Titre : L'Univers
Éditeur : L'Univers (Paris)
Date d'édition : 1892-10-13
Contributeur : Veuillot, Louis (1813-1883). Rédacteur
Contributeur : Veuillot, Pierre (1859-1907). Rédacteur
Contributeur : Veuillot, François (1870-1952). Rédacteur
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Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 13 octobre 1892 13 octobre 1892
Description : 1892/10/13 (Numéro 8930). 1892/10/13 (Numéro 8930).
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
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Source : Bibliothèque nationale de France
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 06/02/2011
Jeudi 13 Octobre 1892 N* 8930. — Edition quotidienne Jeudi 13 Octobre 1892
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PARIS ÉTRANGER
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ANNONCE3
MM. LAGRANGE, CERF et G 1 *, 6, place de la Bonne
m
FRANCE
PARIS, 12 OCTOBRE 1892
On. fête aujourd'hui le quatrième
centenaire de la découverte de l'Amé
rique par Christophe Colomb. Des ma
nifestations ont lieu sur les points les
plus divers. Ce centenaire aura achevé
de mettre en lumière le côté chrétien,
si longtemps méconnu, du caractère
et du rôle du grand navigateur.
Après bien des hésitations, le gou
vernement prend donc position à
Car maux. Un arrêté du préfet interdit
tous les rassemblements, pour assu
rer la liberté du travail, et certaine
ment cet arrêté n'a été pris qu'avec
l'assentiment, sinon sur l'ordre, du
ministre de l'intérieur. Cette fermeté
quelque peu tardive parait avoir sin
gulièrement irrité les mineurs, pu plu
tôt les meneurs de la grève. D'une
part, les maires s© sont refusés à
f)rocéder à l'affichage de l'arrêté, que
• préfet a dû faire faire d'autorité ;
d'autre part, les députés qui jouent un
rôle si étrange ont protesté, _et même
adressé des menaces as gouverne
ment. M. Dupuy-Dntemps, le singu
lier rapporteur du budget des cultes, a
déjà eavoyé au président du coaseil
ea demande d'interpellation.
Quelques jours seulement nous sé
parent de la rentrée des Chambres;
aussi s'ôccupe-t-on des incidents qui
peuvent se produire à la rentrée. On
en annonce plusieurs, mais la plupart
ne paraissent pas avoir une grande
importance. Deux questions seulement
sont sérieuses et pourraient mettre le
ministère en hasard : la grève de Car-
maux et le traité commercial avec la
Suisse. Sur la grève, si M. Loubet suit
réselûment la voie dans laquelle il
paraît être entré par l'arrêté préfecto
ral signalé plus haut, il est à peu près
certain de triompher. Pour le traité de
commerce , les dangers, sont plus
grands, surtout après le discours de
M. Jules Roche à Saint-Etienne, qui
a posé la question de cabinet. Toute
fois la discussion ne viendra pas dès
la rentrée, le traité devant être d'abord
renvoyé à la commission des douanes,
devant laquelle s'expliquerait le mi
nistère.
Ces jours-ci, avec la plupart des
journaux, nous signalions la gravité
de la situation au Tonkin. Il est incon
testable que les derniers courriers n'ont
pas apporté des nouvelles rassuran
tes; les bandes de piratés augmentent
et se multiplient ; les attaques contre
les troupes et les milices sont plus
sérieuses ; «t de nouveau apparaissent
les Chinois, parmi lesquels il y a cer
tainement des soldats de l'armée ré
gulière, si même ce ne sont pas des
corps organisés. Tout cela est grave.
Un article du prince Henri d'Orléans,
qui a étudié le pays et qui s'est mon
tré favorable à la politique d'expansion
coloniale et à l'œuvre de colonisation,
le montre fort bien. On en trouvera
çius loin les principaux passages.
Que se passe-t-il à Vienne entre les
deux empereurs ? On n'en sait absolu
ment rien. Le seul fait important jus
qu'ici, c'est que l'empereur Guillaume
s'est montré bienveillant pour le
comte Taaffe, président du ministère
de la Cisleithanie, auquel il a donné
une de ses décorations. Le fait a été
d'autant plus remarqué, qu'à son pré
cédent voyage l'empereur avait ré
servé, teutes ses prévenances pour
M. Tisza, alors président du conseil de
la Transleithanie.
Célébré dans presque toute l'Europe
«t les diverses parties du monde par
des fêtes solennelles où la religion a le
premier rang, le quatrième cente
naire de là découverte de l'Amérique
bous vaut aussi quelques tentatives
de démonstration d'un tout autre
genre. On sait déjà que les francs-
maçons se proposent de revendiquer
pour eux la gloire de Christophe Co
lomb, et qu'à cet effet un congrès, où
figureront de nombreuses délégations
de la secte, se tiendra dans quelques
semaines,en Espagne.
Bien que venant un peu tard, puis
que c'est aujourd'hui la date anni
versaire précise de la découverte du
Nouveau Monde, les manifestants li
bre-penseurs ne désespèrent pas d'ob
tenir quelque succès. En dépit de
l'éclat des fêtes religieuses, qui seules
correspondent au caractère de la dé-
couverte et aux sentiments bien con
nus de l'héroïque navigateur, ils se
persuadent que, sur ce point encore,
ils arriveront finalement à pervertir
l'opinion et à fausser l'histoire. Le ri
dicule même ne les arrête pas. Faire
de Colomb un précurseur de la libre-
pensée, quelle dérision! Pourtant*
c'est ce que la franc-maçonnerie cos
mopolite rêve de faire accroire à la
foule abusée. Pour audacieuse que soit
l'entreprise, on ose compter sur une
sorte de succès, garanti aux yeux des
sectaires par la crédulité avec laquelle
les incrédules de tout calibre accep
tent, sans le moindre contrôle, les as
sertions les plus mensongères de 1*
presse révolutionnaire.
Dans cette campagne, le Siècle lient
tout spécialement à se signaler. Pour
fûi, l'anniversaire du 12 octobre n'est
autre chose,dès avant le protestantisme,
que le triomphe du libre examen sur
la foi aux saintes Ecritures. « Le jour,
dit-il, où fut accomplie cette décou
verte, la cosmogonie patristique fut
détruite. L'autorité iijtellectuelle des
Pères de l'Eglise, du Saint-Siège, de
l'Inquisition* s'évanouit sous l'évi
dence du fait... Cie jour-là fut accom
pli dans le monde, entre le catholi
cisme et la science, ce divorce intel
lectuel que devaient élargir Magellan,
Copernic, Galilée et tous ceux qui, en
agrandissant le cercle des connais
sances et en reculant les limites de la
puissance humaine, ont démontré la
supériorité de la méthode expérimen
tale aux (sic) dogmes de la foi. »
A voir la belle assurance avec la
quelle M. Yves Guyot débite ces con
tre-vérités, qui ne croira, parmi le
commun des lecteurs du Siècle , que
Colomb, en effet, fut un révolté con
tre l'Eglise, avec laquelle* il aurait été
constamment en lutte ? Cependant
M. Yves Guyot, pour parler de Chris
tophe Colomb, doit avoir étudié son
histoire. L'ayant fait, il ne peut avoir
oublié ni quels étaient les sentiments
de foi qui faisaient agir Colomb, ni
que ses principaux soutiens et auxi
liaires furent précisément les reli
gieux et les gens d'Eglise. Quant à
croire que l'Eglise préconisait alors
comme article de foi un système de
cosmogonie dont .Colomb se serait
fait l'adversaire doctrinal, ce qui en
aurait fait un suspect aux yeux de
l'autorité religieuse, à quoi faut-il at
tribuer une semblable allégation,
fruit de l'ignoranee ou de la mauvaise
foi ? Il suffit, en effet, même à un ad
versaire de l'Eglise, de lire en toute
impartialité l'encyclique du Pape
sur le centenaire pour constater que
les metifs ne manquent pas qui
ont permis au Pape d'écrire : « Co
lomb est nôtre. Colombus noster
est. » Il résulte en outre d'une savante
étude publiée récemment par le docte
historien de Pierre d'Ailly, M. l'abbé
Salembier, que cet illustre cardinal,
lorsqu'il occupait le siège de Cambrai,
publia un ouvrage [Imago Mundi) où
il était parfaitement question de la
sphéricité de la terre. C'est même un
honneur pour notre pays de savoir
que Christophe Colomb connut cet
ouvrage et peut-être s'en inspira. En
effet, nous avons déjà dit, eh citant le
travail de M. Salembier, que les cha
noines de Séville conservent encore
dans leur bibliothèque un exem
plaire de Y Imago Mundi, sur lequel se
lisent 136 notes marginales, de la
main de Christophe Colomb. Il en
avait donc fait son étude, et, à coup
sûr, ce n'est point là qu'il eût puisé
les pensées impies que lui prête si
stupidement le Siècle. Qui ne sait
d'ailleurs que l'unique pensée du
hardi navigateur était, non pas celle
d'un aventurier vulgaire, mais celle
d'un chrétien plein de foi, qui veut
donner de nouvelles conquêtes à l'E
glise, pour le salut des âmes?Quand
il appelait « Saint-Sauveur » l'île où il
finit par aborder, ce nom n'était-il
pas l'indice de ses sentiments vérita
bles, lesquels s'exprimèrent de plus
en ce moment solennel par une prière
dont le texte est venu jusqu'à nous :
« Seigneur Dieu», s'écria-t-il les ge
noux en terre, * Dieu éternel ettout-
« puissant, c'est par votre Verbe sa-
« cré que vous ave* créé le ciel, la
« terre et la mer. Que votre nom soit
« béni et glorifié ! Louée soit votre
« Majesté, qui a daigné employer son
« humble serviteur à faire connaître
« et à prêcher votre saint nom dans
« cette autre partie du monde. I »
Libre au Siècle, malgré toutes ces
preuves décisives, de travailler à. faire
de Colomb un précurseur de l'hérésie
libre-penseuse. Mais nous avertissons
l'ex-ministre,ancien « petit employé »,
qu 'à soutenir pareille thèse, il sacrifie
trop à la secte ce qui peut lui rester
de gravité.
