du 29 avril 1884. Là, Léon XIII,
firenant directement à partie la société
ranç-maçonnique, ,dans l'ensemble de ses
doctrines, de ses desseins et de ses œuvres,
en démontre la nature perverse, et la dé
nonce avec autorité au monde comme en
nemie de Dieu, ennemie de Jésus-Christ,
ennemie de la vérité, ennemie de la mo
rale, ennemie de l'Eglise, ennemie de la
famille, ennemie de la société.
VI
Telle est la secte dans les mains de la
quelle se trouvent aujourd'hui les destinées
de la France catholique, fille aînée de
l'Eglise 1 II avait donc bien raison, le véné
rable Pontife, de s'écrier : Pauvre France l
Lui qui aime tant la France, il a le eoeur
transpercé par le spectacle des maux dont
elle est affligée ; car, plus que personne, il
en comprend la gravité et en prévoit les fu
nestes conséquences, celle, en particulier,
de détruire en France, de fond en comble
tout l'ordre religieux, domestique et social
qui a été créé par le christianisme.
En vue de faciliter cette destruction,l'on
a fait des lois antireligieuses, promulguées
durant les douze dernières années,et contre
lesquelles ont protesté et protestent,avec le
chef de l'Eglise, tous les évêques de France.
Telles sont : la loi du divorce, qui vise &
détruire la famille ; celle de l'enseignement
laïque ou athée de la jeunesse, qui mine
les bases mêmes de la concorde civile ; celle
du service militaire pour les clercs qui prive
l'Eglise des ministres dont elle a besoin
pour promouvoir l'entreprise qui lui a été
confiée par le divin Rédempteur.
M. Grosjean, organe fidèle de la maçon
nerie, parlant de ces trois lois dans l'opus
cule que nous avons plusieurs fois cité,
voudrait faire croire que ce sont des lois
fondamentales de la République , et il
(1) V. l 'Univers des 16 et 18 octobre. ~~~'
(2) Encyclique aux Français. •
ajoute : « Bien que les républicains (francs-
maçons) désirent la paix religieuse (!), il est
nécessaire de déclarer ici qu'aucun d'eux
ne consentira jamais à l'assurer par le sa
crifice de l'œuvre législative que l'on veut
détruire (3). »
En d'autres termes, M. Grosjean con
fesse — et en cela il ne se trompe, pas —
que la maçonnerie dominante, ne veut d'au
tre paix religieuse en France que celle qui
résulte de la destruction totale de la reli
gion, de ses œuvres et de ses institutions !
Donc, pour assurer le maintien de la reli
gion et, par la religion, le salut de la France,
il est de la plus haute nécessité que tous les
catholiques français, quelle que soit leur
politique, s'unissent pour combattre la Ré
publique, non pas en tant qu'elle représente
le pouvoir civil dans la forme où, de fait, il
existe, mais en tant qu'elle est maçonnique,
et c'est pour cela qu'il est nécessaire que
les catholiques, sur le terrain de l'opposi
tion constitutionnelle, combattent ces lois
insignes, lesquelles, comme nous l'avons
déjà dit, sont,nonpas des lois républicaines,
mais des lois maçonniques.
Les catholiques, comme l'enseigne le
Vicaire de Jésus-Christ, doivent donc avoir
en vue principalement et toujours les inté
rêts chrétiens. Que si ces intérêts périclitent
en quelque endroit, par une action enne
mie, ils doivent abandonner toute diver
gence et, d'un esprit et d'un cœur unis,
prendre la défense de la religion, qui est le
bien souverain et commun auquel tous les
autres doivent être subordonnés (4).
Le concept de Léon XIII n'est donc pas
politique, comme on l'a faussement affirmé
dans la réunion monarchique de Montau-
ban, mais éminemment religieux. Son En
cyclique aux Français, c'est la voix du ca
pitaine de la barque mystique qui est bat
tue par une violente tempête, ét cette voix
enflamme les nautonniers en vue de l'ac
tion; elle en dirige les mouvements et en
rassemble les forces afin" que les flots fu
rieux ne la submergent pas et que les pas
sagers ne tombent pas à la mer pour y trou
ver la mort.
