Titre : L'Univers
Éditeur : L'Univers (Paris)
Date d'édition : 1892-08-14
Contributeur : Veuillot, Louis (1813-1883). Rédacteur
Contributeur : Veuillot, Pierre (1859-1907). Rédacteur
Contributeur : Veuillot, François (1870-1952). Rédacteur
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Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 14 août 1892 14 août 1892
Description : 1892/08/14 (Numéro 8871). 1892/08/14 (Numéro 8871).
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse Collection numérique : Bibliographie de la presse
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Droits : Consultable en ligne
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Source : Bibliothèque nationale de France
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 06/02/2011
Dimanche 14 Août iSÔ2
N* 88? 1. — Édition quotidienne
Dimanche 14 Août 1892
On an . . .
Six mois . .
Trois mois.
ÉDITIO N QUOTID IENNE
PARIS ÉTRANGER
ai départements (union postal»)
. B5 » 66 »
. 28 50 84 »
• 15» 18 »
ÉDITION SÈMI-QUOÏIDIENNÈ
&es abonnements partent des 1« et 16 de chaque mois
ÙN NUMÉRO I f^ ris 18 cent.
I D éparté ménts... 20 —
BUREAUX ; Paris, 10, rue des Saints-Pôres
Dn an . . .,
Six mois. .
Trois mois.
paris .
II DÉPARTEMENTS
. . 30 »
. . 16 »
.. 8 50.
ÉTRANGER
(union postali)
86 »
19 »
10 »
On «'abonne & Rome, place du Gesù, 8
Les abonnements partent des 1» et 16 de chaque mois
i'BKIVIBS ut répond pas dés manuscrits pi loi sont iSréssM
ANNONCES
MM. LAGRANGE, CERF et G 10 , 6, placé dé la fioùràe
ma
FRANCE
PARIS, 13 AOUT 1892
La nouvelle du jour, c'est la lettre
adressée à ses électeurs pyrénéens par
M. le marquis de Breteuil pour leur
annoncer que, ne se sentant plus d'ac
cord aveo eux quant au caractère de
l'attitude politique qu'il entend gar
der, il donne sa démission de député.
Cette lettre sera vraisemblablement
l'objet de nombreux commentaires, et
déjà ce matin divers journaux l'inter
prètent au gré de leurs opinions res-
ftectives. Nous en publions plus loin
e texte.
En vue de la célébration du grand
centenaire du 22 septembre 1792,
maints conseils municipaux, oppor-
tunistes et radicaux, se mettent dès à
présent en devoir de voter des fonds.
Il n'est rien, en effet, que les conseil
lers municipaux à la mode radicale
sachent mieux faire que de voter des
fonds.Plus ils en votent,plus ils s'ima
ginent avoir fait grand et être grands
eux-mêmes-. C'est d'ailleurs une opé
ration qui ne demande pas d'efforts
d'intelligence. Oïl vote pour les fêtes
révolutionnaires, on vote pour les laï
cisations, on vote pour les sociétés
antireligieuses, et la liste s'allonge
tous les jours, si bien que finalement
il n'y a plus d'argent pour les travaux
utiles, malgré un constant accroisse
ment d'impôts.
Pour n'en citer qu'un exemple, voici
le conseil municipal d'Angers qui
vient de voter 15,000 francs pour fêter
dignement l'anniversaire du 22 sep
tembre. Un conseiller ayant proposé
8,000 francs, ce fut une explosion d'in
dignation; l'on dit même que plus d'un
trouve le chiffre de 15,000 bien mes
quin. Ce sont les mêmes qui estiment
qu'une religieuse consacrant sa vie à
l'instruction et aux soins des malades
a trop de 600 francs par an !
Nous donnons plus loin de nou
veaux détails sur les tragiques évé
nements du Congo belge. D'autre part*
il se confirme que la société du Haut-
Congo a remis, le 10 de ce mois, à
M. Beernaert, ministre des finances)
le rapport contenant l'exposé de ses
griefs contre l'Etat du Congo et récla
mant l'intervention du gouvernement
belge, ce à quoi lei ministre a répondu
en demandant les éclaircissements que
cette communication semblait rendre
nécessaires. Or, une dépêche de
Bruxelles nous apprend en même
temps que M. van Eetvelde, secrétaire
d'Etat au département de l'intérieur
du Congo est parti jeudi soir en congé
pour plusieurs semaines. Voilà un
congé qui ne paraîtra pas des plus
opportuns.
Dans le conseil de cabinet tenu hier
par les membres de l'ancien cabinet
Salisbury, les ministres ont décidé de
donner leur démission. Cette démis
sion ayant été officiellement acceptée
par la reine, M. Gladstone recevra
sans doute aujourd'hui la commission
royale le chargeant de former le nou
veau ministère. Lord .Roseberry, qui
sera chargé de la direction des affaires
étrangères du Foreign-offioè dans le
nouveau ministère, a eu hier sa pre
mière entrevue avec M. Gladstone de
puis les élections.
On a remarqué que l'Allemagne
était la seule des grandes puissances
qui ne fût pas représentée^ aux fêtes
qui viennent d'être célébrées en Es
pagne, à Palos, en l'honneur de Chris
tophe Colomb, et les journaux^ de
M. de Bismarck n'ont pas manqué de
commenter le fait, au désavantage du
gouvernement prussien. En réponse
à ces griefs, la Gazette de l'Allemagne
du Nord dit que, si le gouvernement a
renoncé à envoyer un navire de
guerre en Espagne à l'occasion des
fêtes en l'honneur de Christophe Co
lomb, ç'a été uniquement pour des
raisons techniques.
Le journal allemand dit que, pen
dant la période des manœuvres de la
marine, on devait, vu l'effectif res
treint des équipages, s'abstenir d'em
piéter encore sur le nombre des hom
mes prenant part aux exercices, qui
a déjà été diminué par l'envoi de là
Princesse-Guillaume à Gênes.
« Comme il n'y avait qu'un navire
disponible, ajoute la Gazette de l'Alle
magne du Nord, il était tout naturel
que l'on donnât, sans préjudice de nos.
relations amicales avec l'Espagne, la
préférence à l'Italie, qui est si étroite
ment unie à l'Allemagne par la triple
alliancè. » Généralement, cette défense
n'a pas semblé victorieuse.
M. Stambouloff vient d'arriver à
Constantinople, et le sultan a envoyé
son secrétaire particulier pour le sa
luer. En outre, après s'être rendu au
selamleck, le prenïier ministre bul
gare a été reçu par le sultan en au
dience particulière. Plusieurs jour
naux, commentant ce fait, en con
cluent que la Turquie, sollicitée par
l'Autriche et l'Italie de reconnaître le
pirince de Bulgarie s'y montrerait pres
que décidée.
La politique d'expansion coloniale
n'excite peut-être pas encore l'en
thousiasme dés foules ; mais quel
changement tout de même ! Elle n'est
plus considérée comme néfaste, cri
minelle. Loin de là, on en comprend
mieux chaque jour les avantages, là
nécessité. La politique d'expansion
coloniale a cessé d'être impopulaire.
Si l'on veut, de cette modification
profonde opérée dans l'esprit public
par le temps et l'évidence, une preuve
péremptoire, les journaux sont là pour
nous la fournir. Voici la lutte engagée
au Dahomey. Le premier coup de ca
non tiré eût jadis été le signal d'un
furieux concert de protestations. D'a
bord, le gouvernement n'avait pas le
droit de faire tirer un coup de canon
en l'absence des Chambres. Et puis,
le Dahomey (comme le Tonkin), quel
engrenage ! Hélas ! on allait bien le
voir ! Pour nous y maintenir, il fau
drait, — à quel prix I — conquérir la
moitié de l'Afrique. Guerre sans fin*
qui nous coûterait inutilement le plus
clair des ressources et du sang de la
France ! Un seul parti raisonnable
était à prendre : l'éyacuation. Quel
besoin notre pays avait-il de ces quel
ques arpents de marais? Le minis
tère devait donc évacuer le Dahomey
au plus vite, s'il ne voulait pas être
responsable des désastres qu'il était
facile de prévoir, s'il ne voulait pas
être mis en accusation à la rentrée du
Parlement. Etc., etc., etc...
On trouvé que nous forçons la note.
