Titre : L'Univers
Éditeur : L'Univers (Paris)
Date d'édition : 1892-09-30
Contributeur : Veuillot, Louis (1813-1883). Rédacteur
Contributeur : Veuillot, Pierre (1859-1907). Rédacteur
Contributeur : Veuillot, François (1870-1952). Rédacteur
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34520232c
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 30 septembre 1892 30 septembre 1892
Description : 1892/09/30 (Numéro 8917). 1892/09/30 (Numéro 8917).
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
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Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k707838w
Source : Bibliothèque nationale de France
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 06/02/2011
N> 8917. — Edition quotidienne
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Vendredi 30 Septembre 1892
ÉDITION
Cn an . . ;
Six mois . .
Trois mois..
QUOTID IENNE
ÉTRANGER
(union postal!)
bô #
34 » .
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ÉDITION SEMI-QUGSSSSSNNE
PARIS
ST DÉPARTEMENTS
. . 65 »
. . 28 SO
^ . 15 »
]Lt8 abonnements partent des 1» et 16 de chaquë mois
ON NUMÉRO (
15 cent.
20 —
BUREAUX s Paris, 10, rue des Saints-Pères
On «'«bonne l Rome, place du Gesù, 8
Un an . .
Six dois. . . ..
Trois mois. . . .
PARIS
rt départembnti
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16 »
8 60
ÉTRANGER
(vmON POSTAlilJ
86 »
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Les abonnements partent des 1» et 16 de chaque mois
IWYERS in répond pas des manuscrits qui lui mt idressà
ANNONCES
MM. LAGRANGE,' CERF et C 1 ', 6, place ds la Bourse
SKB
FRANCE
PARIS, 29 SEPTEMBRE 18Ô2
Ce qui était faux avant-hier est-il
devenu vrai hier? Le gouvernement,
qui n'avait pris aucune mesure contre
l'agitateur Liebknecht après son dis
cours révolutionnaire de Marseille, ou
qui tout au plus l'avait doucement
invité à s'en aller dans son pays, se
serait-il ravisé et aurait-il expulsé
Liebknecht? Le Figaro le dit positive
ment, mais le Petit Journal et Y Agence
Havas le nient. Nous donnons plus
loin les diverses versions.
On né doit pas abuser même des
meilleures choses, à plus forte raison
des choses contestables. Or, en ce mo
ment, on'abuse singulièrement des
congrès, qui ne sont pas toujours de
bonnes choses. A peine un congrès
est-il fini qu'un autre commence, lors
qu'il n'y en a pas deux ou trois où l'on
fiérore en même temps. Voici. qu'après
es congrès successifs dé Marseille,
nous en avons un à Saint-Etienne, où
la présidence d'honneur a été donnée
au maire de Garmaux, Calvigriae. Gela
suffit à en indiquer l'esprit.
Toujours là même incertitude au
sujet de Garmaux. ArHvera-t-on ou
non à.un arbitrage? Des deux côtés
on y parait assez peu disposé. C'est
regrettable.
Gomme nous avons les élections
l'année prochaine, on recommence à
parler de modifications à la loi élec
torale : une partie de la majorité son-
gérait à revenir au scrutin de liste ;
une autre serait d'avis dè supprimer
l'interdiction des candidatures multi
ples, dont l'unique but, pleinement
atteint, a été d'empêcher le général
Boulanger de se faire comme plébis
citer. Jusqu'ici, la première de ces
réformes ne semble guère avoir de
chances de succès ; la seconde pour
rait se faire,puisque nos opportunistes
et radicaux ne craignent plus rien.
On avait annoncé une convocation
anticipée du conseil municipal ; elle
n'aura pas lieu : M. le préfet de la
Seine n'est pas pressé de reprendre
des dialogues peu courtois avec les
conseillers municipaux ; cela se com
prend.
Le conseil aura "à^se prononcer sur
une proposition de M. Vaillant exi
geant pour Paris le retour au droit
commun des communes. Le bureau
n'a pas osé se prononcer pour l'accep
tation pure et simple de la proposi
tion il laisse au conseil le soin de
décider.
Déjà l'on commence à commenter
l'entrevue qui doit avoir lieu à Vienne
entre l'empereur d'Autriche et l'em
pereur d'Allemagne. C'est un peu
prématuré.
On raconte que l'èmpiereur d'Alle
magne se serait invité lui-meme et
qu'il serait accompagne du"général de
Gaprivi, deux circonstances qui indi
queraient que la visité a un but poli
tique. D'autre part, on nie que le gé
néral de Gaprivi doive venir à Vienne,
e,t l'on affirme qu'il s'agit d'une sim
ple visite de courtoisie. En réalité,
on ne sait rien.
En 1830, Lafàyette, montrant, aux
républicains Louis-Philippe, leur dit
« Voilà la meilleure des républiques »;
aujourd'hui M. d'Haussonville, mon
trant à la France démocratique le
comte de Paris, lui dit : « Voilà la meil
leure des démocraties». ; >
Lafayëtte fut écouté ; M. d'Hausson
ville le sera-t-il ? Nous en doutons ;
i ,rè3 fort. Outre qu'il n'a pas sur le
peuple français l'autorité qu'avait
alors Lafayette, la république n'était
en 1830 qu'un souvenir dont on s'ef
frayait, et en 1892 elle est, sous l'éti
quette. démocratique, iin gouverne
ment vieux de 22 ans. Toût_ porte
donc à croire que le pays, au lieu de
risquer une révolution pour faire, sur
l'appel .de M. d'Haussonville t au pro-:
:fit de Philippe VII, une démocratie"
■couronnée, trouvera sage dè s'en tenir
à la démocratie... populaire. Lerepré-
sentant du roi aura beau dire aux
« âmes Rurales » que de tels sentiments
ne sont pas fiers ; elles continueront
de désirer là stabilité gouvernemen
tale. Chose tout aussi fière a notre avis
•que de tant promettre d'abattre la ré-,
publique quand on y songe et l'espère
si peu.
La stabilité gouvernementale !
M d'Haussonville ûe comprend pas
qu'on s'y attache, ni même qu'on
puisse y croire lorsque le chef dé
l'Etat n'est pas le roi. Aussi ne peut-il
pardo&ner au Pape de penser autre
ment. Les catholiques doivent lire
de près la partie de son discours où
il traite cette question: ils y recon
naîtront le mauvais esprit qui a fait
commettre, en matière religieuse, tant
de fautes à la monarchie bourbon-
•nieBoe et fourni au césarisme et à la
révolùtion des exemples et des armes
légales dont celle-ci se sert encore.
D'un ton dégagé et presque railleur,
3e délégué royal déclare ne rien en
tendre au pouvoir infaillible , au pou
voir absolu , au pouvoir indirect. Par
don 1 il y entend plus qu'il nè le dit et
moins qu'il nè le croit. Il sait, au
moins, par les déclarations de son
ami Mgr d'Hulst, non suspect pour
lui d'ultramontanisme exagéré, que
l'autorité du Papè, infaillible en ma
tière d'enseignement, est « absolue,
quoique non infaillible, en matière de
gouvernement »; qu'il peut exercer « sa
juridiction indirecte sur le temporel
en tant que le bien spirituel l'exige »;
et que l'on doit accueillir ses ensei
gnements au sujet des affaires de
France par ces paroles : « Conseils ou
ordres, j'accepte sans restrictions les
directions du Souverain Poritife >v
Est-cë dans cette voie que M. d'Haus
sonville pousse son parti ? Non, il lui
enseigne que les instructions du Pape
sont choses excessives et négligea
bles ; que, si soumis que l'on doive
être, en ce qui touche la foi et les
mœurs, il y a un domaine « inviola
ble et sacré, celui du citoyen »,
qui ne relève que de Vhonneur. Cette
phrase est sonore ét vagué, mais
M. d'Haussonville la précise et l'é
clairé en déclarant que, dans le cas
présent, l'honneur pour les vrais roya
listes est de ne pas se conformer aux
conseils duchef de l'Eglise. Il oppose
à l'Encyclique du 16 février le véto
royal.
C'est trop, "ét cependant lé délégué
du prince nè s'en est pas tenu là. Em;
pruntant un argument au tripte abbé
jacot,il prétend, sous forme d'insinua
tion et de comparaison", que le catho
lique français qui-, sur le conseil de
Léon XIII; accepte sans arrière-pensée
la république, se met dans le cas de
l'Alsacien-Lorrain qui se déclarerait à
tout jamais fidèle sujet de l'Allemagne.
