Titre : L'Univers
Éditeur : L'Univers (Paris)
Date d'édition : 1892-09-28
Contributeur : Veuillot, Louis (1813-1883). Rédacteur
Contributeur : Veuillot, Pierre (1859-1907). Rédacteur
Contributeur : Veuillot, François (1870-1952). Rédacteur
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Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 28 septembre 1892 28 septembre 1892
Description : 1892/09/28 (Numéro 8915). 1892/09/28 (Numéro 8915).
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
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Source : Bibliothèque nationale de France
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 06/02/2011
Mercredi 28 Septembre 1892
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N* 8915. — Edition quctidienne
MbMIIIWIHIMUl'IWl
Mercredi 28 Septembre 1802
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Un an . . .
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ÉDITION SEMI-QU©22S5£NNE
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PSIYEBS ot répond pas des manuscrits qui lai sont aâiessii
annonce8
LAGRANGE, CERF et G u , 6, plaoe do la Bourse
FRANCE
PARIS, 27 SEPTEMBRE 189*
Le discours de M. le comte d'Haus-
sonville occupe ce matin tous les jour
naux ; c'est naturel. Les feuilles roya
listes approuvent* quelques-unes avec
réserve; ainsi la Gazette de France
trouve que l'orateur va trop à la « dé
mocratie »; des feuilles républicaines,
les unes attaquent violemment, les
autres raillent dédaigneusement le re
présentant de Monsieur le comte de
Paris.
On trouvera plus loin quelques dé
tails donnés par la Vraie France au
sujet de la fermeture de la chapelle du
Haut-Mont, ainsi que l'arrêté préfecto
ral en vertu duquel la fermeture a eu
lieu. Tout s'accorde pour montrer
dans ce nouvel exploit du préfet du
Nord un acte de persécution gratuite.
A Montêlimart : tel est le titre d'un
article consacré par un journal radical
à M.le président du conseil, qu'ilaccuse
de s'être dérobé & l'entrevue que de
vait avoir avec lui le citoyen Mau-
jan. Ce député avait annoncé qu'il
demanderait à M. Loubet de retirer
les troupes de Garmaux ; mais le
ministre de l'intérieur était parti et
M. Maujan n'a pu voir que M. Viette.
Le ministre des travaux publics aurait
été très net ; il aurait déclaré que les
troupes ne seraient rétirées que lors
que l'accord se serait fait entre la di
rection des mines et les ouvriers. G'est
prudent, car les esprits sont de plus
en plus montés, les députés ouvriers
aidant, qui jouent véritablement le
rôle d'agents provocateurs.
A la suite de l'émotion produite par
le discours à Marseille du socialiste
allemand Liebknecht, le bruit a couru
que cet agitateur allait être expulsé.
De là, grande indignation chez les
membres du congrès marseillais.
Mais on a bientôt appris que c'était
un faux bruit : le gouvernement ré
serve sa fermeté pour les chapelles
catholiques.
A cause de la proximité des élec
tions en Italie, on s'est demandé de
nouveau si les catholiques devraient
ou pourraient prendre part au scru
tin. Une note de l 'Osservatore Rornano
dit :
« On cherche, dans diverses régions
de l'Italie, à obtenir que les catholi
ques italiens ne s'occupent plus des
droite imprescriptibles de l'Eglise,
mais spécialement de l'indépendance
souveraine du Pape.
« Il est facile de comprendre, dans
-les circonstances parlementaires ac
tuelles, à quoi vise cette manœuvré.
Il faut que les vrais catholiques se sou
viennent que la défense au Pape de
participer aux élections politiques
reste en vigueur. »
Elle est souvent dangereuse la voie
de l'opposition,et parfois elle entraîne
plus loin qu'on ne voudrait aller. Yoici
M. le comte Apponyi. chef d'une frac
tion de l'opposition qui prétendait res
ter dans de justes limites, qui se fait le
panégyriste de Kossuth et reproche au
ministère de se montrer trop conci
liant dims ses rapports avec l'Eglise.
Gela montre combien la situation est
tendue en Hongrie
Nous allons vraiment à un monde
nouveau. Tout est bouleversement
aujourd'hui. La société et les mœurs
sont en train de se modifier si profon
dément,que le siècle à venir ne ressem
blera plus guère au passé. Beaucoup
prennent ces changements pour le
progrès. G'est même l'opinion du plus
grand nombre, que l'on va à un état
social bien préférable à ce qui existait
auparavant. Il y a pourtant des choses
essentielles qui ne peuvent changer
sans préjudice pour la société.
Est-cê un progrès, par exemple, que
la transformation qui s'opère dans la
condition de la femme? Elle va de
pair avec les idées de liberté et d'indé
pendance qui ont soulevé les hommes
à la fin du siècle dernier et qui ont
rempli le présent siècle de révolu
tions. Les femmes, à leur tour, veu
lent être libres, comme les hommes.
Ge n'est encore qu'un petit commence
ment d'émancipation; mais que de
symptômes d'impatience, que d'indi
ces d'aspirations à. un état d'égalité
avec l'homme! On s'est moqué des
femmes qui réclament le droit de vote
et les autres droits politiques. G'est
probablement ce qu'elles obtiendront
en dernier lieu. Il se passera du temps
avant qu'on ne voie les femmes ins
crites sur les listes électorales, dispo
ser souverainement du suffrage uni
versel ; car, en France, elles sont les
plus nombreuses, et les hommes ne
consentiront pas à laisser passer la
majorité législative du côté du sexe
faible.
Les initiatrices de l'émancipation de
la femme se sont trompées en croyant
emporter de haute lutte la place. On
a ri de leurs prétentions. Toutes ces
présidentes de ligue* des droits de la
femme, toutes ces oratrices de clubs,
toutes ces instigatrices de pétitions
pour l'affranchissement du sexe fémi
nin, n'ont guère réussi qu'à se rendre
ridicules. Ge ne sont pas les reven
dications bruyantes, les discours, les
pétitions, les descentes sur la place
publique qui influeront beaucoup sur
le changement de condition de la
femme.
Mais il y a une révolution, petite
encore et toute silencieuse, qui s'ac
complit dans les mœurs féminines, et
dont l'effet peut aller bien loin. Avec
toutes les fausses idées d'égalité et de
progrès de ce temps, les hommes ont
eu le tort d'ouvrir à la femme des
voies nouvelles où elle ne devait pas
entrer. La femme est faite pour être
épouse et mère. Les hautes études, les
carrières libérales ne lui conviennent
pas. Mais c'était une grande tentation
pour elles de les aborder, surtout avec
les difficultés sociales de la vie ac
tuelle. Il y a donc eu des jeunes filles
entreprenantes, décidées, qui ont
quitté leur mère, leur sexe, pour em
brasser la carrière d'étudiantes et qui
ont été s'inscrire aux diverses facultés
de médecine, de lettres, de sciences et
même de droit. A l'origine, elles n'é
taient qu'une poignée ; elles ne fai
saient qu'exciter une curiosité, iro
nique chez les uns, sympathique
chez les autres. Aujourd'hui elles
sont nombreuses. A les rencontrer
dans le quartier des études, à Paris,
l'air délibéré, leur bagage d'étudiantes
sous le bras, sûres d'elle-mêmes et
comme virilisées de cœur et d'allu
res, il ne faudrait pas croire qu'elles
vont au milieu des jeunes gens pour
mener la vie facile de plaisir; elles ne
ëe mêlent à eux dans les écolés, -que
pour sè retrouver avec eux à l'examen
et leur disputer les grades de licencié
et de docteur en toutes les facultés.
Ge sont des jeunes filles qui aspi
rent à se créer une position, une vie
indépendante. Sans fortune , sans
appui, elles ont voulu conquérir silen
cieusement, par le travail, une place
dans la société, une place à laquelle
semblaient les appeler toutes ces idées
nouvelles sur l'instruction et la capa
cité intellectuelle des femmes, répan
dues dans la seconde moitié de notre
dix-neuvième siècle. Elles seront donc
un jour institutrices, professeurs, mé
decins, avocats, comme les hommes,
par le fait des diplômes qu'elles ont
conquis.