A u«ustb R qusshl.
Le ministère, lorsqu'il essaie de se
représenter ce que sera pour lui la
session extraordinaire de 4892, doit la
voir à peu près sous l'aspect d'un
champ de courses d'obstacles. La piste
est parsemée de haies, de barrières,
de murs, de rivières, etc... Il en est
qui semblent faciles à franchir ; mais
d'autres sont d'apparence redoutable^
Et le ministère, qui jamais ne s'est
senti bien solide en selle, se demande
avec une certaine anxiété s'il achèvera
le parcours. Le public, aussi, a des
doutes là-dessus. Il serait certaine
ment beaucoup moins surpris de voir
le cabinet faire quelque culbute ou
exécuter un plongeon, que de là voir
parvenir intact et vainqueur au
1" janvier 1893.
Sans parler du budget, qui consti
tue à lui seul toute une série d'obsta •
cles divers et dangereux, plusieurs
questions se dressent, qu'il va falloir
aborder très vite, et qui ne se présen
tent pas bien pour le ministère. Nous
ne voulons point les énumérer ici.
Mais comment, par exemple, franchi-
ra-t-il la discussion sur la grève de
Carmaux ? Il a étalé avec obstination,
en cette circonstance, une incapacité
telle, un tel ahurissement, que la
Chambre aura grande envie de lui si
gnifier, par quelque ordre du jour,
qu'il est jugé sur cette épreuve, et
qu'il est inutile pour lui d'aller plus
loin. La seule chance qu'il ait de se
tirer d'affaire, c'est que la chute du ca
binet, à propos de cette question de
Carmaux, pourrait avoir des consé
quences très graves en imprimant
une forte poussée au mouvement so
cialiste, déjà si Redoutable, Il est donc
possible que la Chambre daigne épar
gner le ministère; mais c'est bien
ébranlé qu'il continuera sa route, et
dans ces conditions, gare au prochain
obstacle !
Quel sera celui-ci 1 Peut-être le
traité de commerce francd-suissô.
Plus on approche du moment où ta
session va s'ouvrir, et plus il appa^
rait que la discussion qui s'engagera
sur cette convention douanière sera
sérieuse et chaude. La Chambre ad-
mettra-t-elle que le ministère ait affi
ché un tel manque de considération
pour ses votes ? Elle a établi un tarif
minimum. Cela veut bien dire que les
produits étrangers, inscrits sur ce ta
rif, ne peuvent être frappés d'un droit
inférieur à celui qu'elle a spécifié.
Tranquillement, le ministre des af
faires étrangères et celui du com
merce et de l'industrie, MM. Ribot
et R,oche, ont passé outre, avec l'as
sentiment de leurs collègues, aux dé
cisions formelles du Parlement, et
favorisé la Suisse d'un tarif minus
quant minimum. C'est en prendre fort
à son aise. Des protestations éner
giques se sont élevées de partout, bien
faites pour encourager la Chambre à
ne point tolérer cette véritable petitei
usurpation. Enfin, M. Méline Vient de
déclarer qu'il s'opposerait de tout son
pouvoir à la ratification du traité. Or.
M. Méline, au point de vue écono
mique, est le chef de la majorité à la
Chambre. Voilà donc, là aussi, le mi
nistère très fâcheusement engagé.
Tâchera-t-il de se désintéresser du
débat, sacrifiant au besoin MM. Ri
bot et Roche? Cette amputation de
deux membres, en le délestant, le
sauverait peut-être dans la circons
tance. Il franchirait tant bien que
mal l'obstacle. Mais ensuite, quelle
cause de faiblesse, et combien de
temps pourrait-il traîner èncore un
reste de vie?
Elle promet d'être mouvementée
et intéressante, la session extraordi
naire de 1892.
PlERRH VEUILLOT.
Le Journal de Rouen se pose la ques
tion suivante :
A quoi tient le. nombre de petitès men
diantes qu'on rencontra depuis quelques
jours dans les principales rues de la ville,
portant un panier plein de fleurs fanées,
toujours les mômes, qui leur sert de pré
texte pour demander l'aumône ?
A une ou deux exceptions près, ces fil
lettes sont en âge d'aller à l'école. Cela na
les empêche pas de courir les rues aux
heures de classe;
Comment tolère-t-on un pareil abus ?
A quoi cela tient? Mais uniquement
à ce que l'obligation n'a pu être appli-
Îuée, comme bien des inspecteurs
'académie l'ont constaté dans leurs
rapports.
D'ailleurs, que le Journal de Rouen
se rassure. Ce n'est pas à Rouen seule
ment que cet accroissement de la men
dicité et de quelques vices se constate.
Sa remarque peut s'appliquer à la plu
part des villes, et pour Paris, c'est par
dizaine de mille qu'on peut compter
les petits déserteurs de l'école.
Après tout, n'est-ce pas la morale
indépendante qui leur est prêchée?
Pourquoi ne la mettraient-ils pas en
pratique?
Après avoir fait enlever les crucifix
des salles de l'hôpital Saint-Joseph,
les francs-maçons de Moulins ont jugé
que la laïcisation n'était pas encore
suffisante, et voici qu'ils viennent de
faire arracher les statues religieuses
placées dans les différentes salles.
C'est, disent-ils, pour garantir la li
berté de conscience des libre-pen
seurs, ainsi dénommés de ce qu'ils ne
sont ni libres,'puisqu'ils sont menés
par leurs passions, ni penseurs.
, La laïcisation de l'hôpital Saint-Jp-
seph se complétera d'ailleurs par la
substitution pratique de la morale inr
dépendante à la morale religieuse.
On sait ce qu'a produit cette laïci
sation des hôpitaux à Paris, de l'aveu
même des plus incrédules parmi les
incrédules.
On nous oppose, il est vrai, la mort
d'une infirmière laïque au chevet des
cholériques, comme si cette excsption
n'était pas la règle chez les religieuses.
Voyez à Hambourg, pour ne citer
que le dernier exemple. Qui dono
fuyait le danger? Qui donc est accouru
au premier appel?
Voici la réponse de M, Emmanuel
Desgrées du Loû à l'article dé
M.Edouard Drumont :
Dans la Librt Parole de samedi, M. Dru-
mont veut bien m'honorer d'une réponse,
dont la dernière phrase m'a réjoui :
« Oa éprouve, dit-il, un certain étonne-
ment à voirua jeune homme, sans que rien
l'y oblige, venir ohanter lui aussi le Gloria
vietoribus et provoquer les écrivains indé
pendants à des débats qu'ils ne redoutent
pas, mais qu'ils évitent volontiers pour ne
pas contrister les âmes simples. »
Je ne suis pas u* écrivain, mais .J'ai la
prétentiop d'être un indépendant et, les
grands esprits me pardonnent 1 une âme
vraiment simple.