C'est trop oublier que la république,
en dépit dés fautes, des crimes du
parti républicain, est un gouverne
ment national, un gouvernement que
M. d'Haussonville et ses amis, le pré
férant au roi légitime, ont, d'ac
cord avec les princes d'Orléans, voté
et consolidé. Il y aurait bien d'autres
choses à dire contre ce rapproche^
ment, qui fausse l'acte et la peng€e
du Pape. Mais à quoi bon? Qui donc
peut y être pris ? Et comment un
homme du mérite et de l'importance
de M. le comte d'Haussonville a-t-il pu
y recourir ?
Ce n'est pas le seul argument in
juste et maladroit dont l'orateur de
Montauban ait usé contre les catholi
ques et contre l'action de Rome. Il
trouve qu'il y a ingratitude à ne pas
le suivre et dit qu'en somme,si l'appui
de la monarchie n'a pas toujours pro
fité à l'Eglise, le concours de celle-ci
n'a pas toujours, non plus, été profi
table à la monarchie ; au total, il insi
nue que son parti a, par la rupture,
plus à gagner qu'à perdre.
Alors pourquoi toute cette campa
gne contre les instructions du Pape
et ceux qui les suivent ? Pourquoi
s'être toujours tant opposé à la consti
tution d'un parti catholique, indépen
dant et non ennemi ni même adver
saire des monarchistes ? N'est-ce pas
parce que les royalistes s'avouent que,
privés de la clientèle catholique, ils
rie forment plus qu'un état-major sans
soldats? M, d'Haussonville, montrant
les douze cents (?) convives .de Mon
tauban, s'est élevé contre cette appré
ciation. ,Elle reste vraie cependant,
car recruter en plusieurs semaines,
dans i le Lot-et-Garonne et les dépar
tements circonvoisins, un millier
d'hommes pour les mettre à table, ce
n'est pas prouver qu'on a une armée
mobilisable pour le jour de la bataille
ou séulement du. scrutin.
Il est certain,d'ailleurs, que l'union
de l'Eglise et de l'Etat, dans les condi
tions imposées par la monarchie,-n'a
pas toujours été heureuse , et, des
deux «ôtés, a soulevé des plaintes.
M. d'Haussonville eri trouverait la
raisbri s'il ' voulait la bien cherçhér.
Il verrait que la monarchie, particu
lièrement aux. époques qu'il rap
pelle, a voulu régenter l'Eglise,, s'en
faire un instrument, et dans une
certaine mesure y a réussi. A trop;
serrer le lien on a faussé l'alliance,
et, par suite, celle-ci n'a pu don
ner à aucun des contractants ce
qu'elle promettait, à l'un et à l'autre,
au grand profit de la nation. Il y avait
du nouveau à faire après la chute de
Napoléon. Il fallait assurer à l'Eglise
la liberté qui lui est due : ni la Restau
ration, ni le gouvernement de Juillet
ne l'ont compris. La première avait
de bonnes intentions ; mais, faible et
imbue des doctrines de l'ancien ré
gime, elle était impuissante à les réa
liser ; le second a voulu tout à la fois
intimider l'Eglise et paraître la proté
ger; quant à la rendre libre, il n'y a
jamais songé. Il en voulait faire «ne
sorte de gendarmerie morale bien
dans sa main, et,pour y arriver, il s'ap--
pliquait à chercher des évêques peu
disposés à l'action. Il en trouva, mais
il n eut pas toujours, Dieu merci, la
main heureuse, et il y en eut d'autres
aussi. Ajoutons - que cette odieuse tac
tique n'a pas été particulière: au ré
gime de 1830.
Après avoir repoussé l'appel du
Pape, commandé aux royalistes fidèles
de ne pas s'y rendre et fait la le-?
çon aux « ralliés », M. d'Hausson
ville revient aux catholiques, leur
tend la main et leur dit : Reformons
dans les conditions d'autrefois la
vieillé alliance.
Alliés, monsieur le délégué royal,
nous pouvons l'être, et même durant
la bataille électorale nous le serons
sans nul doute plus d'une fois,car beau
coup de vos amis aiment ardemment
l'Eglise; mais ce ne sera pas dans les
anciennes conditions. Le Pape a parlé,
la cause pour nous est entendue. Nous
sommes comme catholiques sur le
terrain constitutionnel ; nous y som
mes par obéissance et par raison, ne
voyant rien de mieux à faire pour
la défense religieuse, et nous enten
dons nous y établir solidement. Si vos
candidats y viennent, ils seront les
nôtres; de vieilles affinités nous pous
seront vers eux. Le plumet démocrati
que, dont d'avance et vaille que vaillé
vous les décorez, n'a rien qui nous ef
fraie ou nous gêne. Bien au contraire,
s'ils reconnaissent que la démocratie
doit s'appuyer sur des réformes socia
les nées de l'esprit chrétien, tout sera
pour le mieux. Seulement il doit être
entendu que nous ne serons à eux que
s'ils sont au Pape.
Que l'on ne cherche pas dans cette
condition une fin de non-recevoir. Le»
discours dé Montauban n'exclut' paé
toute idée de conversion; Très belli
queux, très cassant dans l'exorde, il
est conciliant et souple dans la con
clusion. En effet, après s'être écrié :
Royalistes, soyons nous-mêmes, pro
clamons d'une voix retentissante nos
principes, marchons à ciel ouvert
sous notre drapeau, M. d'Hausson
ville, s'adoucissant et prenant la note
orléaniste, dit aux catholiques, aux
conservateurs, aux modérés : Nous
sommes faits pour nous entendre,
entendons-nous. Puis, il conseille à
ses amis à?éliminer de leur pror
gramme tout ce qui pourrait être
entre hommes d'ordre, cause, de di
vision. Ainsi au besoin on éliminera
le roi ? Mais oui 1 On se réservera,
d'ailleurs, de jouer la partie suprême,
quand on le jugera opportun. Allons,
ce ne sera pas tout de suite ! De ce,
langage, inutilement artificieux, il
r faut conclure que le candidat fran
chement royaliste sera aux prochai
nes élections une exception.
Fallait-il le prendre de si haut, son
ner de si retentissantes fanfares, s'af
firmer royaliste intransigeant, se dé
clarer démocrate convaincu, pour
arriver à dire : Présentons-nous sous
le voile du conservateur indéfini ; c'est
le moyen de passer... Et l'orateur a
conclu en criant : Soyons fiers !...
Quoi! c'est de la fierté cela?
Les politiques du parti, ceux que
quelque intérêt domine ou que la pas
sion aveugle, pourront suivre un tel
conseil ; les hommes de principe, les
hommes de foi ne le suivront pas. Ils
se diront que, du moment où on ne
peut se déclarer royaliste devant les
électeurs, devant le pays, il faut en
finir avec une situation fausse, s'affir
mer catholique avant tout, et entrer
dans la constitution pour la rendre
habitable, pour donner à la France la
stabilité gouvernementale et la paix
religieuse.
E ugènb V euileo't.
On sait que le général Boulanger
est mort. Il est même mort deux fois,
ce qui est beaucoup pour un seul
homme. La première-fois, c'est à Jer
sey, il y a trois ans ; la seconde, c'est
à Bruxelles, il y a un an. Les gens
bien informés assurent que les deux
fois, ç'a été un-suicide. Toujours est-il'
: que l infortuné général est aussi mort:
i que possible.
— Alors, demande M. Goblet, pour
quoi n'abrogerait-on point la loi qui
. interdit les candidatures multiples,
; pourquoi ne rétablirait-on pas le scru
tin de liste ? La loisur les candidatures
multiples et le retour au scrutin d'ar
rondissement, votés en 1889, furent,
on le sait, des mesures de çircon-'
stance. On avait, peur du général Bou-
langer, ein voulait entraver son essor;
vers la dictature ; on y parvint du
reste. Il faut dire qu'il y aida. Mainte
nant, la besogne est faite, le péril est
conjuré; revenons aux'vrais prin
cipes, aux bonnes traditions^ Qu'un
aspirant député puisse poser sa candi
dature dans autant de circonscrip
tions qu'il voudra, et que pour circon
scription l'on reprenne,avec lescrutin
; de liste, le département tout entier.
On soupçonne généralement M., Go-
L blet d'avoir de la rancune, et de se
laisser trop souvent guider par ses res
sentiments. Or, bien que devenu séna
teur, il n'a pas encore digéré son
échec de 1889. Au scrutin de liste, il
eût triomphé haut la main, — du
moins le pense-t-il, — : dans le dépar
tement de la Somme. Réduit, grâce au
scrutin d'arrondissement, à la pre
mière circonscription d'Amiens, qu'il
savait douteuse, et empêché par la loi
contre les candidatures multiples de
se présenter en même temps, pour
augmenter ses chances, sur deux ou
trois autres points, il a été battu. Com
ment pardonnerait-il aux dispositions
législatives qui l'ont fait tant souffrir,
qui lui ont valu cette humiliation ?