On est prêt à se récrier, à dire que ja
mais, même pour le Tonkin, les ad
versaires dé la politique d'expansion
coloniale n'ont poussé jusqu'à ce point
la déraison de l'hostilité. On se trom
pe. Nous venons de résumer fidèle
ment le. langage que tenaient, en
août 1884, nombre de journaux d'ex
trême-gauche et de droite, alors que
se poursuivait l'expédition du Tonkin,
non moins régulièrement engagée
que l'expédition du Dahomey. Si l'on!
a peine à croire, aujourd'hui, qu'une
grande partie de la presse, il y a huit
ans, ait pu divaguer de la sorte, c'est
parce qu'on oublie vite. Les idées se
sont modifiées ; on accepte, on préco
nise même la politique d'expansion
coloniale. Les adversaires qu'ellè ren
contre encore sont habitués à elle;
l'accoutumance, chez eux, a banni la-
fureur. Et il faut faire effort pour se
remettre en mémoire toutes les colères
extravâgantes que cette politique a
soulevées. Lorsqu'on vous rappelle,
en passant, un écho de ces cris de
rage, il stupéfie. On n'est plus au dia
pason.
Quelle différence ! Evidemment, au
jourd'hui encore, le ton n'est pas le
même dans toute la presse. Il y à des
feuilles ravies de voir la France au
Dahomey ; il y en a d'autres qui eus
sent préféré qu'on pût s'abstenir d'y
faire une expédition nouvelle. Pour les
premières, la conquête sera d'une fa
cilité extrême; aller de Kotonou à
Abomey, c'est une charmante prome
nade. Pour les secondes, le châtiment-
de Behanzin n'est pas précisément une
besogne aisée ; on rencontrera dans
son accomplissement quelques sérieux
obstacles à vaincre ;.il faudra s'impo
ser de coûteux sacrifices. Et puis, au
tre divergence, répercussion de la por
litique intérieure : on est bien ou l'on
est mal disposé envers le gouverne
ment; alors on a confiance ou l'on
n'apas confiance en lui.
Mais qui donc élève la. voix pour
protester contre l'expédition elle-
même? Personne. Il n'est pas un
journal qui ose réclamer l'évacuation
pure et simple du Dahomey. Ce jour
nal soulèverait contre lui, par un
juste retour de l'opinion, les clameurs
indignées qui assaillaient jadis les :
promoteurs de la politique d'expan
sion coloniale. Tout le monde, des
confins de l'extrêmé-gauche & ceux
de la droite, se trouve d'accord pour
demander que l'on châtie Behanzin
de façon exemplaire. Il faut lui enle
ver toute envie, tout pouvoir de per
sister dans ses insolences, ses fourbe
ries et ses crimes. Il faut que la France
prenne et occupe, sur cette partie du
sol africain, les positions et les terri
toires qui lui sont nécessaires pour
établir solidement son influence, four
nir à la métropole de nouveaux et sé
rieux débouchés, remplir enfin sa
mission civilisatrice. On peut dire que
la presse est unanime, et par consé
quent l'opinion, à réclamer du gou
vernement cette action décisive, seule
digne de notre pays.
Encouragé de la sorte, espérons que
le gouvernement saura faire aveo
énergie et promptitude son devoir. Il
n'aurait point d'excuse, s'il n'instal
lait pas définitivement, sur ce coin de
l'Afrique, à la place du bourreau
Behanzin, la prépondérance fran
çaise.
Pierre Veuillot.
Le journal Paris , du sénateur Ranc,
dit à propos du décret condamnant
pour abus S. Em. le cardinal Place,
archevêque de Rennes, et S. Gr. Mgr
Catteau, évêque de Luçon :
La publication de ce document était né
cessaire. Elle gônera les évôques frappés
pour se poser en victimes ; elle fait ressor
tir le caractère particulier des campagnes
cléricales : le mépris de la loi et de la vé
rité;
Il faut croire qu'au Paris on a lu
.d'un œil singulièrement distrait là
pièce dont il s'agit, car nous n'avons
qu'à prendre la déclaration de Paris
à rebours pour appliquer tout juste
ment aux juges administratifs ce que
la feuille du sénateur Ranc attribue
aux évêques.
N'est-ce pas, en effet, au mépris de
la loi et de la vérité qu'on ose invo
quer, pour là justification d'un décret
pareil, l'article premier du Concordat
garantissant à l'Eglise la complète,
liberté de l'exercice du culte catholi
que?
Assurément, ce culte n'est pas li
bre, du moment que l'évêque ne peut
se prononcer, selon son droit, dans
des questions de conscience où son
intervention est aussi justifiée que
celle du pouvoir civil est abusive et
odieuse ! Par conséquent, le Concor
dat, qui doit faire là règle des rap
ports entre l'Eglise et l'Etat, est violé
par ce dernier. C'est ce que prouve
une fois de plu3 le document dont la
publication met le Paris en liesse^
Il la jugeait nécessaire pour faire
ressortir le caractère particulier des
« campagnes cléricales. » Nous ne la
trouvons pas moins utile pour faire
ressortir le caractère particulier des
« campagnes)anticléricales » menées
par le gouvernement. Grâce à Dieu, et
par une providentielle inadvertance des
juges administratifs, empêtrés dans
une mauvaise cause, ils ont pris soin
d'insérer dans le document même ce
qui peut le mieux démontrer com
bien on y fait fi de la loi et de la vérité.
L'extrait de la lettre du cardinal
Place au ministre* d'une part ; de l'au
tre, la déclaration de Mgr Catteau sur
les points intimes de l'ordre spirituel
et le texte des leçons de, catéchisme
incriminées, voilà, certes, et très am
plement, de quoi réfuter tous les con
sidérants du jugement qui vient à la
suite.
Voilà pourquoi, avec une sincérité
au moins égale à celle de M. Ranc,
nous sommes enchantés de la publi
cation du rapport au Conseil d'Etat et
du décret, conforme. Si Paris en doute,
voudrait-il nous expliquer pourquoi
les journaux catholiques sont les seuls
qui ont publié ces documents in ex
tenso ?
Auguste Roussel.
Nous avons plus d'une fois signalé
le zèle avec lequel le correspondant
romain du Times défend dans ce jour
nal les honimes et les choses de la Ré
volution italienne.
Les derniers désordres qui ont éclaté
à propos de la pacifique démonstra
tion des catholiques de Rome en
l'honneur de Christophe Colomb em
barrassent un peu le personnage. « Il
est impossible* dit-il, de ne pas con
damner l'intolérance de cette attaque
à là liberté d'une démonstration lé
gale ».
Mais,cette précaution oratoire prisé,
le correspondant du Times condamne
surtout... l'Eglise et les catholiques^
C'est l'Eglise qui est coupable de ne
pas renoncer « au pouvoir temporel. »
Tant qu'elle n'aura pas proclamé cette
renonciation, les anticléricaux protes
teront contre toute espèce de démons
tration catholique dans la Ville éter
nelle. Les autorités catholiques savent
; très bien la chose, et quand elles per-
! mettent un « mouvement » copime
icelui de l'autre jour, c'est avec l'inten-
Ition de provoquer une explosion d'in
tolérance de la part des anticléricaux.
Le raisonnement est lumineux et on.
en saisit vite les conséquences. Le
Pape a le tort d'être le successeur de
saint Pierre et de ne pas renoncer au
patrimoine que l'Europe catholique
lui a donné et que l'Italie détient. C'est
donc l'Eglise qui est réellement res
ponsable des excès commis dans les
rues de Rome par les radicaux et les
francs-maçons. Car c'est elle qui par
son attitude intransigeante pousse ses
honorables adversaires à troubler la
pàix publiqruè, à attrister la liberté, à
violer la loi. ,, s
Ne croirait-on pas entendre un dé
fenseur : de cour d'assises s'écrier :
« Messieurs, on accuse mon client
d'avoir massacré le propriétaire X...
Mais ce propriétaire est le principal
auteur de sa mort. Il avait lé tort de
trop tenir aux biens que son père lui
avait laissés. Mon client a été sans
doute un peu excessif, dans ses ma
nières. Que voulez-vous ? Il avait
averti son adversaire de ne pas sortir,
qu'à la première occasion il le tuerait
pour protester contre la propriété.