Et c'est pourquoi les généralisations,
dont la Libre Parole est trop souvent rem
plie, m'ont attristé.
Fallait-il donc taire ma tristesse? En
vérité, je ne le crois guère et, dans tous
les cas, M. Drumont doit savoir, pour l'à^
voir éprouvé lui-même, qu'il est bien dif
ficile de garder pour soi certaines vérités,
et qu'il arriva une heure où le silence est
insupportable. A ce moment, l'âme simple
jette spn cri et, ma foi! tant pis pour ses
pœurs 1
Un tel débat, d'ailleurs, ne devrait con
trister personne, et je suis à mon tour
étonné de voir un si vaillant écrivain prê
cher si fort cette maxime connue,que toute
yérité n'est pas bonne à dire.
C'est ici, je crois, qu'il faudrait distin
guer. Malheureusement, M. Drumont
n'aime pa? les distinguo. Il oublie sans
doute la dédaigneuse et juste réplique de
Mgr d'Hulstaux braillards de la gauche qui
feignaient d'ignorer que la distinction est
d'ordre élémentaire dès qu'on discute une
idée, une loi, ou même les conséquences
d'un fait.
« Quand on ne distingue pas, l'on con
fond », répondit l'jémiftçnt député.
En ma qualité d'âme simple et ne possé
dant de la théologie que des notions très
imparfaites, je ne m'arrêterai pas à déve
lopper la doctrine catholique ea matière 4?
gouvernement. v
Tout le monde sait cependant qu'entre la
définition des principes et leur application,
la force des choses oblige le plus souvent à
distinguer. Tout le monde sait aussi que
lEglise invite ses fidèles, aux époques de
crise, à subir patiemment un mal réel en
vue d'en éviter un plus grand. Tout le
monde sait enfla que les idées sont fatale
ment génératrices de faits, et que les faits
que nous voyons à cette heure, le fait juif
comme les autres, ne sont qu'une réoolte
fatale des faux dogmes de 80.
Or, la Révolution peut s'incarner tout
aussi bien dans un roi ou dans un empe
reur que dans une République. Pourquoi
donc obliger les catholiques de France à
s'inféoder à la monarchie ? Et si Léon XIII
nous dit,au nom d'une doctrine qui n'a pas
varié et qu'exposa en plein XIII 0 siècle
saint Thomas d'Aquia : « Ralliez-vous I »
pourquoi s'indigner ?
Nous ne chantons nullement le Gloria vie
toribus, puisque lès vainqueurs sont les fils
de la Révolution et que nous sommes ca
tholiques romains, c'est-à-dire nécessaire
ment contre-révolutionnaires. Mais nous ne
voulons pas que la mort des monarohies
soit celle de l'Eglise, et le mot du grand
républicain Garcia Moreno nous soutient :
Dieu rie meurt pas 1
Nous entrons dans la République pour en
chasser le personnel et pour en modifier
radicalement la législation.
Que certains catholiques, interprétant à
leur goût la parole du Pape, en profitent
pour baiser les pieds des gredins du jour,
c'est possible et fâcheux. Nous ne somme s
pas de ceux-là, et quand, au soir des fêtes
nationales ou prétendues telles, le Saoré-
Goaur illumine sa croix, nous ne voyons
dans le signe sacré flamboyant sur Paris
qu'un symbole de renouvellement social,
protestant oontre les orimes d'autrefois et
les infamies d'à présent.
Et je puis retourner alors au rédacteur
en chef de la Libre Partie son explioation :
« C'est comme cela, quoi qu'on pense
M. Drumont, et o'est comme cela parce
que oe n'est pas autrement. »
Explication fort simple, à coup sûr, et
qui, sous ce rapport, fait mon âme sœur de
la sienne.
Dirai-je que dans cet artiole M. Drumont
généralise enoore et se livre une fois de
pins au plaisir de faire valser dans sa
phrase les conditionnels et les futurs ? Ceux
qui l'ont lu l'ont bien vu, et je m'en tiens
là. " ; ■ ■■■■■'
Aussi bien, puisque l'éminent journaliste
veut bien, dès le début, faire allusion à ma
jeunesse, il y aurait, de ma part, mauvaise
grâce à parler plus longtemps.
Ce qui pesait sur mon âme, je l'ai dit. Je
l'ai dit dans VUnivers, tribune qui m'honore.
Et maintenant, simple soldat, je rentre
dans le rang, pas battu, je l'espère, et très
content.
Et toutefois, je regrette sincèrement de
ne pouvoir saluer qu'im allié dans M. Dru
mont, alors que ce polémiste, que j'aime
pour son talent et sa vigueur, aurait pu de
venir l'un des chefs de l'armée nouvelle, de
l'armée non pas monarchique ni conserva
trice, mais catholique.
Emmanuel Desqeébs su Loû.
Dom Sébastien
Le Congrès de Pau
Nous recevons les dépêches sui
vantes :
Pau, 12 octobre, 8 h. 17.
Hier soir, à eu lieu une réunion popu
laire.
Huit cents hommes y assistaient.
■ M. le ohanoine Dormagen a littéralement
enlevé son auditoire par un discours sur la
liberté et les catholiques.
Pau, 12 octobre, midi 15.
Les séanoes sont de plus en plus nom
breuses et animées.
On a entendu d'excellents rapports de
M. Etcheverry, député, sur les caisses de
crédit, et de M. de Garenne, conseiller gé
néral, sur les syndicats agricoles.
C'est le nom de religion d un ancien
zouave pontifical, le commandant
Wyart, qui fit adnjirer sous les armes
les plus belles qualités militaires et
qui, sous la bure, quand il a dû re
mettre son épée au fourreau, n'a pas
été un moindre .exemple des surémi-
nentes vertus du moine.
Ces vertus, il les fit paraître tout
d'abord comme novice, puis comme
religieux profès et comme abbé à la
trappe du Monte-Decat dans le Nord,
son pays d'origine. Plus tard, il fut
appelé à Rome comme procureur gé
néral des .trappistes,qui y ont leur ré
sidence. Là, quel est celui des pèlerins
de France qui n'a eu la joie ae voir,
dans quelqu'une des cérémonies de la
Ville éternelle, la belle et noble figure
de ce moine où se reflètent si puis
samment la douceur, la force et la
piété?
' Quelle a été son action dans les di
verses maisons de l'ordre, on l'appré
ciera par le choix dont il vient d'être
l'objet de la part des religieux de
l'ordre tout entier. Jusqu'ici, en effet,
les diverses trappes étaient indépen
dantes,et c'était le désir de bon nom-
hre des religieux qu'elles se réunis
sent sous la direction d'un seul abbé,
qui en serait lé général. Le Saint-
Père favorisait ce vœu, qui a pu enfin
être mené à réalisation.
Tous les délégués des diverses trap
pes se sont donc rassemblés à Rome
et, après approbation des statuts pré
parés ad hoc, ils ont procédé à l'élec
tion du supérieur général. C'est ainsi
que dom Sébastien devient le premier
abbé général des trappistes du monde
entier. Nulle part, les catholiques n'ap
plaudiront plus joyeusement qu'en
France à un choix si bien fait pour
rallier tous les suffrages.
Les Fêtes Colombiennes
Sous ce titre, M. le comte Roselly
de Lorgues nous a adressé hier la
lettre suivante où éclatent son admi
ration, son enthousiasme, son culte
pour Christophe Colomb :
Paris, le 11 octobre 1892.
Demain 12 octobre, notre planète offrira
aux habitants des cieux le plus admirable
spectacle qui se soit vu depuis la création.
Jamais notre soleil n'aura illuminé splen
deur semblable. Ce globe, durant les vingt-
quatre heures de sa rotation sur lui-même,
exultera d'une festivité inouïe.
Sauf en France, dès les naissantes clartés
de l'aube, les émouvantes salves de l'artille
rie, les vifs carillons des clochers, le roule
ment des tambours et les fiers accents des
clairons hâteront le réveil des grandes
cités.