Il les juge odieuses, absurdes; il de
mande qu'on les abrogé. Il lui semble
qu'alors il sera vengé.
Mais M. Goblet joue de malheur. Sa
réclamation n'obtient guère de succès,
surtout en ce qui concerne le scrutin
de liste. M. Ranc lui-même, jusqu'ici
partisan déterminé de ce mode de
scrutin, et qu'on pouvait croire hos
tile à la loi qui défend les candida
tures multiples; se prononce contre
la campagne que voudrait ouvrir son
collègue du Sénat. Ce n'est point
que M. Ranc soit favorable à la l.oi
qui défend les candidatures multi
ples, et qu'il aime le scrutin d'arron
dissement. Tous deux lui paraissent
contraires aux principes. Mais quoi !
les principes ne soat-ils pas faits pour
recevoir des accrocs, quand ils gê
nent? Et l'on sait de reste que M. Ranc
ne s'embarrasse point de vains scru
pules. Gardons la loi contre les can
didatures multiples, c'est une bonne
« loi de précaution ». jusqu'à nouvel
ordre, gardons aussi le serutin d'ar
rondissement, pour , le même motif.
« Craignons toujours », dit M. Ranc,
« l'emballement des foules et les po
pularités d'un jour ». Et puis, peut-on
changer tous les quatre ans le sys
tème électoral ? Nous aurions l'air de
ne jamais savoir ce que nous vou
lons.
La Chambre de 1893 ne sera donc
pas élue au scrutin de liste. Mais que
M. Goblet ne désespère point. On y
reviendra peut-être pour 1897. Que les
socialistes continuent leurs progrès,
et l'on verra les opportunistes et les
radicaux .eux-mêmes demander cette
réforme électorale, afin de noyer les
suffrages des villes dans ceux des
campagnes.
PIERRE V euix -LOT.
Nous venons de recevoir lé numéro
de YOsservatore Romano qui s'occupe
du tôle des catholiques à l'occasion
dès élections politiques en Italie, et
dont nous avons déjà parlé dans nos
dépêches.
UOsservatore Romano ne consacre
pas moins de quatre articles à ce su
jet. Nous nous bornons pour aujour
d'hui à citer les observations sui
vantes :
Il y a des caractéristiques très marquan
tes pour indiquer la différence entre la si
tuation de l'Eglise et du Pape ioi à Rome et
de la situation qui existe ou qui peut exister
dans les autres Etats.
Voioi un exemple : Le Saint-Père
Léon XIII a sagement notifié, dans ses ré
centes instructions aux catholiques français,
que oeux-ci doivent distinguer la forme du
gouvernement de la législation en vigueur.
Il faut donc qu'ils acceptent loyalement
la première pour améliorer la seconde. Dans
oe cas, de bonnes lois rendront bonne, et
par conséquent aimée et respectée de tous;
la forme du gouvernement que la nation
s'est donnée.
Mais ici, en Italie, il ne saurait être ques
tion de forme de gouvernement, ni de légis
lation de l'Etat : ioi il s'agit d'un pouvoir
qui, par la force, s'tst substitué à l'autorité
du Pape à Rome et dans les Etats de l'E
glise.
Tout le monde sait que sous ce rapport
il ne saurait y avoir de prescription de
temps ou de sanction humaine. On a violé
et offensé le droit de l'Eglise et du Pape. Il
ne slagit .point ici d'un droit accessoire, se
condaire, dérivé, aliénable, temporel et pu-!
rement terrestre, comme déblatèrent des
gens qui ne connaissent rien on ne veulent
rien connaître au sujet d'une si importante
question. Mais il s'agit, que l'on en prenne
note, pour l'Eglise et 1« Pape d'un droit
essentiel, inaliénable., indestructible, . droit
qui se rapporte & la liberté et à l'indépen
dance de l'Eglise et de la Papauté, en un
mot de son droit.d'existenoe et de son droit
d'action.
Une entité morale, telle qu'un homme,
un individu sans liberté forme une-absur
dité morale : c'est une impossibilité morale
et sociale qu'une souveraineté puisse exis
ter sans être libre et indépendant,?.
Voici, dans son texte intégral, la
note de YOsservatore Romano relative
à la question de la participation dies
catholiques italiens aux élections poli
tiques, note résumée par le télé
graphe :
Des personnes dignes de toute confiance
assurent que, datas les divérses régions de
l'Italie, on fait des efforts afin d'organiser
un mouvement, qui d'ailleurs a été tenté
inutilement autrefois, pour obtenir que les
catholiques italiens, lorsqu'ils parlent du
Pape; ne s'ocoupent plus des droits im
prescriptibles de l'Eglise et spécialement de
l'indépendance souveraine du Pontile
romain.
Il est facile de comprendre, dans les cir
constances parlementaires présentes, à quoi
vise en dernière analyse une telle ma
nœuvre.
Aussi, pour que les catholiques dignes
de ce nom ne se laissent pas induire en er
reur, il faut qu'ils se souviennent que la
défense pontificale, en vertu de laquelle les
catholiques ne peuvent prendre aucune part
aux élections politiques,.reste en pleine vi
gueur.
L'Agence Havas nous communique
la dépêche suivante :
Rome, 28 septembre.
L' Osseroatore Romano déclare, à propos
de l'interview qu'un rédaoteur d'un journal
de Paris prétend avoir eue avec le nonce à
Paris le 11 juin, que Mgr Ferrata n'a ja
mais reçu personne appartenant à oe jour
nal ou ayant avec lui des rapports, et n'a
jamais non plus exposé à personne les idées
que lui attribue ce rédacteur.
De la même Agenec nous recevons
cette autre dépêche :
* •
Londres, 28 septembre.
Une dépêche de New-York au Standard
annonce que la congrès des catholiques ro
mains vient d'avoir lieu & Newark (New-
Jersey).
Sept mille délégués y assistaient; l'ar-
chevêquè Corri'gan était présent.
L'oratéùr principal du ôbngrès, Ilerr
Schrœder, à renouvelé ' l'expresîsion des
vues des catholiques déjà exprimées à
Mayence.
Notre but principal, a-t-il dit, est la res
tauration du pouvoir temporel du Pape.
Le gouverneeurde New-.lersey a pris
la parole en termes sympathiques au con
grès, et cette particularité donne d'autant
plus d'importance à cette assemblée.
. Nous donnons sans la. garantir cette
dépêche de Y Agence Havas sur don
Carlos :
Buda-Pesth, 28 septembre.
Dans une interview avec un journaliste
pendant son séjour à Buda-Pesth, don
Carlos a déolaré qu'il n'abandonnait pas ses
droits au trône de France et que le gouver
nement français l'avait banni sans raison,,
les carlistes n'ayant jamais causé d'embar
ras au gouvernement. Il a ajouté qu'il lui
avait été dur d'être contraint de vivre loin
de Paris.
A propos de la oouronne d'Espagne, don
Carlos s'est exprimé ainsi :
« Je ne mefais pas d'illusions. L 'Espagne,
après le renversement de la dynastie ao-
tuelle, deviendra une république, et seule
ment ensuite elle reviendra aux carlistes.
Le trône actuel sera renversé par un état-
major derrière lequeLrip marchera aucune
troupe. La oampagne est eu totalité car
liste. Mon programme vise l'union en con
fédération de l'Espagne avec les républi
ques sud-américaines, cela au moyen des
traités internationaux. »
Nous recevons d'un ami la lettre
suivante, qui nous parait contenir une
remarque fort juste :
Très cher monsieur, '
. Nous sommes ici de cœur aVéc vous dans
la oampagne que vous 'Ouvrez oontre l'ora
teur de Montauban.
Il m'est venu une observation que je vous
livre, sans m'inquiéler d'ailleurs de la suite
qu'il pourra vous convenir d'y donner.
A l'entrée de M. d'Haussonville, dit le
narrateur, la Parisienne a été jouée.
.Je commençais à savoir raisonner, en
1831, lorsque parut la Parisienne. Les or
léanistes s'étaient effrayés des inquiétudes
que faisait naître la Marseillaise, fort en
vogue depuis les glorieuses de juillet 1830:
Ils commandèrent donc la Parisienne là
Casimir Delavigne. Ce chant deviut ainsi la
Marseillaise de la bourgeoisie. On se ras
sura, et l'on crut s'affermir, en le répé
tant partout ; je me souviens du I er cou
plet :
Peuple français, peuple de braves,
La liberté t'ouvre ses bras.