C'est donc X... lui-même qui a attiré
le malheur sur sa tête, m
Ce raisonnement de Cartouche est
exquis. Mais ne rions pas. Il y a des
Conseils d'Etat où ce genre de raison
nement est pratiqué et où on dit aux
évêques : « Le gouvernement vient dé
décréter que le mariage n'est plus un
sacrement de l'Eglise, que l'enseigne
ment non religieux est parfait. Quand
vous rappelez le contraire, c'est vous
qui attaquez le gouvernement. Il y a
donc abus, et nous.allons vous suppri
mer votre traitement, malgré le Con-,
cordât. »
On voit assez l'identité des situa
tions. Certes, le correspondant romain
du Times ferait ailleurs qu'à Rome un
parfait conseiller d'Etat. Il doit du reste
avoir d'autres titres que son rare don de
ipgiquè. On le gratterait — très peu —
qu'on trouverait tout de suite sous le
journaliste anglais — de Rome — le
juif et le franc-maçon.
L.N.G.
Lettres politiques
en bulgarie (1)
Avant d'aborder' au point de vue di
plomatique la question qui nous oc
cupe, permettez-moi de vous commu
niquer aujourd'hui quelques appré
ciations sur les rapports des Bulgares
avec les Russes pendant et depuis la
guerre de 1878. S'il y a. une question
bulgare, elle est là.
Voici d'abord quelquës lignes em
pruntées à la relation du mission
naire augustin dont j'invoquais déjà
le témoignage dans ma dernière
lettre :
Ce qui nous a frappé particulièrement,
o'est que les Russes eux-mêmes ayant oc
cupé les pays bulgares, ne s'exprimaient à
leur égard qu'avec beaucoup de mauvais
vouloir et de mépris, bien que la prudence
politique leur imposât le devoir d'en parler
avec plus de réserve; Je sais bien, car j'ai
été à Andrinople tout le temps de l'occupa
tion, je sais de la bouche môme des Russes
oomment ils traitaient ce peuple et com
ment ils voulaient que les autres le trai
tassent. Partout où ils pouvaient lui mon
trer du mépris, partout où ils trouvaient
l'oocasion d'en parler avec malveillance; ils
ne manquaient pas de le faire. Par contre,'
ils n'avaient que des éloges, même de l'ad
miration pour la langue turque, les oou-
tumes turques, témoignant ainsi leur anti
pathie pour les Bulgares (2).
M. Courrière n'est pas particuliè
rement sympathique aux Bulgares ni
hostile à la Russie; écoutons-le :
Un exemple bien frappatit de/cette dés :
harmonie morale qui divise'lés Slaves, c'est
l'attitude des Russes pendant la guerre de
Bulgarie. Cette attitude et les malentendus
qu'elle provoqua prouvent* au plus haut de
gré, que les Russes n'avaient auoune no
tion de l'esprit et des besoins du peuple
bulgare.
Le prince Tcherkasky, bien connu pour
son caractère despotique, fut plaoé à la
tfitjf de l'administration civile dè ce pays.
Il débuta par conférer tous les emplois à
des officiers de Isi garde (111) et implanta
sur le sol bulgare le systèmé administratif
russe. L'inexpérienoe de ces officiers trans
formés subitement en fonctionnaires, le
peu de conformité qui existait entre le ca
ractère du peuple et celui des institutions
qu'on voulait lui imposer, et enfin la roi-
deur et le despotisme qui caractérisaient
tout particulièrementradmifliëlrationrnase,
firent naître une foule de récriminations...
Déjà, dans les guerres précédentes, les
Russes avaient laissé, derrière eux fort peu
de bons sôuvènirs. Tous ces malentendus
jetèrent du froid dans les relations des deux
peuples.'Les Bulgirès se plaignirent d'être
traités en écoliers plutôt qu'en frères, et les
Russes; voyant que oes derniers rejetaient
les bienfaits de la prétendue civilisation
qu'ils leur apportaient, se récrièrent sur
1 ingratitude des Bulgares (3).
Sur le chapitre de Y ingratitude, je
rapporterai encore un extrait dé la re
lation déjà invoquée du missionnaire
augustin :
Les Bulgares se sont montrés beaucoup
moins reconnaissants que les Russes ne le
désiraient; c'est un fait qui aurait dû don
ner à réfléchir aux gens perspicaces ; car
la réserve des Bulgares, à 1 endroit des
Russes tenait moins à un manque de recon
naissance qu'à la orainte de perdre leur
nationalité et leur indépendance; qu'ils
croyaient menacées. Il est vrai qu'en ao-
;ceptant le secours dè la Russie, ils s'éxpo-
: skient eux-mêmes à ce danger ; mais qu on
iveuille bien songer qu'aucune autre puis
sance ne s'occupait de leur sort. Ils s'étaient
d'abord dit : « La Russieva nous délivrer
des Turos ; mais l'Europe ne luipermettra
pas de nous absorber ». Cette conviction a
été si forte et si générale que les enfants
eux-mêmes le répétaient.' ( Négociations reld-
tivesi.., page 376.) '
Une restait plus qu'une maladresse
à commettre. La mission du général
Kaulbach eut pour objet d'imposer
aux Bulgares une certaine candidature
Erincière, imaginée à Saint-Péters-
ourg. Quels que soient les mérités
personnels du général la mission a
échoué aussi complètement qu'il était
possible et peut-être facile aé le pré
voir. La brusquerie a achevé l'œuvre
de détachement déjà préparée par le
mépris et la raideur, aussi bien que
par la volonté bien arrêtée chez le3
Bulgares de rester Bulgares. Tous les
témoins désintéressés, et notamment
le capitaine Lamouche, démontrent
qu'ils le méritent.
En ont ils le droit?
A...
- .(A suivre.)
Le Gaulois publié la lettre suivante,
par laquelle M. le marquis de Breteuil
fait connaître à ses électeurs les mo
tifs qui lui conseillent de résigner son
mandat de député :
Messieurs et chers concitoyens,
Pendant les quelques semaines que je
viens de passer au milieu de vous, j'ai pu
me rendre compte de la perturbation pro
fonde qu'ont jetée dans les rangs du parti
conservateur les instructions venues de
Rome.
(i| Voir l'Univers du 1 er août 1892.
(2) Cité daos Négociations relatives au traité de
Berlin, page 376. — Paris, E Leroux.
(3) Littérature- contemporaine- chez les Slaves,
page 535. — Paris, Charpeatier.
Ce résultat ne m'a pas surpris, car chez
vous les convictions religieuses ont toujours
primé lès préférences politiques. .
L'expérience des quinze dernières an
nées vous avait convaincus que la forme
républicaine était synonyme de persécution
ét de destruction de votre foi, et si, malgré
la pression gouvernementale,dont vous gar
derez longtemps le souvenir, vous m'avez
depuis cette époque trois fois confié l'hon
neur de vous représenter à la Chambre,
c'est parce que je combattais de toutes mes
forces les hommes chargés d'appliquer la
politique républicaine ; c'est parce que je
vous affirmais que, sous un autre régime,
vous verriez votre culte et vos croyances
respectés : mais vous tolériez, plutôt que
vous n'approuviez mes convictions et mon
dévouement monarchiques.
Aujourd'hui le chef suprême de l'Eglise,
pour éviter sans doute des maux plus re
doutables, estimé que le devoir des catholi
ques est d'oublier les injures passées et
d'accepter loyalement la forme républi
caine. Il retire publiquement sa oonfiance
aux royalistes, qui n'ont pas su vaincre, et
les adjure de renoncer, pour le bien de la
France, à leurs opinions politiques.
La parole de Léon XIII s'est fait enten
dre dans un moment de calme relatif, et
vous y avez vu comme une promesse de pa
cification après ces longues années de luttes
où vous avez* connu' toutes les rancunes et
toutes les tracasseries d'une administra-;
tion mesquine.
Aveo vous, mes chers amis, je m'incline
respectueusement devant les conseils du
Souverain Pontife, et je veux espérer qu'ils
seront entendus de ceux qui dirigent la po
litique républicaine.
Mais j'estime qu'à cette situation nou
velle il faut des hommes nouveaux 1
Je crois qu'il est bien difficile, pour ne
pas dire impossible, à ceux qui déployaient,
hier, toute leur énergie à détruire la forme
du gouvernement, de renoncer tout à ooup
et sincèrement à des convictions raisonnées
et profondes.
Je comprends, je ne crains pas de le
dire, les justes défiances que des conver
sions si subites doivent inspirer au suffrage
universel comme au parti républicain.
Et, à mes yeux, il n'est qu'un moyen de
contribuer loyalement à la grande œuvre
d'apaisement et de sauvegarder en même
temps sa dignité personnelle, quand on à
affirmé à tant de reprises uné foi politique:
c'est de céder sa place à ceux que ne peu
vent rendre suspects ni des luttes ni des
déclarations antérieures.