L'Europe ne retentira pas seule d'une
exoitation inaccoutumée. Des horizons écla
tants de la Perse aux sommets du Liban,
des rives enchantées du Bosphore aux
rudes rochers du Maroc, sur les deux bords
opposés de la Méditerranée, les détonations
des forts, les argentines résonnances des
oloches, l'invitation nasillarde des muzzins
au haut des minarets mêlées aux sons mili
taires de la diane et aux pacifiques saluts
des vaisseaux, donneront également un
joyeux réveil aux populations maritimes.
A partir des Dardanelles jusqu'au détroit
de Gibraltar, dans toute l'étendue de la mer
d'azur, les îles aussi se mettront en liesse.
Les Cyolades, les îles Ioniennes, les Baléa
res, comme leurs grandes sœurs la Crête,
la Sicile et la Sardaigne, voudront partici
per ii cette fête universelle delà civilisation.
C'est que, pour là première fois, le genre
humain oommémore la journée, mainte
nant vieille de quatre siècles, où l'Ambas
sadeur de Dieu envoyé aux nations incon
nues, Christophe Colemb, vainqueur de la
mer ténébreuse, atterrissant au groupe des
Lucayes, poste avancé du nouveau monde,
y planta l'étendard de la Rédemption sur la
première île abordée, en prit possession
pour Notre-Seigneur Jésus-Christ, et, la
consacrant au Sauveur, l'anoblit de son
nom béni : San Salvador.
Dès cet instant, l'opération la plus vaste
de la pensée humaine et de la miséricorde
divine était accomplie, le nouvel hémis
phère reconnu et le monde aooru de sa se
conde moitié. L'œuvre du Créateur allait
enfin nous apparaître complète dans l'admi
rable ensemble de sa magnificence. Toutes
les navigations ultérieures, les explorations
et les conquêtes subséquentes de la science
ne devaient plus être que le résultat ou le
développement de oette journée si merveil
leusement confirmative des aperceptions
du génie fécondé par la foi.
En vérité, ce jour, qui ouvrit à l'esprit
humain des horizons nouveaux et agrandit
le domaine intellectuel non moins que l'es
pace terrestre, méritait d'être solennisé
partout où palpite une âme chrétienne ; et
il l'est enfin. ■»
Car, pendant la rotation diurne de notre
planète, à mesure que chacune de ses ré
gions arrive sous l'astre qui l'éclairé, les
premiers rayons y font naître la même allé
gresse ; inspirent aux chrétiens le même
désir de célébrer ce jour fortuné, de glori
fier la Providence et son messager Christo
phe Colomb.
Gomme si elle flottait dans l'air respira-
ble, une pensée identique semble, portée
par les vents,se communiquer à travers les
océans partout successivement. Elle passe
de la cité africaine aux îles du cap Vert, se
parsème dans le groupe des Canaries, se
montre aux Agores, franchit le grand cou
rant ooéanique, dépasse les Bermudes, s'a
vance sous les brumes de Terre-Neuve,
rencontre les eaux majestueuses du Saint- .
Laurent, de l'Arkansas, du Mississipi, du
Missouri, atteint la chaîne des Alleghanys,
les Montagnes Rocheuses, s'étend dans le
Far-West à l'infini.
Durant la même journée, le même nom
retentit dans les Sierras, les Andes, les
Pampas, aux multiples embouchures de
l'Orénoque, aux bords alluvionnaires de la
Plata, aux verdoyantes rives de l'Amazone
du Parana, du Rio-Négro; en, un mot sa
répète dans l'immensité du double conti
nent américain. Il circule de la baie d'Hud-
son jusqu'à l'extrémité de la Patagonie. Sa
gloire surmonte les éoueils du redoutable
cap Horn, près des flots que va congeleï
le pôle Antarctique.
*
La vieille Amérique au double eontinent
n'aura pas;le monopole de oette triomphante
manifestation. Les archipels du Pacifique,
le Japon, les Philippines, l'Australie, la
Tasmanie, Ceylan, les Seychelles, Mada
gascar, Natal, Cap-Towç çt les îles de
l'Atlantique solenniseront à leur tojir l'u-.
nité géographique due à Christophe .Co
lomb.
Sur l'immensité des flots, il y çfête aussi.
Elle s'entretiçn^ ,et se renouyeUe p. çhçiquè
rencontre des navires. Toute enj^re^tioa
qui de loin aperçoit une voile,ayant $e s'as
surer de sa route, la salue en se rappelant
.Colomb. L'humble loijgrp n'pyan.t que çoa
petit canon d'appel aux pilotes ne .çrajjidra
p^s d'user sa poudre en l'honneur de sou
nom immortel. Sur l'incommensurable sur
face des mers, jamais les détonations n'au
ront été si fréquentes et les canonnades*si
pacifiques. Depuis l'origine de la navigation,
jamais, dans l'empire des eaux l'épouvanta
n'atteindra sur des points plus distants les
muets habitants de l'onde. Les monstres
marins, les grands,cétacés vagabonds et les
timides bancs de poissons formés sous la
fucus neptunien des Sargasses, n'auront
jamais été ainsi terrifiés de ces bruits for
midables, dont frissonnent les airs. Jusque
dans les visoères de l'Océan, au fond .des
basses régions de l'abîme, retentira le mou-,
vement de cette journée consacrée par la
terre au héros des mers.
Le 12 octobre établit une date impéris
sable dans la mémoire de la civilisation. Cs
jour restera sans similaire, sans précédent» •
sans répétition, sans imitation possible. De-'
puis la dispersion de la postérité de No#
devant la tour 'de Babel aux plaines du Sen-
naar jusqu'à l'ère présente, l'imaginattoa
n'avait pu concevoir la grandeur des fêtes
mondiales que prépare aujourd'hui la grati
tude universelle. C'est la première fois que,
sans distinction de latitude, de race, de re
ligion et de nationalité, les peuples se ren
contrent dans le même sentiment, et qu'up
désir identique tire des langues les plus
dissemblables la même invocation à Chris
tophe Colomb (
Christophe Colomb ! nom radieux qu'au
cun autre n'égale, ni parmi I'innombrablei
multitude des vivants, ni dans l'ombre sé
culaire des générations disparues, et qui
demeure unique, hors de comparaison, au-
dessus de tout parallèle humain, par la
puissance ésotérique du symbolisme et sa
mystérieuse préfiguration.
* *
Puisque la franc-maçonnerie athée qui
nous opprime ne permet pas à la France dei
maintenir la prééminence de son aînesse
catholique dans cet hommage universel,
qu'au moins les âmes chrétiennes, les hom
mes de foi, les vrais fidèles s'efforcent de
célébrer, aveo la plus expressive solennité,
l'envoyé de la Providence, le héros aposto
lique auquel le Vicaire de Jésus-Christ, le
grand Léon XIII, nous recommande d'ac
corder « tous les témoignages possibles
d'honneur ».
Comte R os £ li < Y PIS Lpr»uis.
Correspondance Romainé
Rome, 10 ootobre 1892.
L'événement de la semaine est le
discours que M. Colombo, l'ancien mi
nistre des finances dans le ministère
Rudini, vient de prononcer à Milan.
Tandis que le gouvernement, en vue
des prochaines élections, s'efforce d©
faire croire que la situation financière
s'améliore de jour en jour davantage,
M. Colombo démontre, les chiffres
en main, que les prévisions ministé
rielles sont complètement inexactes.
Selon M. Grimaldi, l'actuel ministre
des finances, le déficit de l'année 1892-
93 n'irait pas au delà de 55 millions ;
M. Colombo, au contraire, croit qu'il
va monter jusqu'à 75 millions.
Mais ses prévisions sont encora
plus désolantes pour les anuées sui- •
vantes ; car pour l'année 1893-94, il
croit que le déficit sera de 100 mil
lions ; pour l'année 1894-95, de 120;
pour les années 1895-90et 1896-97, d©
140; pour l'année 1897-98, de 150 ; pour
l'année 1898-99 de 175 ; pour les an
nées 1899-1900, 1901-1902, et 1902-
1903, de 190 millions.
Devant cette situation, il croit qu'il
faut rétablir d'abord le cours forcé-
Une augmentation d'impôts est tout à
fait impossible, car le pays est épuisé.
Il faut donc des économies. Mais
sont-elles possibles ?