On noua a dit : Soyez esclaves,
Nous avons dit : Soyons soldats 1
0 jour d'éternelle mémoire 1
Paris n'a plus qu'un cri de gloire :
En avant, marchons.
Ne voilà-t-il pas une belle manière de
célébrer la monarchie traditionnelle , et de
relier aux Bourbons celui qu'ils appellent
Philippe VII, et qui, sous l'influence de oe
souvenir de 1830, n'est vraiment que Louis-
Philippe ll l'usurpateur continué 1
, En tout, respect,estime et reconnaissance.
Votre tout dévoué.
C. M.
Le Nouvelliste de Bordeaux avait affirmé
qu'un journal de Paris, dans le but de
flatter le Saint-Père, avait deux éditions
différentes : l'une pour la France, et l'autre
uniquement faite pour Rome. Dans cette
seconde édition, la plus importante, oe
journal ne craindrait pas de donner conti
nuellement les nouvelles les plus fausses
sur les succès de la politique recommandée
par les çnoycliquesj " sur l'apaisement qui
en serait le résul tat, eto.
La Croix et le Monde ont demandé au
Nouvelliste de Bordeaux de vouloir bien
nommer oe journal. Au lieu de répondre
nettement à la question, 1 & Nouvelliste dé
clare :
La Croix et le Uonde savent parfaitement qu'il
ne s'agit.pas. d'eux et que oe n'est pas eux qui
sont visés.dans notre information.
Alors qui va-t-on'soupçonner? Il serait
bon cependant de préciser, et nous deman
derons à notre 'tour , à notre confrère de
vouloir bien le faire.
•Et pour le décider à s'exécuter, . nous ne
lui oaoherons pas que, s'il refuse do.nom:
mer le journal .qu'il vise, on croira que,trop
sérieux et trop honnête pour se permettre
une telle mystification, il. a ; été mystifié,
Une -dépêche des Etats-Unis nous
signale une conférence qui a tourné
au tragique, mais qui aurait pu être
plus tragique ençore. Un M. Lyons
parlait à Gheyenne, dans l'Etat de
Wyoming, devant un auditoire de
500 personnes, de la question des
écoles.
M. Lyons, très monté à l'égard des
catholiques, s'élevait avec véhémence
contre l'idée de leur accorder 'des
« privilèges » dans les écoles publiques
de la nation.
Les théories de l'orateur n'étaient
point évidemment du goût de l'audi
toire, car il était criblé d'interruptions
et de protestations. Furieux, M. Lyons,
qui avait pris ses précautions, appela
la police à son secours et fit évacuer
la salle.
Puis, l'opération faite, il quitta lui
aussi la salle, non sans se munir d'un
revolvér extrêmement chargé. La
foule, qui l'attendait pour lui témoi
gner le genre d'admiration qu'il lui
inspirait par son éloquence et ses
procédés, se -mit à le huer vivement.
Lyons leur envoya les balles de son
revolver. II blessa grièvement quel
ques assistants. Alors la foule- se ruai
furieuse sur le conférencier dange- '
reux, qui allait passer un vilain quart
d'heure quand,grâce à quelques amis,'
il put s'échapper jusqu'à son hôtel,:
où il s'enferma.
La foule retrouva ses traces, et, de
plus en plus furieuse, mit le siège ;
devant l'hôtel, et Lyons devait aveir
déjà la crainte fondée de faire bientôt:
connaissance avec « le juge Lynch »,/
eomme en dit là-bas, quand lu police
reparut sur la scène et le conduisit au
poste pour lui sauver la vie.*" ; ' "
Il faut espérer que l'Amérique, à la^
quelle nous devons déjà l'usage abusif
du revolver,gardera pour elle la race
des conférenciers grinchus et armés
jusqu'aux dents. Mais, cela dit, il faut
reconnaître que, grâce à la torpeur,
et à l'apathie de l'opiniqn conserva
trice en France, le conférencier le
plus insolent et le plus grinchu pour
rait se permettre ici toutes lés im-
Eertinences sans soulever la moindre
agarre. Nous avons en Frange cinq
cents Lyons au moins — des Lyons,
sans revolvér d'ailleurs — et il n'y
a pas de danger que nous les voyions
rappeler au respect de la grande
majorité des Français, au respect de
la liberté. Cette pauvre liberté, éllé
est écrite sur tous nos murs ; elle
n'est point dans nos mœurs.
Il s'agit pourtant de la défendre où
de la prendre, et c'est là le difficile,
paraît-il, dans les grandes 1 comme
dans les petites choses; Un èxemple
complétera bien tpute notre pensée.
Le gouvernement possédé à sa'discré-
tion un Conseil d'Etat qui est chargé
de gêner les citoyens dans rë ^éçtf-
tion de leurs- dernières volontés,
chose sacrée entre-toutes,- chez le^
peuples civilisés.
Rien ne nousserait^plus-facile que
de soustraire nos dernières volontés
au contrôle du Conseil,d'Etat. Nous
nous intéressons à uii^ ceuvre; à,jine
école,' à.un hôpital, à ù'îié églisèi Nous
voulonà'à une de ces institutions lais
ser quelque choset. Il suffirait de don*
ner de la main à la main de notre
vivant,ou de choisir un. ami sûr qu'on
chargerait de régleT en sdn nom touà
les détails de la "donation: Et le Gon-t
seil d'Etat mâcherait à vide. •
Mais jamais de la vie! cela ne se
fait pas; cela,n'est pas régulier.
On veut être régulier, vivré .et
mourir selon les lois. On fait pom
peusement devant notaire un testa
ment, où le Conseil d'Etat biffera, tout
ce qui pourrait favoriser la religion
du décédé et scandaliser l'impiété
d'Etat.
L. N. G.
Voici en quels termes ie Figaro an-
nonoe l'expulsion; du socialiste Liebk
necht.:' ^
Lyon, 28 septembre, "j
Le gouvernement'français a expulsé, au
jourd'hui, le député allemand LiebknechÇ,
dont la presse a signalé la ; propagande for
cenée au sein du congrès socialiste de Mar-
seille, et dont on n'a : pas ' oublié les décla
rations -révolutionnaires dans toutes lès
interviews et conversations qu'il a ténueis
hors du congrès.
Notre politique extérieure -était àiissi vio
lemment critiquée par lui que ïiolfe politi
que intérieure : 1
, « Il est honteux, déclarait Liebknecht^ de
voir la France courber servilement réchïhe
devant un empereur autocrate,.s'agenbiilllér
et baiser les pieds d'un potentat, là Répu
blique s'allier, axeo 4an^mpire.jbsolu. C'est
triste, profondément triste et écœurant. »
Et il ajoutait encore. : « La Russie tr^hiisa la
France comme elle a trahi l'AlléDûagffie^»
Ce niatin, à six heures èt'domié ^M.. Lieb
knecht a reçu, à Dhôtel-Dubost, où ïl'était
descendu, la visite d'un cotomissairô'sjiéoial
de police et de trois agents, et il'a 'fi,téi 'sànai
autre formalité, conduit àla gttre; ott,"à feept
heuresBeufj, on l'embarquait pour Genève,
On l'a escorté jusqu'à la. frontière.
Personne en villo ne s'est aperçu de ce
départ, l'expulsion n'ayant'été : oonîiue-que
vers midi : encore a-t-on fait éKprès d'ô là
démentir dans divers centres v ouvriers. ■
' ' ' l ji • j .
D'autre part, voici en quels^-termes
le correspondant du- ■Petit' JàU> f ftttl ^
Lyon affirme que M. 'Liebknçbht ^'ai-
pas été, expulsé :
Le député allemand, M.. Li'ebkn'ectt, dit-
il, est parti ce mâtin de Lvon 'par lé tfam
de 7 h. 9. ' ■ "
Aucune mesure, He p'Ôliéê '!iK^
prise, contrairement ail bruit "àv^Lit
couru. r r ,.
. M. Liebknecht s'est rendu âètil'Vlà garé;
accompagné par un' garçon 'dé i'hôtel'où il
était descendu. '
L'Agence Havas . n'est p^'s ;.i^o,ins
affirmative : ...
Lyon, 28 septembre
Le député allemand Liebknecht,' aui es!|
arrivé hier soir dans notre ville,M il s,ét5
reçu, par divers groupes socialistes, .est
parti ce matin de Lyon .par le. tpain.de
7 heures 9. ,
Aucune mesure de police, n'avait .été
prise, contrairement au bruit qui avait
oouru. .....