Mais ces jeunes personnes, sorties
des voies naturelles de la femme, de
venues hommes par leurs idées et
leurs mœurs, émancipées des ten
dresses, des sensibilités et aussi des
aspirations féminines, n'auront garde
de se marier. Habituées à se suffire à
elles-mêmes, assurées de leur posi
tion, elles n'iront pas unir leur vie à
celle d'un autre. N'ayant pas besoin
de l'appui d'un homme, elles n'as
sumeront pas volo'ntairèment les char
ges de la maternité. Leur carrière
leur suffira. Et d'ailleurs, elles ne
pourraient être mères, en étant pro
fesseurs, avocats et médecins.
Il y a là un danger bien plus qu'un
progrès pour la société. Déjà, le
nombre des mariages a diminué con
sidérablement depuis une vingtaine
d'années. Bien des causes contribuent
à cette diminution. L'influence du ro
man et du théâtre, si générale à notre
époque, tend à détourner du mariage
beaucoup de jeunes filles auxquelles la
réalité ne saurait donner le héros de
leurs rêves, et les aventures domesti
ques, les douleurs du ménage que
met sous leurs yeux la chronique
quotidienne du divorce ne sont point
faites pour amener les meilleures à
l'union conjugale. Tout conspire con
tre le mariage de HQ3 jours : les diffi
cultés de la vie, le dégoût de la réalité
vulgaire, la crainte des charges de la
maternité l'affaiblissement de l'esprit
de devoir,et aussi la perspective du di
vorce. Ppur bien des raisons morales
et matérielles, il y a une tendance de
la femme à s'éloigner de l'homme, à
se faire une vie à part, à se passe* de
lui. La séparation des sexes,que la na
ture a faits pour le rapprochement,
s'accentue de toutes manières. G'est un
trait de mœurs nouveau de notre so
ciété.
A toutes les causes de dépopulation
s'ajoute la désertion du mariage. Et
la femme y renoncera d'autant plus fa-,
cilement qu'elle pourra s'en passer
davantage. Toutes les facilités, tous
les encouragements que l'on a donnés
aux jeunes filles, de sortir de leur état
naturel, de la voie qui conduit à la
maternité par les occupations et les
vertus propres au sexe féminin, d'a
border les études littéraires et scienti
fiques, de concourir avec les jeunes
gens pour les carrières libérales,
toutes C63 utopies, nées de l'esprit
d'égalité et de progrès se retournent
contre le mariage. Il est effrayant de
voir que la France va se dépeuplant de
tous les côtés à la fois, et par toutes
sortes de causes qui tiennent au désor
dre social né de la Révolution.
Arthur Loth.
Nous avons résumé la conversa
tion très intéressante qui s'est na
guère élevée entre opportunistes et
radicaux. Il était surprenant de n'y
pas entendre la voix du plus gouver
nemental des organes modérés, la
République Française ; celle - ci, en
sage personne, écoutait les adverses
parties, se réservant de donner son
opinion ou plutôt de rendre son arrêt,
le débat terminé/ Aujourd'hui, la dis
cussion est close et la République
Française a parlé.
Avant d'examiner le jugement
qu'elle a porté sur l'affaire, il con
vient de connaître les dernières ré
pliques lancées par les divers interlo
cuteurs.
La réponse de M. Goblet aux invita
tions opportunistes est déjà connue
de nos lecteurs ; la voici en deux mots :
les opportunistes sont des bourgeois*
vivent les radicaux-socialistes! Ge
programme est bref.; mais il manque
un peu de clarté; aussi, l'ancien mi
nistre l'a-t-il augmenté de quelques
réformes politiques et sociales, ten
dant à démontrer qu'il possède encore
toutes les qualités d'un homme de
gouvernement.
M. Camille Pelletan, de son côté, a
publié à l'adresse des opportunistes un
long article, où les idées semblent
s'embarrasser fort dans les phrases
embrouillées dont le rédacteur de la
Justice a pris soin de les revêtir. Il
faut reconnaître d'ailleurs que les
explications de M. Pelletan se résume
raient avec peine en un langage clair
et précis. M. Pelletan se déclare en
nemi du « piétinement sur place » —
nous serions curieux de savoir com
ment il s'y prendrait, lui, pour piéti
ner en avançant; — il est partisan des
réformes; il doit par conséquent se
séparer du Temps , lequel « piétine sur
place >s, et offrir la main aux socialis
tes, gens essentiellement réformateurs.
-T- Mais les socialistes sont des révo
lutionnaires, obj3ctait l'organe oppor
tuniste. —- Je ne suis pas révolution
naire, répond le rédacteur de la Jus
tice : l'emploi de la force en politique
me fait horreur; du reste, les socia
listes ne veulent pas plus que moi y
recourir; cependant j'admets qu'ils le
pourraient vouloir, car l'histoire nous
apprend que la force a servi plusieurs
fois en ce siècle à renverser des gou
vernements. Eh bien, si l'on em
ployait ce moyen violent pour démolir
la république bourgeoise, afin d'édi
fier sur ses ruines la république radi
cale et sociale, tout en continuant à
réprouver l'emploi de la force, de-
vrais-je blâmer ceux qui en feraient
usage? J'estime que non ; ce ne serait
pas bien de leur part sans doute, mais
n'auraient-ils pas raison cependant ?
Deux jours après avoir produit ce
raisonnement bizarre, M. Pelletan a
éprouvé le besoin de partir en vacan
ces ; ayant donc signifié au Temps d'un
ton sec qu'il se voyait réduit à inter
rompre la conversation, il a donné à
son interlocuteur un léger coup de
chapeau et s'en est allé en sifflant un
tir ae bravoure.
Le Temps n'ayant obtenu des radi
caux qu'une chiquenaude quand il
leur demandait une poignée de mains,
les journaux de son voisinage ont été
unanimes à l'accabler de moqueries
et de blâmes ; toutefois ils ne se sont
point trouvés d'accord sur la conduite
à tenir; séparés de3 partis avancés,
les opportunistes n'ont donc même pas
la consolation de se sentir unis entre
eux.
La Liberté reproche à son confrère
de s'être tourné vers la gauche ; elle
voudrait, pour sa part, que, tout en
prenant « l'initiative des réformes
pratiques de nature à améliorer le
gort des masses », on tendit la main à
droite ; à son avis, le parti opportu
niste serait sage de « donner quelques
satisfactions légitimes et raisonnables
aux principes conservateurs que re
présentent les ralliés ».
G'est d'un ton plus léger que le
Journal des Débats aborde la question ;
il raille fort agréablement ce pauvre
Temps, qui offre l'alliance aux radi
caux, essuie leurs rebuffades, et se
soumettra de plus en plus à leur bon
plaisir afin de reconquérir leur appui.
Quant aux Débats eux-mêmes, ils se
gardent bien de conclure.
L'attitude de l'Estafette est plus
drôle : le journal de M. Ferry paraît
tout désorienté. Après avoir blâmé le
Temps, elle aussi, de sa malencontreuse
démarche» Y Estafette tourne les poin
tes de son esprit contre les radicaux ;
elle se plaît à voir le parti radical sus
pendu dans le vide, entre les socialis
tes qui le repoussent et les opportu
nistes qu'il affecte de dédaigner. Puis,
non sans avoir déclaré, comme il con
vient, que les réformes sont urgentes,
le journal ferriste laisse entrevoir un
certain déplaisir, et comme une dé
sillusion, des réponses brutales de
M. Pelletan : au fond, s'il condamne
le Temps , c'est surtout pour n'avoir
pas réussi.
Et le Temps, que dit-il au milieu de ce
haro universel ? Le grave journal mon
tre quelque déception et beaucoup
de trouble. Les menaces de révolu
tion surtout, proférées par M, Pelletan
l'ont ému : Gomment, s'écrie-t-il, on
voudrait encore user de violence! mai?
alors « était-co la peine de changer de
régime, si le fusil ou les barricades
doivent toujours être le moyen décisif
de trancher les conflits d'opinions et
d'intérêts? » Entendez-vous Rabagas,
parvenu par l'émeute, crier à ses
amis ; « Mais dites donc au peuple de
ne plus faire de révolutions ; ce n>st
plus la peine, puisque je suis ar
rivé! »
Le Temps toutefois sent bientôt que
ce trouble n'est pas décent ; il prend
alors un ton naïf et surpris : A pro
pos, dit-il, on a cru que nous faisions
des avances aux radicaux ; erreur,
complète erreur! « Nous nous propo
sions simplement l'étude d'une situa
tion générale politique », mais oui,
tout simplement. A-t-il dû être navré,
cet excellent journal, de voir aussi
étrangement méconnues des inten
tions si pures ?