Les revenus de l'Etat montent à
1,540 millions, dont 730 millions sont
engloutis par les intérêts des 14 mil
liards de la dette publique. Les dé
penses militaires absorbent encore
350 millions, 200 millions disparais
sent dans les frais d'exaction. Il ne
reste que 260 millions pour tous les
autres services de l'Etat.
On ne peut donc réaliser des écono
mies que dans les dépenses militaires.
m tu lin ■iiinttifflnrrrr mm ■
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PARIS ÉTRANGER
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ANNONCE3
MM. LAGRANGE, CERF et G 1 *, 6, place de la Bonne
m
FRANCE
PARIS, 12 OCTOBRE 1892
On. fête aujourd'hui le quatrième
centenaire de la découverte de l'Amé
rique par Christophe Colomb. Des ma
nifestations ont lieu sur les points les
plus divers. Ce centenaire aura achevé
de mettre en lumière le côté chrétien,
si longtemps méconnu, du caractère
et du rôle du grand navigateur.
Après bien des hésitations, le gou
vernement prend donc position à
Car maux. Un arrêté du préfet interdit
tous les rassemblements, pour assu
rer la liberté du travail, et certaine
ment cet arrêté n'a été pris qu'avec
l'assentiment, sinon sur l'ordre, du
ministre de l'intérieur. Cette fermeté
quelque peu tardive parait avoir sin
gulièrement irrité les mineurs, pu plu
tôt les meneurs de la grève. D'une
part, les maires s© sont refusés à
f)rocéder à l'affichage de l'arrêté, que
• préfet a dû faire faire d'autorité ;
d'autre part, les députés qui jouent un
rôle si étrange ont protesté, _et même
adressé des menaces as gouverne
ment. M. Dupuy-Dntemps, le singu
lier rapporteur du budget des cultes, a
déjà eavoyé au président du coaseil
ea demande d'interpellation.
Quelques jours seulement nous sé
parent de la rentrée des Chambres;
aussi s'ôccupe-t-on des incidents qui
peuvent se produire à la rentrée. On
en annonce plusieurs, mais la plupart
ne paraissent pas avoir une grande
importance. Deux questions seulement
sont sérieuses et pourraient mettre le
ministère en hasard : la grève de Car-
maux et le traité commercial avec la
Suisse. Sur la grève, si M. Loubet suit
réselûment la voie dans laquelle il
paraît être entré par l'arrêté préfecto
ral signalé plus haut, il est à peu près
certain de triompher. Pour le traité de
commerce , les dangers, sont plus
grands, surtout après le discours de
M. Jules Roche à Saint-Etienne, qui
a posé la question de cabinet. Toute
fois la discussion ne viendra pas dès
la rentrée, le traité devant être d'abord
renvoyé à la commission des douanes,
devant laquelle s'expliquerait le mi
nistère.
Ces jours-ci, avec la plupart des
journaux, nous signalions la gravité
de la situation au Tonkin. Il est incon
testable que les derniers courriers n'ont
pas apporté des nouvelles rassuran
tes; les bandes de piratés augmentent
et se multiplient ; les attaques contre
les troupes et les milices sont plus
sérieuses ; «t de nouveau apparaissent
les Chinois, parmi lesquels il y a cer
tainement des soldats de l'armée ré
gulière, si même ce ne sont pas des
corps organisés. Tout cela est grave.
Un article du prince Henri d'Orléans,
qui a étudié le pays et qui s'est mon
tré favorable à la politique d'expansion
coloniale et à l'œuvre de colonisation,
le montre fort bien. On en trouvera
çius loin les principaux passages.
Que se passe-t-il à Vienne entre les
deux empereurs ? On n'en sait absolu
ment rien. Le seul fait important jus
qu'ici, c'est que l'empereur Guillaume
s'est montré bienveillant pour le
comte Taaffe, président du ministère
de la Cisleithanie, auquel il a donné
une de ses décorations. Le fait a été
d'autant plus remarqué, qu'à son pré
cédent voyage l'empereur avait ré
servé, teutes ses prévenances pour
M. Tisza, alors président du conseil de
la Transleithanie.
Célébré dans presque toute l'Europe
«t les diverses parties du monde par
des fêtes solennelles où la religion a le
premier rang, le quatrième cente
naire de là découverte de l'Amérique
bous vaut aussi quelques tentatives
de démonstration d'un tout autre
genre. On sait déjà que les francs-
maçons se proposent de revendiquer
pour eux la gloire de Christophe Co
lomb, et qu'à cet effet un congrès, où
figureront de nombreuses délégations
de la secte, se tiendra dans quelques
semaines,en Espagne.
Bien que venant un peu tard, puis
que c'est aujourd'hui la date anni
versaire précise de la découverte du
Nouveau Monde, les manifestants li
bre-penseurs ne désespèrent pas d'ob
tenir quelque succès. En dépit de
l'éclat des fêtes religieuses, qui seules
correspondent au caractère de la dé-
couverte et aux sentiments bien con
nus de l'héroïque navigateur, ils se
persuadent que, sur ce point encore,
ils arriveront finalement à pervertir
l'opinion et à fausser l'histoire. Le ri
dicule même ne les arrête pas. Faire
de Colomb un précurseur de la libre-
pensée, quelle dérision! Pourtant*
c'est ce que la franc-maçonnerie cos
mopolite rêve de faire accroire à la
foule abusée. Pour audacieuse que soit
l'entreprise, on ose compter sur une
sorte de succès, garanti aux yeux des
sectaires par la crédulité avec laquelle
les incrédules de tout calibre accep
tent, sans le moindre contrôle, les as
sertions les plus mensongères de 1*
presse révolutionnaire.
Dans cette campagne, le Siècle lient
tout spécialement à se signaler. Pour
fûi, l'anniversaire du 12 octobre n'est
autre chose,dès avant le protestantisme,
que le triomphe du libre examen sur
la foi aux saintes Ecritures. « Le jour,
dit-il, où fut accomplie cette décou
verte, la cosmogonie patristique fut
détruite. L'autorité iijtellectuelle des
Pères de l'Eglise, du Saint-Siège, de
l'Inquisition* s'évanouit sous l'évi
dence du fait... Cie jour-là fut accom
pli dans le monde, entre le catholi
cisme et la science, ce divorce intel
lectuel que devaient élargir Magellan,
Copernic, Galilée et tous ceux qui, en
agrandissant le cercle des connais
sances et en reculant les limites de la
puissance humaine, ont démontré la
supériorité de la méthode expérimen
tale aux (sic) dogmes de la foi. »
A voir la belle assurance avec la
quelle M. Yves Guyot débite ces con
tre-vérités, qui ne croira, parmi le
commun des lecteurs du Siècle , que
Colomb, en effet, fut un révolté con
tre l'Eglise, avec laquelle* il aurait été
constamment en lutte ? Cependant
M. Yves Guyot, pour parler de Chris
tophe Colomb, doit avoir étudié son
histoire. L'ayant fait, il ne peut avoir
oublié ni quels étaient les sentiments
de foi qui faisaient agir Colomb, ni
que ses principaux soutiens et auxi
liaires furent précisément les reli
gieux et les gens d'Eglise. Quant à
croire que l'Eglise préconisait alors
comme article de foi un système de
cosmogonie dont .Colomb se serait
fait l'adversaire doctrinal, ce qui en
aurait fait un suspect aux yeux de
l'autorité religieuse, à quoi faut-il at
tribuer une semblable allégation,
fruit de l'ignoranee ou de la mauvaise
foi ? Il suffit, en effet, même à un ad
versaire de l'Eglise, de lire en toute
impartialité l'encyclique du Pape
sur le centenaire pour constater que
les metifs ne manquent pas qui
ont permis au Pape d'écrire : « Co
lomb est nôtre. Colombus noster
est. » Il résulte en outre d'une savante
étude publiée récemment par le docte
historien de Pierre d'Ailly, M. l'abbé
Salembier, que cet illustre cardinal,
lorsqu'il occupait le siège de Cambrai,
publia un ouvrage [Imago Mundi) où
il était parfaitement question de la
sphéricité de la terre. C'est même un
honneur pour notre pays de savoir
que Christophe Colomb connut cet
ouvrage et peut-être s'en inspira. En
effet, nous avons déjà dit, eh citant le
travail de M. Salembier, que les cha
noines de Séville conservent encore
dans leur bibliothèque un exem
plaire de Y Imago Mundi, sur lequel se
lisent 136 notes marginales, de la
main de Christophe Colomb. Il en
avait donc fait son étude, et, à coup
sûr, ce n'est point là qu'il eût puisé
les pensées impies que lui prête si
stupidement le Siècle. Qui ne sait
d'ailleurs que l'unique pensée du
hardi navigateur était, non pas celle
d'un aventurier vulgaire, mais celle
d'un chrétien plein de foi, qui veut
donner de nouvelles conquêtes à l'E
glise, pour le salut des âmes?Quand
il appelait « Saint-Sauveur » l'île où il
finit par aborder, ce nom n'était-il
pas l'indice de ses sentiments vérita
bles, lesquels s'exprimèrent de plus
en ce moment solennel par une prière
dont le texte est venu jusqu'à nous :
« Seigneur Dieu», s'écria-t-il les ge
noux en terre, * Dieu éternel ettout-
« puissant, c'est par votre Verbe sa-
« cré que vous ave* créé le ciel, la
« terre et la mer. Que votre nom soit
« béni et glorifié ! Louée soit votre
« Majesté, qui a daigné employer son
« humble serviteur à faire connaître
« et à prêcher votre saint nom dans
« cette autre partie du monde. I »
Libre au Siècle, malgré toutes ces
preuves décisives, de travailler à. faire
de Colomb un précurseur de l'hérésie
libre-penseuse. Mais nous avertissons
l'ex-ministre,ancien « petit employé »,
qu 'à soutenir pareille thèse, il sacrifie
trop à la secte ce qui peut lui rester
de gravité.