Il convient de le répéter : dans les pré
sentes angoisses religieuses et politiques où
se débat leur pairie ,1e devoir des catholiques
français est tracé avec tant de clarté', de rai
son et de force par le Maître suprême et le
Modérateur de leur conscience, que nul ne
peut le négliger ou le combattre, ainsi que
l'a fait naguère M. d'Haussonville, sans se
déclarer et professer non seulement re
belle à l'autorité suprême de l'Eglise, mais
encore déraisonnablement ennemi de sa
propre patrie.
VAgence Dalziel communique à di
vers journaux l'information sui
vante :
Les membres du dîner celtique ont dé
cidé de donner un banquet funèbre con
sacré à la mémoire de leur doyen vénéré.
Dans le courant de novembre, les celti-
sants de Paris se réuniront au café Voltaire
pour le banquet « d'adieu » à Renan.
Le dîner celtique sera présidé par
M. Jules Simon et M. Berthelot, qui pro
nonceront des discours en l'honneur de
Renan.
Les chants bretons, qui figurent habi
tuellement au programme du dîner celtique,
seront supprimés, pour conserver à cette
cérémonie son entier caractère de tris
tesse.
Après ce dernier hommage rendu à
Renan, les membres du dîner celtique con
tinueront, comme par le passé, à se réunir
mensuellement, à partir du mois de dé
cembre.
« Banquet funèbre » est une trou
vaille, et les celtisants montrent par là
qu'ils étaient dignes d'être présidés,
en son vivant, par le triste person
nage auquel ils songent, après sa
mort, à donner un « banquet d'a
dieu ».
Ce qui étonne, c'est que M. Jules
Simon, qu'à certains jours on croirait
plus raisonnable, se mêle à cette dé
monstration païenne et qu'il y doive
prononcer un discours en l'honneur
au défunt. Il est vrai que déjà l'on
avait pu lire dans le Temps, il y a
quelques jours, un article du même
M. Jules Simon, où toutes les grâces
de son style caressant étaient dé
ployées pour faire l'éloge le plus ou
tré du blasphémateur des dogmes
chrétiens.
On se demandera comment le « pe
tit journaliste » du Temps concilie ces
flatteries avec l'ensemble des vérités
religieuses dont il continue à faire pro
fession, tout en ayant lui aussi, hélas!
abandonné les pratiques de la foi ca
tholique. Que de protestations élo
quentes ne l'a-t-on pas entendu faire,
soit dans la presse, soit à la tri
bune, contré les méfaits du radica
lisme impie et contre les graves dan
gers dont il menace la société ! Or, le
scepticisme railleur de l'infâme Renan
agissait peut-être avec plus de succès
encore pour ruiner, dans les esprits
du monde cultivé, les croyances dont
l'affaiblissement apporte tant de dom
mages à la société. L'œuvre de ce
malfaiteur littéraire est donc, pour le
moins, aussi déplorable que celle des
anarchistes, auxquels il prêtait d'ail
leurs un réel concours en s'attaquant
au fondement même de toute croyance.
Dès lors, nous le répétons, comment
M. Jules Simon peut-il louer celle-ci
tout en blâmant celle-là? Si on l'accu
sait, lui philosophe spiritualiste,d'être,
à l'instar d'Iiégel, partisan de l'iden
tité des contraires, il s'indignerait
sans nul doute et se plaindrait d'être
odieusement calomnié. Cependant que
fait-il, quand il met dans ses écrits et
ses discours l'étrange contradiction
que nous venons de signaler ?
A uguste R oussel.
(3) La Question religieuse, p. 46.
(4) Encyclique Sapientise Christianis,
Voici la traduction de la lettre la
tine adressée par le Saint-Père à
Mgr l'évêque de Northampton, au su
jet du futur centenaire de la conver
sion du roi Ethelbert :
Vénérable frère, Salut et Bénédic
tion apostolique.