M. Liebknecht s'est rendu seul.à la. gare.,
accompagné par un garçon de l'hôtel où
il était descendu.
On avait annoncé dans la soir.ée d'hier
qu'une importante réunion du parti puvrier
devait se tenir ce soir au théâtre Bellpoour
sous la présidence du député socialiste aile
mand. ...
On remarquera que la réunion,an--
noncée sous la présidence du
iui«»iiuwiwwugiai^jtiii ■ i n wwwwn—WT—
Vendredi 30 Septembre 1892
ÉDITION
Cn an . . ;
Six mois . .
Trois mois..
QUOTID IENNE
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PARIS
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ON NUMÉRO (
15 cent.
20 —
BUREAUX s Paris, 10, rue des Saints-Pères
On «'«bonne l Rome, place du Gesù, 8
Un an . .
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PARIS
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IWYERS in répond pas des manuscrits qui lui mt idressà
ANNONCES
MM. LAGRANGE,' CERF et C 1 ', 6, place ds la Bourse
SKB
FRANCE
PARIS, 29 SEPTEMBRE 18Ô2
Ce qui était faux avant-hier est-il
devenu vrai hier? Le gouvernement,
qui n'avait pris aucune mesure contre
l'agitateur Liebknecht après son dis
cours révolutionnaire de Marseille, ou
qui tout au plus l'avait doucement
invité à s'en aller dans son pays, se
serait-il ravisé et aurait-il expulsé
Liebknecht? Le Figaro le dit positive
ment, mais le Petit Journal et Y Agence
Havas le nient. Nous donnons plus
loin les diverses versions.
On né doit pas abuser même des
meilleures choses, à plus forte raison
des choses contestables. Or, en ce mo
ment, on'abuse singulièrement des
congrès, qui ne sont pas toujours de
bonnes choses. A peine un congrès
est-il fini qu'un autre commence, lors
qu'il n'y en a pas deux ou trois où l'on
fiérore en même temps. Voici. qu'après
es congrès successifs dé Marseille,
nous en avons un à Saint-Etienne, où
la présidence d'honneur a été donnée
au maire de Garmaux, Calvigriae. Gela
suffit à en indiquer l'esprit.
Toujours là même incertitude au
sujet de Garmaux. ArHvera-t-on ou
non à.un arbitrage? Des deux côtés
on y parait assez peu disposé. C'est
regrettable.
Gomme nous avons les élections
l'année prochaine, on recommence à
parler de modifications à la loi élec
torale : une partie de la majorité son-
gérait à revenir au scrutin de liste ;
une autre serait d'avis dè supprimer
l'interdiction des candidatures multi
ples, dont l'unique but, pleinement
atteint, a été d'empêcher le général
Boulanger de se faire comme plébis
citer. Jusqu'ici, la première de ces
réformes ne semble guère avoir de
chances de succès ; la seconde pour
rait se faire,puisque nos opportunistes
et radicaux ne craignent plus rien.
On avait annoncé une convocation
anticipée du conseil municipal ; elle
n'aura pas lieu : M. le préfet de la
Seine n'est pas pressé de reprendre
des dialogues peu courtois avec les
conseillers municipaux ; cela se com
prend.
Le conseil aura "à^se prononcer sur
une proposition de M. Vaillant exi
geant pour Paris le retour au droit
commun des communes. Le bureau
n'a pas osé se prononcer pour l'accep
tation pure et simple de la proposi
tion il laisse au conseil le soin de
décider.
Déjà l'on commence à commenter
l'entrevue qui doit avoir lieu à Vienne
entre l'empereur d'Autriche et l'em
pereur d'Allemagne. C'est un peu
prématuré.
On raconte que l'èmpiereur d'Alle
magne se serait invité lui-meme et
qu'il serait accompagne du"général de
Gaprivi, deux circonstances qui indi
queraient que la visité a un but poli
tique. D'autre part, on nie que le gé
néral de Gaprivi doive venir à Vienne,
e,t l'on affirme qu'il s'agit d'une sim
ple visite de courtoisie. En réalité,
on ne sait rien.
En 1830, Lafàyette, montrant, aux
républicains Louis-Philippe, leur dit
« Voilà la meilleure des républiques »;
aujourd'hui M. d'Haussonville, mon
trant à la France démocratique le
comte de Paris, lui dit : « Voilà la meil
leure des démocraties». ; >
Lafayëtte fut écouté ; M. d'Hausson
ville le sera-t-il ? Nous en doutons ;
i ,rè3 fort. Outre qu'il n'a pas sur le
peuple français l'autorité qu'avait
alors Lafayette, la république n'était
en 1830 qu'un souvenir dont on s'ef
frayait, et en 1892 elle est, sous l'éti
quette. démocratique, iin gouverne
ment vieux de 22 ans. Toût_ porte
donc à croire que le pays, au lieu de
risquer une révolution pour faire, sur
l'appel .de M. d'Haussonville t au pro-:
:fit de Philippe VII, une démocratie"
■couronnée, trouvera sage dè s'en tenir
à la démocratie... populaire. Lerepré-
sentant du roi aura beau dire aux
« âmes Rurales » que de tels sentiments
ne sont pas fiers ; elles continueront
de désirer là stabilité gouvernemen
tale. Chose tout aussi fière a notre avis
•que de tant promettre d'abattre la ré-,
publique quand on y songe et l'espère
si peu.
La stabilité gouvernementale !
M d'Haussonville ûe comprend pas
qu'on s'y attache, ni même qu'on
puisse y croire lorsque le chef dé
l'Etat n'est pas le roi. Aussi ne peut-il
pardo&ner au Pape de penser autre
ment. Les catholiques doivent lire
de près la partie de son discours où
il traite cette question: ils y recon
naîtront le mauvais esprit qui a fait
commettre, en matière religieuse, tant
de fautes à la monarchie bourbon-
•nieBoe et fourni au césarisme et à la
révolùtion des exemples et des armes
légales dont celle-ci se sert encore.
D'un ton dégagé et presque railleur,
3e délégué royal déclare ne rien en
tendre au pouvoir infaillible , au pou
voir absolu , au pouvoir indirect. Par
don 1 il y entend plus qu'il nè le dit et
moins qu'il nè le croit. Il sait, au
moins, par les déclarations de son
ami Mgr d'Hulst, non suspect pour
lui d'ultramontanisme exagéré, que
l'autorité du Papè, infaillible en ma
tière d'enseignement, est « absolue,
quoique non infaillible, en matière de
gouvernement »; qu'il peut exercer « sa
juridiction indirecte sur le temporel
en tant que le bien spirituel l'exige »;
et que l'on doit accueillir ses ensei
gnements au sujet des affaires de
France par ces paroles : « Conseils ou
ordres, j'accepte sans restrictions les
directions du Souverain Poritife >v
Est-cë dans cette voie que M. d'Haus
sonville pousse son parti ? Non, il lui
enseigne que les instructions du Pape
sont choses excessives et négligea
bles ; que, si soumis que l'on doive
être, en ce qui touche la foi et les
mœurs, il y a un domaine « inviola
ble et sacré, celui du citoyen »,
qui ne relève que de Vhonneur. Cette
phrase est sonore ét vagué, mais
M. d'Haussonville la précise et l'é
clairé en déclarant que, dans le cas
présent, l'honneur pour les vrais roya
listes est de ne pas se conformer aux
conseils duchef de l'Eglise. Il oppose
à l'Encyclique du 16 février le véto
royal.
C'est trop, "ét cependant lé délégué
du prince nè s'en est pas tenu là. Em;
pruntant un argument au tripte abbé
jacot,il prétend, sous forme d'insinua
tion et de comparaison", que le catho
lique français qui-, sur le conseil de
Léon XIII; accepte sans arrière-pensée
la république, se met dans le cas de
l'Alsacien-Lorrain qui se déclarerait à
tout jamais fidèle sujet de l'Allemagne.
C'est trop oublier que la république,
en dépit dés fautes, des crimes du
parti républicain, est un gouverne
ment national, un gouvernement que
M. d'Haussonville et ses amis, le pré
férant au roi légitime, ont, d'ac
cord avec les princes d'Orléans, voté
et consolidé. Il y aurait bien d'autres
choses à dire contre ce rapproche^
ment, qui fausse l'acte et la peng€e
du Pape. Mais à quoi bon? Qui donc
peut y être pris ? Et comment un
homme du mérite et de l'importance
de M. le comte d'Haussonville a-t-il pu
y recourir ?