A u«ustb R qusshl.
Le ministère, lorsqu'il essaie de se
représenter ce que sera pour lui la
session extraordinaire de 4892, doit la
voir à peu près sous l'aspect d'un
champ de courses d'obstacles. La piste
est parsemée de haies, de barrières,
de murs, de rivières, etc... Il en est
qui semblent faciles à franchir ; mais
d'autres sont d'apparence redoutable^
Et le ministère, qui jamais ne s'est
senti bien solide en selle, se demande
avec une certaine anxiété s'il achèvera
le parcours. Le public, aussi, a des
doutes là-dessus. Il serait certaine
ment beaucoup moins surpris de voir
le cabinet faire quelque culbute ou
exécuter un plongeon, que de là voir
parvenir intact et vainqueur au
1" janvier 1893.
Sans parler du budget, qui consti
tue à lui seul toute une série d'obsta •
cles divers et dangereux, plusieurs
questions se dressent, qu'il va falloir
aborder très vite, et qui ne se présen
tent pas bien pour le ministère. Nous
ne voulons point les énumérer ici.
Mais comment, par exemple, franchi-
ra-t-il la discussion sur la grève de
Carmaux ? Il a étalé avec obstination,
en cette circonstance, une incapacité
telle, un tel ahurissement, que la
Chambre aura grande envie de lui si
gnifier, par quelque ordre du jour,
qu'il est jugé sur cette épreuve, et
qu'il est inutile pour lui d'aller plus
loin. La seule chance qu'il ait de se
tirer d'affaire, c'est que la chute du ca
binet, à propos de cette question de
Carmaux, pourrait avoir des consé
quences très graves en imprimant
une forte poussée au mouvement so
cialiste, déjà si Redoutable, Il est donc
possible que la Chambre daigne épar
gner le ministère; mais c'est bien
ébranlé qu'il continuera sa route, et
dans ces conditions, gare au prochain
obstacle !
Quel sera celui-ci 1 Peut-être le
traité de commerce francd-suissô.
Plus on approche du moment où ta
session va s'ouvrir, et plus il appa^
rait que la discussion qui s'engagera
sur cette convention douanière sera
sérieuse et chaude. La Chambre ad-
mettra-t-elle que le ministère ait affi
ché un tel manque de considération
pour ses votes ? Elle a établi un tarif
minimum. Cela veut bien dire que les
produits étrangers, inscrits sur ce ta
rif, ne peuvent être frappés d'un droit
inférieur à celui qu'elle a spécifié.
Tranquillement, le ministre des af
faires étrangères et celui du com
merce et de l'industrie, MM. Ribot
et R,oche, ont passé outre, avec l'as
sentiment de leurs collègues, aux dé
cisions formelles du Parlement, et
favorisé la Suisse d'un tarif minus
quant minimum. C'est en prendre fort
à son aise. Des protestations éner
giques se sont élevées de partout, bien
faites pour encourager la Chambre à
ne point tolérer cette véritable petitei
usurpation. Enfin, M. Méline Vient de
déclarer qu'il s'opposerait de tout son
pouvoir à la ratification du traité. Or.
M. Méline, au point de vue écono
mique, est le chef de la majorité à la
Chambre. Voilà donc, là aussi, le mi
nistère très fâcheusement engagé.
Tâchera-t-il de se désintéresser du
débat, sacrifiant au besoin MM. Ri
bot et Roche? Cette amputation de
deux membres, en le délestant, le
sauverait peut-être dans la circons
tance. Il franchirait tant bien que
mal l'obstacle. Mais ensuite, quelle
cause de faiblesse, et combien de
temps pourrait-il traîner èncore un
reste de vie?
Elle promet d'être mouvementée
et intéressante, la session extraordi
naire de 1892.
PlERRH VEUILLOT.
Le Journal de Rouen se pose la ques
tion suivante :
A quoi tient le. nombre de petitès men
diantes qu'on rencontra depuis quelques
jours dans les principales rues de la ville,
portant un panier plein de fleurs fanées,
toujours les mômes, qui leur sert de pré
texte pour demander l'aumône ?
A une ou deux exceptions près, ces fil
lettes sont en âge d'aller à l'école. Cela na
les empêche pas de courir les rues aux
heures de classe;
Comment tolère-t-on un pareil abus ?
A quoi cela tient? Mais uniquement
à ce que l'obligation n'a pu être appli-
Îuée, comme bien des inspecteurs
'académie l'ont constaté dans leurs
rapports.
D'ailleurs, que le Journal de Rouen
se rassure. Ce n'est pas à Rouen seule
ment que cet accroissement de la men
dicité et de quelques vices se constate.
Sa remarque peut s'appliquer à la plu
part des villes, et pour Paris, c'est par
dizaine de mille qu'on peut compter
les petits déserteurs de l'école.
Après tout, n'est-ce pas la morale
indépendante qui leur est prêchée?
Pourquoi ne la mettraient-ils pas en
pratique?
Après avoir fait enlever les crucifix
des salles de l'hôpital Saint-Joseph,
les francs-maçons de Moulins ont jugé
que la laïcisation n'était pas encore
suffisante, et voici qu'ils viennent de
faire arracher les statues religieuses
placées dans les différentes salles.
C'est, disent-ils, pour garantir la li
berté de conscience des libre-pen
seurs, ainsi dénommés de ce qu'ils ne
sont ni libres,'puisqu'ils sont menés
par leurs passions, ni penseurs.
, La laïcisation de l'hôpital Saint-Jp-
seph se complétera d'ailleurs par la
substitution pratique de la morale inr
dépendante à la morale religieuse.
On sait ce qu'a produit cette laïci
sation des hôpitaux à Paris, de l'aveu
même des plus incrédules parmi les
incrédules.
On nous oppose, il est vrai, la mort
d'une infirmière laïque au chevet des
cholériques, comme si cette excsption
n'était pas la règle chez les religieuses.
Voyez à Hambourg, pour ne citer
que le dernier exemple. Qui dono
fuyait le danger? Qui donc est accouru
au premier appel?
Voici la réponse de M, Emmanuel
Desgrées du Loû à l'article dé
M.Edouard Drumont :
Dans la Librt Parole de samedi, M. Dru-
mont veut bien m'honorer d'une réponse,
dont la dernière phrase m'a réjoui :
« Oa éprouve, dit-il, un certain étonne-
ment à voirua jeune homme, sans que rien
l'y oblige, venir ohanter lui aussi le Gloria
vietoribus et provoquer les écrivains indé
pendants à des débats qu'ils ne redoutent
pas, mais qu'ils évitent volontiers pour ne
pas contrister les âmes simples. »
Je ne suis pas u* écrivain, mais .J'ai la
prétentiop d'être un indépendant et, les
grands esprits me pardonnent 1 une âme
vraiment simple.