Je demeure, pour ma part, convaincu que
la monarchie seule, une monarchie libérale
et soucieuse des besoins de la démocratie,
pourrait résoudre les questions sociales,
conjurèr les dangers extérieurs toujours
menaçants, administrer sagement la for
tune publique, sauvegarder les intérêts re
ligieux, et rendre à. la,France son éolat sé
culaire. . " 11
. Et. mon respectueux dévouement .au
prince que la république a proscrit n'a ja
mais été plus ferme ni plus inébranlable.
Ces sentiments' et ces 1 réflexions ont
dicté ma résolution de quitter-la Chambre
des députés, où je ne crois plus, en toute
conscience, représenter vos véritables opi
nions,, et je viens d'envoyer ma démission
au président de cette Assemblée.
Qu'il me soit permis, en vous quittant*
d'adresser un dernier remerciement à tous
oeux qui m'ont aidé et suivi dans la longue
lutte que nous avons engagée ensemble,
aux amis qui ont combattu à mes côtés,
oomme à tous les inconnus dont les suffra
ges m'ont été fidèles.
Vous me trouverez, dans ma retraite
comme au temps où j)avais l'honneur de
vous représenter, toujours prêt à vous
obliger et à vouâ aider, si l'occasion s'en
ofi're, et je vous garde mon plus reconnais-,
sant souvenir.
■■ B reteuil.
Tarbes, il août 1892.
La Voce délia Verità publie la note
Suivante :
D'un télégramme de Paris à la Tribuna,
il résulterait que le texte des paroles pro
noncées par le Saint-Père dans l'audience
accordée à, Mme Séverine a été approuvé
par le cardinal Rampolla, à qui il aurait été
soumis...
Nos informations, prises à ce sujet, nous
permettent d'affirmer de la manière la plus
nette que la . prétendue approbation au,
texte, sus-mentionné n'a jamais été donnée,
bien qu'elle" ait été sollicitée par la. dame
écrivain.
C'est donc sur celle-ci que retombe uni
quement la responsabilité de l'exactitude
de tout son récit.
. Les procédés de l'administration va
lent les jugements de ses tribunaux,
Nous apprenons, en. effet, par la Se
maine Catholique de Luçon,qu'à la date
où s'imprimait son numéro du 13,
c'est-à-dire le 11 et peut-être le 12,
Mgr Catteau n'avait pas encore été
avisé de la décision du conseil d'Etat
rendue à la date du 4.
Voici la note de la Semaine Catho
lique de Luçon
Tous les journaux annoncent, d'après une
communication donnée comme officieuse,
que le Conseil d'Etat, jugeant certains pas
sages du catéchisme de Luçôn qui lui ont
été déférés par M. le ministre des cultes, a
trouvé condamnables les parties incrimi
nées, et a déclaré l'abus, le jeudi 4 août.
La nouvelle est-elle vraie ou fausse?
Si elle est vraie, quel est exactement le
sens de la déclaration d'abus?
Mgr l'évêque de Luçon, intéressé plus
que personne dans cette question, n'en sait
encore rien : aucune notification ne lui a été
adressée jusqu'à ce jour.
Faut-il croire qu'on avait honte de
communiquer au pieux prélat le ré
sultat de poursuites qu'on sait perti
nemment être une iniquité?
M. l'abbé Delafosse condamné
Nous lisons dans le Journal dè
Rennes :
A la fin de son audience d'hier jeudi, là
Chambre correctionnelle de la cour a 6dn-
firmé le jugement du tribunal corréctibtoel
de Rennes condamnant à 200 fr. d'amende
M. l'abbé Delafosse, vicaire général;
L'arrêt, qui est très long, se base, oroyons-
nous, sur ce que la loi de 1881 n'a pas
abrogé l'art 201, qui reste applicable. La
critique d'une loi est permise aux ministres
du culte, mais ies termes employés pai?
M. Delafosse dépassent les limites per
mises.
Cette seconde déoision, comme la pre-<,
mière, est toute à l'honneur de M. l'abbé.
Delafosse, qui a si hautement revendiqué
ét si bien défendu leë droits des catholiques
en oe qui concerne l'école.
Oui, le Journal de Rennes a raison,
ces sortes de condamnations honorent
ceux qu'elles^ frappent, et ce n'est
pas une persécution de ce genre qui
empêchera jamais les apôtres de la
yérité de parler, et d'enseigner le de-,
voir.
$ous avons résumé les paroles pro-»
noncées^par M. l'avocat général F ré
mont dans son réquisitoire contré'
M. l'abbé Delafosse. Il n'est pas inu
tile de connaître lé texte mêihe de la
déclaration comminatoire faite par
M. l'avocat général :
La loi existe, a dit l'avocat général, la
loi doit être appliquée ; c'est bien elle', c'est
bien le gouvernement qui l'a. faite que
M. Delafosse a attaqué, censuré"; il tombe,
sans doute possible, sous l'application dé
Fart. 202,' et même on devrait appliquér
l'art. 203, car en prononçant ce sermon, en
publiant cette brochure de' propagande
contre les écoles de l'Etat, M. Delafosse a
excité les citoyens à la haine les uns contre
les autres, en quelque sorte à la guerre'
civile.
Le clergé brelon, surtout dans ce départe
ment, est en insurrection contre la lôi s'co-
laire ; il faut lui apprendre qu'elle sera ap
pliquée, il faut faire un exemple, il ne faut
pas qu'un vicaire général paraisse vouloir
Se mettre à la tête d'une sorte d'appel à la
révolte.
Autrefois, on traitait les lois que la Ré
publique a faites, la loi scblaire, la loi mi
litaire, la loi du divorce, de lois impies, de
lois scélérates.
Maintenant le ton a baissé, parce que
situation a changé ; le Pape accepte la Ré
publique, mais la soumission réelle, aux lois
n'existe pas; il faut y obliger le clergé,il faut
lui apprendre à respecter toutes les lois.
L'arrêt de la cour semblé ne pas" s'être
sensiblement écarté de ce programme.
Il convient, toutéfois, d'avertir M. l'a
vocat général Frémont qu'il se trompe
grossièrement, et avec lui le gouver-
rnement dont il était le porte-paroles,
s'il s'imagine, que les constitutionnels
vraiment dignes du nom de catholi
ques promettront jamais le respect des
lois contre lesquelles leur conscience
leur fait un devoir de lutter.
Au lendemain de l'arrêt rendu par
la cour d'Aix en faveur des francs-
maçons contre Mgr Cazet, il n'est pas
sans intérêt de lire le document ci-
après, extrait du Mémorandum , organe
officiel du rite franc-maçonnique
écossais (p. 18) :
Loge n° 310 Imérina, Orient de Tanana-
rive (Madagascar).
Notre loge sœur de l'île de Madagascar
a eu à soutenir contre les jésuites un de ces
oombals qui ont vivement impressionné
tous les maçons du continent.
Nos FF.-', de Tananarive, puissamment
aidés par le talent de notre très illustre
frère Iribe,ont triomphé do leurs ennemis
en première instance et en appel; mais eîi
suite de la déoision rendue par la cour ' de
cassation, le procès est encore pendant de
vant la justice de France.
Nos FF.-, font appel au dévouement de
tous les Frères de France pour les aider dans
lajuste revendication.de leurs droits.
Cet appel sera entendu ; le suprême con
seil et la grande loge centrale feront toutes
les démarches nécessaires pour faire triom
pher la cause si juste de nos FF.-, de
Tananarive.
L'événement a montré que les F.\
de France ne sont pas restés inactifs.
Mais, après cela, qui niera, désor-.
mais, l'influence néfaste de la franc-
maçonnerie dans toutes les branches
de l'administration?
L'école laïque est neutre, c'est und
affaire entendue. Par conséquent* le
prêtre n'y saurait entrer, car il porte
rait atteinte à la liberté de conscience
des enfants. Il ne saurait même péné
trer dans les crèches ou garderies of
ficielles, pour cette simple raison que
ces marmots au biberon sont de fu
turs citoyens, dont l'indépendance
doit être respectée aussi bien à leur
berceau qu'à leur lit de mort.
Mais, s'il s'agit de francs-maçons,
c'est une autre affaire. Les francs-ma
çons, eux, peuvent.entrerai bon, leur
semble, parce qu'ils sont chez eux, en
France aujourd'hui.