Ce n'est pas le seul argument in
juste et maladroit dont l'orateur de
Montauban ait usé contre les catholi
ques et contre l'action de Rome. Il
trouve qu'il y a ingratitude à ne pas
le suivre et dit qu'en somme,si l'appui
de la monarchie n'a pas toujours pro
fité à l'Eglise, le concours de celle-ci
n'a pas toujours, non plus, été profi
table à la monarchie ; au total, il insi
nue que son parti a, par la rupture,
plus à gagner qu'à perdre.
Alors pourquoi toute cette campa
gne contre les instructions du Pape
et ceux qui les suivent ? Pourquoi
s'être toujours tant opposé à la consti
tution d'un parti catholique, indépen
dant et non ennemi ni même adver
saire des monarchistes ? N'est-ce pas
parce que les royalistes s'avouent que,
privés de la clientèle catholique, ils
rie forment plus qu'un état-major sans
soldats? M, d'Haussonville, montrant
les douze cents (?) convives .de Mon
tauban, s'est élevé contre cette appré
ciation. ,Elle reste vraie cependant,
car recruter en plusieurs semaines,
dans i le Lot-et-Garonne et les dépar
tements circonvoisins, un millier
d'hommes pour les mettre à table, ce
n'est pas prouver qu'on a une armée
mobilisable pour le jour de la bataille
ou séulement du. scrutin.
Il est certain,d'ailleurs, que l'union
de l'Eglise et de l'Etat, dans les condi
tions imposées par la monarchie,-n'a
pas toujours été heureuse , et, des
deux «ôtés, a soulevé des plaintes.
M. d'Haussonville eri trouverait la
raisbri s'il ' voulait la bien cherçhér.
Il verrait que la monarchie, particu
lièrement aux. époques qu'il rap
pelle, a voulu régenter l'Eglise,, s'en
faire un instrument, et dans une
certaine mesure y a réussi. A trop;
serrer le lien on a faussé l'alliance,
et, par suite, celle-ci n'a pu don
ner à aucun des contractants ce
qu'elle promettait, à l'un et à l'autre,
au grand profit de la nation. Il y avait
du nouveau à faire après la chute de
Napoléon. Il fallait assurer à l'Eglise
la liberté qui lui est due : ni la Restau
ration, ni le gouvernement de Juillet
ne l'ont compris. La première avait
de bonnes intentions ; mais, faible et
imbue des doctrines de l'ancien ré
gime, elle était impuissante à les réa
liser ; le second a voulu tout à la fois
intimider l'Eglise et paraître la proté
ger; quant à la rendre libre, il n'y a
jamais songé. Il en voulait faire «ne
sorte de gendarmerie morale bien
dans sa main, et,pour y arriver, il s'ap--
pliquait à chercher des évêques peu
disposés à l'action. Il en trouva, mais
il n eut pas toujours, Dieu merci, la
main heureuse, et il y en eut d'autres
aussi. Ajoutons - que cette odieuse tac
tique n'a pas été particulière: au ré
gime de 1830.
Après avoir repoussé l'appel du
Pape, commandé aux royalistes fidèles
de ne pas s'y rendre et fait la le-?
çon aux « ralliés », M. d'Hausson
ville revient aux catholiques, leur
tend la main et leur dit : Reformons
dans les conditions d'autrefois la
vieillé alliance.
Alliés, monsieur le délégué royal,
nous pouvons l'être, et même durant
la bataille électorale nous le serons
sans nul doute plus d'une fois,car beau
coup de vos amis aiment ardemment
l'Eglise; mais ce ne sera pas dans les
anciennes conditions. Le Pape a parlé,
la cause pour nous est entendue. Nous
sommes comme catholiques sur le
terrain constitutionnel ; nous y som
mes par obéissance et par raison, ne
voyant rien de mieux à faire pour
la défense religieuse, et nous enten
dons nous y établir solidement. Si vos
candidats y viennent, ils seront les
nôtres; de vieilles affinités nous pous
seront vers eux. Le plumet démocrati
que, dont d'avance et vaille que vaillé
vous les décorez, n'a rien qui nous ef
fraie ou nous gêne. Bien au contraire,
s'ils reconnaissent que la démocratie
doit s'appuyer sur des réformes socia
les nées de l'esprit chrétien, tout sera
pour le mieux. Seulement il doit être
entendu que nous ne serons à eux que
s'ils sont au Pape.
Que l'on ne cherche pas dans cette
condition une fin de non-recevoir. Le»
discours dé Montauban n'exclut' paé
toute idée de conversion; Très belli
queux, très cassant dans l'exorde, il
est conciliant et souple dans la con
clusion. En effet, après s'être écrié :
Royalistes, soyons nous-mêmes, pro
clamons d'une voix retentissante nos
principes, marchons à ciel ouvert
sous notre drapeau, M. d'Hausson
ville, s'adoucissant et prenant la note
orléaniste, dit aux catholiques, aux
conservateurs, aux modérés : Nous
sommes faits pour nous entendre,
entendons-nous. Puis, il conseille à
ses amis à?éliminer de leur pror
gramme tout ce qui pourrait être
entre hommes d'ordre, cause, de di
vision. Ainsi au besoin on éliminera
le roi ? Mais oui 1 On se réservera,
d'ailleurs, de jouer la partie suprême,
quand on le jugera opportun. Allons,
ce ne sera pas tout de suite ! De ce,
langage, inutilement artificieux, il
r faut conclure que le candidat fran
chement royaliste sera aux prochai
nes élections une exception.
Fallait-il le prendre de si haut, son
ner de si retentissantes fanfares, s'af
firmer royaliste intransigeant, se dé
clarer démocrate convaincu, pour
arriver à dire : Présentons-nous sous
le voile du conservateur indéfini ; c'est
le moyen de passer... Et l'orateur a
conclu en criant : Soyons fiers !...
Quoi! c'est de la fierté cela?
Les politiques du parti, ceux que
quelque intérêt domine ou que la pas
sion aveugle, pourront suivre un tel
conseil ; les hommes de principe, les
hommes de foi ne le suivront pas. Ils
se diront que, du moment où on ne
peut se déclarer royaliste devant les
électeurs, devant le pays, il faut en
finir avec une situation fausse, s'affir
mer catholique avant tout, et entrer
dans la constitution pour la rendre
habitable, pour donner à la France la
stabilité gouvernementale et la paix
religieuse.
E ugènb V euileo't.
On sait que le général Boulanger
est mort. Il est même mort deux fois,
ce qui est beaucoup pour un seul
homme. La première-fois, c'est à Jer
sey, il y a trois ans ; la seconde, c'est
à Bruxelles, il y a un an. Les gens
bien informés assurent que les deux
fois, ç'a été un-suicide. Toujours est-il'
: que l infortuné général est aussi mort:
i que possible.
— Alors, demande M. Goblet, pour
quoi n'abrogerait-on point la loi qui
. interdit les candidatures multiples,
; pourquoi ne rétablirait-on pas le scru
tin de liste ? La loisur les candidatures
multiples et le retour au scrutin d'ar
rondissement, votés en 1889, furent,
on le sait, des mesures de çircon-'
stance. On avait, peur du général Bou-
langer, ein voulait entraver son essor;
vers la dictature ; on y parvint du
reste. Il faut dire qu'il y aida. Mainte
nant, la besogne est faite, le péril est
conjuré; revenons aux'vrais prin
cipes, aux bonnes traditions^ Qu'un
aspirant député puisse poser sa candi
dature dans autant de circonscrip
tions qu'il voudra, et que pour circon
scription l'on reprenne,avec lescrutin
; de liste, le département tout entier.
On soupçonne généralement M., Go-
L blet d'avoir de la rancune, et de se
laisser trop souvent guider par ses res
sentiments. Or, bien que devenu séna
teur, il n'a pas encore digéré son
échec de 1889. Au scrutin de liste, il
eût triomphé haut la main, — du
moins le pense-t-il, — : dans le dépar
tement de la Somme. Réduit, grâce au
scrutin d'arrondissement, à la pre
mière circonscription d'Amiens, qu'il
savait douteuse, et empêché par la loi
contre les candidatures multiples de
se présenter en même temps, pour
augmenter ses chances, sur deux ou
trois autres points, il a été battu. Com
ment pardonnerait-il aux dispositions
législatives qui l'ont fait tant souffrir,
qui lui ont valu cette humiliation ?
Il les juge odieuses, absurdes; il de
mande qu'on les abrogé. Il lui semble
qu'alors il sera vengé.