La dernière phrase de l'article est à
citer :
Le progrès doit se faire et se fera, dit
le Temps. La République libérale est le seul
cadre et le seul instrument par lequel il
puisse se réaliser, et se réaliser pacifique
ment.
Le cadre par lequel se réalisera le
progrès! Gomme ce journal académi
que a dû être troublé pour écrire
ainsi !
Le débat était clos : M. Spuller s'est
alors installé dans la République Fran
çaise, pour en donner la conclusion.
Homme avisé, il morigène vertement
tous ces petits querelleurs, qui of
frent au public le spectacle de pareilles
dissensions dans le vieux parti répu
blicain. Quelle mouche vous a donc
piqués,s'écrie M. Spuller? Car enfin,
radicaux, opportunistes, "ces mots
n'ont aucun sens, vous le savez bien ;
il n'y a point de partis, nous sommes
tous d'accord...
Comprenant ensuite que cette opi
nion ne serait point partagée, M. Spul
ler exécute une volte-face : Oui, je
sais bien, dit-il, qu'il y a parmi nous
quelques esprits brouillons, agités,que
l'qp appelle des radicaux ; le radica
lisme est donc tout bonnement un état
d'esprit, et, précisément pour ce mo
tif, il est inutile de ramener vers les
opportunistes le parti radical, car
l'état d'esprit qu'il représente existera
toujours.
En résumé, selon M. Spuller, il n'y
a point de parti radical, mais le parti
radical est irréductible^
Nous aurions nous, une autre con-.
clusion à formuler; nous préférons
en emprunter les termes à la Gazette
de France. En somme, comme ditlo
journal monarchiste :
« L'ère des difficultés commence. »
Gazette effet, a laissé échap
per cet aveu.
Nous sommes au moment où l'oppo
sition systématique et stérile perd
chaque jour de ses partisans, où l'op
position constitutionnelle recrute cha
que jour, selon les vœux du Pape, des
adhérents nouveaux. G'est à ce mon
ment-là, vous l'avez dit formellement,
Gazette, c'est à ce moment-là que»
pour le vieux pacti républicain,
« l'ère des difficultés commence ».
François Vjsuillot.
La Vraie France donne quelques dé
tails sur l'iniquité nouvelle dont vient
de se rendre coupable le gouverne
ment persécuteur, en fermant la cha
pelle d« Haut-Mont :
Au lendemain du jour où M. Carnot
prononçait à Poitiers un chaleureux appel
aux idées de réconciliation et d'apaisement;
trois jours avant les fêtes du centenaire de
la fondation de la première république et
du prétendu avènement de la liberté, lé
préfet du Nord Vel-Durand signait un ar>(
rêté en vertu duquel le domicile privé de
quelques citoyens devait être violé par la
foroe et une chapelle catholique saoriftga-
ment fermée.
Ge décret, daté du 19 septembre IStS, a
été exécuté hier 24 septembre, à Mouveaax,*
en la maison de retraites de-Notre-Dame
du Haut-Mont, par les soins de M. Re«a-
bauville, commissaire central de Tourcoing,
accompagné de M. Vittonj commissaire do
police.
Les deux représentant? de l'illégalité et
de l'injustice sont arrivés vers dix heures
et ont demandé le R. P. supérieur, auquel
ils ont exhibé leur mandat. Disons aussitôt
que ces deux malheuréux ëxécuteurs des
hautes œuvres gouvernementales se sent
montrés aussi oourtois que possible. L'un
d'eux, du reste, connaît son métier: il a
déjà fermé la chapelle des PP. de Sainte-
Marie à Tourcoing en 1881.
Le Père Didierjean, supérieur, demanda
simplement si, dans le cas où il refuserait
de les introduire, ils emploieraient la force?
— Si l'on résiste, j'ai ordre d'avertir la
procureur,qui enverra la force armée,
Et, en effet, la « foroe armée » ne de
vait pas être loin de là,oar notre envoydL
spécial a rencontré dans l'après-midi des
gendarmes dans le village de Mouveaux' et
en a vu deux autres, à 4 h. 7, prendre à
Wasquehal le train-tramvay pour Roubaix.
Devant cette menace, qui était une véri
table violence morale, il n'y avait qu'à
céder.
Le Père supérieur opposa à la notifi
cation de l'arrêté la protestation cjua
nous avons donnée dans notre numerp
d'hier.
Après avoir pris acte de cette protesta-,
tion, continue la Vraie France, les commis
saires ont procédé à leur triste besogne :
ils ont apposé les scellés à toutes les portes
de la chapelle.
Entre temps, le R. P. Doyotte avait pu
emporter le Saint-Sacrement dans unépièca
voisine ; l'on avait obtenu, également le loi
sir d'enlever les objets du culte les plu» es
sentiels.
Est-ce bien ainsi, ajoute notre confrère,
parlant du R. P. Didierjean, qu'il fallait
récompenser cet homme deux fois Fran
çais, ce gentilhomme lorrain qui, en 1870,
a opté généreusement poiir notre patrie
vaincue, cet écrivain de marque, cet ora
teur distingué, le P. Didierjean en un mot
qui, dans son humble retraite, cache un
PB
FEUILLETON DE UUMVERS
DU 28 8EPTEMBRB 1892
Découverte de l'arche de No©
SUR LB MONT ARARAT (1)
Le siècle qui va Unir ne sera pas seule
ment remarquable par ses chemins de fer,
par ses nombreuses applications de l'élec
tricité, ses mervéilleuses inventions dans
l'industrie, les gros budgets et les grèves,
il aura une autre gloire. : les découvertes
faites par les savants explorateurs des mo
numents et des insoriptiens des peuples
détruits.
depuis les travaux de Champollion, quels
progrès n'a-t-on pas faits peur déchiffrer
les hiéroglyphes d'Egypte et les caractères
cunéiformes des Assyriens ? Français, An
glais, Allemands se disputent la palme
dans oes études, si pénibles et si intéressan
tes,qui viennent enrichir nos musées. Bien
tôt, le passé n'aura plus de secrets, et nous
connaîtrons l'histoire,les coutumes, les mo
numents de ces vieilles populations dont il
restait à peine un vague souvenir. L'his
toire est erç même temps refaite aveo une
saine critique, et bien des erreurs sont
rectifiées. Notre siècle, malgré ses fautes,
aura bien mérité de la postérité.
Ces étud.es ne se poursuivent pas seule-
(1) Nous insérons cette communication, qui
nous est faite par notre correspondant d'Amé-
que, aveo les mêmes réserves qu'elle nous est
présentée.
(Note de la Rédaction.)
ment en Orient, mais encore dans le nou
veau monde, surtout dans le Mexique, le
Yuoatanet le Pérou. A l'occasion du cente
naire de l'arrivée de Christophe Colomb
dans le monde inconnu, les journaux amé
ricains s'ocoupent des populations qui ha
bitaient le pays, et l'exposition de Chicago
fournira de ourieux spécimens de leur
civilisation avancée. Ce ne sera pas là une
des moindres attractions de cette exposition
universelle.
Mais,pour retourner à l'Orient, voici une
découverte qui soulèvera bien des criti
ques dans lè monde savant. Je ne puis en
garantir l'authenticité, je donne les faits
tels que je les trouve dans le New-York
Herald du 13 juillet et ce journal les prend
dans le Fare francisco examiner. Si l'on
persistait à douter, il est facile d'organiser
une expédition pour le mont Ararati G'est
moins loin que le cercle polaire, cela offrè
moins de frais et de difficultés,et la question
vaut la peine d'être résolue.