C'est pourquoi la loge de Charle-
ville vient d'accorder des livrets de
caisses d'épargne aux élèves de l'école
primaire de la rue des Ecoles.
On pense généralement que ce n'est
pas pour les beaux yeux de ces élèves
que la loge s'est montrée si généreuse.
N* 88? 1. — Édition quotidienne
Dimanche 14 Août 1892
On an . . .
Six mois . .
Trois mois.
ÉDITIO N QUOTID IENNE
PARIS ÉTRANGER
ai départements (union postal»)
. B5 » 66 »
. 28 50 84 »
• 15» 18 »
ÉDITION SÈMI-QUOÏIDIENNÈ
&es abonnements partent des 1« et 16 de chaque mois
ÙN NUMÉRO I f^ ris 18 cent.
I D éparté ménts... 20 —
BUREAUX ; Paris, 10, rue des Saints-Pôres
Dn an . . .,
Six mois. .
Trois mois.
paris .
II DÉPARTEMENTS
. . 30 »
. . 16 »
.. 8 50.
ÉTRANGER
(union postali)
86 »
19 »
10 »
On «'abonne & Rome, place du Gesù, 8
Les abonnements partent des 1» et 16 de chaque mois
i'BKIVIBS ut répond pas dés manuscrits pi loi sont iSréssM
ANNONCES
MM. LAGRANGE, CERF et G 10 , 6, placé dé la fioùràe
ma
FRANCE
PARIS, 13 AOUT 1892
La nouvelle du jour, c'est la lettre
adressée à ses électeurs pyrénéens par
M. le marquis de Breteuil pour leur
annoncer que, ne se sentant plus d'ac
cord aveo eux quant au caractère de
l'attitude politique qu'il entend gar
der, il donne sa démission de député.
Cette lettre sera vraisemblablement
l'objet de nombreux commentaires, et
déjà ce matin divers journaux l'inter
prètent au gré de leurs opinions res-
ftectives. Nous en publions plus loin
e texte.
En vue de la célébration du grand
centenaire du 22 septembre 1792,
maints conseils municipaux, oppor-
tunistes et radicaux, se mettent dès à
présent en devoir de voter des fonds.
Il n'est rien, en effet, que les conseil
lers municipaux à la mode radicale
sachent mieux faire que de voter des
fonds.Plus ils en votent,plus ils s'ima
ginent avoir fait grand et être grands
eux-mêmes-. C'est d'ailleurs une opé
ration qui ne demande pas d'efforts
d'intelligence. Oïl vote pour les fêtes
révolutionnaires, on vote pour les laï
cisations, on vote pour les sociétés
antireligieuses, et la liste s'allonge
tous les jours, si bien que finalement
il n'y a plus d'argent pour les travaux
utiles, malgré un constant accroisse
ment d'impôts.
Pour n'en citer qu'un exemple, voici
le conseil municipal d'Angers qui
vient de voter 15,000 francs pour fêter
dignement l'anniversaire du 22 sep
tembre. Un conseiller ayant proposé
8,000 francs, ce fut une explosion d'in
dignation; l'on dit même que plus d'un
trouve le chiffre de 15,000 bien mes
quin. Ce sont les mêmes qui estiment
qu'une religieuse consacrant sa vie à
l'instruction et aux soins des malades
a trop de 600 francs par an !
Nous donnons plus loin de nou
veaux détails sur les tragiques évé
nements du Congo belge. D'autre part*
il se confirme que la société du Haut-
Congo a remis, le 10 de ce mois, à
M. Beernaert, ministre des finances)
le rapport contenant l'exposé de ses
griefs contre l'Etat du Congo et récla
mant l'intervention du gouvernement
belge, ce à quoi lei ministre a répondu
en demandant les éclaircissements que
cette communication semblait rendre
nécessaires. Or, une dépêche de
Bruxelles nous apprend en même
temps que M. van Eetvelde, secrétaire
d'Etat au département de l'intérieur
du Congo est parti jeudi soir en congé
pour plusieurs semaines. Voilà un
congé qui ne paraîtra pas des plus
opportuns.
Dans le conseil de cabinet tenu hier
par les membres de l'ancien cabinet
Salisbury, les ministres ont décidé de
donner leur démission. Cette démis
sion ayant été officiellement acceptée
par la reine, M. Gladstone recevra
sans doute aujourd'hui la commission
royale le chargeant de former le nou
veau ministère. Lord .Roseberry, qui
sera chargé de la direction des affaires
étrangères du Foreign-offioè dans le
nouveau ministère, a eu hier sa pre
mière entrevue avec M. Gladstone de
puis les élections.
On a remarqué que l'Allemagne
était la seule des grandes puissances
qui ne fût pas représentée^ aux fêtes
qui viennent d'être célébrées en Es
pagne, à Palos, en l'honneur de Chris
tophe Colomb, et les journaux^ de
M. de Bismarck n'ont pas manqué de
commenter le fait, au désavantage du
gouvernement prussien. En réponse
à ces griefs, la Gazette de l'Allemagne
du Nord dit que, si le gouvernement a
renoncé à envoyer un navire de
guerre en Espagne à l'occasion des
fêtes en l'honneur de Christophe Co
lomb, ç'a été uniquement pour des
raisons techniques.
Le journal allemand dit que, pen
dant la période des manœuvres de la
marine, on devait, vu l'effectif res
treint des équipages, s'abstenir d'em
piéter encore sur le nombre des hom
mes prenant part aux exercices, qui
a déjà été diminué par l'envoi de là
Princesse-Guillaume à Gênes.
« Comme il n'y avait qu'un navire
disponible, ajoute la Gazette de l'Alle
magne du Nord, il était tout naturel
que l'on donnât, sans préjudice de nos.
relations amicales avec l'Espagne, la
préférence à l'Italie, qui est si étroite
ment unie à l'Allemagne par la triple
alliancè. » Généralement, cette défense
n'a pas semblé victorieuse.
M. Stambouloff vient d'arriver à
Constantinople, et le sultan a envoyé
son secrétaire particulier pour le sa
luer. En outre, après s'être rendu au
selamleck, le prenïier ministre bul
gare a été reçu par le sultan en au
dience particulière. Plusieurs jour
naux, commentant ce fait, en con
cluent que la Turquie, sollicitée par
l'Autriche et l'Italie de reconnaître le
pirince de Bulgarie s'y montrerait pres
que décidée.
La politique d'expansion coloniale
n'excite peut-être pas encore l'en
thousiasme dés foules ; mais quel
changement tout de même ! Elle n'est
plus considérée comme néfaste, cri
minelle. Loin de là, on en comprend
mieux chaque jour les avantages, là
nécessité. La politique d'expansion
coloniale a cessé d'être impopulaire.
Si l'on veut, de cette modification
profonde opérée dans l'esprit public
par le temps et l'évidence, une preuve
péremptoire, les journaux sont là pour
nous la fournir. Voici la lutte engagée
au Dahomey. Le premier coup de ca
non tiré eût jadis été le signal d'un
furieux concert de protestations. D'a
bord, le gouvernement n'avait pas le
droit de faire tirer un coup de canon
en l'absence des Chambres. Et puis,
le Dahomey (comme le Tonkin), quel
engrenage ! Hélas ! on allait bien le
voir ! Pour nous y maintenir, il fau
drait, — à quel prix I — conquérir la
moitié de l'Afrique. Guerre sans fin*
qui nous coûterait inutilement le plus
clair des ressources et du sang de la
France ! Un seul parti raisonnable
était à prendre : l'éyacuation. Quel
besoin notre pays avait-il de ces quel
ques arpents de marais? Le minis
tère devait donc évacuer le Dahomey
au plus vite, s'il ne voulait pas être
responsable des désastres qu'il était
facile de prévoir, s'il ne voulait pas
être mis en accusation à la rentrée du
Parlement. Etc., etc., etc...
On trouvé que nous forçons la note.