Mais M. Goblet joue de malheur. Sa
réclamation n'obtient guère de succès,
surtout en ce qui concerne le scrutin
de liste. M. Ranc lui-même, jusqu'ici
partisan déterminé de ce mode de
scrutin, et qu'on pouvait croire hos
tile à la loi qui défend les candida
tures multiples; se prononce contre
la campagne que voudrait ouvrir son
collègue du Sénat. Ce n'est point
que M. Ranc soit favorable à la l.oi
qui défend les candidatures multi
ples, et qu'il aime le scrutin d'arron
dissement. Tous deux lui paraissent
contraires aux principes. Mais quoi !
les principes ne soat-ils pas faits pour
recevoir des accrocs, quand ils gê
nent? Et l'on sait de reste que M. Ranc
ne s'embarrasse point de vains scru
pules. Gardons la loi contre les can
didatures multiples, c'est une bonne
« loi de précaution ». jusqu'à nouvel
ordre, gardons aussi le serutin d'ar
rondissement, pour , le même motif.
« Craignons toujours », dit M. Ranc,
« l'emballement des foules et les po
pularités d'un jour ». Et puis, peut-on
changer tous les quatre ans le sys
tème électoral ? Nous aurions l'air de
ne jamais savoir ce que nous vou
lons.
La Chambre de 1893 ne sera donc
pas élue au scrutin de liste. Mais que
M. Goblet ne désespère point. On y
reviendra peut-être pour 1897. Que les
socialistes continuent leurs progrès,
et l'on verra les opportunistes et les
radicaux .eux-mêmes demander cette
réforme électorale, afin de noyer les
suffrages des villes dans ceux des
campagnes.
PIERRE V euix -LOT.
Nous venons de recevoir lé numéro
de YOsservatore Romano qui s'occupe
du tôle des catholiques à l'occasion
dès élections politiques en Italie, et
dont nous avons déjà parlé dans nos
dépêches.
UOsservatore Romano ne consacre
pas moins de quatre articles à ce su
jet. Nous nous bornons pour aujour
d'hui à citer les observations sui
vantes :
Il y a des caractéristiques très marquan
tes pour indiquer la différence entre la si
tuation de l'Eglise et du Pape ioi à Rome et
de la situation qui existe ou qui peut exister
dans les autres Etats.
Voioi un exemple : Le Saint-Père
Léon XIII a sagement notifié, dans ses ré
centes instructions aux catholiques français,
que oeux-ci doivent distinguer la forme du
gouvernement de la législation en vigueur.
Il faut donc qu'ils acceptent loyalement
la première pour améliorer la seconde. Dans
oe cas, de bonnes lois rendront bonne, et
par conséquent aimée et respectée de tous;
la forme du gouvernement que la nation
s'est donnée.
Mais ici, en Italie, il ne saurait être ques
tion de forme de gouvernement, ni de légis
lation de l'Etat : ioi il s'agit d'un pouvoir
qui, par la force, s'tst substitué à l'autorité
du Pape à Rome et dans les Etats de l'E
glise.
Tout le monde sait que sous ce rapport
il ne saurait y avoir de prescription de
temps ou de sanction humaine. On a violé
et offensé le droit de l'Eglise et du Pape. Il
ne slagit .point ici d'un droit accessoire, se
condaire, dérivé, aliénable, temporel et pu-!
rement terrestre, comme déblatèrent des
gens qui ne connaissent rien on ne veulent
rien connaître au sujet d'une si importante
question. Mais il s'agit, que l'on en prenne
note, pour l'Eglise et 1« Pape d'un droit
essentiel, inaliénable., indestructible, . droit
qui se rapporte & la liberté et à l'indépen
dance de l'Eglise et de la Papauté, en un
mot de son droit.d'existenoe et de son droit
d'action.
Une entité morale, telle qu'un homme,
un individu sans liberté forme une-absur
dité morale : c'est une impossibilité morale
et sociale qu'une souveraineté puisse exis
ter sans être libre et indépendant,?.
Voici, dans son texte intégral, la
note de YOsservatore Romano relative
à la question de la participation dies
catholiques italiens aux élections poli
tiques, note résumée par le télé
graphe :
Des personnes dignes de toute confiance
assurent que, datas les divérses régions de
l'Italie, on fait des efforts afin d'organiser
un mouvement, qui d'ailleurs a été tenté
inutilement autrefois, pour obtenir que les
catholiques italiens, lorsqu'ils parlent du
Pape; ne s'ocoupent plus des droits im
prescriptibles de l'Eglise et spécialement de
l'indépendance souveraine du Pontile
romain.
Il est facile de comprendre, dans les cir
constances parlementaires présentes, à quoi
vise en dernière analyse une telle ma
nœuvre.
Aussi, pour que les catholiques dignes
de ce nom ne se laissent pas induire en er
reur, il faut qu'ils se souviennent que la
défense pontificale, en vertu de laquelle les
catholiques ne peuvent prendre aucune part
aux élections politiques,.reste en pleine vi
gueur.
L'Agence Havas nous communique
la dépêche suivante :
Rome, 28 septembre.
L' Osseroatore Romano déclare, à propos
de l'interview qu'un rédaoteur d'un journal
de Paris prétend avoir eue avec le nonce à
Paris le 11 juin, que Mgr Ferrata n'a ja
mais reçu personne appartenant à oe jour
nal ou ayant avec lui des rapports, et n'a
jamais non plus exposé à personne les idées
que lui attribue ce rédacteur.
De la même Agenec nous recevons
cette autre dépêche :
* •
Londres, 28 septembre.
Une dépêche de New-York au Standard
annonce que la congrès des catholiques ro
mains vient d'avoir lieu & Newark (New-
Jersey).
Sept mille délégués y assistaient; l'ar-
chevêquè Corri'gan était présent.
L'oratéùr principal du ôbngrès, Ilerr
Schrœder, à renouvelé ' l'expresîsion des
vues des catholiques déjà exprimées à
Mayence.
Notre but principal, a-t-il dit, est la res
tauration du pouvoir temporel du Pape.
Le gouverneeurde New-.lersey a pris
la parole en termes sympathiques au con
grès, et cette particularité donne d'autant
plus d'importance à cette assemblée.
. Nous donnons sans la. garantir cette
dépêche de Y Agence Havas sur don
Carlos :
Buda-Pesth, 28 septembre.
Dans une interview avec un journaliste
pendant son séjour à Buda-Pesth, don
Carlos a déolaré qu'il n'abandonnait pas ses
droits au trône de France et que le gouver
nement français l'avait banni sans raison,,
les carlistes n'ayant jamais causé d'embar
ras au gouvernement. Il a ajouté qu'il lui
avait été dur d'être contraint de vivre loin
de Paris.
A propos de la oouronne d'Espagne, don
Carlos s'est exprimé ainsi :
« Je ne mefais pas d'illusions. L 'Espagne,
après le renversement de la dynastie ao-
tuelle, deviendra une république, et seule
ment ensuite elle reviendra aux carlistes.
Le trône actuel sera renversé par un état-
major derrière lequeLrip marchera aucune
troupe. La oampagne est eu totalité car
liste. Mon programme vise l'union en con
fédération de l'Espagne avec les républi
ques sud-américaines, cela au moyen des
traités internationaux. »
Nous recevons d'un ami la lettre
suivante, qui nous parait contenir une
remarque fort juste :
Très cher monsieur, '
. Nous sommes ici de cœur aVéc vous dans
la oampagne que vous 'Ouvrez oontre l'ora
teur de Montauban.
Il m'est venu une observation que je vous
livre, sans m'inquiéler d'ailleurs de la suite
qu'il pourra vous convenir d'y donner.
A l'entrée de M. d'Haussonville, dit le
narrateur, la Parisienne a été jouée.
.Je commençais à savoir raisonner, en
1831, lorsque parut la Parisienne. Les or
léanistes s'étaient effrayés des inquiétudes
que faisait naître la Marseillaise, fort en
vogue depuis les glorieuses de juillet 1830:
Ils commandèrent donc la Parisienne là
Casimir Delavigne. Ce chant deviut ainsi la
Marseillaise de la bourgeoisie. On se ras
sura, et l'on crut s'affermir, en le répé
tant partout ; je me souviens du I er cou
plet :
Peuple français, peuple de braves,
La liberté t'ouvre ses bras.
On noua a dit : Soyez esclaves,
Nous avons dit : Soyons soldats 1
0 jour d'éternelle mémoire 1
Paris n'a plus qu'un cri de gloire :
En avant, marchons.