Une antique tradition nons apprend que
l'arohe de Noé s'était arrêtée sur le mont
Ararat, et que les enfants de Noé en quit
tant l'arohe descendirent vers le sud. La
situation de l'Ararat est bien connue, et
sur les cartes on le trouve datis le groupe
de montagnes, qui s'étend de la mer Noire
à la mer Caspienne,par le 40 'degré de lati
tude nord et le 43* degré de longitude est.
Son accès ne doit pas être aisé, car les
neiges le recouvrent et le terrain est très
accidenté. On pourrait cependant y arriver
mieux qu'au mont Blanc.
Le Rév. Joseph Nouri, docteur en théo
logie et en droit canon, archidiaore de Bà-
bylone, délégué pontifical du Malabar, est
arrivé à San Francisco, par le steamer le
China, au commencement de juillet; il a
reçu de nombreuses visites à son hôtel et a
donné les plus minutieux détails de son
ascension au mont Ararat, en désignant le
jour et l'heure de la découverte ainsi que
les personnes qui l'accompagnaient ; il a fait
un dessin de la montagne et fourni tous
les renseignements qu'on lui demandait.
C'est un homme très instruit et d'une
grande énergie : il parle simplement 4e «e
qu'il a vu, et son ré«it mérite oonflanee.
« Je n'ai rien dit enoore de cette décou
verte dans lés journaux, et je n'en ai parlé
qu'àpéù dé personnes dans l'Inde. Si je
n'ai pas annoncé cette découverte, o'est que
le peu de personnes auxquelles j'en ai parlé
en riaieat et ne voulaient pas me croire.
C'est pourquoi, je m'abstiens d'en rien dire
i moins que l'on ne m'intarrbge; mais je
me confie dans l'avenir pour la justification
de oe que je dis.
« G'est le 25 avril,vers deux heures après
midi, que j'ai enfla vu l'arche sur la monta
gne. J'avais aveo moi Kahraman, Âugus-
tine, Ahanus, Assyriens chrétiens et des
mahométans, maîtres des chevaux et guides
de la baravane; Nous avions voyagé lente
ment, avec de pénibles efforts, sur les flancs
de ce cône, qui s'élève à 18,000 pieds (un
peu plus de 5,000 mètres). Nous avions au
paravant, en mars, tenté l'ascension de oe
pic par un autre côté, et nous étions redes
cendus sans pouvoir réussir.
« A la fin d'avril, la neige avait fondu en
partie, et noas marchions à l'aide de grands
b&tons, d'un bois très dur du Kurdistan,
sur les frontières de la Turquie et de la
Perse. Je marchais en tête, me dirigeant
vers le nord-est ; j'étais arrivé à la hauteur
de 16,000 pieds. Mes compagnons étaient
en arrière de 1,000 pieds; je m'avançai en
core mille pieds plus haut, et je n'étais plus
qu à 1,000 pieds de la cime. J'observai alors
à l'œil nu qu'il y avait une couleur particu
lière qui ne ressemblait en rien à la blan
cheur de la neige sur la pointe du pic.
« Frappé de cette bizarrerie, je pris ma
lorgnette et m'avançai eicore de 2 ou
300 pieds, en tournant vers le nord, et je
fixait mon attention sur cette tache noire. Jè
feôonntls alors que j'étais en face de l'ar
che,une grande barque, dont une partie, la
plus exposée à la neige,était ea pleine vue ;
je fis le tour du pic et je la reconnus dans
toute sa dimension. Le vaisseau avait plus
de 300 pieds de long et sa hauteur était de
iOÔ pieds, il y avait comme une petite tour
au milieu, et sur les flancs des espèces de
fenêtres. La toiture est écrasée au milieu
par la neige, mais on en voit des traces
sur les deux extrémités. Le temps était très
clair et les rayons du soleil chauds, la neige
cédait soU3 les pieds, et malgré cela,à cette
kaiileur, on sentait un air vif et froid.
« J'étais dans un état indescriptible d'ad-
miratien. C'était bien l'arche dont parlent
nos saintes Ecritures, et quoique je n'eusse
jamais douté de leur véracité j'étais heureux
de oe témoignage pour confondre ceux qui
ne croient pas. Je fis le tour du pic, je con
sidérai l'arche sous toutes ses faces ; il n'y
avait ni brouillards ni nuages, l'atmosphère
était limpide, et il était impossible de se
faire illusion.
« Je restai longtemps dans cette muette
contemplation, prenant les mesures et me
pénétrant bien de la forme de l'arche, qu'il
m'avait été donné de découvrir, après plus
de 4,000 ans d'existence et d'oubli. J'appe
lai mes compagnons, qui vinrent vérifier
ma découverte ; ils firent un examen très sé
rieux, et reconnurent que c'était bien l'ar
che dont parle lEoriture,et remercièrent le
Tout-Puissant de celte l'insigne faveur qui
eur était faite.
« Je le répète, nous étions dans la pleine
jouissance de nos facultés, et rien ne trou
blait notre vue ; rien, dans mon existence ni
dans la leur, n'était plus certain que ce que
nous avons vu, et nous descendîmes pleins
de joie remerciant, Dieu d'avoir réservé
pour ce temps oette révélation. »
Je n'ajouterai rien au récit du Rév. P.
Nouri, que je traduis aussi fidèlement qup
possible ; je le laisse aux critiques et aux
commentaires du lecteur, et je passe à uae
autre découverte dans le New-Mexico.
Habitations préhistoriques
DANS LE NEW-MEXI«0
Il ne se passe pas d'année que les Amé
ricains ne fassent quelques découvertes
dans l'Arizona et le Mexico. Il y avait là,
longtemps avant l'arrivée des Espagnols,
des populations oivilisées, qui ont aissé
des ruines remarquables. D'où vaaient-
elles? C'est un mystère que la science n'a
pas encore pénétré.
On écrit au New-York Herald, de Très
Piedas, New-Mexico, le 29 juillet 1892,qu'un
jeune homme du nom de Morrisson a dé
couvert une vieille cité sur un des pics à
l'est de oette cité. Il était venu, il y a trois
mois, dans ce pays, pour rétablir sa santé,
et sa curiosité le poussa à monter sur les
pics élevés qui ont donné le nom à la cité
de Très Piedas. Ces trois pics sont d 'a
bruptes montagnes qui s'élèvent à plusieurs
centaines de pieds et dominent la oontrée.
Sur la cime de l'un, on découvre les restes
d'anciennes habitations.
Morrisson, convaincu qu'avec du temps
et de la patience il arriverait au sommet de
ce pic, se mit courageusement à l'œuvre .et
commença l'ascension par le côté du sud.
Il lui fallait, à mesure qu'il avançait, creu
ser la roohe pour y former comme un esca
lier : ce travail dura pendant quatre-vingt-
trois jours, et à la fin, ses fatiguas furent
couronnées d'un plein succès : il trouva les
maisons intactes, et telles qu'elles étaient,
quand une convulsion subite du globe sé
para ces pios des autres montagnes et les
laissa ainsi isolés dans les airs. Il eoMpta
17 maisons sur divers points et au oeitra
du sommet, ce qui les read invisibles d'en
bas.
Il trouva les ustensiles dont se servaioat
les habitants : c'était comme dans les ruiaes
de Pompéi. Rien ne semblait dérangé, les
personnes avaient péri par la faim, et il na
restait que peu d'ossements ; il découvrit
cependant sous un tas de débris, une ter
rine remplie de cendres qui gardaient l'em
preinte du cadavre ; il le reoouvrit avec
soin, se proposant d'en venir prendre an
moulage.
Les maisons avaient toutes la même
forme, bâties en pierres et en briques, d'un
étage avec trois chambres, dont l'une ren
fermait des vases, des ustensiles et des ur
nes bien fermées, remplies de graines da
maïs, qui étaient en parfaite conservation ;
il y avait enoore des fragments d'or. A
quelle époque remonte ce bouleversement,
qui sépara les pios des autres montagnes,
nul ne peut le dire ; mais on ne peut nier
qu'à une époque très reculée, il y avait dans
ces contrées des peuples nombreux et pos
sédant une certaine civilisation. Morrisson
entretient une correspondance avec des
membres du Smithsoman, institut de Was
hington,et il a prié le gouvernement d'aecor?
der des fonds et d'envoyer des hommes pour
continuer les recherches, car il existe des
ruines qui n'ont jamais été explorées sur
les montagnes voisines. Il faut espérer que
l'on fera là de nouvelles et précieuses décou
vertes.