On est prêt à se récrier, à dire que ja
mais, même pour le Tonkin, les ad
versaires dé la politique d'expansion
coloniale n'ont poussé jusqu'à ce point
la déraison de l'hostilité. On se trom
pe. Nous venons de résumer fidèle
ment le. langage que tenaient, en
août 1884, nombre de journaux d'ex
trême-gauche et de droite, alors que
se poursuivait l'expédition du Tonkin,
non moins régulièrement engagée
que l'expédition du Dahomey. Si l'on!
a peine à croire, aujourd'hui, qu'une
grande partie de la presse, il y a huit
ans, ait pu divaguer de la sorte, c'est
parce qu'on oublie vite. Les idées se
sont modifiées ; on accepte, on préco
nise même la politique d'expansion
coloniale. Les adversaires qu'ellè ren
contre encore sont habitués à elle;
l'accoutumance, chez eux, a banni la-
fureur. Et il faut faire effort pour se
remettre en mémoire toutes les colères
extravâgantes que cette politique a
soulevées. Lorsqu'on vous rappelle,
en passant, un écho de ces cris de
rage, il stupéfie. On n'est plus au dia
pason.
Quelle différence ! Evidemment, au
jourd'hui encore, le ton n'est pas le
même dans toute la presse. Il y à des
feuilles ravies de voir la France au
Dahomey ; il y en a d'autres qui eus
sent préféré qu'on pût s'abstenir d'y
faire une expédition nouvelle. Pour les
premières, la conquête sera d'une fa
cilité extrême; aller de Kotonou à
Abomey, c'est une charmante prome
nade. Pour les secondes, le châtiment-
de Behanzin n'est pas précisément une
besogne aisée ; on rencontrera dans
son accomplissement quelques sérieux
obstacles à vaincre ;.il faudra s'impo
ser de coûteux sacrifices. Et puis, au
tre divergence, répercussion de la por
litique intérieure : on est bien ou l'on
est mal disposé envers le gouverne
ment; alors on a confiance ou l'on
n'apas confiance en lui.
Mais qui donc élève la. voix pour
protester contre l'expédition elle-
même? Personne. Il n'est pas un
journal qui ose réclamer l'évacuation
pure et simple du Dahomey. Ce jour
nal soulèverait contre lui, par un
juste retour de l'opinion, les clameurs
indignées qui assaillaient jadis les :
promoteurs de la politique d'expan
sion coloniale. Tout le monde, des
confins de l'extrêmé-gauche & ceux
de la droite, se trouve d'accord pour
demander que l'on châtie Behanzin
de façon exemplaire. Il faut lui enle
ver toute envie, tout pouvoir de per
sister dans ses insolences, ses fourbe
ries et ses crimes. Il faut que la France
prenne et occupe, sur cette partie du
sol africain, les positions et les terri
toires qui lui sont nécessaires pour
établir solidement son influence, four
nir à la métropole de nouveaux et sé
rieux débouchés, remplir enfin sa
mission civilisatrice. On peut dire que
la presse est unanime, et par consé
quent l'opinion, à réclamer du gou
vernement cette action décisive, seule
digne de notre pays.
Encouragé de la sorte, espérons que
le gouvernement saura faire aveo
énergie et promptitude son devoir. Il
n'aurait point d'excuse, s'il n'instal
lait pas définitivement, sur ce coin de
l'Afrique, à la place du bourreau
Behanzin, la prépondérance fran
çaise.
Pierre Veuillot.
Le journal Paris , du sénateur Ranc,
dit à propos du décret condamnant
pour abus S. Em. le cardinal Place,
archevêque de Rennes, et S. Gr. Mgr
Catteau, évêque de Luçon :
La publication de ce document était né
cessaire. Elle gônera les évôques frappés
pour se poser en victimes ; elle fait ressor
tir le caractère particulier des campagnes
cléricales : le mépris de la loi et de la vé
rité;
Il faut croire qu'au Paris on a lu
.d'un œil singulièrement distrait là
pièce dont il s'agit, car nous n'avons
qu'à prendre la déclaration de Paris
à rebours pour appliquer tout juste
ment aux juges administratifs ce que
la feuille du sénateur Ranc attribue
aux évêques.
N'est-ce pas, en effet, au mépris de
la loi et de la vérité qu'on ose invo
quer, pour là justification d'un décret
pareil, l'article premier du Concordat
garantissant à l'Eglise la complète,
liberté de l'exercice du culte catholi
que?
Assurément, ce culte n'est pas li
bre, du moment que l'évêque ne peut
se prononcer, selon son droit, dans
des questions de conscience où son
intervention est aussi justifiée que
celle du pouvoir civil est abusive et
odieuse ! Par conséquent, le Concor
dat, qui doit faire là règle des rap
ports entre l'Eglise et l'Etat, est violé
par ce dernier. C'est ce que prouve
une fois de plu3 le document dont la
publication met le Paris en liesse^
Il la jugeait nécessaire pour faire
ressortir le caractère particulier des
« campagnes cléricales. » Nous ne la
trouvons pas moins utile pour faire
ressortir le caractère particulier des
« campagnes)anticléricales » menées
par le gouvernement. Grâce à Dieu, et
par une providentielle inadvertance des
juges administratifs, empêtrés dans
une mauvaise cause, ils ont pris soin
d'insérer dans le document même ce
qui peut le mieux démontrer com
bien on y fait fi de la loi et de la vérité.
L'extrait de la lettre du cardinal
Place au ministre* d'une part ; de l'au
tre, la déclaration de Mgr Catteau sur
les points intimes de l'ordre spirituel
et le texte des leçons de, catéchisme
incriminées, voilà, certes, et très am
plement, de quoi réfuter tous les con
sidérants du jugement qui vient à la
suite.
Voilà pourquoi, avec une sincérité
au moins égale à celle de M. Ranc,
nous sommes enchantés de la publi
cation du rapport au Conseil d'Etat et
du décret, conforme. Si Paris en doute,
voudrait-il nous expliquer pourquoi
les journaux catholiques sont les seuls
qui ont publié ces documents in ex
tenso ?
Auguste Roussel.
Nous avons plus d'une fois signalé
le zèle avec lequel le correspondant
romain du Times défend dans ce jour
nal les honimes et les choses de la Ré
volution italienne.
Les derniers désordres qui ont éclaté
à propos de la pacifique démonstra
tion des catholiques de Rome en
l'honneur de Christophe Colomb em
barrassent un peu le personnage. « Il
est impossible* dit-il, de ne pas con
damner l'intolérance de cette attaque
à là liberté d'une démonstration lé
gale ».
Mais,cette précaution oratoire prisé,
le correspondant du Times condamne
surtout... l'Eglise et les catholiques^
C'est l'Eglise qui est coupable de ne
pas renoncer « au pouvoir temporel. »
Tant qu'elle n'aura pas proclamé cette
renonciation, les anticléricaux protes
teront contre toute espèce de démons
tration catholique dans la Ville éter
nelle. Les autorités catholiques savent
; très bien la chose, et quand elles per-
! mettent un « mouvement » copime
icelui de l'autre jour, c'est avec l'inten-
Ition de provoquer une explosion d'in
tolérance de la part des anticléricaux.
Le raisonnement est lumineux et on.
en saisit vite les conséquences. Le
Pape a le tort d'être le successeur de
saint Pierre et de ne pas renoncer au
patrimoine que l'Europe catholique
lui a donné et que l'Italie détient. C'est
donc l'Eglise qui est réellement res
ponsable des excès commis dans les
rues de Rome par les radicaux et les
francs-maçons. Car c'est elle qui par
son attitude intransigeante pousse ses
honorables adversaires à troubler la
pàix publiqruè, à attrister la liberté, à
violer la loi. ,, s
Ne croirait-on pas entendre un dé
fenseur : de cour d'assises s'écrier :
« Messieurs, on accuse mon client
d'avoir massacré le propriétaire X...
Mais ce propriétaire est le principal
auteur de sa mort. Il avait lé tort de
trop tenir aux biens que son père lui
avait laissés. Mon client a été sans
doute un peu excessif, dans ses ma
nières. Que voulez-vous ? Il avait
averti son adversaire de ne pas sortir,
qu'à la première occasion il le tuerait
pour protester contre la propriété.
C'est donc X... lui-même qui a attiré
le malheur sur sa tête, m
Ce raisonnement de Cartouche est
exquis. Mais ne rions pas. Il y a des
Conseils d'Etat où ce genre de raison
nement est pratiqué et où on dit aux
évêques : « Le gouvernement vient dé
décréter que le mariage n'est plus un
sacrement de l'Eglise, que l'enseigne
ment non religieux est parfait. Quand
vous rappelez le contraire, c'est vous
qui attaquez le gouvernement. Il y a
donc abus, et nous.allons vous suppri
mer votre traitement, malgré le Con-,
cordât. »
On voit assez l'identité des situa
tions. Certes, le correspondant romain
du Times ferait ailleurs qu'à Rome un
parfait conseiller d'Etat. Il doit du reste
avoir d'autres titres que son rare don de
ipgiquè. On le gratterait — très peu —
qu'on trouverait tout de suite sous le
journaliste anglais — de Rome — le
juif et le franc-maçon.