Ne voilà-t-il pas une belle manière de
célébrer la monarchie traditionnelle , et de
relier aux Bourbons celui qu'ils appellent
Philippe VII, et qui, sous l'influence de oe
souvenir de 1830, n'est vraiment que Louis-
Philippe ll l'usurpateur continué 1
, En tout, respect,estime et reconnaissance.
Votre tout dévoué.
C. M.
Le Nouvelliste de Bordeaux avait affirmé
qu'un journal de Paris, dans le but de
flatter le Saint-Père, avait deux éditions
différentes : l'une pour la France, et l'autre
uniquement faite pour Rome. Dans cette
seconde édition, la plus importante, oe
journal ne craindrait pas de donner conti
nuellement les nouvelles les plus fausses
sur les succès de la politique recommandée
par les çnoycliquesj " sur l'apaisement qui
en serait le résul tat, eto.
La Croix et le Monde ont demandé au
Nouvelliste de Bordeaux de vouloir bien
nommer oe journal. Au lieu de répondre
nettement à la question, 1 & Nouvelliste dé
clare :
La Croix et le Uonde savent parfaitement qu'il
ne s'agit.pas. d'eux et que oe n'est pas eux qui
sont visés.dans notre information.
Alors qui va-t-on'soupçonner? Il serait
bon cependant de préciser, et nous deman
derons à notre 'tour , à notre confrère de
vouloir bien le faire.
•Et pour le décider à s'exécuter, . nous ne
lui oaoherons pas que, s'il refuse do.nom:
mer le journal .qu'il vise, on croira que,trop
sérieux et trop honnête pour se permettre
une telle mystification, il. a ; été mystifié,
Une -dépêche des Etats-Unis nous
signale une conférence qui a tourné
au tragique, mais qui aurait pu être
plus tragique ençore. Un M. Lyons
parlait à Gheyenne, dans l'Etat de
Wyoming, devant un auditoire de
500 personnes, de la question des
écoles.
M. Lyons, très monté à l'égard des
catholiques, s'élevait avec véhémence
contre l'idée de leur accorder 'des
« privilèges » dans les écoles publiques
de la nation.
Les théories de l'orateur n'étaient
point évidemment du goût de l'audi
toire, car il était criblé d'interruptions
et de protestations. Furieux, M. Lyons,
qui avait pris ses précautions, appela
la police à son secours et fit évacuer
la salle.
Puis, l'opération faite, il quitta lui
aussi la salle, non sans se munir d'un
revolvér extrêmement chargé. La
foule, qui l'attendait pour lui témoi
gner le genre d'admiration qu'il lui
inspirait par son éloquence et ses
procédés, se -mit à le huer vivement.
Lyons leur envoya les balles de son
revolver. II blessa grièvement quel
ques assistants. Alors la foule- se ruai
furieuse sur le conférencier dange- '
reux, qui allait passer un vilain quart
d'heure quand,grâce à quelques amis,'
il put s'échapper jusqu'à son hôtel,:
où il s'enferma.
La foule retrouva ses traces, et, de
plus en plus furieuse, mit le siège ;
devant l'hôtel, et Lyons devait aveir
déjà la crainte fondée de faire bientôt:
connaissance avec « le juge Lynch »,/
eomme en dit là-bas, quand lu police
reparut sur la scène et le conduisit au
poste pour lui sauver la vie.*" ; ' "
Il faut espérer que l'Amérique, à la^
quelle nous devons déjà l'usage abusif
du revolver,gardera pour elle la race
des conférenciers grinchus et armés
jusqu'aux dents. Mais, cela dit, il faut
reconnaître que, grâce à la torpeur,
et à l'apathie de l'opiniqn conserva
trice en France, le conférencier le
plus insolent et le plus grinchu pour
rait se permettre ici toutes lés im-
Eertinences sans soulever la moindre
agarre. Nous avons en Frange cinq
cents Lyons au moins — des Lyons,
sans revolvér d'ailleurs — et il n'y
a pas de danger que nous les voyions
rappeler au respect de la grande
majorité des Français, au respect de
la liberté. Cette pauvre liberté, éllé
est écrite sur tous nos murs ; elle
n'est point dans nos mœurs.
Il s'agit pourtant de la défendre où
de la prendre, et c'est là le difficile,
paraît-il, dans les grandes 1 comme
dans les petites choses; Un èxemple
complétera bien tpute notre pensée.
Le gouvernement possédé à sa'discré-
tion un Conseil d'Etat qui est chargé
de gêner les citoyens dans rë ^éçtf-
tion de leurs- dernières volontés,
chose sacrée entre-toutes,- chez le^
peuples civilisés.
Rien ne nousserait^plus-facile que
de soustraire nos dernières volontés
au contrôle du Conseil,d'Etat. Nous
nous intéressons à uii^ ceuvre; à,jine
école,' à.un hôpital, à ù'îié églisèi Nous
voulonà'à une de ces institutions lais
ser quelque choset. Il suffirait de don*
ner de la main à la main de notre
vivant,ou de choisir un. ami sûr qu'on
chargerait de régleT en sdn nom touà
les détails de la "donation: Et le Gon-t
seil d'Etat mâcherait à vide. •
Mais jamais de la vie! cela ne se
fait pas; cela,n'est pas régulier.
On veut être régulier, vivré .et
mourir selon les lois. On fait pom
peusement devant notaire un testa
ment, où le Conseil d'Etat biffera, tout
ce qui pourrait favoriser la religion
du décédé et scandaliser l'impiété
d'Etat.
L. N. G.
Voici en quels termes ie Figaro an-
nonoe l'expulsion; du socialiste Liebk
necht.:' ^
Lyon, 28 septembre, "j
Le gouvernement'français a expulsé, au
jourd'hui, le député allemand LiebknechÇ,
dont la presse a signalé la ; propagande for
cenée au sein du congrès socialiste de Mar-
seille, et dont on n'a : pas ' oublié les décla
rations -révolutionnaires dans toutes lès
interviews et conversations qu'il a ténueis
hors du congrès.
Notre politique extérieure -était àiissi vio
lemment critiquée par lui que ïiolfe politi
que intérieure : 1
, « Il est honteux, déclarait Liebknecht^ de
voir la France courber servilement réchïhe
devant un empereur autocrate,.s'agenbiilllér
et baiser les pieds d'un potentat, là Répu
blique s'allier, axeo 4an^mpire.jbsolu. C'est
triste, profondément triste et écœurant. »
Et il ajoutait encore. : « La Russie tr^hiisa la
France comme elle a trahi l'AlléDûagffie^»
Ce niatin, à six heures èt'domié ^M.. Lieb
knecht a reçu, à Dhôtel-Dubost, où ïl'était
descendu, la visite d'un cotomissairô'sjiéoial
de police et de trois agents, et il'a 'fi,téi 'sànai
autre formalité, conduit àla gttre; ott,"à feept
heuresBeufj, on l'embarquait pour Genève,
On l'a escorté jusqu'à la. frontière.
Personne en villo ne s'est aperçu de ce
départ, l'expulsion n'ayant'été : oonîiue-que
vers midi : encore a-t-on fait éKprès d'ô là
démentir dans divers centres v ouvriers. ■
' ' ' l ji • j .
D'autre part, voici en quels^-termes
le correspondant du- ■Petit' JàU> f ftttl ^
Lyon affirme que M. 'Liebknçbht ^'ai-
pas été, expulsé :
Le député allemand, M.. Li'ebkn'ectt, dit-
il, est parti ce mâtin de Lvon 'par lé tfam
de 7 h. 9. ' ■ "
Aucune mesure, He p'Ôliéê '!iK^
prise, contrairement ail bruit "àv^Lit
couru. r r ,.
. M. Liebknecht s'est rendu âètil'Vlà garé;
accompagné par un' garçon 'dé i'hôtel'où il
était descendu. '
L'Agence Havas . n'est p^'s ;.i^o,ins
affirmative : ...
Lyon, 28 septembre
Le député allemand Liebknecht,' aui es!|
arrivé hier soir dans notre ville,M il s,ét5
reçu, par divers groupes socialistes, .est
parti ce matin de Lyon .par le. tpain.de
7 heures 9. ,
Aucune mesure de police, n'avait .été
prise, contrairement au bruit qui avait
oouru. .....
M. Liebknecht s'est rendu seul.à la. gare.,
accompagné par un garçon de l'hôtel où
il était descendu.
On avait annoncé dans la soir.ée d'hier
qu'une importante réunion du parti puvrier
devait se tenir ce soir au théâtre Bellpoour
sous la présidence du député socialiste aile
mand. ...
On remarquera que la réunion,an--
noncée sous la présidence du
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