Nous ne pouvons qu'approuver ardem
ment le projet que vous avez conçu et que
vous Nous avez fait récemment connaître,à
savoir qu'au mois de février 1897, trei
zième anniversaire séculaire de la date où,
pour l'heureuse prospérité de l'Eglise en
Angleterre, l'illustre roi de Kent, Ethel
bert, le premier d'entre les hommes illus
tres d'Angleterre, rejeta les vieilles supers
titions pour embrasser la foi chrétienne,
vous désirez que les catholiques anglais
célèbrent avec une pompe convenable la
mémoire de cet événement si heureux, et
qu'en cette circonstance on voie refleurir
plus joyeux le culte qui a fleuri jadis en
l'honneur dé ce très saint roi, ce à quoi,
dans un grand esprit de prévoyance, vous
appliquez dès à présent votre esprit et vos
soins.
Assurément l'origine d'une Eglise autre
fois si florissante est un événement digne
de fixer là mémoire reconnaissante de la
postérité, et c'est aussi avec un zèle tout-
spécial que les catholiques doivent honorer
c3 très saint pérsonnage qui, après avoir
embrassé avec une générosité d'âme toute
royale la foi qui lui était apportée de
Rome, l'imprima en lui par les mœurs les
plus pures et prit soin, avec un égal suc
cès, de la propager dans son royaume, par
sa sollicitude et sa munificence, grâce aux
hommes apostoliques qu'avait envoyés là
Notre prédécesseur Grégoire le Grand.
Or, pour que la célébration du souve
nir d'un fait si heureux soit consignée
dans quelque monument remarquable et de
longue durée, vous avez sagement décidé
que, dans le bourg de Slough, en votre dio
cèse, où il y a déjà un sanctuaire en
l'honneur du saint roi Ethelbert, un édifice
plus ample et plu3 noble fût érigé au trei
zième siècle survenu depuis sa régénération
en Jésus-Christ.
En y venant des autres contrées de
l'Angleterre, les catholiques rendront au
Dieu très bon de légitimes actions de grâces,
pour avoir jadis montré la lumière de la
foi à une nation opprimée par de si gran
des superstitions ; et par l'intercession du
très saint roi, ils demanderont ardemment
que le temps soit proche où la très noble
nation anglaise revienne aux embrassements
de cette mère qui l'a tout d'abord enfantée
à Jésus-Christ, et dont l'ont arrachée, par
le plus grand des malheurs, les doulou
reuses vicissitudes des temps postérieurs.
Pour Nous, Nous applaudissons autant
qu'il est en Nous à l'œuvre éclatante que
vous entreprenez, etNous la recommandons
souverainement aux autres évêques et aux
fidèles d'Angleterre,d'abord parce que Nous
sommes convaincu qu'avec la grâce de
Dieu il en sortira de nombreux avantages
pour le nom catholique en Angleterre,
puis, pour que Rome ne paraisse pas refu
ser un encouragement à une si heureuse com
mémoration, Rome d'où est venue d'abord
aux Anglais la doctrine de l'Evangile.
Et pour que tout arrive selon vos désirs,
Nous implorons le secours de Dieu,et Nous
voulons que vous en ayez pour gage la bé
nédiction apostolique que Nous vous don
nons du fond du cœur.
Donné à Rome, près Saint-Pierre, le
XXIV août de l'année MDCCCXCII, la
quinzième de Notre Pontificat.
LÉON XIII, PAPE.
— a»
Lettres de New-York
LES MIRACLES DH SAINTE ANNE
New-York, 7 octobre 1892.
Monsieur le rédacteur en chef,
Toute cette grande ville, ou, pour mieux
dire, tout notre pays est déjà en fête pour
Christophe Colomb. Les Italiens nous ont
envoyé, à grands sons de trompette, une
statue de l'illustre navigateur. Elle sera mon
tée sur son piédestal dans quelques jours.