L.N.G.
Lettres politiques
en bulgarie (1)
Avant d'aborder' au point de vue di
plomatique la question qui nous oc
cupe, permettez-moi de vous commu
niquer aujourd'hui quelques appré
ciations sur les rapports des Bulgares
avec les Russes pendant et depuis la
guerre de 1878. S'il y a. une question
bulgare, elle est là.
Voici d'abord quelquës lignes em
pruntées à la relation du mission
naire augustin dont j'invoquais déjà
le témoignage dans ma dernière
lettre :
Ce qui nous a frappé particulièrement,
o'est que les Russes eux-mêmes ayant oc
cupé les pays bulgares, ne s'exprimaient à
leur égard qu'avec beaucoup de mauvais
vouloir et de mépris, bien que la prudence
politique leur imposât le devoir d'en parler
avec plus de réserve; Je sais bien, car j'ai
été à Andrinople tout le temps de l'occupa
tion, je sais de la bouche môme des Russes
oomment ils traitaient ce peuple et com
ment ils voulaient que les autres le trai
tassent. Partout où ils pouvaient lui mon
trer du mépris, partout où ils trouvaient
l'oocasion d'en parler avec malveillance; ils
ne manquaient pas de le faire. Par contre,'
ils n'avaient que des éloges, même de l'ad
miration pour la langue turque, les oou-
tumes turques, témoignant ainsi leur anti
pathie pour les Bulgares (2).
M. Courrière n'est pas particuliè
rement sympathique aux Bulgares ni
hostile à la Russie; écoutons-le :
Un exemple bien frappatit de/cette dés :
harmonie morale qui divise'lés Slaves, c'est
l'attitude des Russes pendant la guerre de
Bulgarie. Cette attitude et les malentendus
qu'elle provoqua prouvent* au plus haut de
gré, que les Russes n'avaient auoune no
tion de l'esprit et des besoins du peuple
bulgare.
Le prince Tcherkasky, bien connu pour
son caractère despotique, fut plaoé à la
tfitjf de l'administration civile dè ce pays.
Il débuta par conférer tous les emplois à
des officiers de Isi garde (111) et implanta
sur le sol bulgare le systèmé administratif
russe. L'inexpérienoe de ces officiers trans
formés subitement en fonctionnaires, le
peu de conformité qui existait entre le ca
ractère du peuple et celui des institutions
qu'on voulait lui imposer, et enfin la roi-
deur et le despotisme qui caractérisaient
tout particulièrementradmifliëlrationrnase,
firent naître une foule de récriminations...
Déjà, dans les guerres précédentes, les
Russes avaient laissé, derrière eux fort peu
de bons sôuvènirs. Tous ces malentendus
jetèrent du froid dans les relations des deux
peuples.'Les Bulgirès se plaignirent d'être
traités en écoliers plutôt qu'en frères, et les
Russes; voyant que oes derniers rejetaient
les bienfaits de la prétendue civilisation
qu'ils leur apportaient, se récrièrent sur
1 ingratitude des Bulgares (3).
Sur le chapitre de Y ingratitude, je
rapporterai encore un extrait dé la re
lation déjà invoquée du missionnaire
augustin :
Les Bulgares se sont montrés beaucoup
moins reconnaissants que les Russes ne le
désiraient; c'est un fait qui aurait dû don
ner à réfléchir aux gens perspicaces ; car
la réserve des Bulgares, à 1 endroit des
Russes tenait moins à un manque de recon
naissance qu'à la orainte de perdre leur
nationalité et leur indépendance; qu'ils
croyaient menacées. Il est vrai qu'en ao-
;ceptant le secours dè la Russie, ils s'éxpo-
: skient eux-mêmes à ce danger ; mais qu on
iveuille bien songer qu'aucune autre puis
sance ne s'occupait de leur sort. Ils s'étaient
d'abord dit : « La Russieva nous délivrer
des Turos ; mais l'Europe ne luipermettra
pas de nous absorber ». Cette conviction a
été si forte et si générale que les enfants
eux-mêmes le répétaient.' ( Négociations reld-
tivesi.., page 376.) '
Une restait plus qu'une maladresse
à commettre. La mission du général
Kaulbach eut pour objet d'imposer
aux Bulgares une certaine candidature
Erincière, imaginée à Saint-Péters-
ourg. Quels que soient les mérités
personnels du général la mission a
échoué aussi complètement qu'il était
possible et peut-être facile aé le pré
voir. La brusquerie a achevé l'œuvre
de détachement déjà préparée par le
mépris et la raideur, aussi bien que
par la volonté bien arrêtée chez le3
Bulgares de rester Bulgares. Tous les
témoins désintéressés, et notamment
le capitaine Lamouche, démontrent
qu'ils le méritent.
En ont ils le droit?
A...
- .(A suivre.)
Le Gaulois publié la lettre suivante,
par laquelle M. le marquis de Breteuil
fait connaître à ses électeurs les mo
tifs qui lui conseillent de résigner son
mandat de député :
Messieurs et chers concitoyens,
Pendant les quelques semaines que je
viens de passer au milieu de vous, j'ai pu
me rendre compte de la perturbation pro
fonde qu'ont jetée dans les rangs du parti
conservateur les instructions venues de
Rome.
(i| Voir l'Univers du 1 er août 1892.
(2) Cité daos Négociations relatives au traité de
Berlin, page 376. — Paris, E Leroux.
(3) Littérature- contemporaine- chez les Slaves,
page 535. — Paris, Charpeatier.
Ce résultat ne m'a pas surpris, car chez
vous les convictions religieuses ont toujours
primé lès préférences politiques. .
L'expérience des quinze dernières an
nées vous avait convaincus que la forme
républicaine était synonyme de persécution
ét de destruction de votre foi, et si, malgré
la pression gouvernementale,dont vous gar
derez longtemps le souvenir, vous m'avez
depuis cette époque trois fois confié l'hon
neur de vous représenter à la Chambre,
c'est parce que je combattais de toutes mes
forces les hommes chargés d'appliquer la
politique républicaine ; c'est parce que je
vous affirmais que, sous un autre régime,
vous verriez votre culte et vos croyances
respectés : mais vous tolériez, plutôt que
vous n'approuviez mes convictions et mon
dévouement monarchiques.
Aujourd'hui le chef suprême de l'Eglise,
pour éviter sans doute des maux plus re
doutables, estimé que le devoir des catholi
ques est d'oublier les injures passées et
d'accepter loyalement la forme républi
caine. Il retire publiquement sa oonfiance
aux royalistes, qui n'ont pas su vaincre, et
les adjure de renoncer, pour le bien de la
France, à leurs opinions politiques.
La parole de Léon XIII s'est fait enten
dre dans un moment de calme relatif, et
vous y avez vu comme une promesse de pa
cification après ces longues années de luttes
où vous avez* connu' toutes les rancunes et
toutes les tracasseries d'une administra-;
tion mesquine.
Aveo vous, mes chers amis, je m'incline
respectueusement devant les conseils du
Souverain Pontife, et je veux espérer qu'ils
seront entendus de ceux qui dirigent la po
litique républicaine.
Mais j'estime qu'à cette situation nou
velle il faut des hommes nouveaux 1
Je crois qu'il est bien difficile, pour ne
pas dire impossible, à ceux qui déployaient,
hier, toute leur énergie à détruire la forme
du gouvernement, de renoncer tout à ooup
et sincèrement à des convictions raisonnées
et profondes.
Je comprends, je ne crains pas de le
dire, les justes défiances que des conver
sions si subites doivent inspirer au suffrage
universel comme au parti républicain.
Et, à mes yeux, il n'est qu'un moyen de
contribuer loyalement à la grande œuvre
d'apaisement et de sauvegarder en même
temps sa dignité personnelle, quand on à
affirmé à tant de reprises uné foi politique:
c'est de céder sa place à ceux que ne peu
vent rendre suspects ni des luttes ni des
déclarations antérieures.