J. E. M artin.
m
N* 8915. — Edition quctidienne
MbMIIIWIHIMUl'IWl
Mercredi 28 Septembre 1802
—I — '
Un an . . .
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ÉDITIO N QUOTID IENNE
ÉTRANGER
(union pomuQ
ÉDITION SEMI-QU©22S5£NNE
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PSIYEBS ot répond pas des manuscrits qui lai sont aâiessii
annonce8
LAGRANGE, CERF et G u , 6, plaoe do la Bourse
FRANCE
PARIS, 27 SEPTEMBRE 189*
Le discours de M. le comte d'Haus-
sonville occupe ce matin tous les jour
naux ; c'est naturel. Les feuilles roya
listes approuvent* quelques-unes avec
réserve; ainsi la Gazette de France
trouve que l'orateur va trop à la « dé
mocratie »; des feuilles républicaines,
les unes attaquent violemment, les
autres raillent dédaigneusement le re
présentant de Monsieur le comte de
Paris.
On trouvera plus loin quelques dé
tails donnés par la Vraie France au
sujet de la fermeture de la chapelle du
Haut-Mont, ainsi que l'arrêté préfecto
ral en vertu duquel la fermeture a eu
lieu. Tout s'accorde pour montrer
dans ce nouvel exploit du préfet du
Nord un acte de persécution gratuite.
A Montêlimart : tel est le titre d'un
article consacré par un journal radical
à M.le président du conseil, qu'ilaccuse
de s'être dérobé & l'entrevue que de
vait avoir avec lui le citoyen Mau-
jan. Ce député avait annoncé qu'il
demanderait à M. Loubet de retirer
les troupes de Garmaux ; mais le
ministre de l'intérieur était parti et
M. Maujan n'a pu voir que M. Viette.
Le ministre des travaux publics aurait
été très net ; il aurait déclaré que les
troupes ne seraient rétirées que lors
que l'accord se serait fait entre la di
rection des mines et les ouvriers. G'est
prudent, car les esprits sont de plus
en plus montés, les députés ouvriers
aidant, qui jouent véritablement le
rôle d'agents provocateurs.
A la suite de l'émotion produite par
le discours à Marseille du socialiste
allemand Liebknecht, le bruit a couru
que cet agitateur allait être expulsé.
De là, grande indignation chez les
membres du congrès marseillais.
Mais on a bientôt appris que c'était
un faux bruit : le gouvernement ré
serve sa fermeté pour les chapelles
catholiques.
A cause de la proximité des élec
tions en Italie, on s'est demandé de
nouveau si les catholiques devraient
ou pourraient prendre part au scru
tin. Une note de l 'Osservatore Rornano
dit :
« On cherche, dans diverses régions
de l'Italie, à obtenir que les catholi
ques italiens ne s'occupent plus des
droite imprescriptibles de l'Eglise,
mais spécialement de l'indépendance
souveraine du Pape.
« Il est facile de comprendre, dans
-les circonstances parlementaires ac
tuelles, à quoi vise cette manœuvré.
Il faut que les vrais catholiques se sou
viennent que la défense au Pape de
participer aux élections politiques
reste en vigueur. »
Elle est souvent dangereuse la voie
de l'opposition,et parfois elle entraîne
plus loin qu'on ne voudrait aller. Yoici
M. le comte Apponyi. chef d'une frac
tion de l'opposition qui prétendait res
ter dans de justes limites, qui se fait le
panégyriste de Kossuth et reproche au
ministère de se montrer trop conci
liant dims ses rapports avec l'Eglise.
Gela montre combien la situation est
tendue en Hongrie
Nous allons vraiment à un monde
nouveau. Tout est bouleversement
aujourd'hui. La société et les mœurs
sont en train de se modifier si profon
dément,que le siècle à venir ne ressem
blera plus guère au passé. Beaucoup
prennent ces changements pour le
progrès. G'est même l'opinion du plus
grand nombre, que l'on va à un état
social bien préférable à ce qui existait
auparavant. Il y a pourtant des choses
essentielles qui ne peuvent changer
sans préjudice pour la société.
Est-cê un progrès, par exemple, que
la transformation qui s'opère dans la
condition de la femme? Elle va de
pair avec les idées de liberté et d'indé
pendance qui ont soulevé les hommes
à la fin du siècle dernier et qui ont
rempli le présent siècle de révolu
tions. Les femmes, à leur tour, veu
lent être libres, comme les hommes.
Ge n'est encore qu'un petit commence
ment d'émancipation; mais que de
symptômes d'impatience, que d'indi
ces d'aspirations à. un état d'égalité
avec l'homme! On s'est moqué des
femmes qui réclament le droit de vote
et les autres droits politiques. G'est
probablement ce qu'elles obtiendront
en dernier lieu. Il se passera du temps
avant qu'on ne voie les femmes ins
crites sur les listes électorales, dispo
ser souverainement du suffrage uni
versel ; car, en France, elles sont les
plus nombreuses, et les hommes ne
consentiront pas à laisser passer la
majorité législative du côté du sexe
faible.
Les initiatrices de l'émancipation de
la femme se sont trompées en croyant
emporter de haute lutte la place. On
a ri de leurs prétentions. Toutes ces
présidentes de ligue* des droits de la
femme, toutes ces oratrices de clubs,
toutes ces instigatrices de pétitions
pour l'affranchissement du sexe fémi
nin, n'ont guère réussi qu'à se rendre
ridicules. Ge ne sont pas les reven
dications bruyantes, les discours, les
pétitions, les descentes sur la place
publique qui influeront beaucoup sur
le changement de condition de la
femme.
Mais il y a une révolution, petite
encore et toute silencieuse, qui s'ac
complit dans les mœurs féminines, et
dont l'effet peut aller bien loin. Avec
toutes les fausses idées d'égalité et de
progrès de ce temps, les hommes ont
eu le tort d'ouvrir à la femme des
voies nouvelles où elle ne devait pas
entrer. La femme est faite pour être
épouse et mère. Les hautes études, les
carrières libérales ne lui conviennent
pas. Mais c'était une grande tentation
pour elles de les aborder, surtout avec
les difficultés sociales de la vie ac
tuelle. Il y a donc eu des jeunes filles
entreprenantes, décidées, qui ont
quitté leur mère, leur sexe, pour em
brasser la carrière d'étudiantes et qui
ont été s'inscrire aux diverses facultés
de médecine, de lettres, de sciences et
même de droit. A l'origine, elles n'é
taient qu'une poignée ; elles ne fai
saient qu'exciter une curiosité, iro
nique chez les uns, sympathique
chez les autres. Aujourd'hui elles
sont nombreuses. A les rencontrer
dans le quartier des études, à Paris,
l'air délibéré, leur bagage d'étudiantes
sous le bras, sûres d'elle-mêmes et
comme virilisées de cœur et d'allu
res, il ne faudrait pas croire qu'elles
vont au milieu des jeunes gens pour
mener la vie facile de plaisir; elles ne
ëe mêlent à eux dans les écolés, -que
pour sè retrouver avec eux à l'examen
et leur disputer les grades de licencié
et de docteur en toutes les facultés.
Ge sont des jeunes filles qui aspi
rent à se créer une position, une vie
indépendante. Sans fortune , sans
appui, elles ont voulu conquérir silen
cieusement, par le travail, une place
dans la société, une place à laquelle
semblaient les appeler toutes ces idées
nouvelles sur l'instruction et la capa
cité intellectuelle des femmes, répan
dues dans la seconde moitié de notre
dix-neuvième siècle. Elles seront donc
un jour institutrices, professeurs, mé
decins, avocats, comme les hommes,
par le fait des diplômes qu'elles ont
conquis.