Et c'est pourquoi les généralisations,
dont la Libre Parole est trop souvent rem
plie, m'ont attristé.
Fallait-il donc taire ma tristesse? En
vérité, je ne le crois guère et, dans tous
les cas, M. Drumont doit savoir, pour l'à^
voir éprouvé lui-même, qu'il est bien dif
ficile de garder pour soi certaines vérités,
et qu'il arriva une heure où le silence est
insupportable. A ce moment, l'âme simple
jette spn cri et, ma foi! tant pis pour ses
pœurs 1
Un tel débat, d'ailleurs, ne devrait con
trister personne, et je suis à mon tour
étonné de voir un si vaillant écrivain prê
cher si fort cette maxime connue,que toute
yérité n'est pas bonne à dire.
C'est ici, je crois, qu'il faudrait distin
guer. Malheureusement, M. Drumont
n'aime pa? les distinguo. Il oublie sans
doute la dédaigneuse et juste réplique de
Mgr d'Hulstaux braillards de la gauche qui
feignaient d'ignorer que la distinction est
d'ordre élémentaire dès qu'on discute une
idée, une loi, ou même les conséquences
d'un fait.
« Quand on ne distingue pas, l'on con
fond », répondit l'jémiftçnt député.
En ma qualité d'âme simple et ne possé
dant de la théologie que des notions très
imparfaites, je ne m'arrêterai pas à déve
lopper la doctrine catholique ea matière 4?
gouvernement. v
Tout le monde sait cependant qu'entre la
définition des principes et leur application,
la force des choses oblige le plus souvent à
distinguer. Tout le monde sait aussi que
lEglise invite ses fidèles, aux époques de
crise, à subir patiemment un mal réel en
vue d'en éviter un plus grand. Tout le
monde sait enfla que les idées sont fatale
ment génératrices de faits, et que les faits
que nous voyons à cette heure, le fait juif
comme les autres, ne sont qu'une réoolte
fatale des faux dogmes de 80.
Or, la Révolution peut s'incarner tout
aussi bien dans un roi ou dans un empe
reur que dans une République. Pourquoi
donc obliger les catholiques de France à
s'inféoder à la monarchie ? Et si Léon XIII
nous dit,au nom d'une doctrine qui n'a pas
varié et qu'exposa en plein XIII 0 siècle
saint Thomas d'Aquia : « Ralliez-vous I »
pourquoi s'indigner ?
Nous ne chantons nullement le Gloria vie
toribus, puisque lès vainqueurs sont les fils
de la Révolution et que nous sommes ca
tholiques romains, c'est-à-dire nécessaire
ment contre-révolutionnaires. Mais nous ne
voulons pas que la mort des monarohies
soit celle de l'Eglise, et le mot du grand
républicain Garcia Moreno nous soutient :
Dieu rie meurt pas 1
Nous entrons dans la République pour en
chasser le personnel et pour en modifier
radicalement la législation.
Que certains catholiques, interprétant à
leur goût la parole du Pape, en profitent
pour baiser les pieds des gredins du jour,
c'est possible et fâcheux. Nous ne somme s
pas de ceux-là, et quand, au soir des fêtes
nationales ou prétendues telles, le Saoré-
Goaur illumine sa croix, nous ne voyons
dans le signe sacré flamboyant sur Paris
qu'un symbole de renouvellement social,
protestant oontre les orimes d'autrefois et
les infamies d'à présent.
Et je puis retourner alors au rédacteur
en chef de la Libre Partie son explioation :
« C'est comme cela, quoi qu'on pense
M. Drumont, et o'est comme cela parce
que oe n'est pas autrement. »
Explication fort simple, à coup sûr, et
qui, sous ce rapport, fait mon âme sœur de
la sienne.
Dirai-je que dans cet artiole M. Drumont
généralise enoore et se livre une fois de
pins au plaisir de faire valser dans sa
phrase les conditionnels et les futurs ? Ceux
qui l'ont lu l'ont bien vu, et je m'en tiens
là. " ; ■ ■■■■■'
Aussi bien, puisque l'éminent journaliste
veut bien, dès le début, faire allusion à ma
jeunesse, il y aurait, de ma part, mauvaise
grâce à parler plus longtemps.
Ce qui pesait sur mon âme, je l'ai dit. Je
l'ai dit dans VUnivers, tribune qui m'honore.
Et maintenant, simple soldat, je rentre
dans le rang, pas battu, je l'espère, et très
content.
Et toutefois, je regrette sincèrement de
ne pouvoir saluer qu'im allié dans M. Dru
mont, alors que ce polémiste, que j'aime
pour son talent et sa vigueur, aurait pu de
venir l'un des chefs de l'armée nouvelle, de
l'armée non pas monarchique ni conserva
trice, mais catholique.
Emmanuel Desqeébs su Loû.
Dom Sébastien
Le Congrès de Pau
Nous recevons les dépêches sui
vantes :
Pau, 12 octobre, 8 h. 17.
Hier soir, à eu lieu une réunion popu
laire.
Huit cents hommes y assistaient.
■ M. le ohanoine Dormagen a littéralement
enlevé son auditoire par un discours sur la
liberté et les catholiques.
Pau, 12 octobre, midi 15.
Les séanoes sont de plus en plus nom
breuses et animées.
On a entendu d'excellents rapports de
M. Etcheverry, député, sur les caisses de
crédit, et de M. de Garenne, conseiller gé
néral, sur les syndicats agricoles.
C'est le nom de religion d un ancien
zouave pontifical, le commandant
Wyart, qui fit adnjirer sous les armes
les plus belles qualités militaires et
qui, sous la bure, quand il a dû re
mettre son épée au fourreau, n'a pas
été un moindre .exemple des surémi-
nentes vertus du moine.
Ces vertus, il les fit paraître tout
d'abord comme novice, puis comme
religieux profès et comme abbé à la
trappe du Monte-Decat dans le Nord,
son pays d'origine. Plus tard, il fut
appelé à Rome comme procureur gé
néral des .trappistes,qui y ont leur ré
sidence. Là, quel est celui des pèlerins
de France qui n'a eu la joie ae voir,
dans quelqu'une des cérémonies de la
Ville éternelle, la belle et noble figure
de ce moine où se reflètent si puis
samment la douceur, la force et la
piété?
' Quelle a été son action dans les di
verses maisons de l'ordre, on l'appré
ciera par le choix dont il vient d'être
l'objet de la part des religieux de
l'ordre tout entier. Jusqu'ici, en effet,
les diverses trappes étaient indépen
dantes,et c'était le désir de bon nom-
hre des religieux qu'elles se réunis
sent sous la direction d'un seul abbé,
qui en serait lé général. Le Saint-
Père favorisait ce vœu, qui a pu enfin
être mené à réalisation.
Tous les délégués des diverses trap
pes se sont donc rassemblés à Rome
et, après approbation des statuts pré
parés ad hoc, ils ont procédé à l'élec
tion du supérieur général. C'est ainsi
que dom Sébastien devient le premier
abbé général des trappistes du monde
entier. Nulle part, les catholiques n'ap
plaudiront plus joyeusement qu'en
France à un choix si bien fait pour
rallier tous les suffrages.
Les Fêtes Colombiennes
Sous ce titre, M. le comte Roselly
de Lorgues nous a adressé hier la
lettre suivante où éclatent son admi
ration, son enthousiasme, son culte
pour Christophe Colomb :
Paris, le 11 octobre 1892.
Demain 12 octobre, notre planète offrira
aux habitants des cieux le plus admirable
spectacle qui se soit vu depuis la création.
Jamais notre soleil n'aura illuminé splen
deur semblable. Ce globe, durant les vingt-
quatre heures de sa rotation sur lui-même,
exultera d'une festivité inouïe.
Sauf en France, dès les naissantes clartés
de l'aube, les émouvantes salves de l'artille
rie, les vifs carillons des clochers, le roule
ment des tambours et les fiers accents des
clairons hâteront le réveil des grandes
cités.
L'Europe ne retentira pas seule d'une
exoitation inaccoutumée. Des horizons écla
tants de la Perse aux sommets du Liban,
des rives enchantées du Bosphore aux
rudes rochers du Maroc, sur les deux bords
opposés de la Méditerranée, les détonations
des forts, les argentines résonnances des
oloches, l'invitation nasillarde des muzzins
au haut des minarets mêlées aux sons mili
taires de la diane et aux pacifiques saluts
des vaisseaux, donneront également un
joyeux réveil aux populations maritimes.