Peu s'en est fallu que les italianissimes
aient empêché toute apparence de cérémo
nie religieuse à la pose de la première
pierre du monument. Mais le bon sens
américain n'aurait pas toléré l'absence de
l'élément religieux; et l'archevêque de
New-York a été invité à bénir la pre
mière pierre.
Et, certes, les catholiques de toute natio
nalité auront leur bonne place dans les pro
cessions grandioses de mercredi prochain,
12 octobre. Huit mille enfants des écoles
catholiques paroissiales de la ville forme
ront un chœur gigantesque à Union Square,
et chanteront des hymnes triomphales en
l'honneur du héros catholique qui a ouvert
un monde nouveau à la croix. Trente-cinq
mille membres des sociétés et des confré
ries catholiques défileront devant le général
en chef de nos armées et les membres du
cabinet de MM. Harrison. Deux généraux
catholiques, M. Mahon et O'Beirne, sont
les ordonnateurs de cette magnifique dé
monstration, — la plus magnifique qui ait
jamais eu lieu sur ces deux continents dé
couverts par Christophe Colomb. Dimanche
prochain, fête religieuse dans toutes les,
églises catholiques des Etats-Unis pour re
mercier Dieu de cette découverte, ainsi que
de tous les bienfaits dont sa providence
nous comble.
Non, Dieu n'est pas oublié dans ces fêtes
splendides d'un grand peuple libre ; et la
voix qui domine dans ce concert unanime
de louange et deténédiction, c'est la grande
voix de la religion catholique. Mais, si vous
me le permettez, je me donnerai le plaisir
de vous décrire ce triomphe de Christophe-
Colomb et de la croix qu'il a planté sur le
sol du nouveau monde, aussitôt la célébra
tion terminée.
^ Que je console et édifie les lecteurs de
I Univers , en leur parlant du grand mouve
ment catholique qui a commencé ici au
mois de mai dernier, qui grandit tons les
jours, et gagne tous les Etats de l'Union,
malgré les distractions causées par les
élections présidentielles, les fêtes en l'hon
neur de Christophe Colomb, et l'exposition
internationale de Chicago. Peut-être votre
correspondant habituel, M. l'abbé Mar
tin, vous aura-t-il déjà parlé de ce même
mouvement, qui doit son origine à l'arrivée
parmi nous d'une relique insigne de Sainte
Anne , envoyée par, le Souverain Pontife à
Sainte-Anne de Beaupré, près Québec.
Toutefois, comme j'ai vu da très près, et
suivi avec un intérêt toujours croissant,
faits dont je vais vous parier, ma nar-
ration ne pourra que plaire aux catholiques
de la France.
Mgr Calixte Marquis, protonotaire apos-"
tolique, mon cher compagnon de classe et
mon ami depuis plus de soixante ans, ar
riva donc à New-York le 1" mai dernier
et descendit chez M. l'abbé Fétreaù, curé
de l'église canadienne française dè Saint- '
Jean-Baptiste. Il fit savoir à M. Fétreau,
son ancien paroissien au Canada:, qu'il rap
portait avec lui de Rome une relique in- !
signe de sainte Anne,qu'il avait obtenue sur
la demande instante de Sa Sainteté, et qu'il
a.vait lui-même détachée du bras de la
bonne sainte que l'on conserve au monas
tère bénédictin de Saint-Paul-hors-les-
Murs, à Rome.