Mais ces jeunes personnes, sorties
des voies naturelles de la femme, de
venues hommes par leurs idées et
leurs mœurs, émancipées des ten
dresses, des sensibilités et aussi des
aspirations féminines, n'auront garde
de se marier. Habituées à se suffire à
elles-mêmes, assurées de leur posi
tion, elles n'iront pas unir leur vie à
celle d'un autre. N'ayant pas besoin
de l'appui d'un homme, elles n'as
sumeront pas volo'ntairèment les char
ges de la maternité. Leur carrière
leur suffira. Et d'ailleurs, elles ne
pourraient être mères, en étant pro
fesseurs, avocats et médecins.
Il y a là un danger bien plus qu'un
progrès pour la société. Déjà, le
nombre des mariages a diminué con
sidérablement depuis une vingtaine
d'années. Bien des causes contribuent
à cette diminution. L'influence du ro
man et du théâtre, si générale à notre
époque, tend à détourner du mariage
beaucoup de jeunes filles auxquelles la
réalité ne saurait donner le héros de
leurs rêves, et les aventures domesti
ques, les douleurs du ménage que
met sous leurs yeux la chronique
quotidienne du divorce ne sont point
faites pour amener les meilleures à
l'union conjugale. Tout conspire con
tre le mariage de HQ3 jours : les diffi
cultés de la vie, le dégoût de la réalité
vulgaire, la crainte des charges de la
maternité l'affaiblissement de l'esprit
de devoir,et aussi la perspective du di
vorce. Ppur bien des raisons morales
et matérielles, il y a une tendance de
la femme à s'éloigner de l'homme, à
se faire une vie à part, à se passe* de
lui. La séparation des sexes,que la na
ture a faits pour le rapprochement,
s'accentue de toutes manières. G'est un
trait de mœurs nouveau de notre so
ciété.
A toutes les causes de dépopulation
s'ajoute la désertion du mariage. Et
la femme y renoncera d'autant plus fa-,
cilement qu'elle pourra s'en passer
davantage. Toutes les facilités, tous
les encouragements que l'on a donnés
aux jeunes filles, de sortir de leur état
naturel, de la voie qui conduit à la
maternité par les occupations et les
vertus propres au sexe féminin, d'a
border les études littéraires et scienti
fiques, de concourir avec les jeunes
gens pour les carrières libérales,
toutes C63 utopies, nées de l'esprit
d'égalité et de progrès se retournent
contre le mariage. Il est effrayant de
voir que la France va se dépeuplant de
tous les côtés à la fois, et par toutes
sortes de causes qui tiennent au désor
dre social né de la Révolution.
Arthur Loth.
Nous avons résumé la conversa
tion très intéressante qui s'est na
guère élevée entre opportunistes et
radicaux. Il était surprenant de n'y
pas entendre la voix du plus gouver
nemental des organes modérés, la
République Française ; celle - ci, en
sage personne, écoutait les adverses
parties, se réservant de donner son
opinion ou plutôt de rendre son arrêt,
le débat terminé/ Aujourd'hui, la dis
cussion est close et la République
Française a parlé.
Avant d'examiner le jugement
qu'elle a porté sur l'affaire, il con
vient de connaître les dernières ré
pliques lancées par les divers interlo
cuteurs.
La réponse de M. Goblet aux invita
tions opportunistes est déjà connue
de nos lecteurs ; la voici en deux mots :
les opportunistes sont des bourgeois*
vivent les radicaux-socialistes! Ge
programme est bref.; mais il manque
un peu de clarté; aussi, l'ancien mi
nistre l'a-t-il augmenté de quelques
réformes politiques et sociales, ten
dant à démontrer qu'il possède encore
toutes les qualités d'un homme de
gouvernement.
M. Camille Pelletan, de son côté, a
publié à l'adresse des opportunistes un
long article, où les idées semblent
s'embarrasser fort dans les phrases
embrouillées dont le rédacteur de la
Justice a pris soin de les revêtir. Il
faut reconnaître d'ailleurs que les
explications de M. Pelletan se résume
raient avec peine en un langage clair
et précis. M. Pelletan se déclare en
nemi du « piétinement sur place » —
nous serions curieux de savoir com
ment il s'y prendrait, lui, pour piéti
ner en avançant; — il est partisan des
réformes; il doit par conséquent se
séparer du Temps , lequel « piétine sur
place >s, et offrir la main aux socialis
tes, gens essentiellement réformateurs.
-T- Mais les socialistes sont des révo
lutionnaires, obj3ctait l'organe oppor
tuniste. —- Je ne suis pas révolution
naire, répond le rédacteur de la Jus
tice : l'emploi de la force en politique
me fait horreur; du reste, les socia
listes ne veulent pas plus que moi y
recourir; cependant j'admets qu'ils le
pourraient vouloir, car l'histoire nous
apprend que la force a servi plusieurs
fois en ce siècle à renverser des gou
vernements. Eh bien, si l'on em
ployait ce moyen violent pour démolir
la république bourgeoise, afin d'édi
fier sur ses ruines la république radi
cale et sociale, tout en continuant à
réprouver l'emploi de la force, de-
vrais-je blâmer ceux qui en feraient
usage? J'estime que non ; ce ne serait
pas bien de leur part sans doute, mais
n'auraient-ils pas raison cependant ?
Deux jours après avoir produit ce
raisonnement bizarre, M. Pelletan a
éprouvé le besoin de partir en vacan
ces ; ayant donc signifié au Temps d'un
ton sec qu'il se voyait réduit à inter
rompre la conversation, il a donné à
son interlocuteur un léger coup de
chapeau et s'en est allé en sifflant un
tir ae bravoure.
Le Temps n'ayant obtenu des radi
caux qu'une chiquenaude quand il
leur demandait une poignée de mains,
les journaux de son voisinage ont été
unanimes à l'accabler de moqueries
et de blâmes ; toutefois ils ne se sont
point trouvés d'accord sur la conduite
à tenir; séparés de3 partis avancés,
les opportunistes n'ont donc même pas
la consolation de se sentir unis entre
eux.
La Liberté reproche à son confrère
de s'être tourné vers la gauche ; elle
voudrait, pour sa part, que, tout en
prenant « l'initiative des réformes
pratiques de nature à améliorer le
gort des masses », on tendit la main à
droite ; à son avis, le parti opportu
niste serait sage de « donner quelques
satisfactions légitimes et raisonnables
aux principes conservateurs que re
présentent les ralliés ».
G'est d'un ton plus léger que le
Journal des Débats aborde la question ;
il raille fort agréablement ce pauvre
Temps, qui offre l'alliance aux radi
caux, essuie leurs rebuffades, et se
soumettra de plus en plus à leur bon
plaisir afin de reconquérir leur appui.
Quant aux Débats eux-mêmes, ils se
gardent bien de conclure.
L'attitude de l'Estafette est plus
drôle : le journal de M. Ferry paraît
tout désorienté. Après avoir blâmé le
Temps, elle aussi, de sa malencontreuse
démarche» Y Estafette tourne les poin
tes de son esprit contre les radicaux ;
elle se plaît à voir le parti radical sus
pendu dans le vide, entre les socialis
tes qui le repoussent et les opportu
nistes qu'il affecte de dédaigner. Puis,
non sans avoir déclaré, comme il con
vient, que les réformes sont urgentes,
le journal ferriste laisse entrevoir un
certain déplaisir, et comme une dé
sillusion, des réponses brutales de
M. Pelletan : au fond, s'il condamne
le Temps , c'est surtout pour n'avoir
pas réussi.
Et le Temps, que dit-il au milieu de ce
haro universel ? Le grave journal mon
tre quelque déception et beaucoup
de trouble. Les menaces de révolu
tion surtout, proférées par M, Pelletan
l'ont ému : Gomment, s'écrie-t-il, on
voudrait encore user de violence! mai?
alors « était-co la peine de changer de
régime, si le fusil ou les barricades
doivent toujours être le moyen décisif
de trancher les conflits d'opinions et
d'intérêts? » Entendez-vous Rabagas,
parvenu par l'émeute, crier à ses
amis ; « Mais dites donc au peuple de
ne plus faire de révolutions ; ce n>st
plus la peine, puisque je suis ar
rivé! »
Le Temps toutefois sent bientôt que
ce trouble n'est pas décent ; il prend
alors un ton naïf et surpris : A pro
pos, dit-il, on a cru que nous faisions
des avances aux radicaux ; erreur,
complète erreur! « Nous nous propo
sions simplement l'étude d'une situa
tion générale politique », mais oui,
tout simplement. A-t-il dû être navré,
cet excellent journal, de voir aussi
étrangement méconnues des inten
tions si pures ?