A partir des Dardanelles jusqu'au détroit
de Gibraltar, dans toute l'étendue de la mer
d'azur, les îles aussi se mettront en liesse.
Les Cyolades, les îles Ioniennes, les Baléa
res, comme leurs grandes sœurs la Crête,
la Sicile et la Sardaigne, voudront partici
per ii cette fête universelle delà civilisation.
C'est que, pour là première fois, le genre
humain oommémore la journée, mainte
nant vieille de quatre siècles, où l'Ambas
sadeur de Dieu envoyé aux nations incon
nues, Christophe Colemb, vainqueur de la
mer ténébreuse, atterrissant au groupe des
Lucayes, poste avancé du nouveau monde,
y planta l'étendard de la Rédemption sur la
première île abordée, en prit possession
pour Notre-Seigneur Jésus-Christ, et, la
consacrant au Sauveur, l'anoblit de son
nom béni : San Salvador.
Dès cet instant, l'opération la plus vaste
de la pensée humaine et de la miséricorde
divine était accomplie, le nouvel hémis
phère reconnu et le monde aooru de sa se
conde moitié. L'œuvre du Créateur allait
enfin nous apparaître complète dans l'admi
rable ensemble de sa magnificence. Toutes
les navigations ultérieures, les explorations
et les conquêtes subséquentes de la science
ne devaient plus être que le résultat ou le
développement de oette journée si merveil
leusement confirmative des aperceptions
du génie fécondé par la foi.
En vérité, ce jour, qui ouvrit à l'esprit
humain des horizons nouveaux et agrandit
le domaine intellectuel non moins que l'es
pace terrestre, méritait d'être solennisé
partout où palpite une âme chrétienne ; et
il l'est enfin. ■»
Car, pendant la rotation diurne de notre
planète, à mesure que chacune de ses ré
gions arrive sous l'astre qui l'éclairé, les
premiers rayons y font naître la même allé
gresse ; inspirent aux chrétiens le même
désir de célébrer ce jour fortuné, de glori
fier la Providence et son messager Christo
phe Colomb.
Gomme si elle flottait dans l'air respira-
ble, une pensée identique semble, portée
par les vents,se communiquer à travers les
océans partout successivement. Elle passe
de la cité africaine aux îles du cap Vert, se
parsème dans le groupe des Canaries, se
montre aux Agores, franchit le grand cou
rant ooéanique, dépasse les Bermudes, s'a
vance sous les brumes de Terre-Neuve,
rencontre les eaux majestueuses du Saint- .
Laurent, de l'Arkansas, du Mississipi, du
Missouri, atteint la chaîne des Alleghanys,
les Montagnes Rocheuses, s'étend dans le
Far-West à l'infini.
Durant la même journée, le même nom
retentit dans les Sierras, les Andes, les
Pampas, aux multiples embouchures de
l'Orénoque, aux bords alluvionnaires de la
Plata, aux verdoyantes rives de l'Amazone
du Parana, du Rio-Négro; en, un mot sa
répète dans l'immensité du double conti
nent américain. Il circule de la baie d'Hud-
son jusqu'à l'extrémité de la Patagonie. Sa
gloire surmonte les éoueils du redoutable
cap Horn, près des flots que va congeleï
le pôle Antarctique.
*
La vieille Amérique au double eontinent
n'aura pas;le monopole de oette triomphante
manifestation. Les archipels du Pacifique,
le Japon, les Philippines, l'Australie, la
Tasmanie, Ceylan, les Seychelles, Mada
gascar, Natal, Cap-Towç çt les îles de
l'Atlantique solenniseront à leur tojir l'u-.
nité géographique due à Christophe .Co
lomb.
Sur l'immensité des flots, il y çfête aussi.
Elle s'entretiçn^ ,et se renouyeUe p. çhçiquè
rencontre des navires. Toute enj^re^tioa
qui de loin aperçoit une voile,ayant $e s'as
surer de sa route, la salue en se rappelant
.Colomb. L'humble loijgrp n'pyan.t que çoa
petit canon d'appel aux pilotes ne .çrajjidra
p^s d'user sa poudre en l'honneur de sou
nom immortel. Sur l'incommensurable sur
face des mers, jamais les détonations n'au
ront été si fréquentes et les canonnades*si
pacifiques. Depuis l'origine de la navigation,
jamais, dans l'empire des eaux l'épouvanta
n'atteindra sur des points plus distants les
muets habitants de l'onde. Les monstres
marins, les grands,cétacés vagabonds et les
timides bancs de poissons formés sous la
fucus neptunien des Sargasses, n'auront
jamais été ainsi terrifiés de ces bruits for
midables, dont frissonnent les airs. Jusque
dans les visoères de l'Océan, au fond .des
basses régions de l'abîme, retentira le mou-,
vement de cette journée consacrée par la
terre au héros des mers.
Le 12 octobre établit une date impéris
sable dans la mémoire de la civilisation. Cs
jour restera sans similaire, sans précédent» •
sans répétition, sans imitation possible. De-'
puis la dispersion de la postérité de No#
devant la tour 'de Babel aux plaines du Sen-
naar jusqu'à l'ère présente, l'imaginattoa
n'avait pu concevoir la grandeur des fêtes
mondiales que prépare aujourd'hui la grati
tude universelle. C'est la première fois que,
sans distinction de latitude, de race, de re
ligion et de nationalité, les peuples se ren
contrent dans le même sentiment, et qu'up
désir identique tire des langues les plus
dissemblables la même invocation à Chris
tophe Colomb (
Christophe Colomb ! nom radieux qu'au
cun autre n'égale, ni parmi I'innombrablei
multitude des vivants, ni dans l'ombre sé
culaire des générations disparues, et qui
demeure unique, hors de comparaison, au-
dessus de tout parallèle humain, par la
puissance ésotérique du symbolisme et sa
mystérieuse préfiguration.
* *
Puisque la franc-maçonnerie athée qui
nous opprime ne permet pas à la France dei
maintenir la prééminence de son aînesse
catholique dans cet hommage universel,
qu'au moins les âmes chrétiennes, les hom
mes de foi, les vrais fidèles s'efforcent de
célébrer, aveo la plus expressive solennité,
l'envoyé de la Providence, le héros aposto
lique auquel le Vicaire de Jésus-Christ, le
grand Léon XIII, nous recommande d'ac
corder « tous les témoignages possibles
d'honneur ».
Comte R os £ li < Y PIS Lpr»uis.
Correspondance Romainé
Rome, 10 ootobre 1892.
L'événement de la semaine est le
discours que M. Colombo, l'ancien mi
nistre des finances dans le ministère
Rudini, vient de prononcer à Milan.
Tandis que le gouvernement, en vue
des prochaines élections, s'efforce d©
faire croire que la situation financière
s'améliore de jour en jour davantage,
M. Colombo démontre, les chiffres
en main, que les prévisions ministé
rielles sont complètement inexactes.
Selon M. Grimaldi, l'actuel ministre
des finances, le déficit de l'année 1892-
93 n'irait pas au delà de 55 millions ;
M. Colombo, au contraire, croit qu'il
va monter jusqu'à 75 millions.
Mais ses prévisions sont encora
plus désolantes pour les anuées sui- •
vantes ; car pour l'année 1893-94, il
croit que le déficit sera de 100 mil
lions ; pour l'année 1894-95, de 120;
pour les années 1895-90et 1896-97, d©
140; pour l'année 1897-98, de 150 ; pour
l'année 1898-99 de 175 ; pour les an
nées 1899-1900, 1901-1902, et 1902-
1903, de 190 millions.
Devant cette situation, il croit qu'il
faut rétablir d'abord le cours forcé-
Une augmentation d'impôts est tout à
fait impossible, car le pays est épuisé.
Il faut donc des économies. Mais
sont-elles possibles ?
Les revenus de l'Etat montent à
1,540 millions, dont 730 millions sont
engloutis par les intérêts des 14 mil
liards de la dette publique. Les dé
penses militaires absorbent encore
350 millions, 200 millions disparais
sent dans les frais d'exaction. Il ne
reste que 260 millions pour tous les
autres services de l'Etat.
On ne peut donc réaliser des écono
mies que dans les dépenses militaires.
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