Comme Mgr Marquis devait partir pour
Québec le lendemain même de son arrivée
on le supplia d'exposer la sainfe relique à
vêpres ce jour-là même. La nouvelle s'en
répandit aussitôt dans la paroisse et les en
virons A vêpres, la petite église fut com-
ble. A la fin de 1 office, tout le monde voulut
vénérer la relique. Un jeune homme de
vingt et quelques années, épileptique invé
téré, s'approcha de l'autel avec- son père et
tomba en convulsions effrayantes sur 'les
gradins mêmes du sanctuaire. Il fallut
quatre hommes pour le retenir. Tout le
monde fut épouvanté. Mais aussitôt que lo
prêtre lui eut touché la poitrine avec la
relique, convulsions et cris cessèrent. C'é
tait une scène comme on en lit dans les
évangiles. On se sentit en présence de Jésus-
Christ; et la môme sénsation de crainte et
d adoration dont parlent les évangélistes
s'empara de tous ceux qui étaient dans
1 église.
La foule s'écoula silencieuse après avoir
vénéré avec un sentiment de foi vive ce
fragment du bras qui avait tant de fois
tenu et caressé la mère du Verbe in
carné.
Le lendemain, dès le point du jour les
portes de l'église Saint-Jean-Baptistè se
trouvèrentassiégées par une foule compacte
et cette .foule augmentait à chaque heure
jusque vers 11 heures du soir. Mgr Mar
quis dut ajourner son départ. On parlait de
guéris ons miraculeuses en grand nombre
et 1 on accourait des faubourgs de la grande
ville et de toutes les villes circonvoisines
Mgr Parley, vicaire général de Mgr Corri-
gan, autorisa l'exposition de la sainte re
lique, et durant les trois semaines qui
s écoulèrent jusqu'au 21 mai, on calcule
que pas moins de 250,000 à 300 000 per
sonnes vénérèrent le précieux fragment du
bras de la bonne sainte Anne.
Le New-York Herald, qui fut j 0 premier à
parler delà relique, consacra trois colonnes
en texte serré à son authenticité disant à
ses lecteurs comment Mgr Marquis l'avait
obtenue.Il citait tout au long la lettre adres
sée par ordre du Pape à l'abbé de Saint-
Paul, ainsi que le diplôme de celui-ci attes
tant l'authenticité du fragment donné à
Mgr Marquis. Rien ne pouvait être plus
respectueux que le ton du grand tournai
new-yorkais. Dès ce moment tous les
journaux du pays entretinrent, matin
et soir, leurs leôleurs dés scènes émou
vantes et des guérisons extraordinaires
qui avaient lieu à l'église Saint-Jean-Bap-
tiste. On venait de presque tous les Etats
de la grande République en deçà des Mon
tagnes Rocheuses. On se préparait à venir
même des bords de l'Océan Pacifique* et
4 on écrivait àMgr Marquis, le suppliant de
différer son départ. Mais ses supérieurs le
pressaient vivement de revenir. Il fallut
bien obéir.
Décrire ce qui s'est pas^é durant ces
trois semaines serait bien long, s'il était
possible de vous en donner une idée crue ,
conque. Tout cela rappelait vivement aux
spectateurs ce qui se passait en Galilée, aux
bords du lac de Genésareth, quand Notre
Seigneur ne pouvait se dérober, jour ou
nuit, aux saintes imporlunités des multitu
des JNJuU et jour, en effet, la pe ( ite dgilse
était assiégée par des milliers de personnes
dont la plupart devaient rester dehors
dans la rue, pendant que les prêtres à l'in
térieur s'efforçaient de satisfaire la pieuse
attente de ceux qui remplissaient l'édifice
II y avait un ordre admirable. Dans la rue'
des officiers de police maintenaient la foulé
des arrivants sur le parapet du côté de l'é
glise. Une grosse corde s'étendait tout Je
long de la rue depuis la station voisine du
chemin de fer élevé (Elevated Rail-road) A
mesure que l'église se vidah, ce flot vivant
s avançait lentement et entrait dans le «me
tuaire. On ne parlait pas, on ne s'im pat i eQ .
tait pas. loutle monde priait, et attendait
en silence le moment où la sainte mère de
a Vierge Marie lèverait sur eux le bras crui
leur donnerait la santé de l'âme ou celle du
corps.
Je me mettais souvent, matin et soir au
milieu de la rue pour contempler ces scè'nea
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