La dernière phrase de l'article est à
citer :
Le progrès doit se faire et se fera, dit
le Temps. La République libérale est le seul
cadre et le seul instrument par lequel il
puisse se réaliser, et se réaliser pacifique
ment.
Le cadre par lequel se réalisera le
progrès! Gomme ce journal académi
que a dû être troublé pour écrire
ainsi !
Le débat était clos : M. Spuller s'est
alors installé dans la République Fran
çaise, pour en donner la conclusion.
Homme avisé, il morigène vertement
tous ces petits querelleurs, qui of
frent au public le spectacle de pareilles
dissensions dans le vieux parti répu
blicain. Quelle mouche vous a donc
piqués,s'écrie M. Spuller? Car enfin,
radicaux, opportunistes, "ces mots
n'ont aucun sens, vous le savez bien ;
il n'y a point de partis, nous sommes
tous d'accord...
Comprenant ensuite que cette opi
nion ne serait point partagée, M. Spul
ler exécute une volte-face : Oui, je
sais bien, dit-il, qu'il y a parmi nous
quelques esprits brouillons, agités,que
l'qp appelle des radicaux ; le radica
lisme est donc tout bonnement un état
d'esprit, et, précisément pour ce mo
tif, il est inutile de ramener vers les
opportunistes le parti radical, car
l'état d'esprit qu'il représente existera
toujours.
En résumé, selon M. Spuller, il n'y
a point de parti radical, mais le parti
radical est irréductible^
Nous aurions nous, une autre con-.
clusion à formuler; nous préférons
en emprunter les termes à la Gazette
de France. En somme, comme ditlo
journal monarchiste :
« L'ère des difficultés commence. »
Gazette effet, a laissé échap
per cet aveu.
Nous sommes au moment où l'oppo
sition systématique et stérile perd
chaque jour de ses partisans, où l'op
position constitutionnelle recrute cha
que jour, selon les vœux du Pape, des
adhérents nouveaux. G'est à ce mon
ment-là, vous l'avez dit formellement,
Gazette, c'est à ce moment-là que»
pour le vieux pacti républicain,
« l'ère des difficultés commence ».
François Vjsuillot.
La Vraie France donne quelques dé
tails sur l'iniquité nouvelle dont vient
de se rendre coupable le gouverne
ment persécuteur, en fermant la cha
pelle d« Haut-Mont :
Au lendemain du jour où M. Carnot
prononçait à Poitiers un chaleureux appel
aux idées de réconciliation et d'apaisement;
trois jours avant les fêtes du centenaire de
la fondation de la première république et
du prétendu avènement de la liberté, lé
préfet du Nord Vel-Durand signait un ar>(
rêté en vertu duquel le domicile privé de
quelques citoyens devait être violé par la
foroe et une chapelle catholique saoriftga-
ment fermée.
Ge décret, daté du 19 septembre IStS, a
été exécuté hier 24 septembre, à Mouveaax,*
en la maison de retraites de-Notre-Dame
du Haut-Mont, par les soins de M. Re«a-
bauville, commissaire central de Tourcoing,
accompagné de M. Vittonj commissaire do
police.
Les deux représentant? de l'illégalité et
de l'injustice sont arrivés vers dix heures
et ont demandé le R. P. supérieur, auquel
ils ont exhibé leur mandat. Disons aussitôt
que ces deux malheuréux ëxécuteurs des
hautes œuvres gouvernementales se sent
montrés aussi oourtois que possible. L'un
d'eux, du reste, connaît son métier: il a
déjà fermé la chapelle des PP. de Sainte-
Marie à Tourcoing en 1881.
Le Père Didierjean, supérieur, demanda
simplement si, dans le cas où il refuserait
de les introduire, ils emploieraient la force?
— Si l'on résiste, j'ai ordre d'avertir la
procureur,qui enverra la force armée,
Et, en effet, la « foroe armée » ne de
vait pas être loin de là,oar notre envoydL
spécial a rencontré dans l'après-midi des
gendarmes dans le village de Mouveaux' et
en a vu deux autres, à 4 h. 7, prendre à
Wasquehal le train-tramvay pour Roubaix.
Devant cette menace, qui était une véri
table violence morale, il n'y avait qu'à
céder.
Le Père supérieur opposa à la notifi
cation de l'arrêté la protestation cjua
nous avons donnée dans notre numerp
d'hier.
Après avoir pris acte de cette protesta-,
tion, continue la Vraie France, les commis
saires ont procédé à leur triste besogne :
ils ont apposé les scellés à toutes les portes
de la chapelle.
Entre temps, le R. P. Doyotte avait pu
emporter le Saint-Sacrement dans unépièca
voisine ; l'on avait obtenu, également le loi
sir d'enlever les objets du culte les plu» es
sentiels.
Est-ce bien ainsi, ajoute notre confrère,
parlant du R. P. Didierjean, qu'il fallait
récompenser cet homme deux fois Fran
çais, ce gentilhomme lorrain qui, en 1870,
a opté généreusement poiir notre patrie
vaincue, cet écrivain de marque, cet ora
teur distingué, le P. Didierjean en un mot
qui, dans son humble retraite, cache un
PB
FEUILLETON DE UUMVERS
DU 28 8EPTEMBRB 1892
Découverte de l'arche de No©
SUR LB MONT ARARAT (1)
Le siècle qui va Unir ne sera pas seule
ment remarquable par ses chemins de fer,
par ses nombreuses applications de l'élec
tricité, ses mervéilleuses inventions dans
l'industrie, les gros budgets et les grèves,
il aura une autre gloire. : les découvertes
faites par les savants explorateurs des mo
numents et des insoriptiens des peuples
détruits.
depuis les travaux de Champollion, quels
progrès n'a-t-on pas faits peur déchiffrer
les hiéroglyphes d'Egypte et les caractères
cunéiformes des Assyriens ? Français, An
glais, Allemands se disputent la palme
dans oes études, si pénibles et si intéressan
tes,qui viennent enrichir nos musées. Bien
tôt, le passé n'aura plus de secrets, et nous
connaîtrons l'histoire,les coutumes, les mo
numents de ces vieilles populations dont il
restait à peine un vague souvenir. L'his
toire est erç même temps refaite aveo une
saine critique, et bien des erreurs sont
rectifiées. Notre siècle, malgré ses fautes,
aura bien mérité de la postérité.
Ces étud.es ne se poursuivent pas seule-
(1) Nous insérons cette communication, qui
nous est faite par notre correspondant d'Amé-
que, aveo les mêmes réserves qu'elle nous est
présentée.
(Note de la Rédaction.)
ment en Orient, mais encore dans le nou
veau monde, surtout dans le Mexique, le
Yuoatanet le Pérou. A l'occasion du cente
naire de l'arrivée de Christophe Colomb
dans le monde inconnu, les journaux amé
ricains s'ocoupent des populations qui ha
bitaient le pays, et l'exposition de Chicago
fournira de ourieux spécimens de leur
civilisation avancée. Ce ne sera pas là une
des moindres attractions de cette exposition
universelle.
Mais,pour retourner à l'Orient, voici une
découverte qui soulèvera bien des criti
ques dans lè monde savant. Je ne puis en
garantir l'authenticité, je donne les faits
tels que je les trouve dans le New-York
Herald du 13 juillet et ce journal les prend
dans le Fare francisco examiner. Si l'on
persistait à douter, il est facile d'organiser
une expédition pour le mont Ararati G'est
moins loin que le cercle polaire, cela offrè
moins de frais et de difficultés,et la question
vaut la peine d'être résolue.
Une antique tradition nons apprend que
l'arohe de Noé s'était arrêtée sur le mont
Ararat, et que les enfants de Noé en quit
tant l'arohe descendirent vers le sud. La
situation de l'Ararat est bien connue, et
sur les cartes on le trouve datis le groupe
de montagnes, qui s'étend de la mer Noire
à la mer Caspienne,par le 40 'degré de lati
tude nord et le 43* degré de longitude est.