Je demeure, pour ma part, convaincu que
la monarchie seule, une monarchie libérale
et soucieuse des besoins de la démocratie,
pourrait résoudre les questions sociales,
conjurèr les dangers extérieurs toujours
menaçants, administrer sagement la for
tune publique, sauvegarder les intérêts re
ligieux, et rendre à. la,France son éolat sé
culaire. . " 11
. Et. mon respectueux dévouement .au
prince que la république a proscrit n'a ja
mais été plus ferme ni plus inébranlable.
Ces sentiments' et ces 1 réflexions ont
dicté ma résolution de quitter-la Chambre
des députés, où je ne crois plus, en toute
conscience, représenter vos véritables opi
nions,, et je viens d'envoyer ma démission
au président de cette Assemblée.
Qu'il me soit permis, en vous quittant*
d'adresser un dernier remerciement à tous
oeux qui m'ont aidé et suivi dans la longue
lutte que nous avons engagée ensemble,
aux amis qui ont combattu à mes côtés,
oomme à tous les inconnus dont les suffra
ges m'ont été fidèles.
Vous me trouverez, dans ma retraite
comme au temps où j)avais l'honneur de
vous représenter, toujours prêt à vous
obliger et à vouâ aider, si l'occasion s'en
ofi're, et je vous garde mon plus reconnais-,
sant souvenir.
■■ B reteuil.
Tarbes, il août 1892.
La Voce délia Verità publie la note
Suivante :
D'un télégramme de Paris à la Tribuna,
il résulterait que le texte des paroles pro
noncées par le Saint-Père dans l'audience
accordée à, Mme Séverine a été approuvé
par le cardinal Rampolla, à qui il aurait été
soumis...
Nos informations, prises à ce sujet, nous
permettent d'affirmer de la manière la plus
nette que la . prétendue approbation au,
texte, sus-mentionné n'a jamais été donnée,
bien qu'elle" ait été sollicitée par la. dame
écrivain.
C'est donc sur celle-ci que retombe uni
quement la responsabilité de l'exactitude
de tout son récit.
. Les procédés de l'administration va
lent les jugements de ses tribunaux,
Nous apprenons, en. effet, par la Se
maine Catholique de Luçon,qu'à la date
où s'imprimait son numéro du 13,
c'est-à-dire le 11 et peut-être le 12,
Mgr Catteau n'avait pas encore été
avisé de la décision du conseil d'Etat
rendue à la date du 4.
Voici la note de la Semaine Catho
lique de Luçon
Tous les journaux annoncent, d'après une
communication donnée comme officieuse,
que le Conseil d'Etat, jugeant certains pas
sages du catéchisme de Luçôn qui lui ont
été déférés par M. le ministre des cultes, a
trouvé condamnables les parties incrimi
nées, et a déclaré l'abus, le jeudi 4 août.
La nouvelle est-elle vraie ou fausse?
Si elle est vraie, quel est exactement le
sens de la déclaration d'abus?
Mgr l'évêque de Luçon, intéressé plus
que personne dans cette question, n'en sait
encore rien : aucune notification ne lui a été
adressée jusqu'à ce jour.
Faut-il croire qu'on avait honte de
communiquer au pieux prélat le ré
sultat de poursuites qu'on sait perti
nemment être une iniquité?
M. l'abbé Delafosse condamné
Nous lisons dans le Journal dè
Rennes :
A la fin de son audience d'hier jeudi, là
Chambre correctionnelle de la cour a 6dn-
firmé le jugement du tribunal corréctibtoel
de Rennes condamnant à 200 fr. d'amende
M. l'abbé Delafosse, vicaire général;
L'arrêt, qui est très long, se base, oroyons-
nous, sur ce que la loi de 1881 n'a pas
abrogé l'art 201, qui reste applicable. La
critique d'une loi est permise aux ministres
du culte, mais ies termes employés pai?
M. Delafosse dépassent les limites per
mises.
Cette seconde déoision, comme la pre-<,
mière, est toute à l'honneur de M. l'abbé.
Delafosse, qui a si hautement revendiqué
ét si bien défendu leë droits des catholiques
en oe qui concerne l'école.
Oui, le Journal de Rennes a raison,
ces sortes de condamnations honorent
ceux qu'elles^ frappent, et ce n'est
pas une persécution de ce genre qui
empêchera jamais les apôtres de la
yérité de parler, et d'enseigner le de-,
voir.
$ous avons résumé les paroles pro-»
noncées^par M. l'avocat général F ré
mont dans son réquisitoire contré'
M. l'abbé Delafosse. Il n'est pas inu
tile de connaître lé texte mêihe de la
déclaration comminatoire faite par
M. l'avocat général :
La loi existe, a dit l'avocat général, la
loi doit être appliquée ; c'est bien elle', c'est
bien le gouvernement qui l'a. faite que
M. Delafosse a attaqué, censuré"; il tombe,
sans doute possible, sous l'application dé
Fart. 202,' et même on devrait appliquér
l'art. 203, car en prononçant ce sermon, en
publiant cette brochure de' propagande
contre les écoles de l'Etat, M. Delafosse a
excité les citoyens à la haine les uns contre
les autres, en quelque sorte à la guerre'
civile.
Le clergé brelon, surtout dans ce départe
ment, est en insurrection contre la lôi s'co-
laire ; il faut lui apprendre qu'elle sera ap
pliquée, il faut faire un exemple, il ne faut
pas qu'un vicaire général paraisse vouloir
Se mettre à la tête d'une sorte d'appel à la
révolte.
Autrefois, on traitait les lois que la Ré
publique a faites, la loi scblaire, la loi mi
litaire, la loi du divorce, de lois impies, de
lois scélérates.
Maintenant le ton a baissé, parce que
situation a changé ; le Pape accepte la Ré
publique, mais la soumission réelle, aux lois
n'existe pas; il faut y obliger le clergé,il faut
lui apprendre à respecter toutes les lois.
L'arrêt de la cour semblé ne pas" s'être
sensiblement écarté de ce programme.
Il convient, toutéfois, d'avertir M. l'a
vocat général Frémont qu'il se trompe
grossièrement, et avec lui le gouver-
rnement dont il était le porte-paroles,
s'il s'imagine, que les constitutionnels
vraiment dignes du nom de catholi
ques promettront jamais le respect des
lois contre lesquelles leur conscience
leur fait un devoir de lutter.
Au lendemain de l'arrêt rendu par
la cour d'Aix en faveur des francs-
maçons contre Mgr Cazet, il n'est pas
sans intérêt de lire le document ci-
après, extrait du Mémorandum , organe
officiel du rite franc-maçonnique
écossais (p. 18) :
Loge n° 310 Imérina, Orient de Tanana-
rive (Madagascar).
Notre loge sœur de l'île de Madagascar
a eu à soutenir contre les jésuites un de ces
oombals qui ont vivement impressionné
tous les maçons du continent.
Nos FF.-', de Tananarive, puissamment
aidés par le talent de notre très illustre
frère Iribe,ont triomphé do leurs ennemis
en première instance et en appel; mais eîi
suite de la déoision rendue par la cour ' de
cassation, le procès est encore pendant de
vant la justice de France.
Nos FF.-, font appel au dévouement de
tous les Frères de France pour les aider dans
lajuste revendication.de leurs droits.
Cet appel sera entendu ; le suprême con
seil et la grande loge centrale feront toutes
les démarches nécessaires pour faire triom
pher la cause si juste de nos FF.-, de
Tananarive.
L'événement a montré que les F.\
de France ne sont pas restés inactifs.
Mais, après cela, qui niera, désor-.
mais, l'influence néfaste de la franc-
maçonnerie dans toutes les branches
de l'administration?
L'école laïque est neutre, c'est und
affaire entendue. Par conséquent* le
prêtre n'y saurait entrer, car il porte
rait atteinte à la liberté de conscience
des enfants. Il ne saurait même péné
trer dans les crèches ou garderies of
ficielles, pour cette simple raison que
ces marmots au biberon sont de fu
turs citoyens, dont l'indépendance
doit être respectée aussi bien à leur
berceau qu'à leur lit de mort.
Mais, s'il s'agit de francs-maçons,
c'est une autre affaire. Les francs-ma
çons, eux, peuvent.entrerai bon, leur
semble, parce qu'ils sont chez eux, en
France aujourd'hui.
C'est pourquoi la loge de Charle-
ville vient d'accorder des livrets de
caisses d'épargne aux élèves de l'école
primaire de la rue des Ecoles.
On pense généralement que ce n'est
pas pour les beaux yeux de ces élèves
que la loge s'est montrée si généreuse.
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