Son accès ne doit pas être aisé, car les
neiges le recouvrent et le terrain est très
accidenté. On pourrait cependant y arriver
mieux qu'au mont Blanc.
Le Rév. Joseph Nouri, docteur en théo
logie et en droit canon, archidiaore de Bà-
bylone, délégué pontifical du Malabar, est
arrivé à San Francisco, par le steamer le
China, au commencement de juillet; il a
reçu de nombreuses visites à son hôtel et a
donné les plus minutieux détails de son
ascension au mont Ararat, en désignant le
jour et l'heure de la découverte ainsi que
les personnes qui l'accompagnaient ; il a fait
un dessin de la montagne et fourni tous
les renseignements qu'on lui demandait.
C'est un homme très instruit et d'une
grande énergie : il parle simplement 4e «e
qu'il a vu, et son ré«it mérite oonflanee.
« Je n'ai rien dit enoore de cette décou
verte dans lés journaux, et je n'en ai parlé
qu'àpéù dé personnes dans l'Inde. Si je
n'ai pas annoncé cette découverte, o'est que
le peu de personnes auxquelles j'en ai parlé
en riaieat et ne voulaient pas me croire.
C'est pourquoi, je m'abstiens d'en rien dire
i moins que l'on ne m'intarrbge; mais je
me confie dans l'avenir pour la justification
de oe que je dis.
« G'est le 25 avril,vers deux heures après
midi, que j'ai enfla vu l'arche sur la monta
gne. J'avais aveo moi Kahraman, Âugus-
tine, Ahanus, Assyriens chrétiens et des
mahométans, maîtres des chevaux et guides
de la baravane; Nous avions voyagé lente
ment, avec de pénibles efforts, sur les flancs
de ce cône, qui s'élève à 18,000 pieds (un
peu plus de 5,000 mètres). Nous avions au
paravant, en mars, tenté l'ascension de oe
pic par un autre côté, et nous étions redes
cendus sans pouvoir réussir.
« A la fin d'avril, la neige avait fondu en
partie, et noas marchions à l'aide de grands
b&tons, d'un bois très dur du Kurdistan,
sur les frontières de la Turquie et de la
Perse. Je marchais en tête, me dirigeant
vers le nord-est ; j'étais arrivé à la hauteur
de 16,000 pieds. Mes compagnons étaient
en arrière de 1,000 pieds; je m'avançai en
core mille pieds plus haut, et je n'étais plus
qu à 1,000 pieds de la cime. J'observai alors
à l'œil nu qu'il y avait une couleur particu
lière qui ne ressemblait en rien à la blan
cheur de la neige sur la pointe du pic.
« Frappé de cette bizarrerie, je pris ma
lorgnette et m'avançai eicore de 2 ou
300 pieds, en tournant vers le nord, et je
fixait mon attention sur cette tache noire. Jè
feôonntls alors que j'étais en face de l'ar
che,une grande barque, dont une partie, la
plus exposée à la neige,était ea pleine vue ;
je fis le tour du pic et je la reconnus dans
toute sa dimension. Le vaisseau avait plus
de 300 pieds de long et sa hauteur était de
iOÔ pieds, il y avait comme une petite tour
au milieu, et sur les flancs des espèces de
fenêtres. La toiture est écrasée au milieu
par la neige, mais on en voit des traces
sur les deux extrémités. Le temps était très
clair et les rayons du soleil chauds, la neige
cédait soU3 les pieds, et malgré cela,à cette
kaiileur, on sentait un air vif et froid.
« J'étais dans un état indescriptible d'ad-
miratien. C'était bien l'arche dont parlent
nos saintes Ecritures, et quoique je n'eusse
jamais douté de leur véracité j'étais heureux
de oe témoignage pour confondre ceux qui
ne croient pas. Je fis le tour du pic, je con
sidérai l'arche sous toutes ses faces ; il n'y
avait ni brouillards ni nuages, l'atmosphère
était limpide, et il était impossible de se
faire illusion.
« Je restai longtemps dans cette muette
contemplation, prenant les mesures et me
pénétrant bien de la forme de l'arche, qu'il
m'avait été donné de découvrir, après plus
de 4,000 ans d'existence et d'oubli. J'appe
lai mes compagnons, qui vinrent vérifier
ma découverte ; ils firent un examen très sé
rieux, et reconnurent que c'était bien l'ar
che dont parle lEoriture,et remercièrent le
Tout-Puissant de celte l'insigne faveur qui
eur était faite.
« Je le répète, nous étions dans la pleine
jouissance de nos facultés, et rien ne trou
blait notre vue ; rien, dans mon existence ni
dans la leur, n'était plus certain que ce que
nous avons vu, et nous descendîmes pleins
de joie remerciant, Dieu d'avoir réservé
pour ce temps oette révélation. »
Je n'ajouterai rien au récit du Rév. P.
Nouri, que je traduis aussi fidèlement qup
possible ; je le laisse aux critiques et aux
commentaires du lecteur, et je passe à uae
autre découverte dans le New-Mexico.
Habitations préhistoriques
DANS LE NEW-MEXI«0
Il ne se passe pas d'année que les Amé
ricains ne fassent quelques découvertes
dans l'Arizona et le Mexico. Il y avait là,
longtemps avant l'arrivée des Espagnols,
des populations oivilisées, qui ont aissé
des ruines remarquables. D'où vaaient-
elles? C'est un mystère que la science n'a
pas encore pénétré.
On écrit au New-York Herald, de Très
Piedas, New-Mexico, le 29 juillet 1892,qu'un
jeune homme du nom de Morrisson a dé
couvert une vieille cité sur un des pics à
l'est de oette cité. Il était venu, il y a trois
mois, dans ce pays, pour rétablir sa santé,
et sa curiosité le poussa à monter sur les
pics élevés qui ont donné le nom à la cité
de Très Piedas. Ces trois pics sont d 'a
bruptes montagnes qui s'élèvent à plusieurs
centaines de pieds et dominent la oontrée.
Sur la cime de l'un, on découvre les restes
d'anciennes habitations.
Morrisson, convaincu qu'avec du temps
et de la patience il arriverait au sommet de
ce pic, se mit courageusement à l'œuvre .et
commença l'ascension par le côté du sud.
Il lui fallait, à mesure qu'il avançait, creu
ser la roohe pour y former comme un esca
lier : ce travail dura pendant quatre-vingt-
trois jours, et à la fin, ses fatiguas furent
couronnées d'un plein succès : il trouva les
maisons intactes, et telles qu'elles étaient,
quand une convulsion subite du globe sé
para ces pios des autres montagnes et les
laissa ainsi isolés dans les airs. Il eoMpta
17 maisons sur divers points et au oeitra
du sommet, ce qui les read invisibles d'en
bas.
Il trouva les ustensiles dont se servaioat
les habitants : c'était comme dans les ruiaes
de Pompéi. Rien ne semblait dérangé, les
personnes avaient péri par la faim, et il na
restait que peu d'ossements ; il découvrit
cependant sous un tas de débris, une ter
rine remplie de cendres qui gardaient l'em
preinte du cadavre ; il le reoouvrit avec
soin, se proposant d'en venir prendre an
moulage.
Les maisons avaient toutes la même
forme, bâties en pierres et en briques, d'un
étage avec trois chambres, dont l'une ren
fermait des vases, des ustensiles et des ur
nes bien fermées, remplies de graines da
maïs, qui étaient en parfaite conservation ;
il y avait enoore des fragments d'or. A
quelle époque remonte ce bouleversement,
qui sépara les pios des autres montagnes,
nul ne peut le dire ; mais on ne peut nier
qu'à une époque très reculée, il y avait dans
ces contrées des peuples nombreux et pos
sédant une certaine civilisation. Morrisson
entretient une correspondance avec des
membres du Smithsoman, institut de Was
hington,et il a prié le gouvernement d'aecor?
der des fonds et d'envoyer des hommes pour
continuer les recherches, car il existe des
ruines qui n'ont jamais été explorées sur
les montagnes voisines. Il faut espérer que
l'on fera là de nouvelles et précieuses décou
vertes.
J. E. M artin.
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